s o m m a i r e - fneeq · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous...

20

Upload: others

Post on 03-Aug-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse
Page 2: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

2 CaRNets, no 11 – automne 2004

S o m m a i r e

Mot du président

Le mur doit tomber !

Le 5 octobre, une vingtaine d’enseignantes et d’enseignants

d’une douzaine d’institutions du Québec étaient dans les

territoires palestiniens pour participer à une conférence inter-

nationale ayant pour thème l’Éducation, la

mondialisation et le changement social.

Cette conférence était organisée en collabo-

ration avec le groupe palestinien Te a c h e r

C reativity Center (TCC), un organisme non-

g o u v e rnemental voué à une éducation

publique, citoyenne et démocratique. La

FNEEQ a soutenu l’organisation de cette

activité qui a permis à 80 enseignantes et

enseignants palestiniens de re n c o n t rer des

délégations en provenance de plusieurs pays

du Sud et du Nord.

Ce projet a été rendu public en janvier dernier à l’occasion du

4e Forum social mondial qui s’est tenu à Mumbai. Sur l’initia-

tive de la FNEEQ, un atelier a alors permis à des re p r é s e n t a n t s

du TCC de présenter le travail d’appui au personnel

enseignant palestinien qu’il développe en vue d’offrir aux

jeunes une approche éducative basée sur une démarc h e

d é m o c r a t i q u e .

La conférence était aussi l’occasion de lancer un appel intitulé

Le Mur doit tomber!, un appel international visant à demander

aux enseignantes et aux enseignants du monde entier de

poser des gestes de sensibilisation pour faire écho à cette

demande. Dans un article du journal Le Monde du 14 septem-

bre dernier, on apprenait qu’une manifestation d’élèves s’est

tenue à Al-Ram, une cité de 60 000 personnes située entre

J é rusalem et Ramallah, aux cris de « Laissez-nous étudier ! » :

7000 élèves ne fréquenteront plus leur école habituelle, car le

mur les en empêchera.

Nous voulons ainsi contribuer au développement d’un mou-

vement international du monde enseignant mais aussi de tout

le monde solidaire de la lutte du peuple palestinien pour que

Le Mur tombe!

Ronald Camero nPrésident de la FNEEQ et participant à la confére n c e

3 Mobilisation contre les politiques dugouvernement Charest : Présents !

4 Évaluation des enseignementsDes pratiques douteuses

6 Négociation regroupée : Un défi pour les chargé-es de cours

7 COCAL VILa manière québécoise retient l’attention

9 Le réseau des cégepsJ’y tiens!

12 4e Congrès mondial de l’IELa concertation internationale indispensable

15 Solidarité internationalePour que tombe le mur israélien

17 Habilitation des collègesLa pointe de l’iceberg

19 Fneequeries

Carnets est la publication officielle de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec(FNEEQ-CSN). La FNEEQ représente plus de 23 500 membres dans les cégeps, établissements privés et universités. Au Québec,elle est l’organisation syndicale la plus représentative del’enseignement supérieur.

FNEEQ1601, avenue De Lorimier,Montréal (Québec) H2K 4M5Tél.: 514 598-2241 – Téléc.: 514 598-2190 [email protected] www.fneeq.qc.ca

Rédacteur en chef: Ronald CameronCoordination et rédaction: France DésaulniersRévision: Emmanuelle ProulxCollaborations: Marie Blais, François Cyr, France St-Amour,Caroline Senneville, Jean Trudelle, Céline Twigg

Photo de la couverture : Clément AllardCaricature : BorisGraphisme: Brunel DesignImpression: Les travailleuses et les travailleurs syndiquéesd’Impart Litho (division Trimocom) – Tirage: 11 500Dépôt légal: Bibliothèque nationale du Québec, Bibliothèque nationale du Canada

Page 3: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

CaRNets, no 11 – automne 2004 3

Présents !Alors que le gouvernement Charest tente de hausser son niveau

d’appui populaire, plusieurs organisations de mouvements sociaux et syndicaux relancent la mobilisation contre les politiques de son gouvernement.Ainsi, les 13 et 14 octobre 2004, le gouvernement organisait un forum national,

l’aboutissement d’une opération visant à plaider pour ses projets.La FNEEQ et la CSN ont refusé d’y participer afin d’exprimer le plus fortement possible leur opposition à ces politiques.

Avec le développement de la mo-bilisation sociale et syndicale,

le gouvernement de Jean Charest aappliqué à certains dossiers la poli-tique de remettre à plus tard la réa-lisation exacte de ce qu’il entendaitf a i re. Actuellement, le dossier quitémoigne le plus cette hésitation ausein du gouvernement est probable-ment celui de la centrale thermiquedu Suroît.

En éducation, la même hésitationdans le calendrier est perceptible. Lep rojet d’ord re professionnel, unepriorité du gouvernement à la suitede l’élection d’avril 2003, n’a pase n c o re d ’ é c h é a n c i e r. Par ailleurs, lesintentions réelles du ministre Reid sef o n t toujours attendre en ce quiconcerne le réseau collégial.

Jean Charest prend toutefois plaisir à répéter queson gouvernement n’a pas changé de cap. En effet,le dépôt du projet de loi 61 à l’Assemblée nationaleau printemps dernier qui concerne la constitutiond’une super-agence de traitement des projets de part e-nariats public-privé (PPP) en témoigne. Cette agenceest un pas déterminant dans la privatisation dess e rvices publics, qui, de surc roît, sera dire c t e m e n tsous la férule de la présidente du Conseil du trésor,madame Jérome-Forget. Une grosse agence de com-mandite provinciale !

De même, il maintient ses orientations concernantla révision du financement des groupes populaires,l’examen des différents programmes gouvernemen-taux et l’étude d’utilité des diff é rentes fonctionsministérielles, tout le plan de «réingénierie» quoi !

Si le gouvernement fait dans la stratégie pour cert a i n sdossiers, il démontre de façon non-équivoque que les

principaux projets demeurent tous dans les cart o n sdes ministres, prêts à être présentés le moment venu.Et compte tenu de la place de premier choix que leg o u v e rnement réserve au collégial et à l’ord re pro f e s-sionnel dans la refonte de l’État, nous ne pouvonsdonc relâcher la mobilisation contre les politiquesg o u v e rnementales dans leur ensemble.

Les prochains mois seront part i c u l i è rement impor-tants quant aux perspectives entourant le reste dumandat de Jean Charest et la lutte poursuivie par lemouvement syndical et populaire. La partie n’estpas gagnée et la faiblesse manifeste du gouvern e-ment Charest, tout comme celle du ministre Reid,critiqué de toutes parts, ne doit pas nous amener àbaisser les bras. D’ailleurs, Jean Charest a répétéqu’il ira de l’avant avec ses projets de réform e .

Il nous apparaît donc essentiel d’être présents, aucoude à coude, avec tous les autres acteurs syn-dicaux et sociaux au Québec, pour exprimer nos revendications dans la rue et sur toutes les tribunesparallèles. ▲

M O B I L I S ATION CONTRE LES POLITIQUES DU GOUVERNEMENT CHAREST

PHOTO CLÉMENT ALLARD

Page 4: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

4 CaRNets, no 11 – automne 2004

Lors d’une réunion tenue àl’automne 2003, les membres

du regroupement privé constataient une nouvelle

pratique de gestion dans leurs établissements :

celle de l’évaluation desenseignements. Bien que cette

nouvelle approche prétendeaméliorer l’enseignement, elle

soulève plutôt de nombreuxirritants auprès des ensei-

gnantes et des enseignants.

Céline TwiggDéléguée à la coordination du regroupement privé

Pour compre n d re le contextedans lequel s’articule la prati-

que actuelle d’évaluation des en-seignements, il faut associer cete x e rcice aux conditions d’accès àla profession. Trois grandes étapesm a rquent l’évolution du dro i td ’ e x e rcice d’enseigner aux niveauxp r é s c o l a i re, primaire et secondaire.

