SOIRÉE LITTÉRAIRE FIGURES DE LA CRÉATION CHEZ HENRY BAUCHAU VENDREDI 8 MARS 201318H BIBLIOTHÈQUEDE LA VILLE DE TOURNAI

2, Avenue des Frères Rimbaut7500 Tournai

INFOS069 25 30 90service.bibliotheque@tournai.be

Bibliothèque

de la Ville de Tourn@i

Du mardi au vendredide 10h30 à 12h30et de 14h00 à 18h00

Le samedi de 9h00 à 13h00

INTERVENANTS :COLETTE NYS-MAZUREMARIANNE KIRSCHMARC QUAGHEBEURMICHEL VOITURIERINTERVIEWÉS PAR FRÉDÉRIC NÈVE

Figures de la création chez Henry Bauchau

Imaginée peu avant le centième anniversaire de la naissance de l’écrivain (22 janvier 1913), l’exposition présentée à la Bibliothèque de la Ville de Tournai, en partenariat avec les Archives et Musée de la Littérature (qui conservent un Fonds Bauchau dont la constitution remonte au milieu des années 1990), rappelle aussi que l’écrivain récemment décédé fut le premier à recevoir, en 1989, le grand Prix littéraire de la Ville de Tournai, reprofilé par Freddy Depoitre, alors directeur de la Bibliothèque de la Ville.

Ce prix, qui couronnait l’Œuvre poétique parue chez Actes Sud en 1986, constitua, avec le Prix quinquennal de littérature de la Communauté française de Belgique - dit de « couronnement de carrière » (attribué en 1985) - une étape décisive dans la reconnaissance par son pays d’une personnalité d’écrivain importante du demi-siècle, celui que la psychanalyste Blanche Reverchon-Jouve avait amené à comprendre que son arme réelle était la plume. Dans la salle de lecture se trouve donc évoqués, à l’enseigne des photos de représentations de spectacles tirés de ses oeuvres, l’activité poétique centrale de l’écrivain ; des traces de la remise du Prix à lui consacré, ainsi que du colloque de Nocci - le premier qui lui fut consacré (1991) peu après la parution d’Œdipe sur la route (en 1990). Avec ce récit, qui ouvre le cycle thébain et propulse la figure salvatrice du divin mendiant, Bauchau commence à entrer (même si c’est Antigone qui l’y propulse décisivement) dans une large reconnaissance publique à laquelle contribua sans doute sa façon de réhabiter des figures mythiques. Celles-ci inspirèrent d’ailleurs plus d’un metteur en scène au cours des deux dernières décennies.

Aux cimaises de la salle centrale figurent, d’une part, le portrait de Blanche Reverchon-Jouve qui ornait le cabinet de psychanalyste d’Henry Bauchau à Paris ; des œuvres plastiques dues à l’écrivain, dont le pastel du Régiment noir et le tableau Naissance qui se trouvait face à son lit dans sa chambre-bureau de Louveciennes. Deux dessins à quatre mains, d’un patient d’Henry Bauchau, rappellent enfin, cet itinéraire qui va de la

déchirure à la réhabilitation, ainsi que l’a défini la première grande critique africaine de cette œuvre, Emilienne Akonga.

Sont également exposées quelques-unes des affiches originales des représentations d’Œdipe sur la route, Gengis Khan et Antigone.

Autour du cercle de lecture de la troisième salle, quatre vitrines évoquent quelques traces majeures de la création de cet écrivain majeur du demi-siècle : Gengis Khan, la pièce des années 1950 à travers laquelle surgissent toutes les contradictions pulsionnelles et historiques de l’imaginaire de l’écrivain ; Antigone, mythe qui accomplit et métamorphose, comme l’a montré Emilia Surmonte, les bipolarisations de l’homme et de l’écrivain;

L’Enfant bleu, livre dans lequel s’unissent tant la clinique de

l’écrivain psychanalyste que sa conviction de la métamorphose relative du sujet par et dans l’Art. Sa blessure profonde, incarnée dans le destin d’Orion, nom mythologique d’un enfant auquel Bauchau ouvrit les portes d’un

salut personnel, prend ainsi une dimension qui le transcende. Une quatrième vitrine, enfin, présente quelques éditions rares de certaines de ses œuvres, dont l’admirable Dogana illustrée par images d’Henriette Grindat.

