rapport asn 2014

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RAPPORT DE L’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en

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RAPPORT DE L’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en
RA PP
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2014
15-21 rue Louis Lejeune, 92120 Montrouge - Tél. : 33 (0)1 46 16 40 16
L’Autorité de sûreté nucléaire présente son Rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014.
Ce rapport est prévu par l’article L. 592-31 du code de l’environnement.
Il a été remis au Président de la République, au Premier ministre et aux Présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, en application de l’article précité.
A LISTE DES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES DE BASE AU 31 DÉCEMBRE 2014 P. 520
B SIGLES, ABRÉVIATIONS ET DÉNOMINATIONS P. 527
Annexes
SOMMAIRE
MISSION IRRS P. 47
L’ASN : SES MISSIONS, SES CHIFFRES-CLÉS, SON ORGANISATION P. 8
PROJET DE LOI RELATIF À LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE POUR LA CROISSANCE VERTE P. 48
L’ANNÉE 2014 P. 14
LES ÉLÉMENTS MARQUANTS P. 18
Les actions de l’ASN
01 LES ACTIVITÉS NUCLÉAIRES : RAYONNEMENTS IONISANTS ET RISQUES POUR LA SANTÉ ET L’ENVIRONNEMENT P. 50
02 LES PRINCIPES ET LES ACTEURS DU CONTRÔLE DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION P. 70
03 LA RÉGLEMENTATION P. 98
04 LE CONTRÔLE DES ACTIVITÉS NUCLÉAIRES ET DES EXPOSITIONS AUX RAYONNEMENTS IONISANTS P. 138
05 LES SITUATIONS D’URGENCE RADIOLOGIQUE ET POST-ACCIDENTELLES P. 170
06 DE L’INFORMATION À LA TRANSPARENCE ET À LA PARTICIPATION DES PUBLICS P. 188
07 LES RELATIONS INTERNATIONALES P. 208
08 LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION P. 234
Les activités contrôlées par l’ASN
09 LES UTILISATIONS MÉDICALES DES RAYONNEMENTS IONISANTS P. 306
10 LES UTILISATIONS INDUSTRIELLES, DE RECHERCHE ET VÉTÉRINAIRES ET LA SÉCURITÉ DES SOURCES P. 334
11 LE TRANSPORT DE SUBSTANCES RADIOACTIVES P. 362
12 LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF P. 382
13 LES INSTALLATIONS DU CYCLE DU COMBUSTIBLE NUCLÉAIRE P. 426
14 LES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES DE RECHERCHE ET INDUSTRIELLES DIVERSES P. 448
15 LA SÛRETÉ DU DÉMANTÈLEMENT DES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES DE BASE P. 468
16 LES DÉCHETS RADIOACTIFS ET LES SITES ET SOLS POLLUÉS P. 492
Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
année 2014 se situe globalement dans la continuité des années précédentes en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection.
Dans l’ensemble, la situation reste assez satisfaisante, mais on ne doit pas s’en tenir là. En effet, l’importance des enjeux et les attentes de la société conduisent à relever progressivement les exigences de sûreté et de radioprotection au vu de l’analyse des accidents, de l’accroissement des connaissances scientifiques et des développements technologiques.
Montrouge, le 3 mars 2015 DE GAUCHE À DROITE Philippe JAMET - Commissaire Margot TIRMARCHE - Commissaire Pierre-Franck CHEVET - Président Jean-Jacques DUMONT - Commissaire Philippe CHAUMET-RIFFAUD - Commissaire L’
AMÉLIORER LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET LA RADIOPROTECTION : UN IMPÉRATIF TOUJOURS D’ACTUALITÉ
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
ÉDITORIAL DU COLLÈGE
Cette préoccupation se manifeste au niveau international. 2014 est à cet égard une année marquante : • les directives européennes sur la sûreté nucléaire et sur
la radioprotection ont été renforcées significativement ; • une approche coordonnée de la gestion des situations
d’urgence a été proposée par l’ensemble des autorités de sûreté et de radioprotection européennes.
Ce principe de renforcement de la sûreté et de la radio- protection s’applique à toutes les installations, y com- pris à celles qui sont aujourd’hui en service depuis de nombreuses décennies. Les problèmes rencontrés en 2014 sur certaines installations (CIS bio international, Osiris, FBFC…) sont l’illustration de la difficulté de mise en œuvre de ce principe. Dans la même logique, l’éventuelle poursuite du fonctionnement des réacteurs électronucléaires au-delà de quarante ans et les nom- breux réexamens de sûreté engagés des installations de recherche et du cycle du combustible donneront lieu à des rendez-vous majeurs et complexes dès 2015.
Cette année 2015 sera aussi marquée par : • le début de l’instruction du dossier de mise en service
du réacteur EPR à Flamanville ; • la poursuite des actions visant à limiter les doses liées
à l’exposition du public au radon ; • la poursuite des actions pour une meilleure maîtrise
des expositions des patients et des professionnels de santé, notamment en radiodiagnostic et lors des pro- cédures interventionnelles.
DES EXIGENCES DE SÛRETÉ RENFORCÉES
L’ Autorité de sûreté nucléaire (ASN), en accord avec la directive européenne sur la sûreté et les préconisa- tions de WENRA (Western European Nuclear Regulators Association), exige un progrès continu de la sûreté des installations nucléaires, qu’il s’agisse des installations nouvelles, ou des installations existantes, dont la sûreté est périodiquement réévaluée.
La prise en compte des enseignements de la catas- trophe de Fukushima s’inscrit dans ce cadre. À la suite des évaluations complémentaires de sûreté, l’ASN a imposé un renforcement de la résistance des instal- lations nucléaires aux agressions naturelles extrêmes et la mise en place de structures et d’équipements de
sûreté complémentaires (noyau dur). L’ ASN a arrêté au début de 2015 l’ensemble des exigences relatives à ce noyau dur. Une première série d’améliorations matérielles et organisationnelles ont d’ores et déjà été apportées. Des travaux importants restent néanmoins à mener. Leur réalisation s’étendra au-delà de 2020.
L’ analyse des propositions des exploitants concernant ces travaux et le contrôle de leur réalisation seront les enjeux majeurs des prochaines années.
Les installations nucléaires font l’objet de réexamens de sûreté tous les dix ans. La poursuite de leur fonc- tionnement est subordonnée à la démonstration de leur conformité aux exigences de sûreté qui leur sont applicables, et à la mise en œuvre d’améliora- tions, au regard du niveau de sûreté des installations les plus récentes. Cette approche est déjà mise en œuvre pour les réacteurs d’EDF et pour quelques installations du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et d’Areva. Les pro- chaines années seront marquées par une augmenta- tion sensible du nombre d’installations à examiner dans les domaines du cycle du combustible et de la recherche. Ces installations sont souvent anciennes et, pour certaines d’entre elles, seront soumises à leur premier réexamen. Des questions de sûreté difficiles devront être traitées.
Par ailleurs, l’ASN continuera d’évaluer la possibilité de poursuite du fonctionnement des réacteurs d’EDF au-delà de leur quatrième réexamen de sûreté. À ce jour, cette possibilité n’est pas acquise. Le premier réexamen de sûreté concerné interviendra dès 2020. Le calendrier est donc très serré, compte tenu de la complexité des questions à traiter et de l’importance des enjeux associés.
L’ instruction de la demande d’autorisation de mise en service du réacteur EPR de Flamanville 3 débute en 2015. S’agissant du premier réacteur de troisième génération construit en France, cette mise en service a une importance particulière. Elle est prévue par EDF pour 2017 et nécessitera de mobiliser d’importants moyens humains et financiers par l’ASN et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Des difficultés ont à nouveau été constatées en 2014 dans le domaine des équipements sous pression nucléaires, tant sur les opérations de fabrication et de montage que pour la mise en œuvre des nouvelles dispositions réglementaires applicables. Elles concernent notamment les circuits primaire et secondaires du réacteur EPR et les générateurs de vapeur de remplacement, en particulier ceux du réacteur 3 de la centrale nucléaire du Blayais. Certains de ces écarts ont nécessité des réparations de grande ampleur et le développement de méthodes de contrôle plus performantes. L’ ASN a ainsi demandé à Areva et EDF de compléter leurs justifications de sûreté en préalable au montage des générateurs de vapeur et au redémarrage du réacteur 3 de la centrale
‘‘ Ce principe de renforcement de la sûreté et de la radioprotection s’applique à toutes les installations,
y compris à celles qui sont aujourd’hui en service depuis
de nombreuses décennies.