Jusqu’en 1969, l’accès à la profes-sion est direct. Au Québec, cesont les écoles normales qui dé-c e rnent le diplôme avec bre v e tp e rmanent d’enseigner. Le sou-tien aux enseignantes et aux en-seignants est alors off e rt par leservice d’inspectorat. Les rôles ded i recteur pédagogique et d’éva-luateur sont joués par un inspec-teur qui visite les instituteurs enclasse deux fois par année. Aprèschacune des observations faitesen classe, ce dernier doit signer lej o u rnal de classe et adresser aucommissaire un rapport d’évalua-tion de l’instituteur visité. Cette

fonction a existé pendant près de130 ans.

Puis, le rapport Parent re d é f i n i tl’accès à la profession. Désormais,le jeune maître doit posséder unesolide formation universitaire ,jumelée à une certaine expériencepratique acquise au cours de stages.Le brevet permanent d’enseigne-ment est accordé à la suite d’unstage probatoire effectué pendantles deux premières années d’exer-cice. Pendant cette période, lenouvel enseignant est suivi pardeux répondants. Ce système meten place un accompagnementsans soutien officiel.

Finalement, depuis 1994 une seu-le voie d’accès autorise le dro i td’enseigner. C’est celle d’une for-mation universitaire de quatreans au cours de laquelle les futurs

enseignants et enseignantes effec-tuent 700 heures de stage. Lediplôme universitaire donne dire c-tement accès au brevet perm a-nent d’enseignement. Par le faitmême, la nouvelle stru c t u re abolitla période pro b a t o i re. C’est auxcommissions scolaires que revientla responsabilité de mettre enplace des mesures pour soutenir lenouveau personnel enseig n a n t .Toutefois, très peu de directionsse sont dotées de politique pouraccueillir et accompagner les jeu-nes enseignantes et enseignants.

Ce n’est que tout récemment quec e rtaines commissions scolaire stentent de mettre en place de tellesm e s u res. Une de ces appro c h e sconsiste à élaborer un pro c e s s u sd’évaluation pour favoriser le dé-veloppement professionnel.

É VA L U A T I O N D E S E N S E I G N E M E N T S

Des pratiques doute u se s

Page 5: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

CaRNets, no 11 – automne 2004 5

État de la situation

C’est ainsi que plusieurs établisse-ments, dont les syndicats d’ensei-gnants sont membres du re g ro u-pement privé, ont élaboré cettepratique d’évaluation. Or, forc eest de constater que l’état des pra-tiques actuelles soulève des pro-blèmes majeurs.

En effet, dans la plupart des cas, ilfaut noter l’absence de politiquesc l a i res et de guide d’application.Les instruments et les procéduresd’évaluation utilisés sont plus oumoins valides. Les processus man-quent de rigueur, de transparenceet d’équité. À cela s’ajoute uneabsence de suivi, de soutien et destratégie d’amélioration de l’en-seignement. L’implantation dusystème d’évaluation repose géné-ralement sur l’initiative de l’em-ployeur qui justifie sa démarc h epar l’utilisation de son droit rési -duel, puisque les conventions col-lectives sont muettes à ce propos.

De plus, c’est souvent le directeurqui est le maître d’œuvre de l’opé-ration. C’est à lui que revient latâche d’observer l’enseignant enclasse, de le rencontrer, de distri-buer les questionnaires aux élèvesou aux parents, de compiler lesrésultats et de les analyser. Les dif-f é rentes grilles d’observation etd’analyse sont peu connues etsouvent même ignorées du corpsenseignant. L’ e n t revue est lemoyen privilégié pour évaluer :l’objet des discussions varie d’unenseignant à l’autre, laissant sou-vent place à l’improvisation dumoment.

Finalement, le but de l’évaluationsemble nébuleux. En effet, bienque plusieurs directions pédagogi-ques annoncent que l’objectif dup rocessus vise l’amélioration del’enseignement, il semble qu’au-cun établissement n’ait encoremis sur pied une quelconque for-me de suivi à l’évaluation.

Pour une participation des syndicats

Perçue comme un processus im-posé, cette nouvelle pratique de-vient objet de controverse. En pre-mier lieu, les enseignantes et lesenseignants ont souvent l’impre s-sion que les décisions et les juge-ments relèvent de la subjectivitéde la direction.

En second lieu, les finalités du pro-cessus sont ambiguës. Malgré lesprétentions à vouloir améliorer laqualité de l’enseignement de lapersonne évaluée, l’évaluation estplutôt utilisée à des fins adminis-tratives. En effet, l’absence de stra-tégie de perfectionnement laissec ro i re que les pratiques actuelless e rvent notamment à l’évaluationdu rendement des jeunes maître safin de re t i rer ou de maintenir leurpriorité d’engagement. À cet égard ,il arrive de plus en plus souventque le non-renouvellement decontrats repose sur des décisionssubjectives et arbitraire s .

Puisque depuis la nouvelle forma-tion des maîtres, le soutien auxenseignantes et aux enseignantsest une responsabilité re l e v a n tdes directions d’école et puisque

le rajeunissement des effectifs en-seignants appelle à un mouve-ment grandissant de la main-d ’ œ u v re, rien ne laisse envisagerla disparition des pratiques d’é-valuation, les unes à des fins for-matives et les autres servant à desobjectifs administratifs.

Devant une telle situation, la par-ticipation des syndicats dans l’éla-boration d’un processus d’évalua-tion et d’amélioration de l’ensei-gnement pourrait permettre l’ins-tauration d’une démarche rigou-reuse qui respecte les principesd’équité, de transparence et deconfidentialité. À cet égard, l’ex-pertise des syndicats de chargé-esde cours, membres de la fédéra-tion, est fort judicieuse et peutorienter les travaux du regroupe-ment privé. Pour mettre fin auxpratiques arbitraires actuelles, ildevient urgent pour le re g ro u p e-ment privé de faire du dossier del’évaluation des enseignementsune priorité. ▲

Une politique type d’assistanceprofessionnelle a été adoptée aucongrès de 1993 est disponiblesur le site de la FNEEQ,www.fneeq.qc.ca

Page 6: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

6 CaRNets, no 11 – automne 2004

Un défi pour les chargé-es de cours

Marie BlaisDéléguée à la coordination du regroupement université

Étant donné que l eséchéances de conven-tions s’étalent sur plusd’un an, l’arrimage desnégociations et des ac-tions dans le respect del’autonomie des syndi-cats constitue un réeld é f i . Une telle forme denégociation exige un eff o rt accrudes syndicats. La pertinence de cetype de négociation apparaît lors-que ce travail se traduit par uneamélioration très nette des condi-tions de travail des membre s .

L’étalement des échéances de con-vention sur une période de plusd’un an peut entraver la volonté dese coord o n n e r. À l’UQAM, les n é g o-ciations se terminaient, alors qu’ellescommençaient à l’Université Laval,à l’UQO et à l’UQAR. À l’UQAC et àl ’ U Q AT, les négociations débutaient6 mois plus tard tandis qu’à l’Uni-versité de Montréal, la négociatione m p runtait un mode continu. Deplus, certaines négociations se dé-roulaient plus rapidement alors qued ’ a u t res avançaient plus lentement.Afin de contrer les effets négatifs

d’un rythme si diff é rencié de négo-ciation, la coordination du re g ro u-pement a favorisé la circulation laplus rapide de l’information, en fa-vorisant notamment la tenue deplusieurs conférences téléphoniques.Ces nombreux contacts téléphoni-ques ont soudé les syndicats dans lerespect de leur autonomie.

Arrimage des actionsL’étalement des échéances de con-vention peut aussi empêcher laconcertation des actions. En effet,il s’avère difficile de planifier desactions lorsque la négociation sed é roule bien chez les uns et qued ’ a u t res observent de sérieux blo-cages à la table.

