stratÉgies ressources de la mÉmoire & du sa

56
[ STRATÉGIES & RESSOURCES DE LA MÉMOIRE & DU 333 Aurélien Blaha : Scip France est ouvert à la veille stratégique et concurrentielle p. 07

Upload: others

Post on 07-Nov-2021

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

[STRATÉGIES & RESSOURCES DE LA MÉMOIRE & DU SA

333

Aurélien Blaha : Scip France est ouvert à la veille stratégique et concurrentiellep. 07

[STRATÉGIES & RESSOURCES DE LA MÉMOIRE & DU SAVOIR]

333

333

que doit-on réellement numériser ?

n° 33319 euros ■ avril 2020

Aurélien Blaha :  Scip France est ouvert à la veille stratégique et concurrentiellep. 07

Emilie Marquois :  au cœur des médias sociauxp. 45

Laurence Bril  : à chacun sa détox numérique !p. 46

n°66

GP

66

GP66

gérer et valoriser ses ressources multimédia

guide pratique75 euros

une p

ublic

ation

du gr

oupe

1archimag n° 333 avril 2020

Serda édition-IDP 24, rue de Milan, F-75009 Paris Tél. : +33 (0)1 55 31 92 30 Fax : +33 (0)1 44 53 45 01 [email protected] www.archimag.com

contacts [email protected]

rédactionrédacteur en chefMichel Remizedirectrice de la rédactionLouise Guerredirecteur de la publicationPierre Fuzeau

l’équipe de rédacteursClémence Jost, Eric Le Ven, Bruno Texiernos correspondantsArbido (Genève), Ikram Bouzikar (Tanger),  Florian Delabie (Bruxelles), Philippe Laurent (Bruxelles), Élisabeth Lavigueur (Montréal),ont collaboré à ce numéroFrédéric Bergonzoli, Jérôme Bondu,  Caroline Buscal, Christophe Dutheil, Danièle Véretconception graphiqueJulio Arias-Arranz, ArncoatmaquetteArtistyck (Aline Paumard)dessinateurYves Barros

publicitédirectrice de la publicitéCathy Potel01 44 53 45 14chef de publicitéImane Erraoui01 44 53 45 06responsable marketing et commercialAlexandre Corbier 01 44 53 45 00vente au numéroservice abonnementZamila Nguyen [email protected]éclamations infos :[email protected] BP 95-92244 Malakoff Cedextarifs et conditions d’abonnementvalables jusqu’au 31-12-2020 France : 1 an, 137 euros France : 2 ans, 237 euros

Tarif étudiant : 1 an, 30 euros Tarif demandeur d’emploi : 1 an, 65 euros Vente au numéro : 19 eurosimprimeurInore Groupe Impression 4 rue Thomas Edison 58640 Varennes VauzelleséditeurIDP Sarl, au capital de 40 000 euros Information, documentation, presse Numéro de commission paritaire : 1221 T 85484 ISSN : 2260-166X Dépôt légal à parution du numérocrédits photosCouverture :  © demaerre / iStockIntérieures : droits réservés, sauf mentions différentes

annonceursA2Press : 39Elsevier : 11Everial : 21Groupe Luquet Duranton : 2Iguana : excartIDP : encart, 2e de couverture, 35, 3e et 4e de couvertureIron Mountain : 23Numerize : 17PMB : 37Serda Formation : 9

Archimag sur les réseaux sociaux

Facebook www.facebook.com/pages/archIMAG/102327599812643Twitter twitter.com/ArchimagRedac

Archimag est une publication du groupe Serda. Toute adaptation ou reproduction même partielle des informations parues dans Archimag est formellement interdite sauf accord écrit d’IDP SARL.

nous faisons Archimag

Annoncez-vous sur Archimag et Archimag.comContactez Cathy Potel : 01 44 53 45 14, [email protected] Imane Erraoui : 01 44 53 45 06, [email protected]

Abonnez-vous à Archimag : www.archimag.com/boutique

Ce document est imprimé sur papier certifié PEFC

« q uels documents est-il nécessaire de numériser ? »,

s ’ i n t e r r o g e

notre dossier.

Une question très classique lorsque

l’on parle de dématérialisation, et il est

vrai que les quantités de papier en cir-

culation dans les organisations privées

et publiques sont encore impression-

nantes. Pour numériser, la méthode a

son importance et, selon les volumes, les

problématiques, le recours à un presta-

taire pourra s’imposer. Mais comment

établir avec lui de bonnes bases de tra-

vail ? Le dossier insiste sur cet aspect

en évoquant en particulier la rédaction

d’une convention de numérisation, sorte

de feuille de route très stricte qui peut

éviter bien des dérapages.

Avec le confinement décidé suite à la

pandémie de Covid-19, certains se seront

félicités d’avoir de longue date mis en

œuvre un processus de numérisation.

De quoi permettre l’accès à distance aux

documents électroniques nécessaires

au télétravail — lorsqu’il est possible.

Et des prestataires en numérisation

parviennent à poursuivre leur activité

pendant cette période, dans une certaine

mesure, évitant les ruptures de flux.

D’autres regrettent de ne pas s’être enga-

gés dans cette voie à temps… Nombre

de documents papier se retrouvent en

attente, des retards s’accumulent, avec

des conséquences qui peuvent s’avérer

très douloureuses pour l’activité.

Reste que la numérisation ne fait pas tout.

Opérée dans les règles de l’art, elle met à

disposition le « bon » document, catégo-

risé, indexé, routé, archivé comme il se

doit, des données pouvant être extraites

au passage. Mais une solide gouvernance

doit permettre de conserver cette qualité

tout au long de l’utilisation de ce docu-

ment ou de ses informations. Des réflexes

souvent bien établis lorsque l’on est dans

son cadre de travail habituel, avec ses ou-

tils de tous les jours, mais qui peuvent être

sévèrement bousculés dans un contexte

de télétravail parfois improvisé.

Imaginez simplement que certains col-

laborateurs utilisent, par obligation

pratique ou négligence, une adresse email

personnelle pour continuer à traiter leurs

dossiers, sans trop s’inquiéter de sécurité

et en stockant sur le disque dur de leur

PC maison ou dans leur cloud privé : vous

avez là une idée de comment un « vrac numérique » peut apparaître. C’est un

autre casse-tête en vue pour le déconfi-

nement. Un nouveau chapitre à écrire

dans les procédures de gouvernance de

l’information. n

Michel Remize[ Rédacteur en chef ]

le virus de la numérisation

Michel Remize DR

3archimag n° 333 avril 2020

sommaire04  quelles archives à l’horizon 2024 ?05   e-administration : la Cour des comptes 

interpelle l’État06   nouveau site pour la bibliographie nationale 

française07  3 questions à Aurélien Blaha08   un ouvrage rarissime de Newton trouvé 

à la bibliothèque d’Ajaccio09  DocuSign acquiert Seal Software…10  la start-up du mois : Keeex

46   Laurence Bril : « à chacun sa détox numérique ! »

48  archimag store : applis, cadeaux, beaux livres…50  dans les archives d'Archimag, avril 2000 48

04

12 que doit-on réellement numériser ? Dans le privé comme dans le public, les besoins en numérisation

sont encore nombreux. La tentation de vouloir tout numériser ne tient pas longtemps lorsque l’on se pose la question du coût, ou d’abord celle de l’utilité. Records managers et archivistes le savent, mais ne sont pas forcément aux manettes.

Sommaire p.13

24  l’IA va à Dam26  quand les bibliothèques passent au vert28   le laboratoire africain de l’intelligence 

économique32   choisissez les outils adaptés pour vous mettre 

au télétravail34  la gouvernance de l’information au Québec36  choisir son agence d’abonnement40   collectivités : réussir et pérenniser son projet 

d’open data42  la preuve électronique44  favoris : les moteurs de recherche académiques45  Emilie Marquois, au cœur des médias sociaux 36

Arc

hiv

es n

atio

nal

esB

run

o T

exie

r

[actualités]

4 archimag n° 333 avril 2020

quelles archives à l’horizon 2024 ?Le Cadre stratégique commun de modernisation des archives anticipe « le passage à l’échelle » de l’archivage numérique de l’État. Un chantier ambitieux qui devrait impacter les pratiques professionnelles, mais aussi les agents de la fonction publique.

le 7 octobre 2015, Manuel Valls, alors

Premier ministre, envoyait une cir-

culaire à l’ensemble des membres

du gouvernement. Objet : la mise en

place d’un cadre stratégique commun

de modernisation des archives. Pour le chef

du gouvernement, il s’agissait de « donner la priorité au développement de l’archivage numérique au sein des administrations de l’État et des services publics d’archives ».

Mais il faut en réalité remonter au début de

la décennie 2010 pour trouver la trace des

premières réflexions lancées sur le sujet.

Depuis, cet ambitieux chantier a fait l’ob-

jet de près de vingt réunions de travail

menées au sein du Comité interministé-

riel des archives de France (Ciaf) et il vise

désormais l’horizon 2020-2024.

À ce jour, cinq grandes thématiques ont

été dégagées par le Ciaf :

n placer l’usager au cœur des dispositifs ;

n archivage numérique : passer à l’échelle ;

n mettre l’archivage au cœur de la trans-

formation numérique de l’administration ;

n faire évoluer les politiques de collecte

et de conservation des services publics

d’archives ;

n accompagner les agents dans les évolu-

tions en cours.

À l’évidence, ce cadre stratégique va non

seulement impacter le cœur de métier des ar-

chivistes (notamment les phases de collecte

et de conservation), mais il a également

pour ambition d’évangéliser la fonction ar-

chivistique au sein des ministères.

le passage à l’échelle de l’archivage numérique françaisLe « passage à l’échelle » est désormais la

clef de voûte de l’archivage numérique fran-

çais. Le credo du Ciaf repose pour partie sur

ce qui a déjà été produit par les archivistes,

en particulier la plateforme d’archivage

Vitam et ses déclinaisons (Adamant pour les

Archives nationales, Saphir pour le minis-

tère des Affaires étrangères et Archipel pour

le ministère des Armées) qui sont désor-

mais opérationnelles. Il repose également

sur ce qu’il va falloir mettre en œuvre, à sa-

voir « munir les administrations centrales et les opérateurs de l’État d’une solution d’archivage ». Mieux : le Ciaf préconise de

« faciliter l’émergence et l’appropriation d’outils permettant les traitements de don-nées et documents en amont des systèmes d’archivage électronique ».

Ce passage à l’échelle devra aussi se faire à

l’aune de la volumétrie. Face à « la massifi-cation de l’archivage numérique », il faudra

lever les obstacles culturels, techniques

et organisationnels qui sont constatés au-

jourd’hui. De même, les archivistes devront

être en mesure de maîtriser un plus grand

nombre de formats.

Au-delà des archivistes, les agents de la

fonction publique seront donc mis à contri-

bution à travers un plan qui sera lancé dans

chaque département ministériel afin « d’ac-culturer l’ensemble des agents à la fonction archives ».

politiques de collecte pertinentes, soutenables et transparentesDu côté des pratiques professionnelles, des

changements sont-ils à prévoir ? Le cadre

stratégique évoque « des politiques de collecte et de traitements pertinentes, soutenables et transparentes ». Cette

formule est-elle à rapprocher de la no-

tion « d’archives essentielles » défendue

par l’ancienne ministre de la Culture

Françoise Nyssen en 2018 ? Tel qu’il est

rédigé, le document de travail du Ciaf ne

répond pas à cette question.

Les usagers quant à eux peuvent se réjouir.

Ils n’ont pas été oubliés et devraient accéder

plus facilement à leur patrimoine documen-

taire via une simplification du droit d’accès

aux archives. Cet accès passera également

par la poursuite de la numérisation (déjà

très engagée en France) et le développement

de l’accès à distance. La consultation in situ

sera également repensée grâce à l’améliora-

tion des espaces d’accueil du public.

Et pour aller au-delà de son périmètre tra-

ditionnel, la fonction archives sera intégrée

dans les politiques d’éducation artistique

et culturelle ainsi que dans les stratégies

culturelles des territoires. n

Bruno Texier

Le site des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine Arc

hiv

es n

atio

nal

es

5archimag n° 333 avril 2020

les tweets du mois

suivez-nous sur Twitter : twitter.com/ArchimagRedac

sur Archimag.com

e-administration : la Cour des comptes interpelle l’ÉtatC’est un constat mi-figue mi-raisin que la Cour des comptes porte sur la numérisation

des services publics. Dans son rapport public 2020, la Cour estime que « les impacts positifs de la transformation numérique, tant sur les services offerts aux usagers que sur l’efficacité des organisations ne sont pas toujours au rendez-vous ».

Les auteurs du rapport reconnaissent certains succès (en matière fiscale par

exemple), mais ils soulignent également un manque de préparation dans d’autres

chantiers numériques. C’est notamment le cas pour la délivrance de certains titres

(cartes nationales d’identité, passeports, permis de conduire et cartes grises) où la

dématérialisation a été progressive depuis 2017.

insuffisante prise en compte des difficultés d'accès Cette transition pose des problèmes en raison d’une « insuffisante prise en compte des difficultés d’accès de certaines populations aux services numériques », telles

que l’illettrisme et l’illectronisme… « La dématérialisation intégrale des procédures de délivrance des titres ne pouvait réussir sans que soit offerte aux usagers une aide téléphonique », constate le rapport.

La Cour des comptes déplore également des lacunes professionnelles à certains

échelons de l’administration. Elle liste une série de dysfonctionnements : carences

en personnel qualifié dans les services informatiques, répartition déséquilibrée des

effectifs au sein de ces services… Au final, « ces facteurs structurels expliquent le manque d’attractivité pour les jeunes diplômés ».

simplification des procéduresSans remettre en cause la stratégie de l’État, la Cour des comptes lance un avertis-

sement : « Sans simplification des procédures, leur numérisation risque d’être peu efficace et même de les rendre encore plus complexes. Le thème de la dématérialisa-tion de la délivrance des titres montre bien comment la numérisation intégrale de procédures aussi complexes aurait justifié un travail approfondi de simplification préalable ». n

erratumUne erreur s’est glissée dans Archimag numéro 332 de mars 2020. Page 26, la cita-

tion en exergue à côté de la photo n’est pas attribuée à la bonne personne. Il fallait

lire Anthony Mahé (qui est sociologue et directeur de la connaissance au sein du

cabinet de conseil Eranos). Avec toutes nos excuses. n

[actualités]

6 archimag n° 333 avril 2020

nouveau site pour la bibliographie nationale française

près de vingt ans après sa mise en ligne, le site de la bibliographie nationale

française fait peau neuve. Cette nouvelle version propose notamment une

fonctionnalité de recherche par mots (simple ou avancée) pour des interroga-

tions globales, croisées ou ciblées sur l’ensemble des données. De nouveaux

critères de recherche font leur apparition ainsi que de nouvelles facettes.

La catégorie audiovisuelle, quant à elle, est enrichie de quatre nouvelles sections : son,

vidéo, multimédia et multisupports.

observatoire du dépôt légalAutre changement notable, les internautes peuvent désormais accéder aux notices du

dépôt légal établies dès les années 1970 contre 2001 auparavant, ainsi qu’à l’Observa-

toire du dépôt légal… n

 bibliographienationale.bnf.fr

Europeana : une nouvelle version webEuropeana est désormais accessible dans une nouvelle version, quatre ans après la

dernière refonte. Avec une interface beaucoup plus aérée, la bibliothèque numérique

européenne se veut plus rapide notamment pour la page recherche « qui ne nécessite plus de rafraîchissement entre les changements de mots-clés ou de filtres » ; de nom-

breux filtres supplémentaires sont proposés : couleur dominante du document, taille de

l’image, format de fichier…

Une nouvelle section destinée aux enseignants fait son apparition avec une grande variété de

ressources et d’outils pour les aider à intégrer le patrimoine culturel dans leur enseignement. n

 www.europeana.eu/fr

université de Strasbourg : futur learning centerLe futur learning center de l’université de Strasbourg devrait ouvrir ses portes début 2021.

Baptisé Studium, ce nouveau site sera « innovant, pluriel et accueillant répondant aux différents besoins et attentes de la communauté universitaire : apprentissages formels et informels, documentation, expérimentations, collaborations, sociabilités, transfor-mation numérique, ressources pour l’innovation pédagogique (inversée, par projet) »,

explique l’université de Strasbourg.

Les horaires d’ouverture seront particulièrement généreux : dès 8 heures du matin en

semaine jusqu’à 23 heures ainsi que certains week-ends, ceci pour l’accès à 80 000 do-

cuments et avec 650 places assises et de 26 salles de travail. n

un livre…

L’indexation matière en transition. De la réforme de Rameau à l’indexation automatique.

Sous la direction d’Etienne Cavalié. - Paris : Éditions du cercle de la librairie, 2019. - 227 p. - ISBN 978-2-7654-1623-4/40 eurosQuarante ans après la création du langage documentaire Rameau, où en est l’indexation ? En une dizaine d’années, les codes de catalogage RDA et Bibframe ont été au cœur des discussions, bientôt suivis par le projet de transition bibliographique menée en France par la BNF et l’Abes. Cet ouvrage collectif a une ambition : « Donner une meilleure lisibilité à cette réforme en cours de réalisation », explique Etienne Cavalié dans son introduction.La douzaine d’auteurs réunis ici revient sur le contexte normatif de la transition bibliographique et s’interroge sur les perspectives d’évolution de Rameau et de la classification décimale Dewey. Le thème de nouvelles métadonnées générées par l’indexation automatique de documents est également abordé à travers des exemples empruntés à la presse, aux partitions ou aux manuscrits. En guise de conclusion, l’ouvrage ouvre une porte vers l’intelligence artificielle, notamment l’apprentissage automatique (machine learning) et son impact sur les techniques d’indexation. n

7archimag n° 333 avril 2020

un livre…

Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque

Sous la direction de Franck Queyraud. - Villeurbanne : Presses de l’Enssib, 2019. - 197 p. - ISBN 978-2-37456-104-4/22 eurosCes dernières années ont vu l’expansion de nouvelles formes de création littéraire : livres enrichis, applications, blogs, livres web… Sans oublier les réseaux sociaux littéraires et la production de chaînes Youtube consacrées aux livres.Cet ouvrage collectif rend compte de la métamorphose du livre à travers les témoignages des acteurs de la chaîne éditoriale : auteurs, éditeurs, bibliothécaires… On trouvera notamment un chapitre consacré aux nouveaux « lieux d’écriture » : Facebook, Twitter, Tumblr, Instagram, ateliers d’écriture en ligne… L’écrivain François Bon, impliqué depuis longtemps dans la sphère numérique, évoque « les chemins buissonniers du lire-écrire à l’ère numérique ». Une vingtaine de cas concrets sont présentés : revues, applications, blogs… La place des bibliothèques est également abordée depuis le projet prêt numérique en bibliothèque (PNB) jusqu’aux offres alternatives de livres numériques en bibliothèque. n

3 questions à Aurélien Blaha« Scip France est ouvert à tous les praticiens de la veille stratégique et concurrentielle »Aurélien Blaha est représentant français au sein de Scip.

Pourquoi relancer Scip France ?Scip est une association profession-

nelle d’origine américaine ayant pour

but de réunir des praticiens de la veille

stratégique et concurrentielle (Scip

signifie Strategic and competitive in-

telligence professionals). Au-delà des

États-Unis, Scip est organisée par cha-

pitres (« chapters ») nationaux : il en

existe une quinzaine dans le monde,

plus ou moins actifs. En Europe, les cha-

pitres nationaux les plus actifs sont le

Royaume-Uni, l’Espagne et le Portugal.

Je trouvais dommage que la France n’y

soit plus représentée. À la suite d’une

rencontre avec Christophe Bisson (direc-

teur de programme à Skema Business School et membre du board de Scip), nous

avons décidé de relancer Scip France.

Qui trouvera-t-on au sein de Scip France ?Scip France est ouvert à tous les praticiens de la veille stratégique et concurrentielle

qui souhaitent échanger avec leurs pairs, accéder à des ressources sur ces sujets et

partager en retour leurs bonnes pratiques. Pour cela nous invitons des experts à

partager leur expérience de l’intelligence économique, en particulier si elle a une

dimension internationale. Nous avons ainsi déjà organisé deux petits-déjeuners en

novembre et février derniers, et d’autres sont prévus.

Quelle est la particularité de Scip France par rapport aux autres associations d’intelligence économique ?J’en vois aux moins deux. Tout d’abord, le côté international. Les autres associa-

tions d’intelligence économique en France sont généralement franco-françaises, ce

qui limite notre vision des différentes pratiques de l’intelligence économique dans

le monde. Avec Scip, je sais par exemple que je peux échanger avec mes homolo-

gues européens. L’année dernière, je suis retourné à l’événement annuel Scip à

Orlando qui réunit des professionnels du monde entier, et je n’y ai vu que très peu de

Français. La deuxième différence tient dans l’approche de l’intelligence économique.

Bien qu’internationale, l’association Scip est d’origine américaine et cela se ressent

évidemment dans l’approche anglo-saxonne de l’intelligence économique (on parle

d’ailleurs plutôt de competitive intelligence et market intelligence) : une approche

très pragmatique, orientée business, plus offensive, là où l’approche française reste

plus défensive, centrée sur la protection du patrimoine. n

  twitter.com/Scipfrance

DR

[actualités]

8 archimag n° 333 avril 2020

un ouvrage rarissime de Newton trouvé à la bibliothèque d’Ajaccio

« c’ est un trésor exceptionnel qui a été récemment découvert à la bi-bliothèque patrimoniale d’Ajaccio : un ouvrage datant de 1686 du mathématicien, physicien et astronome Isaac Newton ! »

La bibliothèque ajaccienne n’en revient toujours pas d’avoir

trouvé sans ses collections cet ouvrage rarissime dont il n’existe

que 80 exemplaires (en version latine) dans le monde (et 400 en version anglaise).

Le 3 mars dernier, Vannina-Vassilia Schirinsky-Schikhmatoff, responsable à la conser-

vation et à la restauration de la Bibliothèque Patrimoniale Fesch a mis la main sur

« Philosophia Naturalis Principia Mathematica » (« Principes mathématiques de la philosophie naturelle »). « Ce qui est émouvant c’est qu’il est très probable que l’auteur l’ait eu entre ses mains », explique-t-elle.

trouvé dans un état étonnamment bonCet exemplaire provient de la collection de Lucien Bonaparte. Trouvé dans « un état étonnamment bon », l’ouvrage présente cependant une usure de la tranche et des alté-

rations sur certaines pages.

