sécurité alimentaire & moyens d’existence. · 2016-08-18 · synergies à rechercher avec...

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© Tdh/Ollivier Girard - Burkina Faso Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence. Politique thémathique

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Politique thémathique

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Terre des hommes (Tdh) est la plus importante orga-nisation suisse d’aide à l’enfance. Depuis 55 ans, Tdh construit un avenir meilleur pour les enfants démunis et leurs communautés grâce à des approches novatrices et des solutions durables. Active dans plus de 30 pays, Terre des hommes développe et met en place des projets concrets sur le terrain qui permettent d'améliorer la vie quotidienne de plus de 2,1 millions d’enfants, familles et proches, notamment dans les domaines de la santé et de la protection. Cet engagement est financé par des sou-tiens individuels et institutionnels dont 86 % sont affec-tés directement aux programmes de Terre des hommes.

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Sommaire. Liste des acronymes 5

Préambule 7

I. Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence 8 Constats globaux 10 La lutte contre la faim et la pauvreté 11 Le cadre conceptuel des Moyens d’Existence Durables 12

II. Notre intervention 14 Nos raisons d’agir et nos objectifs à court terme 16 Synergies et groupes cibles 17

III. Modalités d’intervention 20 Aperçu 22 Support économique et filets sociaux 22 Sécurité alimentaire et nutritionnelle 26 Formation 28

IV. Eléments transversaux 30 Ciblage 32 Sensibilité aux questions de genre 33 Approches participatives et communautaires 34 Approches collectivistes versus appuis individuels 35 Ne Pas Nuire et sensibilité aux conflits 36 Partenariat 36 Participation aux mécanismes de coordination 37 Liens avec la recherche et les milieux académiques 37 Plaidoyer national 38

Glossaire 39

Annexes 43 Annexe 1 : La protection sociale 44 Annexe 2 : Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence en situation d’urgence 47 Annexe 3 : Gestion du Cycle du Projet 51 Bibliographie essentielle 55

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ACF Action Contre la Faim

AGR Activités Génératrices de Revenus

CAD Comité d’Aide au Développement de l’OCDE

CALP Cash Learning Partnership

CEP Champ Ecole Paysan

DDC Direction du Développement et de la Coopération (Confédération Suisse)

DFID Department for International Development (UK)

DG ECHO Direction Générale de l’Aide Humanitaire (European Community Humanitarian Aid Office)

DNH Do No Harm

FAO Food and Agriculture Organisation

FSL / SAME Food Security and Livelihood / Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence

GCP Gestion du Cycle du Projet

GRET Groupe Recherche Echange Technologie

HEA / AEM Household Economic Analysis (Analyse de l’Economie des Ménages)

IDS Institute of Development Studies

IFAD /FIDA International Fund for Agricultural Development

ILO International Labour Organisation

IMF Institution de Microfinance

IPFRI International Food Policy Research Institute

LRRD Linking Relief, Rehabilitation and Development (Liens aide d’urgence, réhabilitation et développement)

MED Moyens d’Existence Durables

OCDE Organisation pour la Coopération Economique et le Développement

HPN / ODI Humanitarian Practice Network / Overseas Development Institute

OMS Organisation Mondiale de la Santé

ONG Organisation Non Gouvernementale

SPS Socle de Protection Sociale

Tdh Terre des hommes

UNICEF Fond des Nations Unis pour l’Enfance

URD (Groupe) Urgence Réhabilitation Développement

WASH / EHA Water Sanitation and Hygiene (Eau Hygiène et Assainissement)

WFP / PAM World Food Programme – Programme Alimentaire Mondial

Liste des acronymes.

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Préambule.Ce document constitue le premier effort organisa-tionnel pour encadrer l’action de Terre des hommes (Tdh) dans le secteur de la Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence. 1

Il se propose de clarifier les enjeux ainsi que les ob-jectifs et les modalités d’intervention que l’organisa-tion a choisi d’adopter dans le cadre de ses actions sur la thématique.

Ce texte se veut un repère pour le personnel du Dépar-tement des Programmes ainsi que pour les opérateurs de terrain au sein de nos Délégations dans le monde. Il a pour vocation d’orienter nos collaborateurs sur les principes de base dans l’identification, l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de nos inter-ventions sectorielles.

La section I se propose d’esquisser les enjeux au ni-veau mondial relatifs à la sécurité alimentaire et aux moyens d’existence ainsi que les raisons qui nous in-citent à agir.La section II se concentre plus spécifiquement sur notre action, et sur comment l’organisation perçoit le développement à court terme de la thématique Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence tout en explicitant le rôle fonctionnel de la thématique et les synergies à rechercher avec les corps de métiers prio-ritaires de Tdh : la Protection de l’enfance et la Santé materno-infantile.La section III aborde plus spécifiquement nos moda-lités d’intervention et l’éventail d’actions que l’orga-nisation se propose d’employer afin d’atteindre ses objectifs programmatiques. Bien entendu cette sec-tion n’a pour ambition que d’ébaucher le caractère de nos actions thématiques et laisse à d’autres exercices de cadrage pratique à venir le rôle d’apporter des consignes opérationnelles plus précises.La section IV concerne les aspects transversaux qui de-vraient informer notre programmation thématique tels que la sensibilité aux questions de genre, l’approche Ne Pas Nuire, les pratiques de ciblage, les approches

participatives et communautaires, le plaidoyer et la par-ticipation aux mécanismes de coordination.De par ses objectifs ce document s’adresse à un pu-blic averti. Le langage pourrait résulter parfois inac-cessible à certains; le glossaire qui suit les quatre sections a été conçu dans le but d’aider dans la dé-cortication de certains termes qui sont – parfois trop légèrement – fréquemment employés dans le cadre des interventions sur la Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence.

Ce document compte également trois annexes. L’annexe I se propose de faire ressortir les enjeux principaux et les défis (tels que l’articulation avec des systèmes d’allocation universelle et l’Etat provi-dence) des programmes de protection sociale ayant comme objectif de renforcer la résilience des en-fants, des familles et des communautés, et en vue de contribuer à l’équité sociale. Par conséquent elle n’entend pas encadrer notre action mais souhaite da-vantage donner un aperçu de l’envergure de la pro-blématique tout en intégrant un résumé du concept du socle de sécurité alimentaire. L’annexe II est relative aux interventions sectorielles dans des situations de crise humanitaire. En effet, la déstabilisation du tissu politique, social et économique exige parfois – bien que dans une optique de relier l’action humanitaire aux modalités d’intervention déclinées sur un plus long terme – l’adoption d’ins-truments ad hoc pour faire face à des situations de vulnérabilité accrue. Sur la base de notre méthodologie de Gestion du Cycle de Projet, plusieurs éléments spécifiques à la théma-tique Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence sont développés dans l’annexe III.

Enfin ce document comprend une bibliographie rai-sonnée qui a pour objectif d’indiquer, par thème, les ouvrages qui se démarquent par leur capacité de four-nir des bonnes synthèses ou d’éclairer sur les diffé-rents sujets.

1 De par la nouveauté de l’exercice d’encadrement de la thématique, ce document propose de demeurer « à diffusion contrôlée ». Ne consti-tuant qu’un premier repère pour piloter les interventions dans le domaine de la Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence, il a une validité de 3 ans à partir de la date de sa publication sauf éventuelle prorogation de sa validité par la Direction des Programmes.

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Selon les dernières estimations de la FAO, dans la période comprise entre 2012 et 2014, environ 805 millions de personnes (soit approximativement la somme de la population européenne et de celle des Etats-Unis) étaient en situation de sous-alimenta-tion chronique. Ceci représente une diminution de plus de 100 millions de personnes sur la dernière décennie, et de 209 millions de personnes par rap-port à 1992. Sur la même période, la prévalence de la sous-alimentation est passée de 18,7 à 11,3 pour cent dans le monde et de 23,4 à 13,5 pour cent dans les pays en développement. 2

Le nombre de personnes dans le monde vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (1,25 dollar par jour et par personne) 3 s’est réduit de presque deux à moins d’un milliard entre 1981 et 2012. Une évolution qui apparaît d’autant plus spectaculaire si l’on considère que dans le même temps la population mondiale est passée de 4,5 à 7 milliards d’individus.

Ces progrès indéniables sont néanmoins nuancés par les écarts qui persistent entre les différentes régions du monde. Si l’Amérique Latine et les Caraïbes ont énormément progressé en matière de sécurité ali-mentaire, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud ont obtenu ces dernières décennies des résultats bien plus mitigés. En outre, en dépit des tendances posi-tives, dans certaines régions du monde les inégalités non seulement persistent, mais se creusent.

Il faut également noter que les mesures de la pau-vreté at teignent des degrés de précision relatifs puisqu’elles n’ incluent que cer tains indicateurs sociaux (non monétaires) de la pauvreté. Elles ne peuvent traduire ni les trajectoires de précarité (ou la vulnérabilité face à la pauvreté caractérisée par l’absence ponctuelle ou récurrente d’une ou de plu-sieurs sécurités élémentaires), ni les expressions de la fragilisation du lien social ou les mécanismes de disqualification et de désaffiliation sociale générant de la marginalisation et de l’exclusion.

En outre, à cause de ses effets souvent dévastateurs sur les moyens de subsistance, le changement clima-tique contrecarre les efforts des couches les plus vulnérables de la population (généralement adonnées à une agriculture familiale et pluviale) pour nourrir leur famille et risque d’avoir un impact négatif consi-dérable sur les progrès récents en matière de lutte contre la faim et la pauvreté. 4

Enfin dans les pays en développement, les prix des denrées alimentaires demeurent extrêmement vola-tiles – voire obstinément élevés – et sont souvent objets de spéculations peu ou pas contrôlées, comme tout produit financier. Et ce sont les ménages les plus pauvres les premières victimes, ceux qui consacrent une partie plus importante de leurs revenus pour leurs besoins alimentaires.

Constats globaux.

2 L’état de l’ insécurité alimentaire dans le monde. FAO, 2014. 3 La Banque Mondiale a tout récemment revue à 1,90 dollar le seuil de pauvreté extrême. 4 Place à l’action. Propositions d’Oxfam pour le cadre post-2015. Oxfam, 2014.

La faim, c’est l’exclusion. Exclusion de la terre, du revenu, du travail, du salaire, de la vie et de la citoyenneté.

Quand une personne arrive au point de ne plus rien avoir à manger, c’est que tout le reste lui a été dénié. C’est une

forme moderne d’exil. C’est la mort dans la vie.J. de Castro

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En dehors de circonstances particulières, l’insécurité alimentaire est un phénomène négligé. Alors qu’une famine fait la une des journaux, « la faim et l’absence de sécurité alimentaire endémiques, qui sont le lot de millions de gens – une personne sur sept dans le monde – retiennent rarement l’attention des médias parce qu’elles n’ont rien de nouveau ». 5 Pourtant le droit de l’homme à l’alimentation a été reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (en 1948), adopté comme obligation contrai-gnante par les cent-soixante-deux Etats ayant ratifié le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et réaffirmé durant les sommets mondiaux de l’alimentation (en 1996, 2002 et 2009).

Vaincre la faim est un acte indispensable afin de poser les bases du développement des autres sec-teurs (prioritairement la santé et l ’éducation). A titre d’exemple, selon l’OMS, plus d’un milliard de personnes n’accèdent pas à des soins de santé adé-quats (qui leur sont souvent vitaux) de par la qualité des services et la distance-temps des infrastructures sanitaires mais aussi en raison des systèmes de paie-ment par le patient. Par ailleurs la faim est souvent un facteur à l’origine des phénomènes de déstabilisation sociale pouvant avoir des conséquences désastreuses sur le déve-loppement d’un pays. 6

Enfin la faim érode les probabilités d’inverser une ten-dance de détresse et est par conséquent profondément imbriquée à la malnutrition et à la pauvreté (et à la transmission de cette pauvreté entre les générations). 7

La pauvreté est une forme moderne de discrimination et d’exclusion qui empêche ceux qui en souffrent de

satisfaire leurs besoins élémentaires et de dévelop-per leurs potentialités, d’être des citoyens à part entière et de participer aux processus sociaux, poli-tiques et économiques collectifs et plus globalement de déterminer leur destin avec dignité. Depuis plus de deux décennies la lut te contre la pauvreté occupe l’agenda politique de la commu-nauté internationale et est devenue prioritaire pour les organisations engagées dans la coopération au développement et pour les Etats les plus touchés. Néanmoins les résultats s’avèrent parfois mitigés. En effet, afin d’être efficace, une action de lutte contre la pauvreté doit résolument s’inscrire au cœur d’une vision d’atténuation des inégalités et dans la prise en compte que la faim est premièrement liée à une problématique d’accès à des aliments nutritifs essen-tiels et non de production.

La réduction voire l’éradication de la faim et de la pauvreté appelle à des initiatives variées et à des politiques publiques basées sur des approches in-tégrées comprenant des mesures pour favoriser un meilleur accès aux intrants agricoles, aux terres, aux services, aux technologies et aux marchés. Il faudrait par ailleurs des investissements pour ac-croître la productivité agricole au niveau familial et entrepreneurial ainsi que des actions tangibles de protection sociale à vocation universelle. Enfin il s’avère essentiel la promotion d’actions spécifiques au bénéfice des personnes vulnérables (notamment en terme de renforcement de leur résilience face aux catastrophes) et des interventions de nutrition plus spécifiquement destinées à pallier les effets de la sous-alimentation.

La lutte contre la faim et la pauvreté.

5 Assurer l’alimentation de tous. DDC, 2008.6 A titre d’exemple, depuis 2006, et contrairement à toute attente, les émeutes de la faim, dues prioritairement à l’explosion et l’hyper volatilité

des prix des denrées alimentaires, sont réapparues. Mais la faim mine aussi l’économie de manière plus subtile, en réduisant l’accès aux services et aux moyens de production et génère parfois des phénomènes d’exclusion à l’origine de luttes politiques parfois violentes. Il est à souligner que les crises alimentaires modernes ne sont pas généralement des crises dues à des pénuries, mais des crises d’accès.

7 « La faim, et la malnutrition qui y est associée, empêche les populations pauvres d’échapper à l’engrenage de la pauvreté parce qu’elle limite les capacités d’apprentissage, de travail et de soin des individus et de leurs familles. Sans intervention, la faim enclenche des conditions qui perpétuent la malnutrition, réduisent la capacité des adultes de travailler et de mettre au monde des enfants bien portants; elle érode aussi les aptitudes des enfants à apprendre et à mener une vie productive, saine et heureuse. Le développement humain ainsi tronqué porte préjudice au potentiel de développement économique d’un pays pour des générations ». Agriculture, sécurité alimentaire, nutrition et les Objectifs du Millénaire pour le Développement. IPFRI, 2005.

Le plus grand des maux et le pire des crimes,c’est la pauvreté.

George Bernard Shaw

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Développé par DFID et fréquemment utilisé par un nombre important d’organisations internationales, le cadre d’analyse sur les Moyens d’Existence Durables (MED, voir figure ci-dessous dans l’adaptation gra-phique de la FAO 8) permet une meilleure compréhen-sion des modalités de survie des ménages. Il place au centre l’individu et ses avoirs (ou capi-taux) tout en prenant en compte l’influence des po-litiques et des institutions ainsi que du contexte de vulnérabilité dans lequel il s’inscrit.

Décliné en termes opérationnels, le concept de Moyens d’Existence Durables établit une théorie du changement basée sur quatre dimensions priori-taires: i) le contexte, ou les facteurs qui déterminent

une condition de vulnérabilité et desquels dépend la durabilité des effets de l’intervention ainsi que les tendances (économiques, sociales, etc.), ii) les avoirs ou les capacités, les biens, les moyens et les ressources dont un individu ou un ménage dispose sous forme de capitaux (naturel, humain, financier, physique et social), iii) les structures et processus de transformation qui identifient les pouvoirs ayant la capacité d’influencer les facteurs de vulnérabilité ainsi que les avoirs au niveau individuel ou du mé-nage et iv) les stratégies d’existence (en place ou à faire émerger et soutenir par l’intervention) qui amènent à des améliorations concrètes et durables de l’existence des individus et des ménages.9

Le cadre conceptuel des Moyens d’Existence Durables.

8 Guide rapide pour les missions, Analyse des institutions locales et des moyens d’existence. FAO, 2006. Il convient de noter que certains acteurs (p.ex. le PAM) intègrent une sixième catégorie: les avoirs politiques (rapports de force, accès aux processus de prise de décisions politiques, aux niveaux local et national, influence sur ce pouvoir décisionnel, etc.).

9 Analyse développée dans Les Echos du COTA #117, 2008.

Faim et pauvreté« La faim est une conséquence de la pauvreté, car c’est le manque de moyens de subsistance qui fait que certaines personnes n’ont pas accès à suffisamment de nourriture pour avoir une ali-mentation correcte. La faim elle-même maintient les personnes sous-alimentées dans la pauvreté. Il y a donc un véritable cercle vicieux faim – pau-vreté. En effet, la pauvreté est, elle-même, une conséquence de la sous-alimentation chronique. La sous-alimentation est un facteur de reproduc-tion d’une situation de pauvreté. Une personne sous-alimentée voit en effet son développement physique et intellectuel diminué et sa capacité de travail réduite. Il ou elle est également plus susceptible de tomber malade, et donc de ne pas

pouvoir travailler du tout. La sous-alimentation est aussi un vecteur d’héritage de la pauvreté, car les femmes affaiblies par un régime alimentaire insuf-fisant pendant leur grossesse donnent naissance à des enfants petits et fragiles qui vont souffrir d’un handicap physique voire intellectuel dès leur naissance et tout au long de leur vie. Un enfant sous-alimenté réussit moins bien à l’école d’abord du fait d’une attention réduite – à cause de la faim – mais aussi, dans un grand nombre de cas, du fait d’un développement intellectuel déficient. Enfin, la pauvreté est l’ennemi du risque : un pauvre hési-tera à se lancer dans des activités économiques risquées, qui sont souvent les plus rentables. » Materne Maetz

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Ce modèle présente le grand avantage de complexi-fier la notion de pauvreté et d’exclusion et de pré-venir des analyses trop macroscopiques et stéréo-typées. En raison de sa structuration, il permet – au moins potentiellement – d’aborder les priorités des populations pauvres au niveau des politiques pro-grammatiques avec une perspective intersectorielle et par conséquent d’identifier des points d’entrée pour nos interventions.

