sujet : « le separatisme aux Îles comores et ses ...abdillahi.maecha.free.fr/lecncdr/site...
TRANSCRIPT
SOMMAIRE……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………1
REMERCIEMENTS…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..3
CARTES ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….4
INTRODUCTION ……………………………………………………………………………….....................................................................................….9
PREMIERE PARTIE : LA FRAGMENTATION DE L’ARCHIPEL DES COMORES DE 1975 A NOS JOURS…………………………………….14
CHAPITRE I : L’HERITAGE COLONIAL ET LA GESTION DE L’INDEPENDANCE………………………………………………………………………14
ORGANISATION TRADITIONELLE DES COMORES…………………………………………………………………………………………………………………..16
PANORAMA DE LA REPUBLIQUE FEDERALE ISLAMIQUE DES COMORES……………………………………………………………………………….17
LES DEBOIRES DE LA REPUBLIQUE FEDERALE ISLAMIQUE DES COMORES…………………………………………………………………………….19
LES REPRESENTATIONS QU’ON SE FAIT DES COMORES.………………………………………………………………………………………………………20
LE RÔLE DE LA FRANCE DANS LES CONFLITS DES ÎLES COMORES…………………………………………………………………………………………22
LE RETOUR DE L’HISTOIRE : UNE RECONQUETTE DES ÎLES COMORES…………………………………………………………………………………..23
CHAPITRE II : CAUSE ET ORIGINE DU SEPARATISME AUX ÎLES COMORES…………………………………………………………………………26
LES REPRESENTATIONS DES COMORIENS ENTRE EUX………………………………………………………………………………………………………….26
UN ARCHIPEL EXIGU FACE A LA CROISSANCE DE SA POPULATION ET L’EVOLUTION DE LA PAUVRETE…………………………………27
LA FRUSTRATION ET LA SEPARATION DES MAHORAIS………………………………………………………………………………………………………...32
LA SECESSION D’ANJOUAN ET SON EMERGENCE…………………………………………………………………………………………………………………36
LES VELLEITES SEPARATISTES A LA GRANDE COMORE ………………………………………………………………………………………………………..40
LA FORCE DU SEPARATISME ANJOUANAIS………………………………………………………………………………………………………………………….42
CHAPITRE III : LES ENJEUX GEOPOLITIQUES DU SEPARATISME………………………………………………………………………………………..45
LES ENJEUX POLITIQUES………………………………………………………………………………………………………………………………………………………45
LES ENJEUX STRATEGIQUES ET SOCIOECONOMIQUES : LA STABILITE POLITIQUE………………………………………………………………..49
LA FRONTIERE COMORES/MAYOTTE ET SES CONSEQUENCES………………………………………………………………………………………………51
DEUXIEME PARTIE : LA POSITION GEOSTRATEGIQUE DES COMORES………………………………………………………………………………54
CHAPITRE I : LES ATOUTS GEOPOLITIQUES DES COMORES………………………………………………………………………………………………54
ENJEUX STRATEGIQUES………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..54
ENJEUX ECONOMIQUES : L’EXISTENCE DES MATIERES PREMIERES ?……………………………………………………………………………………57
CHAPITRE II : LES RELATIONS ENTRE LES COMORES ET LE RESTE DU MONDE………………………………………………………………….61
1
LES COMORES ET LES PAYS MEMBRES DE LA COI………………………………………………………………………………………………………………...61
LES NOUVEAUX PARTENAIRES DES COMORES……………………………………………………………………………………………………………………..63
LA PRESENCE DE LA FRANCE AUX COMORES ET SES RELATIONS……………………………………………………………………………...............65
TROISIEME PARTIE : LA RECONCILIATION NATIONALE…………………………………………………………………………………………………….67
CHAPITRE I : LE RÔLE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE ?…………………………………………………………………………………….65
LE PARADOXE ONUSIEN……………………………………………………………………………………………………………………………………………………….68
L’IMPUISSANCE DE L’UNION AFRICAINE……………………………………………………………………………………………………………………………….69
L’AMBIVALANCE DE LA FRANCE……….………………………………………………………………………………………………………………………………….71
CHAPITRE II : LES COMORIENS FACE A LA CRISE………………………………………………………………………………………………………………75
LE RÔLE DES PARTIS POLITIQUES ET DE LA SOCIETE CIVILE ………………………………………………………………………………………………….75
LE RÔLE DE LA DIASPORA COMORIENNE………………………………………………………………………………………………………………………………77
LA RESOLUTION DU GOUVERNEMENT COMORIEN……………………………………………………………………………………………………………..79
CONCLUSION……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….84
CHRONOLOGIE…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….91
GLOSSAIRE…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………100
SIGLES ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………102
ANNEXES……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………103
ANNEXE 1 : ENTRETIENS ET QUESTIONNAIRES…………………………………………………………………………………………………………………..104
ANNEXE 2 : ARTICLES ET DOSSIERS DE PRESSE……………………………………………………………………………………………………………………127
ANNEXE 3 : DOCUMENT CADRE DE PARTENARIAT France-Union DES COMORES – DCP – (2006-2010)………………………………141
ANNEXE 4 : LES RESOLUTIONS DE L’ONU SUR LA QUESTION DE MAYOTTE……………………………………………………………………… 147
ANNEXE 5 : LES DETROITS INTERNATIONAUX, LES RESSOURCES DES MERS ET DES OCEANS ……………………………………………148
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….149
2
REMERCIEMENTS
Je souhaite d’emblée remercier l’équipe enseignante de l’IFG (institut français de géopolitique); en premier
Madame Giblin et à mon directeur de recherche monsieur Alain Gascon, pour leurs conseils et
recommandations. Je tiens à remercier mes petites sœurs, Rouki et Amina Nassor, mon beau frère Rachad Ali
Toihir qui m’ont beaucoup soutenu et que sans leur précieuse aide ce travail n’aurait jamais vu le jour.
Je remercie également, toutes les personnes qui m’ont accordé leur temps pour un entretien et à tous mes amis
qui m’ont soutenu et qui ont cru en moi. Par ailleurs, je tiens par ce présent travail à rendre hommage à des
femmes comoriennes qui ont marqué l’histoire de ce pays et qu’on les a toujours oubliées par méconnaissance. Il
s’agit de Mme Foundi Hadidja1 et Madame Baraka Mohamed Mchangama2, qui a chanté pendant la période de
l’autonomie interne « Nayighenshi hasalama ye béramu ya Comores »3.
Hommage à toutes les femmes du Réseau femme et développement des Comores, qui se battent contre vents et
marrées pour l’égalité de chance et contre les injustices. Je tiens enfin à remercier mes parents de m’avoir donné
la chance de devenir ce que je suis aujourd’hui et d’avoir toujours respecté mes choix. Je leur demande aussi
pardon si je les ai involontairement contrariés un jour.
Je dédie ce livre à, Mme Toyb Zahara Abdallah, qui m’a toujours encouragé à aller de l’avant. Je garde envers
elle une dette de reconnaisse.
1 Une théologienne, originaire de N’tsaouéni Village du nord-est de la Grande-Comore, elle était une des premières femmes comoriennes qui ont enseigné le coran, vers fin 19è et début du 20è siècle dès son jeune âge. Parmi ses élèves, certains sont devenus des grandes autorités religieuses. Paix à leur âme
2 Originaire de N’tsaouéni
3 Vive en paix le drapeau comorien3
Carte N°2
4
Carte N°3 : Intervention militaire à Anjouan
5
Carte N°4 : Les Comores dans l’océan Indien
Source : Journal des africanistes
Cités, citoyenneté et territorialité dans l’île de Ngazidja (Comores)
6
Carte N° 5 : Principales routes maritimes pétrolières et Points de passage stratégiques
7
INTRODUCTION
L’archipel des Comores vit depuis quelques années au rythme des rivalités de pouvoir entre
les leaders des partis politiques et des conflits de compétence entre les îles et l’Union des
Comores. Ces rivalités de pouvoir ont été en partie à l’origine du refus de la majorité des
Mahorais de suivre les îles sœurs pour la proclamation de leur indépendance en 1975, et en
1997 à l’origine de la sécession de l’île d’Anjouan.
Les trois îles indépendantes (Anjouan, Mohéli et Grande-Comore) sont en proie à une crise
séparatiste depuis juillet 1997. La radicalisation de cette crise menace l’équilibre de
l’archipel. Depuis déjà une décennie l’île d’Anjouan, la plus proche de Mayotte demeurée
française, tente de faire sécession et demande à son tour son rattachement à la France.
Ce conflit séparatiste d’Anjouan qui a été déclenché en juillet 1997 est une nouvelle page de
l’histoire des Comores. Après les échecs de plusieurs conférences inter-îles et des accords
sans succès, le 17 février 2001 l’OUA et l’OIF soutenues par la France, parviennent à la
signature d’un accord cadre de réconciliation nationale dit « Accord de Fomboni4 ». Cet
accord prévoit une nouvelle constitution et un nouvel ensemble comorien. Les trois îles sont
dotées chacune de leurs propres institutions. La République fédérale islamique des Comores
(RFIC) instaurée par le président Ahmed Abdallah, dont sa devise était « Unité-Justice-
Progrès » est devenue l’Union des Comores. La nouvelle devise est « Unité-Solidarité-
Développement ». Cette devise nous ramène aujourd’hui à se poser des questions sur son
sens. L’unité et la solidarité sont remises en cause, le progrès et le développement se font
attendre.
Depuis l’indépendance, chaque nouveau président a fait adopter une nouvelle constitution.
Cette fois, les Comores ont une constitution et un président par île, en plus de la constitution
et du président de l’Union des Comores. Mais cette nouvelle configuration a montré ses
limites car le conflit n’est pas résolu pour autant. Le putschiste Azali Assoumani, devenu le
premier président élu de l’Union des Comores en 2002 n’a jamais su rétablir l’ordre. Non
seulement les rapports politiques entre les îles et le pouvoir central sont très tendus, mais en
plus des tensions surgissent aussi à l’intérieur même des îles. Le gouvernement de l’Union des
Comores n’avait jusqu’au débarquement de mars 2008 aucun contrôle sur l’île d’Anjouan.
4 Chef-lieu de l’île de Mohéli8
Son pouvoir était limité à la Grande-Comore et à Mohéli. Le président Azali par souci de finir
tranquillement son mandat, a laissé les Anjouanais s’autogérer. Anjouan prenait le large en
suivant en quelque sorte le chemin de Mayotte. La crise persistait et s’inscrivait dans la durée.
N’ayant jamais connu une vraie stabilité depuis l’indépendance, il me semble que cette
instabilité est loin de disparaitre car l’origine du problème ne se trouve pas seulement dans la
constitution mais il peut venir aussi d’ailleurs, sur la position géostratégique des Comores par
exemple. La France qui, à travers Mayotte, détient une influence sur cette zone, n’est pas
prête à renoncer à une telle position stratégique et l’éparpillement ne peut que lui être
bénéfique. D’où le comportement de la France de diviser pour mieux régner.
L’objet de notre travail est de chercher à savoir le pourquoi du séparatisme aux Comores et ce
qui a favorisé son émergence ? Qu’est ce qui a été fait, et que reste t-il à faire pour mettre fin
à cette crise séparatiste ?
Ce désir des îles de faire sécession et de se rattacher à l’ancien colonisateur affaiblit ce petit
État et soulève les enjeux capitaux de l’indépendance de l’archipel et de la notion même de
nation comorienne. Plusieurs acteurs apparaissent dans notre sujet. La France apparait comme
l’acteur clé dans ce conflit, en tant qu’ancien colonisateur et premier partenaire de cet État, et
elle est aussi considérée par les Comoriens comme un « pompier pyromane ». Quel est
l’intérêt de la France dans le séparatisme comorien ? Quel impact le rattachement de Mayotte
à la France a-t-il sur les trois autres îles?
Il n’est pas question ici ni de faire le procès du contentieux franco-comorien à propos de l’île
de Mayotte, ni de juger les Mahorais sur le choix de se rattacher à la France ; mais on ne peut
pas passer sous silence le différend franco-comorien pour expliquer les conflits qui secouent
ces îles de l’océan Indien depuis plus de trente ans. La question de l’île de Mayotte, que les
Comoriens n’ont jamais cessé de revendiquer va tout simplement nous servir de point d’entrée
pour mieux comprendre la géopolitique interne et externe de l’État comorien et de son
évolution depuis son indépendance à nos jours.
Face aux problèmes cruciaux comoriens, c'est-à-dire la sécession de l’île de Mayotte en 1975
et aujourd’hui la sécession d’Anjouan, l’Union Africaine et l’ONU, dont les Comores sont
membres, perdent leur crédibilité aux yeux des Comoriens. Ces derniers jugent l’action de la
communauté internationale très molle et parfois ambiguë. Ces institutions qui ont reconnu
9
l’indépendance des Comores composées de ses quatre îles, n’ont jamais sanctionné la France
sur l’occupation illégale de Mayotte, ni sur l’établissement par la France d’une frontière
maritime séparant Mayotte et les trois îles depuis 1994. Leur timidité face au conflit actuel n’a
fait que prolonger la crise anjouanaise et donner du temps aux rebelles anjouanais pour
s’organiser. Excédé par l’inaction de l’Union africaine, le président de l’Union des Comores
et son gouvernement décident de rétablir l’ordre en optant pour un débarquement militaire sur
l’île rebelle d’Anjouan en mars 2008. Sa ferme détermination finit par gagner le soutien de
quelques États, notamment la Tanzanie, la Libye, le Sénégal, et le Soudan. Le mardi 25 mars
l'armée comorienne, appuyée par des troupes tanzaniens et soudanais, ont pris le "contrôle
total" de l'île sécessionniste d'Anjouan sans rencontrer de véritable résistance.
Mohamed Bacar le président déchu, qui disait attendre de pied ferme cette intervention
militaire de l’Union africaine a pris la fuite et a regagné par bateau l'île française de Mayotte.
Après sa demande d’asile à la France, le 27 mars Mohamed Bacar est transféré dans l'île
française de la Réunion, à bord d'un Transall de l'armée de l'air française. La fuite de
Mohamed Bacar vers l'île voisine de Mayotte et son transfert à l’île de la Réunion a suscité
des manifestations de colère à Anjouan, à la Grande-Comores et à Mayotte, avec pour
principale cible la France, accusée de protéger l'ex-homme fort d'Anjouan.
Cette intervention militaire à Anjouan très médiatisée donne à ce conflit « inter-comorien »
une dimension internationale. Le Monde du mercredi 26 mars 2008 nous montre un archipel
des Comores perdu dans l’océan Indien, mais qui est au centre d’un second réseau d’enjeux.
De nombreuses questions subsistent quant à la compréhension de cette nouvelle géopolitique
des Comores et ses nouveaux acteurs. Ma méthode de travail a consisté à analyser des articles
de presse, des déclarations et des communiqués, des documents tirés des débats sur internet,
qui ont eu lieu sur les forums http// :www.ocomores.com, http// :www.comores-
masiwamane.org, concernant la sécession d’Anjouan et le contentieux qui oppose l’État
comorien à l’État français à propos de l’île comorienne de Mayotte, d’assister à des
manifestations de Comoriens, à des réunions et des débats sur le sujet et suivre l’actualité du
pays.
Le travail théorique a été complété par des entretiens auprès de personnalités susceptibles de
m’aider à approfondir ma réflexion. Mon champ de travail sera limitée à la période
10
postcoloniale, allant de 1975 à 2008, ce qui ne nous interdit pas de revenir un peu avant 1975
si nécessaire.
Ce travail n’aura pas la prétention de réécrire l’histoire des Comores, il s’agit dans cet
ouvrage d’un travail géopolitique, traitant le séparatisme aux Comores et dont je mets l’accent
sur les rivalités de pouvoir, les représentations et également les aspects géostratégiques de
l’archipel des Comores. Toute fois je me servirai des dates et des faits historiques afin de
mieux appréhender les évolutions de ce mouvement séparatiste.
Dans une première partie j’analyse l’organisation politique et économique des Comores avant
et après l’indépendance et ses répercutions sur la crise actuelle.
Avec la deuxième partie j’étudie, les Comores dans leur position géostratégique, et leurs
atouts géopolitiques qui suscitent des convoitises, et l’arrivée de nouveaux acteurs.
La troisième et dernière partie de cet ouvrage, j’aborde la problématique de la réconciliation
nationale, avec les initiatives prises par les uns et les autres pour mettre fin aux conflits.
11
PREMIERE PARTIE : LA FRAGMENTATION DE L’ARCHIPEL DES
COMORES DE 1975 A NOS JOURS
CHAPITRE I : L’HERITAGE COLONIAL ET LA GESTION DE
L’INDEPENDANCE
Politique, Drapeaux et Hymnes des Comores depuis l'indépendance
PERIODE PRE INDEPENDANCE : STATUT D'AUTONOMIE INTERNE DANS LA REPUBLIQUE FRANCAISE
Drapeau de l'Archipel des Comores
PERIODE ALI SOILIH : UN DRAPEAU ROUGE ET VERT
Le drapeau de l'Etat Comorien
PERIODE ABDALLAH : LE ROUGE EST ELIMINE DU DRAPEAU
République des Comores - Plusieurs versions du drapeau -
PERIODE TAKI : AJOUT DES MOTS ALLAH ET MOHAMED SUR LE DRAPEAU
12
Drapeau de le République Fédérale Islamique des Comores
ERIODE ACTUELLE : UNION DES COMORES, ILES AUTONOMES
NgazidjaGrande Comore
MwaliMohéli
NdzuaniAnjouan
MaoreMayotte
Sceau National des Comores (Armoiries) visible sur les documents officiels
Nous remarquons bien que tout au long de ces statuts et les changements des drapeaux qui ont
eu lieu, les signes et la couleur qui représentent la religion (l’islam), la couleur verte et le
croissant apparaissent. Des fois avec ostentation comme la période Taki en ajoutant les mots
Allah et Mohammed sur le drapeau. Quant Ali Soilih, il a rajouté la couleur rouge de la
révolution sur le drapeau. Et si on regarde bien la partie rouge dominait un peu plus la partie
verte. Tout simplement pour montrer que la révolution était une priorité. A part cette période
laïque, et d’ailleurs très brève de 1975 à 1978, nous avons un islam comorien qui domine bien
dans la politique. Il n’ya pas eu, en aucun moment séparation du pouvoir entre l’état et la
religion. L’islam reste une religion d’état. Mais c’est un islam sunnite très tolérant. Les
Comoriens sont très croyants sans fanatisme. Les valeurs de l’islam sont garanties, tout en
conciliant religion et modernité. On constate aussi que les quatre étoiles qui représentent les
13
quatre îles de l’archipel s’imposent à chaque drapeau. Ce qui montre la revendication
permanente de l’unité et l’intégrité du territoire.
1 L’ORGANISATION TRADITIONNELLE DES COMORES
Pendant la période précoloniale, les Comores étaient organisées en sultanats, une organisation
politique, de type clanique et lignagère, importée par les Arabo-Chiraziens. Les îles étaient
politiquement séparées et même à l’intérieur de chaque île, il pouvait y avoir plusieurs
sultanats. Cette séparation politique n’a rien avoir avec le phénomène séparatiste actuel.
L’organisation politique des Comores sous forme d’autonomie ne remettait jamais en cause le
sentiment national. A cette période précoloniale, les Comoriens étaient unis par la même
langue, la même culture et la même religion. L’enracinement des traditions islamiques dans la
conscience collective, a fait que la séparation de ce peuple n’était pas possible ni imaginable.
La séparation politique existant s’était imposée naturellement vu l’archaïsme ou l’absence
totale des moyens de communication à l’époque; mais il n’y avait pas du tout un désir des
habitants des îles de se séparer. « Il y’avait cet absence d’unité politique réelle, mais il existe
d’une part une profonde et incontestable unité sociologique et religieuse, une
homogénéisation culturelle progressive par l’islam »5. Cette période précoloniale est aussi
marquée par les rapports de force entre « sultanats » mais ces conflits ne remettaient jamais en
cause l’existence d’une nation comorienne ou de l’identité nationale. Les quatre îles étaient
liées par la même culture et la même religion, mais politiquement séparées. Je parlerai plutôt
d’une « décentralisation primitive » ou d’une autonomie traditionnelle que d’une séparation
politique.
Cette organisation propre à laquelle la France n’a pas touchée a bien fonctionné jusqu’à
l’arrivée des colons. Mais si la France a maintenu cet ancien système c’est parce qu’il ne la
gênait pas.
D’après Mahmoud Ibrahime6 « l’unification politique des îles est instaurée sous la
colonisation française. C’est d’ailleurs le plus grand changement opéré par les Français
pendant la colonisation. Et c’est la première fois que l’archipel a un pouvoir centralisé ». La
nation comorienne qui était une nation traditionnelle est devenue une nation politique au sens
5 Joël Giraud, Unité Nationale et Décolonisation des Comores, Mémoire de DEA, Université d’Aix-en-Provence, Faculté de Droit et des Sciences Humaines (la date n’est pas mentionnée)
6 Auteur de l’ouvrage, Etat français et colons aux Comores, 1912-1946, Paris, L’Harmattan, 199714
de Renan7 par l’instauration de cette unification politique. Malgré cette union, chaque île avait
ses relations spécifiques avec la France. Elle représentait pour chaque île le grand protecteur.
Et malgré la spécificité de chacune la France a toujours reconnu que ses îles étaient unies
jusqu’alors. Et c’était plutôt de son intérêt de les rassembler pour mieux les contrôler et aussi
pour faire des économies de gestion.
Cette unification n’a pas effacé les anciennes luttes fratricides. Au contraire, avec la
complicité d’une grande partie de l’aristocratie autochtone, ce nouveau système mise en place
sous la colonisation, avait quasiment exclu les leaders maorais comme les leaders mohéliens,
de cette organisation aristocratique des notables comoriens. Cette exclusion va donner à la
longue ce qu’on va appeler le séparatisme. A partir de l’autonomie interne des îles, l’inégalité
d’accès aux postes de responsabilité et la compétition pour le pouvoir ont créé des tensions
entre les leaders politiques des îles. Les conflits de pouvoir surgissent et nourrissent avec le
temps la rancœur, la haine et le séparatisme.
Malgré tout, les éléments qui unissaient les Comoriens à savoir : la religion, l’histoire, la
culture et la langue, ces dénominateurs communs n’ont pas pu les empêcher de se déchirer, de
se détester, de se haire jusqu’à ne plus avoir envie de vivre ensemble. Le consentement et le
désir de continuer la vie commune disparait de plus en plus. On le voit à travers le
séparatisme anjouanais et maorais, et les velléités séparatistes des Mohéliens et des Grands-
Comoriens. La Nation traditionnelle marquée par la langue, la culture et la religion est
dépassée. L’existence de la nation comorienne est remise en cause. Les éléments constitutifs
de la nation comorienne à savoir, la langue, la religion, la culture, ne suffisent pas pour
persister sur l’existence de cette nation.
2 LA REPUBLIQUE FEDERALE ISLAMIQUE DES COMORES
Le changement des drapeaux et hymnes des Comores, selon les humeurs des présidents, nous
montre en quelque sorte le manque de maturité politique et le tâtonnement des autorités
comoriennes à gérer ce statut d’indépendance. Les leaders politiques comoriens après
négociations avec les Français dans les années 1970, ont obtenu la promesse d’accéder à leur
indépendance mais d’une façon progressive. Mais il y’avait rien qui rassurait les Comoriens
qu’ils allaient avoir leur indépendance un jour. « Contrairement à ce qu’elle affirmait depuis 7 Ernest Renan « Qu’est ce qu’une nation ? »Discours prononcé à la Sorbonne le 11 mars 1882.
15
1974, la France n’a pas préparé les Comoriens à l’indépendance….L’Etat colonial n’a
jamais envisagé de donner l’indépendance à cet archipel, placé à l’entrée du canal de
Mozambique, sur le chemin des gros pétroliers et qui pouvait à tout moment tomber dans le
camp socialiste, en cette période de guerre froide »8. Dans les années soixante, lorsque les
pays africains ont pris leur indépendance, les Comoriens ne se sont pas pressés parce qu’ils
estimaient ne pas être prêts. Quinze ans après, l’indépendance des Comores fut proclamée.
Qu’est ce qui a réellement changé entre temps ? Les Comoriens sont-ils maintenant prêts à
prendre leur indépendance ? Pour les Comoriens c’était un honneur, une fierté nationale
d’être indépendants sans chercher à savoir si le peuple comorien était en mesure ou non de se
prendre en charge et de gérer ses affaires. Ils voulaient leur indépendance, qu’ils soient prêts
ou pas. C’était le moment car elle rentrait dans le contexte de l’époque de la décolonisation en
Afrique si non elle n’aurait jamais eu lieu car la France n’avait pas l’intention de partir un
jour.
Maintenant il reste à savoir la motivation première d’Ahmed Abdallah sur l’indépendance des
Comores. Voulait-il vraiment l’indépendance des Comores ou voulait-il les moyens de
s’enrichir et le fait d’avoir le pouvoir lui permettait d’avoir le monopole ?
Le 6 juillet 1975 Ahmed Abdallah, originaire d’Anjouan, associé à une trentaine de députés
de toutes les îles sauf Mayotte, proclament unilatéralement l’indépendance des Comores et
devient président du pays mais seulement des trois îles. Ce fut déjà un des signes de l’échec
de cette indépendance. Le 3 août 1975 Ali Soilihi le renverse par un coup d’État audacieux,
mais son règne fut éphémère. Le 5 mai 1978 Bob Denard renverse Ali Soilihi et ramène
Ahmed Abdallah au pouvoir.
Avant l’indépendance, la centralisation de l’administration à Moroni a été mal perçue par les
Maorais et les Mohéliens. Ils trouvaient que les Grands-Comoriens et les Anjouanais
accaparaient le pouvoir. Cette centralisation du pouvoir et la disparité de développement entre
les îles faisait courir déjà des risques à l’unité de l’archipel. Vu l’insularité et les problèmes
des moyens de communication à l’époque, l’adoption d’un système fédéral était perçue
comme moyen d’éviter l’éclatement de l’archipel. «La fédération offre la possibilité pour
chaque île de préserver son identité en gérant ses propres affaires, de mettre à profit ses
atouts pour rattraper son retard par rapport aux autres. Le gouvernement français, par le
8 « La Réunion et l’océan Indien, De la décolonisation au XXIe siècle », Actes du colloque de Saint-Denis, 23, 24, 25, octobre 2006, sous la direction de Yvan COMBEAU. p. 46 à 47.
16
biais du ministre des DOM-TOM, mit l’accent sur la formule fédérale, considérant que c’était
le seul moyen d’échapper au piège de la balkanisation de l’archipel. Selon lui, chaque île
aurait un exécutif et un législatif séparés »9. Cette proposition à été rejetée en 1974 par les
dirigeants comoriens sous prétexte qu’elle mènerait à la division des Comores. Or l’objet
premier de cette fédération c’était d’offrir la possibilité à chaque île une autonomie. Ahmed
Abdallah revient au pouvoir en 1978 avec la même idée de fédération comme moyen ultime
de réintégrer Mayotte dans le giron comorien. Il est élu président de la République fédérale
islamique des Comores. Des gouverneurs des îles furent élus pour 5 ans au suffrage universel
direct et représentaient l’exécutif local. Chaque île fut reconnue comme une entité autonome
qui s’administrait librement et portait le nom de gouvernorat. Cette autonomie était limitée et
les îles fédérées n’ont pas la possibilité de se donner elles-mêmes une constitution. « Les
transferts des compétences effectués au profit des gouvernorats n’ont pas été accompagnés
d’un transfert des moyens suffisants et nécessaires à la gestion autonome des affaires de
chaque île. La constitution fédérale interdit aux gouvernorats la possibilité de bénéficier
d’aides extérieures sans l’accord de l’exécutif fédéral qui en apprécie l’opportunité »10. Il
s’agissait alors d’une autonomie limitée. Cette fédération était en faite théorique car en réalité
le pouvoir demeurait toujours centralisé, le Président accaparait tous les pouvoirs. Entant que
grand commerçant, un capitaliste si j’ose dire, la première motivation d’Ahmed Abdallah était
de perpétuer ses affaires et se comporter en roi. Souffrait-il lui aussi d’un complexe ? En tout
cas il a utilisé tous les moyens pour prendre le pouvoir afin de s’enrichir et non pour
construire un pays. Il suffit de regarder comment ses affaires prospéraient à l’époque et
comment il favorisait la dilapidation des deniers publiques.
Ceci ne veut pas dire que l’indépendance n’est pas une bonne chose. C’est la façon dont les
grands dirigeant de l’époque l’on gérée qui pose problème. Mais ceux qui sont venus après
Abdallah n’ont pas fait mieux non plus. Ils ont reproduit le même schéma des pratiques de
prédation de ses prédecesseurs. Pour se consoler, ou cacher leur amertume d’une mauvaise
gestion de l’indépendance, les Comoriens se contentent de dire que l’indépendance doit être
un honneur et une fierté nationale. Mais l’honneur et la fierté ne doivent pas être seulement
des paroles. A notre époque elles doivent être concrètes, accompagnées d’action, des gestes
qui permettront aux Comoriens d’être fiers de leur pays. Donc une indépendance financière et
9 Abdou Djabir, les Comores un Etat en construction, Paris, L’Harmattan, 1993, p 122.
10 Idem, p 127. 17
économique s’impose. Tant qu’on continue à dépendre des autres, l’honneur et la fierté n’ont
pas de sens. Il y’a eu assez d’humiliation !
Idriss Mohamed11, a montré que la demande de l’indépendance des Comores est un choix
courageux et qu’il ne faut pas regretter : « « S’il y a plein de trous sur les routes, sous la
colonisation, il n’y avait pas de routes ; s’il y a de fréquentes coupures d’électricité, à
l’époque, il n’y avait pas d’électricité en dehors de Moroni ; si la centaine d’établissements
d’enseignement secondaire est mal entretenue, avant l’indépendance, il n’y avait que 3
établissements secondaires »12, Ces propos viennent montrer en quelque sorte que la France
malgré un siècle et plus de présence aux Comores, n’a rien fait pour ce pays. Elle a laissé ce
pays dans un état de sous-développement économique et social mais il ne faut pas regretter
l’indépendance, il faut plutôt l’assumer. Tant qu’il y’a une volonté il y’a un chemin.
3 LES DEBOIRES DE LA REPUBLIQUE
Après que la France ait retiré ses techniciens en décembre, le pays a été géré par les
autochtones dont la technique et le sens de gouverner un État faisaient défaut. Avec l’arrivée
au pouvoir d’Ahmed Abdallah en 1978 et l’instauration de la République fédérale islamique
des Comores, l’accent était mis non pas sur le développement et la construction du pays, mais
sur l’utilisation et la redistribution des aides étrangères. Tout ce qui a été construit à l’époque
« révolutionnaire » d’Ali Soilih (Août 1975 à mai 1978), les réformes, qui allaient dans le
sens de la consolidation d’un État, de l’autosuffisance et de la décentralisation, ont été
diabolisées, bannies et détruites par le pouvoir Abdallah. Le pays fut géré par des gens qui
n’avaient pas compris les devoirs et les charges de l’indépendance. Cet État fédéral a donné
une grande place aux prédateurs et aux gaspillages des biens publics. L’État n’était pas le
garant du bien commun, mais un moyen de s’enrichir. Une catégorie de personnes appelées
« wana hatru »13, ont confisqué le pouvoir et toutes les pratiques dans les affaires leur étaient
permises. Les riches se sont trop enrichis et les pauvres devenus de plus en plus pauvres et
11 Gérant Fondateur de Comores Informatique www.comoresinformatique.com, membre du Front Démocratique et du Comité Maoré. Candidat aux présidentielles des îles 2007.
12 « La revendication de Mayotte à l’honneur », dans Témoignages, 15 novembre 2007 (page8).
13 Littéralement « nos enfants », c'est-à-dire les enfants des classes privilégiées.18
ceux qui n’adhéraient pas à cette politique sont relégués au dernier rang, emprisonnés et
torturés.
Les déboires de la République fédérale islamique, que certains qualifient d’échec de
l’indépendance, d’autres d’un « espoir déçu »14, a dans une grande partie nourri cet esprit du
séparatisme, et éloigné de plus en plus Mayotte de la République des Comores.
Ce sombre panorama nous conduit à nous demander si une nouvelle architecture
institutionnelle (indépendance, fédération ou confédération des îles), promet, à elle seule la
solution à la crise comorienne ? On voit que la grande partie des problèmes vient de l’héritage
colonial, de la République fédérale islamique des Comores et de sa mauvaise gestion des
affaires administratives, de l’ignorance, de l’inefficacité des techniciens, du manque de
conscience professionnelle, du manque d’organisation de l’administration, du manque
d’honnêteté, de l’injustice. Est-ce que les Comoriens sont prêts à changer de mentalité pour
reconquérir un vrai État stable et une vraie indépendance ?
4 LES REPRESENTATIONS QU’ON SE FAIT DES COMORES
Les représentations qu’on se fait des Comores comme pays en déclin ou un État
« criminalisé »15 ne font que porter préjudice à l’État comorien.
Depuis leur indépendance, les îles Comores ne font pas bonne presse. Elles n’ont pas
bénéficié d’une image valorisante auprès de leur ancien colonisateur. L’image que les médias
véhiculent des Comores, est celle d’un pays instable politiquement, avec de multiples coups
d’État. Rarement fait-on apparaître les atouts dont le pays dispose et qui, bien exploités
pourraient lui assurer un avenir meilleur. Dans un article paru sur le site internet (http :
//www. Diplomatie.gouv.fr/) on peu lire : « Conséquence de l’instabilité chronique, le pays
n’a jamais réussi à créer les conditions d’un décollage économique, les Comores souffrent de
leur morcellement géographique et manquent d’infrastructures qui pourraient désenclaver
les îles. Le seul port pouvant accueillir des navires de gros tonnages se trouve à Anjouan. Le
réseau routier est en mauvais état. Les moyens de transport réguliers par voie maritime entre 14 Titre de l’économiste, Msa Abdallah, Comores 1975-2000 un espoir déçu, bilan économique et social de vingt-cinq années d’indépendance, Paris, Les éditions de l’Officine, 2001.
15 JPR, Dictionnaire géopolitique des États 98, sous la direction de LACOSTE Yves, Paris, Flammarion, 1998, p. 150
19
les îles et vers Mayotte ont quasiment disparu en 2004 et 2005». Malheureusement ce tableau
noir traduit la vérité du pays. A ces conditions défavorables, il faut rajouter des carences
répétées dans la gestion des finances publiques, la corruption généralisée, les inégalités
sociales, l’abus de pouvoir, les problèmes d’énergie et de la télécommunication, jugées parmi
les plus chères au monde pour un service aussi médiocre, les arriérés des salaires des
fonctionnaires, un secteur privé en phase de balbutiement. Mais la majeure partie de ses
problèmes ne date pas d’aujourd’hui, et ne vient pas tout simplement de la faiblesse de
l’appareil d’État et de l’incapacité des Comoriens à gérer le pays. Les Comoriens estiment
que la France a une grande part de responsabilité sur la stagnation des Comores. Le manque
de formation et de qualification des cadres qui ont géré les Comores tout de suite après
l’indépendance est une erreur de la France. Dans un article du Figaro du samedi 21 et
dimanche 22 décembre 1974 Hélène de Félicie résume l’attitude de la France envers les
Comores de la façon suivante : « La France doit continuer à les aider, la France n’a pas fait
grand-chose ici en plus d’un siècle de colonisation, il n’y a pas lieu d’en être fier, mais par
contre elle n’a rien détruit, ni la souveraineté, ni la personnalité comorienne forgée par
l’islam… La France n’a apporté que très peu d’aide à ce territoire malgré sa longue présence
sur les lieux. En 1974, les îles ne comptent pas de véritables routes, pas d’électricité, pas la
moindre industrie. Les relations inter-îles sont quasi-inexistantes : à peine quelques avions
par semaine, et pas de bateaux réguliers ». Malgré sa situation dans l’une des plus grandes
voies maritimes du monde, l’archipel des Comores est enclavé, isolé et même méconnu par
une grande partie du monde.
Cette représentation négative qu’on se fait des Comores pèse lourd sur le développement et
l’avenir de ce pays. Tout fois, Alain Deschamps, ancien Ambassadeur de France aux Comores
de 1983 à 1987, nous montre que ce pays si démuni dispose de beaucoup d’atouts, comme la
très grande gentillesse de son peuple : « j’ai constaté à bien de reprise que des compatriotes
arrivés à Moroni avec de solides préjugés…en repartaient conquis par la facilité des
relations, la liberté du propos, la chaleur d’un accueil simple et bon enfant. Pas d’arrogance
chez les nobles, pas d’acrimonie chez ceux qui ne le sont pas. Je me suis parfois dit, à
Moroni, que si les Comoriens étaient les maîtres du monde, le monde serait plus plaisant. Je
ne veux pas dire pour autant qu’il serait meilleurs »16. Peut-on interpréter à travers ces propos
que les Comoriens sont des plaisantins ?, des naïfs et qu’ils manquent du sérieux ? Il est
16 Alain Deschamps, Les Comores d’Ahmed Abdallah, mercenaires, révolutionnaires et ceolacanthe, Paris, Edition Karthala, 2005, page 48.
20
certain que dans la vie de tous les jours, les Comoriens sont des gens faciles à vivre,
chaleureux et accueillants, mais en termes de négociation « politique » il en est autre. Les
Comoriens sont de natures résistantes et conservatrices. Il suffit d’observer attentivement
l’histoire de la conquête et de la colonisation de l’archipel des Comores jusqu’à nos jours pour
se rendre à l’évidence que les Comoriens n’intègre pas facilement ou pas du tout un système
étranger susceptible de fragiliser ou déstabiliser leur mode de vie traditionnelle.
5 LE RÔLE DE LA FRANCE DANS LES CONFLITS DES ÎLES COMORES
Depuis leur indépendance les Comores comptabilisent plusieurs coups d’État et tentatives.
Sur les quatre réussis trois sont menés par le mercenaire français Bob Denard. A part le
président Azali, aucun président comorien n’a quitté le pouvoir à la fin légale de son mandat.
Qu’il soit élu ou arrivé au pouvoir par coup d’État, le départ est brutal.
En 1978, le président Ali Soilih (père de la révolution aux Comores) est assassiné après le
coup d’Etat d’Ahmed Abdallah.
En 1989, le président Ahmed Abdallah (père de l’indépendance des Comores) est tué d’une
rafale de balles dans sa résidence en présence de Bob Denard et de deux autres mercenaires
dans des conditions troubles.
1995, le président Djohar (Père de la démocratie aux Comores), élu au suffrage universel est
déporté à la Réunion par l’armée française après un coup d’Etat de Bob Denard.
En 1998, le président Taki, élu au suffrage universel, meurt subitement après quelques heures
d’un long voyage à l’étranger. Une mort qui suscite des interrogations chez certains proches
du défunt, mais on saura jamais la vérité car la religion et la tradition comorienne interdisent
l’autopsie.
De 1997 à nos jours le séparatisme se répand. Cette situation a provoqué une lente
dégradation des institutions, des infrastructures de base et de l’économie comorienne.
Les ministres se contentent de gérer le quotidien, ils n’osent pas entamer des reformes car non
seulement les reformes coûtent chers mais en plus, les acteurs ne savent pas s’ils resteront là
assez longtemps pour les mener à terme. Tous ces événements ne font qu’affecter la
crédibilité et la viabilité de l’État comorien indépendant. La dépendance économique et
21
financière des Comores aux aides extérieures et plus particulièrement de leur ancien
colonisateur font que l’État comorien est assis sur des bases fragiles. Les Comores n’ont pas
construit un État, mais un château de sable et au moindre coup de vent il s’écroule.
En plus du rattachement de Mayotte, la montée des conflits entre les îles, la France souvent
montrée du doigt par les Comoriens plus particulièrement par les unionistes est accusée de
saboter l’équilibre politique des îles, depuis leur l’indépendance. A part l’incapacité des
comoriens à bien gérer leurs affaires politiques, la corruption et les inégalités sociales et
économiques, le rattachement de Mayotte à la France et l’instauration du visa de Mayotte
depuis 1994 ont des conséquences graves sur les autres îles de l’archipel des Comores. A ce
rythme permanent d’instabilité politique, aucun État n’aurait la force de tenir debout. Mayotte
représentée comme l’eldorado pour une catégorie de population comorienne, attire des exclus
de la société comorienne ou du marché du travail que l’Etat est incapable d’insérer. Ces
chômeurs, en grande partie Anjouanais qui partent à la recherche d’emplois et d’une vie
meilleure, qui sont prêts à tout quitte à mettre leur vie en danger pour arriver à Mayotte le
traitement infligé à cette population par les autorités française ne fait que monter les Mahorais
contre les autres Comoriens et creuser le fossé entre ces îles.
Pour autant, nous devrons tenir compte du rôle clé que joue la France dans ces conflits par son
ingérence répétée par coup de forces mais nous ne pouvons pas ignorer les complots des
politiciens comoriens dans leurs conflits internes.
A travers l’ouvrage d’Alain Deschamps, il montre comment les grands politiciens comoriens,
originaires de Moroni, qui se réclament descendant du même ancêtre, « Charif Abdallah »17
influence la vie politique des Comores. « Ces porphyrogénètes se retrouvent dans les
gouvernements successifs, collaborent, s’opposent, se détestent, s’anathémisent, complotent,
dans les cas extrêmes s’exilent, voire s’emprisonnent un temps, se réconcilient, se trahissent
de nouveau. Ils ne manquent pas à chaque étape de faire-valoir à Paris, la justesse de leur
cause et la perversité de leurs adversaires du moment. Cette comédie en cent actes divers où
l’idéologie, trop souvent cause ailleurs des plus regrettables excès n’a heureusement pas de
places et ne débouchait pas sur des tragédies tant que l’étranger ne s’en mêlait pas ».18 Ceci
explique les enjeux politiques majeurs que les leaders Grands-Comoriens, entant que
principaux acteurs au niveau local ont joués dans l’instabilité du pays. La vie politique aux
17 Grand personnage à Moroni au 19è siècle, et soit disant descendant du prophète
18 Alain Deschamps, 2005, page 52 à 53.22
Comores se présente comme un héritage familial. Des cousins issus de bonnes familles qui
détenaient le leadership en politique ont tenté par tous les coups pour le conserver.
6 LE RETOUR DE L’HISTOIRE : UNE RECONQUETE DES ÎLES COMORES
Avec le déclenchement du séparatisme à Anjouan et le débarquement des troupes de l’Union
africaine, l’arrivée des pays du Golfe, des Iraniens, des Américains, des Africains, nous avons
l’impression de retrouver le même schéma de la conquête des îles Comores. En se référant à
l’histoire coloniale des Comores, il semble qu’à chaque fois les Français ont profité de
troubles intérieurs pour imposer leurs vues.
Depuis l’indépendance certains Comoriens sont convaincus que la France n’est pas favorable
à un développement économique de leur pays ; et que la France n’aime pas que d’autres États
s’intéressent aux Comores. Elle utilise tous les moyens pour empêcher les autres pays à venir
aux Comores. Ils estiment qu’à chaque fois qu’une stabilité politique est possible des conflits
surgissent, à cause de la France.
« L’arrivée d’un opérateur portuaire plus sérieux que la société française qui était là, les
sociétés d’investissement du Koweït, de la Libye, et des Emirats Arabes Unis qui s’intéressent
aux transports maritime et aérien, aux infrastructures hôtelières et au système bancaire
inquiètent les Français ».19 Les Comoriens en soif de développement et qui aimeraient bien
voir leur pays décoller ont très peur d’un éventuel sabotage ou un frein à ces projets avec
leurs nouveaux partenaires. Le président Sambi affiche une nette ouverture des Comores
envers les pays arabes. Et le paysage politique de l’Union des Comores et de l’île de la
Grande-Comore reste dominé par des arabisants.
Nous parlons en ce moment d’une nouvelle entente franco-comorienne qui vient de se mettre
en place. Yves Jégo, ministre français de l’Outr-Mer, en visite à Moroni le 15 et 16 mai 2008,
accompagné du ministre de la coopération, ont dévoilé le plan du gouvernement français pour
entamer « une nouvelle entente » avec les Comores. Cette nouvelle entente devrait aboutir
selon le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer à la signature d'un accord bilatéral entre les deux pays,
début 2009. Ce qui n'était jamais arrivé depuis la proclamation d'indépendance unilatérale
19 Source : URL : http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=19067 A. Mohamed, Brigitte Girardin à Moroni, Article paru dans Témoignages le 7 décembre 2006 (page 10).
23
d'Ahmad Abdallah en 1975. Dans le cadre d'une visite de Nicolas Sarkozy à Moroni, prévu au
début 2009, un accord bilatéral devrait être signé. Selon Yves Jégo, cet accord ouvrira une
nouvelle phase des relations jusqu’à présentes très tendues entre les deux pays. Il poursuit en
ajoutant que « cela fait 33 ans que les deux parties tiennent le même discours ; nous devons
désormais entamer une nouvelle ère. Son collègue du gouvernement, Alain Joyandet, avait
pour sa part exprimé, sa volonté de concevoir une coopération qui regroupe les quatre îles de
l’archipel. Les échanges entre les îles sœurs doivent être prioritaires. C’est pourquoi, nous
avons reçu un mandat des présidents de créer un cadre institutionnel nouveau. Il va y avoir
un cadre original car il y a une situation originale ».20 (Voire l’intégralité de l’article en
annexe 2)
Contrairement à ce qui s’est passé les années précédentes, juste après l’indépendance, nous
constatons que depuis l’opération « Démocratie aux Comores », la France manifeste vivement
un intérêt particulier à la stabilité et au développement de ces îles. S’agit-il des actions
sincères ou comme nous l’avons vu en haut c’est pour empêcher les autres pays à venir ?
L’avenir nous le dira. Malgré les aides pour payer les fonctionnaires et autres subventions
apportées par la France, les Comoriens auraient préféré que leur ancienne puissance de tutelle
les laisse en paix plutôt que de jouer le « pompier pyromane ». En tout cas le peu que je
puisse dire beaucoup de Comoriens restent septiques à cet accord. Quant à Youssouf Said, un
grand commis de l’État, il trouve que c’est une bonne chose d’avoir des bonnes relations avec
la France car cela constitue un gage de la stabilité et à ses yeux, cela est plus important que
l’argent qu’elle peut nous donner21.
La France est pour les Comoriens leur premier ennemi. Une des affirmations politiques les
plus populaires aux Comores est : « Tous nos malheurs viennent de la France ». Et on peut
dire qu’ils ont quelque part raison. D’après ce que nous avons vu jusqu’ici, nous trouvons
que le séparatisme aux îles Comores et l’instabilité permanente sont très liés à la géopolitique
externe et plus particulièrement à la France et à la politique de la France en vers les Comores
maintenant.
Le secrétaire d’État aux Départements et Territoires d’outre-mer, Olivier Stirn, le 17 octobre
1974, devant l’Assemblée nationale a déclaré, notamment que : « On a dit que les Comores
20 VM, Malango Actualité 2008, « la nouvelle entente franco-comorienne », 17 mai 2008
21 Source : URL : http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=19067 A. Mohamed, Brigitte Girardin à Moroni, Article paru dans Témoignages le 7 décembre 2006 (page 10).
24
seront un pays fragile. C’est vrai : son économie et la défense de son indépendance seront
fragiles. Mais ne le rendons pas plus fragile encore par un vote dont le résultat serait de
l’amputer d’une partie de lui-même et d’accentuer ainsi la faiblesse que vous redoutez. ».22
Ces propos montrent que la situation qui prévaut actuellement aux Comores était prévisible.
Les autorités françaises qui orchestraient la partition des îles Comores étaient conscientes de
l’avenir de cet État, seuls les Comoriens n’avaient pas compris ou ne voulaient pas
comprendre. Il ne s’agit pas tout simplement de prendre l’indépendance il fallait voir l’après,
comment gérer la situation. On ne gère pas un pays comme on gère une épicerie!
CHAPITRE II : CAUSE ET ORIGINE DU SEPARATISME AUX ÎLES COMORES
Même si le séparatisme23 n’est pas un phénomène nouveau aux Comores, l’emploi du mot
séparatisme est entré dans le langage des Comoriens à partir de la sécession d’Anjouan en
1997. Auparavant, on parlait du départ de Mayotte, l’élite employait le terme sécession
maoraise, du rattachement de Mayotte à la France et les moins instruits parlaient de
l’arrachement de Mayotte, du vol de Mayotte par la France. Les origines du séparatisme aux
Comores sont à l’évidence complexes et diverses. Les facteurs explicatifs les plus
communément avancés sont jusqu’alors d’ordre politique et économique. Certes ces facteurs
sont les plus évidents mais ils ne sont pas suffisants pour mieux comprendre ce conflit. Il
existe donc d’autres facteurs explicatifs qu’on n’affiche pas, par pudeur ou par hypocrisie
alors qu’ils sont peut être les germes du séparatisme comorien.
LES REPRESENTATIONS DES COMORIENS ENVERS EUX
Les îles Comores sont proches les unes des autres, l’unité et l’intégrité territoriale sont
largement prouvées. Tout de même, il existe chez les Comoriens une distance entre les
mentalités et les comportements mais le sujet reste encore tabou. Parfois on fait passer cette
distinction sous forme d’une plaisanterie pour marquer un dédain ou une méfiance:
22 Cité par Namira Nahouza, Indépendance et partition des Comores (1974-1978), KomEdit, Moroni Comores, 2005.
23 Le petit Robert définit le séparatisme par une tendance, un mouvement séparatiste. Le mot séparatiste vient du terme séparer, personne qui réclame une séparation d’ordre politique, l’autonomie par rapport à un État, une fédération. Le séparatisme a comme synonyme autonomie, dissident, indépendantiste, sécessionniste.
25
Twabiya za 24 mdru mdzuwani1, twabiya za mdru mu mwali2, twabiya za mdru mmawore3,
twabiya za mgazidja4, twabiya za mdru msafarini5, twabiya za mdru mmoroni6 tawbiya za
mdru mledjuwu7, twabiya za mlozi8, twabiya za mshendzi9. Ces stéréotypes « négatifs » que
les Comoriens s’attribuent en fonction de leur île d’origine, de leur village ou de leur ville, de
leur catégorie sociale, alimente d’une part ce particularisme. Mais ces représentations ne sont
pas particulières à propos des Comores. Emmanuel Bernabeu-Casanova25 dans son mémoire
de thèse montre que : « Le dédain des îles entre elles, est d’ailleurs la norme, tandis que la
solidarité entre les îles est l’exception ». Les Comoriens n’échappent pas alors à cette norme
des îles. Effectivement les stéréotypes on trouve dans tout les pays, mais pour notre cas, ils
peuvent aller jusqu’à la marginalisation ou l’exclusion de certaines catégories sociales dans
l’administration. Il suffit de faire un peu attention dans certaines discussions pour
comprendre le chauvinisme comorien un peu revanchard.
FRUSTRATION ET SEPARATION DES ÎLES
Les Comoriens des quatre îles constituent une population unie par la religion, la culture,
l’histoire. Les Arabes du Yémen qui sont à l’origine de l’aristocratie des villes et les
Malgaches teintés de Malais se sont mélangés et en ont fait une population originale.
L’introduction de l’islam et son encrage aux Comores ont fait en sorte que les Comoriens ont
gardé des relations privilégiés avec les Arabes et ont généralement des présupposés sur les
Africains et les Malgaches. Malgré cette unité les Comoriens et plus particulièrement, les
Grands Comoriens et les Anjouanais, qui s’estiment bien nés et instruits donc civilisés par
rapport aux autres se considèrent détenteurs du pouvoir. Ils cherchent à se distinguer ou se
montrer supérieurs ou différents des autres et exclure certaines catégories sociales du
pouvoir.
24 Twabiya za : comportement ou mentalité de, 1 Anjouanais, 2 Mohélien, 3 Mahorais, 4 Grand-Comorien, 5 paysan, 6 originaire de Moroni, 7 campagnard, 8 un pêcheur, 9 esclave
25 Emmanuel Bernabeu-Casanova, la Corse, la Sardaigne, l’Europe, une nouvelle donne géopolitique entre région, Etats-nations et Union européene ?, thèse soutenue le 19 décembre 2002 à l’Institut français de géopolitique (IFG) université Paris8
26
Jean Fasquel26, souligne que « l’originalité de Mayotte tient à l’importance relative de
l’apport malgache et à la société agraire qui lui est lié (Makoa et Cafres)27, descendants des
esclaves importés d’Afrique noire. Or Ngazidja et Ndzuwani, plus aristocratiques, plus
urbaines, sont davantage tournées vers le monde islamique…». Loin d’être une distinction
entre esclaves et non-esclaves, l’organisation politique comorienne, se reproduit à plusieurs
échelles, en suivant la dynamique traditionnellement. La catégorisation de la société
comorienne ne date pas de l’indépendance des Comores. La société comorienne est une
société traditionnellement hiérarchisée, de la famille jusqu’au sommet de l’Etat. Elle n’est pas
visible seulement dans la classe politique mais aussi dans l’organisation traditionnelle des
villes et villages, des quartiers et des familles. Et si on suit bien cette dynamique chacun a sa
place et doit rester à sa place.
Les Maorais trouvaient que les Grands-Comoriens et les Anjouanais avaient un
comportement de mépris envers eux car, « Traditionnellement les Mahorais sont en majorité
agriculteurs alors que les grandes familles musulmanes de Ngazidja et de Ndzouani
réservaient cette activité à leurs esclaves »28. Ces représentations ont engendré des
frustrations chez les Maorais, et a suscité en quelque sorte le désire des Maorais de se séparer
des deux autres îles. Ces anciens clivages entre fils d’esclaves et descendants des Arabes, ou
d’un petit village à la grande ville, restent encore ancrés dans les consciences des Comoriens
et nourrissent encore les nouveaux conflits de pouvoir politique. Cette différence quoique
rarement évoquée a pesé lourd sur l’histoire des Comores jusqu’à aujourd’hui. En plus de ces
tensions entre les îles sur des bases identitaires, existent les facteurs politiques. « Les îles et
leurs populations ne sont pas traitées toutes, en fait comme des entités territoriales et
nationales égales, ayant droit aux mêmes considérations et au même traitement en dignité,
surtout lorsqu’elles n’entrent pas en compte dans les rapports de force qui président à la
conquête et à la conservation du pouvoir central »29. L’ordre établit dans le sens décroissant ;
est de Ngazidja, Ndzuwani, Mawore, Mwali. Cette hiérarchisation des îles se répercute aussi
sur les postes de responsabilité. Avant l’indépendance et selon Flobert30 : « Si l’on doit choisir
26 Jean Fasquel, Mayotte, les Comores et la France, Paris L’Harmattan, 1991, pages 24, 27, 28
27 Les Makoas et Cafres: Originaires de la côte africaine. Ils serait les Premiers habitants de l'archipel.
28 Jean Fasquel, pages 99,
29 Abdou Djabir, les Comores un Etat en construction, Paris, L’Harmattan, 1993, p 121.
30 Cité par Jean-Louis GUEBOURG, « La Grande-Comore, Des Sultans aux mercenaires », page 112.27
dix fonctionnaires, il faudra impérativement et automatiquement quatre Grand-Comoriens,
trois Anjouanais, deux Mahorais et un Mohélien ». Les recrutements des fonctionnaires
suscitaient les mécontentements des Maorais et des Mohéliens. Après l’indépendance, l’accès
à la fonction publique continue à se faire par favoritisme et par filiation à un clan politique
puissant. Les Anjouanais et les Grand-Comoriens continuaient à occuper les postes clés et les
fonctions importantes. Mohéli classée « yisiwa mahsusu »31 se sentait toujours défavorisée
même si après avoir réclamé l’équilibre des îles ils rentrent petit à petit dans la cours des
grands. Malgré tout, les Mohéliens sont toujours considérés comme des mauvais gestionnaires
des affaires politiques et administratives. Ce petit détail, de sentiment de mépris n’est pas
insignifiant. Il est jugé mineur, et reste un tabou or, il a nourri la haine et la rancœur chez des
gens, blessés dans leur amour propre et qui ne sont pas prêts à pardonner. Ils préfèrent se
séparer. Jusqu’à maintenant, certains Maorais se sentent rejetés dans les cercles des Grands-
Comoriens. C’est le cas d’un jeune Mahorais qui m’a témoigné de son désarroi : « Moi je suis
marié avec une Grande-Comorienne, dans la commune où je vis ici en France, je participais
activement dans la vie associatives des Comoriens, mais à chaque fois on me rappelait
indirectement que je suis un Mahorais et je ne dois pas être au devant de l’association. Il était
inconcevable que je devienne un jour le président de l’association, malgré tout mon
dévouement. Je n’avis pas ma place selon eux. C’est décourageant. Maintenant j’ai pris du
recule. J’ai compris que les Grands-Comoriens ont du mal à accepter les autres. Si dans une
simple association on ne nous accepte pas j’imagine un peu ce qui pourrait donner dans un
gouvernement. »32. Malheureusement ces structures culturelles qui pourraient relayer la
politique politicienne ne sont pas exploitées à bon escient. Le sectarisme est trop fort dans
l’état d’esprit de beaucoup des Comoriens. Selon ce jeune, la rancœur des Mahorais envers les
Grands-Comoriens et les Anjouanais ces dernières années, elle vient « d’un ras le bol et d’un
manque de confiance. Il y a eu trop de dégâts. Avant aucun Grand-Comorien ou Anjouanais
ne dormaient pas dehors. Ils étaient accueillis ouvertement par les Mahorais. On les
considérait comme des frères. On leur proposait en mariage nos sœurs et cousines. Mais une
fois que leur situation s’est améliorée, ils abandonnent femmes et enfants. Des enfants qui ont
maintenant 18 et 25 ans et qui ont des responsabilités dans l’administration ou ailleurs. Ils ont
l’esprit de vengeance »33. Il poursuit en disant, pour en arriver là il y a eu accumulation de 31 Île spéciale
32 Témoignage d’Ahmed, un jeune Maorais
33 Ibid28
beaucoup de choses : C’est vrai il peut y avoir manipulation des Mahorais quelque part, mais
c’est plutôt, le mauvais comportement de ces pères indignes, le manque de sincérité, les vols
de papiers et de braquage de maisons qui poussent les Mahorais à agir mal envers les Grands-
Comoriens et les Anjouanais. Et il faut rajouter aussi qu’à Mayotte les Grands-Comoriens et
les Anjouanais ne s’aiment pas entre eux. Ceux qui sont bien intégrés dans le système ne
veulent pas que d’autres viennent leur piquer leurs places. L’administration mahoraise n’est
pas la seule responsable des reconduite à la frontière des Anjouanais et des Grands-
Comoriens. Elle se fait aussi avec la complicité de certains cadres Grands-Comoriens et
Anjouanais qui beaucoup d’entre eux travaillent à la préfecture. Quant aux rivalités entre les
femmes, ça c’est la loi de la nature. Aucune femme n’accueille pas sa rivale à bras le corps.
Beaucoup des femmes Grand-Comoriennes se plaignent de mauvais traitements, et
d’harcèlement verbal venant des Mahoraises. Mais la polygamie à Mayotte ne fait pas que des
heureux.
LA NATURE DU MOUVEMENT MAHORAIS
Ce mouvement est né en 1958 lorsque la chambre des députés des Comores a pris la
résolution de transférer la capitale des Comores de Mayotte à la Grande-Comore. La décision
de la France, à la demande de Saïd Mohamed Cheikh34 de transférer la capitale de
Dzaoudzi(Mayotte) à Moroni (Grande-Comore) dans les années 60 a révolté les Mahorais.
Des femmes se trouvant seules du jour au lendemain sont descendues dans la rue pour
demander le retour immédiat de leurs maris. Elles ont formé un mouvement pour la défense
des intérêts des Mahorais mené par Zaina Mdéré35.
