regards de l'agam n°12 - societe - insertion des jeunes metropolitains quels enjeux
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La jeunesse est l’un des enjeux majeurs de l’espace métropolitain des Bouches-du-Rhône. Ce document synthétique se concentre davantage sur les jeunes non ou peu diplômés en difficulté d’insertion.TRANSCRIPT
Insertion des jeunes métropolitains, quels enjeux ?
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CHIFFRES-CLÉS
671 000, c’est le nombre de jeunes de moins de 30 ans au sein de l’espace métropolitain des Bouches-du-Rhône (Insee RP 2010).
29%, c’est la part des 15-24 ans sans emploi (23% en moyenne dans les 13 principales aires urbaines françaises -RP Insee 2010).
36%, c’est la part des 20-29 ans rési-dant chez leurs parents (31% en France – Insee RP 2009).
-12 points, c’est le recul du taux de possession du permis de conduire par les 18-24 ans entre 1997 et 2009 (EMD 2009).
Compte tenu du poids qu’elle représente et des difficultés auxquelles elle est confrontée,
la jeunesse est l’un des enjeux majeurs de l’espace métropolitain des Bouches-du-Rhône.
Si elle se révèle moins présente qu’ailleurs (37 % de la population a moins de 30 ans dans
notre espace métropolitain contre 40 % en moyenne dans les 13 principales aires urbaines
françaises), la jeunesse du territoire totalise néanmoins 671 000 personnes de moins de
30 ans.
Les taux de non diplômés et de chômage chez les jeunes sont parmi les plus élevés des
grands territoires français. La décohabitation (le fait de quitter le domicile parental) est
plus tardive qu’à l’échelle nationale. L’offre de logements dédiés aux jeunes (logements
sociaux, foyers de jeunes travailleurs…) semble peu présente par rapport aux besoins. Par
ailleurs, dans notre territoire comme à l’échelle nationale, les conditions de mobilité des
jeunes se sont dégradées sur la dernière décennie : les jeunes possèdent moins souvent le
permis de conduire, alors que dans le même temps l’usage de la voiture pour se rendre sur
leur lieu de travail a progressé.
L’accès aux pratiques culturelles constitue quant à lui un axe stratégique de lutte contre
l’échec scolaire, mais aussi de développement des relations entre les jeunes de différents
territoires, d’une part, et entre les générations, d’autre part. Les équipements de proximité
apparaissent comme essentiels dans l’accès à la culture pour tous.
Ce document synthétique se concentre davantage sur les jeunes non ou peu diplômés en
difficulté d’insertion. En complément, d’autres travaux de l’Agam portent davantage sur
les étudiants (enquête conditions de vie des étudiants en 2011, et étude sur l’évaluation
des besoins en logements étudiants sur Marseille en 2013). A retrouver sur www.agam.org.
Conseil de développementMarseille Provence Métropole
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Insertion des jeunes métropolitains, quels enjeux ?
Les jeunes et l’insertion professionnelleAu sein de notre aire métropolitaine, 29 % des 15-24
ans déclarent être à la recherche d’un emploi en 2010
(RP Insee), soit l’un des taux les plus importants des 13
principales aires urbaines françaises (23 % en moyenne).
Cette problématique du chômage des jeunes est très
présente dans les arrondissements défavorisés de Mar-
seille (1er, 2e, 3e, 13e, 14e, 15e et 16e), à Berre l’Étang ou
encore à Port-de-Bouc, avec des taux compris entre 35 %
pour le 13e et 49 % pour le 14e arrondissement.
Enjeu majeur : la lutte contre l’échec scolaire
Le niveau de diplôme est le premier déterminant de la
qualité de l’insertion professionnelle. L’absence de di-
plôme impacte à long terme la carrière professionnelle
avec plus de temps de chômage et des conditions d’em-
ploi plus précaires, particulièrement pour les femmes.
En effet, selon l’Insee, si avec l’avancée dans la carrière,
le chômage des non diplômés recule, ils leur faut entre
10 et 20 ans d’expérience pour parvenir à atteindre le
taux de chômage d’un débutant titulaire d’un 1er niveau
de diplôme (BEPC, CAP, BEP). Ce phénomène prend une
ampleur particulière pour les femmes sans diplôme
qui ne connaissent pas de progression professionnelle
au cours de leur carrière, et pour lesquelles l’accès à un
premier niveau de diplôme se révèle donc encore plus
important.
Au vu de ces constats, l’accès à la qualification des
jeunes de notre territoire apparaît être un enjeu majeur,
d’autant plus que les jeunes non diplômés sont très
présents : 22 % des 15-24 ans sont sans diplôme contre
18 % en moyenne dans les principales aires urbaines
françaises. Certains territoires apparaissent comme prio-
ritaires, avec des taux compris entre 25 % et 38,5 % (1er,
3e, 13e, 14e et 15e arrondissements de Marseille, Berre
l’Étang, Marignane, Port-de-Bouc, ou encore Salon-de-
Provence).
