rapport mncp chomage2011

Upload: simoncastel

Post on 18-Jul-2015

191 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Mouvement National des Chmeurs et PrcairesMNCP

Rapport 2011 sur la situation des chmeurs chmeuses et prcaires

Paris, avril 2012

Rapport 2011 - MNCP

2

Rapport 2011 - MNCP

SOMMAIRE REMERCIEMENTS PREFACE / par Marc Desplats, prsident du MNCP PRESENTATION / 2011, lanne des records par Robert Crmieux, coordinateur du rapport STIGMATISATION / Montrer du doigt des coupables RESSOURCES / En dessous du seuil de pauvret RSA / Un dispositif revoir CONVENTION UNEDIC / Pas sans les chmeurs ! CONVENTION TRIPARTITE ETAT-UNEDIC-POLE EMPLOI / Tout a pour a FINANCES UNEDIC / La bonne affaire des banques INSECURITE JURIDIQUE / Les chmeurs ont-ils des droits ? FORMATION / En recul en 2011 COMITES DE LIAISON / Un lieu dexpression MEDIATEUR DE PLE EMPLOI / Quel rle pour la mdiation ? INEGALITES / Des hauts revenus extravagants SUICIDE / Lautre statistique ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL / Une situation de non-droit en France JALONS POUR LHISTOIRE / Le tournant de 1997-1998 et le dbat MNCP / AC! CHIFFRES DU CHOMAGE / Pour en finir avec les statistiques CHRONOLOGIE 2011 SIGLES p. 4 p. 5 p. 7 p. 9 p. 13 p. 18 p. 23 p. 27 p. 30 p. 33 p. 36 p. 39 p. 42 p. 45 p. 48 p. 51 p. 54 p. 62 p. 66 p. 69

3

Rapport 2011 - MNCP

REMERCIEMENTSCe rapport nexisterait pas sans lactivit des associations fdres dans le MNCP. Il puise sa cohrence dans le travail effectu depuis plus de vingt-cinq ans par le MNCP. Tous ceux et toutes celles qui ont contribu la dfense des droits des chmeurs sont des coproducteurs des analyses et des propositions labores collectivement pendant ces annes. En particulier une approche du chmage soucieuse de lhumain. Remerciements particuliers pour Pierre-Edouard Magnan et sa relecture initiale, pour Jean-Franois Yon, Virginie Gorson-Tanguy, Marc Desplats, Jacques-Henri Vaendale, Marie Lacoste, Jacqueline Balsan, Zalie Mansoibou, Chantale Gauthier et les autres... non membres du MNCP qui ont t attentifs nos projets, notamment Catherine Lebrun, Pierre Concialdi, Francine Bavay, Jean-Baptiste de Foucauld, Martine Billard, Etienne Pinte. Et Claire Villiers que nous noublions pas. **

4

Rapport 2011 - MNCP

PREFACE

Voil un travail intressant et combien ncessaire ! Elabor sous la responsabilit de Robert Crmieux avec lappui de membres du MNCP, nous avons enfin un rapport sur la situation des chmeurs, chmeuses et prcaires en 2011. Nous avions dj chaque anne, publis par de grandes fdrations, des rapports sur le logement ou sur la grande pauvret. Le MNCP produira annuellement ce rapport sur la situation des chmeurs et prcaires. En effet, il manquait ; et il devenait ncessaire que les chmeurs et prcaires, par leurs associations, sexpriment sur leurs conditions de vie, les revenus, la vie sociale et collective, sur lemploi inaccessible, la mise en concurrence des uns contre les autres pour prendre les rares places existantes, le mensonge de lassistanat Chaque anne, nous amliorerons cet tat des lieux, en vrifiant si des progrs sont accomplis, en dnonant les reculs ventuels, en donnant loccasion de chaque rapport, et de plus en plus, la parole aux personnes concernes. Nous continuerons exiger le relvement des minima sociaux, un systme unifi et universel dindemnisation du chmage qui remplace les systmes existants. Nous lutterons contre la complexit administrative, mise en place par les technocrates den haut, et qui engendre catgorisations, ruptures et incertitudes juridiques. Nous lutterons contre cette foule de contraintes non justifies qui empche de fait chaque personne dtre autonome et davoir un projet de vie. Nous exigerons une vraie politique de cration demplois et non des discours irresponsables culpabilisants les chmeurs alors que le nombre doffres demploi disponibles est ridiculement bas et totalement insuffisant pour donner un emploi dcent aux 4,5 millions de demandeurs demploi. Nous sommes en colre car les organisations de chmeurs, dont le MNCP, sont insuffisamment soutenues et coutes alors quelles ont des propositions constructives prsenter. Certes des avances ont t obtenues avec lorganisation dune parole collective des usagers des services de lemploi au sein des Comits de liaison de Ple Emploi. Mais des rsultats concrets restent obtenir. Par ailleurs, les rgions (sur la formation), les dpartements (sur le RSA), lUndic et lEtat (sur lindemnisation) doivent enfin maintenant mettre en place ce dialogue avec les chmeurs et prcaires et leurs organisations. Bon vent ce rapport, premier dune longue srie. Quil permette une prise de conscience pour aller vers une amlioration des droits et de la situation des personnes concernes. Quil devienne un outil, un support au dbat pour les choix politiques qui nous attendent et nous concernent tous. Marc Desplats Prsident du MNCP Lundi 2 avril 2012

5

Rapport 2011 - MNCP

6

Rapport 2011 - MNCP

PRESENTATION 2011, anne des recordsTout a-t-il t dit sur le phnomne social qui dtruit la vie de millions de personnes ? Entreprendre un rapport sur ltat du chmage en 2011 et la situation des chmeurs, chmeuses et prcaires, ce nest pas seulement se lancer dans une tche indite qui consiste mettre en perspectives des vnements, des faits, des analyses qui prennent ainsi un relief particulier. Cest aussi prendre conscience, si ce ntait pas fait avant, que le chmage est un fait social global qui ne se rsume pas en des statistiques. Du point de vue des chmeurs, chmeuses et prcaires, le chmage ce nest pas seulement la principale proccupation des Franais , ce nest pas seulement le nombre dinscrits Ple emploi. Cest avant tout une ralit quotidienne qui se traduit par le dcompte angoiss des ressources disponibles parfois au jour le jour, par le regard des autres travers la stigmatisation que certains responsables politiques se complaisent manier systmatiquement. Cest un rvlateur et une ralit vcue au carrefour des difficults qui saccumulent pour quiconque se retrouve priv demploi. Lanne 2011 a t lanne de tous les records. Mais encore une fois il ne sagit pas disant cela, de mettre en avant le taux de chmage qui a rejoint des sommets, dj atteints par le pass. Il est question, par exemple, de la tentative sans prcdent de la part des gouvernants de rendre les personnes sans emploi responsables du chmage lui-mme. Coupables de prfrer lassistanat au travail, largent facile du RSA leffort de la formation et de la recherche demploi. Le chmage est une bonne affaire On pourrait multiplier les exemples de records dont le rapport loin dtre exhaustif abonde. Comme celui des emprunts raliss auprs des banques par lUndic afin de faire face au dficit creus par les dcisions de gestion alatoires des partenaires sociaux. Des milliards deuros sont emprunts aux tablissements financiers pour payer les indemnits. Le chmage est une affaire rentable, la crise nest pas pour tout le monde et les ingalits encore un record plus insupportables que jamais. Lallocataire du RSA qui compte ses 15 par jour vit-il dans la mme socit que tel PdG du CAC 40 qui touche 25 000 par jour ? Sans compter les revenus du patrimoine On pourrait croire que dans ce contexte les personnes prives demploi soient incapables de faire entendre leur voix. Il nen est rien. Des associations de chmeurs ont dmontr en 2011 quelles taient actives, prsentes et loin de limage de rsignation suppose qui est donne : Dpenser plus dargent pour des allocations qui conduisent les gens sennuyer chez eux, ne pas avoir dactivit, perdre toute existence sociale, cest un trs mauvais calcul (M. Sarkozy, Prsident de la Rpublique, Puy de Dme, jeudi 7 avril 2011). Pour prendre un exemple, jamais le MNCP navait autant marqu de points dans le long combat entrepris pour faire entendre les propositions des chmeurs et prcaires collectivement organiss. Depuis la relance des comits de liaison Ple emploi, et des relations nouvelles qui sinstaurent peu peu avec ceux des syndicats qui faisaient la grimace au seul nom des associations de chmeurs, une reconnaissance de fait a t acquise en 2011. Et mme des institutions comme le Snat et le Conseil Economique, Social et Environnemental ont tmoign dune coute nouvelle.

7

Rapport 2011 - MNCP

Cest dans ce contexte qua t avance lide de raliser pour la premire fois un rapport annuel sur ltat du chmage. Quoi que lon en dise, au-del des commentaires sur le nombre des chmeurs qui augmente ou qui baisse en chaque fin de mois, on saperoit que la ralit du chmage est peu connue. Le journal Le Monde constatait ainsi dans son dition du 2 dcembre 2011 : Les partis innovent peu face lenvole du chmage . Ce projet de rapport nallait pas de soi. Il a t difficile mettre sur pied, mener bien. Le manque de moyens dans tous les domaines tait un dfi relever. Le mouvement des chmeurs existe pourtant depuis plus de vingt-cinq ans. Il na pas seulement align des revendications, il a aussi beaucoup travaill pour laborer des propositions constructives et argumentes. Cette expertise non reconnue mrite dtre mise en lumire et au service du dbat public. Nen dplaise ceux qui ne professent que mpris vis--vis de ces productions intellectuelles collectives, les rsultats en matire de lutte contre le chmage ne plaident pas en leur faveur. Il serait peut-tre temps dentendre lapproche diffrente dont les chmeurs et leurs associations sont porteurs. Comment ne pas voir que la question de la reprsentation collective des personnes sans emploi est aujourdhui une des questions cl du chmage. A rebours de lvolution de la socit qui volue vers une plus grande participation de chaque citoyen et citoyenne dans la dtermination des choix des politiques publiques, les chmeurs, quils relvent de Ple emploi ou quils soient allocataires du RSA, sont considrs comme des mineurs. Alors que tout dmontre aujourdhui quun dispositif social quel quil soit a besoin dtre dbattu par ceux et celles qui il est destin tant dans son laboration et sa mise en uvre que dans son valuation. Cest la condition de sa russite. Un point de dpart et un projet Le rapport sur ltat du chmage 2011 est un point de dpart. Il nest que le premier stade de ralisation dun projet qui sera valid par sa reconduction danne en anne. Le chmage de masse existe en France et en Europe sous sa forme actuelle depuis plus de quarante ans. Il a besoin dune mise en perspective pour que les chmeurs, les salaris et lensemble de la socit soit en mesure de mettre en chec ce flau. Le rapport est propos au dbat, soumis aux critiques. Des chmeurs, chmeuses et prcaires avant tout, mais aussi des syndicats, des chercheurs, des citoyens et citoyennes actifs dans les rseaux associatifs, les administrations et les partis politiques. Lapproche se veut participative, mme si cela a t difficile de concrtiser cette volont dans la ralit. Nous avons besoin pour poursuivre ce travail de connaissance pour laction de collaborations, de soutiens, de ressources humaines et financires dont le MNCP ne dispose pas ce stade. Nous sommes convaincus que cet appel peut tre entendu car le chmage et la prcarit ne sont pas laffaire des seuls chmeurs et prcaires. Le chantier du prochain rapport sur ltat du chmage en 2012 est dj ouvert. Il abordera des questions nouvelles qui nont pas trouv place dans le document de cette anne. Il aura dj un premier point de repre pour valuer les changements, les avances et les reculs. Avec comme perspectives davoir recenser des rsultats. Robert Crmieux Coordinateur du rapport 2011 **

