risque infectieux associé aux cathéters veineux
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Année 2020 Thèse N°
Année 2021
Thèse pour le diplôme d'État de docteur en Pharmacie
Présentée et soutenue publiquement
Le 22 mars 2021
Par
Claire VELLA
Née le 24 mars 1991 à Toulouse
Thèse dirigée par le Docteur Nathalie PESTOURIE
Examinateurs : Président : Professeur Sylvie ROGEZ, CHU de Limoges Juge et maître de thèse : Docteur Nathalie PESTOURIE, CHU de Limoges Juge : Professeur Christine ROQUES, CHU de Toulouse Juge : Professeur Jean-François FAUCHER, CHU de Limoges Membre invité : Docteur Anne CYPIERRE, CHU de Limoges
Risque infectieux associé aux cathéters veineux périphériques : mise en place d’une stratégie de surveillance et d’amélioration des pratiques dans un CHU
Thèse d’exercice
Faculté de Pharmacie
Année 2021 Thèse N°
Thèse pour le diplôme d'État de docteur en Pharmacie
Présentée et soutenue publiquement
Le 22 mars 2121
Par Claire VELLA
Née le 24 mars 1991 à Toulouse
Thèse dirigée par le Docteur Nathalie PESTOURIE
Examinateurs : Président : Professeur Sylvie ROGEZ, CHU de Limoges Juge et maître de thèse : Docteur Nathalie PESTOURIE, CHU de Limoges Juge : Professeur Christine ROQUES, CHU de Toulouse Juge : Professeur Jean-François FAUCHER, CHU de Limoges Membre invité : Docteur Anne CYPIERRE, CHU de Limoges
Risque infectieux associé aux cathéters veineux périphériques : mise en place d’une stratégie de surveillance et d’amélioration des pratiques dans un CHU
Thèse d’exercice
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Liste des enseignants
Le 1er octobre 2020
DOYEN DE LA FACULTE :
Monsieur le Professeur Bertrand COURTIOUX
VICE-DOYEN :
Monsieur David LEGER, Maître de conférences
ASSESSEURS :
Monsieur le Professeur Serge BATTU, Monsieur le Professeur Nicolas PICARD
PROFESSEURS DES UNIVERSITES :
BATTU Serge CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE
CARDOT Philippe CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE
COURTIOUX Bertrand MICROBIOLOGIE, PARASITOLOGIE,
IMMUNOLOGIE ET HÉMATOLOGIE
DESMOULIERE Alexis PHYSIOLOGIE
DUROUX Jean-Luc BIOPHYSIQUE ET MATHÉMATIQUES
FAGNERE Catherine CHIMIE ORGANIQUE, THÉRAPEUTIQUE ET
PHARMACIE CLINIQUE
LIAGRE Bertrand BIOCHIMIE ET BIOLOGIE MOLÉCULAIRE
MAMBU Lengo PHARMACOGNOSIE
TROUILLAS Patrick BIOPHYSIQUE ET MATHÉMATIQUES
VIANA Marylène PHARMACIE GALÉNIQUE
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS DES DISCIPLINES
PHARMACEUTIQUES :
PICARD Nicolas PHARMACOLOGIE
ROGEZ Sylvie MICROBIOLOGIE, PARASITOLOGIE,
IMMUNOLOGIE ET HÉMATOLOGIE
SAINT-MARCOUX Franck TOXICOLOGIE
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MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS DES
DISCIPLINES PHARMACEUTIQUES :
CHAUZEIX Jasmine MICROBIOLOGIE, PARASITOLOGIE,
IMMUNOLOGIE ET HÉMATOLOGIE
JOST Jérémy CHIMIE ORGANIQUE, THÉRAPEUTIQUE ET
PHARMACIE CLINIQUE
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES :
BASLY Jean-Philippe CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE
BEAUBRUN-GIRY Karine PHARMACIE GALÉNIQUE
BÉGAUD Gaëlle CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE
BILLET Fabrice PHYSIOLOGIE
CALLISTE Claude BIOPHYSIQUE ET MATHÉMATIQUES
CHEMIN Guillaume BIOCHIMIE ET BIOLOGIE MOLÉCULAIRE
CLÉDAT Dominique CHIMIE ANALYTIQUE ET BROMATOLOGIE
COMBY Francis CHIMIE ORGANIQUE, THÉRAPEUTIQUE ET
PHARMACIE CLINIQUE
COOK-MOREAU Jeanne MICROBIOLOGIE, PARASITOLOGIE,
IMMUNOLOGIE ET HÉMATOLOGIE
DELEBASSÉE Sylvie MICROBIOLOGIE, PARASITOLOGIE,
IMMUNOLOGIE ET HÉMATOLOGIE
DEMIOT Claire-Elise PHARMACOLOGIE
FABRE Gabin BIOPHYSIQUE ET MATHÉMATIQUES
FROISSARD Didier BOTANIQUE ET CRYPTOGAMIE
JAMBUT Anne-Catherine CHIMIE ORGANIQUE, THÉRAPEUTIQUE ET
PHARMACIE CLINIQUE
LABROUSSE Pascal BOTANIQUE ET CRYPTOGAMIE
LAVERDET Betty PHARMACIE GALÉNIQUE
LAWSON Roland PHARMACOLOGIE
LEGER David BIOCHIMIE ET BIOLOGIE MOLÉCULAIRE
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MARRE-FOURNIER Françoise BIOCHIMIE ET BIOLOGIE MOLÉCULAIRE
MERCIER Aurélien MICROBIOLOGIE, PARASITOLOGIE,
IMMUNOLOGIE ET HÉMATOLOGIE
MILLOT Marion PHARMACOGNOSIE
PASCAUD-MATHIEU Patricia PHARMACIE GALÉNIQUE
POUGET Christelle CHIMIE ORGANIQUE, THÉRAPEUTIQUE ET
PHARMACIE CLINIQUE
VIGNOLES Philippe BIOPHYSIQUE ET MATHÉMATIQUES
ATTACHE TEMPORAIRE D’ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE :
AUDITEAU Émilie ÉPIDÉMIOLOGIE, STATISTIQUE, SANTÉ
PUBLIQUE
MARCHAND Guillaume CHIMIE ORGANIQUE, THÉRAPEUTIQUE ET
PHARMACIE CLINIQUE
ENSEIGNANTS D’ANGLAIS :
HEGARTY Andrew CHARGÉ DE COURS
VERCELLIN Karen PROFESSEUR CERTIFIÉ
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Remerciements
Au Professeur Sylvie ROGEZ, Présidente du jury
Je vous suis très reconnaissante d’avoir accepté la présidence de ce jury de thèse. Veuillez
trouver ici l’expression de ma gratitude et de mon profond respect.
Au Professeur Jean-François FAUCHER, Membre du jury
Je vous remercie d’avoir accepté de faire partie de ce jury. Merci pour l’intérêt que vous avez
porté à projet, ainsi que pour vos conseils et pour votre implication. Soyez assuré de toute
ma reconnaissance.
Au Professeur Christine ROQUES, Membre du jury
Merci d’avoir accepté de faire partie de ce jury et mettre à profit votre expertise pour évaluer
cette thèse. Vos cours à la faculté de pharmacie de Toulouse m’ont énormément intéressée
et sont une des raisons de mon orientation vers l’hygiène hospitalière.
Au Docteur Anne Cypierre, Membre du jury
Je suis ravie de vous compter parmi les membres de ce jury. Je vous remercie de votre
gentillesse, de votre aide et de votre disponibilité pour ce travail.
Au Docteur Nathalie PESTOURIE, Directrice de thèse et membre du jury
Pour avoir accepté de diriger cette thèse et pour m’avoir confié ce projet. Merci beaucoup
pour ta patience, ton écoute et ta compréhension. Ton professionnalisme et tes qualités
humaines sont une source d’inspiration, j’espère être digne de tes enseignements.
A toutes les équipes de mes différents lieux de stage d’internat
Pour votre accueil et votre bienveillance. Merci à chacun d’entre vous d’avoir pris le temps
de répondre à mes (nombreuses) questions. Je vous remercie pour tout ce que vous m’avez
appris et transmis, en savoir, connaissance et expérience, précieux pour mon futur travail de
pharmacien hospitalier.
A mes co-internes
Merci de votre solidarité et merci pour les bons moments passés ensemble
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A mes proches
Un grand merci à ma famille, mes amis et mon conjoint. Merci pour votre présence, votre
soutien sans faille et vos encouragements continus toutes ces longues années. J’ai
beaucoup de chance de vous avoir dans ma vie.
Je tiens à remercier particulièrement mes quatre grands-parents, qui m’ont fait confiance et
apporté leur soutien, dès la première année de mes études supérieures et jusqu’à leur terme
onze ans plus tard. Merci pour votre générosité, votre exemple et les valeurs du travail et de
la persévérance que vous m’avez transmises.
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Droits d’auteurs
Cette création est mise à disposition selon le Contrat :
« Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de modification 3.0 France »
disponible en ligne : http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/
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Table des matières
Titre ....................................................................................................................................... 1
Abréviations .........................................................................................................................12
Introduction ..........................................................................................................................15
I. Les cathéters veineux périphériques : généralités .............................................................17
I.1. Définition .....................................................................................................................17
I.2. Utilisation ....................................................................................................................20
I.2.1. Indications ............................................................................................................20
I.2.2. Contre-indications.................................................................................................21
I.3. Bonnes pratiques de gestion des CVP ........................................................................21
I.3.1. Matériaux .............................................................................................................21
I.3.2. Prevention des Accidents d’Exposition au Sang ...................................................21
I.3.3. Site d’insertion ......................................................................................................22
I.3.4. Antisepsie et technique de pose ...........................................................................23
I.3.5. Pansement et connectiques .................................................................................25
I.3.6. Fréquence de changement, surveillance et traçabilité ..........................................25
I.4. Les infections liées aux CVP .......................................................................................26
I.4.1. Définitions ............................................................................................................26
I.4.2. Mécanismes physiopathologiques ........................................................................27
I.4.3. Facteurs de risques ..............................................................................................29
I.4.4. Complications .......................................................................................................29
I.4.5. Microbiologie ........................................................................................................30
I.4.6. Epidémiologie .......................................................................................................31
II. Surveillance autour des CVP au CHU de Limoges ...........................................................33
II.1. Bactériémies à Staphylococcus spp liées aux CVP ....................................................33
II.1.1. Contexte ..............................................................................................................33
II.1.2. Objectifs ..............................................................................................................33
II.1.3. Méthodologie .......................................................................................................34
II.1.3.1. Population de l’étude .....................................................................................34
II.1.3.2. Recueil des données .....................................................................................35
II.1.3.3. Identification de la bactériémie liée au CVP ..................................................36
II.1.3.4. Aspects éthiques ...........................................................................................37
II.1.3.5. Analyse des données ....................................................................................37
II.1.4. Résultats .............................................................................................................39
II.1.4.1. Screening de l’étude : ...................................................................................39
II.1.4.2. Patients inclus ...............................................................................................40
II.1.4.2.1. Population de l’étude ..............................................................................40
II.1.4.2.2. Bactériémies ...........................................................................................41
II.1.4.2.3. Complications et suivi .............................................................................43
II.1.4.2.4. Pose et surveillance du CVP : modalités, traçabilité ...............................45
II.1.4.2.5. Indications du CVP et pertinence du maintien.........................................46
II.1.5. Discussion ...........................................................................................................48
II.1.5.1. Population de l’étude .....................................................................................48
II.1.5.2. Caractéristiques des bactériémies ................................................................48
II.1.5.3. Microorganismes identifiés ............................................................................49
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II.1.5.4. Incidence ......................................................................................................49
II.1.5.5. Suivi et complications des bactériémies ........................................................51
II.1.5.6. Traçabilité et surveillance. .............................................................................51
II.1.5.7. Indications et pertinence du maintien ............................................................53
II.1.5.8. Forces et faiblesses de l’étude ......................................................................55
II.2. Audit : la pose des CVP .............................................................................................57
II.2.1. Contexte ..............................................................................................................57
II.2.2. Objectifs ..............................................................................................................57
II.2.3. Méthodologie .......................................................................................................58
II.2.4. Résultats .............................................................................................................59
II.2.5. Discussion ...........................................................................................................63
Conclusion et perspectives ...................................................................................................68
Références bibliographiques ................................................................................................70
Annexes ...............................................................................................................................76
Annexe 1. Bactériémies liées aux CVP : grille de recueil de données ..................................77
Annexe 2. Bactériémies liées aux CVP : données recueillies ...............................................79
Annexe 3 : Score de Charlson ..............................................................................................80
Annexe 4 : Protocole de pose et de gestion des CVP...........................................................81
Serment De Galien ...............................................................................................................88
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Abréviations
AES : Accident d’Exposition au Sang
AMM : Autorisation de mise sur le marché
BLC : Bactériémie Liée au Cathéter
BLCVP : Bactériémie Liée à un Cathéter Veineux Périphérique
BN : Bactériémie Nosocomiale
CDC : Centers for Disease Control and Prevention
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CCI : Cathéter à Chambre Implantable
CCLIN : Centre de Coordination de la Lutte contre les Infections Nosocomiales
CLIN : Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales
CPIAS : Centre d’appui pour la Prévention des Infections Associées aux Soins
CTINILS : Comité Technique des Infections Nosocomiales et des Infections Liées aux Soins
CVC : Cathéter Veineux Central
CVP : Cathéter Veineux Périphérique
DPI : Dossier Patient Informatisé
ECDC : European Centre for Disease prevention and Control
EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes
EOHH : Equipe Opérationnelle d’Hygiène Hospitalière
GREPHH : Groupe d’Evaluation des Pratiques en Hygiène Hospitalière
HAD : Hospitalisation A Domicile
HAS : Haute Autorité de Santé
IAS : Infection Associée aux Soins
IC 95% : Intervalle de Confiance à 95%
ILC : Infection Liée au Cathéter
IN : Infection Nosocomiale
IV : Intra Veineux
OMéDIT : Observatoire du Médicament, des Dispositifs médicaux et de l’Innovation
Thérapeutique
PICC : Cathéter central inséré par abord périphérique
RCP : Résumé des Caractéristiques du Produit
SA : Staphylococcus aureus
SARM : Staphylococcus aureus Résistant à la Méticilline
SASM : Staphylococcus aureus Sensible à la Méticilline
SF2H : Société Française d’Hygiène Hospitalière
SSIAD : Services de Soins Infirmiers A Domicile
SPIADI : mission de Surveillance et Prévention des Infections Associées aux Dispositifs
Invasifs
SSR : Soins de Suite et de Réadaptation
USLD : Unité de Soins de Longue Durée
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Table des illustrations
Figure 1 : Les différents accès vasculaires ...........................................................................17
Figure 2 : Eléments d’un catéther périphérique ....................................................................18
Figure 3 : Schéma d’un cathéter périphérique sécurisé ........................................................19
Figure 4 : Code couleur des CVP selon le diamètre .............................................................20
Figure 5 : Principaux sites d'insertions chez l’adulte .............................................................22
Figure 6 : Principaux sites d'insertion chez l'enfant ...............................................................23
Figure 7 : Etapes de la pose d'un CVP .................................................................................24
Figure 8 : Colonisation au niveau d'un CVP..........................................................................27
Figure 9 : Voies potentielles de contamination d’un cathéter ................................................28
Figure 10 : Cycle de constitution d'un biofilm ........................................................................29
Figure 11 : Les différentes espèces de staphylocoques responsables des bactériémies ......42
Figure 12 : Principales indications de la pose des CVP ........................................................46
Figure 13 : Principales indications du maintien du CVP ........................................................47
Figure 14 : Réalisation ou non d'une détersion .....................................................................59
Figure 15 : Antiseptique utilisé ..............................................................................................61
Figure 16 : Friction désinfectante de l’embout ......................................................................61
Figure 17 : Manipulation avec compresses stériles imprégnées ...........................................62
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Table des tableaux
Tableau 1 : Temps de séchage en fonction de l'antiseptique ................................................24
Tableau 2 : Classification du diagnostic de BLCVP ..............................................................36
Tableau 3 : Digramme de flux ...............................................................................................39
Tableau 4 : Caractéristiques des patients .............................................................................40
Tableau 5 : Répartition par catégories de diagnostic ............................................................41
Tableau 6 : Complications à la suite de la bactériémie .........................................................43
Tableau 7 : Apparition de complications en fonction du score de Charlson ..........................44
Tableau 8 : Apparition de complications en fonction de la présence d'un Staphylococcus
aureus ..................................................................................................................................44
Tableau 9 : Traçabilité de la pose et de la surveillance .........................................................46
Tableau 10 : Conformité de la préparation cutanée ..............................................................62
Tableau 11 : Comparatif des antiseptiques utilisés au niveau local et national .....................65
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Introduction
L’abord vasculaire est une voie d’abord très courante dans la prise en charge des patients
hospitalisés qui sont très souvent exposés à un dispositif vasculaire dans leur parcours de
soins. En effet, d’après l’enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales de
2017, 29,7% des patients hospitalisés en France sont porteurs d’au moins un cathéter. Ce
sont les dispositifs invasifs majoritaires, loin devant les sondes urinaires (8,55 %), et les
dispositifs d’assistance respiratoire (1,04 %) (1).
