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Le RISM et l'Italie: A l'aventure dans les bibliothèques italiennes Author(s): CLAUDIO SARTORI Source: Fontes Artis Musicae, Vol. 11, No. 1, SIXIEME CONGRES INTERNATIONAL DES BIBLIOTHEQUES MUSICALES STOCKHOLM-UPPSALA (1964 JANUAR-APRIL), pp. 28-33 Published by: International Association of Music Libraries, Archives, and Documentation Centres (IAML) Stable URL: http://www.jstor.org/stable/23504414 . Accessed: 14/06/2014 20:02 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . International Association of Music Libraries, Archives, and Documentation Centres (IAML) is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Fontes Artis Musicae. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.20 on Sat, 14 Jun 2014 20:02:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Le RISM et l'Italie: A l'aventure dans les bibliothèques italiennesAuthor(s): CLAUDIO SARTORISource: Fontes Artis Musicae, Vol. 11, No. 1, SIXIEME CONGRES INTERNATIONAL DESBIBLIOTHEQUES MUSICALES STOCKHOLM-UPPSALA (1964 JANUAR-APRIL), pp. 28-33Published by: International Association of Music Libraries, Archives, and Documentation Centres(IAML)Stable URL: http://www.jstor.org/stable/23504414 .

Accessed: 14/06/2014 20:02

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28 SECOND PUBLIC LECTURE

On an occasion like this, I should have liked to discuss many other music collections in

Swedish libraries, but I must finish my survey here. Through the International Inventory of

Musical Sources, which is being published by our Association, the music scholars abroad will

receive more detailed information about the musical treasures that are kept in the Swedish

music collections than I have been able to give in this lecture.

Third public lecture

CLAUDIO SARTORI (MILAN)

Le RISM et l'Italie

A l'aventure dans les bibliothèques italiennes

Je dois vous avouer franchement qu au premier abord, recevant la lettre qui me proposait de tenir cette conférence publique sur le travail du RISM en Italie, je me suis bel et bien

demandé: «Tiens! et pourquoi?» Mais ensuite, toute reflexion faite: j'ai crû enfin me rendre

compte des raisons, peut-être même sous-entendues, de cette curiosité internationale.

Pour sûr si le RISM doit voir sa fin, et il le doit, la participation de l'Italie au travail de la

centrale de Kassel est une nécessité, presque un malheur, si vous voulez, inévitable. Tout le

monde en effet sait la quantité de bibliothèques, publiques et privées, qui en Italie détiennent

des fonds de musique imprimée ou en manuscrit. Mais tout le monde aussi connaît la situation

de la plus part des dites bibliothèques soit par expérience personnelle, soit à travers la lecture

de certain article du professeur Walter Rubsamen, qui, de retour aux Etats-Unis après un

voyage d'étude en Italie, raconta tout ce qui lui était arrivé dans ses rapports de travail avec les

bibliothécaires et les archivistes italiens. L'article fit scandale à l'époque. On a protesté en

Italie et ailleurs, en reprochant surtout à M. Rubsamen son manque de compréhension pour la situation italienne, etc. etc. Mais, une fois le scandale apaisé, tout a recommencé de la

même manière.

La situation donc en Italie n'a pas changé dès lors, ou si peu ... Et tout le monde le sait.

C'est-à-dire que le Ministère compétent ne s'en occupe pas, tout en promettant une réforme

qui n'arrive jamais, et que les bibliothécaires et archivistes, dans la plus part des cas, con

tinuent leur politique. A preuve, ce qui vient d'arriver dans certaine bibliothèque de Venise.

Quelqu' un voulant voir l'unicum de l'Opus I de Vivaldi, s'est entendu demander par le

bibliothécaire en charge, s'il croyait vraiment que ce petit imprimé, d'une conservation pito

yable, avait réellement quelque importance. Et M. Rubsamen se serait bien réjoui de connaître

les vains efforts accomplis par un musicologue américain en voyage de recherches zur Cyprien de Rore, pour étudier certain manuscrit du XVIe siècle (madrigaux en partition) qui existe

à Milan. C'est la situation même d'ailleurs qui a conseillé aux musicologues allemands de constituer

à Rome auprès du Deutsches Historisches Institut la Musikabteilung, chargée de faciliter les

recherches en Italie.