Marc Quaghebeur

Henry Bauchau : Lauréat du Prix triennal de Littérature de la Ville de Tournai en 1989.

Né en 1913 à Malines, assiste à 18 mois à l’incendie de Louvain lors de l’invasion allemande. De 1919 à 1936, il étudie au Collège Saint-Josse et au Collège Saint-Louis à Bruxelles. Après des études de droit aux Facultés Saint-Louis, puis à l’Université de Louvain, il devient avocat au barreau de Bruxelles en 1936. Mobilisé en 1939, il participe en 1940 à la Campagne des 18 jours. En 1940, il fonde le Service des Volontaires du Travail Wallon qu’il quitte en 1943 pour rejoindre la Résistance dans les Ardennes, puis à Londres. En 1945, passionné de littérature, il multiplie des contacts avec

des auteurs belges ou français (Gide, Camus, Tordeur…) et se lance à Paris dans l’édition et la diffusion francophones. Sa psychanalyse entreprise de 1947 à 1951 sera un des ferments de sa démarche intellectuelle et littéraire. Il dirige un Institut d’enseignement international où il enseigne la littérature et l’histoire de l’art à Gstaad (Suisse). En 1958, il publie son premier recueil de poème « Géologie » (Prix Max Jacob), suivi en 1960 de sa première pièce de théâtre « Gengis Khan » et en 1966, de son premier roman « La Déchirure ». Le « Cycle mythologique » : « Œdipe sur la route » (1990), « Diotime et les lions » (1991) et « Antigone » (1997) apporte à Henry Bauchau la reconnaissance littéraire du grand public. Un nouveau succès public l’attend en 2008 avec « Le Boulevard périphérique », puis en 2010, avec « Déluge », ce qui confirme l’exceptionnelle longévité d’une œuvre où fusionnent l’art, la connaissance de l’Antiquité, la psychanalyse, les philosophies asiatiques et la foi chrétienne. Ses dernières années passées à Louveciennes le voient donner en outre d’admirables poèmes du grand âge, « Tentatives de louange » (2011), et dicter les pages d’un récit de vie dont le premier tome, « L’Enfant rieur » (2011), paraît de son vivant, le second, « Chemin sous la neige » (2013), étant posthume.

              