En utilisant la conjoncture politi-que, les auditions de laCommission de l’éduca-tion, nous avons pu plani-fier une série d’actions.Grâce au travail des syndi-cats locaux, les activités devisibilité, les grèves de 24h e u res et les grèves géné-rales illimitées ont été ima-ginatives et fort bien cou-v e rt e s par les médias,

créant ainsi un mouvementfavorable à nos re v e n d i c a-t i o n s .

Intérêt des négocia-tions re g ro u p é e sLa pertinence des négocia-tions re g ro u p é e s paraît indé-niable lorsque les gains desuns servent de levier p o u rles autres. Par exemple, lep rogramme de prére t r a i t eobtenu par le Syndicat des

c h a rgées et chargés de cours del’UQAM a inspiré les autres syndi-cats. L’augmentation salariale de13,5% accordée pour une périodede trois ans, que le syndicat deChicoutimi a négocié, a servi dep a r a m è t re pour les autres syndi-cats en négociation.

S o l i d a r i t éLa décision de se re g rouper et lesmoyens utilisés pour réaliser unetelle coordination favorise la soli-darité. L’ensemble des syndicats dure g roupement a participé à ce cyclede négociation. Ces appuis se sontmanifestés de diverses façons. Quece soit lors des réunions du conseilfédéral, des conférences téléphoni-ques ou des réunions du re g ro u p e-ment, par du soutien financier oue n c o re par des déplacements aumoment jugé le plus stratégiqued’une négociation. Les membres dure g roupement se sont déplacés no-tamment à l’Université Laval, àl’UQO et à l’UQAR.

Le travail et la solidarité de l’ensem-ble des syndicats du re g ro u p e m e n tont forgé le succès de ce dern i e rcycle de négociation. ▲

N É G O C I ATION REGROUPÉE 2003-2004

Depuis près de 20 ans, les syndicats de chargé-es de cours affiliés à la FNEEQ-CSN se sont concertéset ont mené des négociations regroupées. Celle de 2003-2004 se démarque par une plus grande

coordination des tables de négociation et une planification plus serrée des actions.

Signature de la convention à Rimouski.

PHOTO ALAIN CHAGNON

Page 7: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

CaRNets, no 11 – automne 2004 7

François Cyr,Vice-président

Marie Blais, Déléguée à la coordination du regroupement université

Tout comme lors des re n c o n t re sprécédentes, la sixième édition ap e rmis aux délégué-es de consta-ter que le phénomène de la préca-risation de l’enseignement supé-rieur se développe partout en

Amérique du Nord. En contrepar-tie, la résistance syndicale s’org a n i-se, comme le témoigne la progres-sion des organisations syndicalesde chargés-es de cours en Califor-nie. Autre phénomène notable, lesassistants de re c h e rc h e (et autre st i t res d’emploi connexes) sont plusde 30 000 aux États-Unis à avoirchoisi la voie syndicale pour con-t rer la grande précarité de leursconditions de travail.

Les sept membres de syndicatsaffiliés à la FNEEQ-CSN n’ont paschômé pendant ces journées dedélibérations. Plusieurs présenta-tions en atelier et en plénière onttémoigné du succès de nos luttes.De façon fort dynamique, une col-lègue de l’Outaouais et une autrede l’Université Laval ont racontéleurs grèves. Leurs exposés ont étéfort remarqués.

La manière québécoise retient l’attention

De partout en Amérique du Nord,incluant une forte participation mexicaine, plus de 200 délégué-esont convergé vers Chicago afin de participer à la sixième édition de la Coalition of Contingent of

Academic Labour (COCAL VI) en août dernier. Ce réseau d’associations et de syndicats d’enseignantstraite de la précarité de l’enseignement dans les collèges et les universités. Tous les deux ans,

on y fait le bilan des luttes et examine les perspectives d‘avenir.

C O C A L V I

Page 8: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

« The Québec experience »

Nos délégué-es ont répondu à den o m b reuses interrogations au sujetde cette «Québec experience ». Pour-quoi la féminisation du mot charg édans l’expression chargé-e de cours?Comment fonctionne notre systè-me d’assurance maladie? Pourq u o iavons-nous un taux de syndicali-sation si élevé au Québec? Vo u savez une loi anti-briseurs de grève?Est-ce vrai? Comment ça marche?

Sans se flatter, nous pouvons avan-cer que les délégué-es du Québecont témoigné de l’effet social etpolitique d’une (encore) forte pré-sence syndicale au Québec. Avec lafondation du SCCUQ, il y a 26 ansà l’UQAM, débutait la syndicalisa-tion des chargé-es de cours auQuébec. Depuis ce temps, plusieurscycles de négociation ont perm i sd’obtenir de meilleures conditionsde travail, conditions que nous en-vient les collègues de Chicago et deM e x i c o .

Par ailleurs, il était assez étonnantpour un syndicaliste québécois dep a rticiper à une manifestationdans les rues de Chicago, l’un desb e rceaux du syndicalisme nord -américain, pour y réclamer tantôtl’équivalent de notre form u l eRand, tantôt le droit de négocierdans une convention collective,des dispositifs dont nous bénéfi-

cions grâce à notre petite cart esoleil (assurance maladie).

Au Mexique : l’évaluation en sous-traitance

Des camarades, actifs à l’UniversitéNationale Autonome de Mexico(UNAM), nous ont expliqué la der-

n i è re trouvaille néolibérale quela d i rection de cette institutionimpose aux enseignantes et auxenseignants: rien de moins que lasous-traitance d’une des fonctionsessentielles de notre pro f e s s i o n ,l’évaluation. En effet, un instituti n d é p e ndant prépare les examens

d’entrée et les examens finaux danscette université. Subtilement, l’uni-versité s’immisce donc dans le tra-vail professionnel des enseignanteset des enseignants. En re c o u p a n tles résultats des étudiantes et desétudiants et l’identification de leursenseignantes et enseignants, l’uni-versité introduit une forme d’obli-

gation de résultats. Inutile de sou-ligner que ce procédé se heurte àde fortes résistances syndicales.Résistances d’autant plus vivesque le modèle inspirerait d’autresuniversités d’Amérique latine.

Prochain rendez-vous

Dans un contexte fort e m e n tm a rqué par les élections améri-caines, ou la tendance A n y b o d ybut Bush semble dominantechez nos collègues américains,les délégué-es ont décidé de sere n c o n t rer sur la côte ouestdans deux ans.

La FNEEQ y sera pour témoi-gner et apprendre des luttes.

Précaires de tous les pays…▲

8 CaRNets, no 11 – automne 2004

Page 9: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

CaRNets, no 11 – automne 2004 9

Le 9 juin dernier, r é p o n d a n t à l’invita-tion du ministre Reid, près de 400 per-sonnes ont participé à un Forum surl’avenir de l’enseignement collégial q u ia pris davantage l’allure d’une o p é ra-tion administrative que d’une vérita-ble c o n s u l t a t i o n . Quelques-unes deces p e rsonnes représentaient les org a-nisations syndicales des employé-esdes cégeps, les associations étudianteset de pare n t s , mais la plupart pro v e-nait des conseils d’administration dechaque cégep, des différents ministè-re s , de la Fédération des cégeps, de laF é d é ration des commissions scolaire s ,de la CREPUQ et même d’associationsp a t ro n a l e s .

France St-AmourEnseignante au cégep Marie-Victorin

Au même moment, à l’extérieur,plus de 2000 personnes re g ro u-pant enseignantes et enseignants,p a rents, étudiantes et étudiants,personnel de soutien et pro f e s s i o n-n e l , p a rt i c i p a i e n t à une activité deréflexion sur les cégeps. Cette acti-vité organisée par la Coalition-cégeps a voulu répondre à uneinvitation qui n’est jamais venuede la part du ministre Reid et sou-haitait faire une réelle réflexion surl’avenir de l’enseignement collégial

avec tous les acteurs de ce réseauqui contribuent au quotidien àl’accomplissement de la missiondes cégeps et au soutien du rôle deceux-ci dans l’édification et l’épa-nouissement de la société québé-c o i s e .