Parmi ces dispositifs vasculaires, on distingue les cathéters veineux centraux (CVC) des
cathéters veineux périphériques (CVP). Alors que la pose de CVC est généralement
effectuée au bloc opératoire ou en unité de soins intensifs, les CVP peuvent être posés dans
tous les services de soins en milieu hospitalier ou extrahospitalier.
L’utilisation des CVP est très répandue : on estime à 25 millions le nombre de CVP posés
chaque année en France (2) et à 330 millions pour les Etats-Unis (3). Par conséquent,
l’usage des CVP peut parfois être banalisé.
Or le risque infectieux associé à ces dispositifs n’est pas négligeable et considéré comme en
partie évitable (4). On estime qu’un patient porteur de cathéter a une probabilité trente fois
plus élevée d’avoir une bactériémie qu’un patient non porteur (1).
Dans la littérature, les études sur les complications infectieuses liées aux cathéters
concernent en majorité les cathéters centraux. Pourtant, les CVP offrent également un accès
direct sur le système vasculaire et exposent aussi le patient à de potentielles complications,
notamment infectieuses.
Le spectre des complications infectieuses est large, allant de l’infection localisée à micro-
organismes peu virulents, pour lesquelles l’ablation du CVP est souvent le seul traitement, à
la bactériémie avec sepsis sévère et ses conséquences. Le taux de bactériémies liées aux
cathéters est plus élevé avec les CVC qu’avec les CVP. Néanmoins, le nombre de CVP
posés étant plus important, le nombre de bactériémies liées aux CVP est de fait conséquent
en valeur absolue (8,9).
Les bactériémies sont plus rares que les complications locales (telles que les phlébites, les
extravasations, les hématomes…) (5). Toutefois, elles sont associées à une mortalité plus
importante (6). Une vaste étude américaine sur 24 179 bactériémies nosocomiales, s’étant
déroulée sur 49 hôpitaux entre 1995 et 2002, montre que le taux de mortalité s’élevait à 27%
des patients atteints (7).
Au CHU de Limoges, la proportion de patients porteurs de CVP semble plus importante
qu’au niveau national. Lors de l’enquête nationale de prévalence de 2017, le pourcentage de
patients porteurs d’un CVP était de 31.3% dans notre établissement, contre 20.18% au
niveau national. De même, la part des bactériémies parmi les infections nosocomiales est
plus importante au CHU de Limoges que dans les autres CHU (26.3% contre 17.23 %,
respectivement) (1).
Plusieurs cas d’infections sur CVP, certaines ayant débouché sur des bactériémies à
Staphylococcus aureus Résistant à la Méticilline (SARM), ont été signalés dans notre centre
hospitalier. De plus, deux de ces bactériémies à SARM ont pu contribuer au décès des
patients touchés. Ces cas ont alerté l’Equipe Opérationnelle d’Hygiène Hospitalière (EOHH),
qui a émis l’hypothèse d’une recrudescence des infections liées aux CVP.
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Devant ces problématiques, une stratégie a été engagée par l’EOHH afin de diminuer
l’incidence des infections liées aux CVP. Ce programme est d’abord passé par une
évaluation de la situation réelle au CHU grâce à la mise en place d’une surveillance. Le reste
de ce travail a été basé sur la réalisation d’un audit des pratiques. Il est ensuite prévu avec
ces différents résultats d’effectuer des actions de formations et de sensibilisations des
professionnels.
Cette stratégie est à l’origine de ce projet de thèse. L’objectif est d’estimer si dans notre
établissement, le nombre de bactériémies liées aux CVP est élevé, à cause du taux plus
important des CVP chez nos patients. Pour vérifier cette hypothèse et mieux évaluer le
risque infectieux lié à ces dispositifs, nous avons combiné une étude sur les bactériémies
liées aux CVP et un audit sur la pose et les manipulations de ces dispositifs.
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I. Les cathéters veineux périphériques : généralités
I.1. Définition
Parmi les dispositifs médicaux permettant un abord vasculaire, on distingue :
- les cathéters centraux, comme les cathéters veineux centraux, tunnelisé ou non-
tunnelisés, les PICC line (cathéters centraux à insertion périphérique), les cathéters à
chambre implantable (CCI)
- les cathéters périphériques, tels que les Midline, les cathéters artériels, et les
cathéters veineux périphériques
Figure 1 : Les différents accès vasculaires
Source : SF2H (10)
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Un cathéter veineux périphérique est défini comme « un dispositif tubulaire à usage unique
destiné après introduction par effraction dans le système cardio-vasculaire à être au contact
du tissu sanguin pour une durée limitée dans le temps (longueur inférieure ou égale à 80
mm), constitué d'une aiguille guide interne en acier inoxydable et d'une canule en matière
plastique couvrant l'aiguille de ponction en laissant dépasser le biseau. » (11)
Les CVP se présentent prémontés sur une aiguille interne. Cette aiguille, grâce à son
biseau, permet de franchir la barrière cutanée ainsi que la paroi des veines. A l’autre
extrémité du CVP, une chambre transparente permet de visualiser le reflux sanguin et de
s’assurer ainsi que le cathéter est bien inséré dans un vaisseau sanguin.
Figure 2 : Eléments d’un catéther périphérique
Source : Terumo, internet : www.perfusion.fr
De nos jours, la partie des cathéters destinée à demeurer dans l’organisme du patient est
composée de matériaux dérivant généralement du plastique.
Les aiguilles en acier, comme les épicrâniennes, sont utilisables pour les prélèvements
sanguins. Elles ne doivent pas être utilisées pour une durée prolongée, no pour
l’administration de thérapeutiques par voie IV en raison d’un risque de lésions tissulaires (5).
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Un cathéter périphérique peut être muni ou non d’un site d’injection et/ou d’un système de
mise en sécurité. Le schéma ci-dessus représente un cathéter dit « sécurisé ». L’utilisation
d’un CVP « sécurisé » permet de limiter le risque d’accidents d’exposition au sang (AES)
pour les professionnels de santé, grâce à divers mécanismes de mise en sécurité de
l’aiguille (rétraction de l’aiguille par pression sur un bouton, ou rétraction automatique lorsque
l’aiguille sort du cathéter, protection qui vient se positionner autour du biseau de l’aiguille lors
de la sortie...).
Différentes tailles de CVP existent. Celle-ci est comprise entre 24 (la plus petite taille) et 14
(la plus grande), elle est exprimée en gauges. La gauge représente le diamètre externe du
cathéter. Les CVP entre 22 et 20 gauges sont habituellement utilisées pour l’administration
de médicaments ou de perfusions de volumes modérés. Les perfusions de volumes
importants ou les transfusions de produits sanguins requièrent des tailles de cathéters plus
élevées (par exemple, de 18 à 14 gauges). La plus petite taille est à utiliser en priorité,
lorsque la situation clinique le permet, car les plus petits cathéters entraînent moins de
phlébites et sont moins traumatiques (5).
Figure 3 : Schéma d’un cathéter périphérique sécurisé
Source : laboratoire BD
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Figure 4 : Code couleur des CVP selon le diamètre
Source : laboratoire BD
I.2. Utilisation
I.2.1. Indications
La pose d’un CVP est une décision médicale, qui s’accompagne donc d’une prescription
médicale.
D’après l’Observatoire des Médicaments, Dispositifs médicaux et Innovations
Thérapeutiques (OMéDIT) de la région Centre – Val de Loire, les indications incontournables
à la pose d’un CVP sont (12) :
• L’impossibilité pour le patient d’avaler, boire, manger
• L’administration de médicaments ou solutés IV sans alternative per
os
• Rééquilibration hydroélectrolytique
• Instabilité hémodynamique
• Coma, troubles de la vigilance
• Intervention chirurgicale, acte d’endoscopie dans les 24h.
Et les indications pertinentes sont les suivantes (12) :
• Pathologie où la voie IV sera nécessaire
• Nécessité de rester à jeun
• Insuffisance rénale aiguë
• Alimentation parentérale…
Il est indispensable de réévaluer quotidiennement la pertinence d’un CVP. Le relais par voie
orale doit être envisagé dès que celle-ci est possible, selon l’état du patient et lorsque que la
biodisponibilité per os du médicament le permet.
Claire VELLA | Thèse d’exercice | Université de Limoges | 2021 21
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I.2.2. Contre-indications
A la pose d’un CVP (13) :
• Bras porteur d’une fistule artérioveineuse
• Membre porteur d’une prothèse orthopédique ou vasculaire
(déconseillé)
• Bras ayant la même latéralité qu’une mastectomie, un curage
ganglionnaire axillaire et/ou une radiothérapie antérieure
• Membre paralysé (plexus brachial, paraplégie…) ou immobilisé
• Présence d’hématomes, plaies sur site de ponction
• Membre présentant une phlébite ou un foyer infectieux.
A l’utilisation d’un CVP (13) :
Dans le cas de solutions irritantes et phlébogènes ne pouvant pas être diluées :
• Produit portentiellement vésicant/irritant (par exemple le propylène
glycol, excipient solubilisant irritant pouvant entrainer une nécrose)
• Osmolarité supérieure à 600-900 mosm/L (par exemple certains
types de nutrition parentérale)
• pH de la solution inférieur à 4,1 ou supérieur à 9,0
I.3. Bonnes pratiques de gestion des CVP
La prévention des infections liées au CVP a fait l’objet de recommandations élaborées par la
Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H), actualisées en mai 2019 (10). Ces
recommandations s’appliquent aux différentes étapes de la pose et de l’utilisation d’un CVP.
I.3.1. Matériaux
Parmi les matériaux utilisés pour fabriquer un CVP, le Teflon® (polytétrafluoroéthylène) et le
polyuréthane seraient, d’après certaines études, associés à un risque plus faible de
complications et de bactériémies (14),(15). Les recommandations françaises sont également
en faveur de ces matériaux : d’après la Société Française d’Hygiène Hospitalière, les
cathéters en polyuréthane ou en polymères fluorés sont les plus appropriés (2).
I.3.2. Prévention des Accidents d’Exposition au Sang
Il est fortement recommandé d’utiliser des cathéters sécurisés, afin de protéger les
professionnels en charge de la pose de ce dispositif du risque d’AES (2). Plusieurs textes
réglementaires appuient cette préconisation : la circulaire DGS/DH n°98/249 du 20 avril
1998, puis la directive européenne n°2010/32/UE du 10 mai 2010, qui a été mise en
application grâce au décret n°2013-607 du 9 juillet 2013 (16). La SF2H conseille l’utilisation
systématique des CVP sécurisés (10).
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I.3.3. Site d’insertion
De multiples sites d’insertion existent. La facilité de la pose du cathéter et les risques
diffèrent selon l’emplacement. Le choix du site se fait donc selon les circonstances cliniques,
la durée prévue du traitement et l’état des veines du patient.
Il est préconisé de poser le CVP le plus en distal possible, de manière à sauvegarder des
points d’insertion proximaux si besoin. Placer une voie IV dans une veine distale à un site qui
a déjà été ponctionnée récemment peut entraîner une extravasation et la formation d’un
hématome (5).
Les veines du membre supérieur sont à préférer à celles du membre inférieur, car le risque
de thrombophlébite associé à la présence de cathéter veineux est plus important pour le
membre inférieur (17,18).
Lorsque cela est possible, il est préférable de ne pas insérer le cathéter sur le bras
dominant. De même, il préférable d’éviter les articulations (comme le pli du coude), pour
éviter le risque de délogement ou de pliure, ainsi que la proximité de lésions infectieuses
(5,19).
Figure 5 : Principaux sites d'insertions chez l’adulte
Source : Centre hospitalier universitaire vaudois
Chez l’enfant, il est conseillé, comme chez l’adulte, de privilégier le membre supérieur en
commençant par les veines les plus distales. Les veines au niveau du pli du coude ne sont
pas à privilégier.
Chez le nourrisson, les veines épicrâniennes peuvent être utilisées (20). Jusqu’à l’âge de la
marche, il est aussi possible de perfuser les veines du pied.
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Figure 6 : Principaux sites d'insertion chez l'enfant
Source : CCLIN Sud-Est
I.3.4. Antisepsie et technique de pose
Lors de la pose, l’opérateur doit porter une tenue propre. Il n’est pas obligatoire de porter
une surblouse ou une charlotte. Le port de gants est recommandé pour prévenir le risque
d’AES, ce qui fait partie des précautions standards.
Concernant l’antisepsie, la préparation cutanée en quatre temps n’est plus recommandée.
Le nettoyage de la peau (ancienne phase de détersion) n’est nécessaire qu’en cas de
souillure visible, et « laissé à l’appréciation de l’opérateur si le patient présente une peau
grasse ou une sueur abondante » (10).
Il est fortement recommandé de ne pas dépiler la zone d’insertion. Si la dépilation apparait
indispensable, la tonte est à privilégier (21).
L’antiseptique utilisé doit être en solution alcoolique (et non aqueuse), c’est-à-dire que la
concentration en alcool doit être d’au moins 70%. D’après les recommandations françaises
et américaines, les antiseptiques de choix sont la chlorhexidine alcoolique (sans qu’il soit
actuellement possible de trancher entre la 0.5% et la 2%) et la polyvidone iodée alcoolique.
Ceux-ci possèdent un effet rémanent (persistance d’un effet antiseptique après l’application
sur la peau) que ne possède pas l’alcool à 70°, qui s’évapore rapidement sans action
antiseptique persistante (22).
La place de l’alcool seul pour la pose d’un CVP n’a pas été tranchée, et la Biseptine® n’est
pas recommandée, car non considérée comme un antiseptique alcoolique (concentration en
alcool non suffisante) (10,20).
Le nombre de passage d’antiseptique demeure en suspens, les recommandations
s’accordent sur au moins un passage. La question du type d’alcool (isopropylique ou
éthylique) reste aussi en suspens (10).
Il est fortement recommandé de respecter un délai entre le début de l’acte invasif et
l’application du produit, afin que ce dernier puisse sécher spontanément, selon les
préconisations du fabricant (temps d’action).
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Tableau 1 : Temps de séchage en fonction de l'antiseptique
Antiseptique Chlorhexidine alcoolique Povidone iodée alcoolique 5%
Alcool modifié (70° ou 60°)
Temps de séchage nécessaire à l’action de
l’antiseptique
A 0.5% : 1 minute
A 2% : 30 sec
(22)
30 sec
(23)
1 minute
(22)
Une procédure encadrant la pose des CVP a été établie au CHU de Limoges (Annexe 4).
Bien que les techniques de pose puissent varier selon les protocoles des établissements de
santé, le pose s’effectue généralement comme suit :
Figure 7 : Etapes de la pose d'un CVP
Source : laboratoire BD
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Après préparation du matériel, la veine cible est repérée par l’opérateur. Un garrot est posé
et l’antisepsie cutanée effectuée. Une fois l’antiseptique sec, l’opérateur peut enlever le
capuchon protecteur du CVP et insérer celui-ci au niveau de la veine cible avec un angle de
20 à 30 degrés. Lorsque de l’on s’est assuré du reflux sanguin dans la chambre
transparente, le cathéter peut être descendu le long de l’aiguille-guide (aussi appelé
mandrin) jusqu’à la garde du CVP. Le cathéter peut ensuite être fixé à l’aide d’un pansement
et le mandrin ôté. Le cathéter est en place.
I.3.5. Pansement et connectiques
Afin de maintenir le CVP au site d’insertion, il est recommandé de couvrir celui-ci d’un
pansement. Les pansements utilisés sont des pansements auto adhésifs, semi perméables
et transparents, car ils permettent la visualisation du site d’insertion tout en protégeant le site
des contaminations extérieures (24).
Les recommandations anglaises de 2014 et françaises de 2019 préconisent de changer le
pansement tous les sept jours, ou avant s’il est souillé, décollé ou abimé, ou que de
l’humidité se forme en dessous (10,24).
Il est nécessaire de respecter les bonnes pratiques d’asepsie pour les manipulations du
cathéter, des tubulures et des robinets. Les raccords et des connectiques doivent être
désinfectés avant toute utilisation, et être manipulés avec des compresses imbibées d’alcool
à 70% (10).
Dans l’optique de ne pas manipuler l’embase du CVP après la pose, l’utilisation d’un
prolongateur court (intégré ou non au cathéter) est à privilégier (10,25).
I.3.6. Fréquence de changement, surveillance et traçabilité
La surveillance clinique du patient et du site d’insertion du CVP doit être au moins
quotidienne.
Concernant la traçabilité, la SF2H recommande de consigner dans le dossier du patient
(26) :
• Les éléments de la pose du cathéter : date de pose, type de CVP,
calibre du CVP, type d’antisepsie réalisée, localisation du site, nom du
professionnel ayant effectué la pose
• les éléments de la surveillance clinique quotidienne (présence ou
absence de signes, locaux ou généraux)
• la date d’ablation
De nombreuses études se sont penchées sur la question de la fréquence de changement
des CVP. Certaines sont en faveur d’un changement à intervalle régulier (le plus souvent
toutes les 72 à 96 heures), tandis que d’autres prônent un changement basé sur des critères
cliniques (27–29). Toutefois, en cas de changement basé sur des critères cliniques, les
études insistaient sur la nécessité de respecter scrupuleusement certaines consignes :
remplacement du CVP immédiat en cas de signes inflammatoires locaux, en cas
d’extravasation ou d’obstruction, ou dès lors que plus aucune indication clinique ne justifie de
laisser le CVP en place.