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
ÉDITORIAL DU COLLÈGE
du Blayais. Plus généralement, des solutions pérennes doivent être mises en œuvre pour assurer le respect de la réglementation dans ce domaine.
LA RADIOPROTECTION EN MILIEU MÉDICAL DOIT ÊTRE PLUS EFFICACE
La radioprotection en milieu médical reste une prio- rité pour l’ASN. Ses actions dans ce domaine seront poursuivies dans la continuité des années précédentes. Elles auront pour enjeux principaux la maîtrise des doses délivrées aux patients en imagerie comme en radiothérapie, et de l’exposition des professionnels de santé dans les blocs opératoires.
En France, l’imagerie médicale à des fins de diagnostic est, après le rayonnement naturel, la source la plus importante d’exposition de la population aux rayonnements ionisants. Cette exposition continue à augmenter du fait d’un recours croissant à certains examens radiologiques. La scanographie apporte, de loin, la contribution la plus importante. La meilleure maîtrise des expositions passe par l’application stricte du principe de justification : l’utilisation des rayonnements ionisants doit être réservée aux cas où il n’est pas pertinent de recourir à des techniques non irradiantes telles que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ou l’échographie. Le principe d’optimisation doit également être mis en œuvre pour obtenir la qualité d’image nécessaire au diagnostic, tout en réduisant autant que possible l’exposition des patients. Les principales priorités dans ce domaine sont de renforcer les moyens en physique médicale et de faciliter l’accès aux techniques d’IRM.
Dans le domaine de la radiothérapie, quatre incidents de niveau 2 sur l’échelle ASN-SFRO relatifs à des irra- diations excessives ou délivrées par erreur à des patients ont été classés par l’ASN en 2014. Ce domaine néces- site le respect de procédures d’assurance qualité par- ticulièrement rigoureuses du fait de l’importance des doses délivrées et de la précision des zones à irradier lors des traitements. Les technologies utilisées évo- luent par ailleurs très rapidement et nécessitent que des ressources suffisantes, notamment en physiciens médicaux et en dosimétristes, soient consacrées à leur bonne appropriation par les équipes.
Deux incidents de niveau 2 sur l’échelle INES relatifs aux doses reçues par des médecins lors d’interventions sous imagerie ont été classés par l’ASN en 2014. Plus généralement, les inspections relatives à la radiologie interventionnelle montrent, en particulier lorsque les actes radioguidés sont conduits dans des blocs opé- ratoires, la nécessité de rédiger et de respecter des procédures opératoires, d’assurer une meilleure for- mation initiale et continue de tous les intervenants, d’accroître l’implication des physiciens médicaux et des personnes compétentes en radioprotection, et enfin d’instaurer une véritable culture de radiopro- tection partagée par les équipes.
UNE HARMONISATION EUROPÉENNE EN PROGRÈS
L’ ASN continue à jouer un rôle important au niveau des instances européennes, notamment WENRA, HERCA (Heads of the European Radiological protection Competent Authorities) et ENSREG (European Nuclear Safety Regulators Group). Les objectifs poursuivis sont d’harmoniser les exigences de sûreté et de radiopro- tection, de promouvoir l’indépendance des autorités, d’agir en transparence en communiquant avec l’en- semble des acteurs de la société.
Des directives européennes marquantes ont été publiées ou révisées depuis 2013 en radioprotection et en sûreté nucléaire et leur mise en application dans les années à venir implique un travail considérable : • en 2015, l’ASN continuera d’animer les travaux
de transposition en droit français de la directive 2013/59 /Euratom du 5 décembre 2013 fixant les normes de base en radioprotection. Les premiers textes concerneront essentiellement : l’extension du champ du contrôle réglementaire aux activités industrielles utilisant des matériaux naturellement radioactifs, la mise en place d’une gestion spécifique des exposi- tions résultant d’un accident, des dispositions parti- culières pour les situations d’exposition chronique (sites pollués, exposition au radon…), et le renfor- cement de la notion d’approche graduée du contrôle réglementaire en fonction des enjeux ;
• l’ASN s’implique depuis plusieurs années dans le plan d’action radon en France et a organisé en 2014 un séminaire international sur la gestion du risque radon, notamment dans l’habitat ;
• une révision de la directive « sûreté nucléaire » a été adoptée par le Conseil des ministres en juillet 2014. Elle explicite les objectifs généraux de sûreté auxquels doivent satisfaire les installations nucléaires. Elle intro- duit l’obligation d’une réévaluation de la sûreté de chaque installation au moins tous les dix ans et la mise en place d’examens coordonnés au niveau européen sur des thèmes de sûreté précis, dans l’esprit des tests de résistance post-Fukushima. Les obligations d’in- formation du public et des parties prenantes sont également renforcées.
Ces améliorations de l’approche européenne de la sûreté sont à mettre au regard des difficultés pour faire pro- gresser le cadre international dans ces domaines.
Un accident nucléaire grave dans un pays européen pourrait affecter par ses rejets radioactifs plusieurs autres pays d’Europe. Dans une telle situation, une harmo- nisation de la gestion des situations d’urgence serait indispensable à la mise en œuvre efficace d’actions de protection des populations. Une étape significative a été franchie sur ce sujet en 2014. Les autorités de radio- protection et de sûreté européennes, regroupées au sein de HERCA et WENRA, ont adopté des recomman- dations visant à harmoniser les actions de protection immédiates des populations et les périmètres associés dans les différents pays européens affectés par les rejets
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
ÉDITORIAL DU COLLÈGE
radioactifs. Une large gamme d’accidents est prise en compte, incluant les plus graves, du niveau de celui de Fukushima. Le dialogue doit maintenant s’enga- ger, dans chaque État, avec les autorités en charge de la protection civile en vue de la mise en œuvre de ces recommandations. Cette démarche, essentielle pour la protection des populations en cas d’accident nucléaire grave, est prioritaire pour l’ASN.
À la demande du Premier ministre, l’ASN poursuivra en 2015 l’animation des travaux du Comité direc- teur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire ou d’une situation d’urgence radiologique (Codirpa) sur la gestion des situations post- accidentelles. Elle en partagera les résultats avec ses partenaires européens en vue d’une harmonisa- tion à terme.
UN CONTRÔLE DE LA SÛRETÉ À CONFORTER
Le collège de l’ASN a rendu en 2014 deux avis qui soulignent la nécessité de renforcer le dispositif de contrôle de l’État pour faire face à des enjeux de sûreté nucléaire et de radioprotection sans précédent, tels que les suites de la catastrophe de Fukushima, la généra- lisation des réévaluations de sûreté à l’ensemble des installations nucléaires, la poursuite éventuelle du fonctionnement des réacteurs d’EDF au-delà de leur quatrième réexamen de sûreté, le contrôle de la mise en service du réacteur EPR de Flamanville et l’éva- luation de sûreté des projets de stockage de déchets radioactifs.
Le besoin d’un tel renforcement a été confirmé par l’audit du système français de contrôle de la sûreté et de la radioprotection réalisé en 2014, sous l’égide de l’Agence internationale de l’énergie atomique, par une équipe d’experts internationaux.
Par ailleurs, le projet de loi relatif à la transition éner- gétique pour la croissance verte prévoit l’élargisse- ment des missions et des prérogatives de l’ASN en matière d’information et de participation des parties prenantes aux décisions, et d’orientation de la recherche en sûreté et en radioprotection. Elle prévoit également la possibilité de doter l’ASN de pouvoirs de sanction supplémentaires.
L’ ASN et l’IRSN ont bénéficié de décisions budgétaires relativement favorables pour la période 2015-2017. L’ ASN apprécie l’effort ainsi consenti par le Gouvernement dans un contexte extrêmement contraint. Elle constate cependant que ces mesures, conjoncturelles et limitées, ne permettent pas d’assurer, dans la durée, le finance- ment nécessaire à l’accomplissement de ses missions. Une réforme est donc nécessaire pour doter l’ASN et l’IRSN d’un financement adapté et adaptable aux enjeux, reposant à la fois sur le budget de l’État et sur une contribution annuelle des exploitants nucléaires, fixée par le Parlement. La loi de finances pour 2015 ouvre cette perspective.
