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SANTE ET ENVIRONNEMENT Réchauffement climatique : comment atténuer ses impacts sur la santé ? Les expositions aux changements climatiques affecteront probablement la santé de millions de personnes dans le monde. Mais quels en sont vraiment les risques ? Ces risques ne sont-ils pas surévalués ? Que pouvons-nous faire? Comment changer nos comportements ? Quels rôles pour les médecins ? Toutes ces questions d’actualité ont été abordées dans le cadre du Medec 2010, lors de la conférence « Environnement et santé » parrainée par Veolia Environnement et présidée par le Pr William Dab, professeur titulaire de la chaire d’Hygiène et Sécurité du CNAM. Des solutions existent, elles font appel à nos possibilités d’adaptation. Il n’est pas trop tard… 10 Photothèque VEOLIA - Richard Mas 21, RUE CAMILLE-DESMOULINS, 92789 ISSY-LES-MOULINEAUX CEDEX 9 - TÉL. : 01. 73. 28. 12. 70 - ISSN 0399 - 2659 - CPPAP 0412 T 81257 VEOLIA 8 PAGES:Mise en page 1 29/04/10 17:56 Page 1

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SANTEETENVIRONNEMENT

Réchauffement climatique : comment atténuer ses impacts sur la santé ?Les expositions aux changements climatiques affecteront probablement lasanté de millions de personnes dans le monde. Mais quels en sont vraimentles risques ? Ces risques ne sont-ils pas surévalués ? Que pouvons-nous faire?Comment changer nos comportements ? Quels rôles pour les médecins ? Toutes ces questions d’actualité ont été abordées dans le cadre du Medec2010, lors de la conférence « Environnement et santé » parrainée par VeoliaEnvironnement et présidée par le Pr William Dab, professeur titulaire de la chaire d’Hygiène et Sécurité du CNAM. Des solutions existent, elles fontappel à nos possibilités d’adaptation. Il n’est pas trop tard…

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Les experts nous alertent inlassable-ment sur le changement climatique

et ses conséquences. Un sujet qui stimule beaucoup les médias, maisbeaucoup moins les médecins, qui seront pourtant des acteurs clés. « Ce qui ne facilite pas la compréhen-sion, c’est que nous sommes dans un do-maine d’incertitude. Il y a débat entredes climatologues, convaincus par l’am-pleur du phénomène, et d’autres, beau-coup plus sceptiques, qui disent que l’onjoue à se faire peur et que les ayatollahsde la précaution nous emmènent sur les faux problèmes », explique le Pr William Dab. Toute une série de questions émergenten toile de fond : sommes-nous face àun effet de mode ou face à une réalité ?Sommes-nous manipulés ? Le risque a-t-il changé ou est-ce notre sensibilitéau risque ? Ou encore les deux ? Et pourtant, cette relation entre le climat et la santé remonte à loin ! Hippocrate (460-377 av. J.-C.) déjà, dansson traité fondateur de la médecine, indiquait qu’il fallait prendre l’hommedans sa totalité pour le soigner correc-tement : « Quiconque désire étudier lamédecine comme il faut devra considé-rer les rapports entre les saisons de l’année, les vents et les eaux, la santé etla maladie. Il considérera d’abord les saisons de l’année et l’influence respective que chacune d’elles exerce car,non seulement elles ne se ressemblentpas, mais encore, dans chacune d’elles,les vicissitudes apportent de notables

différences. » (Traité des Airs, des Eaux etdes Lieux). Mais comment évaluer les consé-quences du réchauffement climatique ? Les experts du Groupe Intergouverne-mental sur l’Evolution du Climat (GIEC)rendent périodiquement des rapportsafin d’en dégager les grandes ten-dances.