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Les recommandations américaines des CDC (Centers for Disease Control and Prevention)
de 2011 affirment qu’il n’est pas nécessaire de remplacer les cathéters périphériques plus
fréquemment que toutes les 72 à 96 heures pour limiter le risque de phlébite. Le
remplacement uniquement en fonction de critères cliniques reste une question non résolue,
sans recommandation formulée à l’heure actuelle (20).
En France, le changement toutes les 96 heures était recommandé jusqu’à récemment. Les
recommandations françaises de la SF2H actualisées en mai 2019 sont dorénavant en faveur
d’un changement sur des critères cliniques (10).
I.4. Les infections liées aux CVP
Les infections liées aux CVP font parties des infections associées aux soins (IAS). Les IAS
sont soit contractées au sein d’un établissement de santé, on parle alors d’infection
nosocomiale, soit contractées en ville, c’est-à-dire au domicile du patient ou lors d’un acte
médical n’ayant pas lieu en établissement de santé (par exemple, un acte infirmier à
domicile, une consultation médicale par un médecin libéral…).
Les IAS sont définies comme suit par le Comité technique des infections nosocomiales et
des infections liées aux soins (30) :
« Une infection est dite associée aux soins si elle survient au cours ou au décours
d’une prise en charge (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative)
d’un patient, et si elle n’était ni présente, ni en incubation au début de la prise en
charge. Lorsque que l’état infectieux au début de la prise en charge n’est pas connu
précisément, un délai d’au moins 48 heures ou un délai supérieur à la période
d’incubation est couramment accepté pour définir une IAS. Toutefois, il est
recommandé d’apprécier dans chaque cas la plausibilité de l’association entre
la prise en charge et l’infection. »
I.4.1. Définitions
Infection liée au cathéter (ILC) : défini par la présence de microorganisme à la surface
externe ou interne du cathéter responsable d’infection. En dehors du pus au point de
ponction ou de la tunnellite, aucun signe clinique ne permet d’affirmer l’infection du cathéter
(30,31).
Infection locale liée à un CVP : culture quantitative du CVP ≥ 103 UFC/ml, en l’absence
d’hémoculture positive ET purulence de l’orifice d’entrée du cathéter ou tunnellite (30,31).
Infection générale liée à un CVP en l’absence d’hémoculture positive : culture quantitative du
CVP > 103 UFC/ml, ET régression totale ou partielle des signes infectieux généraux dans les
48 heures suivant l’ablation du cathéter (30,31).
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Infection bactériémique sur CVP microbiologiquement confirmée : association d’une
bactériémie survenant dans les 48 h encadrant le retrait du CVP (ou la suspicion
diagnostique d’infection de cathéter si celui-ci n’est pas retiré d’emblée), ET une culture du
CVP > 103 UFC/ml avec le même micro-organisme ou la présence de pus au site d’insertion
du CVP, ou présence d’une tunnellite, en l’absence d’une autre porte d’entrée identifiée
(30,31).
Prélèvement contaminé : une seule hémoculture à Staphylocoque à coagulase négative
sans signe clinique associé (30,31).
I.4.2. Mécanismes physiopathologiques
Il existe plusieurs voies possibles conduisant à une infection au niveau d’un CVP (31) :
• Extraluminale : migration des micro-organismes le long de la surface
externe du cathéter à travers le point de ponction du cathéter. Ces
micro-organismes peuvent provenir de la peau du patient lui-même,
d’une contamination du désinfectant ou du matériel utilisé, ou de la
flore cutanée du soignant. L’insertion d’un CVP constitue une porte
d’entrée potentielle permettant aux micro-organismes de passer d’un
environnement externe non stérile au sang habituellement stérile.
Figure 8 : Colonisation au niveau d'un CVP
Source : Europharmat
• Endoluminale : au niveau de la lumière interne du CVP. Ce type de
contamination se produit lorsque la substance (soluté, médicament..)
contenue dans la perfusion est contaminée, ce qui est très rare ; ou
lors de la manipulation des raccords et des tubulures par le personnel
soignant.
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• Hématogène : contamination du cathéter par des micro-organismes
circulant dans le sang, provenant d’un foyer infectieux à distance.
Figure 9 : Voies potentielles de contamination d’un cathéter
Source: Crnich CJ, Maki DG. Clin Infe Dis. 2002 May.
À la suite de l’administration de thérapeutiques, des dépôts peuvent se constituer sur la
surface interne d’un CVP. Certaines perfusions peuvent cristalliser sur cette surface. Or la
formation de ces cristaux facilite la contamination bactérienne. En effet, les bactéries s’y
fixent plus aisément que sur des surfaces lisses. Ces cristaux sont plus à même d’apparaitre
après certains types de perfusions, comme de la nutrition parentérale. Le risque de
colonisation bactérienne serait trente fois plus élevé en cas de cristaux que pour les
cathéters sans dépôts (32).
D’autre part, comme sur toute surface inerte, un biofilm peut se développer sur un CVP,
parfois même en moins de 24 heures (33). Un biofilm résulte de l’adhésion de certains
micro-organismes sur une surface, qui vont produire une matrice protectrice (composée
principalement de protéines et de polysaccharides). A celle-ci va se combiner des produits
de l’hôte : fibrine, plaquettes… Cette matrice favorise l’adhésion, la production d’un dépôt et
la multiplication de ces mêmes micro-organismes.
Les biofilms sont omniprésents sur les matières inertes, notamment sur les dispositifs
médicaux : cathéters vasculaires, cathéters urinaires, pacemakers… (33) L’adhésion dépend
du type de matériau. Parmi les matériaux suivants, on a, du moins favorisant au plus
favorisant : acier inoxydable, silicone, polyuréthane, Téflon®, polyvinylchloride (PVC),
polyéthylène (21).
Ils confèrent aux bactéries qui les constituent une tolérance plus élevée aux anti-infectieux.
Les infections associées aux biofilms ne répondent pas systématiquement aux
concentrations atteignables en thérapeutique de beaucoup d’antibiotiques (34).
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Des auteurs rapportent qu’environ 82% des bactériémies nosocomiales seraient le résultat
de la colonisation des CVP, généralement par des bactéries productrices de biofilm (35).
Figure 10 : Cycle de constitution d'un biofilm
La fixation de micro-organismes sur la surface du CVP est donc susceptible d’être suivi par
le développement d’un biofilm, puis par la maturation et la dispersion des cellules
microbiennes du biofilm dans le flux sanguin (36).
I.4.3. Facteurs de risques
Les facteurs de risque d’une infection liée à un cathéter peuvent provenir :
• De l’hôte lui-même : âge, immunodepression, infection à distance,
lésions cutanées…
• De l’environnement : manque de respect des mesures d’hygiène,
manipulation des lignes de perfusion..
• Du cathéter : mauvaises conditions de pose, durée de maintien
excessive, voies multiples… (31)
I.4.4. Complications
Les principales complications liées aux CVP comprennent :
• des complications locales autour du point d’insertion (lymphangite,
extravasation, hématomes, signes d’infection locale avec inflammation,
pus…)
• les bactériémies
• les thromboses veineuses
Les bactériémies nosocomiales (BN) liées aux CVP causées par un S. aureus ont un risque
plus élevé de se compliquer en localisations secondaires, par rapport aux BN dues à
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d’autres pathogènes. Elles sont aussi associées à une mortalité significativement plus
importante (8).
L’étude CATHEVAL, effectuée durant un an de 2013 à 2014, sur 573 patients et 815 CVP,
rapporte une incidence des complications liées aux CVP de 52,3%. Ces complications
comprenaient, par ordre décroissant de fréquence : la thrombose veineuse, les hématomes,
les extravasations et les infections. L’incidence des complications survenant après le retrait
atteignait 21,7%. Les deux principaux facteurs de risque identifiés étaient l’instabilité du CVP
et la saleté du pansement (37).
I.4.5. Microbiologie
Les bactéries les plus fréquemment isolées dans les bactériémies liées aux CVP
appartiennent au genre Staphylococcus (9). On distingue les staphylocoques coagulase-
positive, comme Staphylococcus aureus, et les staphylocoques coagulase-négative.
Il est estimé que 60% des bactériémies liées aux cathéters sont causées par des
microorganismes de la flore cutanée du patient (38).
D’après l’étude américaine SCOPE (Surveillance and Control of Pathogens of Epidemiologic
Importance), regroupant 24 179 bactériémies nosocomiales, ayant eu lieu dans 49 hôpitaux
entre 1995 et 2002, la répartition des microorganismes était la suivante (7) :
• Staphylocoques coagulase négative : 31%
• Staphylococcus aureus : 20%
• Entérocoques : 9%
• Candida spp : 9%
• Escherichia coli : 6%
• Klebsiella spp : 5%
• Pseudomonas spp : 5% …
Des données semblables sont retrouvées en Europe, d’après l’ECDC (European Centre for
Disease Prevention and Control), avec les Staphylocoques à coagulase négative
représentant également la majorité des bactéries responsables, suivis par les
Staphylococcus aureus, les entérocoques, et les Candida spp (39).
Une répartition similaire est retrouvée en France, avec toutefois Staphylococcus aureus en
première position (1).
La place majoritaire qu’on pris les Staphylocoques coagulase-négative dans cette répartition
peut s’expliquer par plusieurs facteurs (40) :
• la reconnaissance de ceux-ci comme de véritables pathogènes, alors
qu’ils étaient auparavant considérés comme de simples contaminants
• la généralisation de l’utilisation d’antibiotiques large spectre, exerçant
une pression de sélection
• l’augmentation de l’utilisation de dispositifs médicaux
intravasculaires : leur utilisation provoquant une effraction de la
barrière cutanée, ils permettent aux Staphylocoques coagulase-
négative, qui font partie de la flore cutanée, de pénetrer plus facilement
dans l’oganisme.
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Avant les années 1980, les bactéries Gram négatives étaient les principaux micro-
organismes associés aux bactériémies nosocomiales. Depuis, les bactéries Gram positives
(comme les Staphylococcus et les Enterococcus) ainsi que les Candida spp ont augmenté
en proportion (7,41).
I.4.6. Epidémiologie
En France, l’épidémiologie des infections nosocomiales peut être estimée grâce à l’Enquête
Nationale de Prévalence des infections nosocomiales. Cette enquête nationale a pour but
d’établir, un jour donné, un état des lieux des infections nosocomiales atteignant les patients
hospitalisés en établissement de santé. Elle se déroule habituellement tous les 5 ans. Les
dernières en date ont eu lieu en 2012 et en 2017.
Lors de l’enquête de 2017, 403 établissements de santé ont participé.
Les résultats suivants sont rapportés à propos des CVP :
« Un patient sur trois (32,18 % [30,32-34,10]) est porteur d’au moins un dispositif
invasif (i.e. cathéter, assistance respiratoire ou sonde urinaire). Par type de dispositifs
invasifs, les cathéters (KT) sont majoritaires avec 29,67 % (IC95% [27,80-31,60]) des
patients porteurs d’au moins un KT ; 8,55 % (IC95% [7,96-9,19]) des patients sont
porteurs d’une sonde urinaire et 1,04 % (IC95% [0,83-1,29]) sont sous assistance
respiratoire. Le nombre moyen de cathéters par patient, à demeure le jour de
l’enquête, est égal à 1,29 KT (IC95% [1,26-1,31]) et, parmi les patients porteurs d’au
moins un cathéter, 93,74 % (IC95% [92,79-94,57]) n’en portent qu’un seul, 5,47 %
(IC95% [4,83-6,19]) en portent deux et 0,79 % (IC95% [0,57-1,09]) en portent trois ou
plus.
Parmi les 30 839 KT documentés, les cathéters veineux périphériques (KTVP) sont
très majoritaires (68,02 % [66,09-69,89]), ce qui représente un patient sur cinq (20,18
% [18,71-21,73]) porteurs d’un KTVP. S’agissant des cathéters centraux, les
prévalences des patients porteurs de chambre à cathéter implantable (CCI), de
cathéter veineux central (KTVC) ou de cathéter central à insertion périphérique (PICC)
sont respectivement de 3,31 % (IC95% [2,88-3,80]), 2,59 % (IC95% [2,29-2,92]) et
1,03 % (IC95% [0,89-1,19]). » (1)
On constate donc que les CVP sont les dispositifs invasifs les plus fréquemment retrouvés,
tant bien parmi les dispositifs invasifs où ils arrivent devant les sondes urinaires et les
dispositifs d’assistance respiratoire, que parmi les cathéters vasculaires, où ils se placent en
première position en matière de fréquence.
Entre 2012 et 2017, la proportion de patients porteurs de CVP reste stable (19,79% en 2012
contre 20,18% en 2017).
Concernant les infections nosocomiales, la prévalence de celles-ci était de 5,21% le jour de
l’enquête de 2017, contre 5,34% en 2012 (pas de différence significative entre 2012 et
2017).
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Les plus fréquentes étaient les infections urinaires (28.47%), puis, par ordre décroissant de
fréquence, on trouve les infections du site opératoires (15.92%), les pneumonies (15.36%) et
les bactériémies (11,43%). Ces quatre sites infectieux regroupent 71,45% de l’ensemble des
localisations documentées d’infections nosocomiales (1).
En part relative, les bactériémies représentaient 11,43% des infections nosocomiales. Parmi
elles, on retrouvait les bactériémies non liées à un cathéter (31.9% des bactériémies), les
bactériémies liées à un cathéter central (44,3%) et les bactériémies liées à un CVP (8,5%)
(1).
Les données internationales rapportent que les CVP sont responsables de 22% en moyenne
des BN liées à un cathéter. Les CVP et les CVC comptent pour respectivement 6,3% et 23%
de l’ensemble des BN (3).
D’après une revue de la littérature effectuée sur 200 études prospectives, le taux de
bactériémies liées aux cathéters (pour 1000 jours de cathéters) est estimé à 0,5 ( IC 95% :
0,2-0,7) pour les CVP (42).
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II. Surveillance autour des CVP au CHU de Limoges
II.1. Bactériémies à Staphylococcus spp liées aux CVP
II.1.1. Contexte
Le CHU de Limoges est un hôpital universitaire qui totalise 1921 lits et places, dont 1026 en
médecine, 275 en moyen séjour, 248 en long séjour, 268 en EHPAD (Etablissement
d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes), et 104 places en service de dialyse,
HAD (Hospitalisation A Domicile), SSIAD (Services de Soins Infirmiers A Domicile) et autres.
Cette étude concernait les patients porteurs d’un CVP, hospitalisés depuis plus de 48
heures, dans les services de courts et moyens séjours. Les patient devant être hospitalisés
depuis plus de 48 heures afin de définir le caractère nosocomial de la bactériémie, selon la
définition du Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins
(CTINILS) (30).
Un projet de recherche clinique, associant le service de maladies infectieuses et tropicales et
le service de bactériologie-virologie-hygiène, a ainsi été mis en place, pour estimer
l’incidence de ces bactériémies liées aux CVP.
Il a été choisi de cibler les bactériémies à Staphylocoques, du fait de la fréquence importante
de ces microorganismes dans ce type d’infection. En effet, les bactéries le plus fréquemment
isolées des CVP sont les Staphylocoques coagulase négative et les Staphylococcus aureus
(7,9).
L’étude menée était observationnelle et prospective. Elle s’est déroulée au CHU de Limoges,
du 19 juin 2018 au 30 avril 2019.
II.1.2. Objectifs
L’objectif principal de cette étude était de calculer l’incidence des bactériémies à
Staphylococcus spp liées à un cathéter périphérique.
Les objectifs secondaires étaient :
• Rechercher la traçablité de la pose et de la surveillance du CVP
• Evaluer l’indication de la pose et du maintien du CVP
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II.1.3. Méthodologie
II.1.3.1. Population de l’étude
Les patients ont été classés selon trois critères d’éligibilité : inclusion, non inclusion et
exclusion.
Un patient non inclus est un patient qui, dès le départ, n’a pas été sélectionné pour être «
screené » car il remplissait un des critères de non-inclusion, ou aucun critère d’inclusion.
Un patient exclu est un patient qui remplissait les conditions d’inclusion initiales et qui a été
exclu par la suite car il présentait un des critères d’exclusion.
Enfin, un patient est inclus quand il remplit tous les critères d’inclusion, et aucun critère de
non-inclusion ni d’exclusion.
Les différents critères d’éligibilité de l’étude étaient les suivants :
• Critères d’inclusion :
o Tout patient ayant eu une hémoculture positive à Staphylococcus spp.
o Hospitalisé depuis plus de 48 heures dans les services de MCO (Médecine -
Chirurgie – Obstétrique) et de SSR (Soins de suite et de réadaptation).