Ce mouvement avait comme principaux leaders, les représentants de la bourgeoisie locale. Et
beaucoup des membres influents du mouvement étaient des créoles et chrétiens. « Il ne
s’agissait là que de la création d’un groupe de pression politique destiné à éviter le transfert
de la capital. A cette époque son action se bornait à cet objectif, et ses thèmes étaient alors
exclusifs de la moindre intention séparatiste. Ils n’évoquaient que les risques au demeurant
34 Said Mohamed Cheikh : président du conseil du gouvernement du territoire des Comores de 1962 à 1970, (interlocuteur privilégier du Général de Gaule)
35 Zaina Mdéré (1917-1999) militante et présidente du Mouvement Populaire Mahorais, elle mène tous les coups contre l’administration comorienne. Femme de tous les combats comme les jets de pierres le 12 août 1966 contre le président Said Mohamed cheikh. Elle fait partie des 22 femmes emprisonnées pour avoir mené des actions violentes dans l’île. Ceux qui l’ont approché ont loué en elle le talent d’oratrice qui savait galvaniser les foules, et sa force de persuasion dans les villages Mahorais.
29
réels de catastrophe pour l’économie locale, du fait du départ des administrations de
Mayotte… Le mouvement mahorais ne se révéla dans sa nature séparatiste qu’au moment du
transfert de la capitale à Moroni en 1962 »36. C’est à partir du transfert de la capital, que la
communauté créole dirigée par Marcel Henry37 avec l’appuie de Younoussa Bamana38, s’est
constituée en lobbying pour contester le pouvoir en place et faire triompher auprès des
Mahorais leurs idées sécessionnistes.
Ce transfert a déclenché les hostilités et la rancœur des Maorais. C’est là où réside la cause
la plus évidente de la rupture devenue irréversible. En effet, la sécession qui a pris origine
officiellement à partir de cet événement va marquer la géopolitique externe et interne des
Comores depuis leur indépendance à jusqu’à nos jours.
Réellement le transfert de la capitale de Mayotte à la Grande-Comore a eu lieu par la volonté
de la puissance administrative et non par la simple volonté des élus Grand-Comoriens qui
n’avaient aucun pouvoir de décision à cette époque coloniale. Si la France ne voulait pas de ce
transfert il n’aurait pas eu lieu. Autre chose, le transfert de la capitale est dû du fait que par
rapport aux Grands-Comoriens, les Mahorais n’avaient pas les capacités intellectuelles et
morales pour assumer certaines responsabilités qui exigeaient un minimum de savoir. Mais
pour les Mahorais, les Grands Comoriens sont responsables de ce changement. S’agit-il d’un
manque de lucidité de leur part ou d’une manipulation de la France pour faciliter la
balkanisation du pays ? Il est évident que ce départ des administrations et des fonctionnaires
à Mayotte, engendre une perte d’emplois, et une perte du pouvoir politique. Ce changement
de la capitale les Mahorais ne l’ont jamais toléré. Il a entraîné chez eux des souffrances et des
frustrations. L’accumulation des faits historiques et culturels, la spoliation de Mayotte au
temps de l’autonomie interne, ont poussé les Mahorais lors de la consultation de 1974 pour
l’indépendance des Comores à exprimer leur mécontentement en affirmant à 64% et à plus
de 90% en 1976 leur rattachement à la France. Et certains Mahorais disaient même « j’aime
36 Joël Giraud, Unité Nationale et Décolonisation des Comores, mémoire de DEA, Université d’Aix-en-Provence, faculté de Droit et de Sciences Humaines. ( la date n’est pas mentionnée).
37 Né le 30 octobre 1926, gérant de société, c’est une personnalité politique de Mayotte, ancien sénateur de Mayotte dans la Vème République, membre du groupe de l’Union centriste, élu le 25 septembre 1977, réélu en 1986, réélu en 1995, fin de mandat le 30 septembre 2004
38 (1935-2007) à Mayotte, grand homme politique mahorais, une des figures majeures de la lutte pour le maintien de Mayotte à la France. (Voire son portrais en annexe N°2)
30
encore mieux dépendre de la France que devenir, depuis dix ans, la colonie de la Grande-
Comore ou dominion d’Anjouan »39.
En proclament hâtivement l’indépendance des Comores le 6 juillet 1975, Ahmed Abdallah
offrait aux Maorais l’occasion longtemps rêvée de déclarer son rattachement à la France et de
se séparer des autres îles sœurs. Par ailleurs, beaucoup des Mahorais se sont battus pour
l’union des îles, pour ne citer que les « serré la main »40. Et ils ont payé le prix. Ils étaient
malmenés, pris pour des traitres, marginalisés, exclus de la société maoraise jusqu’au
paiement d’un tribut. « Et beaucoup d’entre eux ont été déporté en boutre vers les autres îles
lors du référendum de 1974 »41. Le même scénario s’est produit à Anjouan lors du
déclanchement du mouvement sécessionniste en 199742. Les Anjouanais qui étaient censés
défendre l’Union ont été chassé d’Anjouan, leurs maisons ont été saccagées. Ce qui fait que
certains Anjouanais jouaient un « double jeu ». Ils étaient unionistes une fois à la Grande-
Comore, et séparatistes lorsqu’ils étaient à Anjouan, pour sauver leur peau.
LA SECESSION D’ANJOUAN ET SON EMERGENCE SUR LA SCENE
INTERNATIONALE
Le séparatisme anjouanais a déclenché le 3 août 1997 pendant que le pays traversait une
période de crise économique et financière. Les Comores venaient d’être sanctionnés par les
institutions de Bretton Wood parce qu’elles n’honoraient pas leurs engagements. « La dette
extérieure n’était plus payée, les salaires des agents de l’Etat n’étaient plus versés (17 mois
d’impayés), l’orthodoxie financière était constamment violée. Un rapport du Fonds monétaire
international accusait les superstructures de l’Etat de dépenser plus de 70% des recettes de
l’Etat »43. Personne ne songeait que cette crise économique et financière pouvait engendrer
une crise sécessionniste.
39Le Figaro, 27 juin 1975.
40 Partisans de l’indépendance et du maintien dans l’entité comorienne.
41 Association Fraternité comorienne, Examen du projet de loi concernant l’avenir institutionnel de Mayotte, Session parlementaire d’automne 1999.
42 Témoignage de M.Ahmed- Chamanga
43 Hamada Madi Boléro, les Comores : ma vérité, (document inédit) 31
Rappelons quelques dates-clé, pour comprendre un peu l’évolution de la crise séparatiste
d’Anjouan et la création de l’Union des Comores :
En 1997, l’île d’Anjouan fait sécession et demande à son tour son rattachement à la France.
Le 3 août les Anjouanais proclament leur indépendance.
Le 5 août, les séparatistes élisent Abdallah Ibrahim président de l’« Etat d'Anjouan ».
Les 3 au 5 septembre, l'armée fédérale débarque à Anjouan pour y rétablir l'ordre. Elle s’est
heurtée à la résistance des séparatistes. L’intervention est vouée à l’échec: un militaire tué
selon le gouvernement, une quarantaine selon les séparatistes. Plus de 80 sont faits
prisonniers. Toute la classe politique qui constituait l’opposition au régime du président Taki,
condamnait le débarquement.
Le 26 octobre, les séparatistes organisent un référendum et affirment que 99,47 %
d’Anjouanais ont voté « oui » à l'indépendance de l’île. Le référendum est dénoncé par les
organisations internationales. L’OUA tente d’instaurer une médiation.
En novembre 1998 le Président des Comores, M. Taki décède. Le Président par intérim
Tadjidine Ben Saïd Massounde désigne au poste de Premier Ministre Abbas Djoussouf, leader
du Forum, regroupant la plupart des partis d’opposition.
Décembre 1998 des affrontements violents entre les deux tendances séparatistes font plusieurs
dizaines de morts dans l’île d’Anjouan.
Avril 1999 La conférence inter îles réunie à Antananarivo (Madagascar) sous l’égide de
l’OUA pose les fondements d’un État fédéral, la République fédérale islamique des Comores
qui conférerait aux trois îles une large autonomie. La partie anjouanaise réserve néanmoins sa
signature avant consultation de la population. Des manifestations anti–anjouanaise éclatent à
Moroni à la suite du refus de la délégation anjouanaise de signer les accords d’Antananarivo.
L’armée comorienne prend le pouvoir dans la nuit du 29 au 30 avril.
Mai 1999 Le Colonel Azali Assoumani prête serment comme Chef de l’État comorien et
nomme un gouvernement pour mener à bien la transition jusqu’à l’application des accords
d’Antananarivo.
Janvier 2000 Anjouan rejette les accords d’Antananarivo par un référendum dont
l’organisation est condamnée par la communauté internationale.
32
Février/ Mars 2000 Sanctions de l’OUA à l’égard d’Anjouan : suspension des liaisons
maritimes et aériennes, des communications téléphoniques, des transferts bancaires vers l’île.
Cet embargo n’a pas été ratifié par l’ONU. Il a été renforcé en juillet, à la suite du sommet de
l’OUA, par un embargo maritime de l’île.
Mars 2000 Coup d’État avorté à la Grande-Comore.
Le 26 août 2000 Signature de l’accord de Fomboni (île de Mohéli) entre le gouvernement du
Colonel Azali et les séparatistes d’Anjouan. Cet accord prévoit la création d’une nouvelle
entité comorienne, les îles conservant une certaine autonomie financière et administrative.
Février 2001 Un accord cadre portant sur l’organisation du nouvel ensemble (Confédération
des îles des Comores) a été signé à Fomboni le 17 février 2001 par les représentants des trois
îles sous l’égide de l’OUA.
Décembre 2001 Approbation de la nouvelle Constitution de l’Union des Comores lors du
référendum du 23 décembre 2001, qui donna naissance à l’Union des Comores et enterra la
République fédérale islamique des Comores. L’Union des Comores sera présidée à tour de
rôle par un ressortissant d’une des 3 îles, élu par l’ensemble de la population de l’archipel,
pour 4 ans.
Mars 2002 Le colonel Bacar est élu président d’Anjouan le 31 mars 2002.
Avril 2002 Le colonel Azali, a été élu, le 14 avril 2002, Président de l’Union des Comores
Mai 2002 Le 19 mai 2002, Mzé Abdou Soulé Elbak est élu président de Ngazidja (Grande–
Comore) »44.
Par ailleurs, lors de l’indépendance des Comores en 1975, plus de 95% des Anjouanais ont
voté pour l’indépendance. Et depuis la mort d’Ahmed Abdallah en 1989, les Anjouanais
s’estiment, à leur tour, brimés par l’administration comorienne. Depuis l’arrivée au pouvoir de
Mohamed Taki originaire de la Grand-Comore (1996 à 1998), les Anjouanais se plaignaient
d’une centralisation excessive de l’administration. A cette période, des Grand-Comoriens de
la région de Hamahamet, qui se sont sentis lésés durant la présidence d’Ahmed Abdallah, et
qui se sont investis pour amener le président Taki au sommet de l’Etat, ont pris leur revanche.
Ils voulaient à leur tour accaparer et jouir du pouvoir. Ils l’affirmaient en disant : (yinu nde
yezi ya hatru) c’est-à-dire c’est notre pouvoir à nous ! Les Anjouanais qui ont eu l’habitude
d’avoir de hautes responsabilités, d’occuper les grands postes administratifs, et de bénéficier
de plusieurs avantages des pouvoirs précédents se sont sentis marginalisés. Pour exprimer leur
44 http://www.banque-France.fr, La crise séparatiste d’Anjouan et la création de l’Union des Comores
(chronologie)33
mécontentement les Anjouanais ont brandi le drapeau français et ont demandé leur
rattachement à la France. Au début, personne ne les prenait au sérieux. Les Grands-comoriens
en général se moquaient d’eux. Et les autorités non plus n’ont pas pris les choses au sérieux.
C’est à partir du 3 août 1997, lorsque, l’île déclarera son « indépendance » vis-à-vis des autres
îles des Comores que le gouvernement a commencé à prendre conscience de la gravité de la
situation. « Tous ceux qui soutenaient l’État central ont été maltraités et chassés
d’Anjouan »45. L’objectif des premiers séparatistes anjouanais, était d’arriver à arracher du
pouvoir de Moroni plus de prérogatives devant encourager la décentralisation. Il s’agit d’une
poignée de gens, des « kabaila 46», des religieux, d’anciens ministres, d’anciens directeurs des
administrations centrales ou régionales, d’anciens chefs militaires ou de simples
fonctionnaires qui avaient eu à exercer de hautes fonctions dans la République. Ils sont dirigés
par « fundi »47 Abdallah Ibrahim, un homme fort respecté dans l’île, issu d’une grande famille
de Mutsamudu. « Ce premier clan n’a jamais cru au rattachement de l’île avec l’ancienne
puissance coloniale, encore moins à l’indépendance d’Anjouan. C’étaient des gens en mal du
pouvoir et qu’une fois retrouvés leurs avantages il serait certain qu’ils abandonneraient
l’aventure.»48. Le gouvernement en place ignorait qu’il s’agissait d’un jeu de pouvoir et qu’il
était probable que les chefs séparatistes reviennent vers des bonnes intentions en récupérant
certains pouvoirs. Quant au second clan, de Baggoulam49 « Il tenait des discours très
radicaux, haineux, courtisant même des positions fascisantes»50 . Instrumentalisé et manipulé
par des expatriés français, il réclamait purement et simplement le rattachement d’Anjouan à la
France, sinon, leur indépendance et la création d’un Etat d’Anjouan indépendant reconnu aux
Nations-Unis. Ces expatriés qui rôdaient autour de ce clan, ont donné encore plus de crédit à
ce clan et fait croire à une population naïve au bout d’une extrême pauvreté que la France était
derrière leurs revendications et tôt ou tard ils pourront partir facilement à Mayotte ou en
Métropole. Depuis que Ali Soilih et d’Ahmed Abdallah, ont pris le pouvoir par coup d’Etat,
dans l’esprit des Comoriens, le pouvoir vient toujours de l’étranger et plus particulièrement
45 Témoignage de Ahmed Chamanga, originaire de Ouani (Anjouan), enseignant à l’INALCO
46 Nobles
47 Maître coranique
48 Hamada Madi Boléro, les Comores : ma vérité (document inédit)
49 Un chef religieux
50 idem34
des Français. Il est ancré dans leurs mémoires que pour accéder au pouvoir, il faut avoir le
soutien de l’État Français ou avoir recours au mercenariat.
Dans le journal comorien Alwatwan, Mme Sitou Raghadat, originaire d’Anjouan, vivant à la
Grande-Comore depuis plus de 25 ans explique que : « Au départ la sécession d’Anjouan
était considérée par certains comme un jeu d’enfant. Au fil du temps, cet acte qualifié
d’anodin a pris de l’ampleur et une autre nature. Les politiciens de tout bord ont trouvé à
travers cette crise un moyen plus facile et idéal de conquérir le pouvoir plutôt que le recours
des mercenaires ou autres méthodes trop compliquées et nécessitant des moyens
colossaux »51.
Le gouvernement Taki sous-estimait l’ampleur de la crise. Et les Anjouanais qui étaient au
pouvoir faisaient croire au président que la crise anjouanaise n’était qu’un coup de colère et
que tout finirait par s’arranger avec le temps. Les partis politiques au lieu de soutenir le
pouvoir en place pour sauver l’unité nationale en danger, cherchaient à exploiter la situation
pour prendre le pouvoir. Ils prétendaient avoir la solution à la crise. Pour déstabiliser le
président Taki, ils se rapprochaient de plus en plus des séparatistes anjouanais. Et ceci n’a fait
qu’aggraver la situation et renforcer le séparatisme. Les séparatistes anjouanais se servaient de
ce soutien des partis de l’opposition majoritairement grand-comoriens pour justifier leurs
actions.
Contrairement au séparatisme maorais visiblement soutenu par la France, le séparatisme
anjouanais apparait comme un vrai problème de géopolitique interne, des raports de force
entre Grands-Comoriens et Anjouanais. L’arrivée au pouvoir de Sambi à la présidence de
l’Union des Comores, voit surgir les tractations entre le président de l’Union et le président de
l’île autonome d’Anjouan. A part que certains Anjouanais, contestaient la légitimité de
Mohamed Bacar, il ya aussi le faite qu’il n’est pas kabaila a joué en sa défaveur. Le conflit
qui était au départ purement politique s’inscrivait intérieurement entre « kabaila de
Mtsamudu » et « wa matsaha52 » à Anjouan. Des personnes de grandes villes les « kabaila »
qui méprisent les gens de la brousse « wa matsaha ». Nous retrouvons ici, encore le
phénomène de brimade, de mépris et d’humiliation. Il s’agit alors d’un conflit entre
Mohamed Bacar, l’homme fort d’Anjouan originaire d’un petit village (Barakani) mmatsaha,
51 Alwatwan, N° 1014, 19/20 octobre 2007.
52 Les gens de la brousse35
face à Mohamed Abdallah Sambi, président de l’Union des Comores, un « kabaila » de
Mutsamudu. Pour les Anjouanais des grandes villes (Mutsamudu, Domoni, Ouani) il est
inadmissible d’être sous les ordres d’un « mmatsaha ». Ce bât qui blesse pousse ces autorités
à agir dans le sens de la vengeance. Peut être les wa matsaha dont Mohamed Bacar fait parti
se servaient de la cause indépendantiste pour se venger des humiliations longtemps
infligées. C’est peut être pour cela qu’il a voulu se maintenir au pouvoir car c’est au seul
moment qui peut s’imposer et se sentir important. En dehors de ce pouvoir, il n’existe pas
socialement.
5 LES VELLEITES SEPARATISTES A LA GRANDE-COMORE
La Grande-Comore, abrite la capitale politique et économique des Comores (Moroni). Toutes
les grandes décisions du pays sont prises à Moroni. La Grande île accueille les Anjouanais, les
Mohéliens et des rares Maorais. Jugés très fiers, arrogants, et vantards par les habitants des
autres îles, les Grands-Comoriens manifestent très peu de velléités séparatistes, à cause du
statut accordé à la Grande-Comore, « l’île mère ». Toutefois les Grands-Comoriens se
montrent un peu méfiants vis-à-vis des Anjouanais. On ne le dit jamais haut et fort par
politesse ou par hypocrisie, mais qui n’a jamais entendu un jour ou qui ne l’a pas sorti de sa
bouche, « Mdzuwani !… », sous entendu, avec un Anjouanais, il faut se méfier, ou je ne peux
pas faire confiance à un Anjouanais d’ici et là.
Sous la République fédérale islamique des Comores, l’autonomie des îles a failli conduire la
Grande-Comore à une situation proche du séparatisme. A l’époque, les gouverneurs des îles
étaient élus pratiquement comme les présidents actuels des îles autonomes. Le président
Abdallah sentait que le gouverneur de l’île de la Grande-Comore, Said Hassane Said Hachim,
refusait d’être un subordonné et qu’il voulait être vraiment autonome. Conscient du danger
d’un séparatisme grand-comorien, le président Abdallah enraya l’élan autonomiste en révisant
la loi fondamentale en 1983. Depuis, les gouverneurs des îles seront nommés par le président
de la République. Elles perdent le contrôle de la gestion de leurs ressources fiscales au profit
de l’exécutif fédéral. En réagissant de cette sorte le président Abdallah, a-t-il cherché à
étouffer le séparatisme grand-comorien, ou était-ce par souci de centralisation du pouvoir ?
Quoi qu’il en soit, la stratégie a su éviter le pire à l’époque. Actuellement la même procédure,
c'est-à-dire la centralisation du pouvoir par le président de l’Union des Comores est source de
36
conflit depuis le président Azali jusqu’aujourd’hui avec le président Sambi. La tentation de
Sambi de vouloir changer la constitution a suscité des menaces de séparatisme mohélien.
Aujourd’hui on parle des velléités séparatistes des Grands-Comoriens. Ces derniers parlent
plutôt d’une réaction aux comportements des indépendantistes anjouanais. C’est dans ce
contexte tendu que le séparatisme Grand-Comorien a failli naître récemment. Certains Grand-
Comoriens se sont soulevés contre les Anjouanais, et demandent leur départ. Les menaces
d’un mouvement séparatiste à la Grande-Comore ont permis aux militaires de prendre le
pouvoir en avril 1999, soit disant pour rétablir l’ordre. Mme Sittou Raghadat relate les propos
des Grands-Comoriens envers les Anjouanais, « ce sont les mêmes en parlant des leaders
comoriens qui approuvent directement ou indirectement les propos malsains qu’on entend
quotidiennement partout dans la capitale comorienne : « Le président de l’Union est
anjouanais, la crise est anjouanaise, le règlement de la crise doit être immédiate sinon
rentrez chez vous régler vos problèmes. Nous les Grands-Comoriens nous sommes
fatigués » »53.
Depuis le déclenchement du mouvement séparatiste anjouanais, dans les rues de la Grande-
Comore, plus particulièrement dans les marchés, où beaucoup d’Anjouanais travaillent
comme vendeurs, ces derniers sont devenus indésirables. Ils se sentent désormais étrangers et
détestés. Or avant, malgré l’image que les Grands-Comoriens avaient des Anjouanais, ils ne
manifestaient pas un sentiment d’hostilité envers eux. Les Anjouanais se sentaient bien chez
eux à la Grande-Comore, bien intégrés socialement et économiquement, malheureusement le
séparatisme vient détruire cette dynamique de vivre bien ensemble sans aprioris.
Certains Grands-Comoriens sont convaincus qu’ils peuvent vivre sans les Anjouanais, les
Mohéliens et les Mahorais et non l’inverse. Selon les Grands-Comoriens, les autres îles ont
besoin d’eux pour s’en sortir. Face aux Anjouanais qui maintiennent leur position
sécessionniste, les Grands-Comoriens sont exaspérés et pensent qu’Anjouan constitue pour
eux un fardeau économique et politique dont ils voudraient se débarrasser. Il est vrai que les
Grands-Comoriens s’opposent au séparatisme mais leur orgueil le suscite.
A différentes échelles, en plus des rivalités entre leaders politiques, les sentiments de mépris
et d’humiliation, les représentations des Comoriens envers eux, les préjugés, expliquent en
53 Alwatwan N°1014, 19/20 octobre 2007.37
quelque sorte les germes du séparatisme aux Comores. Ils constituent une partie des
principales sources de ces conflits actuels.
5 LA FORCE DU SEPARATISME ANJOUANAIS
Le colonel Bacar est arrivé au pouvoir après avoir fait un putsch à Anjouan en 2000, et il était
devenu le premier président élu de l’île autonome d’Anjouan en 2002. En juin 2006 à la fin de
son mandat, Mohamed Bacar a organisé des élections sous son seul contrôle et s’est déclaré
réélu à près de 90% des suffrages dès le premier tour. Il s’impose au pouvoir tout en défiant
l’État fédéral et l’Union africaine qui jugent « nulle et non avenue » l’investiture du colonel
Mohamed Bacar à la présidence d’Anjouan. Ces élections non validées par la Communauté
internationale et l’Union des Comores ont été la source des nouveaux conflits qui ont poussé
le Président de l’Union des Comores, Mohamed Abdallah Sambi à utiliser la force pour
rétablir l’ordre à Anjouan.
Au fil du temps, le séparatisme anjouanais change de profil et attire d’autres acteurs. Les
initiateurs du mouvement séparatistes comme (Abbed) et les anciens chefs des clans qui
étaient les deux religieux, (Abdallah Ibrahim et Baggoulam) sont écartés par les militaires. La
plupart d’eux sont installés en France avec femmes et enfants.
Contrairement à la première vague la force des séparatistes actuelles réside d’abord dans
l’armement. Mohamed Bacar, ancien commandant de la gendarmerie, jouissait de la loyauté à
100% de la part des quelques centaines de gendarmes de l’île. Outre l’arsenal d’armes lourdes
dont ceux-ci sont dotés, l’île dispose également d’une milice armée composée, dit-on, de
quelque 500 hommes. L’investissement de Mohamed Bacar dans le pouvoir militaire a creusé
un écart entre les forces militaires de l’île et celle de l’Union. De plus son frère cadet, Abdou,
dirige les forces de sécurité d’Anjouan. La résistance des autorités séparatistes met le
gouvernement de l’Union en position de faiblesse. Le Président Sambi qui était résolu à une
intervention militaire à Anjouan, change de ton. Dans une dépêche de l’AFP en date du 17
juin 2007, le président Sambi déclare que « nous ferons tout pour qu’Anjouan soit libérée…
Ce dont il s’agit, ce n’est pas une intervention militaire mais une opération de maintien de
l’ordre (…). Mais je ne veux pas de cadavres dans les rues a-t-il dit ». Il ya certes la volonté
d’éviter un bain de sang à Anjouan mais la réalité est dans le déséquilibre des forces militaires
qui s’est fait sentir lors du premier débarquement de l’armée fédérale à Anjouan en 1997. 38
L’échec de cette première intervention devant la résistance des séparatistes était une grande
humiliation de l’armée nationale difficile à digérer pour les unionistes.
En 2007, après la fin du mandat de Mohamed Bacar, le Président Sambi tente de mettre en
place un gouvernement transitoire qui se heurte à la résistance du colonel Bacar, et envoie une
petite unité de l’armée nationale pour rétablir l’ordre. L’intervention a de nouveau échoué, et
la confrontation entre ces deux camps s’est soldée par la mort des deux soldats.
La force du séparatisme vient ensuite du port international de Mutsamudu Anjouan, dont seul
Mohamed Bacar détient le contrôle et la gestion.
On peut rajouter encore le soutien financier de la France directement et indirectement.
« Jusqu'à récemment, le colonel Bacar a profité de la position ambiguë de la France à son
égard. Anjouan est en effet proche du territoire français de Mayotte, quatrième île de
l'archipel. Et c'est à Anjouan qu'atterrissent les avions chargés d'immigrés clandestins
refoulés ». Fabienne Pompey, Le Monde du 15/02/08.
Pour l’instant nous n’avons pas de données exactes sur la somme déboursée, ni sur les
modalités de paiement, mais une chose est sûre, ce n’était pas gratuit.
Concernant le soutien français à Mohamed Bacar, certains Comoriens accusent l’Etat Français
de soutenir Mohamed Bacar d’une manière ou d’une autre. En novembre 2006, lorsque
Brigitte Girardin, Ministre français déléguée à la coopération vient relancer la coopération
bilatérale. La France a apporté une aide de 88millions d’euros. Et « le Ministre Français a
précisé qu’Anjouan devra bénéficier d’une part conséquente de cette enveloppe au vu du
dénuement qui frappe sa population »54. En fait, cela fait partie des mesures qui visent à
freiner l’émigration vers Mayotte les candidats étant majoritairement de cette île. Or on savait
très bien que cet argent n’allait pas être utilisé à bon escient et la France n’a pas à dicter à
l’État comorien comment gérer leur argent.
Selon une source anjouanaise, qui a requis l’anonymat, l’ancien dictateur de l’île a passé un
accord avec les autorités françaises de Mayotte, leur laissant débarquer les Comoriens
refoulés de Mayotte où ils étaient considérés comme des « clandestins ».
Mohamed Bacar et Jaffar Salim, son ministre de l’Intérieur de l’île auraient perçu 30 euros
54 http://bousry.ali.free.fr/girardin.htm, France/Comores, « Brigitte Girardin à Moroni », publié dans l’édition du jeudi 7décembre 2006
39
par "passager" dit clandestin débarqué à Anjouan. En 2006 et en 2007, plus de 30.000
Comoriens ont été expulsés de Mayotte55.
Le journal Kashkazi parle des « rouages de la « mafia Bacar » et afirme que la chute du
colonel Bacar, dévoile un système de « prédateurs » qui siphonnait l’économie anjouanaise,
mais qui bénéficiait visiblement de complicités à l’extérieur de l’île »56
Au tout début du séparatisme à Anjouan, excepté l’intimidation, les relations entre les
séparatistes et les non séparatistes à Anjouan n’ont jamais pris l’allure d’une violence
sanglante. Néanmoins la population anjouanaise se sentait menacée et craignait le pire car tout
pouvait arriver. Mais, depuis que le pouvoir central a décidé d’intervenir militairement à
Anjouan, « Mohamed Bacar, a durci le ton. Aujourd'hui, il est prêt à tout pour se maintenir au
pouvoir, même à l'affrontement armé. Ses troupes sont équivalentes à celles du pouvoir
central. L'opposition l'accuse de régner par la terreur, de procéder à des détentions arbitraires
et à des intimidations. Des récits de tortures alimentent la rumeur et entretiennent un climat de
peur »57. Fabienne Pompey, Le Monde du 15/02/08
UN ARCHIPEL EXIGU FACE A LA CROISSANCE DE SA POPULATION ET
L’EVOLUTION DE LA PAUVRETE
Le jaillissement démographique et ses corolaires comme la pauvreté, ont été avancés pour
expliquer en partie les causes des conflits comoriens.
Selon le recensement de 2004 la population des trois îles autonomes qui forment l’union des
Comores est estimée à 646 400 habitants avec une densité de 276 habitants par km2 : la
Grande-Comore : 363 200 habitants avec 240h/km2, Anjouan : 252 000 habitants avec
517h/km2 et Mohéli : 31 200 avec 99h/km2.
De 1980 à 2005 la population comorienne est passée de 408 177 à 690 948 habitants avec
une densité de 201 à 315 habitants au km2 selon les statistiques du Monde. Et d’après les
55 Témoignages, « les expulsions de Comoriens vers Anjouan, c’est fini », vendredi 4 avril 2008, p10
56 Frédéric Couteau, Revue de presse Afrique, 12/05/2008, http://www.rfi.fr/actufr/articles/101/article_66088.asp
57 Fabienne Pompey, Le Monde du 15/02/0840
projections, la population doit atteindre 1500 000 habitants en 2050. Ce qui dit un doublement
de la population tous les 25 ans. La densité passera de 276 à 862 h/km2 58
C’est une population très jeune, 56% des habitants ont moins de 20 ans, avec un taux de
croissance démographique de 2,8% par an. L’espérance de vie à la naissance est de 60,6 ans.
Près des ¾ des Comoriens vivent en milieu rural.
Par rapport aux autres îles de l’océan Indien, en superficie et en population, les Comores sont
plus petites que Madagascar, la Réunion et l’île Maurice mais beaucoup plus peuplées et
presque 5 fois plus grandes que les Seychelles.
Par ailleurs, vu les recensements incomplets et la déficience de l’état civil aux Comores il ne
faut pas s’étonner de trouver des données statistiques variables suivant différents ouvrages.
Comme il est très difficile d’avoir des données exactes sur la population comorienne, on
donne souvent des estimations mais ces estimations concordent.
Outre la fragmentation du territoire, cette croissance galopante a engendré un exode de
plusieurs centaines de Comoriens vers Mayotte, l’île de la Réunion, Madagascar et bien sûr
vers la France. Elle entraîne fréquemment des tensions et des crispations identitaires entre les
Comoriens, et les populations des pays voisins de l’océan Indien qui les accueillent.
L’exemple des massacres des Comoriens par les Malgaches à Majunga en 1976 pour ne citer
que cela. Cette forte croissance de la population est aussi source de tension entre les
Comoriens, le cas de certains Anjouanais et Maorais à Mayotte.
De part sa forte croissance démographique, les Comores font parti des pays pauvres très
endettés. D’après une enquête menée par le PNUD sur la pauvreté aux Comores voir tableau
ci-dessous, il est très évident que cette pression démographique, sans investissement capable
d’assurer l’entretien, la formation de la nouvelle génération, ni de lutter contre le chômage de
masse, ne peut qu’être lourde de conséquence.
« 45% des Comoriens vivent au dessous du seuil de pauvreté.».59 L’agriculture, principale
activité qui occupe 2/3 des emplois demeure toujours une agriculture de subsistance et
constitue 40% du PIB. La pêche est artisanale malgré la mer reconnue poissonneuse. Quant au
secteur secondaire il reste marginal. Jusqu’à présent, il n’existe pas d’industrie ni d’usine de
production aux Comores. Le secteur tertiaire est dominé par le commerce d’importation qui 58 Source : Population et société n°436, juillet-août 2007, INED.
59 Source : Document cadre de partenariat France-Union des Comores-DCP – (2006-2010), htt://www.diplomatie.gouv.fr
41
contribue jusqu’à 52% du PIB et le tourisme n’attire pas grand monde, vu l’absence
d’infrastructures et des spécialistes dans le domaine. L’inexistence d’une politique de
l’emploi et d’insertion ne peut qu’engendrer des conflits entre les bénéficiaires d’un système
et les exclus.
Evolution de la Pauvreté par île entre 1995 et 2004Enquête sur la Pauvreté, 1995, 2004
Source : http://www.km.undp.org, Pnud, Rapport national sur le développement humain, genre et
développement humain, Union des Comores 2006,
Nous voyons à travers la graphique que les conflits sont très présents à Anjouan et à Mohéli,
là où la pauvreté est élevée et plus particulièrement à Anjouan où elle reste largement en tête à
la veille du séparatisme. Pendant cette période les Anjouanais étaient doublement pauvre par
rapport à la Grande-Comore.
42
CHAPITRE III : LES ENJEUX GEOPOLITIQUES DU SEPARATISME
ENJEUX POLITIQUES
Depuis son apparition en 1997, le séparatisme anjouanais est devenu la première
préoccupation de la nation comorienne. Il occupe toute la scène politique comorienne. Cette
crise a mobilisé la communauté internationale et englouti plusieurs millions de dollars. Les
Comores ont adopté une nouvelle constitution par référendum le 23 décembre 2001. Une
constitution qui donne une large autonomie aux trois îles, avec une présidence tournante entre
les îles. La République fédérale islamique des Comores a été alors dissoute pour devenir
l’Union des Comores. Le changement d’appellation s’explique par l’environnement
géopolitique international marqué par la lutte du terrorisme. Cette nouvelle constitution des
Comores est adoptée trois mois après les attentats du 11 septembre. Une « République
islamique » apparait choquante ou frustrante selon le contexte de l’époque. Pour ne pas
s’attirer des ennuis avec les grandes puissances, la partie comorienne a jugé utile de se plier
aux exigences « des autorité françaises ». Tout de même les Comoriens à plus de 95 %
musulmans, se réclament d’un islam « modéré ». Ils ont bien intégré la culture européenne.
Cette nouvelle architecture institutionnelle n’a pas pu inverser la tendance car elle est trop
coûteuse et très difficile à mettre en œuvre. Elle fait plutôt émerger d’autres conflits sur la
répartition des compétences entre l’Union et les îles.
De plus, ce nouvel ensemble comorien, ne fait qu’affaiblir l’appareil d’État comorien voir
même le fait disparaître. Cette large autonomie, ou autonomie sauvage que réclament les
présidents des îles qui ne veulent pas être des subordonnés de Sambi, risque d’aboutir à des
« États nains». Chaque île a son territoire, son président, son gouvernement, sa constitution,
son drapeau et son hymne, tout ce qui définit un État. Le problème c’est que les Comoriens
ont du mal à accepter ou à assumer cet état de fait. 43
Depuis les élections locales de juin 2007 des nouvelles hostilités surgissent entre le
gouvernement d’Anjouan et celui de l’union des Comores. Face à cette situation, la France,
l'Union africaine et l'Union des Comores ont conclu en novembre 2007 un accord d'embargo
sur les biens et les personnes en partance pour Anjouan. Les liaisons maritimes et aériennes
entre Mayotte et Anjouan ont été suspendues jusqu'à ce que Mohamed Bacar accepte de
nouvelles élections.
L'accord donnait à M. Bacar un délai de 45 jours, durant lesquels Anjouan a été presque
coupé du reste du monde, pour prendre une décision. Francisco Madeira, envoyé spécial du
président de l'Union africaine, a affirmé sur Télé-Mayotte qu' « une intervention militaire
n'était pas exclue »60
Malgré toutes ces décisions, le président de l’île d’Anjouan n’a pas fléchi. Le gouvernement
de l’Union des Comores affichait la volonté de soumettre le président rebelle d’Anjouan par
la force des armes. Les Comoriens étaient dans l’ensemble favorables à une action militaire à
Anjouan. Le président d’Anjouan se dit prêt à l’affrontement s’il s’agit de défendre les
intérêts de son île. Or d’après les propos recueillis au près de certains Anjouanais, comme
Mohamed Ahmed Chamanga ils trouvent que pour Mohamed Bacar le développement de
l’île d’Anjouan n’était pas une priorité. Il était là pour protéger les intérêts de certains
« réseaux » et il était payé après services rendus. Ce n’était pas par hasard si l’Afrique du Sud
avait une position ambigüe sur une intervention militaire à Anjouan car cette opération mettait
enjeux leurs intérêts. Ce sont les Sud-africains qui contrôlent le port international de
Mutsamudu, et c’est Mohamed Bacar qui protège leurs intérêts, il fallait donc le défendre. On
sait bien que Paris et Pretoria ont des intérêts à partager aux Comores. Et ceci ne date pas
d’aujourd’hui. De 1975 à 1989, « l’archipel fut au cœur d’un ensemble de trafics, servant de
station d’écoute pour l’armée sud-africaine mais également d’aéroport discret pour les
cargaisons d’armes ou de matières premières, livrées en violation de l’embargo international.
Au temps de l’apartheid, le pétrole iranien arrivait dans les ports de l’archipel avant d’être
acheminé en Afrique du Sud ».61Ces trafics ont été assurés et contrôlés par l’homme fort de la
République des Comores à la tête de la Garde présidentielle pendant cette période, Bob
Denard et ses hommes. « Et ils étaient rémunérés par la France et l’Afrique du Sud »62.
60 AFP.07.21.08. NOV 07.
61 François Lafargue, Géopolitique de l’Afrique du sud, Editions Complexe, 2005, page 109 à 111
62 Ibid. page 109. 44
Mohamed Bacar a poursuivi en quelque sorte la mission de Bob Denard. Et il était rémunéré
après services rendus comme nous l’avons vu précédemment. Ce qui explique bien le
comportement d’hésitation de Paris et Pretoria sur l’intervention militaire à Anjouan.
Après tant d’hésitations et d’incertitudes, le 25 mars 2008, l’armée comorienne soutenue par
les troupes de l’Union africaine a pris le contrôle de l’île d’Anjouan sans rencontrer de
résistance. Cette opération militaire dénommée « Démocratie aux Comores » a fait couler
beaucoup d’encre. Le Monde du mercredi 26 mars 2008 parle du petit archipel perdu dans
l’océan Indien, au centre d’un second réseau d’enjeux. La lettre de l’Océan Indien, du 15
mars 2008 parle de l’archipel des Comores en passe de devenir « un banc d’essai d’une
intervention militaire 100% africaine, après avoir été longtemps le bac à sable du mercenaire
française Bob Denard ». Le journaliste de la lettre de l’océan Indien poursuit son analyse en
montrant les différents enjeux géopolitiques internes aux Comores mais aussi des enjeux à
venir pour les acteurs. Paris et Pretoria n'ont cessé d'œuvrer au dialogue entre le président
Ahmed Abdallah Sambi et Bacar, mais en vain. Qu’est ce qui va devenir L'entente
diplomatique franco-sud-africaine sur les enjeux géopolitiques des Comores ? De son côté, le
gouvernement français a tenté jusqu'au bout d'éviter une action armée à Anjouan, même si sa
préoccupation première était surtout d'obtenir un pouvoir aux Comores qui soit en mesure
d'empêcher les Anjouanais d'émigrer clandestinement dans l'île française de Mayotte. Lorsque
les quatre pays africains ont décidé d'y aller sans plus attendre, Paris s'est vu contraint de
proposer son aide logistique pour acheminer les contingents militaires à Moroni pour
respecter certains accords entre l’UE et l’UA. Et Le président Tanzanien Jakaya Kikwete se
rêve en leader de l'Afrique emboîte le pas au géant sud-africain. Toutefois, au-delà de cette
dimension diplomatique, le dirigeant tanzanien partage avec Sambi une même méfiance face
au séparatisme insulaire. La Tanzanie souvent tiraillée par le délicat débat sur l'autonomie à
accorder à Zanzibar, et où des velléités de sécession se sont parfois fait sentir chez certains
militants de l'opposition, cette opération aux Comores ne peut que lui servir d’entrainement.
Concernant la solidarité islamique, la Libye et le Soudan n'ont pas voulu être en reste sur leurs
concurrents islamiques et ont trouvé du même coup dans l'action contre le séparatisme
anjouanais un bon moyen de damer le pion à la France et à son partenaire diplomatique sud-
africain. Mais c’est surtout le soutien financier libyen à Moroni qui a accéléré les préparatifs
par Sambi de l’opération militaire à Anjouan. On a remarqué que depuis son arrivée au
pouvoir, ce dignitaire musulman formé en Iran lorgne vers les pays islamiques. Il a passé un
45
accord de défense avec l'Iran (LOI nº1202) et a permis à la Khomeini Fondation de s'installer
à Moroni. Les cheikhs des pays du Golfe se sont succédés à Moroni et ont promis de financer
les quelques grands projets en cours dans l'archipel.
Les enjeux géopolitiques des îles Comores sont passés d’une échelle locale à une échelle
régionale voir internationale. Quatre États de l’Union africaine dont la Tanzanie, le Soudan, la
Lybie et le Sénégal, avaient décidé d’appuyer militairement le projet du président de l’Union
des Comores pour chasser le président de l’île d’Anjouan du pouvoir. Soutenu par l’Iran et
les Etats-Unis, cette intervention militaire est la première du genre pour l’Union africaine. En
tentant par tous les moyens de geler l’intervention militaire à Anjouan, la France et l’Afrique
du Sud, deux acteurs principaux sur la crise comorienne perdent la main dans une région où
elles estiment être sa zone d’influence. L’Afrique du Sud qui était chargé de ce dossier au
niveau de l’Union Africaine, dès le début de la sécession d’Anjouan, vient d’être évincée par
la Tanzanie qui cherche à restaurer son influence dans la région.
Quant à la France dont les relations semblent difficiles avec le président comorien depuis son
arrivée au pouvoir, pour se rapprocher de Moroni, Paris s’est trouvé obligé d’appliquer les
accords avec l’UA, ce qui a été traduit après par un soutient de la France à
l’opération « Démocratie aux Comores ». Mais dans la réalité la France n’a pas soutenu cette
opération.
Quelques jours après cette opération « Démocratie aux Comores », le Président Sambi a quitté
Moroni à destination de Damas où il prend part à la 20è session du Sommet de la Ligue des
Etats Arabes qui a mis à son ordre du jour la situation aux Comores. Après la cérémonie
d’ouverture du Sommet, samedi, le Chef de l’Etat Comorien s’est adressé à ses homologues
arabes pour leur parler, notamment, de la victoire que vient de remporter l’Armée Nationale
de Développement et les forces de l’Union Africaine à Anjouan et pour en appeler à la
solidarité arabe pour la construction du pays.
Le rapport de force dans l’Union des Comores est en train de changer. La France se voit
écartée de certains secteurs au profit des pays musulmans. La fuite du président déchu vers
Mayotte a amplifié la tension et a suscité la colère de nombreux Comoriens, accusant la
France de jouer un double jeu. Des protestations anti-françaises ont éclaté à Moroni, la
capitale des Comores, à Anjouan et à Mayotte. Les manifestants accusaient la France de
46
protéger le président déchu de l'île d'Anjouan. « Près d'un millier de personnes ont défilé à
Moroni, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « La France doit nous rendre
Mohamed Bacar », « France dégage », « la France hors des Comores ».
Depuis l’intervention militaire à Anjouan, la question de l’île de Mayotte a été mise en veille,
or en 2009 et même avant, la loi sur la départementalisation de Mayotte fixera le sort de l’île.
Tous les Comoriens se laissent emportés par l’intervention à Anjouan et laissent de côté
l’origine du mal comorien. Les autorités comoriennes sont elles conscientes de l’impact de la
départementalisation de Mayotte ? Ou sont elles convaincues que la cause de Mayotte est déjà
perdue et qu’il faut centrer toute l’énergie sur Anjouan ? S’acharner sur les rebelles
anjouanais n’était-il pas aussi une manière pour le président Sambi de redorer son blason
après avoir retiré la question de Mayotte de l’ordre du jour de l’Assemblée Générale de
l’ONU en 2006?
LES ENJEUX STRATEGIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE : LA STABILITE
POLITIQUE
Dans le contexte de la géopolitique actuelle des Comores, Anjouan représente un important
enjeu pour l’archipel, enjeu stratégique, politique et socioéconomique. L’île d’Anjouan dont
le chef lieu est Mutsamudu, abrite le seul port international des Comores. Ce port en eau
profonde des Comores et c'est donc une source de revenus importante, notamment en raison
du transport de containers. « Selon le représentant de l'UA aux Comores, 30 000 conteneurs
transitent chaque mois par le port de Mutsamudu »63.
C’est la deuxième île de l’archipel, après la Grande-Comores. Avec une superficie de 424
km2. C’est l’île la plus peuplée et la plus dense avec ses 252 000 habitants (517 h/km 2). Les
principales activités y sont la pêche et l’agriculture : culture vivrière, culture de la vanille, de
l’ylang-ylang, des clous de girofle et du coprah.
Si on la compare aux autres îles des Comores (Mayotte, Grande-Comore et Mohéli), la
population d’Anjouan est beaucoup plus pauvre. L’effondrement du prix de la vanille au
63 Comores, Le débarquement à Anjouan est en cours, par RFI article publié le 25/03/2008 Dernière mise à jour le 25/03/2008 à 16:01 TU, http://www.rfi.fr/actufr/articles/099/article_64259.asp
47
niveau international a affecté cette population dont la culture de rentes était la principale
source de revenus. Cette île, aux rivières permanentes, manque d’infrastructures et souffre de
déboisement ce qui fait que beaucoup d’Anjouanais sont sans activités. Et nous savons tous
les conséquences d’une telle situation.
L’instabilité chronique des institutions provoque une situation économique catastrophique. Le
pays ne peut jamais ou presque être aux rendez-vous des échéances fixées par les partenaires
économiques et financiers dont la condition sine qua non est la stabilité politique.
Les Comores sont classées parmi les pays pauvres très endettés (PPTE). 45% des Comoriens
vivent au dessous du seuil de pauvreté. En plus de leur marché restreint cette instabilité
politique n’attire pas des nouveaux investisseurs et ceux qui sont déjà sur place perdent toute
confiance. Beaucoup de petites et moyennes entreprises ont fermé leurs portes. La situation
économique très alarmante freine le développement durable de ce pays et le condamne à
l’extrême pauvreté. La vie devient de plus en plus chère. Le cumul de lacunes économique et
politique fait que le pays devient de plus en plus vulnérable. Il ne faut pas minimiser la
possibilité d’une explosion sociale car le champ est favorable. Beaucoup des vies humaines
sont en danger.
Le manque d’emplois, le manque de terres cultivables, la cherté de la vie, « ce manque de
tout » avait provoqué des révoltes internes, des conflits violents et des déplacements de
populations. Des centaines des familles qui sont sentis menacées à Anjouan ont fui la
situation très tendue à l’intérieure de l’île et migré vers Mohéli et à la Grande-Comore.
D’autres ont risqué leurs vies en tentant l’exode vers Mayotte dans des conditions périlleuses.
On comptait des centaines d’hommes, femmes et enfants morts en cours de route dans les
kwassa kwassa64 en traversant le bras de mer séparant Mayotte des trois îles.
A la Grande-Comore qui accueille la majorité des Anjouanais des tensions montent contre
l’arrivée massive des Anjouanais.
En plus des conflits, la pauvreté et la démographie croissante, le peuple comorien sera
contraint d’émigrer de plus en plus, dans les années à venir, vers l’étranger. Or les pays
voisins ne leur offrent pas beaucoup de possibilités d’entrer et d’y vivre. La puissance
africaine, l’Afrique du Sud, proche des Comores, à moins de 4heures d’avion la langue
constitue un grand barrage. Et la France, ancien colonisateur, premier partenaire et pays ami 64 Petites embarcations de pêche
48
ferme de plus en plus ses portes, et établit, illégalement, une frontière maritime entre Mayotte
et le reste de l’archipel.
LA FRONTIERE ILLEGALE DANS L’OCEAN INDIEN
La France a creusé le fossé entre les îles de l’archipel des Comores depuis l’introduction du
« visa Balladur » entre Mayotte et les trois autres îles en 1994. L’instauration du visa de
Mayotte produit le déclin des Comores. L’image publicitaire qui fait de Mayotte
« l’eldorado » ne fait que décrédibiliser les autres îles des Comores et susciter des envies. Et
il a aussi alimenté la haine des Maorais envers les autres Comoriens et plus particulièrement
les Anjouanais.
En 2007 on compte plus de 5000 Comoriens, hommes, femmes et enfants qui ont péri au large
entre Anjouan et Mayotte depuis l’instauration du visa de Mayotte et l’établissement de la
frontière maritime Comores/Mayotte. Cette disparition des Comoriens au large de Mayotte est
devenue fréquente. Ces déplacements s’expliquent par la fuite de la misère. Les candidats au
départ vers Mayotte sont majoritairement des Anjouanais de la région de Nyoumakélé65. Parmi
eux, on trouve des chômeurs, des femmes célibataires, sans emploi qui vont à la recherche
« d’un prince charmant », des personnes malades qui veulent aller se faire soigner. Parmi ces
personnes, nous ne trouvons ni étudiants, ni cadres ni hommes d’affaires comoriens.
Traditionnellement, Anjouan est une réserve de main d’œuvre pour les autres îles, et plus
particulièrement à Mayotte.
Le développement de Mayotte et sa valorisation par les Français attirent cette main d’œuvre
bon marché, prête à brandir cette frontière et à accepter des conditions de travail très difficiles
et parfois indignes. Venus en masse à Mayotte, ces Anjouanais sont devenus indésirables.
« Traditionnellement les Mahorais n’aiment pas les Anjouanais, qu’ils considéraient comme
des accapareurs de terre. Durant la période d’autonomie interne, le notable anjouanais,
Mohamed Ahmed, ancien député des Comores à l’Assemblée Nationale, et le Président
Ahmed Abdallah, n’ont pas failli à la tradition, puisqu’ils se rendirent propriétaires de
plusieurs centaines d’hectares à Mayotte, renforçant ainsi le sentiment de rejet, très répandu
dans la population »66.
65 La région la plus peuplée et la plus pauvre d’Anjouan, longtemps méprisés par les sultans, puis exploités par les grandes compagnies coloniales.
66 Jean Fasquel page 1349
Aujourd’hui la haine des Mahorais envers les Anjouanais ne cesse de s’accroitre. Les
Mahorais détestent les Anjouanais parce qu’ils trouvent qu’ils les envahissent, ils viennent
selon les mahorais occuper leurs postes et vandalisent leurs maisons. A mon sens, l’inquiétude
de cette forte immigration au près des autorités françaises peut être situé au niveau politique,
car l’immigration est un facteur géopolitique très important, et surtout quand elle
s’accompagne d’une forte démographie. Si elle continue au même rythme, à moyen et long
terme, Mayotte sera majoritairement peuplée par des Anjouanais et des Grands-Comoriens.
L’arrivée massive des Anjouanais et des Grands-Comoriens à Mayotte représente donc une
menace pour la France. Avec le temps, cette population pourra inverser la tendance et pourra
peut-être demander le départ des Français. On peut alors comprendre l’attitude de l’État
français contre l’immigration des autres Comoriens à Mayotte.
Il est certain que l’environnement géopolitique marqué par l’instabilité politique, la crise
économique et sociale, n’est guère propice à la survie de ce petit État, mais la responsabilité
de la France ne peut pas être totalement écartée. Depuis l’indépendance des Comores, le
choix de Mayotte de se rattacher à l’ancien colonisateur a marqué la géopolitique de cet
archipel et ce rattachement a un impact sur l’instabilité des îles sœurs, plus particulièrement
sur Anjouan. Cet effet d’entrainement fait que la France est prise pour la principale
responsable de cette déchirure à l’intérieur de l’archipel des Comores.
II DEUXIEME PARTIE : LA POSITION GEOSTRATEGIQUE DES ÎLES
COMORES
CHAPITRE I : LES ATOUTS GEOPOLITIQUES DES COMORES
Les atouts géopolitiques des Comores représentent en même temps des enjeux de cet archipel
des Comores et expliquent pourquoi la France se maintient à Mayotte et pourquoi l’archipel
suscite des convoitises.
ENJEUX STRATEGIQUES
Dans l’océan Indien, à l’entrée du canal de Mozambique, au sud-est du continent africain et le
nord ouest de Madagascar se situent les quatre îles des Comores. Ces petites îles on les voit à
peine sur les cartes, des fois ignorées, tellement c’est minuscules. Une grande partie du monde
ignore même leur existence. Ces petites îles longtemps négligées ont encore aujourd’hui un 50
rôle stratégique important avec l’accélération des progrès. Comme dit Pierre Papon,
« L’océan a toujours été un espace de communication qui met en relation chaque pays doté
d’une façade maritime avec toutes les régions du monde, et il est par essence un espace de la
géopolitique du monde »67. Par analogie, on peut dire que l’archipel des Comores qui se
trouve dans l’océan indien est en effet un espace de géopolitique du monde.
La géopolitique de l’océan Indien montre que le canal de Mozambique est un passage obligé
des pétroliers venant du golfe Arabique et les Comores se trouvent en bonne position
géostratégique. La place géostratégique des Comores semble être à l’origine de l’intérêt que
les Arabes et les Européens portent à ces îles. Quant à la marine française qui voulait un point
important dans l’entrée du canal de Mozambique, la position stratégique des Comores au
milieu du canal leur paraissait intéressante. C’est une des raisons qui ont déterminé la France
à s’y établir en 1841. Elle a forcé Andriantsoly à lui vendre Mayotte. Pourtant Andriantsoly
qui venait de s’emparer de l’île en évinçant le sultan local n’avait pas l’intention de la céder.
Il cherchait plutôt les moyens de fortifier sa conquête.
Située au milieu du canal de Mozambique, à mi-chemin de l’Afrique et de Madagascar,
Mayotte commande toutes ces régions. La fin de la guerre froide a conduit à la modification
des fonctions de passage des détroits, à l’abandon ou à un vide stratégique, ceci n’est pas le
cas du canal de Mozambique là où se trouvent les Comores. Ce carrefour maritime et point de
passage demeure gardé par les bases militaires française, sa disparition n’est absolument pas
envisagée par la puissance tutélaire.
Gérard-François Dumont, professeur à l’Université de Paris-Sorbonne et président de la revue
Population et Avenir dans un article intitulé « Mayotte, une exception géopolitique du
monde » montre que l’île par sa position exceptionnelle dans l’océan Indien, renferme des
atouts géopolitiques incontestables. Elle offre aux armées françaises une précieuse base
susceptible d’être utilisée pour de nombreuses opérations à conduire, soit directement soit
dans le cadre d’une coalition internationale. Avec Mayotte, la France dispose également, tout
près de l’Afrique continentale, d’un lieu pouvant abriter telle ou telle négociation
géopolitique, officielle ou secrète. La France a donc un intérêt géopolitique à conserver
Mayotte dans son giron.
67 Pierre Papon, « la géopolitique des océans, « passeport » pour le XXIe siècle », Diplomatie Hors Série 02, août- septembre 2007, pp 26-27.
51
Ceci nous emmène à comprendre que si la France se maintient à Mayotte ce n’est pas par
sympathie envers les Maorais mais c’est plutôt pour l’enjeu stratégique que cette île
représente. Les aides et subventions accordées à l’île sont une contre partie. Nous rappelons
que ces atouts géopolitiques ne sont pas singuliers à Mayotte, comme certains essayent de
nous faire comprendre, mais c’est propre à tout l’archipel des Comores. Et depuis 1975, à
travers Mayotte la France dispose de cet atout géopolitique des Comores, pour s’assurer une
présence dans l’océan Indien, à l’entrée du canal de Mozambique. Aymeric Chanprade et
François Thaul, dans le dictionnaire de Géopolitique68, nous confirment aussi l’importance
stratégique des Comores en précisant que : « Dans les années 1970, la situation géopolitique
des Comores connut une mutation importante. Les îles qui commandent l’entrée nord du
canal du Mozambique étaient vouées à devenir un relais important sur la route du pétrole,
celui-ci après être sortie du Golfe, contourne en effet l’Afrique à destination de l’Europe et de
l’Amérique du Nord en empruntant le canal du Mozambique. On comprend dès lors
l’importance stratégique des Comores, qui font renforcée dans le contexte de l’affrontement
des deux blocs, par l’avancée Soviéto-cubaine à Madagascar et au Mozambique. La fin du
contexte bipolaire n’ayant pas changé la position géographique des Comores placées au
carrefour des chemins rapprochant Moyen-Orient, Afrique et sud-ouest de l’océan Indien, les
îles Comores conservent leur situation stratégique ». En revanche rien n’a changé quand il
s’agit de la situation stratégique des Comores. Ce sont plutôt les enjeux géostratégiques du
canal de Mozambique qui varient selon les événements internationaux. Effectivement la
fermeture du canal de suez après la guerre de six jours en 1967 avait renforcé l’intérêt
géostratégique du canal de Mozambique. Mais la réouverture en 1975 du canal de suez n’a
pas changé non plus l’importance géostratégique de cette route pétrolière. Elle est toujours
empruntée par les supertankers pétroliers de tailles volumineux.
Malgré sa petite superficie l’archipel des Comores bénéficie d’une position géostratégique
indispensable aux grandes puissances et dispose d’une zone économique marine d’un intérêt
potentiel considérable. L’importance géopolitique des Comores vient plutôt de sa position
géostratégique et de ses richesses marines. Ils peuvent constituer un potentiel économique
pour le développement de l’archipel des Comores, plus certain que leurs produits de rente
(vanille, ylang-ylang et autres parfums et épices). Néanmoins cette position stratégique des
Comores sur une grande route maritime représente autant d’avantages et beaucoup de
68 Aymeric Chanprade, François Thaul, Dictionnaire de géopolitique, États concepts, auteurs, Paris Édition ellipses/ édition marketing S.A., 1998, pages 99 à 101
52
dangers. Force est de constater que la position des Comores à l’entrée de la route maritime
stratégique du canal du Mozambique fait que ces îles se trouvent sur une zone de transit pour
tous les produits illicites69. Il est connu que la mer est hélas un espace dangereux, utilisés par
les trafiquants en tout genre, en passant par les pollueurs ou les transporteurs de stupéfiants
aux passeurs d’immigrants clandestins et aux pilleurs d’espèces marines protégées. Ces
trafiquants très dangereux car parfois lourdement armés sont prêts à tout pour échapper aux
contrôles et à la saisie. Pour pouvoir lutter contre tous ces trafics qui sont potentiellement très
déstabilisants le recours à la force légale en haute mer est de plus en plus souvent nécessaire.
D'importants moyens maritimes et aériens doivent être mobilisés. Et l’État comorien, n’a pas
les moyens d’agir, ni de surveiller, ni contrôler ni punir. Pour se protéger contre ces
malfaiteurs et pouvoir s’imposer dans sa position géostratégique et tirer profit, l’État
comorien doit négocier, s’allier avec les puissances déjà présentes à savoir la France et
l’Afrique du sud.
La France affirme sa volonté de sécuriser ces routes, notamment par la présence régulière de
forces navales et aériennes capables d'agir à bon niveau, en coopération étroite avec les
armées des pays riverains. « Pour ne pas porter seul le fardeau d'une telle surveillance, la
France privilégie une coopération étroite avec les États riverains en leur proposant un
partage équitable de droits et de devoirs dans l'exploitation des ressources halieutiques. C'est
ce que la France fait notamment avec les Sud Africains, en partageant les zones et les
périodes des patrouilles de surveillance maritimes et aériennes.»70. Peut être cette coopération
étroite avec l’armée comorienne existe afin d’aider l’Etat comorien à surveiller et à sécuriser
ses routes maritimes, mais il n’existe pas un partage équitable de droits et de devoirs dans
l'exploitation des ressources halieutiques.
ENJEUX ECONOMIQUES : L’EXISTENCE DES MATIERES PREMIERES
Lorsqu’on évoque les matières premières aux Comores on parle seulement de leurs produits
de rente : la vanille, l’ylang ylang, clous de girofle et d’autres épices. Or comme nous l’avons
69 Alain Labrousse, Dictionnaire géopolitique de la drogue dans 134 pays, productions, trafics, conflits, usages, Bruxelles , Éditons de Boeck & Lacier, s.a., 2003, pages 191 à 195.