Je crois donc d'être sur le bon chemin, si j'interprète cette invitation à vous parler ici, comme le résultat de la préoccupation foncière des organisateurs de ce congrès, d'avoir par ma voix l'assurance que l'Italie prend part comme elle doit à la préparation du RISM. C'est

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THIRD PUBLIC LECTURE 29

à-dire avec l'intensité nécessaire et l'organisation suffisante pour venir à bout de l'entreprise dans un laps de temps au moins honnête.

Et je voudrais pouvoir répondre affirmativement à cette question qu'on me pose indirecte

ment. Mais, malheureusement ce n'est pas le cas. En Italie on a travaillé et on travaille avec

enthousiasme et abnégation, du côté de mes collaborateurs, mais dans la presque absolue

indifférence du Ministère compétent. Le travail marche donc lentement, comme il le peut et

non comme il le devrait, surtout sans un programme général, sans une équipe nationale

reconnue et sans moyens financiers, à part l'aide internationale de la Commission mixte du

RISM. Mais pour mieux comprendre la situation italienne, une petite histoire du RISM en Italie

sera, je crois, très profitable.

L'idée, la première idée, du RISM nacquit en Italie, et précisément en 1949 à Florence, au

premier congrès international des bibliothèques musicales, à l'occasion du centième anniver

saire de la fondation du conservatoire florentin. Mais à part l'adhésion enthousiaste de prin

cipe, tandis qu'ailleurs le travail s'organisait, en Italie personne ne s'en souciait. On était

bien content que le RISM se fît. Mais personne n'y travaillait. A Lunebourg en 1950 on

nommait le prof. Torrefranca membre pour l'Italie de la Commission provisoire de travail.

Et c'était tout. On en arriva donc au congrès de Palerme en 1954. Malheureusement j'y étais.

L'ami Nino Pirrotta, président du groupe italien de l'AIBM, nous réunit, nous les italiens,

pour nous dire qu'il fallait bien faire quelque chose pour le RISM, en Italie aussi. Détail

extraordinaire, vue la situation générale musicologique en Italie, des modestes moyens finan

ciers étaient à la disposition de qui voudrait se charger du travail. C'était la subvention de la

commission mixte du RISM.

Le plan général du travail était déjà arrêté. Il s'agissait de fournir à la centrale de Paris le

matériel nécessaire pour préparer le premier volume du RISM, celui des Recueils imprimés

des XVIe et XVIIe siècles. Pirrotta croyait la chose infaisable. Moi, dans ma totale im

prévoyance de ce qui allait s'ensuivre, j'assurai au contraire que si on avait à sa disposition

l'argent nécessaire pour payer le travail d'un certain nombre de collaborateurs, la chose était

aussi faisable en Italie. Naturellement je n'avais pas terminé mon dire, qu'on me nommait

délégué du RISM pour l'Italie, tout le monde étant bien heureux d'avoir trouvé le nègre pour

la besogne.

Je dois dire que j'en fus bien heureux; l'occasion finalement se présentait pour entamer au

moins, un plan de recherches complètes dans les archives et les bibliothèques italiennes. Les

perspectives me semblaient bonnes. Avec l'ami Pirrotta à la présidence du groupe italien de

l'AIBM, je pensais avoir les épaules bien défendues. Je comptais en effet que Pirrotta d'une

part aurait aidé l'entreprise de son autorité et de l'autre aurait accompli le travail bureau

cratique nécessaire avec la commission mixte du RISM et le ministère italien.