• Critères de non-inclusion :
o Patients des services de dialyse, d’hospitalisation de jour, de chirurgie
ambulatoire, du secteur IVG (Interruption volontaire de grossesse), de
radiothérapie, d’HAD, USLD (Unité de soins de longue durée), d’EHPAD et de
SSIAD.
o Patients des services de pédiatrie : pédiatrie générale, chirurgie pédiatrique,
urgences pédiatriques, néonatalogie, réanimation néonatale,
oncohématologie pédiatrique.
• Critères d’exclusion :
o Patient ayant eu un prélèvement considéré comme contaminé (« souillure »).
o Patient présentant une bactériémie pouvant être liée à un autre type de
cathéter qu’à un CVP : exclusion des patients porteurs de voies veineuse
centrales (PICC-line, cathéter à chambre implantable, cathéters veineux
centraux), de cathéters artériels, de cathéters de dialyse (cathéters de dialyse
péritonéale, cathéters de Canaud) et de Midline.
o Patient n’ayant pas de cathéter veineux périphérique depuis plus de 48h.
o Absence de consentement (refus de participer à l’étude ou décès avant
l’obtention du consentement).
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II.1.3.2. Recueil des données
1. Screening
Quotidiennement, un relevé de toutes les hémocultures positives à Staphylococcus spp. était
effectué au laboratoire de bactériologie du CHU. Via le logiciel de gestion des prélèvements
microbiologiques (logiciel Glims®), nous vérifions ensuite si les critères d’inclusion et de non-
inclusion (service d’hospitalisation adéquat, durée d’hospitalisation de plus de 48 heures…)
étaient remplis ou non.
Les critères d’exclusion étaient ensuite examinés chez les hémocultures restantes, à l’aide
du dossier patient informatisé (logiciel Crossway®) et des analyses biologiques
informatisées (logiciel Glims®).
Une fois les critères d’éligibilité confirmés, une visite dans le service de soins était effectuée
par un interne d’hygiène et un interne d’infectiologie, afin de recueillir la non-opposition du
patient à l’étude et les données le concernant.
2. Recueil des données des patients inclus
Les données étaient recueillies par entretien avec l’équipe médicale et paramédicale
référente, et consultation du dossier du patient (dossier patient informatisé et dossier papier
dans certains cas).
A l’aide d’une fiche de recueil (Annexe 1), les données suivantes étaient récoltées :
• Identification du patient : nom, prénom, date de naissance, comorbidités, traitement
antibiotique en cours ou non
• Parcours du patient dans l’établissement : date d’hospitalisation, service de soins
actuel, services antérieurs
• Présence de dispositifs médicaux intravasculaires :
• Présence ou non d’un cathéter autre que périphérique ;
• Traçabilité du CVP dans le dossier du patient, date de pose, service de pose,
durée du cathétérisme, site d’insertion, modalités de pose (par interrogatoire des
IDE du service), type de pansement ;
• Indication du CVP : indication initiale, indication du maintien, relais par voie
orale possible ou non, évaluation de la pertinence du maintien du CVP.
• Concernant la bactériémie : date de prélèvement et de positivité de l’hémoculture,
indication de l’hémoculture, micro-organisme identifié, CVP mis en culture ou non,
signes cliniques généraux et au niveau du point de ponction du CVP, évaluation
d’autres étiologies potentielles à la bactériémie, complications ou non, traitement mis
en place, retrait du CVP (si oui à quelle date).
Les facteurs de risque de bactériémies étaient déterminés selon critères définis plus haut
(voir II.4.3 Facteurs de risque). La présence de ces facteurs, ainsi que d’autres informations,
ont été relevées pour chaque patient afin de mieux connaître leur terrain :
• chirurgie récente ;
• immunodépression ;
• autre infection en cours ;
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• antibiothérapie en cours ;
• la présence ou non d’une autre voie d’abord vasculaire, comme une
voie veineuse centrale, afin d’éliminer la possibilité que la bactériémie
se soit déclarée via un autre dispositif intravasculaire que le CVP.
3. Calcul des indicateurs et suivi
Le score de Charlson a été calculé pour chaque patient (43). Il s’agit d’un score prédictif de
survie, en fonction des comorbidités. Le résultat obtenu correspond à un taux de survie à 10
ans, de 0 à 99%. Plus le résultat est élevé, plus le taux de survie est faible (voir Annexe 3).
Un suivi des complications éventuelles était effectué dans le mois qui suivait le diagnostic de
la bactériémie, puis à 3 mois et à 6 mois. Les complications comprenaient les complications
locales (lymphangite, plaie/infection du point de ponction…), les endocardites infectieuses,
les thromboses et le décès. Le suivi était effectué via le dossier patient informatisé.
Le taux de mortalité a été calculé à 1 mois, 3 mois et 6 mois du diagnostic de la bactériémie.
Ce taux était défini comme la proportion des patients décédés dans le délai considéré (un,
trois ou six mois), quel que soit la cause du décès.
Les patients perdus de vue (par exemple pris en charge dans un autre hôpital) à ces dates
n’ont pas été pris en compte dans le calcul de la mortalité.
Seule la mortalité brute a été calculée. Afin d’éviter toute subjectivité dans la détermination
des causes du décès, la mortalité attribuable n’a pas été estimée.
II.1.3.3. Identification de la bactériémie liée au CVP
Le diagnostic d’infection bactériémique liée au cathéter périphérique était effectué selon les
critères cliniques et microbiologiques définis dans le paragraphe I.6.1 Définitions.
Dans le cas des staphylocoques à coagulase négative, au moins deux hémocultures
positives de la même espèce bactérienne étaient requises pour le diagnostic de la
bactériémie.
Les diagnostics étaient ensuite classés en trois catégories : diagnostic possible, probable ou
confirmé ; selon les critères du tableau ci-dessous :
Tableau 2 : Classification du diagnostic de BLCVP
POSSIBLE PROBABLE CONFIRME
Signes locaux non non oui oui
Autre porte d’entrée possible
oui non oui non
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Les signes locaux comprenaient les signes d’inflammation (rougeur, chaleur, douleur,
œdème), la présence de pus au niveau de l’insertion cutanée du CVP, et les signes de
veinite/tunnellite le long du trajet veineux du CVP.
Un point d’entrée potentiel, autre que le CVP, pouvait exister par ailleurs. L’évaluation d’une
autre porte d’entrée se basait sur la présence ou non d’une autre infection en cours, et sur la
possibilité que cette dernière ait pu causer la bactériémie. Selon le type de l’infection, et le
type de microorganisme (quand l’infection était documentée), l’autre porte d’entrée était
retenue ou non prise en compte.
Lorsqu’une culture du CVP était réalisée, avec un résultat > 103 UFC/ml et avec le même
micro-organisme que dans les hémocultures, le cas était classé en « confirmé ».
II.1.3.4. Aspects éthiques
La non-opposition d’utilisation des données personnelles était recueillie auprès de chaque
patient inclus : lors d’un entretien avec le patient, l’étude était expliquée et un formulaire de
non-opposition était remis au patient pour signature.
Le Comité d’Ethique du CHU de Limoges a rendu un avis favorable au déroulement de
l’étude (numéro 281-2018-47).
II.1.3.5. Analyse des données
Incidence
Selon l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), la densité
d’incidence (ou taux d’incidence) se définit comme suit :
Le taux d'incidence rapporte le nombre de nouveaux cas d'une pathologie observés
pendant une période donnée (population incidente) à la population dont sont issus les
cas pendant cette même période (population cible).
Le taux d'incidence s'exprime généralement en « nombre de personnes pour 100 000
personnes par année », afin de permettre des comparaisons entre les populations et
dans le temps (44).
L'incidence doit ici être exprimée par rapport au nombre de jours de cathétérisme veineux
périphérique, c’est-à-dire par rapport au nombre de jours d’exposition à un CVP.
Afin de calculer la densité d’incidence des bactériémies sur CVP, nous avons donc d’abord
cherché à connaitre le nombre de jours de CVP correspondant à la période de l’étude.
Nous avons utilisé la proportion de patients exposés aux CVP, connue grâce aux résultats
de l’enquête de prévalence de notre établissement de 2018, et le nombre de journées
d’hospitalisation sur la période de l’étude. La proportion des patients exposés a été multipliée
par le nombre de journées d’hospitalisation, ce qui nous a permis d’estimer le nombre de
jours de cathéters sur la période de l’étude :
Nombre de jours de CVP sur la période de l’étude = (proportion de patients exposés) x
(nombre de journées d’hospitalisation sur la période de l’étude)
Nous avons ensuite divisé le nombre de patients atteints d’une bactériémie liée à un CVP
(BLCVP) à Staphyloccocus spp durant cette période par le nombre de jours de CVP.
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Densité d’incidence des BLCVP à Staphyloccocus spp = nombre de patients atteints
d’une BLCVP à Staphyloccocus spp / nombre de jours de CVP
Tests statistiques
Pour déterminer si une corrélation existait entre différents paramètres de notre étude, des
tests statistiques ont été menés. Nous avons utilisé le test exact de Fisher car il était
compatible avec les faibles effectifs de notre échantillon.
Le seuil de significativité statistique retenu était p < 0.05. Les tests ont été effectués avec
BiostaTGV.
Evaluation de la pertinence
La pertinence de la pose du CVP et la pertinence du maintien étaient évalués grâce aux
critères de l’OMéDIT de la région Centre – Val de Loire (12) (voir II.2.1 Indications).
Lorsqu’une alternative à la VVP existait, celle-ci était considérée comme non pertinente.
Les alternatives à la voie veineuse périphérique étaient considérées comme :
• La possibilité d’administrer la ou les thérapeutiques prescrite(s) en
intra-veineuse par une autre voie (voie orale, voie sous-cutanée, voie
intra-musculaire…)
• La possibilité de se passer d’une voie veineuse périphérique,
lorqu’aucune indication justifiée n’était identifiée.
L’utilité du CVP était évaluée en prenant en compte d’une part le contexte clinique :
possibilité ou non pour le patient d’avaler (voie orale envisageable ou non), état de
conscience du patient, degré d’urgence de la prise en charge, état hémodynamique du
patient, post-opératoire immédiat (24 à 48h) ; et d’autre part les thérapeutiques prescrites
(administrables par une autre voie ou non).
Lorsqu’aucune autre alternative n’était envisageable, la voie veineuse périphérique était
jugée utile.
Le terme de « thérapeutique intraveineuse » comprend ici les spécialités médicamenteuses
administrées par voie intraveineuse, dont font partie les solutés de remplissage et
d'hydratation.
Enfin, il été vérifié pour chaque patient si un médicament veinotoxique (selon la liste des
Hôpitaux Universitaires de Genève (45)) était administré sur le CVP, pour évaluer si ce ou
ces médicaments avaient pu potentiellement participer au déclenchement de la veinite.
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II.1.4. Résultats
L’étude a débuté le 19 juin 2018 et s’est terminée le 30 avril 2019. Au total, les hémocultures
positives à Staphylococcus spp ont concerné 760 prélèvements.
II.1.4.1. Screening de l’étude :
A la fin de la période de recueil de données, nous totalisions 760 hémocultures screenées.
Parmi celles-ci, 684 n’ont pas été retenues pour les raisons suivantes :
• Présence d’une voie veineuse centrale : 40 %
• Hospitalisation d’une durée inférieure à 48 heures : 30 %
• Prélèvement contaminé : 11 %
• Autres : 19 %
Tableau 3 : Diagramme de flux
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II.1.4.2. Patients inclus
II.1.4.2.1. Population de l’étude
Nous comptabilisons 27 patients inclus, âgés de 50 à 94 ans. La moyenne d’âge était de
78.5 ans et l’âge médian de 83 ans.
Parmi les patients inclus, il y avait 18 hommes et 9 femmes.
Quatre patients ont refusé de participer à l’étude, ils n’ont pas été inclus.
Tableau 4 : Caractéristiques des patients
CARACTERISTIQUES DES PATIENTS EFFECTIFS
Sexe Homme 18
Femme 9
Age ≥ 65 ans 25
< 65 ans 2
Autre voie d’accès vasculaire Oui 0
Non 27
Chirurgie récente Oui 7
Non 20
Immunodépression Oui 14
Non 13
Autre infection en cours Oui 11
Non 16
Antibiothérapie en cours Oui 10
Non 17
Médicament veinotoxique sur le CVP
Oui 5
Non 22
Score de Charlson ≥ 4 24
Score de Charlson < 4 3
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Parmi les infections en cours (11 patients sur 27), nous avons répertorié plusieurs infections
cutanées (une gale, un panaris), des infections ostéoarticulaires (deux ostéites), deux
infections digestives (une angiocholite, une cholécystite), quatre infections respiratoires, et
une infection du site opératoire.
La moyenne du score de Charlson était de 6.55 et la médiane de 7.
II.1.4.2.2. Bactériémies
La bactériémie survenait en moyenne 11 jours après l’admission dans l’établissement
(étendue : entre 2 jours au plus court et 54 jours maximum).
Les diagnostics de bactériémie liée au cathéter ont été classés en possible, probable ou
confirmé, selon les critères définis plus haut (voir Méthodologie – Diagnostic).
Tableau 5 : Répartition par catégories de diagnostic
Diagnostic possible Diagnostic probable Diagnostic confirmé
Nombre de patients 8 6 13
Parmi les 27 patients, 9 présentaient un autre point d’appel possible et 18 présentaient des
signes locaux évocateurs d’infection (13 inflammations cutanées, 3 indurations, 4
suppurations).
Les autres portes d’entrée éventuelles étaient les suivantes :
- chirurgie récente avec complications
- infection ostéoarticulaire
-altération de la barrière cutanée (lésions dues à des grattements, escarres, brulures,
pemphigoïde bulleuse)
- endocardite ancienne
- infection sur matériel vasculaire
- pneumopathie
Au niveau microbiologique, sur 27 patients, 19 avaient une bactériémie à Staphylococcus
aureus, tandis que sept patients avaient une bactériémie causée par un staphylocoque
coagulase négative (SCN). Les bactéries retrouvées dans le sang des patients présentant
des ILC étaient donc majoritairement des Staphylococcus aureus.
Parmi ceux-ci, 14 étaient des staphylocoques dorés sensibles à la méticilline (SASM) et cinq
étaient résistants à la méticilline (SARM). Staphylococcus epidermidis arrivait en seconde
position (sept cas sur 27, dont un Staphylococcus epidermidis résistant à la méticilline) et
enfin, en dernière position, Staphylococcus capitis (un cas sur 27).
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Figure 11 : Les différentes espèces de staphylocoques responsables des bactériémies
On remarque que, chez les patients inclus, Staphylococcus aureus est l‘espèce la plus
représentée. Au contraire, dans les hémocultures des patients exclus (correspondant aux
685 hémocultures non retenues), l’espèce la plus fréquemment retrouvée était
Staphylococcus epidermidis.
D’autre part, six infections sur cathéter étaient dues à des bactéries résistantes : cinq SARM
et un Staphylococcus epidermidis résistant à la Méticilline.
Incidence :
Les données administratives de notre hôpital indiquent que, pour la période de l’étude et
dans les secteurs concernés, 262 038 journées d’hospitalisation ont été comptabilisées.
D’après l’enquête de prévalence réalisée en 2018 dans notre établissement, 27,53% des
patients étaient porteurs d’un cathéter périphérique. Ainsi, à la durée de notre étude
correspond environ 72 139 jours de CVP.
Ce qui nous permet d’estimer une densité d’incidence de 0,37 BLCVP à Staphylococcus
spp. pour 1 000 jours de CVP. Dans ce calcul, les 27 bactériémies sont comprises. En
enlevant les cas « possibles », donc en ne gardant que les cas les « confirmés » et «
probables », nous obtenons 0,263 BLCVP pour 1000 jours de CVP. Lorsque sont pris en
compte uniquement les cas « confirmés », nous trouvons 0,180 BLCVP pour 1000 jours de
CVP.
Concernant les BLCVP causées par des S. aureus, l’incidence estimée pour la période de
l’étude est de 0,263 pour 1000 jours de CVP, en prenant tous les types des cas (possibles,
probables et confirmés). En ne prenant en compte que les cas confirmés, cette incidence est
de 0,083.
14
5
7
1
SASM
SARM
Staph. Epidermidis
Staph. Capitis
Bactéries responsables des bactériémies
19
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II.1.4.2.3. Complications et suivi
Chez tous les patients, le cathéter a été retiré à la suite du diagnostic de la bactériémie.
Une antibiothérapie ciblant les staphylocoques responsables de la bactériémie a été débutée
chez 23 patients. Chez les quatre patients restants, un avait déjà une antibiothérapie
préalable active sur les staphylocoques et deux n’ont bénéficié que de mesures locales.
Pour le dernier, aucune antibiothérapie n’a été entreprise et nous n’avons pas retrouvé la
mise en place de mesures locales.
Neuf patients ont bénéficié de traitements locaux à l’emplacement du point d’insertion du
cathéter.