Cette activité a débuté par un grandrassemblement devant le Loews leConcorde au moment de la pausedu dîner dans une atmosphère defête champêtre. Cela nous a perm i sde manifester clairement au minis-tre Reid notre incontournable pré-sence dans ce débat et d’aff i rm e r

Le 5 octobre, à l’occasion de laJournée mondiale des enseignan-tes et des enseignants, les diffé-rentes organisations de la Coa-lition-cégeps invitent leurs mem-bres à la mobilisation pour débat-t re des différents enjeux entou-rant le projet de réforme duréseau collégial. Cette mobilisa-tion générale fait suite aux dif-f é rentes activités de la re n t r é epour expliquer les conséquencesdes orientations annoncées par leministre en juin dernier. Basé surdes initiatives visant à coaliser àla base les différentes org a n i s a-tions et associations dans les col-lèges, le plan d’action prévoit desassemblées publiques, des prisesde position et des re p r é s e n t a-tions auprès des directions decollège.

Pour en compre n d re les ra i s o n s,nous revenons sur le forum que lem i n i s t re de l’Éducation, P i e r reR e i d , o rganisait en juin dernier.Ce forum fut un simulacre de con-

sultation et relevait de l’impos-t u re intellectuelle. Le ministre aconclu cet exercice douteux enannonçant son intention de re-m e t t re aux directions locales lepouvoir de décider de l’avenir del ’ e n s e i g n ement collégial public,ne prêtant oreille qu’aux groupesp a t ro n a u x . Cette orientation est entout point conforme à la volontéde nivellement exprimée par cesgroupes d’intérêt, qui aimeraientvoir l’enseignement supérieur secalquer au modèle nord - a m é r i c a i n .Cette conclusion du ministre Reidne nous laisse pas le choix : nousdevons maintenir l’alerte et mani-fester notre opposition au déman-tèlement du réseau collégial.

F rance St-Amour fut au cœur d ela mobilisation de juin dernierpuisqu’elle était, jusqu’à l’été,déléguée à la coordination dureg roupement cégep de la FNEEQ.Elle revient sur les événementsdu printemps.

M O B I L I S AT I O N D A N S L E S C O L L È G E S

Le réseau des cégeps,j’y tiens !!!

Page 10: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

l ’ i m p o rtance de maintenir le ré-seau des cégeps dans sa forme ac-t u e l l e . Cette manifestation s’estclôturée par la remise des mémoi-res des membres de la Coalition-cégeps par des représentantes etdes représentants de la formationgénérale lors de leur arrivée d’uneexpédition de St-Hyacinthe àQuébec à vélo, en patins à ro u e salignées et en kayak. Ces mémoi-res avaient été précédemment dé-posés à l’attention du ministreReid, lors du forum en ligne quiavait précédé celui sur l’avenir del’enseignement collégial à Québec.

Par la suite, sous un grand chapi-teau, les participantes et les part i-cipants ont été invités à s’exprimerdans une large discussion c o n c e r-nant deux importants enjeux dansle contexte de la remise en ques-tion de l’enseignement collégial,so i t la contribution de la form a t i o ngénérale dans les différents pro-grammes du collégial et les impactsd’une décentralisation sur la mis-sion fondamentale des cégeps.

Le premier échange a été org a n i s épar les représentantes et les re p r é-sentants provinciaux de la form a-tion générale. Cette collaborationa contribué de façon import a n t e àla réussite de cet événement, notam-ment par la présence d’invités dem a rque qui ont débattu sur le sensde la formation générale dans les

d i ff é rents programmes au c o l l é-gial. Tous aff i rmaient qu’une mêmef o rmation générale commune aucollégial pour le secteur préuniver-si t a i re et pour le secteur de form a-tion technique demeure pert i n e n t eet essentielle. De plus, celle-ci s ’ e s tavérée être encore aujourd’hui unprécieux apport aux pro g r a m m e sde formation permettant ainsi auxpersonnes qui fréquentent le collé-gial, d’avoir un lieu privilégié pourf o rmer des personnes, jeunes et adul -tes, libres et critiques, des citoyennes

et des citoyens actifs et engagés, re s -pectueux de la diversité humaine, dela démocratie et des droits humains,o u v e rts sur le monde et préoccupésde l’avenir de la planète. ( C o n s e i lfédéral de mai 2003).

Le deuxième atelier portant surl’impact de la décentralisation surla mission fondamentale descégeps a tout autant soulevé desdiscussions passionnées. Tous lesp a rticipants et les part i c i p a n t e sainsi que les invité-es composant

La Coalition-cégeps regroupel’ensemble des syndicats

des employé-es du secteur collégial : les employé-es

de soutien de la CSQ, de laFEESP-CSN et du SCFP-FTQ,

les enseignantes et les ensei-gnants de la FNEEQ-CSN,

de la FAC, et de la FEC-CSQ,les professionnel-les de la CSQ

et du SFPQ ainsi que les associations de parents,d’étudiantes et d’étudiants.

10 CaRNets, no 11 – automne 2004

Page 11: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

CaRNets, no 11 – automne 2004 11

la table ronde ont transmisleurs grandes inquiétudesquant aux effets d’une dé-centralisation sur le réseaude l’enseignement collé-g i a l : des diplômes de va-leur diff é re n t e compte tenude moyens financiers dif-f ére n t s ; une concurre n c ea c c rue entre les cégeps a f i nd ’ a t t i rer le maximum de clien-tèle et ainsi assurer un finance-ment suffisant perm e t t a n t e n t reautres d’être à la fine pointe de l atechnologie; un exode des jeunesdes régions vers les grandes villesqui seraient à la re c h e rche de«meilleurs collèges » ce qui pour-rait alors avoir comme impact uneo ff re de f o rmation réduite, voiremême comp ro m e t t re l’existencede certains cégeps; des difficultésde financement qui pourr a i e n tavoir pour effet d’augmenter lesfrais de scolarité ou de donnerplus d’emprise aux entre p r i s e sprivées sur certains pro g r a m m e sde formation part i c u l i è re m e n t dansle secteur technique.

Ces quelques é l é m e n t s i l l u s t re n tles répercussions possibles d’unetelle orientation, qui aurait pourconséquence de mettre en péril lamission fondamentale des cégepsqui est de perm e t t re une form a-tion aux études supérieures dequalité, gratuite et accessible surtout le terr i t o i re québécois.

Riches de ces échanges, les parti-cipantes et les participants onttémoigné de l’importance de con-tinuer à mener la bataille nonpour maintenir strictement lesacquis mais bien parce que la réa-lité témoigne jour après jour queles cégeps jouent pleinement leurrôle de formation aux é t u d e ss u p é r i e u res et répondent à desbesoins qui sont toujours d’ac-

t u alité. Nous avons donc réa ff i r-mé une fois de plus, d’une seulevoix, l’importance de maintenir l acohabitation de la form ation pré-u n i v e r s i t a i re avec la form a t i o ntechnique soudées par une mêmef o rmation générale. De plus, nousavons confirmé qu’il est essentielque l’État continue d’assumer sapleine responsabilité à l’égard del’enseignement supérieur en finan-çant adéquatement le réseau descégeps et en s’assurant que celui-cicontinue à offrir un enseignementde qualité sur tout le terr i t o i re qué-b é c o i s .