Le prix triennal de Littérature Française de la Ville de Tournai A. Les origines Le Prix triennal de Littérature Française de la Ville de Tournai a pour origine les dernières volontés de Mme Marthe Blanche Deffrennes, poétesse (1882-1963) dont le nom de plume fut Ariane de l’Yser. Elle écrivit notamment « Amour et patrie : roman contemporain vécu » et « Cantate à l’héroïne » qui fut exécutée lors de la venue de la Reine Elisabeth, le 18 mai 1924 pour l’inauguration du monument de la célèbre résistante Gabrielle Petit, sis actuellement Place Clovis à Tournai. Veuve en première noce de M. Charles Picavez, épouse en seconde noces de M. Mario Tejada de Moreno. Mme Deffrennes décida, par voie testamentaire, de léguer ses biens immobiliers à la Ville sous la forme d’une Fondation appelée « Carlos Picavez », du nom de son fils décédé. En contrepartie de ce legs, Mme Blanche Deffrennes chargerait la Ville d’organiser un Prix Littéraire, destiné à récompenser un auteur belge de langue française et décerné par un jury comprenant le Président de l’Association des Ecrivains Belges, le Président du Pen Club et des personnalités tournaisiennes marquantes de la littérature. Mme Marthe Deffrennes étant décédée à Ixelles le 4 mai 1963, la charge du legs est devenue effective dès le décès de l’usufruitier, M. Mario Tejada de Moreno, survenu le 5 septembre 1967. Pour suivre la décision du Conseil Communal du 20 mars 1964, la vente des deux appartements légués (le 3ème ayant été vendu du vivant de Mme Deffrennes) devait être envisagée, le produit étant placé en fonds d’Etat. Des difficultés découlant du remariage de l’usufruitier, alliées à celles provenant de la vente peu aisée des appartements, n’ont permis à la Ville que d’être en possession du capital de base qu’en avril 1972. Il devenait donc nécessaire, dès 1972, de respecter les vœux de la testatrice. Le 25 juin 1979, le Conseil Communal arrête les termes du règlement du « Prix de Littérature française de la Ville de Tournai - Fondation Carlos Picavez ». Ce règlement prévoit : 1) une revalorisation du Prix annuel qui passe de 10.000 francs à 30.000 francs afin que Tournai devienne attractive sur le plan littérature en octroyant un Prix littéraire d’une importance pécuniaire presque inégalée. 2) de respecter au mieux les volontés de Mme Marthe Deffrennes en réservant le Prix à un auteur francophone de nationalité belge. Ce Prix annuel devant couronner alternativement une œuvre poétique et une œuvre en prose (roman, conte, nouvelle) qui n’ont pas encore fait l’objet d’une distinction littéraire.

B. Le renouveau

Le Prix est lancé, mais le prix devant être décerné annuellement, bien des obstacles vont vite se dresser du fait de cette exigence : difficultés de réunir le Jury aussi régulièrement, modicité du montant du Prix, concurrence avec d’autres Prix similaires, faiblesse du nombre et de la qualité des candidats... L’année 1980, qui devait être

l’occasion de couronner une œuvre en prose, mettra rapidement en lumière les limites de cette formule. Le Prix, cette année-là, ne sera pas attribué et entrera dans une phase de léthargie qui lui sera profitable car il renaîtra sous la forme de Prix triennal que nous lui connaissons actuellement. Cette métamorphose proposée aux Autorités Communales et aux membres du Jury, par son secrétaire M. Freddy Depoitre, se traduira par un règlement réactualisé dont l’originalité repose sur le décloisonnement des genres littéraires et sur une revalorisation du montant du Prix qui passe de 30.000 francs à 300.000 francs, hissant ainsi le Prix triennal de la Ville de Tournai, en terme d’attractivité, au niveau du Prix Rossel. Le palmarès du Prix sera la plus éclatante illustration du bien-fondé de ce choix. Se succèderont une pléiade de lauréats qui, par la qualité de leurs œuvres ont tous concouru au renom des lettres belges de langue française en dehors de nos frontières.

Au rythme de tous les 3 ans,

s’inscrivirent tour à tour les noms prestigieux de :

Henry Bauchau (1989) François Emmanuel (1992) Jean-Claude Pirotte (1995)

Nicole Malinconi (1998) Xavier Hanotte (2001) Daniel De Bruycker (2004)

Véronique Bergen (2007) Frans De Haes (2010)

LES ARCHIVES & MUSÉE DE LA LITTÉRATURE

Installés à la Bibliothèque royale de Belgique, les Archives & Musée de la Littérature accomplissent le vœu des écrivains belges de la génération de Verhaeren, Maeterlinck et Rodenbach : disposer d’un lieu de mémoire consacré aux Lettres belges de langue française.

Ce vœu, c’est Joseph Hanse (1902 – 1992), le grammairien du Dictionnaire des difficultés de la langue française et l’auteur, en 1927,

d’une première monographie critique sur Charles De Coster, génial inventeur de La Légende d’Ulenspiegel, qui l’accomplit avec la complicité d’Herman Liebaers, le Conservateur de la nouvelle Bibliothèque Royale Albert 1er à Bruxelles, de l’historien Carlo Bronne et de quelques autres écrivains ou critiques.