Des projections pour le futur qui déterminent le présent Les projections pour le futur s’appuientsur des modélisations mathématiquesenvisageant différents scénarios enfonction des choix énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre.D’après ces modèles, la Terre se réchaufferait de 1,8 °C (dans le scénariooù la pollution est la plus réduite) à3,4 °C (dans le scénario où la pollutionest la plus forte) en 2100. Si on arrivait à stabiliser les rejets de

gaz, le réchauffement ne serait que de 0,6 °C. « Alors que, jusqu’à présent, ce sont lessuccès ou les échecs du passé qui déterminent nos choix, aujourd’hui,dans ce domaine, c’est un futur estiméet modélisé qui devient déterminant de nos décisions du présent. Et dansl’histoire de l’humanité, c’est une véritable révolution », souligne le Pr William Dab. Dans son rapport, en 2007, le GIECconfirmait sans équivoque le réchauf-fement de la planète. Il apparaît dansl’observation de l’accroissement destempératures moyennes mondiales de l’atmosphère et de l’océan, la fonte généralisée de la neige et de la glace,et l’élévation du niveau moyen mon-dial de la mer. Les rejets annuels de CO2 dépassenttous les niveaux mesurés par analysede carottes de glace sur 10 000 ans.

2 SANTÉ ET ENVIRONNEMENT

■ Les grands enjeux sanitaires du réchauffement climatique

Le changement climatique n’est pas « un risque de plus »,

mais un changement d’échelle de risque, une menace globale

compte tenu de la taille des populations concernées.

Il s’agit d’une situation radicalement nouvelle

qui implique une manière différente de concevoir

la protection de la santé.

Le point avec le Pr William Dab, chaire Hygiène et Sécurité

du CNAM.

Modèles de prévision

Réch

auff

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t de

la s

urfa

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loba

le (°

C)

Scénario de rejets maximaux

Scénario à 850 ppm de co2 équivalent

Scénario à 600 ppm de co2 équivalent

Scénario de rejetsconstants

Source IPCC

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3SANTÉ ET ENVIRONNEMENT

Des effets directs et indirects sur la santé Il nous faut donc réfléchir aux consé-quences de cette évolution sur l’état desanté. Un schéma conceptuel élaborépar l’OMS montre toute la complexitédu problème. Il recense des forces motrices (croissance de la population,développement économique et tech-nologique…) exerçant des pressions(émission de gaz à effet de serre…) en-traînant un changement climatique,avec, pour conséquences, une élévationde la température, des vagues alter-nées de chaleur et de froid, des inon-dations, des tempêtes et ouragans, quiont des effets directs sur la santé (augmentation de la morbi-mortalité)et des effets de perturbation écolo-gique (sécheresse, feux de forêt, pollu-tion de l’air…). Mais, face à cela, il faut aussi tenir compte des facteursmodulateurs (mesures d’atténuation,d’adaptation…), ainsi que des pertur-bations démographiques et socio-économiques (migrations, conflits, désorganisation sociale et politique,perturbation de l’aide internationale,crise des ressources énergétiques). Toutcela ayant également des effets indi-rects sur la santé (sous-nutrition, mal-nutrition, allergies, maladies liées à lacontamination de l’eau…). On peut donc distinguer des effets visibles du climat sur la santé, des effets prévisibles et des effets plausi-bles, sans compter des nouvelles maladies encore inconnues. « L’erreur serait d’additionner ces diffé-

rents facteurs de risque car on a à faire

à des effets synergiques, précise le Pr William Dab. « Par ailleurs, il y a là un

véritable danger pour les équilibres glo-

baux de la planète. En effet, lorsque l’on

regarde la répartition estimée des im-

pacts sanitaires en fonction des diffé-

rentes régions du globe, la carte montre

que les pays qui ont le plus contribué

aux émissions de CO2 sont ceux qui en

subiront le moins les conséquences. »

Mais, si l’on veut être juste, il faut aussiévoquer les bénéfices potentiels du réchauffement climatique. En effet, iln’y a pas que des inconvénients. On peut citer les avantages suivants :moins de vagues de froid, nouvelle politique énergétique (avec pourconséquence espérée une améliorationde la pollution atmosphérique), unenouvelle politique du logement (avecune meilleure qualité de vie), une nouvelle politique du transport (moinsd’accident, plus d’activité), une nou-velle politique alimentaire (moins deconsommation de viande).

Une menace globale « Nous sommes face à une situation

radicalement nouvelle qui incarne le

prototype des risques du XXIe siècle.

Aujourd’hui, le risque change d’échelle

pour passer du local au global. », explique le Pr William Dab. La taille des populations compte plusque l’ampleur des risques individuels.Toute l’humanité y est exposée. Cen’est pas « un risque de plus », maisune menace globale bien supérieure àla simple addition des risques élémen-taires.Par ailleurs, autre caractéristique fon-damentale de cette situation nouvelle,l’avenir est déterminant du présent.« Nous avons donc à gérer des incerti-

tudes qui créent un choc entre les

tenants de la précaution, qui disent qu’il

faut agir avant qu’il ne soit trop tard,

et les tenants du laisser-faire ».