Forts de cette importante mobili-sation lors de l’activité org a n i s é een marge du Forum sur l’avenirde l’enseignement collégial, nousavisons le ministre Reid que peuimporte les différentes ruses qu’ilutilisera dans la continuité de saréflexion pour nous étourd i r, pournous confondre ou pour nousi s o l e r, nous sero n s présents pourdéfendre et promouvoir le réseaude l’enseignement collégial auQuébec, qui a fait ses preuves de-puis 35 ans et qui demeure unerichesse incontestée de notre sys-tème d’éducation. ▲

Signe des temps et de santé démocra-t i q u e, on retrouve une pléthore de publi-cations sur les cégeps dans la grandepresse mais aussi dans la presse plus spé-cialisée et alternative. C’est ainsi que tousles médias d’opinion ont traité de l’avenirdes cégeps et se sont positionnés pour la plupart en faveur des cégeps. N o u savons remarqué les articles des revues À bâbord, ReLations ou de l’Aut’journal.Deux autres périodiques ont réalisé desdossiers spéciaux sur les cégeps. N o u svous les recommandons :

• L’inconvénient, no. 18, août 2004,revue littéraire d’essai et de création, enplus d’un article de Georges Leroux, unedes personnes intervenantes lors du fo-rum parallèle de juin dernier, on retrou-vera des articles et des commentairesd’Isabelle Daumais, de Michel Morin,

Lakis Proguidis, de Jean Bédard, d eGérald Boutin,de Bernard Larivière et deMonique LaRue. Disponible en librairie,en kiosque et en écrivant à l’adresses u i va n t e : L’ i n c o n v é n i e n t , C . P. 2 8 4 ,Succ.Rosemont, Montréal,Qc, H1X 3B8.Site : www.inconvenient.ca.

• L’Action nationale, Vo l . X C I V,n o. 7 , septembre 2004, avec des contribu-tions sur les cégeps de Pierre Fo r t i n ,Nathalie Havet, Marc Van A u d e n r o d e,Maya Lussier- S é g u i n ,Véronique Brouillette,François Rochon, Mario Beaulieu. Dispo-nible aussi en librairie et en kiosque.

On peut aussi écrire à l’adresses u i va n t e : 4 2 5 , b o u l . de MaisonneuveO u e s t ,b u r. 1 0 0 3 ,M o n t r é a l ,Q c , H3A 3G5,w w w. a c t i o n - n a t i o n a l e. q c . c a .

Pléthore de publications sur les cégeps !

Page 12: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

4e CONGRÈS MONDIAL DE L’INTERNATIONALE DE L’ÉDUCATION

L’éducation pourle progrès global

Du 22 au 26 juillet 2004 avait lieu le 4e Congrès mondial de

l’Internationale de l’éducation (IE)à Porto Alegre. Membre depuis

1999, la FNEEQ en était à sa deuxième participation à cette

instance triennale. Notre délégation était composée deCaroline Senneville, secrétaire

générale, et du deuxième vice-président, Jean Trudelle.

Ce sont 1400 délégué-es qui ont con-vergé vers Porto Alegre, la capitalede l’état du Rio Grande do Sul auBrésil, une ville qui a l’habitude dela tenue d’événements mondiauxtels que le Forum social mondial etle Forum mondial de l’Éducation,événements auxquels la FNEEQ etla CSN participent d’ailleurs régu-l i è re m e n t . C’est ce qui confère àPorto Alegre une réputation de villephare aux yeux de celles et ceux quiont une vision progressiste.

Caroline SennevilleSecrétaire générale

Ce 4e Congrès était le plus gros del ’ h i s t o i re de l’IE, fondée 1993 de lafusion de deux organisations syndi-cales mondiales. Cette croissance sec o n f i rme aussi par une des pre m i è-res résolutions adoptées au congrèsratifiant un accord qui vise à inté-g rer les stru c t u res de l’IE et de laConfédération syndicale mondialede l’enseignement (CSME). Cettefusion, qui se fera de manière pro-g ressive et s’échelonnera sur quel-ques années, fera de l’IE la plusg rosse organisation syndicale avec

29 millions de membres, c’est-à-dire85% des syndicats de personnelenseignant dans le monde.

Sous le thème de «L’éducation pourle progrès global », le congrès sed é roule en alternance entre lesallocutions diverses et le vote derésolutions. La liste des invité-esest longue et parfois contro v e r s é e .Bien sûr, la présidente et le secré-t a i re général ont chacun livré undiscours substantiel rappelant àjuste titre l’importance de l’éduca-tion dans le monde. Notant qu’auXXIe siècle on doit encore seb a t t re pour le droit universel à l’é-

Jean TrudelleDeuxième vice-président

Le premier Forum social mondial, àPorto A l e g re en 2001, a été unemagnifique réussite, un genre dehappening international dans le-quel se sont retrouvées, ou en toutcas reconnues, une bonne part desforces progressistes de la planète.L’événement se voulait une réponse« a l t e r m o n d i a l i s t e» à la confére n c ede Davos, qui réunissait au mêmemoment le gratin politique et finan-ciers de tout acabit, autour de dis-cussions sur le commerce internatio-n a l . Ce premier rassemblement s’ins-crivait dans la foulée des manifesta-tions antimondialisation de Seattleet d’ailleurs . Il a fait de très nombre u xp e t i t s: p l u s i e u rs forums sociaux, s o n tmaintenant organisés,sur une basethématique ou géographique, de laMéditerranée à l’Amazonie en pas-sant par… les États-Unis !

Les forums mondiaux de l’éduca-tion font partie des rejetons dePorto Alegre 2001. Le troisième dela sorte a réuni pendant 3 jours,dans la même ville, une quinzainede milliers de personnes : la grandemajorité venant du Brésil, une mi-norité du reste de l’Amérique duSud et une très petite minoritéd’ailleurs dans le monde.

Une magnifique et touchante céré-monie d’ouverture, une dizaine deconférences générales, et plusieurscentaines d’activités autogérées etde témoignages divers, le tout dé-bouchant sur une déclaration fina-le : la participation à de tels événe-ments a toujours un côté ressour-çant. On a l’impression de toucherdu doigt la solidarité et l’engage-ment, de faire partie d’une grandefamille orientée vers le pro g r è ssocial.

Quel avenir pour les forums mondiaux ?

12 CaRNets, no 11 – automne 2004

Page 13: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

ducation. Mary Furt rell, la prési-dente sortante de l’IE, a soulignédans son discours d’ouvert u re quel’éducation était nécessaire nonseulement au bien-être écono-mique des individus et des États,mais aussi, dans bien des pays, àla survie même des personnes.Monsieur Fred Van Leuwen, secré-t a i re général, a tenu quant à lui à rappeler que l’éducation est lare s p o nsabilité des gouvern e m e n t squi ne peuvent se délester au pro-fit du marc h é .

Le maire de la ville et le ministre del’Éducation sont également venusnous souhaiter la bienvenue, maisc’est l’intervention de Lula, ex-chefsyndical et maintenant présidentdu Brésil, qui fut la plus marq u a n-te. Il est venu nous parler de sonobjectif de mettre fin à l’analpha-bétisme dans son pays et du pro j e td’aide aux familles pauvres devantl’aider à y parv e n i r. Ce pro g r a m m eg o u v e rnemental touche déjà quatremillions de familles et prévoit quetoute aide à ces familles est con-ditionnelle à la fréquentation de l ’ école par les enfants. De cette ma-n i è re, il devient plus pro f i t a b l ep o u r ces familles dépourv u e sd’envoyer leurs enfants à l’écolepour bénéficier de l’aide gouvern e-mentale que de les faire travailler,leur fermant ainsi toute possibilitéd’éducation.

D ’ a u t res initiatives sont mises enavant par le gouvernement de Lulaqui fait de l’éducation une priorité.Ces mesures vont du pro l o n g e m e n tde programmes d’alphabétisationdes adultes, à l’amélioration del’équipement des écoles rurales, dela formation supplémentaire auxenseignantes et aux enseignantsdu primaire, à des abaissements fiscaux pour les universités. Lula adit que lorsque qu’il était chef

Au-delà cet aspect positif, au sort i rdu Forum mondial de l’éducation,f o rce est de constater que d’impor-tantes questions se posent. En eff e t ,il est impossible de ne pas s’inter-roger sur l’avenir de cette compo-sante importante du mouvementa l t e rmondialiste.