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
ÉDITORIAL DU COLLÈGE
L’AUTORITÉ DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE Créée par la loi du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, l’ASN est une autorité administrative indépendante chargée du contrôle des activités nucléaires civiles en France. Elle contribue à l’information des citoyens.
L’ASN assure, au nom de l’État, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France pour protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement des risques liés aux activités nucléaires.
L’ASN a pour ambition d’assurer un contrôle du nucléaire performant, impartial, légitime et crédible, qui soit reconnu par les citoyens et constitue une référence internationale.
Compétence Indépendance Rigueur Transparence
RÉGLEMENTER
L’ ASN contribue à l’élaboration de la réglementation, en donnant son avis au Gouvernement sur les projets de décrets et d’arrêtés ministériels ou en prenant des décisions réglemen- taires à caractère technique.
AUTORISER
L’ ASN instruit l’ensemble des demandes d’autorisation indivi- duelles des installations nucléaires. Elle peut accorder toutes les autorisa- tions, à l’exception des autorisations majeures des instal lations nucléaires de base telles que la création et le démantèlement. L’ ASN délivre éga- lement les autorisations prévues par le code de la santé publique pour le nucléaire de proximité et accorde les autorisations ou agréments relatifs au transport de substances radioactives.
CONTRÔLER
L’ ASN est chargée de vérifier le res- pect des règles et des prescriptions auxquelles sont soumises les ins- tallations ou activités entrant dans son champ de compétence. L’ ins- pection constitue l’une des modali- tés principales du contrôle de l’ASN qui dispose, par ailleurs, de pouvoirs d’injonction et de sanction adaptés.
INFORMER
L’ ASN informe, notamment grâce à son site Internet www.asn.fr et sa revue Contrôle, le public et les par- ties prenantes (Commissions locales d’information, associations de pro- tection de l’environnement…) de son activité et de l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France.
EN CAS DE SITUATION D’URGENCE
L’ ASN contrôle les opérations de mise en sûreté de l’installation prises par l’exploitant. Elle informe le public de la situation. L’ ASN assiste le Gouver- nement. En particulier, elle adresse aux autorités compétentes ses recom- mandations sur les mesures à prendre au titre de la sécurité civile.
UN CONTRÔLE D’ACTIVITÉS ET D’INSTALLATIONS DIVERSIFIÉES
Centrales électronucléaires, gestion des déchets radioactifs, convois de combustibles nucléaires, colis de substances radioactives, installa- tions médicales, laboratoires de recherche, activités industrielles… l’ASN contrôle un ensemble d’acti- vités et d’installations très variées. Ce contrôle porte sur : • 58 réacteurs nucléaires produi-
sant près de 80 % de l’électricité consommée en France ainsi que le réacteur EPR en construction ;
• l’ensemble des installations fran- çaises du cycle du combustible, de l’enrichissement du combustible à son retraitement ;
• plusieurs milliers d’installations ou d’activités dans lesquelles sont utilisées des sources de rayonne- ments ionisants à des fins médi- cales, industrielles ou de recherche ;
• plusieurs centaines de milliers d’ex- péditions de substances radioac- tives réalisées annuellement sur le territoire national.
LE RECOURS À DES EXPERTS
Pour prendre certaines décisions, l’ASN fait appel à l’exper tise d’appuis techniques. L’ Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) est le principal d’entre eux. Le président de l’ASN participe au conseil d’administration de l’IRSN. L’ ASN sollicite également les avis et les recommandations de groupes permanents d’experts scientifiques et techniques.
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
L’ASN : SES MISSIONS, SES CHIFFRES-CLÉS, SON ORGANISATION
inspecteurs
inspections dans les installations nucléaires ; le transport de substances radioactives ; les secteurs médical, industriel et de la recherche ; les organismes agréés
notes d’information
lettres de suite d’inspection disponibles sur www.asn.fr au 31 décembre 2014
communiqués de presse
exercices de crise
millions € de budget global pour l’ASN
millions € de budget de l’IRSN consacrés à l’expertise pour l’ASN
avis techniques de l’IRSN rendus à l’ASN
réunions de groupes permanents d’experts
SES CHIFFRES-CLÉS
Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
L’ASN : SES MISSIONS, SES CHIFFRES-CLÉS, SON ORGANISATION 11
Chef de cabinet Laurent FELBER
Directeurs généraux adjoints Julien COLLET Alain DELMESTRE Jean-Luc LACHAUME
Conseiller Henri LEGRAND
Directeur de cabinet Ambroise PASCAL
Secrétariat général (SG) Luc CHANIAL
• Direction des rayonnements ionisants et de la santé (DIS) Jean-Luc GODET
• Direction de l’environnement et des situations d’urgence (DEU) Bénédicte GENTHON
• Direction des relations internationales (DRI) Stéphane PAILLER
• Direction de la communication et de l’information des publics (DCI) Alain DELMESTRE
1 - Division de Bordeaux Déléguée territoriale : Emmanuelle BAUDOIN Chef de division : Paul BOUGON
2 - Division de Caen Déléguée territoriale : Caroline GUILLAUME Chef de division : Guillaume BOUYT
3 - Division de Châlons-en-Champagne Délégué territorial : Jean-Christophe VILLEMAUD Chef de division : Jean-Michel FÉRAT
4 - Division de Dijon Déléguée territoriale : Corinne ETAIX Chef de division : Alain RIVIÈRE
5 - Division de Lille Délégué territorial : Vincent MOTYKA Chef de division : François GODIN
6 - Division de Lyon Déléguée territoriale : Françoise NOARS Chef de division : Matthieu MANGION
• Direction des centrales nucléaires (DCN) Thomas HOUDRÉ
• Direction des équipements sous pression nucléaires (DEP) Rémy CATTEAU
• Direction du transport et des sources (DTS) Vivien TRAN-THIEN
• Direction des déchets, des installations de recherche et du cycle (DRC) Fabien SCHILZ
7 - Division de Marseille Déléguée territoriale : Anne-France DIDIER Chef de division : Laurent DEPROIT
8 - Division de Nantes Déléguée territoriale : Annick BONNEVILLE Chef de division : Pierre SIEFRIDT
9 - Division d’Orléans Délégué territorial : Christophe CHASSANDE Chef de division : Pierre BOQUEL
10 - Division de Paris Délégué territorial : Alain VALLET Chef de division : Delphine RUEL
11 - Division de Strasbourg Délégué territorial : Marc HOELTZEL Chef de division : Sophie LETOURNEL
DIRECTIONS
DIVISIONS
Guyane
Mayotte
5
Mission expertise et animation (MEA) N...
Les divisions de Caen et d’Orléans interviennent respectivement dans les régions Bretagne et Ile-de-France pour le contrôle des seules INB. La division de Paris intervient en Martinique, Guadeloupe, Guyane, Mayotte, La Réunion, St-Pierre-et-Miquelon.
L’organigramme de l’ASN - mars 2015
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
L’ASN : SES MISSIONS, SES CHIFFRES-CLÉS, SON ORGANISATION
SON ORGANISATION
Le collège
Le collège définit la politique générale de l’ASN en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection. Il est composé de cinq commissaires, dont le président.
Pierre-Franck CHEVET Président
DÉSIGNÉS PAR
le Président de la République le Président du Sénat le Président de l’Assemblée nationale
mettre fin aux fonctions d’un membre du collège en cas de manquement grave à ses obligations.
COMPÉTENCES
Le collège prend des décisions et rend des avis publiés au Bulletin officiel de l’ASN. Le collège définit la politique de relations extérieures de l’ASN au plan national et au plan international. Le collège définit la politique de contrôle de l’ASN. Le président désigne les inspecteurs de la sûreté nucléaire, les inspecteurs de la radioprotection, les inspecteurs du travail des centrales électronucléaires et les agents chargés du contrôle du respect des dispositions relatives
IMPARTIALITÉ
Les commissaires exercent leurs fonctions en toute impartialité sans recevoir d’instruction ni du Gouver- nement ni d’aucune autre personne ou institution.