Il présente toutefois deux inconvénients majeurs : 1) L’approche est résolument centrée sur l’individu

(ou tout au plus sur le ménage) et ses capitaux. Par conséquent elle tend à réduire le rôle et l’impact des politiques publiques sur les moyens d’existence des ménages et risque d’induire des dérives de pen-sée et d’action (les institutions créent le contexte dans lequel les individus interagissent sur la base d’échanges dans la poursuite exclusive de leurs in-térêts personnels).

2) Fonder l’analyse sur l’individu (ou le ménage) et non sur le territoire (l’étude spatiale des activités humaines) a des désavantages. En effet l’entrée ter-ritoriale permet de prendre en compte l’ensemble des groupes de population présents auprès d’une unité géographique et la manière dont ils s’orga-nisent entre eux par rapport à leur espace partagé (et non exclusivement des trajectoires individuelles dans ce même espace). Par conséquent elle fournît plus d’éléments pour mieux saisir les exodes, les migrations, les transhumances, etc.

Ces deux inconvénients peuvent toutefois être contrecarrés par l’adoption d’une sensibilité et d’une analyse spécifique relatives aux déterminants de la sous-alimentation.

H= Capital humain N= Capital naturel F = Capital financier S = Capital social P = Capital physique

Résultatsrelatifs

Stratégies relatives

auxmoyens d’exis-tence

PolitiqueInstitutionsProcessus

Contextedu vulnérabilité

ChocsSaisonnalitéTendances

Changements

H

N

FP

SInfluence

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II. Notre intervention.

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Tdh se positionne autant que possible sur une ap-proche intégrée et donc sur des principes d’articu-lation, de coordination et de développement de sy-nergies de la thématique avec les programmes mis en œuvre dans d’autres secteurs. Les approches ba-sées sur les moyens d’existence sont donc abordées comme un instrument de réponse et sont mobilisées afin de renforcer les effets et les impacts des pro-grammes de Santé materno-infantile et de Protection de l’enfance.

Cette visée repose sur le constat que les interven-tions de Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence impliquent souvent des interventions de support économique et de protection sociale et des actions de promotion de la sécurité nutritionnelle et de pré-vention du retard de croissance. Cela avec comme principaux résultats attendus que l’autonomisation des groupes marginalisés soit promue et que l’état nutritionnel des groupes les plus vulnérables et af-fectés par la sous-nutrition soit amélioré.

Afin d’at teindre ces résultats et de maintenir une cohérence avec ses deux domaines d’expertise, Tdh poursuit deux objectifs spécifiques qui sont de: i) contribuer au renforcement et à l’élargissement de l’offre de protection sociale et de support écono-mique via la mise en place de filets de sécurité, l’ac-cès aux financements pour les activités génératrices de revenus, la formation, etc.(ii) participer à la réduction de la mortalité infantile via une approche de prévention dans les domaines de la nutrition et de la promotion de l’alimentation. Tdh se propose donc de développer significativement la

thématique Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence dans une logique d’intégration avec les secteurs de la Santé materno-infantile et de la Protection de l’enfance et de le faire tout en analysant en détail l’efficacité de cette incorporation dans son dispositif opérationnel (en termes de changements et effets tangibles sur les ob-jectifs du programme Santé ou Protection de l’enfance). Cela permettra à terme de pouvoir déterminer plus pré-cisément et de manière itérative les éléments concrets autour desquels l’organisation voudra renforcer son positionnement thématique.

Cependant, dans des contextes de crise aiguë, la thématique de la Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence sera parfois exceptionnellement mise en avant sans que la définition de synergies avec les autres secteurs d’intervention devienne préjudiciable à l’élaboration de l’intervention. En effet, certains processus déstructurants (conflits, déplacements, sècheresses, etc.) engendrent des conséquences néfastes et immédiates sur l’économie des ménages (telles que la réduction de l’autoconsommation, la nécessité d’accéder à d’autres revenus que ceux is-sus de l’exploitation familiale, une dépendance plus marquée des économies familiales aux marchés, des phénomènes d’exclusion, etc.) qui imposent l’adop-tion d’un cadre de priorités et d’action résolument centré sur les moyens d’existence.

Nos raisons d’agir et nos objectifs à court terme. Je rêve d’accomplir une tâche grande et noble,

mais mon devoir principal est d’en accomplir de petites comme si elles étaient grandes et nobles.

Helen Keller

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De nombreux praticiens ont mené des recherches et promu une stratégie intersectorielle pour lutter contre la pauvreté, en faisant valoir que la pauvreté ne peut réellement reculer que si les secteurs économique, social et institutionnel étaient mutuellement renfor-cés. Tout effort de développement se doit de se donner un caractère multidimensionnel pour rechercher les moyens de consolider les capacités des ménages et des groupes humains. L’IFAD résume bien certains de ces liens de causalité et, par conséquent, l’importance des approches intersectorielles : « Les investissements sociaux, dans le cadre d’une stratégie intersectorielle, rendent les membres des communautés plus forts, en meilleure santé et mieux éduqués. Lorsque leurs besoins sociaux fondamentaux sont satisfaits, ils sont plus en mesure de tirer profit de leurs activités économiques. Ils se sentent plus capables, plus protégés et plus confiants, et sont donc plus désireux de rechercher et d’adopter l’innovation. Ils forment une population active plus stable, ce qui favorise la stabilité des niveaux de production. Il est particulièrement important de satis-faire les besoins essentiels des ménages les plus dés-hérités et les plus vulnérables pour les aider à amélio-rer leurs revenus et leurs conditions de vie; lorsque les membres des communautés deviennent plus productifs, ils sont mieux sensibilisés aux problèmes de santé et d’éducation ou se sentent incités à participer à des ré-seaux sociaux plus fonctionnels, à condition que des infrastructures et des services de qualité leur soient proposés et accessibles. Une stratégie intersectorielle renforce les liens entre les secteurs social et écono-mique, ce qui est de prime importance pour venir en aide aux ménages les plus démunis et les plus vulnérables ».10

Les liens avec la Santé materno-infantile

Il existe une reconnaissance croissante de l’étroite rela-tion entre les concepts de sécurité alimentaire, nutrition et moyens d’existence et de la nécessité de les articuler afin d’en accroître la synergie.11

Les enfants touchés par la malnutrition vivent généra-lement dans les ménages pauvres où la durabilité des moyens d’existence, essentielle pour assurer la sécuri-té alimentaire, la santé et les soins adéquats, n’est pas garantie. La précarité des moyens d’existence est donc souvent à l’origine de la sous-nutrition.La sous-nutrition demeure l’un des enjeux cruciaux de la santé publique, un tiers des enfants des pays en déve-loppement sont en insuffisance pondérale ou en retard de croissance.12 « Sous ses diverses formes, la sous-nu-trition est en cause dans 45% des décès d’enfants de cette tranche d’âge. Lorsqu’elle ne tue pas, elle affecte durablement le développement physique et cognitif des jeunes générations, leur réussite scolaire et profession-nelle. Drame sanitaire, la sous-nutrition se traduit par des pertes économiques considérables et des effets néfastes sur le développement global des communautés vulnérables sur le long-terme ». 13

Indépendamment des crises politiques et naturelles, les taux de sous-nutrition s’expliquent par une combinaison de facteurs : problèmes de disponibilité et d’accès à la nourriture et de diversification alimentaire; carence en micronutriments; présence de maladies infectieuses et débilitantes; accès limité à l’eau et l’assainissement; manque de services de santé adéquats; méconnaissance ou mauvaises pratiques d’hygiène; inégalités du genre au sein du ménage et de la société, comportements nocifs

Synergies et groupes cibles.

10 Valeur ajoutée et création de synergies entre les secteurs socioéconomique et productif. IFAD, 201011 « On peut se représenter la malnutrition soit comme la cause, soit comme la conséquence des maladies de l’enfant, sans oublier que beau-

coup d’autres éléments interviennent aussi. Nous serions sans doute plus proche de la réalité en nous représentant une boucle rétroactive entre malnutrition et maladies de l’enfant qui nous indique toutefois que les deux options de représentation sont équivalentes ». Santé materno-infantile. Politique Thématique. Tdh, 2012.

12 Selon « The Lancet Maternal and Child Nutrition Series » en 2013, 165 millions d’enfants âgés de moins de cinq ans souffraient de sous-nu-trition chronique et 52 millions de sous-nutrition aiguë.

13 Génération Nutrition. Campagne de plusieurs ONG pour mettre fin aux décès d’enfants directement liés à la malnutrition aiguë.

On sait qu'à l'origine le mot discipline désignait un petit fouet qui servait à s'auto-flageller, permettant donc l'autocritique ;

dans son sens dégradé, la discipline devient un moyen de flageller celui qui s'aventure dans le domaine

des idées que le spécialiste considère comme sa propriété. Edgar Morin

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Malnutrition maternelle et infantile

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Conséquences à court terme :morbidité, mortalité,

incapacité

Apport nutritionnel insuffisant

Insécurité alimentaire

des ménages:accesibilité

et consommation

Régime alimentaire insuffisant de la mère,

alimentation médiocres du nourrisson et du

jeune enfant, pratiques déficientes en

matière de soins, croissance diminuée

Stratégies de subsistance médiocre, faibles revenus :

emploi, travail indépendant, logement, avoirs, versements, pensions,

transferts

Moyen de subsistance insuffisants : aspects financiers, humains et phy-

siques, sociaux, naturels et politiques

Environnement malsain au niveau

des ménages, services de santé inadéquats

Conséquences à long terme :taille adulte, capacités

intellectuelles, productivité économique, fertilité,

maladies métaboliques et cardio-vasculaires

Maladie

Causes immédiates

Causes sous-jacentes

Causes fondamentales

Les liens avec la Protection de l’enfance

Les effets de la fragilité économique sur les enfants et les adolescents sont directs et indirects. Si les parents sont en situation de précarité, ils risquent de ne plus être en condition de garantir l’attention nécessaire et la protection de leurs enfants.

L’impact d’un épisode ou d’une situation chronique d’insécurité alimentaire sur l’éducation des enfants, est quant à lui moins évident. Mais quand il n’y a pas assez à manger, l’éducation (école ou formation pro-fessionnelle) peut rapidement passer au second plan des préoccupations familiales et engendrer à terme une plus forte exposition à la perpétuation du cycle de la pauvreté et à l’exploitation des enfants.

14 The Sphere Project : Sphere handbook Humanitarian Charter and Minimum Standards in Humanitarian Response. 2011 15 ILO, FAO. Bien entendu le travail des enfants n’est pas un mal en soi et peut favoriser une véritable transmission des connaissances lorsque le parcours

éducatif n’est pas entravé et les conditions pour exercer l’activité sont décentes en termes d’heures de travail, de pénibilité de la tâche et d’exposition aux risques. Voir à ce propos le site web FAO et ILO sur le « Partenariat international de coopération sur le travail des enfants dans l’agriculture ».

et pratiques de soins des enfants inadaptées. Le cadre conceptuel de la sous-alimentation 14 fait ressortir assez clairement certains de ces liens causaux et l’interaction

entre les divers facteurs contribuant à la sous-alimen-tation et à plus long terme au développement de la per-sonne et à son état de santé.

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16 « Bien que visant principalement le développement humain, certains programmes de transferts monétaires incluent la réduction du travail des enfants comme objectif explicite. En effet des dons en espèces – et l’accent mis sur la scolarisation dans de nombreux programmes – sont sus-ceptibles d’influer sur la situation du travail des enfants. Il est possible de soutenir qu’une des raisons qui fait que le travail des enfants n’est que rarement un objectif explicite est que de tels programmes, si efficaces, sont censés atténuer les causes qui engendrent en premier lieu le travail des enfants. Ceci est confirmé par un certain nombre d’études qui montrent une réduction du travail des enfants, même quand ceci n’était pas un objectif du programme indiqué. Les preuves disponibles, cependant, sont limitées et parfois contradictoires». Hamid Tabatabai. Conditional cash transfers and child labour: Experiences and opportunities. ILO, 2010 (traduction de l’auteur).

17 Le cas des enfants non accompagnés (séparés de leurs parents et d’autres membres de leur famille et qui ne sont pris en charge par aucun adulte à qui la loi ou la coutume attribue la responsabilité de s’occuper) sont évidemment distincts.

18 Les enfants et les programmes de renforcement économique. Satisfaire pleinement les besoins avec un minimum de risques. Le groupe de travail sur les moyens de subsistance et le renforcement économique du réseau de protection des enfants en situation de crise (CPC), 2013.

19 Cette catégorisation perd toutefois inévitablement en légitimité lorsque l’exposition à l’insécurité alimentaire est généralisée (principalement en cas de crise humanitaire soudaine). Dans de telles éventualités notre réponse s’orientera en faveur de l’ensemble de la population.

Aujourd’hui environs 98 millions de garçons et de filles âgés de 5 à 17 ans travaillent dans l’agriculture. À l’échelle mondiale, près de 60 % de la main-d’œuvre infantile est employée dans le secteur agricole et dans la plupart des cas il s’agit de travailleurs familiaux non rémunérés. 15 Des actions visant la protection, la réha-bilitation et le développement des moyens d’existence (AGR, support économique, formation, etc.) ainsi que des actions spécifiques de protection sociale (transferts so-ciaux, pensions, micro-assurances liées aux mauvaises récoltes et aux chocs, etc.) peuvent contribuer à ré-duire la pauvreté et l’inégalité, à favoriser le dévelop-pement du potentiel productif des ménages et, tout en intégrant de manière spécifique les préoccupations du travail décent, à aborder les interactions entre l’emploi des adultes et l’emploi des enfants. 16 Étant donné que la sécurité et le bien-être des enfants dépendent dans une large mesure des capacités de leur famille, les inter-ventions les plus durables ciblent les foyers plutôt que les enfants isolément. 17 Cependant « des adolescents proches de l’âge adulte peuvent également bénéficier directement de l’enseignement de compétences, de la mise en place de plans d’épargne, de programmes d’apprentissage et d’autres activités visant à les aider à améliorer leurs moyens de subsistance ». 18

Enfin la scolarisation peut être incitée par le biais de programmes d’alimentation scolaire et des actions de nourriture contre scolarité.

Groupes cible

De par les objectifs de l’intégration du secteur de la Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence, le groupe cible prioritaire de l’intervention de Tdh sont les bénéficiaires des actions de Santé materno-in-fantile et de Protection de l’enfance. Il s’agit là bien fréquemment des couches vulnérables de la popu-lation ayant des besoins diversifiés autour desquels déterminer notre réponse. 19

Plus généralement, Tdh essaie de développer des cri-tères spécifiques et des processus d’identification des pauvres inscrits dans des systèmes d’inégalité et de dépendance. Bien entendu la vulnérabilité et la pauvre-té sont des concepts complexes et multidimensionnels. Il ne s’agit pas exclusivement d’une question monétaire relevant des revenus et des dépenses mais elle peut aussi prendre d’autres formes (sécurité alimentaire et nutritionnelle, conditions de vie, accès aux services de base, statut et intégration sociale, possession de biens et de moyens de production, etc.). Consciente des pos-sibles erreurs d’inclusion et d’exclusion entrainant de potentiels effets pervers au niveau des groupes bé-néficiaires, dans le cadre de ses actions sectorielles, Tdh accorde aux modalités de ciblage une importance prioritaire et fait son possible pour éviter de donner à certains acteurs un contrôle discrétionnaire sur les res-sources stratégiques apportées par ses projets.

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III. Modalités d’intervention.

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Convaincu de la nécessité d’adapter sa réponse aux enjeux locaux, Tdh se donne un éventail assez large de modalités d’intervention dans le cadre de ses ac-tions visant l’amélioration de la sécurité alimentaire et de protection, renforcement et développement des moyens d’existence. 21

Néanmoins, ces modalités d’intervention peuvent approximativement être classées dans deux grandes

catégories: les actions de support économique et de protection sociale (AGR et réponses monétaires prin-cipalement) et les actions liées à la prévention de la mortalité infantile dans les domaines de la promotion de l’alimentation et de la prévention de la malnutri-tion.22 La formation représente un domaine transver-sal généralement conçu en accompagnement dans le but de consolider les résultats de nos actions.