L’accès au logementL’État estime que plus de 31 000 jeunes ont un problème
aigu de logement au sein de l’espace métropolitain. Les
difficultés d’accès au marché du travail, la précarité des
emplois occupés, les faibles niveaux de revenus qui en
découlent et leur inadéquation aux prix élevés du mar-
ché immobilier représentent autant de freins pour les
jeunes qui souhaitent accéder à un logement autonome.
Première des conséquences, une décohabitation tardive
des 20-29 ans au sein de notre aire métropolitaine : 36 %
d’entre eux résident chez leurs parents contre 31 % au
niveau national.
Un accès au logement entravé
La spécialisation des parcs de logements des communes
de l’espace métropolitain constitue également un frein
dans l’accès au logement. Le parc locatif social étant
peu accessible, c’est le parc locatif privé qui joue un rôle
central. 80 % des jeunes métropolitains y logent. Or, la
faiblesse de l’offre de ce parc dans certaines communes
contribue à l’existence de situations paradoxales. Mal-
gré la présence importante d’emplois occupés, la déco-
habitation est faible. C’est le cas à Aubagne, Martigues
et Vitrolles où entre 40 % et 46 % des 20-29 ans résident
chez leurs parents.
L’hébergement dédié aux jeunes (résidences sociales,
foyers de jeunes travailleurs, centre d’hébergement
et de réinsertion sociale) facilite les parcours d’inser-
tion mais apparaît sous-dimensionné face aux besoins
(seulement 625 places sur Marseille) et doit faire l’objet
d’une réflexion à l’échelle de l’aire métropolitaine.
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N TAUX DE CHÔMAGE DES 15-24 ANS (%) AU SEIN DES 13 PRINCIPALES AIRES URBAINES FRANÇAISE (INSEE RP 2010)
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Insertion des jeunes métropolitains, quels enjeux ?
Les jeunes et la mobilitéLa voiture reste le mode de transport le plus utilisé par
les jeunes actifs pour aller travailler. Depuis 1997, son
usage a progressé, et représente environ 70 % des dé-
placements liés au travail. Or dans le même temps, la
part des jeunes qui possèdent le permis de conduire a
baissé de 12 points. La baisse est moins prononcée chez
les jeunes actifs (-5 points). Il s’agit a priori d’une ten-
dance nationale, qui peut s’expliquer par l’allongement
des études ou encore le coût et les difficultés d’obten-
tion du permis.
Des disparités territoriales et sociales
Le lieu de résidence semble conditionner la mobilité des
jeunes actifs. Ainsi 80 % des jeunes périurbains qui tra-
vaillent possèdent le permis de conduire. C’est six points
de plus que les jeunes actifs urbains, moins dépendants
de la voiture pour se déplacer. Le taux de possession
du permis chute à 65 % chez les jeunes actifs résidant
dans un secteur du Contrat urbain de cohésion sociale
(CUCS) de Marseille, contre 69 % pour les autres jeunes
actifs marseillais. Alors ils s’adaptent : le covoiturage et
les transports en commun représentent respectivement
21 % et 27 % de leurs déplacements liés au travail contre
13 % et 19 % pour les jeunes Marseillais hors CUCS.
La possession du permis de conduire est encore plus
faible quand les jeunes sont sans emploi. Seuls 25 % des
jeunes sans emploi résidant dans un secteur du CUCS de
Marseille possèdent le permis de conduire. Est-ce l’ab-
sence d’emploi qui ne permet pas de passer le permis,
ou l’absence de permis qui ne permet pas de trouver un
emploi ?
Une mobilité imposée
Les jeunes sont surreprésentés dans les zones d’emploi
de périphérie : nord et est de Marseille, pourtour de
l’Étang de Berre, etc. C’est là que se concentrent les sec-
teurs d’activités les plus accessibles aux jeunes faible-
ment qualifiés : transport, construction, industrie, etc.