Dans « Philosophia Naturalis Principia Mathematica », Newton aborde des questions

aussi légères que la mécanique des mondes ou les lois et théories de l’attraction terrestre…

Un exemplaire similaire a été vendu aux enchères pour un montant de 3,5 millions d’eu-

ros en 2013. n

réouverture de la bibliothèque GulbenkianBonne nouvelle pour le public lusophone et les passionnés de culture portugaise,

la Bibliothèque Gulbenkian a rouvert ses portes au public le 16 mars dernier. Désormais

située dans les locaux de la Maison du Portugal de la Cité universitaire à Paris — elle était

située dans un hôtel particulier du 7e arrondissement —, elle propose une collection

d’environ 97 000 documents (livres, périodiques…) ainsi que des ressources numé-

riques consacrées au Portugal et plus largement à la production culturelle lusophone. n

RSF, la liberté de la presse et MinecraftAlors que blogs et sites de presse sont interdits dans certains pays, le jeu en ligne Minecraft reste accessible à tous les internautes. C’est donc sur cette plateforme fréquentée par 145 millions d’utilisateurs que Reporters sans frontières a décidé d’installer une bibliothèque dédiée à la liberté de la presse, avec des contenus non modifiables. Outre les articles censurés, les internautes pourront accéder au Classement mondial de la liberté de la presse et aux rapports sur la situation de la liberté d’information dans 180 pays. Ceci à l’abri de la surveillance des gouvernements. n

Italie, le coût du piratage de livres numériques300 000 actes de piratage de livres numérique sont recensés chaque jour en Italie. Soit près de 107 millions par an ! Selon une enquête menée pour l’Associazione Italiana Editori et la Federazione Italiana Editori Giornali, le téléchargement illégal de livres dématérialisés est en pleine expansion et porte un rude coup au secteur éditorial italien.Tous segments confondus (romans et essais, universitaire, banques de données), le coût du piratage est estimé à 528 millions d’euros par an soit 23 % du marché global (hors secteur scolaire et exportation). Le piratage serait à l’origine de la destruction de 8 800 emplois. n

DR

9archimag n° 333 avril 2020

DocuSign acquiert Seal Software…Nouvelle étape pour DocuSign qui a annoncé l’acquisition de Seal Software une société

spécialisée dans l’analyse des contrats d’entreprise et recourant au machine learning et

au traitement du langage naturel. Plus positionnée que jamais sur la digitalisation des

échanges, DocuSign fait le pari de l’intelligence artificielle pour renforcer ses outils dédiés

à la signature électronique et au cycle de vie des contrats. Concrètement, les solutions

de DocuSign devraient être en mesure de catégoriser automatiquement les clauses, en

extraire les termes clés et utiliser ces informations pour influencer les workflows. Montant

de l’acquisition de Seal Software : 188 millions de dollars (environ 169 millions d’euros). n

… et Alfresco Technology Services GroupAlfresco Software, éditeur de services de contenu open source, annonce l’acquisition

de Technology Services Group (TSG), société de services et logiciels ECM (Chicago).

Fondée en 1996 et partenaire d’Alfresco depuis 2006, TSG emploie 45 ingénieurs. n

IBML FusionLe spécialiste américain de l’automatisation de capture intelligence à haut volume IBML vient de lancer une nouvelle série de scanners considérés comme les plus rapides du monde : jusqu’à 730 pages A4 et 938 vérifications par minute ! Dotés d’une solution de capture extrêmement puissante, ils sont distribués par Kodak Alaris, qui offre une gamme d’options de maintenance et de services dédiés.  n

NovarchiveNovarchive est désormais certifiée selon les règles de la marque NF 461. Délivrée par l’Afnor, celle-ci atteste la conformité du système d’archivage électronique Novadoc à la norme NF Z42-013 et son équivalent international Iso 14641-1. n

MOOC : VEILLE, IA ET DATA VISUALISATION

MODULE 1Veille, intelligence économique

et prospective :les nouveaux enjeux

MODULE 2 L'apport de l'IA et de la Dataviz

dans les pratiques de l'intelligence économique

MODULE 3L'intelligence arti�cielle :

moteur d'intelligence collective pour la veille stratégique

Bonjour, je suis Auriane et je suis impatiente de vous présenter ce nouveau Mooc réalisé par Serda

Formation et Archimag, en partenariat avec Geotrend. Il sera consacré à la veille et à

l'intelligence économique par le prisme de l'IA et de la data visualisation. Dans le premier module

nous aborderons les enjeux de la veille et de l'intelligence économique. Dans le second, nous

verrons ce qu’apportent l'IA et la data visualisation aux processus de veille. En�n, dans le troisième, nous nous pencherons sur l'avenir de la veille et sur le concept d'intelligence collective. Je vous donne rendez-vous en mars prochain pour le

découvrir.r

LOADING...

https://bit.ly/2Ou8Rul

MOOC : VEILLE, IA ET DATA VISUALISATION

MODULE 1Veille, intelligence économique

et prospective :les nouveaux enjeux

MODULE 2 L'apport de l'IA et de la Dataviz

dans les pratiques de l'intelligence économique

MODULE 3L'intelligence arti�cielle :

moteur d'intelligence collective pour la veille stratégique

Bonjour, je suis Auriane et je suis impatiente de vous présenter ce nouveau Mooc réalisé par Serda

Formation et Archimag, en partenariat avec Geotrend. Il sera consacré à la veille et à

l'intelligence économique par le prisme de l'IA et de la data visualisation. Dans le premier module

nous aborderons les enjeux de la veille et de l'intelligence économique. Dans le second, nous

verrons ce qu’apportent l'IA et la data visualisation aux processus de veille. En�n, dans le troisième, nous nous pencherons sur l'avenir de la veille et sur le concept d'intelligence collective. Je vous donne rendez-vous en mars prochain pour le

découvrir.r

LOADING...

https://bit.ly/2Ou8Rul

MOOC : VEILLE, IA ET DATA VISUALISATION

MODULE 1Veille, intelligence économique

et prospective :les nouveaux enjeux

MODULE 2 L'apport de l'IA et de la Dataviz

dans les pratiques de l'intelligence économique

MODULE 3L'intelligence arti�cielle :

moteur d'intelligence collective pour la veille stratégique

Bonjour, je suis Auriane et je suis impatiente de vous présenter ce nouveau Mooc réalisé par Serda

Formation et Archimag, en partenariat avec Geotrend. Il sera consacré à la veille et à

l'intelligence économique par le prisme de l'IA et de la data visualisation. Dans le premier module

nous aborderons les enjeux de la veille et de l'intelligence économique. Dans le second, nous

verrons ce qu’apportent l'IA et la data visualisation aux processus de veille. En�n, dans le troisième, nous nous pencherons sur l'avenir de la veille et sur le concept d'intelligence collective. Je vous donne rendez-vous en mars prochain pour le

découvrir.r

LOADING...

https://bit.ly/2Ou8Rul

MOOC : VEILLE, IA ET DATA VISUALISATION

MODULE 1Veille, intelligence économique

et prospective :les nouveaux enjeux

MODULE 2 L'apport de l'IA et de la Dataviz

dans les pratiques de l'intelligence économique

MODULE 3L'intelligence arti�cielle :

moteur d'intelligence collective pour la veille stratégique

Bonjour, je suis Auriane et je suis impatiente de vous présenter ce nouveau Mooc réalisé par Serda

Formation et Archimag, en partenariat avec Geotrend. Il sera consacré à la veille et à

l'intelligence économique par le prisme de l'IA et de la data visualisation. Dans le premier module

nous aborderons les enjeux de la veille et de l'intelligence économique. Dans le second, nous

verrons ce qu’apportent l'IA et la data visualisation aux processus de veille. En�n, dans le troisième, nous nous pencherons sur l'avenir de la veille et sur le concept d'intelligence collective. Je vous donne rendez-vous en mars prochain pour le

découvrir.r

LOADING...

https://bit.ly/2Ou8Rul

[actualités]

10 archimag n° 333 avril 2020

start-upla la start-up du mois : Keeex

du mois

Keeex, c’est quoi ?Keeex est une société marseillaise qui exploite une technologie de protection des données. Nous créons des originaux numériques qui sont aussi probants que le papier. Nous appliquons cette technologie à de nombreux documents (diplômes, bulletins de paie, factures, photographies…), mais aussi à des processus industriels comme la traça-bilité alimentaire ou la logistique maritime. Nous sommes également positionnés sur le domaine de l’intelligence artificielle en attestant des données qui ont été utilisées pour l’entraînement de l’IA.

Concrètement, sous quelle forme se présentent vos solutions ?Elles se présentent sous la forme d’applications de bureau ou d’applications mobiles selon les besoins des clients. L’application Photo Proof, par exemple, prend des clichés, les authentifie, les géolocalise et les horodate. Elle peut être utilisée notamment pour une déclaration d’incident ou pour réaliser un état des lieux.

Qui sont vos clients ?Nos clients appartiennent exclusivement au segment B2B et évoluent dans tous les secteurs : EDF, Orange, SNCF, Thales, Société générale, Engie…

Est-il facile de convaincre les entre-prises à mettre en place des solu-tions de traçabilité documentaire ?Je ne dirais pas que c’est facile car les cycles de vente restent longs, surtout en B2B. Pour autant, ces cycles de vente sont en train de se raccourcir dans le domaine de la photographie par exemple.

Quel est votre modèle économique ?Licence et paiement à l’usage.

Comment être disruptif dans le domaine de la traçabilité ?Nous avons quelques points de valeur comme les dossiers de preuve créés par Keex qui sont auditables au niveau du fichier. En cas de litige, nos fichiers peuvent être audités à tout moment.Nous apportons également à nos clients la possibi-lité d’opposer la preuve qu’ils ne sont pas capables de créer des faux. Concrètement, une école qui utilise notre solution peut apporter la preuve qu’il est impossible de falsifier un diplôme. De même, dans le cas de la traçabilité alimentaire, un compte-rendu vétérinaire ne peut pas être contrefait.

Quels profils recrutez-vous ?Nous nous apprêtons à recruter des profils de business developpers avec un fonds de compétence technique ainsi que des ingénieurs informaticiens. n

Keeex keeex.me/fr/

n la société en 3 donnéesannée de création : 2014effectif : 10 personneslieu : Marseille

open data : la France 2e « Avec data.gouv.fr, la France possède l’un des portails de données gouvernementales les plus développés parmi les pays de l’OCDE ». L’Organisation de coopération et de développement économiques ne tarit pas d’éloges sur la politique de la France en matière d’open data. Résultat : notre pays se maintient à la deuxième place des pays les plus engagés dans l’ouverture des données publiques.Selon l’index open data 2020 de l’OCDE, la première place est occupée, comme en 2019, par la Corée du Sud suivie par la France, l’Irlande, le Japon et le Canada. En queue de peloton, se trouvent le Chili, la Suède et la Lituanie. À noter que 32 pays ont été étudiés sur les 36 États membres de l’OCDE ; 19 pays ont fait des progrès en termes de disponibilité des données. n

l’open data, c’est (aussi) du cinéma !Combien de films ont dépassé le million d’entrées ? Combien coûte la distribution d’un film ? Quel est le nombre de salles de cinéma par département ? À toutes ces questions, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) apporte des réponses via la mise en ligne de ses statistiques en open data. La direction des études, des statistiques et de la prospective du CNC propose en effet des dizaines de jeux de données qui couvrent les multiples domaines de l’industrie cinématographique. n

Lambert Bouley[fondateur et PDG de Keeex]

Mac ou Windows ?Plutôt Linux !

Google ou Qwant ?Plutôt Qwant qui revendique, comme

nous, la non-traçabilité de ses utilisateurs.Cravate ou t-shirt ?

T-shirt et chaussures de couleur !

11archimag n° 333 avril 2020

publirédactionnel

Préparer l’évaluation des laboratoires avec l’aide de Scopus

Contact ELSEVIERAnne-Catherine RotaRelations Institutionnelles, Research Intelligenctél : +33 634 194 263 e-mail : [email protected]

L’exercice d’évaluation des laboratoires de recherche n’est pas chose aisée, et pourtant il revient régulièrement, que ce soit pour l’HCERES ou un autre organisme, générant un travail conséquent de préparation. Très certainement, l’exercice d’autoévaluation en lui-même est très utile, mais il n’en reste pas moins consommateur de temps. Aussi convient-il d’en simplifier sa préparation. Penchons-nous sur la manière dont Scopus — et SciVal — peuvent vous aider, en disposant de la liste des publications par unité de recherche, en positionnant les travaux au niveau national ou international et encore en contribuant à la présentation du projet et de la stratégie du laboratoire.

Disposer de la liste à jour des publications scientifiques de l’unité depuis Scopus

Un élément important des produits et activités de la recherche est certainement le corpus des publications reflétant au mieux la réalité, que vous pouvez récupérer aisément depuis Scopus. Certaines institutions, telles que l’Université de Bordeaux, ont d’ailleurs mis au point un envoi systématisé à chaque unité de recherche de sa liste des publications à partir de Scopus.Cette liste par laboratoire s’incrémente en effet automa-tiquement dans la base de données Scopus grâce à la hiérarchie des affiliations organisée au niveau des unités de recherche, y compris pour les unités mixtes de recherche. Ceci est rendu possible grâce à la description précise trans-mise par les institutions sur les structures, leurs variantes de noms, les sites et les co-tutelles des unités. Vous pouvez également disposer des corpus de publications par équipe de chercheurs à partir de requêtes sur la liste des auteurs.

Obtenir des indicateurs de qualité pour caractériser le rayonnement et l’attractivité scientifiqueIl va sans dire qu’il est impératif de combiner indicateurs qualitatifs et quantitatifs sur les publications afin de se faire

une idée de leur qualité. Pour la partie métrique, on peut retenir l’accès direct dans Scopus au nombre de citations (et aux articles ayant cité ces publications) et aux indica-teurs normalisés par domaine scientifique, ainsi qu’à des indicateurs alternatifs, comme les mentions dans des blogs de référence. Un autre indicateur de SciVal peut s’avérer pertinent : le nombre de Views, soit le nombre de clics sur les publications dans Scopus. Mais plus important encore est la capacité de positionner les unités de recherche du domaine, que ce soit en France ou à l’international, et ce sur le champ de recherche bien précis. SciVal le permet.

Contribuer à l’exposition du projet et de la stratégie

Si certaines des publications font partie des Topics of pro-minence, accessibles dans Scopus, cela signifie qu’elles contribuent à un sujet soit émergent, soit tout au moins avec du momentum ! Il est aussi utile de disposer d’une vision plus prospective du domaine, avec l’identification des ac-teurs, de potentiels partenaires et de la pluridisciplinarité…

Plus d’information dans le webinaire dédié

Un webinaire s’est tenu sur le sujet le 2  avril dernier  : « Comment préparer l’évaluation de votre unité de re-cherche avec l’aide de Scopus et SciVal ? » Vous pouvez accéder à l’enregistrement ici.Et bien sûr, l’équipe, est à votre disposition pour vous gui-der dans vos préparations des exercices d’évaluation. n

Plus d’informations disponibles sur : https://www.elsevier.com/fr-fr/solutions/scopushttps://www.elsevier.com/fr-fr/solutions/scopus/webinars

Le prochain webinaire aura lieu le 7 mai prochain et aura pour thème :

« Les Objectifs de Développement Durable dans SciVal : quelle utilité pour les institutions ? Témoignage de

Daniel Egret, Université PSL. »

[dossier]

12 archimag n° 333 avril 2020

que doit-on réellement numériser ?

13archimag n° 333 avril 2020

16 tout savoir sur la convention de numérisation19 RATP, station atelier de numérisation à force probante20 Seris dématérialise ses dossiers RH en haute sécurité22 MDPH : une numérisation attentive aux données de santé

que doit-on réellement numériser ?Dans le privé comme dans le public, les besoins en numérisation sont encore nombreux. La tentation de vouloir tout numériser ne tient pas longtemps lorsque l’on se pose la question du coût, ou d’abord celle de l’utilité. Records managers et archivistes le savent, mais ne sont pas forcément aux manettes. Si l’on suit la voie de la sous-traitance, on peut obtenir des conseils de la part de son prestataire. L’on peut aussi s’appuyer sur une convention de numérisation, définie avec l’assistance d’un spécialiste et qui cadrera précisément l’opération. À partir bien sûr d’orientations stratégiques. Témoignage avec trois retours d’expérience.

confier des documents à numé-

riser, une fois les lots prêts,

paraît simple pour un client.

Pour son prestataire, c’est tout

un métier qui va de la relation

client à la livraison, en passant par le

transport, l’organisation de la produc-

tion et les contrôles qualité. Pro Archives

Systèmes et Tessi le vivent tous les jours.

Du document patrimonial à la reprise

de masse, Pro Archives Systèmes peut

répondre à toutes demandes de numé-

risation. Elles viennent d’organisa-

tions très différentes, décrit Mickael

Sansiquier, ingénieur avant-vente solu-

tions digitales : d’un cabinet de géomètre

à l’assurance, de la banque à l’industrie.

L’opération se déroule parfois en interne,

ce qui fut le cas pour Airbus, où 18 per-

sonnes étaient mobilisées pour numéri-

ser près de 20 000 boîtes d’archives en

un an. De façon générale, via les appels

d’offres ou non, Pro Archives Systèmes

se situe plus volontiers sur du volume

(documents bancaires, courrier, etc.).

de vrais enjeux industriels« Nous sommes sur de vrais enjeux in-dustriels », déclare Eric Jamet, directeur

marketing et innovation, Tessi. Pour ce

sommaire

[dossier]

14 archimag n° 333 avril 2020

prestataire, la production s’élève à 1,3 mil-

lion de pages par jour. Tessi s’adresse ain-

si, d’une part, à des grands comptes, pour

l’externalisation de leur salle courrier —

avec soit un déversement dans leurs flux,

soit un système de Ged avec des corbeilles

prédéfinies —, d’autre part à des métiers

« très documentés » confrontés à d’impor-

tants volumes (dossier de crédit, de sous-

cription en énergie, télécoms ou encore

banque et assurance).

Pas de mauvaise surprise pour ces types

de projets qui sont bien cernés par les

clients, tant en déroulement qu’en retour

sur investissement (ROI). Cependant,

« nous abordons depuis un an le marché des établissements de soins », précise Eric

Jamet ; « il se montre plus complexe, avec des documents tels que des radios, des comptes rendus, des annotations, etc. »

très tôt avoir une vision du coûtMickael Sansiquier se montre très cir-

conspect devant un client voulant « tout numériser ». « Avec une telle approche, le projet risque fort de ne jamais voir le jour », déplore-t-il ; « il faut très tôt avoir une vision du coût et du retour sur inves-tissement ». Entendez : si des documents

ne sont pas consultés, autant les laisser

en archivage physique. Si des consulta-

tions épisodiques sont à prévoir, on peut

y répondre par une numérisation à la

demande. La numérisation complète sera

assurée pour un fonds très consulté.

En même temps, on peut aussi prévoir de

numériser telle partie de fonds en priorité.

Les cas d’externalisation dans le secteur

public sont de plus en plus fréquents,

avec appels d’offres et cahiers des charges

à l’appui, observe Eric Jamet, « c’est une vraie tendance ». Elle tranche avec un

passé récent où la DSI se chargeait de

l’opération de numérisation.

définit les responsabilitésS’appuyer sur une convention de numé-

risation n’est pas systématique. Pour des

documents à caractère non engageant,

où la traçabilité n’est pas déterminante,

on ne monte pas à ce niveau de formali-

sation, on s’en tient à des spécifications

fonctionnelles d’ordre informatif.

Avec tout de même, précise Eric Jamet,

un travail en comité de pilotage qui défi-

nit rigoureusement le champ des respon-

sabilités. Prise en charge, délais, flux et

cadences, dimensionnement des équipes :

« Tout cela est précisé et négocié et fait partie de la signature du contrat ».

En revanche, dès que l’on se place dans

le cadre de la norme NF Z 42-026 sur les

prestations de numérisation fidèle, une

convention est adoptée. L’on passe en-

core à un cran supérieur si l’on veut une

copie fiable, avec un système d’archivage

électronique (NF Z 42-013). Alors la des-

truction des originaux est envisageable.

Un nombre croissant de demandes vont

dans ce sens.

Et parallèlement, la destruction peut être

courante, par exemple pour un docu-

ment comme le chèque, selon le délai

réglementaire.

logistiqueMais l’activité de numérisation suppose

aussi de la logistique. « Nous avons notre propre flotte de véhicules pour le trans-port des documents », déclare Mickael

Sansiquier. En fait, les coûts se révèlent

moins élevés quand Pro Archives Systèmes

travaille dans ses propres centres et non

sur le site du client. Dans un centre, on

peut davantage compter sur une équipe

stable, qui peut même avoir l’avantage

d’être spécialisée. C’est le cas du centre

nantais en ce qui concerne les dossiers de

ressources humaines (RH). En outre, le

prestataire peut plus facilement y répartir

les charges de travail, mieux utiliser ses

ressources.

Si Tessi n’assure pas elle-même le trans-

port, elle l’orchestre et en est garante.

Le« tri service arrivée » (TSA) de La Poste

est beaucoup utilisé.

la traçabilité dans l’ADNLa question de la sécurité est bordée :

tout collaborateur signe une clause de

confidentialité — « C’est le minimum

requis », affirme Mickael Sansiquier —,

et l’on applique la norme NF Z 40-

350 sur les prestations d’archivage et

de gestion externalisée de documents

(confidentialité dès l’enlèvement chez

le client, traçabilité, cartons anonymi-

sés, manipulation par les seules per-

sonnes chargées de la prestation, etc.).

L’agrément hébergement de données de

santé (HDS) comporte aussi son lot de

contraintes… qui rassurent les clients.

De plus, un plan de continuité d’ac-

tivité (PCA) apporte une garantie

supplémentaire.

D’une manière générale, la traçabi-

lité est dans l’ADN d’un prestataire en

numérisation

L’approche globale n’empêche pas de

faire du spécifique. Par exemple, illustre

Tessi, pour tel organisme, le flux de la

direction générale sera préidentifié

et traité isolément dans le workflow.

L’automatisation est de toute façon pri-

vilégiée, d’autant que les technologies le

permettent, avec un recours croissant à

l’analyse sémantique.

contrôle qualitéL’indexation, la plupart du temps, se

cale sur le plan de classement fourni

par le client, accompagné de règles de

nommage. Les documents peuvent être

typés manuellement ou via un applicatif

de reconnaissance de caractères (OCR).

« Toute anomalie est gérée au cas par cas avec le client », ajoute Mickael

Sansiquier.

Quant au contrôle qualité, il est effectué

de trois manières : manuellement, auto-

matiquement, via des applicatifs (sup-

pression des pages blanches, rotation

pour redresser l’image dans le sens de

la lecture, etc.), ou aléatoire. Ce contrôle

aléatoire est humain, pour vérifier la

conformité, la lisibilité… 2 % à 3 % des

documents y sont soumis.