INDÉPENDANCE
Les commissaires exercent leurs fonctions à temps plein. Leur mandat est d’une durée de six ans. Il n’est pas renouvelable. Il ne peut être mis fin aux fonctions d’un commissaire qu’en cas d’empêchement ou de démission constatés par le collège statuant à la majorité de ses membres. Le Président de la République peut
aux équipements sous pression. Le collège décide de l’ouverture des enquêtes après incident ou accident. Il présente, chaque année, au Parlement le Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France. Son président rend compte des activités de l’ASN aux commissions compétentes de l’Assemblée nationale et du Sénat ainsi qu’à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Le collège établit le règlement intérieur de l’ASN et désigne ses représentants au Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire.
L’ ASN se compose de services cen- traux et de onze divisions territoriales compétentes sur une ou plusieurs régions administratives. Cette orga- nisation permet à l’ASN d’exercer ses missions de contrôle sur l’ensemble du territoire national et dans les col- lectivités territoriales d’outre-mer. Les services centraux sont organisés selon une répartition théma tique et pilotent au plan national leurs
domaines d’activités. Les divisions territoriales de l’ASN exercent leurs activités sous l’autorité de délégués territoriaux, désignés par le président de l’ASN. Ils sont les représentants de l’ASN en région et contribuent localement à la mission d’information du public de l’ASN. Les divisions réalisent l’essentiel du contrôle direct des installations nucléaires, du transport de substances radioactives
Les services centraux et les divisions territoriales
71 27 85séances avis décisions
Les chiffres du collège en 2014
et des activités du nucléaire de proximité. Dans les situations d’urgence, les divi- sions assistent le préfet de départe- ment, responsable de la protection des populations, et assurent une surveillance des opérations de mise en sûreté de l’installation sur le site.
Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
L’ASN : SES MISSIONS, SES CHIFFRES-CLÉS, SON ORGANISATION 13
LES GRANDS RENDEZ-VOUS DE L’ASN EN 2014
Jean-Christophe NIEL Directeur général
ans son éditorial du rapport 2013, le collège souli- gnait que le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radio- protection est pour l’ASN une responsabilité majeure qu’elle s’attache à exercer en toute indépendance, avec rigueur, compétence et transparence.
Quelques chiffres témoignent de la densité de notre activité au cours de l’année 2014 pour faire face à cet enjeu et répondre aux attentes fortes de la société dans ce domaine : • 2 170 inspections, dont la première inspection de
revue d’un établissement médical, l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière ;
• 4 événements de niveau 2 et 136 de niveau 1 classés sur l’échelle INES applicable aux activités nucléaires ;
• 4 événements de niveau 2 et 117 de niveau 1 classés sur l’échelle ASN-SFRO applicable à la radioprotec- tion des patients ;
• 24 procès-verbaux ;
D
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
L’ANNÉE 2014
• 71 séances du collège, 85 décisions émises et 27 avis rendus ;
• 6 projets de décisions réglementaires et 151 projets de décisions individuelles, ayant une incidence sur l’environnement, soumis à la consultation du public ;
• 23 réunions des groupes permanents d’experts ; • 90 notes d’information et 26 communiqués de presse ; • 7 exercices de crise nucléaire à dimension nationale.
Au 31 décembre 2014, l’ASN comptait 474 agents.
Au-delà de ces chiffres, revenons sur les principaux éléments qui ont jalonné cette année.
LES ÉVALUATIONS COMPLÉMENTAIRES DE SÛRETÉ À LA SUITE DE L’ACCIDENT DE FUKUSHIMA
L’ ASN a indiqué régulièrement que le retour d’expé- rience complet de l’accident de Fukushima prendrait de nombreuses années. Ce retour d’expérience se traduit par un renforcement important des exigences qui s’ap- pliquent aux installations nucléaires et doit conduire à des évolutions conséquentes dans la gestion des situa- tions d’urgence radiologiques.
À la suite de l’accident de Fukushima, l’ASN a ainsi demandé aux exploitants d’identifier les équipements permettant aux installations nucléaires de faire face à des situations extrêmes. Ces équipements constituent le « noyau dur ». Le 21 janvier 2014, elle a notamment fixé, pour les centrales nucléaires d’EDF, le niveau de l’aléa sismique auquel ce dernier doit résister. À cette occasion, elle a aussi indiqué que, dans la gestion d’une telle situation, le refroidissement du réacteur et l’éva- cuation de la puissance devaient privilégier l’usage des générateurs de vapeur et que l’étanchéité de l’enceinte de confinement devait être préservée le plus longtemps possible. À la fin de 2014, dans le cadre des prescriptions de l’ASN, la Force d’action rapide nucléaire (FARN) était en mesure d’intervenir sur quatre réacteurs accidentés simultanément d’un même site.
Du 22 octobre au 21 novembre 2014, l’ASN a mis à la consultation du public les projets de décisions fixant les prescriptions complémentaires applicables au « noyau dur » pour les installations d’Areva et du CEA. Ces prescriptions définissent notamment les agressions à prendre en compte pour ce « noyau dur » ainsi que les exigences de dimensionnement associées. Les décisions correspondantes ont été approuvées en janvier 2015.
LA RÉVISION DE LA DIRECTIVE EUROPÉENNE « SÛRETÉ NUCLÉAIRE »
D’un point de vue réglementaire, le fait marquant de 2014 a été l’approbation de la révision de la directive européenne « sûreté nucléaire ». L’ ASN considère que cette révision, engagée après l’accident de Fukushima, apporte des améliorations substantielles à la version précédente. La directive révisée met notamment en exergue les principes de « défense en profondeur » et
de « culture de sûreté » et les objectifs de sûreté pour les installations nucléaires promus par WENRA (Western European Nuclear Regulators Association). Elle rend obli- gatoire une réévaluation de la sûreté de chaque instal- lation nucléaire au moins tous les dix ans et la mise en place, tous les six ans, d’examens par les homologues européennes sur des thèmes de sûreté précis, dans l’es- prit des tests de résistance. Enfin, elle renforce l’infor- mation des parties prenantes.
Sur le plan national, l’ASN a poursuivi le développe- ment de la réglementation applicable aux installations nucléaires, notamment en prenant des décisions sur la maîtrise du risque de criticité dans les INB ou sur les arrêts et redémarrages des réacteurs nucléaires à eau sous pression.
LES RÉEXAMENS DE SÛRETÉ DES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES
Conformément au code de l’environnement, l’ensemble des installations nucléaires françaises doit faire l’objet d’un réexamen de sûreté décennal. À cette occasion, la conformité de l’installation à son référentiel de sûreté est vérifiée. Des améliorations doivent lui être apportées pour la rapprocher des meilleurs standards de sûreté. Reconnue comme une bonne pratique par les pays euro- péens après l’accident de Fukushima, cette démarche a été intégrée dans la révision de la directive européenne sur la sûreté, approuvée en juin 2014.
En 2014, l’ASN a encadré par des prescriptions la pour- suite de fonctionnement au-delà de son troisième réexa- men de sûreté du réacteur 1 de Dampierre-en-Burly, et au-delà de leur deuxième réexamen de sûreté des réac- teurs 1 et 2 de Nogent-sur-Seine, 2 et 3 de Cattenom, 1 et 2 de Saint-Alban/Saint-Maurice, 1 de Penly. Les réacteurs de 900 MWe vont quant à eux entrer dans la période de leur quatrième réexamen de sûreté. Des échanges techniques approfondis ont eu lieu entre EDF, l’IRSN et l’ASN au travers de quatre séminaires sur la conformité des installations, leur vieillissement et leur obsolescence, la sûreté d’entreposage des combustibles, les agressions internes et externes, la prévention et la mitigation des accidents graves.
Enfin, en 2014, l’ASN a aussi encadré par des prescrip- tions la poursuite de fonctionnement au-delà de leur examen de sûreté de plusieurs installations d’Areva (Mélox - usine de fabrication de combustible de MOX
‘‘ En 2014, l’ASN s’est montrée particulièrement attentive à la situation
de certaines installations nucléaires.