8

Rapport 2011 - MNCP

STIGMATISATION

Stigmatiser : ( verbe ) 1 - Marquer avec un fer rouge ou autrement. On stigmatisait autrefois les esclaves fugitifs. 2 Figur. - Imprimer quelqu'un un blme svre, une fltrissure publique. Daprs le dictionnaire Littr

Montrer du doigt des coupablesJamais lentreprise de stigmatisation des chmeurs naura tourn plein rgime comme en 2011. Les responsables de lEtat se sont relays tout au long de lanne pour dsigner les chmeurs et prcaires comme les responsables des maux de la socit et - pour le moins de leur propre situation. Lacte daccusation est dress sans relche selon une logique implacable. Les chmeurs ont des revenus trop levs ; ces revenus les incitent ne pas rechercher du travail ; le travail doit donc tre une obligation que lon peut leur imposer. Dautant quen plus ils fraudent ! Il serait fastidieux dnumrer toutes les personnes qui se sont livres cet exercice de dsignation de boucs missaires. Quelques exemples. Janvier : "Il faut limiter le montant et la dure des allocations chmage" Lanne a commenc trs fort. Cest le prsident UMP de la Commission des Affaires sociales de lAssemble nationale qui a ouvert le feu. Le Figaro.fr titre le 13 janvier : Pierre Mhaignerie : "Il faut limiter le montant et la dure des allocations chmage". Et le Figaro de commenter : Dans cet entretien, Pierre Mhaignerie se prononce clairement pour une limitation et des montants et de la dure des allocations chmage, notamment pour les cadres, estimant que des indemnits chmage trop leves et trop longues n'incitent pas reprendre un emploi. Une prise de position intressante quelques jours de l'ouverture (le 24 janvier) de la rengociation de la convention d'assurance chmage par les syndicats et le patronat. Il ne sagit donc pas de propos en lair mais dune prise de position visant mettre la pression sur les partenaires sociaux la veille dune chance importante. O prcisment les ngociations vont porter notamment sur les indemnisations. Certes, cette proposition suscite un toll et ne sera pas suivie deffets. Mais lobjectif nest-il pas de crer un climat ? Dautant que la prise de position de M. Mhaignerie est reprise en boucle par les mdias tandis que le point de vue des chmeurs et des syndicats ne sont voqus que pour la forme. Mai : Le cancer de lassistanat M. Laurent Wauquiez a t lun des hros les plus en vue de cette mauvaise pice. En mai, le ministre des affaires europennes sen prend aux allocataires du RSA. Qualifiant lassistanat de cancer de la socit il propose les 8 et 9 mai dans divers mdias de rduire les allocations et dobliger les allocataires 5 heures de travail. Avec cet argument9

Rapport 2011 - MNCP

choc : Aujourdhui, un couple qui est au RSA, en cumulant les diffrents systmes de minima sociaux, peut gagner plus quun couple dans lequel il y a une personne qui travaille au smic. Absolument aucune tude ou rfrence chiffre ne vient tayer cette affirmation. Le journal Le Monde, sous la plume de Samuel Laurent, relve quil sagit : dune affirmation forte mais fausse. Suit la dmonstration : En 2011, un couple sans enfants touche 700 euros de RSA environ s'il ne travaille pas. Mais il ne les cumule pas avec d'autres aides : le principe du RSA est qu'il correspond un forfait. Si le couple est ligible l'aide au logement (APL), on retirera de son RSA un forfait de 109,11 euros, en change de cette aide (une personne seule perdrait 54,56 ). De son ct, le couple avec un seul revenu au smic, en 2011, touche 1 070,11 euros. Il gagne donc a priori plus que le couple assujetti au RSA. Ajoutons que ce couple avec un seul revenu au smic est lui aussi ligible l'aide au logement, qu'il peut cumuler avec un salaire. L'quation de M. Wauquiez est donc quelque peu fausse. La ficelle est tellement grosse dailleurs que pour une fois les grands mdias ne se privent pas de critiquer le ministre. Mais peine perdue, le mal est fait dans lopinion publique. Tel est le but de telles dclarations qui ne sont pas lhonneur des lus de la Rpublique qui les profrent. Mars, avril, octobre : renforcer la lutte contre la fraude sociale Lutter contre la fraude sociale est une antienne dont M. Xavier Bertrand sest fait le champion du moins en paroles. Tout au long de lanne il a martel ce message, annonant chaque fois plus daction du gouvernement, plus de mesures dans les administrations, plus de sanctions contre les fraudeurs. Le rsultat concret importe peu, lobjectif est de dsigner ceux qui sont responsables de tous les maux. Bien entendu ce sont les allocataires de la CAF, de lUndic, de la Scurit sociale et en dfinitive tous ceux qui vivent sans travailler : les chmeurs. Dans le discours de M. Bertrand le glissement est explicite. Ainsi, lorsquil spanche une fois de plus dans Le Figaro du 4 mars 2011 sur la ncessit de sanctionner les fraudeurs, il en vient dire : Quand on peut facilement frauder, quoi bon travailler ? . Dans cette phrase, ce nest plus le fraudeur quil sagit de sanctionner mais celui qui ne travaille pas qui est implicitement dsign comme priori fraudeur. Il ne sagit plus de lutter contre la fraude mais de stigmatiser toute une catgorie de population comme responsable du chmage et de la fraude qui va avec. Il sagit de dtourner lattention des vraies causes et de rendre crdible la criminalisation des chmeurs et prcaires, avec menaces de sanctions la cl. Cette utilisation du thme de la fraude sociale est mettre en parallle avec celui de linscurit. Dans les deux cas, les effets dannonce ne sont pas suivis de rsultats. Ce que constate par exemple la Cour des comptes dans son rapport de 2010 sur le sujet. Dans sa conclusion, la Cour souligne en termes trs diplomatiques que les moyens de lutte contre la fraude ne sont pas la hauteur des objectifs et des mesures, pour une raison simple : dfaut de moyens, y compris humains, les objectifs annoncs ne sont jamais atteints : Pour autant, il convient de souligner lampleur du travail qui reste accomplir. Ces outils doivent dsormais tre davantage utiliss dans les organismes de base. Leur dveloppement rsultera sans doute dune stabilisation du droit, permettant de scuriser les procdures. Mais il supposera galement un effort cibl sur les moyens humains10

Rapport 2011 - MNCP

correspondants notamment dans les services contentieux, qui ne sont que rarement mis sous tension par les mthodes actuelles de suivi des caisses nationales. Qui est vis ? Alors quen 2011 les CAF, par exemple, ont d fermer leurs portes plusieurs reprises pour ponger le traitement des dossiers en retard, que le personnel est dbord, la lutte contre la fraude, l comme ailleurs, na pas les moyens ncessaires. Mais l encore, seul le discours importe, qui est destin une reprise par les mdias. Leffet dannonce de la ncessit de sanctions se retourne contre les allocataires de la CAF. Le ministre, qui avait dj annonc dans une interview au Figaro un nouveau plan contre la fraude au mois de mars dernier, annonce en avril de nouvelles sanctions : On va passer la vitesse suprieure (Le Figaro, 15 avril 2011). En octobre, il revient la charge, Sud-Ouest titre : Xavier Bertrand veut renforcer la lutte contre la fraude sociale et ajoute : Le ministre de la Sant et du Travail entend fixer de nouvelles priorits en matire de lutte contre la fraude sociale et exiger des fraudeurs le remboursement des sommes trop perues . Dans ce florilge on remarquera que les entreprises et le patronat ne sont jamais dsigns la vindicte populaire comme fraudeurs potentiels. Le procd utilis par M. Bertrand pour dsigner les coupables est simple. Lexpression fraude sociale est en soi suffisante pour montrer du doigt une seule catgorie de la population : les allocataires des services sociaux. Qui, en effet, va penser Mme Bettencourt lorsquil est question de fraude sociale ? Les abus de biens sociaux ne sont pourtant rien dautre que des fraudes sociales. ** __________________________________________________________________________

DOCUMENT

Europe 1

Wauquiez : lassistanat est un cancer Le ministre veut instaurer une contrepartie aux minima sociaux pour inciter la reprise du travail. Conu pour inciter les chmeurs et inactifs retrouver un emploi tout en leur assurant un minimum de ressources, le revenu de solidarit active (RSA) nest pas assez contraignant aux yeux du ministre des Affaires europennes Laurent Wauquiez. Cette question de la diffrence entre le travail et lassistanat est aujourdhui lun des vrais cancers de la socit franaise parce que a nencourage pas les gens reprendre un travail, parce que a dcourage ceux qui travaillent, a dclar Laurent Wauquiez lundi matin sur Europe1. Et parce quau total, a fait perdre de lactivit et donc de lemploi la socit franaise. Dimanche, le ministre avait dj annonc que son groupe la Droite sociale dposerait dans les 10 jours lAssemble une proposition de loi pour contraindre les bnficiaires du RSA assumer cinq heures hebdomadaires de service social. RSA ou les drives de lassistanat Invit de lmission BFMTV 2012-Le Point-RMC, Laurent Wauquiez a dnonc une premire fois dimanche les drives de lassistanat comme le cancer de la socit franaise, et11

Rapport 2011 - MNCP

formul trois propositions. Il a mis lhypothse de plafonner le cumul de tous les minima sociaux 75% du Smic, pas plus. Aujourdhui, un couple qui est au RSA, en cumulant les diffrents systmes de minima sociaux, peut gagner plus quun couple dans lequel il y a une personne qui travaille au Smic, a-t-il avanc. a, cest la socit franaise qui tourne lenvers. Des missions au service de la collectivit En contrepartie du RSA, il faut que chacun assume chaque semaine cinq heures de service social. Cela ne reprsente pas grand-chose mais montre que, en face des droits (...), pour vous il y a des devoirs, a-t-il argument. Nous plaidons pour que ce soit une obligation, et on dposera dans les 10 jours qui viennent une proposition de loi en ce sens, a poursuivi Laurent Wauquiez, avant dvoquer comme possibles missions les sorties dcole, les travaux de nettoyage ou encore laccueil de service public. Les trangers points du doigt Le maire du Puy-en-Velay a enfin jug anormal que le systme de protection social, le plus gnreux dEurope, permette aux trangers, trs facilement, de bnficier de nos diffrents outils de solidarit. Il est normal que quelquun qui vient en France bnficie de notre systme condition quil ait un minimum contribu, a-t-il estim, suggrant dtablir une dure minimale de travail -cinq ans- pour pouvoir y prtendre. Lobjectif est, daprs M. Wauquiez, que ces propositions soient exprimentes avant la prsidentielle de 2012, et puissent nourrir le dbat de la campagne. En contrepartie, afin de promouvoir le sens de lquilibre (...) au bnfice des classes moyennes, le ministre sest prononc pour que chaque citoyen rsidant plus de trois mois en France soit assujetti limpt, contre six mois actuellement. Lundi 9 mai - Europe 1 (site web) ** __________________________________________________________________________