Au cœur du débat, des questions se posent : qu’est-ce qu’un risque ? qu’est-ce qu’une preuve ? Ce débat ne concerne pas que les experts et les décideurs. Il faut impliquer l’ensemble des acteursconcernés.

Un nouveau concept de prévention, l’adaptation « Tout cela entraîne un nouveau

concept de prévention. On ne parle plus

de prévention primaire, secondaire ou

tertiaire, car on travaille sur des

effets hypothétiques, déclare le Pr William Dab. Le concept qui se substitue

à la prévention, c’est l’adaptation. »

Il faut renforcer l’adaptation, c'est-à-dire réduire les facteurs de risque, favoriser la responsabilité et agir surl’environnement et le social. « Un nouveau chapitre de la prévention

s’ouvre à nous. Une nouvelle santé

publique se dessine, à la fois régionale,

locale, globale, en tout cas, intersecto-

rielle. C’est un puissant appel à la

recherche. »

Il faut prendre les problèmes un par un,mais avec une vision globale.

Un défi que nous pouvons relever « Si nous agissons comme si la science

avait raison et que, in fine, les risques

s’avèrent moins importants, ce sera de

toute façon une bonne chose. Nous

aurons découvert de nombreuses tech-

nologies utiles, nous aurons un monde

plus propre, nous aurons sécurisé nos

approvisionnements énergétiques. En

revanche, si nous agissons comme si la

science se trompait, nous nous serons

mis dans une position dangereuse dont

nous serons peut-être incapables de

sortir. Les sceptiques ont le droit de

s’exprimer et de débattre, mais pas celui

d’avoir des arguments mal fondés et

confus. », conclut le Pr William Dab, en citant Nicholas Stern (« le Monde13/2/20 10 »).

« Aujourd’hui, le risque

change d’échellepour passer

du local au global »

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En introduction, Dominique Gombertrappelle la citation de Margaret

Chan (directrice générale de l’OMS) datant de janvier 2009 et qui résumebien la situation : « Sécheresses, inon-dations, tempêtes, vagues de chaleur,pollution de l’air, déplacements de populations, maladies à transmission…l’humanité est l’espèce la plus en danger en raison des changements climatiques. »Malgré les avertissements répétés,nombreux sont ceux qui ne se sententpas encore concernés. En France, des événements récents ontcependant permis d’accélérer la prisede conscience des risques à la « fran-çaise » : ouragans de 1999, inondationsde 2001, canicule de 2003, de 2006,tempête de mars 2010. Certaines régions du globe sont déjàconfrontées à des phénomènes ex-trêmes. En France, les grands dossiers (caniculeet grands froids, pollution atmosphé-rique, pollens, maladies à vecteurs et risques vétérinaires…) s’inscriventdans un contexte d’évolution démo-graphique avec un vieillissement de la population et un contexte de description incertaine des effets. Il

faut donc être modeste dans nos prévisions.

D’abord, les températures « En 2050, un été sur deux ressemblera àla canicule de 2003, déclare DominiqueGombert. On peut s’attendre à une augmentation de la mortalité des personnes âgées ou fragiles qui pourraêtre canalisée par le “plan canicule”réactualisé chaque année. En plus, les séquences froides seront plus inhabi-tuelles et donc plus meurtrières. »

La pollution atmosphérique,ensuite La question de la pollution atmosphé-rique revient souvent de façon am-biguë. « En effet, on peut tabler sur desémissions de polluants comme le CO2

“plutôt” maîtrisées avec, néanmoins surun fond de stabilité, une augmentationdes niveaux de certains polluants problématiques (particules fines,ozone…). »Cette pollution atmosphérique seraexacerbée par des séquences météo-rologiques particulières : rayonnementplus intense entraînant une fabrica-tion d’ozone augmentée, une fortestabilité atmosphérique provoquant

4 SANTÉ ET ENVIRONNEMENT

■ Connaissances actuelles sur les impacts futurs du réchauffementclimatique sur la santé en Europe

Au-delà des risques « cataclysmiques » mondiaux, les effetsdu réchauffement climatique sur la santé se feront aussisentir en Europe et en France : flambée des allergies,émergence de maladies à vecteurs…L’Observatoire national sur les effets du réchauffementclimatique (ONERC) a déjà donné quelques pistesd’adaptation. Un plan national d’adaptation au changementclimatique est attendu pour 2011.