Au cœur de cette institution sont rassemblés une bibliothèque spécialisée en matière de littérature francophone de Belgique et de revues, de près de 100.000 volumes ; des centaines de dossiers d’écrivains assemblant manuscrits, tapuscrits, correspondances, coupures de presse, photographies ou objets ayant appartenu aux écrivains, etc. Il est aisé de découvrir cette manne via la base de données « Plume FSX » accessible sur le Net via l’adresse http://www.aml.cfwb.be.

Il en va de même, et c’est une des originalités de ce centre de documentation qui a fêté son cinquantenaire en 2008, des archives de la vie théâtrale francophone en Belgique. Coupures de presse, masques, affiches, programmes, photographies de spectacles, archives de compagnies, captations de spectacles composent une documentation exceptionnelle de la vie du spectacle dont rend compte par ailleurs la banque de données Annuaire du spectacle « Asp@sia ».

Des archives de Marie Gevers, Dominique Rolin, Henry Bauchau, Marcel Thiry ou Constant Malva sont donc consultables au 3ème étage de la Bibliothèque royale de Belgique. Il en va de même des archives du Théâtre du Parvis ou du Théâtre de l’Esprit Frappeur. Un important travail de numérisation des archives théâtrales réalisées par les photographes Katina Avgouloupis et Nicole Hellyn a par ailleurs été accompli par les soins de L’Atelier de l’Imagier. Tout ce travail, comme celui effectué sur plus de 5000

vieux clichés, peut également être consulté via la base « Plume FSX ».

Désireux de ne pas défendre une culture en vase clos, les Archives & Musée de la Littérature inscrivent leur action dans une perspective documentaliste internationale. Ils ont donc développé une bibliothèque particulièrement riche en matière de langues latines (Amérique latine incluse) et de cultures francophones. Dans ce dernier champ, ils ont créé un fonds de documentation Afrique centrale consacré au Burundi, au Congo et au Rwanda. Un important fonds de documentation tchécoslovaque sur l’opposition au régime communiste se trouve en outre en leurs murs.

L’action des Archives & Musée de la Littérature consiste dans la récolte, le classement, le dépouillement, l’étude et la mise en valeur des documents rassemblés au sein de l’institution. Une vaste salle de lecture située au troisième étage de la Bibliothèque royale, où le lecteur peut contempler les tableaux La Belgique littéraire de Paul Delvaux et Hommage au théâtre de Maurice Maeterlinck de Fernand Allard l’Olivier, ainsi que de nombreux bustes d’écrivains offre au chercheur de très bonnes conditions de travail. Une mini-exposition, annuelle ou biannuelle, liée à la valorisation d’un ou de plusieurs fonds d’archives, fait également partie de la découverte et de la recherche.

L’institution organise en outre de grandes expositions transversales, des colloques scientifiques et des séminaires, ainsi que des actions pédagogiques. Elle déploie une intense activité éditoriale qui prolonge ses divers champs d’activités. Elle a ainsi développé, et parallèlement, les collections Archives du futur (Éditions La Renaissance du Livre) pour la mise en valeur des archives de grands écrivains belges (Bauchau, Ghelderode, Louvet, Maeterlinck, Rolin, Verhaeren,…), et Documents pour l’histoire des francophonies (Éditions Pie Peter Lang) pour les études partielles, monographiques ou transversales, d’écrivains et des littératures francophones ; les séries Congo-Meuse pour le travail sur l’Afrique centrale et Balises, pour la création contemporaine, belge ou autre.

Des anthologies telles que La Belgique en toutes lettres, Entre réel et surréel ou Aux pays du fleuve et des grands lacs ainsi que des réalisations audiovisuelles complètent ce champ d’investigation et de diffusion.

Son Directeur actuel est Marc Quaghebeur, Tournaisien d’origine.

Marc Quaghebeur

Archives et Musée de la Littérature

4, blvd de l’Empereur1000 Bruxelles - Belgique