SOURCES

{ Rapport de la Cour des comptes - septembre 2010 Chapitre VIII - La lutte contre la fraude aux prestations sociales dans le rgime gnral ( p. 183 ) web : http://www.ccomptes.fr/fr/CC/Sommaire-23.html } { Le Monde : article Samuel Laurent / 9 mai 2011 "Assistanat" : les mauvais exemples de Laurent Wauquiez } **

12

Rapport 2011 - MNCP

RESSOURCESsix chmeurs sur dix Deux personnes en emploi sur dix font partie des 30% de personnes les plus modestes. Cest le cas de six chmeurs sur dix et de trois retraits sur dix. Eric Seguin - Insee

En dessous du seuil de pauvretQuelles sont les ressources montaires des personnes sans emploi ? La question dans sa banalit parat appeler des rponses simples. Pourtant, cest un grand tonnement de dcouvrir que les rapports et tudes sur le sujet sont rares et lacunaires. En particulier en provenance des institutions qui ont pour premire responsabilit la situation des chmeurs : Undic, Ple emploi, ministre du travail. Cette absence de documentation permet des approximations qui laissent courir une rumeur tenace : les chmeurs sont des privilgis. Leur situation sur le plan montaire serait ce point avantageuse que cela les dissuaderait de rechercher un emploi. La ralit est bien diffrente et, mme mal renseigne sur le plan statistique, il est possible de faire les comptes. Ils aboutissent tous au mme constat : le chmage est le facteur essentiel de pauvret. LInsee le confirme en ce qui concerne le revenu des mnages (pour 2009). Le seuil de pauvret montaire ayant t fix par lInsee 954 (base 2009), il est possible de faire des recoupements pour comparer les ressources des diffrentes catgories de sans-emploi. (Voir tableau p. 15) En commenant par le bas de lchelle, on ne peut faire limpasse sur ceux qui ne touchent rien. Principalement les jeunes adultes pour qui paradoxalement les difficults daccs lemploi sont reconnues mais qui on refuse dans le mme temps toute ressource de substitution, hors le RSA jeune. Celui-ci par ses critres dissuasifs na pas atteint sa cible. Il faut ajouter cette catgorie de nombreuses situations individuelles trangers, retour lemploi aprs des parcours atypiques qui passent entre les mailles du filet des rgimes de solidarit ASS ou RSA. Un dcoupage arbitraire Enfin, il faut souligner que lon ne sait que peu de choses des centaines de milliers de personnes supplmentaires arrives en fin de droits partir de 2010. L encore, un dispositif, le Plan rebond , na donn que peu de rsultats. Il faut bien chercher pour obtenir des chiffres. Un article du journal Le Parisien en mars 2011 donne une piste. Il titrait : Le flop du plan daide aux chmeurs en fin de droit et avanait le nombre de 20 000 personnes ayant bnfici du plan. Loin de lobjectif affich par le gouvernement de 325 000 personnes. Les fins de droit sont venus, pour partie, grossir les rangs des allocataires du RSA. En juin 2011, ils taient 2,02 millions. Leurs ressources journalires stablissaient partir de 15 par jour. Sous prtexte quune partie dentre eux ne sont pas des demandeurs

13

Rapport 2011 - MNCP

demploi parce que non-inscrits Ple emploi, ils sont considrs comme une catgorie part, non recenss comme chmeurs. Les associations de chmeurs constatent pourtant chaque jour sur le terrain que ce distinguo administratif est arbitraire. Il y a une continuit de situation pour les personnes prives demploi, quelles soient sous le rgime de lUndic, de la solidarit en ASS ou allocataires du RSA. Cette continuit se retrouve mme en ce qui concerne le sous-emploi des travailleurs prcaires qui se retrouvent tantt comptabiliss dans les actifs, tantt dans les inactifs mais dont la situation du point de vue des ressources et le la perception sociale (par eux-mmes et par leur environnement) les assimile aux chmeurs. Ainsi, en ce qui concerne les allocataires du RSA, 803 074 dentre eux taient inscrits Ple emploi en dcembre 2011. Plus des deux tiers (66%) ne touchaient que le RSA socle , tandis quun tiers en RSA activit cumulaient lallocation et les ressources dun travail prcaire. Il y a donc toute une catgorie de chmeurs/salaris prcaires que lInsee sefforce de recenser et qui, selon le portrait social 2011 de lInsee sont six millions toucher moins de 750 par mois. Un prcariat sest install, encourag par les politiques publiques. Enfin, il faut mentionner 429 200 personnes, inscrites Ple emploi, qui touchaient lallocation dite de Solidarit-Etat, lASS (ASS). Ce chiffre tait en progression de 1,1% sur un an. Et leurs ressources les situent au mme niveau que les allocataires du RSA, soit 15 par jour. Concernant les chmeurs touchant les allocations de lassurance chmage, les chiffres sont, notre connaissance, inexistants ou non publis. Globalement, il nest pas contest que si lon retient les catgories A,B,C, environ un demandeur demploi sur deux nest pas indemnis. Le minimum plancher tait fix en 2011 27,66 euros / jour au 1 er juillet 2011. Ple emploi, pour sa part, indiquait pour mars 2011 (donnes disponibles la date de ralisation de ce rapport) un montant mensuel moyen de 1 108 , soit 37 / jour. Un montant qui situait lindemnit journalire moyenne mis chemin entre le Smic et le seuil de pauvret. Et par dduction il est raliste de considrer que les indemnits verses se situent au niveau du seuil de pauvret, ou en dessous, pour des centaines de milliers de chmeurs. Le revenu absent des indicateurs Contrairement une ide reue et largement rpandue, voire entretenu par certains responsables politiques, pour une majorit de chmeurs, mme ceux indemniss par lUndic, leur situation de chmeur les condamne la pauvret. Et ce fait mrite dtre compar la richesse produite en France car la pauvret est relative un environnement donn. Cest le calcul qua fait le mensuel Alternatives Economiques. Guillaume Duval pouvait ainsi crire (17 janvier 2011), sous le titre : Les chmeurs franais ne sont pas des privilgis : si on observe pour 2008 (dernire anne connue) le volume global des prestations verses afin de soutenir les chmeurs (soit 1,17% de PIB lpoque), rapport la proportion de chmeurs dans la population active (7,8%), la France se situe avec 0,15 point de PIB par point de chmage dans la moyenne de lEurope des 15 et des 27. Huit des pays de lex Union 15 indemnisent mieux leurs chmeurs que la France. Et pour certains dentre eux dans des proportions trs importantes : 2,7 fois pour les Pays-Bas, 2,5 fois pour le Danemark, 2 fois pour lAutriche. Que lon nous permette dobserver que les pays cits comme indemnisant le mieux ne sont pas ceux que lon observe comme ayant les plus forts taux de chmage.

14

Rapport 2011 - MNCP

Relevons enfin que la question du niveau de lindemnisation du chmage nest pas une proccupation affiche par les partenaires du Service Public de lEmploi (SPE). La convention tripartite signe par lUndic (partenaires sociaux), Ple emploi et lEtat est accompagne dune batterie de trente trois indicateurs destins permettre le suivi de la mise en uvre des objectifs affichs. Pas un seul ne concerne les ressources des chmeurs. **

Tableau comparatif des ressources journalires : salaires / chmageJean-Paul Agon (LOral) Bernard Arnault (LVMH) : Salaires cadres salaris (priv) : Salaire mdian : 29 315 / jour 24 658 / jour 132 / jour (H) 55 / jour (F) 47 / jour 47 / jour 37 / jour 32 / jour 27 / jour 25 / jour 15 / jour 15 / jour 11 / jour 0 / jour**

Smic : Chmage indemnis Undic (moyenne) : Seuil de pauvret : Chmage indemnis Undic (plancher) : Chmage / salari prcaire (prcaire) : Chmage solidarit (ASS) : RSA : Allocation temporaire dattente Sans ressource

Lecture du tableauLe tableau comparatif a pour objectif de visualiser les carts existants en 2011 entre les ressources salariales et celles des diffrents types dindemnisation du chmage. Lunit jour a t retenue car elle correspond lunit auxquelles les chmeurs et prcaires se rfrent pour le calcul de la dure, du montant de leurs allocations et les dpenses de la vie

15

Rapport 2011 - MNCP

quotidienne. Les salaris comptent plutt en mois tandis que dans le haut du tableau on compte plutt en kilo-euro sur lanne. Le tableau ne prend pas en compte les revenus du patrimoine, qui concernent surtout le haut du tableau, ni les revenus lis aux diffrentes prestations sociales, ni les revenus de la famille. Pour la mthode de calcul, les sources peuvent tre diffrentes : articles de presse, Insee Les hausses de salaires ou des indemnisations peuvent varier en cours danne (hausse du Smic en octobre, de lindemnisation Undic en juillet) ce qui fait que la somme retenue sur lanne est une moyenne. De mme, les chiffres de rfrences pour le calcul journalier peuvent tre dcals dans le temps et concerner lanne 2010 (ou 2009 dans le cas du seuil de pauvret Insee). Enfin, les sommes affiches sont arrondies leuro prs par souci de lisibilit. Ce qui na pas de consquences sur les carts et les ordres de grandeur. Ci-dessous, les sources retenues pour les calculs de chaque entre du tableau. 1/ 2/ 3/ 4/ Jean-Paul Agon (PdG LOral) / 10,7 millions deuros / an soit : 29 315 / jour Bernard Arnault (LVMH) : 9,7 millions deuros / an, soit : 24 658 / jour (sources : Proxinvest) Salaires cadres salaris (priv) : 47 600 / an, 3 967 / mois, soit : 132 / jour Salaire mdian : (F) 16 813 / an 1 401 / mois 46,7 / jour (H) 20 063 / an 1 672 / mois 55,7 / jour (sources : Insee) Smic : 1 394 / 30 soit 46,5 / jour (Smic mensuel brut en euros pour 151,67 h de travail au 01/12/2011) Chmage indemnis (moyenne) : 1 108 / 30 soit 36,9 / (mars 2011 Ple emploi) Seuil de pauvret : 954 / 30 soit 31,8 / jour Le taux de pauvret montaire est dfini comme la proportion de personnes ayant un niveau de vie infrieur au seuil de pauvret. Ce seuil est calcul par rapport au niveau de vie mdian : il sagit donc dune notion relative. Cest le seuil 60 % du niveau de vie mdian qui est privilgi en Europe et en France. (Insee) Chmage indemnis (plancher ARE) : 27,66 (Undic 1er juillet 2011) Chmeur / salari prcaire : 750 / 30 soit 25 / jour (Insee Portrait social 2011) Chmage Solidarit Etat (ASS) 450 / 30 15 / jour RSA 450 / 30 soit 15 / jour Allocation temporaire dattente 330 / 30 soit 11 / j Sans ressources