D ’ a b o rd, des difficultés nombre u s e sf reinent l’aspect international de cerendez-vous. La plupart des interv e-nantes et des intervenants étant bré-siliens, la question de la traductionsimultanée, pour les participantes etp a rticipants venus d’ailleurs, est cru-ciale. Or elle souffrait cette fois deg rosses lacunes : les traductrices etles traducteurs étant souvent desbénévoles plus ou moins préparés àre n d re avec justesse les confére n c e sdonnées. Plusieurs collègues étran-gers, à l’instar des délégués de laFNEEQ, on ainsi été carrément em-pêchés de suivre l’essentiel de cert a i-nes présentations. Il est, bien en-tendu, impossible à long terme depenser à développer la part i c i p a t i o ni n t e rnationale dans ces conditions.

Une deuxième question concern el ’ a rticulation générale du discoursa l t e rmondialiste et le passage à l’ac-tion. Les forums sont organisés surla base de thèmes partagés, par del a rges consultations sur Internet, etavec une politique d’acceptation trèssouple sur le plan des interv e n t i o n s .Le résultat est à la fois sympathique,mais un peu bro u i l l o n et le discoursgénéral finit par être répétitif.

Finalement, tout comme à l’IÉ, laquestion du passage d’un stade dé-c l a r a t o i re et informatif à celui d’unef o rme d’action internationale sep o s e avec acuité. La pro b l é m a t i q u en’est pas diff é rente de celle qui sepose à tout le mouvement syndicalque ce soit au local, au national ou àl ’ i n t e rn a t i o n a l : pour que les choseschangent réellement, il faut pouvoiragir, bouger, faire pression. Mettrele mouvement altermondialiste surla voie de l’action concertée n’estc e rtes pas chose facile, mais la ques-tion n’en est que plus pressante.

CaRNets, no 11 – automne 2004 13

Page 14: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

14 CaRNets, no 11 – automne 2004

syndical, il demandait beaucoupau gouvernement, et que son nou-veau rôle lui permettait mainte-nant d’agir, pour entre autres cho-ses faire en sorte que son pays, àl’instar d’autres pays en développe-ment, puisse être prêt à export e r

des connaissances, et pas seule-ment des matières pre m i è re s .

Beaucoup de représentantes et dereprésentants d’organisations inter-nationales ont pris la parole lorsdu congrès. Notre délégation s’estcependant interrogée sur la pert i-nence de la prise de parole de re p r é-sentants de la Banque mondiale(BM) et de l’Organisation mondia-le du commerce (OMC) ! Nouss avons que ces dern i è res jouentm a lh e u reusement un rôle dansl’échiquier mondial, même enm a t i è re d’éducation, et nous com-p renons que la direction de l’IEdoive parfois avoir des discussionsavec eux, mais nous ne cro y o n s

pas justifiée la décision de les invi-ter à l’instance syndicale qu’est cec o n g r è s .

Les nombreuses résolutions adop-tées relèvent pour la plupart del’énoncé de principes, sans vérita-

ble ligne d’action. Peut-être est-cei n h é rent à la grosseur de l’IE et auxmultiples réalités nationales qui lacomposent. Du côté de l’enseigne-ment supérieur, notons l’adoptiond’une résolution à l’effet que « l ’ I Eet ses organisations affiliées con-tinuent de s’opposer à l’inclusionde l‘éducation dans les accords surle commerce et en retour pro p o s eune alternative, un instrument ju-ridique international contraignantpour l’enseignement supérieur » ,un instrument qui pourrait s’ins-p i rer de la Convention sur la pro-tection de la diversité culturelle del’UNESCO. De plus, le congrès arésolu de « m e t t re en œuvre desstratégies permettant de pro t é g e r

l’enseignement professionnel […]des menaces que fait peser sur[lui] l’introduction du marc h édans ce secteur» et «mette en placeun groupe de travail sur l’enseigne-ment pro f e s s i o n n e l» .

Les discussions les plus vives onteu lieu lors du débat entourant desrésolutions à teneur plus politique.La délégation états-unienne, p a rexemple, s’est massivement abs-tenue sur le contenu d’une réso-lution contre la peine de mortprésentée par l’ensemble des syn-dicats français, alors que toutesles autres délégations l’avaient ap-puyée. De même, une résolutionprésentée par un syndicat espa-gnol sur l’Irak et le terrorisme adonné lieu à de vifs échangesa v a n t d’être finalement adoptée.

Que re t i rer de cette expérience ? Il est clair que le contexte politi-que et éducatif actuel nécessiteune concertation intern a t i o n a l e .P a rtout dans le monde, les systè-mes éducatifs sont soumis auxmêmes contraintes, issues des mê-mes idéologies et produisant dese ffets semblables. Nous ne pou-vons nous soustraire à cette o b l i-gation. Il est clair aussi, cependant,que l’Internationale de l’éducationn’est qu’un des moyens pour par-venir à cette concertation. Sommetoute, l’IE est encore jeune et notrep a rticipation régulière à ses ins-tances encore plus récente. Lessituations sont aussi variables.Beaucoup de délégué-es de paysen développement sont venus direau micro le rôle important que l’IEet ses représentants ont joué dansleur pays.

N o t re participation nous perm e tde mieux connaître les acteursinternationaux en matière d’édu-cation et d’élaborer des stratégiesen ce domaine, mais elle est aussiune occasion exceptionnelle dere n c o n t rer et d’échanger idées etexpériences avec des enseignanteset des enseignants du mondeentier. ▲

L’Internationale de l’éducation regroupe 319 organisations dans 159 pays ce quireprésente 26 millions de membres. Vous pouvez imaginer que son congrès n’est pas unemince affaire.

Page 15: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

CaRNets, no 11 – automne 2004 15

APPEL À LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALEPOUR QUE TOMBE LE MUR ISRAÉLIEN

Le 5 octobre a été désignéJournée mondiale des ensei-gnantes et des enseignantspar l’UNESCO en 1994. Son

but est de permettre à toutes les personnes intéressées par l’éducation de mettreen évidence l’importance du rôle des enseignantes

et des enseignants à traversle monde et son importance

pour la société.

Cette année, la tenue d’unec o n f é rence internationale surl’éducation et la mondialisationa coïncidé avec cette journ é e .Cette conférence s’est déroulée à Ramallah, enPalestine, du 4 au 6 octobre 2004. Les part i c i p a n t e set les participants à cette conférence sont des ensei-gnantes et des enseignants, des syndicalistes, desdéfenseurs des droits de l’homme et d’autres person-nes militantes du monde entier. La décision d’org a n-iser cette conférence a été prise par résolution lors du4e F o rum social mondial de Mumbai de janvier 2004.Cette résolution appelle les enseignantes et lesenseignants et aux défenseurs des droits de l’hommedans le monde à organiser une telle conférence ensolidarité avec les enseignantes et les enseignants

palestiniens.Le 5 octobre, à l’occasion de laJ o u rnée internationale des en-seignantes et des enseignants,des manifestations, défilés et autres activités ont été organisésdans la bande de Gaza, sur la rivegauche du Jourdain et même enI s r a ë l . Le thème de ces manifes-tations «Le mur doit tomber !» faitr é f é rence au mur de 730 kmcomposé de clôtures électriqueset d’une muraille de huit mètresde hauteur encerclant le terr i-toire palestinien. Cette murailleest aussi appelée le Mur de l’Apar -t h e i d, le Mur et le Mur de l’an -n e x i o n. Le gouvernement d’occu-

pation israélien s’aff a i re à compléter cet ouvrage aucoût de trois milliards et demi de dollars.