‘‘ Pour une Autorité de contrôle, la crédibilité est une nécessité, elle exige de montrer et d’expliquer ce qu’elle fait.
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
L’ANNÉE 2014
à Marcoule, et IARU - installation d’assainissement et de récupération de l’uranium du site de Tricastin) et du CEA (réacteurs Éole et Minerve à Cadarache). Il s’agissait du premier réexamen de sûreté de ces instal- lations, qui n’étaient pas soumises à ce processus avant la loi TSN de 2006.
En 2014, l’ASN s’est montrée particulièrement atten- tive à la situation de certaines installations nucléaires.
Il s’agit notamment de la centrale du Blayais, dans laquelle EDF doit remplacer les trois générateurs de vapeur du réacteur 3 en raison de l’usure de leurs fais- ceaux tubulaires. Après examen de la conception et de la fabrication des nouveaux générateurs de vapeur, fabri- qués par Areva, l’ASN avait constaté qu’Areva n’avait pas apporté toutes les justifications de sûreté nécessaires. En préalable au montage puis à la mise en service des nouveaux générateurs de vapeur, en novembre 2014, le président de l’ASN a donc demandé à Areva et à EDF d’apporter ces justifications de sûreté, notamment sur les sollicitations mécaniques pour le dimensionnement des équipements, les propriétés mécaniques de certains matériaux, la représentativité des méthodes de calcul pour vérifier la tenue mécanique des équipements ou encore l’adéquation des méthodes de contrôles à la détection des défauts potentiels.
L’ ASN a en outre placé l’installation FBFC d’Areva sous surveillance renforcée. Cette décision fait suite à des constats préoccupants sur le management de la sûreté, la rigueur d’exploitation, notamment vis-à- vis de la maîtrise du risque de criticité, et le pilotage des projets. Le collège de l’ASN a convoqué la direc- tion générale de l’établissement en février 2014 et une rencontre avec l’ensemble du management a été organisée sur site en mai. L’ ASN prendra position à la suite de l’analyse du plan d’action élaboré par FBFC et à l’inspection de revue réalisée en novembre 2014.
En 2008, eu égard aux risques présentés par le réac- teur expérimental Osiris mis en fonctionnement il y a 50 ans à Saclay, en région parisienne, et sur la base des engagements du CEA, l’ASN avait prescrit d’arrê- ter ce réacteur en 2015. Conformément à la position de l’ASN, publiée durant l’été 2014, le Gouvernement a confirmé l’arrêt du réacteur fin 2015. L’ ASN avait alerté les différentes parties concernées dès 2009 sur les enjeux internationaux et nationaux associés à la production de radiopharmaceutiques par des réacteurs expérimentaux.
L’ installation de fabrication de radiopharmaceutiques CIS bio international, située en région parisienne, a elle aussi fait l’objet d’une attention particulière. L’ analyse de sûreté de l’installation et le constat de lacunes impor- tantes vis-à-vis du risque d’incendie, avait conduit en 2013 l’ASN à prescrire à l’exploitant la mise en place de dispositifs d’extinction automatique d’incendie. Devant son inertie à réaliser ces travaux malgré une mise en demeure de se conformer à ses prescriptions, l’ASN a
engagé en septembre 2014 un processus de consigna- tion. Nonobstant l’enjeu de sûreté nucléaire, force est de constater que l’exploitant a souhaité contester cette décision de l’ASN devant le Conseil d’État.
Enfin, le collège de l’ASN a rappelé au président d’Areva l’importance de la reprise et du conditionnement dans les meilleurs délais possibles des déchets anciens de La Hague. Un projet de décision de l’ASN pour encadrer et hiérarchiser la reprise des déchets anciens au regard des enjeux de sûreté des entreposages a été présenté à la consultation du public en août et septembre 2014. La décision a été publiée en janvier 2015.
LES ENJEUX DU NUCLÉAIRE DE PROXIMITÉ
Si aucun incident de niveau 2 n’a été enregistré en 2014 sur les installations nucléaires, cela n’a pas été le cas du nucléaire de proximité, dans lequel quatre incidents de niveau 2 ont été recensés dans le courant de l’an- née. Même s’il n’est pas pertinent de tirer des conclu- sions des fluctuations d’un petit nombre d’événements annuels, l’ASN est attentive à ce que les événements les plus sérieux fassent l’objet d’une analyse détaillée pour que des enseignements en soient tirés, sans négliger pour autant l’analyse des tendances de moyen terme.
Ainsi, une analyse des événements significatifs de radio- protection (ESR) déclarés entre 2007 et 2013 a conduit l’ASN à alerter en 2014 les acteurs de la radiologie inter- ventionnelle sur plusieurs points. Elle a notamment souligné la nécessité de procéder à une évaluation des risques pour le patient et les professionnels, d’identi- fier les actes à risque et de définir les modalités de suivi des patients à risque. Elle a aussi rappelé les besoins en radiophysiciens et en personnes compétentes en radio- protection, l’importance de la formation du personnel à la radioprotection des travailleurs et des patients, ainsi qu’à l’utilisation des équipements, et enfin la nécessité d’anticiper les changements techniques et organisation- nels. L’ ASN maintient, pour les prochaines années, la radiologie interventionnelle comme priorité d’inspection.
En 2014, l’ASN a publié le bilan des inspections menées dans les 217 services de médecine nucléaire français entre 2009 à 2011. Si l’état de la radioprotection est jugé globalement satisfaisant, des progrès sont encore attendus en ce qui concerne la formation du personnel à la radioprotection des patients et des travailleurs, la réalisation des études de poste pour l’ensemble des per- sonnels, les contrôles de qualité interne et la complé- tude des plans de gestion des déchets et des effluents.
Sur le plan réglementaire, la nouvelle directive fixant les normes de base en radioprotection a été publiée le 5 décembre 2013. La France dispose d’un délai de quatre ans pour transposer cette nouvelle directive en droit national. Si la réglementation française avait déjà anticipé le renforcement de certaines prescriptions, en particulier dans le domaine de la radiothérapie et de la gestion des sources radioactives non scellées, des
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
L’ANNÉE 2014
évolutions législatives (système de reconnaissance des radiophysiciens) ou réglementaires (limite de dose sur douze mois pour le cristallin réduite à 20 millisieverts par an, modification du dispositif de la personne com- pétente en radioprotection (PCR), réduction du niveau de référence pour le radon de 400 Bq/m3 à 300 Bq/m3) doivent être réalisées. L’ ASN a été et restera impliquée dans ce processus.
L’ année 2014 a vu la signature d’un accord-cadre de collaboration entre l’ASN et l’Institut national du cancer (INCa). Ce dernier concerne plus particulièrement l’utilisation médicale des rayonnements ionisants, les pathologies cancéreuses imputables, ou susceptibles de l’être, aux activités nucléaires, qu’elles soient d’ori- gine médicale ou industrielle, ou encore l’exposition de la population aux rayonnements ionisants d’origine naturelle, notamment ceux liés au radon.
En 2014, l’ASN a publié la synthèse des contrôles réa- lisés par ses inspecteurs en 2012 dans 47 structures de radiologie vétérinaire dites « équines ». Cette branche de la médecine vétérinaire présente les enjeux de radio- protection les plus importants, notamment en raison de la puissance et des conditions d’utilisation des appareils adaptés à des animaux de grande taille. Si des bonnes pratiques de terrain ont globalement été relevées (pré- sence de PCR internes, démarche d’optimisation des conditions de réalisation des diagnostics), plusieurs axes d’amélioration ont été identifiés (dosimétrie opé- rationnelle des travailleurs, contrôles internes de radio- protection, zonage radiologique…).
Elle a également mis à jour et publié en 2014 les infor- mations sur les flux de transport de substances radioac- tives. Une consultation du public sur un projet de guide visant à préciser les éléments qui doivent figurer dans les plans de gestion des incidents et accidents de trans- port de substances radioactives établis par les interve- nants de ce secteur (transporteurs, expéditeurs, etc.) a été ouverte.