5/ 6/ 7/

8/ 9/ 10 / 11 / 12 / 13 /

** __________________________________________________________________________

DOCUMENT

Six chmeurs sur dix font partie des 30% de personnes les plus modestes Les chmeurs sont fortement surreprsents dans les premiers dciles de niveau de vie. Ils sont prs de 60 % avoir un niveau de vie infrieur au 3e dcile. Seuls 3 % des chmeurs se situent dans16

Rapport 2011 - MNCP

les 10% de personnes les plus aises ; ils sont ainsi la catgorie la moins prsente au sein des personnes les plus aises. Les chmeurs prsents dans le bas de la distribution ont des revenus individuels plus faibles que la moyenne des chmeurs. Leurs allocations chmage sont moindres, voire inexistantes, notamment en raison dune anciennet au chmage plus leve (la moiti sont au chmage depuis plus dun an). De plus, les revenus apports par les autres personnes de leur mnage sont en moyenne plus faibles que pour les chmeurs en haut de la distribution des niveaux de vie : en raison dune part dune plus forte concentration des familles monoparentales (25 % des chmeurs les plus modestes vivent dans une famille monoparentale contre 2% environ pour ceux dans le haut de la distribution), et dautre part de la prsence de conjoints plus souvent au chmage que la moyenne. Insee - France, portrait social, dition 2011 p. 82

__________________________________________________________________________

SOURCES

{ Le Parisien, Le flop du plan d'aide aux chmeurs en fin de droit, Catherine Gast-Peclers / 22 mars 2011 web : http://www.leparisien.fr/economie/le-flop-du-plan-d-aideaux-chomeurs-en-fin-de-droit-22-03-2011-1370956.php } { Insee France, portrait social, dition 2011 p. 82 web : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=FPORSOC11g_VE32NVie } { Ple emploi, Demandeurs demploi indemniss au 31 dcembre 2011 (France mtropolitaine donnes CVS) / 6 fvier 2012 http://www.pole-emploi.org/communication/s-cmt-chomeurs-indemnises-11/2011@/communication/524/view-article-17787.html } { Ple emploi, Les demandeurs demploi bnficiaires du RSA en dcembre 2011 / 27 janvier 2012 web : http://www.pole-emploi.org/communication/s-cmt-rsa-septembre-2011@/communication/524/view-article-17443.html }

**

17

Rapport 2011 - MNCP

REVENU DE SOLIDARITE ACTIVE

Conclusion Cest avant tout un march de lemploi structurellement dgrad que les bnficiaires du RSA et les travailleurs sociaux qui les accompagnent doivent faire face, notamment en raison de limpact de la crise conomique sur les mtiers les moins qualifis. Ds lors, comment rinsrer dans lemploi quand le march du travail offre majoritairement des solutions prcaires (intrim, temps partiel subi, CDD.) ? Deuxime enqute RSA de la FNARS juin 2011

RSA : un dispositif revoirJeudi 15 dcembre les organisations de chmeurs et prcaires se sont invites la Confrence Nationale dvaluation du RSA 1. Tout un symbole en ce qui concerne le RSA qui, de sa conception, puis son laboration et sa mise en pratique a cart dlibrment le point de vue de ceux et celles qui il est cens tre destin. Ainsi, les associations de chmeurs, au contact quotidien des allocataires du RSA sont tenues pour quantit ngligeable dans lvaluation du dispositif. Et cela contre-emploi du considrable travail de critique et de propositions fait par les organisations de chmeurs. (Voir ci-dessous dans la partie DOCUMENTS la composition du Comit dvaluation) 2 Le rapport de dcembre 2011 nen est pas moins un document quil convient de saluer. Pour une fois, malgr son caractre officiel, mais sans doute cause notamment du travail des fonctionnaires de la DARES et de la contribution de la FNARS, nombre de vrits sont mises au jour en ce qui concerne le RSA. Le rapport constate les insuffisances et les impasses de ce dispositif. Au point davoir t reu comme un rquisitoire contre le RSA par nombre des commentateurs et des mdias. Il faut dire que le Rapport pointe entre autres, lcart entre les objectifs affichs recul de la pauvret et retour lemploi - et les rsultats. Limpact sur le recul de la pauvret, mme si le rSa activit accrot sensiblement le revenu des bnficiaires est nul : Le taux de pauvret montaire saccrot entre 2008 et 2009 dans un contexte conomique marqu par la crise .

5,3 milliards deuros non-distribusQuant au retour lemploi , limpact du RSA est marginal : le taux de non-recours au rSa activit seul reste lev . Pire, le rapport met jour sur ce point lnorme gchis dun dispositif qui ne touche que le tiers environ des allocataires potentiels du dispositif, ce qui se traduit par la non-utilisation de milliards deuros de crdits : Ces tudes ont aussi permis de chiffrer le manque distribuer du non-recours au rSa, c'est--dire le montant total du rSa auquel les ligibles non-recourants ont droit. La somme est importante puisqu'elle se chiffre environ 3,1 milliards d'euros par an non distribus suite au non-recours au rSa socle seul, et 2,2 milliards deuros non distribus suite au non-recours au rSa socle et activit et activit seul. Dans cette somme, 1,7 milliard deuros correspond la seule composante activit de lallocation.

18

Rapport 2011 - MNCP

Le Comit national dvaluation ne fait en dfinitive que confirmer les diffrentes enqutes et remontes du terrain. Il faut y ajouter les critiques non prises en compte parce quelles dbordent le cadre fixe pour lvaluation. Par exemple, contrairement au RMI qui ntait quune allocation, le RSA a un effet ravageur sur le monde du travail. Il a en effet un impact sur la prcarisation de lemploi, la prcarit salariale devenant une sorte de norme indpassable et de plus subventionne comme telle par les fonds publics.

Un outil au service de la prcarisation de lemploiLensemble des critiques taient formules ds lorigine par les organisations de chmeurs. Le MNCP soulignait ainsi ds 2009 : Force est de constater que les effets pervers du RSA prennent le pas sur ses objectifs initiaux. Il devient au fil des mois un outil supplmentaire au service de la rduction du cot du travail en prcarisant lemploi . Ds lors, il faut bien revenir sur le fond de la question. Le Revenu de solidarit active (RSA) qui a succd au RMI nen finit pas de susciter des dbats, des critiques et des propositions de rforme. Un dispositif social qui concerne deux millions dallocataires (chiffres de juin 2011) ne peut laisser indiffrent quiconque rflchit et agit sur les questions de chmage et de prcarit. Le RSA est un marqueur et il est significatif que le nombre des allocataires soit en progression constante. Pourtant, on ne peut que constater que la question est peu prsente dans les programmes lectoraux. Les partisans de M. Sarkozy ont, pour leur part, affich des orientations, travers les nombreuses dclarations notamment de M. Wauquiez et le rapport Daubresse. Le Prsident de la Rpublique, dans son discours de Bordeaux, le 15 novembre dernier, a repris son compte lide dun travail obligatoire en change de lallocation du RSA. Il sagit dune vision du revenu de solidarit qui accentue son caractre de stigmatisation, de contrle social des plus pauvres et renforce la prcarisation de lemploi tandis quil contredit le principe du libre choix du travail (Article 23 de la Dclaration universelle des Droits de lhomme de 1948).

Que faire du RSA ?Le paradoxe est que le RSA est peru comme une bonne rforme, selon une enqute TNSSofres, hauteur de 64%. Les personnes se rclamant de la gauche sont mme 70% le plbisciter. Sans doute faut-il y voir la perception que le RSA est simplement le nouveau nom du RMI, que par ailleurs cest toujours mieux que rien et que vouloir lier le dispositif au retour lemploi est un objectif en soi louable. Nul doute aussi quil a t bien vendu par ses parrains, MM. Hirsch et Sarkozy. Que faire du RSA ? Le maintenir en ltat ? Un retour au RMI tel quamnag par le RMA ? Une retouche cosmtique ou un dispositif nouveau ? Peut-il tre simplement rform ? A travers leurs associations locales, les organisations de chmeurs et prcaires peuvent tmoigner de linsuffisance et de la nocivit du dispositif. Le Mouvement National des Chmeurs et Prcaires (MNCP), a pris clairement position depuis le projet de RMA puis du RSA qui a pris la suite3. Le RMI tait lui-mme certes dj insuffisant dans ses moyens dinsertion et le trop faible apport de revenu. Mais il reprsentait sa cration une avance dans son principe, une innovation sociale susceptible dtre amliore. Les rformes successives sont considrer comme des rgressions. Lune comme lautre (RMA puis RSA) visaient remettre au travail les Rmistes. Comme si avoir un travail19

Rapport 2011 - MNCP

ntait pas leur objectif. La dcentralisation apporte par le RMA a par ailleurs introduit larbitraire de pratiques dpartementales divergentes.

Un Systme Unifi et Universel dindemnisation du chmage ?Une brche a t introduite dans le droit du travail avec le RSA activit qui fait sponsoriser par ltat la progression de la prcarit salariale. Les propositions de travail obligatoire en change du revenu du RSA ne font que franchir une tape supplmentaire dans la mise en place dun instrument rpressif contre les chmeurs et prcaires dj inscrit dans la rforme du RSA4. Il faudra sans doute encore de nombreux dbats, peut-tre loccasion de la campagne des lections prsidentielle puis lgislative avant que les mesures ncessaires soient mises en place. Et, en premier lieu, une situation de lemploi qui ne rende pas illusoire tout dispositif visant favoriser laccs au march du travail. Le MNCP formule des propositions visant rompre avec lmiettement des statuts des personnes sans emploi. Nest-il pas temps de discuter srieusement dun Systme Unifi et Universel dindemnisation du chmage et de toutes les formes dabsence demploi ? (Voir les propositions du MNCP). Cette ide est dsormais en dbat dans des cercles initialement trs loigns de nos positions, par exemple la CFDT. Ainsi, Gaby Bonnand (par ailleurs partisan du RSA), ex-prsident de lUndic avance : Pour moi la question de luniversalisation de lassurance chmage ncessite que tous les acteurs concerns travaillent ensemble. Pourquoi pas un Grenelle de la couverture chmage ? (dans son livre : Ple emploi). ** _________________________________________________________________________

DOCUMENTS

1

Les chmeurs et prcaires sinvitent la confrence nationale sur le RSA En marge des discours polics et dune organisation trs soigneusement prpare, la Confrence nationale dvaluation du revenu de solidarit active (RSA) aura t aussi loccasion pour les chmeurs et prcaires de faire valoir leur point de vue. Une quarantaine de militants du collectif Les Raisons de la colre compos de plusieurs organisations dont AC !, lAPEIS et le MNCP ont, ds la fin de lintervention de Marie-Anne Montchamp, secrtaire dEtat aux solidarits et la cohsion sociale, envahi lestrade avec une banderole et exprim leur mcontentement de ne pas avoir t associs la confrence. Un dni de la reprsentation collective des chmeurs et prcaires , estime-t-on au MNCP. Les militants ont notamment dnonc un dispositif qui institutionnalise la prcarit et casse le code du travail tout en saccompagnant de contrles, de pressions et de menaces de rduction ou de radiation bien suprieurs ce quil en tait pour le RMI , dans un climat de culpabilisation sciemment entretenu . Parmi leurs revendications, une augmentation immdiate de 250 des minima sociaux et la cration dun revenu minimum garanti et dcent. Actualits Sociales Hebdomadaires (ASH) : n 2738 du 23/12/2011 **