Ce contrôle peut être adressé en « repor-ting » aux clients. Mais les demandes de

reporting varient d’une campagne de

numérisation à l’autre. Il s’agit parfois

de demandes très pointues (signaler

les documents déchirés, par exemple),

15archimag n° 333 avril 2020

dont là encore il faut anticiper l’im-

pact économique. « Plus on ajoute de contrôles, plus on alourdit la facture »,

insiste Mickael Sansiquier. En fait, on se

situe ici dans une démarche de mesure

du niveau de risque : quelle marge d’er-

reur est fonctionnellement, économi-

quement, juridiquement tolérable ?

Ce qui reste constant dans un reporting a

trait aux flux. Ce reporting est journalier,

hebdomadaire ; pour une reprise de

masse, il sera par quinzaine, par mois…

Ceci pour connaître le nombre de conte-

neurs traités, le nombre de dossiers.

PDF, Ged ou APIPour la livraison finale, le format est

évidemment donné en amont. « C’est le plus souvent en PDF, soit à 95 % »,

observe Mickael Sansiquier, « ce format ayant l’avantage d’être exploitable par n’importe quel système ». XML ou CSV

sont réclamés lorsqu’une intégration est

prévue.

Tessi privilégie une restitution dans

une Ged. Elle est en mode hébergé si

le client le souhaite, et les utilisateurs

y traitent leurs flux (possibilité de cor-

beilles). C’est affaire de types de projets.

Si le traitement des documents est très

lié à un système métier, le prestataire

fournira, à travers une API, des fichiers

indexés, avec images et métadonnées.

Du côté de Pro Archives Systèmes,

le support de livraison le plus commun

est le disque dur, il est en tout cas domi-

nant pour les reprises de masse. Il ar-

rive que l’on recoure à des clés USB —

32 Go ou 64 Go représentent un volume

appréciable de documents. Il est moins

fréquent que les clients souhaitent du

flux (par SFTP, CFT). n

Michel Remize

quelques conseils

 n Que l’on envisage une numérisation simple ou avec copie fidèle, il faut tout cadrer dès le départ. n Définir un cahier des charges le plus précis possible, avec des responsabilités

clairement partagées. n Le CDC intègre les éléments de décision concernant la prise en compte

des données personnelles (RGPD). n Savoir que les premiers tests de numérisation feront de toute façon ressortir

la nécessité d’ajustements. n

repères

Prise en charge, délais, flux et cadences, dimensionnement des équipes : « Tout cela est précisé et négocié et fait partie de la signature du contrat » (Eric Jamet, Tessi). T

essi

[dossier]

16 archimag n° 333 avril 2020

tout savoir sur la convention de numérisationDe plus en plus, quand on envisage la numérisation globale ou partielle de ressources documentaires, on évoque le rôle de la convention de numérisation. Quel est ce document ? Pourquoi est-il aussi central ? Il s’inscrit en fait dans toute une démarche, voici comment.

si l’on prend le contexte réglemen-

taire porteur de la dématérialisa-

tion des activités métier de nos

organisations, secteur public ou

secteur privé, domaines RH, fi-

nancier, comptable, commercial ou autres,

on se retrouve assez vite plongé dans la

lecture de la norme Z42-26 « Définition et spécifications des prestations de numé-risation fidèle de documents sur support papier et contrôle de ces prestations ».

Cette norme est dorénavant le cadre tech-

nique applicable dès lors que l’on organise,

soit en interne, soit en externe auprès d’un

prestataire spécialisé, soit sous forme de

lots ou sous forme de flux réguliers, la dé-

matérialisation des dossiers et documents

de son organisation. Elle met en évidence

la nécessité d’établir une convention de

numérisation. C’est le document central

autour duquel tout s’articule.

cas d’usageLe plus souvent une entreprise ou une col-

lectivité qui organise cette démarche est

confrontée à plusieurs situations :

 n des stocks de dossiers actifs contenant

des natures documentaires diverses, avec

un classement pas toujours homogène,

mais utilisés quotidiennement en terme

de ressources par des équipes ;

 n des flux entrants ou circulants en interne,

réguliers ou pas, centralisés ou pas, et avec

vocation à intégrer ces mêmes dossiers ;

 n un souhait de dématérialisation unique-

ment en fonction d’un besoin d’accès à un

fonds documentaire jusque-là conservé

papier. On peut donc être confronté à ces

six cas d’usage (voir tableau).

Cas d’usage Libellé Points d’attention Niveau critique

Cas 1 Stock actif de dossiers

Beaucoup de métiers ou de domaines dans une organisation ont encore ce type de stock, parfois doublé insuffisamment de dossiers électroniques partiels.

Élevé car dossiers pouvant contenir des documents engageants.

Cas 2 Flux entrants Il s’agit le plus souvent de flux réguliers, type courrier, entrant par voie postale, internalisée ou externalisée directement vers un prestataire.

Élevé car le plus souvent la gestion est faite en 2 temps (donc complexe) et les originaux sont conservés sur un temps moyen (entre 1 et 3 ans) ou avec application des DUA*.

Cas 3 Flux internes

Il s’agit des documents circulant en interne, essentiellement en format numérique.

Moyen car ce flux est de plus en plus maîtrisé par les métiers d’autant plus si l’organisation s’équipe de parapheurs et de signatures électroniques.

Cas 4 Flux centralisés

Il s’agit d’une chaîne de traitement mise en place de manière centralisée permettant de capitaliser sur un process et un outillage très encadré.

Limité car mise en conformité possible à la norme pour la chaîne de capture et les actions menées et permettre ensuite la destruction des documents papier.

Cas 5 Flux décentralisés

Il s’agit d’une chaîne de traitement délocalisée au plus près des utilisateurs permettant ainsi de numériser à la volée certains documents et de les rendre immédiatement : ex. le guichet d’un laboratoire médical, le guichet d’une banque…

Élevé car difficulté à maîtriser les pratiques et le suivi des travaux et de l’usage de l’outillage dans ce cadre ; le réserver à des cas sans besoin de copie fiable.

Cas 6 Stock à la demande

Il s’agit d’une chaîne de traitement sollicitée dans des cas d’usage encadrés par un contrat ou un mode opératoire spécifique, pour la dématérialisation d’un fonds ou de plusieurs fonds documentaires (dossiers, documents…) dont l’accès et le partage sont nécessaires au suivi des activités d’une organisation.

Limité car le plus souvent traité dans le cadre d’un atelier de dématérialisation, interne ou externe, aligné sur les recommandations de la norme.

* Durée d'utilité administrative

une ou plusieurs conventions ?Alors faut-il une convention de numérisa-

tion spécifique par cas d’usage ou peut-on

concevoir une seule convention de numéri-

sation (« CdN » pour les initiés) encadrant

plusieurs situations ? Selon le mode opéra-

toire que l’organisation va mettre en œuvre,

on peut se retrouver face à la rédaction de

lire la suite en page 18

17archimag n° 333 avril 2020

publirédactionnel

Contact NUMERIZEBoris Corioltél : 06.37.51.54.25 e-mail : [email protected] /// www. www.numerize.com ///

Numerize, le prestataire tout-en-un de la dématérialisationAprès avoir fait ses classes dans une entreprise alsacienne chargée de la numérisation du patrimoine local et constatant le besoin grandissant des collectivités territoriales en matière de dématérialisation, Boris Coriol a fondé Numerize. Et en quelques années, le prestataire a pris du galon et s’est fait connaître dans toute la France.

En 2008, lorsque Boris Coriol a créé Numerize, sa  volonté était de sauvegarder le patrimoine local et de travailler sur l’histoire de l’Alsace-Lor-raine. « Rapidement, nous avons bénéficié d’un

excellent bouche-à-oreille auprès des collectivités et des projets de plus en plus complexes se sont enchaî-nés ». Aujourd’hui, Numerize compte une quinzaine de collaborateurs, l’entreprise possède plus 5 000 clients dans toute la France et même les entreprises privées se tournent vers elle.

Des tournées de numérisation « intelligentes »

75 % de l’activité de Numerize concerne la numérisation de l’état civil récent, de 1900 jusqu’à nos jours. La loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice a, en effet, rendu obligatoire pour toutes les mairies accueillant ou ayant accueilli dans le passé une maternité le raccordement au dispositif COMEDEC (COMmunication Électronique des Données de l’État Civil). « Nous pouvons assurer cette prestation de nu-mérisation dans nos locaux ou sur site, indique Boris Coriol. Notre équipe se déplace alors en mairie avec un scanner spécifique pour numériser tous les registres. Nous sommes également appelés par les mairies pour numériser les permis de construire, les fiches de paie, les  actes  de  concession,  etc.  Dans  le  secteur  public, tout ce qui est papier est en cours de dématérialisation. Et pour chaque projet, nous proposons une solution ».

Des petites communes aux grandes agglomérations

« Nous répondons aux besoins de toutes les collectivi-tés, celles de moins de 100 habitants jusqu’aux grandes villes comme Le Havre, reprend Boris Coriol. Nous pous-sons d’ailleurs les petites communes dans ce sens, car le secrétaire de mairie seul ne peut plus tout gérer. D’où l’importance de tout informatiser ».

Une politique tarifaire juste et attractive

« Ce qui fait la différence auprès de nos clients, c’est la qua-lité de notre travail, poursuit le chef d’entreprise. Plusieurs éditeurs de logiciels d’actes d’état civil (naissance, décès, ma-riage, divorce, etc.) nous ont déjà recommandés. Ils se sont, en effet, rendu compte qu’en passant par des prestataires qui manquaient de sérieux, leurs logiciels ne donnaient pas satisfaction ». Pour que ces logiciels soient réellement utiles, il est important que la numérisation et l’indexation soient de qualité. « Outre notre sérieux, ce qui est aussi apprécié c’est notre politique tarifaire et notre respect des délais, continue M. Coriol. Nos tarifs n’augmentent pas en fonction des com-mandes, il n’y a pas de fluctuation. Il s’agit de l’argent public, nous essayons d’être le plus justes possible ».

Tendre vers le zéro papier

Outre ses prestations de dématérialisation complète, Numerize peut également réaliser l’indexation des docu-ments déjà numérisés. « Nous avons notre propre atelier de saisie qui veille à la qualité des données et affiche un taux d’erreur proche de zéro, indique le fondateur de l’en-treprise. Les données restent par ailleurs sur nos serveurs et ne quittent jamais le territoire français. Nous répondons aux exigences du RGPD et passons des audits internes pour le prouver à nos clients ». Numerize propose aussi un logiciel de GED permettant de mettre en place des work-flows et d’intégrer la signature électronique. « Avec cette offre à 360°, nous sommes capables d’accompagner tous nos clients vers le zéro papier ». n

[dossier]

18 archimag n° 333 avril 2020

différentes conventions. Car une conven-

tion de numérisation est un document

engageant qui fait office de document

« contractuel » entre le donneur d’ordre et

l’opérateur, et définit l’objet de la prestation

de numérisation. Cette convention encadre

le processus global, détaille les différentes

tâches pour les documents concernés, défi-

nit les modalités de la dématérialisation en

amont, pendant et en aval du traitement

(type de document, ordre de traitement,

intercalaire, traitement d’image, couleur

ou N/B, métadonnées, etc.), elle identifie

les responsabilités notamment du donneur

d’ordre (DO), propriétaire des documents,

et de l’opérateur (OP) qui numérise (ser-

vice interne ou prestataire extérieur) et les

obligations des deux parties.

plusieurs situationsIl y a souvent plusieurs situations. Dans

le cas où le donneur d’ordres et l’opéra-

teur font partie de la même organisation,

la convention de numérisation devient

une procédure interne et reste impérative,

elle s’applique pour tous les cas identifiés :

stock, flux, centralisé, décentralisé… Autre

cas, pour une société qui passe ou a passé un

contrat de prestation de services pour enca-

drer sa relation avec une société externe

qui va gérer des ressources documentaires,

il s’agit alors d’établir et d’annexer autant

de conventions de numérisation qu’il y

aura de cas à traiter (voir tableau). On doit

aussi établir une convention spécifique si on

traite des fonds documentaires de natures

différentes : photos, plans, documents pa-

trimoniaux, etc. Au final, une organisation

peut se retrouver à établir X conventions de

numérisation selon les chantiers à réaliser.

des professionnels de bon conseilLes prestataires de services du domaine

sont des professionnels de bon conseil qui

peuvent aussi vous proposer des cadres

de travail sur lesquels, comme pour tout

contrat, vous pourrez réagir, compléter,

amender. Ceci avant de signer la version

conforme aux travaux attendus et leur

contexte de réalisation. N’oubliez pas aus-

si qu’ils sont souvent certifiés pour leurs

prestations, et le volet contractualisation

de ces mêmes prestations fait partie de ce

qui est auditable pour vérifier la confor-

mité à la norme et recevoir la certification

qualité. Ils y sont très attentifs.

points clésOn établit donc autant de conventions

qu’il y a de situations à traiter, il n’y a pas

de limite. Certaines organisations, pour

des opérations qui se font en interne,

peuvent mettre en place une convention

de numérisation-cadre (sur le modèle

d’un contrat-cadre) et définir des procé-

dures différentes selon les cas d’usage et

les situations (sur le modèle d’avenant).

Quel que soit le contexte, le cadre et le

type de cas d’usage, toutes les conven-

tions doivent clarifier systématiquement

les points suivants :

 n les donneurs d’ordre ;

 n le périmètre du fonds documentaire à

traiter ;

 n le mode opératoire décrivant chacune

des étapes (de la prise en charge des

documents à numériser et le contrôle de

réception, jusqu’à la conservation dans un

système d’archivage électronique en cas

de copie fidèle) ;

 n toutes ces caractéristiques précises y

compris l’outillage sont à consigner dans

la CdN ;

 n les responsabilités ;

 n les délais ;

 n les référentiels de contrôle et la dé-

marche de contrôle qualité ;

 n les résultats garantis (empreintes, ca-

chets serveurs…) ;

 n les modalités de livraison et les devenirs

du papier d’origine et des fichiers de travail

produits dans le cadre de la numérisation

(purge au-delà d’un certain délai…). Les li-

mites possibles restent celles de la faisabi-

lité de travaux de numérisation : tout n’est

pas numérisable, pour des raisons d’état

sanitaire des documents notamment, des

niveaux plus ou moins dégradés du sup-

port, de l’encre, des couleurs, etc. On est là

sur des limites techniques et sur des profils

d’outillage particuliers.

définition juridique de la convention

DR

 n Une convention est un pacte, un accord de volonté conclu entre deux ou plusieurs parties et qui s’apparente à un contrat. Une convention est aussi une clause, une condition particulière contenue dans un contrat, un pacte ou un traité. n Dans le langage juridique, « convention »

est synonyme de contrat et d’accord.

extrait du « Dictionnaire juridique »

« Les mots “contrat” et “convention” sont utilisés indifféremment. En fait “contrat” désigne plutôt le document et “convention” désigne plutôt le contenu du contrat, c’est à dire, ce à quoi les signataires se sont engagés. Dans ce sens l’article 1108 du Code civil énonce les conditions essentielles pour la validité d’une convention. La formation d’un contrat est subordonnée à la connaissance

de l’acceptation de l’offre par le pollicitant, c’est-à-dire au moment de la réception par le celui qui émet une offre de conclure un contrat, de l’acceptation de l’autre. (3e Civ. — 16 juin 2011, pourvoi n° 09-72679, BICC n° 751 du 15 novembre 2011 et Légifrance). » (source : Dictionnaire-juridique.com) L’article 1101 du Code civil définit d’ailleurs le contrat comme une convention. n

repères

19archimag n° 333 avril 2020

contrôle qualité et seuils d’acceptabilitéSi bonne démarche il y a, on ne peut que

vous conseiller d’établir le cadre général

avec plan type, objectif attendu (copie

simple, fiable, fidèle), niveau de respon-

sabilité, réversibilité, purge, contrôle

qualité… Bref, posez tous les sujets

nécessaires et ajustez en fonction des

fonds documentaires concernés. Un cha-

pitre de la CdN est également à dédier

aux opérations de contrôle qualité sur

les travaux attendus, intégrant même

des seuils d’acceptabilité sur la qualité

de l’image, l’indexation, les métadon-

nées. Enfin, dans le cas des organisations

du secteur public, ministères, collectivi-

tés, établissements publics, nous vous

rappelons que les CdN relèvent aussi

du périmètre du contrôle scientifique

et technique des Archives de France (1)

notamment dans le cas de destruction

de documents papier. C’est pourquoi,

en cas d’établissement de convention de

numérisation fidèle, il est impératif de

leur soumettre et de vérifier avec elles

la bonne conformité du processus et de

l’outillage utilisé. n

Caroline Buscal[Manager Serda Conseil]

(1) Notamment, vous pouvez vous référer à la « Charte qualité pour la numérisation fidèle de documents », publiée par le Service interministé-riel des Archives de France, version 1, 2018.

 ´ francearchives.fr/fr/article/91524885

RATP, station atelier de numérisation à force probanteLa RATP prépare la création d’un atelier de numérisation à force probante afin de réduire son empreinte tertiaire.

c’est en 2019 que la RATP

s’est lancée dans une

réflexion sur la numéri-

sation d’une partie de ses

documents d’entreprise :

« Aujourd’hui nous effectuons de la numérisation simple et répondons aux demandes ponctuelles, mais sans struc-ture bien définie », explique Véronique

Charron, responsable qualité et coordi-

nation digital et impressions ; « nous nu-mérisons notamment des documents de marchés, des plans et des dossiers amiante. Nous avons pour objectif de créer un atelier de numérisation à force probante et ainsi enclencher un pro-cessus de destruction du papier », pour

notamment accompagner la politique de

modernisation des espaces tertiaires avec

l’arrivée du flex office.

En ce printemps 2020, les équipes de la

RATP étudient les solutions actuelles du

marché pour à terme créer cet atelier de

numérisation logiciels et réseaux.

tableau de gestion validé par le SiafDu côté du patrimoine documentaire,

il n’est pas question de numériser tout

et n’importe quoi. Une réflexion est en

cours avec le service veille, archives et

records management de la RATP pour

étudier ce qui, dans la production docu-

mentaire, représente un intérêt, tant

économique que patrimonial, pour faire

l’objet d’une numérisation à valeur pro-

bante. Les tableaux de gestion conçus

par le service veille, archives et records

management et validés par le Service

interministériel des archives de France

(Siaf), tutelle de la RATP dans ce do-

maine seront un élément d’appui pour

valider l’intérêt de la numérisation des

documents. En effet seuls des documents

patrimoniaux à durée de conservation

longue ou à fort besoin de communica-

tion représentent des candidats éligibles

à la numérisation.

Une phase de test est prévue pour le mois

de juillet avant le passage opérationnel

pour la fin 2020. n

Bruno Texier

Siège de la RATP à Paris. Gro

up

e R

AT

P

[dossier]

20 archimag n° 333 avril 2020

Seris dématérialise ses dossiers RH en haute sécuritéPremier groupe français indépendant sur le marché de la sécurité des biens et des personnes, Seris a fait appel à l’éditeur Ephesoft pour dématérialiser ses dossiers du personnel.

avec 18 000 collaborateurs à

travers le monde, Seris fait

office de premier groupe fran-

çais indépendant sur le mar-

ché de la sécurité des biens et

des personnes. Ses activités couvrent de

nombreux domaines : sûreté aéropor-

tuaire, ingénierie sûreté, technologies,

télésurveillance, sécurité mobile, sûreté

cynophile, formations et services…

En raison de spécificités liées à son sec-

teur, Seris doit se conformer à de nom-

breuses règles de sécurité. En France,

l’entreprise compte aujourd’hui près

de 9 000 collaborateurs. Particularité :

près de 2 000 nouveaux collabora-

teurs arrivent tous les ans. De plus, ses

50 agences réparties sur le territoire

national l’obligent à transférer fréquem-

ment des documents d’un site à un autre.

Ces dossiers d’employés peuvent conte-

nir plus de 100 types de documents dif-

férents, certains périodiques, comme

le bulletin de paie mensuelle, d’autres

non. Certains de ces documents sont

réglementaires avec des dates de vali-

dité à surveiller et des renouvellements

à anticiper.

Pendant longtemps, les documents pa-

pier et les photocopies ont été la règle, au

risque de générer des lourdeurs de ges-

tion et des risques potentiels de perte de

document.

le machine learning au service de la capture fiableAu printemps 2014, l’entreprise a pris la

décision de dématérialiser tous les dos-

siers du personnel. Un chantier qui pré-

sentait de multiples enjeux : réduire les

coûts, améliorer le processus opération-

nel des ressources humaines, innover

pour se démarquer de la concurrence en

étant l’une des premières sociétés du sec-

teur à dématérialiser les dossiers du per-

sonnel dans les RH.

Après avoir évalué six solutions et op-

tions de déploiement (on premise, dans

les nuages ou externalisées), le choix de

Seris s’est finalement porté sur une solu-

tion Smart Capture de l’éditeur Ephesoft :

« Nous voulions non seulement numéri-ser, mais aussi recevoir des métriques à partir de nos documents. C’est la raison pour laquelle, il était primordial d’ex-traire de nos dossiers d’employés les mé-tadonnées correspondantes, notamment les dates de validité », explique Philippe

Kervoëlen, directeur général délégué

support chez Seris ; « grâce au machine learning, Ephesoft a été validé comme une plateforme de capture fiable pour automatiser les processus de tri des do-cuments par employé, type de document et capture des métadonnées requises en fonction du type de document ».

Signé à la mi-octobre 2014, le système

complet était installé en février 2015.

Après une phase test et la configuration

des différents types de documents,

le déploiement de la solution au sein des

agences a commencé quatre mois plus

tard. Au mois de juillet 2015, toutes les

agences étaient à pied d’œuvre.

plus de 10 000 dossiers numérisés en quelques moisLa solution est aujourd’hui utilisée au

siège social de l’entreprise et dans toutes

les agences où des agents de sécurité sont

gérés. Les utilisateurs du système ont

pu l’appréhender aisément grâce à une

interface utilisateur à la prise en main

facile et simple d’accès via un simple

navigateur web.

Concrètement, Seris a connecté son parc

de copieurs multifonctions existants via

des dossiers partagés pour le transfert

des fichiers numérisés. Dans un deuxième

temps, des scanners individuels en réseau

ont été ajoutés et une migration sous Linux

ainsi que la mise à jour d’Ephesoft ont per-

mis d’améliorer encore les performances.

La liste des employés est désormais acces-

sible via une interface donnant accès à la

base de données du fichier du personnel.

Quant aux documents et aux métadon-

nées, ils sont stockés sur une plateforme

de gestion de contenu Nuxeo.