Tour d’horizon avec Dominique Gombert,

chef du département Expertise en santé-environnement-travail,

Agence française de sécuritésanitaire de l’environnement

et du travail (AFSSET).

Naissance de l’Agencenationale de sécuritésanitaire chargée de l’alimentation, de l’environnement et du travail

Les deux établissementspublics de veille sanitaire que sont l’AFSSET (Agencefrançaise de sécurité sanitairede l’environnement et du travail) et l’AFSSA (Agencefrançaise de sécurité sanitairedes aliments) fusionnent etdonnent naissance à une seuleagence chargée de contribuerà assurer la sécurité sanitairehumaine dans les domaines de l’environnement, du travailet de l’alimentation. La nouvelle agence a également en charge la protection de la santé et du bien-être des animaux, la protection de la santé des végétaux et l’évaluationdes propriétés nutritionnelleset fonctionnelles des aliments.

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une accumulation de polluants ; desépisodes estivaux plus précoces avec,pour conséquence, une formation despolluants plus précoce elle aussi, dès leprintemps…Enfin, comme cela a été observé en2003, la pollution atmosphérique estivale renforce les effets sanitairesdes canicules. Cette pollution aura les mêmes effetsque les pics de pollution d’aujourd’hui :augmentation des affections respira-toires (bronchiolite, asthme…), des problèmes cardio-vasculaires, et uneplus grande sensibilité aux affectionsmicrobiennes.

Augmentation des pollens, donc des allergies Le réchauffement climatique entraî-nera également une redistribution des végétaux sur le territoire et un accroissement de leur période de pollinisation.

Les arbres à pollens comme l’ambroisieétendront leur emprise. Leur pollinisa-tion sera accrue. Ainsi, un pied d’am-broisie classique qui produisait 5 g depollen en 1900, en produit deux foisplus aujourd’hui dans les années 2000,et cette production aura encore doublée en 2100. De 20 % aujourd’hui en France, la prévalence des allergies polliniques(rhinite, conjonctivite, gêne respira-toire…) devrait atteindre 50 % en 2100,selon l’OMS.

Développement des zoonoses et des maladies infectieuses L’évolution de la distribution des espèces animales entraîne des risquesd’introduction, de pérennisation oud’extension de certaines zoonoses (fièvre de la vallée du Rift, West Nile,

leishmaniose, leptospirose, fièvre catarrhale ovine, peste équine…), ainsiqu’un développement des maladies àtransmission vectorielle (chikungunya,paludisme…). « Aedes albopictus,agentvecteur du chikungunya est déjà présentà Rome et dans le sud de la France… »,précise Dominique Gombert.On peut envisager également de nom-breux autres problèmes sanitaires dusà l’évolution du rayonnement avec, par exemple, un renforcement poten-tiel des rayonnements ultraviolets(cancers cutanés, atteintes cristalli-niennes…). Une augmentation des pathologiesliées à une ressource en eau plus rareet donc plus fragile au regard des rejetsen polluants divers ou aux proliféra-tions « naturelles » (micro-organismes,cyanobactéries, microalgues…) peutêtre attendue.Enfin, la pollution des écosystèmessera augmentée par les feux de forêtou les produits chimiques utilisés pourcombattre les vecteurs de maladies.

Il faut donc se préparer aux consé-quences de ce réchauffement en déve-loppant des stratégies d’adaptation. « Énormément de travaux sont actuel-lement menés dans le cadre du Plan na-tional d’adaptation au changementclimatique attendu pour 2011 », déclareen conclusion Dominique Gombert. Lerapport de l’Observatoire national surles effets du réchauffement climatique(ONERC) sert de base de réflexion auxtravaux des experts, associations, syn-dicats, élus ou administrations.