Dans notre étude, huit patients ont présenté des complications locales ou systémiques dans
le mois qui ont suivi le diagnostic de la bactériémie. Nous avons relevé une thrombose, trois
lymphangites, une dermo-hypodermite, deux endocardites infectieuses, et une patiente dont
l’état général s’est fortement dégradé, avec un contexte d’hémorragie digestive et de
dénutrition sévère.
Tableau 6 : Complications à la suite de la bactériémie
Complications ou décès Inconnu
Complications Décès Non
A un mois 8 7 19 0
A trois mois 1 11 13 2
A six mois 0 11 13 3
A un mois, sept patients étaient décédés. Parmi ces patients, un seul avait eu des
complications à court terme (dans le mois suivant le diagnostic de la bactériémie), tandis que
six n’avaient pas eu de complications à court terme.
Parmi les deux patients ayant contracté une endocardite infectieuse, un a été perdu de vue à
la suite de son transfert dans un autre établissement. L’évolution de l’état du second patient
a été lentement favorable.
Des tests statistiques ont été réalisés pour déterminer si une corrélation existait entre :
-l’espèce de staphylocoque (Staphylococcus aureus ou non) et le fait de développer
une complication
-le score de Charlson et le fait de développer une complication.
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Tableau 7 : Apparition de complications en fonction du score de Charlson
Complications Pas de complication
Odds Ratio p-value
Charlson < 4 3 0
Charlson ≥ 4 5 19
Tableau 8 : Apparition de complications en fonction de la présence d'un Staphylococcus aureus
Complications Pas de complication
Odds Ratio p-value
Staphylococcus aureus 6 13 1.37 (IC 95%
[0,16 ; 17,78]) 1
Autre espèce de staphylocoque
2 6
On remarque qu’il n’y a pas de patient ayant un score de Charlson inférieur à 4 et n’ayant
pas développé de complications. L’effectif est de zéro pour cette modalité, de ce fait le calcul
du test n’est pas réalisable.
La répartition entre les deux groupes (Staphylococcus aureus et non Staphylococcus
aureus) apparaît semblable à première vue : environ la moitié des patients des deux groupes
ont présenté des complications. Cela explique qu’on ne puisse pas conclure, et se vérifie
lorsque l’on effectue le test car la p-value est égale à 1.
Enfin, le tableau suivant rassemble la répartition des patients décédés ou non, selon les
différents groupes, à 1 mois et à 3 mois.
Mortalité à 1 mois Odds Ratio p-value
oui non
Charlson ≥ 4 6 16 0,7591 IC à 95% [0,03 ; 51,53]
1
Charlson < 4 1 2
Charlson ≥ 6 6 13 2.23 IC à 95%[0,18 ;
126]
0,63
Charlson < 6 1 5
Staphylococcus aureus 6 12 2,88 IC à 95%[0.24 ; 160]
0,62
Autre espèce de staphylocoque
1 6
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Mortalité à 3 mois Odds Ratio p-value
oui non
Charlson ≥ 4 10 12 1,63 (0.07 ;107)
1
Charlson < 4 1 2
Charlson ≥ 6 10 9 5,21 IC à 95% [0.45 ;287]
0,18
Charlson < 6 1 5
Staphylococcus aureus 9 9 2,41 IC 95% [0.29 ;31.73]
0,40
Autre espèce de staphylocoque
2 5
Dans certains cas, il n’est pas possible d’interpréter les résultats. Par exemple lorsque la p-
value est égale à 1.
L’effectif total de l’étude est de 27 patients et parfois de 24 ou 25 en excluant les patients
perdus de vue. Il est donc important de prendre tous les résultats obtenus avec précaution
en raison de ce faible effectif. De plus, le fait de repartir les individus dans les différents
groupes accentue ce problème de faible effectif. Par exemple, certaines modalités ne
contenaient que 1 ou 2 patients.
Lorsque l’Odds Ratio (OR) est supérieur à 1, l’évènement est plus fréquent dans le groupe
A. Par exemple, l’OR = 5,21 qui apparait dans ce tableau signifie que la mortalité à 3 mois
est plus fréquente dans le groupe des patients ayant un score de Charlson ≥ 6 que dans le
groupe des patients Charlson < 6.
Cependant, la p-value doit être inférieure à 0,05 pour conclure de manière statistiquement
significative. Or ce n’est pas le cas dans les résultats présentés dans ce tableau.
II.1.4.2.4. Pose et surveillance du CVP : modalités, traçabilité
Modalités de pose :
Compte tenu de la traçabilité manquante, les données sur les modalités de pose (personnel
ayant posé le cathéter, détersion, antisepsie cutanée, type d’antiseptique utilisé…) n’ont pas
pu être recueillies.
Traçabilité :
La traçabilité de la pose dans le dossier patient informatisé (DPI) ou dans le dossier patient
au format papier était retrouvée chez 5 patients sur 27. La date de pose n’était pas retrouvée
chez 12 patients (absence de traçabilité dans le dossier médical et après interrogatoire de
l’équipe soignante).
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Le service d’origine de la pose du cathéter était mentionné pour 18 patients. Parmi ceux-ci, 6
avaient eu un cathéter posé dans le service des urgences. Cependant, il n’a pas été possible
de savoir s’ils avaient été posés en urgence ou non, ni dans quelles conditions d’asepsie.
Quant à la traçabilité de la surveillance, elle était retrouvée chez 19 patients sur 27.
Pour 20 patients, le cathéter était situé sur l’avant-bras.
Tableau 9 : Traçabilité de la pose et de la surveillance
Traçabilité oui Pas de traçabilité
- pose 5 22
- surveillance 19 8
II.1.4.2.5. Indications du CVP et pertinence du maintien
Les principales indications à la pose du CVP étaient l’hydratation et l’administration de
médicaments par voie intra-veineuse (le plus souvent des antibiotiques). La catégorie
« autres » comprenait notamment les patients pouvant nécessiter une prise en charge
urgente et les interventions chirurgicales récentes (24 à 48h).
Figure 12 : Principales indications de la pose des CVP
Les indications du maintien étaient généralement similaires à celles de la pose.
hydratation; (10); 37%
médicament IV; (10); 37%
autres ; (5); 18%
voie orale impossible ;
(1); 4%
indication non retrouvée ; (1);
4%
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Figure 13 : Principales indications du maintien du CVP
Le relais par voie orale des thérapeutiques a été estimé possible dans 19 cas sur 27. Le
maintien du CVP a été évalué pertinent pour 15 cas seulement (55%), d’après les critères de
l’OMéDIT Centre (12).
hydratation; (4); 15%
médicament IV; (12); 44%autres ; (4);
15%
voie orale impossible ; (1);
4%
indication non
retrouvée ; (6); 22%
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II.1.5. Discussion
II.1.5.1. Population de l’étude
Il peut être remarqué que les patients étaient particulièrement âgés, avec une moyenne
d’âge 78,5 ans et un âge médian de 83 ans. Un âge avancé fait partie des facteurs de risque
l’ILC. De même, la moitié des patients étaient immunodéprimés, ce qui est aussi un facteur
de risque d’ILC. Plusieurs patients présentaient une barrière cutanée fragilisée, du fait de
leur âge ou de lésions cutanées préexistantes.
Presque tous les patients étaient atteints de comorbidités, avec des terrains poly
pathologiques. Le score de Charlson, qui permet d’évaluer la survie à 10 ans en fonction des
comorbidités, est très élevé chez nos patients : la médiane est de 7, ce qui correspond à un
taux de survie à 10 ans de 0% (voir Annexe 3). La population de notre étude est donc
particulièrement fragile et exposée à la survenue d’une infection sur CVP.
Le sex-ratio semble montrer que plus d’hommes que de femmes étaient atteint d’ILC (18
hommes contre 9 femmes).
II.1.5.2. Caractéristiques des bactériémies
La bactériémie survenait en moyenne 11 jours après l’admission dans l’établissement (entre
2 jours au plus court et 54 jours maximum). Sato et al. rapportent un délai moyen de
déclenchement de la bactériémie de 17 jours après l’admission (entre 3 et 142 jours), dans
une étude rétrospective sur 5 ans, comprenant 62 patients (6). Ces auteurs rapportent
d’autre part un délai entre l’insertion du CVP et l’apparition de la bactériémie de 6 jours.
Dans les résultats de la mission de Surveillance et Prévention des Infections Associées aux
Dispositifs Invasifs (SPIADI), ce délai entre l’insertion du CVP et l’apparition de la
bactériémie est compris entre 2 et 6 jours pour 60% des CVP (59). Etant donné la que la
traçabilité de la pose n’était généralement pas renseignée dans le DPI, nous n’avons pas pu
calculer ce délai.
Une bactériémie liée au CVP était définie comme « l’association d’une bactériémie survenant
dans les 48h encadrant le retrait du CVP et l’un des éléments suivants : soit une culture du
CVP ≥ 103 UFC/ml avec le même micro-organisme, soit la présence de pus au site
d’insertion du CVP, en l’absence d’une autre porte d’entrée identifiée ».
Les cas « possibles » ne correspondaient que partiellement à la définition car ils ne
présentaient pas de signes locaux au niveau du site d’insertion du CVP. Les cas « probables
», chez qui on relevait des signes locaux mais également une autre porte d’entrée potentielle
à la bactériémie, ne correspondaient pas non plus à tous les critères de la définition.
Néanmoins, pour ces derniers, la probabilité que l’infection ait une autre origine que le CVP
est faible en raison de la présence de signes inflammatoires locaux du CVP
Le choix d’inclure les patients pour lesquels une autre porte d’entrée est possible est
critiquable. En effet, il s’agit d’un critère d’exclusion dans de nombreuses études
Nous avons inclus les cas « possibles » dans l’étude, mais nous avons calculé plusieurs
densités d’incidence. Lorsque que nous comparons avec les données de la littérature, il est
donc possible de ne tenir compte que de la densité d’incidence incluant les cas « probables
» et « confirmés », et de celle incluant uniquement les cas « confirmés ».
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II.1.5.3. Microorganismes identifiés
Au sujet du diagnostic microbiologique, il est intéressant de remarquer qu’un seul des 27
patients a eu son cathéter envoyé au laboratoire pour y être mis en culture. L’analyse
microbiologique du CVP est rarement effectuée dans notre établissement.
D’une manière générale, le retrait d’un CVP pour une suspicion d’infection ne s’accompagne
pas systématiquement d’un envoi au laboratoire, contrairement aux CVC pour lesquels cette
pratique est beaucoup plus répandue. La documentation bactériologique de la porte d’entrée
n’est réalisée que dans 46,8% des cas de bactériémies nosocomiales liées au CVP, d’après
un rapport de l’InVS de 2003 (60). Alors que la SF2H recommande d’adresser du CVP au
laboratoire de microbiologie pour documentation (10), le diagnostic de la porte d’entrée
repose donc essentiellement sur la présence de signes infectieux locaux au site d’insertion
du CVP.
La population de notre étude présentait une forte proportion de bactériémie S. aureus : 19
patients sur 27.
Certains staphylocoques identifiés chez nos patients étaient des bactéries résistantes. Parmi
les Staphylococcus aureus, nous avons relevé 14 bactériémies dues à des SASM (soit 74%
des S. aureus) et 5 bactériémies dues à des SARM (26% des Staphylococcus aureus). Dans
une étude américaine sur 34 bactériémies à Staphylococcus aureus liée aux CVP, 21 (62%)
étaient causées par à des SASM, et 13 (38%) étaient dues à des SARM (65). Parmi les
staphylocoques coagulase négative, un Staphylococcus epidermidis était résistant à la
méticilline et à la vancomycine. Deux de ces six patients infectés pas une bactérie résistante
sont décédés dans les trois mois suivants le diagnostic de la bactériémie. Trois autres
patients n’ont pas déclaré de complications, le devenir du dernier patient était inconnu
(transféré dans un autre établissement).
II.1.5.4. Incidence
Nous trouvons un nombre de 27 bactériémies sur 10 mois et 11 jours. Lolom et al. (54) ont
réalisé une étude sur plusieurs années dans un hôpital universitaire français. Dans cette
étude, les auteurs trouvent un nombre annuel de bactériémies nosocomiales liées aux CVP
allant de 23 à 10 par an. Cet établissement avait un nombre de lits légèrement inférieur au
notre. De plus, toutes les bactériémies nosocomiales étaient relevées, pas uniquement
celles causées par des Staphylocoques.
Dans la littérature, les taux de bactériémies liées aux cathéters sont exprimés de différentes
façons : en nombre de bactériémies pour 100 CVP (en %), en nombre de bactériémies par
journées d’hospitalisation (pour 1000 journées d’hospitalisation), ou en nombre de
bactériémies par jours de cathéter (pour 1000 journées de CVP). Exprimer ce risque pour
1000 jours de cathéters plutôt que pour 100 CVP apparait plus pertinent (20,42). Cela
permet d’ajuster le risque à la durée d’exposition, c’est-à-dire au nombre de jours de
cathétérisme.
Claire VELLA | Thèse d’exercice | Université de Limoges | 2021 50
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Appliqué à notre étude, nous trouvons plusieurs densités d’incidence :
• En prenant en compte les 27 patients inclus ( les cas « possibles »,
« probables » et « confirmés » ) : 0,37 bactériémies nosocomiales à
Staphylococcus spp. liées aux cathéters périphériques pour 1 000
jours de CVP.
• En incluant les cas « probables » et « confirmés » : 0,263 BN à
Staphylococcus spp. liées CVP pour 1000 jours de CVP.
• En incluant uniquement les cas « confirmés » : 0,180 BN à
Staphylococcus spp. liées CVP pour 1000 jours de CVP.
D’après une revue de la littérature effectuée sur 200 études prospectives, le taux de
bactériémies liées aux cathéters périphériques est compris entre 0,2 et 0,7 pour 1000 jours
de cathéter (IC 95% : 0.2-0.7) (42). D’autres études rapportent des chiffres similaires
(54,61,62).
Notre établissement semble donc dans la moyenne. Cependant, dans ces articles, toutes les
espèces bactériennes étaient comprises, alors que notre étude ne prenait en compte que les
bactériémies à Staphylocoques. Ce qui laisse penser que le taux de bactériémies liées aux
CVP au CHU de Limoges, avec toutes les espèces bactériennes comprises, soit plus
important.
Concernant les BLCVP causées par des S. aureus, des études rapportent des incidences
qui varient entre 0,07 et 0,15 pour 1000 j de CVP (63,64). Nous trouvons une incidence
comparable, comprise entre 0,08 et 0,26.
D’une manière générale, nous avons retrouvé dans la littérature soit des études qui
prenaient en compte toutes espèces bactériennes, soit des études qui prenaient en compte
uniquement les S. aureus. A notre connaissance, peu, voire pas d’études prenaient en
compte les bactériémies à Staphylococcus spp, ce qui rend la comparaison difficile.
D’autre part, nous avons calculé l’incidence en utilisant le nombre de jours de CVP durant la
période de l’étude, et pour cela le nombre de patients porteurs d’un CVP. Or ce chiffre est
une estimation, basée sur le fait que, dans notre établissement, 27.53% des patients environ
sont porteurs d’un cathéter périphérique (enquête de prévalence de 2018). Il aurait été plus
exact d’extraire le nombre de patients porteurs d’un CVP pendant la durée de l’étude des
données informatiques du CHU. Cependant, comme mentionné plus tôt, le dossier patient
informatisé est souvent mal renseigné pour les CVP. En raison de ce manque de traçabilité
des données concernant les CVP, faire une extraction informatique des DPI n’aurait pas été
judicieux. De plus il n’est techniquement pas possible de faire ce type d’extraction avec le
système informatique actuel.
La proportion de bactériémie pour 100 CVP n’a pas pu être calculée, car nous n’avions pas
les chiffres du nombre de CVP posés sur la période de l’étude. Dans la littérature, cette
proportion est estimée entre 0,1 et 0,18% (3,42).
Claire VELLA | Thèse d’exercice | Université de Limoges | 2021 51
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II.1.5.5. Suivi et complications des bactériémies
Dans notre étude, près de 30% des patients ont présenté des complications locales ou
systémiques dans le mois qui ont suivi le diagnostic de la bactériémie.
Nous trouvons une mortalité à un mois de 25.9%. Dans une étude sur 537 patients
présentant une BLC, Saliba et al. rapportent une mortalité à 30 jours de 13.9%, avec un
score de Charlson moyen chez leurs patients de 3,6 (9). Dans cette même étude, les auteurs
montrent qu’un score de Charlson ≥ 4, un âge ≥ 65 ans, et une bactériémie à
Staphylococcus aureus sont des facteurs associés à une mortalité accrue.
Les bactériémies sont des infections associées à une mortalité élevée, d’autant plus
lorsqu’elles sont causées par des S. aureus. A titre d’exemple, Sato et al. recensent 12.9%
de patients décédés à un mois du diagnostic de leur bactériémie et observent que la
proportion de BLC à S. aureus était plus haute chez les patient décédés que chez les
patients survivants (odds ratio : 8,3 p = 0,004) (6). Pujol et al. trouvent des résultats
similaires, avec un taux de complications et un taux de mortalité plus importants chez les
patients présentant une BN liée au CVP à S. aureus que chez les patients avec des
bactériémies causées par d’autres pathogènes (8).