Après avoir atteint sa vitesse de croisière,

la plateforme Smart Capture d’Ephesoft

a permis à Seris de numériser plus de

10 000 dossiers d’employé en quelques

mois. « Cette solution innovante nous a permis de gagner sensiblement en effi-cacité, en contrôle et en fiabilité sur cette activité centrale et critique », précise

Philippe Kervoëlen ; « nous prévoyons déjà d’étendre cette procédure aux fac-tures des fournisseurs ». n

Bruno Texier

Un agent en mission de surveillance. Seri

s

21archimag n° 333 avril 2020

publirédactionnel

Numérisation & Données personnelles : un cocktail à haut risqueDepuis 2018, les prestataires en numérisation ont placé la question du traitement de la donnée personnelle au cœur de leurs préoccupations. Everial a développé une véritable expertise sur ce sujet.

« Que ce soit pour la copie fiable ou la copie simple, le traitement des données personnelles dans le cadre de proces-sus externalisés se doit d’être aussi

rigoureux, précise Sandrine Hilaire, consultante transition digitale chez Everial. L’objectif en tant que sous-traitant : limiter le risque sur la gestion des données personnelles, souvent sensibles, que nous confient nos clients ».

Le vidéocodage, l’opération critique

Les documents électroniques issus d’un scan suivent un circuit spécifique (LAD-RAD, OCR, vidéocodage, génération et versement des livrables en GED, etc.). « La problématique ne se pose pas tellement au niveau de l’acte de numérisation en lui-même mais plutôt lors de l’extraction de la donnée, de la génération des copies de traitements, journaux de traces que produisent nos outils, ajoute Sandrine Hilaire. Tous les collaborateurs ont été sensibilisés et formés à la protection des données à caractère personnel. Nous utilisons et nous conseillons à nos clients d’utiliser le moins de données person-nelles possible, en remplaçant par des codifications par exemple. Nous leur préconisons au plus tôt dans la phase projet d’introduire des notions de gouvernance de l’infor-mation ».

Les questions à se poser

En effet, à chaque fois qu’une donnée est traitée, il est important de déterminer son degré de criticité et de se poser plusieurs questions : cette donnée est-elle in-dexable dans mes systèmes ? Quelle doit être sa durée de vie ? Quelles sont les modalités d’archivage et les limitations d’accès mises en place durant ses phases de conservation ? L’idée étant que ces informations ne soient accessibles qu’au personnel autorisé et pendant la période nécessaire seulement.

Du « Big Data » au « Minimal Data »

De nombreuses organisations se sont fait épingler l’an dernier par les autorités de régulation, partout en Europe, y compris en France, pour des utilisations abusives de don-nées personnelles. Aujourd’hui, les entreprises ne peuvent plus ignorer les enjeux du RGPD et beaucoup ont dû ren-forcer la sécurité de leurs systèmes. C’est un changement de méthode radical. « Ce qui est certain, c’est que plus l’en-treprise maîtrise les données qu’elle gère, moins elle court de risques, indique Mme Hilaire. En quelques années, nous sommes passés du Big Data au Minimal Data. Il est devenu impossible, voire risqué, de tout conserver sans maîtrise ».

Une réponse adaptée et plus de sécurité

« En tant que sous-traitant, nous avons par exemple mis en place des protocoles automatiques de suppressions des copies et données de nos clients sur nos serveurs explique la consultante Everial. Les équipes R&D, DSI ont fait évoluer les outils avec plus de sécurité. Les documents clients tests durant la phase projet sont anonymisés. ».

Une question de confiance

« Chez Everial, nous n’avons pas de “réponse unique RGPD” pour nos clients.Une réponse adéquate au RGPD est toujours une balance entre les risques et les coûts, aussi bien pour les docu-ments papier que pour les données électroniques, chacun ayant ses réponses spécifiques.Nous apportons notre savoir-faire et notre expertise sur le flux documentaire pour optimiser, rationaliser, minimiser, sécuriser et valoriser la circulation et la conservation d’un document, de l’information. Nous incluons très tôt l’idée de la protection des données dans nos études et missions de conseil, conclut Sandrine Hilaire. Notre mission n’est autre que d’établir de la confiance et de la transparence. Aujourd’hui en B2B, ces deux notions sont essentielles ». n

Contact EVERIALSandrine Hilaire Consultante en Transition Digitale Pôle Innovation Everiale-mail : [email protected] /// www.everial.com ///

[dossier]

22 archimag n° 333 avril 2020

MDPH : une numérisation attentive aux données de santéSubissant trop de contraintes dues aux dossiers papier, la maison départementale des personnes handicapées de la Corse-du-Sud a franchi le pas de la numérisation. Une opération menée dans le respect des données de santé à caractère personnel.

impossible de remplir sa mission si

l’on n’archive pas numériquement

les dossiers et si l’on ne met pas en

place une solution de gestion docu-

mentaire pour le classement, la re-

cherche et le partage dynamique des docu-

ments. C’est le risque identifié par la maison

départementale des personnes handicapées

(MDPH) de la Corse-du-Sud. Avec une

contrainte forte : respecter le cadre légal de

conservation des données de santé.

Le défi est considérable : 15 000 dossiers

actifs, 200 mètres linéaires d’archives,

des dossiers contenant énormément de

documents caducs (formulaire de de-

mandes, certificats médicaux, justificatifs,

notifications…), des temps de recherche

trop longs, des dossiers physiques parfois

immobilisés par un agent et donc inacces-

sibles pour ses collègues, la transmission

de pièces compliquée impliquant de nom-

breuses photocopies…

choix des prestatairesLa numérisation est décidée. Bénéficier de

garanties en matière de protection et d’ar-

chivage des données de santé compte pour

beaucoup dans le choix des prestataires

opéré par la MDPH. Zeendoc est ainsi

retenu, sa solution de gestion documen-

taire étant labellisée « hébergeur agréé de données de santé » (HADS). De même que

le Scan Center, l’atelier de numérisation

de Sages Informatique à Ajaccio qui offre

de nombreuses prestations d’archivage.

Il met à disposition de la MDPH le niveau

de compétences et de garanties demandé.

L’opération est menée tambour battant.

En six mois, les équipes du Scan Center

dématérialisent 1,4 million de pages. Elles

interviennent sur site pour respecter les

exigences de confidentialité liées au conte-

nu. Elles font face à tous types de formats :

A4, A3, petits formats et formats atypiques

comme des documents en trois volets. Les

données numérisées sont sauvegardées

dans une armoire Zeendoc Santé HADS.

La totalité des documents est préindexée,

ceci sans qu’il soit besoin d’apporter le

moindre développement spécifique. Enfin,

les agents de la MDPH sont formés au flux

courant et aux nouveaux outils.

1,2 million de pages purgéesAujourd’hui, les nouveaux dossiers sont

numérisés et directement déposés dans

Zeendoc. La solution classe automati-

quement les documents. Une vingtaine

d’agents utilisent quotidiennement la so-

lution. Deux en particulier sont en charge

des phases de scannérisation, dépôt et

indexation. Tous les dossiers physiques

ont été purgés des documents pour les-

quels il n’existe pas d’obligation légale de

conservation du support original. Ainsi,

près de 85 % des documents ont pu être

retirés des archives, soit environ 1,2 mil-

lion de pages !

Grâce à la circulation numérique des do-

cuments au sein des services, le délai de

réponse est considérablement réduit, ceci

au profit d’un accroissement de la qua-

lité de service auprès des demandeurs.

Le nombre d’impressions a baissé. Quant

au niveau de sécurité de Zeendoc Santé

HADS, il répond parfaitement à toutes les

contraintes légales du guichet.

Au 1er janvier 2018, la maison des per-

sonnes handicapées de la collectivité de

Corse s’est substituée aux deux MDPH de

Corse-du-Sud et de Haute-Corse. Côté do-

cumentaire, la fusion s’est effectuée sous

Zeendoc Santé HADS. Une preuve de plus

que le bon choix avait été effectué. n

Michel Remize

Numérisation : délai de réponse réduit, accroissement de la qualité de service. Pix

abay

23archimag n° 333 avril 2020

publirédactionnel

Contact IRON MOUNTAINtél : 0800 215 218 e-mail : [email protected] /// www.ironmountain.fr ///

Continuer l’activité en période de criseUne entreprise ne peut se permettre de baisser le rideau du jour au lendemain, même lorsque surgit une inondation, une cyberattaque ou une pandémie. Iron Mountain, grand spécialiste international des solutions de conservation et de gestion de l’information, nous livre quelques conseils pour maintenir l’activité.

En période de crise, notamment pandémique, de nombreuses techniques et méthodes aident les entreprises à éviter toute interruption de leurs systèmes d’information. Les VPN (pour

« Virtual Private Network » ou « réseau privé virtuel » en français) sont un exemple  : ils facilitent la connexion sécurisée d’une flotte d’ordinateurs distants aux sys-tèmes informatiques internes. Idem pour les workflows de validation numérisés et les solutions de signature électronique, qui permettent de maintenir les échanges et les transactions.

Numérisation à la demande et salles de courriers

Mais il est surtout conseillé, pour continuer d’accéder aux documents essentiels hors les murs, d’opter pour une numérisation à la demande (Image-On-Demand), des pièces les plus importantes ayant été archivées. Il  n’est pas indispensable (ou économiquement pos-sible) de numériser en masse toutes les archives. Mais il est facile, et recommandé, de numériser à la demande les documents appelés à être régulièrement consultés. Et ce, en faisant en sorte que chacune des pièces puisse être préparée et scannée dans les règles de l’art, puis soumise à des contrôles de lisibilité et de conformité par des spécialistes de l’imagerie documentaire.Il est aussi souhaitable de s’équiper d’un service de salle de courrier digitale, qui facilite la récupération, l’indexation et la numérisation de tous les documents papier entrants. Le principe ? Un système postal auto-matisé est mis en place, sur abonnement : les courriers

entrants sont dès lors redirigés vers un prestataire, qui numérise et indexe les documents à la volée, puis les distribuent de façon automatisée vers les services ou les personnes concernées.

Prévoir un plan de retour à la normale

En cas d’imprévu, l’idéal est en outre de s’être préparé, au travers d’un plan de reprise d’activité après sinistre (PRA) ou de continuité d’activité (PCA). Ce plan, pensé à l’appui de différents scénarios, définit les mesures susceptibles d’être prises pour garantir la continuité des activités vi-tales. Pour honorer leurs commandes, certaines sociétés choisissent ainsi de proposer de nouveaux services de livraison, tandis que d’autres recrutent et forment provi-soirement des collaborateurs à distance…Il convient en outre de mettre en place une cellule de crise, si possible composée de l’ensemble des dirigeants, pour suivre au quotidien l’évolution de la situation et traiter des politiques et procédures à mettre en œuvre pour maintenir l’activité. La sécurité ne peut être négligée. Les  situations de crise sont en effet, hélas, propices à une multiplication des cyberattaques visant l’organisation ou ses collaborateurs, plus épar-pillés que d’ordinaire. Et  plus vulnérables, puisqu’un certain nombre d’entre eux utilisent leurs propres ter-minaux pour se connecter aux applications métier les plus sensibles ! n

[outils]

24 archimag n° 333 avril 2020

l’IA va à DamLes spécialistes des solutions de gestion des actifs numériques (Dam) se mettent de plus en plus souvent en capacité d’entraîner des intelligences artificielles via leurs propres technologies ou celles de tiers. L’objectif ? Effectuer de façon automatisée de plus en plus de traitements sur les images, les sons et les vidéos… Décryptage.

toujours aussi bouillonnant, voire

« encombré », le marché du Dam

(les solutions de gestion des actifs

ou des ressources numériques) est

au niveau international dominé

par une quinzaine d’éditeurs, tels Adobe

(avec Adobe Experience Manager),

Aprimo, Celum, MediaBeacon, Nuxeo

et OpenText (avec OpenText Digital Asset

Management). Ils se distinguent, d’après

l’institut de recherche Forrester, par l’in-

tuitivité et l’ergonomie de leurs interfaces,

qui se doivent d’être simples et faciles à

utiliser par tous les collaborateurs, et par

leurs capacités à s’intégrer avec les outils

permettant aussi bien de créer des contenus

numériques que de les diffuser. Mais ils se

démarquent surtout par les avancées dans

l’utilisation de l’intelligence artificielle ou

de l’apprentissage automatique (machine

learning) pour enrichir les contenus nu-

mériques et les catégoriser dans de toutes

petites entités potentiellement réutilisables.

partenariats avec les Gafampour cela, il est possible d’utiliser avec les

plateformes de Dam les solutions d’éditeurs

spécialisés à 100 % dans l’intelligence arti-

ficielle appliquée aux images, aux textes ou

aux vidéos (Clarifai ou Vue.ai, par exemple).

Les éditeurs spécialisés peuvent exploiter

depuis leurs outils (à un tarif intéressant)

des interfaces de programmation (API)

d’outils de traitement des images dévelop-

pés par plusieurs géants du numérique.

C’est le cas de la technologie de deep lear-

ning (apprentissage profond) Amazon

Rekognition, facturée proportionnellement

au nombre d’images traitées. Elle permet

entre autres d’identifier des objets, des

scènes, des visages ou du texte dans des

images et des vidéos. Google suit un modèle

économique comparable et propose pour sa

part une API Vision pour faciliter la recon-

naissance du texte ou bien l’identification

et le « taggage » des objets et des visages à

l’aide de modèles de machine learning « pré-entraînés ». Il s’est aussi doté d’une solution

AutoML, qui offre la possibilité à un éditeur

ou une entreprise de créer et d’entraîner ses

propres modèles de machine learning sur

un corpus d’images hébergées sur le cloud

ou stockées dans des applications maison.

entraînement d’IA pour des secteurs spécifiques« À notre avis, il n’y a pas de marché pour de l’IA générique », précise Eric Barroca,

PDG de l’éditeur d’origine française Nuxeo,

qui propose une solution de Dam et tra-

vaille depuis plus de deux ans à l’ajout de

nouvelles fonctionnalités d’intelligence arti-

ficielle. « Les solutions des grands groupes du numérique, qui sont intéressantes sur

certains aspects, ne sont en revanche pas du tout adaptées pour répondre à des be-soins métier très précis. C’est ce que nous faisons, par exemple, pour un constructeur automobile : nous avons entraîné des mo-dèles pour automatiser l’identification de tous les modèles de véhicules figurant dans des images ou des vidéos. Nous avons aus-si entraîné des modèles pour des marques de chaussures de sport ou de cosmétiques, qui souhaitent vérifier que l’utilisation de leurs contenus numériques dans tel ou tel pays est en conformité avec la protection de leur image ou avec les contrats qu’elles ont signés avec telle ou telle personnalité y figurant ».

L’allemand Dalim Software utilise quant à

lui l’IA pour deux principales tâches, précise

Jacques Thiebauld, directeur technologies :

« Il y a, d’une part, la génération de mots-clés et le taggage des images et, d’autre part, la recherche de similarités sur la base des images enregistrées ». « Nous préen-traînons des modèles pour des industries très spécifiques, comme la robinetterie. Ils vont progressivement apprendre les bons mots-clés et identifier les caractéris-tiques communes aux images associées ».

Dans la même veine, son concurrent fran-

çais Einden, créateur de la solution Ephoto

Dam, s’appuie sur l’intelligence artifi-

cielle pour proposer aux utilisateurs des

« termes candidats » à associer aux conte-

nus. « Le machine learning permet, par exemple, de soumettre plusieurs photos

DR

« il n’y a pas de marché pour de l’IA générique »

Eric Barroca, Nuxeo

25archimag n° 333 avril 2020

d’un même produit ou d’un même engin (un avion, une voiture ou autre) au Dam, afin qu’il soit capable, après un temps d’apprentissage, de reconnaître automati-quement la marque et le modèle du produit ou de l’engin en question », écrit l’entre-

prise sur son blog. Il en va de même pour la

reconnaissance des individus, à condition

d’avoir « au préalable pris soin de nourrir l’algorithme avec des photos de ces per-sonnes » : « Le système est autoapprenant et progresse à mesure qu’il est sollicité ».

données d’utilisation, données sensiblesÀ l’avenir, et en complément de son utilité

pour « l’étiquetage automatique », l’intelli-

gence artificielle devrait en outre aider les

spécialistes du Dam à optimiser en temps

réel l’expérience offerte aux utilisateurs des

solutions. C’est le pari du français Wedia,

qui souligne, sur son site internet, que le

système peut notamment s’appuyer sur l’IA

pour « apprendre de l’utilisateur et créer des widgets présentant les derniers télé-chargements sur la base des métadonnées [qu’il] recherche chaque jour ou des der-niers éléments sur lesquels il a travaillé ».

Les recherches se multiplient aussi pour

aider les entreprises à améliorer la capacité

des solutions à extraire des contenus dans

tous types de médias, y compris les plus

secrets. Le groupe français Oodrive, spécia-

lisé dans la gestion des données sensibles,

vient ainsi de racheter à Algoba Systems

sa solution de gestion des médiathèques

et de photothèques Orphea, au motif que

les données média (images, vidéos et docu-

ments) sont souvent « au cœur de projets confidentiels et stratégiques » et « néces-sitent à ce titre un traitement spécifique et très exigeant en matière de sécurité ».

recherches en coursActif depuis près de 30 ans sur ce segment

de marché, et partenaire de nombreuses

entreprises utilisant ses solutions pour des

photothèques ou des médiathèques, l’édi-

teur Orkis a commencé à utiliser l’IA sur des

documents audio dès 2011, explique André

Capurro, son fondateur. L’entreprise, à

l’origine du logiciel et du service web Ajaris,

crée quelques années plus tard son propre

laboratoire de recherche et de développe-

ment. Il collabore étroitement, entre autres,

avec le Laboratoire informatique d’Avignon

(LIA), en pointe sur le traitement automa-

tique du langage et de la parole.

Le but ? Automatiser au maximum les

tâches d’indexation et réduire ainsi le temps

conséquent jusqu’ici dévolu à l’extraction

des données se trouvant dans les contenus

lourds (images, sons et vidéos), « plus dif-ficiles à traiter que les contenus textuels »

selon André Capurro. « Nous explorons deux principaux axes de recherche », dé-

taille ce responsable. « Le premier est le sous-titrage automatisé du son des vidéos, grâce auquel nous arrivons aujourd’hui à injecter de façon quasi parfaite le texte

associé dans Ajaris. Le second est la détec-tion de visages dans les images fixes et les vidéos, dans un objectif de gestion des droits (nous pouvons par exemple flouter les visages des personnes qui n’ont pas donné leur consentement et identifier auto-

matiquement des dirigeants ou des élus) ».

Depuis peu, ce spécialiste, convaincu de

l’utilité de se démarquer des offres d’in-

dexation grand public des Gafam, travaille

sur d’autres algorithmes liés à la « la re-connaissance de formes » ou à « la gestion des bases de couleurs ». Il participe égale-

ment, aux côtés du LIA et du laboratoire

d’informatique de l’université du Mans,

à un nouveau projet de recherche sur

l’intelligence artificielle bénéficiant d’un

financement de l’ANR (Agence nationale

de la recherche). L’objectif est de « déve-lopper de nouveaux modèles sémantiques au niveau de la phrase et au niveau de la conversation pour l’extraction d’infor-mation pertinente depuis des documents parlés ». Orkis pourrait ainsi parvenir

à terme à ajouter des fonctionnalités de

résumé automatique aux capacités exis-

tantes d’Ajaris en matière de transcription

de la voix. Intelligent. n

Christophe Dutheil

DR

« nous explorons deux principaux axes de recherche

(…) : le sous-titrage automatisé du son des vidéos (…), la détection de visages

dans les images fixes et les vidéos, dans un objectif

de gestion des droits »

André Capurro, Orkis

DR

« l’IA pour « d’une part, la génération de mots-clés

et le taggage des images et, d’autre part, la recherche de similarités sur la base des images enregistrées »

Jacques Thiebauld, Dalim Software

[outils]

26 archimag n° 333 avril 2020

quand les bibliothèques passent au vertEn quelques années, le thème de l’écologie s’est imposée dans le monde des bibliothèques. En France et à l’étranger, quelques établissements font figure de précurseurs et ouvrent la voie.

la question écologique s’invite

partout. A-t-elle également sa

place au sein des bibliothèques ?

Comparées au transport aérien,

à l’industrie textile ou à l’exploi-

tation minière, les bibliothèques font

figure d’enfant de chœur en matière

d’impact environnemental.

« Et pourtant qu’elles le veuillent ou non, les bibliothèques ont une respon-sabilité sociale, et leur performance écologique se mesure en émission de CO2 ou en surface productive néces-saire pour répondre à la consommation de ressources et aux besoins d’absorp-tion de déchets », explique Joachim

Schöpfel, maître de conférences en

sciences de l’information et de la do-

cumentation à l’université de Lille 3 ;

« d’ailleurs, un nombre croissant de bibliothèques prend conscience de cette responsabilité et se lance dans la démarche d’une bibliothèque verte. D’autres y sont obligées puisque leur tutelle — municipalité, département, ministère, université… — mène une politique en faveur du développe-ment durable et met tous les services à contribution pour la réussite de son plan d’action locale « agenda 21 » (1).

Comme tout site, les bibliothèques

ont en effet une empreinte environ-

nementale qui se calcule sur la base

de plusieurs indicateurs : consomma-

tion d’eau, consommation d’énergie de

chauffage, consommation d’électricité,

production de déchets, émission de

dioxyde de carbone (CO2)…

audit énergétique« L’empreinte environnementale des bibliothèques est multiple », précise

Manon Le Guennec, conservatrice des

bibliothèques et auteure d’un mémoire

d’études à l’Enssib (2) ; « elle dépend de facteurs très divers d’une bibliothèque à l’autre : du type de bibliothèque, de sa taille, de son amplitude horaire, de ses bâtiments, etc. Et de facteurs dont on peine à définir précisément l’empreinte écologique globale (fabrication du livre, impact du numérique). Difficile donc d’évaluer l’empreinte environne-mentale des bibliothèques en général ».

Pour autant, la communauté des biblio-

thécaires s’empare progressivement de la

thématique environnementale. Cela doit

cependant se faire de façon méthodique :

« Il s’agit de réaliser un audit énergé-tique, ou encore une étude de la gestion des déchets par exemple. C’est souvent le point de départ d’actions qui visent à réduire l’empreinte environnementale des bibliothèques », explique Manon Le

Guennec.

Une fois cet audit réalisé, d’autres actions

peuvent être mises en place : « On peut agir sur les bâtiments (rénovation pour réduire la dépense énergétique par exemple), sur le circuit des déchets (mise en place du recyclage), sur les produits d’entretien, sur les écogestes pour les personnels et les publics (inciter à utili-ser de la vaisselle réutilisable, à réduire la consommation d’eau, d’énergie…) ».

La prise de conscience écologique

en bibliothèque n’est pas récente.