Quelques pistes d’adaptation planifiée concernant la santé publique (rapport 2009 de l’ONERC)

– Mettre en place ou renforcer la surveillance des facteurs sanitaires et environnementaux pouvant être modifiés par le changementclimatique : surveillance des populations vectorielles et d’hôtesréservoirs, de la qualité de l’air et des eaux continentales, côtières et estuariennes et des sols, des rayonnements naturels, des résistanceset des adaptations des agents pathogènes et des pneumallergènes.– Mettre en place et généraliser des plans de réponse aux phénomènesmétéorologiques extrêmes incluant l’étude systématique des effetssanitaires de ces phénomènes.– Organiser la prise en charge des populations fragiles et à risque de fragilité face aux phénomènes climatiques extrêmes.– Intégrer les risques sanitaires d’origine climatique aux formationsinitiale et continue des professions de santé. – Intégrer les risques sanitaires d’origine climatique dans les messageset campagnes d’information à destination du public et des médias,notamment à destination des adolescents.

Qu’est ce que l’adaptationau changementclimatique ?

Le concept d’adaptation estdéfini par le troisième rapportd’évaluation du GIEC comme« l’ajustement des systèmesnaturels ou humains enréponse à des stimuliclimatiques ou à leurs effets,afin d’atténuer les effetsnéfastes ou d’exploiter des opportunités bénéfiques ».

BSIP

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En introduction, le Dr Johanna Levyrappelle que, pour Hippocrate,

« le patient est un être donné, vivant dansun milieu concret, dont il faut connaîtreles composantes géographiques et phy-siques. Cet être doit vivre en harmonieavec son environnement. Le mal viendrapour lui lorsque son équilibre est rompusoit par des causes internes, soit par l’irruption de causes à lui externes »*.

Prévenir, détecter, traiter et donner l’exemple Le médecin est en première ligne pourdétecter les problèmes de santé dus à l’environnement et à un comporte-ment délétère sur le plan écologique :température surélevée dans les locaux,exposition personnelle aux polluantsatmosphériques, alimentation tropriche en protéines et graisses animales…« Les conseils d’hygiène de vie font aussipartie intégrante du traitement : préfé-rer la mobilité physique (marche, bicyclette) aux déplacements motoriséssi possible, privilégier une alimentation àbase de produits frais les moins transfor-més possible…, rappelle de Dr JohannaLevy. Le médecin peut aussi donnerl’exemple. Ainsi, lorsque c’est possible, je fais mes consultations à bicyclette. »

L’Association SantéEnvironnement de France « Pour faire entendre leur voix sur lesproblèmes sanitaires liés au réchauffe-

ment climatique, les médecins ont aujourd’hui leur association, à savoirl’Association Santé Environnement deFrance (ASEF). », déclare le Dr JohannaLevy. L’ASEF est une fédération natio-nale d’associations de santé environ-nement régionales. Elle rassembleaujourd’hui près de 2 500 profession-nels de santé en France. Née en 2008 àl’occasion d’une étude sur la pollutiondes fleuves aux PCB (polychlorobiphé-nyls) aux côtés du WWF, l’associations’est affirmée en 2009 en réalisant uneenquête nationale sur la qualité de l’airintérieur des crèches et en participantaux tables rondes du Grenelle desondes. En tant que médecins, ses mem-

bres considèrent qu’il est de leur devoird’informer et de demander la mise enplace de politiques de prévention(www.asef-asso.fr).Pour Johanna Levy, « les médecins ontun rôle à jouer à plusieurs niveaux. Entant que leaders d’opinion pour inciteraux changements de comportements,en tant que détecteurs d’exposition délétère pour l’environnement et pourla santé humaine, et en tant que professionnels de santé à même decomprendre les risques sanitaires engendrés par le réchauffement ».

* Source : Traité d’anthropologie médicale,Gilles Maloney.

6 SANTÉ ET ENVIRONNEMENT

■ Le rôle des médecins face au réchauffement climatique

La relation entre le médecin, l’environnement et la pollutionest une histoire ancienne qui remonte à Hippocrate... Les médecins sont en première ligne pour prévenir, détecteret traiter les problèmes de santé dus à l’environnement. En tant que leaders d’opinion, ils peuvent aussi inciter aux changements de comportements.

Les explications du Dr Johanna Levy, Société de Formation Thérapeutique

du Généraliste (SFTG) Santé-Environnement.