La population de notre étude présente un score de Charlson élevé (médiane = 7), un âge
avancé (âge moyen = 78,5 ans) et une forte proportion de bactériémie S. aureus (19 sur 27).
Cela peut en partie expliquer la mortalité importante. Nous avons essayé de montrer une
corrélation entre ces facteurs et la mortalité. Cependant, les résultats obtenus n’étaient pas
statistiquement significatifs, en raison du faible nombre de patients.
II.1.5.6. Traçabilité et surveillance.
Concernant la traçabilité et la surveillance, la SF2H recommande de consigner dans le
dossier du patient (26) :
- la date de pose du cathéter ;
- les éléments de la surveillance clinique quotidienne (présence ou absence de
signes, locaux ou généraux) ;
- la date d’ablation.
De nombreuses études se sont penchées sur la question de la fréquence de changement
des CVP (voir II.3.6 Fréquence de changement, surveillance et traçabilité). Certaines étaient
en faveur d’un changement à intervalle régulier (le souvent tous les 4 jours), tandis que
d’autres se prononçaient sur un changement basé sur des critères cliniques (27–29).
En France, le changement toutes les 96 heures était recommandé jusqu’à récemment. Les
recommandations françaises de la SF2H, actualisées en mai 2019, sont dorénavant en
faveur d’un changement sur des critères cliniques (10). La traçabilité est donc primordiale
pour justifier le changement, en s’appuyant sur l’apparition de signes locaux et/ou généraux.
De plus, la trace dans le dossier médical de l’absence de signes cliniques permet
éventuellement d’orienter le diagnostic vers une autre porte d’entrée en cas de sepsis, et elle
protège les soignants en cas de contexte médico-légal.
Par ailleurs, l’information des conditions dans lesquelles le CVP a été posé est importante
car les CVP posés en urgence dans de mauvais conditions d’asepsie doivent être retirés et
Claire VELLA | Thèse d’exercice | Université de Limoges | 2021 52
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reposés (10). Cependant, il n’a pas été possible de retrouver ces données. Celles-ci auraient
été intéressantes car elles auraient permis de vérifier si ces cathéters avaient été remplacés.
La traçabilité de la pose est très faible : elle n’est retrouvée que pour 5 patients sur les 27. La
traçabilité de la surveillance du CVP était quant à elle plus fréquente : nous avons pu la
retrouver dans 19 cas sur 27 (soit environ 70%).
Dans un audit réalisé au CHU de Toulouse en 2007 (46), on remarque que la traçabilité de la
pose des CVP est comprise entre 68,2% et 86,4%, contre 18,5% chez les patients de notre
étude. Quant à la traçabilité de la surveillance du site d’insertion, elle était de 73,7%, contre
70% pour nos patients.
Un autre audit, coordonné par le GREPHH (Groupe d’Evaluation des Pratiques en Hygiène
Hospitalière) et les différents CCLIN (Centres de Coordination de la Lutte contre les
Infections Nosocomiales) s’est déroulé en 2010 dans 920 établissements de santé français,
publics et privés. La pose était tracée dans 79% des cas et la surveillance quotidienne dans
54% des cas (47).
Un audit plus récent, réalisé en 2019 par le Centre d’appui pour la Prévention des Infections
Associées aux Soins (CPIAS) de la région Occitanie, montre que la traçabilité de la
surveillance était meilleure pour les cathéters centraux et les PICC (respectivement 81 et
75%) que pour les CVP (61%) et les Midlines (59%) et les cathéters sous-cutanés (41%)
(48).
En 2016, les données de l’hôpital Bichat-Claude Bernard de Paris étaient les suivantes :
74% de traçabilité de la pose, et 48 % pour celle de la surveillance clinique (49).
On peut se demander pourquoi un tel écart existe entre ces chiffres et les recommandations,
surtout en ce qui concerne la traçabilité de la pose dans notre cas.
En interrogeant le personnel paramédical, le manque de temps et l’outil informatique, (décrit
comme peu pratique et récemment mis en place) semblent être les principaux freins à la
traçabilité sur le dossier patient informatisé (DPI). De la même manière, lorsque nous avons
échangé avec l’équipe d’hygiène à ce sujet, il semblerait que la traçabilité ait été plus
respectée lorsqu’elle était effectuée sur les dossiers papiers existants avant la mise en place
du DPI. En effet, dans un audit interne de 2014, on trouvait 100% de traçabilité de la pose et
de la surveillance grâce à un support papier unique.
Les données de notre étude ne concernent qu’un échantillon réduit et ne sont pas
significatives. Notre population n’est pas forcément représentative des patients porteurs de
CVP au CHU de Limoges. Toutefois, nous savons que la traçabilité est un point faible global
de notre établissement. En 2016, un audit sur la traçabilité de la pose devait être fait dans
l’ensemble du CHU et a été reporté car cette information n’était pas retrouvée dans les
dossiers médicaux.
On constate, autant dans les données de la littérature que dans les pratiques de notre CHU,
un écart important entre la traçabilité des voies centrales et celles des CVP. Cet écart
montre sans doute une banalisation des CVP et une faible perception du risque infectieux
associé à ces dispositifs.
Claire VELLA | Thèse d’exercice | Université de Limoges | 2021 53
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II.1.5.7. Indications et pertinence du maintien
Il est recommandé de réévaluer régulièrement le maintien du cathétérisme (26). De
nombreux CVP sont pourtant maintenus en place plusieurs jours alors qu’ils ne sont pas
utilisés : à titre d’exemple, Alexandrou et al, dans une vaste étude menée en 2015 dans 13
pays différents, montrent que 16% des CVP étaient laissés en place alors que ni
médicaments ni solutés n’étaient administrés (50).
Une autre étude, menée par Guembe et al, chiffre à 25,7% la part des CVP encore en place
alors qu’ils n’étaient plus nécessaires (51). Lederle et al. ont estimé quant à eux que 35%
des CVP restent en place 2 jours ou plus sans être utilisés, avec une raison spécifique qui a
pu être déterminée dans seulement 1% des cas (52).
Toutefois, la pertinence de la pose et du maintien d’un cathéter périphérique sont complexes
à évaluer car ils dépendent de nombreux critères, spécifiques à un patient et son état
clinique.
Dans son travail de thèse qui portait sur l’évaluation de l’intérêt des CVP posés aux
urgences du CHU de Bordeaux, Eve Kammer reconnait que l’utilité d’une voie veineuse
périphérique est « laissée à l’appréciation de l’investigateur au moment du recueil, orienté
par le contexte clinique, en fonction du degré d’urgence, de l’état de conscience du patient,
des spécialités intraveineuses utilisées » (53). Dans notre travail comme dans celui de Eve
Kammer, l’utilité du CVP était définie par les investigateurs, ce qui implique une certaine
subjectivité. D’autre part, Eve Kammer a directement interrogé les IDE ayant effectué la pose
du CVP, en leur en demandant l’indication de la pose via un questionnaire à compléter. Au
contraire, dans notre étude, nous venions rechercher la raison de la pose a posteriori, le
CVP étant déjà en place lorsque le recueil de données était réalisé. Nous n’avons pas
toujours pu interroger le professionnel ayant effectué la pose, ni retrouver la raison de la
pose dans le dossier médical.
En 2019, le CPIAS Occitanie a proposé aux établissements de santé et EHPAD de la région
Occitanie un audit sur la pertinence de maintien de l’ensemble des cathéters vasculaires
(centraux, périphériques, et sous-cutanés) (48). Cet audit incluait tous les patients perfusés
depuis plus de 24h. Les critères de pertinence étaient regroupés en deux catégories
principales :
-d’une part les justifications cliniques : voie orale impossible, instabilité
hémodynamique et/ou métabolique ou post-opératoire immédiat (24 à 48h), réalisation de
bilan sanguin multi-prélèvements
-les justifications médicamenteuses d’autre part : produits administrables uniquement
par voie parentérale, produits administrables per os mais biodisponibilité diminuée.
Le CPIAS mentionne que « L’évaluation de la pertinence du maintien se fait selon des
critères prédéfinis. En l’absence de ceux-ci la pertinence est réévaluée par un expert
médical ». La pertinence du CVP peut donc être jugée soit selon les critères des référentiels,
soit selon l’avis d’un expert.
Dans cet audit régional, 19% des cathéters étaient évitables. La proportion la plus importante
de non-pertinence par type de cathéters revenait aux CVP : près d’un quart des CVP (24%)
étaient jugés évitables. En dehors des CVP, la quasi-totalité des autres types de cathéters
étaient considérés pertinents.
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Dans notre étude, le maintien du CVP a été évalué comme non-pertinent pour environ la
moitié des patients (45%). Le relais par voie orale des thérapeutiques était estimé possible
dans 19 cas sur 27.
Eve Kammer rapporte des résultats similaires dans son travail de thèse : 44% des 318
patients de son étude étaient porteurs d’un CVP jugé inutile (53).
Les principales raisons pour lesquelles un CVP était en place étaient l’hydratation et
l’administration de thérapeutiques intra-veineuses. L’indication n’était pas toujours retrouvée,
et les autres motifs étaient minoritaires.
De la même façon, dans une étude française sur 380 CVP, 72% étaient utilisés pour un
traitement par voie IV, 24% servaient de « garde-veine » (12% depuis plus de 24 heures, et
12% depuis moins de 24 heures), et 10% étaient utilisés pour une réhydratation seule (54).
Lorsque la justification du CVP était l’administration de thérapeutiques IV, celles-ci étaient
surtout des solutés de réhydratation et des antibiotiques. Le CPIAS Occitanie retrouve des
résultats similaires.
Dans le cas où l’hydratation était la seule indication, notre travail n’a pas fait la différence
entre les solutés utilisés comme « gardes-veines » et l’hydratation IV thérapeutique. Or les
solutés visant à conserver la voie d'abord (couramment appelés « garde-veine ») ne sont
pas considérés comme étant une indication médicale clairement établie, et n'entrent donc
pas dans la définition de thérapeutiques intra-veineuse. Il aurait été intéressant de faire la
différence entre les deux lors du recueil de données.
On constate que lorsque l’indication du CVP est l’hydratation, celle-ci est dans la majorité
des cas possible per os. Cela remet en cause la pertinence du CVP, en dehors des cas
particuliers où l’hydratation par voie orale est insuffisante.
De la même manière, lorsque la justification du CVP était l’administration de thérapeutiques
IV, la prise per os paraissait possible dans la plupart des cas.
Même en prenant en compte ces éléments qui mettent en lumière la difficulté d’une
évaluation objective de l’utilité d’un CVP, il apparait quand même que les CVP sont trop
souvent laissés en place sans indication valable.
Afin de limiter le risque de complications, notamment infectieuses, un CVP qui n’est plus
nécessaire doit être retiré. Cependant, cela n’est pas toujours fait en pratique.
Le retrait précoce du CVP présente pourtant plusieurs avantages :
• Concernant les complications et leurs coûts, le retrait du CVP permet de limiter le
développement d’infections et de complications (thromboses, veinite...) et génère
moins de gêne et d’inconfort pour le patient. La survenue d’une bactériémie liée au
cathéter rajouterait 22 jours à la durée totale d’hospitalisation et serait responsable
d’un surcout de 56 000 dollars sur le coût total d’hospitalisation, selon une étude
américaine prospective de 260 patients (55).
• Du point de vue pharmaco-économique, la voie orale est considérée comme la voie
d’administration la moins onéreuse (56). Le relais de la voie intraveineuse vers la
voie orale permet d’éviter des surcoûts liés au traitement IV lui-même (les
thérapeutiques par voie orales sont généralement moins onéreuses que les
médicaments injectables) et ceux liés à l’administration. En effet, l’administration IV
requiert plus de matériel (cathéter, ligne veineuse, soluté de perfusion, matériel de
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reconstitution du médicament…) et de temps infirmier (préparation, pose du CVP,
soins et surveillance, ablation…). Aux Etats-Unis, le coût estimé pour l’administration
d’une dose d’un médicament par voie IV est de 10 dollars en moyenne (57).
En 1994, les hôpitaux civils de Lyon ont mis en place un programme de promotion de la
prescription par voie orale sur plusieurs années. A bout de deux ans, une augmentation de
l’utilisation de la voir orale a été observée. Le programme a atteint son effet maximum quatre
ans après le début, puis une reprise des prescriptions par voie injectables a été notée. La
réactivation du programme en 2001 a permis de modifier à nouveau le comportement des
prescripteurs (58). Il est donc nécessaire de sensibiliser régulièrement les prescripteurs à
l’intérêt que représente l’administration des médicaments par voie orale dès que possible.
En local, nous avons prévus des actions de communications sur la pertinence des CVP à
destination des prescripteurs.
II.1.5.8. Forces et faiblesses de l’étude
Un atout de notre étude est son aspect prospectif.
Une autre force est son exhaustivité. Le relevé quotidien des hémocultures permettait de
recueillir des données complètes. Nous avions une vision globale de l’ensemble des
bactériémies diagnostiquées au CHU durant toute la période de l’étude. En effet, pour établir
le diagnostic d’une bactériémie, des hémocultures sont systématiquement prélevées. Ces
hémocultures sont envoyées au laboratoire de microbiologie où était fait chaque jour le
recueil de données. De ce fait, aucune bactériémie ne pouvait passer inaperçue.
Les CVP sont largement utilisés, notre étude touche donc de nombreux domaines de la
médecine actuelle. Comme nous l’avons vu, même si les CVP sont soumis à prescription
médicale, ils sont si fréquemment utilisés que leur usage est parfois banalisé. D’autre part, le
sujet de cathéters périphériques est moins abordé dans la littérature que celui du risque
infectieux lié aux CVC par exemple.
Concernant les faiblesses de cette étude, plusieurs limites sont à relever. Tout d’abord,
malgré une durée de 10 mois et 11 jours, un grand nombre de services de soins inclus et
760 hémocultures analysées, seuls 27 patients correspondaient aux critères d’inclusion. Un
effectif inférieur à 30 représente en statistiques un petit échantillon. Ce petit effectif ne nous
a pas permis d’effecteur certains tests statistiques, qui auraient pu être intéressants. Nous
avons par exemple essayé de déterminer si les complications étaient plus fréquentes chez
les patients dont la bactériémie était causée par un staphylocoque doré : les résultats se
sont avérés non significatifs. Nous aurions probablement retrouvé des résultats non
significatifs également si nous avions réalisé des tests de corrélation avec d’autres variables.
Il aurait été intéressant de prolonger l’étude afin d’obtenir un échantillon de patients plus
important, afin d’augmenter la puissance des tests statistiques.
De la même manière, les pratiques constatées chez nos 27 patients (comme le manque de
traçabilité de la pose, le relais par voie orale trop peu fréquent…) ne sont pas forcément
représentatives de l’ensemble des patients porteurs de CVP. D’autres études, incluant plus
de patients, et exemptes du biais de sélection liés à l’inclusion des patients bactériémiques
uniquement, seraient intéressantes pour confirmer ces hypothèses.
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Néanmoins, concernant la traçabilité nous savons que c’est un point faible de notre
établissement quel que soit le patient.
Le fait de prendre en compte uniquement les bactériémies à Staphylocoques constitue une
autre faiblesse. Ce choix avait été fait car il n’était pas possible avec les moyens humains
dont nous disposions de screener toutes les hémocultures, tous microorganismes
confondus. De ce fait, il est difficile de comparer aux études qui prennent en compte tous les
microorganismes.
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II.2. Audit : la pose des CVP
II.2.1. Contexte
Le Programme national d’actions de prévention des infections associées aux soins
(PROPIAS) est défini par l’instruction n°DGOS/PF2/DGS/RI1/DGCS/2015/ 202 du 15 juin
2015 (66). Un des axes présentés dans ce programme est la réduction des risques infectieux
associés aux actes invasifs tout au long du parcours de santé. Parmi les outils conseillés
figurent les audits et les EPP (Evaluation des pratiques professionnelles).
Ces outils permettent de mesurer les écarts entre les pratiques et les référentiels en vigueur,
tout en sensibilisant les professionnels à la lutte contre les infections associées aux soins.
Du point de vue du risque infectieux lié aux cathéters périphériques, la pose et la
manipulation des connectiques sont des moments critiques, où un microorganisme peut
potentiellement pénétrer dans le sang. C’est pourquoi la SF2H et la Haute autorité de santé
(HAS) préconisent d’évaluer régulièrement les pratiques des professionnels chargés de la
pose et de l’entretien des CVP (26).
C’est dans cette optique que l’équipe opérationnelle d’hygiène organise régulièrement des
audits. Le dernier en date avait été effectué en 2016, selon la méthodologie du GREPHH.
Celui présenté dans ce travail s’est déroulé sur l’ensemble de l’établissement durant le
premier semestre de l’année 2019. Il portait sur la pose et les manipulations des CVP.
II.2.2. Objectifs
Les objectifs de cet audit sont :
• D’évaluer si les recommandations d’utilisation sont mises en place en
pratique dans les services de soins ;
• De mesurer le degré de conformité aux bonnes pratiques et aux
recommandations, à l’aide de taux ;
• De mettre en évidence les points clés à améliorer.