L'aventure donc commença en Italie. Et, je dois le dire, elle commença dans la gaîté d'esprit

qui m'animait. J'avais toujours sous les yeux la dernière lettre d'Alfred Einstein, qui m'était

parvenue de sa retraite de Berkeley. Il me disait son amertume de n'avoir pu accomplir le rêve

de toute sa vie: un long pèlerinage dans toutes les villes d'Italie pour visiter toutes les

archives et les bibliothèques à la recherche de fonds musicaux. Voilà donc que j'allais réaliser

le rêve de celui que j'ai toujours considéré comme mon maître, même ne l'ayant connu que

par lettre (mais quelles lettre, riches de suggestions, de conseils, d'illuminations...). Et si

je ne pouvais pas personnellement entreprendre le Grand-tour, je pouvais au moins charger

une chaîne de collaborateurs de réunir leurs efforts pour obtenir les mêmes résultats.

Il y a dix ans la situation musicologique en Italie était encore bien pire qu'aujourd'hui.

Aujourd'hui en effet un certain nombre de jeunes étudiants sont à la disposition de qui aurait

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30 THIRD PUBLIC LECTURE

les moyens de les faire travailler. Il y a dix ans on travaillait presque dans le désert, surtout

dans le domaine des recherches d'archives. A part quelques personnages bien connus, qui ou

n'avaient pas le temps pour ce genre de travaux, ou les dédaignaient, à part les bibliothécaires

des bibliothèques musicales qui, chaque jour ligotés par les problèmes insolubles des biblio

thèques mêmes, ne pouvaient nous aider que de loin, on ne savait pas à qui s'adresser.

Mais le premier but du RISM, de reconnaître les recueils imprimés, n'était pas si difficile,

après tout. Et ne demandait pas un personnel de spécialistes. Il suffisait de trouver des gens

de bonne volonté qui, guidés et instruits par lettres, se contentant de peu d'argent, pouvaient

apprendre ce qu'ils devaient faire et pouvaient le faire. J'eus de la chance et je les trouvais.

Qui étaient-ce? Quand M. Lesure, le directeur en chef de la centrale parisienne, arriva un

jour en Italie et demanda à en rencontrer quelques-uns, on dépouilla ensemble les adresses.

A la première lecture je pus voir sur son visage l'étonnement d'abord et ensuite presque la

terreur. Je me rendis compte alors de la nature de mes collaborateurs; il s'agissait de pharma

ciens, de prêtres, de professeurs de piano, de fonctionnaires en retraite, d'administrateurs, etc.

etc. Quelques étudiants, surtout des étudiantes. Pas de musicologues. Très peu de musiciens.

Encore moins de bibliothécaires.

Tant pis ou tant mieux. Enfin avec ces gens-là on a mené l'affaire à son terme et le premier

volume du RISM a pu paraître avec la collaboration italienne voulue. Je m'amusais bien

parfois de l'imprévu des lettres et des questions que je recevais. Mais on parvenait toujours à

s'entendre. Ou presque. Parfois certaines archives croyaient qu'on voulait acheter leurs fonds

de musique. J'aurais bien voulu. Mais je n'avais pas d'argent. D'autres refusaient, au premier

abord, toute collaboration, de peur qu'on leur enlève la propriété des musiques mêmes. Mais

enfin les archivistes finissaient par s'exécuter. Et parfois aussi ils se faisaient aider à réorganiser

les fonds.

Dans une seule bibliothèque, toujours à Venise, on n'a pas pu faire du bon travail. D'abord

on avait défendu l'entrée à mon chargé de recherches : il paraît que les autorités n'en voulaient

rien savoir. Finalement, quand on réussit à y mettre pied, on trouva qu'il n'y avait pas

de fiches (situation tout à fait normale), mais, ce qui est pire, que les imprimés de littérature

et de musique (s'il y en avait) avaient été disposés selon une méthode absolument originale:

on les avait rangés en les groupant par nom d'éditeur. Çà vraiment c'était trop et on renonça

en désespoir de cause. A Rome aussi on a dû laisser de côté une bibliothèque, celle des archives

de Santa Maria in Trastevere. Les musiques, s'il y en a (mais il doît y en avoir, à ce que m'en écrivait Alfred Einstein qui avait eu la chance, il paraît unique, de les voir) les musiques

sont enfermées dans une armoire trop haut placée pour que l'archiviste arrive à y mettre les

mains.