Aperçu.20

Support économique et filets sociaux.Réponses et transferts monétaires

Les distributions d’argent (espèces ou coupons) représentent une alternative valable (ou parfois un complément) à l’aide en nature (aliments, semences, médicaments, matériaux, etc.) et peuvent se décliner en fonction des objectifs visés. Grace à sa flexibilité, l’argent peut en effet jouer un rôle crucial dans de nombreux secteurs de l’aide et peut notamment contribuer à un meilleur accès à la nourriture, à la reconstitution et à la protection des moyens d’existence, à l’achat de certains matériels et matériaux ainsi que de produits non alimentaires, etc. Les réponses monétaires sont potentiellement en mesure d’améliorer la nutrition, la santé et l’éduca-tion des enfants et de soutenir les ménages afin qu’ils évitent d’avoir recours à des stratégies de survie né-fastes, comme notamment le travail des enfants. En outre, les investissements au profit des enfants rendus possibles par les réponses monétaires aident à briser le cycle éventuel de transmission de la pauvreté.Les transferts d’espèces, contrairement aux trans-ferts de nourriture, permettent aux bénéficiaires de

choisir ce qu’ils souhaitent consommer et peuvent stimuler la production locale. Parmi les instruments fréquemment utilisés dans les réponses monétaires, on retrouve les filets de sécurité sociaux. Ces filets sont des transferts de ressources non contributifs (aucune participation financière n’est demandée aux bénéficiaires) qui peuvent prendre plu-sieurs formes : transferts monétaires avec ou sans condition, cantines scolaires, programmes de Vivres ou Argent contre Travail. Contrairement aux filets de sécurité utilisés dans le cadre des programmes d’aide d’urgence, les filets de protection sociale consistent en des aides publiques durables et prévisibles, visant à prévenir la faim ou à sortir les populations de la faim et de la pauvreté. Cependant les réponses monétaires ne sont pas dénuées d’enjeux. La fourniture d’espèces exige des marchés locaux de produits alimentaires qui fonctionnent bien (afin d’éviter des effets inflationnistes) et des systèmes de distribution efficaces (afin de réduire les risques de vol ou de corruption ainsi que l’exposition des bé-néficiaires aux risques). Par ailleurs, bien que les transferts monétaires ou

20 Il faut noter que plus de la moitié de la population de la planète vit dans les villes. Les paquets d’activités développés par la suite devront donc pouvoir être déclinés tant en milieu rural qu’en milieu urbain voire péri-urbain, ces dernières catégories géographiques étant des élé-ments incontournables du contexte.

21 Il convient de noter que certains activités relevant du domaine de la Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence ont été considérées comme moins pertinentes dans le cadre de nos interventions. Il s’agit en particuliers d’actions structurantes de développement rural – territoriales ou thématiques – axées sur : i) La production agricole et animale (telles que l’appui aux mécanismes de gestion des productions (assurance indicielle climatique et

warrantage, multiplication de semences, stockage, etc.), la promotion de filières, la santé animale, les techniques de mobilisation et de valorisation des eaux (tel que barrages et périmètres irrigués), la promotion des marché ruraux et l’inclusion financière, l’accompagne-ment des organisations faîtières, etc.).;

ii) La gestion des ressources naturelles (telles que restauration des aires de pâturage, le reboisement et l’agroforesterie, la lutte contre l’érosion, la gestion concertée agro-pastorale de l’eau, la gestion intégrée de la production, etc.).

Ces aspects ne seront généralement abordés que de manière fonctionnel dans le cadre d’une éventuelle offre formative. 22 Cette catégorisation perd évidement en pertinence lorsque les filets sociaux de sécurité et les transferts de ressources non contributifs de

l’action ont des visées sur le statut nutritionnel des groupes cibles.

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23 Le coupon espèce donne droit à son détenteur d’acheter des biens (alors que le coupon marchandise peut être échangé contre une quantité définie de certaines marchandises et/ou services) à hauteur du montant indiqué sur ce coupon auprès de tous les vendeurs qui recon-naissent les coupons comme si c’était de l’argent. Le vendeur échangera par la suite les coupons contre de l’argent auprès de l’organisation les ayant distribués.

24 Conditional Cash Transferts: What is in it for Health?. OMS, 2012. 25 Les actions d’argent contre travail prévoient donc des modalités spécifiques pour opérer des transferts conditionnels.26 « Un argument essentiel pour les projets Argent contre Travail est qu’ils sont auto-ciblés, dans le sens que le taux de rémunération fixe est

suffisamment bas pour que seules les personnes dans le besoin choisissent de travailler, bien que cette hypothèse se révèle parfois problé-matique en pratique car les salaires sont souvent fixes au-dessus du taux de l’économie locale pour permettre aux ménages de satisfaire leurs besoins essentiels ». P. Harvey et S.Bailey. Programme de transfert monétaire dans les situations d’urgence. HPN, 2010.

les coupons peuvent avoir un impact sur les causes sous-jacentes de l’état nutritionnel des enfants, elles ne peuvent pas remplacer les compléments alimen-taires nécessaires à la prévention de la malnutrition.En outre les interventions monétaires sont parfois longues à mettre en place du fait de la nécessité d’élaborer et mettre en œuvre des stratégies et des modalités spécifiques d’identification des bénéfi-ciaires souvent en dehors d’un système de fiscalité (ce qui implique inévitablement qu’elles sont parfois objets de manipulation et de détournement et par conséquent génératrices de tensions). En dehors des transferts en nature existent trois mo-dalités pour opérer des transferts: fournir de l’argent directement, fournir des coupons espèces, fournir des coupons marchandises. 23 Les mécanismes de paiement peuvent être assez diversifiés (distribution directe, par une IMF ou une banque, par la téléphonie mobile, etc.). Les transferts peuvent être condition-nels, inconditionnels ou être basés sur un travail.

Transferts conditionnels et inconditionnels

Un transfert inconditionnel est une somme ayant une valeur monétaire qui ne prévoit aucune obligation, condition ou contrepartie sous forme de travail ; elle peut donc être utilisée par celui qui la reçoit (que ce soit sous forme cash ou coupon) de manière libre.Un transfert conditionnel est une somme d’argent que les bénéficiaires peuvent librement dépenser, mais qu’ils ne reçoivent qu’après avoir rempli certaines conditions (par exemple avoir inscrit les enfants à l’école ou les avoir fait vacciner). Les conditions at-tachées aux transferts dépendent généralement des objectifs de l’intervention. De manière générale, les transferts monétaires condi-tionnels permettent d’aider les ménages vulnérables et de réduire sensiblement leur pauvreté, en particulier lorsqu’ils sont généreux, bien ciblés et structurés de

façon à ne pas décourager les bénéficiaires de prendre d’autres mesures pour échapper à la pauvreté.En général les transferts conditionnels diffèrent des programmes de financement de la Santé, même si les deux typologies d’intervention relèvent de la protec-tion sociale. Les systèmes de financement de la San-té sont en effet conçus pour protéger contre le risque financier de payer pour des services de santé et pour garantir la disponibilité du service. Par leur nature, ils comprennent également des mécanismes pour recueil-lir des contributions payées d’avance (parfois via les taxes). Les transferts n’offrent pas de protection contre les risques mais sont une forme d’assistance qui n’est pas issue d’une contribution préalable du bénéficiaire.24

Argent contre Travail Les actions d’Argent contre Travail (l’argent est octroyé aux bénéficiaires sur la base d’un travail réalisé 25) – ou dans sa dénomination plus courante en anglais cash-for-work – se caractérisent par la création d’emplois à court terme destinés à une main-d’œuvre non (ou peu) qualifiée. Un de ses principaux objectifs – en dehors bien entendu de l’utilité de l’œuvre / de l’actif propre-ment dit – est de faire circuler de l’argent en vue de relancer l’économie des ménages (et par ricochet au ni-veau local). Les travailleurs devraient être payés au sa-laire minimum ce qui induit des pratiques d’auto-ciblage (seulement les moins fortunés s’inscrivent).26

Bien entendu, pour que ces programmes puissent être considérés comme des mesures efficaces de lutte contre l’insécurité alimentaire chronique, ils devraient se décliner sur le long terme.En outre il faut bien entendu prendre en considération que les programmes d’Argent contre Travail tendent inévitablement à exclure les couches de population les moins aptes physiquement et qu’ils sont généralement plus complexes que les transferts monétaires (sachant qu’il faut sélectionner et concevoir les projets, super-viser la main-d’œuvre lors du chantier et fournir une assistance technique et du matériel).

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Activités génératrices de revenus (AGR)

Définition Les AGR sont des occupations économiques qu’un in-dividu (ou un groupe d’individus) peut exercer à partir d’un (moindre) bagage professionnel par la création d’une petite entreprise et qui va lui permettre de ti-rer des moyens financiers. Cependant, une AGR peut parfois s’apparenter à un véritable emploi ou peut en constituer l’antécédent. Une intervention de promotion d’AGR peut se donner une gamme d’objectifs assez large qui ne relève pas uni-quement du domaine de la Sécurité Alimentaire (favo-riser la réinsertion sociale et professionnelle, promou-voir l’emploi, renforcer les facteurs de cohésion sociale, etc.). Toutefois, générer des revenus peut invariable-ment contribuer à surmonter une éventuelle situation de précarité et d’insécurité alimentaire et nutritionnelle lorsque la dégradation des facteurs économiques en est l’origine (et lorsque la nourriture est disponible sur les marchés locaux mais que certains groupes vulnérables manquent de moyens financiers pour y accéder). 27 Une AGR peut améliorer la disponibilité de certains produits sur les marchés et potentiellement entraîner une créa-tion de travail. Enfin, une AGR peut également jouer un rôle psychoso-cial important pour les parents qui retrouvent une activité quotidienne et sortent d’une attitude passive et dépen-dante tout en retrouvant un statut actif et productif. 28 Cependant, la promotion d’AGR n’est pas une solution universelle. L’analyse initiale du contexte de sécurité alimentaire visant à identifier le potentiel des activités économiques (ainsi que les facteurs de viabilité et de rentabilité) est essentielle afin de déterminer le type de réponse le plus adapté. Plus l’intervention saura se fo-caliser sur les initiatives existantes des acteurs locaux, meilleures seront les chances de réussite.

Eléments spécifiques de ciblage Les critères utilisés pour sélectionner les bénéfi-ciaires renvoient généralement aux niveaux de vul-nérabilité, à la capacité de travailler et à la motiva-tion. Les actions d’appui aux AGR ne ciblent pas les couches de population les plus démunies, car il est essentiel que les individus qui prennent part aux ini-tiatives puissent travailler et garantir un bon niveau de participation et d’appropriation.Dans la mise en place d’AGR, Tdh prête une attention particulière au rôle de la femme et ce dans le con-texte de l’économie du ménage. 29 En effet, pour une femme, une AGR peut représenter une opportunité de sortir de son confinement sur le marché du travail dans des emplois moins payés et plus précaires, mais aussi une corvée supplémentaire allant s’ajouter au fardeau des tâches ménagères (et pouvant donc avoir des effets négatifs sur l’attention et les soins portés aux enfants). Par ailleurs, conscient que dans certains contextes il existe des mécanismes de nivellement qui visent à maintenir le statu quo en ce qui concerne l’accès aux ressources et la hiérarchie de l’organisation sociale et des prises de décision, Tdh propose systémati-quement de considérer les facteurs que limiteraient l’efficacité de ses actions de promotion d’AGR.Si des options d’AGR collectives ou semi-collectives sont retenues, Tdh fait en sorte d’éviter la création exogène de groupements, démarche rarement por-teuse en terme de durabilité.

Etude de faisabilité Une AGR apporte des bénéfices, en premier lieu, à ceux qui la mettent en œuvre qui doivent par conséquent avoir un certain savoir-faire dans le domaine concer-né. Une AGR tire ses profits du marché : elle obéit de facto à la loi de l’offre et de la demande, elle doit donc être rentable. Par conséquent tout projet d’activité doit idéalement reposer sur une étude de faisabilité plus ou moins succincte qui puisse mettre en évidence notam-

27 A titre d’exemple la mise en place de jardins maraîchers (ou potagers) est un bon moyen d’améliorer la nutrition, de contribuer à l’autosuf-fisance alimentaire, d’apporter des revenus complémentaires mais aussi de promouvoir des activités sociales. Les producteurs auront en effet l’opportunité d’accroître leur consommation de légumes et ainsi d’améliorer la qualité et la variété de leur alimentation. Cependant ces impacts positifs seront directement proportionnels à la capacité de l’activité de générer des revenus (ces derniers étant fatalement la première des motivations des producteurs) et de permettre ainsi une répartition entre ce qui est destiné à la vente et ce qui est plutôt utilisé pour l’autoconsommation. En outre l’impact variera en fonction de la répartition des revenus au sein du ménage et de l’utilisation de ce revenu.

28 Voir à ce propos : Évaluation de l’approche AGR dans le cadre du projet Protection de l’enfance en Haïti de Tdh Lausanne. Tdh, 2012.29 Plusieurs études montrent que les femmes utilisent presque tous leurs revenus pour subvenir aux besoins de la famille, alors que les hommes

dépensent au moins 25% de leurs revenus pour d’autres usages (FAO, 2005). L’augmentation des revenus de la femme a donc souvent un impact beaucoup plus significatif sur la sécurité alimentaire du ménage.

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ment : i) la viabilité technique, financière et économique ; ii) la capacité, le savoir-faire et l’expérience de l’individu ou du groupe porteur du projet ; iii) les conditions de réalisation du projet (la méthodologie, l’organisation, le délai de réalisation, etc.). Cependant, le niveau de détail de cette étude est directement proportionnel à la nouveauté de l’activité et au volume d’investissement et, dans tous les cas, déterminé par des critères de per-tinence et d’efficience. 30

Modalités L’aide au (re)démarrage d’AGR apportée par Tdh se traduit par un appui en matériel (équipement) et en accompagnement (formation). La promotion et le soutien des AGR doit intégrer une analyse sur les meilleures méthodes de financement des biens et équipements nécessaires (fonds rotatifs, dons, sub-ventions, aide à l’accès aux prêts, remboursements échelonnés, etc.). Souvent les AGR sont susceptibles d’être financées par des microcrédits (octroyés par des instituts re-

connus de microfinance). Le microcrédit permet en effet d’échapper au cercle vicieux de l’usure et pallie certaines défaillances d’accès des banques conven-tionnelles. Il est par ailleurs la porte d’entrée de la protection sociale et témoigne, notamment à travers le principe de la caution solidaire, du fait que cer-taines pratiques économiques peuvent également se fonder sur le lien social. Même dans le cas où le microcrédit est une modalité non appropriée au contexte, 31 il est évident qu’une participation financière de la part du bénéficiaire – lorsque celle-ci ne l’expose pas à des situations d’endettement – est susceptible de renforcer les fac-teurs d’appropriation et d’accroître la durabilité de l’initiative appuyée.Bien évidemment, la composante formation a davan-tage d’importance dans les programmes qui visent à optimiser le rendement des AGR (ou à en créer des nouvelles) que dans les programmes qui visent au rétablissement d’activités préexistantes.

30 Une activité de petit élevage de quelques têtes de bétail déjà exercée par le passé par un individu bénéficiaire d’un appui ne mérite proba-blement pas un effort de projection sur la viabilité du projet.

31 Il faut en effet prendre en compte que, après des années de forte reconnaissance internationale, le microcrédit a aussi subi des critiques, parfois très virulentes, axées sur sa susceptibilité à favoriser un cycle de micro-endettement et, en deuxième lieu, de favoriser l’éloigne-ment des ménages pauvres de l’autoproduction des biens, avec comme conséquence, l’accès à des emplois plus précaires.

• Les AGR peuvent être une réponse efficace pour la récupération et/ou le renforcement des sys-tèmes d’existence et de la sécurité alimentaire puisque les revenus constituent une dimension fondamentale de ces systèmes.

• Aucune recette universelle pour la mise en place de ce type de programme n’existe. Il faut évaluer la pertinence du programme dans chaque situa-tion et adapter les activités aux caractéristiques spécifiques du contexte.

• Avant d’introduire de nouveaux types d’AGR, la réactivation et/ou le renforcement des activités traditionnelles est recommandé lorsque cela est

possible: l’impact sera plus rapide et plus durable.• Comme les autres types d’interventions, ces

programmes peuvent produire des impacts né-gatifs inattendus. Il faut évaluer tous les risques potentiels et soupeser les aspects négatifs et positifs avant d’initier le programme.

• Les programmes de génération de revenus ne représentent pas toujours une alternative perti-nente pour la population la plus vulnérable.

• La motivation et la participation de la popula-tion impliquée dans le projet sont des conditions indispensables pour tout type de programme d’AGR.

Activités génératrices de revenus : un concept clé pour une sécurité alimentaire pérenne. ACF, 2009

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Promotion de l’entreprenariat (accompagnement à la création d’entreprise)La promotion du petit entreprenariat peut être ap-parentée au soutien des AGR. 32 Il présente toutefois certaines particularités. En effet, Tdh entend l’ac-compagnement à la création d’entreprise comme une pratique fondée sur une relation établie dans la durée avec une personne ou un groupe, qui doit permettre au bénéficiaire de réaliser des apprentissages et d’ac-céder à des ressources.

Tdh crée (lorsque le contexte est propice) des dispo-sitifs qui conviennent aux porteurs de projets pour couvrir des besoins en fonds de roulement et/ou en investissements en phase de création, reprise ou dé-veloppement d’une activité entrepreneuriale idéale-ment à travers des partenariats avec des organisa-tions spécialisées dans le crédit aux entreprises et dans la formation professionnelle.

32 Parmi les différentes typologies d’entrepreneur, il convient de noter l’émergence des entrepreneurs sociaux intégrés dans des logiques d’économie sociale et solidaire (comme pourrait l’être une petite unité de production de farine enrichie de micronutriments destiné aux enfants de moins de 2 ans).

33 L’ impact Nutritionnel des Interventions de Sécurité Alimentaire et Moyens d’Existence. ACF, 2011.

Actions à vocation agricole sensibles à la nutrition

Puisque les couches les plus pauvres vivent souvent dans des contextes ruraux, et dépendent généra-lement de l’agriculture, et que l’agriculture ouvre la voie à la croissance économique dans les pays les plus pauvres, le développement agricole et rural est souvent à la base d’une amélioration des indicateurs économiques et sociaux.Agriculture et nutrition sont étroitement liées. « Les produits agricoles fournissent aux individus un apport nutritif quotidien (énergie, protéines, vitamines et miné-raux) et sont donc essentiels pour lutter contre la mal-nutrition, en particulier chez les enfants et les groupes vulnérables. Toutefois l’apport en calories, qui est le principal apport nutritionnel des céréales, ne contribue pas à améliorer le statut nutritionnel d’un individu. Le secteur agricole est certainement le mieux placé pour assurer la production adéquate de produits alimentaires variés et nutritifs. En effet la malnutrition en micronutri-ments est l’un de ces problèmes ’de faim’ les plus aigus et dévastateurs. » 33

Bien entendu de nombreux autres facteurs influent sur la diversité alimentaire des ménages, comme les condi-tions de marché, les politiques agricoles mais aussi les préférences alimentaires et les habitudes de consom-mation. Pour pouvoir consommer l’apport journalier recommandé en vitamines et minéraux, les personnes doivent avoir accès à suffisamment d’aliments nutritifs, à des normes sociales promouvant de bonnes pratiques nutritionnelles et une plus grande consommation d’ali-ments nutritifs, ainsi qu’à des revenus leur permettant d’acheter des aliments nutritifs (si elles ne les font pas pousser ou ne les produisent pas elles-mêmes). Tdh utilise à cette fin des méthodes pratiques telles que le soutien à des filières à forte valeur nutritive (bétail et produits laitiers, le poisson ou les fruits et légumes via notamment des jardins potagers et / ou d’AGR agricoles), la bio-fortification pour accroître la valeur nutritive des denrées de base, l’agro-écologie, etc.