Dès 2008, Alain Caraco, conservateur

général des bibliothèques, estimait

que « les bibliothèques ne peuvent pas rester indéfiniment en dehors de la question environnementale. Leur im-pact écologique est typique des activités tertiaires : les bibliothèques occupent des bâtiments, génèrent des transports, effectuent des achats et produisent des déchets ». Une douzaine d’années plus

tard, son appel a été entendu.

quand l’Ifla décerne son prix de la bibliothèque verteEn France, plusieurs établissements ont

décidé de monter en première ligne. La bi-

bliothèque universitaire centrale du Havre

et la médiathèque l’Alpha d’Angoulême

sont dotées de bâtiments qui visent à

réduire leur empreinte. À Sainte-Luce-

sur-Loire (Loire-Atlantique), la média-

thèque René Goscinny s’inscrit aussi dans

une démarche de haute qualité environ-

nementale : ventilation à double flux,

éclairage naturel, peintures minérales,

chaudière à condensation, végétation

filtrant l’eau de pluie sur le toit. Plus mo-

destement, la bibliothèque de la Canopée,

au cœur de Paris dans le quartier des

Halles, a mis en place une séance de travail

dédiée à la question environnementale.

Rien qu’en France, 82 établissements

ont pris la décision de s’inscrire dans

l’Agenda 2030, le programme de déve-

loppement durable à l’horizon 2030,

lancé par l’Onu en 2015. Parmi eux,

on compte des bibliothèques munici-

pales et universitaires, mais aussi des

centres de documentation spécialisés,

y compris scolaires.

27archimag n° 333 avril 2020

À l’étranger, la bibliothèque municipale

Daniel Guillard de Cali (Colombie) a ré-

cemment reçu le prix de la bibliothèque

verte décerné chaque année depuis

2016 par l’Ifla. La Fédération interna-

tionale des associations et institutions

de bibliothèques a récompensé l’établis-

sement pour son projet Gaia destiné à

faire prendre conscience du concept de

durabilité. Les usagers se sont vu propo-

ser une série d’actions concrètes : cours

d’artisanat à partir de matériaux recy-

clés, ateliers radiophoniques consacrés à

la nature, club de théâtre sur des thèmes

liés à l’environnement, lectures…

Avant la bibliothèque Daniel Guillard,

l’Ifla avait déjà récompensé des établis-

sements chinois (Foshan), allemand

(Stadtbibliothek Bad Oldesloe) et mexicain

(San Cristobal de las Casas). Le montant

de ce prix est modeste (500 euros), mais

l’Ifla entend marquer le coup et « promou-

voir le développement des initiatives des bibliothèques écologiques au niveau local et mondial ».

enseigner la question écologique aux bibliothécairesEt si la question écologique était enseignée

dans la formation des bibliothécaires ?

C’est en partie le cas, estime Manon Le

Guennec : « Des centres de formation pro-posent des sessions de formation continue consacrées à ces questions. En juin 2019, Mediat Rhône-Alpes a organisé une de-mi-journée de formation continue sur la thématique des enjeux environnementaux en bibliothèque. Par ailleurs, depuis deux ans, un atelier consacré à ce sujet est pro-posé en formation post-concours BIBAS classe normale à Mediadix (université Paris Nanterre) ».

On pourrait ajouter la journée

d’étude organisée par l’association

Languedoc-Roussillon Livre et Lecture.

Au programme : un retour d’expérience

tiré de la construction de la médiathèque

Montaigne de Frontignan (Hérault) qui

a bénéficié de terrasses végétalisées.

Résultat : une ventilation naturelle par

une « boîte à vent » permet de rafraîchir

naturellement le bâtiment.

Reste à décliner ces formations conti-

nues dans le cadre des formations

initiales des bibliothécaires. n

Bruno Texier

(1) Joachim Schöpfel. Performance écologique des bibliothèques. Lectures, Centre Max Weber, 2016, pp.50-53. hal-01586540f.

(2) Bibliothèques et écologie : Les bibliothèques de lecture publique françaises et les enjeux environne-mentaux. Manon Le Guennec. Enssib. 2018.

Bibliothèque universitaire centrale du Havre. Un

iver

sité

Le

Hav

re

Médiathèque René Goscinny. Sain

te-L

uce

-Su

r-L

oire

Médiathèque L’Alpha à Angoulême. Gra

nd

An

gou

lêm

e

Médiathèque Montaigne de Frontignan. Vil

le d

e F

ron

tign

an

[outils]

28 archimag n° 333 avril 2020

le laboratoire africain de l’intelligence économiqueCreuset de cultures multiples, l’Afrique est aussi le lieu d’influences latines (françaises, espagnoles et portugaises), anglo-saxonnes, russes ou chinoises. Le développement de l’intelligence économique y est donc spécifique. Comment se caractérise celle-ci ?

1. l’IE en Afrique : un démarrage marocain

le développement de l’IE en Afrique a

été d’abord le fait du Maroc, qui dès

2004 a organisé un premier grand

rassemblement. Les rencontres in-

ternationales de Tétouan marquent

la décision, au plus haut niveau de l’État

chérifien, de doter le Maroc d’une politique

publique d’intelligence économique.

D’autres jalons vont venir témoigner de

l’intérêt grandissant du reste du continent.

Au Sénégal, en 2005, le terme intelligence

économique apparaît pour la première fois

dans un décret pour la création de l’Agence

sénégalaise de promotion des exportations

(Asepex). Puis l’Algérie, la Côte d’Ivoire,

le Cameroun prennent part à la dynamique.

C’est au Cameroun que naît le Centre afri-

cain de veille et d’intelligence économique

(Cavie). Le Maroc joue le rôle de locomotive

en accueillant nombre d’initiatives, dont

l’université ouverte de Dakhla, à mettre

au crédit de Driss Guerraoui, président du

Forum des associations africaines d’intel-

ligence économique, les premières Assises

africaines de l’intelligence économique

initiées par François Jeanne-Beylot ou le

lancement du Forum des associations afri-

caines d’intelligence économique.

constats sans concessionPhilippe Clerc, président de l’Association

internationale francophone d’intelligence

économique rappelle que le Maroc a très tôt

posé des constats sans concession sur un

retard à combler. Il rappelle l’allocution de

Mohammed M’Barki qui en 2004 s’inter-

rogeait lucidement : « Comment réussir le développement en situation de déficit de moyens, de faiblesses de ressources, à laquelle s’ajoutent le caractère désuet des systèmes d’information, la rareté des rela-tions de partenariat entre l’administration, le monde de l’entreprise et l’université ? »

2. des caractéristiques propres

■ initiatives surtout privées ou associatives

François Jeanne-Beylot, gérant-fondateur

de Troover, fondateur des Assises africaines

de l’IE, explique « qu’il aura (…) fallu une quinzaine d’années (2005-2020) pour que se structure la démarche africaine d’intel-ligence économique avec quelques rares volontés publiques (Maroc, Sénégal, Algérie, Côte d’Ivoire), mais surtout des initiatives privées ou associatives. Les organisations multinationales africaines n’ont pour l’ins-tant pas totalement pris la mesure de la discipline pour améliorer leur productivité et optimiser leur processus de prise de décision. Mais il y a fort à parier que la multiplication des initiatives citées ici et le défi de produc-

tion de connaissance qu’elles permettent de relever, réveille les consciences sur le sujet ».

■solidarité et culture traditionnelle

Lors des deux dernières Assises africaines de

l’IE, se sont tenus des ateliers sur les spécifi-

cités africaines. Les participants ont choisi les

mots-clés les plus représentatifs : « solidari-té », « importance de la culture et notamment de la culture traditionnelle », « résilience »,

« poids de l’informel et de l’oralité ».

le bon échelon de l’Union africaineMais l’Afrique est un continent immense

aux multiples cultures. Mounir Rochdi,

secrétaire général du Forum des asso-

à noter

Cet article n’est pas exempt de biais, et les reconnaître est important. n Il y a un biais linguistique, puisque

tous les acteurs interviewés sont francophones. Cela contribue évidemment à une surpondération des pays de la zone francophone. n Il y a un biais documentaire, qui fait

que l’on accorde plus d’importance à ce qui est écrit. Des pays comme l’Algérie ou le Rwanda n’ont pas de forte production écrite de connaissances en IE, mais ont néanmoins une politique volontariste. Cette sous-production n’est pas uniquement le produit d’une forte tradition orale, mais est aussi le témoin d’une volonté d’avancer en toute discrétion. Ces pays ont pu être sous-représentés dans cet article. n

repères

29archimag n° 333 avril 2020

ciations africaines d’IE (FAAIE), parle

des « quatre ou cinq Afrique » en diffé-

renciant les grandes aires culturelles.

Arsène Emvahou, ancien élève de l’École

de guerre économique (EGE) insiste sur

la grande diversité du continent. Les pra-

tiques y sont différentes par régions et

sous-régions. Il détaille les organisations

régionales : « L’Uma pour l’Union du Maghreb Arabe, la région Cedeao pour l’Afrique de l’Ouest avec la Côte d’Ivoire et surtout le Nigeria comme locomotives économiques ; dans cet espace, il y a une vraie dynamique IE intrinsèque. La ré-gion CEEAC pour l’Afrique centrale, moins dynamique. La région SADC pour l’Afrique de l’Est qui connaît un dynamisme fort avec l’Afrique du Sud qui est l’autre locomotive de l’Afrique ».

Selon Arsène Emvahou, pour parler

d’une politique d’IE, le bon échelon est

l’Union africaine car elle possède déjà

tous les ressorts d’une grande puissance

économique : une zone de libre-échange,

une cour africaine de justice et des droits

de l’Homme, une cour d’arbitrage…

■économie informelle et renseignement humain

Selon Guy Dweth, fondateur de Knowdys

Consulting Group, président du Cavie :

« L’IE en Afrique n’est pas encore mature, mais se structure. Il y a peu d’informa-tions économiques disponibles, il y a une sous-informatisation, et les données ne sont pas mises à jour. Donc les sources humaines sont essentielles. Notamment celles tirées des administrations pu-bliques, des États, des collectivités et des entreprises privées ».

Valérie Houphouet Boigny, responsable

du Club Afrique de l’AEGE, apporte un

autre élément fondamental sur la per-

ception de l’adversaire : « En Occident, on joue aux échecs et l’on vise la destruc-tion totale de l’adversaire. L’IE africaine ressemble plus au jeu de l’awalé où l’on a besoin de l’adversaire pour avancer. En Afrique, la recherche de la meilleure stratégie sera tout aussi importante que la recherche de la victoire. Il faut en effet prendre en compte les notions d’honneur et de respect de l’adversaire

avec qui la paix interviendra forcément après le conflit ».

Pour Philippe Clerc enfin, apparaît une

culture spécifique de l’IE en Afrique. Il per-

çoit « une volonté forte d’autonomisation ; on sent émerger des écoles africaines avec toute leur diversité réhabilitant les spécificités de la culture de la stratégie africaine ».

3. les grands enjeux de l’IE

la maîtrise des forces géopolitiques

L’Afrique est un continent qui attire beau-

coup de convoitises. Arsène Emvahou

rappelle que l’Afrique est au cœur des

stratégies d’IE chinoises, russes, améri-

caines et européennes. Voyons les forces

géopolitiques en présence.

 n des puissances activesGuy Dweth identifie deux groupes de

puissances actives sur le continent.

Un premier groupe est constitué des très

grandes puissances : États-Unis, Chine,

Japon, Europe (France, Royaume-Uni,

Allemagne…). Un second groupe com-

prend le Brésil, la Turquie, Israël, l’Arabie

Saoudite et le Quatar… Tous ces pays

jouent un rôle en Afrique, et leur déno-

minateur commun est de maîtriser trois

types de leviers : le pouvoir coercitif,

en grande partie militaire (hard power),

le pouvoir d’influence (soft power), et la

combinaison des deux (smart power).

 n stratégie des États-UnisD’après Guy Dweth : « La stratégie états-unienne et sa diplomatie économique passe notamment par deux réseaux pré-dominants que sont Africom et CTA ».

Africom est le dispositif militaire américain

sur le continent. CTA, ONG qui regroupe

en son sein près de 200 entreprises, est

une véritable « machine de guerre éco-nomique » selon l’analyse de Guy Dweth

regroupant renseignement, réseaux et

communication d’influence ; elle est une

entité extrêmement importante pour le dé-

veloppement des entreprises américaines

sur le continent africain.

 n diplomatie chinoiseQuant à la Chine, sa diplomatie écono-

mique connaît des succès retentissants.

Il faut reconnaître, explique Guy Dweth,

que le maniement de l’arme de « l’aide sans condition » permet à la Chine d’as-

surer une forte coopération économique

et commerciale avec les pays africains.

Les Chinois jouent sur le très long terme

en offrant des « cadeaux de souveraine-té » : l’exemple le plus éloquent est sans

doute la construction du siège de l’Union

africaine ! Plus classiquement des diplo-

mates africains se voient régulièrement

Intervention du Pr. Driss Guerraoui, président du FAAIE, lors de sa 2e édition. FA

AIE

[outils]

30 archimag n° 333 avril 2020

offrir des téléphones portables, des ordi-

nateurs et des clés USB. Cela fait gagner

des points aux entreprises chinoises,

même si ces cadeaux sont empoisonnés !

Un scandale récent a éclaté quand des

informaticiens du siège de l’Union afri-

caine — celui justement offert et construit

par les Chinois — se sont aperçus qu’une

faille dans le système informatique en-

voyait des données à l’extérieur ! Laurene

Montalbano, coordinatrice 2019-2020

du Club Afrique de l’AEGE, résume cela

en une phrase : « La stratégie chinoise en Afrique est bien rodée ». Et l’on serait

tenté de se demander si le numérique ne

serait pas la pointe de diamant du soft

power chinois en Afrique.

 n réponse marocainePhilippe Clerc soulève que le Maroc a

bien analysé ces luttes d’influence géopo-

litiques, et a mis en place une structure

pour y parer. « Un des grands avantages de l’Afrique est d’être confronté à des enjeux politiques et géostratégiques, énergétiques, humanitaires, de sécu-rité d’une ampleur inédite. Les cercles de réflexion africains ont intégré dès le départ des prospectivistes pour élar-gir les champs de vision ». À ses yeux

l’université ouverte de Dakhla, créé avec

Driss Guerraoui, est un de ces exemples

de réussite. « Tous les deux ans, le Maroc finance la venue d’experts de 41 pays, pour constituer un laboratoire de ré-flexion monde mobilisé sur les défis du Maroc, de l’Afrique et du reste du monde, œuvre d’influence en même temps et de soft power marocain. À chaque rencontre depuis 2010, un thème est choisi qui concerne la mondialisation et son impact sur le développement des territoires, approche prospective et d’in-telligence stratégique ».

Mounir Rochdi reconnaît que le Maroc

est un pays leader en matière d’IE.

Mais il tempère : « Beaucoup de pays ont investi le sujet. Le Nigeria (dont le PIB à lui seul représente plus de 60 % du PIB de l’ensemble des pays de la Cedeao) est très présent, ainsi que la Tunisie, le Cameroun, l’Afrique du Sud

ou le Burkina pour ne citer que quelques exemples. L’IE n’est plus un effet de mode en Afrique. Aujourd’hui les actions sont réfléchies avec pour objectif de dé-velopper la compétitivité des PME ».

le climat des affaires et la corruption

Alain Juillet, ancien haut responsable

chargé de l’IE au sein du SGDN, pointe

deux difficultés pour un sain développe-

ment de l’IE en Afrique : « La première est la méconnaissance des politiques de ce qu’est réellement l’intelligence éco-nomique. À part dans certains pays de l’Afrique francophone où les dirigeants ont fait de l’IE, comme l’ancien premier ministre du Togo. La seconde est la per-sistance de la corruption qui ne va pas faire bon ménage avec l’IE. La plupart des pays africains ont un haut niveau de corruption ». Mais le danger de voir les

Américains utiliser leur bras armé juri-

dique, sur la base du FCPA, n’est pas à

surestimer. Selon lui, « les Américains sont en train de se retirer. Ils y étaient essentiellement pour le pétrole. Or ils sont actuellement autosuffisants et se retirent d’Afrique. En outre, ils ne s’attaquent qu’aux entreprises qui les intéressent directement ». Il se veut donc

rassurant, mais vigilant.

des risques associésDans le même ordre d’idée, Jean-Michel

Lavoizard, directeur général de la com-

pagnie panafricaine Aris, se réjouit du

dynamisme du marché africain, mais

pointe aussi les risques associés. Ce dé-

veloppement expose les entreprises

« à diverses dimensions de risques, soit existants, mais amplifiés, soit nou-veaux auxquels elles sont mal préparées (transactionnels, de fraude, d’image et de réputation, de propriété intellectuelle et industrielle, d’impunité, de non-per-formance, de défaut, de non-conformité, etc.). Si les opportunités ne sont pas cor-rectement évaluées et les risques associés maîtrisés, les problèmes surviennent, plus difficiles qu’ailleurs à résoudre dans des États de droit peu sécurisés (tous litiges

et malversations internes et externes, concurrence déloyale, contrefaçon, etc.). Le processus d’IE est particulièrement utile, voire vital, dans des environne-ments d’affaires africains caractérisés par la concurrence exacerbée, le manque de transparence et la mauvaise gouver-nance. C’est pourquoi, en Afrique plus qu’ailleurs, en complément indispen-sable d’un premier niveau d’intelligence économique (sources ouvertes) tel qu’on l’entend habituellement en France, s’impose le recours au “renseignement économique” (sources non ouvertes) ».

la numérisation des données et l’indépendance informationnelle

Arsène Emvahou insiste sur les en-

jeux colossaux de numérisation des

données en Afrique. Cette numérisa-

tion sera menée selon lui par les grands

acteurs qui sont déjà aux commandes

(banque, assurances…) et par les États.

« Cette numérisation sera la base d’ac-tions de compliance et de due diligence. Cela permettra à l’Afrique d’intégrer plus encore les flux économiques ». Plus alar-

pour aller plus loin

 n Forum des associations africaines d’intelligence économique : ´www.faaie.africa n Assises africaines de

l’intelligence économique : ´www.assises-africaines-ie.org n Portail africain de l’IE, lancé après

les 1res Assises africaines de l’IE, et qui compte comme partenaires le portail de l’IE et le club Afrique de l’AEGE : ´portail-intelligence-afrique.com n Centre africain de veille et d’IE : ´www.cavie-acci.org/fr/ n Association internationale

francophone d’IE (AIFIE) : ´www.aifie.org n

repères

31archimag n° 333 avril 2020

miste qu’Alain Juillet, il déclare :

« La guerre économique par le droit que l’Amérique peut mener en Afrique est une sérieuse menace pour l’Europe et la Chine. L’Amérique a accès à toutes les données, via notamment la collecte des Gafam, et l’extraterritorialité du droit. Quand les États-Unis vont tourner leur radar de compliance vers l’Afrique, les entreprises, notamment françaises, peuvent souffrir énormément ». Il insiste

enfin sur l’importance des cours de justice

et de l’Organisation pour l’harmonisation

en Afrique du droit des affaires (Ohada)

qui gère les dossiers d’arbitrage. « Les Chinois ne s’y sont pas trompés et ont an-ticipé l’importance de cette structure. Ils ont déjà deux juges parlant notamment le français et l’anglais qui peuvent siéger dans cette cour ».

manque de prise de conscience des domaines stratégiquesPour leur part, les étudiants de l’EGE

identifient trois risques au développe-

ment de l’IE : « Le premier risque est de calquer des pratiques occidentales sans prendre en compte les aspects culturels

africains. Le second est une segmen-tation par ethnie, même si cela peut faciliter ponctuellement le partage au sein même d’un même groupe. Le der-nier est le manque de prise de conscience des domaines stratégiques (gestion des données, gestions des ports, concessions de minerais…). Même si l’Afrique n’a pas les moyens de se développer seule ».

4. quelques enseignements

■ l’effacement de la France

Alain Juillet le souligne : « François Jeanne-Beylot, Charles Pahlawan, et Philippe Clerc et quelques autres sont présents en Afrique. Mais la pré-sence française perd pied ». Jean-Michel

Lavoizard est le plus mordant à ce sujet :

« On observe un découplage économique entre la France et l’Afrique, qui s’accélère depuis 2010 et l’ouverture des marchés à la concurrence internationale. Parmi les raisons de cet effacement relatif, (…) l’ouverture des marchés à une concur-rence internationale et intra-africaine : acteurs historiques en quête de diversifi-

cation, nouveaux acteurs à la recherche de relais de croissance. Parmi les raisons imputables à la France : le manque de réalisme et la persistance de comporte-ments de rentiers attachés à des “prés carrés” révolus ; la frilosité à sortir des sentiers battus des marchés franco-phones ; surtout, le recours excessif au “biberonnage institutionnel”, d’où une aversion atavique au risque. Le manque de culture entrepreneuriale au royaume de l’État providence qui s’érige en diplo-mate économiste infantilise les individus et déresponsabilise les entreprises : il se paye au prix fort face à de véritables entrepreneurs aventuriers venus de tous les continents conquérir seuls des parts de marché sans attendre d’incitation ni d’assistanat ».

■ la force du multiculturel

Mais la France est aussi en réduction

un îlot de multiculturalisme qu’il faut

exploiter. François Jeanne-Beylot insiste

souvent sur la force du partage intercultu-

rel : « La force du continent réside dans le mélange entre l’approche francophone, anglophone, hispanophone et arabo-phone. Il n’y a pas de barrière de langue. Ce mélange permet d’avoir le meilleur des différentes approches. À condition que les gens se parlent ».

■ la recherche d’une souveraineté

Philippe Clerc se demande comment

l’Afrique va concevoir une doctrine

d’application de sa souveraineté (droit,

ressources naturelles, data, terres, nota-

tions financières et culture). S’il y parvient,

« le continent va alors être un terrain d’innovation tout à fait intéressant. Et l’on pourra certainement y apprendre des choses intéressantes pour l’Europe ».