70 Yves Jégo, Secrétaire d’État à l’outre mer, dans son discours prononcé à Mayotte, le 28 mars 200853
vu précédemment sa position géostratégique et sa zone économique marine peuvent être aussi
source d’enrichissement des Comores.
Quelques campagnes océaniques françaises et sud-africaines ont permis de déceler l’existence
de nodules polymétalliques dans la Zone Economique Exclusive (Z.E.E.) de Ngazidja. Ces
nodules métalliques contiennent principalement du manganèse, du fer, du nickel, du cobalt,
du cuivre et d’autres métaux rares. Leur exploitation est estimée comme rentable à partir
d’une teneur de 1,7%. A Ngazidja, la teneur en minerai serait évaluée à 40-45%71. Ces
potentiels de richesses sont convoités par les État industrialisés qui peuvent entreprendre leur
exploitation, mais leur coût élevé, et leur impact sur l’environnement en haute mer limitent
aujourd’hui l’espoir d’une exploitation de cette richesse minière qu’offre l’océan. Il va falloir
patienter. Pour l’instant elle ne peut être qu’un point de réserve pour les pays riches.
Vient en suite la question de l’existence du pétrole aux Comores. Y-a-t-il du pétrole dans les
fonds marins Comoriens ? L'existence des hydrocarbures sous les mers de ses îles se murmure
partout, dans les places publiques jusqu'aux hautes sphères de l'Union des Comores. Les
présidents précédents se sont montrés prudents et vigilants à la question de l'or noir aux
Comores. Le gouvernement Sambi l’a abordée sans soulever de vagues. L’idée frôle l’utopie
et pourtant les autorités comoriennes y croient et tous les Comoriens sont passionnés par la
question. « Il y aurait du pétrole aux Comores », avait déjà déclaré le vice-président de
l’Union des Comores, Idi Nadhoim. Un pas important vient d’être franchi par le
gouvernement de l’Union qui a signé, samedi 28 avril 2007, un protocole d’accord avec la
société américaine, GX Technology Corporation, sur un programme de prospection pétrolière
dans les eaux maritimes comoriennes72.
Le samedi 18 août 2007, lors d’une conférence, sur les possibilités réelles de trouver du gaz
et/ou du pétrole aux Comores, Salvator Ntomola, directeur marketing de la société qui
effectue l’exploration, a répondu aux participants que vu la position géographique de
l’archipel, il est possible qu’il existe du pétrole ou du gaz aux Comores mais on ne peut pas
prouver l’existence avant d’effectuer les recherches. Le fait d’effectuer l’exploration ne relève
pas de la folie selon Salvator Ntomolo. La proximité des îles Comores à des bassins
sédimentaires off shore peut nourrir l’espoir des Comoriens sur la découverte des ressources
71 Jean-Louis Guébourg, la Grande-Comore, Des sultans aux mercenaires, Paris, l’Harmattan, 1993, page 215.
72 site officielle de l’Union des Comores : http://www.beit-salam.km/article.php3?id_article=31454
minérales. Cependant, les Comoriens doivent savoir que l’exploration pétrolière nécessite
plusieurs années de travaux et demande beaucoup de moyens. Et comme le président de
l’Union des Comores, Mohamed Abdallah Sambi a tenu à préciser à la population
comorienne, il s’agit, pour le moment, de prospection mais que la signature de ce protocole
d’accord constitue un acte concret et un pas en avant vers la réalisation des projets destinés à
redonner l’espoir pour une vie meilleure, au peuple comorien. Les autorités comoriennes
avaient annoncé que dans une période d'un an, à compter d’août 2007, les Comores sauront si
oui ou non leurs fonds marins recèlent l'or noir. Nous sommes le 1er décembre 2008, le pétrole
aux Comores reste encore une hypothèse.
Par ailleurs, ces richesses sont aussi, source de difficultés de la part des petits États riverains
qui ne peuvent pas les exploiter librement en toute indépendance. L’existence possible du
pétrole dans les profondeurs de l’archipel des Comores peut être aussi une des sources
d’instabilité.
Stratégiques pour la sécurité des approvisionnements par voie maritime, ces zones maritimes
sont aussi très poissonneuses. Cela a conduit à la conclusion d’un accord de partenariat sur le
secteur de la pêche entre la Communauté européenne (CE) et les Comores, couvre la période
du 1er janvier 2005 au 31 décembre 2011. Cet accord autorise les navires communautaires
venant principalement d'Espagne, du Portugal, de France et d'Italie à pêcher dans les eaux
comoriennes. La contribution financière s'élève à 390 000 €, dont 60 % sont destinés à
soutenir la politique de pêche des Comores. Le premier accord de partenariat sur la pêche
entre la CE et les Comores a été conclu en 1988. Malheureusement la pêche aux Comores
reste jusqu’aujourd’hui artisanale.
Yves Jégo, secrétaire d'État à l'outremer, en visite à Mayotte le mois de mars 2008, nous
éclaire dans son discours les enjeux de l’archipel des Comores pour la France et ce qui
conduit la France à être présente dans le sud de l'Océan indien. « La conquête des espaces
océaniques ne fait que commencer. Ainsi, les débats passionnés sur le programme
d'extension des limites du plateau continental (EXTRAPLAC) suscitent espoirs pour les uns,
craintes pour les autres. Par leur intensité, ils témoignent de la compétition qui s'exerce
désormais sur les espaces maritimes… Les « champs marins », au-delà de l'exploitation off
shore du pétrole, du gaz et des granulats, et demain sans doute des nodules poly métalliques,
permettent l'accès à des sources d'énergies renouvelables très prometteuses - énergie
55
thermique des mers, énergies des courants et des marées - mais aussi aux ressources
halieutiques si précieuses pour l'alimentation d'une population toujours plus nombreuse…
C'est aussi en mer que l'on trouvera les molécules qui permettront de lutter contre les
maladies liées au vieillissement humain. Les espoirs des chercheurs en la matière sont
considérables. Avec l'IFREMER, le SHOM et le CNRS, la France reste l'un des leaders des
sciences de la mer, domaine dans lequel elle a été pionnière. Elle doit maintenir ses efforts de
recherche maritime ». Nous sommes ici dans la même logique du colonialisme. Après la fin
de la conquête des espaces terriens, c’est aujourd’hui la conquête des espaces océaniques.
Qu’est ce qui différencie cette conquête des espaces océaniques de la colonisation ? Hier
c’étaient les produits tropicaux qui étaient recherchés, les potentialités économiques des sols,
des sous sols, et des forêts, aujourd’hui ce sont les potentialités économiques de la mer assez
considérables qui exacerbent les convoitises. Et il parle même d’un commencement de
conquête. En tenant compte de ce discours, nous comprenons bien que la France compte
poursuivre sa conquête sur l'océan Indien, donc l’éventuel retour de Mayotte dans le giron
comorien est à craindre.
Il me semble qu’aujourd’hui il y ait beaucoup de changement sur ce que l’amiral Labrousse
affirmait en 1976, que les Comores avaient un faible intérêt stratégique. Peut être le carrefour
du canal de Mozambique où se trouve les Comores n’est pas une zone d’échanges permanents
mais comme le dit Joël GIRAUD :« il est certain qu’aucun gouvernement français, ne
renoncerait facilement à une position dont l’abandon risquerait, un jour de mettre en danger
les intérêts vitaux de la nation »73. Aujourd’hui, c’est par ses enjeux économiques et
stratégiques que l’archipel des Comores suscite des convoitises. Toute fois les Comoriens
doivent faire la distinction entre position stratégique et centre du monde.
Pour mieux tirer profit de ses enjeux, l’archipel des Comores doit bien choisir ses alliés face à
cet ensemble d’acteurs aux intérêts contradictoires; à savoir la France, les Etats-Unis, la
Chine, l’Iran, l’Afrique du sud, la Tanzanie, la Lybie, le Soudan et les pays du Golfe.
Désormais la France et l’Afrique du Sud doivent tenir compte de nouveaux rivaux dans cette
zone d’influence où ils étaient jusqu’alors les principaux acteurs. D’après le jeu géopolitique
actuel aux Comores, les liens religieux semblent l’emporter sur les autres liens diplomatiques.
73 Joël GIRAUD, Unité Nationale et Décolonisation des Comores, Mémoire de DEA, Université d’AIX-en- Provence, Fac de Droit et de Sciences Humaines.
56
CHAPITRE II : LES RELATIONS ENTRE LES COMORES ET LE RESTE DU
MONDE
LES COMORES ET LES PAYS MEMBRES DE LA COI
Les relations entre les États du sud de l’océan Indien à savoir Maurice, Seychelles,
Madagascar, Comores et la Réunion, prennent racine dans l’histoire de la région. Ils étaient
dans le passé des colonies des puissances européennes. Malgré leur accession à
l’indépendance, ces pays sont toujours soutenus, financièrement par les anciennes puissances
coloniales.
Créée en 1984, la commission de l’océan Indien (COI) est une des premières expériences
formelles de coopération régionale dans cette partie de l’océan Indien. Les pères fondateurs
s’étaient fixés comme objectifs, de resserrer les liens entre les peuples des États membres et
améliorer le niveau de vie des populations, en développant la coopération dans un certain
nombre de domaines : économie, commerce, agriculture, pêche, conservation des ressources
et des écosystèmes, culture, sciences et éducation. Les problèmes politiques ne rentraient pas
dans leurs premiers objectifs. Au début le séparatisme aux îles Comores n’illustrait peut être
pas un risque de déstabilisation de la région. Il n’était pas toute suite abordé au sein de la COI.
C’est quelques années après que la COI s’en est préoccupée du séparatisme aux Comores par
la propre volonté de l’État comorien qui jugeait qu’il n’y’aurait jamais un développement
économique durable dans la région sans stabilité politique des pays membres. Pour cela, lors
du processus de réconciliation inter comorienne la COI a accompagné les différentes étapes
du processus de réconciliation national dans l’archipel des Comores. En 2001 et 2002,
pendant les élections présidentielles et législatives organisées aux Comores, la COI a dépêché
sur place une équipe d’observateurs civils et a parrainé l’Accord de Beit-Salam74. Et au nom
de la solidarité régionale, les pays membres de la COI ont grandement contribué à la réussite
de la conférence des bailleurs de fonds en faveur de l’Union des Comores. Cette conférence
tenue en novembre 2005 à Maurice avait comme objectif de mobiliser les ressources nécessaires
pour financer les projets de développement des Comores, et accompagner les efforts de
réconciliation nationale. Cette volonté de la COI d’apporter leur soutien à l’Union des
Comores sert à crédibiliser la structure et à donner aux îles de l’Océan Indien une image
d’espace de paix et de solidarité. Le bon déroulement des élections présidentielles de 2006
74 L’accord de Beit-Salam signé en décembre 2003, à Moroni, porte sur le processus de réconciliation nationale. http://www.beit-salam.km/article.php3?id_article=150
57
aux Comores était donc une victoire pour toute la région mais surtout pour la COI entant que
structure de coopération.
Lors de l’investiture du nouveau président de l’Union des Comores, Mohamed Abdallah
Sambi, les États de la région (Madagascar, Tanzanie, Afrique du Sud, Maurice,…) ont chacun
dépêché une délégation de haut niveau à Moroni. L’ancien Premier ministre mauricien Paul
Bérenger et Paul Vergès, président du Conseil régional de la Réunion étaient également de la
partie. Ils ont tous montré dans leurs allocutions la volonté de soutenir les Comores dans leurs
processus de paix, de stabilité et de développement.
Quant au Premier ministre malgache, M. Jacques Sylla, il s’est dit disposé à renforcer
davantage les relations entre les Comores et Madagascar et à mettre en place une commission
mixte bilatérale pour passer régulièrement en revue les questions d’intérêt commun.
A travers la crise comorienne, les pays membres de la Commission de l’Océan Indien ont
voulu montré, une solidarité sans faille entre eux, mais la réalité en est autre. Certains pays
considèrent que le conflit comorien ne les regardait pas. A part les rapports de bon voisinage
entre ces États, l’entente n’est pas cordiale. Certains pays membres ont des relations très
complexes avec les Comores. C’est le cas de l’île de la Réunion et de Madagascar. Malgré
leurs liens historiques et familiaux, « les Malgaches n’ont pas offert l’hospitalité aux réfugiés
anjouanais qui ont quitté leur île avant le débarquement. Mais le froid entre les autorités des
deux pays ne date pas d’aujourd’hui ».75 Nous pouvons rajouter aussi les tensions entre les
Comores et L’île de la Réunion marqués par le phénomène d’immigration et à travers les
médias, la Réunion montre son hostilité.
LES NOUVEAUX PARTENAIRES DES COMORES
En étant un relais d’influence entre le Moyen-Orient, la Côte africaine, le sud-ouest de
l’océan Indien et l’Europe, les Comores sont convoitées par plusieurs États. Il y a la Chine qui
est là depuis l’arrivée au pouvoir d’Ali Soilih en 1975, les pays du Golfe et l’Iran. On peut
75 R.C., Madagascar Tribune (extrait), Antananarivo, Vu de Madagascar, un pouvoir fédéral trop fragile, Courrier international, N° 909, du 3 au 9 avril 2008,
58
aussi souligner le retour de l’Afrique du sud et des États-Unis. La présence de ces États n’est
pas anodine dans le jeu géopolitique local. Qu’est ce qui suscite ces convoitises?
Depuis longtemps les Comores privilégient les relations avec les pays musulmans. Une liaison
très profonde due certes à la religion et que chaque gouvernement comorien cherche à
renforcer. Dans les gouvernements précédents, ces pays musulmans occupaient une faible
place dans les échanges commerciaux et les investissements par rapport à ceux de la France.
Mais depuis son arrivée au pouvoir le président Sambi, a fait le choix d'axer le développement
économique du pays quasi exclusivement sur les investissements du monde arabe. La vente
du Galawa Beach, le plus grand hôtel du pays construit par l'Afrique du Sud au temps de
l'apartheid, à la multinationale Dubaï-World Comores, est un récent exemple qui vient
couronner la mainmise des pays du Golfe sur le marché touristique comorien, après le
lancement, par un groupe d'investisseurs réunis au sein de la société Comores-Golf, de la
construction du village touristique dans le nord de Ngazidja et de l'installation d'une banque
commerciale. On ajoute à cela la construction des routes et le développement agricole et la
pêche, la gestion du port qui a été retirée à la société française Comaco au bénéfice de l’arabe
Al-Marwane. Ce flux de capitaux arabes à susciter les inquiétudes des chancelleries
occidentales sur les risques d'un bouleversement des stratégies de coopération entre l'archipel
de l'océan Indien et ses partenaires traditionnels. « Lors de sa visite dans l'archipel des
Comores en novembre 2006 l'ancienne ministre française de la Coopération Brigitte Girardin
s’en est plaint que Moroni donne le sentiment à Paris que les intérêts français ne sont pas
préservés aux Comores »76.
Mais il n’y a pas que les pays du monde arabe que le président Sambi privilégie des relations.
Il ya aussi le renforcement des relations avec les Etats-Unis, dont une des sociétés a obtenu le
marché de prospection du pétrole offshore aux Comores, et avec l'Afrique du Sud, qui a fait
passer sa représentation diplomatique du rang de consulat à celui d'une ambassade. Par contre
les relations entre les Comores et la France, partenaire historique ne sont pas au bon fixe. Les
questions que beaucoup des Comoriens se posent est ce que ces investissements venants des
nouveaux partenaires vont-ils continuer après la fin du pouvoir Sambi ? Ces nouveaux
investisseurs seront-ils en sécurité après le mandat de Sambi? Les futurs élus seront-ils
capables de maintenir ces liens? Le président Sambi ne tente pas de se servir de ses relations
76 Kashkazi N°67, du 04/10/2007, Diplomatie : comment sambi s'est aliéné ?, http://www.kashkazi.com/article-67-20071003-629-diplomatie___comment_sambi_s_est_aliene.htm
59
privilégiées avec les arabes pour se maintenir au pouvoir ? Et à quel prix ? Ce qui est
prévisible avec le pouvoir Sambi, désormais les Comores représentent un enjeu géopolitique
international. C’est un lieu où se croisent des puissances aux intérêts contradictoires. Cette
coexistence des contraires est elle une aubaine pour l’État comorien? C’est à l’État comorien
de définir les axes stratégiques afin de tirer profit de ces nouvelles alliances et de sa nouvelle
géopolitique. Les autorités comoriennes peuvent s’ouvrir à d’autres pays tout en maintenant
leurs liens traditionnels avec les pays musulmans et les pays voisins. L’État comorien peut
alors rechercher de nouveaux partenaires tout en améliorant la coopération avec la France. Et
sur cela il peut s’inspirer du modèle mauricien.
LA PRESENCE DE LA FRANCE AUX COMORES
Des relations « je t’aime moi non plus » c’est ainsi que Pierre CAMINADE77 résume les
relations entre la France et les Comores.
Actuellement il n’est pas sûr qu’il existe une véritable politique française pour les Comores.
Si non on peut tenter de la résumer par la volonté de préserver l’héritage du passé et par la
nécessité de défendre certains intérêts. Les actions de la France dans cet archipel ont souvent
semblé floues ou ambigües, et ont rarement été clairement exposées.
La présence de l’ancienne puissance colonisatrice est marquée par, la langue française qui est
la langue administrative, mais aussi parlée couramment entre les Comoriens, ses
administrations comme l’Ambassade de France, la mission de coopération, l’Agence française
de développement, l’Alliance franco-comorienne, et l’école française.
Dans les affaires économiques et politiques des Comores, la France continue de jouer un rôle
très important. Elle est le principal partenaire et bailleur de fonds des Comores78.
L’indépendance est officielle mais en réalité les Comores continuent à dépendre
économiquement et politiquement de la France. On compte à peu près une dizaine
d’entreprises françaises actives aux Comores : La BNP qui détient la majorité du capital de la
seule banque commerciale de l’archipel, la BIC ( banque pour l’industrie et le commerce) qui
est le plus important investissement français aux Comores, SECMO et TEC qui opèrent dans 77 Pierre Caminade, Comores-Mayotte : une histoire néocoloniale, Paris, Agone, 2004.
78 MSA Abdallah, page 97, 2001.60
le secteur de l’ingénierie, VITOGAZ dans la distribution de GAZ, GRAPHICA dans
l’imprimerie, CBE dans le concassage, COMCO dans l’agroalimentaire et du commerce de
produits de rente... Mais ces données économiques traduisent peu l’influence réelle da la
France aux Comores.
Malgré leur différend sur le problème de Mayotte, la France et les Comores essaient de
maintenir leur coopération après avoir connu des hauts et des bas. Les deux pays ont conclu
en novembre 2006 un Document Cadre de Partenariat (DCP) qui définit les axes de la
coopération entre l’Union des Comores et la France pour la période 2006-2010. (Voir annexe
N°3). Politiquement la France s’est engagée à soutenir le renforcement de la gouvernance par
une aide aux institutions. A propos de la crise séparatiste qui secoue les Comores, même si
son action est jugée très molle, la France s’est mobilisée en faveur de la réconciliation
nationale et de la normalisation des institutions. Ceci paraît paradoxal vu la présence de la
France à Mayotte, jugée illégale par les Comoriens et les institutions internationales (l’ONU
et l’UA). Cela pousse certains Comoriens à traiter la France de « pompier pyromane ».
Elle est intervenue en 1989 et en 1995 pour restaurer la stabilité lorsque Bob Denard et sa
bande (massacraient) des militaires qui leur ont résisté. Elle vient de soutenir l’Union
Africaine pour chasser Mohamed Bacar à Anjouan. Cette forte présence dans les affaires
politiques et économiques des Comores fait que la France est l’acteur principal dans la crise
comorienne. Il serait donc difficile pour les Comores de rompre brutalement leurs relations
avec la France, tellement ces deux pays sont très liés. Les intérêts à tirer sont bien sûrs
différents de part et d’autres mais ils y existent et il faut juste reconnaitre que les Comores ont
besoin de la France comme la France aussi a besoin de l’archipel des Comores, à cause de la
position géostratégique des Comores.
TROISIEME PARTIE : VERS LA RECONCILIATION NATIONALE
CHAPITRE I : LE RÔLE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE EST-IL
DETERMINANT ?
61
Depuis l’entrée des Comores aux Nations Unies le 12 novembre 1975 la question de l’île
comorienne de Mayotte était toujours inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.
Dans ce contentieux entre la France et les Comores, chacun des deux protagonistes a ses
positions. L’État comorien se base sur le droit international notamment sur la résolution 1514
(XV) de l’Assemblé générale en date du 14 décembre 1960 contenant la Déclaration sur
l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et sa résolution 2621 (XXV) du
12 octobre 1970, contenant le programme d’action pour l’application intégrale de la
Déclaration. (Voir annexeN°5).
Plus de vingt résolutions ont été adoptées par l’Assemblée générale de l’ONU, en faveur des
Comores. Elle affirme la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel
des Comores, composé de quatre îles, dont la Grande-Comore, Anjouan, Mayotte et Mohéli.
Lors de la trente et unième session le 18 octobre 1976, L’Assemblée générale a condamné
fermement la présence de la France dans « l’île comorienne de Mayotte », qui constitue une
violation de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale.
Elle demande au Gouvernement français de se retirer immédiatement de l’île comorienne de
Mayotte, partie intégrante de la République indépendante des Comores et de respecter sa
souveraineté.
Malgré les résolutions et l’aide apportée par les États membres individuellement et
collectivement, pour permettre à l’État comorien de sauvegarder sa souveraineté nationale et
son intégrité territoriale, l’action de la communauté internationale demeure sans effets.
LE PARADOXE ONUSIEN
« Tout en donnant raison au plus faible, nous ne donnons pas tort au plus fort »79.
Il est vrai que la Communauté internationale dans son ensemble exprime son regret qu’en ce
début du XXIe siècle, dont le débat sur le poste-colonialisme fait surface, les Comores font
toujours l’objet d’une décolonisation inachevée parce que son ancienne puissance
colonisatrice occupe illégalement une partie de son territoire qui est l’île de Mayotte. Cette
question qui n’est toujours pas traité depuis l’indépendance des Comores en 1975, devient
aujourd’hui très difficile à résoudre. En se référent à l’intervention de André Oraison80, la
79 D’André Lewin, L’ONU pour quoi faire ?, p.114.
80 « Mayotte dans la République », Actes du colloque de Mamoudzou, 14, 15 et 16 septembre 2002, André Oraison, p 238 à 263
62
question de Mayotte place le Gouvernement de Paris dans une position inconfortable. Ce
litige fait apparaître deux interprétations différentes du droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes.
Le Gouvernement de Moroni pour demander le rattachement de Mayotte aux Comores,
s’appui sur la conception classique de ce droit international coutumier désormais classique
de la décolonisation, élaboré en application de la charte de San Francisco. Cette charte est
signée et ratifiée par la Franc
e les 26 juin et 31 août 1945.
Quant à la France, pour justifier son maintien à Mayotte, et légitimer sa conception du droit
des peuples à disposer d’eux même, invoque la Loi fondamentale de la Ve République et la
jurisprudence du Conseil constitutionnel, contenue essentiellement dans sa décision du 30
décembre 1975 relative à l’autodétermination des Comores. Elle fait recours à la constitution
du 4 octobre 1958 et plus précisément de son article 53, alinéa troisième qui dit : « Nulle
cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans le consentement des
populations intéressées »81. En se limitant là, la France oublie que le cas de Mayotte est une
question de droit public international. Et que la décolonisation n’est pas seulement une
question de pur droit interne. Tout en restant conforme aux dispositions de la constitution de
1958, la loi du 31 décembre 1975 la France transgresse la genèse de la règle coutumière de
l’intangibilité des frontières coloniales. L’attitude de la France n’est autre en l’occurrence,
que la loi du plus fort. Si non comment peut-on comprendre que le droit français l’emporte sur
le droit international ? « les tribunaux et cours d'arbitrage internationaux considèrent que
nul État ne peut invoquer une règle de droit interne pour se soustraire à ses obligations
internationales, ce que précise la convention de Vienne de 1969 (article 27). Le droit
international s'impose donc à l'État, même si une règle de droit interne lui est contradictoire.
Cela ne signifie pas que le juge international peut annuler une règle de droit interne. Il se
contente de la rendre inefficace lorsqu'elle produit des effets sur le plan international ».
Du point de vue des institutions internationales, et d’une manière constante, nous constatons
que la Haute instance juridictionnelle française fait une interprétation mauvaise et restrictive
de la conception du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. La France use de son droit
interne et refuse de se conformer aux règles du droit public international. C’est pour cela, que
81 Ibid., p25463
certains militants de la cause nationale comorienne n’accordent plus de confiance à l’ONU.
Car à part les recommandations, les résolutions de l’ONU sur le problème de Mayotte n’ont
jamais sanctionné la France. Elles restent comme le dit André Oraison des actes ayants
seulement une force morale, et non des décisions pourvues de force obligatoire.
Par ailleurs depuis 1995 à aujourd’hui, les gouvernements comoriens ont retiré la question de
l’île comorienne de Mayotte de l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU sans
qu’elle ait été traitée. Elle est reportée d’année en année à la session annuelle ordinaire
suivante de l’organe plénier. Or l’organe plénier n’a cependant en la matière que des pouvoirs
limités. Ce renoncement, s’agit-il d’une perte d’espoir sur le retour de Mayotte dans son giron
naturel ou d’un chantage diplomatique ? Comment peut-on comprendre le silence de l’ONU
sur l’établissement d’une frontière entre Mayotte et le reste de l’archipel par le biais de ce
dramatique visa Balladur ? Depuis son instauration on peut compter plus de vingt mille
Comoriens expulsés à Mayotte, comme « immigrés clandestins ». Des centaines et des
milliers de Comoriens essayent de contourner les tracasseries administratives pour entrer
« clandestinement », à Mayotte à bord de japawas (petites embarcations de pêche). Ils
cherchent soit à rejoindre leurs familles, soit à trouver du travail soit encore à se faire soigner.
Le rapport national sur la prévention des risques parle de deux cents morts par an, en
moyenne. Depuis l’établissement du visa de Mayotte en 1994 à aujourd’hui on peut compter
2 800 à 3 000 morts. Un vrai désastre humanitaire. Mais comment l’ONU peut-elle rester sans
agir sur cette double violation et ce massacre ? Les Comores sont parmi les 105 pays
membres de l’ONU qui ne paient pas leur quote part. Elles sont aussi parmi les 13 pays
sanctionnés. Maintenant, reste à savoir comment sont appliquées les sanctions et jusqu’où
vont les sanctions onusiennes ? La non résolution de la question de Mayotte à l’ONU en est-il
le prix du mauvais payeur ? Je ne suis pas loin d’imaginer que L’ONU devient une
organisation à deux vitesses, ou une entreprise de prestation de services qui agit selon la tête
du client.
L’IMPUISSANCE DE L’UNION AFRICAINE
Le présent système électoral complexe de l’Union des Comores a été négocié en 2001 par
l’Organisation de l’unité africaine (OUA), après la sécession d’Anjouan en 1997. Ce système
d’autonomie des îles, confie à tour de rôle la présidence de l’Union. Actuellement c’est
Anjouan qui assure la présidence. Mais ce système n’a pas amené la stabilité pour autant.
64
D’autres conflits surgissent sur la répartition des compétences entre l’Union et les îles et ce
depuis l’adoption des nouvelles institutions. Malgré les efforts déployés par la communauté
internationale et notamment l’Union aux Comores, les efforts sont voués à l’échec. La
nouvelle architecture institutionnelle n’a pas pu inverser la tendance car elle est trop coûteuse
et très difficile à mettre en œuvre. La crise devient de plus en plus profonde. Malgré le rôle
important à jouer en négociation, en médiation et en conciliation, cette institution ne connaît
guère plus de succès dans ses tentatives de médiation et perd de sa crédibilité aux yeux de la
population comorienne. Les dernières élections des présidents des îles en juin 2007, ont
déclenché des nouvelles hostilités entre Anjouan et le pouvoir fédéral. La médiation assurée
par l’Union Africaine a montré ses limites. On parle même de l’échec de la communauté
internationale, en particulier l’Union Africaine car les autorités anjouanaises restent toujours
sur la même position. Comment peut-on expliquer ces échecs répétés de médiation et de
négociation? Si l’Union Africaine ne parvient pas à résoudre cette crise, dans un État de
moins de 700 000 habitants, c’est tout simplement parce qu’elle a sous-estimé ce conflit et n’a
pas vraiment utilisé les moyens nécessaires et adéquats pour y parvenir. Et ces échecs de
médiation peuvent s’expliquer par une incapacité des médiateurs tout simplement si non de la
mauvaise fois des petits malins qui cherchaient à faire durer la crise parce que ça leur
rapporter beaucoup de sous.
L’Union Africaine a laissé comprendre, qu’elle pourrait abandonner le problème des
Comores sous prétexte que les Comoriens ne sont pas cohérents, et que cette crise coûte
cher82. Mais avant de rejeter toute responsabilité sur les Comoriens ne serait-il pas responsable
de la part de L’Union Africaine de penser à revoir les institutions en place dont elle est le
principal promoteur ? Non seulement leurs nouvelles institutions ne résolvent pas la crise
mais elles nourrissent des conflits qui peuvent devenir inévitable. A en croire les autorités
anjouanaises, cette crise est appelée à durer très longtemps car on ne met pas réellement les
moyens pour l’arrêter. « L'UA avait envisagé puis abandonné l'idée d'organiser elle-même
une intervention militaire pour déloger Mohamed Bacar. L'organisation ne voulait pas
prendre l'initiative de déclencher un conflit dans une île qui, jusque-là, était certes en crise
mais pas en guerre »83. Après tant d’hésitations l’Union africaine a fini par soutenir la
décision de l’Union des Comores pour l’intervention militaire. Cette intervention a eu lieu le
82 Ali Moindjié, « Bouée de sauvetage »,ALWATWANI, N°1015 du 26 octobre 2007.
83 Fabienne Pompey paru dans l’édition du Monde du 15 février 2008.65
25 mars 2008. Très médiatisée, cette opération militaire est une première pour l’Union
africaine. Jean-Philippe Rémy, dans le Monde du mercredi 26 mars 2008, parle d’une
« opération militaire à valeur de test pour l’Union africaine. ». Il est donc trop tôt pour crier
victoire car il reste beaucoup à faire dans ce pays où tout est à construire.
Comme nous l’avons démontré dans les chapitres précédents, la non construction de cet État
depuis son indépendance en 1975 jusqu’à nos jours constitue le spectre de la déstabilisation.
Pour bien accomplir sa mission l’Union africaine doit accompagner les autorités comoriennes
à consolider leur appareil d’État ou à réinventer un autre système si la fédération de ces îles
n’est pas viable.
L’AMBIVALENCE DE LA FRANCE
Depuis le déclanchement de la sécession d’Anjouan, la France est stigmatisée comme le
principal soutien des séparatistes anjouanais. « Nous confirmons la disponibilité de la France
à fournir un appui aux troupes tanzaniennes et sénégalaises pour leur transport jusqu’aux
Comores, c’est-à-dire jusqu’à l’île de la Grande-Comore ou de Mohéli, mais pas à Anjouan
», a indiqué l’Agence France-Presse, citant Pascale Andreani, la porte-parole du ministère
français des Affaires étrangères84.
Lors de l’intervention militaire à Anjouan, la France a longtemps hésité à apporter son
soutien. C’est au dernier moment qu’elle a proposé de prendre en charge le transport des
troupes de l’UA vers l’archipel des Comores.
« Nous souhaitons marquer notre soutien à l’Union africaine et à sa détermination à
préserver l’intégrité et l’unité des Comores».85 Comment peut-on comprendre que la France
se soucie de l’intégrité et l’unité des îles Comores tout en maintenant Mayotte séparée de ses
îles sœurs ? N’est-il pas temps pour l’Union africaine de demander à la France de respecter sa
parole ?
84 Kashkazi, le gouvernement sambi se réjouit, Paris confirme, Moroni s’interroge, Posté le 22.02.2008 par habari, http://habari.centerblog.net/11.html
85 Même source66
Sur le contentieux franco-comorien sur l’île de Mayotte certaines autorités françaises ont déjà
reconnu les faits. Le président François Mitterrand, lors de son voyage aux Comores en 1991,
avait dit que : « La France reconnaît un contentieux regrettable» et il avait promis d'activer
des négociations pour parvenir à un règlement progressif. Quant au Premier ministre français,
Michel Rocard, lors d'une conférence à l'American University de Washington il a dit: « Au
regard du droit international, l'administration de Mayotte par la France est illégale ». Et
pourtant rien ne bouge à part que depuis 1995 tous les gouvernements comoriens successifs
ont retiré cette question de l’ordre du jour. Aujourd’hui on parle d’une théorisation de la
capitulation comorienne. Sur cela le comité maoré appelle à un sursaut patriotique86.
Le président Sambi pendant sa campagne électorale en 2006, avait promis de réintroduire la
question de l’île de Mayotte à l’ONU une fois élu. Mais en septembre 2007 il n’a pas tenu sa
promesse. Lors de la 62è session ordinaire de l’Assemblée Générale de l’ONU, le
gouvernement comorien a retiré encore une fois la « question de l’île comorienne de
Mayotte » de l’ordre du jour, un peu avant l’ouverture des travaux et quelques jours après
l’annonce d’une réception du président comorien par le président français87. L’action
ambivalente de la France a été amplifiée ces derniers temps par la fuite de Mohamed Bacar,
président déchu de l’île d’Anjouan et son accueil à Mayotte, puis la Réunion avant un
transfert au Bénin à la demande de la France.
Mercredi 2 avril, le tribunal de Saint-Denis de la Réunion, saisi d'un recours contre un
précédent arrêté de reconduite à la frontière, datant du 28 mars, a constaté que le préfet de la
Réunion l'avait abrogé, avant de le remplacer par celui qu'il a signé mardi. Le premier arrêté
prévoyait que Mohamed Bacar et ses hommes seraient renvoyés aux Comores. Le nouveau
indique qu'il pourrait être envoyé dans n'importe quel pays qui l'acceptera-on parlait de
l'Afrique du Sud. Cela signifiait qu'il ne serait très certainement pas renvoyé aux Comores, où
les autorités le réclamaient pour pouvoir le juger pour, entre autres, des faits de torture.
L'éventuelle extradition de Bacar dans un pays tiers a provoqué la colère des Comoriens et ils
l’ont montrée à travers des manifestations dans tout l’archipel mais aussi à la Réunion, à
Marseille et à Paris.
86Idriss (28/05/08), Déclaration du comite maore sur les négociations Comores – France,
http://blogidriss.blogspot.com/, jeudi 12 juin 2008.
87 Communiqué du collectif Comores Masiwa Mane67
Après le succès des manifestations à Moroni, Mayotte, la Réunion, Paris, Marseille et Nice,
les Comoriens de France soutenus par « Le PCF, La LCR, LES VERTS, Le collectif
anticolonial, le cercle Frantz fanon, la Plate-forme panafricaine, l'amicale panafricaine ont
décidé de faire du 1er mai 2008 la journée de la manifestation de leur colère.
Ils exigent l’extradition du dictateur Mohamed Bacar vers les Comores, pour que Mohamed
Bacar soit jugé aux Comores pour ses crimes, contre la départementalisation de l’île
comorienne de Mayotte, pour exiger la suppression du visa criminel Balladur, responsable de
plus de 6000 victimes martyres dans les eaux comoriennes »88.
Depuis l’ « opération Démocratie » aux Comores et la fuite de Mohamed Bacar, il y a un
regain de patriotisme qui vient de se confirmer chez les Comoriens accompagné d’un
sentiment anti-français très visible.
Près d'un millier de personnes ont défilé à Moroni, brandissant des pancartes sur lesquelles on
pouvait lire : « La France doit nous rendre Mohamed Bacar, France dégage, la France hors
des Comores ». Les manifestants accusaient la France de protéger le président renversé
d'Anjouan, Mohamed Bacar. Suite à ces incidents, le président comorien s'est adressé à la
nation. Dans un discours imprégné de références à la religion, il s'est félicité de « l'éclatante
victoire » de l'Armée nationale de développement à Anjouan. Il a plaidé pour une
manifestation pacifique, en faisant appel à la retenue des manifestants contre la « protection »
accordée par la France à Bacar. Il poursuit en disant : « vous pouvez déployer vos banderoles
et dire aux Français qu’ils ne doivent pas accueillir un tel personnage. Mais de grâce, pas
d’insultes, pas de jets de pierres, surtout à l’encontre de ressortissants étrangers dans notre
pays. Il appartient à la France de tenir compte de ce qui s’est passé à Ngazidja, à Ndzouani, à
Mwali, à Maore ainsi qu’à la Réunion et en France. Le gouvernement français doit
comprendre que les comoriens sont mécontents. On nous rétorque l’existence de la peine de
mort dans notre pays. Alors je demande qu’il soit envoyé là où il n’y a pas de peine de mort, à
Arusha ou à La Haye, mais qu’il soit jugé pour ses crimes…Alors manifestez dignement : ne
vous en prenez ni aux personnes ni aux biens. Donnons l’exemple et faisons la démonstration
que les Comoriens sont des gens civilisés qui réclament leurs droits. Car certains n’attendent
88 Communiqué de CAAC-COMORES, SOS DEMOCRATIE, DIASCOM, Watwania, RAHASHIRI, AFAC,
gritac, REVEIL. http://comores4.skyrock.com/article 1725958412.html
68
qu’un léger égarement de notre part pour transformer notre victoire en défaite ».89 Au cours de
son discours le président a demandé à la France de tenir compte des mécontentements des
Comoriens.
Cependant, l’asile politique de Mohamed Bacar et ses 23 gardes corps suscite des inquiétudes
chez beaucoup des Comoriens. D’après l’OFPRA, « l'asile est une protection qu'accorde un
état à un étranger qui est ou qui risque d'être persécuté dans son pays que ce soit par les
autorités de son pays ou par des agents non étatiques ».
Mais l’histoire de ce pays nous rappelle que l’État comorien a toujours été déstabilisé par des
réfugiés politiques. Les coups d’État qui ont eu lieu aux Comores ont été presque fomentés
par des politiciens comoriens réfugiés en France et des mercenaires étrangers. On peut citer
l’exemple du retour au pouvoir du président Ahmed Abdallah en 1978 après avoir été réfugié
quelques années en France, et d’autres qui ont essayé même si leurs opérations ont échoué,
mais ils ont tenté. De ce fait, l’asile politique de Mohamed Bacar et ses militaires peut
représenter une menace pour la stabilité de l’Union des Comores une fois établie. Pour cela la
France a encore une lourde responsabilité pour l’avenir de ce pays. Si la France protège
aujourd’hui Mohamed Bacar parce qu’il est en danger, elle doit aussi l’empêcher de ne pas
mettre en danger la population comorienne par une éventuelle tentative de coup d’État.
CHAPITRE II : LES ACTEURS NATIONAUX FACE A LA CRISE
LES PARTIS POLITIQUES ET LA SOCIETE CIVILE
On compte plus de 15 partis politiques pour 260 000 électeurs90. Cette multitude de partis
politiques engendre beaucoup des rivalités politiques dont il est très difficile de définir leurs
tendances politiques. Les tendances « blanc et vert » qui existaient à l’époque coloniale,
l’équivalent de « la gauche et la droite » française ont presque disparu. Aucun parti politique
ne détient un« bastion ». Les forces vives du pays ont du mal à se rassembler et ce combat
permanant entre les leaders ne reste pas sans effets sur la vie de l’Etat Comorien et de ses
89 Source : Beit-salam.km
90 Source : Agence comorienne de presse (HZK-Presse), Moroni, vendredi 12 mai 2006 (HZK-Presse) – Le dimanche 14 mai, quelques 260.000 électeurs.
69
citoyens. Ce manque d’entente entre leaders politiques sous entend la recherche d’intérêt
personnel avant l’intérêt général. A chaque élection les partis politiques instrumentalisent
l’intégrité territoriale et l’unité nationale pour gagner des voix et accéder au pouvoir. Après
les élections la grande majorité de ces partis disparaissent ou restent inactifs jusqu’aux
prochaines élections et les projets et les promesses tombent le plus souvent aux oubliettes.
Comme nous l’avons déjà souligné dans les chapitres précédents, les positions prises par
certains partis politiques de l’opposition au régime Taki furent plus étonnantes. Ils ne se
souciaient pas des conséquences graves que peuvent engendrer ce nouveau conflit. Pour
déstabiliser le pouvoir en place ces partis n’ont pas hésité à aider les séparatistes anjouanais à
défier l’Etat sous toutes ses formes. A Anjouan tous les symboles de l’Etat seront bannis et
remplacés par de nouveaux portant l’ «Etat d’Anjouan». « L’emblème national sera brûlé,
traîné dans la rue et même souillé »91.
Malgré la gravité de ces problèmes, les partis comoriens ne font pas de ces conflits internes
une cause nationale à défendre d’une manière sérieuse et profonde. Contrairement à la société
civile, comme le collectif « masiwa mane »92 et le « comité maore »93 qui ont fait la question
de Mayotte leur champ de bataille.
Quand aux notables qui jouent un rôle important dans la politique du pays, ils parviennent de
temps à autre à trouver des solutions dans les conflits entres villes, entre villages ou à
l’intérieur d’une ville ou d’un village. Ces conflits sont rares mais dès qu’ils surgissent les
notables parviennent à les gérer et à rétablir la paix, avec l’aide de la gendarmerie en cas de
violences graves.
91 Témoignage de Hamada Madi dit Boléro
92 Masiwa mane : quatre îles et Comores-MasiwaMane est depuis 2006 une association de loi 1901, à caractère politique, mais indépendante des gouvernements et des partis.
93 Le Comité maoré, une organisation de la société civile qui milite pour le retour de l'île de Mayotte dans70
Le conflit actuel que traversent les Comores dépasse les compétences des notables. Toutefois
des notables anjouanais soucieux de préserver la paix sociale dans l’ile et dans le pays ont
tenté de jouer la médiation afin de trouver une solution pacifique, aux questions qui divisent
le président de l’Union des Comores et celui de l’île autonome d’Anjouan. Ils proposaient leur
mission de bons offices aux deux présidents « natifs d’Anjouan » en leur invitant au dialogue.
Dans les meetings, les forums et débats, les intervenants lancent toujours un appel à toutes les
forces vives du pays sans exception à s’unir, aux pays amis à la communauté internationale
de leur venir en aide pour lutter contre la crise comorienne qui a longtemps duré. Face à cette
situation le rôle des partenaires est incontestable. Le problème comorien est en effet un
problème dont la solution dépend de la liaison entre sa géopolitique interne et de sa
géopolitique externe.
LE ROLE DE LA DIASPORA
Comme partout en Afrique, la migration des comoriens vers la France est en premier une
migration aux raisons économiques et politiques.
Connus par le goût du voyage ou plutôt de l’aventure, car les comoriens disent que ye heri
ngiyo yapvo mdru ya tsiyo ce qui veut dire que le bonheur ou la paix se trouvent ailleurs, là
où tu n’y es pas. Ceci peut expliquer en effet, le fait que les Comoriens n’hésitent pas d’aller
ailleurs, à la recherche du bonheur ou de la paix. On les trouve à Zanzibar, à Dar es-Salaam à
Madagascar, à la Réunion, aux Etats-Unis, mais c’est plutôt en France qu’on les retrouve en
majorité plus particulièrement à Marseille. Mais partout où ils sont, ils se considèrent toujours
de passage, et ils aiment vivre leur traditions, à travers des mariages, des cérémonies
religieuses et des journées culturelles. La France devenu leur grand pays d’accueil, mais les
Comoriens, s’investissent peu et leur intégration est souvent difficile. On entend souvent les
Comoriens dire « hunu tsindo mohatru »94. Cette méfiance des Comoriens à s’investir dans un
pays étranger, est peut être renforcé par les expériences malheureuses dans les deux pays
(Zanzibar et Madagascar), où ils étaient bien intégrés. Bien que les populations des deux îles,
Comores et Zanzibar sont fortement unies par la religion musulmane et par des liens de
parenté, en 1966 Karume ordonna l’expulsion de tous les Comoriens. A Madagascar ils
étaient expulsés par les militaires révolutionnaires arrivés au pouvoir en 1972 et en 1976 lors
94 Ici ce n’est pas chez nous.71
du massacre des Comoriens à Madagascar. Leur participation à la vie politique locale, dans
ces deux pays leur étaient néfaste.
On compte 350 000 Comoriens à l’étranger dont près de 200 000 en France.95 Selon
Témoignages du 20 août 2003, « Les premières colonies de Comoriens en Europe se sont
installées à la suite des deux Guerres mondiales auxquelles les Comoriens ont participé en
tant que « tirailleurs sénégalais ». Certains de ses tirailleurs avaient alors choisi de rester en
France formant les premiers noyaux qui allaient accueillir, plus tard, les nouveaux arrivants.
Par la suite, suivant le schéma classique de la colonisation par la voie de la mer, les
navigateurs comoriens (on appelle ainsi ceux qui servaient comme employés à bord des
bateaux de la marine marchande) se sont d’abord installés dans les ports - Dunkerque,
Marseille, Le Havre - pour ensuite étendre leur présence à l’intérieur du pays, vers Lyon et
Paris.».
Nous avons vu que les premiers Comoriens à Marseille sont arrivés un peu avant
l’indépendance des Comores, et une migration en masse entre 1975 et 1978, fuyant la
révolution d’Ali Soilih, dans les années 80 une autre migration fuyant la dictature et la
violence du gouvernement Abdallah et les mercenaires. Ces vingt dernières années la
migration comorienne est composée d’étudiants et des travailleurs. Vu que c’est une
migration récente en France, pratiquement à la première et deuxième génération, les
Comoriens n’arrivent pas à se faire une place, ni à s’imposer comme les autres communautés.
Ils ont du mal à établir une véritable diaspora organisée et bien intégrée.
Les Comoriens fortement attachés aux valeurs familiales et traditionnelles sont venus en
France pour échapper à la situation précaire de leur pays. Leur premier souci c’est de pouvoir
travailler, faire fortune et aller vivre dignement au pays. Elle maintient des liens étroits avec le
pays d’origine, en envoyant de l’argent à leurs familles restées aux pays, et en construisant
des maisons. Elle participe à la vie économique par le transfert d’argent estimé par la BAD96
à 70 millions d’Euros, soit 35 Milliards de francs comoriens. « Ces transferts représentent
24% du PIB, plus de 140% du Budget annuel de l’Etat, et 346% de l’aide publique au
95 Source : http://www.temoignages.re/article.php3?id article=1287
96 Banque africaine de développement72
développement Selon cette étude de la BAD publiée le 28 janvier 2008, cette somme
concerne seulement les transferts d’argent effectués dans le réseau formel en 2005»97.
Dans la vie politique, la diaspora comorienne joue un rôle important, en finançant
individuellement des leaders politiques, en imposant leur choix d’un candidat aux élections
aux membres des familles et toutes personnes dépendantes de leurs moyens pour vivre.
Beaucoup parmi eux font le déplacement lors des élections pour aller soutenir leurs candidats.
De même presque chaque parti politique comorien a une section en France ou cherche en
avoir une, et avant les élections les leaders sont obligés de venir rencontrer la communauté et
demander son soutien. Ce déplacement en France donne en quelque sorte du prestige au
candidat et montre que le candidat est soutenu par des Français. Cela peut d’ailleurs ne pas
être favorable au candidat.
Malgré son rôle fondamental dans la vie politique et économique du pays, la diaspora
comorienne n’a pas pu peser sur les conflits actuels aux Comores. La diaspora comorienne
reste alors pour les partis politiques français une poignée d’électeurs mais elle n’arrive pas à
faire pression sur la France pour tenter de trouver une solution à la sécession d’Anjouan et au
problème de Mayotte.
LA RESOLUTION DU GOUVERNEMENT COMORIEN
Depuis juin 2007 toutes les options ont été épuisées pour essayer de rétablir l’ordre à
Anjouan. L’intervention militaire écartée auparavant devient l’ultime solution pour sortir de
l’impasse.
Voici un extrait du discours d’Abdallah Mohamed Sambi, Président de l’Union des Comores,
Au 10 e Sommet Ordinaire des Chefs d’ Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine qui a
eu lieu à Adis-Abeba du 31 janvier au 02 février 2008. Ce discours relate en grande partie les
résolutions optées par le gouvernement afin de restaurer de manière durable, l’autorité de
l’Etat Comorien.
« Monsieur le Président,
97 Mme Soilha Said Mdahoma, Conférence de presse des Comoriens bi-nationaux et de la diaspora comorienne résidant en France, Moroni le 11 avril 2008, http://www.francais-de-l-ocean-indien.fr/Confer_France.pdf
73
Je voudrais saluer ici la pertinence du choix du thème sur le développement industriel en Afrique…
Pour ma part, je voudrais signaler que certains de nos pays, et notamment le mien, l’Union des Comores, connaissent des situations de conflit où le manque de stabilité politique et sociale empêche tout développement, et notamment la création d’un tissu industriel, gage de notre indépendance.
Les questions relatives à la stabilité interne de nos pays constituent, à nos yeux, les grands défis de notre temps.
Ainsi, vous me permettrez, Monsieur le Président d’évoquer de manière succincte la situation qui prévaut aux Comores.
Mes chers frères, voici près de huit mois qu’une de nos îles, Anjouan, est prise en otage par des milices armées refusant l’appel fraternel des autorités comoriennes et méprisant les médiations répétées des pays de notre région et de l’Union Africaine, pour l’organisation d’élections libres et démocratiques.
La prise du pouvoir par les autorités illégales à Anjouan contraste avec l’élection libre, transparente et démocratique du Président de l’Union des Comores et des Chefs des exécutifs des deux autres îles.
L’Union des Comores a toujours voulu privilégier, depuis tous ces mois, l’approche par le dialogue dans la résolution de ce conflit.
Nous avons fait appel à vous tous à travers notre Organisation continentale et je rappelle ici que mon pays a toujours accepté toutes les recommandations et résolutions de l’Union Africaine et du Comité ministériel de notre région, pour sortir de l’impasse.
En revanche, les rebelles à Anjouan, ont toujours rejeté, sans exception, toutes ces résolutions.
L’Union Africaine, à travers des rapports récents de son Envoyé Spécial, a indiqué que le dialogue avec le chef des rebelles n’avait plus de raison d’être et qu’il fallait recourir à des sanctions.
L’Union des Comores aurait préféré, sur la base des résolutions prises, une intervention à Anjouan pour écarter les rebelles et organiser, sous l’égide de la communauté internationale, des élections libres et démocratiques.
Cependant, l’Union Africaine a encore jugé utile de mettre en place une série de sanctions à l’encontre des rebelles, des sanctions qui, hélas, n’ont pas donné les résultats attendus.
Compte tenu de la détérioration de la situation à Anjouan, ou arrestations, tortures et même viols sont devenus monnaie courante, ce qui a entraîné un déplacement massif des populations d’Anjouan vers les deux autres îles, et eu égard aux pressions de la population dans son ensemble et de ses élus en particulier, j’ai pris sur moi de décider d’intervenir à Anjouan.
Dans ces conditions, une ultime tentative pour éviter l’usage de la force nous a été proposée, il y a quelques jours, par l’Organisation Internationale de la Francophonie.
Celle-ci, malgré nos réticences, a proposé d’aller une dernière fois demander au chef des rebelles, soit de s’écarter soit d’accepter la présence souveraine de l’armée nationale et des forces de l’Union Africaine, pour l’organisation des élections du chef de l’exécutif de l’Ile d’Anjouan.
Je suis au regret de vous indiquer que cette ultime tentative a été rejetée catégoriquement par le chef des rebelles.
Pour nous, cette absence de résultats liée à la crise anjouanaise vient de l’absence de moyens politiques de la Commission de l’Union africaine.
En effet, il est certain que si l’on avait mis en place le Gouvernement de l’Union avec une Commission renforcée, notre Organisation aurait pu résoudre cette crise de la manière la plus expéditive. Par ailleurs, un
74
Gouvernement de l’Union serait le meilleur instrument pour faire progresser les propositions africaines concernant l’industrialisation du continent.
Désormais, l’Union des Comores, ne souhaite plus la continuation du cycle des réunions et conférences internationales sur la crise anjouanaise, car ces dernières ont épuisées leur pertinence.
Tout en exprimant notre gratitude à l’endroit de la solidarité africaine exprimée par les efforts inlassables de l’Union Africaine, j’ai retenu que le Conseil Paix et Sécurité a indiqué que l’option militaire n’était plus à écarter.
Dans ce contexte, durant ce Sommet de l’Union Africaine, le Président Konaré, après avoir indiqué que la crise anjouanaise mettait en jeu la crédibilité de notre Organisation, a dit et je le cite « que si le Chef des rebelles ne voulait pas accepter les résolutions de l’Union Africaine, il fallait les lui imposer ».
J’ai donc décidé, mes chers frères, de prendre mes responsabilités, en tant que garant de l’Unité et de l’Intégrité de mon pays, et je demande votre compréhension et votre soutien dans les efforts qui vont être entrepris incessamment pour restaurer, de manière durable, l’autorité de l’Etat Comorien sur une portion de son territoire.
C’est à ce prix que mon pays pourra s’atteler, dans la stabilité retrouvée, à son développement économique et social.
Dès que l’autorité de l’Etat aura été restaurée à Anjouan, et que des élections libres auront permis l’émergence d’élus légitimes, je m’engage solennellement devant cette auguste assemblée, à organiser une conférence inter-comorienne pour aplanir nos difficultés institutionnelles ce qui permettra une décentralisation et une autonomie véritables des Iles, aux Comores.
Je vous remercie. »
A travers son discours le président Sambi a attiré l’attention du monde en montrant que les
institutions internationales, plus particulièrement l’Union africaine ont fait durer la crise
comorienne. Et qu’à un moment donné si on n’arrive pas à résoudre un conflit par le dialogue,
la médiation et la négociation, il faut agir par les armes. Car la patience a ses limites. Et vu la
forte pression de la part de la population, favorable à une intervention militaire le
gouvernement était contraint d’intervenir sinon il aurait perdu sa crédibilité au près des
Comoriens. Il reconnait en quelque sorte une faiblesse des institutions en place et affiche une
volonté de revoir la constitution qui selon lui freine la mise en application d’une vraie
autonomie des îles.
Il montre aussi que tant qu’il n’y aura pas de stabilité politique et sociale aux Comores il ne
peut pas y avoir de développement.
75
CONCLUSION
A travers la situation géopolitique des Comores sur laquelle on s’est particulièrement
intéressé aux effets présents et passés des rivalités de pouvoir, des représentations, nous
constatons que la crise sécessionniste d’Anjouan a des causes multiples qui ne peuvent être
négligées. Pour comprendre les causes de ce conflit et son émergence la compréhension de la
géopolitique interne et la géopolitique externe des Comores est nécessaire. Non seulement les
vieilles rancunes et les rapports de forces ont causé le départ de Mayotte et la sécession
d’Anjouan, mais elles réveillent aussi des velléités séparatistes dans les autres îles et
nourrissent des conflits à l’intérieur des îles, des villes et des villages.
Nous avons vu que les revendications des mouvements sécessionnistes sont au départ fondés
sur le partage du pouvoir souvent accaparé par un groupe des gens mais nous avons abouti à
une forme d’instrumentalisation des conflits économiques et politiques à une « ethnicisation »
du conflit entre kabaila na mmatsaha. Et malgré les dégâts engendrés par ce phénomène le
sujet reste tabou. On préfère orienter le débat vers les rapports de force entre les privilégiés et
les non privilégiés du pouvoir. On oublie que parmi les critères retenus pour bénéficier de
certains droits ou avantages, il ya la classe sociale dont la personne est originaire. Le
sectarisme et le chauvinisme prennent le dessus sur la gestion et l’administration des affaires
de l’État. L’équité et la démocratie demeurent chimèriques.
En lisant certains ouvrages sur les Comores et en écoutant avec beaucoup d’intérêt des
personnalités comoriennes, nous avons trouvé des similitudes entre la sécession de Mayotte
en 1975 et la sécession d’Anjouan en 1997. Pour cela, les solutions proposées pour mettre fin
à la crise séparatistes d’Anjouan, qui sont d’ordre politique et économique, à savoir la
nouvelle configuration institutionnelle des Comores n’arriveront pas toutes seules à instaurer
la paix et la stabilité politique aux Comores, tant que l’origine du problème, c’est-adire le
contentieux franco-comorien sur Mayotte ne trouve pas une solution. L’État comorien, même
si on ne le dit pas haut et fort, est conscient de ne disposer que d’une indépendance illusoire.
La communauté internationale et les autres partenaires des Comoriens, qui prétendent que la
stabilité est liée à l’Unité nationale et l’intégrité territoriale doivent s’investir pour que les
Comores retrouvent leur indépendance réelle, en commençant par le retour de Mayotte dans
son giron comorien.
76
Depuis le débarquement des troupes de l’Union africaine et des soldats comoriens à Anjouan
en mars 2008, le séparatisme aux îles Comores est réapparu sur la scène internationale.
Est-ce que réellement l’Union des Comores assurera la paix et le développement de ce pays ?
Puisque l’unité se fait attendre, voire rejetée par une grande partie de la population si on
compte Mayotte dans cette unité, ne faudrait t’il pas trouver d’autres solutions pour sortir les
Comores de cette impasse ? Faut-il accepter de laisser chaque île évoluer indépendamment
des autres? Les îles ont-elles la force et les moyens de se prendre en charge? L’histoire nous a
démontré d’ailleurs que à l’origine ces îles étaient liées par la culture, la religion, mais
politiquement séparées. L’unification politique des îles instaurée par la France, que je qualifie
d’union « contre nature » et qu’on a voulu maintenir jusqu’alors ne répond plus aux besoins
des îles. Faudra-t-il accepter la réalité d’antan, c'est-à-dire la loi de la nature que les îles de
l’archipel des Comores sont unies par la culture, la religion et politiquement séparées ? C’est
peut être de cette organisation traditionnelle que les îles Comores sont à la recherche sans
pour autant rejeter la modernité.
Au lieu de forcer des populations à s’unir et s’entredéchirer, à vivre dans une éternelle
impasse, il serait peut être mieux de les laisser vivre dans la paix et la dignité tout en
accordant à chaque île son indépendance. Au moins elles sont responsables de leur sort.
Concernant le rôle joué par la communauté internationale à propos de la sécession d’Anjouan
et le différend franco-comorien, la Convention de la Haye de 1907 sur le règlement pacifique
des différends, précise que tout État a le droit de proposer ses bons offices aux parties en
litige. Mais la procédure doit être acceptée par toutes les parties. Les bons offices, en
établissant un lien entre les parties, permettent éventuellement de rapprocher leurs positions
en vue d’un règlement pacifique final. Est-ce le cas pour les Comores ?
Quant à la médiation, c’est une source du droit africain. Elle est prévue dans la Convention de
la Haye de 1907. Elle diffère des bons offices en ce qu’elle débouche sur une solution
proposée aux parties, qui demeurent libre de l’accepter ou non. La charte des Nations Unies
reconnaît qu’elle peut être le fait d’une personne, ou de façon plus formelle d’un Etat ou
d’une organisation internationale. Dans le cas qui nous intéresse ici qu’elle est la solution
proposée à la France et aux Comores ? Peut-on croire que le renoncement à la question de
Mayotte en est une ?
77
L’ONU a adopté ce principe de médiation qui a efficacement contribué à la stabilisation de
l’Afrique à l’exemple du conflit centrafricain, et du conflit zaïrois.
Malheureusement ce qui a marché en Afrique continentale ne marche pas forcement aux
Comores. Cela ne veut pas dire que les Comoriens ne sont pas commodes. Si les solutions
proposées ici se heurtent à des obstacles c’est tout simplement parce qu’elles ne sont pas
adaptables à la situation comorienne. Les mêmes causes ne produisent pas forcement les
mêmes effets. Il faut tenir compte de la particularité des pays. Ce sont des sociétés
différentes, des cultures différentes donc des sources des conflits différentes.
Puisque la méthode pacifique pour régler ce conflit n’a pas donné les résultats escomptés,
quelles sont les nouvelles propositions pour lutter contre ce séparatisme, si l’intervention
militaire n’est pas envisageable ? Penser que l’emploi de la force à Anjouan était la seule
solution qui ébranlera les fondements du séparatisme en était une erreur. L’opération menée à
Anjouan était peut être nécessaire mais pas suffisante pour retrouver la stabilité aux Comores.