Le groupe « Santé Environnement » de la Société de Formation Thérapeutique du Généraliste (SFTG)

La Société de Formation Thérapeutique du Généraliste est une société de formation médicale continue indépendante qui a pour objet l’amélioration de la qualité des pratiquesprofessionnelles et le développement de la compétence scientifique et humaine du médecin généraliste. Au sein de la SFTG, un groupe Santé et Environnement a pour objectif d’informer et de former les généralistes qui sont au cœur du système de santé, aux problèmes de santé et d’environnement. (www.sftg.net)

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Le développement durable se veut unprocessus de développement qui

concilie respect de l’environnement,croissance économique et progrès social. « Nous sommes dans une recherche de compatibilité entre des éléments qui ne relèvent absolument pasde la foi et pourtant on a l’impression quel’on est face à une religion nouvelle », dé-clare en introduction Geneviève Férone. Premier élément : le changement clima-tique. Malgré ce qu’en disent les scep-tiques, il est bien engagé, des donnéesphysiques et chimiques le prouvent.En revanche, on peut s’interroger sur sa rapidité et sur l’adaptation de la société. « Il faut prendre en compte uneautre variable importante : nous sommesdans un monde de ressources finies. Notrestock de ressources fossiles (pétrole) est en train de s’épuiser. Il faut réinventer un nouveau paradigme énergétique »,poursuit Geneviève Férone.

Neuf milliards d’individus sur terre en 2050 Par ailleurs, si l’on croit les données démographiques, il y a de fortes chancespour que nous passions des 6,7 milliardsd’individus sur Terre que nous sommesaujourd’hui en 2010 à 8 milliards en2030 et à 9 milliards en 2050. « Cet accroissement exponentiel de la population dans les prochaines années sefera essentiellement au profit des zonesurbaines. Le nombre de mégapoles (villes

de plus de 10 millions d’habitants) va tripler. Cette urbanisation va toucher lecontinent asiatique, l’Amérique centraleet latine. Or ce sont des zones soumises àdes perturbations climatiques particuliè-rement fortes par rapport à l’Europe. »Qui dit accroissement de la population,dit pression sur les ressources et donc arbitrage dans un écosystème fatigué. Et cela dans une fenêtre de temps relativement limitée. Il faut trouver unnouveau contrat social dans un souci departage des ressources, ce qui n’est pasle cas aujourd’hui. « Le problème est donc de trouver la compatibilité entre un changement climatique avéré, une croissance démo-graphique, une fenêtre temps et un partage des ressources si possible paci-fique, résume Geneviève Férone. La gestion du développement durable estsociale. L’humain est au cœur de cette solution. Cela n’est pas simple. Quel projet de civilisation construire dans un

environnement que nous contribuons àmodifier plus vite que nous le compre-nons ? Si on essaie de donner un coût, onen est incapable… Nous sommes des apprentis sorciers. »

Eau, énergie, mobilité et traitement des déchets « L’accès à l’eau, à l’énergie, à la mobilité etau traitement des déchets est indispensa-ble à la vie. C’est donc dans ces quatre axesqu’il appartient aux acteurs économiquesde réfléchir. La question de l’eau est cruciale. Il s’agit d’une ressource renouve-lable, mais pas inépuisable. En Chine, lefleuve Jaune s’est tari vingt fois depuis1972. Diverses solutions existent comme le prélèvement des eaux souterraines, le dessalement de l’eau de mer, la réutili-sation des eaux usées. Mais commentfaire évoluer les comportements ? »Quant à l’émission de CO2 qui contribueau changement climatique, il faut noterque, récemment, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA)a estimé que six gaz à effet de serre,parmi lesquels le CO2, contribuaient àpolluer et représentaient un dangerpour la santé publique. C’est une grandeavancée. Nous sommes obligés de trouver unesolution acceptable pour un développe-ment qui réponde aux besoins du présent, sans compromettre la capacitédes générations futures à répondre aux leurs.

7SANTÉ ET ENVIRONNEMENT

Il faut trouver la compatibilité

entre un changement climatique avéré,

la croissance démographique

et le partage des ressources, si possible pacifique.

La gestion du développement durable est sociale.

L’humain est au cœur de la solution.

Les explications de Geneviève Férone,directrice du Développement durable,

Veolia Environnement.

■ Limiter les impacts et s’adapter aux conséquences du changement climatique

« Il faut réinventer

un nouveau paradigme

énergétique »

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