20

Rapport 2011 - MNCP

2

Encadr 1 : Composition du Comit national dvaluation du rSa Le Comit national dvaluation du rSa est prsid par Franois Bourguignon, directeur de lEcole dconomie de Paris. La Dares, service statistique du ministre du travail, a assur le secrtariat du Comit. Les travaux du Comit ont t organiss en trois groupes de travail pilots respectivement par la Drees (groupe de travail gouvernance et accompagnement), la Cnaf (groupe de travail pauvret ) et la Dares (groupe de travail march du travail et insertion professionnelle ). Le dcret n2009-1112 relatif la composition du Comit dvaluation de limpact du revenu de solidarit active prcisait la liste des membres du Comit dvaluation du rSa. Un arrt de nomination complte ce dcret et dtaille lidentit des personnes nommes : Cinq prsidents de conseil gnral : Monsieur Yves Daudigny, prsident du conseil gnral de lAisne ; Monsieur Jean-Louis Destans, prsident du conseil gnral de lEure ; Monsieur Michel Dinet, prsident du conseil gnral de Meurthe et Moselle et prsident de lODAS ; Monsieur RenPaul Savary, prsident du conseil gnral de la Marne. Dix personnes nommes en raison de leur comptence en matire dvaluation des politiques publiques : Monsieur Franois Bourguignon, Monsieur Didier Demazire, Monsieur Nicolas Duvoux, Monsieur Marc Gurgand, Monsieur Yannick LHorty, Madame Elisabeth Maurel, Monsieur Pierre Ralle, Madame Anne Saint-Martin, Madame Marie-Odile Simon, et Monsieur Amadeo Spadaro. Deux reprsentants des associations de lutte contre lexclusion : Madame Nicole Maestracci, prsidente de la FNARS ; Monsieur Dominique Balmary, prsident de lUNIOPSS. Trois reprsentants des bnficiaires du rSa : Madame Marie-Pierre Mermet, Monsieur Patrick Urbin et Monsieur Frdric Ducasse. Quatre reprsentants de ladministration : Madame Sabine Fourcade, directrice gnrale de la cohsion sociale ; Monsieur Antoine Magnier, directeur de lanimation de la recherche, des tudes et des statistiques ; Madame Anne-Marie Brocas, directrice de la recherche, des tudes, de lvaluation et des statistiques ; Monsieur Ramon Fernandez, directeur gnral du Trsor. Trois reprsentants des organismes chargs de la mise en uvre du rSa : Monsieur Herv Drouet, directeur gnral de la CNAF ; Monsieur Michel Brault, directeur gnral de la CCMSA ; Monsieur Christian Charpy, directeur gnral de Ple Emploi. Comit national dvaluation du rSa / Rapport final dcembre 2011 p.25

3

MNCP : Nos lments critiques sur le RSA En rsum : Le RSA devrait amliorer la situation des travailleurs les plus dmunis, mais il consiste prendre acte de la dgradation des conditions demplois. Il incite reprendre un emploi quel quil soit, mme sous-pay, mme prcaire, mme temps trs partiel. Cela ne peut en rien amliorer les revenus salariaux, ni les politiques dembauche des entreprises. De plus, la question de ladquation dun emploi une personne ne se limite pas la seule question du revenu : les horaires, les contraintes de distance, la pnibilit des travaux, ou la formation, sont aussi des critres dimportance dans le choix dun emploi. Au-del mme de lemploi, ce sont toutes les autres conditions de la reprise demploi qui sont ngliges : la question des transports, de la sant, de la garde des enfants Force est de constater que les effets pervers du RSA prennent le pas sur ses objectifs initiaux. Il devient au fil des mois un outil supplmentaire au service de la rduction du cot du travail en prcarisant lemploi. Simultanment, il dgage ses responsabilits sur la collectivit appele complter les revenus du travail et assumer les consquences sociales de ces stratgies conomiques et financires. Document MNCP (extrait) / 17 fvrier 200921

Rapport 2011 - MNCP

** 4

Une obligation de travail Avec la mise en place du Revenu de Solidarit Active, nous avons accru l'cart entre les minima sociaux et les revenus du travail. Et nous irons plus loin dans la logique des droits et des devoirs. Comme l'a propos Marc-Philippe DAUBRESSE, d'ici la fin de l'anne, nous exprimenterons dans une dizaine de dpartements une obligation de travail de sept heures pour les bnficiaires du RSA. L aussi, que l'on me comprenne bien, ce n'est pas pour punir, c'est au contraire pour respecter, pour redonner de la dignit. On n'a pas de dignit quand on ne peut survivre qu'en tendant la main. Discours de M. Sarkozy, Prsident de la Rpublique / Rnovation sociale Bordeaux /15-11-2011

__________________________________________________________________________

SOURCES

{ Comit national dvaluation du rSa / Rapport final dcembre 2011 Sur le site du CNLE : http://www.cnle.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_RSA_15dec2011_vf.pdf } { OFCE / Les checs du RSA / par Guillaume Allgre / 21 dcembre 2011 http://www.ofce.sciences-po.fr/blog/?p=861#more-861 } { FNARS Deuxime enqute RSA Les difficults rencontres par les allocataires du RSA / selon lobservation des travailleurs sociaux juin 2011 web : http://www.fnars.org/ } { Ple emploi / Les demandeurs demploi bnficiaires du RSA en dcembre 2011 } { Rapport cour des comptes / Du RMI au RSA : La difficile organisation de linsertion juille 2011 www.ccomptes.fr } {ASH n spcial : Le revenu de solidarit active 2e dition / septembre 2011 } { Enqute TNS-Sofres 4 mars 2012 / web : http://www.tns-sofres.com/ } **

22

Rapport 2011 - MNCP

CONVENTION UNEDICtout au long des processus de mise en uvre La participation des personnes doit sexercer tout au long des processus de mise en uvre des politiques publiques : diagnostic initial, laboration, mise en uvre oprationnelle, valuation des impacts. Recommandations du CNLE

Pas sans les chmeurs ! La Convention Undic est le document qui a dune part pour mission principale de fixer le montant des cotisations chmage pour les salaris et, dautre part, le niveau des indemnits verses aux demandeurs demploi inscrits Ple emploi, ayant cotiss comme salaris. Autant dire que sa rengociation par les partenaires sociaux syndicats de salaris et organisations patronales est pour les personnes prives demplois un moment fort. Par ses retombes sur les conditions de vie, la Convention dtermine ce qui va tre le quotidien de millions de personnes. Un inscrit sur deux Ple emploi ne touchant pas dindemnits Undic, son rglement renvoie aux dispositifs de la solidarit nationale tous ceux qui ne rentrent pas dans le cadre dfini de lallocation chmage. Autant dire limportance des ngociations triennales de la Convention Undic pour lensemble de la socit. On pourrait croire que les diverses catgories concernes prennent part la ngociation, dbattue sur la place publique. Il nen est rien. Tout dabord les chmeurs et leurs organisations ne sont pas parties prenantes aux dbats. En dehors des cinq syndicats dsigns par la loi comme reprsentatifs (CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC), certains ne sont pas admis la table des ngociations. Notamment Solidaires, lUNSA, la FSU Il en est de mme pour les employeurs, en raison de labsence de reprsentants de lconomie sociale et solidaire. Enfin, lEtat employeur nest pas reprsent alors que le recours lemploi prcaire dans la fonction publique alimente dsormais les files dattente de Ple emploi. Lanne 2011 tant une anne de renouvellement triennal de la Convention, on aurait pu sattendre ce que souvrent cette occasion des dbats publics et vigoureux. Il nen a rien t. Les partenaires sociaux, les pouvoirs publics et les mdias ont t dune discrtion rare pendant les trois mois quont dur les dbats. Les tractations de coulisses et les renvois des commissions de travail ont pris le pas sur une vraie ngociation sociale. Une attitude dautant plus surprenante que le chmage tait un niveau trs lev, la question des fins de droit non rsolue et les perspectives peu encourageantes au niveau europen. Une campagne large et argumente Face cette situation les associations de chmeurs ont pris diverses initiatives communes tout au long du premier trimestre afin de percer le mur du silence autour de cette ngociation. A linitiative du MNCP, une campagne de plusieurs mois a t mene pour f aire entendre la voix des chmeurs, chmeuses et prcaires. Un appel sign de personnalits et une ptition ont notamment t lancs, sous le titre Ngociations Undic : Pas sans les chmeurs ! . Une manifestation a t organise aux grilles du Snat le 9 mars avec des relais en rgions.

23

Rapport 2011 - MNCP

Mais le MNCP ne sest pas content de mener une campagne de protestation. Des documents ont t labors pour prsenter des propositions. Les ngociateurs ont t directement sollicits. Et pour la premire fois dans ce type de ngociations des rencontres bilatrales ont eu lieu avec les partenaires sociaux. On lira notamment ci-aprs la lettre qui leur a t adresse. Sur le fond elle soulignait lcart existant entre dune part la volont affiche de la majorit des ngociateurs de reconduire la Convention sans changement majeur et dautre part la gravit de la situation des personnes exclues de lemploi. Au bilan, on peut dire que les vnements donnent raison sur le fond aux organisations de chmeurs et prcaires. La Convention ne savre pas la hauteur des enjeux, le dficit financier de lUndic ouvre un march aux banques sur le dos des cotisants lUndic (Voir p. 30) et le malaise saccrot des deux cts du guichet de Ple emploi faute de solutions adaptes la crise sociale. La Convention finalement adopte et entre en vigueur au 1 er juin 2011 (jusqu fin 2013) laisse sans rponse les problmes souleves par le chmage de masse qui perdure et saccrot.1 Les lignes bougent Cependant la parole collective des chmeurs a marqu des points. Elle sest fait entendre dans les runions du Conseil National des politiques de Lutte contre la pauvret et lExclusion sociale (CNLE). Ses travaux, anims par le dput Etienne Pinte ont t de prcieux points dappui. Elle a fait une entre dans des institutions comme le Snat, qui, aux auditions dans le cadre de llaboration du rapport sur Ple emploi, a invit les reprsentants des chmeurs. Elle sest fait entendre au Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) qui lui aussi a innov en auditionnant le MNCP pour prparer son rapport sur le Service public de lemploi. Cest un dbut, en attendant la lgitime participation de reprsentants des chmeurs parmi ses membres. Cette parole collective des chmeurs a recueilli le soutien de secteurs nouveaux de lopinion, grce sa dmarche constructive et argumente. Comme par exemple le soutien apport la ptition Pas sans les chmeurs ! par la FNARS, le Secours Catholique ou la Fondation Abb Pierre. Les collectivits territoriales impliques dans la gestion des minima sociaux ont t galement interpeles et, mme si dans ce domaine de grands pas restent faire, certaines portes se sont ouvertes et des jalons poses pour le futur. Des adversaires dhier de la reprsentation collective des chmeurs en viennent aujourdhui parler de la question avec plus de ralisme. Cest la cas de Gaby Bonnand (CFDT), ex-Prsident de lUndic, dans son livre sur Ple emploi. En dfinitive, lexpression des associations de chmeurs contribue lvolution gnrale de la socit qui aspire une plus grande participation dans tous les domaines des citoyens et citoyennes. Une aspiration profonde, qui faute dtre entendue contribue la crise sociale. Le juriste du travail Alain Supiot lavait repre lorsquil rdigeait en 1999 pour la Commission europenne son rapport sur : Transformations du travail et devenir du droit du travail en Europe. Il crivait alors : L'accord des sujets de droit tend devenir une condition ncessaire la lgitimit des rgles qui les obligent. Et pour ce qui est du domaine des droits sociaux il prcisait : Les droits sociaux supposent la participation des personnes concernes leur dtermination via des mdiations collectives, notamment au travers de reprsentations reconnues et d'instances de concertation sociale dmultiplies. Par leur dmarche, les associations de chmeurs participent concrtement de ce mouvement qui fait avancer les socits. **1 / Trois sances de ngociations ont eu lieu entre les partenaires sociaux, les 24 janvier, 9 fvrier et 25 mars 2011. Seul le syndicat CGT na pas ratifi laccord, lestimant insuffisant. 24