Ce n’est pas le départ de Mohamed Bacar, qui mettra fin au séparatisme. Les premiers grands
leaders du séparatisme à Anjouan comme Abdallah Ibrahim et le colonel Abeid98 sont partis et
le séparatisme a survecu et il survivra à Mohamed Bacar. « la préservation de l’unité et de
l’intégrité nationale n’a pas de sens que si la nation se préoccupe de tous ses membres sur le
même pied d’égalité. Si on remet sur le feu les vieilles recettes du chauvinisme et du
favoritisme, alors d’autres Mohamed Bacar vont réapparaître inévitablement avec des idées
et des armes, peut être, encore plus redoutable. Pas forcement à Anjouan »99. Il est bien claire
que pour retrouver la paix dans ce pays, les Comoriens doivent se débarrasser des préjugés et
autres truismes très ancrés dans leur mémoire, lutter contre les injustices, adopter une logique
de redistribution plutôt qu’une logique d’accaparement. Il faut donc choisir des bons
dirigeants, mettre les gens qu’il faut là où il faut. C’est un autre contrat social qu’il faut
signer.
Depuis le débarquement militaire à Anjouan le président Sambi est soupçonné de vouloir
modifier la constitution des Comores. Et lors de son discours, tenu le 25 mai 2008, à
l’occasion du deuxième anniversaire de son mandat, Sambi a indiqué la possibilité d’une
98 Retraité de l’armée française, et ancien chef de l’exécutif de l’île d’Anjouan, destitué le 9 août 2001 par le Colonel Mohamed Bacar.
99 Ali Moindjié, Al-Watwan, mercredi 9avril 2008.78
révision constitutionnelle si le peuple le souhaite. Ce qui a rendu les autorités de l’île de
Mohéli furieuses et menacent de quitter l’Union si on touche à la tournante. Selon le porte
parole du gouvernement mohélien, « Mwali ne va pas participer à la conférence inter-
comorienne envisagée par le président Sambi »100. Des cadres Mohéliens mettent en garde le
chef de l`Etat comorien, Ahmed Abdallah Sambi, contre toute tentative de modifier la
constitution, en vue de se maintenir au pouvoir. Selon le président de l’île de Mohéli,
Mohamed Ali Said : « Nous demandons le respect strict de la constitution. Nous avons
supporté le mandat de quatre ans de l`île de Ngazidja et nous supportons encore celui
d`Anjouan. Il n`y a donc pas de raison de nous priver de notre tour »101. Ces propos nous
laissent comprendre qu’à la moindre tentative de changement de constitution qui risque de
priver les Mohéliens de la possibilité de gouverner, réveillera le séparatisme dans cette île.
Certains Grand-Comoriens pensent que Mohéli n’a pas les capacités requises pour gérer
l’Union. Car beaucoup des Mohéliens ont occupé des hauts postes de responsabilité dans les
gouvernements précédents et ils ont montré leur incapacité. Mais il n’y a pas que les
Mohéliens ! Tous ceux qui ont dirigé ce pays étaient des incapables si non on ne se trouverait
pas dans cette situation désastreuse.
Le morcellement de l’archipel des Comores, le rattachement de Mayotte à la France depuis
l’indépendance des Comores en 1975, le sursaut séparatiste de l’île d’Anjouan depuis plus
d’une décennie, le risque d’une éventuelle sécession de l’île de Mohéli, nous ramène
aujourd’hui à se poser la question sur l’existence de la nation comorienne. Existe-t-elle ou
non ? Si oui de quelle nation parlons nous? Et de quelle nation voulons-nous ? S’il s’agit
d’une nation moderne, basée sur le partage d’un même projet politique, alors je peux dire que
la nation comorienne n’existe pas et qu’il faut la construire. Car on peut reconnaitre le rôle
important que jouent la langue, la culture et l’histoire pour la formation d’une nation, mais à
notre époque il n’ya pas de vraie nation sans projet politique commun. C’est d’ailleurs de
cette nation que les Mahorais adhèrent. Les Maorais désirent faire partie d’une nation
politique, comme elle est définie par Ernest Renan102. Ils expriment clairement leur désire et
leur consentement, de ne plus avoir envie de continuer la vie commune avec les autres
Comoriens. Et comme le dit Ernest Renan dans son discours, « l’existence d’une nation est un
100 A M, « Révision constitutionnelle : Mohéli n’exclut pas de quitter l’Union »,http://www.kweli_magazine.info.
101 APA, « Le président mohélien met en garde Sambi », 17 Avril 2008, http://www.malango-actualite.com/article-102Ernest Renan « Qu’est ce qu’une nation ? »Discours prononcé à la Sorbonne le 11 mars 1882.
79
plébiscite de tous les jours… Une nation n’a pas plus qu’un roi le droit de dire à une
province : « Tu m’appartiens, je te prends ». Une province, pour nous ce sont ces habitants ;
si quelqu’un en cette affaire a le droit d’être consulté, c’est l’habitant ». Pour l’existence de
la nation comorienne, il est temps de poser la question aux Comoriens. De quelle nation
vivent-ils ? Et de quelle nation veulent-ils ? Mais vue la situation qui prévaut actuellement
aux Comores, marquée par la crise économique et sociale, les déboires des gouvernements
précédents, le séparatisme des Anjouanais, le processus de la départementalisation de
Mayotte, les autorités comoriennes ne prendront pas le risque de consulter le peuple comorien
pour la réalisation d’un nouveau contrat social par peur de ne pas avoir l’adhésion de la
majorité de la population. Les Comoriens sont traumatisés par les référendums de 1974 et
1976, qui ont vu Mayotte se défaire de son giron naturel.
Feu Younoussa Bamana, ardent défenseur de Mayotte française, insistait sur le fait
d’être, Mahorais avant d’être français et ne niait aucunement les liens de sang et de cousinage
entre Mayotte et les trois autres îles des Comores que sont Anjouan, Mohéli et Grande-
Comore. Il précisait que : « Nous avons choisis une grande nation, la France. Nous voulons
être département français pour être libre »103. Si les Comoriens acceptent de regarder la vérité
en face, il n’est pas sûr que les Mahorais réintégreraient l’Union des Comores, en tout cas pas
pour l’instant, et même si la situation socioéconomique et politique devient meilleure aux
Comores, le retour de Mayotte dans le giron naturel se fera attendre. Je souhaiterai me
tromper mais l’espoir est très réduit depuis l’annonce officielle de la date du référendum sur la
départementalisation prévu le 29 mars 2009. Cette date marque le point du non retour. Selon
des témoignages des jeunes mahorais en France, rejoindre le giron comorien ca serait une
erreur. C’est pour eux faire une marche arrière. Mayotte vient de décoller, elle est en plein
expansion, le retour de Mayotte dans le giron comorien ce n’est pas d’actualité selon eux.
Les Comoriens qui réclament Mayotte doivent tenir compte de la réalité de la situation. Ils
doivent accepter que les choses aient changé. Plus de 30 ans de détachement ils ont à faire
avec une autre société. Les actuels cadres Mahorais, qui sont nés dix ans avant l’indépendance
des Comores et ceux qui sont nés après l’indépendance ont des vagues souvenirs de
l’ancienne époque que Mayotte faisait partie des Comores. Ils ont plutôt les représentations
négatives des Comores, pauvres et instables, des pères comoriens traitres et indignes. Parmi
103 Source : Ismail Mohammed Ali, Disparition de Younoussa Bamana, Mayotte infos, Le 25 juin 2007 http://mayotte.rfo.fr/article123.html
80
ces jeunes cadres mahorais certains sont abandonnés par leurs pères comoriens et en majorité
des pères Grands-Comoriens. Ces derniers sont mariés avec des maoraises afin de régulariser
leur situation. Une fois que leur situation est régulière, ils abandonnent femmes et enfants et
regagnent la métropole. Ils s’établissent et repartent après aux Comores. Ces enfants et ces
femmes abandonnés n’ont pas gardé des bons souvenirs des Grands-Comoriens. Et
aujourd’hui ils ont plutôt la haine et ils se vengent.
Presque les Mahorais qui ont voulu rester Comoriens n’y sont plus ou n’osent pas s’afficher
ou le dire en publique et même s’ils le disent c’est un nombre insignifiant. « Les Mahorais qui
sont soupçonnés de « serré la main » sont toujours mal vus et ça peut leur coûter cher : perte
de poste ou de pouvoir si c’est un élu. Et je connais des victimes »104. A travers ce témoignage
minime, certes, il me semble que le retour de Mayotte dans le giron comorien, devient de
plus en plus difficile pour ne pas le qualifier d’une cause perdue. Nous avons l’impression que
les Comoriens ne sont pas conscients de l’adversaire qu’ils ont en face. Et que ce différend
franco-comorien n’est pas un simple conflit entre villageois qui peut se régler par négociation
des notables. Les Comoriens doivent chercher une stratégie autre que la solution
consensuelle et pacifique. Ils doivent dépasser la guerre de la salive pour demander la
réparation des dommages causées par la France depuis l’indépendance jusqu’à nos jours. Il est
temps de concevoir l’inconcevable pour l’avenir de l’archipel des Comores. C'est-à-dire faire
le deuil de Mayotte et penser au décollage des trois îles. Il faut savoir tourner la page
postcoloniale et ouvrir une page post-postcoloniale.
La séparation entre Mayotte et les Comores est tellement profonde et le rapprochement ne va
pas se faire du jour au lendemain. Les Comoriens doivent regarder la vérité en face et prendre
en compte la réalité de la situation, du changement des mentalités et du niveau de vie des
Mahorais depuis 1975, comme ils le disent des jeunes Maorais « il ne faut pas tout confondre,
ce n’est pas la même époque ». Ce qui montre que la solution ne viendra pas de cette nouvelle
génération mahoraise. C’est vrai tout n’est pas matériel, mais la réalité c’est que les
conditions essentielles ne sont pas réunies pour amorcer un rapprochement entre Mayotte et
les Comores. Mais comme le dit un fonctionnaire Français qui préfère garder
l’anonymat, « les gouvernements comoriens à part Ali Soilih, n’ont pas fait le nécessaire pour
récupérer Mayotte. Ils ont fait semblant, mais en réalité ce n’était pas une priorité
104 Témoignage d’un jeune Maorais81
politique. C’est malheureux que les autorités et l’élite comoriennes continuent à tromper le
peuple comorien sur cette question ».
A part la situation économique et politique qui ne sont pas favorable à un éventuel retour de
Mayotte, il ya aussi la peur des cadres Maorais de se voir asphyxier ou absorber par les
Grands-Comoriens et les Anjouanais. Ils ont peur de ne pas pouvoir occuper des hautes
fonctions une fois dans l’ensemble comorien. Les Maorais ne sont pas préparés ou plutôt sont
traumatisés par les rapports de forces politiques à la comorienne, ils ont peut être peur de la
compétition. Car dans la politique comorienne, rien ne se mérite tout s’arrache ou se
marchande.
Un vrai retour de Mayotte doit venir du fond des cœurs des Maorais. Si non on ne peut pas les
forcer ni les faire venir par coup de matraques. Il faut tenir compte des sentiments et la fierté
des Mahorais. Après trois décennies de détachement que les Maorais assument fièrement,
retourner dans l’Union des Comores fera perdre la face aux Mahorais.
Nous avons constaté que non seulement le séparatisme aux îles Comores est spécifiquement
fondé sur un esprit de pillage ou d’enrichissement personnel, mais on peut rajouter aussi que
les crises de sentiment d’identité, le sectarisme, les cœurs blessés, jugées négligeables ont pu
déchirer des familles et une population très longtemps unies. Ils ont nourri des grands conflits
qui ont engendré l’instabilité politique, la violence et la pauvreté dans ce pays. Les
représentations qui ne reflètent pas forcement la vérité, car ils sont parfois des stéréotypes ont
pu mettre l’unité nationale et l’intégrité territoriale des Comores en danger. Aujourd’hui, les
îles Comores ont du mal à faire un chemin ensemble. Mais si ses divisions ont pris de
l’importance c’est parce que l’État s’est délité. Le système fédéral a échoué et la nouvelle
constitution est loin d’apporter une bonne résolution au morcellement de cet archipel. Quelle
sera alors la nouvelle perspective pour l’archipel des Comores si ce n’est que les « États Unis
des Comores » ?
La France longtemps pris pour principale responsable de l’instabilité aux Comores tente
toujours d’apporter des solutions en proposant des aides financières. Or cet argent ne ramène
pas la paix, au contraire il reste encore source de conflit vu la gestion et l’utilisation de ces
fonds. Mais tant que les Comores ne se débarrassent pas de ses relations ambigües avec la
82
France il n’y aura jamais de stabilité dans ce pays. Ou ils sont amis ou ils sont ennemis, mais
pas les deux à la fois. Il faut arrêter l’hypocrisie.
Selon le feu président Ahmed Abdallah « Quand une fille qui s’appelle les Comores aime un
homme qui s’appelle la France et que cet homme ne l’aime pas, elle peut soit se suicider, soit
chercher un autre homme »105 ! A méditer.
Chronologie des grandes dates de l'histoire des Comores du XVIIIe jusqu'aux récents
événements à Anjouan.
XVIIIe siècle. Dans la seconde moitié du siècle, des flottes malgaches (composées surtout de
Betsimisaraka et pouvant compter jusqu'à 18 000 hommes) viennent ravager les côtes
comoriennes. Domoni (à Anjouan) est détruite en 1780 ; Iconi (à la Grande-Comore) est prise
en 1805, après des combats légendaires qui durèrent plusieurs jours. Ces razzias, très
dommageables, incitent les sultans à rechercher la protection des puissances européennes.
1803. Le Premier Consul Napoléon Bonaparte fait déporter à Mutsamudu (Anjouan) le
général Rossignol et ses compagnons accusés d'avoir préparé un attentat.
105 Le Monde, 17 octobre 1981, p. 15. Cité par André Oraison, « Mayotte dans la République », page 263.83
1816. Le sultan Abdallah Ier, qui a construit la forteresse de Mutsamudu (Anjouan), pour se
défendre contre les incursions malgaches, se rend à Bourbon pour solliciter la protection de
Louis XVIII.
1828. Ramanateka, un Hova, vient, après la mort de Radama Ier se réfugier à Anjouan, avec
une centaine de compagnons. Le sultan lui permet de s'installer à Moheli. Ramanateka y
prend le pouvoir et, converti à l'Islam, en devient le sultan, sous le nom d'Abderahmane.
1841. Un traité signé par Andriantsuli, prince malgache réfugié aux Comores, qui s'est fait
reconnaître par le sultan d'Anjouan le gouvernorat de Mayotte, cède la propriété de l'île à la
France. En 1843, au nom de Louis Philippe, le commandant Passot prend possession de
Mayotte. L'esclavage est aboli en 1846, mais les conditions de travail imposées par les
planteurs créoles provoquent en 1856 l'éclatement d'une insurrection. Les divers
commandants français de Mayotte n'auront de cesse d'intervenir dans les affaires des îles
voisines et de préparer leur annexion, pour soustraire l'archipel aux convoitises coloniales
anglaises ou allemandes.
1848. Un consul anglais s'installe dans l'île d'Anjouan et cherche à y faire prévaloir l'influence
britannique. Mais quand la Grande Bretagne tentera d'obtenir, en 1882, l'abolition de
l'esclavage dans l'île, le sultan se tournera vers la France, dont il sollicite l'intervention.
1865. Le traitant Lambert, venant de Madagascar, où il avait été fait " duc d'Imerina " par le
roi Radama II, obtient de la reine de Mohéli une concession exorbitante, " pour mettre l'île en
valeur ".Soutenu par la marine française, il y séjourne jusqu'à sa mort, en 1878.L'île connaît
alors une période d'anarchie, attisée par les manœuvres concurrentes de la France et de
l'Angleterre.
1883.Léon Humblot, envoyé par le Museum d'Histoire Naturelle de Paris pour étudier la flore
et la faune des îles de l'océan Indien, se substitue à l'État français pour signer avec le sultan de
Bambao, Saïd Ali, à la Grande Comore, un contrat qui lui concède terres et travailleurs à sa
convenance, moyennant une redevance de 10 % des bénéfices.C'est le début d'une mainmise
systématique sur l'île, qui jusqu'alors avait été déchirée par les rivalités innombrables des
petits sultans locaux (Bambao, Itsandra, Badjini, etc.).
84
1886. Le gouvernement français impose à Anjouan, Mohéli et la Grande Comore des traités
de protectorat, reconnaissant son droit de regard sur les affaires comoriennes.
1889.Humblot se fait nommer " résident " à la Grande Comore.Il met en place une compagnie
coloniale, qui progressivement se ramifie dans toutes les îles de l'archipel et constitue un
réseau d'exploitations agricoles (cocotiers, plantes à parfum) et d'entreprises intégrées
verticalement (production agricole, usines de transformation, entreprises de vente en gros et
détails, services divers) qui contrôlent toute l'activité économique comorienne : le système
Humblot, favorisé par l'exiguïté du territoire et la passivité complice de l'administration,
réalise la perfection et la caricature de la colonisation.
1892. Les Kabars (gouvernements locaux) étant supprimés, l'annexion d'Anjouan, Mohéli et
de la Grande Comore devient une réalité, juridiquement entérinée en 1904.
1908. Mayotte et ses dépendances (c'est-à-dire les trois autres îles) sont rattachées par décret à
la colonie de Madagascar.
1912. La loi du 25 juillet confirme cette annexion. La colonie comorienne a donc été
successivement (et de manière plus ou moins théorique) rattachée à la Réunion (en 1816), à
Nosy Be (entre 1843 et 1877), à la Réunion à nouveau (en 1896), pour devenir désormais une
dépendance de Madagascar. Comme Tananarive est loin est que les budgets sont réduits, les
Comores vont désormais vivoter, en accumulant les retards économiques et sociaux.
1914. Mort de Léon Humblot. D'autres grandes sociétés se constituent. La Société Coloniale
Bambao (qui a commencé en reprenant les terres du sultan d'Anjouan) rachètera même en
1938 celles d'Humblot. Ce sont ces sociétés qui façonnent l'évolution des Comores. Comme
elles ont accaparé la plus grande partie du sol, la lente augmentation de la population
commence à poser le problème de l'accès aux terres agricoles. Par ailleurs, ces sociétés
privilégiant les cultures spéculatives d'exportation, les îles ne produisent pas de quoi nourrir
leur population. Pendant la période coloniale, les Comores fournissent des soldats et des
marins à la France, exportent des fonctionnaires et des imams vers Zanzibar. Mais sous ce
85
système colonial, la vieille société perdure, avec ses hiérarchies complexes, son droit
particulier, ses observances religieuses maintenues. Notables traditionnels, chefs religieux,
responsables de l'administration, employés des sociétés se côtoient, s'ignorent ou s'épaulent
selon de secrètes connivences.
1946. Après avoir été occupées (en 1943) par les Anglais, qui souhaitaient les soustraire à
l'autorité du Gouverneur " vichyste " de Madagascar, les Comores réintègrent juridiquement
l'Union Française, avec le statut de " territoire français d'outre-mer ", qui consacre leur
séparation d'avec Madagascar. Elles bénéficient désormais d'un statut évolutif, comportant un
Conseil général, doté peu à peu de pouvoirs délibératifs sur des sujets non politiques. Une
prudente réforme agraire est entreprise au début des années 50.
1956. La Loi-cadre " Defferre " introduit une plus large autonomie en unifiant le collège
électoral et en organisant un Conseil de Gouvernement. Celui-ci est installé à Dzaoudzi
(Mayotte), traditionnel lieu de résidence de l'autorité de tutelle, mais l'Assemblée siège à
Moroni (Grande Comore).
1958. Les Comoriens se prononcent au référendum du 28 septembre pour le maintien de
l'archipel au sein de la République française.
1961. La loi du 22 décembre organise l'autonomie interne des Comores, dont l'Assemblée
nationale a désormais juridiction sur tous problèmes, hormis les Affaires étrangères, la
Défense et la Justice. La vie politique locale a d'abord opposé des regroupements flous, les "
Blancs ", rassemblant les grands commerçants et leurs clientèles, autour de Saïd Ibrahim, et
les " Verts ", c'est-à-dire surtout des fonctionnaires, autour de la forte personnalité de Saïd
Mohamed Cheikh, député à l'Assemblée nationale à Paris de 1946 à 1961, président ensuite
du Conseil de Gouvernement. Ces deux formations s'entendent pour se partager les
responsabilités politiques. Mais les rivalités insulaires interfèrent avec ce système politique.
Les notables de Mayotte fondent en 1957 le Mouvement mahorais, dont l'audience est
multipliée quand, en 1966, le gouvernement de Saïd Mohamed Cheikh décide de transférer à
Moroni la capitale du Territoire.
86
1963. Un Mouvement de Libération des Comores, basé à Dar-es-Salaam, lance le mot d'ordre
d'indépendance pour l'archipel. La revendication est reprise par différents mouvements
politiques. La répression d'une grève des lycéens de Moroni en 1968 précipite l'évolution.
1971. Saïd Ali, qui a succédé à Saïd Mohamed Cheikh comme président du Conseil de
Gouvernement, tente une conciliation avec les Mahorais, mais la situation politique se
dégrade.
1973. Ahmed Abdallah est porté à la présidence du Conseil de gouvernement avec le mandat
d'obtenir l'indépendance de l'archipel.
1974. L'accord du 14 novembre 1974 prévoit l'organisation d'un référendum, qui a lieu le 22
décembre et qui connaît une forte participation électorale.95 % des votants se prononcent
pour l'indépendance..., sauf à Mayotte où 65 % d'entre eux préfèrent le maintien dans la
République française. La situation est délicate, et les autorités françaises temporisent.
1975. Le 6 juillet, le président Ahmed Abdallah proclame unilatéralement l'indépendance, ce
qui entraîne la sécession de fait de Mayotte.
Le 3 août un coup d'État porte au pouvoir Ali Soilih, leader de l'opposition, agronome de
formation, aux convictions socialistes et laïques affichées. Le régime révolutionnaire qu'il met
en place se veut non-aligné en politique extérieure et radical à l'intérieur : dissolution de
l'administration et de la fonction publique, remplacée par un système décentralisé ; lutte
contre les traditions paralysantes, comme la coutume ostentatoire du " Grand Mariage " ou le
port du voile par les femmes...Le nouveau pouvoir tourne vite à la dictature inconséquente et
brutale. Le référendum de 1977 souligne la perte de prestige d'Ali Soilih.
1978 (12-13 mai). Des mercenaires, sous le commandement de Bob Denard, débarquent
secrètement, arrêtent Ali Soilih, l'abattent au cours d'une tentative de fuite. Une junte rappelle
87
l'ancien président destitué, Ahmed Abdallah. Celui-ci, qui avait assis sa fortune personnelle
sur le commerce du riz, nourriture essentielle des Comoriens, dont il contrôlait le monopole
de l'importation, reste l'obligé de Bob Denard et de ses mercenaires. Nouant des relations
commerciales importantes avec l'Afrique du Sud, dans l'espoir d'y trouver un soutien solide, il
impose au pays un régime autoritaire et paternaliste, qui suscite une sourde contestation.
1979. La loi du 22 décembre proroge le statut particulier de collectivité territoriale défini pour
Mayotte en 1976.
1989 (26 novembre).Le président Ahmed Abdallah est assassiné à l'intérieur du palais
présidentiel. Tout indique que Bob Denard et ses mercenaires sont directement impliqués dans
ce meurtre.
11 mars 1990 : Said Mohamed Dhohar est élu président de la République. Il devient le
troisième Chef de l'Etat comorien.
Septembre 1995 : Coup d'Etat par les mercenaires. Djohar sera déporté à l'île de la Réunion.
Octobre 1995 : Djohar retrouvera le fauteuil présidentiel.
Mars 1996 : Mohamed Taki Abdoulkarim est élu président de la République avec plus de
64% des suffrages exprimés.
Juillet 1997 : Anjouan et Mohéli agitent le drapeau sécessionniste. Les deux îles veulent se
détacher de la République, accusant la Grande Comore d'avoir accaparé tout l'appareil
étatique.
Novembre 1998 : Mort du président Taki dans des circonstances restées encore aujourd'hui
obscures. Il venait juste de rentrer d'un voyage officiel en Turquie. Tadjidine Ben said
Massounde, président de la Haute Cour Constitutionnelle, assurera l'intérim et nommera
Abbas Djoussouf, une figure de l'opposition, Premier ministre.
23 avril 1999 : Accords d'Antananarivo sous l'initiative de l'OUA, la délégation anjouanaise
ne signera pas le document et demandera un temps de réflexion pour consulter sa population.
88
30 avril 1999 : Le Colonel Azali Assoumani, chef d'état-major de l'armée, prend le pouvoir. Il
suspendra ensuite la Constitution.
6 mai 1999 : Une Charte constitutionnelle sera élaborée et fera office de loi fondamentale de
la République. Les îles seront placées sous l'autorité d'un gouverneur.
17 février 2001 : Signature des Accords de réconciliation de Fomboni en présence de la
communauté internationale.
19 décembre 2001 : Des mercenaires, se faisant passer pour des agents de la FBI, ont
débarqué dans l'île de Mohéli dans le noir dessein de déstabiliser le pouvoir du colonel Azali
Assoumani. Certains seront abattus par l'armée nationale du développement (AND).
23 décembre 2001 : Référendum constitutionnel de l'Union des Comores, mettant fin à la
République Fédérale Islamique des Comores et consacrant la naissance de l'Union des
Comores.
21 janvier 2002 : Le colonel Azali Assoumani remet sa démission pour pouvoir se présenter
à l'élection présidentielle comme stipulé dans la constitution. C'est le Premier ministre
Hamada Madi Boléro qui dirigera la transition.
7 avril 2002 : Election des présidents des îles autonomes d'Anjouan et de Mohéli,
respectivement Mohamed Bacar et Mohamed Said Fazul.
14 avril 2002 : Azali Assoumani est élu premier Président de l'Union des Comores
19 mai 2002 : Mzé Soulé Elbak est élu président de l'île de Ngazidja (Grande Comore).
14 mai 2006 : Mohamed Abdalah Sambi est élu président de l’Union des Comores
Source :http://www.malangocomores.com/histoirc hronologie.htm
Les événements à Anjouan depuis 2007
89
10 juin 2007: Mohamed Bacar est réélu au premier tour de l'élection à la présidence à
Anjouan. Le gouvernement de l'Union des Comores, qui avait ordonné le report, estime que le
scrutin s'est tenu dans "l'illégalité totale". L'Union africaine (UA) ne reconnaît pas l'élection.
30 juin 2007 Mohamed Abdoulwahab est élu président de l’île de Ngazidja 1er
juillet 2007 Mohamed Ali Said est élui président de l’île de Mohéli
13 juin : Le gouvernement des Comores évoque l'éventualité d'une "option militaire" contre
Anjouan.
14 juin : L'émissaire de l'UA estime que "toutes les options sont ouvertes, y compris
militaire".
Le colonel Bacar est investi. Paris estime que l'élection "n'est pas valide". Le gouvernement
comorien juge son investiture "nulle et non avenue"
29 juin : Les autorités fédérales demandent à l'UA d'intervenir militairement à Anjouan.
4 juillet : Les comptes bancaires publics d'Anjouan domiciliés à la banque centrale des
Comores gelés.
27 décembre : Le chef de l'armée annonce son intention de "libérer Anjouan" par la
force.
2008
31 janvier : Le président Ahmed Abdallah Sambi annonce son intention d'intervenir
"incessamment pour restaurer l'intégrité de l'Etat comorien".
19 février : L'UA prolonge les sanctions contre Anjouan.
20 février : L'UA décide d'apporter son soutien militaire et logistique au gouvernement de
l'Union des Comores.
21 février : La France confirme sa "disponibilité" à fournir un appui pour transporter les
troupes de l'UA.
28 février : Le colonel Bacar repousse les propositions de la médiation internationale de
quitter Anjouan ou de se rendre.
90
7 mars : Les autorités de l'Union des Comores affirment avoir l'intention de traduire en
justice Bacar pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Les Etats-Unis approuvent l'intervention militaire.
- 12 mars: Mohamed Bacar affirme être partisan du "dialogue" pour résoudre la crise, tout en
se disant "prêt à mourir".
13 mars : L'Afrique du Sud affirme que Mohamed Bacar est prêt à organiser des élections et
qu'il faut lui en laisser la possibilité.
17 mars : L'armée comorienne affirme que des "dizaines d'éléments de la rébellion" ont été
tués à Anjouan lors de deux incursions des troupes fédérales la veille.
18 mars : L'Afrique du Sud estime une solution diplomatique possible.
Le gouvernement comorien affirme avoir prévu d'organiser une présidentielle en mai à
Anjouan pour remplacer Bacar.
20 mars : Les premiers militaires mandatés par l'UA commencent à se déployer sur l'île de
Mohéli en prévision d'une attaque amphibie sur Anjouan.
Quatre pays ont accepté de fournir des contingents ou une aide logistique: la Tanzanie, la
Libye, le Soudan et le Sénégal. La France a transporté les militaires tanzaniens, et doit
acheminer les Sénégalais.
24 mars : Le président de l'Union des Comores Ahmed Abdallah Mohamed Sambi donne
son feu vert à l'intervention militaire contre les autorités de l'île d'Anjouan.
25 mars : L'armée comorienne, appuyée par des troupes de l'Union africaine, annonce avoir
pris le "contrôle total" de l'île sécessionniste d'Anjouan. Le président Bacar aurait pris la fuite
déguisé en femme et chercherait à gagner en bateau l'île française de Mayotte.
25 mars : Des tirs d'armes lourdes ont lieu autour de la capitale d'Anjouan, Mutsamudu,
91
devant laquelle deux navires chargés de troupes ont pris position pour l'opération "Démocratie
aux Comores" contre le colonel Bacar.
26 mars : Ikililou Dhoinine nommé administrateur de l’île d’Anjouan
Le 31 mars: Le président de la Cour d’appel d’Anjouan, Lailizamane Abdou Cheik a prêté
serment lundi comme chef de l’Etat par intérim de l’île comorienne d’Anjouan. Il a pour
mission d’organiser de nouvelles élections « d’ici deux à trois mois » afin de remplacer
Mohamed Bacar, le président « illégal » chassé du pouvoir le 25 mars.
Source : NOUVELOBS.COM | 29.03.2008 | 13:48
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/afrique/20080325.OBS6483/les_evenements_a_anjouan_depuis_2007.html
GLOSSAIRE Comorien Français
Fungu vient du verbe wfunga : Enfermeer
Funguwa : Libérer
Héri : Paix
Kabaila : Noble
Maoré : Mayotte
Masiwa pluriel de Isiwa : Îles/ île
Mane vient de Nne : Quatre
Masiwa mane : Quatre îles
Mwali : Mohéli
Mdru : Quelqu’un
Mgazidja : Grande-Comores
92
Mdzuwani : Anjouanais
Mumwali : Mohélien
Mmawore : Mahorais
Msafarini : Habitant de la périphérie, paysan
Mmoroni : Originaire de Moroni
Mledjuwu : Campagnard, broussard
Mlozi : Pêcheur
Mshendzi : Esclave
Mmatsaha : A Anjouan, et à Mayotte, désigne un campagnard
Ngazidja : Grande-Comore
Ngiyo : Être
Rahashiri : Nous sommes réveillés, ou éveillés
Twabiya : Comportement, mentalité
Watwaniya : Patriotisme, nationalisme
Yapvo : Là
Ye : Le, la
Yezi : Pouvoir
Yinu : Ceci
Yo ke : Indique ici la négation, ne…pas
Za : De
93
SIGLES
AFD : Agence française de développement
AFC : Alliance franco-comorienne
AND : Armée national de développement
AFP : Agence France-Presse
BAD : Banque africaine de développement
BIC : Banque pour l’industrie et le commerce
COI : Commission de l’océan Indien
CBE : Concassage - Bétonnage - Enrobage
DCP : Document cadre de partenariat
IDH : Indicateur de développement humain
OFPRA : l'Office français de protection des réfugiés et apatrides
ONU : Organisation des Nations Unies
OUA : Organisation de l’unité africaine
94
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PPTE : Pays pauvres très endettés
UA : Union africaine
Brouillons des notes à récupérer
D’après Franck Berruyer106, « Les premiers tirs sur l'île ont été entendus vers 5 heures du
matin (GMT+3), dans la localité de Ouani, près de l’aéroport et de la résidence présidentielle.
En fin de matinée, les troupes comoriennes déclaraient être entrées sans résistance dans
Mutsamudu, la capitale d’Anjouan. Mardi, en milieu de matinée, le palais présidentiel
d’Anjouan, occupé depuis 2002 par le colonel Mohamed Bacar, était désert ». En 48 heures
presque, le but final est atteint. C’est la fin de la rébellion anjouanaise.
La position de la France concernant le différend franco-comorien, reste la même. Quelque soit
la gauche française ou la droite, au pouvoir, elles ont maintenu le statu quo depuis
l’indépendance des Comores jusqu’à maintenant.
Suite de l’article de Idriss : « Le maintien de la quatrième île sous la tutelle de l’ancienne puissance
colonisatrice constitue une source de déstabilisation politique et institutionnelle permanente, mais aussi un
obstacle à toute politique de développement de l’Archipel des Comores. Idriss Mohamed, tente de faire une
comparaison entre Mayotte et la Corse : « Des habitants de l’île comorienne de Mayotte s’insurgent contre l’Etat
central, l’Etat français, brandissent "le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes", organisent des consultations
"bananières" et s’y appuient pour tenter de légitimer le maintien de l’île comorienne sous sa coupe. Des habitants
de l’île française de Corse se soulèvent contre le colonialisme français, revendiquent l’indépendance de leur île,
106 Franck Berruyer : grand reporter à France24, rendu dans l’archipel des Comores depuis le 8 mars 2008, rend compte de la situation jour après jour
95
les armes à la main, tiennent tête à l’armada française des dizaines d’années ; ... tout fonctionnaire français
s’indignerait si on demandait à l’Etat français d’organiser une consultation du peuple corse sur son
devenir... » ».
ANNEXES96
ANNEXE 1 : ENTRETIENS ET QUESTIONNAIRES
Lieu et date : Paris le 13 avril 2008
Nom et prénom : Hamada Madi BOLERO Fonction : Un des premiers et plus proches collaborateurs du Président Azali Assoumani depuis le coup d’Etat du 30 avril 1999 jusqu’à sa passation du pouvoir avec le Président Sambi Ahmed Abdallah Mohamed. Dernier Premier ministre de la République Fédérale Islamique des Comores et cinq mois comme Chef de l’Etat par intérim de l'Union des Comores. Conseiller diplomatique du Président de l’Assemblée fédérale, Mohamed Saïd Abdallah Mchangama, depuis février 1994. Mr, Boléro, vous avez occupé des hautes fonctions de l’État Comorien depuis 1994 à 2006, avant et pendant la période de la sécession de l’île d’Anjouan. Peut-on parler aujourd’hui de la fin du séparatisme aux îles Comores ?Non, je ne crois pas. Ensuite tout dépend de la définition qu’on donne au « séparatisme ». Si c’est celui qui a séparé Mayotte des Comores avant d’être l’objectif des Mohéliens en 1990 avec Djohar et enfin celui des anjouanais en 1997, alors ce séparatisme là est toujours là et je ne crois pas qu’il disparaîtra sous peu !Si le séparatisme est la décentralisation amorcée par la constitution du 23 décembre 2001 suite à l’accord de Fomboni du 17 février 2001 et qui a instauré « la tournante », des « institutions insulaires » à l’exemple de celles de l’Etat etc, alors aussi ce séparatisme là est là et au contraire il se trouve renforcé ! Voilà pourquoi je crains qu’à force de qualifier tout ce qui a trait à la décentralisation comme du séparatisme, nous prenons le risque de pas regler le véritable problème comorien qui est celui du développement conformément aux OMD ! Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?Non, pas du tout ! Si notre problème était d’ordre constitutionnel ou même institutionnel, alors après avoir adopté 5 constitutions en l’espace de 35 ans de vie, les Comores se seraient sorties de ses problèmes ! A chaque fois qu’un nouveau Président est élu aux Comores ou s’est imposé, nous avons toujours cherché à modifier notre loi fondamentale et les résultats sont là pour nous convaincre que ce n’est point une solution !L’État unitaire est-il viable ?Peut-être ! Mais, le type d’un Etat n’est qu’une conséquence d’un processus de développement de l’Etat ! Ce n’est nullement pas une affaire d’opportunité ou esthétique ! Regardez par exemple la Suisse qui est une
97
Confédération à la base ; elle ne l’est plus aujourd’hui ; c’est une fédération ! Dire que l’Allemagne fédérale, la Belgique, les USA, la Russie, le Mexique, l’Inde, le Nigéria, les Emirats, comme Etats fédéraux, ne sont pas viables, ce serait se foutre des gens ! Mais aussi, dire que la France, l’Italie, la Suède, avec comme type d’Etat, des Etats Unitaires, ne sont pas viables, ce serait pas responsable ! Ainsi donc, le type d’Etat aux Comores dépend de l’émancipation de l’Etat et non une question de viabilité ! Pour ma part, la fédération est pour aujourd’hui le meilleur type d’Etat pour les Comores, je le pense !Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?Une très mauvaise chose ! Anjouan comme d’ailleurs beaucoup d’autres régions comoriennes en Grande Comores par exemple, souffre ! Mais cela ne peut en aucun cas justifier une sécession de Dimani (Grande Comores) ! Il y a d’autres procédés !D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?Toutes les îles ont ce sentiment ! La crise économique et le manque de perspectives pour l’avenir !Pourquoi le séparatisme Mohélien n'est pas allé loin?Le mouvement séparatiste mohélien est vieux comme celui de l’île comorienne de Mayotte, c’est à dire bien avant celui d’Anjouan. Mais le séparatisme Mohélien est plus sérieux du fait qu'il n'est pas violent! A Mohéli, il y a toujours eu des personnes qui ont toujours cru que la Grande Comores est dominatrice! Mais en vérité, c'est grâce aux politiques unionistes qui n'ont jamais accepté le séparatisme et en cela l'Etat ne les a jamais remercié ou même soutenu!Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que c’est pourtant grâce au lieutenant-colonel Mohamed Anrifi Moustoifa que Mohéli n’a pas basculé dans un séparatisme à l’anjouanaise.Cet officier chef de bataillon Mohamed Anrifi Moustoifa leur menait la vie difficile. Les séparatistes mohéliens jurèrent de se venger de cet officier dès qu’ils seraient au pouvoir ou contrôleraient l’île. Si je vous ai bien compris, vous pensez que c’est le comportement des Grands-Comoriens qui poussent les autres à prendre cette position sécessionniste ?Exactement, je voulais que vous le disiez vous-même.Pensez vous qu’Anjouan pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?Non ! Survivre oui ! Et puis quelle contradiction ? Au moment où des grands pays très importants se constituent en bloc, on ne va quand même pas faire un raisonnement par l’absurde ! Même si cela aurait été possible, mais soyons intelligents : unissons-nous même avec nos voisins immédiats pour atténuer ne serait-ce que les méfaits de la mondialisation !Vous êtes originaire de Mohéli, et peut être le futur président de l’île, une fois élu vous tenterez de changer la constitution ?Non ; parce que la constitution en soit n’est pas mauvaise mais elle est male appliquée. Et je tacherai de l’appliquer sans changer d’un iota et c’est à partir de là qu’on pourra dire qu’elle est bonne ou mauvaise. En ce moment là c’est à la population de décider si elle veut la changer ou pas. Jusqu’alors elle n’a jamais été appliquée sérieusement.Et c’est la faute à qui ?Au pouvoir central bien sûre. Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession d’Anjouan ?Bien sûr que oui !Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?Ce n’est même pas un souhait ! Il en sera ainsi. Pour quand, je ne sais pas ! Mieux, ce serait après que les 3 îles se seraient entendues pour penser autre chose qu’à se faire du mal sinon, Mayotte restera là où elle est !Croyez-vous que c’est possible un jour ?Bien sûr !Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?Tout ! Vous savez, j’ai même le sentiment que la population de Mayotte est plus comorienne que les autres ! Je sais que c’est difficile de l’accepter mais c’est ce que je pense !Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?Je n’étais pas majeur en 1974 !Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?Une idée bonne mais très mal négociée !L’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?Malheureusement ces pays ignorent certaines réalités comoriennes ! C’est ce qui explique leur échec !Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?J’ai toujours été contre et je continue à penser que ce fut une très mauvaise idée ! Notre pays n’avait pas besoin de cela ! Elle n’aura rien résolu sauf si l’objectif fut seulement de chasser Mohamed Bacar !Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ?
98
Oui ! Sambi a fait l'intervention car il pensait sérieusement qu'après il pourrait modifier la constitution pour rester au pouvoir! Ensuite, cette guerre entre les Makabayilas et Wakonis a toujours été l'origine des conflits à Anjouan!Donc les réactions de ces deux autorités peuvent être nourries d’esprit de vengeance entre ma kabaila na wa matsaha?Tout à fait Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir militairement à Anjouan?Non la communauté n’est pas intervenue ! C’est la Tanzanien, le Soudan et la Lybie sans mandat ! Cette affaire aura des conséquences lors du prochain sommet de l’Union Africaine !L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humanitaire, peut-on parler d’un succès de l’Union africaine?Non !Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme les troupes de l’UA et l’AND ?Bonne question ! A-t-il négocié avant ?La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de cette orientation ?Non ! De quels musulmans s’agit-t-il ? Au contraire je pense qu’une politique anti sociale et de mensonges ne peut pas être proche des musulmans !Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.Le développement ! Je m’exprimerai après !Merci de votre collaboration
Nom et prénom : IBRAHIME Mahmoud
Fonction : Enseignant à Paris
Peut-on parler de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
Non, car les mécanismes juridiques permettant de l’éradiquer n’ont toujours pas été mis en place, et il y a des chances qu’on ne puisse inculper aucune des personnes arrêtées pour « séparatisme ».
Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?Non, pas véritablement.L’État unitaire est-il viable ?Oui.Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?Elle a pour origine des problèmes économiques et s’est développée sur un fond de complexes de certains cadres d’origine anjouanaise qui ont cru bon de reporter leurs frustrations sur une population qui vivait dans la misère, et qui a d’ailleurs pendant longtemps subi l’arrogance de ces mêmes cadres.D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?Anjouan ne veut pas se séparer. Il y a une infinie minorité qui souhaite cette séparation. En réalité, la majorité des séparatistes souhaite faire pression pour pouvoir bénéficier de certains postes qu’ils croient impossibles à obtenir pour eux pour diverses raisons (le poids démographique de Ngazidja, la concentration réelle des institutions administratives et économiques à Ngazidja, …)Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?Tout le monde sait, y compris les séparatistes eux-mêmes, qu’Anjouan ne peut s’en sortir seule. Il n’y a qu’à voir la situation de Mayotte qui sans le soutien massif du contribuable français serait très en marge dans la région de l’Océan indien et qui, à travers la coopération régionale, cherche une ouverture vers la seule région qui lui est proche : les trois autres îles de l’archipel.
99
Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?Non, cela n’a pas de sens, nous formons un seul peuple et un seul Etat, pourquoi aller vers le pire ?Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession d’Anjouan ?Oui, c’est évident. Le transfert de fonds de la France vers de Mayotte a permis à l’île de se développer d’une manière artificielle et de faire croire aux autres Comoriens que le séparatisme est une voie vers le bonheur. Il faut aussi évoquer le fait que les séparatistes ont toujours eu le soutien de certains officieux et même d’officiels français, à partir de Mayotte et cela depuis 1997.Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?Oui, parce que Mayotte forme avec le reste de l’archipel un ensemble cohérent et que le maintien de la France dans l’île contrevient au droit international et à de nombreuses résolutions de l’ONU. Sans parler du fait que Mayotte sous administration française constitue un élément de déstabilisation de l’Etat comorien depuis 1975.Croyez-vous que c’est possible un jour ?Oui.Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?Les gens, les pratiques religieuses, les familles mixtes de plus en plus nombreuses.Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?J’étais enfant.Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?Elle est arrivée trop tard et cela a permis les manipulations qui ont abouti à la séparation.L’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?Les actions étaient inefficaces car elles avaient pour préalables le non recours à une intervention militaire. C’était dès le départ se soumettre au bon vouloir des séparatistes qui ont pensé jusqu’au dernier moment qu’ils n’avaient pas à craindre une action militaire contre eux.Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?C’était une nécessité.Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ?Non, je ne pense pas, si j’ai bien compris la question.Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir militairement à Anjouan?Ce n’est pas vraiment la communauté internationale qui est intervenue à Anjouan . C’est l’Etat comorien soutenu par trois ou quatre pays de l’Union africaine et sous couverture de cette organisation. Mais il ne faut pas oublier que le pays chargé du problème comorien au sein de l’UA (Afrique du Sud) n’ en voulait pas et la France, qui dit maintenant avoir soutenu l’opération, n’en voulait pas non plus. Elle a dit clairement qu’elle n’aiderait pas pour une intervention à Anjouan et elle a été contrainte par certains accords liant l’Union européenne à l’UA de transporter des troupes africaines vers Moroni et Mohéli (elle a refusé de les déposer à Anjouan, ce qui aurait été le signe d’un soutien clair à l’intervention). De plus, par l’intermédiaire de son Ambassadeur à Moroni, elle a clairement dit que son soutien était destiné à l’UA et non à l’Etat comorien.L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humanitaire, peut-on parler d’un succès de l’Union africaine?On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de résistance. Elle s’est rendue compte qu’en face il y avait une détermination et de vrais soldats. De plus quand les chefs fuient, les milices ne pouvaient plus continuer à risquer leurs vies pour rien.Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme les troupes de l’UA et l’AND ?Parce qu’en réalité, comme le croyaient certains responsables politiques de la CRC, MB n’a jamais cru qu’il y aurait une intervention avec des armées de pays de l’UA et il ne s’est pas préparé à une telle éventualité.La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de cette orientation ? Depuis l’élection de Sambi, certains, surtout parmi les cadres francophones, se font peur en agitant l’étendard d’une islamisation des Comores. Cela fait deux ans et on ne voit toujours rien arriver. Si cela arrive, on se battra contre, mais pour le moment, je trouve que Sambi a surtout fait des ouvertures de types économiques vers les pays arabes ou musulmans. Mais, aux Comores, dès que l’Etat ne traite pas avec la France, on le soupçonne d’intentions cachées. Nous oublions que nous sommes musulmans et que ce caractère est bien inscrit dans notre constitution et nos lois. Les francophones, dont je fais partie, doivent accepter que vues notre histoire et nos traditions, l’Etat comorien peut et doit chercher d’autres partenaires, autre que l’ancien colonisateur avec lequel nous avons des conflits d’intérêts et qui en permanence joue du chantage à l’économie pour faire subir au gouvernement comorien son point de vue sur la question de l’île comorienne de Mayotte.
100
Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.
Le pays doit améliorer l’économie, surtout le niveau de vie de la population, miser sur l’éducation, la formation et sur le respect des lois votées.
Nom et prénom : Mzé Mchinda Hadji - Bébé (Comorien à Paris)
Fonction : Juriste, Greffier des services judiciaires.
1-Peut-on parler de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
Oui et non. Un “oui” conditionnel. La pensée dominante de la crise comorienne conclue par des causes d’ordre socio-économique. Je partage cette vue. J’ajoute pour ma part d’autres causes génératrices de contradictions sociales et explosions entre autres conséquences : Les multiples expressions socioculturelles sur des terres dépourvues de cadre conventionnel de coexistence entre les citoyens eux-mêmes. En société comorienne d’aujourd’hui, toutes les cultures s’expriment sans cadre normatif. En l’absence d’espace convenue par tous les aspects culturels censés coexister, la liberté de chacun n’aura de limite que par ce qui désintéresse. La question n’est pas nécessairement constitutionnelle, elle est plus de synthèse socioculturelle devant guider le constituant et autres législations conséquentes.
De ces raisons autres que je considère comme étant des causes premières à une crise à visage séparatiste, je ferais aussi mention de la caractéristique négative d’une société dans laquelle bon nombre de citoyens semble se contente d’une éternelle dépendance, culture sociale et existentielle devenue principe. Je fermerais la parenthèse par la négativité présente de la majorité d’une génération sacrifiée. Celle de l’au-delà 78 à nos jours. Le poids que constitue cette génération par une incontestable perte de repères, requiert des solutions de maîtrise par des réponses immédiates certes à leurs attentes mais aussi par un processus volontaristes de moralisation sociale. J’en terminerais par une imagination nécessaire d’une vie collective s’adossant sur l’idée d’interdépendance pour rapprocher davantage les uns et les autres.
Un “non” si ce que les comoriens et comoriennes ont vécu jusqu’à là ne rencontre pas un contrario politique serein car, à vrai dire, qu’est-ce qui favorise les intrusions des esprits malins et malfaiteurs dans une société comme celle comorienne ? C’est, selon moi l’extrême fragilité psychologique du grand nombre, due aux poids des envies qui sont pour beaucoup vitales ou sur vitales et sur fond d’ignorance. Le séparatisme me semble être plutôt un bouc émissaire sur un terrain propice.
Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?
La constitution en vigueur aujourd’hui me paraît être une constitution de circonstances d’un temps, rédigée en tout cas à la hâte sans tenir compte de l’état des lieux en termes d’adaptation et moyens, en aucun cas, elle ne saurait conduire les Comores à la paix inter-îles parce qu’elle a gradué les sources de chicaneries par la superstructure imaginaire. Elle n’a fait qu’amplifier la gravité des difficultés d’une société.
La constitution actuelle est forcement à reprendre avec esprit sain et en considérant qu’elle doit tout d’abord être fondatrice d’un Etat et non favoriser l’émergence de tel ou tel clan ou de tel ou tel homme.
Quel Etat et pour quelle société ? Telle est, me semble-t-il l’interrogation, que tout constituant doit se poser. Quelques ingrédients ont été évoqués précédemment pour mieux réussir une constitution, un Etat et vie collective normale. Une constitution exprime aussi un choix d’un cadre normatif d’arbitrage des institutions et une volonté d’adhésion d’au moins la majorité des citoyens, sujets de l’Etat.
Les citoyens doivent comprendre ce dont ils s’engagent et les dirigeants doivent, dans l’action, démontrer une culture de respect des pactes sinon des normes. Si les comoriens atteignent ce niveau, les dispositions de leur constitution évolueront comme les moeurs et n’auront plus besoin de pondre, à chaque crise, une nouvelle constitution. Oui, une reprise de la constitution pour la rendre fondatrice d’un Etat viable, paraît nécessaire mais au terme de la tournante qui est aussi un engagement entre les concluants au nom des comoriens de 2001.
101
L’État unitaire est-il viable ?
Un Etat unitaire comorien ne paraît pas impossible. Vu sous l’angle d’organisation politique, c’est sans doute la meilleure option susceptible de maintenir unies les terres et les populations comoriennes.
Ce qui a fait défaut et qui a mis un tel type d’Etat à mal, dès son état embryonnaire et en adjonction avec d’autres causes, c’est une administration centralisée avec une timide déconcentration de pouvoirs et non l’organisation politique elle-même sous la forme centraliste.
A présent, eu égard à la survivance des démons du séparatisme, l’Etat unitaire doit inévitablement s’appuyer sur une administration très décentralisée pour sa viabilité. Celle que j’avais appelée jadis une décentralisation poussée au lieu et place du fameux concept de large autonomie ; un concept accoucheur de toutes les envies les plus folles qui ont conduit les Comores à la situation d’aujourd’hui.
Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?
Les tentations permanentes de soustraction de l’île d’Anjouan de l’ensemble naturel par certains politiciens n’ont d’intérêt que pour les acteurs de la démarche. Les manœuvres sont dignes des sultanats d’un temps. Une voie que cherche l’ancienne puissance tutrice et actrice, en réponse à des conditions d’accession des Comores à l’indépendance, non digérées ; un processus qui permettrait à la France, comme jadis, de reconquérir l’ensemble des îles autrement.
On parle beaucoup de Mayotte comme étant un aimant qui attirerait les Comoriens des autres îles, en particulier les anjouanais pour une vie meilleure entre autres raisons. Certes, il y a quelques conditions de vie à Mayotte qui sont enviables par les Comoriens des autres îles : l’éventualité de trouver un travail par exemple, même si accompli dans des conditions de surexploité, et la recherche d’une santé constituent l’essentiel des causes de l’exode. Pour autant, au terme de 32 ans de colonisation de l’île, un état des lieux de Mayotte est loin de convaincre pour motiver la sécession d’Anjouan dont on évoque. L’atmosphère de colonie à Mayotte et qui comporte sa cohorte de restrictions sur tous les plans n’est pas de nature à faire de cette île l’exemple à suivre.
D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?
Il est invraisemblable de parler d’Anjouan voulant se séparer des autres îles Comores. Le sens des tiraillements que bon nombre appelle injustement séparatisme anjouanais n’a rien des intérêts d’Anjouan et des anjouanais. On aurait plutôt affaire à une étape d’une feuille de route qui aurait dû tendre vers une solution de l’île Mayotte tout en acquérant le statut promis par la France métropole et dans un ensemble ou format que la COI n’a pu concrétiser : l’Union des îles de l’océan indien. Une union qui reflèterait le format « UE » adopté par les anciennes puissances colonialistes en Europe. Le silence des voisins des Comores en dit long. Eux, au moins, comprennent quelque chose du sens du vent des leurs maîtres d’hier, de leurs décideurs d’aujourd’hui et de demain.
Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?
En termes de démographie et espace vitale ( ? ) l’île d’Anjouan est surpeuplée déjà. Les divers états des lieux rendus public aujourd’hui montrent à quel point, en l’espace de 11 ans de crise, la population elle-même souffre de multiples disettes et le paysage considérablement métamorphosé. Il est à observer que tout cela n’est pas dû à un réel manque de subsides. Les sources locales de ressources fonctionnaient de Taki à Azali (Port et administrations des fiscalités). Et même durant le règne d’Azali, financièrement parlant, Anjouan bénéficiait des enveloppes en provenance de seulement les caisses communes de deux autres îles. Tout ceci pour dire qu’il relèverait de la pure fiction le fait de considérer qu’Ajouan peut s’en sortir sans les autres îles
Etes vous d’accord que le comportement des grands comoriens poussent les autres à vouloir se séparer ?
Je ne serai pas d’accord. Car il n’existe pas de trace nous renseignant sur un refoulement des anjouanais ou des mohéliens. Nous savons oh !combien les Anjouanais ont dominé la vie politique, économique et administrative, et par l’emprise sur la richesse grand-comorienne depuis l’indépendance et même avant? il y’avait une multitude de raisons qui auraient poussé l’esprit mal saint grand-comorien à chasser les Anjouanais.
La proclamation unilatérale de l’indépendance était pour Abdallah un tram plaint pour mieux réussir ses affaires.
102
Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession d’Anjouan ?
9-Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?
Oui, parce que les Comores, en tant qu’entité intégralement admise comme membre des Nations unies depuis 1975 et donc sujet de droits et d’obligations au regard du droit international, ne peuvent relever d’un quelconque traitement d’exception non inscrit dans la charte de Nations de 1945. La question “Mayotte” est un problème national qui a naturellement place dans le sentimental de bon nombre de comoriens. Il y a, s’agissant de Mayotte, pour la majorité des comoriens, l’idée indélébile d’une expropriation de chez elle et par la force. Si l’on traduit cela par la notion de patriotisme, celui-ci a été l’une des grandes causes de pertes de tant d’âmes sur terre. C’est dire à quel point, il est à espérer que l’île réintègre dans son ensemble naturel pour l’intérêt de tous.
10-Croyez-vous que c’est possible un jour ?
11-Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?
D’un point de vue juridique et sous l’angle internationale, la terre de Mayotte jusqu’à ce que la raison d’être de l’ONU disparaisse avec l’institution en mal de vitalité.
D’un point de vue sociale, la population actuelle de Mayotte s’est naturellement éloignée, de beaucoup, d’avec celles des es autres îles alors qu’assurément soeurs. A l’instar de l’enfant adopté, il y a survivance du génome et du sentimental à travers ledit génome. Il n’est pas impossible qu’un adopté, pour se sentir équilibré, ne se résolve à la recherche de ses racines. Mayotte se trouve, quoi que l’on dise, dans ce cas. Faudrait-il aussi qu’elle soit aidée.
12-Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?
Non. Je n’avais pas la capacité. Si l’exercice de ce devoir civique m’était possible, j’aurais voté “Oui”
Pourquoi a communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir militairement à Anjouan?
L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humains, peut-on parler d’un succès de l’Union africaine? Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ?
L’intervention militaire aurait pu être un réel succès de l’UA, au-delà d’un semblant d’embargo, décidé pourtant par l’organe de coercition de cette institution. Mais, l’attitude de dernière minute de l’Afrique du Sud a complètement fait perdre le bénéfice à l’UA au profit des pays, membres de l’institution certes, dont on parlait beaucoup d’eux que de ladite institution mandante à cause de la cacophonie d’une puissance régionale, chargée du dossier « Comores » depuis 11 ans et qui n’a pu rien faire en raison la prépondérance de ses intérêts propres.
Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme les troupes de l’UA et l’AND ?
Historiquement, en principe, les interventions de déstabilisation des pays sous dépendance multiforme sont menées non pas par des armées régulières ou des dirigeants issus des urnes mais par des groupes politiques soutenus ou simplement armés par des puissances ayant intérêts. S’agissant des Comores, après tant de gesticulations par des politiciens comoriens à la solde depuis les années 90 et qui n’ont abouti aux résultats attendus par la France, à ce stade officieuse, ce qui semblait opérable par l’incarnation de l’ancienne puissance tutrice (!) C’était de se servir de Bacar et Caanbi sur les deux plans (politique, militaire) dans l’illégitimité bien entendu ; ce que les concernés ont, apparemment, accepté de faire.
Mais, entre les prévisions stratégiques de mission et les réalités des temps d’un monde tourbillonnant, il peut y avoir tant d’imprévus et donc de revirements.
Le processus évoluant, le contexte en a décidé autrement. A partir du moment où les Etats-Unis d’Amérique notamment s’y sont mêlés officiellement en faveur de Sambi et pour d’autres raisons liées à leurs intérêts propres (...), la France de l’invisible s’est vue opposée par un non recevoir qui a lui aussi ses origines ailleurs qu’aux Comores. Cela ressemble à un règlement de compte entre puissance mais aussi, pour les Etats-Unis à une position de défense relevant du principe de précaution. Lutte contre le terrorisme oblige (Pour plus, entre autres raisons, penser à Bagdad et au 11 septembre). Bacar et tous autres n’avaient pas le choix en se repliant. En face d’eux, il y avait plus fort susceptible de voir tout de mise en œuvre.
103
La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de cette orientation ?
Ne peut-on pas essayer de voir cette politique autrement que de la classer hâtivement de la sorte ?
J’ai plutôt une autre lecture de cette politique dite de Sambi. Je vois à travers elle le retour aux origines réelles des Comoriens : Le monde arabe, l’Afrique et l’Asie. Le jugement qui consiste à ne voir qu’une faveur de la politique de Sambi à des pays musulmans me semble être fondé sur la simplicité d’analyse à connotation politicienne, quand on pense en même temps que des chancelleries nouvelles, qui ne représentent pas forcement des pays musulmans, ont ouvert récemment leurs portes, sur accréditation du même Sambi et que des pays comme la Chine multiconfessionnelle pourtant, obtiennent davantage de présence en terres Comores dans presque tous les domines et traités avec considération.
Et quel est le rôle joué par la diaspora comorienne en France face aux conflits inter-comoriens ?
La diaspora a manifesté un silence qui me semble d’ailleurs positif. Car si elle avait pris parti, ca aurait empiré la situation. Le silence était plutôt positif.
Comment ?
Car nous savons que la diaspora dispose d’un pouvoir. Les positions prises par un certains nombre d’expatriés comoriens convergeait sur une conclusion commune : La responsabilité de la France. Entant que vraie structure au sens digne du terme, la diaspora comorienne n’a rien fait de concret susceptible d’aider à la résolution de la crise. Elle n’a rien fait d’accord pour lutter contre mais elle a rien fait non plus pour l’encourager.