L’ ASN a par ailleurs rappelé aux détenteurs de détec- teurs de fumée à chambre d’ionisation l’échéance du 31 décembre 2014 pour le recensement de ceux-ci. En 2011, deux décisions avaient été prises pour encadrer le retrait des sept millions de détecteurs installés sur le territoire français. En effet, ces détecteurs contenant des sources radioactives ne sont plus justifiés, au sens de la radioprotection, dès lors que des moyens alterna- tifs existent. Ce dispositif planifie, encadre et organise les opérations de retrait, de maintenance ou de reprise.
Enfin, à l’automne 2014, l’ASN s’est associée à l’auto- rité norvégienne en charge de la radioprotection pour organiser un séminaire sur les stratégies nationales de réduction des expositions au radon pour la population et des risques de cancer du poumon associés. Vingt pays européens, l’Organisation mondiale de la santé, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), les États- Unis, le Canada et la Russie étaient présents. Le radon
est un problème de santé publique qui nécessite une gestion coordonnée, impliquant tous les secteurs de la société, et une palette large d’outils (réglementation, incitation, information…). Si les stratégies nationales peuvent être différentes d’un pays à l’autre, du fait de conditions spécifiques liées en particulier aux condi- tions géologiques locales ou au nombre de personnes vivant dans les zones où le risque d’exposition au radon est élevé, toutes sont fondées sur un objectif commun de réduction des concentrations moyennes du radon.
LE FONCTIONNEMENT DU SYSTÈME FRANÇAIS DE CONTRÔLE DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION
En novembre 2014, le système français de contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection a été évalué par une équipe de vingt-neuf experts internationaux sous l’égide de l’AIEA. L’ ASN avait accueilli en 2006 la première mission de revue IRRS (Integrated Regulatory Review Service) portant sur l’ensemble des activités d’une autorité de sûreté. Cet audit s’inscrit dans le cadre de la directive européenne sur la sûreté nucléaire prévoyant de recevoir une mission de revue par les pairs tous les dix ans. L’ équipe a identifié de bonnes pratiques comme l’implication des parties prenantes, l’indépendance des commissaires et du personnel de l’ASN, la coordina- tion entre les organismes de contrôle impliqués dans la planification d’urgence. La mission a aussi identifié quelques points qui méritent une attention particulière ou des améliorations, notamment, le cadre réglemen- taire pour le contrôle des expositions dans le domaine médical, le système utilisé par l’ASN pour évaluer et modifier son cadre réglementaire ou les moyens humains et financiers dont dispose l’ASN pour l’exercice de ses missions. Le rapport définitif de l’AIEA a été transmis à la France au premier trimestre 2015 et publié sur le site Internet de l’ASN.
Pour prendre ses décisions, l’ASN s’appuie sur les exper- tises de l’IRSN ainsi que sur les avis et recommandations de ses sept groupes permanents d’experts (GPE), dont cinq concernent la sûreté nucléaire et deux la radiopro- tection. Ils sont composés de membres issus de différents organismes d’expertise (dont l’IRSN), de laboratoires de recherche universitaires, d’associations ou d’exploi- tants. Des experts étrangers, issus d’autorités de sûreté étrangères, y apportent une expérience internationale. En 2014, l’ASN a souhaité renforcer l’indépendance de l’expertise sur laquelle elle s’appuie et la transparence du processus d’élaboration de ses décisions. Pour cela, de nouvelles modalités de sélection et de nomination des membres des GPE ont été mises en œuvre afin de les ouvrir plus largement à la société civile.
Pour conclure, je tiens à souligner l’engagement et le professionnalisme des agents de l’ASN qui se mobilisent jour après jour, sur le terrain, pour faire progresser la sûreté nucléaire et la radioprotection. La qualité de nos décisions et de nos actions repose sur leur implication et sur l’appui sans faille de l’IRSN et de nos GPE.
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
L’ANNÉE 2014
Les actions de l’ASN Les activités contrôlées par l’ASN
01 LES ACTIVITÉS NUCLÉAIRES : RAYONNEMENTS IONISANTS ET RISQUES POUR LA SANTÉ ET L’ENVIRONNEMENT P. 19
02 LES PRINCIPES ET LES ACTEURS DU CONTRÔLE DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION P. 20
03 LA RÉGLEMENTATION P. 22
04 LE CONTRÔLE DES ACTIVITÉS NUCLÉAIRES ET DES EXPOSITIONS AUX RAYONNEMENTS IONISANTS P. 24
05 LES SITUATIONS D’URGENCE RADIOLOGIQUE ET POST-ACCIDENTELLES P. 26
06 DE L’INFORMATION À LA TRANSPARENCE ET À LA PARTICIPATION DES PUBLICS P. 28
07 LES RELATIONS INTERNATIONALES P. 29
08 LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION P. 31
09 LES UTILISATIONS MÉDICALES DES RAYONNEMENTS IONISANTS P. 31
10 LES UTILISATIONS INDUSTRIELLES, DE RECHERCHE ET VÉTÉRINAIRES ET LA SÉCURITÉ DES SOURCES P. 33
11 LE TRANSPORT DE SUBSTANCES RADIOACTIVES P. 35
12 LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF P. 36
13 LES INSTALLATIONS DU CYCLE DU COMBUSTIBLE NUCLÉAIRE P. 40
14 LES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES DE RECHERCHE ET INDUSTRIELLES DIVERSES P. 42
15 LA SÛRETÉ DU DÉMANTÈLEMENT DES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES DE BASE P. 44
16 LES DÉCHETS RADIOACTIFS ET LES SITES ET SOLS POLLUÉS P. 45
LES ÉLÉMENTS MARQUANTS EN 2014
Les rayonnements ionisants peuvent être d’origine naturelle ou provenir d’activités humaines appelées acti- vités nucléaires.
Les expositions de la population aux rayonnements ionisants d’ori- gine naturelle résultent de la pré- sence de radionucléides d’origine terrestre dans l’environnement, de l’émanation de radon en provenance du sous-sol et de l’exposition aux rayonnements cosmiques.
Les activités nucléaires sont les activités comportant un risque d’exposition aux rayonnements ionisants, émanant soit d’une source artificielle soit de radionu- cléides naturels traités en raison de leurs propriétés radioactives, fissiles ou fertiles, ainsi que les interventions en cas de risque radiologique consécutif à un acci- dent ou une contamination. Ces activités nucléaires incluent celles qui sont menées dans les instal- lations nucléaires de base (INB) et dans le cadre du transport des substances radioactives, mais aussi dans toutes les installations médi- cales, vétérinaires, industrielles et de recherche où sont utilisés les rayonnements ionisants.
Les rayonnements ionisants sont les rayonnements capables de produire directement ou indirectement des ions lors de leur passage à travers la matière. Parmi eux, on distingue les rayons X, les rayonnements gamma, alpha et bêta ainsi que les rayonne- ments neutroniques, tous caractéri- sés par des énergies et des pouvoirs de pénétration différents.
Les effets des rayonnements ioni- sants sur les êtres vivants peuvent être « déterministes » (effets sani- taires, tels que l’érythème, la radiodermite, la radionécrose et la cataracte, apparaissant de façon
certaine lorsque la dose de rayon- nements reçue dépasse un certain seuil) ou « probabilistes » (appa- rition de cancers avec une pro- babilité d’occurrence pour un individu mais pas de certitude). Les mesures de protection contre les rayonnements ionisants visent à éviter les effets déterministes et à réduire les probabilités de can- cers radio-induits qui constituent le risque prépondérant.
La connaissance des risques liés aux rayonnements ionisants repose sur la surveillance sanitaire (registres de cancers), l’investigation épidémio- logique et l’évaluation des risques par une extrapolation aux faibles doses des risques observés à forte dose. De nombreuses incertitudes et inconnues persistent néanmoins, notamment en ce qui concerne les radiopathologies à forte dose, les effets des faibles doses ou les effets sur les espèces non humaines.
EXPOSITION AUX RAYONNEMENTS IONISANTS EN FRANCE
La totalité de la population fran- çaise est potentiellement exposée aux rayonnements ionisants, mais de façon inégale, qu’il s’agisse des rayonnements ionisants d’origine naturelle ou résultant d’activités humaines.