De son côté Nino Pirrotta nous aidait vaillamment. Il réussit même à avoir une aide

financière du ministère italien (500.000 lires).

Mais voilà la foudre inattendue. L'Amérique nous enlève Pirrotta. Le RISM pour résoudre

la nouvelle crise italienne ne trouve d'autre solution que de me charger des fonctions de

Pirrotta, avec l'aide de Riccardo Allorto. Je me trouve donc à la fois représentant de l'Italie

auprès du RISM et organisateur du travail en Italie. Vraiment c'était trop. Jamais je n'avais

tant et si mal espéré... Enfin, avec l'aide de Allorto, on a poursuivi quelque temps cette

double besogne. On a même obtenu une deuxième subvention du ministère italien (encore

une fois 500.000 lires). Mais la situation était intenable, d'autant plus que ma situation

personnelle aussi avait changé entretemps, puisque, passé à la Bibliothèque Nationale de Brera

à Milan, j'avais quitté les bibliothèques musicales. Je démissionnais donc de la présidence du

groupe italien de l'AIBM. Moyennant des élections la présidence fut dévolue au prof. Adelmo

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Damerini de la bibliothèque du conservatoire de Florence; en 1962 lui succéda le prof.

Guglielmo Barblan de la bibliothèque du Conservatoire de Milan.

Depuis lors toute aide financière de la part du ministère a cessé. L'Italie a continué son

travail avec l'unique soutien des fonds internationaux. La bonne volonté de mes collaborateurs

n'a toutefois pas fait défaut. Je les payais mal, il travaillaient mieux. C'est-à-dire que peu à

peu mon réseau devenait une équipe spécialisée; des jeunes venaient s'y ajouter et ils étaient

et il sont des jeunes bien préparés, qui vraiment aujourd'hui me fournissent un apport de

qualité. Dans cette situation en Italie on a fait encore plus que le RISM ne demandait. Tandis

que, en effet, on aurait dû se borner à fournir à la centrale de Paris les fiches de recueils

imprimés et des ouvrages de théorie, au contraire chez nous on s'arrangeait à poursuivre le

catalogage presque complet de tous les imprimés. On établissait ainsi le fichier général qui aurait dû servir au moment donné au RISM. C'est le fichier qui nous permet aujourd'hui de

fournir avec assez de rapidité la liste complète des imprimés d'Italie à la centrale de Kassel.

L'équipe italienne a achevé son travail dans ce secteur. Les deux dernières biblio

thèques qui nous manquaient s'apprêtent à nous révéler leurs trésors; il s'agît des archives

du dôme de Ferrare, dans lesquelles jusqu'ici on ne pouvait encore entrer à cause de la

destruction subie pendant la dernière guerre, et des archives de l'abbaye de Montecassino.

Ces derniers viennent de rentrer à l'abbaye même après un long exil à Rome et Möns. Man

cone, le bibliothécaire est en train de les réordonner et de les cataloguer. Il nous reste enfin

à accomplir un dernier effort avec la bibliothèque privée Pamphilj Doria de Rome, mais on a

de bons espoirs.1

Toutefois si on peut considérer complet notre fichier des imprimés, on ne peut pas en dire

autant de celui des théoriciens. Mais celle des théoriciens en Italie était une bataille perdue

d'avance. En effet il n'y a pas une bibliothèque en Italie, si petite qu'elle soit, qui ne possède

au moins quelques volumes de théorie musicale. Et les bibliothèques italiennes selon le dernier

annuaire officiel, sont 1.008. Mais un très petit nombre de ces bibliothèques possède des

fichiers systématiques. Il faudrait donner repérer dans les fichiers généraux les œuvres qui nous

intéressent. Il n'est plus alors question d'une équipe de travail pour mener à bout pareille

entreprise. Il faudrait engager le groupe entier des bibliothécaires italiens et ils devraient

laisser toute autre recherche et travail pour se dédier à cette entreprise. Dans l'impossibilité

donc de poursuivre une recherche complète sur les théoriciens, nous nous bornons en Italie

à signaler ceux qu'on arrive à rattraper, quelques fois presque par hasard.