À la fin des travaux, le mur doit encercler la popula-tion palestinienne des trois ghettos régionaux de larive gauche. Il occasionnera aussi cinq petits ghettosà l’ouest et à l’est du mur, isolant ainsi toutes cescommunautés de la Bande de Gaza. Cet ouvrageaffectera 250 000 Palestiniens répartis dans 67 cités,villes et villages. Ils seront coupés de leurs terres et deleurs lieux de travail. Les élèves, les enseignantes et lese n s e i g n a n t s sont coupés de leurs écoles ou le seront

5 octobre : Journée mondiale des enseignantes et des enseignants

À tous les syndicats, f é d é rations et organisations d’enseignantes

et d’enseignants à travers le monde

Page 16: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

16 CaRNets, no 11 – automne 2004

sous peu. Les bénéficiaires des ser-vices de santé et des services so-ciaux sont aussi affectés de mêmefaçon, les dispensaires étant situésà l’extérieur de leur communautéenclavée, ajoutant ainsi au dramehumain et à la désorg a n i s a t i o néconomique provoquée par le mur.Des maisons et des commerces ontété détruits par centaines. Des oli-veraies qui couvraient des milliersd’acres ont été déracinées. Des mil-liers d’acre s de terres en culture ontété dévastés, des centaines de puitsont été détruits, des routes et dessystèmes d’aqueduc ont été sacca-gés et les réseaux de distributiond’électricité ont été endommagés.Des sites arc h é ologiques pales-tiniens importants ont été irrémé-diablement endommagés. À la findes travaux, la moitié du territoireet des re s s o u rces économiques dela Bande de Gaza sera ainsi passéeaux mains d’Israël.

La construction du Mur de l’Apart h e i dpar Israël est une grave atteinte auxd roits de l’homme et va à l’encontredu droit international comme lec o n f i rme l’avis de la Cour intern a-

tionale de justice (CIJ) de La Haye etla résolution A/ES 10/15 a d o p t é ele 20 juillet 2004 par l’Ass e m-blée générale des Nations unies aucours d’une session spéciale. Larésolution des Nations unies enjointIsraël de respecter les obligationsidentifiées dans l’avis de la Couri n t e rnationale de justice.

Le Mur contribue à semer la haineet à répandre la discrimination enplus de mettre en péril toute solu-tion au conflit entre Palestiniens etIsraéliens. La démolition du mur,comme celle du mur de Berlin,doit devenir la préoccupation detous ceux et celles qui ont soif dejustice et de paix. Nous vous de-mandons de vous unir aux ensei-gnantes et aux enseignants et aupeuple palestinien pour crier hautet fort que Le mur doit tomber ! e tque le droit international et l’avisde la Cour internationale de jus-tice doivent être respectés.

Nous vous demandons plus p a rt i-c u l i è rement d’organiser des activi-tés dans vos écoles, dans vos locauxde syndicat, dans les universités etsur les places publiques pour infor-mer la population de la constru c-tion et des effets du mur sur lepeuple palestinien par le biais d’expositions, de réunions, de ma-nifestations en solidarité avec lesPalestiniens et les Israéliens quirevendiquent la paix et la justiceen attirant l’attention de la com-munauté internationale sur ce Murafin d’en obtenir la chute. ▲

Journée mondiale des enseignantes et des enseignants

http://www.wtdpalestine.4t.com est le site Internet sur lequel vouspourrez trouver des photos, des statistiques et de l’information de mêmeque la présente lettre traduite en plusieurs langues. Allez le voir !Pour plus d’informations sur le mur, visitez les sites suivants :

• Palestinian Stop the Wall Campaign: www.stopthewall.or g

• Cour internationale de justice, La Haye:

http://www .icj-cij.or g/icjwww/idocket/imwp/imwpframe.htm

• Nations unies: www.un.org

• Right to Education Campaign: http://right2edu.bir zeit.edu

• Gush Shalom, the Israeli Peace Group: www.gush-shalom.or g/thewall

Page 17: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

CaRNets, no 11 – automne 2004 17

Jean TrudelleDeuxième vice-président

La rentrée 2004 a trouvées intac-tes les inquiétudes quant à l’ave-nir de l’enseignement collégial.La question de l’habilitation descollèges, notamment, a été évo-quée à de nombreuses re p r i s e sdans les tribunes téléphoniquesà la radio et dans les journ a u x .Qu’en est-il au juste ? Qu’est cequi serait changé, dans le paysagede l’enseignement collégial qué-bécois, si cette mesure déjà pré-vue dans le Règlement sur le régi-me des études collégiales (RREC)était appliquée ?

Dans le système actuel, les pro-grammes de formation au collégialsont nationaux. Bien que cert a i n e sd i ff é rences aient pu apparaître à lafaveur du nouveau mode d’élabo-ration, entre un programme off e rtpar diff é rents cégeps, les « c o m p é-t e n c e s» terminales ainsi que la for-mation générale sont identiquesp a rtout au Québec, pour un pro-gramme donné. Les diplômes def o rmation collégiale (DEC), au pré-u n i v e r s i t a i re comme au secteur

technique, sont donc en principede qualité égale. Les finissantes etles finissants de Sept-Îles, de Mai-sonneuve, de Saint-Félicien oud’Ahuntsic peuvent dès lors pré-t e n d re, à juste titre, avoir accès auxmêmes emplois et aux mêmes facultés universitaire s .

Bien sûr, dans les deux cas, il estsouvent question de sélection etde contingentements : la teneurdu dossier scolaire joue alors,pondérée par les cotes R et Z enfonction de l’écart à la moyenneet du collège d’origine. Cette der-n i è re réalité ajoute un bémol àl’équivalence des diplômes, maisil n’en reste pas moins qu’enémettant lui-même les DEC, l’É-tat, qui finance la quasi-totalité

de l’enseignement collégial, ga-rantit par là la qualité des forma-tions dispensées dans les cégepset porte la responsabilité d’unequalité équivalente sur tout le ter-ritoire.

En principe, l’habilitation con-siste seulement à transférer auxcollèges la responsabilité d’émet-t re le diplôme. Théoriqu e m e n tdonc, il s’agit toujours d’un diplô-me national, les cégeps tro q u a n tle «privilège» de l’émettre contreune imputabilité accrue envers,par exemple, la Commission d’évaluation de l’enseignementcollégial. Dans un tel scénario, lediplôme décerné en techniquesadministratives au cégep de Saint-L a u rent couronne toujours la

H A B I L I TATION DES COLLÈGES

LA POINTE DE L’ I C E B E R GLa Commission sur l’évaluation de l’enseignement collégial a rendu public le 4 octobre 2004 un premier rapport sur l’évaluation institutionnelle qu’elle mène depuis trois ans. Les syndicatsd’enseignantes et d’enseignants membres de la FNEEQ avaient refusé de participer à l’opérationd’évaluation institutionnelle commandée par la CEEC. Il apparaît aujourd’hui que nous avons bienfait de ne pas participer à cet exercice, que nous avions dès le début lié à l’habilitation des cégepset, à plus long terme, à leur décentralisation. Dans ce contexte, les conclusions contestables de laCEEC reflètent donc le point de vue des administrateurs des collèges, et non le nôtre. Cette visions’inscrit tout à fait dans lapolitique de désengagementdu gouvernement Charest etmène tout droit à l’éclatementdu réseau collégial. Nous rap-pelons ici les enjeux de ce dos-sier cru c i a l .

Page 18: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

18 CaRNets, no 11 – automne 2004

même formation qu’un diplô-me en techniques adminis-tratives émis par le cégep deSainte-Foy.

Ce mécanisme, l’habilitation,est à distinguer de l’accrédita-tion. Dans ce dernier cas, uno rganisme accréditeur (quipeut être le ministère de l’Édu-cation) permet à un collège ded é c e rner s o n p ro p re diplôme,qui peut dès lors recouvrer desréalités très diff é rentes d’unétablissement à l’autre.

Un changement mineur?De tous petits changements decap mènent, à terme, à desdestinations tout à fait diff é-rentes.

Il est tout à fait normal, en par-ticulier dans le monde de l’en-seignement privé, que l’habili-tation soit perçue au pre m i e rre g a rd comme la simple consécra-tion d’un état de fait. Ce seraitp e u t - ê t re le cas (bien que cela méri-terait d’être discuté) si toutes cho-ses restaient égales par ailleurs.