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II.2.3. Méthodologie
L’audit s’est déroulé dans différents services de soins du CHU de Limoges. Il était basé sur
un questionnaire proposé aux professionnels de santé concernés (c’est-à-dire amenés à
poser des cathéters périphériques dans leur pratique quotidienne) au cours d’un entretien.
Les questions étaient posées directement par un membre de l’équipe opérationnelle
d’hygiène et annotées sur une fiche de recueil.
Le questionnaire a été réalisé en se basant sur le protocole de l’établissement.
Les questions concernaient :
1. la pose du CVP :
- Effectuez-vous un nettoyage/une détersion du site d’insertion avant la pose ?
- Appliquez-vous un antiseptique avant la pose ?
- Si oui, combien de passages de l’antiseptique réalisez-vous ?
- Quel antiseptique utilisez-vous ?
2. la manipulation du CVP :
- Réalisez-vous une friction désinfectante de l’embout du cathéter avant toute
manipulation (connexion, déconnexion…) ?
- Manipulez-vous les connectiques avec des compresses imbibées
d’antiseptique alcoolique/ de l’alcool à 70° ?
Pour la question « Quel antiseptique utilisez-vous ? », plusieurs réponses d’une même
personne étaient acceptées.
La conformité ou non des résultats était évaluée en s’appuyant sur le protocole de
l’établissement (Annexe 4) et le guide « Prévention des infections liées aux cathéters
périphériques » élaboré par la SF2H (mai 2019)(10).
Des taux de conformités par rapport au protocole de l’établissement ont été calculés pour :
- La préparation cutanée du site d’insertion : pour être jugée conforme, la
préparation cutanée devait associer une phase de détersion ET au moins un
passage d’antiseptique alcoolique OU deux passages de Biseptine® (le
premier étant considéré comme une phase de nettoyage).
- Les manipulations de la ligne veineuse : était conforme l’association d’une
friction antiseptique de l’embout du CVP avant manipulation ET l’utilisation de
compresses stériles imprégnées d’alcool à 70° ou d’antiseptique alcoolique
lors des manipulations
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II.2.4. Résultats
Au total, 23 services de soins ont été audités :
• 2 services de chirurgie
• 11 services de médecine
• 2 services de SSR, 3 services de SSR gériatriques
• 5 unités de soins de longue durée (USLD).
Le personnel audité était composé 78 professionnels de santé : 72 infirmiers (92,3%), cinq
étudiants infirmiers (6,4%), et un étudiant manipulateur radio (1,3%).
1. Résultats concernant la pose du CVP :
a. Détersion/nettoyage avant la pose : 49 personnes sur les 78 effectuent une détersion, soit
deux tiers des effectifs.
Figure 14 : Réalisation ou non d'une détersion
b. Application d’un antiseptique avant la pose :
Tableau 10 : Application d'un antiseptique lors de la préparation cutanée
Application d’un antiseptique
oui inconnu
75 (96,2%) 3 (3,8%)
4963%
2937% oui
non
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c. Nombre de passage de l’antiseptique :
Tableau 11 : Nombre de passage d'antiseptique lors de la préparation cutanée
Nombre de passage d’antiseptique
1 passage 2 passages Inconnu
23 52 3
Figure 15 : Répartition du nombre d'application d'antiseptique
d. Antiseptique :
Tableau 12 : Répartition des antiseptiques utilisés lors de la préparation cutanée
Antiseptique utilisé
Povidone iodée en solution aqueuse
(Bétadine dermique®)
Povidone iodée % en solution alcoolique
(Bétadine alcoolique®)
Alcool seul 70%
Biseptine ® Chlorhexidine alcoolique
0,5% ou 2%
3
(3,6%)
27
(32,5%)
18
(21,7%)
35
(42,1%)
0
NB : Le total n’est pas égal à 78 car plusieurs réponses d’un même professionnel étaient
acceptées.
1 passage(23); 29%
2 passages(52); 67%
non renseigné(3); 4%
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Le taux d’utilisation des antiseptiques préconisés dans le protocole de l’établissement
(Povidone iodée alcoolique ou Biseptine® ou Chlorhexidine alcoolique) est de 74,7%.
Figure 16 : Antiseptique utilisé
2. Résultats concernant la manipulation du CVP :
a.Friction désinfectante de l’embout du cathéter avant manipulation
40 des 78 professionnels interrogés réalisent une désinfection par friction de l’embout du
CVP contre 38 qui n’en effectuent pas.
Figure 17 : Friction désinfectante de l’embout
35
27
18
3
Biseptine
Bétadine Alcoolique
Alcool Modifié
Bétadine dermique
oui51%
non49%
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b. Manipulation des connectiques avec des compresses stériles imprégnées d’antiseptique
alcoolique ou d’alcool à 70°.
Figure 18 : Manipulation avec compresses stériles imprégnées d’alcool à 70° ou d’antiseptique
alcoolique
Parmi les personnes interrogées, 44 ont l’habitude de manipuler les connections (robinets,
bouchons..) avec des compresses imprégnées d’antiseptique alcoolique ou d’alcool à 70°,
tandis que 34 ont répondu non à cette question.
3. Conformité au protocole
Concernant la préparation cutanée du site d’insertion, le protocole était respecté dans 53%
des cas.
Tableau 13 : Conformité de la préparation cutanée
Mode opératoire choisi Nombre de personnes
Biseptine 2 passages 29
Nettoyage + Au moins un passage de povidone iodée alcoolique
12
Nettoyage + Au moins un passage de chlorhexdine alcoolique
0
TOTAL 41
Pour la manipulation des connectiques, les pratiques étaient jugées conformes pour 37% du
personnel interrogé (29 personnes sur 78).
oui56%
non44%
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II.2.5. Discussion
Professionnels audités
Le personnel audité était majoritairement composé de professionnels diplômés, les étudiants
ne représentant que 6 personnes sur 78.
Les infirmiers représentaient les personnels les plus évalués (92,3%). Les autres catégories
professionnelles pouvant être amenées à poser un CVP (manipulateurs en radiologie,
sages-femmes, médecins…) ont été moins voire pas évaluées, en raison du nombre plus
faible en proportion de ces personnels au CHU et une moindre fréquence de pose de CVP.
Méthodologie
Concernant la méthodologie, nous avons évalués les pratiques en interrogeant le personnel,
ce qui correspond à un audit des pratiques déclarées. L’interrogatoire direct est une méthode
qui permet de mettre la personne auditée en confiance et ainsi d’obtenir une réponse
honnête. Nous n’avons pas observé de pose de CVP (observation directe des pratiques).
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour ce type d’EPP : observation directe des
pratiques, auto-questionnaire, interrogation des opérateurs...
Ces différentes méthodes possèdent chacune des avantages et des inconvénients. La
méthode d’auto-évaluation peut entraîner une surévaluation des résultats, mais elle est
reconnue pour son action pédagogique plus forte. Elle est efficace pour améliorer la
connaissance des recommandations de bonnes pratiques par les professionnels (67).
L’observation directe par un auditeur permet de recueillir des données plus fiables et
objectives. Mais cette méthode demande plus de temps et de moyens, car elle dépend du
nombre d’auditeurs disponibles. De plus, elle dépend de la fréquence de pose de ces
dispositifs (variable selon les services de soins et le type d’établissement).
Détersion
Au total, 49 soignants sur les 78 interrogés, soit 63%, effectuent une détersion.
A titre comparatif, un audit sur la pose et les manipulations des CVP a été coordonné par le
CCLIN Sud-Ouest en 2010 dans 166 établissements de santé (67). 8 843 poses de
cathéters périphériques ont été évaluées. Les recommandations en vigueur en 2010 étaient
celles de la SF2H 2005 (2) qui préconisaient une préparation cutanée en quatre temps. Ces
dernières ont évolué : dorénavant, la phase de détersion n’est plus obligatoire. Dans les
recommandations de 2016, la SF2H préconise de réaliser une détersion (aussi appelé
« nettoyage ») avant un acte invasif uniquement en cas de souillure visible de la peau (68).
Dans cet audit de 2010, une détersion était effectuée dans 58 ,5% des poses (67).
Ces audits régionaux, pilotés par les différents CCLIN, ont été analysés au niveau national
par le GREPHH. Au total, 920 établissements, publics et privés, ont participés, soit environ
un tiers des établissements de santé français (47).
La détersion était effectuée dans 46% des poses de CVP (47). Dans notre établissement,
plus de la moitié des professionnels réalise une détersion. Ce chiffre est comparable, voire
plus élevé que les résultats nationaux.
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Ces données datent de 2010, où la phase de détersion était encore recommandée. Les
chiffres de notre établissement datent du premier semestre 2019. Le protocole de notre
établissement recommandait encore la réalisation d’une phase de détersion, ce qui explique
la proportion assez élevée de professionnels réalisant une détersion.
L’EOHH du CHU de Limoges a également réalisé un audit selon la méthodologie du
GREPHH en 2016, avec 156 personnes auditées. La détersion était alors faite par 52% des
professionnels, soit un taux moins haut qu’en 2019.
Antisepsie et nombre d’application
Sur 78 personnes, 75 appliquent un antiseptique avant la pose (réponse inconnue pour les 3
restantes). La très grande majorité (96,2%) du personnel interrogé utilise donc un
antiseptique.
La SF2H recommande au moins un passage de l’antiseptique. Le nombre d’application (un
seul ou deux passages) reste une question non résolue actuellement (10).
Concernant la conformité au protocole, au moins un passage est préconisé. Cette
préconisation est respectée puisque 29% réalisent un passage, et 67% deux passages, soit
96% au total (avec les 4% restants correspondant à des réponses non renseignées).
En pratique, on remarque que le nombre de passage dépend souvent de si l’opérateur
effectue une détersion ou non. La première application est parfois faite avec un « rôle de
détersion », particulièrement lorsque la Biseptine® est utilisée. Les opérateurs choisissant la
Biseptine® réalisent deux passages dans 83% dans cas.
Choix de l’antiseptique
D’après la SF2H, avant un acte invasif de la peau saine, comme la pose d’un CVP,
l’antiseptique utilisé doit être un antiseptique en solution alcoolique, et non en solution
aqueuse (68).
Les principaux antiseptiques alcooliques sont la chlorhexidine alcoolique et la povidone
iodée (Bétadine® alcoolique).
La majorité des études sur la pose des CVP et les recommandations internationales
(anglaises, australiennes, canadiennes et espagnoles) privilégient la chlorhexidine alcoolique
(24,69–71). Du point de vue de l’action antiseptique, il n’est pas possible actuellement de
trancher entre la chlorhexidine alcoolique 0,5% et la 2% (10). Néanmoins, d’un point de vue
réglementaire, les spécialités à base de chlorhexidine 0,5% possèdent une AMM
(Autorisation de Mise sur le Marché), ce qui n’est pas le cas pour la chlorhexidine 2%. La
chlorhexidine 2% a le statut de biocide, et non de médicament comme celle à 0,5%. Lors du
déroulement de l’audit, la chlorhexidine 2% n’était pas référencée dans l’établissement.
Une des particularités de notre établissement est la forte utilisation de la Biseptine® : 42%,
contre 12% pour l’audit du GREPHH de 2010 (47).
La Biseptine® est un antiseptique utilisé presque exclusivement en France. Elle est
composée de chlorhexidine à 0,25%, d’alcool benzylique à 4% et chlorure de benzalkonium.
Dans l’audit de 2010, elle était considérée comme un antiseptique faiblement alcoolisé, et,
bien qu’elle ait été alors incluse dans la catégorie antiseptique alcoolique, sa place faisait
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déjà débat. Elle n’est aujourd’hui plus considérée comme un antiseptique alcoolique, en
raison de sa concentration en alcool insuffisante (68). En effet, d’après les dernières
recommandations, le taux d’alcool d’un antiseptique alcoolique doit être d’au moins 70%
(10,20). Toutefois, l’utilisation de Biseptine® est autorisée dans le protocole de notre
établissement et reste un antiseptique de choix en pédiatrie.
D’après le protocole de l’établissement (voir Annexe 4), il est possible d’effectuer la
préparation cutanée avec deux applications de Biseptine®, la première application étant
considérée comme la phase de détersion. En effet, le chlorure de benzalkonium confère des
propriétés légèrement détergentes à la Biseptine® (72). Il est plus simple et plus rapide
d’utiliser ce produit au lieu de deux produits différents (un pour la détersion et un pour
l’antisepsie). Cela peut expliquer l’utilisation très fréquente de la Biseptine® par rapport à la
chlorhexidine alcoolique et à la povidone iodée.
La chlorhexidine alcoolique est peu répandue : aucun des soignants interrogés ne l’utilisent.
La povidone iodée aqueuse et l’alcool seul ne font pas partie des antiseptiques alcooliques.
De plus, ils ne sont pas mentionnés dans le protocole. Leurs taux d’utilisation (3,6% pour la
Povidone iodée aqueuse et 21,7% pour l’alcool seul) sont donc trop élevés.
Concernant la povidone iodée en solution alcoolique, elle se situait en première position des
produits utilisés pour l’antisepsie dans l’audit national de 2010 (50%), et en seconde position
dans notre CHU (32,5%).
Tableau 14 : Comparatif des antiseptiques utilisés au niveau local et national
Classement des antiseptiques
utilisés
Audit national GREPHH 2010 Audit CHU Limoges 2019
1 Povidone iodée alcoolique (50%) Biseptine® (42%)
2 Povidone iodée aqueuse (18%) Povidone iodée alcoolique (32%)
3 Biseptine® (12%) Alcool à 70° (22%)
4 Chlorhexidine alcoolique (10%) Povidone iodée aqueuse (4%)
5 Alcool à 70° (6%)
Les résultats nationaux de 2010 montrent que la phase d’antisepsie était réalisée avec un
antiseptique alcoolique dans 72% des cas, contre 32,5% dans notre audit. La définition
d’antiseptique alcoolique doit être précisée. En effet, dans l’audit de 2010, la Biseptine® est
prise en compte dans cette définition (comme étant un antiseptique « faiblement alcoolisé »).
Si l’on inclut la Biseptine®, ce taux monte 74,7% pour nos résultats, ce qui est semblable
aux 72%. En revanche, en excluant la Biseptine®, nous sommes à 32,5% d’utilisation
d’antiseptique alcoolique contre 60% au niveau national, ce qui parait insuffisant.
Les résultats étaient similaires dans l’audit local de 2016 : 73% d’utilisation d’antiseptiques
alcooliques, la Biseptine® étant incluse. En revanche, la Povidone iodée était alors plus
répandue que la Biseptine® (respectivement 54 poses contre 36 sur 129).
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Une enquête de l’hôpital Bichat – Claude Bernard confirme l’utilisation majoritaire de la
povidone iodée : sur cinq enquêtes, de 2004 à 2011, sur 80 à 140 personnes par an, son
taux d’utilisation pour la pose d’un CVP s’élevait à 70% environ en 2004 et jusqu’à 90% en
2011 (49).
Toutefois, les pratiques sont variables d’un établissement à l’autre : une étude sur 318 poses
de CVP aux urgences du CHU de Bordeaux rapporte des résultats proches des nôtres. La
Biseptine était l’antiseptique le plus utilisé, avec 50,9% des poses (53).
Concernant la conformité au protocole : le taux d’utilisation des antiseptiques préconisés
dans le protocole de l’établissement (Povidone iodée alcoolique ou Biseptine® ou
Chlorhexidine alcoolique) est de 74,7%. Ce résultat est plutôt satisfaisant, mais il faudrait
diminuer l’utilisation de Povidone iodée aqueuse et d’alcool à 70°. Ces antiseptiques ne
doivent plus être utilisés pour l’antisepsie de la peau saine avant un acte invasif.
Concernant la préparation cutanée du site d’insertion, le protocole était respecté dans 53%
des cas, ce qui est trop peu. La conformité de la préparation cutanée évaluée au niveau
national en 2010 est des 28%, ce qui est encore plus faible que nos résultats. Cependant,
cet audit prenait en compte plus de paramètres (par exemple le respect du temps de
séchage après le nettoyage) dans le calcul de la conformité que nous.
Manipulations
Les résultats de l’audit du GREPHH de 2010, la désinfection du site d’injection est respectée
dans 61% des cas. Dans notre audit, seulement une personne sur deux affirme effectuer
cette désinfection (51%).
La manipulation des connectiques avec des compresses stériles imprégnées d’antiseptique
alcoolique ou d’alcool à70° est réalisée par 56% du personnel interrogé.
Concernant le choix de l’antiseptiques pour la manipulation des connectiques, l’audit de
2010 encourageait à privilégier les antiseptiques alcooliques, en s’appuyant sur les
recommandations alors en vigueur de 2007 de la HAS (73) et de 2010 de la SF2H (26) qui
préconisaient l’usage d’antiseptiques alcooliques. Depuis, la SF2H met en avant l’efficacité
de l’alcool à 70° sur les surfaces inertes. De plus, son usage permet d’épargner la
chlorhexidine et la povidone iodée. La SF2H ajoute que « l’efficacité de la chlorhexidine
alcoolique ou de la povidone iodée alcoolique sur l’alcool à 70° pour la désinfection des
embouts et robinets n’est actuellement pas prouvée ». Dans les recommandations de 2019,
c’est donc l’alcool à 70° qui doit être utilisé prioritairement (10).