Là aussi il y a fort à faire à l’échelle du

continent européen totalement absorbé

par les Gafam, et incapable d’offrir à ses

concitoyens des outils indépendants. n

Jérôme Bondu[Formateur et consultant en intelligence économique] ´ Inter-ligere.fr

quelques jalons dans le développement de l’IE en Afrique

2004 Maroc : Rencontres internationales de Tétouan. Décision, au plus haut niveau de l’État de doter le Maroc d’une politique publique d’IE nationale et territoriale

2005 Sénégal : Le terme intelligence économique apparaît pour la première fois dans un décret pour la création de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex)

2006 Algérie : L’IE est à l’ordre du jour d’un conseil du gouvernement qui invite les entreprises à la mettre en œuvre

Entre 2006 et 2015

Multiplication des initiatives publiques, consulaires, privées et associatives : Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, Algérie, Bénin, Congo, Guinée, Madagascar, Tunisie, au Burkina Faso, Tchad…

2015 Cameroun : Naissance du Centre africain de veille et d’IE (Cavie)

2016 Maroc : 1res Assises africaines de l’IE. Naissance du Portail africain de l’IE

2018 Maroc : Lancement du Forum des associations africaines d’IE

2018 Maroc : Première rencontre africaine de Dakhla, créé par Driss Guerraoui

repères

[outils]

32 archimag n° 333 avril 2020

choisissez les outils adaptés pour vous mettre au télétravailQualité de la connexion, confidentialité des échanges grâce au VPN, plateformes de travail collaboratif, réseaux sociaux d’entreprises… Les outils dédiés au télétravail s’enrichissent de nouvelles fonctionnalités pour mieux aider les salariés à travailler à distance.

les temps sont décidément favo-

rables au télétravail. Avant même

la pandémie due au coronavirus

et obligeant depuis la mi-mars au

confinement, les travailleurs fran-

çais ont dû faire face à la longue grève du

mois de décembre 2019 contre la réforme

du régime des retraites. Si elle n’était pas

parvenue à faire reculer le gouvernement,

en revanche, elle avait déjà beaucoup fait

pour le télétravail ! Selon le Groupe Inops,

90 % des PME de la filière numérique

ont pu poursuivre leurs missions malgré

la quasi-absence de transports notam-

ment en région parisienne. Au-delà des

entreprises du numérique, de nombreux

salariés d’autres secteurs ont pu conti-

nuer leur activité depuis leur domicile

grâce au télétravail.

Pour autant, le télétravail nécessite de

l’autodiscipline et des outils. « Il faut s’assurer d’avoir à sa disposition la meilleure technologie possible pour optimiser son environnement de colla-boration à domicile », explique Jenifer

Salzwedel, directrice du marketing chez

Poly, une entreprise spécialisée dans

les outils de communication ; « même

en travaillant à distance, je suis en mesure de participer activement à des réunions, en utilisant un grand nombre de solutions technologiques telles que mon casque à réduction active du bruit, ma caméra de visioconférence ou encore mon haut-parleur portable qui me donnent l’impression d’être dans la même pièce que mes collègues. Je dispose également de plusieurs ap-plications de communication comme Microsoft Teams, ou encore Zoom ».

connexion indispensable et VPN conseilléMais avant même de penser aux ou-

tils, il est essentiel de disposer d’une

connexion (filaire de type ethernet ou

wifi). Bonne nouvelle : le taux d’équipe-

ment des foyers français en connexion

internet à domicile s’élevait à 86 %

en 2018 (1). « Un nouveau record ! »,

se réjouit l’Autorité de régulation des

communications électroniques et des

postes (Arcep). Autre bonne nouvelle,

la vitesse et la qualité de connexion

s’améliorent au fur et à mesure du dé-

ploiement de la fibre sur le territoire

national. Avec un tel écosystème, le télé-

travail devient une possibilité pour de

nombreuses entreprises… À l’exception

néanmoins de celles qui se trouvent dans

les zones grises non couvertes par les

opérateurs télécoms. Dans la plupart des

cas, il s’agit d’entreprises situées sur des

territoires ruraux.

Côté confidentialité, certaines entre-

prises fournissent à leurs collaborateurs

une clé USB dédiée à la sécurisation du

poste informatique en cryptant tout ou

partie de leur communication. D’autres

fournissent un ordinateur professionnel

sécurisé et doté de toutes les applications

indispensables pour travailler à distance.

La sécurité des connexions peut également

être assurée par un VPN (réseau privé vir-

tuel). Cette option est particulièrement

conseillée dans le cas d’utilisation d’un

wifi public (aéroport, gare, bibliothèque,

hôtel…). Elle permet en outre de naviguer

de façon anonyme. Le marché du VPN est

dynamique et composé d’une multitude

d’acteurs : NordVPN, CyberGhost, VPN.

net, UltraVPN, TunnelBear, Hide.me,

Windscribe, VPNBook… Certains sont

gratuits, d’autres sont payants (à partir de

5 euros par mois environ). Pour ce prix,

il est possible d’installer le VPN sur plu-

sieurs appareils : ordinateur, tablette ou

smartphone. Parfois, une période d’essai

de 30 jours est offerte à l’internaute.

plateformes de travail collaboratifQui dit télétravail, dit plateformes de tra-

vail collaboratif. Pour travailler en équipe,

partager des documents ou stocker des

fichiers dans les nuages, ces outils sont

le compagnon indispensable du télétra-

vailleur. Le marché est dynamique avec

la présence de très gros acteurs comme

Microsoft et son Office 365 ou Google

et sa G Suite. Ces deux plateformes ont

beaucoup gagné en ergonomie et se

prennent désormais en main sans diffi-

culté particulière. Grâce au cloud, chacun

peut y accéder depuis son domicile ou

un espace de travail partagé. À quelques

différences près, les deux solutions pro-

posent des outils similaires : service de

courrier électronique, messagerie ins-

tantanée, agenda, traitement de texte,

tableur, espace de stockage…

Microsoft commercialise plusieurs ver-

sions d’Office 365 (famille, étudiant…)

dont une plus particulièrement destinée

33archimag n° 333 avril 2020

aux entreprises avec des outils comme

Skype Entreprise (ou Skype for Business)

qui permet d’organiser des conférences

et de partager des vidéos. Au menu

également, SharePoint donne accès à

la gestion de contenu, aux moteurs de

recherche, à la gestion électronique de

documents, à la possibilité de créer des

formulaires et des statistiques. À noter

qu’Office 365 pour entreprises est dé-

cliné en deux sous-versions : grandes

entreprises et PME.

Google de son côté a lancé la première

version de sa G Suite en 2006. Depuis,

la solution n’a cessé de s’enrichir d’outils

supplémentaires, mais reste fidèle à l’ADN

de la marque avec une interface épurée et

particulièrement intuitive. Très utilisée,

Hangouts est une messagerie instantanée

qui permet à des collaborateurs disper-

sés sur plusieurs sites de communiquer

simultanément à condition de ne pas

dépasser quinze utilisateurs. Selon des

chiffres communiqués par Google, plus de

cinq millions d’entreprises utiliseraient

G Suite à travers le monde.

pourquoi ne pas essayer les réseaux sociaux d’entreprise ?À côté de ces deux mastodontes, il existe

d’autres solutions moins connues qui

peuvent néanmoins être utilisées en

situation de télétravail. Workspace de

Citrix promet « un monde où chacun peut travailler et entreprendre depuis n’importe où ». L’interface est construite

autour de vignettes permettant d’accé-

der à des dossiers ou à des applications

(y compris Google ou Microsoft).

Autre nouvel entrant, la société fran-

çaise Klaxoon, créée à Rennes en 2014,

se positionne sur un segment particu-

lier : faciliter l’organisation des réunions

d’équipe et fluidifier les échanges entre

les membres. Le logiciel s’adapte aux

différents écrans (ordinateur, tablette,

smartphone) et peut faire interagir

jusqu’à 50 collaborateurs simultanément.

En quelques années, Klaxoon a convain-

cu des dizaines d’entreprises françaises

et étrangères.

Du côté des RSE (réseaux sociaux

d’entreprise), il y a également de quoi

trouver chaussure à ses pieds avec les

nombreuses solutions mises à disposi-

tion des entreprises. Au programme : une

meilleure circulation de l’information,

la possibilité de créer des espaces de dis-

cussions (publics ou privés), le partage

des connaissances, l’échange de bonnes

pratiques, la gestion de projets…

Là aussi, le marché est vigoureux avec

de nombreux acteurs, y compris français

comme Jalios, Jamespot ou Yoolink Pro.

À noter : l’installation d’un réseau

social d’entreprise doit respecter un

certain nombre de règles juridiques.

Elle doit notamment être précédée d’une

consultation auprès de l’instance repré-

sentative du personnel (comité social et

économique ou CSE). L’entreprise doit

en outre respecter l’information indivi-

duelle du salarié. n

Bruno Texier

(1) Baromètre du numérique 2018, 18e édition. Arcep.

34 archimag n° 333 avril 2020

[outils]

la gouvernance de l’information au Québec

Outre-atlantique, la Belle province a mis en place une gouvernance de l’information qui est désormais considérée comme un incontournable pilier de l’ingénierie documentaire.

[De notre correspondante à Montréal]

suite à la loi sur l’accès aux docu-

ments des organismes publics et la

loi sur les archives, une première

génération de politiques en gestion

des documents a vu le jour (1 et 2).

Les mandats des différents acteurs y étaient

précisément décrits. Les lois subséquentes

relatives à la sécurité ou la pérennité de

l’information ont été de réels déclencheurs

de la gouvernance de l’information (GI).

L’information devient le point majeur dans

un écosystème multidisciplinaire.

Selon Chantal Ménard, spécialiste de la

gouvernance de l’information à Hydro-

Québec, la GI au Québec se résume encore

à des concepts de gestion du contenu

informationnel et aux technologies de

l’information (TI). L’objectif principal de

la GI, ajoute-t-elle, est de s’assurer de la

gestion des données et de l’information de

manière efficace et efficiente afin de facili-

ter la prise de décision et de mener à bien

la mission de l’entreprise. La GI au Québec

inclut les questions liées à la gestion des

risques, la fiabilité, la qualité, l’authen-

ticité, l’intégrité, la sécurité, les rôles et

responsabilités, et ce, tout en étant en

conformité avec les exigences légales, éco-

nomiques, politiques et éthiques. Le plus

important est d’être en mesure de garder

un équilibre entre la conformité et la per-

formance de l’entreprise.

Entrée dans le vocabulaire, la GI est

aujourd’hui considérée comme un in-

contournable. Reste à savoir comment

concrétiser sa mise en application.

des rythmes variablesEn février 2020, Hydro-Québec a créé

la direction affaires corporatives et

gouvernance-gestion de l’information.

Centralisée sous la vice-présidence affaires

corporatives, juridiques et gouvernance,

cette direction permet de contribuer à la

performance d’Hydro-Québec en facili-

tant l’accès à une information fiable et de

qualité, qui aidera à réduire les risques de

l’entreprise, confirme Chantal Ménard.

Étant l’approche et le cadre multidiscipli-

naire, la GI est appariée à la gouvernance

TI. Cependant, selon Chantal Ménard,

il arrive trop souvent que la transforma-

tion numérique et l’arrivée des nouveaux

outils n’ont été pris en compte que du

point de vue de la technologie, ce qui

a produit des implantations TI qui ne

répondent pas toujours aux usages fonc-

tionnels que doivent en faire les employés.

Un bel exemple de GI est celui de la

Commission de la santé et des services

sociaux des Premières Nations du Québec

et du Labrador (CSSSPNQL) qui a publié

un cadre de référence sur la GI en 2019.

L’approche est liée aux valeurs profondes

des Premières Nations, soit récupérer, valo-

riser, protéger et transmettre aux futures

générations leur patrimoine information-

nel. La GI réfère à la structure, au processus

de prise de décision relative à la collecte,

l’utilisation, au partage, à la gestion et à la

protection de l’information et à son accès.

La finalité de ce cadre de référence vise à

promouvoir leur autonomie et à mettre en

place des mécanismes d’application de la

GI. Il est intéressant de constater que cette

finalité ne se réduit pas uniquement à des

procédures en gestion de l’information et

des documents, mais est en lien direct avec

la gouvernance des Premières Nations, soit

prôner l’autodétermination et la souveraine-

té de l’information des Premières Nations.

la parole aux expertsChantal Ménard mentionne que le Québec

devrait bientôt atteindre son degré de

maturité. La compréhension est là, il faut

travailler les mentalités et les cultures

pour une nouvelle mise en application de

GI et la mutualisation des expertises.

Par ailleurs, une étude sur les acteurs

de la GI a été réalisée de 2017 à 2019,

par Dominique Maurel, de l’université de

Montréal, et Natasha Zwarich, de l’univer-

sité du Québec à Montréal. Les auteures

mentionnent que parmi les acteurs en

GI, les professionnels de l’information

doivent repenser leurs rôles afin d’an-

crer leur positionnement dans la mise

en œuvre d’une GI. Elles recommandent

d’optimiser les cursus universitaires en

sciences de l’information en ajoutant par

exemple la gestion de projet, la gestion

des risques, le leadership, la stratégie

d’entreprise ou l’apprentissage en IA.

La nouvelle mouture du programme de

l’EBSI et la révision du certificat en ges-

tion des documents et des archives de

l’UQAM en sont la manifestation. n

Élisabeth Lavigueur avec la participation de Chantal Ménard

(1) Loi sur l’accès aux documents des orga-nismes publics et sur la protection des renseigne-ments personnels (RLRQ, c. A-2.1).

(2) Loi sur les archives (RLRQ, c.A-21.1).

Vu de Montréal

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

[outils]

36 archimag n° 333 avril 2020

choisir son agence d’abonnementInterlocuteur unique, facturation simplifiée, élimination des doublons, accès unifié aux statistiques de consultation… Les atouts des agences d’abonnement ne manquent pas. Mais les bibliothèques et les centres de documentation ont intérêt à bien négocier avant de choisir leur partenaire.

rappel de définition : une

agence d’abonnement est un

prestataire qui fait office d’in-

termédiaire entre les éditeurs

de périodiques et leurs clients.

Elle s’adresse donc essentiellement à

la filière documentaire : bibliothèques,

centres de documentation… Mais

les agences d’abonnement peuvent

également viser des clients plus inat-

tendus comme les chaînes hôtelières

par exemple. Le tableau en pages sui-

vantes recense uniquement les agences

qui proposent une prestation à des-

tination des professionnels. Il exclut

donc les offres destinées directement au

grand public.

Le recours aux agences d’abonnement

présente plusieurs avantages : interlo-

cuteur unique, facturation simplifiée,

élimination des doublons, accès unifié

aux statistiques de consultation… Mais

qu’en pensent vraiment les profession-

nels de la documentation ? Du bien… et du

moins bien ! Le forum des professionnels

des bibliothèques et de la documenta-

tion Agora Bib (1) livre des témoignages

pour le moins contrastés : « correct, sans plus… », « très mauvaise expérience… »,

« tout fonctionne très bien ! »…

Une bibliothécaire constate avec jus-

tesse que « le marché est très limité ».

De fait, suite à la liquidation judiciaire

d’un important acteur en 2014 (Swets

France) et au rachat de l’activité abon-

nements de Lavoisier par Prenax, le

marché français est aujourd’hui resserré

autour d’une demi-douzaine d’agences

seulement.

large périmètre de périodiquesPremier constat, les prestations des

agences couvrent un large périmètre

de périodiques. On y trouve à la fois

des titres de la presse spécialisée et des

titres destinés au grand public. Les or-

ganisations auront donc intérêt à bien

étudier le corpus commercialisé par

les agences pour répondre aux besoins

exacts de leurs usagers.

Tous genres confondus, le nombre de

références peut atteindre plusieurs mil-

liers de titres. En revanche, les offres

hybrides (disponibles aux formats

papier et numérique) ne sont pas com-

mercialisées par tous les éditeurs.

Fonctionnalités indispensables, la ges-

tion et le suivi des abonnements sont

proposés par toutes les agences qui

ont répondu à notre questionnaire.

Cela permet par exemple aux clients

de relancer des numéros manquants

ou d’adresser des réclamations. Celles-

ci sont ensuite transmises aux éditeurs

dans des délais qu’il convient de dé-

terminer lors de la négociation avec

l’agence d’abonnement.

réactivité et disponibilité du chargé de clientèleParmi les critiques que les centres de

documentation adressent aux agences

d’abonnement, le manque de réacti-

vité revient assez souvent : « Le service client répond rarement, et quand il répond, ce sont des phrases bateau qui éludent totalement nos questions »,

se plaint une documentaliste. Du côté

des agences, on est conscient du pro-

blème : « La réactivité de l’agence est essentielle », nous déclarait un acteur

du marché en 2016 ; « celle-ci passe par la disponibilité et l’expérience du chargé de clientèle, ainsi que par la ges-tion en local de ses activités afin que le traitement des commandes et des récla-mations soit le plus rapide possible ».

Là aussi, il est conseillé de se renseigner

sur les moyens dont dispose l’agence

pour répondre aux réclamations de ses

clients.

À prendre en considération également,

la limitation de consultation par nombre

d’utilisateurs. Les réponses varient se-

lon les agences, certaines d’entre elles

s’alignant sur la politique des éditeurs.

Quant au coût d’un projet, difficile de

se faire une idée tant les prix diffèrent

en fonction de la prestation retenue.

À savoir tout de même : lorsqu’une

bibliothèque souhaite contracter un

nouvel abonnement, l’agence doit lui

fournir un devis : tarif éditeur dans sa

devise d’origine, frais de port, taux de

change et taux de TVA (2). n

Bruno Texier

(1) ´ www.agorabib.fr

(2) Gérer les périodiques. Géraldine Barron. Presses de l’Enssib.

Centre de documentation de l’École des Ponts ParisTech. B

run

o T

exie

r

37archimag n° 333 avril 2020

publirédactionnel

Contact PMB SERVICESZI de Mont sur Loir 72500 Montval-sur-Loirtél : +33 (0) 2 43 440 660 e-mail : [email protected]

Comment PMB Services a permis au nouveau PAM de voir le jourLe « PAM », Portail des Arts de la Marionnette, est un projet collectif porté par l’Institut International de la Marionnette, qui fédère 27 institutions. Il vient de mettre en ligne une version laboratoire de son nouveau site : https://lelab.artsdelamarionnette.eu. Celle-ci s’appuie sur le travail de sémantisation démarré en 2014 avec PMB Services dans le cadre d’un projet de SIGB mutualisé.

L’ ancien site, développé dans un autre logiciel, se présentait comme une base de données où pour naviguer, il fallait avoir une idée de ce qu’on cherchait : seuls les spécialistes s’y retrouvaient,

les néophytes demandaient à être davantage guidés. « Nous avons donc travaillé à rendre possibles différentes approches », indique Raphaèle Fleury, directrice de la Recherche et de l’Innovation de l’Institut. Le PAM propose désormais d’explorer ses ressources à travers quatre uni-vers : « Découvrir » (points de repère), « Transmettre » (pour les enseignants, thérapeutes et éducateurs), « Pratiquer » (pour les marionnettistes), « Chercher » (pour les aficiona-dos et les chercheurs). « Après être repartis de zéro avec PMB Services, nous venons de mettre en ligne une version bêta du futur portail. Elle est publique, mais pas totale-ment terminée. Nous l’enrichissons au fur et à mesure ».

Indexation : FBFRoo et SKOS en soutien

Les données sur les documents, les personnes et les œuvres sont structurées selon le modèle FBFRoo, enrichi d’ontologies spécifiques (par exemple, pour les processus de construction de marionnettes) en respectant, pour les concepts utilisés pour l’indexation, les recommandations SKOS. « Cette démarche nous permet d’être plus précis et de créer des liens et donc des possibilités de rebond beaucoup

plus fines que ce que nous pouvions faire auparavant, sou-ligne Mme Fleury. Rattacher une captation de spectacle (PMB Services a développé un plug-in pour charger directement des extraits dans Vimeo depuis le SIGB) à la représentation dans laquelle il a été tourné, par exemple, ou caractériser un objet dont nous avons des photos en tant qu’objet, même lorsqu’il n’existe plus matériellement ». Ce travail permet d’enrichir la navigation et de mettre en appétit les visiteurs.

Une éditorialisation automatisée

« Après le catalogage et le chargement de la ressource, chaque fois que nous affinons l’indexation et les liens, nous enrichissons visuellement tous les niveaux des pages, précise la directrice : ceci permet une forme d’éditorialisa-tion automatique ». Les pages du portail sont alimentées dynamiquement : chacune agrège différents niveaux ou segments du modèle : ceci permet par exemple d’éditer à la volée des parcours thématiques autour d’un concept — sur une technique de marionnette —, en montrant les notions auxquelles il est lié, leur définition, et toutes les ressources qui le représentent. Un gain de temps très appréciable dans une équipe très réduite : chaque saisie d’une documentaliste contribue directement ou indirecte-ment à la constitution de supports de médiation.

Sémantiser pour rendre visible

« Je crois que ce portail reflète aujourd’hui les arts de la marionnette dans leur diversité et leur vitalité, des formes les plus traditionnelles aux formes les plus insaisissables et abstraites, conclut Mme Fleury. Nous sommes, en effet, dans un domaine en pleine expansion et qui lutte pour sa recon-naissance ». Ce à quoi le PAM contribue par sa stratégie sémantique et son effort pour tendre vers le FAIR data (Facile à trouver, Accessible, Interopérable et Réutilisable). « Pour la plus grande visibilité des arts de la marionnette, nous avons donc tout intérêt à ce que ce portail puisse être facilement utilisé et à encourager la réutilisation de nos données ». n

[outils]

38 archimag n° 333 avril 2020

Société A2Presse CID Ebsco Prenax UNI-Presse ViapresseSite web pro.a2presse.fr www.cid.fr www.ebsco.fr www.prenax.fr pro.uni-presse.fr www.viapresse.comCibles Professionnels Toutes les entreprises,

institutions publiques et privées

Centre de documentation, bibliothèques de tout type, centres de recherche, entreprises...

Toute organisation, secteur privé ou public

Tous clients institutionnels en France et à l'étranger

Particuliers, professionnels (bibliothèques, mairies, CDI, centres pénitentiers, hôpitaux, CSE, hôtels…)

cataloguePresse grand public ● ● ● 19 000 titres ● plus de 950 titres

Presse spécialisée ● ● ● 215 000 titres ● Plus de 900 titres, possibilité de recherche hors catalogue

Nombre total de références

4 000 Environ 400 000 abonnements à des revues

et livres

Plus de 360 000 titres français et étrangers

(en constante évolution)

234 000 10 000 Plus de 1 800 titres

Nombre de titres papier

3 493 NC Plus de 200 000 (en constante évolution)

58 000 7 000 1 850

Nombre de titres numériques

42 NC Près de 80 000 (en constante évolution)

71 000 2 000 600

Nombre de titres hybrides 465 NC Plus de 100 000 (en constante évolution)

105 000 1 000 NC

Nombre de livres numériques

0 NC Plus de 1,5 million dont 225 000 titres dans DRM

(en constante évolution)

1 000 0 NC

Nombre de bases de données

NC NC Plus de 400 BDD bibliographiques

et en texte intégral

Inclus dans les titres numériques

100 NC

servicesGestion et suivi en ligne des abonnements

● ● ● ●

via Prenax Online● ●

portail en ligne, réclamation par téléphone, email, ou

extranet ERP (réponse en 20 minutes à 24 h)

Portail d'accès en ligne aux ressources numériques

via l'éditeurVia les portails internet

des éditeurs● ●

portail dédié✖ Directement consultable

sur le portail de l'éditeur

Consultation sur tablettes et smartphones

● Selon site internet des éditeurs

● ● ● ●

Archivage des numéros passés avant, pendant et après la fin de l'abonnement

✖ Selon site internet des éditeurs

● NAdépend des éditeurs

✖ Selon les propositions de l'éditeur

Recherche multicritère ● ● ● ● ✖ NCStatistiques des usages exportables

NC Selon site internet des éditeurs

● NAdépend des éditeurs

● Visualisation ou/et exportation (Excel) selon de nombreux filtres

Limitation de consultation par nombre d'utilisateurs (quotas)

1 ou plus suivant licence

Selon site internet des éditeurs

Proposition de solutions pour répondre à la limitation de consultation par utilisateur

(par ex. solution Saas Open Athens pour donner accès et attribuer du contenu en fonction des utilisateurs)

NAdépend des éditeurs

✖ Selon les souhaits de l'éditeur

autresCertifications NC NC NC NC ✖ NCRéférences clients Orange,

Bouygues, EADS, Airbus

NC NC 1 500 en France Ministère des Affaires étrangères, ACOSS,

Mairie de Créteil, Union du Cercle

Interallié

NC

● Oui ✖ Non

panorama des agences d'abonnement

39archimag n° 333 avril 2020

Société A2Presse CID Ebsco Prenax UNI-Presse ViapresseCoût moyen NC Gain global de 15 à 20 %

pour un client qui n'a pas de gestion externalisée de ses abonnements

NC Dépend des volumes confiés, de la typologie

des ressources d'information confiées ainsi

que du mode de gestion souhaité (centralisé/

décentralisé, e-procurment, facturation EDI)

1 000 € 850€

Remarques - PME familiale aux valeurs marquées depuis 46 ans : qualité de service, proximité client, RSECatalogue : tous titres ; si l'organisme d'édition est inconnu, il est sollicité et ses revues sont intégrées au catalogue

Optimisation de la gestion et du suivi des fonds de ressource documentaire. Valorisation des collections dans leur intégralité. Simplification de l'accès et maximisation de l'usage des ressources numériques (signalement, résolveur de liens, discovery tool...)