Ces zones d’emploi périphériques sont pour la plupart
accessibles uniquement en voiture. Les jeunes sont
donc contraints de posséder le permis pour y décrocher
un emploi. Le permis de conduire est d’ailleurs souvent
65%26%
69%36%
74%41%
80%56%
Sans emploiActif
0% 20% 40% 60% 80% 100%
CUCS Marseille
Marseillehors CUCS
Urbains
Périurbains
JACQUES BOULESTEIX Président du Conseil de développement de Marseille Provence Métropole
FRANÇOIS GUY Président de la Commission Habitat, Solidarité
“ Alors que la métropole devrait voir le jour début 2016, le Conseil de développement de MPM a souhaité se saisir de la question de l’insertion des jeunes car celle-ci conditionne les futurs équilibres socio-économiques de ce grand ensemble d’1,8 million d’habitants.Les chiffres de l’Agam illustrent l’ampleur des difficultés ren-contrées.Trop souvent limitée à la question sécuritaire, l’insertion des jeunes est avant tout un problème social aux ramifications complexes dont les solutions ne peuvent s’imaginer qu’au car-refour des politiques publiques actuelles, en matière de déve-loppement économique, d’habitat, de transport ou de culture.En rassemblant plus de 250 acteurs concernés au cœur des quartiers en difficulté, le Conseil de développement a souhaité mener une réflexion de terrain au plus près de ceux qui vivent au quotidien ces problématiques. Parmi eux, de nombreux jeunes, car débattre de la question de l’insertion des jeunes sans les principaux intéressés aurait conduit cette entreprise à l’échec. En présence des principaux responsables concernés, le col-loque du 3 octobre prochain restituera et mettra en débat les propositions issues de ces échanges.Loin d’être d’une fin, cet événement se veut l’amorce d’une nouvelle approche de ces questions où la société civile doit avoir toute sa place.La réussite de notre jeunesse doit être au cœur de nos priorités métropolitaines car c’est avec elle que ce nouveau territoire se construira. ”
PAROLES D’ACTEURS
N TAUX DE POSSESSION DU PERMIS DE CONDUIRE CHEZ LES 18-24 ANS (ENQUÊTE MÉNAGES DÉPLACEMENT 2009)
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Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaiseLouvre & Paix – La Canebière – CS 41858 13221 Marseille cedex 01Tél : 04 88 91 92 31 - e-mail : [email protected]
Directeur de la publication : Christian BrunnerRédaction : Manuel Bueno, Edouard Emptaz, Aurélie Soulier, Maxime Vitalis Conception / réalisation : Pôle graphique AgamMarseille - septembre 2013Numéro ISSN : 2266-6257
Insertion des jeunes métropolitains, quels enjeux ?
requis à l’embauche, même si la voiture n’est pas indis-
pensable pour se rendre sur le lieu de travail.
Or depuis 1997, on observe que la part des jeunes dans
les zones d’emploi périphériques a augmenté. Outre
l’accès au permis, se pose la question du coût financier
des déplacements quotidiens.
L’accès à la cultureEn matière de pratiques culturelles, il n’existe que peu
de données précises et localisées. Seule une enquête
nationale menée par le ministère de la Culture depuis
1973 révèle des pratiques qui évoluent : moins de lec-
ture de livres et de journaux et une part croissante à tout
ce qui a trait au numérique. Elle met également l’accent
sur les inégalités d’accès à tout type d’offres culturelles.
Plus on est diplômé et formé, plus on a de possibilité de
pratiquer une activité culturelle.
Les bibliothèques
Si le rayonnement culturel d’un territoire peut se mesu-
rer à l’aune des grands équipements de diffusion (salles
de spectacle, grands théâtres, opéras, conservatoires),
le premier accès à la culture se fait par l’intermédiaire
d’équipements de proximité. Au premier rang de ces
équipements, la bibliothèque est l’équipement emblé-
matique de l’accès à la lecture (en France 87 % des com-
munes de plus 2 000 habitants sont équipées, un taux
identique dans les Bouches-du-Rhône).
A Marseille, l’offre s’organise autour de la BMVR, tête
de réseau des huit bibliothèques de secteur (Le Merlan,
Le Panier, Saint-André, Bonneveine, les Cinq Avenues,
La Grognarde, Castellane). En 2012, sur l’ensemble du
réseau on comptait 46 661 abonnés dont 14 834 abon-
nés jeunes ou enfants. La part des abonnés jeunes varie
du simple au double en fonction des établissements du
réseau.
Ces grands équipements de secteur trouvent un relais
dans les quartiers difficiles avec les Espaces Lecture,
gérés par l’association ACELEM. Le réseau associatif OCB
vient compléter l’offre avec 53 équipements associatifs.
Les équipements d’animation sociale
En dehors des grands lieux d’apprentissage que sont les
conservatoires ou les écoles de musique ou de danse, le
contact des jeunes se fait avant tout grâce à un réseau
très dense d’équipements d’animation sociale (Mai-
son pour Tous, Centre Social, Maison de quartier…).
Ces lieux de proximité permettent la découverte et la
pratique d’activités culturelles diverses, dans un cadre
associatif bien souvent orienté vers l’aspect ludique.
Leur implantation au cœur des quartiers et de grands
ensembles favorise l’accessibilité à la culture pour des
jeunes parfois peu mobiles. On compte plus de 150
équipements de ce type à Marseille. L’offre culturelle
y est très variable. Elle prend en compte les pratiques
"traditionnelles" (théâtre, danse, chant, instruments…)
mais aussi les différents éléments de la culture urbaine
(hip hop, rap…) en favorisant le décloisonnement des
pratiques.
BIBLIOTHÈQUE
ABONNÉS ENFANTS
ET JEUNES
NOMBRE TOTAL D'ABONNÉS
PART DES ABONNÉS
JEUNES
RÉSEAU 14 834 45 586 33%
SAINT ANDRÉ 804 1 587 51%
LE PANIER 330 653 51%
LE MERLAN 2 050 4 455 46%
LA GROGNARDE 1 022 2 269 45%
BONNEVEINE 3 438 9 321 37%
CINQ AVENUES 886 2 502 35%
ALCAZAR 5 892 23 137 25%
CASTELLANE 412 1 662 25%