Sécurité alimentaire et nutritionnelle.

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Les impacts de la sous-nutrition sur le dévelop-pement économique se répercutent négative-ment sur le secteur agricole, de trois façons. Premièrement, la malnutrition étant respon-sable de 45 % des décès d’enfants, celle-ci a un effet déterminant sur le nombre de jeunes qui pénètrent dans le secteur agricole.Deuxièmement, le taux de retard de croissance est, le plus souvent, plus élevé dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Ceci est important en raison des impacts du re-tard de croissance sur la force physique – es-sentielle au travail manuel agricole. Des don-nées recueillies dans le cadre d’une étude au Guatemala laissent entendre que la sous-

nutrition diminue la force physique et accroît la vulnérabilité aux maladies. Cette étude en par-ticulier a démontré l’existence de liens statisti-quement significatifs (pas moins de 22 %) entre le retard de croissance et la force manuelle à l’âge de 24 ans.Troisièmement, la malnutrition est à la fois un ré-sultat et un élément moteur de l’inégalité. Dans les pays en voie de développement, les enfants nés dans les 40 % des familles les plus pauvres ont presque trois fois plus de risques de souffrir de malnutrition que ceux nés dans les 10 % des fa-milles les plus riches – et gagneront probablement moins que leurs pairs plus riches (et mieux nourris).

Agriculture sensible à la nutrition – Save the Children

Eléments de nutrition à base communautaire 34

Les interventions de nutrition à base communautaire ont pour but d’améliorer la situation nutritionnelle telle qu’elle est perçue par la communauté elle-même. Elle implique donc la gestion de certaines activités de pré-vention et prise en charge de la malnutrition afin de pallier les faiblesses du système conventionnel et éta-tique de Santé en termes de couverture géographique. L’approche communautaire est donc une alternative appropriée et bien indiquée pour assurer et faciliter la mise en œuvre d’un minimum d’actions essentielles en nutrition à l’échelle nationale. En effet, si l’on veut ré-duire la sous-alimentation et d’autres formes de malnu-trition de manière durable, des actions à la base doivent compléter les politiques et les programmes nationaux.

L’approche de nutrition à base communautaire s’orga-nise autour de cinq actions: dépistage local par dia-gnostic rapide des cas de malnutrition; soutien aux centres d’alimentation thérapeutique médicalisés pour les enfants mal nourris avec complications; pro-

grammes thérapeutiques de base au niveau local pour les enfants mal nourris sans complication; production locale de farines enrichies et alimentation supplémen-taire pour la prévention des cas de malnutrition aiguë.Ces actions doivent traiter des facteurs locaux qui sont à l’origine de la malnutrition et y remédier : pénu-ries alimentaires chroniques ou saisonnières, manque de diversité des produits ou inadéquation des modes d’alimentation, etc. Les agents communautaires (relais, mamans lumières, …) jouent un rôle primordial dans les actions de nutrition à la base.

Dans le cadre de la nutrition à base communautaire, il convient de signaler la pertinence de l’approche de la déviance positive qui se base sur l’idée que dans tout regroupement humain, certains individus trouvent de meilleures solutions à un problème donné que leurs voi-sins avec qui ils partagent les mêmes ressources et font face aux mêmes obstacles et défis. 35

Pareillement, il faut souligner que les activités d’édu-cation nutritionnelle (toute forme de communication vi-sant la modification volontaire des pratiques qui ont une

34 Bien entendu, de par leur identité hybride, les activités de nutrition pourraient être menées en collaboration avec notre Programme Santé, selon l’articulation de nos interventions dans le contexte.

35 Il faut souligner que cette même approche de déviance positive a été également utilisée dans le cadre d’actions de Protection de l’enfance par Tdh.

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36 Parmi les autres facteurs on peut citer la présence d’enseignants qualifiés et de manuels scolaires, l’adéquation des locaux, la composition des classes, etc.

37 Voir à ce propos : Créer et diriger un jardin scolaire. CTA / FAO, 2009. 38 A titre d’exemple un jardin potager sera systématiquement accompagné d’un programme de formation et de mise à niveau des connais-

sances techniques, tout comme une action de réintégration professionnelle.

Pour Tdh les activités de formation représentent souvent une prérogative à la durabilité des activités supportées et se doivent donc d’être élaborées de manière conjointe et complémentaire aux interventions de support écono-mique et de sécurité alimentaire et nutritionnelle. 38

La formation peut se décliner sur des temps diffé-rents en fonctions des objectifs. Il convient en effet de distinguer la formation professionnelle des dispo-sitifs de conseil. La formation professionnelle s’adresse à des jeunes in-tégrés dans un parcours scolaire (formation initiale) ou à des adultes en activité (formation continue) et se fonde sur un projet personnel des apprenants. Cela implique un fort investissement en temps pour accompagner la planification et pour développer les compétences.

Par contre le conseil est en général une démarche déclinée sur le plus court terme et ne ciblant que des éléments spécifiques relatifs au champ plus vaste de la profession concernée.

Formation professionnelle (agricole et rurale)

« La formation professionnelle agricole et rurale est un des éléments qui participera à répondre au défi de la souveraineté alimentaire à venir. L’accès de tous à une alimentation saine et suffisante dépend en partie de la capacité des agricultures familiales à accroître la pro-duction et les revenus des paysans pauvres, premières victimes de la faim ». 39

Formation.Ouvrir une école c’est fermer une prison.

Victor Hugo

incidence sur l’état nutritionnel de la population, dans la perspective d’une amélioration de celui-ci y compris l’allaitement maternelle) sont fondamentales pour ren-forcer les impacts de nos interventions.

Cantines scolaires

L’alimentation scolaire est un facteur décisif dans la création et la promotion d’un environnement propice à l’apprentissage des élèves. 36 En effet, faute d’une ali-mentation et d’une nutrition adéquates, les enfants au-ront inévitablement plus de difficultés à apprendre. L’ali-mentation scolaire contribue également (conjointement à des actions de santé publique et à l’enrichissement des aliments en micronutriments) à ce que les enfants restent en bonne santé ; elle représente donc un instru-ment complémentaire dans la lutte contre la malnutri-

tion. Enfin l’assurance d’un repas servi quotidiennement aux élèves, peut constituer un encouragement décisif pour que les familles envoient et maintiennent les en-fants à l’école.Tdh ne gère pas directement des programmes d’alimen-tation scolaire mais essaie de promouvoir des logiques d’articulation (dans le cadre de ses programmes ayant des composantes dans le secteur de l’éducation) avec des acteurs compétents et légitimes. Dans la mesure du possible et sans pour autant se faire promoteur de logiques de déresponsabilisation des instances pu-bliques, Tdh explore la possibilité d’approvisionner les cantines scolaires à partir de la production locale tout en promouvant les agricultures familiales. Il faut enfin noter que les cantines scolaires peuvent également être approvisionnées par des jardins scolaires ou des péri-mètres maraîchers locaux. 37

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39 Notes de la Commission Agriculture et Alimentation (C2A), Coordination SUD, 2014.40 Capital humain pour l’agriculture. Banque Mondiale, mars 2014. 41 Le conseil agricole implique une gamme assez large d’actions formatives et d’accompagnement (mise en place de dispositifs antiérosifs,

systèmes semenciers, orientations filières agricoles, pratiques et itinéraires culturaux, etc.). 42 « Bien entendu la vulgarisation ne sera efficace que si les autres services sont en place, si la recherche se concentre sur les problèmes

auxquels sont confrontés les agriculteurs, si l’accès aux marchés et aux terres est facilité et si la sécurité sociale, politique et économique est présente pour créer un environnement propice au développement rural. La vulgarisation fait partie des systèmes de connaissance et d’information agricole, eux-mêmes intégrés dans des systèmes d’innovation du secteur agroalimentaire et du développement rural offrant des perspectives en faveur de la réduction de la pauvreté rurale et de la sécurité alimentaire ». I. Christoplos. Mobiliser les potentialités de la vulgarisation rurale et agricole. FAO, 2011.

43 Agridape, Septembre 2013, volume 29 n.3. 44 Cette approche ne s’appliquera pas sur des chaînes de valeur peu marchandes ou dans un contexte d’agriculture de pure subsistance avec

les couches les plus défavorisées de la population.45 Le Champ Ecole Paysan (CEP) est un bon exemple. Il s’agit d’une méthode de formation sur le champ de culture-même qui préconise que

les apprenants se réunissent régulièrement tout au long d’une campagne pour suivre une formation de culture d’une parcelle. L’objectif est d’observer toutes les interactions autour de l’expérimentation de solutions face aux problèmes de production, en vue de choisir l’itinéraire technique le plus prometteur et de conduire une culture saine tout en se formant à des approches techniques peu connues.

A titre d’exemple, en Afrique subsaharienne, l’agricultu-re représente 32 % du produit intérieur brut et 65 % de l’emploi. L’efficacité de la croissance agricole en termes de réduction de la pauvreté est de deux à quatre fois supérieure à celle des autres secteurs; malheureuse-ment, cette croissance est freinée par le manque de professionnels qualifiés. 40

Pour Tdh il est fondamental d’orienter et accompagner les jeunes aussi vers l’ensemble des métiers agricoles et ruraux tout en promouvant leur attractivité. Pour leur (ré)insertion durable, Tdh considère l’investisse-ment sur la formation humaine comme étant cruciale. Au-delà des connaissances techniques, cela exigera également un socle de connaissances d’ordre général (alphabétisation, calcul et gestion, santé, etc.) permet-tant d’acquérir reconnaissance et outils afin de faire face aux évolutions des métiers. En effet, les espaces agraires et les emplois agricoles connaîtront dans les prochaines décennies de profondes transformations en termes d’art et de manière de produire, de rapport à l’espace et d’intégration au marché. Les savoirs et les pratiques paysannes devront évoluer de manière signifi-cative en prenant en compte ces nouveaux paramètres.En agriculture, cela signifie, entre autres, être capable de développer son exploitation en diversifiant les cultures et par des activités non agricoles, d’être plus résilient face aux changements climatiques, d’intégrer une organisation professionnelle de façon à sécuriser l’amont et l’aval de la production, etc.Dans ses actions d’appui à la formation agricole et rurale Tdh essaie dans la mesure du possible de s’ap-puyer sur des institutions reconnues en tant qu’orga-nisations partenaires.

Conseil agricole

Le conseil agricole (ou vulgarisation 41) comprend les « connaissances techniques et implique la facilitation, la négociation et l’assistance à divers acteurs en vue d’améliorer l’accès aux marchés, la gestion de schémas de risques en évolution constante et la protection de l’environnement ». 42 Les services de conseil agricole sont indispensables pour placer les aspirations des ex-ploitants au cœur du développement, assurer leur sé-curité alimentaire et les aider à faire face aux risques et aux incertitudes. Ils constituent, pour les exploitations familiales, des stimulants essentiels aux changements nécessaires pour s’adapter à l’évolution constante du monde agricole et à la transition vers des systèmes de production capables de nourrir durablement et de lutter efficacement contre la pauvreté. 43

Aujourd’hui le conseil agricole n’est plus une préro-gative du secteur public. Les services de vulgarisa-tion sont un champ sur lequel opère une profusion d’acteurs (fournisseurs d’intrants, organisations de producteurs, médias, grossistes et commerçants, fon-dations et ONG, etc.) qui décrédibilisent les modèles linéaires de transfert de technologies par l’établisse-ment d’un ensemble plus composé et dynamique de relations et de systèmes d’innovation. Tdh élabore ses approches dans le conseil agricole tout en prenant en compte la pluralité des acteurs et fait en sorte que son offre formative et d’accompagnement soit fortement orientée par la base (notamment les organi-sations de producteurs) 44 et que le dispositif contienne des éléments de forte participation, 45 de pérennité et de réplicabilité. Les relations avec les services étatiques seront valorisées et déterminées dans leurs contours par une analyse de la performance (ou du potentiel pour apporter le changement souhaité) de ces derniers.

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IV. Eléments transversaux.

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Dans le cadre d’un projet de développement ou d’ur-gence, les pratiques de ciblage se concrétisent dans les dispositifs supposés déterminer les individus, les ménages, les groupes et les agglomérations qui bé-néficieront des prestations et des contributions de l’intervention (dons, subventions, formations, etc.).La plupart des actions inscrites dans un objectif de sécurité alimentaire et de protection, restauration et promotion des moyens d’existence se doivent d’éla-borer un plan de ciblage, de par un budget qui ne sera que rarement en mesure de garantir une extension des prestations dans toute la zone concernée par l’action et en raison d’une volonté d’assister et d’accompagner prioritairement les ménages vulnérables.

Un plan de ciblage doit faire partie intégrante de la conception et du processus d’élaboration de nos in-terventions. Il implique la capacité à identifier des so-lutions opérationnelles à un ensemble de questions (dans quel objectif la sélection est opérée, qui est en mesure et en charge de sélectionner et selon quels critères, 47 quel seuil d’éligibilité retenir, quels sont les risques, etc.) qui auront un impact direct assez signi-ficatif sur la réussite de notre intervention.

En particulier la mesure de l’inégalité et de la vulné-rabilité a une importance fondamentale pour analyser les déterminants de la pauvreté et favoriser des ap-proches de ciblage mieux fondées.

La pauvreté est un phénomène complexe qui ne peut être appréhendé que par rapport à plusieurs dimen-sions: matérielles, sociales et culturelles (revenus, éducation, santé, genre, enclavement, intégration et discrimination, etc.).48 La vulnérabilité (ou la probabi-lité aujourd’hui de glisser dans la pauvreté à un cer-tain moment à venir) est une dimension essentielle du bien-être, car elle affecte les comportements des per-sonnes (en termes d’investissement, de paradigmes de production, de stratégies d’adaptation), ainsi que leur perception de leur propre situation.

Il n’est pas ici question d’offrir des solutions toutes prêtes (qui s’avéreraient inévitablement anachro-niques) mais plutôt de souligner la complexité du su-jet. La notion de bien-être recouvre en effet plusieurs définitions et concepts qui se déclinent souvent loca-lement. C’est pour cela que Tdh accorde une attention particulière à l’élaboration de mécanismes de ciblage (en faisant autant que possible appel à des approches participatives tout en combinant méthodes quantita-tives et qualitatives) et à l’explication de ces dernières à l’ensemble des individus concernés.

La plupart des mécanismes de ciblage 49 produiront invariablement des erreurs d’inclusion (impliquant un transfert de ressources à ceux qui n’y ont pas droit ou n’en ont pas besoin, ce qui est inefficient et coûteux) et des erreurs d’exclusion ou « oublis » (à savoir l’ab-sence de transfert à des personnes qui y ont droit, ce

Ciblage. 46

46 « Le ciblage trouve son origine dans la notion politique et éthique de justice, ou dans des considérations économiques de rentabilité. Dans le premier cas les sociétés jugent les niveaux de pauvreté et les inégalités inacceptables, tandis que dans le second cas, les sociétés visent à maximiser le bien-être des populations tout en composant avec les contraintes budgétaires ». S. Deveraux. What is the evidence on the effectiveness and efficiency of different social transfer targeting methodologies? IDS, 2013.

47 A cet effet, il est important de mentionner que l’externalisation des plan de ciblage via la mise en place et le recours à des comités de ciblage locaux et/ou à des autorités locales, implique des risques significatifs (faible compréhension des mécanismes de ciblage, utilisation de ca-tégories de vulnérabilité différentes, inclusion par cooptation dans les listes, etc.) qui devront être pertinemment maîtrisés et contrecarrés. Par ailleurs, dans des contextes où la pauvreté est largement diffuse et que les différenciations sociales sont moins marquées qu’ailleurs, le choix d’utiliser des critères de vulnérabilité pourrait être non compris et/ou mal perçu par la population, et l’introduction d’un seuil d’exclu-sion pourrait favoriser des modifications au niveau local plus ou moins importantes des critères d’identification.

48 Sont considérés pauvres des individus disposant de moins de 1,90 dollar par jour (ou 1,25 dollars jusqu’au premier semestre 2015). Il convient cependant de noter que le choix d’une ligne de pauvreté recèle généralement une forte dose d’arbitraire, mais « il est important que celle-ci soit choisie en accord avec les normes sociales et la notion généralement admise d’un minimum vital » (Ravallion, 1996). Il faut également remarquer que « la définition de la pauvreté est loin de faire consensus et de saisir les limites rencontrées par les trois définitions les plus courantes: la pauvreté monétaire avec son aspect statistique et parfois très éloigné de la réalité de la situation des populations pauvres; la pauvreté en termes de manque de biens premiers, dont l’idéal est fondé sur des arguments de philosophie politique; enfin, la pauvreté en termes de capa-bilités manquantes, qui se rapproche plutôt d’une définition dynamique liée aux ressources et aux caractéristiques de l’individu ainsi qu’à son environnement ». R. Bisiaux. Comment définir la pauvreté : Ravallion, Sen ou Rawls ? L’Economie politique n° 049, janvier 2011.

