suivi clinique et biologique après chirurgie de l obésité · 2014-02-03 · des actes de...
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Suivi clinique et biologique après chirurgie de
l’obésitéChristine Poitou
Centre Intégré de prise en charge de l’Obésité, Centre FrancilienPôle Cœur et Métabolisme Pitié Salpêtrière
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Chirurgie bariatrique en 2011
DeMaria, NEJM 2007
Anneau 25 % « By-pass » 31 % « Sleeve » 44 %
secteur privé : 66 %
Tendances temporelles des actes de chirurgie bariatrique,
par acte, de 2006 à 2011Croissance moyenne + 16,2 % par an
0
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10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
35 000
2006 2007 2008 2009 2010 2 011
Sleeve
By-pass
Anneau gastriqueajustable
Ensemble
Source : ATIH
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Place de la chirurgie dans la stratégie thérapeutique
Pourquoi opérer ?
Formes sévères de l’obésité
Limites des traitements médicaux
Efficacité de la chirurgie
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Perte de poids SOS Study
Sjöström et al. NEJM , 2007
Controles: 0%
Anneaux: -13%VGB: -18 %
GBP: -27 %
Control 12%
Surgery 8 %
Mortalité
Sjöström et al. NEJM , 2010
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Pourquoi opérer ?
Maladie grave
Limites des traitements médicaux
Efficacité de la chirurgie
Demande des patients
Indications chirurgicales (1)IMC ≥ 40
IMC ≥ 35 +comorbidité améliorée par la chirurgie :- HTA ou autre maladie cardiovasculaire- SAS et autre trouble ventilatoire- DT2 et autres désordres métaboliques- Maladie ostéo-articulaire invalidante- NASH- Infertilité
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Indications chirurgicales (2)en 2ème intention après échec d’une PEC globale de 6 à 12 moisen l’absence de perte de poids suffisante ou de maintien de la perte de poidsInformation préalableÉvaluation préopératoire
Contre-indications
Troubles cognitifs ou mentaux sévèresTCA sévères ou non stabilisésIncapacité à un suivi médical prolongéAddictions
Absence de PEC médicale préalable Grossesse
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Non indications
30 < IMC < 35 kg/m2
Âge > 60 ans : discuter au cas par cas
Obésités génétique ou lésionnelles
DécisionMédecin coordinateur/référentEquipe pluridisciplinaire pour le suivi (chirurgien, médecin spécialiste, diététicienne, psychiatre ou psychologue, anesthésiste)Information claire, loyale et appropriée Réunion de concertation pluridisciplinaire
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Traitement chirurgical: guérison?
La chirurgie n’est pas une guérison
Cela consiste à remplacer une maladie métabolique chronique
ayant sa morbi-mortalité spécifiquepar une maladie digestive durable
restriction gastrique : dispositif implanté+ malabsorption intestinalemodification du comportement alimentaire
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1 year 2 years 1 year 2 years 1 year 2 years
AGB (n=946) VBG (n=93) RYGBP (n=41)
VomitingDysphagiaOesophagitisDiarrheaConstipationDumping syndrome
Basdevant et al. Obes Surg 2007
Evolution poids, comportement alimentaire, comorbidités, état psychologique
Complications chirurgicales
Complications fonctionnellesvomissements, troubles du transit, dumping syndrome
Complications nutritionnelles
Grossesse et autres situations particulières
Pourquoi le suivi est indispensable?