Comment ce fait - il que des Comoriens de la diaspora ont su mettre la pression sur le gouvernement malgache concernant le problème des étudiants comoriens à Madagascar, et ont obtenu gain de cause, et n’arrive à mettre la pression à la France sur la question de Mayotte ?
Selon moi, ceux qui ont mis la pression aux autorités malgaches n’envisageait pas des intérêts personnels. Leur action était plutôt humanitaire et patriotique plutôt que politique.
Or que le problème de Mayotte a une dimension certes patriotique mais c’est plutôt politique et relève de la dimension juridique internationale. Et cette action à mon avis devrait été menée par l’élite comorienne. Et la grande majorité de la diaspora comorienne ceux sont des ouvriers. Ils vont se battre pour avoir un billet moins cher pour aller au pays, avoir des facilités de dédouaner leurs colis et leurs marchandises.
Dites nous en quelques mots les priorités du pays selon vous.
En ce moment les Comores doivent mettre à profit sa géopolitique par des acteurs de la diplomatie, fiables, pragmatiques et incisifs.
Merci de votre collaboration.
Nom et prénom : Ali Saadi
Fonction : Ministre conseiller à l’Ambassade des Comores à Paris (1993-1997), conseiller spécial de président de l’île autonome de Ngazidja (2005 à 2006)
Vous étiez membre de la délégation du parti républicain des Comores(PRC) aux conférences, inter îles sur le problème du séparatisme à Anjouan qui ont eu lieu à Addis Abebas et à Madagascar
Peut-on parler aujourd’hui de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
Le problème du séparatisme ne saurait se limiter à la seule intervention militaire qui a chassé le colonel Bacar du pouvoir. En fait, à mon avis, le séparatisme anjouanais n’est ni une question économique ni politique, même si dès le début on a tenté de maquiller la question dans une perspective d’une distorsion économique entre les îles.
104
Non le séparatisme anjouanais est loin de sa fin car c’est une question désormais instrumentalisée pour le maintien ou la conquête du pouvoir. Les Anjouanais s’en servent, les Grands-Comoriens et les Mohéliens aussi.Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?Le respect de la constitution comorienne pourrait contribuer à la stabilité du pays, mais la constitution n’est pas le seul goulot d’étranglement qui bloque le fonctionnement de l’Etat. Il faudrait d’abord que les décideurs du pays aient une volonté politique de respecter les institutions qu’ils ont eux-mêmes mis en place. Je pense qu’il n’y a pas une bonne et une mauvaise constitution. La question est de savoir jusqu’à quel niveau on est prêt à mettre en chantier et à respecter les textes de loi votés par l’Assemblée. D’ailleurs le président Azali n’a jamais voulu procéder à la promulgation des lois organiques complétant particulièrement l’article 9 de la constitution et le président Sambi élu en 2006 continue toujours dans la même lancée refusant notamment de procéder au transfert de compétences aux îles autonomes. Alors on peut changer la constitution mais la réalité des problèmes des Comores résident dans la capacité de ses dirigeants à respecter la norme.L’État unitaire est-il viable ?Le caractère insulaire de l’Union des Comores est une réalité qui impose une approche tenant compte des spécificités de chaque île. La décentralisation administrative mise en place par Ali Soilih tout comme le fédéralisme du Président Abdallah aurait été une bonne chose à condition que tout soit respecté dans la forme que dans le fond. Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?La sécession d’Anjouan a été l’occasion de plus pour enfoncer les Comores déjà affaiblies par tant d’années d’instabilité, de coup d’État et de mal gouvernance. Sérieusement j’estime que la porte du démarrage économique du pays est loin d’être ouverte.Et les investissements des pays du golf n’en est il pas une ? Attendons voir
D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?Des Anjouanais dans leur ensemble n’ont pas vocation à se séparer structurellement de leurs concitoyens des autres îles sœurs. Mais pour des raisons de leadership les cadres anjouanais tout comme les militaires aspirent désormais à jouer des rôles politiques au plus haut niveau de l’État et comme dirait l’autre « qu’importe la couleur du chat l’essentiel c’est qu’il attrape la souris ».
Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?
En perspective politique l’ensemble des îles du sud est de l’océan Indien est condamné à créer un cadre économique et politique commun pour faire face à la concurrence internationale inhérente à la mondialisation. Comment peut-on imaginer la petite île d’Anjouan seule, sortir de l’ornière de la misère et du sous développement ?
Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession d’Anjouan ?
Le problème de Mayotte constitue un handicap majeur pour l’État comorien. La tentation ridicule de revenir sous l’administration coloniale est évidemment un fallacieux prétexte pour des hommes politiques malintentionnés qui manipulent le petit peuple.
Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi?
Mayotte est une partie intégrante des Comores. De part son admission à l’OUA, à l’ONU, à la ligue des États arabes et au mouvement des pays non alignés entant que entité composée de quatre îles, il est impensable pour le Comorien spécialiste en relation internationale que je suis, d’imaginer une solution autre que l’intégration de Mayotte dans le giron comorien.
La France s’est fait piéger dans cette affaire de Mayotte pour des raisons constitutionnelles. En effet l’article 53 alinéa 3 de la constitution française stipule « nulle sécession, nulle adjonction du territoire ne peut se faire sans le consentement des populations » Or la résolution XV/XIV de 1960 stipule aussi que les pays colonisés qui accèdent à la souveraineté gardent leurs frontières héritées de la colonisation. Dès lors se pose un problème de droit international. Est-il nécessaire de rappeler que les règles de droit international librement consenti par les États priment sur les règles de droit interne des États ? Mayotte doit d’une façon ou d’une autre intégrer l’Union des Comores. D’ailleurs le président Giscard en poste, lors des accords de juin l’a bien dit lors d’une conférence de presse de presse que les îles Comores ont été et demeure un archipel uni, il n’est plus possible d’imaginer en
105
un seul instant un statu particulier pour une autre île quelque soit la sympathie que nous avons avec ses habitants. Les îles Comores ont un sort commun.
Croyez-vous que c’est possible un jour ?
Les nouvelles institutions comoriennes avec la perspective en évolution d’une confédération est peut être une approche tendant à réintégrer Mayotte dans l’ensemble comorien. D’ailleurs on parle aujourd’hui d’un statu de département associé, terminologie nouvelle de la France à l’égard de ses départements dans le monde dont j’ignore en réalité son contenu à long et à moyen terme.
Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?
Mayotte est une terre comorienne. Elle le restera à jamais. Le sang, la religion qui cimente l’unité des Comoriens, la culture commune qui ne saurait être balayés d’un revers de main.
Et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ?
C’est le droit international public dont la France est un acteur très sérieux qui prime, il faut rajouter la volonté inébranlable de la classe politique comorienne et surtout des générations futures de l’Union des Comores, qui plaident tous pour la réintégration de Mayotte à l’ensemble comorien. Il reste évidement ce potentiel socioculturel et même politique pour les Comoriens des autres îles qui espèrent un jour la vie ensemble avec leur frère de Mayotte. Il n’ya pas eu d’aussi féroce que la séparation de l’Allemagne avec le mur de Berlin et aujourd’hui les deux Allemagnes se sont retrouvées.
Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?
J’étais en âge de voter mais les circonstances ont fait que je n’ai pas pu voter mais j’étais pour l’indépendance
Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?
Rien n’est plus beau dans la vie que la liberté. On parle d’une indépendance inachevée ou précipitée. Tout cela n’a aucun sens. Les Comores ont accédé à leur indépendance à partir d’une déclaration unilatérale. Le pays et ses dirigeants ont été aussi victimes de la conjoncture politique internationale basée sur les tensions Est-Ouest, parce que se trouvant dans une zone géopolitiquement et géostratégiquement vitale pour les intérêts des superpuissances. Est-il encore nécessaire de rappeler qu’à l’époque le Sud Est de l’océan Indien a été qualifié par les grands spécialistes de « nouveau cœur du monde ou d’épicentre de la guerre froide » ? Après l’indépendance, le président Ali Soilih a opté pour une politique de développement endogène avec des affinités aux chinois ; il a été renversé et tué le 29 mai 1978, le président Abdallah qui a été propulsé sur le devant de la politique comorienne et qu’il allait se faire abattre par ceux-là même qui l’ont porté au pouvoir parce que leurs intérêts ont été menacés n’a jamais pu agir en président autonome. Tout venait directement ou indirectement de la métropole. En réalité, depuis l’indépendance à nos jours les Comores sont à semi liberté.
La France s’est mobilisée pour le retour à la stabilité aux Comores, que pensez-vous de son action ? N’y a t –il pas un paradoxe vu le maintien de Mayotte?
La France, premier partenaire économique de l’Union des Comores et aussi le cautionnaire international. Elle a fait beaucoup en termes d’aide au développement et a accompagné les Comoriens dans le processus de réconciliation nationale. Mais il faut aussi comprendre qu’il n’ y’a pas de politique sociale internationale. La politique internationale n’a pas de morale seule compte des intérêts d’État.
Comment expliquez-vous le silence de l’ONU et de L’UA sur la question de Mayotte et de la frontière maritime qui sépare Mayotte de ses îles sœurs ?
C’est un silence complice. L’UA peut fermer les yeux sur le comportement de la France parce que ces pays qui la composent cherchent aussi la protection de la France. Le cas du Tchad sur l’arche de Zoé est un exemple révélateur. Le comportement des pays du moyen orient à l’égard des États unis et des pays de l’ouest européen face au problème palestinien. Les pays producteurs du pétrole du moyen orient pourraient créer une déstabilisation s’ils avaient lié la question palestinienne à leurs avoirs dans les banques centrales des pays occidentaux. Or à ce jour les bombardements et les attentats suicides continuent à faire des victimes de part et d’autres de ces populations au prix d’un État palestinien puissant et gardien de la politique des Américains au moyen orient.
106
Ces organismes prestigieux, tels que l’ONU, l’UA, la ligue des Etats arabes tous se sont mobilisés pour aider les Comores à décoller économiquement. La banque africaine du développement, la banque islamique pour le développement ont injecté des pactoles de dollars pour aider l’Union des Comores, sans parler de l’aide bilatérale des pays issus de ces organisations. Mais l’efficacité de ces actions ne peut être réelle que si et seulement si la notion de bonne gouvernance et de stabilité devient une réalité palpable.
Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?
C’est une erreur, car il ya plusieurs moyens de faire respecter la loi que par une intervention militaire commanditée par des puissances extérieures au risque incalculable. Je souhaiterai que le Soudan, la Tanzanie, le Sénégal avec l’apport de la France interviennent militairement au Zimbabwe pour faire respecter la liberté des électeurs de ce pays à élire son président.
Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ?
L’intervention à Anjouan est une guerre en dérivation disproportionnée : Le Soudan avec ses problèmes du Darfour, le Sénégal avec ses difficultés en Casamance, la Tanzanie avec ses difficultés financières ont d’autres chats à fouetter que d’envoyer 1500 soldats pour déloger 300 milices qui soutenaient Mohamed Bacar. En réalité, en arrière pensée ces pays estimaient aller se battre contre la France à Anjouan. Heureusement la France en collaboration avec l’Afrique du sud ont su déjouer le piège. L’intervention militaire à Anjouan a été commandité et financé par les partenaires spirituels du président Sambi, l’Iran et à un certain degré la Lybie. Le comportement de la France a été une tactique.
Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir militairement à Anjouan?
La communauté internationale n’a pas recommandé une intervention militaire aux Comores : aucune résolution du conseil de sécurité de l’ONU n’a été saisi et n’a fait aucune résolution en ce sens, pas plus que l’organe habilité de l’UA en ce sens. Au contraire l’Afrique du sud dont on a confié le dossier dans le cadre de la TROIKA s’y est opposée.
L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts, peut-on parler d’un succès de l’Union africaine?
Je me réjouie qu’il n’y ait pas eu effusion de sang mais le débarquement s’est fait sur une base de négociation discrète.
Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme les troupes de l’UA et l’AND ?
Bacar a constaté que la force en présence était largement supérieure à la sienne. Il n’a pas non plus voulu commettre l’irréparable. Compte tenu des arrangements proposés il a préféré conseiller à ses militaires de se rendre.
Quels types d’arrangements ?
Sa fuite, et son asile politique.
La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de cette orientation ?
Les pays musulmans est une terminologie unique aux réalités multiples, le président Sambi qui a été chassé de l’Arabie Saoudite alors qu’il y poursuivait des études de théologie a transité par le Soudan pour aller en Iran avec l’appui d’une famille de l’ancien chah pour s’y installer et poursuivre des études en communication. Il me serait extraordinairement étonnant que cet homme ait la sympathie de l’Arabie saoudite et ses voisins, contenu du comportement iranien et ses filiales terroristes. Si Sambi prétend s’orienter vers les pays musulmans c’est un camouflage politique de nature à blanchir les actions politico-financières de l’Iran dans l’Union des Comores.
Quel est le rôle joué par la diaspora comorienne face à la crise séparatiste ?
107
Je pense que la diaspora comorienne en France a su comme elle fait à chaque fois le cours des événements. En gros la diaspora n’a pas joué un grand rôle.
Etes-vous d’accord que c’est le comportement des Grands-Comoriens qui poussent les autres îles à vouloir se séparer ?
Les Grands-Comoriens sont les principales victimes de la sécession d’Anjouan. En effet dans la fonction publique de l’Union des Comores plus de 65% sont des Anjouanais pendant que les recettes du budget de l’État sont assurées à hauteurs de 75% par la Grande-Comore, il serait illogique de penser que les politiciens éclairés de la Grande-Comore cultive une telle situation qui plonge l’île dans un désastre. S’il ya un développement à la Grande-Comore, c’est grâce à la solidarité des Grands-Comoriens. La construction des écoles, des hôpitaux et dispensaires, les routes, l’éclairage et l’installation des lignes téléphoniques, tout ca c’est financé par les villageois. Ces actions de solidarité n’existent pas à Anjouan. C’est pour cela que depuis que l’Etat a démissionné Anjouan n’arrive pas à s’en sortir.
Quelle est la situation qui prévaut actuellement aux Comores ?
Actuellement nous sommes face à un président qui avec le débarquement d’Anjouan estime qu’il a trop fait pour rétablir l’autorité de l’État dans l’ensemble du territoire. Toute fois avec ses projets chimériques il aurait souhaité une révision de la constitution pour mettre en chantier et mener à terme ses projets de transformation des Comores en paradis sur terre. Malheureusement sa force de résistance est si faible par rapport à ses opposants qu’on est en droit de croire que nous sommes encore une fois au début de l’instabilité politique.
Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.
A l’état actuel, suite à l’intervention militaire à Anjouan et à l’instar de l’Afrique du sud poste apartheid, le président Sambi serait mieux indiqué de procéder à une opération vérité réconciliation gage d’une stabilité sociopolitique et économique.
Merci de votre collaboration
Nom et prénom : Sittou Raghadat Mohamed (aux Comores) Fonction : Ancienne ministre, Enseignante à l'Institut de Formation des Enseignants et de Recherche en Education, Université des Comores.SG du Fawecom
Peut-on parler de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
A mon avis, c'est la fin d'une bataille et non le moindre mais beaucoup reste à faire. Après l’euphorie de la « libération d’Anjouan » nous avons le devoir de s’attaquer aux vrais facteurs de la crise si nous voulons vraiment une solution pérenne. A titre d’exemple, il faut très rapidement mettre en place une réelle politique volontariste de la lutte contre la pauvreté, favoriser la circulation inter insulaire des comoriens et concrétiser une vraie autonomie des îles. Ce qui importe à mes yeux est la pratique et non la théorie.
Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème comorien est-il vraiment d’ordre constitutionnel ?
J’ai toujours combattu la constitution et le système institutionnel actuels. Car ils ont entre autres officialisé le séparatisme. Néanmoins, même si des retouches constitutionnelles me paraissent dans l’immédiat indispensables, je continue à penser qu’il est temps de terminer avec cette incrimination permanente de nos institutions en général et de la constitution en particulier, et de s'attaquer aux vrais fléaux de notre pays notamment la lutte contre la pauvreté. Le débat sur la crise ne doit pas se focaliser sur les institutions. Arrêtons d’apporter à chaque fois de fausses solutions à la crise. Pour moi, le problème comorien est surtout d’ordre économique, social et éducatif. Or à chaque fois, les solutions préconisées sont institutionnelles et politiques. Chose que je n’arrive pas à comprendre. Comme je l’ai déjà souligné, il faut en réalité la mise en oeuvre d’une politique volontariste de lutte contre la pauvreté. De plus, il y a un manque de cohésion sociale. Nous devons revoir en effet notre façon de faire, notre mode de vie, nos moeurs et nos coutumes. Il faut d’une part miser sur une éducation et une sensibilisation de la population pour un changement des comportements et mentalités et
108
d’autre part faire en sorte que les comoriens se fréquentent. Ces fréquentations ne doivent pas surtout pas être artificielles comme c’est le cas actuellement. Il est par exemple anormal qu’on ne retrouve toujours pas des fonctionnaires originaires de NGAZIDJA à MWALI et à NDZUWANI. Il faut élaborer des lois contraignantes s’il le faut pour appuyer et faciliter la cohésion sociale. A titre d’illustration, il est inacceptable qu’un grand mariage célébré dans une île ou un village n’ait pas la même valeur dans une autre île ou un autre village. Il est aussi nécessaire d’enseigner dans nos écoles, l’histoire et la culture de notre pays à nos enfants. L’éducation civique, notre histoire et notre culture doivent occuper une place importante dans nos programmes scolaires.
Enfin, je pense que les éventuelles retouches constitutionnelles ne doivent pas porter atteinte au principe de la tournante. Car en vérité c’est après le tour du Président de l’Union des Comores originaire de MWALI que l’on doit faire le bilan et tirer les conséquences du système institutionnel actuel même si je continue à croire que celui ci est très dangereux et inapproprié chez nous.
L’État unitaire est-il viable ?
Les constitutionalistes définissent l’Etat unitaire comme étant « celui dans lequel une volonté politique unique s’impose à l’ensemble des citoyens, lesquels sont par conséquent soumis aux mêmes lois en tous domaines ». Je pense que c’est exactement ce qu’il faut chez nous. Il est aberrant de voir un petit pays comme le notre avec plusieurs constitutions, assemblées législatives et que sais-je encore. Mais personnellement la qualification de la forme juridique de notre Etat m’importe peu. Ce qui m’intéresse c’est ce qu’on met dedans. Je continue en effet à croire – je l’avais déjà dit en 1997 dans une émission de radio Comores « Mjumbi » que le Comorien moyen ne maîtrise pas la subtilité des concepts juridiques de confédération, État unitaire, Fédération... ce qui compte pour lui, c'est vivre mieux et libre. Tant que la crise économique ne sera pas résolue, l'unité et la stabilité des Comores resteront fragiles. Et toutes les réformes institutionnelles n’apporteront rien.
Il nous faut un système étatique, peu importe son appellation, approprié au contexte actuel, pour préserver l'unité et l'intégrité des Comores, lutter contre le chauvinisme et permettre l’autonomie des régions et non des îles. Tous les citoyens comoriens doivent être soumis aux mêmes lois en tous domaines. C’est la raison pour laquelle nous réfutons toute idée d'une assemblée législative ou d'une constitution dans chaque île. Celui-ci doit être adapté à nos réalités locales. Autrement dit, nous devons nous méfier d’un mimétisme institutionnel à l’aveuglette. Ce système doit aussi intégrer le principe de la tournante.
Je pense qu’il faut surtout éviter tout système juridique qui légitimera cette fausse idée selon laquelle les Comores unies sont une fabrication artificielle du colonisateur.
A noter aussi que toute forme étatique ne peut pas être viable si les comoriens ne s'assoient pas ensemble pour se poser avec sincérité la question suivante : Pourquoi en sommes nous arrivés là ?
Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?
Certaines personnes ont trompé la population d’Anjouan. Elles ont exploitées à des fins personnelles des revendications légitimes d’une population désespérée et désabusée.
D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?
Je ne crois pas un seul instant que les anjouanais voulaient ou veulent réellement se séparer des autres comoriens. Mais pour éviter l’extrémisme, il faut lutter contre la pauvreté, la mauvaise gestion du pays et faire en sorte qu’il y ait une réelle cohésion sociale des comoriens. Quand on a faim, on perd des fois ses repères et on a tendance à se faire manipuler facilement.
Pourra- t’elle s’en sortir sans les autres îles ?
Bien sur que non. Aucune île ne pourra s’auto suffire. Après 11 ans de crise, le constat est là : nos îles se sont appauvries davantage et Anjouan en particulier.
Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?
C’est absurde. Les Comores sont un pays composé de 4 îles ayant proclamé son indépendance le 6 juillet 1975. Je suis très attachée à son unicité et à son intégrité territoriale.
109
Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession d’Anjouan ?
Bien sur. Tant que le problème de Mayotte ne sera pas réglé il y aura toujours une instabilité dans notre pays. La crise « d’Anjouan » est une conséquence logique du problème épineux de Mayotte. Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?
C’est plutôt une question de devoir et non de souhait.
Mayotte est une partie intégrante des Comores. Nous sommes un seul et même peuple ayant en commun la même langue, la même religion, la même culture, le même mode de vie, la même civilisation…même si le comorien de nature a tendance à faire passer le patriotisme insulaire, régional ou villageois avant l’intérêt national. Cette unité de notre pays est naturelle et ancestrale. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire ce n’est pas le colonisateur qui l’a faite. Nous ne pouvons pas accepter la spoliation d’une partie de notre terre ancestrale par qui que ce soit. C’est entre autres ce que nous devons enseigner à nos enfants dans les écoles.
Croyez-vous que c’est possible un jour ?
Tout dépend du développement des trois îles et de la volonté de nos dirigeants. Les mahorais sont "français" uniquement pour avoir une vie meilleure mais dans leur chair, leur sang, leur foi et leur conscience, ils sont et resteront comoriens. Que reste-t-il des Comores ou des Comoriens à Mayotte ?
Je me pose plutôt la question suivante : qu’est ce qui manquerait des Comores ou des Comoriens à Mayotte ? Car pour moi tout ce qui est profond est toujours là : l’histoire, la géographie, la couleur, la langue, la religion, les noms, les moeurs et coutumes…
Les années de colonisation n'y ont apporté que des changements artificiels. Le comorien reste et restera comorien peu importe son île d’origine.
Avez-vous voté oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?
Oui bien sur. Pour être libre et digne. Nous sommes pauvres certes, mais la pauvreté n'est pas une honte. Je préfère mourir pauvre que de vivre heureux sous la domination. De plus, l’indépendance nous a beaucoup apporté contrairement à ce qu’on attend ici ou là.
Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?
C'est une bonne chose et il fallait devenir indépendant quelque soit le prix à payer. Mais c’est à nous de bien ou mal géré cette indépendance.
L’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?
Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?
Ma position sur l’intervention militaire à Anjouan a toujours été claire. J’avais notamment dit ceci : « J’ai du mal à comprendre que, malgré le drame que vit la population anjouanaise (Fonctionnaires licenciés depuis plus de 8 mois, Bacheliers sacrifiés depuis des années. Droits humains bafoués, emprisonnements et tortures fréquents, fuite vers Mayotte avec les conséquences que l’on connaît, fuite vers Mohéli et Ngazidja et subir toute sortes d’humiliations,) l’on puisse hésiter pour un débarquement militaire afin de régler définitivement cette crise qui reste un danger permanent de l’existence de notre pays sous prétexte que la « guerre » est dangereuse et va tuer des innocents. Trop c’est trop. (…) N’ayons pas peur des mots et arrêtons l’hypocrisie. S’il faut intervenir militairement pour régler la crise d’Anjouan qui n’est pas en réalité un problème anjouanais mais comorien, il faut le faire sans état d’âme. C’est un moindre mal par rapport au drame que vivent quotidiennement les Comoriens d’Anjouan. C’est un moindre mal par rapport à la crise économique, social et politique que connaît notre cher pays depuis la naissance de cette crise. Le temps du balbutiement est révolu ! »
Donc aujourd’hui, je me réjouis naturellement de cette intervention militaire. Et je félicite le Président de l’Union des Comores et le chef d’Etat major de l’AND d’avoir assumé avec brio leurs responsabilités. Il était temps !
110
Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ?
Il va de soi que je n’arrive pas à comprendre comment Mohamed Bacar et consorts ont pu fuir. Quand on connait géographiquement Anjouan et la région d’Ouani, en particulier, on est en droit de se demander comment ces gens là ont pu rejoindre facilement Mayotte par mer.
Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir militairement à Anjouan ?
Il fallait juste des hommes et des nations africaines qui allaient faire preuve de volontarisme et de fermeté pour régler la crise. A un moment donné, j’avais le sentiment que les négociations diplomatiques tournaient au ridicule.
L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humanitaire, peut-on parler d’un succès de l’Union africaine?
Je salue surtout le courage, la fermeté et le volontarisme dont ont fait preuve le Président de l’Union des Comores, le chef d’Etat major et les militaires de l’AND ainsi que les nations africaines qui nous ont aidés à faire l’intervention militaire à Anjouan dans de bonnes conditions. Je crois à cet adage qui dit : « quand on veut on peut ».
Merci de votre collaboration.
Lieu et date : NICE le 10/05/2008Nom et prénom : ABDALLAH Ahmed Fonction : InformaticienAdministrateur de Systèmes d’Information (ADSI) – Rectorat de NicePeut-on parler aujourd’hui de la fin du séparatisme aux îles Comores ?Pas encore…Finir avec le séparatisme sera un processus long. Nous pouvons rappeler que ce séparatisme a commencé à Mayotte depuis la fin des années 60. Donc cela prendra du temps.Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel?Le problème comorien n’est pas vraiment constitutionnel. Je crois que n’importe quel texte peut faire décoller le pays s’il y a une volonté politique au sommet de l’Etat. Par contre les structures actuelles ont montré leurs limites. Donc tenant compte qu’actuellement l’opinion est prête pour franchir ce cap, il serait opportun de réfléchir à cette question.L’État unitaire est-il viable ?C’est un corollaire à la question précédente. Il est inadmissible qu’un pays de 700000 habitants soit dirigé par 4 présidents, 4 gouvernements et 4 parlements. C’est un non sens. A mon avis, les Comores ont besoin d’un Etat unitaire avec une large autonomie des Iles, à la tête desquelles un gouverneur élu au suffrage universel.J’irai même plus loin en parlant d’autonomie des Bavous (Préfectures). Si l’expérience des Moudirias en matière de décentralisation a été poursuivie, on ne parlerait pas de séparatisme aujourd’hui.
Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?Ce n’est qu’une manipulation. Puisque les raisons avancées au départ étaient que tous les pouvoirs sont concentrés à Moroni, toutes les aides n’arrivent qu’à Moroni. Cette affaire a été menée par un groupe (OPIA) qui avait des connexions à Mayotte.Par contre à l’époque (1997) se posait un vrai problème économique à Anjouan (quid les manifestations des instituteurs). Les
111
autorités d’alors n’ont pas pris la mesure du problème.D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?Les raisons sont multiples. Les responsables séparatistes ont mentis aux anjouannais en leurs faisant croire qu’ils seront rattachés à la France et avoir une vie meilleurs (Mabawa, passeports français, …). N’oublions pas qu’Anjouan et l’île la plus peuplée en densité, et la terre étant plus aride, la crise est plus ressentie que dans les autres îles.Avec le temps, les Anjouanais se sont rendus compte qu’ils ont été abusé par des gens sans scrupules. L’idée de se séparer ne fait plus recette.Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?Aucune des ces îles ne peut s’en sortir sans les autres ; y compris Mayotte.De façon générale nous dirons que le développement de la région Océan Indien ne peut s’envisager que dans le cadre d’une coopération étroite de ces îles dans tous les domaines.Nous vivons dans un monde où pour survivre il faut être plus fort. Et pour être plus fort, il faut unir les forces. Donc la tendance est au regroupement et non à la séparation.Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?Implicitement j’ai déjà répondu à cette question. Je dirais simplement que penser à une indépendance d’Anjouan ou d’une autre île ne serait qu’une bêtise ou une idiotie.Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession d’Anjouan ?Evidemment. N’oubliez pas que la revendication des premiers séparatistes était le rattachement d’Anjouan à la France. D’ailleurs cela a été souligné par les média comme une première mondiale : un ancien pays colonisé qui souhaite revenir sur le giron de son colonisateur. La manipulation avait fonctionné à bloc.Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?Je le souhaite. Cela pouvait être salutaire. L’intégration de Mayotte dans le giron français ne se fera pas sans problème. Rien que le droit commun à Mayotte pose problème. Younoussa Bamana a gardé son statut de polygame.Croyez-vous que c’est possible un jour ?C’est possible mais cela ne peut pas se décréter. Il va y avoir beaucoup de boulot, puisqu’un travail méthodique est fait en France et à Mayotte pour rendre cet état de fait irréversible.Déjà il faut commencer par rehausser le niveau de vie des 3 îles pour qu’il soit comparable à celui de Mayotte. Et après faire rapprocher les gens en supprimant toutes les obstacles (visas et autres moyens de communication)Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?Ce qui reste de comorien ou des Comores à Mayotte ce sont les mahorais eux-mêmes. Et cela est très important.Il est vrai que tout est fait pour que la nouvelle génération ignore que Mayotte fait parti de l’archipel des Comores quitte à falsifier l’histoire.Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?Je ne me rappelle pas avoir voté. Je n’avais pas 18 ans.Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?Mal préparée mais c’est une bonne chose.Nous ne pouvons que déplorer la mauvaise gouvernance qui a conduit à cette crise.Au début cette indépendance a été négociée en association avec la France. C’est au dernier moment que la France a fait un revirement. Et AHMED ABDALLAH, poussé par l’assemblée territoriale, déclare l’indépendance unilatérale.L’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?Action utile et salutaire. Ce que les Comores ont besoin aujourd’hui pour leur développement futur c’est d’abord la stabilité.Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?L’intervention militaire était devenue nécessaire. Elle a été bien préparée et s’est réalisée sans dégâts.Par contre la suite l’a été moins. On observe actuellement des improvisations pour le retour à la normale.Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ? je ne sais pas et je ne cherche pas à déchiffrer les non dits. Il ne faudrait surtout pas réduire une action de rétablissement de l’autorité de l’Etat sur le territoire national, menée par la communauté internationale, à une querelle entre deux individus ou une question de vengeance. Ceux qui pensent que la communauté internationale a été manipulée pour soutenir une intervention d’un clan (les citadins) contre un autre les villageois) à Anjouan, sont très réducteurs. Le séparatisme a commencé avant l’arrivée de Sambi au pouvoir. Le temps de la concentration de tous les pouvoirs (politique, économique et financier, religieux) aux mains d’un même clan, est révolu.Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir militairement à Anjouan?Durant cette période, les autorités comoriennes, de TAKI à AZALI, n’ont pas su mobiliser et sensibiliser la communauté internationale sur ce problème. Madeira ne faisait que palabrer avec les autorités locales. Il est à noter que Sambi a quelque peu forcé la main en montrant qu’il était prêt à intervenir sans eux. Et puis peut être le positionnement diplomatique des Comores a évolué. La Lybie, La Tanzanie, Le Soudan se trouvant en première ligne sur la question. On pouvait constater qu’au dernier moment l’Afrique du Sud a changé de position et le Sénégal n’a pas envoyé les troupes prévues.
112
L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humanitaire, peut-on parler d’un succès de l’Union africaine?C’est un succès éclatant pas seulement de l’Union Africaine, mais de la communauté internationale et particulièrement du gouvernement comorienPourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme les troupes de l’UA et l’AND ?Mohamed Bacar n’avait pas les moyens de se battre. Il bleufait en faisant ses déclarations. Jusqu’au dernier moment, Il ne croyait pas que l’intervention allait se faire (selon ses informateurs). Les incursions et lâchées de tracts avaient atteint le moral des troupes. La plupart avaient porté des habits civils en dessous de leur tenue afin de pouvoir s’en débarrasser au premier coup de canon. Et c’est ce qui s’est passé.La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de cette orientation ?Il est évident qu’il y a un repositionnement de la politique étrangère des Comores. La question est de savoir si ce repositionnement est profitable aux comoriens ou pas. Il est trop tôt pour juger de l’efficacité de cette orientation. Historiquement la diplomatie comorienne était managée par la France, le premier partenaire des Comores. C’est une première aujourd’hui. Peut-on parler d’une émancipation des mœurs dans ce domaine ?Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.Aux Comores tout est à faire. Donc à mon avis la priorité des priorités c’est la stabilité. Sans stabilité on ne peut pas envisager un quelconque développement.Il faudrait que les politiques de tout bord se mettent d’accord sur un moratoire de 4 à 5 ans pour unir leurs forces afin de faire décoller le pays économiquement.Je suis sûr que soigner, éduquer et nourrir une population de 700000 h est un défi à la portée de responsables d’un pays, conscients de leur devoir.Merci de votre collaboration.
Lieu et date : Paris le 22/04/2008 Nom et prénom : NASSUR Said Toihir Fonction : Fonctionnaire d’EtatPeut-on parler aujourd’hui de la fin du séparatisme aux îles Comores ?Non. Il existe toujours des velléités séparatistes dans les autres îles : Anjouan a eu l’erreur de dire haut ce que les autres disent bas.
Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ? La constitution prévoit la possibilité de révision, donc il le peut toute fois, la pression politique ne lui est pas avantageux. Seuls les députés de Mohéli peuvent envisager réellement une révision constitutionnelle allant dans les objectifs du chef de l’Etat.Et si les représentants de Mohéli ne sont pas d’accord, et que Sambi persiste ?On risque de se retrouver dans des conditions semblables qu’Anjouan, c'est-à-dire une tentative de sécession de l’île. L’État unitaire est-il viable ?Oui, c’est la seule forme d’Etat qui pourrait être avantageux pour les Comores. Toute forme d’Etat autre qu’unitaire portera atteinte à la nation comorienne.Existe-t-il une nation comorienne ?Oui elle a toujours existé, car les caractéristiques d’une nation sont présentes. C’est plutôt l’Etat qui est à reconstruire. Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ? C’est une aberration. Pourquoi c’est une aberration ?
113
C’est une aberration car de toutes les îles des Comores, Anjouan est celle qui a beaucoup plus besoin des autres pour plusieurs raisons : Elle connait une démographie galopante, manque de terres cultivable, manque d’espace de vie.D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?Réellement, Anjouan n’a jamais voulu se séparer, c’était un chantage, un moyen pour les leaders du mouvement séparatistes de s’enrichir en transformant Anjouan à une zone de non droit et de blanchiment d’argent salle. Si non comment expliquer qu’un leader séparatiste laisse sa femme et ses enfants à la Grande-Comore et crie haut et fort à la séparation des îles. Anjouan a tenu pendant près de 10ans sans les autres îles, elle pourra donc s’en sortir seule ?Aucune île des Comores ne peut s’auto-suffire. Elles sont complémentaires. Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?En principe non. Ce que je souhaiterai pour Anjouan c’est une indépendance d’esprit. Il est temps qu’Anjouan s’éveille et oublie les rêves d’un Etat providence.Mais justement est ce que ce n’est pas pour cela qu’Anjouan demande son indépendance ?Pendant 10 ans Anjouan avait en quelque sorte son « indépendance » et quel bilan faisons-nous aujourd’hui ? C’est la catastrophe à Anjouan.Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession d’Anjouan ? Non je ne crois pas.Et pourtant c’est l’avis de plusieurs personnes, Comoriens et étrangers ?Ce sont des points de vus erronés, de considérer les Anjouanais comme des aveugles au point de croire réellement qu’ils peuvent être rattachés à la France. Anjouan savait pertinemment que leur rattachement à la France était chose impossible, au vu des relations internationales de nos jours. C’est pour cela que j’ai parlé d’un chantage. Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?Mayotte est Comorienne, toute fois je suis très réservée sur le retour de Mayotte. Je m’expliqueL’idéal d’un État c’est qu’il y’ait un minimum de cohésion entre sa population ; Or dans la situation actuelle ou avenir les Mahorais assistés pendant plus de 30ans par la France ne vont pas se retrouver dans la réalité des conditions de vie que les Comoriens des trois îles acceptent ou subissent. Je craints fort que l’avancée très spectaculaire des Comoriens des trois îles en matière de formation et de qualification, ne réduit pas Mayotte à une minorité revendicatrice et du coup déstabilisateur de l’Etat que avantageux. On va se retrouver dans la case départ avec des gens qui souffrent d’un complexe d’infériorité. Je suis tout le temps choqué quand je regarde RFO Mayotte et je vois l’image négative qu’on colle aux Comores et les propos haineux des Mahorais envers les Comoriens des autres îles. Je suis très déçu par le comportement des Mahorais qui se prétendent Français, donc « civilisés » de tenir un discours pareil. Jamais à notre époque on n’entendra pas un Grand-Comorien injurier un Mahorais. Ce n’est pas une question de peur, c’est une question d’éducation. Ces discours d’échanges d’insultes est dépassé. Je pense que pour s’entendre il faut un peu de retenu et un peu d’humilité.
Quelle est donc votre proposition ?C’est essayer d’orienter les quatre îles de l’archipel des Comores vers un développement économique d’ensemble, incluant leur patrimoine national uni. Ceci doit être accompagné par une libre circulation des biens et des personnes tout en respectant les textes réglementant les îles.Croyez-vous que c’est possible un jour ?Si on veut on peut.Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?Il reste beaucoup de choses ne serait ce que la langue, la culture, la religion, mais il ne faut pas oublier que la population mahoraise n’est pas à 100% d’origine comorienne. Donc tout n’est pas comorien à Mayotte.Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?J’étais gaminQue pensez-vous de l’indépendance des Comores ?C’était un phénomène continental et les Comoriens ont suivi le mouvementL’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?Tout dépendra de l’évolution politique de l’île d’Anjouan : il ne suffit pas de chasser un dictateur et instaurer une autre dictatureQue pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?C’est honteux et ridicule pour les Comores. Nous sommes retournés à l’époque des « sultans batailleurs ». Aucun pays au monde ne ferait une pareille action. Avez-vous vu les Sénégalais faire appel à des pays divers pour massacrer les Casamançais?
114
Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ? C’est très possible, car le phénomène des Kabayila et wamatsaha est très fort à Anjouan. Et les réactions de ces deux autorités peuvent être nourries d’esprit de vengeance. Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir militairement à Anjouan?En réalité la communauté internationale n’a pas autorisé l’intervention militaire à Anjouan. Des sanctions militaires sont prévues par l’ONU dans le chapitre7 de sa charte, si et seulement si il ya une menace de la paix et de la sécurité internationale. Ce qui n’était pas le cas dans la crise anjouanaise qui revêt d’un caractère juridique interne.Et à propos de l’établissement arbitraire da la frontière maritime séparant Mayotte de ses îles sœurs, cette frontière ne représente pas une menace de la paix et de la sécurité des Comoriens ? Pourquoi l’ONU reste muette face à ce mur ?Est-ce que la partie comorienne a sollicité réellement l’aide de l’ONU ? L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts , peut-on parler d’un succès de l’Union africaine?Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme les troupes de l’UA et l’AND ?Il a tout simplement suivi les ordres et les conseils donnés par ses amis Qui sont-ils ses amis ?Ses amis….20-La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de cette orientation ?Nous avons toujours eu des bonnes relations avec les pays musulmans et aucun gouvernement comorien n’a jamais envisagé de se détacher. Notre liaison par la religion musulmane est très forte, et plus profonde que les liaisons basées sur les matérielles.Quel est le rôle joué par les pays membres de la COI sur la crise séparatiste aux Comores ?Réellement, un rôle négligeable, car à mon avis ces pays estiment que le séparatisme comorien ne représente pas un danger pour eux. Et pourtant ca peut un jour affecter la stabilité économique et sociale de ces pays.C’est les pays dit de la région membre de l’UA qui ont eu une participation active dans la résolution de la crise Anjouanaise, il s’agissait donc de la Tanzanie et de l’Afrique du sud.Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.Merci de votre collaboration.
Nom et prénom : Mohamed Abdoulwahab Fonction : Président de l’Ile autonome de Ngazidja :Mr le président, l’intervention militaire à Anjouan vient d’avoir lieu en mars 2008, pourquoi d’après vous la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir militairement à Anjouan?Il faut admettre que la communauté internationale, plus particulièrement l’UA s’est impliquée dans l’intervention militaire de mars 2008 lorsque elle a été convaincu de la détermination des autorités comorienne de recourir à la force pour régler le problème de maintien illégale de Mohamed Bacar à la tête de l’île autonome d’Anjouan. Il est permis de penser également que l’UA s’est trouvé devant un cas relativement facile à résoudre puisque les moyens à mobiliser pour réussir l’opération militaire était de moindre importance par rapport à ce qui serait nécessaire pour intervenir sur d’autre foyer de tension, telle que le Darfour, la Somalie, la Casamance. On dirait que c’est un avertissement que les pays intervenants voulais donner à leurs régions respectives entrées en rébellion ou menacé de velléités sécessionniste.Quelle est la situation à Anjouan après ce débarquement ?Après le débarquement l’organisation politique se met en marche. Des élections du président de l’île et les députés se préparent. Quant à la réorganisation économique les secteurs de production sont petit à petit repris en mains par le gouvernement de l’union notamment le contrôle du port international de Mutsamudu et des sociétés d’état. Quant à leur véritable essor il va dépendre de la stabilité institutionnelle de l’île et de manière générale de celles des institutions de l’Union.Peut-on parler aujourd’hui de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
115
On ne peut pas se permettre de parler de fin de séparatisme, avant de faire l’analyse du séparatisme qui a prévalu à Anjouan depuis 1997, et sans faire également l’analyse du régime qui vient d’être déchu.Le séparatisme était conçu comme l’aspiration d’une forte majorité de la population anjouanaise, à vivre replier sur elle-même, en gérant ses leurs propres affaire et ayant un statut de personnalité morale à caractère international. La réalité de l’organisation sociale, administrative, anjouanaise c’est que l’île d’Anjouan vit en quasi replie sur elle-même, seules les anjouanais administrent l’île d’Anjouan, font le commerce sur Anjouan contrairement à ce qui se passe dans les autres îles. Cette position de repli et d’éloignement d’Anjouan de la capitale, a favorisé cette large autonomie qui a frisé presque l’indépendance. Cette réalité qui existe et qui va perdurer ne peut pas nous permettre d’affirmer la fin du séparatisme. Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?Un le gouvernement Sambi n’a pas encore eu l’audace de poser la question, mais le bruit court. Le débat est publique, et dans l’organe de presse du gouvernement. Le débat est dans le publique, mais le président a fait une déclaration dans les tribunes de l’UA et lors d’une allocution au peuple comorien selon la quelle il promet à la suite du rétablissement de l’ordre constitutionnelle à Anjouan la tenue d’une conférence inter comorienne qui débattrait des institutions et des lois subséquentes. Ni le président ni le gouvernement de l’Union n’indique les dispositions des constitutions et des lois à réviser ou à abroger. L’État unitaire est-il viable ?Non, l’Union ne signifie pas une organisation institutionnelle unitaire. C’est plutôt une association d’entité insulaire autonome, l’Union des Comores se situe entre fédération et confédération. En revanche la gouvernance de l’Union des Comores prend des allures d’une autorité unitaire plutôt que celle d’une autorité fédérative.Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?La sécession n’a pas réussi, car elle a n’a pas érigé l’île d’Anjouan en État indépendant. En revanche les velléités sécessionnistes se reflètent dans les propos et dans les attitudes des Anjouanais. Le fait que la France n’a pas accepté le rattachement d’Anjouan ca leur avaient coupé les ailles.Pour l’indépendance il aurait fallu une reconnaissance des états membres des nations unis et pas un seul pays au monde n’a jugé légitime de se prêter au jeu des indépendantistes anjouanais. Donc les indépendantistes anjouanais ne pouvant que se limiter à l’autonomie la plus large possible. Vu le rattachement de Mayotte à la France et la sécession d’Anjouan peut on estimer que la nation comorienne existe ? Si la définition d’une nation est l’ensemble donné, d’une population, partageant les mêmes valeurs physiques, morales et soumis à un même espace et conscient de la communauté de ses valeurs, on doit admettre que les Comores constituent une nation.Mais les Comoriens n’ont pas le désir de continuer la vie commune, ils se sont exprimé clairement, la sécession de Mayotte et la sécession d’Anjouan en est la preuve. Non la volonté existe, même auprès des Mahorais, ils ont conscience de partager avec la population des autres îles des valeurs sociologiques culturelles religieuses et ethniques. C’est cette philosophie de défense et surtout de promotion de l’idéal nationaliste qui fait défaut. C’est pour cela que la nation est affaiblie. Ce qui n’existe pas c’est l’Etat comorien si on inclue Mayotte.L’avenir des Comores est-il dans l’Union ou la Fédération ou une autre forme d’organisation politique telle que la confédération ?On peut considérer que l’organisation institutionnelle actuelle qui a érigé les îles en entités politiques autonomes coiffées par une structure de coordination qui est l’union est le compromis nécessaire pour sauver l’unité nationale. Car malgré la large autonomie accordée aux îles il subsiste une volonté de maintenir les liens entre les îles. On peut en déduire que le contexte actuel est favorable à des institutions de type fédéral tel qu’elles existent à travers l’Union des Comores. Il est difficilement concevable de revenir à une organisation ou le pouvoir serait détenu exclusivement par une seule autorité. Ainsi un Etat unitaire même décentralisé risquerait de nourrir des craintes d’un retour à un pouvoir autocratique et ressusciterait les options séparatistes. En revanche une évolution vers la confédération présente des risques d’éclatement d’un Etat déjà fragilisé par la sécession de Mayotte et les tentatives de sécession d’Anjouan.
Nom et prénom : Anonyme Fonction : Chef d’entrepriseSuite à la chute de Mohamed Bacar peut-on parler de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
116
Absolument pas, car ce n’est pas lui l’initiateur du mouvement séparatiste. Il est trop tôt pour parler d’une fin du séparatisme. Il faut être réaliste. Le séparatisme est toujours là, en sommeil mais il peut toujours se réveiller.Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?Le problème ce n’est pas la constitution c’est plutôt la non application de la constitution. Une fois que le président de l’Union et son gouvernement acceptent de faire appliquer à la lettre la constitution, vous verrez qu’il n’y aurait pas de problème. Le problème c’est le pouvoir central qui veut accaparer tout les pouvoirs, le pouvoir de l’Union et le pouvoir des îles. Et ca c’est la faute au premier président de l’Union des Comores. Il a fait un mauvais départ. L’État unitaire est-il viable ?Si j’ai bien compris la question, je pense que l’Etat unitaire n’est pas viable, c’est ce qui y’avait depuis si on regarde bien, et qui est source de tous ces conflits.Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?Je risque de choquer certains, mais je salue le courage des Anjouanais qui ont eu le courage de dire très haut ce que les autres disent plus bas. Pourquoi continuer à vivre dans l’hypocrisie. Au moins maintenant on sait qu’il ya un problème, il faut trouver une solution. Notre système n’est pas adapté à la réalité comorienne il faut le remplacer. Il n’y’aurait pas eu ce conflit on continuerait à mourir à petit feu. Cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec les séparatistes.D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?Parce que les Anjouanais n’acceptent pas l’injustice. Ce n’est pas parce que les Grands-Comoriens ont acceptés que Ahmed Abdallah faisait ce qu’il voulait, que les Anjouanais sont obligés de se taire soit disant ils avaient tous les avantages à l’époque d’Abdallah et que à l’époque Taki ils doivent rien dire. Ceux ne sont pas les Anjouanais qui ont dit aux Grand-Comoriens de ne pas réclamer leurs droits à l’époque d’Abdallah. Pourquoi ils ne l’ont pas fait ? Peut être, ils ne se sentaient pas lésés. Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?Je ne sais pas encore, mais j’aurai bien aimé qu’on essaye.Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?Une large autonomie dans l’Union, oui je suis d’accord que chaque île gère ses affaires.Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession d’Anjouan ?Oui et non, car si les autorités comoriennes avaient bien géré le pays, c’est Mayotte qui viendrait toute seule demander pardon, et solliciter de son propre grès son retour. Je dirais plutôt la mauvaise gestion des affaires après l’indépendance qui a influencé les Anjouanais.Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ? Je le souhaiterais à condition que les Mahorais le veuillent bien. Mais sincèrement le retour de Mayotte m’importe peu. Ce qui me préoccupe c’est le sort des trois autres îles et plus particulièrement la Grande-Comore, mon île. Et je sais que nous n’avons pas besoin de Mahorais, ni des Français pour se développer. Mais nous manquons des bons dirigeants. Croyez-vous que c’est possible un jour ?Je ne suis pas sûre. Est-ce que les Comoriens sont capables d’offrir aux Mahorais ce que la France leur offre ? Un emploi, des infrastructures, l’éducation, la santé, et j’en passe des meilleurs. Nous sommes tous à la recherche du bien être ; politique à part, un cadre Mahorais vie mieux qu’un cadre des trois autres îles. Si vous me dites non c’est par fierté, ou bien un complexe. Tant que les Comores ne se développent pas mieux que Mayotte, les Mahorais ne retourneront jamais dans le giron naturel et il faut leur comprendre. Donc c’est aux Comoriens de les séduire et de les attirer vers eux.Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?Je n’ai jamais été à Mayotte, malheureusement ou heureusement. Car je n’ai jamais accepté le fait de demander un visa pour aller à Mayotte et pourtant les Mahorais ne prennent pas de visa pour venir aux Comores. Mais je sais qu’il reste beaucoup de choses de comorien. La base même de Mayotte est comorienne. Si on enlève cette base l’île s’écroule.C’est quoi donc ?La langue, la religion, la culture, l’histoire, et le sang. Si les Français arrivent à effacer toutes ces traces chez les Mahorais, on dira que les Mahorais n’ont rien à voire avec les Comores. Et encore il restera toujours quelque chose de Comorien, sauf si on déplace l’île et on extermine tous les habitants.Mais Mayotte est Française et parait-il que les Mahorais rejettent catégoriquement l’identité comorienne.Ils sont Français par la nationalité d’accord, mais qu’est ce qu’ils ont de solide en commun ou de semblable avec la France ? Même la langue, depuis le temps que Mayotte est Française, les Mahorais ne maîtrisent même pas le français. Les Grands- Comoriens sont très occidentalisés dans leurs façons de vivre, par rapport aux Mahorais qui se disent français. Les Mahorais qui renient leur identité comorienne, ceux sont les Mahorais de
117
petit esprit. (yisho shimezi)107. Je conseille vivement aux Mahorais de chercher à savoir la réaction des Français sur l’annexion de l’Alsace et la Loraine. Ils comprendront les réactions des Comoriens qui revendiquent Mayotte. Mais quand on lit des propos, des Mahorais soit disant les têtes pensantes dire « nous avons choisi de rester Français « colonisés », pour être libre », j’ai l’impression que Mayotte est une cause perdu. Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?Je n’étais pas en âge de voter.Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?C’est une bonne chose, l’erreur qu’il ya eu c’est que celui qu’on appelle père de l’indépendance, Ahmed Abdallah Abderemane, était avant tout un grand commerçant qui voulait perpétuer ses affaires. Il a tout fait pour prendre le pouvoir afin de s’enrichir et non pour construire un pays. C’est un capitaliste, et il se prenait aussi pour un roi. Il ne pourrait pas faire autre chose que ça. L’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?Il n’y aura jamais de stabilité aux Comores tant qu’on n’a pas résolu le différend franco-comorien. Et la France ne peut pas être juge et parti. Il faut arrêter l’hypocrisie. L’ONU et l’UA n’ont rien fait pour qu’il y’ait stabilité aux Comores. Soit elles sont corrompues par la France, soit le problème comorien est le dernier de leurs soucis. Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?Il le fallait, si non on serrait toujours au statuquo : Médiations et conférences sans issusPensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ? C’est très possible, car le phénomène des Kabayila et wamatsaha est très fort à Anjouan. Et les réactions de ces deux autorités peuvent être nourries d’esprit de vengeance. Mais je pense qu’il ya autre chose que ca.Comme quoi ?On le saura dans les mois avenir.Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir militairement à Anjouan?Mais la communauté internationale intervient toujours après les dégâts, pour venir jouer les héros, sauver les petits pauvres, et se foutre de nous, jamais avant. Et pourtant dans un conflit on tire toujours le signal d’alarme. Regarde l’exemple du Rwanda, de la Côte d’ivoire, du Darfour et j’en passe. Elle aurait pu agir avant. L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humains, peut-on parler d’un succès de l’Union africaine?On essaie de coller la réussite de cette intervention à L’Union africaine, mais si c’était mal passé on parlerait de l’échec des pays intervenants, n’est ce pas ? Donc il ne faut pas leur voler la vedette. S’il ya un succès dans cette opérations, il revient au président Sambi et à son gouvernement, à la population comorienne, et aux troupes des pays membres de l’Union africaine. On accepte de parler d’un succès de l’UA, pour ne pas la décrédibiliser mais la réalité, elle n’a rien fait. Ceux sont des pays de la région, amis des Comores qui nous ont aidés à mettre fin à la rébellion. Madagascar a refusé d’envoyer un contingent n’est-il pas un pays ami ?Ca c’est une autre histoire. Avec Madagascar nous entretenons des relations de bon voisinage. Si vous regardez l’histoire et les relations entre les deux pays, depuis des siècles, ceux sont des frères ennemis.Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme les troupes de l’UA et l’AND ?Au début il ne croyait pas trop à l’intervention. Il pensait peut être que la France et l’Afrique du sud pourraient stopper le débarquement. Et pourtant les deux pays ont essayé mais ca n’a pas marché. C’est ce qui montre que le président Sambi a décidé de bousculer les habitudes. La France perd petit à petit son influence sur les Comores. D’ailleurs il était temps que ça change.20-La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de cette orientation ?Ceci ne date pas d’aujourd’hui. Les Comores ont toujours privilégié les relations avec les pays musulmans. Avant les échanges commerciaux et les investissements de ces pays étaient faibles certes par rapport à ceux de la France, mais les Comoriens éprouvent un attachement profond et particulier à l’égard des pays musulmans. Mais peut être Sambi en fait un peut trop. Il y en a qui se montre Français, et lui il se montre arabe et musulman. Pourquoi ca choque ?Qu’est ce qui suscite ses Convoitises ?Vous savez les Comores disposent de plusieurs atouts. de la très grande gentillesse de son peuple, leur hospitalité, 1C’est un peuple pacifique, docile, un peuple de paix,2 c’est un pays multiculturel, « 100% musulmans» et qui intègre une culture européenne,
107 Yisho shimezi : c’est un comportement de mendicité ou de laiche bottes118
3 c’est un pays très ouvert et vierge, tout est à construire dans ce pays. Malgré que ce pays soit enclavé, il est très ouvert.Donc ses atouts touristiques et sa position géostratégique font que les Comores attirent des nouveaux partenaires.Que pensez-vous du sentiment anti-français qui prévaut aux Comores en ce moment ?Il est légitime ! Si vous avez su les événements, depuis l’annonce du débarquement jusqu’à la fuite de Bacar, il faut être dupe pour ne pas comprendre l’implication de la France dans cette affaire directement ou indirectement. En tant que chef d’entreprise, le séparatisme a-t-il affecté vos affaires ?Bien sûr que oui. Qui dit séparatisme dit instabilité politique et à partir du moment où il ya insatiabilité politique dans un pays c’est pratiquement tous les secteurs qui sont affectés. Surtout notre secteur du tourisme. Il est déjà mal en point et ce conflit l’a bien achevé. Et c’est tous le secteur privé en général. On ne peut pas faire des affaires dans une telle situation. On ne se retrouve pas avec les nouvelles institutions. Du coup on a affaire avec l’union, du coup c’est avec l’île. Les entreprises sont devenues les vaches à lait. Nous avons affaire avec des truands. Les institutions ne font rien pour nous aider à se développer au contraire on fait tout pour nous couler. Mais on ne peut pas tout maître sur le dos du séparatisme, il ya la part de responsabilité des employés comoriens et des employeurs qui ne sont pas assez préparés pour promouvoir le secteur privé. Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.Instaurer un État de droit et un préalable au développement économique. Mon vœu c’est de voir un jour les Comores gouvernées par des vrais dirigeants, intelligents et honnêtes. Et que mon vœu soit exaucé!Amen ! et Merci de votre collaboration.
Nom et prénom : S Soulaiman
Fonction : Docteur en droit, spécialiste des questions de développement et des relations Nord-Sud
Je vais répondre -enfin - à tes questions, en cas de besoin et pour de plus développements, je te renvoie à mes articles signés SBS dans la revue "Marché tropicaux et méditerrannéens" entre 1996 et 2001 dans la rubrique Océan Indien. Peut-on parler de la fin du séparatisme aux îles Comores ?1. Le risque demeure si les causes qui l'ont produit ne sont pas éliminées : sous développement, inéquité, corruption, centralisme étroit . Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?Non, il s'agit d'un problème de développement, d'éducation et de justiceL’État unitaire est-il viable ?Oui, bien sûr à condition d'être équitableQue pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?"Diviser pour mieux régner", il s'agit d'une manœuvre de diversion pendant que Mayotte se préparait à se prononcer sur son avenir lors d'un référendum capital.D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?Les élites de cette île ont fait croire à la masse que tous les maux venaient de Moroni, quoi de plus logique alors que de se séparer des autres afin de se trouver mieux.Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?Non, le temps est à l'union des ensembles et non pas à l'éclatement des micro-Etats Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?Non , il s'agit d'une même communauté de sang, de langue, de culture, de religion, et donc de destinPensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession d’Anjouan ?Oui , cf réponse 4 et un article dans "Marchés tropicaux..."Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?Oui cf. rép. 7 mais pas n'importe comment sinon ce serait un fiasco qui engendrerait des ranceurs tenacesCroyez-vous que c’est possible un jour ? Oui, cela a bien été possible pour les 2 Allemagnes, les 2 Yémens et les 2 Viet NamsQue reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?Les relations familiales, la langue, la culture, la religion , l'histoireAvez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?
119
Trop jeuneQue pensez-vous de l’indépendance des Comores ? Mal préparéeL’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?Chacune avait des choses à se faire pardonnerQue pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?Mieux préparée que la première fois. Cependant après avoir gagné la bataille, il faut gagner la paix et ça c'est une autre paire de manchesPensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ? Il ne s'agit pas tant de vice caché que de survie du régime Sambi. Celui ci originaire d'Anjouan savait qu'il serait vite contesté dans les autres ïles s'il ne s'imposait pas rapidement dans son îlePourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir militairement à Anjouan?Le temps nécessaire pour y voir clair et avoir un interlocuteur légitimé par les urnes et prêt à ce genre d'interventionsL’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humanitaire, peut-on parler d’un succès de l’Union africaine? Oui, les résultats sont làPourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme les troupes de l’UA et l’AND ? Il s'est pris pour Saddam et il a dû fuir comme luiLa politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de cette orientation ? Ce fut le cas au début, c'est plus à nuancer aujourd'hui même s'il existe tjs un tropisme vers l'Iran notamment. Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.Merci de votre collaboration. Développement, éducation, santé et justice. Amicalement, Soulaimane
ANNEXE 2 : ARTICLES ET DOSSIERS DE PRESSE
120
Aux racines du mal anjouanais
COMORES - 21 novembre 2000 - par SAMIR GHARBI
Pourquoi Anjouan, deuxième île de l'archipel, a fait sécession en août 1997, et a demandé son rattachement à la France ?
«Un désastre pour les Comores, qui n'avaient vraiment pas besoin de ça, et un bien mauvais coup porté à la décolonisation, la cause de tout un continent » : ce jugement lucide d'un diplomate en poste à Moroni, en cette fin d'été 1997, résume bien le sentiment général qui prévalait alors dans les chancelleries africaines et au sein des instances continentales. On aurait pu croire à une farce, imaginée par le plus grinçant des afro-pessimistes. Curieux spectacle en effet que celui offert par la population de l'île d'Anjouan, partie intégrante de la République fédérale islamique des Comores (RFIC), qui, dans un bel élan unanimiste, s'est soulevée contre les autorités centrales de Moroni pour réclamer son rattachement à la France, l'ancienne puissance coloniale ! Partagés entre incrédulité et condescendance amusée, les journalistes dépêchés sur place, français pour la plupart, n'ont pu s'empêcher de gloser sur les ratés d'une indépendance octroyée en 1975.