Concernant la conformité au protocole : le taux de personnel réalisant une friction et
utilisant des compresses stériles imprégnées pour manipuler les connectiques est de 37%,
ce qui est plus bas que les résultats de l’audit national : 51% de conformité (47). Cette
dernière était estimée en prenant en compte plus de critères que nous : l’hygiène des mains
et l’obturation du site d’injection avec du matériel stérile étaient compris dans le calcul.
Les bonnes pratiques de manipulation du matériel ne sont pas assez respectées dans notre
établissement. Il est probable que celles-ci soient perçues comme contraignantes, entrainant
une faible adhésion des soignants à la procédure.
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Une piste d’amélioration serait de sensibiliser les opérateurs en rappelant le sens de ces
actions : les manipulations avec des compresses stériles ont pour but de ne pas contaminer
les différents éléments autour du site d’injection.
Quant à l’utilisation d’antiseptiques au niveau de l’embout, surtout dans le cas des systèmes
sans bouchons tels que les valves bidirectionnelles, l’objectif est de d’éliminer les micro-
organismes pouvant être présents avant d’injecter un produit stérile dans la circulation
sanguine du patient.
Conclusion
Des points positifs ressortent de cet audit :
- Quasiment la totalité des professionnels interrogés utilisent un antiseptique
pour la préparation cutanée, et réalisent au moins un passage.
- Dans trois quarts des cas, l’antisepsie est effectuée avec un des antiseptiques
préconisés dans le protocole de l’établissement (74,7%)
Aves les nouvelles recommandations de la SF2H de mai 2019, le protocole pourrait être
actualisé pour la phase de nettoyage (recommandée uniquement en cas de souillure visible
de la peau) (10).
Les résultats soulèvent des interrogations :
- Quelle est la place de la Biseptine® : doit-on la laisser dans le protocole au vu
des recommandations qui ne la considèrent pas comme un antiseptique
alcoolique ? Elle présente des avantages non négligeables, comme une
action détergente et une utilisation possible en pédiatrie (chez les prématurés,
nouveau-nés et enfants de plus d’un mois) (74).
- La faible utilisation de la chlorhexidine. Quels sont les freins au
développement de son utilisation ? Une explication serait que dans le
protocole, l’antisepsie par chlorhexidine est associée à une phase de
nettoyage par du savon doux.
De plus, les résultats de cet audit montrent un décalage entre les pratiques et le protocole :
- Pour la phase de nettoyage, réalisée par 63% du personnel interrogé.
- Pour les conformités concernant la préparation cutanée avant la pose et les
manipulations des connections, de respectivement 53% et 37%.
Par ailleurs, certains points n’ont pas été évalués : hygiène des mains avant la pose, port de
gants, respect du temps de séchage de l’antiseptique, remplacement de tout bouchon
déconnecté par un bouchon stérile…
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Conclusion et perspectives
Les infections nosocomiales représentent aujourd’hui un enjeu économique et humain
majeur pour les professionnels de la santé. Actuellement, les bactériémies associées aux
cathéters vasculaires sont les infections nosocomiales les plus graves en terme de mortalité,
et les plus couteuses (36).
Bien que les BLCVP aient une incidence plus faible que les bactériémies associées aux
cathéters centraux, elles seraient proches en nombre absolu (75). Avec au moins 70% des
patients exposés au cours de leur hospitalisation à un CVP (75), il est crucial de surveiller le
risque infectieux lié à ces dispositifs médicaux. La surveillance de ces infections permet
d’analyser leur apparition, de suivre leur évolution et d’identifier des points d’amélioration.
Notre système de surveillance nous a permis d’être exhaustif des BLCVP à Staphylococcus
spp, mais il est trop chronophage pour être poursuivi. Une surveillance régulière ou
ponctuelle, comme celle proposée par la mission SPIADI qui se déroule pendant trois mois
tous les ans, pourrait être une alternative. De plus, l’EOHH est actuellement en cours
d’acquisition d’un logiciel permettant la réalisation d’une surveillance en continu et en temps
réel des IAS. Ce logiciel récupère les données de bactériologie et les données du DPI. Cela
pourrait permettre une surveillance exhaustive des BLCVP à la condition qu’un important
travail soit fait par les services de soins sur la traçabilité de la date de pose et de retrait des
CVP. Les données de densité d’incidence pourraient alors être suivies au jour le jour.
La combinaison de la surveillance et de l’évaluation des pratiques nous a permis de faire un
état des lieux du risque infectieux lié à ces dispositifs, et d’identifier des axes d’amélioration.
Notamment la traçabilité, la pertinence de la voie veineuse et les pratiques hétérogènes de
pose et de manipulation.
Outre le risque infectieux inhérent à l’utilisation d’un CVP, celui-ci engendre de la douleur et
de l’inconfort pour le patient. De plus, la pose et l’entretien d’un CVP ont un coût en termes
de matériel et de temps pour le personnel soignant. Bien évaluer la balance bénéfice-risque
lors de la décision de la pose, effectuer un relais par voie orale des thérapeutiques le plus
rapidement possible et réévaluer régulièrement le maintien du CVP sont des axes majeurs
de bonnes pratiques pour lutter contre la banalisation de ces dispositifs médicaux.
Les écarts aux recommandations identifiés nécessitent une réflexion sur les freins et
obstacles à leur application et sur les possibilités d’amélioration en pratique courante.
Actuellement, la mise en place d’une stratégie multimodale accompagnée de « bundles »
montre des résultats encourageants.
Un « bundle » désigne un petit ensemble de pratiques, généralement trois à cinq, simples et
cohérentes, fondées sur des preuves scientifiques solides et qui, lorsqu’elles sont appliquées
ensemble et d’une manière fiable, ont montré leur efficacité sur la prise en charge des
patients (76).
Une stratégie multimodale comprend : une surveillance du paramètre étudié, la diffusion de
mesures de prévention en accord avec les recommandations, des actions de sensibilisation
et de formation du personnel concerné, des évaluations des pratiques (audits, EPP..), ainsi
que la restitution des résultats (77).
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D’abord mis en place avec succès pour les CVC, ce type de méthode se développe pour les
CVP. Plusieurs auteurs rapportent une efficacité sur les BLCVP (54,78–82). Dans une revue
de la littérature de 2019, Ray-Barruel a évalué l’impact de ces bundles sur les complications
causées par des CVP. Sur les 13 études analysées, 12 montrent une réduction des taux de
phlébites et de bactériémies (83). Saliba et al démontrent même un impact majeur sur le
taux de BLCVP à SA et la mortalité associée (82).
Un exemple de bundle appliqué aux CVP nous est donné par Garcia-Gasalla et al.
Le « bundle » mis en place dans leur établissement regroupait six mesures simples autour
CVP, telles que la friction du site d’injection avec un antiseptique, l’inspection régulière du
site d’insertion du cathéter, le retrait des CVP inutiles…(81)
L’équipe de prévention et de contrôle des infections de l’hôpital Connolly de Dublin a mené
une campagne similaire, avec une observance à 81 % du bundle par les soignants, ce qui a
permis une baisse significative des BLCVP à SA (79).
Comme nous, Lolom et al. ont associé une surveillance des BLCVP et un audit des pratiques
de pose et d’entretien. Leur programme de prévention des ILC comportait également des
audits sur la durée de maintien des CVP, ainsi que des enquêtes d’incidence et des facteurs
de risque de colonisation, plus des formations ciblées des équipes soignantes. Leur travail
montre qu’il est possible d’obtenir des bons résultats en agissant de manière multimodale et
continue sur dix ans (54).
Par rapport à ces programmes de prévention multimodaux, nous n’avons effectué que la
partie surveillance et audit de pratiques. Il est prévu de poursuive ce travail par la révision du
protocole de pose et d’entretien des CVP, la mise en place d’une stratégie de
communication sur la pertinence, et des démarches de sensibilisation sur la banalisation des
CVP. Une évaluation des pratiques sera de nouveau réalisée en 2022 pour évaluer
l’efficacité de ces actions.
Au total, pour limiter ces infections évitables, il convient de surveiller leur incidence et de
mettre en place des mesures qui ont fait la preuve de leur efficacité en s’assurant de leur
application au quotidien.
Claire VELLA | Thèse d’exercice | Université de Limoges | 2021 70
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Annexes
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Annexe 1. Bactériémies liées aux CVP : grille de recueil de données
Grille de recueil de données Etude sur les cathéters veineux périphérique (CVP)
Numéro de fiche : Date de recueil :
PATIENT : Nom : Prénom :
Date de naissance :
Date d’hospitalisation :
Service actuel :
Services antérieurs :
Comorbidités : - autre infection en cours préciser : - chirurgie récente - Immunodépression (préciser : VIH, IS, cancer..) : Voie d’abord centrale : - oui - non
Antibiothérapie en cours : - oui préciser : - non
Médicament veinotoxique sur le CVP : - oui préciser : - non
POSE DU CATHETER VEINEUX PERIPHERIQUE
Traçabilité de la pose du CVP dans le dossier du patient :
-oui -non
Service de pose du CVP :
Date de pose :
Nombre de CVP depuis l’entrée :
Site d’insertion : - dos de la main - avant -bras - bras
- pli du coude - autre (préciser) :
plusieurs VVP ?
Modalités de pose :
●Catégorie professionnelle :
- Manipulateur en radiologie - Infirmier -Infirmier spécialisé
- Sage-femme - Médecin ou interne - Etudiant (préciser) :
● Nettoyage/détersion du site d’application : -oui -non
●Application d’un antiseptique : -oui -non
→Si oui : un seul passage deux passages
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●Antiseptique utilisé :
Bétadine dermique Bétadine alcoolique Alcool modifié 70°
Chlorhexidine alcoolique Biseptine Autre
(préciser) :
●Pansement transparent : -oui -non
Forme du pansement : -carré -en U
INDICATIONS ET TRAITEMENTS
Indication initiale du CVP :
- voie per os impossible - antibiothérapie IV - hydratation / remplissage
- nutrition - anticoagulation - autre (préciser) :
Indication du maintien :
-voie per os impossible - antibiothérapie IV
- traitement IV (préciser) :
Relai per os des traitements administrés sur le cathéter :
- impossible - possible (si oui pour quel traitement) :
Pertinence du maintien du cathéter : -oui -non
SEPSIS
Hémoculture :
-Date de prélèvement de l’hémoculture :
-Indication de l’hémoculture :
- Date de positivité d’hémoculture :
KT mis en culture : - oui - non
→Si oui : résultats :
Signes cliniques :
-fièvre : - oui (préciser la température) : - non
-signes locaux KT: - non - oui : - inflammation
- pus
-autre point d’appel/étiologie possible : - non - oui
Complications : - oui - non
Si oui préciser :
Traitement entrepris : - oui - non
Si oui : - Antibiothérapie : - non - oui (préciser) :
-Mesures locales : - non - oui (préciser) :
CVP retiré : - oui - non
→Si CVP retiré, date de retrait :
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Annexe 2. Bactériémies liées aux CVP : données recueillies
Caractéristiques des patients
Bactériémie liée au CVP possible (n
= 8)
Bactériémie liée au CVP probable
(n= 6)
Bactériémie liée au CVP confirmée
(n = 13)
Non retrouvé
Total (n = 27)
Âge moyen (en années) 80,3 80,3 77,9 79,1
Femmes 3 4 2 9
Hommes 5 2 11 18
Service où la pose a été effectuée :
Service d'urgences adultes 2 0 4 9
6
Service d'hospitalisation 4 3 5 12
Autre(s) infection(s) en cours (oui) 6 3 2 11
Chirurgie récente (oui) 3 2 2 7
Immunodépression 5 4 5 14
Antibiothérapie en cours 4 2 4 10
Mdc veinotoxique sur le CVP 1 1 3 5
Score de Charlson < 4 1 1 1 3
Score de Charlson ≥ 4 7 5 12 24
Traçabilité de la pose 3 0 2 3 5
Traçabilité de la surveillance 6 3 8 17
Plus de 1 CVP depuis l'admission 2 2 5 9
Site d'insertion : avant-bras 5 6 11 3 25
Site d'insertion : dos de la main 2 0 0 2
Plusieurs CVP 1 0 1 2
Relais par voie orale possible 3 6 10 19
Pertinence du maintien 5 1 9 15
CVP mis en culture 0 0 1 1
Délai entre l'admission et l'apparition de la bactériémie (en jours) 11,3 14,6 8 10,5
Signes locaux 0 6 12 18
Autre(s) point(s) d'appel 3 6 0 9
Complications 2 1 5 8
Antibiothérapie à la suite de la bactériémie 8 5 10 23
CVP retiré 5 5 12 22
Bactérie responsable de la bactériémie
SA 8 5 6 19
Non SA 0 1 7 8
Bactérie résistante 3 0 3 6
Bactérie sensible 5 6 10 21
Décès à 1 mois 3 3 1 7
Décès à 3 mois 3 4 4 11
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Annexe 3 : Score de Charlson
Total Probabilité de survie à 10 ans
0 99%
1 96%
2 90%
3 77%
4 53%
5 21%
6 2%
>6 0%
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Annexe 4 : Protocole de pose et de gestion des CVP
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Serment De Galien
Je jure en présence de mes Maîtres de la Faculté et de mes condisciples :
- d’honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes de mon art et de leur témoigner ma
reconnaissance en restant fidèle à leur enseignement ;
- d’exercer, dans l’intérêt de la santé publique, ma profession avec conscience et de
respecter non seulement la législation en vigueur, mais aussi les règles de l’honneur, de la
probité et du désintéressement ;
- de ne jamais oublier ma responsabilité, mes devoirs envers le malade et sa dignité
humaine, de respecter le secret professionnel.
En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances et mon état pour corrompre les
mœurs et favoriser les actes criminels.
Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses.
Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères, si j’y manque.
Risque infectieux associé aux cathéters veineux périphériques : mise en place d’une stratégie de surveillance et d’amélioration des pratiques dans un CHU
Objectif : évaluer les risque infectieux associé aux cathéters veineux périphériques (CVP)
dans notre établissement, et mettre en évidence des axes d’amélioration pour diminuer le
nombre d’infections liées aux CVP. Matériel et méthode : une étude prospective
observationnelle de surveillance des bactériémies liées aux CVP (BLCVP) à Staphylococcus
spp. et un audit des pratiques professionnelles de pose et de manipulation des CVP.
Résultats : concernant la surveillance, 27 patients ont été inclus et classés en cas possibles,
probables et confirmés, permettant d’estimer une densité d’incidence comprise entre 0,37
(tous les cas compris) et 0,18 (cas confirmés) pour 1 000 jours de CVP. L’incidence des
BLCVP à S. aureus était comprise entre 0,26 (tous les cas) et 0,08 (cas confirmés). 15 CVP
sur 27 ont été jugés pertinents. La pose était tracée chez 5 patients et la surveillance chez
19 patients. Concernant l’audit : le taux de conformité au protocole de l’établissement est de
53% pour la préparation cutanée du site d’insertion, et de 37% pour les manipulations des
connectiques. L’antisepsie cutanée est réalisée avec un antiseptique préconisé dans le
protocole dans 75% des cas, en grande majorité la Biseptine®. Conclusion : nos résultats
soulignent une banalisation des CVP et mettent en évidence des points critiques sur lesquels
agir pour réduire le risque infectieux lié à ces dispositifs invasifs.
Mots-clés : Prévention des infections associées aux soins, cathéter veineux périphérique, bactériémies, audit des pratiques professionnelles
Infectious risk associated with peripheral venous catheters : implementation of a strategy for monitoring and improving practices in a university hospital.
Objective: To better understand the risk of bloodstream infections related to peripheral venous catheters (PVC-BSI). Design: We conducted an incidence study of PVC-BSI caused by Staphylococcus spp and an audit of peripheral venous catheter (PVC) insertion and maintenance practices. Results: 27 cases of PVC-BSI caused by Staphylococcus spp. were reported, ranked into possible, probable, and confirmed cases (respectively 8, 6 and 13 cases). The estimated incidence density of PVC-BSI was between 0.37 (all cases included) and 0.18 (confirmed cases only) per 1,000 PVC-days, and between 0.26 and 0.08 for Staphylococcus aureus BSI. Nine (33%) patients encountered complications. Eleven (41%) patients died within 3 months after BSI diagnosis. 12 PVC were irrelevant. PCV insertion and daily monitoring were recorded in medical files for 5 and 19 patients, respectively. For skin antisepsis of PVC insertion site, rate of compliance with the institution's protocol was 53%, and 37% for the handling of connectors. Regarding skin antisepsis, 75% of them were performed with an antiseptic recommended in the protocol. Conclusion: PVC associated infections are under-recognized. These results highlight critical points to act on, and the need to plan further preventive interventions.
Keywords : infection control, peripheral venous catheter, catheter-related infections, Staphylococcus infections, bloodstream infections