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Complications psychologiques et sociales
Troubles du comportement alimentaireAnorexie mentaleCompulsions graves
Dépression SuicidesDécompensations psychiatriquesRetentissement
Vie personnelleSocial
Complicationschirurgicales
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-Fistule -Abcès -Dilatation poche -Occlusion sur brides-Occlusion sur hernie interne (Bypass, tardive) -Hémorragie digestive (peut être tardif)-Cholécystite
Urgences chirurgicales
Ne pas retarder le diagnostic avec des examens radiologiques: pronostic dépend du délai de l’intervention chirurgicale (<6h)
Risques : nécrose intestinale, décèsAprès bypass
SymptômesDouleur abdominale intermittente, déclenchée par l’alimentation, parfois calmée en décubitus ventralIntensité douleur majeureVomissements
DiagnosticNécrose intestinale: acidose, ↑ lactate, ↑ amylase (ddf pancréatite)Imagerie peut être non contributive (scanner normal dans 20%) Si suspicion, exploration chirurgicale précoce
Traitement : chirurgical
Hernie interne
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Tachycardie > 120/min Douleur abdominale spontanée ou déclenchée par alimentationVomissements (non sélectifs, même aux liquides)Fièvre, hyperleucocytoseMême si signes abdominaux modérés ou absents (examen difficile, faire confiance au patient)
Suspicion urgences chirurgicales devant
Complications médicalesfonctionnelles et nutritionnelles
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Dumping syndrome et hypoglycémies
Symptômes précocesVasomoteurs: céphalées,
palpitations, flush, pâleur,syncope
Abdominaux: nausées, crampesabdominales, diarrhée,borborygmes
Manifestations tardives (1-3haprès le repas)= hypoglycémiefonctionnelleFaim, troubles de conscience,difficultés de concentration,transpiration
HGPO (75 g de glucose)
0
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250
300
0 100 200 300 400
glycémie mg/dlinsulinémie µU:ml
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Conduite à teniréliminer causes médicamenteuse, neurologique ou cardiovasculaire, insuffisance surrénalienne, saignement digestifEliminer cause organique (sémiologie, scanner pancréatique) autosurveillance avec lecteur de glycémieHGPO sur 3 heures, repas test (Fresubin) holter glycémique (Hanaire H, Obes Surg 2010)
Difficultés de la prise en charge
Fractionnement des repas, faibles index glycémiquesMédicaments: acarbose, inhibiteurs calciques, diazoxide, octreotideAlimentation par gastrostomieApproche chirurgicale: réduction de poche, pancréatectomie
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Complications nutritionnelles
Echec pondérauxDénutrition et malnutritionCarences en micronutriments
CalciumFer Zinc Cuivre
Carences vitaminiquesB12 Sclérose combinéeB1 et B6 Gayet Wernicke NeuropathieVit D OstéomalacieFolate Anémies
Complications nutritionnellesDépendent
du type de chirurgie ++: DBP>BPG > Sleeve > AA
de la prise de suppléments
de la diversité alimentation
Du délai post opératoire
Des facteurs aggravants
FerVitamine DCalcium
B12 (distance)• Protéines (précoce)
B9
B1 mais gravissime
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Causes- Carences d’apport- Court circuit du duodénum et de la portion
proximale du jéjunum- Maldigestion et malabsorption car:* l’estomac n’a plus de fonction mécanique* asynergie entre le bol alimentaire et les sécrétions
biliopancréatiques* diminution des sécrétions acides gastriquesnécessaires pour l’absorption du fer, vit B1…- Pullulation microbienne
- Fréquentes les 6 premiers mois Attention si perte de poids très rapide, vomissements,
complications chirurgicales (sténose), maladie intercurrente
- Signes: perte musculaire, asthénie, troubles des phanères- Surveillance albumine, préalbumine, CRPInterprétation albumine en fonction état inflammatoire, maladie hépatique chronique, et éventuelle pullulation microbienne -Traitement : viser au minimum 60g par jour. Suppléments hyperprotidiquesPar exemple Fortimel 200ml= 20g de prot, 250 KcalPROTIFAR+ 1 sachet =10g de protéine (38 kcal)
Carences protidiques
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- Mécanisme: calcium et vitamine D sontmajoritairement absorbées dans duodénum etjéjunum proximal
- Retentissement osseux: hyperparathyroidiesecondaire, osteoporose, osteomalacie (long terme), attention DBP
- Surveillance: bilan phosphocalcique, vitamine D,PTH et osteodensitométrie.
-Traitement: prévention par supplémentssystématiques++, adapté au dosage de vitamine D
1200 mg/j calcium et 1000 IU/j vitamin D3
Déficit vitamino-calcique
Déficit et carence en folatesDéficit moins fréquent (<20%) surtout si apports defruits et légumes conservésMécanisme: absorption dans le grêle proximal maispossibilité d’adaptation de l’absorption tout le long del’intestin-Anémie macrocytaire rares, participation probable auxtroubles neurologiques, symptômes peu spécifiques(asthénie, anorexie)-Déficit grave en périconceptionnel et premier trimestrede grossesse. Supplément systématique chez la femmeavant grossesse
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Exemple de supplémentation systématiqueAnneau: Fer (80 – 160 mg/j) (tolérance dépend de la dose)Sleeve:
MultivitamineFerB12?