Rapport 2011 - MNCP

__________________________________________________________________________

DOCUMENT

MNCP : Lettre aux ngociateurs de la Convention UNEDIC Le MNCP a rencontr au cours des mois de janvier/fvrier 2011 : - CGT le 20 janvier (Maurad RABHI), - CFDT le 26 janvier (Laurent BERGER, Patricia FERRAND et Chantal RICHARD), - CFTC le 3 fvrier (Gabrielle SIMON, Galle FAUTRAT), - FO le 28 fvrier (Stphane LARDY, David DELOYE), - MEDEF le 28 fvrier (Dominique TELLIER, Catherine MARTIN). Bien que non partie prenante la ngociation, nous avons galement voulu rencontrer l'Union syndicale SOLIDAIRES (le 23 fvrier) (1). Au nom du MNCP, je voudrais vous transmettre ici notre grande inquitude et consternation sur la faon dont est bcle cette nouvelle ngociation : Inquitude car la majorit des partenaires sociaux ne semble pas s'indigner du fait de laugmentation de la prcarit, de laugmentation imminente du nombre de sans emploi (passage de 60 62 ans oblige), de la grande difficult voire impossibilit pour les seniors de retrouver un emploi, du fait quil ny a pas demploi pour tous, ce qui implique de trouver une solution solidaire pour tous, de laugmentation des contrats prcaires qui entraine une trs forte augmentation des non indemniss (fins de droit ou trop grande difficult acqurir des droits indemnisation). Consternation car aucun moment vous nacceptez de rflchir aux nouvelles ressources ncessaires pour faire face la situation des personnes. Vous vous posez en gestionnaires ou cogestionnaires de masses financires bloques et intouchables. Face la situation, bien sr une remise plat totale du systme dindemnisation du chmage est ncessaire et ne dpend pas uniquement des partenaires sociaux (remise plat qui avait t promise il y a quelques annes et qui na jamais t faite). Bien sr, on ne peut pas tout faire tout de suite. Mais au moins, face laugmentation de la prcarit, la situation des jeunes et des seniors, prenez des mesures qui aillent dans le bon sens : - Elargir lassiette de cotisations (pas uniquement sur les salaires), - Acqurir des droits plus rapidement que 4 mois, pour aider les jeunes, - Maintenir les 50 ans et baisser lge auquel on peut garder son indemnisation jusqu obtention dune retraite taux plein (nous demandons 58 ans au lieu de 61 ans actuellement. Un geste dans le bon sens serait trs important pour la situation des seniors), - Prendre des mesures financires qui fassent diminuer le recours lemploi prcaire. - Et surtout ne pas se contenter de relguer le tout des groupes de travail dont on sait ce quils ont donn par le pass. Aprs la mobilisation (forte et ncessaire) au moment des retraites, le peu de mobilisation des diffrents partenaires sociaux concernant cette ngociation nous choque. Vous trouverez joint lappel lanc avec un certain nombre de personnalits pour faire en sorte que la parole des chmeurs et prcaires soit enfin entendue. Vous remerciant de nous avoir reu ; souhaitant que lon aille plus loin quune coute polie mais quil sen suive un vritable progrs pour lindemnisation des chmeurs et prcaires, Marc Desplats / Prsident du MNCP / Lundi 7 mars 201125

Rapport 2011 - MNCP

(1) Un communiqu commun a t sign avec l'Union syndicale Solidaires constatant nos points d'accord. Nous navons pas rencontr la CGPME et lUPA, pour des raisons d'emploi du temps ; la CFE-CGC na pas rpondu notre demande ; dans les non participants la ngociation, galement pour des raisons d'emploi du temps, nous navons pas encore rencontr non plus ni lUNSA, ni la FSU (qui pour sa part a sign notre Appel de soutien pour la ptition "Ngociations UNEDIC : pas sans les chmeurs !".

** __________________________________________________________________________________

SOURCES

{ Convention Undic du 6 mai 2011 web : http://www.unedic.org/Actualites/dossier-special-convention-2011 } { Conseil National des politiques de lutte contre la pauvret et lexclusion sociale (CNLE) Recommandations pour amliorer la participation des personnes en situation de pauvret et dexclusion llaboration, la mise en uvre et lvaluation des politiques publiques Rapport du groupe de travail 17 octobre 2011 web : http://www.cnle.gouv.fr/Mme-Bachelot-Narquin-recoit-le.html }

{ Gaby Bonnand, Ple emploi, De quoi jme mle ? Editions de lAtelier. Paris, 2012 } { Documents MNCP, nota. : Pour un Systme Unifi et Universel dIndemnisation du Chmage Charte revendicative web : http://mncp.fr/Accueil/ } { Alain Supiot, Au-del de l'emploi Rapport pour la Commission europenne Transformations du travail et devenir du droit du travail en Europe Flammarion. Paris, 1999 nota pp. 57 et 305 } { Rapports du Snat et du CESE } **

26

Rapport 2011 - MNCP

CONVENTION TRIPARTITE TAT-UNEDIC-POLE EMPLOIon ne comprend pas pourquoi Si on peut comprendre que les organisations patronales aient approuv cette convention, tant leur grille de lecture court termiste passe de faon obsessionnelle par la baisse des charges, on ne comprend vraiment pas pourquoi quatre centrales syndicales ont cru bon de lui apporter leur soutien. Michel Abherv Universit de Marne-la-Valle

Tout a pour a...Elabore en 2011, la prsente feuille de route du service public de l'emploi est inadapte dans ses objectifs, insuffisante dans ses moyens et catastrophique dans ses consquences pour les chmeurs et les agents de Ple emploi. La conclusion d'une Convention tripartite entre l'tat, l'Undic et Ple emploi devrait tre un acte majeur des politiques publiques. En effet, cette convention fixe pour trois ans les objectifs et les moyens du service public de l'emploi. Au lieu de cela, elle n'est qu'un document numrant des dclarations dintention. La prsente Convention tripartite pour les annes 2012 2014 a t tablie pendant l'anne 2011 par un groupe de suivi runissant l'Etat et les partenaires sociaux, patronat et syndicats reprsents l'Undic. On pourrait imaginer que dans une situation de chmage de masse une telle Convention fasse l'objet d'un dbat dmocratique associant les divers acteurs concerns par le chmage. Il n'en a rien t. Le gouvernement et le patronat ne souhaitant pas porter sur la place publique une question aussi explosive que le chmage. Inadapte la situation Le rsultat est qu' peine approuve par les instances de l'Undic et de Ple emploi, elle se rvle l'vidence totalement inadapte une situation de l'emploi ds 2012. Le niveau du chmage et de la prcarit taient pourtant prvisibles. Le souci du gouvernement tant de limiter les dpenses, il tait ncessaire de bricoler une Convention moyens constants. Pas d'augmentation du personnel de Ple emploi, pas d'augmentation de la contribution de l'Etat. Alors que de faon quasi unanime, tous les rapports de l'anne 2011 pointent une insuffisance de moyens en personnel, la Convention dcrtait qu'il fallait se contenter de l'effectif existant. Ce ne sont pas l'embauche de 1 000 personnes en CDD annonce par le Prsident de la Rpublique qui y changera quelque chose. D'autant que 2011 a vu le licenciement, contre-courant des besoins, de 1 500 intrimaires qui venaient juste d'tre forms. Le texte de la Convention tripartite est le tmoin de cette volont dassocier des objectifs parfaitement contradictoires : 2.2.1. Donner Ple emploi les moyens de ses missions Le retour lquilibre financier de Ple emploi est atteint au plus tard en 2014 par une matrise de lensemble de ses dpenses, tout en prservant le niveau daides et daccompagnement des demandeurs demploi (qui sera minima celui prvu au budget 2012, hors conventions particulires avec ltat).27

Rapport 2011 - MNCP

Sous rserve de linscription des crdits en loi de finances, de 2012 2014, ltat contribuera au financement des dpenses inscrites aux troisime et quatrime sections du budget de Ple emploi hauteur de 1 360 000 000 par an. Cette subvention couvre lensemble des travaux, y compris la gestion des prestations, confies par ltat Ple emploi la date de signature de la prsente convention, lexclusion de ceux rsultant dautres conventions existantes ou venir. Catastrophique dans ses rsultats Lorsquune situation d'explosion du chmage se greffe sur un chmage de masse dj un niveau lev, la galre quotidienne des chmeurs est dcuple. Plus il y a de chmeurs, plus la difficult de retrouver un emploi augmente. Plus la dure d'inscription augmente et plus les revenus baissent, jusqu' devenir nuls pour certains quand arrive la fin des droits. Le moins que l'on puisse attendre d'une Convention pluriannuelle est qu'elle permette danticiper les besoins futurs, sinon elle n'est qu'un exercice de pure forme. Certaines clauses prvoient bien la possibilit de rvision de cette feuille de route, mais cela fait partie des clauses de style, permettant de ddouaner ceux qui l'ont labore : on sait combien il est difficile de changer de cap quand certains objectifs ont t mis dans un document contractuel. On ne peut que s'tonner qu'un tel document ait t sign, donc approuv, par quatre des cinq syndicats reprsents l'Undic (CFDT, CFTC, FO, CGC), sauf la CGT. A l'vidence cette convention tripartite devra tre ncessairement rengocie avant son terme. Sauf n'en tenir aucun compte dans les futures politiques publiques. ** __________________________________________________________________________

DOCUMENT Lapprobation de la convention tat-Undic-Ple emploi : le renoncement des partenaires sociauxpar Michel Abherv* Lorsque le Secrtaire Gnral de la CFDT, Franois Chrque, dclare quil faut embaucher Ple emploi, on ne peut que se fliciter de cette position tant il est absurde de penser quon peut se contenter de cette situation de blocage des effectifs face laugmentation des clients qui ne semble pas devoir sarrter de sitt. Mais ce quon a du mal comprendre, cest pourquoi quelques jours plus tt, lUndic, prside par Gaby Bonnand de la mme CFDT a approuv la convention tripartite liant ltat, lUndic et Ple emploi pour la priode 2012 - 2014, et ne prvoyant aucune cration demploi, mme temporaire en cas daugmentation des effectifs des demandeurs demploi. Cette approbation, laquelle la CGT ne sest pas jointe, ne peut tre interprte que comme un quitus donn ltat des violations de ses engagements prcdents, en particulier la noncompensation du transfert impos des psychos de lAFPA et de prestations supplmentaires demandes par ltat, comme lavait dnonc, avec justesse, le mme Gaby Bonnand devant la commission snatoriale.28