Spécialiste de la gestion et l'optimisation des ressources d'information du monde entier (abonnements, licences multi-utilisateur, bases de données, adhésions et livres). Dispose d'une expertise pivilégiée dans les intégrations avec les SI de ses clients Punch-Out, Chorus Pro & EDI

UNI-Presse est une associaiton loi 1901 qui appartient aux éditeurs de presse France

Interlocuteur dédié, moyens de paiement adaptés, compte client dédié, service client spécialisé pour les pros, remises supplémentaires, devis express sous 24 h, envoi des couvertures et des sommaires des magazines pour enrichissement des bases de données

● Oui ✖ Non

A2Presse, Agence Française d’Abonnement Presse

Nos Atouts :

  Une simplification de la gestion de vos abonnementsUne simplification de la gestion de vos abonnementsLa gestion d’une grande quantité d’abonnements, et donc de multiples éditeurs, est chronophage.A2Presse vous fait gagner du temps au quotidien en prenant à sa charge :- Le traitement des commandes et factures avec les éditeurs ;- Le traitement des réclamations ;- La gestion des modifications d’adresses, suspensions temporaires…

  Un interlocuteur dédié et expert dans son domaineUn interlocuteur dédié et expert dans son domaineDe la proposition de devis à la réception et au suivi de vos abonnements, vous serez toujours en lien chez A2Presse avec la même personne, pour une efficacité et une réactivité maximales.

  Un suivi sécurisé de vos abonnementsUn suivi sécurisé de vos abonnementsAucune interruption de livraison pour les renouvellements avec l’anticipation de vos dates d’échéance.Un engagement en totale transparence et clarté, à durée déterminée, sans tacite reconduction.

  Des valeurs humaines au cœur de nos échangesDes valeurs humaines au cœur de nos échangesVotre interlocuteur A2Presse sera à votre disposition tout au long de vos abonnements pour répondre à toutes vos questions et demandes, et vous apporter une pleine satisfaction.

LE PLUS d’A2Presse :Vous disposerez, sans aucun surcoût, d’un outil de suivi personnalisé à accès sécurisé, « A2Presse Pro », permettant d’avoir une vue complète de vos abonnements en cours (échéances, renouvellements), de poster vos réclamations, d’imprimer des catalogues, effectuer des demandes de devis... Organisés autour du principe de polyvalence en toutes circonstances, quelle que soit la nature de votre demande, nous vous répondrons sous 24h / 48h par mail ou à travers notre outil de gestion en ligne A2Presse Pro.

Pour tout complément d’information, vous pouvez contacter : Le service des ventes : Tél : 02 51 84 82 63 - Mail : [email protected]

Un autre regardsur l’abonnement presse

[outils]

40 archimag n° 333 avril 2020

collectivités : réussir et pérenniser son projet d’open dataDepuis 2016, l’adoption de la loi pour une République numérique prévoit la mise à disposition gratuite de certaines données du secteur public, donnant aux projets d’open data le champ libre pour nourrir le territoire et le rendre plus intelligent. Pourtant, une grande majorité de collectivités territoriales ne fournit pas encore de données aux citoyens. Archimag revient sur les points essentiels qui permettent d’initier un projet d’open data et le faire vivre dans la durée.

la disposition de la loi Lemaire est

claire, les collectivités de plus de

3 500 habitants employant au moins

50 agents doivent mettre en ligne

toutes leurs bases de données dans

un format ouvert et lisible par une machine,

à l’exception des données personnelles et

de sécurité. « L’observatoire des données locales mis en place par Opendata France estime que sur les 5 000 collectivités concernées par la loi Lemaire, 500 seule-ment ont ouvert à ce jour leurs données »,

souligne Laurence Comparat, adjointe au

maire de la ville de Grenoble, en charge,

entre autres, de l’accès à l’information et de

la libération des données publiques.

Dans une récente tribune signée dans les

Échos par une vingtaine de spécialistes,

parmi lesquels Danièle Bourcier, directrice

de recherche au CNRS, Christian Quest,

fondateur d’Opendatarchives, et Bertrand

Gervais, cofondateur d’Handimap, le

constat est plus alarmant : « Malgré la volonté politique démontrée par la France sur l’open data depuis plusieurs années, des interrogations se sont fait jour à pro-pos des contraintes opérationnelles mais aussi, de manière plus inquiétante, de la portée même de l’open data ».

manque de moyensPersonne ne remet en cause les vertus de

l’ouverture de données. Qu’elles concernent

les services publics, le budget, l’urbanisme

ou encore la vie culturelle, l’utilisation

de ces données conduit associations, en-

treprises et collectivités à déployer des

solutions destinées au confort des citoyens.

Mais un manque de moyens grippe la mé-

canique que l’État a voulu mettre en place,

en lien direct avec la taille de la collectivité.

Les grandes collectivités qui se sont lancées

dans l’open data ne sont pas confrontées à

une absence de moyens, observe l’associa-

tion Opendata France, dont l’objectif est de

regrouper et soutenir les collectivités enga-

gées dans une démarche d’ouverture des

données. Ces régions, départements, mé-

tropoles et intercommunalités possèdent

en effet un service informatique pour le-

quel la conduite d’un projet open data ne

représente pas de difficulté. Ce n’est pas le

cas des petites communes, souvent dému-

nies en termes d’expertise IT. Dans un

contexte où la loi Lemaire n’est assortie ni

de sanction ni de moyens, voici sept points

qui permettent de lancer un projet d’open

data et de le consolider dans le temps.

1. contacter des collectivités pionnières et s’en inspirer

Si les disparités de moyens existent entre

les typologies de collectivités, il apparaît

que l’ensemble du territoire métropolitain

est couvert par des pionniers de l’open

data. Chaque collectivité qui souhaite lan-

cer son projet peut trouver dans sa région

une ou plusieurs autres collectivités dont

les données ont déjà été ouvertes. Le retour

d’expérience obtenu auprès d’elles est d’au-

tant plus bénéfique qu’elles ont déjà essuyé

les plâtres. Il existe une forme de solidarité

et un sens du service public qui, assurent

les spécialistes, poussent au partage des

DR

« commencer par mettre en ligne quelque chose

qui a été demandé »

Laurence Comparat, Grenoble

41archimag n° 333 avril 2020

informations voire à une mutualisation des

moyens, en particulier l’hébergement des

données. Cette première étape est essentielle

pour évaluer ce qui a déjà été fait et s’en ins-

pirer pour construire la trame d’un projet.

2. déterminer un objectif

Publier un budget, des appels d’offres ou des

délibérations ne demande pas les mêmes

ressources que la fourniture en temps

réel des données du trafic d’un réseau de

transport en commun. Les collectivités ont

souvent commencé par publier un jeu limité

de données avant de se lancer dans des pro-

jets plus ambitieux. « Une collectivité peut tout simplement commencer par mettre en ligne quelque chose qui lui a été demandé car c’est précisément quelque chose qui in-téresse quelqu’un. C’est un point de départ intéressant qui met en valeur le fruit du tra-vail des agentes et des agents qui produisent ces données au quotidien dans le cadre d’une mission de service public », estime Laurence

Comparat. Le choix des thématiques abor-

dées (mobilité, sport, culture, finance, etc.)

détermine les cibles visées par le projet.

3. définir cibles et contexte

La réutilisation des données est au cœur

des enjeux. Les citoyens, les associations,

les élus, les services internes des collecti-

vités ou encore les délégations de service

public sont autant de cibles susceptibles de

réutiliser les données mais avec des objectifs

différents. À la fois consommateurs et met-

teurs en scène de ces données, ces acteurs

n’attendent pas le même type d’information

et de formats. Il convient alors de définir le

périmètre des données publiques à ouvrir.

La collectivité peut s’intéresser aux don-

nées de référence, aux données associées

à ses compétences, au socle commun des

données locales recommandé par Opendata

France et qui définissent un ensemble de

jeux de données prioritaires, normalisés et

communs aux collectivités territoriales.

4. sous-traiter ou réaliser

« Plusieurs questions émergent de la part de ceux qui possèdent les données et de ceux

qui veulent y accéder. Quelles données ont été générées, comment et où ? Lesquelles ont été consultées, par qui et sous quelle forme ? Ont-elles été modifiées ou copiées ? Où et comment ont-elles été référencées ? D’où proviennent les données ? Leur source fait-elle autorité ? Pendant combien de temps seront-elles fiables et disponibles ? »,

résume Alan Clark, directeur CTO office in-

dustry initiatives et merging standards chez

l’éditeur open source Suse, pour illustrer

l’importance des interrogations que pose un

projet open data. Sans expertise, difficile de

se passer d’une aide. Sur le volet juridique,

les cabinets de conseil réalisent l’analyse de

l’existant, tout en effectuant un tri sur les

données éligibles à l’ouverture et celles qui

ne le sont pas. Sur le plan technique, le re-

cours à un prestataire externe est souvent

nécessaire, par exemple pour effectuer des

requêtes dans des bases de données, mettre

des fichiers au bon format, les transférer sur

des serveurs, gérer les API ou encore récu-

pérer des données en provenance de l’IoT.

Mais c’est aussi l’occasion d’embaucher une

personne qualifiée.

5. gérer le risque juridique

Le respect de la réglementation qui

entoure la publication de données est es-

sentiel. Il est lié aux exigences du RGPD

et aux contraintes plus générales de sécu-

rité. Cela implique d’établir une frontière

entre les données publiques, personnelles

et anonymes, tout en s’appuyant sur

une gouvernance des données. Si aucun

service juridique n’est disponible sur

place, les ressources d’une autre collecti-

vité peuvent être sollicitées. Des forums

comme Teamopendata.org sont une bonne

source d’information.

6. choisir une licence

Réalisée en interne ou confiée à l’extérieur,

la gestion d’un service public pose la ques-

tion de la réutilisation et de la propriété

des données publiées. Il est obligatoire

d’attribuer une licence et de la communi-

quer. La licence dite ouverte a été conçue

par Etalab pour supporter les projets open

data liés aux missions de service public.

Les licences Open Data Commons parmi les-

quelles on compte ODBL et ODC-BY, et les

licences Creative Commons CC-BY sont

d’autres alternatives. Toutes permettent la

réutilisation, même pour un usage commer-

cial. La licence ODBL octroie toutefois plus

de droits et facilite le cas échéant le passage

aux autres types de licence.

7. animer et pérenniser

Pour faciliter l’accès aux données placées

en ligne, une stratégie de communication

s’impose. Valoriser les données passe par

l’organisation et l’animation d’événe-

ments, le renforcement de relations avec

les partenaires et les contributeurs autant

que par l’usage de portails où la visualisa-

tion des données est optimisée. La mise à

jour régulière des data est capitale à la fois

pour stimuler leur réutilisation et pour

favoriser l’innovation qui pousse tous les

acteurs du territoire à penser et produire

de nouvelles applications. n

Frédéric Bergonzoli

DR

« quelles données ont été générées,

comment et où ? Lesquelles ont été consultées, par

qui et sous quelle forme... »

Alan Clark, Suse

[outils]

42 archimag n° 333 avril 2020

la preuve électroniqueQue ce soit pour la négociation, la formation et l’exécution de relations contractuelles, commerciales, civiles ou sociales, ou bien pour l’exécution d’obligations extracontractuelles, il est indispensable de pouvoir prouver les actes et les faits. Au fil du temps, la communication par l’intermédiaire de tout type de support électronique est entrée dans la vie de tous. Ces éléments de preuve ont alors acquis une valeur juridique.

en matière de preuve électro-

nique, les principes de base

restent inchangés. Même de-

puis la réforme du droit des

obligations : il faut prouver

l’obligation dont on réclame l’exécution

ainsi que le paiement ou le fait qui éteint

l’obligation (1). La loyauté dans la collecte

des éléments de preuve veut que ceux-ci

ne soient pas extorqués par violence ou

par fraude (2). Et la preuve peut être rap-

portée par tout moyen, sauf si la loi exige

un mode de preuve particulier (3).

L’écrit demeure une priorité pour per-

mettre aux juges de prendre connaissance

des relations entre le demandeur et le

défendeur afin de dénouer les situations

de conflit.

S’il était parfois difficile d’obtenir des

preuves écrites, dans bien des affaires,

ces écrits sont devenus surabondants du

fait de la multiplication des échanges par

voie électronique et particulièrement par

courriel.

La Cour de cassation reconnaît la valeur

probatoire des courriels et même des

SMS (4).

La validité de certains actes est toutefois

subordonnée à la signature électronique,

comme les actes authentiques (5), les offres

dématérialisées dans le cadre des mar-

chés publics et les factures électroniques

adressées à l’État ou aux collectivités ter-

ritoriales (6).

le courriel : un mode de preuve couramment admisLes courriers deviennent marginaux

par rapport aux échanges par courriels.

À tel point que les juges prennent leurs

décisions sur la base des courriels com-

muniqués, sans même s’attarder sur leur

valeur probatoire (7, 8, 9).

le SMS : un message partagéLa mobilité des personnels accroît le

mode de communication par messages

échangés via le téléphone portable, par

SMS. Si, dans une affaire de divorce, une

Cour d’appel a rejeté le procès-verbal de

constat d’huissier retranscrivant des SMS,

l’huissier ayant procédé au constat sans

autorisation judiciaire préalable, la Cour

de cassation a cassé l’arrêt au motif que la

Cour d’appel n’avait pas vérifié si lesdits

SMS avaient été extorqués par violence ou

par fraude (10). La Cour de cassation re-

connaît donc, a contrario, la recevabilité

du SMS comme mode de preuve.

La réception d’un mini-message (SMS),

envoyé par l’opérateur de communica-

tions électroniques à son client, sur le

téléphone portable de ce dernier, pour

l’informer du volume des connexions au

réseau qu’il a effectuées, vaut exécution

de l’obligation d’information de la part de

l’opérateur, son client devenant ainsi un

consommateur averti (11).

Le destinataire de SMS peut les utiliser à

titre de preuve puisque l’émetteur de ces

messages sait que ceux-ci sont enregistrés

sur le téléphone mobile du destinataire.

Le procédé de collecte de ce mode de

preuve est donc loyal (12).

la signature électronique : la contestation est-elle possible ?Le procédé utilisé pour signer un acte,

par voie électronique, permet de consta-

ter l’intégrité de l’acte au moment de son

établissement puis lors de sa conser-

vation, la fiabilité du rattachement de

la signature à l’acte, l’identification de

la plateforme de contractualisation sur

l’acte signé, l’identification et l’authen-

tification des signataires à une date

donnée. Ainsi, il n’y a lieu à contester la

validité de la signature (13).

Les juges appliquent les dispositions

relatives à la signature électronique en

réaffirmant qu’un document, en l’espèce

une déclaration au greffe, émanant d’un

tiers certificateur répondant aux exi-

gences réglementaires, est valable et a la

même valeur qu’un document signé de

façon manuscrite (14).

L’utilisation par une société d’un certifi-

cat de signature électronique de niveau

de sécurité adéquat pour la remise

d’une offre, dans le cadre d’un marché

43archimag n° 333 avril 2020

public, permet de contester le rejet de

l’offre par la plateforme choisie par la

personne publique. En l’espèce, le mes-

sage d’erreur qui est apparu n’était pas

identifié dans le manuel d’utilisation

de la plateforme électronique et le ser-

vice d’assistance informatique n’a pas

trouvé la solution pour identifier l’ori-

gine de l’erreur et la corriger. L’offre du

candidat au marché public n’ayant,lLa

facture électronique : envoyée par dé-

faut ou sur demande du client ?

La prédominance de tout acte déma-

térialisé s’affirme. Un opérateur de

communications électroniques peut

adresser à ses clients des factures élec-

troniques, sauf demande expresse par

ces derniers de les recevoir sous format

papier (16).

le site internet accessible au public : une source de preuvesL’accessibilité au public de photogra-

phies publiées sur le site internet d’un

médecin, fut-il mis en ligne à titre expé-

rimental, constitue une atteinte à la vie

privée des patientes identifiables et une

violation du secret professionnel (17).

Le contenu d’un site peut aisément être

capté et les captures d’écran sont des

preuves des infractions, ce qui conduit

à l’application de sanctions.

les réseaux sociaux : sphère privée ou sphère publiqueLe besoin de partage d’information mul-

tidirectionnel conduit les personnes à

s’exprimer via les réseaux sociaux. Des

propos tenus par une salariée sur ses su-

périeurs hiérarchiques et sur l’entreprise

qui l’emploie sont diffusés sur un compte

Facebook. L’employeur n’apporte pas la

preuve que le paramétrage du compte de

cette personne salariée rendait le message

accessible dans la sphère publique et non

dans la sphère privée (18). Il ne suffit donc

pas de communiquer la page captée sur le

réseau social, mais il est indispensable de

démontrer que ces propos ont dépassé le

cadre privé et sont accessibles à toute per-

sonne qui se connecte à ce réseau social.

Ne sont par ailleurs pas considérés comme

des propos publics ceux qui sont diffusés sur

un réseau social, en l’espèce sur Facebook et

MSN, et accessibles à un ensemble restreint

de personnes agréées par le diffuseur, dont

fait partie la représentante de l’employeur

de la salariée en colère (19).

Si l’on étouffe dans son entreprise, on peut

encore en parler à son psy et à ses amis, si

on en a encore, puisque la Cour de cassa-

tion considère que les amis sur les réseaux

sociaux ne sont pas des amis (20) ! n

Danièle Véret[Avocat à la Cour Secrétaire générale de l’Adij]

(1) Article 1353 du Code civil — nouveau.

(2) Rapport de la Cour de cassation 2012 — La preuve dans la jurisprudence de la Cour de≈cassation :

 ´www.courdecassation.fr/publications_26/rapport_annuel_36/rapport_2012

(3) Article 1358 du Code civil.

(4) SMS : Short Message Service — cf. référence 2 ci-dessus.

(5) L’Acte authentique sur support électronique (AASE) :

 ´www.notaires.fr/fr/newsletters/lettre-notaires-France/l’acte-authentique-sur-support-électronique

(6) ´ www.economie.gouv.fr/cedef/dematerialisa-tion-marches-publics

(7) Cour de cassation Chambre sociale, 24 octobre 2012.

(8) Cour de cassation Chambre civile 1, 2 juillet 2014.

(9) Cour de cassation Chambre civile 1, 1er juillet 2015.

(10) Rapport de la Cour de cassation 2012 — page 325.

(11) Tribunal de grande instance d’Angoulême, 1re chambre civile, 9 juillet 2015 — Legalis.

(12) Cour de cassation Chambre sociale, 23 mai 2007 — Legalis.

(13) Cour de cassation civile 1re, 6 avril 2016 — Legalis.

(14) Juridiction de proximité de Dreux, 22 janvier 2014 — Legalis.

(15) Tribunal administratif de Limoges, 12 novembre 2010 — Legalis.

(16) Tribunal de grande instance de Paris ¼ social, 22 mars 2011 — Legalis.

(17) Ordre des médecins d’Île-de-France Chambre disciplinaire de première instance — Décision du 2 décembre 2008 — Legalis.

(18) Cour d’appel de Rouen chambre sociale du 15 novembre 2011 — Legalis :

 ´www.legalis.net/jurisprudences/cour-dappel-de-rouen-chambre-sociale-arret-du-15-novembre-2011/

(19) Cour de cassation, 1re chambre civile, 10 avril 2013 — Legalis.

(20) Cour de cassation, 2e chambre civile, 5 janvier 2017 — Legalis.

« dans bien des affaires, les preuves écrites

sont devenues surabondantes du fait

de la multiplication des échanges

par voie électronique et particulièrement

par courriel »Danièle Véret

DR

[outils]

44 archimag n° 333 avril 2020

favoris : les moteurs de recherche académiques

Google Scholar

 ´ scholar.google.fr

à côté des moteurs de recherche

« grand public », les « moteurs de recherche académiques »

sont principalement utilisés

par la communauté scientifique

qui peut y trouver des ressources docu-

mentaires spécifiques. Là comme ailleurs,

Google fait figure d’acteur incontour-

nable avec son Google Scholar lancé en

2004. Là où le premier interroge tout le

web (du moins le web visible), le second

se concentre sur les références bibliogra-

phiques académiques avec un lien pointant

vers le texte lorsque celui-ci est disponible.

Avec son formulaire de recherche simple,

Google Scholar rappelle son grand frère

trait pour trait ! Une recherche avancée

peut néanmoins être lancée afin de limi-

ter la recherche à un ou plusieurs mots

situés soit dans le titre, soit à n’importe

quel endroit dans l’article, à un auteur

ou à des titres de revues. Les résultats

de recherche peuvent également être fil-

trés par année de publication voire sur

une période spécifique. Pour cela, il faut

cliquer sur le menu sandwich (en haut,

à gauche) qui donne également accès à

des statistiques consacrées aux « publi-cations phare » ventilées par langue.

Enfin, à l’instar du moteur de recherche

grand public, Google Scholar permet de

créer une alerte.

Scinapse

 ´ scinapse.io

« Nous sommes meilleurs que Google ».