49 Bien entendu les mécanismes d’auto-ciblage (les prestations du programme sont offertes à une population cible spécifique – par exemple vers les personnes prêtes à fournir de la main d’œuvre dans des projets vivres/cash contre travail) réduisent, de par leur nature, les erreurs et entraînent généralement des coûts administratifs largement inférieurs à ceux du ciblage administratif parce que souvent aucun critère d’éligibilité n’a besoin d’être établi et parce que le contrôle du respect des critères de sélection n’a pas forcément lieu d’être.

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qui est contraire à la justice et peut même avoir des conséquences funestes lors d’une crise particulière-ment sévère exposant les individus à une forte insé-curité alimentaire). 50 En outre, toute erreur de ciblage est susceptible de générer des tensions au sein des groupes bénéficiaires potentiels.

C’est pour cette raison que Tdh se propose d’accom-pagner systématiquement les plans de ciblage par des mécanismes de recours et de réponse aux plaintes afin d’accroître notre redevabilité.L’ouverture d’autres fenêtres d’opportunité accessibles aux non bénéficiaires constitue également un procédé efficace pour désamorcer des éventuelles discordes.Enfin, dans toute décision concernant le ciblage, Tdh

analyse non seulement les coûts sociaux qui découlent de la distinction au sein des zones et des communau-tés entre les ayants droit et les autres (ce qui pourrait nuire à la cohésion sociale et au capital collectif en générant des phénomènes de stigmatisation, envie et frustration auprès des groupes non-bénéficiaire 51) mais également les coûts que le processus de sélec-tion implique (notamment les coûts administratifs et les coûts pour les bénéficiaires – en terme de temps perdu pour s’inscrire aux listes, pour accéder aux lieux, pour recevoir les prestations, etc.).

50 Étant donné que les erreurs d’exclusion ont un coût humanitaire, Cornia et Stewart (1993) font valoir qu’il faut leur accorder plus de poids qu’aux erreurs d’inclusion, mais les responsables politiques confrontés à des difficultés budgétaires s’intéressent généralement davantage à ces dernières. Ceux qui considèrent le ciblage comme une stratégie fâcheuse avancent que les programmes à caractère universels (non ciblés), représentent le seul moyen de garantir une protection sociale à tous ceux qui en ont effectivement besoin et de n’exclure personne par erreur ou omission (issue de: Social protection for food security. A report by the High Level Panel of Experts on Food Security and Nutrition of the Committee on World Food Security. HPLE, 2012).

51 Voir à ce propos: J.P. Olivier de Sardan. Les transferts monétaires au Niger: des conditionnalités mal perçues et contournées. Lasdel, 201452 Parmi tant d’autres on peut mentionner: i) la précarité du droit foncier pour les femmes et les difficultés rencontrées pour améliorer la pro-

ductivité agricole et leurs revenus (en effet les terres sont le plus souvent allouées sur la base du critère de “chef de famille” qui désigne en prévalence l’homme), ii) le pauvre accès aux services d’appui aux activités productives, telles que la vulgarisation et la formation, iii) la faiblesse de dispositifs adaptés de crédit, etc.

L’inégalité entre hommes et femmes est à la fois l’une des principales causes et l’un des principaux effets de la faim et de la pauvreté. Des liens étroits existent entre la pauvreté de la mère et la détresse des en-fants. Lorsque les enfants sont pauvres, cela signifie habituellement que leur mère l’est aussi. La pauvreté rend les enfants malades. Les enfants issus de familles pauvres présentent souvent à la naissance un poids inférieur à la norme, ce qui les prédispose à des pro-blèmes de santé plus tard dans la vie.Malgré l’existence de nombreuses lois, l’adhésion de la majorité des Etats à la plupart des conventions in-ternationales de promotion des femmes qui ont permis des évolutions sur le plan politico-juridique, le statut de la femme évolue beaucoup moins rapidement dans

les us et coutumes. Les femmes demeurent plus susceptibles d’être pauvres que les hommes. En outre, les femmes consacrent plus de temps au travail non rémunéré (tâches ménagères, soins aux enfants, préparation des repas, etc.), ce qui réduit fortement les opportunités pour accéder à un travail rémunéré et les obligent à se rabattre sur des emplois à temps partiel, saisonniers, contractuels ou temporaires (la plupart du temps fai-blement rémunérés, n’offrant aucune sécurité de l’em-ploi, peu de possibilités d’avancement et ne compor-tant aucun régime d’assurance-maladie). Ces mêmes inégalités d’accès se manifestent dans les facteurs de sécurité alimentaire. 52

Sensibilité aux questions de genre.

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Dans le cadre de ses interventions de Sécurité Ali-mentaire & Moyens d’Existence, Tdh se propose de mettre en œuvre systématiquement des approches participatives, voire communautaires. Ceci dans la conviction que la collaboration avec les individus, les groupes et les instances locales non seulement aide à améliorer la qualité des interventions (tout en favo-risant par exemple des analyses contextuelles et des besoins plus précises), mais est aussi l’expression de notre reconnaissance du droit des populations de contribuer significativement à déterminer la typologie d’appui qui leur est destinée.

Tdh est consciente que toute démarche participative et communautaire est complexe et porteuse de plu-sieurs enjeux. La consultation des personnes que l’on souhaite impliquer demande en effet des temps que souvent nous n’avons pas formellement su ou pu pla-nifier. Par ailleurs, des malentendus se produisent sou-vent sur le sens des mots « communauté » et « partici-pation » et des manques de compréhension mutuelle émergent quant aux représentations socioculturelles, aux savoirs, aux pratiques, à l’histoire, etc.

Approches participatives et communautaires.

53 Toutefois la situation d’inégalité entre hommes et femmes diffère en fonction du groupe et est fortement influencée par des questions de classe sociale, de génération, de croyances, etc. En outre, à l’intérieur d’un espace donné, les femmes ne se présentent pas non plus comme un groupe homogène.

54 Et encore : « Sur le plan pratique, cela signifie que l’approche: i) commence par une analyse des moyens d’existence des gens et de la façon dont ils ont évolué avec le temps; ii) fait entièrement participer les gens et respecte leurs opinions; iii) met l’accent sur l’impact des différentes dispositions politiques et institutionnelles sur les individus/ménages et les dimensions de pau-

vreté qu’ ils définissent eux-mêmes (plutôt que sur les ressources ou le résultat général en soi); iv) souligne à quel point il est important d’influencer ces dispositions politiques et institutionnelles pour qu’elles favorisent le programme des

pauvres (la participation politique des pauvres eux-mêmes est un pas essentiel); v) s’efforce d’aider les gens à atteindre leurs propres objectifs de moyens d’existence (en tenant compte des considérations relatives à la

durabilité). » Notes d’ information sur les Moyens d’Existence Durables, DFID, 1999.

L’approche des moyens d’existence est une réflexion sur les objectifs, la portée et les priorités du développement.

Un cadre et des objectifs spécifiques ont été élaborés pour faciliter la mise en œuvre de l’approche, mais celle-ci va bien au-delà.

Il s’agit essentiellement d’une manière de placer les gens au cœur du développement et d’augmenter ainsi

l’efficacité de l’aide au développement. 54

L’approche genre consiste pour Tdh à prendre en compte systématiquement les différentes opportu-nités offertes aux hommes et aux femmes, les rôles qui leur sont assignés socialement et les relations qui existent entre eux et d’y intégrer une démarche soucieuse de promouvoir des registres d’équité entre les sexes dans tous ses programmes et politiques. 53

Enfin, Tdh prendra en compte la pauvreté temporelle ou le déficit en temps des femmes dans l’élaboration

des actions visant un public bénéficiaire féminin (voir AGR, cash transferts, etc.) en toute conscience que la charge des tâches ménagères dont sont investies les femmes a souvent des conséquences sur le temps qui peut être accordé aux soins et aux attentions pour les enfants.

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55 Travailler avec les communautés. Médecins du Monde, 2012. 56 P. Laville Delvigne (2000). En plus du fait que les communautés sont fluctuantes, chaque personne peut revendiquer des appartenances

multiples (la province d’origine pour ceux qui ont émigré dans les centres urbains, la foi religieuse, l’orientation politique, etc.). 57 Bien entendu une démarche entièrement spontanée et endogène est rare dans l’histoire des organisations de base; ce n’est pas pour autant

que certaines organisations n’ont pas su se rendre autonomes par rapport à leurs partenaires. Toutefois l’évolution organisationnelle est un processus délicat qui nécessite de l’adresse et d’être suivi de près afin de comprendre le niveau d’acceptabilité des changements souhaités de la part des membres des organisations concernées.

De plus, travailler avec des personnes issues de la « communauté » suppose avoir déjà une idée de la façon dont celle-ci est constituée et fonctionne 55 en prenant en compte tant les éléments de cohésion, que les clivages et les divisions. En effet, contrairement à l’image mythique de « communautés » soudées, « les sociétés locales sont différenciées, constituées d’ac-teurs hétérogènes, inscrits dans des systèmes d’iné-galité et de dépendance, avec des statuts sociaux, des moyens économiques, des réseaux sociaux dif-férenciés. N’ayant pas les mêmes positions sociales et économiques, il est bien logique que ces différents acteurs n’aient pas les mêmes intérêts, ni les mêmes réactions par rapport à l’offre de service d’un pro-jet ». 56 La mise en place de l’approche communautaire doit donc prendre en compte cet éventuel éclatement. L’analyse, l’information constante et l’échange conti-

nuel sont parmi les clefs les plus fonctionnelles qui permettent d’éviter les manipulations ou incompré-hensions réciproques.

Enfin, et dans le but d’accroître notre redevabilité organisationnelle envers ceux à qui sont adressées nos interventions, nous nous appuyons sur les mé-thodes participatives afin qu’elles nous fournissent une structure pour traiter les plaintes si les popula-tions ont le sentiment que leurs besoins ne sont pas ou mal satisfaits ou qu’on leur a causé du tort en leur portant assistance. Du fait de notre proximité avec les bénéficiaires nous faisons en sorte d’améliorer notre capacité quotidienne à garantir l’existence de méca-nismes de redevabilité solides, à suivre leur efficacité et à évaluer leur influence sur les résultats et impacts d’un projet.

Les actions de Sécurité Alimentaire & Moyens d’Exis-tence de Tdh sont conçues fréquemment pour le béné-fice de groupes – formels et non – d’acteurs. Il s’agit souvent d’organisations de base et de petites asso-ciations qui bénéficient, en première instance, des actions de nos projets et que par la suite, une fois le support externe terminé, sont appelées à prendre en charge la poursuite des activités. Des formes d’aide collectives répondent certainement à des exigences d’efficience et se fondent souvent sur la conviction que le développement passe aussi par des appuis à la structuration et au renforcement des pratiques associatives à la base. Néanmoins, Tdh est consciente que les démarches d’agencement organisa-tionnel pilotées par l’extérieur ont rarement du succès.

C’est pour cela que Tdh ne considère pas l’existence de pratiques d’entraide (labours collectifs à rotation des champs, entretiens des structures villageoises, etc.) comme le seul préalable d’une mise en commun des ressources et des revenus (exploitations com-munes, AGR collectives, etc.). Dans nos interventions, nous évitons autant que possible le montage institu-tionnel ainsi qu’une dénaturation ou altération radicale des modalités associatives originelles des groupes afin de ne pas miner les facteurs de viabilité. Notre appui ne vise que l’accompagnement des dynamiques associatives et collectives existantes dans le but de renforcer les facteurs de viabilité. 57

Approches collectivistes versus appuis individuels.

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Compte tenu de la nouveauté du thème de la Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence au sein de notre dispositif opérationnel, Tdh se propose de dévelop-per, au niveau global et des délégations nationales, des partenariats stratégiques avec des organisations (associations, fondations, ONG, instituts de recherche, etc.) disposant d’une expertise thématique spécifique. En outre, Tdh privilégie la recherche de partenaires locaux pour l’élaboration, la mise en œuvre et l’évalua-tion de ses interventions sur la thématique et cherche à y intégrer activement les réseaux sectoriels.

Tdh n’attache pas systématiquement à la création de partenariats une démarche de renforcement de capa-cités. Il est en effet laborieux de poursuivre à la fois des objectifs de résultat sur un projet et d’accompa-gner en parallèle son partenaire dans l’acquisition de compétences et d’une réelle autonomie.Néanmoins, Tdh fait en sorte de créer systématique-ment des moments d’apprentissage réciproques avec ses partenaires afin de renforcer ses connaissances, ses positionnements et ses méthodes d’interventions.

La notion de « sensibilité aux conflits » a émergé dans les deux dernières décennies comme un cadre de ré-flexion incontournable dans les contextes fragiles. Elle s’articule autour de deux piliers : (i) l’impératif de Ne Pas Nuire (Do No Harm en anglais) et (ii) les efforts de saisir les opportunités pour contribuer au renforcement de la paix. Le concept et l’approche Ne Pas Nuire est le résultat d’une prise de conscience: « lorsque l’assistance internationale est distribuée dans le contexte d’un conflit violent, elle devient une partie de ce contexte et donc également une partie de ce conflit. Bien que les organisations humanitaires cherchent souvent à être neutres … les répercussions de l’aide offerte ne sont pas neutres quant à l’évo-lution du conflit » (Zicherman, 2011). Plus récemment

l’approche Ne Pas Nuire a également fait son chemin au sein des interventions de reconstruction et de développement. En effet, dans son acception la plus large, elle implique la capacité à faire en sorte que notre intervention n’exacerbe pas des tensions exis-tantes en minant la cohésion sociale. Bien que non directement engagée dans des inter-ventions de construction de la paix, Tdh considère la matrice analytique Ne Pas Nuire comme une opportu-nité pour améliorer la compréhension des interactions entre l’intervention et le contexte et pour prendre en compte cette interaction dans les phases d’identifi-cation et de mise en œuvre, afin d’éviter les dérives nocives et de maximiser les impacts positifs. 58

Partenariat. 59

Ne Pas Nuire et sensibilité aux conflits.

58 Comme souligné par Pierre Janin, la faim et les famines sont des objets éminemment politiques, souvent exaspérés par une médiatisation outrancière des situations d’urgence. « Depuis 1985 et la famine éthiopienne, la «pipolisation», désormais incontournable de l’action hu-manitaire, modifie également fortement les priorités d’intervention, désormais plus dictées par cette actualité que par une analyse plus objective ». Faim et politique: mobilisations et instrumentations. Politique africaine, 119 (2010), pp. 5-22. Le risque est donc celui de devenir objet d’instrumentalisation en période de tension alimentaire. Voir aussi à ce propos la note 78. Voir aussi les notes 45 et 49 relatives aux conséquences néfastes de certaines réponses monétaires sur la cohésion sociale.

59 Selon le Comité catholique contre la faim et pour le développement – Terre Solidaire, le partenariat est un processus dynamique d’accom-pagnement réciproque s’étalant sur plusieurs années, fondé sur le partage de références et valeurs communes. Les projets ne constituent pas une fin en soi mais sont considérés comme les terrains où la relation de partenariat aménage ses balises et fonde ses contenus.

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Le contexte mondial de l’action humanitaire et de déve-loppement a considérablement évolué au fil de ces trois dernières décennies. Du fait du nombre croissant et de la diversité des acteurs impliqués, la participation aux mécanismes visant à assurer la prévisibilité des inter-ventions et à améliorer la coordination stratégique sur le terrain est devenue un élément essentiel de notre action. Ceci est d’autant plus vrai dans le secteur de la Sécu-rité Alimentaire & Moyens d’Existence qui compte un nombre particulièrement important d’acteurs. Tdh considère la coordination sectorielle comme étant un enjeu crucial pour l’établissement de stratégies visant réduire les insuffisances de l’aide et éviter la duplication des tâches et le chevauchement des interventions. Il faut néanmoins prendre en compte qu’aucun dispositif de coordination n’est parfait (c’est-à-dire capable de

rassembler tous les acteurs significatifs et d’orienter – sur la base de principes d’efficacité et de pertinence – les actions de tout un chacun). 60 Tdh assume donc la responsabilité de combler les lacunes des mécanismes existants (notamment en termes d’analyse des besoins et de promotion d’une gamme diversifiée de réponses) par des démarches internes visant une identification méticu-leuse des parties prenantes de nos interventions et par une recherche décloisonnée de synergies afin de mieux correspondre aux situations des groupes bénéficiaires.Par ailleurs, nos efforts pour coordonner notre interven-tion thématique avec celles des autres acteurs ne seront pas en contradiction avec notre détermination de travail-ler efficacement et en ligne avec les valeurs auxquelles nous adhérons (et en particulier à des critères d’effi-cience et d’optimisation du rapport coûts-bénéfices). 61

Participation aux mécanismes de coordination.

60 Malgré ses intentions, et nonobstant d’indéniables progrès depuis 2007 – année de la réforme humanitaire – les clusters n’incluent qu’une partie marginale des intervenants humanitaires (principalement les agences des Nations Unis et les ONG internationales de taille au moins moyenne).

61 « Nous utilisons et gérons de façon optimale nos ressources et compétences ». Nos valeurs. Tdh, 2014.

Tdh se donne comme objectif de promouvoir une dé-marche critique de son action et à cet effet elle fa-vorise la création d’un cadre d’apprentissage et de réflexion permanent. Tdh est convaincue que les partenariats avec les milieux de la recherche peuvent apporter une véritable valeur ajoutée dans la compréhension de la pertinence et de l’efficacité de nos programmes. L’émergence d’une so-cio-anthropologie de développement ouverte également aux actions humanitaires (surtout dans le secteur de la protection sociale) élargit ultérieurement les fenêtres d’opportunité pour établir des collaborations. En vertu de sa nouveauté dans le dispositif opération-nel de Tdh, le secteur de la Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence se prête idéalement à ce travail

d’investigation et à une démarche de recherche-ac-tion. En effet, le changement se construit au fur et à mesure que les acteurs comprennent, apprennent et expérimentent. Il s’agira de donner l’opportunité à nos équipes de réfléchir sur nos propres pratiques et ceci à deux niveaux: d’une part autour des problématiques concrètes rencontrées au niveau des projets et d’autre part sur des enjeux plus larges concernant la théma-tique Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence au sein de l’action humanitaire et de développement.La nature des liens avec les milieux académiques pourra donc être variable: projet pilote, élaboration de curricula de formation, enquêtes longitudinales, recherches appliquées, analyses de pratiques, etc.