Rapport 2011 - MNCP

Ce faisant les partenaires sociaux, pourtant financeurs aux deux tiers du fonctionnement de Ple emploi, et de ce fait actionnaires majoritaires ddouanent ltat de la responsabilit de la cration du dficit de Ple emploi ces deux dernires annes, qui est sans hsitation possible totalement la sienne. Ils sengagent par l mme dans la voie difficile de devoir rtablir lquilibre budgtaire par des mesures dconomie, dont on ne voit pas comment elles ne porteront pas avant tout sur la qualit du service rendu aux demandeurs demploi, pourtant dj mdiocre. Nous savons aujourdhui que le portefeuille moyen dun conseiller dpasse les 125 demandeurs reconnus officiellement. Alain Vidalies, qui suit dans lquipe de Franois Hollande ces questions lestime 160 et nous pensons quil atteint, et mme dpasse les 200 (voir Retour sur la taille des portefeuilles Ple emploi : la ralit moyenne dpasse les 200) Si on peut comprendre que les organisations patronales aient approuv cette convention, tant leur grille de lecture court termiste passe de faon obsessionnelle par la baisse des charges, on ne comprend vraiment pas pourquoi quatre centrales syndicales ont cru bon de lui apporter leur soutien. A moins que ce vote ne soit lexpression dune certaine lchet pour laisser ltat une responsabilit pleine et entire dans la situation daujourdhui. ( mardi 10 janvier 2012 ) * Professeur associ l'Universit de Marne-la-Valle **

__________________________________________________________________________

SOURCES

{ communiqu de presse de l'Undic / 28 novembre 2011 / constitue un rsum de la Convention / sur le site de l'Undic / http://www.unedic.org/Actualites/nouvelle-convention-tripartite } { article de Michel ABHERVE sur le blog d'Alternatives conomiques : http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2012/01/10/lapprobation-de-la-convention-etatunedic-pole-emploi-le-renoncement-des-partenaires-sociaux/# } { La Convention Tripartite sur le site du ministre de l'emploi web : http://www.emploi.gouv.fr/actualites/signature-convention-etat-unedic-pole-emploi } **

29

Rapport 2011 - MNCP

FINANCES DE LUNEDICAAA, une reconnaissance de la signature Undic Les trois principales agences de notation (Standard&Poors, Moodys et Fitch rating) ont nouveau accord lUndic en 2010 la note AAA. Lattribution de cette notation se fonde notamment sur la libre fixation des taux de cotisations et des niveaux dindemnisation par les partenaires sociaux et sur la garantie implicite de lEtat du fait du contexte rglementaire et lgislatif. Rapport dactivit Undic 2010

La bonne affaireDbut dcembre 2011, lUndic a publi un communiqu. Une agence de notation financire prtend dgrader la fameuse note AAA dont on parle tant depuis quelques mois : Lannonce de Standard&Poors du 7 dcembre 2011 qui place lUndic sous surveillance avec implication ngative de sa note long terme est la consquence mcanique de la mise sous surveillance ngative de lEtat franais : Standard&Poors assimile la note demprunteur long terme de lUndic celle de lEtat franais . Le 22 dcembre, nouveau communiqu : LUndic sinterroge sur les mthodologies employes par les agences de notation qui en lespce ne semblent pas reposer sur de nouveaux travaux danalyse approfondis et spcifiques. Mais au fait, pourquoi tant dindignation de la part de lUndic ? Pourquoi une association charge de lindemnisation du chmage se proccupe-t-elle autant des agences de notation ? Tout simplement parce que lUndic, mise en dficit chronique par les partenaires sociaux qui la grent, est un colossal emprunteur sur le march financier. Un emprunteur pesant plusieurs milliards deuros. Le rapport dactivit de lUndic pour lanne 2010, publi en juin 2011, fait ainsi tat dun endettement net de 8,6 milliards deuros fin 2010. A titre de comparaison, il sagit de deux fois le budget de la rgion Ile-de-France. Ou encore, un chiffre rapprocher de celui des allocations verses aux chmeurs qui slvent 27,7 milliards deuros en 2010. 8,6 milliards dendettement 8,6 milliards dendettement pour 27,7 milliards dallocations verses, le rapprochement est loquent. Que cet endettement rapporte aux banques accordant les crdits ne souffre pas la discussion. Et que les consquences de la baisse des notes par les agences de notation financire soit un renchrissement des taux de crdits est non moins contestable. Les salaris paient la facture dans leurs cotisations sociales, les chmeurs dans des conditions dindemnisation dgrades. Le mcanisme de cet appel de fonds aux bnfices des tablissements financiers se rpte depuis que le chmage de masse sest durablement install. Le gouvernement, le patronat font pression sur les gestionnaires de lUndic pour que les cotisations patronales soient les moins leves possibles. Lorsque les partenaires sociaux ngocient les cotisations et les indemnisations loccasion de la rengociation triennale de la Convention Undic, les prvisions du niveau de chmage sont le plus souvent sous-values. Les cotisations sont calcules sur un nombre de chmeurs infrieur la ralit et par la suite lUndic ne peut30

Rapport 2011 - MNCP

que constater un dficit comptable rsultant de recettes insuffisantes par rapport aux indemnits verses. Dautant qu la faveur de la fusion ANPE-ASSEDIC, le gouvernement a ponctionn les recettes de lUndic dun forfait annuel de 10%. Officiellement pour les tches dvolues au nouvel organisme de lassurance chmage. Mais cet arrangement technique au sein du Service public de lemploi masque (mal) un dtournement de fonds impos sans discussion par les pouvoirs publics, les cotisations des salaris et des entreprises tant lorigine rserves lindemnisation du chmage. Lensemble aboutit des dficits rcurrents dont le patronat saccommode dautant mieux que ce sont les tablissements financiers prives qui en profitent. Le dficit cumul de lUndic atteignait 5,9 milliards en 2009, 8,6 milliards en 2010. Il tait prvu plus de 11 milliards en 2011 (en lattente du rapport financier 2011) et devrait atteindre plus de 15 milliards la fin de cette anne. De belles perspectives pour les banques. Dans son rapport dactivit 2010, lUndic se prononait Pour une capacit renforce dvaluation des dispositifs dassurance chmage . Cest une bonne rsolution. Mais il vaudrait mieux pour la transparence et la sincrit des activits et des budgets de lUndic que les principaux payeurs, salaris et bnficiaires chmeurs, aient leur mot dire.

__________________________________________________________________________

DOCUMENT

(Extrait) Rapport financier Undic 2010 Rapport de gestion du directeur gnral Perspectives 2011 En France, la hausse du nombre de chmeurs indemniss par lAssurance chmage a ralenti en 2010 : 51 500 bnficiaires aprs 282 000 en 2009. Les hypothses retenues pour la prvision dquilibre financier de 2011 de lAssurance chmage sont les suivantes : PIB : + 1,8% Inflation : +2,0% En lien avec lacclration de lactivit enregistre en dbut danne, lemploi affili lAssurance chmage progresserait de 146 000 postes en 2011. Dans le sillage des crations demploi, le nombre de chmeurs indemniss par lAssurance chmage baisserait de 79 000 en 2011. La hausse de linflation et lamlioration du march du travail bnficieraient au salaire moyen par tte du secteur marchand non agricole, qui progresserait de 2,3% en 2011, puis de 2,5% en 2012. Enfin, la masse salariale profiterait de la hausse de lemploi du secteur marchand non agricole : elle augmenterait de 3,1% en 2011 puis de 3,5% en 2012. Lensemble de ces effets conduit prvoir une dgradation de la situation financire de lAssurance chmage qui pourrait tre de lordre de 2 milliards deuros sur lexercice. Lendettement de lUndic serait ainsi denviron 10,6 milliards deuros au 31 dcembre 2011. Pour garantir la liquidit ncessaire laccomplissement de ses missions, lUndic devra procder de nouveaux emprunts tout au long de lanne 2011.31

Rapport 2011 - MNCP

A cet effet, le Conseil dadministration, runi le 29 juin 2010, a approuv un programme dmissions obligataires de 4,5 milliards deuros, en une ou plusieurs tranches, dune dure maximale de cinq ans. Une premire tranche a t lance avec succs en mars 2011 pour 1,5 milliard deuros trois ans.

__________________________________________________________________________

SOURCES

{ Rapport financier Undic 2010 juin 2011 } { Rapport dactivit Undic 2010 juin 2011 } { note : Prvisions dquilibre financier de lAssurance chmage Undic / 19/01/2012 } { Rapports et note ci-dessus sur le site de lUndic : http://www.unedic.org/index } **

32

Rapport 2011 - MNCP

INSECURITE JURIDIQUEUne instabilit chronique du droit La recherche de lannonce mdiatique par les gouvernants vient en revanche aggraver les effets de ces tendances. Elle dbouche sur une complexit excessive et une instabilit chronique du droit. Le lgislateur se voit ainsi contraint, submerg, et parfois contourn. Linscurit juridique inquite les citoyens, en particulier les plus faibles, et dcourage les oprateurs conomiques. Conseil d'tat Rapport public 2006

Les chmeurs ont-ils des droits ?La question mrite d'tre pose : Les chmeurs ont-ils des droits ? . Sous la banalit de cette interrogation se cache un redoutable problme juridique dont les personnes prives d'emploi font les frais. Si le droit du travail existe, le droit du chmage est pour les juristes une difficult non rsolue et pour les chmeurs un droit encore conqurir bien plus mme qu' dfendre. Bien entendu, des rgles sont quotidiennement appliques dans la pratique des organismes qui traitent du chmage. Les dcisions de Ple emploi font par exemple rfrences des textes de loi mais aussi des textes rglementaires qui n'ont d'autres sources lgales que les diffrentes conventions Undic conclues tous les trois ans par les partenaires sociaux. Les politiques de l'emploi menes par les gouvernements successifs varient sans cesse et ne manquent pas d'avoir des effets sur les demandeurs d'emploi. La fusion des ASSEDIC et de l'ancienne ANPE sous l'gide de Ple emploi est le dernier avatar en date de ces tremblements de terre priodiques qui voient les chmeurs et les agents de Ple emploi dsempars face au flou juridique de nombre de situations. Ces remaniements incessants, ces empilements de rglements se traduisent dans le quotidien des chmeurs par une inscurit juridique permanente et en dfinitive, par la non application concrte des principes constitutionnels du droit au travail et du droit au revenu de substitution. Les recours contentieux se multiplient. Le rapport du Snat donne comme indication le chiffre de 10 000 recours engags devant les juridictions administratives par les chmeurs. Les voies de recours inaccessibles Encore faut-il comprendre que, dans le mme temps, nombreux sont les chmeurs qui renoncent faire valoir leurs droits car les parcours juridiques et les voies de recours sont difficilement accessibles aux personnes fragilises dj par le chmage. Les voies de recours sont systmatiquement ludes, voire caches par Ple emploi. Tous les rapports publis ces dernires annes ont constat cette complexit du droit du chmage difficult qui rejoint par ailleurs le problme gnral de laccs aux droits des personnes en difficult sans que des propositions aboutissent une quelconque amlioration. Il arrive pourtant que la tnacit des chmeurs et le soutien des organisations ou des syndicats permettent des jugements favorables aux chmeurs. Ainsi, en mai 2004, des dizaines de milliers de chmeurs avaient t rtablis dans leurs droits indemnisation aprs un recalcul juridiquement hasardeux de la part des ASSEDIC. Tout rcemment, aprs33