Et pourtant... En l'espace de trois ans, la question anjouanaise a viré du grotesque au tragique. Derrière les revendications simplistes et les
121
explications partiales véhiculées par les agitateurs de l'Organisation pour l'indépendance d'Anjouan (Opia) se cache une réalité particulièrement complexe et malaisée à saisir
Rappel des faits : la brutale répression d'un mouvement social, en mars 1997, provoque la colère des Anjouanais, colère vite récupérée par les activistes de l'Opia et par ceux du Mouvement populaire anjouanais (MPA). Forts de leur audience, ils organisent des manifestations, et choisissent la date symbolique du 14 juillet pour se compter dans les rues de Mutsamudu, la capitale de l'île. Les choses tournent mal, un des chefs de file de l'Opia, Abdallah Belela, ancien militaire français, est abattu par les gendarmes comoriens. La crise larvée éclate au grand jour. Le « Fundi » (dérivé comorien de l'arabe effendi, « maître ») Abdallah Ibrahim, un notable, s'autoproclame président. Le 3 août, le régime de Moroni est placé devant le fait accompli : Anjouan proclame son indépendance. Maladroitement, le président comorien Taki opte pour la manière forte. Il improvise à la fin du mois d'août 1997 un débarquement militaire qui tourne au fiasco. Les séparatistes, consolidés par cet épisode peu glorieux pour l'armée comorienne, consomment leur divorce avec Moroni le 26 octobre 1997, en organisant un référendum d'autodétermination. La crise s'installe dans la durée, et la rivalité entre les clans anjouanais s'exacerbe. La lutte d'influence entre les proches du Premier ministre Saïd Omar Chamasse, « rattachistes radicaux » - parmi lesquels figure le lieutenant-colonel Abeid -, et les fidèles du président Abdallah Ibrahim, favorables à une formule plus réaliste d'indépendance-association avec la France, dégénère. Chamasse est limogé quelques mois à peine après sa nomination, en juillet 1998. Début décembre, une tentative d'assassinat contre le président Ibrahim, ourdie par des membres du clan Chamasse, met le feu aux poudres. À l'issue d'un mois de combats, l'île se retrouve avec deux directoires politico-militaires opposés. Un comité de salut public est créé fin février 1999. Il est remplacé, début juin, par une coordination nationale, placée sous la direction du lieutenant-colonel Abeid. Désormais homme fort de l'île, celui-ci, secondé par les miliciens qui forment sa garde rapprochée, va marginaliser les politiques. Aussi bien la tendance représentée par « Fundi » Ibrahim et par Charikane, son dauphin, que celle incarnée par Chamasse. Autoritaire, Abeid ne tolère pas l'opposition émanant des Anjouanais unionistes, qui, à l'instar des sympathisants du Groupe de réflexion, une mouvance animée notamment par Kamarridine Abdou, sont persécutés et doivent trouver refuge en Grande Comore. Mais l'ancien militaire français sait aussi se montrer pragmatique. Catalogué comme proche à l'origine des « rattachistes radicaux », il évolue, et engage avec le président Azali une ébauche de dialogue intercomorien, en juin 1999. Parallèlement, il consolide son emprise sur l'île, en organisant des « élections législatives » et en se faisant adouber par les députés nouvellement élus. Les rencontres secrètes entre les membres de son équipe et les collaborateurs du président Azali permettent d'atténuer les antagonismes, et préparent le terrain à la signature d'un accord. Celui-ci intervient finalement à Fomboni le 26 août 2000. Quelles sont les intentions réelles d'Abeid ? Sa démarche de dialogue est-elle sincère ? À vrai dire, nul n'en sait rien aujourd'hui. Peut-être que, acculé à la négociation par un embargo qui commençait à peser lourdement, il a simplement voulu gagner du temps. Toujours est-il qu'il n'est pas le seul à brouiller les cartes. Chamasse, le plus farouche défenseur des thèses prônant le rattachement à la France, a spectaculairement viré de bord. Il s'est fait, depuis Fomboni, le chantre de l'unité nationale et l'avocat des accords d'Antananarivo naguère voués aux gémonies par les séparatistes. « Les prises de position des politiques sont démagogiques, ces gens n'aspirent qu'à confisquer à leur profit le pouvoir, analyse un observateur. Tous les moyens sont bons pour y parvenir. Pour y voir clair dans cette affaire, il faut garder à l'esprit les causes profondes du conflit. Les notables à l'origine du mouvement n'ont fait qu'appliquer une recette classique de négociation : désireux de faire pression sur les autorités centrales, ils ont agité le spectre de la sécession, en menaçant de quitter le giron de la RFIC. Mais, étant donné le contexte particulièrement explosif de l'époque, tout dérapa. »
Anjouan est en effet une île sous-développée et surpeuplée. Et elle est restée marquée par les événements qui ont scandé son histoire coloniale, avec des transferts massifs de propriété foncière au bénéfice des colons. Les paysans ont été dépossédés. Ce système quasi féodal s'est perpétué après l'indépendance, puisque les terres ont été rétrocédées aux riches citadins anjouanais.
A l'antagonisme classique ville/campagne, qui recoupe un antagonisme ethnique (les bourgeois citadins sont des descendants de populations d'origine swahilie ou shirazie, et méprisent les paysans « nègres », qui le leur rendent bien), est donc venue s'ajouter une spoliation légale. Vivant en situation de précarité, beaucoup de ces paysans ont été contraints au départ vers Mohéli ou la Grande Comore, pour y trouver du travail ou y monter des commerces. Les plus désespérés tentent de rallier illégalement Mayotte, l'île soeur restée française à l'issue d'un référendum controversé, en 1975. Car, depuis cette date, le différentiel des revenus s'est accru d'une façon vertigineuse, la collectivité territoriale bénéficiant de généreux subsides métropolitains. « Mayotte, c'est l'eldorado des miséreux, ils rêvent d'y trouver un travail ou de percevoir le RMI, raconte, désabusé, un instituteur. » Chaque année, des dizaines et des dizaines d'habitants de l'île perdent la vie en essayant de traverser le bras de mer qui sépare les deux îles à bord d'embarcations de fortune de sinistre réputation, les kwassa-kwassa. Quand les leaders politiques de Mutsamudu, tous des représentants de la bourgeoisie, ont voulu gagner à leur cause la population, il leur a fallu créer, artificiellement, du consensus. Ils ont propagé des thèses rattachistes, au moment où les autorités de Moroni avaient perdu la confiance des électeurs anjouanais. « Les gens ont immédiatement embrayé : on leur a fait miroiter le rêve d'un passeport français, raconte Sultan Chouzour, conseiller privé du président Azali et négociateur des accords de Fomboni. Les meneurs savaient que cette revendication naïve n'avait aucune chance d'aboutir, mais les autres se sont laissé abuser. » La déception des Anjouanais a été à la mesure de leurs espérances de vie meilleure. Et l'autorité d'Ibrahim sur un mouvement, qui, en faisant le deuil de son « idéal » rattachiste, s'est mué en mouvement séparatiste, n'y a pas survécu. La compétition pour l'accès au pouvoir s'est doublée d'une lutte acharnée pour mettre la main sur les maigres ressources de « l'État », essentiellement les taxes sur les importations de riz et sur les hydrocarbures. Les armes ont arbitré et départagé les protagonistes. Les inspirateurs de l'insurrection d'août 1997 ont recruté des jeunes désoeuvrés et les ont armés. Ces jeunes forment aujourd'hui le noyau dur des milices, qui, la crise économique aidant, ont mis l'île en coupe réglée. Les armes, par la suite, ont continué d'affluer. Chaque chef de clan s'est constitué une sorte de garde prétorienne, et le problème du désarmement des milices se pose, maintenant que l'on s'oriente vers une normalisation des rapports entre Anjouan et le reste de l'archipel. Contrairement à ce que l'on a coutume d'entendre, ce n'est donc pas par la faute d'un quelconque impérialisme grand-comorien que la population d'Anjouan s'est soulevée en août 1997. Les Anjouanais, à commencer par Ahmed Abdallah et Saïd Djohar, ont pendant longtemps présidé aux destinées de l'île. L'armée loyaliste comprend une très forte minorité (environ 45 % des effectifs) d'originaires de l'île actuellement séparatiste. Les Anjouanais continuent à faire de belles carrières dans la fonction publique en Grande Comore, et sont
122
particulièrement dynamiques dans le monde des affaires. En revanche, la population restée sur l'île, exception faite de celle des villages dont étaient originaires les hauts dignitaires politiques, n'a pas vu ses conditions de vie s'améliorer. Les structures sociales sont restées figées, sclérosées. Les inégalités se sont accrues. Le sentiment rattachiste a pu prendre racine, car les gens ont cru voir dans cette alternative le remède miracle à tous leurs problèmes. Et la mauvaise gestion du dossier par les autorités de Moroni a soudé les Anjouanais derrière leurs cyniques leaders. Seulement, en trois ans, la situation économique et sociale s'est considérablement dégradée sur l'île. Revenus de leurs illusions, les Anjouanais, devenus otages de leurs dirigeants, n'aspirent plus qu'à la normalisation. De leur côté, les chefs politico-militaires ont bien compris qu'un État indépendant ne pouvait être viable. Lentement, mais sûrement, Anjouan devra réintégrer le giron fédéral. En déplaçant le débat sur le terrain institutionnel, et en pointant du doigt les dysfonctionnements d'un État excessivement centralisé, les séparatistes anjouanais auront-ils au moins fait oeuvre utile ? Pas si sûr. Car, comme l'explique Sultan Chouzour, les tragiques événements de ces dernières années n'ont fait qu'occulter le problème fondamental de l'archipel, l'inachèvement de la réforme agraire.
Source : http://www.jeuneafrique.com
Samedi 13 janvier 2007
Conflit de compétence : Les notables de l ’île Autonome d'Anjouan tentent de jouer la médiation Conflit de compétence : Les notables de l’île Autonome d'Anjouan tentent de jouer la médiation
Moroni, vendredi 12 janvier 2007 (HZK-Presse) – Sous l’impulsion de Monsieur Afraitane Aboubacar, ancien membre de la cour suprême des Comores sous le régime du président Djohar, les notables de l’île d’Anjouan « soucieux de préserver la paix sociale dans l’île et dans le pays » s’invitent à la recherche d’une solution « pacifique » aux questions qui divisent le président de l’Union des Comores et celui de l’île autonome d’Anjouan et proposent leur mission de bonnes offices aux deux présidents « natifs d’Anjouan » en leur invitant au dialogue, a appris HZK-Presse… Des notables de toutes les régions de l’île se sont déjà rencontrés à deux reprises pour se concerter et voir dans quelle mesure, ils peuvent « contribuer à la recherche d’une solution pacifique devant mettre fin de façon durable » au différend qui oppose le président de l’Union des Comores Ahmed Abdallah Mohamed Sambi à Mohamed Bacar, président de l’île autonome d’Anjouan. « Nous ne cherchons pas à juger tel ou tel président, nous voulons qu’ils se parlent en frères et travaillent dans la complémentarité, dans l’entente et dans la compréhension, pour l’intérêt suprême de la population et du pays », a-t-il dit. Interrogé par HZK-Presse, un haut responsable de l’Union qui n’a pas voulu s’exprimer officiellement a qualifié cette initiative de « salutaire. »Le gouvernement de l’Union n’a jamais fermé les portes de dialogue, mais ce sont les présidents des îles qui, par leur déclaration commune du 17 décembre 2006 ont rompu les discussions, alors que c’est sur le seul point des forces de sécurité intérieur où il n’y avait pas eu de consensus, a-t-il affirmé. Cette initiative « salutaire » soit-elle, aboutira-t-elle aux résultats escomptés, sachant que la question qui divise les présidents Sambi et Bacar est institutionnelle plutôt que personnelle ? De quelle marge de manœuvre disposent les médiateurs pour parvenir à des résultats concrets ?Telles sont entre autres questions que se posent certains observateurs interrogées par HZK-Presse dont les avis sont partagés entre « scepticisme et vœux de réussite » Source : Hamid Ahmed - 120107/ha/hzkpresse/8h00 http://halidiallaoui.over-blog.com/archive-01-2007.htmlNdzuani : le courant séparatiste n'a pas dit son dernier mot
Loin du discours officiel selon lequel le séparatisme est mort, les anciens acteurs de la sécession de Ndzuani n'ont pas renoncé à "l'autonomie" de leur île. Doivent-ils être traités en tant que force politique légitime ou considérés comme des hors-la-loi ? Après la chute de Mohamed Bacar, un débat national s'impose.
“Le séparatisme est mort", a lancé le 5 avril dernier le président de l’Union des Comores Ahmed Abdallah Sambi, de retour à Ndzuani après onze mois d'interdiction “de territoire” par le régime Bacar, et dans l'euphorie de l'après débarquement. Plus qu'un slogan, il s’agit là d’une conviction partagée par une partie de l'opinion comorienne, qui voyait en la personnalité du colonel Bacar, à la tête de l'exécutif anjouanais depuis 2001, l'incarnation du séparatisme insulaire. La victoire militaire du 25 mars contre l'ancien président a donc brisé un mythe. Celui de la citadelle imprenable, et de la théorie séparatiste de la fin de l'Histoire qui avait rallié le 3 août 1997 autour d'une lame de fond contestatrice, les gueux et les nantis, l'illusion et l'utopie, la légitimité et la manipulation. De ce point de vue, l'opération de la coalition a effectivement porté un coup dur aux certitudes qui ont permis aux séparatistes de tenir plus de dix ans sur leurs intransigeances autonomistes. Etait-ce pour autant un coup fatal ?
123
"Ce discours n'est pas seulement naïf, il est surtout démagogique", analyse Anli Yachourtu Jaffar 1. Militant séparatiste radical, ancien membre de l'Organisation pour l'indépendance d'Anjouan (OPIA), son propos ne se démarque pas de ce qu'on entend communément dans les rues de Ndzuani. "Bacar a certes fauté pour avoir humilié, torturé ses frères anjouanais et dilapidé les fonds publics, mais dans le même temps, il a affirmé la personnalité anjouanaise et bien défendu les intérêts de l'île vis-à-vis de l'Union", soutient Mouhtar, un jeune cadre qui ne porte pas l'étiquette de séparatiste et qui ne peut être soupçonné d’être un pro-Bacar. Selon Mouhtar, "les Anjouanais se sont ralliés à l'intervention du 25 mars pour renverser un régime qui leur était devenu insupportable, mais pas pour remettre en cause les acquis d'une autonomie gagnée depuis dix ans".
Un discours dont la portée politique n'est pas négligeable puisqu'il est au cœur du positionnement de l'électorat intellectuel de l'île, qui aura à se déterminer lors de la prochaine élection présidentielle annoncée pour la fin jun. "Nous avons soutenu Sambi, mais nous ne voulons pas un chef de l'île qui lui serait soumis", ajoute Ahmed. Le propos n'est pas éloigné de celui d'Anli Yachourtu Jaanfar. "On veut faire passer le soi-disant séparatisme comme étant le fait de personnalités qu'il suffirait d'éliminer ou d'écarter de la scène politique pour que tout soit réglé. On veut de ce fait nier la réalité économique, sociale et politique de ce mouvement qui se nourrit d'injustice, d'iniquité et de frustrations, un mouvement de fond, qui propulse pour la première fois, sur la scène politique, les grandes masses défavorisées d'Anjouan. Rien ne peut plus être comme avant", prévient l'ancien militant de l'OPIA.
Dans l'euphorie des premiers jours de l'opération "Démocratie aux Comores", la foule qui exulte et savoure la chute d'un régime qui l'avait murée dans le silence, se garde bien de commenter l'avenir. Mais certaines scènes prises sur le vif révèlent une réalité complexe. Dans une rue de Mutsamudu, une banderole orpheline flotte au vent. On peut y lire : "Le séparatisme est enterré". Comme pour accentuer l'ironie du slogan, à quelques pas de là, Fundi Abdallah Ibrahim, l'homme de la proclamation de l'indépendance de l'île le 3 août 1997, premier président de "l'Etat d'Anjouan", marche d'un pas alourdi par l'âge, mais dans la quiétude. Alors que les sous-fifres du régime Bacar se planquent pour échapper à la vindicte populaire -quand ils n’ont pas été arrêtés-, les chantres du séparatisme déambulent librement.
(la suite dans Kashkazi n°72) 2008-05-19
Mercredi 26 Mars 2008
Le débarquement vu depuis Mayotte
Largement consacré à l'intervention militaire comorienne, le journal de Télé Mayotte de ce mardi 25 mars a vu s'exprimer le nouveau ministre français de l'Outremer, dont la visite à Mayotte est annoncée pour ce vendredi 28 mars. Yves Jego a indiqué qu'il tenait à se rendre rapidement sur l'île en raison de "deux inquiétudes". La première, "humanitaire", concerne "les Comoriens qui prennent des risques insensés pour se rendre à Mayotte". La seconde est liée au "déséquilibre" que pourrait créer, selon le ministre, l'intervention armée qui vient de se dérouler à Anjouan. Yves Jego souhaite " faire en sorte que les conséquences sur Mayotte soient les plus préparées possibles" et envisage que l'île accueille "éventuellement des réfugiés". "Il faut que la France soit la plus performante possible en ayant un discours clair : ceux qui seraient accueillis comme réfugiés n'auront pas vocation à rester", a-t-il souligné.
RFO a par ailleurs rappelé l'existence d'un plan élaboré par la préfecture pour prendre en charge d'éventuels blessés et réfugiés : des sites d'hébergement sont prévus et des évacuations sanitaires vers la Réunion envisagées depuis l'île sous administration française. L'éventuelle évacuation de ressortissants français installés à Anjouan a également été évoquée. L'annonce d'un possible " afflux de réfugiés anjouanais" sur les côtes mahoraises sonnait cependant étrangement après les images de foules en liesse, à Domoni et Mutsamudu, qui accueillaient les forces comorienne et africaine en libérateurs. A noter également que les autorités françaises, qui se déclarent aujourd'hui disposées à accueillir des réfugiés, n'ont jamais cessé de renvoyer vers Anjouan des personnes en situation irrégulière, malgré le climat de terreur qui régnait sur l'île ces dernières semaines et les tortures perpétrées par les milices de Mohamed Bacar.
Télé Mayotte a enfin donné la parole à des habitants des hauteurs de Kaweni, originaires d'Anjouan, qui ont manifesté leur joie. "Je suis très très heureux. Les habitants pourront aller où ils veulent, quand ils veulent, faire ce qu'ils veulent sans être contrôlés à tout moment", a lancé l'un d'eux.
Source : © Malango Actualité 2008 - Reproduction soumise à autorisation
Mohamed Bacar en prison
CLICANOO.COM | Publié le 5 avril 2008
MAURICE
FRANCE-COMORES RELATIONS AMBIGUES
Voici une plongée intéressante des relations ’ je t’aime moi non plus’ entre la France et Les Comores par Pierre CAMINADE. Le malheur des Comores est d’être situées en un lieu hautement stratégique. Non seulement les deux tiers des tankers pétroliers provenant du Moyen Orient circulent dans les eaux du Canal du Mozambique, mais le positionnement de l’archipel permet à son pays de tutelle d’avoir une prise sur tout l’ouest de l’Océan Indien. En pleine guerre froide, la France a tenu à garder, lors de la décolonisation des Comores en 1975, un bout de cet archipel, Mayotte, avec le projet d’y implanter une base militaire navale dotée d’un port en eau profonde. Ce projet ne verra pas le jour, mais sera compensé par l’implantation d’une station d’écoute du réseau satellitaire français d’espionnage des communications, mise en
124
service en 2000. Saboter : la balkanisation des Comores par mercenaires interposés En 1975, la France viole la règle internationale du respect des frontières coloniales en arrachant Mayotte au Territoire des Comores... “ Conformément à la volonté des Mahorais ”, prétend-on. Une “ volonté ” assise sur les intérêts de quelques familles de notables locaux, et sur la crainte d’un potentat “épouvantail” monté de toutes pièces par Paris. Ainsi, à Mayotte, des meneurs d’opinion ont pu convaincre qu’accepter l’indépendance aurait équivalu à voter pour le régime Abdallah de l’arbitraire, de l’oppression et des humiliations. 95% des Comoriens ont voté pour l’indépendance lors de leur consultation fin 1974. Mais les Mahorais, soit moins de 8% des votants, l’ont refusée à 65%. Quelques semaines après l’indépendance des Comores, Abdallah est renversé avec l’intervention des troupes du mercenaire français Bob Denard, qui le remettra en selle trois ans plus tard pour fonder une dictature dont Denard tire toutes les ficelles... et l’épouvantail sera reconverti en pantin. Ce règne de onze ans aura scellé des alliances contre-nature entre le régime d’apartheid d’Afrique du Sud et les “ Îles de la Lune ”. Les mercenaires de la Garde présidentielle (GP) y régnaient sur un empire de trafics en tous genres, d’armes notamment, contournant les embargos ; ils participaient à des guerres secrètes et des tentatives de coup d’État sur le continent. Onze ans plus tard, fin 1989, Abdallah souhaite changer de “protecteur”. Et Denard le tue. C’est un moment historique : les Comoriens espèrent pouvoir écarter Denard en s’appuyant sur une large réprobation internationale, et grâce aux élections organisées début 1990. Mais l’armée française, elle, organise la fraude pour placer son poulain, Djohar, à la tête de l’archipel toujours amputé de Mayotte. En septembre 1995, Djohar déplaît à la France, qui le renverse par un coup d’État, déguisé en putsch manqué : c’est encore Denard qui tente un coup d’État et l’aurait raté, en apparence, puisque l’armée française est venue le déloger. Mais Djohar sera déporté par l’armée française à la Réunion, avec empêchement de retourner aux Comores avant les élections qui suivront. Après vingt ans d’indépendance, il est d’usage de dire que les Comores ont essuyé une vingtaine de coups de force (dont quelques coups d’État réussis), tandis que l’administration française à Mayotte était condamnée vingt fois par des résolutions des Nations unies. Bob Denard aura renversé et tué Ali Soihili et Ahmed Abdallah, renversé Djohar en lui laissant la vie sauve... L’État des Comores reste sous gardiennage des mercenaires français de la “GP”. En 1997, c’est l’explosion : Anjouan (Nzwani), l’île la plus délaissée, fait sécession, et entraîne Mohéli, la petite île voisine. Les États-majors séparatistes comptent à leur tête un mercenaire comorien de Denard, ancien de la “GP”, et bien entendu d’anciens militaires français. Les “États” sécessionnistes se multiplient... Plus question de demander à la France de rendre Mayotte : la rendre à qui ? Ainsi, à partir de 1997, les Comores ne demandent plus que cette question soit traitée à l’Assemblé générale de l’ONU. Mission accomplie. Profitant de cette crise, Azali Assoumani, un colonel franco-comorien, prend le pouvoir par un coup d’État en 1999. Il dirige toujours l’archipel à l’heure actuelle. Des élections frauduleuses lui ont fourni l’apparat de la légitimité en 2002. Protéger : Mayotte sous administration française La situation créée en 1975 reste illégale. En droit international, Mayotte, territoire comorien, est sous occupation française. La stratégie de la division s’est d’abord traduite dans les années soixante, avant l’indépendance, par le transfert de la capitale de l’archipel de Mayotte vers Moroni, dans l’île la plus éloignée. Parallèlement, depuis la cellule africaine de l’Élysée, Jacques Foccart plaçait Ahmed Abdallah, sa créature, à la tête des Comores. Celui-ci s’est évertué à brimer les Mahorais, leur faisant craindre l’administration comorienne. Loin des fables inlassablement ressassées sur l’attachement des Mahorais à la culture française, les leaders mahorais expliquaient sans détour en 1975 combien le régime Abdallah les effrayait et en quoi cela déterminait leur position contre l’indépendance. En bon pyromane-pompier, la France s’est présentée comme seule protectrice possible contre Abdallah. La déstabilisation des Comores creuse un fossé économique entre Mayotte et ses sœurs, en particulier Anjouan (Nzwani), la plus proche. Aucun succès économique ne peut pourtant être repéré sur “ l’île française ”. Seule la perfusion de l’aide financière française amène un considérable différentiel de revenus, qui aspire certains Comoriens des trois autres îles vers Mayotte pour y occuper des emplois subalternes, parfois dans des conditions de quasi-esclavage. Depuis 1995, comme un mur de Berlin aquatique, un “ visa ” sépare administrativement de Mayotte les familles comoriennes. Il a été imposé par Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur du gouvernement Balladur. Son obtention étant quasiment impossible, les Comoriens des autres îles sont très nombreux à tenter la traversée sans visa, parfois sur des embarcations de fortune (kwassa kwassa), clandestinité oblige. Les noyades se comptent par centaines. Cette entrave administrative est liée au projet de départementalisation de Mayotte (transformation en DOM), qui nécessite une coupure définitive du cordon ombilical avec le reste des Comores. Les Comoriens non mahorais (donc non français) deviennent des étrangers à Mayotte. Et les préfets français d’attiser des haines ethnistes : Jean-Jacques Brot, dans une interview au Quotidien de la Réunion le 12 novembre 2003, a eu le culot de dénoncer “ l’invasion migratoire ” et “ le viol de notre maison par des gens qui n’ont rien à y faire ” (Libération, 13/11). Il venait de faire détruire plusieurs des embarcations sur lesquelles des Anjouanais tentent la traversée, et s’en vantait. Quant à ceux qui réussissent la traversée, leur sort est décrit par la lettre de “Matso”. Son cri interpelle nos consciences, et nous voilà à nouveau placés face à notre dépossession politique par la monarchie colonialiste qui fait figure de République française. N’y a-t-il donc aucun organe de justice internationale pour faire respecter le droit ? Qualifiés par erreur d’“ immigrés ” ou de “ clandestins ”, les Anjouanais ne franchissent pourtant aucune frontière, en droit international, lorsqu’ils vont à Mayotte-la-comorienne. En conséquence, l’État français commet, par ces “reconduites à la frontière”, des “ transferts forcés de population ” au sens des statuts de la Cour pénale internationale (CPI), qui relèvent du Crime contre l’humanité (articles 7.1.d et 7.2.d). Cette Cour permet pour la première fois la séparation des pouvoirs politique et juridique en droit international : la France ayant ratifié ses statuts, en vigueur depuis juillet 2002, une plainte peut être déposée, sans passer par l’ONU, contre les autorités françaises qui se sont rendues coupables depuis lors des exactions visées par lesdits statuts. L’ex-ministre français de l’Intérieur entre autres, Nicolas Sarkozy, n’a eu de cesse d’augmenter les moyens et “ l’efficacité ” de la lutte contre “ ce fléau ” qu’est “ l’immigration clandestine ” des Comoriens à Mayotte... il s’agit d’une continuité, car l’élan est ininterrompu au fil des gouvernements : Juppé, Jospin (qui a entrepris de rapprocher statutairement Mayotte de la France), Raffarin 1, 2... Dominique de Villepin, désormais en charge de l’Intérieur, poursuivra-t-il cette œuvre destructrice ? Les Comorien(ne)s de la diaspora, celles et ceux qui en sont solidaires, sauront-ils créer un fonds d’action juridique pour muer le cri de “Matso” en une incrimination devant la CPI ?5 avril 2008 - 10:03
125
Sambi à Anjouan C'est la première fois depuis le mois de juin que le président Sambi se rendait dans son île natale, où il était interdit de séjour par M. Bacar. Le président Sambi a également lancé un appel à la fin du séparatisme dans l'archipel: "Au nom des Anjouanais, je dis aux habitants de Mohéli, aux habitants de la Grande Comores et aux habitants de Mayotte et au monde, que nous enterrons aujourd'hui le séparatisme."Enterrer définitivement le séparatisme .
Une dizaine de jours après le décès du séparatisme cultivé par le Colonel Bacar et les siens, des centaines de ressortissants de Ngazidja et de Mohéli ont retrouvé des milliers d’Anjouanais pour l’enterrer définitivement et planter l’arbre de l’Unité nationale retrouvée.
4000 personnes pour enterrer le séparatisme.
Depuis l’intervention de l’armée nationale appuyée par les forces de l’Union Africaine pour déloger la junte qui dirigeait Anjouan, Mutsamudu était en fêtes. Des fêtes sans communes mesures avec la liesse exaltée de ce 5 avril 2008. Déjà le 4 avril, des milliers de Comoriens, des notables et des jeunes surtout, s’étaient déplacés massivement à l’aéroport Prince Saïd Ibrahim pour souhaiter la bienvenue au chef de l’Etat et le féliciter pour le succès de sa détermination à réunifier le pays. Dans la même journée, en plus des vols commerciaux et des hélicoptères de l’armée, deux bateaux assuraient gratuitement la liaison Moroni-Anjouan. Ceux qui avaient dû quitter leur île natale pour des raisons politiques et sécuritaires avaient hâte de retrouver leurs familles. D’autre part, ceux qui ont choisi volontairement de vivre à Moroni ne voulaient en aucun cas être en marge de cette page d’Histoire qui allait s’écrire dans leur île et en faveur de leur pays. Du côté d’Anjouan, l’excitation était à son comble. Dans les familles, tout le monde était affairé pour préparer les festins et accueillir à la fois les parents et les centaines de ressortissants des îles sœurs de Mohéli et Ngazidja. Mohamed Laniou est tout émerveillé : « C’est la première fois que je viens à Anjouan de ma vie, et je pense que j’ai vraiment choisi le meilleur moment. La joie fraternelle se lie sur les visages, s’exprime dans les propos et se matérialise dans l’accueil ».La mobilisation populaire s’est accentuée ce samedi 5 avril avec l’arrivée du Président Sambi et des officiels qui composaient sa suite. L’aéroport de Ouani était déjà noir de monde depuis les premières lueurs du jour. Le reste de la foule s’est massé sur le long des 5 km qui relient Ouani à la ville de Mutsamudu. Tous avaient soif de voir ce Président qu’ils ont élu massivement et qui a été empêché pendant 10 mois de fouler cette terre.
La France est notre amie, mais ...C’est également pour voir le libérateur et participer à la cérémonie solennelle qui devrait consacrer l’acte de décès du séparatisme que 4.000 personnes avaient pris d’assaut le stade de Missiri. Au cours de cette manifestation haute en couleurs, les orateurs des 3 îles ont chacun exprimé leur joie devant cette victoire politique, diplomatique et militaire qui a permis de réunifier la nation comorienne. Le Président de l’Union des Comores, qui bénéficiait déjà d’une aura inégalée avant ces événements, a pu mesurer combien il est adulé par son peuple. Durant près de 90 minutes, il a remercié l’organisation panafricaine et les pays amis qui ont aidé à la réunification des Comores. Il a surtout insisté sur la nécessité de pardonner ceux qui le mérite, d’éviter les vendettas personnelles et de faire confiance en la justice. A propos de justice, Sambi n’a pas manqué de revenir sur le cas du Colonel Bacar. Il s’est dit déterminé à exiger que le colonel rebelle et ses acolytes répondent de leurs actes devant les tribunaux. Tout en réaffirmant l’amitié de la France et son appui multiforme au développement des Comores, il a ajouté que cela ne devait pas nous empêcher d’exprimer notre contrariété devant des actes qui nous révoltent.
De notre correspondant A. Mohamed
Source :Témoignages du lundi 7 avril 2008 (page 8) http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=29014
Moroni s'interroge sur l'après-débarquement
Le débarquement, et après ? Passée l'euphorie des premiers jours, c'est l'interrogation qui ressort des débats publics et de la presse moronienne.
126
Si le directeur d'Al-watwan Mohamed Boudouri s'est dans un premier temps enflammé sur la victoire "éclatante" et "merveilleuse" du président, de l'armée et du peuple comorien tout entier, les éditorialistes du journal d'Etat ne cessent depuis de dresser les enjeux auxquels sera prochainement confronté le pays. Derrière le soulagement amené par le dénouement relativement paisible de l'intervention armée, les journalistes traduisent l'inquiétude générale : et si, alors que le pays semble avoir les cartes en main pour prendre un nouveau départ, il ratait ce rendez-vous crucial ?
Ali Moindjie (1) rappelle ainsi que parmi les Anjouanais qui ont adhéré au séparatisme en 1997, "beaucoup étaient des citoyens ordinaires, lassés par la pauvreté et l'absence de perspectives, et qui avaient cru effectivement bien faire pour leur famille et leur descendance parce qu'ils en avaient assez d'être piétinés, spoliés, méprisés, volés (…) Les masses populaires sont capables d'accepter n'importe quoi pour espérer mettre fin à leur calvaire quotidien", poursuit le journaliste avant d'avertir : "Il reste à espérer que nos dirigeants ont assimilé ces leçons et qu'ils ont bien inscrit sur leur tablette que la préservation de l'unité et de l'intégrité nationale n'a de sens que si la nation se préoccupe de tous ses membres sur le même pied d'égalité. Si on remet sur le feu les vieilles recettes du chauvinisme et du favoritisme (…) alors d'autres Mohamed Bacar vont réapparaître inévitablement avec des idées et des armes, peut-être, encore plus redoutables. Pas forcément à Anjouan."
Autre enjeu crucial : la réinsertion des membres de la Force de gendarmerie anjouanaise, parmi laquelle "la rébellion a sapé tout repère républicain", écrit Ahmed Ali Amir (1). Pour le journaliste, "cette réinsertion ne sera efficace que si les militaires qui se sont rendus coupables d'exactions sont jugés. Mais il existe surtout des centaines et des centaines de jeunes enrôlés dans ces forces et qui ont servi à mettre en pratique les sales besognes du colonel. Pour eux, la nation doit se préoccuper de leur apprendre un métier d'avenir rapidement et à leur trouver des débouchés rapidement". Il s'agit là, souligne-t-il, "d'une des conditions pour (…) priver à jamais les séparatistes, des éléments incontrôlés, éparpillés dans la nature, détenteurs d'armes, et prêts à les reprendre pour assouvir des ambitions et des intérêts qui les dépassent souvent".
(1) Al-watwan du mercredi 9 avril 2008
Source : Malango Jeudi 10 Avril 2008- 09:10:45
Mohamed Bacar demande asile à la France Il s’est réfugié dans l’île française de Mayotte
L’ancien président anjouanais Mohamed Bacar souhaite obtenir le droit d’asile en France, où il a trouvé refuge, depuis mercredi, sur l’île de Mayotte. Sa requête risque d’accroître les tensions qui
règnent entre Paris et Moroni.
127
jeudi 27 mars 2008, par Falila Gbadamassi
Mohamed Bacar, le président déchu de l’île d’Anjouan, a demandé mercredi l’asile politique à la France. Il était jusqu’ici introuvable, après que son régime a été renversé mardi par l’armée nationale de l’Union des Comores, aidée des troupes de l’Union africaine. L’ancien président anjouanais se serait déguisé en femme pour rejoindre l’île française de Mayotte mercredi après-midi, en bateau rapide, accompagné d’une dizaine de personnes et d’hommes armés. L’information a été confirmée par Mohamed Bacar Dossar, le directeur de cabinet du président comorien chargé des questions de défense, et les autorités françaises.
L’ancien président anjouanais est sous le coup d’un mandat d’arrêt international et Moroni espère qu’il sera « respecté » par les autorités françaises. Selon Le Monde, Ahmed Abdallah Sambi, le président de l’Union des Comores soupçonne la France de soutenir Mohamed Bacar, en tant que dernière figure en date des velléités séparatistes anjouanaises. La France à qui l’homme d’Etat doit la vie sauve à Mayotte. Ce sont des gendarmes français qui lui auraient permis d’échapper à la colère de ressortissants anjouanais informés de sa venue sur l’île et mécontents de sa politique dans leu pays.
Bacar met Paris dans l’embarras
Paris propose d’ailleurs l’asile politique à Mohamed Bacar depuis que son régime est menacé. Les élections de juin 2007, qui lui avaient permis d’être reconduit à la présidence d’Anjouan où il est arrivé en 2001 grâce à un coup d’Etat, avaient été invalidées par le gouvernement fédéral. L’Union des Comores lui avait alors enjoint de quitter le pouvoir, avant de l’y contraindre avec l’opération "Démocratie au Comores". Une opération à laquelle la France a apporté un soutien logistique en transportant les soldats tanzaniens de la force de l’UA et en fournissant des munitions aux soldats comoriens.
Alors que les Anjouanais protestent déjà contre la présence de Mohamed Bacar sur l’île française de Mayotte, d’autres manifestations anti-françaises devraient être organisées, ce jeudi, à Moroni, la capitale de l’Union des Comores, d’après Le Monde. A Anjouan, Ikililou Dhoinine, l’un des vice-présidents de l’Union des Comores a été désigné mercredi pour administrer l’île en attendant la formation d’un gouvernement de transition.
Source : http://www.afrik.com/article13963.html
La France « déroule le tapis rouge » à Mohamed Bacar
L’ancien homme fort de l’île d’Anjouan, aux Comores, a été relaxé par la justice française
Le tribunal de Saint-Denis de la Réunion a prononcé samedi la relaxe de Mohamed Bacar. Une décision qui a provoqué l’indignation du gouvernement comorien et de
nouvelles manifestations anti-françaises. Le parquet devrait faire appel de l’annulation des poursuites judiciaires.
lundi 31 mars 2008, par Fabien MollonSource : http://www.afrik.com/article13986.html
Comores - Nouvelles manifestations contre la France
128
Des manifestations ont éclaté aux Comores pour réclamer l'extradition de Bacar.
De nouvelles protestations anti-françaises ont éclaté vendredi à Moroni, la capitale des Comores.Les manifestants accusent le France de protéger le président déchu de l'île d'Anjouan.
- le 28/03/2008 - 21h23
Comores : les violences gagnent Mayotte
Après une brève accalmie, les manifestations anti-françaises ont repris vendredi aux Comores. Près d'un millier de personnes ont défilé à Moroni, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "La France doit nous rendre Mohamed Bacar", "France dégage", "la France hors des Comores". Les manifestants accusent la France de protéger le président renversé d'Anjouan, Mohamed Bacar. Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo, arrivé sur l'île à la mi-journée pour une brève visite prévue avant les incidents, a affirmé vendredi que de "nombreux" Anjouanais impliqués dans les violences de jeudi avaient été "interpellés" et seraient "fermement jugés".
Mohamed Bacar a été transféré, jeudi soir, de Mayotte à la Réunion. A son arrivée, il a été placé en garde à vue et sera déféré samedi devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis de la Réunion. Selon le procureur de la République, François Muguet, vingt-trois autres personnes, essentiellement des militaires, l'ayant accompagné dans sa fuite, seront également présentées à la justice. L'ex-président d'Anjouan devrait notamment être poursuivi pour être entré illégalement à Mayotte, mais aussi pour détention d'armes. 18 blessés
L'ancien homme fort de l'île comorienne a été renversé mardi après avoir tenté de faire sécession avec le reste de l'archipel des Comores. Mercredi soir, il a pris la fuite et a trouvé refuge sur l'île française de Mayotte, provoquant la colère des autorités locales qui ont réclamé son extradition. "Nous avons notifié à la France que nous voulions que le colonel Mohamed Bacar et tous les rebelles en fuite soient extradés aux Comores", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Houmadi Abdallah." "Nous avons rappelé aux autorités françaises que les mandats d'arrêt international à leur encontre sont toujours en vigueur".
Jeudi matin, des manifestations tendues dénonçant "la France ennemie" avaient fait 18 blessés, dont un grave qui selon Yves Jégo a été opéré dans la nuit avant d'être transféré à la Réunion. Des centaines de manifestants avaient été signalés devant la Banque centrale, où travaillent de nombreux Français, et devant l'ambassade de France.
(D'après agences)
Source : http://tf1.lci.fr/infos/monde/afrique/0,,3798585,00-protestations-contre-fuite-bacar-mayotte-.html
Comores : à quoi joue la France avec Mohamed Bacar ? Les Comoriens jugent la peine de trois mois de prison infligée à l’ancien président d’Anjouan inadéquate
Mohamed Bacar, le président déchu de l’île comorienne d’Anjouan, a été condamné jeudi à une peine de prison de trois mois avec sursis pour « importation illégale d’armes ». Ce verdict relance la polémique sur le rôle de la France dans l’affaire de sa fuite vers la Réunion. Aux Comores, l’opinion publique déplore un procès inadéquat et réclame
toujours son extradition, pour un jugement conforme à la loi du pays.
129
Trois mois avec sursis. C’est la peine de prison qui vient d’être prononcée à l’encontre de Mohamed Bacar, le président déchu de l’île d’Anjouan. Les 23 membres de sa garde rapprochée, avec lui lors de sa fuite vers Mayotte puis la Réunion , fin mars 2008, ont écopé de la même sanction. Ils ont été condamnés par la Cour d’appel de la Réunion pour « importation illégale d’armes ». Le 29 mars dernier, rappelle l’ AFP, le Tribunal correctionnel de Saint-Denis de la Réunion avait dû annuler une procédure après l’appel prononcé par le parquet pour « vice de forme ». Le chef autoproclamé de l’île ainsi que ses hommes étaient alors poursuivis pour « entrée irrégulière en France, détention, transport et importation d’armes ». Ainsi, seule cette dernière charge a été retenue dans le dernier procès, expliquant l’indulgence de la sanction retenue.
La colère des Comoriens
Cette décision de justice a provoqué la colère des Comoriens, soucieux de préserver l’intégrité de l’archipel dans lequel les dérapages du colonel Mohamed Bacar font tâche. Ils jugent ce procès inadapté et injustifié, et soutiennent que la France ne l’a pas jugé pour les bonnes raisons. « Ici, il ya un sentiment d’inachevé, assorti d’une grande déception. Les Comoriens s’attendaient vraiment à ce que Bacar rende compte de tout ce qu’il a fait pendant 7 ans », commente, depuis les Comores, le rédacteur en chef de La Gazette des Comores, Saïd Omar Elhad. C’est la demande d’extradition, déposée par l’Union des Comores et soutenue par le très controversé Me Vergès, qui cristallise les espoirs des habitants de l’île d’Anjouan ainsi que de tous ceux qui estiment que Bacar devra répondre de ses crimes devant la justice de son pays. « Ce qui importe aux Comoriens, c’est l’extradition de Bacar vers les Comores, pour qu’il soit jugé là-bas pour les fautes qu’on lui reproche dans son pays » explique Ali Mmadi, directeur de publication chez Kweli Magazine, journal d’actualité comorienne basé en France.
Depuis le début de l’affaire, la probité de la France est sérieusement remise en doute par l’opinion comorienne qui la soupçonne d’avoir organisé la fuite de Bacar. Certains vont même jusqu’à parler d’une tentative de déstabilisation du pays orchestrée depuis l’Elysée. Un sentiment qu’exprime Ali Mmadi : « Aux Comores, la question qui se pose est de savoir pourquoi la France s’en mêle ». L’arrivée sur l’île de la Réunion des fuyards, le 28 mars dernier à bord d’un avion de l’armée de l’air française a aidé à corroborer la thèse de l’entraide, ce que démentent les autorités françaises. Après cet épisode, des manifestations anti-françaises avaient eu lieu aux Comores.
La France invoque les règles de droit
Par la bouche de Bernard Kouchner, la France affirme vouloir remettre aux autorités comoriennes Mohamed Bacar , qui est toujours assigné à résidence dans une base militaire. La demande d’extradition, formulée par l’Union Comorienne il y a deux mois, est étudiée ce jeudi par la Cour d’appel de Saint-Denis. Le 15 mai dernier, la demande d’asile du colonel avait été rejetée par l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), qui avait toutefois déconseillé un retour aux Comores, considérant les risques de persécution sur la personne de Mohamed Bacar trop prégnants. Ses soutiens craignent en effet que la demande d’extradition ne soit qu’un prétexte à un règlement de compte politique, visant à asseoir l’autorité du président des Comores, Ahmed Sambi.
Mais l’Union des Comores, en la personne de son représentant lors du procès, Me Vergès, invoque les « propositions de réciprocité », employées par la France en 2002 pour faire extrader des mercenaires français. Ceux-ci étaient accusés d’avoir participé à une tentative de coup d’Etat aux Comores et avaient pu être rapatriés en France pour y être jugés selon les lois de leur pays. Par ailleurs, il existe des peines très différentes aux Comores, et certaines sont contraires à le droit public français tels la peine de mort et les travaux forcés, ce qui pourrait jouer dans la balance pour la défense de Mohamed Bacar. Pour Saïd Omar Elhad, « la France joue un rôle ambigu, elle tient un double langage : elle dit vouloir respecter le droit, mais elle viole ce même droit en protégeant un homme que de nombreux rapports internationaux accablent en l’accusant d’atteinte aux Droits de l’Homme ».
Reste la possibilité d’un exil au Bénin, seul pays africain à avoir accepté d’accueillir sur son sol l’ancien président d’Anjouan et les membres de sa garde… à la demande expresse de la France. « Plusieurs personnes, aux Comores, réagissent très mal à cette solution du Bénin », souligne Ali Mmadi. « Elles s’interrogent sur l’incompétence de l’Etat comorien sur ce dossier, et sur le fait qu’encore une fois, ce soit la France qui intervienne ! » A son tour, le rédacteur en chef de La Gazette des Comores confirme : « Autoriser sa fuite vers le Bénin est une façon de justifier le comportement de tous les autres séparatistes. Si Bacar avait été justement condamné, cela aurait pu servir de leçon aux autres. Tandis que maintenant, dès le départ de Sambi, d’autres referont ce qu’il a fait, en toute impunité. »
Source : http://www.afrik.com/article14469.html , jeudi 5 juin 2008, par Lauranne Provenzano
Portrait de Younoussa Bamana par RFO Mayotte
Bamana, un homme, une terre
Disparition de Younoussa Bamana L’ancien président du Conseil général de Mayotte est décédé, vendredi 22 juin 2007 au matin, à Mamoudzou. Younoussa Bamana, ancien membre de l’Union pour la Défense des Intérêts de Mayotte (UDIM), âgé de 72 ans, était l’une des figures majeures de la lutte pour le maintien de
130
Mayotte dans la République française. Premier député de l’île, de 1978 à 1981, puis premier préfet, Younoussa Bamana laisse un grand vide dans l’échiquier politique mahorais.
Par Ismail Mohammed Ali le 25 juin 2007
Bamana, un homme charismatique
Le Mzé s’en est allé des suites d’une longue maladie au Centre hospitalier de Mamoudzou a-t-on appris vendredi matin. Un matin de Djoumoi, jour de la grande prière du vendredi, moment-clé dans la vie sociale des habitants de cette collectivité départementale française située entre l’Union des Comores et Madagascar. Cet hasard a été vécu par l’ensemble des Mahorais, majoritairement musulmans, comme une preuve supplémentaire de la grandeur de cet homme dont les admirateurs sont forts nombreux dans cette île. Son rôle actif dans le combat pour Mayotte française y est pour beaucoup. La décès de Younoussa Bamana est un évènement retentissant dans la vie politique mahoraise où il apparaissait comme une sorte de repère. La fragile silhouette de l’homme au kofia [calotte], au verbe haut, qui fut durant vingt-sept ans président du Conseil général, va hanter la scène politique mahoraise par son absence.
Qui n’a pas souvenir du pédagogue sur le perchoir de la présidence du Conseil général distillant quelques cours magistraux improvisés aux conseillers généraux et autres cadres mahorais présents dans l’hémicycle, afin de les préparer à une autonomie de gestion future ? Quand Younoussa Bamana regardait une personne, elle se sentait interpellée. Il la fixait droit dans les yeux. Son regard perçant et toujours teinté d’humour semblait pouvoir pénétrer et sonder les pensées de ses vis-à-vis. Il n’était pas homme à se défiler et peu de gens lui résistaient. On rapporte que cet ancien instituteur, alors en poste à Sada dans les années 60, aurait demandé à un inspecteur de l’éducation nationale de prendre la porte pour n’avoir pas frappé ! Le personnage était entier, son franc-parler légendaire. Dans un portrait réalisé par la rédaction télévisée de RFO-Mayotte, en 1997, ce dernier n’hésitait d’ailleurs pas à déclarer qu’ « ici à Mayotte, les gens disent que Monsieur Bamana est l’homme qui dit vrai. Je dis toujours vrai ! »
Younoussa Bamana n’ignorait pas sa position sociale et l’aura qu’il avait auprès de la population mahoraise. C’est pourquoi, dans ce documentaire, il se permettait exceptionnellement de parler de lui à la troisième personne du singulier. Cette aura, il se l’est attiré au fil des décennies par son implication dans le combat de Mayotte française.
Ardent défenseur de Mayotte française
Alors qu’il était sur le point de se retirer de la vie politique mahoraise, il insistait sur le fait d’être « Mahorais avant d’être français » et ne niait aucunement les liens de sang et de cousinage entre Mayotte et les trois autres îles des Comores que sont Anjouan, Mohéli et Grande-Comore. A ce propos, il précisait qu’« on ne peut pas vivre seul. On ne peut pas vivre dans l’océan Indien, éloigné de Madagascar, éloigné des Comores ou de l’Afrique. »
Le Mzé, c’est une manière assez répandue dans la sphère culturelle swahili de donner du respect aux hommes sages, dépositaires d’un savoir et d’une expérience de premier plan ou gagné par l’âge, était avant tout un défenseur de l’indépendance de Mayotte vis-à-vis de son giron géographique et historique. « Nous sommes quatre frères mais doit-on habiter dans la même maison ? Les quatre frères avec leurs femmes, leurs enfants doivent-ils rester dans la même maison ? Non ! Moi, je choisis d’être chez moi et ensuite je compose. Je peux inviter mes frères et sœurs un jour si le père est là pour un conseil de famille. Voilà comment je conçois les choses. Mais que les Comores réclament systématiquement Mayotte comorienne... Là, on ne se comprend plus. Nous avons choisis une grande nation, la France. Nous voulons être département français pour être libre », poursuivait-il.
Quant à une départementalisation totale de Mayotte, Younoussa Bamana se montrait alors plus nuancé dans sa conception de l’évolution du statut. « Je ne demande pas une départementalisation, une intégration totale. Ce n’est pas possible. Il rappelait que la constitution permet à ce petit pays des adaptations. La preuve disait-il c’est qu’on a des ordonnances permettant de changer quelques textes législatifs, car ce qu’il faut savoir c’est que nous étions il y a vingt ans [à dater de l’époque de l’entretien] régis par des textes malgaches. Parce que c’était le territoire de Madagascar et dépendances, ensuite nous étions avec les Comores. Moi-même j’ai fait partie de l’Assemblée territoriale. J’ai voté à l’époque des textes. Ces textes-là étaient encore applicables, il fallait un toilettage (...) Mais une intégration, n’est-ce pas totale, n’est pas possible. Je crois que ce n’est pas souhaitable », finissait-il.
L’homme qui a connu la prison aux Comores au début des années soixante-dix pour ses opinions anti-indépendance a gardé du ressentiment pour ce pays. Des Comoriens et particulièrement de ceux qui viennent illégalement sur son île, le Mzé ne se montrait pas toujours tendre à leur égard. Dans les colonnes du mensuel Kashkazi, Bamana disait à propos des Comoriens originaires de l’île d’Anjouan, nombreux sur l’île au lagon que : « L’histoire...A Mayotte, il y a eu deux sortes de colons, ceux de la Réunion, les blancs comme Avice, Henry... et ceux d’Anjouan : Ahmed Abdallah, qui possédait Mirereni, Mohamed Ahmed, qui possédait Longoni, Ahmed Abdou, qui possédait Kaweni... La liste est longue... Mayotte a été colonisée par deux peuples. » Il poursuivait en disant que l’immigration actuelle des Anjouanais vers Mayotte s’expliquait par la « fécondité galopante ». Il rappellait avoir dit aussi, en 2003, que : « Dans trois ans, Mayotte coulerait dans le lagon sous le poids des immigrés... J’avais dit aussi : Qu’on le veuille ou non l’Anjouanais viendra. Combien il y a eu de morts en mer ? 10.000 ? »
Toutetefois, pragmatique, le Mahorais, le plus populaire, avertissait que : « Tant que le gouvernement français et les autorités comoriennes ne développeront pas la coopération, ça ne marchera pas. On peut en renvoyer tous les jours, ils reviendront. Allez pisser sur le mont Choungui, ça tombe quand même dans le lagon ».
131
Une figure politique populaire
Populaire, il l’était comme ce mouvement auquel il a appartenu qui s’appelait le Mouvement Populaire Mahorais et dont les thèses départementalistes vieilles d’un peu moins d’un demi-siècle continuent d’alimenter les discours des candidats à la présidentielle et la députation comme ce fut le cas lors des derniers scrutins de 2007. De la cause de Mayotte française, il disait « sans moi Henry et Giraud n’auraient rien pu faire ». Encore une fois le franc-parler du natif de Kani-Be faisait mouche. Son engagement au sein du MPM, il le racontait également dans ce reportage télévisé qui lui avait été consacré, il y a dix ans, sur RFO-Mayotte. Il rectifiait la chose suivante en expliquant : « En 1958 on ne disait pas MPM, mais « Sorada » pour ceux qui militaient pour Mayotte française et « Serrez-la-main » pour ceux qui étaient pro-comoriens. On est parti de cette façon-là. Jusqu’aux jours où les indépendantistes s’appuyant sur le gouvernement comorien commençant à brimer les Mahorais...
Les autres « Soroda » se sont formés en bloc monolithique. Ce n’est pas un parti politique au départ. C’est un mouvement de foule de personnes qui se sont mises ensemble et je me souviens du jour où les femmes de Pamandzi [sur Petite-Terre] venaient voir Said-Mohamed Cheick [alors président du Conseil de gouvernement]. Elles ont été bousculées par les soldats comoriens et tout d’un coup s’est formé ce groupe-là. »
Le « Soroda » Bamana Younoussa Bamana est, né le 1er avril 1935, dans le sud de l’île. Issu d’une famille de propriétaires terriens de la paysannerie mahoraise, ce fils de cultivateur a été élevé parmi dix frères et soeurs. Si son parcours est néanmoins si hors du commun, c’est aussi parce qu’il a bénéficié d’un coup de pouce du destin. L’une de ses grand-mères, qui avait vécu à Madagascar, est venue le chercher, lorsqu’il avait une huitaine d’années, pour l’élever sur Petite-Terre.
A l’époque, Mayotte faisaient encore partie au même titre qu’Anjouan, Mohéli et Grande-Comore du Territoire des Comores et Dzaoudzi était la capitale administrative. La plupart des cadres locaux de l’administration provenaient de l’aristocratie locale (descendants directs des anciens sultans régnants, des
charifs [les supposés descendants du prophète Mohamed]), de certaines familles créoles de Sainte-Marie ou de La Réunion ou bien encore de la petite bourgeoisie des quatre îles de l’archipel. Younoussa Bamana bénéficiera de l’école française et effectuera sa primaire à Dzaoudzi.
Plus tard, ces enfants de l’élite étaient envoyés si ce n’est à Zanzibar, à Madagascar, notamment au lycée Le Myre de Vilers ou au lycée Gallieni. Pour le petit Bamana, dont les facultés intellectuelles était dit-on hors normes et le sens critique déjà très développé, ce fut à Gallieni à Antananarive. Instituteur à Anjouan et à Mayotte, le plus jeune député des Comores, en 1957 alors âgé de 22 ans, apparaissait souvent aux regard des Mahorais comme le garant de « l’anti-indépendance » comme d’autres piliers tels que Zéna Mderé, Zakia Madi, Zaïna Meresse, Bweni Mtiti, Coco Madi, Marcel Henry ou Adrien Giraud. Si « le Vieux », était un homme apprécié, ses prises de positions pouvaient être également très controversées.
Celui qui reste le politicien qui a dit « je ne voulais pas de leur indépendance à la merde, à la con » n’a pas toujours fait l’unanimité chez tous les Mahorais, même si le respect pour la carrière de cet homme politique est unanime même chez ses plus grands adversaires.
Bamana et les « Serrez-la-main »
Une partie d’entre eux sont ces Mahorais, qui mécontents de voir l’île prendre des positions départementalistes, avaient décidé de lutter politiquement contre cette idée aux élections législatives comoriennes de 1968. Un groupe a d’ailleurs présenté une liste dont le symbole fut une poignée de main, synonyme de l’unité des quatre îles de l’archipel.
Ce qui explique le sobriquet qui leur a été conféré par la suite de « Serrez-la-main ». Ces derniers appartenaient et partageaient pourtant les mêmes idéaux que l’Union pour la Défense des Intérêts de Mayotte (UDIM), un mouvement né au début des années 50 et dont l’objectif premier était surtout de lutter pour un mieux-être et un mieux-vivre des Mahorais.
Les « Serrez-la-main » en question seront expulsés de Mayotte vers Moroni, au moment de la proclamation de la départementalisation de Mayotte en 1975. Youssouf Moussa, homme politique mahorais partisan de l’unité des Comores et membre du Front démocratique (FD) n’était pas présent durant ces évènements. Il étudiait alors en France. Toutefois, il estime que « la situation de l’époque était claire. Il y avait deux camps. Les indépendantistes et le camp des sécessionnistes, Bamana se trouvant du côté du Mouvement Populaire Mahorais. Objectivement, il était dans le camp d’en face. Il était un des chef de file de ce camp et en partage les responsabilités. » Le premier député de Mayotte (1978 à 1981), il le connaissait personnellement. « C’était mon instituteur en 1960. Bien que politiquement, je ne partageais pas ses positions et que nous étions adversaires, nous avions un respect réciproque.
Malgré ce que disait l’homme politique, il est resté profondément comorien. Quand quelqu’un de ce calibre disparaît chacun essaie de se l’approprier. La mécanique a déjà commencé. Il va laisser un grand vide, même si n’étant plus élu, il a été contraint à la retraite. La grande image que les Mahorais de sa génération garderont de lui est celle où il s’est opposé au régime de Saïd Mohamed Cheick », déclare t-il.
Ses déceptions politiques
Younoussa Bamana aimait le pouvoir au point où ses déconvenues politiques pouvaient l’affecter beaucoup. Battu par Zaïnadini Idaroussi, en 1991, dans son canton de Kani-Kéli, il n’était pas homme à renoncer aisément à la direction des affaires de la cité. Son parti le MPM, lui trouve un siège. Il sera élu aussitôt la même année à Chiconi sur provocation d’élections partielles. L’autre grande blessure du politicien Bamana survient, en 2004, lorsqu’il échoue aux élections sénatoriales face à Adrien Giraud. Il avait refusé de faire campagne et pensait au vu
132
Younoussa Bamana et les femmes mahoraises © RFO Mayotte
de ce qu’il avait réalisé pour Mayotte, que les Mahorais lui se seraient redevables de ce poste de sénateur. Un autre épisode vécu difficilement pour lui...
La scission avec ses amis de Mayotte française était intervenue au terme de leur désaccord sur la manière de consulter la population sur le futur de Mayotte. Une partie des défenseurs historiques de la cause de Mayotte française ne lui auraient pardonné qu’il ait signé ces fameux accords sur le statut de collectivité départementale. Durant les négociations sur les accords du nouveau statut de Mayotte en 1999, ils lui auraient été reproché d’avoir signé un document qui ne proposait pas la départementalisation totale et où il aurait été abrogé la possibilité pour les habitants de l’île d’être consulté directement avant 2010. Cet épisode sera à l’origine de l’éclatement de la grande famille du MPM et de la création du Mouvement Départementaliste Mahorais (MDM).
Un homme à l’image de sa génération
Younoussa Bamana qui disait que la politique serait venue à lui maugréait souvent sur la jeune génération. Le patriarche qu’il était, retiré dans son domaine agricole d’Ourovéni, près de Combani, dans le centre de la Grande terre, avait toujours un mot pour la jeunesse mahoraise, parfois aigre comme lorsqu’il lui reprochait de ne pas vouloir suffisamment chercher à s’élever. Younoussa Bamana était un homme exigeant, plus encore avec les siens.