Et ici je prends la liberté d'une petite digression. Puisque j'avais en mains un si riche

fichier des imprimés, dans lequel on pouvait reconnaître tout de suite des œuvres encore

inconnues ou qu'on croyait perdues, je crus de quelque intérêt d'en faire le signalement som

maire dans quelques articles sur Fontes Artis Musicae. Je croyais rendre service aux collègues

de tous les pays, avec d'utiles indications de travail. Mais je me trompais bien. Peine tout

à fait perdue, ou presque. Dans la plus part des cas on a continué à ignorer les œuvres

signalées. Et pourtant j'avais indiqué les bibliothèques qui possédaient l'Opus 13 de Costanzo

Antegnati, un livre d'oratorios des frères Mazzocchi, justement ceux qu'on continue à pleurer

comme perdus, avec entre autres la dernière composition de Virgilio Mazzocchi. Et encore un

curieux livre 3ème de «Sonate cioè balletti et una trombetta a 2 violini con la viola a

beneplacito » de Giovanni Antonio Pandolfi Mealli (Roma, Belmonte, 1669). Et encore le

Modulorum musicalium Primus tonus de Pierre Manchicourt, Attaignant, Paris, 1545.

1 De l'heure actuelle (1964) on a déjà accompli ces travaux. Au contraire nous n'avons pas encore

réussi à cataloguer le fond des Archives de Saint-Marc à Venice, conservé auprès de la Curia.

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32 THIRD PUBLIC LECTURE

Enfin il faut toujours espérer que quelqu'un en Italie ou allieurs s'en occupera. Mais

revenons au RISM.

Une fois terminé le fichier des imprimés et des théoriciens, pour l'Italie aussi, dans le cadre

général du travail du RISM, est arrivé le moment de s'attacher aux manuscrits. C'est justement le moment que je redoutais le plus et pour cause. Comme toujours au commencement d'une

entreprise, j'étais convaincu que la chose était faisable. A condition d'avoir les personnes

disposées et capables de faire le travail et d'avoir l'argent pour les dédommager. La première

question ne se pose plus. Je l'ai déjà dit, mon équipe de travail est désormais une réalité de

confiance.

Au contraire la question-argent se fait toujours plus pressante. L'année passée on pouvait croire avoir trouvé la solution finale. La Ford Foundation ayant en effet assuré son aide

financière au RISM pour 10 anneés de travail, la subvention fixée pour l'Italie de la part de

la commission mixte nous a permis d'entamer au moins le catalogage des manuscrits. Et on a

essayé de marcher parallèlement sur deux chemins. C'est-à-dire que d'un côté on a confié

la tâche directement à un bibliothécaire responsable, comme ce fut le cas de la bibliothèque du conservatoire de Rome. La bibliothécaire, Mlle Zanetti, a signé un contrat personnel avec le RISM, s'engageant à fournir directement à la centrale de Kassel les fiches des manu

scrits de sa bibliothèque. Dans d'autres cas on a continué le procédé déjà suivi pour les im

primés: l'équipe habituelle me fournissant les fiches, que j'envoyais ensuite à Kassel. On a

donc ainsi accompli le catalogage des bibliothèques d'Assisi (Comunale), Bologna (Univer

sitaria), Rome (Corsini), Venise (Conservatoire et S.ta Maria délia Fava). Et les surprises n'ont pas fait défaut. Par exemple à Venise. A en croire les vieux catalogues de l'Associa

zione dei Musicologi Italiani on aurait dû trouver des manuscrits seulement dans les biblio

thèques du Conservatoire, Querini-Stampalia, Marciana. Mais à mesure qu'on procédait dans

le travail, on a dû constater qu'avec ces trois bibliothèques on était bien loin d'en avoir fini

avec Venise et ses manuscrits. Pour commencer, les fonds de la Marciana s'étaient accrûs

entretemps: on y avait ajouté les archives de S.ta Maria Formosa. C'est vrai qu'une partie de

ces archives avait bel et bien fini à l'eau d'un canal, pendant le transport de l'église à la

Marciana, mais une bonne quantité des manuscrits était quand même parvenue à destination.