Rapport 2011 - MNCP

sept ans de bataille juridique, une chmeuse a obtenue de la Cour de cassation un jugement favorable. La Cour a jug quelle navait en effet pas t indemnise selon ses droits par dfaut dinformation sur les diffrentes allocations par les ASSEDIC devenus Ple emploi. Ce cas de victoire juridique souligne, par ailleurs, le fait que loin dassumer son rle dorganisme au service des demandeurs demploi, cet tablissement public est lui-mme lorigine dun important contentieux d aux litiges dont il est responsable mais quil sobstine mettre charge des chmeurs. Lorganisme de droit administratif public joue dlibrment de lambigut qui rsulte de son statut renvoyant, en raison de la prsence de lUndic en son sein, aux juridictions soit administratives soit privs. Linstabilit et la complexit du droit du chmage a par ailleurs des effets sur lorganisation, la qualit et les rsultats du travail des agents de Ple emploi. Outre les nombreuses lois et accords professionnels que doivent grer les personnels du service public de lemploi, lUndic met des circulaires qui affectent le travail des agents et en bout de chane les demandeurs demploi. Il faut enfin prendre en compte que de nouveaux rapports juridiques se sont crs entre Ple emploi et les organisations de chmeurs, travers notamment la relance en 2011 des comits de liaison auxquels des chmeurs sont invits siger. De nouvelles rgles juridiques sont ainsi applicables mais, comme pour le droit syndical ses dbuts, les normes et la pratique sont la discrtion de Ple emploi.

__________________________________________________________________________

DOCUMENT

Le rapport du Snat 2011 (extrait) b) La coexistence de deux univers juridiques Au-del de la question du statut du personnel, c'est tout l'univers juridique de Ple emploi qui est marqu par la dualit entre droit public et droit priv. Dans son dernier rapport, publi en mars 2011, le mdiateur de Ple emploi explique que deux ans aprs la cration de Ple emploi, le droit applicable chacune de ses principales activits, indemnisation et placement, reste trs diffrent. Selon qu'il s'agit d'indemnisation, ou de gestion de la liste des demandeurs d'emploi, le droit applicable n'est pas du tout le mme et le juge comptent pour connatre d'un litige qui rsulterait de la mise en uvre de l'une ou l'autre mission appartient tantt l'ordre judiciaire, tantt l'ordre administratif. Le mdiateur souligne ensuite que le maintien de cette dualit tait justifi dans les premires annes qui ont suivi la fusion afin de ne pas ajouter un lment de complexit supplmentaire. Il estime que cette dualit est aujourd'hui contraire l'objectif de simplification qui a prsid la fusion et suggre, en consquence, d'unifier les rgles applicables. Il recommande d'opter pour un rgime de droit public dans la mesure o Ple emploi est indiscutablement un tablissement public caractre administratif et que ses missions sont des missions de service public . Cette proposition forte a le mrite de lancer un dbat utile mais la mission recommande qu'une expertise plus approfondie soit ralise avant de prendre une telle dcision, dont les consquences pratiques sont difficiles apprcier. Il ne faut pas oublier que Ple emploi verse les allocations chmage pour le compte de l'Unedic, qui est une association loi de 1901 soumise aux rgles du droit priv. Dans quelle mesure le passage au droit public modifierait-il ses relations avec les allocataires ?34

Rapport 2011 - MNCP

La mission n'a pas eu le temps, dans le court dlai dans lequel elle a travaill, de procder cette analyse, qui pourrait tre confie par exemple l'inspection gnrale des affaires sociales (Igas), et qui devrait s'accompagner, en tout tat de cause, d'une concertation avec les partenaires sociaux gestionnaires de l'Unedic. Lors de son audition, Dominique-Jean Chertier, prsident du conseil d'administration de Ple emploi, a indiqu propos de la suggestion du mdiateur : Les contentieux sont tantt orients vers les tribunaux administratifs, tantt vers les tribunaux civils. Je ne suis pas sr cependant que cette difficult puisse tre rsolue court terme car les partenaires sociaux sont attachs leurs prrogatives en matire d'assurance chmage. Une question subsidiaire, qui doit aussi tre value, est celle de la capacit des juridictions administratives absorber ce contentieux supplmentaire. On peut chiffrer environ 30 000 par an, en moyenne, le nombre de contentieux relatifs l'indemnisation dont 20 000 l'initiative de l'Unedic pour des prestations indment verses et 10 000 l'initiative des demandeurs d'emploi. Il s'agit l d'un chiffre non ngligeable au regard des 175 000 nouvelles affaires enregistres par les juridictions administratives en 2010. Dans l'attente que la rflexion sur ce sujet mrisse, Ple emploi pourrait s'efforcer de clarifier les rgles applicables dans ses diffrents secteurs d'activit et les rendre largement accessibles ses agents comme ses usagers. **

__________________________________________________________________________

SOURCES

{ Conseil d'tat Rapport public 2006 / II. Considrations gnrales : scurit juridique et complexit du droit http://www.conseil-etat.fr/ }

{ Condamnation de Ple emploi pour insuffisance dinformation : Arrt de la Chambre sociale de la Cour de cassation du 8 fvrier 2012. N de pourvoi : 10-30892 } { La victoire judiciaire des chmeurs recalculs Une force sociale avec laquelle il faudra bien compter Grard Boulanger, art. in Justice, n 178 mai 2004 } **

35

Rapport 2011 - MNCP

FORMATIONobligatoire " Pass un dlai de quelques mois, toute personne au chmage sans perspective srieuse de reprise d'emploi devra choisir une formation qualifiante. A l'issue de cette formation, qui sera obligatoire, le chmeur sera tenu d'accepter la premire offre d'emploi correspondant au mtier pour lequel il aura t nouvellement form. " Nicolas Sarkozy

En recul en 2011La question de la formation des chmeurs ntait jusqu la fin 2011 dans les dbats publics quun des aspects mineur de la formation professionnelle. Le secteur reprsente au total plus de 31 milliards deuros tout de mme. Depuis de nombreuses annes, il ny a pas de rponses satisfaisantes en termes de rsultats et les rapports se sont succd sur le sujet, notamment le dernier en date, celui du Conseil conomique, social et environnemental sur 40 ans de formation professionnelle : bilan et perspectives . Voil que les prmisses de la campagne lectorale au dernier trimestre 2011, dans la perspective du sommet social du 18 janvier 2012, ont mis soudain en dbat linsuffisante formation des chmeurs. Et une nouvelle fois ils sont retrouvs en accusation. Une squence ubuesque sen est suivi dont le dbat public nest pas sorti grandi. Le point culminant a t atteint quand le Prsident de la Rpublique sest soudain avis quun chmeur devait tre sanctionn sil refusait une formation, propos assortis dune annonce de rfrendum sur le sujet. Dans la foule, le premier ministre a propos que lensemble des crdits de la formation professionnelle soit affect la formation des chmeurs Un nouveau rapport a t command en urgence au snateur Larcher par le prsident de la Rpublique, pour remise en avril 2012. Les chmeurs sont-ils responsables du fiasco de leur propre formation professionnelle ? Poser la question srieusement cest presque y rpondre. Quelques lments simples et quelques arguments peuvent tre avancs. Que propose par exemple Ple emploi, interlocuteur de premire ligne des chmeurs en matire de formation ? Un budget de 340 millions deuros, en baisse dans le budget 2011 de - 5,3% sur 2010 !1 On est loin du budget de 30 milliards pour lensemble du secteur. Rsultat : un demandeur demploi sur quarante a accs aux financements formation de Ple emploi. Le constat du terrain Une loi du 24 novembre 2009, ngocie dans le cadre dun accord interprofessionnel, et destine promouvoir la formation professionnelle tout au long de la vie na abord la question des chmeurs que de faon marginale. Et en tout cas pas rgl la question, la preuve, puisque tout le dbat actuel porte sur le fait que 10% seulement des demandeurs demploi bnficient chaque anne dune formation. Sur le terrain, le constat est facile faire. Travailleurs sociaux, associatifs et chmeurs se plaignent du parcours du combattant que reprsente laccs une formation qualifiante. Les dispositifs sont trop complexes, Ple emploi na pas les moyens dassurer de vraies rponses aux demandes. Une enqute rcente du journal Le Monde donnait la parole au prsident du MNCP, par ailleurs responsable de lassociation ACDB Strasbourg : Seuls les mieux informs peuvent dptrer un tel maquis et ce sont souvent les mieux forms.36

Rapport 2011 - MNCP

" Comme les agents nont ni les moyens, ni les comptences pour proposer des formations, on forme ceux qui sont le plus proche de lemploi ", dplore ainsi Marc Desplats, responsable dune association de chmeurs Strasbourg. 2 Pas une formule magique Pourtant, en 2010, par une dcision du gouvernement, Ple emploi a reu brusquement le renfort de 900 psychologues du travail transfrs de lAFPA, lorganisme public de formation. Dans quel but ? Les principaux intresss, qui ont mens des actions syndicales en 2011, et les autres acteurs se posent encore la question. Car les psychologues ont t dsigns pour des tches dorientation qui ntaient pas celle de leur affectation dorigine et de leur formation. Il faut comprendre ce transfert dans le cadre dun affaiblissement volontaire de lorganisme public AFPA pour laisser un peu plus de champ aux organismes privs de formation, destins en particulier aux chmeurs. La multiplicit des oprateurs ne garantit pas une meilleure lisibilit des dispositifs, au contraire. Il reste que la formation nest pas la formule magique pour permettre tous les chmeurs de retrouver un emploi. En priode de chmage de masse et de dinsuffisance des offres demploi, la sortie de formation est un atout individuel supplmentaire mais ne garantit rien. Ce que constate dailleurs Ple emploi dans une note de fvrier 2012 titre : Enqute "Sortants de formation" : Un retour l'emploi plus difficile en 2011 et indiquant : Le reclassement six mois aprs la fin dune formation concerne un demandeur demploi sur deux en 2011 (50,1%). En recul de 1,2 point par rapport 2010, il reste plus lev pour les formations finances par Ple emploi (54,3% contre 46,4% pour les autres formations). 3 La question de la formation des chmeurs est une vraie question, qui mrite mieux que les propositions spectaculaires et circonstancielles. Cela suppose que lon sadresse dabord aux demandeurs demploi pour connatre les obstacles auxquels ils se heurtent dans leur parcours et les demandes qui sont les leurs. Plutt quune grande enqute trs onreuse, comme celle lance en 2010 sur lopinion des chmeurs sur Ple emploi mieux vaut ouvrir une relle ngociation sociale sur le sujet. Les organisations de chmeurs sont prtes ouvrir srieusement le chantier. _________________________________________________________________________

DOCUMENT

( Extrait : Rapport du Rapport du Conseil Economique, Social