Liens avec la recherche et les milieux académiques.

Pour les décideurs la recherche serait le contraire de l’action plutôt que le contraire de l’ ignorance.

Martin Surr

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Sans pour autant minimiser les impacts de nos inter-ventions au niveau local, Tdh a l’ambition que ses ac-tions et ses innovations contribuent, grâce à un chan-gement d’échelle, 62 à des transformations sociales, économiques et politiques de plus grande ampleur.Tdh est persuadée qu’un changement social durable peut plus naturellement se produire lorsque les ac-teurs des milieux politiques sont impliqués dans notre action. Par conséquent, Tdh considère la connais-sance des politiques publiques et l’acquisition d’apti-

tudes à analyser et influencer l’environnement institu-tionnel, comme un exercice capital à développer dans chaque contexte d’intervention. Tdh s’efforce donc systématiquement et au sein de chaque délégation de définir une stratégie structurée destinée à influer sur les processus de prises de déci-sions et les décideurs sur la base des enseignements émanant de notre expérience de terrain.

Plaidoyer national.

62 « La mise en œuvre d’un changement d’échelle peut se heurter à trois écueils majeurs : le changement d’échelle ne peut être une simple réplication d’une expérience réussie à l’identique, car cette simple réplication dans des contextes et territoires souvent différents est loin de garantir le succès attendu. Les processus par lesquels un changement s’opère dans un village ne répondent pas aux mêmes principes et relations de cause à effet que ceux que l’on cherche à mettre en œuvre pour organiser le changement dans un département, une province ou un Etat. Il ne s’opère pas non plus par simple propagation à l’identique de proche en proche. En effet, le processus par lequel une nou-veauté s’invente ou est mise en œuvre suppose des adaptations et des transformations techniques et sociales. Enfin, le mot "échelle" induit également le risque de penser qu’il y aurait une progression continue possible pour un projet entre un niveau d’organisation "inférieur" (par exemple un village) et des niveaux supérieurs (par exemple une grande région). Or il n’en est rien : le changement d’échelle suppose des articulations entre niveaux d’organisation souvent discontinus ». Sous la coordination de F. Apollin et C. Mainenti. L’action des ONG face au défi du changement d’échelle. GRET, Traverses n.43.

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Glossaire.

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Ce glossaire, qui n’a aucunement des prétentions d’exhaustivité, se propose de restreindre le champ séman-tique des concepts-clés de notre référentiel thématique commun.

AGR Les Activités Génératrices de Revenus sont des occupations économiques qu’un individu (ou un groupe d’individus) peut exercer à partir d’un (moindre) bagage pro-fessionnel par la création d’une petite entreprise et qui va lui permettre de tirer des moyens financiers.

Ciblage Dans le cadre d’un programme de développement ou d’urgence, le ciblage est le dispositif supposé déterminer les individus, les ménages, les groupes et les agglo-mérations qui bénéficieront des prestations et des contributions de l’intervention (dons, subventions, formations, etc.).

Déviance Positive Approche communautaire pour la réhabilitation nutritionnelle et les changements de comportement fondée sur l’identification et la promotion de stratégies locales pour faire face aux problèmes (nutritionnels).

Droit à l’alimentation Le droit à l’alimentation est le droit d’avoir un accès régulier, permanent et libre, soit directement, soit au moyen d’achats monétaires, à une nourriture quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante, correspondant aux traditions culturelles du peuple dont est issu le consommateur, et qui assure une vie psychique et phy-sique, individuelle et collective, libre d’angoisse, satisfaisante et digne. 63

Durabilité Continuation des bénéfices résultant d’une action de développement après la fin de l’intervention. Probabilité d’obtenir des bénéfices sur le long terme. Situation par laquelle les avantages nets sont susceptibles de résister aux risques. 64

Efficacité Mesure selon laquelle les objectifs de l’action de développement ont été atteints, ou sont en train de l’être, compte tenu de leur importance relative. 65

Efficience Mesure selon laquelle les ressources (fonds, expertise, temps, etc.) sont converties en résultats de façon économe.66

Emploi / Travai L’emploi correspond à une occupation rémunérée qui fait partie de la sphère écono-mique. Le travail, en revanche, relève de la sphère sociale et n’est pas nécessaire-ment rétribué.

Evaluation L’évaluation consiste en un exercice qui s’efforce d’apprécier la qualité d’un objet tout en décortiquant les processus qui expliquent la situation actuelle, afin de faci-liter des décisions qui vont être prises à son égard.

63 Rapporteur Spécial Droit à l’Alimentation.64 Familles de critères d’évaluation. EuropeAid. Co-Operation Office. 65 Idem. 66 Idem.

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Impacts Effets à long terme, positifs et négatifs, primaires et secondaires, induits par une action de développement, directement ou non, intentionnellement ou non. 67

Moyens d’existence durables (MED)

Les moyens d’existence sont les capacités (à la fois les ressources matérielles et sociales) et les activités nécessaires à un individu pour gagner sa vie. Les moyens d’existence sont durables lorsqu’on est en mesure de supporter les tensions et de se remettre des chocs, de conserver ou d’améliorer ses capacités et ses biens sans pour autant compromettre la base des ressources naturelles. 68

LRRD Linking Relief Rehabilitation and Development

Une approche LRRD implique la capacité d’établir des liens entre les interventions d’aide d’urgence (qui répond aux besoins immédiats), de réhabilitation (voire de relè-vement précoce) et de développement à plus long-terme ; elle implique la capacité de penser son intervention et d’ajuster ses méthodologies d’intervention selon les évo-lutions – souvent inégales au sein des mêmes unités géographiques – du contexte.

67 Idem.68 DFID, 1999. 69 Comité des Nations Unies pour les droits économiques, sociaux et culturels, 2001.70 UE. 71 Sommet mondial de l’alimentation de 1996.

Partenariat Le partenariat est un processus dynamique d’accompagnement réciproque s’éta-lant sur plusieurs années, fondé sur le partage de références et valeurs communes.

Pauvreté La pauvreté est une condition humaine caractérisée par la privation soutenue ou chronique des ressources, des capacités, des choix, de la sécurité et du pouvoir nécessaire pour la jouissance d’un niveau de vie suffisant ainsi que d’autres droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. 69

Protection sociale La protection sociale désigne tous les instruments, dispositifs et mécanismes de prévoyance collective visant à lutter contre la pauvreté et la vulnérabilité et qui permettent aux individus ou aux ménages de faire face financièrement aux consé-quences des risques sociaux.

Résilience La résilience est la capacité d’une personne physique, d’un ménage, d’une commu-

nauté, d’un pays ou d’une région à résister, à s’adapter et à récupérer rapidement à la suite de crises et de chocs (tels que des sécheresses, des violences, des conflits ou des catastrophes naturelles). 70

Sécurité Alimentaire La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimen-taires pour mener une vie saine et active. 71

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72 Sécurité alimentaire, nutrition, résilience : quelques définitions. Grain de Sel n.59-62, 2012/2013. 73 FAO, 2012. 74 ACF.

Sécurité Nutritionnelle Le concept de sécurité nutritionnelle englobe et dépasse celui de sécurité alimen-taire. 72 « La sécurité nutritionnelle existe lorsque tous les êtres humains, à tout mo-ment, peuvent consommer en quantité suffisante une nourriture de qualité appropriée en termes de variété, de diversité, de teneur en nutriments et de sécurité sanitaire pour satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires et ainsi mener une vie saine et active, tout en bénéficiant d’un environnement sanitaire et de services de santé, d’éducation et de soins adéquats ». 73

Sous-Nutrition (alimentation)

La sous-nutrition (ou sous-alimentation) est l’une des deux formes de malnutrition, définie par un apport nutritionnel insuffisant ou par la répétition de maladies in-fectieuses et de faibles pratiques de soins. Elle inclue un sous-poids par rapport à l’âge, une petite taille par rapport à l’âge (retard de croissance – sous-nutrition chronique), une maigreur excessive par rapport à la taille (émaciation – sous-nutri-tion aigüe) et des carences en vitamines et minéraux. 74

Suivi Le suivi est une démarche itérative qui produit de l’information sur la mise en œuvre de nos actions en vue d’aider à la décision pour le pilotage et la gestion d’une intervention.

Transferts monétaires conditionnels

Fonds transférés à condition que les bénéficiaires les utilisent à des fins préalable-ment convenues (par exemple pour qu’ils fournissent un service ou fassent usage d’un service comme l’école, le centre de santé, etc.).

Transferts monétaires inconditionnels

Fonds accordés sans conditions à des individus ou des ménages dans le but de ré-duire leur exposition à la pauvreté ou de protéger leurs moyens d’existence.

Vulnérabilité La vulnérabilité (à l’insécurité alimentaire) est l’incapacité d’une personne ou d’un

groupe de maintenir un niveau acceptable de sécurité alimentaire dans le présent. La vulnérabilité contient l’idée d’une évolution. L’expression « vivre sur le fil du ra-soir » offre une bonne image de ce que signifie la vulnérabilité.

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Annexes.

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Définition 76

L’expression « protection sociale » désigne un large éventail d’instruments, dispositifs et mécanismes de prévoyance collective visant à lutter contre la pauvre-té et la vulnérabilité et qui permettent aux individus ou aux ménages de faire face aux conséquences des risques sociaux. Il s’agit notamment de situations – permanentes et transitoires – pouvant provoquer une baisse des ressources ou une hausse des dépenses et donc une vulnérabilité accrue (vieillesse, maladie, invalidité, chômage, charges extraordinaires, etc.). Le concept de protection sociale se fonde sur un prin-cipe de solidarité collective qui devrait compléter des mécanismes éventuels de solidarité privée (d’une fa-mille, d’un groupe, d’une corporation, etc.) et renvoie à l’idée que les politiques publiques devraient garantir les minima sociaux aux couches les plus vulnérables. La protection sociale se définit également par son ca-ractère durable et prévisible : les aides sont régulières et inscrites dans un registre législatif. De nombreuses définitions mettent en exergue les différences avec la sécurité sociale – c’est-à-dire un régime contributif auquel les bénéficiaires concourent par l’intermédiaire, par exemple, de retenues sur les salaires – qui fournit une forme de garantie de revenus en cas de chômage, retraite et autres situations hors emploi structuré. Etant donné que la couverture de la sécurité sociale est généralement très faible dans les pays pauvres où l’emploi est concentré dans le secteur

informel et les activités sont souvent indépendantes - la protection sociale vise à corriger cette lacune en élargissant l’assistance sociale aux personnes « non couvertes ». Ces programmes de protection sociale (voire d’assistance sociale) non contributive peuvent être financés par des recettes gouvernementales ou par des dons et des prêts qui peuvent provenir d’orga-nisations internationales.

Dilemmes et défis

Tout programme de protection sociale (non fondé sur une volonté d’accorder un revenu minimum d’exis-tence 77 ou une allocation universelle) doit se confron-ter aux défis que pose l’identification des nécessiteux. Bien que tout système de ciblage est imparfait et induit des erreurs d’exclusion et d’inclusion, la définition de modalités de ciblage simples et compréhensibles de-meure cependant fondamentale. Le ciblage doit être conçu et mis en œuvre avec soin afin d’éviter le risque de transférer des ressources à des personnes qui ne sont pas censées en bénéficier ou qui n’en ont pas besoin, ou celui d’omettre des per-sonnes censées en bénéficier. Dans le cadre de toute intervention, il est par ailleurs fondamental de faire la différence entre ceux qui ont des capacités réduites pour sortir de la pauvreté, ceux qui nécessitent d’une assistance sociale à long terme à caractère institu-tionnel (les personnes pauvres âgées, les porteurs

Annexe 1 : La protection sociale.75

75 Cette annexe – et plus particulièrement les paragraphes sur le socle de sécurité alimentaire – est largement inspirée par : La protec-tion sociale pour la sécurité alimentaire, un Rapport du Groupe d’Expert de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition. HLPE Rapport 4, 2012.

76 Il existe de nombreuses définitions de protection sociale. La plupart mettent l’accent sur la gestion des risques et la fourniture d’une assis-tance aux pauvres, tandis que d’autres ajoutent une dimension liée aux droits de l’homme et une composante de durabilité et de prévisibilité. D’autres encore incluent l’accès à des services de base, surtout les soins de santé, ainsi que le soutien aux moyens d’existence des pauvres, comme les subventions aux intrants agricoles ou soulignent le fait que la protection sociale englobe l’assurance sociale (protection contre les risques et aléas tout au long de la vie), l’assistance sociale (qui aide les pauvres par des transferts en espèces ou en nature), et les mé-canismes d’intégration sociale, qui aident les personnes marginalisées à s’intégrer pleinement dans la vie sociale et économique.

77 Cette proposition est aussi appelée: revenu universel, revenu inconditionnel (suffisant), revenu (minimum) d’existence, revenu social (ga-ranti), allocation universelle, revenu de vie, revenu de citoyenneté, ou dividende universel. Ces concepts ont en commun le principe de rémunération inconditionnelle des citoyen : une somme d’argent donnée régulièrement et inconditionnellement par l’État à tout citoyen tout en poursuivant des objectifs multiples (résoudre la problématique du chômage et des pensions, simplifier le système de sécurité sociale et la fiscalité, limiter les écarts de richesse, etc.)

Il faut rappeler avec fermeté que la protection sociale n’est pas seulement l’octroi de secours en faveur des plus démunis pour leur éviter une déchéance totale.

Au sens le plus fort du mot, elle est pour tous la condition de base pour qu’ ils puissent continuer d’appartenir à une « société de semblables ».

Robert Castel

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d’handicaps, etc.) et le soutien aux couches pauvres, qui peuvent bénéficier des synergies entre l’assistan-ce sociale et les programmes de développement axés sur la croissance et qui pourraient, à terme, ne plus avoir besoin de mesures de protection sociale. Malgré la remarquable expansion des programmes de protection sociale dans un nombre croissant de pays en développement, le principal défi pour tout gouver-nement est d’atteindre une couverture adéquate des garanties fondamentales et d’étendre la protection so-ciale aux personnes les plus démunies et les plus vul-nérables, en particulier dans les zones plus difficiles d’accès et auprès des travailleurs du secteur informel. Ce défi est d’autant plus crucial en raison de la mar-ginalisation des programmes de protection sociale dans les arbitrages budgétaires. En effet la mise en place d’une politique de protection sociale est loin de faire l’unanimité : les voix critiques – parfois de ma-nière assez inappropriée – tendent à dénoncer les coûts sociaux et les dérives en termes d’assistanat et d’encouragement de phénomènes de dépendance chronique des plus pauvres.Il faut par ailleurs noter qu’un dispositif de protection sociale ciblant les plus vulnérables ne devrait pas re-mettre en question les acquis de l’Etat-providence et une vision plus large de la protection sociale qui préconise un accès universel et gratuit aux services publics (santé, éducation, infrastructures).Enfin, le fait que l’on classe au sein de la protection sociale les filets sociaux à nature réactive / humani-taire (lors de crise aigüe ou de vulnérabilités accrues) induit non seulement un glissement sémantique avec une perte du sens originaire du terme mais aussi une tendance de plus en plus importante à financer des dispositifs réactifs et/ou d’urgence ou de réponse aux crises plutôt que des dispositifs pérennes en mesure de prévenir durablement les formes les plus extrêmes de pauvreté.

Concepts tangents

Le Socle de Protection Sociale (SPS) Le Socle de Protection Sociale (SPS) est une initia-tive lancée en 2009 et portée par les organismes des Nations Unies. Elle a comme point de départ le droit à la sécurité sociale tel qu’il est définit dans la Déclara-tion universelle des droits de l’homme qui statue que toute personne ayant besoin de protection doit pou-voir accéder aux biens, aux services et aux transferts sociaux essentiels. 78 La promotion d’un SPS se fonde sur l’idée que les systèmes nationaux de protection sociale réduisent la pauvreté et l’inégalité, favorisent le développement du potentiel productif des popula-tions, stimulent les économies locales et constituent des méthodes efficaces de lutte contre l’informalité.

Socle de sécurité alimentaire Le concept de « socle de sécurité alimentaire» est ana-logue à celui de «socle de protection sociale». Il se fonde sur le principe que l’alimentation est un besoin fonda-mental pour la survie (ne plus souffrir de la faim est le seul droit de l’homme déclaré droit « fondamental » dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels) et propose une série de mesures visant à garantir ou à protéger l’accès à l’alimentation et à garantir la sécurité alimentaire pour tous.Le premier niveau est un ensemble d’interventions évolutives de nutrition et d’assistance sociale qui de-vraient toujours être en place pour répondre aux situa-tions d’urgence et qui pourraient inclure des transferts d’espèces indexés sur les prix des biens ainsi qu’une assistance alimentaire. Le deuxième niveau est consti-tué par les filets de sécurité sociale, qui comprennent des mécanismes d’assurance et d’assistance – travaux publics saisonniers ou systèmes de garantie d’un em-ploi, assurance indexée sur les conditions météoro-logiques, gestion des réserves de céréales – conçus pour empêcher les individus de s’enfoncer dans la mi-sère et la famine. Le troisième niveau comprend des mesures de promotion de l’agriculture – accès à la terre, à l’eau, aux engrais, aux semences et aux ser-

78 « Vous avez le droit, toi et ta famille, d’avoir ce qu’il faut pour ne pas tomber malade, manger à votre faim, vous habiller et vous loger et vous avez le droit d’être aidés si tu n’as plus de travail, si tu es malade, si tu es vieux, si ta femme ou ton mari est mort ou si tu ne gagnes pas ta vie pour tout autre raison indépendante de ta volonté. La mère qui va avoir un enfant et le bébé lui-même doivent bénéficier d’une protection particulière ». Version simplifiée de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

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vices financiers – qui pourraient être utilisées dans le cadre de programmes de développement agricole ou de protection sociale (subventions d’intrants).