En deuxième lieu on repéra dans l'église même de Saint Marc une chambre entière de manu

scrits de musique. Il s'agit, à première vue, de matériel fin du XVIIIe-début du XIXe siècle,

mais il faut étudier de près ce matériel inconnu. Ensuite d'autres églises encore s'ouvrirent

aux trouvailles de mes collaborateurs vénitiens. Dans toutes les autres villes italiennes des

problèmes analogues se présentaient. Il s'agissait donc d'augmenter le nombre des collabora

teurs. Pour mieux intéresser au travail les anciens et pour en attirer de nouveau, on décida

la publication d'une série de catalougues des fonds plus intéressants. On trouva un éditeur

de bonne volonté et on lança ainsi à Milan la série Bibliotheca Musicae, dont le premier

volume (catalogue de la Bibl. Municipale d'Assisi) vient de paraître. L'affaire semblait donc marcher pour le mieux avec même une certaine envergure. Mais

voilà que les Américains décident de couper les fonds au RISM. La situation, grave dans tous

les pays, se fait dramatique en Italie, car l'Italie ne jouit pas de subventions nationales. Nous

voilà donc arrivés à la période critique du RISM, celle du travail le plus difficile, le plus long et le plus intéressant, sans les moyens pour le faire. Ironie du sort: auparavant on manquait

de personnel spécialisé et on avait l'argent; aujourd'hui on possède une équipe de très bonne

qualité, mais l'argent manque. Il est vrai que la nouvelle initiative de Bibliotheca Musicae pourra aider le travail. Mais

vous comprenez sans peine que, pour bien intentionné qu'il soit, notre éditeur pourra publier

au maximum un catalogue par an. A ce rythme, le travail du RISM devrait nous prendre

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THIRD PUBLIC LECTURE 33

au moins 50 années. Et ce qui plus est, il y a aussi des fonds qui ne méritent pas un catalogue

imprimé, mais qui doivent être tout de même catalogués pour le RISM. Comment faire donc?

Une fois encore on n'a pas voulu se déclarer vaincus. L'année passée on essaya de mettre sur

pied un Centre de Musicologie, qui aurait dû préparer le fichier national des fonds musicaux.

Le sous-secrétaire d'Etat M. Elkan en avait déjà accepté la présidence et tout semblait

marcher pour le mieux, quand le Ministère tomba et avec lui le sous-secrétaire et futur prési

dent du Centre de Musicologie.

Tout était donc à recommencer. Et on a recommencé en effet. On a relancé l'idée d'un

Centre d'informations bibliographiques musicales auprès de la Bibliothèque de Brera de

Milan. On en discute au Ministère. Si la chose a une suite favorable, on aura donc à Milan

un Centre d'informations bibliographiques musicales qui pourra fournir les fiches nécessaires

au RISM. Et, l'entreprise de Bibliotheca Musicae aidant, peut-être qu'on arrivera à bout de

toute l'affaire. Mais si le Centre naît, il ama des moyens financiers très modestes à sa disposi

tion (on ne pouvait pas demander trop de peur de recevoir un premier refus) et la continuation

de Bibliotheca Musicae est liée à son succès auprès du public.

Comme vous voyez donc, l'avenir du RISM en Italie est obscur et pour le moins douteux.

Quand même, on continue, et on fait ce qu'on peut. Chaque jour on fait le bilan des biblio

thèques à explorer, et de l'argent qu'on n'a pas, et la tâche semble devenir toujours plus

difficile et la solution toujours plus impossible. Mais, même si le jour vient où on devra

déclarer une faillite totale, on se consolera en toute sérénité d'avoir au moins essayé. Le

travail accompli, pour peu qu'il soit, aura toujours son utilité. Au moins, je l'espère.

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