Ce père de famille polygame a eu trois épouses et vingt-trois enfants. « Avoir deux à trois femmes ne portait pas à conséquence [à l’époque]. Il est dit dans le Coran qu’il faut d’abord pouvoir pourvoir à leur vie quotidienne et les puis les aimer de la même façon. Là ça pose problème. Maintenant, les femmes ont beaucoup d’exigence nouvelle. Je vois mal un jeune qui gagne le SMIG ou le double entretenir deux femmes. Ce n’est pas vrai. Les femmes sont devenues plus exigeantes. C’est la vertu de l’exemple qui l’emporte. Ma voisine a un téléviseur pourquoi pas moi ? Ainsi de suite... Ce n’est plus le même contexte », précisait t-il.
Un Mahorais comme les autres
Le père de famille insistait sur l’éducation et s’est évertué à mener tous ses enfants sur la voie des études. Toujours simple dans sa manière de s’habiller, jamais excessif et m’as-tu vu lors de ses déplacements en France hexagonale, Younoussa Bamana n’a jamais donné l’impression aux Mahorais d’avoir été différent d’eux. Un homme, qui maniait le verbe de manière professorale voire parfois inquisitoriale, a déserté la place publique. L’histoire seule témoignera du poids historique qu’il aura joué pour la cause de sa vie et de son île. Elle seule dira si il a eu raison ou tort.
A Mayotte, on n’est pas près d’oublier la silhouette nonchalante du Mzé qu’on pouvait rencontrer à tout moment marchant dans une rue où se promenant dans son champs racontant à ceux qui l’écoutait toute sortes d’anecdotes extraordinaires sur les relations qui étaient les siennes avec les institutionnels français de passage à Mayotte auxquels ils savait toujours faire sentir son amour pour ce pays qu’il l’avait vu naître. Ils auront été des milliers à l’accompagner aujourd’hui à Kani-Bé pour aller le déposer dans sa terre avec la simplicité qui caractérise chez les musulmans le retour de chaque être simplement enveloppé dans un linceul blanc. Des milliers de prières l’accompagneront durant les quarante jours qui suivent sa disparition. Des femmes et des hommes trouveront chaque jour le temps de penser à lui en s’adressant à Dieu pour qu’il repose en paix.
Source : http://mayotte.rfo.fr/article123.html
133
Younoussa Bamana © RFO Mayotte
ZAINA MDEREOn connaît très peu de choses sur son passé avant son engagement dans la lutte pour "Mayotte française". On sait qu'elle est née en
1917, qu'elle a fait peu d'études, et qu'elle a longtemps vécu à Madagascar avant d'arriver à Mayotte.
A partir de la deuxième partie des années 1960, elle est de toutes les luttes du Mouvement populaire mahorais (MPM, fondé en 1963), elle en devient même présidente, mène les coups contre l'administration comorienne, en laissant Marcel Henry et Adrien Giraud les négociations avec les milieux français acquis à la cause de "Mayotte française". Elle est de tous les combats du Mouvement.Parmi ces combats : les jets de pierres (l2 août 1966) contre le Président du Conseil de gouvernement des Comores, Saïd Mohamed Cheikh rendu responsable du transfert de la capitale du territoire de Dzaoudzi (Mayotte) vers Moroni (Ngazidja).En 1967, elle fait partie des 22 femmes emprisonnées pour avoir mené des actions violentes dans l'île.Le 13 oct 1969, elle fait partie des militants du MPM qui empêchent une délégation de Maorais, à la tête de laquelle se trouve Ahmed Soilihi (Conseiller économique et social) de se rendre à Moroni. C'est au cours de cette émeute qu'une des femmes du "Parti-soldat" trouve la mort.Le 19 août 1973, elle est en tête de la manifestation "dans le calme" pour réclamer la libération du député Younoussa Bamana, arrêté après les violences exercées contre les Maorais favorables à l'unité des Comores (les "Serrez-la-main"), et à ce titre venus accueillir Ahmed Abdallah à Poroani le 25 juillet 1973, après la signature des "Accords de Juin 1973".
24 Septembre 1975 : elle fait la connaissance de Pierre Pujo, Directeur de l'Action française-hebdo, le 25, elle l'amène voir son escadron de femmes à Labattoir, en compagnie de ses deux "lieutenants" Zaïna Méresse et Bouéni M'Titi.
Certains ont vu en elle le type de la femme, tantôt maoraise, tantôt malgache qui refuse la domination des hommes. Pourtant, après la fin du combat, Mayotte étant restée sous le giron de la France, elle n'eut pas de poste récompensant sa lutte, contrairement à Marcel Henry (Sénateur), Younoussa Bamana (Président du Conseil Général) ou Adrien Giraud (Conseiller économique et social). Lors d'une conférence organisée au Conseil Général de Mayotte en 1997, une journaliste de RFO eut l'occasion de lui demander pourquoi, aucune des femmes qui ont lutté pour "Mayotte française" n'a eu un poste important à Mayotte. Un peu gênée par la question, elle s'était contentée de dire (en maorais, alors que la question était en français) qu'elles s'étaient battues pour leurs enfants, et que ceux-ci ont aujourd'hui le pouvoir. Elle fut aussi ces derniers temps celle qu'on ressortait dès que les liens entre Mayotte et la France étaient évoqués. Elle reçut beaucoup de considération de la part de beaucoup de simples Mahorais, et de la part de l'administration française qui lui remit la Légion d'honneur en avril 1991.Ceux qui l'ont approché ont loué en elle le talent d'oratrice qui savait galvaniser les foules, et sa force de persuasion dans les villages de Mayotte.
Elle disparut en 1999, au moment même où le MPM se divisait en deux clans antagonistes (Younoussa Bamana et Marcel Henry), et alors que Mayotte, faute d'obtenir la départementalisation, gagnait un statut lui permettant de bénéficier des moyens financiers d'un département.
134
ANNEXE 3 : Document Cadre de Partenariat France - Union des Comores- DCP - (2006-2010)
PREAMBULE 1. LA PROBLEMATIQUE DU DEVELOPPEMENT DES COMORESCONTEXTE DE LA COOPERATION FRANCO-COMORIEN
PREAMBULE
Le présent Document Cadre de Partenariat définit les axes de la coopération entre l’Union des Comores et la France pour la période 2006-2010. Il est adossé aux accords de coopération signés le 10 novembre 1978, à l’inscription en janvier 1999 des Comores dans la Zone de Solidarité Prioritaire, aux conclusions de la Commission mixte franco-comorienne des 4 et 5 avril 2005 et aux engagements pris lors de la Conférence des bailleurs de fonds des Comores à Maurice le 8 décembre 2005. Il s’inscrit dans le cadre de l’engagement de la France et des Comores à œuvrer en faveur du développement durable promu par le NEPAD et à poursuivre les objectifs de développement du millénaire (OMD). Il concerne l’ensemble des moyens mobilisés par la coopération bilatérale franco-comorienne. Il précise la cohérence de ce dispositif avec celui de la coopération multilatérale, en particulier celle de l’Union Européenne à travers le FED, auquel la France apporte sa contribution.
L’APD française doit contribuer de manière décisive au développement des Comores. Elle doit offrir de réelles perspectives d’amélioration de la situation sanitaire et professionnelle de la population et éviter ainsi quel’émigration les flux migratoires ne continuent à priver les Comores de leurs forces vives et à provoquer des drames humains.
La stratégie fixée par ce document est en cohérence avec le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté actualisé en juin 2005.
Il prend en compte l’objectif de développer la coopération entre les îles de l’Océan indien, afin d’atténuer l’écart de développement entre Mayotte et les autres îles de l’archipel, et de contribuer à l’intégration régionale en s’appuyant sur les Fonds de Coopération Régionaux de Mayotte et de la Réunion, sur les projets de coopération décentralisée des collectivités locales françaises ainsi que sur les projets de la Commission de l’Océan Indien.
1. LA PROBLEMATIQUE DU DEVELOPPEMENT DES COMORESCONTEXTE DE LA COOPERATION FRANCO-COMORIEN
1.1. Aperçu historique
Depuis leur accession à l’indépendance le 6 juillet 1975, les Comores n’ont pas connu toute la stabilité politique nécessaire au développement socio-économique et à la mise en place d’un cadre politico institutionnel viable. Cette instabilité a lourdement handicapé le pays dans ses efforts de développement.
Avec le soutien de nombreuses organisations internationales (notamment l’Union Africaine, l’Organisation Internationale de la Francophonie, les Nations Unies, l’Union Européenne, la Ligue des Etats Arabes, la Commission de l’Océan Indien) et pays amis (Afrique du Sud, France, Maurice), les parties comoriennes ont trouvé une issue à la double crise séparatiste et institutionnelle en signant, le 17 février 2001, l’accord de Fomboni, base des accords ultérieurs et de la nouvelle architecture institutionnelle.
L’organisation des élections présidentielles de l’Union le 14 mai 2006 qui se sont déroulées dans des conditions de transparence saluées par les observateurs internationaux marque un respect des nouvelles dispositions constitutionnelles et consolide le processus de réconciliation nationale.
135
1.2. Situation économique et sociale
De par sa population de 750.000 habitants, et sa taille réduite le pays connaît une forte densité de population. Son taux d’accroissement est de 2,1% par an, soit un potentiel de doublement en 33 ans. L’Indice de Développement Humain du PNUD situe les Comores à la 132ème place sur 177 pays. 45% des Comoriens vivent au dessous du seuil de pauvreté. Les services sociaux ne peuvent répondre aux besoins et les indicateurs sociaux affichent des taux critiques. Le taux d’analphabétisme est de 56%, le taux net de scolarisation est de 56% (2003), l’espérance de vie à la naissance est de 60 ans et le taux de mortalité infantile de 59/1000. L’économie se caractérise par un dualisme entre un secteur agricole peu productif, tourné vers une agriculture de subsistance, qui constitue 40% du PIB alors qu’il occupe 2/3 des emplois, et un secteur tertiaire dominé par le commerce d’importation qui contribue jusqu’à 52% du PIB. Le secteur secondaire reste marginal. Cette faible diversification de l’économie comorienne se traduit par une grande vulnérabilité aux chocs externes et l’alourdissement de la charge de la dette, entraînant des déficits publics difficilement compressibles. La quasi totalité des exportations reposent sur des produits agricoles de rente (vanille, ylang, girofle) fortement tributaires des cours mondiaux. En 2004, leurs comportements erratiques se sont traduits par une révision à la baisse du taux de croissance du PIB. 1.3. Les efforts en faveur de la normalisation institutionnelle, la croissance et la réduction de la pauvreté
1.3.1. Les progrès institutionnels et la reprise de l’Aide Publique au Développement (APD) La reprise des flux de l’APD, après une diminution de près des 2/3 dans les années 90, est liée aux avancées de la réconciliation nationale et au renforcement de la démocratie enregistrés depuis les accords de Fomboni. Cette reprise s’est confirmée au fur et à mesure de la mise en œuvre des élections présidentielles puis législatives, des dispositions transitoires adoptées à la Conférence de Beit Salam en 2003 et de la mise en place des institutions prévues dans les Constitutions de l’Union et des îles. Ces progrès ont conduit la France à se mobiliser pour aider l’Union des Comores à renouer avec la communauté des bailleurs de fonds : levée de la suspension de la coopération avec l’Union Européenne en juillet 2002, création avec le PNUD d’un fonds fiduciaire, adoption de la stratégie intermédiaire de la Banque Mondiale en 2003 (DSRP) et d’un programme de surveillance par les services du FMI début 2005. La France a préparé avec la partie comorienne la Vème commission mixte (avril 2005) et a favorisé la signature d’accords de coopération régionale et décentralisée. L’Union des Comores a associé la France et l’ensemble de ses partenaires aux travaux préparatoires et à la tenue de la Conférence des bailleurs de fonds des Comores. Les élections à la présidence de l’Union ont eu lieu en mai 2006, dans les délais prévus par la Constitution et dans des conditions de transparence saluées par les observateurs internationaux. Cette élection a permis de mettre en œuvre pour la première fois la présidence tournante entre les îles, avec le choix d’un président originaire d’Anjouan. Les partenaires des Comores ont contribué par leurs efforts à la réussite du scrutin, notamment la France qui a versé un million d’euros pour en financer l’organisation.
1.3.2. La stratégie des Comores La nécessité de mettre en oeuvre une stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté a conduit le gouvernement à adopter en 2003 un document de stratégie de réduction de la pauvreté intérimaire (DSRP-I). Ce document, actualisé en juin 2005, intègre les objectifs de développement du millénaire. Cette stratégie a été complétée par un programme d’investissement public et par un plan d’action pour la période 2006-2009. Ce plan comporte 7 axes d’intervention :
créer les conditions d’un développement économique durable, relancer le secteur privé en mettant l’accent sur les secteurs porteurs, renforcer la gouvernance et la justice, améliorer l’état sanitaire de la population, promouvoir l’éducation et la formation professionnelle en vue d’améliorer le capital humain, promouvoir un environnement sain et durable. un axe consacré au renforcement de la sécurité et à la lutte contre le terrorisme a été ajouté.
La Banque Mondiale et le FMI ont fait connaître leur approbation à ce plan d’action avant la Conférence des bailleurs de fonds des Comores (Maurice, 8 décembre 2005). Par ailleurs, un programme de surveillance (SMP) avec le FMI a été approuvé le 4 février 2005. En cas de réussite, ce programme permettrait aux Comores de conclure une facilité pour la réduction de la pauvreté et la
136
croissance (FRPC) avec le FMI courant 2006-2007 et de bénéficier à terme d’annulations de dettes dans le cadre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE). La dette des Comores, qui s’élevait fin 2004 à 79 % du PIB, était détenue à 75% par les créanciers multilatéraux (AID et BAD principalement) et grève le budget de l’Etat.
1.3.3. La coopération internationale L’Union Européenne a repris sa coopération en juillet 2002. Les projets du 9ème FED, les projets en cours du 8ème FED et les reliquats de FED précédents exceptionnellement maintenus, représentent 45 M€. La France, seul Etat membre de l’UE représenté aux Comores et contribuant pour 24,3 % au financement du 9ème FED en cours d’exécution, est particulièrement attentive à sa mise en œuvre par la délégation de la Commission européenne basée à Maurice. Sur ces fonds, la Commission européenne poursuit l’instruction de programmes de micro réalisations et des opérations au titre de l’urgence (intempéries, éruptions du Karthala). Elle finance en outre totalement ou partiellement des projets gérés par la Commission de l’Océan Indien. Son appui aux filières de rente à travers le GIE « maison des épices » et les projets de la coopération française « programme d’appui aux organisations professionnelles agricoles comoriennes » (2001-2005) et « appui à l’organisation des producteurs de vanille par la mise en place de réseaux de commercialisation labellisés » se sont déroulés en parfaite synergie. Cette collaboration sera poursuivie avec la mise en place par l’Agence Française de Développement d’un projet d’appui à l’agriculture et à la sécurité alimentaire. Dans le cadre du 9ème FED, l’Union Européenne a engagé 16 M€ (2005-2010) pour aider le système éducatif dans son ensemble. Les services de l’Ambassade de France ont été associés en permanence à la préparation du programme. Il devrait en résulter une parfaite complémentarité des interventions, en particulier en direction de l’enseignement supérieur, soutenu par la coopération française. L’Union Européenne devrait enfin consacrer 10,25 M€ à la décentralisation. Dans le cadre de la programmation du 10ème FED, l’Ambassade de France et l’Union des Comores se sont concertés sur la définition des secteurs de concentration de l’aide européenne. La France appuiera les demandes des Comores auprès de l’UE. Compte tenu des besoins, l’aide pourrait porter en priorité sur les infrastructures et l’appui à l’éducation. La Banque Mondiale finance sur prêt un projet d’appui aux secteurs sociaux de 13,3millions de dollars, complété par une composante d’hydraulique urbaine à Anjouan et Mohéli. Elle contribue également au renforcement des capacités d’expertise du ministère des finances pour le suivi du programme de surveillance du FMI. L’action du PNUD s’inscrit dans un programme de coopération 2003-2007. Il apporte son aide au renforcement des capacités en matière d’élaboration des stratégies de lutte contre la pauvreté, à la gouvernance, au suivi des conférences internationales, à la lutte contre le VIH/SIDA et à la préservation de l’environnement. Il a également apporté une importante contribution à la mise en œuvre du « programme transitoiredes Comores » en coordonnant le fonds fiduciaire auquel la France a participé activement. La France veillera systématiquement à la coordination des actions, en particulier en matière de gouvernance. Elle cherchera à créer des synergies en matière de protection des droits humains, dans les secteurs de la protection civile (formations) et dans celui de la prévention contre le VIH/SIDA, qui sont autant de composantes des programmes de la coopération française pour la période 2006-2010. Les fonds arabes et la Banque Africaine de Développement, en situation d’impayés, avaient suspendu leurs interventions aux Comores. La BAD s’est engagée à reprendre ses activités avec un apport de 7 millions de dollars en appui au plan d’action 2006-2009. La Libye propose de fournir des matériaux pour la rénovation des routes circulaires de chacune des 3 îles. Elle étudie les possibilités d’investissement dans le secteur privé. Elle contribue également à l’amélioration des locaux de la bibliothèque de l’Université, qui sera par ailleurs dotée d’ouvrages par la France en liaison avec l’Union Européenne. La Chine intervient dans la rénovation de bâtiments publics, la construction d’un nouvel aérogare à Moroni, l’appui au secteur de la santé, la mise en place d’une télévision nationale et dans l’émergence d’entreprises artisanales. Elle propose d’investir dans les télécommunications. La France participe à travers CFI à la fourniture et à la production de programmes et à la formation des personnels de la Télévision Nationale des Comores, en liaison avec la coopération chinoise.
1.3.4. La conférence des bailleurs de fonds en faveur de l’Union des Comores
137
La conférence des bailleurs de fonds en faveur de l’Union des Comores, tenue à Maurice le 8 décembre 2005, se situait dans la continuité des accords sur la réconciliation nationale de Fomboni (2001) et sur les dispositions transitoires aux Comores de Beit-Salam (2003).
Vingt et un pays et vingt neuf organisations internationales y ont participé. Le montant global acquis avant et pendant les travaux pour le financement du plan d’action 2006-2009 est estimé à 200millions de dollars, alors que le montant recherché était estimé à 256millions de dollars. Les sept axes prioritaires du plan ont été partiellement couverts par les annonces des partenaires des Comores. 99,6% des financements acquis correspondent à des dons.
A cette occasion, la France a réaffirmé son engagement en faveur du développement et de la stabilité des Comores en sa qualité de premier bailleur de fonds, avec une contribution globale de 65 M€ sous forme de don pour ses nouveaux engagements sur la période 2006-2009. L’aide bilatérale annuelle directe de la France progressera ainsi de façon très significative au cours de la période couverte par le plan d’action. 2. LA COOPERATION BILATERALE FRANCO-COMORIENNE Le contexte de la coopération franco-comorienne est fortement marqué par la relation avec Mayotte, territoire sur lequel il existe un différend entre la France et l’Union des Comores. La France s’est engagée à contribuer au renforcement des liens entre les îles de l’archipel notamment par la facilitation de la circulation des personnes et des biens dans le respect des conventions mutuellement acceptées et par le développement des liens culturels sportifs et commerciaux entre les îles de l’archipel. 2.1. La stratégie La stratégie de la coopération entre la France et les Comores a pour principaux cadres de référence les objectifs de développement du millénaire, confirmés par le Comité Interministériel de la Coopération Internationale et du Développement (CICID), le DSRP actualisé en juin 2005 et les conclusions de la Vème Commission mixte. La stratégie retenue a pour objectif de contribuer à la réduction de la pauvreté, par une concentration de l’aide sur les secteurs suivants : 1) l’agriculture et la sécurité alimentaire, 2) la santé et 3) le secteur productif, avec en particulier la relance de la Banque de Développement des Comores.
Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/aide-au-developpement_1060/politique-francaise_3024/instruments-aide_2639/documents-cadres-partenariat-dcp_5219/document-cadre-partenariat-france-union-comores-dcp-2006-2010_43817.html
138
LE PLAN DU GOUVERNEMENT FRANÇAIS POUR ENTAMER "UNE NOUVELLE ENTENTE" AVEC LES COMORES.
Yves Jégo (à la droite du préfet de Mayotte, M. Bouvier), de passage à Mayotte les 15 et 16 mai, a dévoilé le plan du gouvernement français pour entamer "une nouvelle entente" avec les Comores.
C'est en effet une petite révolution qu'a dévoilé Yves Jégo vendredi 16 mai à son retour à Mayotte après une brève escale à Moroni. Le secrétaire d'Etat à l'Outremer a parlé d'une "nouvelle entente" qui devrait aboutir, début 2009, à la signature d'un accord bilatéral entre les deux pays, ce qui n'était jamais arrivé depuis la proclamation d'indépendance unilatérale d'Ahmad Abdallah en 1975. "Cet accord pourrait être signé dans le cadre d'une visite de Nicolas Sarkozy à Moroni", a annoncé M. Jégo. "On va préparer d’ici le début de l’année prochaine une visite du président Sarkozy à Moroni. En attendant, si l’occasion se présente, les deux chefs d’Etat peuvent se rencontrer à Paris", avait-il précisé quelques heures plus tôt à Moroni.
La signature de cet accord bilatéral ouvrira une nouvelle phase des relations jusqu'à présent très tendues entre les deux pays, pense M. Jégo. "Il s'agit d'une nouvelle relation entre les quatre îles sœurs, afin de trouver la stabilité et sortir d'une logique d'affrontement", a-t-il indiqué. "Cela fait 33 ans que les deux parties tiennent le même discours ; nous devons désormais entamer une nouvelle ère", a-t-il ajouté. Son collègue du gouvernement, Alain Joyandet, avait pour sa part exprimé, la veille à Moroni, sa volonté de concevoir "une coopération qui regroupe les quatre îles de l’archipel. Les échanges entre les îles sœurs doivent être prioritaires. C’est pourquoi, nous avons reçu un mandat des présidents de créer un cadre institutionnel nouveau. Il va y avoir un cadre original car il y a une situation originale".
139
Deux aides post-conflit
Outre les annonces faites par M. Jégo, deux conventions de financement ont été signées
Si la question de Mayotte a été vite évacuée lors de la rencontre des deux ministres avec le président de l'Union des Comores Ahmed Abdallah Sambi– "nous avons chacun notre position et nous devons la dépasser" a expliqué M. Jégo-, celle de la circulation des personnes entre les Comores indépendante et l'île sous administration française a semble-t-il abouti à un compromis. "Nous avons entendu le message de M. Sambi, selon lequel il doit y avoir une libre circulation, mais nous avons répondu qu'il ne devrait pas y avoir de libre stationnement ", a dit le secrétaire d'Etat à l'Outremer. "Les personnes qui voudront venir à Mayotte passer quelques jours pour voir la famille ou pour travailler, le pourront. Mais si c'est pour y vivre, elles devront respecter les règles de la République".
Si ces propos se confirment dans les actes, cela signifiera la fin du fameux visa Balladur, mis en place en 1995 entre les îles de l'archipel et accusé par de nombreux militants d'être à l'origine des milliers de disparitions dans le bras de mer qui sépare Anjouan et Mayotte.
Les échanges commerciaux devraient également être libérés, notamment en ce qui concerne les productions agricoles. M. Joyandet a parlé d'une "zone de libre-échange"…
L'agriculture et la santé sont d'ailleurs les deux grandes priorités de la "nouvelle" coopération franco-comorienne, dont l'objectif est "de tarir les sources de l'immigration clandestine". Un groupe de travail devrait se réunir le 4 juin à Paris afin d'étudier la construction d'une maternité à Anjouan et la mise en place d'un vaste plan de développement agricole, toujours à Anjouan. Ce même 4 juin, un autre groupe de travail, "de haut niveau", se réunira afin d'évoquer la question de Mayotte. Pour la première fois, des élus mahorais y seront associés, ce sous la bénédiction des élus comoriens. Une nouvelle chaudement accueillie par les élus mahorais, mais qui ne satisfait pas tous les dirigeants comoriens. "Sambi a défait l'union sacrée qui s'était tissée autour de lui quand il avait fait interdire les expulsions de ses compatriotes de Mayotte", a dit jeudi soir un député de l'Union proche de la mouvance présidentielle. "C’est une lourde erreur que d’avoir cédé aux pressions de la France pour lever la mesure interdisant l’expulsion des Comoriens de chez eux à Maore ", a de son côté dénoncé le Front démocratique dans un communiqué. Certains, à Moroni, parlent de "capitulation" sur la question de Mayotte.
VMArticle consulté 363 fois Source :© Malango Actualité 2008 - Reproduction soumise à autorisation
ANNEXE 4 : LES RESOLUTIONS DE L’ONU SUR LA QUESTION DE MAYOTTE
RÉSOLUTION ADOPTÉE PAR L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE de l'O.N.U. [sans renvoi à une grande commission (A/49/L.38 et Add.1)]Question de l'île comorienne de MayotteL'Assemblée générale, Rappelant ses résolutions 1514 (XV) du 14 décembre 1960, contenant la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance
aux pays et aux peuples coloniaux, et 2621 (XXV) du 12 octobre 1970, contenant le programme d'action pour l'application intégrale de la
Déclaration, Rappelant également ses résolutions antérieures, en particulier les résolutions 3161 (XXVIII) du 14 décembre 1973, 3291
(XXIX) du 13 décembre 1974 , 31/4 du 21 octobre 1976, 32/7 du 1er novembre 1977, 34/69 du 6 décembre 1979, 35/43 du 28 novembre
140
1980, 36/105 du 10 décembre 1981, 37/65 du 3 décembre 1982, 38/13 du 21 novembre 1983, 39/48 du 11 décembre 1984, 40/62 du 9
décembre 1985, 41/30 du 3 novembre 1986, 42/17 du 11 novembre 1987, 43/14 du 26 octobre 1988, 44/9 du 18 octobre 1989, 45/11 du 1er
novembre 1990, 46/9 du 16 octobre 1991, 47/9 du 27 octobre 1992 et 48/56 du 13 décembre 1993, dans lesquelles elle a notamment affirmé
l'unité et l'intégrité territoriale des Comores, Rappelant, en particulier, sa résolution 3385 (XXX) du 12 novembre 1975, relative à l'admission
des Comores à l'Organisation des Nations Unies, dans laquelle elle a réaffirmé la nécessité de respecter l'unité et l'intégrité territoriale de
l'archipel des Comores, composé des îles d'Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de Mohéli,
Rappelant en outre que, conformément aux accords signés le 15 juin 1973 entre les Comores et la France, relatifs à l'accession des Comores à
l'indépendance, les résultats du référendum du 22 décembre 1974 devaient être considérés sur une base globale et non île par île, Convaincue
qu'une solution juste et durable de la question de Mayotte réside dans le respect de la souveraineté, de l'unité et de l'intégrité territoriale de
l'archipel des Comores, Convaincue également qu'une solution rapide du problème est indispensable pour la préservation de la paix et de la
sécurité qui prévalent dans la région, Ayant à l'esprit la volonté exprimée par le Président de la République française de rechercher
activement une solution juste à ce problème, Prenant note de la volonté réitérée du Gouvernement comorien d'engager dans les meilleurs
délais un dialogue franc et sérieux avec le Gouvernement français en vue d'accélérer le retour de l'île comorienne de Mayotte au sein de la
République fédérale islamique des Comores, Prenant acte du rapport du Secrétaire général, en date du 28 octobre 1994 1/, Ayant également à
l'esprit les décisions de l'Organisation de l'unité africaine, du Mouvement des pays non alignés et de l'Organisation de la Conférence
islamique sur cette question,
1. Réaffirme la souveraineté de la République fédérale islamique des Comores sur l'île de Mayotte ;
2. Invite le Gouvernement français à respecter les engagements pris à la veille du référendum d'autodétermination de l'archipel des Comores du
22 décembre 1974 pour le respect de l'unité et de l'intégrité territoriale des Comores;
3. Lance un appel pour que soit traduite dans les faits la volonté exprimée par le Président de la République française de rechercher activement une solution juste au problème de Mayotte ;
4. Prie instamment le Gouvernement français d'accélérer le processus de négociation avec le Gouvernement comorien en vue de rendre rapidement effectif le retour de l'île de Mayotte dans l'ensemble comorien;
5. Prie le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies de maintenir un contact permanent avec le Secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine sur ce problème et d'offrir ses bons offices dans la recherche d'une solution pacifique et négociée du problème;
6. Prie également le Secrétaire général de lui présenter un rapport à ce sujet à sa cinquantième session;
7. Décide d'inscrire à l'ordre du jour provisoire de la cinquantième session la question intitulée "Question de l'île comorienne de Mayotte ".
69 e séance plénière 28 novembre 1994
Source : http://www.malango-mayotte.com/histoire-resolution_onu_mayotte_comores.htm
ANNEXE 5 : LES DETROITS INTERNATIONAUX, DETROITS, ENERGIE ET IN SECURITE ; LES CONFETIS DU TRAFIC.108
108 Alain Labrousse, Dictionnaire géopolitique de la drogue dans 134 pays, productions, trafics, conflits, usages, Bruxelles , Éditons de Boeck & Lacier, s.a., 2003, pages 191 à 195.
141
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES GENERAUX
LE GUENNEC-COPPENS Françoise et David Parkin (éds), Autorité et pouvoir chez les
Swahili, Paris, Karthala, 1998
Jean Emmanuel, Pondi, L’ONU vue d’Afrique, Paris, Maisonneuve & Larose, 2005
Jean Sellier, Atlas des peuples d’Afrique, Paris, la Découverte, 2003
LEWIN André, L’ONU pourquoi faire ?, Paris, Gallimard 1995
142
OUVRAGES SUR LES COMORES
MSA Abdallah, Comores 1975-2000 un espoir déçu, Bilan économique et social de vingt-cinq
années d’indépendance, Paris, Les édition de l’Officine Dépôt légal 4ème trimestre 2001,
Mahamoud Ibrahime, État français et colons aux Comores (1912-1946), Paris, L’Harmattan,
1997
Jean-Louis Guébourg, la Grande-Comore, Des Sultans aux mercenaires, Paris, l’Harmattan,
1993
Abdou Djabir, Les Comores un État en construction, Paris, L’Harmattan, 1993
Jean Fasquel, Mayotte, les Comores et la France, Paris, L’Harmattan, 1991
Sophie Blanchy-Daurel, la vie quotidienne à Mayotte (Archipel des Comores), Paris,
L’Harmattan, 1990
Pierre Vérin et René Battistini, Les Comores, Paris, Fernand Nathan, 1984
Pierre Caminade, Comores-Mayotte : une histoire néocoloniale, Paris, Agone, 2004
OUVRAGES DE GEOPOLITIQUE
Philippe Hugon, Géopolitique de l’Afrique, Paris, Armand Colin, 2006
François Lafargue, Géopolitique de l’Afrique du sud, Paris, Editions Complexe, 2005
Mazeran Hélène, Géopolitique de l’Océan Indien, Paris, Centre des Hautes Etudes sur
l’Afrique et l’Asie moderne, 1994
Coutau-Begarie Hervé, géostratégie de l’océan indien, Paris, Economica, 1993
Yves Lacoste, Questions de géopolitique, (l’islam, la mer, l’Afrique), Paris, La Découverte,
1988
Alain Labrousse, Dictionnaire géopolitique de la drogue dans 134 pays, productions, trafics, conflits, usages, Bruxelles , Éditons de Boeck & Lacier, s.a., 2003, pages 191 à 195.
DOSSIER ET ARTICLES SUR LE CONFLIT SEPARATISTE AUX COMORES
Sermet Laurent, Coudray Jean, « Mayotte dans la République », Actes du colloque de
Mamoudzou, 14, 15 et 16 septembre 2002, publiés en partenariat par la collectivité
départementale de Mayotte et par l’Université de La Réunion, édition Montchrestien, pp 237-
285
REVUES et JOURNAUX143
ALLIBERT Claude, « Anjouan dans l’histoire », Etudes Océan Indien N°29, INALCO,
2000, pp 9-92
LACOSTE Yves, « tragédies africaines » Hérodote, n° 111, 4è trimestre 2003, page 3-9
Pierre Papon, « La géopolitique des océans, « passeport » pour le XXI è siècle »,
DIPLOMATIE, HORS-SERIE n° 02, Août-Septembre 2007, pp 26-29
Georges Labrecque, « Les conflits frontaliers maritimes», DIPLOMATIE, HORS-SERIE n°
02, Août-Septembre 2007, pp 41-44
JOURNAUX
La revendication de Mayotte à l’honneur, Article paru dans Témoignages le jeudi 15 novembre 2007 (page8)
Le Monde
Courrier international
Journaux comoriens
Alwatwan, N°1014,1015 du 19 au 25, et du 26 octobre 2007
Kashkazi N° 64, 68, 69, 70
SITE INTERNET:
http://www.ocomores.com/
http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=26069
http://www.comores-massiwamane.org/
http://halidiallaoui.over-blog.com
http://www.france24.com
http://www.jeuneafrique.com
http://www.afrik.com/article13963.html
http://www.malango-comores.com/histoire-chronologie.htm
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/afrique/20080325.OBS6483/
les_evenements_a_anjouan_depuis_2007.html
144
145
OCÉAN INDIEN
Vers une République islamique des ComoresCLICANOO.COM | Publié le 13 avril 2008
Le président Sambi a su liquider le fédéralisme comorien en faisant un « exemple » de l’élimination du colonel Bacar. Soutenu et financé par l’Iran, après plus de 20 ans de prosélytisme chiite, il tend vers une république islamique à la mode des mollahs. Prochaine étape, une modification de la constitution qui lui permettra de conserver le pouvoir.
L’archipel des Comores, 1 850 kilomètres carrés pour environ 600 000 habitants, compte la Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte. Sur les quatre îles, trois sont « indépendantes » depuis 1975 et constituent un Etat, assez instable il faut bien l’admettre, la quatrième est une collectivité territoriale française en passe de devenir un département. Passons sur la vingtaine de coups d’Etat qui rythme l’histoire politique contemporaine comorienne, sur les aventures de Bob Dénard et de ses « affreux », Ali Soilih et Ahmed Abdallah, employeurs et victimes de ces mêmes mercenaires, pour nous attacher aux denières péripéties de la crise chronique qui affecte le « pays ». Le lent effondrement de la République Fédérale Islamique des Comores - Djouhoûrîyat Djouzour el Qomor el Ittihâdîya el Islâmiya - dans les remous consécutifs à la chute du régime du président Abdallah, liquidé par Bob Dénard, a été marqué par la revendication d’Anjouan et Mohéli d’échapper au centralisme féodal tel qu’il avait cours au sein de la RFIC. De fait, une nouvelle constitution « fédérale » a été mise en place, celle de l’Union des Comores - Juzur al-Qumur (décembre 2001), qui prévoit un système alambiqué de « tournante » présidentielle, chacune des îles élisant son président, chacune des composantes de l’Union ayant le droit de la présider à tour de rôle. Une usine à gaz constitutionnelle, dont la réalité pratique demeure dans les limbes de l’utopie, les compétences des exécutifs insulaires n’ayant jamais vraiment été déléguées ; seul Mohamed Bacar, à Anjouan avait été en mesure d’arracher « l’autonomie » revendiquée par ses pairs des autres îles constitutives de l’Union. Pour mémoire, Le commandant de gendarmerie Mohamed Bacar était arrivé au pouvoir lors d’un coup d’Etat en 2001, renversant Saïd Abeid Abderamane, chef charismatique de la sécession anjouanaise de 1997. Il avait été ensuite élu en mars 2002, devenant quasi-simultanément colonel… Des présidentielles de 2006, qui ont vu l’irruption de Sambi dans le jeu politique - à l’issue d’un premier tour anjouanais marqué par une confusion générale, bureaux ouverts tardivement, matériel électoral inégalement acheminé dans les différentes circonscriptions, contrôle des bureaux de vote sur fond de tensions régionalistes, accusations de fraude électorale - on attendait qu’elles valident les institutions léguées par le colonel Assoumani Azali. Or, si Sambi l’anjouanais a bien hérité du pouvoir central, il est peu probable que Mohéli, dont le tour était prévu pour 2010, y accède jamais. C’est un mouvement de réaction anti-Azali qui a porté Sambi au pouvoir, mais ce dernier ne paraît pas avoir l’intention de respecter les institutions fédérales et aurait plutôt tendance à œuvrer à l’érection d’une République Islamique centralisée dont il serait tout à la fois le « guide spirituel » et le Président. Surnommé « Aha » ou « ayatollah », Abdallah Sambi, alias le « guide », homme d’affaire anjouanais formé dans le monde arabe, chiite, étiqueté « islamiste » dans son propre pays, n’a cessé de battre campagne dans les mosquées depuis son retour aux Comores en 1986. Trés impliqué dans le social, il a fabriqué des matelas, puis du parfum, avant de donner dans la mise en bouteille d’eau de table. Député du Front National pour la Justice (FNJ) depuis 1996, chargé de la commission des lois au sein du parlement de l’Union, il avait fait du retour à la morale en politique son fonds de commerce électoral et son seul programme.
Philippe Le Claire
146
LISA GIACHINO
que vise cette propagande ?
Bonjour,
Je suis journaliste aux Comores, contrairement à Philippe Le Claire et à certains de ses collègues qui commentent l’actualité de l’archipel en y mettant rarement les pieds. Cet article comme tant d’autres parus depuis que Mohamed Bacar joue son avenir à la Réunion représente une telle accumulation de raccourcis douteux et de déformations de la réalité, que je ne sais par où commencer. Oui, Sambi est un prédicateur, oui, il a battu campagne dans les mosquées, oui, il a des relations avec l’Iran et le Soudan. En quoi cela en fait-il un homme dangereux ? Il est bientôt à la moitié de son mandat et n’est pas une fois intervenu sur le plan religieux. Aucune mesure n’a tenté de changer quoi que ce soit aux mœurs plutôt libérales du pays. Je ne dis pas que c’est forcément un bon président, seulement que les descriptions caricaturales sans cesse publiées par le JIR sont nulles, non avenues et complètement déconnectées de la réalité.
Ce que j’ai du mal à comprendre, ce sont les raisons de cet acharnement. Simple phobie du turban ou volonté de fournir du grain à moudre aux avocats de Mohamed Bacar, dont les tortures pratiquées durant les derniers mois de son régime (attestées par le recoupement de nombreux témoignages et des photos) n’ont en revanche pas provoqué l’ire de votre rédaction ?
Je suis française, non croyante, et n’ai aucune raison particulière de défendre Sambi dont la gestion laisse à désirer sur certains aspects. Mais en tant que journaliste, je dois avouer que je suis très gênée, chers confrères, par votre malhonnêteté intellectuelle...
14 avril 2008 - 00:26
Source :CLICANOO.COM | Publié le 13 avril 2008
COMORESNom officiel Union Des Comores
Chef de l'état Président Ahmed Abdallah Sambi
Capitale administrative MoroniCoordonnées 1248S, 4517
Superficie Totale2 170 km2 Terre2 170 km2 Eau0 km2 Frontières 0 kmLittoral 340 km Extrêmes 2 360 m
Point le plus haut 0 m
Point le plus basPopulation 797 000 habitantsGentilé Comorien, ComorienneLangues usuelles arabe (officiel)
comorien (officiel)français (officiel)
147
Francophonie Ce pays fait partie des Etats membres de la Francophonie
Fuseau horaire 00h51Actuellement il est
GMT+3hHoraire d'été
GMT+3hHoraire d'hiver
Monnaie Franc des Comores (KMF)Indicatif téléphonique 269
indicatif du pays : > voir les indicatifs régionaux
Extension internet .kmFête nationale 06/07 Proclamation de l'Indépendance, 1975
> voir tous les jours fériésConseils auxvoyageurs
Les conseils du Ministère des Affaires Etrangères> en savoir plus
LES MEMBRES DU GOUVERNEMENT DE L’UNION DES COMORES
Président de l’Union des Comores : MOHAHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI
Vice-Président, chargé du Ministère des Transports, des Postes et Télécommunications et du Tourisme, Monsieur IDI NADHOIM
Vice-Président, chargé du Ministère de la Santé, de la Solidarité et de la Promotion du Genre, Monsieur IKILILOU DHOININE
Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération, chargé de la Diaspora, de la Francophonie et du monde arabe, Monsieur Ahmed Ben Saïd JAFFAR
Ministre des Finances, du Budget et du Plan, Monsieur Mohamed ALI SOILIHI
Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, de la Fonction Publique, chargé de l’Administration Pénitentiaire et des Reformes administratives, Monsieur Mourad SAID IBRAHIM
Ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Environnement, Madame SITI KASSIM
Ministre de l’Education Nationale, de la Recherche, des Arts, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Porte Parole du Gouvernement, Monsieur Abdouroihim SAID BACAR
Ministre de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures, de l’Urbanisme et de l’Habitat, Monsieur Naïlane MHADJI
Ministre des Affaires Islamiques, de la Communication, des Droits de l’Homme, chargé des relations avec le Parlement et les Institutions insulaires , Monsieur Mmadi ALI
Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Industrie et de l’Artisanat, Monsieur Houmadi ABDALLAH
148
Ministre de l’Economie, du Commerce, du Travail, de l’Emploi et de la Promotion de l’Entreprenariat féminin, Monsieur Hassane HAMADI
Ministre de la Promotion des Investissements, de la Micro-finance et de la Coopération décentralisée, Said ATTOUMANI
Cabinet du Président
Directeur de Cabinet, chargé des Questions de Défense, M. Mohamed BACAR DOSSAR
Chef de Cabinet civil, M. Abdou Bacar SOIHIR
Chef de Cabinet militaire, Capitaine Abdoul Bastoi AHMED ABDOU
Conseiller spécial, M. Oubadi MIRAHANE
Chef du Protocole, M. Djaafar Ali MOHAMED
Secrétaire général du gouvernement, M. Mohamed BACAR DOSSAR
Conseiller diplomatique, M. Daoud ATTOUMANI
Président de l’Ile Autonome de NgazidjaMohamed ABDOULOIHABI
M. Youssouf SAID SOILIH Ministre des Finances, du Budget, de l’Economie, du commerce, du plan et de la coopération décentralisée, Porte parole du GouvernementM. Assoumani SAANDI Ministre de la Fonction Publique, de l’Emploi, du Travail du développement institutionnel et de la Communication
M. Abdou SAID Ministre de la Justice, de la Sécurité intérieure et de l’administration pénitentiaire
M. Soilihi ADABI ALI Ministre de l’Education, de la Formation Professionnelle et Technique, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports
Mme Fatima SAID ALLAOUI Ministre de la Santé, de la population et de la cohésion sociale
M. Ali Issa MOINDJIE Ministre des Transports des Postes et Télécommunication, du Tourisme et des Affaires Islamiques, Chargé de la Diaspora
M. Saïd Soilihi SAID ABDILLAH Ministre de la Production, de l’Energie, de l’Equipement, de l’Industrie, de l’Artisanat, de l’Habitat, de l’Environnement et du Développement durable
LE GOUVERNEMENT DE MOHELI (MWALI)
Son Excellence Mohamed Ali Said Président de l’Ile autonome de Mwali
M. ABDOURAHAMANE BEN CHEIKMinistre de L’Administration territoriale, de la Justice, Chargé des Relations avec les Institutions et Porte parole du Gouvernement
149
M. ABDOURAZAKOU BOINAHERIMinistre des Affaires Sociales
M. DAROUSSI BACAR ISSOUFMinistre de l’Equipement,del’energie, Chargé des sociétés d’Etat et du Tourisme
M. ABACAR BOUNOU SALIMMinistre de la Production rurale et de l’environnement
M. MOHAMED HAROUNAMinistre des Transports, postes et télécommunications
150
ANNEXE 4 : Les resolutions de l’ONU sur la question de l’île comorienne de Mayotte
151
ANNEXE 5 : 1 Document Cadre de Partenariat France-Union des Comores-DCP (2006-2010)
2 La "nouvelle entente" franco-comorienne
152
La "nouvelle entente" franco-comorienne 153
Samedi 17 Mai 2008- 09:02:05 -
La visite d'Yves Jégo et d'Alain Joyandet à Moroni jeudi 15 et vendredi 16 mai devait être historique. C'est en effet la première fois qu'un ministre français se rendait à Moroni après être passé par Mayotte ; c'est également la première fois qu'un ministre français de l'Outremer accompagnait celui de la Coopération dans un Etat indépendant. Mais ce sont surtout les accords pris entre les autorités des deux pays qui resteront –s'ils sont respectés- gravés dans le marbre.
LIBRE OPINION DE ANDRÉ ORAISON
Les caractéristiques essentielles de la Constitution de l’Union des Comores
Dans une tribune libre ci-après, le professeur André Oraison nous propose des “réflexions générales sur la mise en place des institutions de l’Union des Comores créée par la Charte fondamentale du 23 décembre 2001” et sur “l’avènement d’un régime présidentiel dans le cadre d’une Constitution de type fédéral”.
QUEL destin pour les "îles de la Lune" - autre nom donné à l’archipel des Comores - situées à 200 kilomètres au Nord-Ouest de Madagascar, étendues sur 1.870 kilomètres carrés, peuplées par 630.000 habitants d’origine africaine, de religion musulmane à près de 100% et soumis au droit coranique. Après la signature de l’Accord de Fomboni du 17 février 2001 qui scelle la réconciliation entre les responsables des trois îles comoriennes et après l’adoption de la nouvelle Constitution du 23 décembre 2001, peut-on enfin espérer un avènement durable de l’État de droit dans ce pays ? Sur le plan politique et juridique, une double question élémentaire qui résument en fait les précédentes mérite ici de retenir notre attention : pourquoi et comment s’est opéré le passage de la “République fédérale islamique des Comores”, créée en 1978, à l’“Union des Comores”, établie en 2001 ?
D’emblée, il faut partir d’un constat. Au regard de la Communauté internationale, la République des Comores a toujours eu mauvaise presse. Il en est ainsi depuis sa naissance lors de l’accession à la souveraineté de l’archipel, proclamée par le Président Ahmed Abdallah le 6 juillet 1975, jusqu’à sa disparition le 30 avril 1999. Dans l’opinion publique, les Comores indépendantes sont synonymes de "République bananière", d’assassinats de Présidents de la République (c’est le cas avec certitude pour Ali Soilih le 29 mai 1978 et pour Ahmed Abdallah le 26 novembre 1989), de complots et de coups d’Etat à répétition, réussis ou non et organisés avec ou sans la participation des mercenaires de Bob Denard ! Les Comores indépendantes sont synonymes d’arbitraire du Pouvoir central, d’instabilité
154
politique chronique, de violation permanente du droit d’expression et notamment d’atteinte à la liberté de la presse, de sous-développement économique, d’absence de programme sanitaire, social et culturel, de corruption généralisée ou encore de gaspillage des deniers publics érigés en méthode de gouvernement.
I. Les causes de la crise politique dans le cadre de la République fédérale islamique des Comores
Parmi les éléments à prendre en considération pour bien comprendre la situation présente aux Comores, il faut d’abord mentionner le contentieux franco-comorien sur Mayotte qui remonte à l’accession à l’indépendance des "îles de la Lune" et que la République fédérale islamique des Comores n’a jamais pu résoudre. Vieux d’une génération d’histoire, ce litige semble par ailleurs appelé à perdurer pour une période indéterminée. Il en est ainsi dans la mesure où les Mahorais n’ont pas l’intention de réintégrer le giron comorien pour des raisons d’ordre politique, économique, social et culturel. Au demeurant, la loi du 11 juillet 2001, relative à Mayotte, transforme, pour une période transitoire de dix ans, la "collectivité territoriale de Mayotte" créée par la loi du 24 décembre 1976 en "collectivité départementale de Mayotte" sur la base de l’article 72 de la Constitution de la 5ème République, après accord des populations locales, donné lors de la consultation du 2 juillet 2000. De surcroît, cette loi prévoit qu’“à l’horizon 2010”, un nouveau scrutin d’autodétermination interne pourra être organisé à Mayotte pour permettre à sa population d’opter pour le statut de D.O.M., revendiqué par les élites mahoraises depuis le 2 novembre 1958 !
Parmi les autres coordonnées paramétriques à prendre en considération pour comprendre le passage de la République fédérale islamique des Comores à l’Union des Comores en 2001, il faut en second lieu savoir que le Gouvernement central comorien a été confronté à des tentatives répétées de sécession, dont la plus importante et la plus durable à ce jour a été celle de l’île d’Anjouan, pratiquement de 1997 à 2001. Comme la Ligue des États Arabes (L.E.A.) et l’O.U.A., l’Organisation des Nations unies a par ailleurs formellement interdit à tous les membres de la Communauté internationale de reconnaître le "soi-disant État indépendant d’Anjouan", quand bien même ce dernier dispose des trois éléments constitutifs de l’État : territoire, population, gouvernement.
Coup d’État à Moroni
Pour comprendre l’évolution récente de la situation politique et juridique dans l’archipel des Comores, il faut prendre en compte un autre élément qui est le dernier coup d’État réussi à Moroni. Celui-ci a eu lieu lorsque le pays est tombé sous la coupe d’une junte militaire dirigée par le colonel Azali Assoumani. Officiellement, cet officier de l’armée comorienne a pris le pouvoir le 30 avril 1999 en vue d’assainir la situation sur le plan socio-économique, et de résoudre au niveau politique la sécession anjouanaise de 1997 ! Contrairement aux précédents, ce dernier putsch en date a eu des conséquences très importantes puisqu’il s’est traduit par la dissolution des institutions démocratiques qui existaient depuis 1978 et donc, en fait, par la disparition de la République fédérale islamique des Comores. Pour cette raison, le coup d’État a été immédiatement condamné par la Communauté internationale et d’abord par les Nations unies et l’O.U.A. Manifestement, les premières tentatives de réconciliation inter-comoriennes destinées à mettre un terme à la seconde balkanisation de l’archipel des Comores commençaient sous de mauvais hospices.
Pour asseoir sa crédibilité au sein des différentes instances politiques de l’archipel comme sur la scène internationale, le nouveau Gouvernement de Moroni avait intérêt à mettre en œuvre le plus tôt possible des mécanismes appropriés pour favoriser la "transition démocratique" aux Comores. Il avait également intérêt à favoriser l’instauration d’une forme de fédéralisme dans "l’Archipel aux parfums", impliquant notamment un Parlement capable d’assurer à la fois la représentation des circonscriptions électorales en fonction de
155
leur importance démographique et celle des États membres sur un strict pied égalité. De même, dans le cadre d’une architecture de type fédéral, le Gouvernement central avait intérêt à reconnaître une très large autonomie aux trois entités fédérées existantes - Anjouan, Grande-Comore et Mohéli - dans un grand nombre de domaines.
Pour assurer la réintégration d’Anjouan dans le giron comorien, le colonel Azali a d’abord tenté de faire appliquer un accord conclu à Antananarivo le 23 avril 1999. Cet Accord se présentait comme un accord de réconciliation des autorités comoriennes avec les autorités séparatistes anjouanaises et avec celles de Mohéli. Cependant, il n’avait été signé que par les responsables de la Grande-Comore et ceux de Mohéli. Pour leur part, les responsables de Mutsamudu avaient déclaré vouloir s’en remettre à la volonté des Anjouanais, exprimée par la voix du référendum, avant de signer l’Accord d’Antananarivo. Mais après la consultation organisée par les autorités anjouanaises le 23 janvier 2000 qui a abouti au rejet massif (94,47% des suffrages exprimés) de l’Accord d’Antananarivo du 23 avril 1999 et à la mise en place de nouvelles institutions dans le cadre d’un État anjouanais indépendant, l’O.U.A. avait réagi. À titre de sanction, elle a établi un embargo sur les carburants, les denrées alimentaires, les communications maritimes et aériennes ainsi que sur les télécommunications, à partir du 21 mars 2000 et pour une durée indéterminée. De fait, ce blocus a surtout eu pour effet de pénaliser les populations civiles du nouvel État qui ont été de plus en plus poussées à l’émigration clandestine à destination de Mayotte, sur de simples pirogues (les "kwassa-kwassa"), c’est-à-dire dans des conditions périlleuses. Par ailleurs, à plusieurs reprises, les instances dirigeantes de l’Organisation panafricaine ont également brandi la menace d’une intervention militaire à Anjouan pour rétablir, au besoin par la force, l’unité politique et juridique des Comores.
Encourager les démarches
Dans le respect du principe de l’intangibilité des frontières des États issus de la décolonisation, la Communauté internationale ne pouvait qu’encourager les démarches visant à assurer la réintégration d’Anjouan dans le cadre d’un État fédéral comorien. C’est la raison pour laquelle elle s’est au départ prononcée contre la "Déclaration de Fomboni" - chef-lieu de Mohéli - signée le 26 août 2000 par le chef du pouvoir militaire en place à Moroni, le colonel Azali Assoumani, et le chef des autorités séparatistes anjouanaises, le lieutenant-colonel Saïd Abeid Abdéramane. Ce nouvel accord de réconciliation prévoyait, d’une manière évasive, la création d’un "nouvel ensemble comorien" comprenant les îles d’Anjouan, de la Grande-Comore et de Mohéli et ayant des compétences bien délimitées dans les domaines des affaires étrangères, de la défense, de la monnaie, de la nationalité et de la religion. Pour le reste, chaque île se voyait reconnaître une très grande autonomie pour régler ses problèmes. Pour autant, la nature des relations entre le Pouvoir central fixé à Moroni et les séparatistes anjouanais n’était pas clairement établie. Cependant, au terme d’une période de transition d’une année, les populations locales insulaires devaient être appelées à se prononcer par référendum pour adopter une nouvelle constitution des Comores.
Dès le 24 août 2000, les instances compétentes de l’O.U.A. ont considéré que la Déclaration de Fomboni - elle sera signée deux jours plus tard ! - est en contradiction avec l’Accord d’Antananarivo du 23 avril 1999. Elles ont précisé qu’une telle Déclaration "sape l’unité et l’intégrité territoriale des Comores", dès lors qu’elle tend à remplacer de facto la République fédérale islamique des Comores existante - créée en 1978 et reconnue en tant que telle par la Communauté internationale - par une confédération d’États quasiment indépendants les uns des autres. Aussi a-t-elle maintenu ses pressions sur les autorités sécessionnistes anjouanaises et notamment sa politique d’embargo économique ainsi que ses menaces d’intervention militaire contre "l’île Rebelle".
Mais ces menaces se sont dissipées et l’embargo décrété contre Anjouan a été suspendu dix jours après la signature à Fomboni d’un nouvel accord-cadre de réconciliation comorienne.
156
L’Accord de Fomboni a été conclu le 17 février 2001 par le Gouvernement Moroni du colonel Azali, les autorités politiques de Mohéli et les séparatistes anjouanaises, en présence, cette fois-ci, de représentants de l’O.U.A. C’est dire que ce dernier arrangement a été bien accueilli par la Communauté internationale. Concrètement, l’O.U.A. a décidé de suspendre puis de lever, à partir du 7 juillet 2001, l’embargo qu’elle avait décrété contre Anjouan, le 21 mars 2000. L’Accord de Fomboni vise à assurer une réconciliation nationale dans l’archipel en mettant fin à la double crise comorienne : la crise caractérisée par le combat des autorités sécessionnistes de Mutsamudu qui existait depuis le 3 août 1997 et la crise institutionnelle qui a éclaté après la prise du pouvoir à Moroni le 30 avril 1999 par une junte militaire placée sous les ordres du colonel Azali. Plus précisément, l’Accord a pour but de réintégrer Anjouan dans un nouvel ensemble institutionnel de type fédéral et présidentiel tout en attribuant une très large autonomie à chaque île et en restaurant le pouvoir civil ainsi que la démocratie, grâce à des élections libres à tous les niveaux.
II. Les lignes directrices de la Constitution de l’Union des Comores du 23 décembre 2001 : un régime présidentiel consacré par une charte de type fédéral
Un projet de constitution a été élaboré au cours de l’année 2001 par les autorités politiques des trois îles. Ce projet prévoit la réconciliation de la Grande-Comore avec Anjouan et Mohéli dans le cadre d’une nouvelle entité de type fédéral appelée "Union des Comores". Le dernier article du projet de constitution - l’article 40 - précisait que la nouvelle Constitution devait être adoptée par la "voie référendaire". Un référendum constitutionnel a donc été organisé dans les trois îles Comores le 23 décembre 2001. Le "oui" en faveur de la nouvelle Constitution l’a emporté à une très large majorité avec 76,99% des suffrages exprimés contre 23,01% au "non". Par ailleurs, le taux de participation à la consultation populaire a été relativement élevé puisqu’il a atteint 75,37%.
La Constitution adoptée le 23 décembre 2001 fait de l’Union des Comores une République de type fédéral composée des Iles autonomes de N’Dzuwani (Anjouan), de N’Gazidja, (Grande-Comore) de Mwali (Mohéli) et de Maoré (Mayotte) et dont les langues officielles sont le shikomore - langue nationale - l’arabe et le français (article 1er). Dans son préambule, la nouvelle Constitution proclame "la solidarité entre l’Union des Comores et les îles" ainsi que "l’égalité des îles en droits et en devoirs". Elle dispose que "la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce, dans chaque île et dans l’ensemble de l’Union, par ses représentants élus ou par la voie du référendum" (article 3).
La nouvelle Constitution tranche par ailleurs l’épineuse question des compétences respectives de l’Union et des îles. Les autorités fédérales ont désormais une compétence d’attribution dans les domaines régaliens traditionnels de la défense, de la monnaie, de la nationalité, des relations extérieures, de la religion et des "symboles nationaux" (article 9). Pour le reste, chacune des îles dispose - comme elles l’avaient souhaitée - d’une large autonomie. Comme toute entité fédérée, chaque composante établit librement sa propre "Loi fondamentale" dans le respect de la Constitution de l’Union. La Charte suprême précise que "les Îles comprennent un Exécutif et une assemblée élue ainsi que des collectivités territoriales dotées d’un organe délibérant et d’un organe exécutif élus" (article 7). Chaque composante se voit également reconnaître une compétence de droit commun pour gérer librement ses propres affaires et promouvoir son développement socio-économique. Cependant, la Constitution prévoit, dans son article 9, la possibilité d’une "compétence partagée de l’Union et des Iles" dans certaines matières. Quant aux institutions spécifiques de l’Union des Comores, des précisions sont données concernant les trois pouvoirs - exécutif, législatif, judiciaire - qui sont entièrement séparés, comme c’est le cas dans un régime présidentiel.
Symbole de l’unité nationale
La Constitution attribue en premier lieu le pouvoir exécutif à un Président qui est "le
157
symbole de l’unité nationale" et assure le fonctionnement régulier des institutions. Le Président détermine et conduit la politique étrangère du pays et "assure la plus haute représentation de l’Union dans les relations internationales". Il négocie et ratifie les traités. Il est commandant en chef des armées et responsable de la défense extérieure. Il a le droit de grâce. Le chef de l’État est encore "le chef du Gouvernement" et, à ce titre, il détermine et conduit la politique de l’Union des Comores. Il dispose de l’administration de l’Union et exerce le pouvoir réglementaire (article 12). Assisté de deux vice-Présidents, il "nomme les ministres de l’Union et met fin à leurs fonctions". Le Gouvernement doit toutefois être composé de telle manière que soit assurée une "représentation juste et équitable des Iles" (article 16). Afin de respecter le principe de l’égalité entre les entités fédérées, la Constitution prévoit que la présidence de l’Union est "tournante entre les îles". Par ailleurs, le Président et les vice-Présidents sont élus ensemble "au suffrage universel, direct majoritaire à un tour pour un mandat de quatre ans". Certes, ce mandat est renouvelable. Mais il ne peut l’être que "dans le respect de la tournante entre les Iles" (article 13). Le même article précise qu’une élection primaire est organisée dans l’île à laquelle échoit la présidence et que "seuls les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés peuvent se présenter à l’élection présidentielle".
La Constitution confie en second lieu le pouvoir législatif à une assemblée unique "composée de trente-trois députés élus pour un mandat de cinq ans" et appelée "Assemblée de l’Union" (article 19). La composition du Parlement comorien est complexe en raison du caractère de type fédéral de la Constitution. Dans un système fédéral classique, il y a en principe un Parlement bicaméral, c’est-à-dire un Parlement composé de deux chambres : la première a vocation à représenter des circonscriptions électorales en fonction de leur importance démographique tandis que la seconde représente des États membres sur un pied d’égalité. Cependant, la création d’un Parlement bicaméral a paru être une structure trop lourde pour un pays comme l’archipel des Comores. Ainsi, le fait qu’il n’y a pas de Parlement bicaméral aux Comores peut faire douter, au premier abord, du caractère fédéral de l’Union. Cependant, un système ingénieux a été mis au point pour faire en sorte que son assemblée unique assure à la fois la représentation des États membres sur un pied d’égalité et des circonscriptions électorales en fonction de leur importance démographique. L’Assemblée de l’Union comprend ainsi deux catégories de parlementaires : elle est "composée de représentants désignés par les Assemblées des Iles, à raison de cinq députés par Ile et de 18 représentants élus au suffrage universel direct dans le cadre d’un scrutin majoritaire uninominal à deux tours" (article 20).