Mais ce qui inquiète à bon dro i tl’ensemble du mouvement syndi-cal collégial à travers la province,c’est qu’on ne peut considérerl’habilitation comme une me-s u re isolée et peu signifiante,puisqu’elle s’inscrirait dans unplan d’ensemble amenant biend ’ a u t res changements. Consi-dérée pour elle-même et encore,à la seule condition d’être ap-pliquée partout en mêmetemps, on pourrait cro i re à unsimple changement adminis-tratif. Mais placée dans le con-texte d’un train de mesure sdécentralisatrices, l ’ h a b i l i t a-tion apparaît comme la pointede l’iceberg du démembre m e n tdu réseau collégial.

À partir du moment où la mar-ge de manœuvre des collègesaugmente de manière impor-tante, tant au niveau de la fac-

t u re des programmes que de lagestion des re s s o u rces humaines,il ne peut plus être question d’unenseignement collégial tel quenous le connaissons actuellement.

La course à la clientèle dans lesgrands centres et le déclin démo-graphique en région vont manifes-tement exercer d’énormes pre s-

sions sur les collèges, qui adop-t e ront forcément des stratégiesd i ff é rentes. Il n’est pas i n v r a i-semblable de craindre que d a n sc e rtains cas, un cégep de régionpuisse carrément disparaître .On se dirigerait donc tout dro i t ,à moyen terme, vers des form a-tions générales, des seuils d’en-trée et des programmes dis-parates. Un démembrement puret simple du réseau des cégeps,qui en quelques années pour-rait devenir, à l’image des« c o l l e g e s » américains, une col-lection d’établissements indé-pendants en compétition lesuns avec les autres. Les jeunesne peuvent pas en sortir ga-gnants, puisque la facture desf o rmations off e rtes devient,dans ce scénario, tributaire deconsidérations qui n’ont pastoujours à voir avec la qualité.

Scénario alarmiste? Vo i re. Sil’habilitation n’était que le détailadministratif qu’on veut nous pré-senter, il est passablement curieuxque plusieurs directions de col-lèges la veuillent autant !

Par ailleurs, comment cro i re quel’autonomie réclamée par les col-lèges puisse déboucher sur autre

chose que la disparité? La dis-parité est précisément ce quiest réclamé par la Fédérationdes cégeps et par cert a i n e sdirections !

En fait, les choses pourr a i e n tfacilement être bien pires quece qui est évoqué plus haut.La sous-traitance dans l’ensei-gnement collégial n’est pasé c a rtée, pas plus que des né-gociations locales qui, sous lap ression d’une re s p o n s a b i l i t éa c c rue des établissements surle plan financier, se déro u l e-raient sous le signe de coupeset de détériorations des condi-tions de travail. ▲

Page 19: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

CaRNets, no 11 – automne 2004 19

Les Fneequeries Les Fneequeries Les Fneequeries Fneequeries le

eequeries Les Fneequeries Les fnequeries Les Fneequeries Les fn

Fneequeries Les Fneequeries Les Fneequeries Les Fneequeries Les

Les Fneequeries

Le premier de ces deux syndicatsest celui des enseignantes et desenseignants du secondaire du C o l-lège Jean-de-Brébeuf, à Montréal.Composé d’une cinquantaine dem e m b res, il s’agit d’un retour pource syndicat qui avait déjà été mem-b re de la FNEEQ de 1974 à 1978.

Syndicat indépendant depuis cetemps, les enseignantes et les en-seignants du secondaire à Brébeufont entrepris, au printemps 2004,une démarche pour s’affilier àune fédération syndicale afin demieux profiter de tous les avan-tages qu’une telle affiliation pro-c u re. Nous étions sur les rangs,tout comme la Fédération du per-sonnel de l’enseignement privé(FPEP) de la CSQ.

Après une re n c o n t re du comitéexécutif, puis une présentation enassemblée générale, les membre sont majoritairement choisi la FNEEQrejoignant ainsi leurs collègues ducollégial déjà à la FNEEQ depuis1965. Monsieur Robert Labelle,m e m b re sortant de l’exécutif syn-dical, exprime ainsi les principalesraisons qui ont amené son syndicatà décider de s’affilier à notre fédé-r a t i o n : « D ’ a b o rd la négociationde notre dern i è re convention col-lective nous a demandé beaucoupd ’ é n e rgie et nous a convaincusqu’il fallait dorénavant faire appelà des spécialistes pour nous con-seiller dans ce dossier d’autant plusque l’employeur a de plus en plusde re s s o u rces à sa disposition. Deplus, il est indéniable que la forc esyndicale que représente une cen-trale peut conduire la direction ducollège à considérer notre syndicatavec un plus grand re s p e c t .»

Puis, c’est le 13 juillet dernier quela Commission des relations dutravail accréditait le syndicat desenseignantes et des enseignantsdu Collège Esther-Blondin. Situéà St-Jacques-de-Montcalm, dansL a n a u d i è re, ce nouveau syndicatc o m p rend une soixantaine dem e m b res qui enseignent euxaussi au secondaire.

Même s’il n’y avait pas de syndicatlégalement constitué à Esther-Blondin, le personnel enseignantavait, depuis quelques années,élu cinq de leurs camarades poursiéger à un comité de relations detravail, qui a, au début de sonmandat, travaillé à un «guide dut r a v a i l » tenant lieu de contratcollectif. Avec le temps et deschangements à la direction, ce-

pendant, il devenait de plus enplus difficile de s’entendre sur l’in-terprétation commune et l’appli-cation de ce «guide du travail» .

Devant cet état de fait, les ens e i-gnantes et les enseignants impli-qués dans le comité des re l a t i o n sde travail ne voyaient pas leurse ff o rt s , p o u rtant nombreux, por-ter f ruit. C’est pour assurer et ap-p u y e r une relève que le person-nel enseignant à décider de ses y n d i q u e r. Selon Gilbert Melançon,un enseignant du collège qui a tra-vaillé à la syndicalisation, celle-cip e rmettra de « travailler ensem-ble avec plus d’énergie et de meil-leurs outils pour négocier nos con-ditions de travail. » Le syndicatleur off re aussi l’avantage d’unestructure démocratique aidant lesprises de décisions collectives.

Avec la venue de ces deux nou-veaux membres à qui nous sou-haitons la plus cordiale des bien-venues, le re g roupement privécompte maintenant 28 syndicatset 1700 personnes œuvrant ausein d’établissements d’enseigne-ment privés.

Deux nouveaux syndicats joignent

les rangs du regroupement privé

Deuxdéparts à soulignerFrance St-Amour a quitté la coordination du regroupe-ment cégep et repris son poste d’enseignante au cégep Marie-Victorin. Le ministre de l’Éducation estvenue la saluer avant son départ ! MichelineThibodeau, enseignante au cégep de Saint-Hyacinthe,prend la relève.

Quant à Céline Twigg, elle a entrepris la rédaction de son mémoire et c’est AndréChartrand, du collège Mont-Royal qui a été élu à la coordination du regroupement privé.

Page 20: S o m m a i r e - FNEEQ · s e r vices publics, qui, de surc r oît, sera dire c t e m e n t sous la férule de la présidente du Conseil du trésor, madame Jérome-Forget. Une grosse

5 octobre 2004Journée mondiale des enseignantes et des enseignants

Le Mur doit tomber !

La construction du mur de l’apartheid par Israël est

une grave atteinte aux droitsde la personne et va à l’encon-tre du droit international.Ce mur contribue à semer lahaine et à répandre la discri-mination. À la fin des travaux,le mur affectera la populationpalestinienne répartie dans 67villes et villages. Des élèves,des enseignantes et des ensei-gnants ne pourront plus serendre dans leur école habi-tuelle.

Profitant d’une conférence internationale organisée àRamallah sur l’initiative de laFNEEQ-CSN en collaborationavec le Teacher Creativity Centerde Pa l e s t i n e, une vingtained’enseignantes et d’enseignants québécois sont sur place pour lancer un appelinternational parce que Le mur doit tomber !

www.fneeq.qc.ca