Dès la page d’accueil, Scinapse annonce

la couleur et vante ses mérites face au

géant de Mountain View. Lancé en 2019,

ce moteur de recherche académique

couvre plus de 48 000 revues et met en

avant son succès auprès des chercheurs

en revendiquant plus de 50 000 inscrits

répartis dans 196 pays. Ces chercheurs

auraient déjà accédé à plus de 50 mil-

lions de documents.

Son formulaire de recherche présente un

avantage : la simplicité. Il suffit de sai-

sir un titre, un auteur, un mot-clé ou un

DOI. Le Digital Object Identifier est un

code alphanumérique pérenne associé à

un objet documentaire.

Côté contenus, Scinapse collecte des

données auprès de quatre sources prin-

cipales : Microsoft Academic Graph,

Semantic Scholar, PubMed, et Springer

Nature. Un fonctionnement qui le rap-

proche d’une logique de métamoteur

académique. Le résultat de recherche

peut être ajouté à une collection (après

inscription au service) et affiché dans

un format bibliographique. Scinapse

propose également un système de re-

commandation (sous forme de lettre

d’information) basé sur l’activité de

l’utilisateur.

Semantic Scholar

 ´www.semanticscholar.org

Lancé en 2015, Semantic Scholar se pré-

sente comme « un moteur de recherche universitaire gratuit et à but non lucra-tif ». Avec plus de 181 millions d’articles,

il puise dans des dizaines de sources

bien connues des chercheurs : ArXiv,

De Gruyter, Springer Nature, Wolters

Kluver…

Semantic Scholar fait surtout appel à

l’intelligence artificielle : « Nous pensons que dans vingt ans, l’IA sera en mesure de relier les points entre les études pour identifier les hypothèses et suggérer des expériences qui, autrement, passeraient inaperçues ». Précision importante :

cette intelligence artificielle, tout comme

ce moteur de recherche, est financée par

Paul Allen le cofondateur de Microsoft.

À l’instar des moteurs précédents, les

résultats de recherche peuvent être fil-

trés par période de publication et sont

affichés sous forme de courtes réfé-

rences bibliographiques. Ces dernières

sont documentées à l’aide d’indicateurs

de citations. Selon les cas, l’article peut

être lu au format PDF ou bien accédé

(en partie seulement) via un site tiers.

Sans surprise, Semantic Scholar propose

également une fonctionnalité de sauve-

garde après inscription. n

Bruno Texier

DR

DR

DR

45archimag n° 333 avril 2020

Emilie Marquois, au cœur des médias sociauxplus de 24 000 suiveurs sur

Twitter, plus de 5 000 sur

Pinterest, près d’un millier

sur Instagram… Sans oublier

des centaines d’abonnés sur

Facebook et LinkedIn ! Pas de doute, avec

de telles statistiques, Emilie Marquois

figure parmi les influenceuses des médias

sociaux. Sur son site (1), ses différentes

casquettes en témoignent : elle est

consultante médias sociaux, formatrice,

conférencière et community manager.

« Mes activités sont en effet organisées autour du community management que je réalise pour différentes marques et du conseil en stratégie sur les réseaux sociaux. Je forme également des entreprises à la meilleure façon d’utiliser les plateformes disponibles sur le marché. Je les aide à choisir le bon outil et à adapter leurs mes-sages en fonction de l’audience. D’une façon générale, il faut éviter le copier-coller ! »

sciences du langageLa vie d’Emilie Marquois a pourtant com-

mencé bien loin des réseaux numériques.

C’est à Pointe-Noire, sur la façade atlan-

tique du Congo, qu’elle a vu le jour alors que

ses parents étaient expatriés sur le conti-

nent africain. Elle regagne la France au

début des années 1990 d’abord en Vendée

puis en région parisienne où elle passe

un baccalauréat littéraire (A2). « À cette époque, je souhaitais m’orienter vers les métiers de bibliothécaire et de documen-taliste. Après une maîtrise “information et documentation”, je me suis finalement orientée vers les sciences du langage. »D’abord stagiaire au sein du laboratoire

informatique de l’université Paris 6, elle se

lance dans un projet de doctorat et mène

des recherches sur « la modélisation et la simulation de la dynamique des com-

munautés virtuelles ». Nous sommes au

début des années 2000. L’époque est alors

au triomphe des blogs et à l’émergence

des premiers réseaux sociaux. Emilie

Marquois pressent l’impact du web 2.0 et

se lance dans l’aventure : « J’ai commencé à bloguer sur les thèmes des moteurs de recherche, du web et des réseaux sociaux. Je me suis prise au jeu en écrivant de plus en plus de billets. Après quelques mois, j’ai été identifiée comme quelqu’un de référent sur ces différents sujets. Puis j’ai reçu des invitations pour participer à des conférences et pour assurer des forma-tions auprès des entreprises ».

des écrans au rugbyEn 2008, elle rejoint XWiki comme

responsable des marketing et communi-

cation. Elle reste cinq années auprès de

cet éditeur spécialisé dans les solutions

collaboratives et open source. Puis se

lance en indépendante et passe par la

case éditoriale. Elle cosigne l’ouvrage

« Twitter - 101 questions ». De ses diffé-

rentes expériences, Emilie Marquois porte

un regard contrasté sur l’évolution des

médias sociaux. Elle apprécie la multipli-

cité des plateformes mises à la disposition

des internautes, mais regrette l’efface-

ment progressif de l’esprit de partage et de

coconstruction des années 2010.

Lorsqu’elle délaisse ses écrans, elle est in-

tarissable sur l’équipe de France de rugby :

« Je constate un nouveau souffle grâce à l’arrivée de Fabien Galthié au poste de sélectionneur du Quinze de France. Cela se ressent sur le terrain. Je suis très fière de cette équipe ! » Ce goût du rugby

lui est venu de son grand-père au côté du-

quel elle regardait ses premiers matches.

Aujourd’hui, elle n’hésite pas à « live twit-ter » les performances du XV tricolore.

« En mode compulsif », reconnaît-elle.

De même, ses autres passions — la pâtis-

serie et le café — font l’objet de multiples

messages sur Instagram et Pinterest.

Finalement, les écrans ne sont jamais

loin. n

Bruno Texier

(1) ´ www.emiliemarquois.com

elle likeSa ville préférée : C’est peu original, mais je dirais Paris, surtout le matin, très tôt. J’avoue aussi avoir beaucoup aimé Dubrovnik.Sa série préférée : Difficile de choisir étant donné le nombre de séries qui existent. Je suis quelqu’un de nostalgique et donc mon choix se porte sur X-Files.Son plat préféré ? : Peut-on choisir une gourmandise ou un dessert ? J’adore le croissant aux amandes, mais aussi le carrot cake et les cafés gourmands !

DR

[perspectives]

46 archimag n° 333 avril 2020

333avril 2020

Laurence Bril : « à chacun sa détox numérique ! »Laurence Bril est journaliste, blogueuse et conférencière. Elle est également l’autrice de « Passage piéton. Récit d’une détox numérique par la marche » (Éditions Rue de l’échiquier, 2020).

Vous êtes passée d’une vie de journaliste hyperconnectée à une vie sans écran « au grand air » en parcourant 3 600 kilomètres à travers la France. Qu’est-ce qui vous a amenée à changer de vie ?

à un moment donné de ma vie

professionnelle, j’ai ressen-

ti une forme de trop-plein.

Après avoir créé trois sites

internet, après avoir écrit des

livres, après avoir animé des réseaux

sociaux, après avoir donné des confé-

rences et des formations notamment

sur la vie numérique, j’ai eu l’impres-

sion de n’avoir en tête que des « like »,

des mails, des « posts » et des octets !

Ce sentiment de trop-plein est lié au

phénomène numérique qui permet

d’être connecté en permanence : il n’y a

pas de limite de temps.

« à un moment donné de ma vie professionnelle,

j’ai ressenti une forme de trop-plein »

Cette prise de conscience s’est faite de

façon progressive.

J’ai vu les réseaux sociaux passer d’un

côté plutôt sympathique à un état

d’esprit moins convivial. J’ai décidé de

prendre mes distances avec les réseaux

sociaux. Je me suis alors rendu compte

que je pouvais vivre sans cette hyper-

connexion si je réorganisais ma vie.

Un jour, alors que je me baladais sur des

falaises au cœur d’un paysage magni-

fique, mon esprit était encombré par

une surcouche numérique et m’empê-

chait de profiter pleinement de cet en-

vironnement sauvage… J’ai alors dit :

stop !

Concrètement, comment s’est passée votre déconnexion ?Je suis passée par une période de transi-

tion, où j’ai acquis de nouveaux réflexes

et une nouvelle gestion de l’urgence

suscitée par le numérique. J’ai tenu à

distance par exemple mon smartphone,

en supprimant les alertes et notifica-

tions. J’ai de nouveau confié à mes

neurones une part de la mémorisation

que j’avais déléguée à mon téléphone,

comme par exemple les numéros de té-

léphone de mes enfants…

Puis j’ai réorganisé ma vie profession-

nelle, et j’ai peu à peu déserté les ré-

seaux sociaux.

Avez-vous ressenti un vide en délaissant vos écrans ?Non, pas particulièrement. Cette mise

à distance m’a fait du bien. J’ai troqué

mon fond d’écran pour des paysages

bien réels. À partir du moment où j’ai

commencé à m’aérer et à renouer avec le

grand air, j’ai retrouvé une vraie ouver-

ture sur ce qui m’entoure.

Avez-vous noté des effets positifs après vous être déconnectée ?Je n’ai noté que des effets positifs !

Physiquement, bien sûr : je me suis

découvert une âme de sportive, moi qui

détestais ça. Mais surtout, j’ai retrouvé

cette part de liberté que j’avais l’impres-

sion d’avoir perdue avec toutes ces « at-taches » numériques, qui créent des liens

dont il est parfois difficile de se passer.

« à partir du moment où j’ai commencé

à m’aérer et à renouer avec le grand air, j’ai retrouvé

une vraie ouverture sur ce qui m’entoure »

Paradoxalement, vous utilisez des appli-

cations qui permettent de tracer votre

activité lorsque vous marchez !

Je souhaitais connaître le nombre de

kilomètres que j’effectuais lors de mes

marches. J’ai opté pour une montre

connectée, qui me donne des indica-

tions intéressantes lorsque je cours ou

randonne.

Autour de vous, constatez-vous un mouvement vers la détox numérique ?Je constate une vraie prise de conscience

de l’emprise du numérique sur le quoti-

dien. Mais je ne suis pas sûre que tout le

monde soit prêt à tenter une détox nu-

mérique ! Ce n’est parfois pas possible

d’un point de vue professionnel.

Je crois en revanche que de nom-

breuses personnes sont prêtes, au moins

47archimag n° 333 avril 2020

temporairement, à revoir leurs usages

numériques.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite faire une détox numérique ?Je pense qu’il est d’abord nécessaire de

prendre conscience de son lien avec le nu-

mérique, de faire un état des lieux. Il faut

distinguer le superflu de l’essentiel. Essayer

aussi de démêler les différents temps et de

les cloisonner : car l’une des spécificités du

numérique, c’est qu’il irrigue tous les temps

de notre vie, professionnelle, personnelle,

familiale… Il me semble important de gar-

der des temps « off », sans tentation de jeter

un œil sur ses mails ou ses alertes : le temps

des repas, professionnels ou amicaux, par

exemple devrait pouvoir rester « off » pour

favoriser les échanges. C’est aussi une

question de politesse. Il faut se poser les

bonnes questions et prendre ses distances

de façon raisonnée. Il ne s’agit pas de se

couper du monde, mais plutôt de remettre

le numérique à une place qui ne déborde

pas sur le reste.

Aujourd’hui, souffrez-vous toujours du syndrome « fomo » (fear of missing out) « la peur de rater quelque chose » ?Souffrir me semble un bien grand mot,

pour ce qui n’est au final qu’un constat,

que nous sommes nombreux à pouvoir

faire : le numérique, en facilitant l’accès

à l’information et en le rendant perma-

nent, fait naître des réflexes auxquels il

est parfois difficile de mettre fin.

« je constate une prise de conscience

de l’emprise du numérique sur le quotidien »

Il me semble donc nécessaire de faire la

part des choses, non seulement en fil-

trant les informations, mais aussi en se

raisonnant. Nous vivons dans une époque

de surinformation, qui peut se révéler

anxiogène, et qui exige donc de faire la

distinction entre ce qui est important et

ce qui ne l’est pas. Faire de la veille, oui,

être envahie par des alertes, non.

Prônez-vous une forme d’hygiène de l’information ?Posons-nous les bonnes questions :

avons-nous besoin d’être connectés en

permanence ? D’être abonnés à autant de

newsletters ? De recevoir autant d’alertes ?

De consulter nos mails quand la journée

est finie ? avons-nous le temps néces-

saire pour lire tout ce qui est à portée de

clic ? Je pense que la réponse est non.

Un nouveau rapport au numérique est

possible, si nous y mettons des filtres.

Mon discours ne consiste pas à bannir la

technologie et à retourner vivre dans une

grotte ! Au contraire, je continue de penser

qu’internet est une invention prodigieuse,

mais je crois qu’il faut garder le meilleur et

prendre ses distances avec le reste.

La loi reconnaît désormais un droit à la déconnexion. Y voyez-vous un signe de la prise en compte par le législateur du malaise que la connexion permanente peut créer chez les salariés ?Il existe en effet une prise de conscience

que la vie professionnelle connectée em-

piète trop sur le temps social. Ces temps

superposés, professionnels, familiaux,

sociaux, sont source de tension. Avec le

développement du télétravail, nous

sommes en train de vivre une forme

de bascule qui va générer de nouveaux

usages. Nous ne sommes qu’au début de

cette réflexion.

Aujourd’hui, comment gérez-vous la surcharge informationnelle générée par les réseaux sociaux et les très nombreux canaux d’information ?Mon compte Twitter ne me sert au-

jourd’hui qu’à faire de la veille. Je n’ai

plus le temps ni l’envie de l’alimenter.

Je ne consulte Twitter que de temps à

autre pour prendre la température et

détecter les tendances en cours.

Quant à Facebook, je ne le consulte que

rarement, je n’ai jamais été une grande

fan. J’ai créé un blog, « Passage piéton »,

que j’anime de manière très zen, quand

j’en ai envie et quand j’en ai le temps.

C’est au final sur Instagram que je suis

la plus active, j’y trouve une certaine ins-

piration. Aujourd’hui, ma présence en

ligne se limite à cela.

J’ai réduit ma part de production de

contenus et d’animation sur la toile. Je ne

me sens plus obligée d’interagir en per-

manence, de liker ou d’être likée. En re-

prenant en main ma vie numérique, j’ai

rééquilibré ma vie au sens large. Le fait

de marcher, puis de courir, m’a beaucoup

aidée, notamment en me vidant la tête,

mais à chacun de trouver sa voie… n

Propos recueillis par Bruno Texier

DR

« je ne me sens plus obligée d’interagir en permanence ou de liker les messages

qui me plaisent »

Laurence Bril

48 archimag n° 333 avril 2020

archimag store : applis, cadeaux, beaux livres…

la police des LumièresLe XVIIIe siècle a vu la convergence du mouvement des Lumières et l’émergence d’une police professionnalisée. À travers près de 200 documents originaux, cette exposition a pour ambition d’illustrer cette rencontre entre la police et les Lumières, sans prétendre les confondre.

Archives nationales (Paris), jusqu’au 29 juin 2020.

le Palais Bourbon raconté par ses archivesAvant de devenir le siège de l’Assemblée nationale, le Palais Bourbon fut la maison d’agrément de la duchesse de Bourbon. Cet ouvrage retrace l’histoire du bâtiment grâce à une très belle iconographie et à de nombreuses archives issues des fonds de l’Assemblée nationale.

Le Palais Bourbon. Trois siècles d’histoire d’après un manuscrit inédit. Éditions du Patrimoine, 20 euros.

Winky, un mini-robot éducatif Appendre la programmation informatique en s’amusant : c’est ce que promet Winky, un petit robot éducatif destiné aux enfants à partir de cinq ans. Doté de capteurs, Winky développe la perception, l’attention, la motricité et la mémoire des enfants.

 ´heywinky.com

applis, cadeaux,

beaux livres, expos…

archimag store

notre coup de

cœur

[perspectives]

49archimag n° 333 avril 2020

la police des LumièresLe XVIIIe siècle a vu la convergence du mouvement des Lumières et l’émergence d’une police professionnalisée. À travers près de 200 documents originaux, cette exposition a pour ambition d’illustrer cette rencontre entre la police et les Lumières, sans prétendre les confondre.

Archives nationales (Paris), jusqu’au 29 juin 2020.

les plus belles bibliothèques du mondeBibliothèque apostolique vaticane, bibliothèque de Trinity College, bibliothèque du monastère franciscain de Lima au Pérou… Ce splendide ouvrage propose un voyage photographique parmi les plus belles bibliothèques du monde, qu’elles soient publiques ou privées. Édition trilingue (français, allemand, anglais).

Les plus belles bibliothèques du monde. Massimo Listri. Éditions Taschen, 150 euros.

cyclistes, gonflez vos pneus avec cette pompe à air électriqueAmateurs de vélo, voici un accessoire qui devrait prendre place dans votre barda. Cette pompe à air électrique fabriquée par Xiaomi est capable de regonfler un pneu de vélo en trois minutes. Dotée d’une batterie au lithium, elle indique également la pression et peut être utilisée pour regonfler les ballons.

Environ 55 euros

le mauvais esprit en tamponLe Tampographe — alias Vincent Sardon — est un dessinateur qui ne manque pas de — mauvais — esprit. Depuis 2016, il fabrique également des tampons au ton très corrosif qui doivent être tenus à distance du jeune public. Tampons déprimants (« Tu sers à rien »…) ou plus graphiques, il y en a pour tous les goûts.

 ´ letampographe.bigcartel.com

Lille expose le fonds Pierre DhainautLa médiathèque Jean Lévy propose une exposition des pièces majeures du fonds constitué par les dons du poète dunkerquois Pierre Dhainaut. L’occasion de découvrir son œuvre à travers des recueils de poésie, des brouillons, des manuscrits et des livres d’artistes.

Jusqu’au 25 avril 2020 ´ www.bm-lille.fr

[perspectives]

50 archimag n° 333 avril 2020

archi… kitsch

au mois d’avril 2000, Archimag se

faisait l’écho des inquiétudes du

monde de l’édition face à l’émer-

gence des livres virtuels. À l’occa-

sion de l’édition 2000 du Salon

du livre, un ovni fit en effet son apparition :

« Les visiteurs se pressent pour admirer les premiers prototypes du livre électronique de la jeune société Cytale ». Cette dernière,

fondée entre autres par Erik Orsenna,

fut l’une des premières à commerciali-

ser des liseuses. La durée de vie de Cytale

sera brève cependant : 1998-2002. Au-delà

de la liseuse elle-même, c’est bien la ques-

tion de l’éditorial qui attirait l’attention :

« La chasse aux contenus est ouverte »

avec l’irruption de nouveaux éditeurs prêts

à se faire une place sur le marché du livre

numérique. « Un fort engouement qui vient masquer le peu d’empressement des édi-teurs traditionnels à publier de nouveaux titres sur cédérom ». Vingt ans plus tard, les

parts de marché du livre numérique restent

modestes et le bon vieux livre papier n’a pas

disparu des rayonnages des bibliothèques

et des librairies.

adieu au catalogue de fiches en cartonDans ce même numéro, un reportage consa-

cré à la réouverture du Musée de la publicité

évoquait le rôle des documentalistes dans ce

projet muséal. Il s’agissait de « passer d’un catalogue de fiches en carton à un système documentaire entièrement numérisé ».

Munis d’un nouveau logiciel, les documen-

talistes avaient pour mission de remettre à

plat le plan de classement existant qui ne

disposait que d’une seule entrée : le nom du

produit. Ce chantier documentaire mobilisa

pas moins de cinq personnes qui durent s’at-

teler à une série de tâches : indexation avec

saisie libre des descripteurs, critique et vali-

dation (ou pas) de l’indexation… « C’est dans ces circonstances que l’on se rend compte de l’importance que chacun accorde à un mot », remarquait la responsable de l’unité

documentaire du Musée de la publicité.

Dans le même temps, le musée procédait

à la numérisation d’affiches et de vidéos

issues du monde de la publicité. Une fois

numérisés, les documents ont fait l’objet

d’une fiche descriptive à une cadence

d’environ 300 nouvelles notices par mois.

Aujourd’hui intégré au sein du Musée des

arts décoratifs, le Musée de la publicité

valorise ses collections et propose réguliè-

rement des expositions dans ses locaux de

la rue de Rivoli à Paris. n

Bruno Texier

Retrouvez la collection Archimag 1985-2010, plus de 200 numéros en texte intégral sur :´ collection.archimag.com

au prochain numéro

dans les archives d'Archimag, avril 2000

[dossier]

n coronavirus : les bibliothèques se bougent[outils]

n l’identité numériquen le design sprintn les projets InterPares et eArchiving Building Blocksn l’archivage des documents signés électroniquementn offre et usage des chatbotsn les archives du sportn panoramas des offres de Lad et de Ged

31e congrès CoTer Numérique 10-11 juin, Saint-MaloThème : « le big data et l’intelligence artificielle : des actifs stratégiques pour les collectivités ».´ www.coter-club.org

Congrès AIFBD 2020 12-13 août, BruxellesCongrès trisannuel de l’AIFBD ; thème : « l’accès à l’information au cœur du développement socio-économique : plaidoyer pour les bibliothèques et les centres de documentation ».´ www.aifbd.org/congres-2020/

Ifla WLIC 2020 15-21 août, Dublin, IrelandThème : « inspirer, engager, activer, connecter ».´ 2020.ifla.org

Documation 2020 22-24 septembre, Paris-Porte de Versailles26e édition de ce salon consacré au management de l’information et aux processus documentaires. Avec exposition, conférences et ateliers. 4 500 visiteurs attendus. Un partenariat Archimag.´ www.documation.fr

Salons Solutions 22-24 septembre, Paris-Porte de VersaillesCet événement couvre différentes thématiques dont en particulier la dématérialisation. Avec exposition, conférences et ateliers.´ www.salons-solutions.com

66e congrès de l’ABF 29-31 octobre, Kursaal DunkerqueThème : « bibliothèques inclusives, bibliothèques solidaires ? »´ www.abf.asso.fr

15e Forum européen IES 2020 4-5 novembre, ParisCet événement organisé par l’association 3AF fête son 30e anniversaire, soit « 30 ans pour éclairer l’avenir : rétrospective et prospective sur les outils et métiers de l’intelligence économique et stratégique ».NB : appel à communications en cours jusqu’au 30 juin. Contact : [email protected]→ www.ies2020.eu

agenda

Couverture d’Archimag, avril 2000. DR

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

333

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N