En moyenne, l’exposition d’un indi- vidu en France a été estimée par l’Ins- titut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) en 2010 à 3,7 mil- lisievert par an (mSv/an), avec une variation d’un facteur 2 à 5 selon le lieu ; les sources de cette exposition sont les suivantes : • pour environ 1 mSv/an, la radioac-
tivité naturelle hors radon, dont 0,5 mSv/an pour les rayonnements d’origine tellurique, 0,3 mSv/an pour les rayonnements cosmiques et 0,2 mSv/an au titre de l’exposi- tion interne due à l’alimentation ;
• pour environ 1,4 mSv/an, le radon avec une très grande variation liée aux caractéristiques géologiques des terrains (une nouvelle carto- graphie du territoire national a été établie en 2011 en fonction du potentiel d’exhalaison du radon) et aux bâtiments eux-mêmes ; dans les zones définies comme prioritaires, des mesures périodiques doivent être faites obligatoirement dans les lieux ouverts au public et dans les lieux de travail ; un plan national d’action 2011-2015 est en cours de réalisation. En 2014, l’ASN a organisé un séminaire européen sur les programmes nationaux de gestion des risques liés au radon ;
• pour environ 1,6 mSv/an (esti- mation pour 2012), les examens radiologiques à visée diagnos- tique ont augmenté par rapport
LES ACTIVITÉS NUCLÉAIRES : RAYONNEMENTS IONISANTS ET RISQUES POUR LA SANTÉ ET L’ENVIRONNEMENT01
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
LES ÉLÉMENTS MARQUANTS EN 2014
à 2007 (1,3 mSv/an en 2007) en raison d’une augmentation du nombre d’actes de scanographie et d’une meilleure connaissance des pratiques ; une attention par- ticulière doit donc être portée à la maîtrise des doses délivrées aux patients ;
• pour 0,03 mSv/an, les autres sources d’exposition artificielle : anciens essais nucléaires aériens, accidents survenus sur des ins- tallations, rejets des installations nucléaires.
Les travailleurs des activités nucléaires font l’objet d’une surveillance spé- cifique (plus de 350 000 personnes en 2013) ; la dose annuelle est restée inférieure à 1 mSv (limite de dose efficace annuelle pour le public) pour plus de 96 % des effectifs surveil- lés ; le nombre de dépassements de 20 mSv (limite réglementaire pour les travailleurs du nucléaire) est en nette diminution (neuf cas en 2013) ; il en est de même pour la dose collective (baisse d’environ 43 % depuis 1996) alors que la population surveillée
a progressé d’environ 50 %. Pour les travailleurs des secteurs d’acti- vités engendrant un renforcement de l’exposition aux rayonnements naturels, les doses reçues sont dans 85 % des cas inférieures à 1 mSv/an. Quelques secteurs industriels iden- tifiés sont néanmoins susceptibles de connaître des dépassements de cette valeur.
Enfin, les personnels navigants font l’objet d’une surveillance particulière du fait de leur exposition aux rayon- nements cosmiques à haute altitude. Parmi les doses enregistrées, 85 % sont comprises entre 1 mSv par an et 5 mSv par an et 15 % sont infé- rieures à 1 mSv par an.
PERSPECTIVES
L’ ASN sera particulièrement atten- tive aux suites à donner aux recom- mandations attendues en 2015 d’un groupe de travail pluraliste réuni sur la surveillance individuelle de l’ex- position des travailleurs aux rayon- nements ionisants.
En ce qui concerne le radon, le troi- sième plan national qui sera adopté en 2015, devra permettre de com- bler la faiblesse du précédent en matière de pilotage stratégique, qui a conduit à une absence de visibilité de la nouvelle cartographie des zones prioritaires mais aussi en matière d’information du public et des élus et de stratégie de dépistage du radon dans l’habitat existant.
Vis-à-vis de l’augmentation régu- lière des doses délivrées aux patients lors des examens d’imagerie médi- cale, l’ASN renforcera les actions qu’elle a engagées depuis 2011 pour maintenir la mobilisation, à tous les niveaux, des autorités sanitaires et des professionnels de santé. La mise en place d’un pilotage stratégique impliquant les autorités sanitaires en accompagnement des actions pré- vues par le plan cancer 3, apparaît indispensable.
LES PRINCIPES ET LES ACTEURS DU CONTRÔLE DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE, DE LA RADIOPROTECTION ET DE LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT02
Les activités nucléaires doivent s’exer- cer dans le respect de huit principes fondamentaux inscrits dans la charte de l’environnement, dans le code de l’environnement ou dans le code de la santé publique.
Il s’agit du principe de prévention (anticipation de toute atteinte à l’environnement par des règles et actions tenant compte des « meil- leures techniques disponibles à un coût économiquement acceptable »), du principe « pollueur-payeur » (le pollueur responsable des atteintes à l’environnement supporte le coût des mesures de prévention et de réduction de la pollution), du principe de précaution (l’absence de
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
LES ÉLÉMENTS MARQUANTS EN 2014
certitudes, compte tenu des connais- sances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures de préven- tion proportionnées), du principe de participation (les populations doivent participer à l’élaboration des décisions publiques), du prin- cipe de justification (une activité nucléaire ne peut être exercée que si elle est justifiée par les avantages qu’elle procure rapportés aux risques d’exposition qu’elle peut créer), du principe d’optimisation (l’exposition aux rayonnements ionisants doit être maintenue au niveau le plus faible qu’il est raisonnablement possible d’atteindre), du principe de limitation (la réglementation fixe des limites à l’exposition d’une personne aux rayonnements ionisants résultant d’une activité nucléaire hors fins médicales ou de recherche biomé- dicale) et du principe de responsabi- lité de l’exploitant nucléaire vis-à-vis de la sûreté de son installation.
ACTEURS DU CONTRÔLE DES ACTIVITÉS NUCLÉAIRES
L’ organisation française actuelle du contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection a été éta- blie par la loi du 13 juin 2006 rela- tive à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire (« loi TSN ») codifiée dans le code de l’environ- nement ; ce contrôle relève essen- tiellement du Gouvernement et de l’ASN, dans le cadre législatif défini par le Parlement et sous le contrôle de celui-ci.
Le Parlement suit régulièrement les activités de contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection, notamment par l’intermédiaire de ses commissions spécialisées qui réalisent des auditions ou de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technolo- giques (OPECST) qui a établi plu- sieurs rapports sur ce sujet et auquel l’ASN présente chaque année son rapport sur la sûreté nucléaire et la radioprotection en France.
Le Gouvernement définit, après avis de l’ASN, la réglementation générale en matière de sûreté nucléaire et de
radioprotection. Il prend, également après avis de l’ASN, les décisions individuelles majeures relatives aux INB (autorisation de création ou de démantèlement, fermeture en cas de risque inacceptable...). Il est respon- sable de la protection civile en cas de situation d’urgence.
Dans l’organisation gouvernemen- tale actuelle, la ministre de l’Écolo- gie, du Développement durable et de l’Énergie est chargée de la sûreté nucléaire et, conjointement avec la ministre des Affaires sociales et de la Santé, de la radioprotection.
Dans les départements, les préfets, représentants de l’État, sont les garants de l’ordre public et jouent en particulier un rôle majeur en cas de crise, en étant responsables des mesures de protection des popu- lations. Le préfet intervient aussi au cours de différentes procé- dures concernant des installations nucléaires de son département pour piloter les concertations locales et donner son avis aux ministres ou à l’ASN selon le cas.
L’ ASN est une autorité adminis- trative indépendante créée par la loi TSN. Elle est chargée du contrôle de la sûreté nucléaire et de la radio- protection et contribue à l’informa- tion des citoyens sur ces sujets. Elle propose au Gouvernement des pro- jets de texte réglementaire et elle est consultée sur les textes prépa- rés par les ministères. Elle précise la réglementation par des décisions à caractère réglementaire soumises à l’homologation des ministres com- pétents. Elle délivre certaines auto- risations individuelles et en propose d’autres au Gouvernement. La sur- veillance et le contrôle des activi- tés nucléaires sont assurés par des agents de l’ASN et par des orga- nismes que l’ASN agrée à cet effet. L’ ASN contribue à l’action euro- péenne et internationale de la France ; elle assure l’alerte et l’in- formation des autorités des États tiers en cas de situation d’urgence radiologique et reçoit leurs alertes et informations. Enfin, elle apporte son concours à la gestion des situa- tions d’urgence radiologique.