Filets sociaux de sécurité (ou filets de sécurité sociale) Les filets sociaux sont des programmes de transferts non contributifs qui visent à stimuler – directement ou par le biais d’un effet de substitution – la consommation de produits de base et de services essentiels par les ménages. « Les populations pauvres et vulnérables aux-quelles ils s’adressent sont des groupes de personnes incapables de satisfaire à leurs propres besoins essen-tiels ou qui risquent de basculer dans la pauvreté sous l’effet de chocs exogènes ou de problèmes socio-éco-nomiques tels que l’âge, la maladie ou un handicap. Les filets sociaux sont des dispositifs non financés par des cotisations qui forment, avec les régimes d’assurance sociale et les législations sociales, un ensemble global de programmes contributifs ou non contributifs de pro-tection sociale ». 79

La plupart des filets sociaux existant sont de nature réactive : ils sont mis en œuvre en réponse à une crise, afin de venir en aide aux populations touchées. Des interventions déclinées sur le court terme permettent

d’éviter que les ménages pauvres vendent leurs biens de production ou déscolarisent leurs enfants pour acheter de la nourriture et elles empêchent la repro-duction à long terme de la pauvreté. Néanmoins, l’une des caractéristiques – souvent sous-estimée – de la vulnérabilité est que celle-ci est persistante et récurrente, parfois cyclique (par exemple saisonnière).

Filets de sécurité alimentaire Un filet de sécurité alimentaire apporte de ressources à une période et une périodicité adéquate et d’un niveau adéquat. Il est prévisible, garanti et décliné sur plu-sieurs années. Il est accordé à des personnes souffrant chroniquement de la faim, afin de leur permettre d’accé-der à un apport alimentaire suffisant en quantité et en qualité et de protéger, voire d’améliorer, leurs moyens d’existence, leur capital et leurs stratégies de survie.

79 V. Monchuk. Reducing Poverty and Investing in People, The New Role of Safety Nets in Africa. The World Bank, 2014

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Introduction

Les conflits et les catastrophes naturelles peuvent dra-matiquement miner la capacité des populations à pré-server leurs moyens d’existence. Les aléas climatiques dans les contextes où la survie des populations dépend des ressources naturelles constituent une réelle préoc-cupation en raison de leurs effets socio-économiques pervers. En outre, la croissance démographique exa-cerbe souvent la pression sur les ressources et l’envi-ronnement et force les couches les plus vulnérables de la population à entrer davantage en concurrence (ce qui peut générer de nouveaux conflits et engendrer des phénomènes migratoires et des déplacements). Par ailleurs, un processus continu de fragilisation du tissu institutionnel et social, place certains groupes dans des situations de précarité extrême qui ont des conséquences – souvent irréversibles – sur les capaci-tés de production. Les crises prolongées se distinguent d’un choc à court terme (comme une inondation ou un tremblement de terre) par l’impact durable qu’elles pro-voquent sur les moyens d’existence des ménages. La nature de ces crises se traduit souvent par une érosion soutenue des actifs. Lorsque les situations d’urgence se prolongent sur plusieurs années, contribuer à garantir la sécurité alimentaire et lutter contre la pauvreté chro-nique deviennent des tâches extrêmement complexes.

Principes

Non sans reconnaître la présence d’un certain nombre de défis de taille, dans les situations de crises, nos interventions sectorielles s’articulent à partir d’un en-semble de concepts clés.

1. Analyse En dehors des situations requérant une action immé-diate afin de sauver des vies, nos projets seront basés sur une analyse appropriée, y compris à l’échelon ins-titutionnel, de la situation alimentaire et nutritionnelle. Toute action non issue d’un examen solide du contexte risque en effet de compromettre l’efficacité de l’inter-vention, voire même, dans le pire des cas, d’aggraver la situation.80 En effet, toute action dans le domaine de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la pauvreté s’insère dans un contexte éminemment politique (celui de la souveraineté alimentaire) où « différents groupes ou institutions vont mobiliser des savoirs et des exper-tises, construire leur propre interprétation et s’efforcer de la faire prévaloir ou de la concilier avec celle d’autres acteurs en fonction de leurs différents intérêts ». 81

2. Approches LRRD Le continuum urgence-relèvement-développement en tant que registre d’analyse se fondant sur la notion qu’une crise interfère avec un développement linéaire en cours a été largement critiqué de par son abstrac-tion. En effet les crises sont rarement suivies d’un redressement sans contrecoups et des phénomènes requérant des réponses d’urgence cœxistent souvent – par simple juxtaposition géographique – avec des contextes plus propices à des réponses à plus long terme. 82 De la même manière un modèle d’assistan-ce qui préconise une stratégie de sortie de crise par un retour aux conditions d’avant crise révèle souvent de fortes ambigüités. Dans la majorité des contextes d’urgence, la situation préexistante était tout autant insatisfaisante, avec des niveaux d’insécurité alimen-taire et de malnutrition infantile inacceptables. Tdh se propose de favoriser l’articulation entre les in-

Annexe 2 : Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence en situation d’urgence.

80 « Aucune action n’intervient dans un terrain vierge. Face au " problème » identifié et auquel l’intervention est censée apporter une réponse, les acteurs ont – sauf exception – à leur disposition une série de possibilités et de recours. Même si ceux-ci sont limités, peu efficaces (ou en tous cas apparaissent comme tels aux yeux extérieurs), ils n’en existent pas moins. L’offre nouvelle apportée par l’intervention ne vient pas combler un vide, elle va s’insérer dans un ensemble préexistant, élargissant la gamme des choix. En fonction des caractéristiques de cette nouvelle offre, par rapport à ce qui préexiste, les acteurs vont, en fonction de leur situation et de leurs propres critères de choix, faire évoluer leurs stratégies, et modifier leur façon de recourir à telle ou telle solution. Partir de cette hypothèse, et s’interroger sur les avantages et inconvénients de l’offre nouvelle, du point de vue des différents types d’acteurs, permet de mieux cibler l’action et d’éviter des échecs cuisants. » Ph. Lavigne Delville (2000).

81 X. Rombé, J. Jézéquel. Niger 2005, une catastrophe si naturelle. Karthala, 2007. Dès 1952, J. de Castro soulignait que “ peu de phénomènes ont influé aussi intensément sur le comportement politique des peuples que le phénomène alimentaire et la tragique nécessité de manger”. Selon Sylvie Brunel : « En réalité, les famines "modernes" se sont multi-pliées depuis l’effondrement du rideau de fer: elles sont la consé-quence de la nécessité, pour un certain nombre de mouvements politiques, de chercher de nouvelles rentes... La manipulation de l’aide alimentaire est née en même temps que l’humanitaire d’urgence... La famine remplit ainsi un triple objectif. Elle permet à certains régimes: de recevoir des moyens financiers et matériels sans rapport avec l’aide chichement octroyée en temps normal; d’asseoir la légitimité d’une politique interne en orchestrant les distributions de nourriture; de contrôler certaines populations gênantes ou périphériques par le biais de l’arme de la faim ». Quand la famine fait des heureux. Le Monde, décembre 2002.

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terventions à court terme et celles à plus long terme avec la possibilité de combiner les deux par des voies qui facilitent les allers-retours entre ces deux modalités d’action. Compte tenu de ce souhait, notre intervention garantit un soutien adéquat aux moyens d’existence par le biais d’initiatives qui assurent un accès immédiat à l’assistance (lorsque nécessaire) tout en s’attaquant également aux causes fondamentales qui sont à l’ori-gine de l’insécurité alimentaire à long terme. 83

3. Résilience La capacité d’un ménage ou d’une communauté à gé-rer les risques qui découlent d’une crise ou d’une ca-tastrophe dépend largement de ses ressources et de ses stratégies d’adaptation et de subsistance.Tdh s’efforce d’accroître la résilience des populations et de leurs moyens d’existence face aux menaces. En privilégiant des approches fondées sur la résilience, Tdh se propose de mettre l’accent non seulement sur le rétablissement et la protection mais aussi sur le dé-veloppement des moyens d’existence afin de préser-ver l’intégrité des populations et des sociétés frappées par une crise chronique ou passagère.

4. Partenariat Lorsque les institutions se dénotent par leur manque d’efficacité et de légitimité, et que les expressions de la « société civile » se caractérisent principalement comme des tremplins pour une carrière politique ou des plateformes pour la captation de l’aide (comme cela est souvent le cas dans les crises prolongées), il peut s’avérer difficile d’identifier des partenaires adé-quats et des points d’entrée pour nos interventions. En outre, dans certains contextes, les gouvernements et

les acteurs locaux souvent ne présentent pas, en tant que parties prenantes du conflit, les critères minimaux pour l’établissement d’une relation partenariale. Néan-moins, le travail avec des partenaires locaux au stade de la planification, de la prestation et de l’évaluation de l’intervention est souvent un facteur-clé du succès. Notre effort est donc celui d’identifier systématique-ment des partenaires crédibles (organisations de base, instituts de recherche, etc.) à nos interventions huma-nitaires. Dans ce même sens, nous essayons de créer systématiquement des synergies avec les programmes gouvernementaux en matière de sécurité alimentaire et lutte contre la pauvreté.

5. Gestion de la Sécurité Les incidents dans le cadre des opérations humani-taires ne sont pas nouveaux, mais leur caractérisa-tion a évolué. La gestion de la sécurité est une donnée incontournable dans l’élaboration de nos dispositifs d’assistance. Tout en valorisant des analyses appro-fondies des contextes d’intervention qui prennent plei-nement en compte les facteurs de volatilité, nous nous proposons d’aller au-delà des approches technocra-tiques de « gestion du risque » qui dépolitisent le phé-nomène de l’insécurité et du sentiment d’insécurité 84

et nous poursuivons en permanence une recherche de la sécurité par l’acceptation en développant des relations de confiance avec les acteurs en présence.En effet nous estimons que des interactions étroites existent, non seulement entre la participation de populations af fectées et la compréhension des contextes de crise, mais surtout entre la pertinence et l’efficacité de nos dispositifs d’aide et la protection de notre personnel. 85

82 Ceci ne signifie pas pour autant qu’aucun écart ne subsiste entre interventions d’urgence et de développement. « La finalité de l’action, les mandats et les objectifs sont distincts. L’enjeu principal des actions humanitaires est la survie des populations, tandis que les politiques de développement visent à traiter les causes profondes des inégalités de développement qui sont elles-mêmes source de conflits. Une autre distinction relève des modalités d’intervention, qui s’échelonnent sur un large spectre allant d’une quasi-substitution à des processus d’ac-compagnement. De fait, ces facteurs induisent des différences de culture et d’idéologie qui ne sont pas toujours conscientes ». Humanitaires et développeurs : comment agir ensemble en sortie de crise et de conflit. AFD & URD, 2008.

83 Un exemple est le Twin Track Approach (approche à deux voies) adoptée principalement par la FAO et l’IFAD en cas d’urgence. Cette approche encourage à traiter les priorités immédiates de sécurité alimentaire et de développement durable tout en améliorant la productivité et la rési-lience. Dans ce même sens il faudrait considérer qu’un transfert d’argent ou de nourriture, si décliné sur le court terme, est une nécessité en tant que réponse immédiate à la faim et à la malnutrition, mais il est certainement inadapté à la faim « chronique » ou « structurelle ».

84 « Le fait de subsumer sous le même vocable d’ « incident sécu » l’ensemble des actes susceptibles d’affecter le personnel humanitaire ou leur matériel recèle une certaine ambiguïté, qui confère justement à cette catégorie sa puissance symbolique et performative… Au final, les politiques de sécurité sont le reflet de l’état de la relation, l’état, surtout, d’affaiblissement de la confiance entre les organisations hu-manitaires et la population locale. » A. Dandoy. Insécurité et aide humanitaire en Haïti: l’ impossible dialogue ? URD, 2013.

85 La ségrégation socio-spatiale des organisations, outre induire une infantilisation des opérateurs a un impact direct sur la capacité à com-prendre le contexte et les besoins des populations (Dandoy, 2013).

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Il est fréquent que les populations les plus exposées à l’insécurité alimentaire dans un contexte de crise soient également les plus éloignées (en raison de leur enclavement, à cause de la présence de groupes armées, etc.). Tdh ne considère pas l’éloignement comme un obstacle opératoire. Le maître-mot pour Tdh dans ces contextes sera l’adaptation. Les solu-tions « sécuritaires » adaptées aux contextes de crise ne pourront être identifiées que dans une démarche contextuelle, et non dans un cadre formaté, reproduc-tible à l’identique sur chaque terrain.

Modes opératoires

Dans le contexte de crise humanitaire, Tdh continue à se référer au dispositif principal d’intervention tel que décliné dans les activités et les questions trans-versales du présent document (implication des insti-tutions et des partenaires locaux dans la définition des interventions, prise en compte des enjeux liés au ciblage des bénéficiaires, sensibilité à ne pas nuire et attention envers la manière dont la crise affecte les différents groupes sociaux – en particulier les femmes, les enfants et les minorités.Elle intègre toutefois, lorsque nécessaire, des opéra-tions axées sur l’assistance alimentaire et/ou sur la distribution de semences et d’outils.

Assistance alimentaire 86

Par assistance alimentaire il faut entendre l’ensemble des initiatives pour améliorer le bien-être nutritionnel des populations qui, sans cela, n’auraient pas accès à une nourriture suffisante ou adéquate pour mener une vie saine et active et risqueraient de faire recours à des mécanismes d’adaptation nuisibles. L’assistance alimentaire peut passer par la fourniture directe de vivres, mais peut également se décliner différemment (le transfert ou la fourniture de services, d’intrants ou de matières premières, d’argent liquide ou de bons). Il faut néanmoins noter qu’une consommation alimen-taire adéquate ne peut pas à elle seule garantir une

nutrition adéquate. En conséquence, dans la plupart des cas, il faudra également envisager, en parallèle des opérations d’assistance alimentaire, des inter-ventions complémentaires (distribution de micronu-triments pour les enfants, 87 les femmes enceintes et allaitantes, facilitation d’accès à l’eau potable ainsi qu’aux services d’hygiène et de santé, etc.). Hormis dans les circonstances les plus exception-nelles (c’est-à-dire lorsque le temps de l’analyse coû-terait des vies et pour des interventions d’une durée de quelques semaines), Tdh fait en sorte que toute intervention d’assistance alimentaire soit précédée d’une analyse scrupuleuse des besoins et des causes et conçue sur la base des éléments récoltés. Par ail-leurs Tdh ne fait recours à l’assistance alimentaire que dans l’assurance de : i) ne pas nuire dans les opéra-tions de fourniture, ii) ne pas engendrer des phéno-mènes de dépendance à l’égard du système d’aide, iii) ne pas perturber le fonctionnement des marchés existants.

Distributions de semences et d’outils Lorsque les populat ions ont perdu l ’accès aux moyens de production ou lorsque l’on assiste à une forte dégradation du matériel végétal, il est parfois nécessaire de conjurer une éventuelle crise alimen-taire et nutritionnelle par des distributions ciblées de semences et d’outils. Néanmoins Tdh ne fait recours à de telles distributions que suite à une analyse approfondie des besoins des populations et dans tous les cas elle évitera de réité-rer des interventions faites en dehors d’un appui plus réfléchi au secteur agricole. 88

86 Paragraphes largement inspirés par : Assistance alimentaire : De l’aide alimentaire à l’assistance alimentaire. DG ECHO, 2014.87 Les carences en micronutriments sont associées à une dénutrition générale et, parmi celles-ci, les carences en vitamine A, fer, zinc et iode

sont les plus répandues chez l’enfant – les carences en vitamine A et zinc pourraient contribuer, au décès d’environ 1 million d’enfants par an et à 9% des années de vie infantiles corrigées du facteur invalidité (AVCI).

88 Voir à ce propos : « Pourquoi s’obstiner à distribuer des semences et outils ? Analyse des acteurs » dans : S.Levine et C.Chastre. Interventions en question. Analyse des actions relatives à la sécurité alimentaire dans la région des Grands Lacs. HPN, 2004.

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En physique la résilience est la capacité d’un ma-tériau soumis à un impact à retrouver son état initial. En psychologie la résilience est le résultat des processus individuels qui contrent la vulné-rabilité acquise suite à des évènements trauma-tiques. Dans l’agenda de la solidarité internatio-nale le concept de résilience a été introduit assez récemment (lors de la conférence de Kobé et dans le Cadre d’action de Hyogo en 2005). La commission de la UE définit la résilience comme « la capacité d’une personne physique, d’un ménage, d’une communauté, d’un pays ou d’une région à résister, à s’adapter et à récupérer rapidement à la suite de crises et de chocs (tels que des sécheresses, des violences, des conflits ou des catastrophes naturelles). La notion de ré-silience a deux dimensions: la force intrinsèque d’une entité, à savoir une personne physique, un ménage, une communauté ou une structure plus importante, de mieux résister aux crises et aux chocs, et la capacité de cette entité à rebondir rapidement après l’impact ».

Au-delà de la frénésie avec laquelle il est mobili-sé dans ces dernières années et de ses contours quelque peu fuyants, le concept de résilience présente certains avantages : i) Il impose un changement de paradigme fon-

damental qui encourage l’aide à intégrer une démarche plus soucieuse de la manière dont les bénéficiaires potentiels d’une action hu-manitaire envisageant leurs propres besoins et invite à considérer individus et groupes

comme dotés de stratégies de survie – sou-vent très assurées – et non comme des sujets vulnérables dépendants de l’assistance exté-rieure.

ii) Il offre l’opportunité de sortir des approches trop compartimentées des secteurs et des clusters promus par la coordination humani-taire des Nations Unies qui tendent à cloison-ner l’assistance par une catégorisation « en silos » par secteur (la nutrition, la sécurité alimentaire, le WASH, etc.).

iii) Il permet de s’attaquer aux causes fondamen-tales de la vulnérabilité – et par conséquent de s’engager sur le long terme et renforcer les capacités à tous les niveaux, des individus aux institutions régionales – et d’élaborer des programmes plus sensibles aux risques.