Pour BPG Multivitamine apportant 100% ANC (par ex. 2 Azinc®, 1 ElevitB9®)Calcium 1000-1200 mg/jvitamine D 800 UI/jour +/- 100 000 unités/ trimestreB12 1000 µg IM 2 à 3 fois par an
Utiliser les différentes formes galéniques en fonction de la tolérance (gouttes, sirop, effervescent, IM, IV)
Poitou et al. Diabetes Metab. 2007 Feb;33(1):13-24.
Complications neurologiquespeuvent apparaître plusieurs années après la
chirurgie sous forme de polyneuropathie ou atteintes centrales
informer les patientsprévenir avec des suppléments adaptés
traiter rapidement dès l’apparition de symptômesréaliser annuellement un examen neurologique
completdosages et renforcement de la supplémentation au
moindre doute
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Troubles neurologiques par carence en vitamine B12
L methylmalonyl CoA Succinyl CoA
homocystéine méthionine
Synthèse myéline
stock hépatique suffisant pour 6 -12 mois3.6% 12 mois après RYGB jusqu’à 61.8% ≥5 ans après RYGB
folate tetrahydrofolate Synthèse ADNMéthylation myélineB12
• Sclérose combinée de la moelle– atteinte cordonale postérieure (sensibilité profonde) + signes moteurs
pyramidaux– IRM: hypersignaux T2 des cordons postérieurs
• Atteinte cérébrale (confusion, modification goût, odorat, vision) ou psychiatrique • Neuropathie périphérique
– atteinte sensitive superficielle et/ou profonde, neuropathie optique– EMG: polyneuropathie axonale sensitivo-motrice distale et symétrique
• Concentration B12 sérique normale dans 1/3 cas • intérêt du dosage de l’homocystéine et acide méthylmalonique (↑)
• Mauvaise corrélation avec l’anémie mégaloblastique (absente dans 1/3 cas)Vieira, Obesity Surgery, 2010
Troubles neurologiques par carence vitamine B1 (thiamine)
• Encéphalopathie Gayet-Wernicke (aigu)– confusion, troubles occulomoteurs (nystagmus ou paralysie occulomotrice), Sd cérébelleux– IRM hypersignal en T1
• Encéphalopathie Korsakoff (chronique)– amnésie antérograde, anosognosie, fausses reconnaissances et fabulations
• Neuropathie périphérique = Béri-Béri neurologique – Polyneuropathie sensitive, motrice, douloureuse, distale, symétrique (idem alcool)– EMG: NP axonale sensitivomotrice distale et symétrique – Peu associée au Béri-Béri cardiaque
B1
Cofacteur du métabolisme du glucose nerveux, musculaire et cardiaque
Métabolisme neurologiqueCarence peut être démaquée par
une charge en glucose
demi-vie de 15 jours; stock très faible peut être effondré en 3-6 semainesbesoins dépendants de l’apport calorique et en glucidesabsorption jéjunum proximal, compétition avec l’alcool
Synthèse d’acétylcholine Transmission nerveuse
• diminution du dosage de thiamine sérique/ érythrocytaire ou de l’activité transcétolaseérythrocytaire
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Cas clinique 1
Patiente de 44 ans, SAS appareillé, HTA, reflux gastrique, 166 kgRYGB compliqué de douleurs épigastriques et vomissements répétés 2 hospitalisations à 1 mois et 2 mois post op, pas d’étiologie retrouvée3 mois: difficultés à la marche4 mois: 126 kg, déficit moteur modéré des 4 membres hospitalisation en Neurologie:
PA 126/78, FC 32/min, FR 32/min, Sat 97 %Déficit moteur des 4 membres (3/5 en distal, 2/5 en proximal)Hypoesthésie superficielle et profonde distale des membres inférieurs Abolition des réflexes ostéo tendineuxPaires crâniennes normales
• Biologie– Albumine 22 g/l; préalbumine 0.19 g/l (0.18-0.33)– Vitamines (résultats non immédiats)
• B1: 71 nmol/l (N 126-250)• B3: 49 µmol/l (N 55-98)• B6: 9 nmol/l (20-134)• B9 : 1.73 µg/l (N > 3)• Cu: 10.5 µmol/l (N 12.7-22.2)• B12, A, E, C, Zinc: normal