L’ ASN s’appuie, sur le plan technique, sur l’expertise que lui fournissent l’IRSN ainsi que des groupes perma- nents d’experts qu’elle a constitués et dont la composition a été renou- velée en 2014 avec un objectif de diversification.
Elle réunit également des groupes de travail pluralistes qui permettent à l’ensemble des parties prenantes de contribuer à l’élaboration de doc- trines ou de plans d’action et au suivi de leur mise en œuvre. De tels groupes s’intéressent notam- ment aux facteurs sociaux, organi- sationnels et humains, à la gestion des situations post- accidentelles ou à la gestion des déchets et matières radioactifs (groupe constitué avec le ministère en charge de ces questions).
L’ ASN s’est investie dans le domaine de la recherche pour identifier les champs de connaissances néces- saires à l’expertise à moyen et long terme. Elle s’est dotée d’un comité scientifique.
L’ ASN est dirigée par un collège de cinq commissaires exerçant leur fonction à temps plein, inamovibles et nommés, pour un mandat d’une durée de six ans non renouvelable, par le Président de la République (qui désigne le président et deux com- missaires) ainsi que par le Président du Sénat et le Président de l’Assem- blée nationale (qui nomment cha- cun un commissaire).
L’ ASN dispose de services centraux et de onze divisions territoriales répar- ties sur le territoire. Son effectif glo- bal s’élève au 31 décembre 2014 à 474 personnes. Le budget de l’ASN a atteint, en 2014, 79,95 M€. Par ailleurs, l’IRSN bénéficie de 84 M€ pour l’appui technique qu’il fournit à l’ASN ; ces crédits comprennent une subvention de l’État ainsi que le produit d’une taxe acquittée par les exploitants des grandes installa- tions nucléaires.
Au total, le budget de l’État consacré à la transparence et au contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotec- tion s’est élevé à 174,7 M€ en 2014.
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
LES ÉLÉMENTS MARQUANTS EN 2014
Le cadre juridique propre à la radio- protection trouve son origine dans des normes, standards ou recommanda- tions établis au niveau international par différents organismes, notam- ment la Commission internationale de protection radiologique (CIPR), organisation non gouvernementale
LA RÉGLEMENTATION03
Ces crédits sont actuellement dis- persés au sein de cinq programmes budgétaires, ce qui nuit à la lisibi- lité globale du coût du contrôle et conduit par ailleurs à des difficul- tés en matière de préparation, d’ar- bitrage et d’exécution budgétaires.
L’ ASN dispose d’un Plan stratégique pluriannuel ; le plan en cours couvre la période 2013-2015.
INSTANCES CONSULTATIVES
L’ organisation de la sécurité et de la transparence en matière nucléaire comprend aussi des instances consul- tatives, notamment le Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire, instance d’information, de concertation et de débat sur les risques liés aux activi- tés nucléaires et l’impact de ces acti- vités sur la santé des personnes, sur l’environnement et sur la sécurité
nucléaire. On peut citer aussi le Haut Conseil de la santé publique, instance consultative à caractère scientifique et technique placée auprès du ministre chargé de la santé, qui contribue à la définition des objectifs pluriannuels de santé publique, évalue la réalisa- tion des objectifs nationaux de santé publique et contribue à leur suivi annuel, ainsi que diverses commis- sions chargées de donner un avis sur des projets de textes réglementaires (Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques pour cer- tains textes relatifs aux installations nucléaires de base, Commission cen- trale des appareils à pression pour ceux relatifs aux équipements sous pression…).
Face à des enjeux sans précédent (mesures « post-Fukushima », vieillissement des installations et demande de prolongation du fonctionnement des réacteurs
électronucléaires, mise en fonc- tionnement de l’EPR, premiers réexamens de sûreté d’une cinquan- taine d’installations, augmentation continue des doses de rayonnement délivrées aux patients…), l’ASN a estimé indispensable d’engager, de façon notable, le renforcement de ses moyens humains et financiers et de ceux de l’IRSN. Elle reconnaît l’effort consenti par le Gouvernement en 2014 dans un contexte budgé- taire extrêmement contraint (aug- mentation de trente emplois sur trois ans), mais elle estime qu’il ne suffit pas à répondre aux besoins et elle demande donc une réforme du financement consacré au contrôle de la sûreté nucléaire et à la radiopro- tection, à l’expertise et à l’informa- tion en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection faisant inter- venir une contribution annuelle des exploitants nucléaires, fixée par le Parlement.
qui publie des recommandations sur la protection contre les rayonnements ionisants (les dernières figurent dans la publication CIPR 103 datant de 2007), l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui publie et révise régulièrement des normes dans les domaines de la sûreté
nucléaire et de la radioprotection et l’Organisation internationale de nor- malisation qui publie des normes techniques internationales.
Au niveau européen, dans le cadre du Traité Euratom, différentes directives fixent des règles de base en matière de radioprotection, de sûreté et de gestion des déchets radioactifs et du combustible usé ; ces directives s’imposent à tous les États membres.
En ce qui concerne la radioprotec- tion, un processus de fusion et de révision des directives a abouti à l’adoption le 5 décembre 2013 de la directive 2013/59/Euratom du Conseil fixant les normes de base rela- tives à la protection sanitaire contre les dangers résultant de l’exposition aux rayonnements ionisants, publiée le 17 janvier 2014.
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Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2014
LES ÉLÉMENTS MARQUANTS EN 2014
En matière de sûreté nucléaire, le Conseil des ministres européens a adopté le 8 juillet 2014 une révision de la directive 2009/71/Euratom du Conseil du 25 juin 2009 établissant un cadre communautaire pour la sûreté nucléaire des installations nucléaires.
L’ ASN a activement contribué à l’adoption de ces deux directives.
Au niveau national, le cadre juri- dique des activités nucléaires a fait l’objet de profondes refontes au cours de ces dernières années. Les principaux textes figurent dans le code de la santé publique et dans le code de l’environnement. D’autres textes sont plus spécia- lisés comme le code du travail, qui traite de la radioprotection des travailleurs, ou le code de la défense qui contient des disposi- tions sur les activités nucléaires intéressant la défense ou sur la pré- vention des actes de malveillance. Enfin, divers textes s’appliquent à certaines activités nucléaires sans leur être spécifiques.
Parmi les activités ou situations contrôlées par l’ASN, on peut dis- tinguer différentes catégories présen- tées ci-après avec la réglementation qui leur est applicable :
Le nucléaire de proximité : cette catégorie regroupe les nombreux domaines utilisant les rayonne- ments ionisants, dont la méde- cine (radiologie, radiothérapie, médecine nucléaire), la biologie humaine, la recherche, l’industrie, ainsi que certaines applications vété- rinaires, médico-légales ou desti- nées à la conservation des denrées alimentaires.
Le code de la santé publique a insti- tué un régime d’autorisation ou de déclaration pour la fabrication, la détention, la distribution, y com- pris l’importation et l’exportation, et l’utilisation de radionucléides, de produits ou dispositifs en contenant. Les autorisations sont délivrées par l’ASN et les déclarations sont dépo- sées auprès des divisions territoriales de l’ASN.
Les règles générales applicables au nucléaire de proximité font l’ob- jet de décisions de l’ASN à carac- tère réglementaire. Ainsi, l’ASN a adopté le 23 octobre 2014 la décision n° 2014-DC-0463 relative aux règles techniques minimales de conception, d’exploitation et de maintenance aux- quelles doivent répondre les installa- tions de médecine nucléaire in vivo.
L’exposition des personnes au radon : la protection des personnes repose d’abord sur des obligations de surveillance dans les zones géo- graphiques où la concentration de radon d’origine naturelle peut être élevée. Cette surveillance est obli- gatoire dans certains lieux ouverts au public ainsi qu’en milieu de tra- vail. Une stratégie de réduction de ces expositions est nécessaire dans le cas où les mesures réali- sées dépassent les niveaux d’ac- tions réglementaires.
Les activités produisant un ren- forcement des rayonnements ionisants d’origine naturelle : certaines activités professionnelles qui n’entrent pas dans la définition des « activités nucléaires » peuvent accro