Même si dans l’idéal « la résilience pourrait contribuer à rendre le système humanitaire ob-solète (si des évènements dramatiques avaient lieu, les populations et les institutions locales seraient capables de gérer les chocs elles-mêmes » (Grunewald, 2012)), il faudrait pourtant se montrer attentif à qu’il n’y ait pas, par la pro-motion de la résilience à niveau micro (indivi-dus/ménages), une légitimation implicite d’une éventuelle déresponsabilisation (des adminis-trations, des politiques publiques, de la commu-nauté internationale) et éviter de contourner le « débrouillez-vous », par le « on va vous expliquer comment vous débrouiller ». 89

89 Benoît Lallau. La résilience contre la faim. Nouvelle donne ou nouvel artifice ? Journées de la SFER, 2014.

Résilience

Les travailleurs humanitaires ont la conviction qu’ ils travaillent « en situation de conflit » et non pas « sur les situations de conflit », alors que l’ injection de ressources d’aide a

d’ énormes conséquences sur les dynamiques de conflit. URD, 2013

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Les projets de Sécurité Alimentaire & Moyens d’Exis-tence (à l’instar de tous les projets de Tdh) obéissent à une Gestion du Cycle de Projet (GCP), tel qu’explicité dans le manuel de Tdh. Sur la base de la méthodologie GCP, plusieurs élé-ments spécifiques à la thématique Sécurité Alimen-taire & Moyens d’Existence doivent être pris en compte à chacune des étapes-clés.

L’analyse de situation

L’analyse de situation (ou étude de faisabilité) est une étape fondamentale dans la GCP afin de dresser un état des lieux portant sur les éléments essentiels à la conception de notre intervention. Nos évaluations thématiques ex-ante se veulent sys-tématiques et inclusives et s’attachent à analyser par quels moyens les individus s’efforcent de garantir leur propre sécurité alimentaire, et dans quelle mesure ils y réussissent. Parvenir à la compréhension des stratégies d’existence, des mécanismes d’adaptation et de réac-tions développés à l’échelle d’un ménage face à une pénurie ou à une crise (chronique ou transitoire) nous permettra de déterminer les paradigmes de la résilience et, par conséquent, d’identifier la manière dont notre offre s’insèrera et s’articulera avec l’existant. Elles visent également le recueil d’éléments d’analyse de l’environnement social, politique, économique et ju-ridique et des interactions et intérêts des différents acteurs impliqués (analyse des parties prenantes).

Dans la phase d’identification nous essayons de prendre systématiquement en compte non seulement les politiques nationales du secteur mais également les stratégies et les plans locaux. 90

Nos besoins d’information sont comblés par des don-nées issues de sources primaires et secondaires. Bien entendu, la qualité, la précision, la pertinence et la va-riété des données secondaires disponibles permettent de réduire considérablement le volume d’informations primaires à recueillir. 91

Dans la mesure du possible nos analyses portent sur des données quantitatives et qualitatives. Les données quantitatives nous permettent d’évaluer la situation de la sécurité alimentaire de façon systématique, et de fournir une image représentative de la situation alors que les données qualitatives nous aident à décrire le processus et les interactions entre les facteurs sociaux, politiques, institutionnels et économiques (qui déter-minent la vulnérabilité de l’insécurité alimentaire dans le temps). L’analyse de chaque thème doit envisager aussi bien les causes immédiates que les causes sous-jacentes des problèmes, prendre en compte les facteurs saisonniers, et examiner le contexte, les capacités et les contraintes générales relatives à ces problèmes ainsi que les actions qu’il est possible d’envisager.

Annexe 3 : Gestion du cycle du Projet.

90 Dans de nombreux pays du Sud les processus de décentralisation – le transfert de pouvoirs et de prérogatives de l’État vers les collectivités territoriales afin que ces dernières puissent mettre en œuvre une politique de développement à l’échelle de leurs territoires – connaissent des avancées importantes. Tout processus local de définition des programmes de développement, peut représenter, tout en prenant en compte la contingence et l’imprécision que la dimension politique (et ses postures conséquentes) apporte – une base solide pour l’élabora-tion de nos actions.

91 La bibliographie disponible sur la Sécurité alimentaire & Moyens d’Existence est de plus en plus importante. Le volume d’information dispo-nible nous incite à valoriser les phases de récolte d’informations (desk review) lors de nos identifications. En dehors des études spécifiques produites au niveau national (statistiques nationales et locales, systèmes d’alerte précoce, etc.), dans cette dernière décennie une certaine standardisation de l’analyse s’est imposée au sein de la communauté internationale (études type CFSVAM, profils HEA/AEM, Cadre Harmo-nisé Bonifié d’Analyse permanente de la vulnérabilité courante, etc.) souvent accompagnée par des exercices cartographiques détaillés des zones et des groupes de population, et reliée à des indicateurs qui permettent de mesurer les degrés de vulnérabilité.

Dans un monde où l’attention est une ressource majeure des plus rares, l’ information peut être un luxe coûteux car elle peut détourner notre attention

de ce qui est important vers ce qui ne l’est pas. Nous ne pouvons nous permettre de traiter une information

simplement parce qu’elle est là. Herbert Simon

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Cadre logique et changement social

Les interventions de Tdh se fondent généralement sur le cadre logique. Le cadre logique représente un instru-ment efficace pour l’élaboration, la planification le suivi et l’évaluation d’une intervention humanitaire et de dé-veloppement. Néanmoins il présente aussi des limites intrinsèques et des imperfections manifestes. En effet l’exigence légitime de rigueur et de cohérence que la hié-rarchisation des objectifs et des manières de les mesurer impose aboutit parfois à une rigidification contre-produc-tive. Ceci est d’autant plus vrai dans des actions de lutte contre la pauvreté, de protection sociale ou d’inclusion économique des couches de population les plus vulné-rables qui comprennent souvent des éléments de chan-gement social basés sur des liens causaux complexes. Dans l’élaboration et la gestion de ses interventions thématiques, Tdh fait en sorte d’expliciter systématique-ment la compréhension du processus de changement en formulant le pourquoi et le comment le changement se produira. 92 Le cadre logique éventuel du projet se trouve ainsi renforcé et acquiert des éléments de compatibilité avec les interventions dans les autres secteurs.

Suivi et évaluation

Le suivi est une démarche itérative qui produit de l’infor-mation sur la mise en œuvre de nos actions en vue d’aider à la décision pour le pilotage et la gestion d’une interven-tion. Par le suivi nous déterminons dans quelle mesure les activités se déroulent tel que prévu et nous nous accordons l’opportunité de pouvoir intervenir à temps pour corriger les éventuels décalages et défaillances détectés tout en réorientant approches et méthodes d’intervention. Contrairement à l’évaluation, le suivi ne remet pas en question les déterminants principaux tels que la logique soutenant la formulation, les objectifs et le plan d’opération, mais se propose plutôt d’interroger

l’état des réalisations (activités) face aux prévisions tout en prenant en compte la conformité aux procédures.La qualité du système de suivi influe directement sur les démarches évaluatives. L’évaluation consiste en un exercice qui s’efforce d’apprécier la qualité d’un objet tout en décortiquant les processus qui expliquent la situation actuelle, afin faciliter des décisions qui vont être prises à son égard. L’évaluation recouvre une vaste gamme de démarches mais elle concerne généralement l’exercice d’analyse sur la base de différents critères 93 (notamment les résultats obtenus) en prenant en considération le contexte dans lequel elle s’insère, et en donnant la parole aux différents acteurs. Pour Tdh l’évaluation est une étape fondamentale dans la GCP: elle doit donc se concevoir comme une activité faisant partie inté-grante du processus de planification dès la conception de l’action (tout en réservant un budget à cet effet et en prévoyant un calendrier d’exécution).Les processus participatifs dans les pratiques d’éva-luation disposent de plus en plus d’une instrumentation importante d’appui qui permet de faire ressortir et valo-riser la validité et la pertinence des connaissances pro-duites. Tdh fait en sorte de promouvoir des ouvertures de l’évaluation de nos programmes à la participation et elle s’emploie à faire rentrer dans le dispositif d’éva-luation les acteurs porteurs de sens et de savoirs spé-cifiques (décideurs, personnels de projet, partenaires, usagers des services, bénéficiaires, etc). Nos dispositifs de suivi-évaluation seront taillés en fonction de leurs différents usages : faciliter la conduite et le pilotage des projets, rendre compte à l’ensemble de nos parties prenantes, documenter des processus d’apprentissage et de capitalisation. Ils seront adaptés à la typologie de l’action et au contexte et, par consé-quent, conçus sur mesure. Cependant, certaines orga-nisations proposent des indicateurs communs – souvent des mesures absolues – qui peuvent aider à la définition des informations nécessaires au suivi. 94

92 A cet effet la théorie du changement – autrement dit un processus continu de réflexion visant à étudier le changement en profondeur et comment il se produit – peut offrir une opportunité pour mieux fonder nos actions. Par ailleurs une théorie du changement peut également nous aider à préciser notre contribution (et celles des autres parties prenantes) à ce processus de changement.

93 Dans le cadre d’une évaluation les questions se classent en différentes familles qui correspondent à différents « angles de vue » sur ce qui est évalué. Cinq de ces points de vue (les critères d’évaluation formalisés par le CAD de l’OCDE) sont généralement considérés: pertinence, efficacité, efficience, durabilité, impact. En outre les critères de cohérence/ complémentarité et de couverture sont communément utilisés dans l’évaluation d’activités à caractère humanitaire.

94 Développées prioritairement par le WFP la plupart de ces indicateurs sont communément utilisés en contexte humanitaire. Il s’agit entre autres de: taux de malnutrition auprès des enfants 6-59 mois, nombre de repas par jour et par personne, kilo/calories absorbés par jour et par personne, score de consommation et de diversité alimentaire, dépenses liées à la nourriture (en proportion du budget total du ménage), déficit vivriers, index de stratégies d’adaptation, etc.

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Par l’évaluation de ses interventions thématiques, Tdh tirera des enseignements de son expérience afin d’améliorer ses approches, ses méthodes et ses performances.

Les résultats des évaluations seront valorisés, non seulement dans leur dimension rétrospective, mais comme base d’apprentissage et afin d’améliorer l’iden-tification de nos interventions futures. En effet Tdh est convaincue que la seule façon de progresser à partir des leçons tirées par des exercices évaluatifs est de promouvoir un réel processus d’apprentissage. Ceci est d’autant plus vrai pour la thématique de la Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence dont l’introduction au sein du dispositif de Tdh est récente.

Capitalisation

De par la nouveauté de l’encadrement du secteur de la Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence au sein de Tdh, la capitalisation des résultats et impacts de nos actions aura un rôle crucial dans notre capacité à évoluer à partir de l’expérience. A cet effet il sera nécessaire de réduire les nombreux facteurs de blocage à générer de l’apprentissage tels que la capacité à s’éloigner de la logique de l’action et de pouvoir distinguer l’essentiel de l’accessoire, de s’accorder du temps pour la réflexion (ce qui revient souvent à des questions de moyens financiers, pour pouvoir dégager ce temps), de favoriser le passage de l’oral à l’écrit, etc. 95

Capitaliser n’est pas un exercice académique mais un travail qui part de la pratique, pour enrichir la pra-tique. Néanmoins, une démarche capitalisation re-quiert un certain effort de formalisation (en termes d’objectifs, d’activités et d’échéances). La capitalisa-tion en soi est inutile sans internalisation des conclu-sions et de l’utilisation. Valoriser les exercices de ca-pitalisation signifie les promouvoir en interne, garantir l’assimilation des conclusions, acter les décisions qui s’imposent. Et les diffuser autant que nécessaire aux acteurs externes.

95 « La capitalisation peut être vécue comme un exercice de confrontation au réel qui risque de faire ressortir des faiblesses liées aux capaci-tés opérationnelles (on enjolive les succès partiels, on tait les échecs, faisant tourner le système dans un déni de réalité parfois sidérant) ». P. Villeval et P. Lavigne Delville. Capitalisation d’expériences, expérience de capitalisations. Traverses n.15. GRET, 2004

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Bibliographie essentielle.

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Sécurité Alimentaire & Moyens d’Existence

Manuels pratiques sur le droit à l’alimentation. FAO, 2014.

S. Devereux, B. Vaitla, S. Hauenstein Swan. Les saisons de la faim. IDS, ACF, 2008.

P. Janin. Faim et politique : mobilisations et instrumentations. Politique africaine, Karthala, 2010.

P. Gubbels. Échapper au cycle de la faim : les chemins de la résilience au Sahel. 2011.

Emergency food security interventions. Good Practice Review n° 10, HPN, ODI.

Assurer l’alimentation de tous. DDC, 2008.

Anti Hunger Porgram. A Twin Track Approach to Hunger Reduction. FAO, 2003.

Assistance alimentaire . De l’aide alimentaire à l’assistance alimentaire. DG ECHO, 2014.

S. Levine, C. Chastre. Analyse des actions relatives à la sécurité alimentaire dans la région des Grands Lacs. HPN n. 47, 2004.

S. Jaspars, S. O’Callaghan and E. Stite. Linking livelihoods and protection: A preliminary analysis based on a review of the literature and agency practice. HPG Working Paper, ODI, 2007. Children and Economic Strengthening Programs. CPC, 2013

Transferts monétaires et filets sociaux

Social protection for food security. A report by the High Level Panel of Experts on Food Security and Nutrition of the Committee on World Food Security. HPLE, 2012

Espèces et bons d’achat. Augmenter l’efficience et l’efficacité dans tous les secteurs. ECHO, 2014.

Mise en œuvre des interventions monétaires. Un Manuel pour les professionnels de terrain. ACF, 2007.

L. Austin, S. Chessex. L’analyse des marchés en situation d’urgence. CALP, 2013.

Guide to Cash-for-Work Programming. Mercy Corps, 2007.

Cash and child protection. How cash transfer programming can protect children from abuse, neglect, exploita-tion and violence. Save the Children, 2012.

J. de Hoop, F.C. Rosati. Cash Transfers and Child Labor, Understanding Children’s Work (UCW) Programme, 2014

L. Rodriguez Takeuchi. When is redistribution popular? Social conflict and the politics of inequality. ODI, 2014.

AGR

Activités Génératrices de Revenus: un concept clé pour une sécurité alimentaire pérenne. ACF, 2009.

Nutrition

The neglected crisis of undernutrition: Evidence for action. DFID, 2009.

Optimiser l’ impact nutritionnel des interventions sécurité alimentaire et moyens d’existence. ACF, 2011.

Petit guide pour l’application de l’Approche Déviance Positive. Tufts University, 2010.

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Cantines scolaires

C. Lugaz. Les programmes alimentation scolaire : définition, mise en œuvre, impact. UNESCO, 2006.

E. Sánchez Garrido, I. Suárez Sánchez. Protection Sociale et Sécurité Alimentaire au Burkina Faso : les cantines scolaires. OXFAM, 2015.

Formation professionnelle / conseil rural

I. Christoplos. Mobiliser les potentialités de la vulgarisation rurale et agricole. FAO, 2011.

Ciblage, approches participatives, Ne Pas Nuire

Manuel de la participation. Groupe URD, 2009.

Ciblage et amélioration de la nutrition. Guide de référence. FAO, 2003.

Travailler avec les communautés. Médecins du Monde, 2012.

Ph. Lavigne Delville. Des groupes cibles aux groupes stratégiques : participation et exclusion. GRET, 2000.

Ne pas nuire. Le Manuel. CDA Collaborative Learning Projects, 2004.

Résilience

Humanitaires en mouvement n.11. Groupe URD, 2013.

Partenariat

Guide partenariat. Outils pratiques à l’usage des partenaires du Nord et du Sud. Coordination SUD, 2006.

Suivi et évaluation, qualité, capitalisation

C. Church, M. Rogers. Designing for results: Integrating Monitoring and Evaluation in Conflict Transformation Programs. Search for Common Ground, 2006

Guide Pratique de suivi-évaluation de projets de développement rural. IFAD, 2005. Food security and livelihood assessments. A practical guide for field workers. ACF, 2010.

Norme Humanitaire Fondamentale de Qualité et Redevabilité. HAP International et collab, 2015.

M. Bucci, H. Hadjaj-Castro. Le suivi des actions de développement. COTA, 2010.

Manuel du Compas Qualité. Groupe URD, 2009.

A. Yon. Pour des démarches qualité dans les Organisations de Solidarité Internationale. GRET, 2006.

P. Villeval et P. Lavigne Delville. Capitalisation d’expériences, expérience de capitalisations. Traverses n.15. GRET, 2004

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Impressum. Auteur : Marco Cordero Editeur : Pierre Philippe

Comité de Lecture : Philippe Buchs, Steven Fricaud, Doris Mugrditchian, Pierre Philippe, Nathalie Praz.

Relecture français : Melina Amstutz, Edouard Henry.

Mise en page : Letizia Locher

Photos : Christian Brun, Ollivier Girard, Jean-Luc Marchina, François Struzik.

Impression : Best Print – Le Mont sur Lausanne

Version : Document disponible en français et en anglais.

Ce document a été approuvé par le Comité de Direction de Tdh en novembre 2015.

© 2015, Terre des hommes – aide à l’enfance

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Siège | Hauptsitz | Sede | Headquarters Avenue de Montchoisi 15, CH-1006 Lausanne T +41 58 611 06 66, F +41 58 611 06 77 E-Mail : [email protected], CCP / PCK : 10-11504-8

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