• Sérologie Campylobacter Jejuni positive (infection récente)• Autres sérologies (Mycoplasme, EBV, CMV, HIV, HCV, HBV) et ac anti nucléaires
négatifs• Scanner cérébral: normal• Ponction lombaire: hyperprotéinorachie• Electromyogramme: polyneuropathie axonale sensitivo-motrice membres
inférieurs > supérieurs
1) Polyradiculonévrite aigue (Guillain Barré) suite à l’infection virale digestive traitement par immunogloblines IV 5 jours2) Carences multiples (B1, B9, B6, B3, cuivre) Vitamines+oligoéléments IV
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Bilan biologique spécifique devant troubles neurologiques récents
Hémogramme, ionogramme, créatinine, CRPVitamine B12 et acide méthyl malonyl CoA et homocystéineVitamine B9 sérique et érythrocytaireVitamine B1 sérique et érythrocytaireVitamine B6Cuivre, ceruloplasmineVitamine EVitamine B2Vitamine B3 (PP): métabolites urinaires NM1 et 2PYRVitamine AZincSelenium
Cas clinique 2Mme C., âgée de 44 ans.
IMC maximum à 41 (116 kgspour 1,70 BPG en 2010 Hépatite B contractée lors de l’intervention.- 40 kgs les 6 premiers mois. 2012: IMC à 19 (poids 55,7 kg soit - 48%)
* diarrhée, nausées, dumping syndrome* volumineux œdèmes des MI, pâleur cutanéo muqueuse, cheveux secs et cassants* amyotrophie avec difficultés à la marche et chutes, troubles de l’humeur et attention
–Albumine 20 g/l; préalbumine 0.15 g/l (0.18-0.33)–Vitamines et oligoéléments
niacin (PP ou B3) 2.1 ng/L (N 4-122). pyridoxine B6 2.4 nmol/L (N 20-121) B1: 71 nmol/l (N 126-250)zinc 6 μmol/L (N 9-23 )B12, B9, cuivre: limite inférieure de la normale
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Attention aux facteurs aggravantsperte de poids rapide, complications chirurgicalesvomissements importants (B1 ++), perfusions de glucose infections (protéines), femme réglée (fer)
FatigueMuqueuses: Glossite, stomatite, Peau sécheresse, dermatite, ecchymoses, pétéchies, alopécie (zinc, fer, protéines), vit C)OedèmesPâleurParesthésie, troubles de l’équilibre ou autres troubles neurologiques (neuropathie) Troubles neuropsychiatriques (Groupe B) Troubles digestifs (B1)Anomalies de la vision (Vit A) saignements (Vit K)Douleurs osseuses, myalgies
Signes cliniques de carences
Suivi : à quel rythme?
Bilan de surveillance clinique 4 à 5 fois la première année, 2-4 fois la deuxième année puis 1-2 fois/an.
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Kaliémie, natrémie, créatinine, glycémieNFSBilan hépatiqueBilan martial: ferritine, CSCRPAlbumine, PréalbumineCalcémie, vitamine D, PTH*Vitamines B9, B12, (B1) *
Bilans biologiques
Quel rythme? Préopératoire++Bilan standard 3M, 6M et 12MAjout * à 6M, 12M et 18MPuis annuellement en ajoutant si signes cliniques, vitamine A, zinc, cuivre etc..
Grossesse et bypass
Information préopératoire sur les risquescomplications digestives pour la mèrenutritionnelles pour l’enfant
Contraception efficace x 12 à 18 moisPrévenir carences
ferFolates, B12Calcium, vitamine D
Bilan biologique trimestriel élargi
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Problèmes à résoudre
Normes pour la femme enceinte, quels suppléments? Quelle efficacité?
Les effets long terme?
Très souvent absence corrélations symptômes/dosages
Intérêts du suiviDépistage et prévention des complications
nutritionnellesChirurgicales
Adaptation prises en charge comorbiditésOptimisation du résultat
pondéralqualité de vie
Adaptation aux situations particulièresgrossessepathologies associées
Education du patient dès la période préopératoire
Suivi multidisciplinaire