Il est par ailleurs stipulé que "le Président de l’Assemblée de l’Union est élu pour la durée de la législature" et que l’initiative des lois appartient concurremment au Président de l’Union et aux députés. Les projets de loi sont délibérés en Conseil des ministres et déposés sur le bureau de l’Assemblée de l’Union. Les députés et le Gouvernement ont le droit d’amendement (article 25). Une spécificité apparaît enfin sur le plan financier. L’Assemblée de l’Union vote les projets de lois de finances à la majorité des 2/3 des membres présents et votants et non à la majorité absolue. Par ailleurs, la Constitution de l’Union des Comores reprend - mutatis mutandis - dans son alinéa 3 les dispositions de l’article 47 de la Constitution française de 1958 quand elle décrète : "Si l’Assemblée de l’Union ne s’est pas prononcée dans un délai de soixante jours, les dispositions du projet peuvent être mises en vigueur par ordonnance" (article 27).
Un régime résolument démocratique
La Charte constitutionnelle de l’Union des Comores établit enfin un régime résolument démocratique, dès lors que son article 28 dispose en termes lapidaires : "Le Pouvoir judiciaire est indépendant du Pouvoir Législatif et du Pouvoir Exécutif". La Constitution de l’Union reconnaît également un principe traditionnel qui existe dans tout État de droit, à savoir le principe de l’inamovibilité des magistrats du siège. À la tête du Pouvoir judiciaire est placée une Cour suprême qui est "la plus haute juridiction de l’Union en matière judiciaire, administrative et des comptes de l’Union et des Iles". L’article 29 de la
158
Constitution de l’Union précise qu’une "loi organique doit fixer la composition ainsi que les règles de fonctionnements de la Cour suprême" (alinéa 2).
Il existe enfin une Cour constitutionnelle qui est "le juge de la constitutionnalité des lois de l’Union et des Iles" (article 31). La Haute Juridiction veille à la régularité des opérations électorales, tant dans les Iles qu’au niveau de l’Union, et elle est juge du contentieux électoral. Elle garantit les droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques (alinéa 1er). Elle est enfin "garante de la répartition des compétences entre l’Union et les Iles" et, à ce titre, "elle est chargée de statuer sur les conflits de compétence entre deux ou plusieurs institutions de l’Union, entre l’Union et les Iles et entre les Iles elles-mêmes" (alinéa 2). Quant à sa composition, des précisions sont données par l’article 32 de la Constitution : le Président et les vice-Présidents de l’Union, le Président de l’Assemblée de l’Union ainsi que les chefs des Exécutifs des Iles nomment chacun un membre de la Cour constitutionnelle. Par ailleurs, l’article 33 souligne que les membres de la Cour constitutionnelle ne peuvent être poursuivis "sans l’autorisation de la Haute Juridiction" (alinéa 3). Le même article précise enfin que "le Président de la Cour constitutionnelle est désigné par ses pairs pour un mandat d’une durée de six ans renouvelable" (alinéa 2). Par ailleurs, en vertu de l’article 35 de la Constitution, "les décisions de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours".
La Constitution de l’Union des Comores a également prévu des dispositions spécifiques concernant sa propre révision. Ces dispositions confirment au besoin son orientation fédéraliste dans la mesure où cette révision implique la participation et l’accord des collectivités fédérées. Ainsi, en vertu de son article 37, l’initiative de la modification de la Constitution appartient concurremment au Président de l’Union et au moins à un tiers des membres de l’Assemblée de l’Union. Pour être adopté, tout projet ou proposition de révision doit par ailleurs être approuvé "par les deux-tiers du nombre total des membres composant l’Assemblée de l’Union ainsi que par les deux tiers du nombre total des membres des Assemblées des Iles ou par la voie du référendum" (alinéa 1er). Il existe cependant une limite : "aucune procédure de révision ne peut être engagée lorsqu’il est porté atteinte à l’unité du territoire et à l’intangibilité des frontières internationalement reconnues de l’Union ainsi qu’à l’autonomie des Iles" (alinéa 2).
Sur un plan plus panoramique, il est permis de classer la jeune Union des Comores dans la catégorie des régimes de type présidentiel, dès lors que la Constitution du 23 décembre 2001 assure une indépendance réciproque des organes constitutionnels et plus exactement une séparation systématique entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Concrètement, le Président de l’Union peut ne pas appliquer les décisions de l’Assemblée des Comores, dont il ne dépend pas pour son élection. Mais il n’a pas la possibilité juridique de prononcer sa dissolution, ni même de l’ajourner temporairement. Inversement, l’Assemblée des Comores et, a fortiori, les assemblées des trois composantes insulaires n’ont pas la possibilité de mettre en cause la responsabilité du Président de l’Union et de le renverser en cas de conflit persistant, comme c’est normalement la règle dans un régime de type parlementaire. Autant dire que le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif sont obligés de composer pour éviter la paralysie permanente du nouveau système comorien.
Réflexions terminales
L’adoption de la Charte constitutionnelle de l’Union des Comores, le 23 décembre 2001 est une étape majeure dans l’histoire de l’archipel des Comores qui a déjà connu bien des vicissitudes depuis son accession à la pleine souveraineté internationale, le 6 juillet 1975. Elle a notamment le mérite d’avoir mis un terme à la dérive sécessionniste de l’île
159
d’Anjouan qui s’était manifesté au grand jour en 1997. Elle a également et surtout permis par la suite - mais non sans mal - la mise en place progressive de nouvelles institutions fédérales.
Ainsi, après l’élection prévisible du colonel Azali Assoumani au poste de premier Président de l’Union, le 14 avril 2002 (1), les élections générales des 18 et 25 avril 2004 - destinées à élire les membres de l’Assemblée des Comores - ont donné une très large majorité à l’opposition (2) ! C’est dire concrètement que le nouveau système laborieusement mis en place ne peut effectivement fonctionner que dans le cadre d’une cohabitation permanente entre l’Exécutif et le Parlement.
Enfin, à la suite de certaines pressions, l’actuel chef de l’État a déjà fait savoir qu’il respecterait à la lettre la Constitution de l’Union des Comores en ne briguant pas un second mandat présidentiel l’année prochaine. En application du principe d’une "présidence tournante" entre les trois îles et sauf nouvel incident grave imputable au Président Azali, il est donc probable que le prochain chef de l’État soit originaire en 2006 de l’île d’Anjouan comme le souhaitent en fait la plupart des membres du Parlement (3). Dans cette optique, nous devons évidemment rester à l’écoute de l’Union des Comores.
La coopération régionale, une chance !Depuis toujours, la diaspora comorienne en France a conservé un sentiment d’attachement et de solidarité très fort avec leur pays d’origine. Cette solidarité s’est traduite à travers des actions, surtout le grand mariage, pour financer des infrastructures de développement économique et social au Comores, particulièrement dans les secteurs de l’Éducation, mais aussi des lieux de culte. Mais force est de constater que cet engagement à soutenir l’économie du pays est infinitésimal, c’est un pays, pas une simple communauté. Par conséquent constituer une vraie coopération régionale permettra sûrement les conditions d’existence socio-économiques des Comores et vos dirigeants doivent en prendre conscience.Depuis la proclamation de l’indépendance le 6 juillet 1975, le jeune comorien ne cesse de s’interroger sur le passé et l’avenir de son pays », lisais-je dans MasiwaMane n°12. Certes, mais je dirais que le jeune comorien a souvent tendance à mettre de côté ses convictions dès qu’il est amené à occuper des responsabilités dans son pays. Pourquoi, je dis cela ? Parce que « la question de l’île comorienne de Mayotte » est tellement mise en exergue qu’il y a comme une syncope sur un questionnement réel sur l’avenir des Comores, qui passent expressément par un développement économique et social. Et pour cela la coopération régionale reste primordiale à tout avancement. Mais faut-il que vos dirigeants s’en préoccupent. Mayotte est un fervent partisan de la coopération régionale, mais malheureusement les dirigeants comoriens démontrent encore une fois leurs mépris pour ce qui est de l’avenir de leur pays. En effet, la mise en place progressive de cette coopération sera un atout considérable pour les Comores et ce dans tous les domaines.
Les mahorais sont en train de développer des actions très importantes avec nos voisins malgaches dans le domaine de l’agriculture et de la politique pour ne prendre que ces deux là, et
160
les Comores tout proche rechignent parce que parait-il Mayotte est sous protectorat français. J’ai envie de rire, parce que, je ne crois tout simplement pas au développement des Comores sans cette coopération. On reste chez soi alors que si le voisin malgache réussit à organiser et à moderniser ne serait-ce que son agriculture, les Comores n’ont aucune chance de se reconstruire. Vu tout simplement le poids des malgaches dans la région, et ce qui sera son poids dans une économie régionale organisée.
La question de Mayotte, comme vous dites souvent, aveugle tellement les esprits qu’on a du mal à penser le co-développement, alors que les drames de l’immigration clandestine ne sont pas le fait premier que Mayotte est française, mais tout simplement que ces malheureux cherchent au péril de leur vie de quoi vivre. Oui, de quoi à vivre ! Parce qu’en effet, s’ils trouvaient aux Comores des conditions de vie satisfaisantes, il n’y aurait aucune raison pour qu’ils prennent des risques insensés pour pas grand-chose. L’écart de développement entre Mayotte et les Comores ira croissant, c’est inéluctable. Avec l’intensification des échanges, les problèmes des Comores ne se régleront pas d’une seule pierre de coup, je ne rêve pas, mais permettra de réduire progressivement l’écart de développement. Mais la prise de conscience de vos dirigeants tarde à venir, et c’est très malheureux pour la population comorienne.
L’île de Mohéli n’est-elle pas une des îles les plus fertile aux Comores, qu’est-ce qu’on en fait ? D’ailleurs, quelle est la politique économique des Comores, vis-à-vis de ses voisins et de sa propre population pour se refuser des telles échanges ? Je vous vois venir : vous allez sûrement me claironner que la France reste le premier bailleur de fond des Comores et que cela empêche toute progression. Je vous demanderais alors, mais qui a demandé le concours de l’Iran récemment ? Où va l’argent que la France et la communauté internationale accordent chaque année aux Comores ? Je ne me souviens plus des sommes exactes, mais où sont investis les aides qui ont été alloués aux Comores lors de la conférence des bailleurs de fonds à l’île Maurice en 2005 ? On a redressé l’économie ? Quelle politique mise en place pour faire revenir aux pays les jeunes comoriens ? Quelle place tout court occupe les Comores dans les échanges économiques de l’océan indien pour se priver de la coopération entre les îles ? Peut-on réellement rester dans la revendication permanente d’un territoire qui se développe tout en laissant mourir de faim sa population ?
Ce qui est désolant en plus dans cette histoire, c’est ce silence, cette inertie, voire cette indifférence de la société civile. On s’exprime beaucoup en France sur la question de Mayotte – ceux qui en ont les moyens – mais invisible sur le terrain de l’économie et du sociale voire invisible tout court sur le terrain aux Comores. Là-bas, on reste tout simplement dignitaire vis-à-vis de ceux qui ne trouveront leur salut que sur un développement réel des Comores. C’est-à-dire ces pauvres gens qui ne peuvent pas bouger de ces îles et qui subissent tout. Les Comores ont une place à se faire dans l’économie régionale pour peu que leurs dirigeants le veuillent ou ne
161
soient pas aveugler que sur un retour fictif de Mayotte dans le giron comorien.
Un simple constat : La quasi-totalité des pays en développement est engagée aujourd’hui dans des processus d’intégration régionale dont les formes vont des coopérations sectorielles jusqu’aux unions politiques. Ces processus sont à la fois économiques, politiques et culturels et traduisent, à des degrés divers, une volonté politique. Ils s’inscrivent dans des trajectoires spécifiques aux sociétés en développement. Pas la peine donc de vous faire un dessein, les unions politiques ne marcheront pas étant donné notre histoire. Mais la régionalisation est multiforme. Elle est plus ou moins portée par des institutions et par des accords commerciaux régionaux, elle peut résulter, au contraire, de pratiques d’acteurs constituant des réseaux commerciaux, financiers, culturels, technologiques dans des espaces régionaux, pour cela on peut reprendre l’exemple du commerce transfrontalier en Afrique. C’est donc à la jeunesse comorienne de tirer la sonnette d’alarme, de rabâcher à vos gouvernants qu’ils doivent impérativement se consacrer à un développement plus harmonieux de ce pays. Vous devez tenir les populations et les acteurs du développement en éveil.
Un paradoxe tout de même, vous êtes les premiers à dénoncer le fait que la France piétine le droit international, qu’elle nie des valeurs universellement reconnues et affiche un mépris arrogant envers les lois, mais j’ai envie de vous demander alors, mais que font vos dirigeants ? Ne piétinent-ils pas les normes internationales relatives au droit à l’alimentation. Pour rappel, le droit à une nourriture adéquate signifie que chaque homme, chaque femme et enfant, seul ou en tant que communauté, doit pouvoir bénéficier en tout temps d’un accès physique et économique à une nourriture suffisante, ou utiliser les ressources appropriées afin d’en bénéficier d’une façon qui soit compatible avec la dignité humaine. Ce qui n’est absolument pas le cas de la majorité des comoriens qui s’enlise plus que jamais dans la pauvreté. Et je vous rappelle que le droit à l’alimentation est consacré dans plusieurs traités internationaux sur les droits humains, mais on a sciemment mis un couvert sur ce dernier aspect du droit international. Alors accepter la coopération régionale et ne soyez pas donneurs de leçons.
Par MHAMADI SAID - Contact : [email protected]
Moyoti bo Mayoti !!!Ecrit par El Fatahou SAID, novembre 13, 2007Bonjour
C'est quand même étonnant de constater que notre génération se montre ainsi d'une grande naïveté au sujet de la question Mahoraise, à un moment où toutes la lumière dans cet affaire est déjà faite, et qu'au vu de récents événements, un souffle nouveau s'élève à Moroni, et même à l'Assemblée Nationale Comorienne, pour remettre les pendules à l'heure.
162
En quoi la mise en avant de la question de l'ile Comorienne de Mayotte viendrait occulter les questions de développement économique de l'archipel, et pourquoi d'ailleurs, pour ce faire, ce développement doit obligatoirement passer par une coopération avec un Mayotte Français? Et si on vous disait qu'il leur apparu impossible d'envisager un avenir de Mayotte sans sa coopération d'avec ses iles sœurs?
Vous parlez de Mayotte comme un territoire développé, capable de soutenir le développement des Comores. Mayotte Française est-elle développée dans quel domaine? Qu'est-ce que Madagascar, que vous citez comme un modèle de coopération réussie avec Mayotte, a de particulier à offrir?
Qu'est-ce qu'ils ont produit de positif? -Ont-ils atteint l'autosuffisance alimentaire? Des Malgaches ne sculptent pas les recoins de rue d'Antananarivo, de Moroni et de Dzaoudzi à la recherche de subsistance?
Que voudriez-vous ? à la lecture de votre intervention, que les Comoriens aillent chercher comme avantage dans une coopération basée sur la reconnaissance d'un Mayotte Français?
C'est quand même bizarre:
Si Mayotte était aussi développé que vous le dites, pourquoi donc des Mahorais émigrent en métropole pour aller finir dans les mêmes foyers Sonacotra, avec leurs propres frères des autres iles. Ont-ils des emplois à Mayotte qui permettraient de les retenir sur place ? Atteignent-ils un niveau d'éducation qui leur permettent de chercher ailleurs qu'en France, pourquoi pas aux Comores, un emploi ?
Je ne comprends pas, en quoi, le fait qu'un pays recherche son unité, puisse ainsi être considéré comme un "aveuglement" des esprits, à moins de conclure que l'histoire des hommes n'aura réussi qu'à rendre les peuples, des ignorants notoires. Ben...les Comoriens-Mayotte compris),sont libres de s'interroger sur leur unité socioculturelles. Mayotte est Comorienne...et alors ?
Ce n'est pas-là une question qui se traite au "garadubu", mieux partagé entre voisins régionaux....c'est une question de droit. C’est une question de droit, à commencer, pour la partie Française, de respecter les résolutions de l'ONU.C'est aussi simple que ça.
A ce titre nous ne pouvons que saluer les actions du Comité Mahorais, et l'Assemblée Nationale Comorienne qui ont entrepris ces derniers temps des actions responsables visant à éveiller une
163
nouvelle conscience, des méthodes modernes d'information, allant dans le sens des revendications Nationales longtemps occultées par un discours intellectualiste déchant.
L'homme n'a pas pour but ultime que seulement manger et boire, tel qu'on vous l'aura enseigné à l'école Romaine. Il y a aussi le défi consistant à rendre justice. Et je peux vous assurer que la question Mahoraise est un problème de droit International. Reste à savoir quelle est la génération capable de l'interpréter pour rendre Justice au peuple Comorien.
Mais à lire certain journaux,...ye twamaya ngiyo hulé !! Sha ngasi pvanu !
Tous mes respects
El Fatahou SAID
.Ecrit par BEN ABDOU, novembre 13, 2007Zéna Mdéré était capable était capable de se prostituer pour que Mayotte reste Française, ça peut se comprendre vu son niveau d'éducation et l'éducation qui consister à se prosterner contemment devant le colon. Mais, aujourd'hui comment comprendre qu'un jeune Mahorais ayant suivi des études dans les mêmes écoles que les Wazungu continue à Avoir un complex d'infériorité? J'avais espoire qu'avec la nouvelle génération on aura moins de marionnette aux commande de Mayotte, mais vos propos ne me rassure pas. S'affirmer devant nos interlocuteurs, conduit à plus de respet et de considération et ça tant que le comorien de Mayotte mais aussi celui de autres îles ne l'aura pas compris, nous serons considérés comme de vaut-rien. Nous prouvons être français et comoriens : géographiquent, cuturellement et histoiriquement Mayotte est Comorienne. N'aies pas peur jeune Mahorais de reclamer ta culture comorienne car malgré les diffultés économique, c'est archipel d'une beauté et d'une culture unique. Rien de plus facile de présenter Mayotte en parlant d'une de l'archipel des Comores, sous administration française dans l'océan indien et pourtant à Mayotte on veux falsifier l'histoire et nier la géographie pour situer Mayotte sans évoquer l'entité géographique à laquelle appartient l'île. Le colonialisme est fini mais le lavage d'esprit continue, à vous de vous en défaire et votre éducation doit servir à ça.
Le Comorien ne se résume pas à ces drames entre Mayotte et Anjouan,ni à ces démunie qui sont prêt à tout pour vivre à Mayotte. Je vous invite à mieux connaitre votre histoire, les iles voisines et leurs habitants, pour ensuite vous faire votre propre opinion puisque vous me semblez assez intelligent pour pouvoir aller au delà des livres écris parles wanzougou et les journaux de RFO.
Je rejoins enfin le cependant commentaire pour affirmer que Mayotte est loin des autres territoires Français en matière d'infrastructure et développement. Le Mahorais continuent à
164
exécuter ce que décide Paris sans le moindre objection, ce qui se produit parfois dans les autres aux Comores, me direz-vous. Le tissus économique de Mayotte, l'administration, reste aux mains de wazoungou qui font la pluie et beau temps. Alors avec toutes ces réalité, Mayotte aurait-elle de lecons à donner au iles soeurs? La dose de perfusion administré par La france à Mayotte, est plus importante qu'à Anjouan, Mayotte ou la Gd Comores. Pour le reste la misère, les routes abimées...ça existe aussi à Mayotte.
J'espère que Mayotte,Anjouan,Mohéli et la Gde Comores connaitront elles aussi le développement.
la nouvelle collaborationEcrit par MZE MCHINDA, novembre 13, 2007
Nous voici en présence de « l’axe du mal » comme disait l’autre, que nous comprenons autrement que cet autre. Ce n’est pas le fait du hasard, si sous un parapluie d’une prétendue coopération régionale avec un point reflet fictif d’illustration Madagascar et Mayotte, la nouvelle collaboration exhibe la mission. Les hommes passent mais les idées finissent par trouver preneurs, abjectes qu’elles soient. Madagascar, Mayotte, Comores, laisse-t-on entendre. Classique comme équation ! Aux amis (es) de la pensée comorienne, résistez face à la volonté de nous faire remonter la fausse histoire de vente d’une île à une époque où le fort avait tous les droits sur les faibles et pouvait s’approprier ce que bon lui semblait. Le verbe en vogue d’une telle époque était conquérir. Rien de plus.
Bébé
crise anjouanaiseEcrit par Youssouf, octobre 22, 2007 Qui legitime Ahmed bacar ? Que veux Sambi au juste ? Le temps de sacrifier une personne qui se croit mille est arrivé . Sambi ou Ahmed Bacar dans peu de temps ; Les grands comoriens sont toujours trompés .Mais la resistance à des limite
MassikitishoEcrit par Ahmed Abdou KAISSANE, août 15, 2007 Zini pviya de Mohamed BACAR, na yi sricali yahe
165
de atso ngueshao adjali zini wassi pviya rilo mwedze hunu zissiritanbishe rahi mokiya zini..... FA VANI WAYE ASHILIDZA ??? BASSI NAHIKA WAYE MUTRU BAKI PVAVO UNILIDRE.
ses mots vient de Colonel Ghalick Wani M'sirojou
Non à la sémantique collaborationniste au sujet de MayotteEcrit par Badjrafèle, août 15, 2007 Habitués aux "alhamdou lillah" dans et pour toute circonstance, même quand ils sont criminellement attaqués, les Comoriens sont indifférents aux tristes fins de leurs compatriotes, qui, tous les mois, si ce n'est toutes les semaines, perdent leurs vies dans le bras de mer séparant l'île comorienne de Mayotte de sa soeur Anjouan. C'est d'autant plus banal que jamais un deuil national n'est décrété, en leur mémoire. Pire, la rhétorique utilisée par les Comoriens pour désigner les cadavres de leurs frères décédés à l'entrée de Mayotte, cette île comorienne, sous occupation française, selon plus de vingt résolutions des nations unies, est la même que celle qu'utilise l'impérialiste. D'où mon incompréhension, notamment en lisant l'article, dont ce petit écrit se veut un commentaire. Acceptons-nous que nos frères sont "des immigrés clandestins", que Mayotte est "une collectivité française"? Et c'est aux webmasters et autres responsables de magazines et journaux comoriens que je pose la question. Avez-vous entendu, une fois, un journaliste français mentionner ne serait-ce que le fait qu’un litige existe entre la France et les Comores, au sujet de Mayotte ? Jamais. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’omerta sur le problème mahorais est tel qu’on a l’impression que médias et politiques français se sont mis d’accord pour cacher à l’opinion française, européenne, voire mondiale, l’illégalité internationale dans laquelle la France, mère des droits de l’homme et chantre du respect du droit international, baigne allègrement depuis trente ans, en occupant Mayotte. Chers amis, webmasters d’Ocomores, vous êtes trop intelligents pour ignorer que toute source d’information est régie par une ligne d’éditoriale, qui, en quelque sorte, lui sert de guide. La vôtre est d’informer sur les Comores et les Comoriens de la diaspora et toute personne s’intéressant au pays. C’est au reste une noble cause. Seulement, permettez-moi de vous dire que la publication de tels articles sur votre site est d’autant plus incompréhensible qu’elle dessert l’intérêt de notre archipel. Ce qui est contraire à votre mission de base, susmentionnée. Je ne doute pas de votre patriotisme. Pas plus que je ne mets pas en cause votre professionnalisme. Je veux juste vous rappeler, fraternellement, que la publication, par vous, de ce genre d’écrit ne cadre pas à votre mission et, qui pis est, assène un violent coup à un archipel, déjà agonisant. Le patriotisme et le courage du pouvoir comorien se mesurent, depuis plus de dix ans, à l’aune
166
du désintérêt qu’il accorde au problème de Mayotte, une partie de son territoire dans laquelle l’exercice de son autorité est interdit. Moins il parle de Mayotte, mieux il est noté par Paris. C’est pourquoi, la question de l’occupation de Mayotte n’est plus débattue à l’assemblée annuelle des nations unies, depuis 95. Que dire d’AHA et son gouvernement qui disaient au début de leur règne qu’ils ne reculeraient pas sur cette question ? Leur détermination a été telle que Mayotte participe aux JO de la COI, comme partie indépendante, sous pression française. Vous voyez chers amis journalistes et autres responsables de site internet, il ne reste à l’opinion publique comorienne que vos plumes et vos micros. C’est à vous que revient la prophétique tâche d’enseigner le patriotisme à votre peuple. Et elle est d’autant plus difficile que le comorien jure davantage au nom de son village qu’au nom de son pays. Ne voyez-vous pas que les plus intelligents parmi les diplômés et intellectuels comoriens sont ceux qui ne disent jamais rien sur cette question publiquement, pour ne pas se mettre les RGS sur le dos ? Et ils ont peut-être raison ! Qui sait, on en est, peut-être, encore aux temps où impunément les barbouses et autres malfrats des renseignements des grandes puissances zigouillaient les Moumier et autres Lumumba, comme des souris. Vous devez donc aider au réveil de notre peuple. Apprenez-lui que les Comoriens qui meurent par dizaines à l’entrée de Mayotte depuis 95 sont les martyrs de la nation, à la mémoire desquels, n’eût été la couardise de nos dirigeants, un mémorial devrait être érigé. De grâce, si on ne les juge pas dignes de nos hitimas, ne leur jetons l’opprobre. On leur doit au moins ça. Non à l’utilisation à leur sujet des termes clandestins et immigrés. Ils sont morts chez eux. Reconnaissons-leur au moins ça. Badjrafèle
Source :http ://www.ocomores.com/
Communique du Département Information de la Présidence de l'Ile Autonome d'Anjouan.
Les Leaders des Partis politiques comoriens ne cessent de se rendre dans l'Ile Autonome d'Anjouan pour se rendre compte de la réalité de la situation qui prévaut et comprendre les raisons majeures de la Crise Institutionnelle Comorienne.
Après le Parti Panaco de l'Ambassadeur DIA, le Président du RIDJA Maître Larifou Saïd, tous deux se sont déclarés opposer à l'affrontement militaire et ont préconisé à l'instar de la dynamique inter-comorienne du 17 février 2001 à Mohéli, des nouvelles retrouvailles comoriennes.
Maître Larifou dans les ondes de la Radio Télévision d'Anjouan (RTA) a déclaré que le RIDJA se refuse à ce que les comoriens s'entretuent et à la place du débarquement militaire, préconise «un débarquement de cœur et de fraternité» pour consolider le Processus de Réconciliation Nationale largement entamé par les maladresses du Président de l'Union.
Le Rassemblement Pour les Comores (RPC) de Monsieur Mohamed ZEINE, a annoncé aussi une visite dans l'Ile d'Anjouan pour s'imprégner de la situation, comprendre les véritables raisons de la crise et
167
entrevoir une proposition de sortie de crise.
Les Autorités Anjouanaises ont apprécié à juste titre ces gestes forts qui favorisent la Réconciliation et confortent l'Unité Nationale et se sont déclarées prêtes à œuvrer pour un règlement définitif de la crise dans le long terme.
Patsy, le 03 septembre 2007
168
Au sujet de l’accord conclu entre le gouvernement comorien et les autorités françaises sur les modalités d’expulsion de citoyens comoriens de l’île comorienne de Mayotte
Une dépêche de l’AFP en date du 7 novembre 2007 nous apprend que M. Mohamed Dossar, Directeur de cabinet du Président Sambi, en charge de la Défense, a négocié avec les autorités françaises installées à Mayotte « les modalités d’expulsion et de reconduite à la frontière des ressortissants comoriens, pour la plupart anjouanais, en situation irrégulière à Mayotte. »
Un pas aux conséquences incalculables vient d’être franchi par le Président Sambi et les siens. C’est la première fois qu’un gouvernement comorien reconnaît aussi clairement que Mayotte ne fait pas partie de l’Union des Comores, que les Comoriens qui se rendent dans l’île comorienne de Mayotte sont des « clandestins ». C’est la première fois que des autorités comoriennes collaborent aussi franchement avec la France dans l’expulsion des Comoriens M. Dossar a même accepté que ces expulsions puissent se faire en direction de Mwali, au lieu de la capitale comorienne, car, comme l’Etat français, il espère la plus grande discrétion dans ce domaine, comme cela se faisait
169
jusqu’ici avec Mohamed Bacar à Anjouan. Il feint ainsi d’ignorer les problèmes qui se posent depuis quelques années dans cette petite île. Selon la même dépêche, le Directeur de cabinet du Président a déclaré : « En échange, des dispositions seront prises pour qu’il y ait à Moroni des correspondants des autorités de Mayotte pour suivre de près les programmes de coopération prévus après la résolution de la crise d’Anjouan ». On ne peut pas être plus clair car le marchandage transparaît. M. Dossar revendique ce que son collègue des Relations Extérieures tentait de cacher : Mayotte et l’intégrité de notre pays ont été vendues « en échange » d’une aide à la coopération. En signant cet accord, M. Dossar et le gouvernement auquel il appartient signifient aux Comoriens et à tous les pays qui soutiennent nos justes revendications depuis 1975 que les Comoriens qui se rendent dans l’île comorienne de Mayotte sont des « clandestins », et partant que Mayotte ne fait pas partie de l’Union des Comores. S’en est-il rendu compte ? A-t-il agi consciemment ? Quels intérêts défend-il : ceux de l’Etat comorien ou ceux de l’Etat français qui mène la politique du fait accompli et utilise toujours le chantage à la coopération ? Dans tous les cas, il est permis de parler de haute trahison car cet accord contrevient à plusieurs articles de la Constitution de l’Union des Comores :
« Article 1 : L’Union des Comores est une République, composée des Iles Autonomes de Mwali, Ndzuani, Ngazidja et Maore » ;
« Article 7 : Dans le respect de l’unité, de l’Union et de l’intangibilité de ses frontières telles qu’internationalement reconnues (…) les Comoriens ont les mêmes droits, les mêmes libertés et les mêmes obligations dans n’importe quelle partie de l’Union »
« Article 12 : Le Président de la République est le symbole de l’unité nationale. Il est le garant de l’intangibilité des frontières telles qu’internationalement reconnues ».
Et dire que le Président Sambi a juré sur le Coran de défendre cette Constitution ! La décision prise pourrait conduire les signataires du côté comorien devant une Haute Cour de Justice car elle ne respecte pas l’intangibilité de nos frontières et peut s’apparenter à une cession d’une partie de notre territoire contre de l’aide économique.
Nous en appelons donc aux autres responsables de nos institutions étatiques, et notamment le Président de l’Assemblée de l’Union, qui a dénoncé récemment les méfaits d’un clan qui s’est emparé de l’Etat et la Cour Constitutionnelle, à jouer leurs rôles nécessaires à la sauvegarde de notre loi fondamentale.
Nous en appelons à la population de Mwali pour qu’elle refuse de se rendre complice
170
des violations de la Constitution comorienne et du droit international.
Nous en appelons à l’ensemble des partis politiques pour qu’ils assument leur rôle en ces temps de troubles et refusent que notre pays soit vendu à la coopération française.
Nous en appelons à l’ensemble des citoyens comoriens, à l’intérieur comme à l’extérieur, pour qu’à l’occasion de la célébration de la « Journée Maore », le 12 novembre prochain, ils saisissent le gouvernement et le Président Sambi sur le sens d’un tel accord arrivant après le retrait de la question de l’île comorienne de Mayotte de l’ONU.
Le 10 novembre 2007
Associations signataires : Collectif Comores-MasiwaMane (CCMM), Comité Maoré, SOS-Démocratie Comores, Guilde des Artistes Comoriens (GAC), Groupe de Réflexion sur l’Intégrité territoriale de l’Archipel des Comores (GRITAC), Association comorienne des Droits de l’Homme (ACDH), Collectif des Associations et Amis des Comores (CAAC).
171
ANNEXE 2 : DOSSIERS ET ARTICLES SUR LE CONFLIT SEPARAISTE AUX COMORES
DECLARATION SUR LA SITUATION A ANJOUANVAINCRE LE SEPARATISME
COMITE MAOREMaison des droits de l'HommeMoroni. COMORESL'orientation du Président Sambi l'a emporté. Le groupe de rebelles qui a prisl'île d'Anjouan en otage va être réduit par la force. Il devient désormaispossible de vaincre le séparatisme, d'en faire une tare au même titre que lerecours aux mercenaires. Cependant rien n'est encore fait. Pire des nouveauxdangers surgissent. Il apparaît en effet que la médiation ultime cherche àpréserver le séparatisme en permettant à ses chefs d'échapper à la justicecomorienne. Aucune échappatoire ne doit être offert à Mohamed Bacar. Pourtourner la page du séparatisme il faut que les chefs séparatistes se rendent, qu'ils soient jugés et châtiés et qu'un vaste mouvement de réconciliationnationale soit engagé, que tous ceux qui ont servi le séparatisme lereconnaissent et présentent des excuses à la nation.
S'agissant de la position du Gouvernement français, le Comité Maoré ne peut ques'en réjouir et espérer qu'il s'agit d'un tournant de la politique française auxComores.
Car la France ne peut pas prétendre appuyer les positions de l'Union Africaineet ignorer que l'Organisation africaine a toujours réclamé que l'Ile comoriennede Mayotte soit restituée à l'Etat comorien. Au cours du dernier sommet del'Union Africain, la question de l'Ile comorienne de Mayotte a été soulevée. LeGouvernement français devrait s'informer s'il est sincère dans son engagement !
Car la France ne peut pas prétendre soutenir l'unité des Comores en continuantde feindre que Mayotte n'est pas comorienne
Car la France ne peut pas considérer que l'unité et l'intégrité territoriale desComores est une condition de stabilisation et de développement dans la RégionOcéan Indien et continuer à maintenir Mayotte sous son administration, provoquant avec son visa Balladur, des dizaines de morts comoriens par mois, etc.
Les autorités françaises affichent un mépris arrogant envers le peuple comorien: comment peut-on occuper une partie du territoire du pays, user de sa puissancepour malmener le pays et croire que la France peut être le premier partenairedes Comores, un ami des Comores, etc.
Le Comité Maoré continue à préconiser une solution raisonnable de la question del'Ile comorienne de Mayotte, solution qui devra prendre en compte que Mayotteest incontestablement comorienne mais que Mayotte s'est séparée de ses îlessoeurs depuis plus de 30 ans.
172
Le Comité Maoré continue à croire que le génie des peuples comorien et françaispermettra d'imaginer et de mettre en ouvre une issue gagnante pour les deuxpays, une issue qui satisfera Mayotte et apaisera ses îles soeurs, une issue quiouvrira des vastes perspectives aux relations entre les Comores et la France.
Nous formulons le voeu que le soutien français pour le maintien de l'ordre àAnjouan est sincère et qu'à la suite du succès attendu, le Gouvernement françaisrespectera sa parole en oeuvrant pour que la Commission de haut niveau entre lesdeux pays soit installé et qu'un dialogue sincère, visant une solution juste etdurable de la question de l'Ile comorienne Maoré s'ouvre enfin.
Le Comité Maoré
Moroni le 24 février 2008
Source : http://fr.groups.yahoo.com/group/habari/
La situation qui prévaut aux Comores actuellement ?
Le pays se trouve à un tournant
La victoire militaire contre Mohamed Bacar qui incarnait le séparatisme à Ndzuani, a enclenché une nouvelle dynamique. Dynamique positive appréciable au renouveau du patriotisme comorien. L’amour du pays est redevenu une valeur comme l’illustre le slogan des casquettes distribuées le 25 avril dernier : « fier d’être comorien ». Rappelons-nous la situation d’il y a à peine deux mois où c’est la dislocation du pays qui se profilait, où comorien paraissait une damnation de Dieu, où .... Malheureusement rien n’indique que le tournant sera opéré, au contraire, les nuages s’amoncellent ! Loin de prendre de la hauteur pour s’attaquer aux problèmes cruciaux de l’heure en s’appuyant sur le soutien populaire massif, le pouvoir semble grisé par l’euphorie de la victoire, multiplie les célébrations et distribue des médailles. Les thuriféraires de Sambi ne sont préoccupés que de pouvoir. Et l’on retombe dans les dérives politiciennes connues qui tournent la plupart du temps sur la modification de la Constitution quand ce n’est pas la rédaction d’une autre, sur mesures. N’a-t-on pas déjà annoncé une table ronde ?Reste à savoir quelle sera l’attitude de Sambi qui semble animé par une volonté sincère de sortir le pays du gouffre dans lequel il l’a trouvé. Le Président de l’Union saura-t-il faire face aux forces obscures de l’intérieur et de l’extérieur qui agissent pour torpiller la victoire de mars 2008 et maintenir le pays dans la misère et donc dans l’instabilité, toujours sous la menace de la balkanisation ? Nous le verrons dans les jours à venir à travers le traitement des questions suivantes : le séparatisme, les relations avec la France, la situation économique et la modification de la Constitution, des questions fondamentales qui décideront du devenir du pays et sur lesquelles tous les avis seraient les bienvenus pour contribuer à l’élaboration par les dirigeants du pays de positions conséquentes au service du pays et du peuple.
Le séparatisme.L’effondrement sans coup férir du pouvoir de Mohamed Bacar, un pouvoir présenté comme inexpugnable avec sa force de gendarmerie de huit cent hommes ouvre la possibilité de porter un coup fatal au séparatisme. Mais comment y parvenir si la situation à Ndzuani est considérée comme normale, susceptible d’être traitée avec les dispositions de la loi fondamentale de l’Ile sur les transitions ? Mais comment y parvenir si Fundi Abdala Ibrahim et Abeid ne sont nullement inquiétés ? Mais comment y parvenir si on ne procède pas à une analyse fine des responsabilités des principaux dirigeants des pouvoirs séparatistes qui se sont succédés à Ndzuani ? Mais comment y parvenir si d’anciens séparatistes convaincus se délectent dans les allées du pouvoir de l’Union ? Il faut libérer de toute urgence les simples gens arrêtés depuis mars, traiter avec équité la situation de tous ceux qui à un titre ou un autre, ont servi en toute conscience les pouvoirs séparatistes qui se sont succédés à Ndzuani depuis 1997. Il faut trouver les moyens d’un débat national sur le séparatisme pour permettre à ceux qui doivent seulement se repentir publiquement de se laver de l’opprobre
173
séparatiste et aux autres d’être jugés. Il faut un vrai mouvement de réconciliation nationale. Il faudra un arsenal juridique percutant contre le séparatisme. Si le pouvoir continue comme si de rien n’était, le mal séparatiste sera intact, juste une période de sommeil et des lendemains autrement plus douloureux risquent d’endeuiller encore notre pays. Il faudrait s’inspirer de l’expérience sud africaine et créer un haut comité de réconciliation qui rassemblerait des personnalités reconnues pour leur droiture.
La France.Les relations avec la France peuvent changer dans un sens favorable au pays. Jusqu’au débarquement et particulièrement l’exfiltration de Mohamed Bacar vers Maore et la Réunion, le pays semblait complètement désarmé, obligé d’avaler couleuvres sur couleuvres. Des souvenirs douloureux comme ce vain voyage officiel à Maore destiné à amener la France à appliquer les sanctions de l’Union Africaine contre les personnalités séparatistes, « l’accord du rocher » n’a pas empêché la France de transformer Maore en issue de secours des séparatistes, auteurs de crimes innommables contre la population comorienne. Des souvenirs honteux comme la signature fin 2006 du capitulard document cadre de coopération entre le ministre comorien Jaffar et la ministre française Girardin, document dont nombre de dispositions présupposaient une acceptation implicite de l’appartenance de Mayotte à la France. Eh bien aujourd’hui, les choses ont changé, la population a pris la mesure de la politique inamicale de la France envers les Comores, la non acceptation des expulsions des « clandestins » met la France le dos au mur. Face aux menaces, parfois grotesques comme celle du ministre français de l’outre-mer Jego, quelle va être l’attitude du gouvernement comorien. Capitulation et retour à la case départ comme l’annonce le même Jaffar qui déclare à la radio française RFI que « Mayotte est considérée (je souligne considérée) comme comorienne par la Constitution du pays » pour calmer Jego qui paradoxalement, s’indigne que les comoriens osent réclamer Mayotte !? Ou bien va-t-on assister à un sursaut comorien et voir les dirigeants du pays allier judicieusement la fermeté à la souplesse. La France, telle une bête féroce qui se sent en danger, va sortir dehors toutes ses griffes. Mais il faut que nos dirigeants comprennent que c’est là un signe d’une faiblesse réelle. Il faut donc résister patiemment, laisser passer l’orage et les négociations nécessaires et inévitables s’ouvriront. Mais pour cela, il faut se doter d’une proposition raisonnable de sortie de crise, dans le sillage de l’ouverture prônée par le Comité Maore : UN ETAT DEUX ADMINISTRATIONS, il faut une proposition pour unir le gouvernement, la population comorienne toute entière, pour rallier tous les pays susceptibles de l’être. En tout cas « lever l’interdiction d’expulser les comoriens de Maore » dans le cadre de marchandages, accepter de discuter avec un comité français dite de haut niveau sans aller au fond de la résolution de la question de l’île comorienne de Mayotte sera perçu par le pays comme une haute trahison, constituera une faute lourde dont les Comores ne se sortiront qu’au prix de larmes encore plus amères. Il faut que le Président Sambi comprenne qu’il n’a pas le droit de rater le coche, qu’il doit encore déployer ses talents pour sortir d’une confrontation Comores France pour aller vers des négociations internationales dans le cadre de l’ONU en impliquant l’Union Africaine .
La situation économique.Une embellie incontestable se dessine. Des nouvelles banques ouvrent leurs portes, l’hôtel Itsandra sera bientôt inauguré, les projets Galawa – Maludja comme NyamaUyi prennent petit à petit formes, les routes sont en chantier, même la fourniture d’électricité, tout au moins à Ngazidja, connaît ces derniers jours une nette amélioration. Des questions taraudent pourtant les esprits les plus avertis. Maîtrisons-nous ces investissements ? N’allons-nous pas vivre les mêmes expériences (ou des pires encore) que celles déjà connues à Galawa et ailleurs, des opérateurs économiques étrangers qui viennent s’enrichir et plier bagages quand ils le souhaitent laissant des centaines de gens sur les carreaux sans aucune forme de compensation ? On souhaiterait un peu plus de transparence, une implication plus conséquente des opérateurs comoriens malgré leurs faibles capacités d’investissement. Et puis comment ne pas s’interroger face à des opérateurs étrangers qui s’immiscent aussi ouvertement dans la politique comorienne. Ces immenses affiches, inconnues jusqu’ici dans le pays suscitent les pires inquiétudes : ces investissements sont-ils liés au pouvoir en place ? partiront-ils à la fin du mandat de Sambi ? Une autorisation a-t-elle été demandée pour la pose de ces affiches ? Si oui qui l’a autorisé et sinon comment cela est-il possible que des étrangers, fussent-ils des gros investisseurs, puissent agir ainsi en terrain conquis ? On souhaiterait que les autorités comoriennes soient plus circonspectes, suivent de plus près les agissements des opérateurs, que l’expérience BIC / NICOM nous instruisent.Enfin, comme l’a souligné avec pertinence le Président de l’Assemblée de l’Union Bounou, le quotidien du comorien de base empire de jour en jour, il faut s’y attaquer. Les investissements sont porteurs d’avenir, ils ne doivent pas faire oublier le présent.Il s’ensuit que la clarification de la politique d’édification économique devient une nécessité majeure pour éviter les improvisations, déblayer la route et mobiliser les énergies nationales et internationales.
La Constitution.La Constitution de l’Union des Comores est le produit d’un compromis qui a fait la part belle aux séparatistes. Elle est donc nuisible. Chacun le reconnaît. Mais cela ne suffit pas pour l’abandonner. Il faut prendre en compte le contexte. Malgré le soutien massif au Président Sambi, la majeure partie de la population reste fortement influencée par l’idéologie séparatiste. Comment ignorer les nombreux signaux qui indiquent que Mwali peut rapidement dériver vers une autre forme de séparatisme, que les pouvoirs des Iles semblent prêts à sortir leurs griffes et qu’il suffira d’un rien pour se retrouver dans la guéguerre Union – Iles. Il faut donc faire preuve de doigté, parvenir à réaliser des reformes de la Constitution en respectant scrupuleusement les dispositions de la Constitution. Il nous faut donc résister à la pression des choses et attendre la Présidence de Mwali pour
174
changer de Constitution. Persister dans la convocation de la table ronde pour changer de constitution ou modifier la durée du mandat du Président Sambi mènera le pays dans une autre zone de turbulence et Sambi ne pourra pas, comme il l’a toujours dit, se préoccuper principalement d’économie, de lutte contre la pauvreté. Le politicien l’emportera et notre pays poursuivra sa descente aux enfers. D’où le vœu de voir Sambi résister aux innombrables griots qui tenteront de l’enivrer de compliments.Le pays est à la croisée des chemins, une situation exceptionnelle qui ne surgit qu’à des moments particuliers de l’Histoire de tout pays, un situation qui offre des opportunités exceptionnelles mais aussi une situation qui exige une tension exceptionnelle des forces, tension éclairée par une vision pointue de la voie à suivre. Sambi aura-t-il la force et l’intelligence de se hisser à la hauteur de ce qu’il a déclenché et entrer avec brio dans l’Histoire du pays ou y entrera-t-il comme le Président le plus populaire, celui qui a eu le plus de chance de sortir le pays du gouffre mais qui les a raté ; Sambi se mettra-t-il en réserve du pays à la fin de son mandat ou cédera-t-il aux chants de sirène de ceux qui n’ont que le pouvoir en vue ? Le présent et l’avenir du pays en dépendent fortement.Idriss (28/04/08)
lundi 21 avril 2008
Ouvrir les présidentielles de Ndzuani
A suivre les propos du Président intérimaire de Ndzuani, la liste des candidats aux présidentielles est close depuis plus d’un an (la gazette du 21 avril). Il ne se serait donc rien passé depuis mars 2007. On reste dans le cadre du report des élections d’une semaine, report qui a fait couler tant d’encre depuis mars 2007 ! Suivant cette logique, pour le moins curieuse, les listes électorales ne devraient pas bouger non plus. Cette logique absurde a conduit le Président de Ndzuani à examiner la candidature de Mohamed Bacar, un non sens aujourd’hui.On dirait que certains ne veulent pas reconnaître que le pouvoir de Mohamed Bacar a été renversé par la force, il s’ensuit qu’il n’y a pas de transition dans la continuité du séparatisme mais rupture avec le séparatisme. On s’entête à rejeter le caractère exceptionnel de la situation de Ndzuani et on s’en mêle les pieds. Prenons l’exemple de l’article de la loi fondamentale utilisée pour imposer le Président de la Cour d’Appel de Ndzuani, à la tête de l’Ile, on a ignoré que ce même article interdit au Président de modifier la composition du gouvernement de l’Ile, et pourtant... On ne peut pas et on ne doit pas appliquer les dispositions d’une loi, qui plus est fondamentale, quand on en a envie, on ne peut pas saucissonner ainsi la loi dans son application. Ces aberrations montrent s’il en était encore besoin que les circonstances à Ndzuani ne permettent pas de suivre la loi fondamentale de cette île dans la gestion de la transition. Que faut-il faire alors pour ne pas sombrer dans l’arbitraire ? Il faut sen remettre à la représentation nationale, à l’Assemblée de l’Union, que le Gouvernement soumette des propositions de lois adaptées aux circonstances exceptionnelles.On est conduit à se poser des questions : s’agit-il de tentatives maladroites de néo-séparatistes encore attachés au « shisiwa miliki » ou de manœuvres grotesques pour ouvrir la voie à une nouvelle forme d’autocratie, un système qui a fait tant de mal au pays.En tout état de cause, il faut arrêter la machine infernale avant qu’elle ne s’emballe. S’agissant des élections présidentielles de Ndzuani, des questions se posent et l’opinion est en droit d’attendre des réponses respectueuses des lois : qui va décider que les listes électorales à Ndzuani sont closes ? Et au nom de quoi va-t-il le faire ? Qui va décider de la révision ou non des listes électorales à Ndzuani, de la composition de la Commission électorale de l’Ile, de la Commission Nationale, etc.Sans apporter des réponses appropriées aux questions brûlantes de l’heure, Sambi risque de casser la dynamique positive qui pointe son nez et donnera raison à ceux qui craignent des dérives despotiques de son pouvoir. Puisse le pays avoir renoué avec un patriotisme éclairé, avec une
175
pratique démocratique respectueuse des lois, les vraies bases d’un réel développement économique du pays. Ainsi verra-t-on « ce-qu’on-n’a-jamais-vu » dans ce pays qui nous est cher.
Publié par Idriss Mohamed Chanfi à l'adresse 04:33 1 commentaires
mercredi 16 avril 2008
TENIR BON
Les français ne peuvent plus expulser de Mayotte les « clandestins ». Une décision courageuse, saluée par l’opinion comorienne, mise au crédit du régime Sambi et qui prolonge la libération d’Anjouan. Coté français, c’est la stupéfaction et l’embarras. Interpellé par un sénateur mahorais, le ministre français de l’outre-mer a du user de tous ses talents oratoires pour expliquer que la France ne peut pas expulser par la force des gens de chez eux, qu’il fallait donc trouver une entente avec l’Union des Comores. L’opinion mahoraise « départementaliste » est activée : manifestations anti-comoriennes à Mayotte, les délégations d’associations se bousculent auprès des institutions de l’Etat français, y compris à l’Elysée, pour dénoncer l’imposture et exiger que Moroni accepte ses clandestins ! Comme l’on pouvait s’y attendre, la France sort ses griffes, menaces de toutes sortes, chantages à la coopération, etc. Il y a fort à parier que la délégation dépêchée n’a pas du lésiner sur les moyens pour contraindre à peu de frais, Sambi et son Gouvernement à obtempérer. Il y a fort à parier aussi que certains dignitaires comoriens prendront peur et brandiront les grandes capacités de nuisance de la puissante France. La rumeur d’un coup d’Etat ne circule-t-elle pas déjà, comme si elle était apportée par la délégation française.Pour l’opinion comorienne, la décision comorienne est hautement symbolique, elle revêt un caractère de principe. Elle ne doit pas faire l’objet de marchandage comme le souhaiterait sans doute la France. Lever l’interdiction sans une négociation sérieuse qui conduit au minimum à la suppression du visa Balladur serait une capitulation comorienne, une nouvelle qui disqualifierait Sambi et son régime, réduirait à néant la dynamique nationale engendrée par le succès de l’opération « démocratie aux Comores ».Sambi et les siens doivent rassembler leurs forces autour d’une position fondamentale, faire front avec cohérence et fermeté et le peuple suivra avec enthousiasme. Rien ne peut arriver à un pouvoir qui traduit les aspirations de son pays et de son peuple. Il faut se rendre compte que la France n’a pas toute latitude pour faire ce qu’elle a envie même si elle peut piétiner les lois de l’ONU. La France ne peut pas se livrer à une épuration régionaliste à Mayotte sans se mettre au banc de l’humanité. Cette mesure d’interdiction ne doit pas être considérée comme ponctuelle ni provisoire, elle demande à être considérée comme une disposition qui pousse la France dans ses derniers retranchements.En tenant ferme, en informant l’Union Africaine et le Secrétariat Général de l’ONU, en se dotant d’une proposition raisonnable qui concilie autant que faire se peut les positions de nos compatriotes mahorais, celles de la France avec celles du pays, une nouvelle page s’ouvrira avec en perspective la restauration de l’unité de notre pays.La délégation française présente en ce moment dans le pays est venue tâter le terrain. Elle doit comprendre que les comoriens ne céderont pas à
176
coup de pressions. Elle doit partir avec un message clair. les Comores maintiennent leur position :Il n’est pas possible de cautionner ni de collaborer à des dispositions françaises qui traitent des comoriens à Mayotte comme des étrangersIl faut libérer les échanges entre les îles et on s’apercevra que les problèmes induits par le visa Balladur disparaîtront au bout de quelques moisIl faut engager des négociations internationales (Comores, France, Union Africaine, ONU) sur le règlement de la question de l’île comorienne de Mayotte comme le stipule l’ONU.Idriss 16/04/08
Publié par Idriss Mohamed Chanfi à l'adresse 01:50 2 commentaires
samedi 5 avril 2008
GARE A L’EUPHORIE
Oui le pays a remporté une victoire précieuse, d’autant que l’opération militaire de rétablissement de l’ordre à Ndzuani n’a pas produit les dégâts humains et matériels attendus. Oui, il convient de saluer le Président Sambi, l’ Armée Nationale de Développement et les pays frères d’Afrique. Oui, il faut que les Comoriens se félicitent, s’encouragent et fassent le plein d’optimisme.Mais il ne faut pas tomber dans le triomphalisme, il ne faut pas sombrer dans l’euphorie.Car Il faut faire immédiatement face à certains proches du pouvoir (et ceux qui voudraient s’y infiltrer) qui veulent surfer sur la victoire pour assouvir leur soif de pouvoir, ce qui peut ramener le pays vers d’autres impasses. L’Histoire du pays doit nous instruire. Les parrains du « PERE DE L’UNITE NATIONALE » nous rappellent étrangement ceux du « PERE DE L’INDEPENDANCE » et ceux du « PERE DE LA DEMOCRATIE », chaque fois le pays s’est fait voler sa victoire et s’est mordu les doigts.Car même s’il a reçu un « coup sur le nez » et qu’il saigne abondamment, le séparatisme n’est pas totalement écrasé, loin s’en faut. Sa mère nourricière, en soustrayant Mohamed Bacar de la justice comorienne, manifeste clairement sa détermination a poursuivre sa sale besogne. Tant qu’une issue ne sera pas trouvée à la question de l’Ile comorienne de Mayotte, la France, l’officielle comme l’autre, complotera contre l’unité et le développement des Comores. Et il se trouvera toujours des comoriens prêts à servir les intérêts étrangers comme cela a toujours été le cas dans le passé et dans tous les pays dominés. D’un autre coté les sentiments insulaires se sont renforcés depuis 1997 et offrent un terrain propice aux manipulations de toutes sortes.Car le combat politicien qui perd de vue les intérêts du pays et met en avant l’esprit partisan est encore vivace dans le pays. N’est-il pas inconcevable de constater que certaines organisations politiques, craignant à juste titre une vague pro-Sambi, n’hésitent pas à soutenir Mohamed Bacar quitte même à saboter les manifestations comoriennes réclamant l’extradition du Chef séparatiste de la France vers les Comores.Il s’ensuit que ceux qui ont la charge de conduire les affaires de ce pays doivent bien mesurer la portée toutes les décisions qu’ils prennent dans un contexte aussi délicat.
177
L’Ile de Ndzuani ne se trouve pas dans une transition ordinaire qui permet une application des dispositions de la Loi Fondamentale de l’Ile. Comment éviter de tomber dans une « chasse aux sorcières » tout en veillant à ce que la transition ne donne pas un nouveau souffle aux séparatistes anjouannais ? Dans la liste des personnalités sanctionnées, diffusée dans le monde entier, certains sont arrêtés alors que d’autres sont promus !? Considérer la situation à Ndzuani comme exceptionnelle n’est pas un argument tiré par les cheveux.Dans une telle situation, ou bien on tombe dans l’arbitraire de ceux qui sont portés par la vague de la victoire ou bien on imagine des voies plus adaptées.Dans son discours d’ouverture de la 1ère session ordinaire 2008 du Parlement, un discours de haute tenue, un discours d’Homme d’Etat mû par un patriotisme éclairé et des fortes convictions démocratiques, le Président Said Dhoifir Bounou indique le chemin à suivre : un rapprochement sincère et effectif de l’Exécutif et du Législatif. Ce qui permettrait de mettre au point les lois adaptées à la période de transition exceptionnelle à Ndzuani, de respecter réellement les principes d’un véritable Etat de droit et d’ouvrir la voie à une véritable stabilité institutionnelle et prouverait au monde que la raison française aux Comores n’est que la loi du plus fort, la loi d’un grand pays, membre du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui peut se permettre de fouler au pieds les résolutions de l’ONU qui le dérangent.
Idriss 05/04/08
Publié par Idriss Mohamed Chanfi à l'adresse 01:38 0 commentaires
vendredi 21 mars 2008
Respecter et Faire respecter notre pays !
Ces derniers jours l’actualité est fortement marquée par l’histoire rocambolesque de l’ hélicoptère qui se serait accidentellement écrasé à Ndzuani le 19 mars dernier. Bien sûr il y a matière à supputations mais il y a aussi ce que, nous, citoyens comoriens sommes en droit d’attendre de ceux qui ont la charge de diriger le pays.L’hélicoptère appartient à Comores Aviation, société installée dans le pays. Cet hélicoptère serait celui là même qui aurait violé les sanctions prononcées par l’Union Africaine en transportant une proche de Mohamed Bacar de Maore vers Ndzuani. Comores Aviation est une société privée qui mène ses activités sans état d’âme, comme par exemple transporter dans les conditions que lui impose son client français les expulsés de Maore, comme louer son hélicoptère à son client français qui nargue la nation comorienne de toutes les façons possibles, comme louer son hélicoptère à un privé se rendant d’une île à l’autre sans se soucier de « politique ». Mais l’Etat comorien n’a-t-il aucun droit de regard sur l’activité commerciale dans le pays ? Comment comprendre et tolérer la passivité de ceux qui sont censés incarnés l’Etat ?Laisser-aller, irresponsabilité, veulerie, mesquinerie, …Ces derniers temps, le patriotisme comorien est entrain de retrouver des couleurs. Même l’esprit mercenaire qui régnait dans l’armée bat de l’aile.
178
De plus en plus de gens osent s’interroger à voix haute sur les pratiques anti-comoriennes de la France.Est-ce rêver les yeux ouverts que d’espérer un sursaut comorien qui verra les dirigeants du pays se respecter, se faire respecter et du même coup faire respecter le pays. Petit pays insulaire aux faibles moyens, les quatre Iles Comores n’en constituent pas moins un pays jaloux de sa dignité.
Idriss 21/03/08
Publié par Idriss Mohamed Chanfi à l'adresse 02:52 1 commentaires
mercredi 30 janvier 2008
Rétablir l'ordre à Anjouan : un enjeu essentiel
A sa naissance, notre pays fut frappé de plein fouet par deux virus : le putschisme à inspiration extérieure réalisé par des mercenaires et un séparatisme insulaire en expansion. Virus inoculés au pays par le coup d'Etat du 3 août.Personne ne peut contester que le putsch du 03 août fut la réponse française à la déclaration unilatérale d'indépendance du 06 Juillet. Si les mercenaires n'ont pas participé au putsch, Ali Swalihi Mtsashiwa eut rapidement recours à leurs services pour déloger Ahmed Abdallah Abdérémane de Ndzuani et asseoir son pouvoir. Portes ouvertes aux stratégies putschistes qui dominèrent pendant près de quinze ans avec un nombre de tentatives epoustouflant.Il est aussi clairement établi que les luttes pour l'indépendance en 1974-1975 furent marquées par l'émergence d'un séparatisme maorais arrogant, le MPM fut reveillé (par ceux qui l'avaient fortement reprimé dans les années 1960) pour entraver la marche vers l'indépendance. Obnubilé par les enjeux de pouvoir, l'opposition (Front National Uni) considera le séparatisme maorais comme un moindre mal. Le séparatisme obtint ainsi droit de cité et se tailla une grande place dans les manœuvres politiciennes. Même si Ali Swalihi fut berné par Marcel Henry et Bamana, ces derniers utilisèrent le putsch du 03 août pour larguer les amarres, le séparatisme avait acquis des positions sur la scène politique.Le putschisme perdit de son aura après les évènements sanglants de novembre 1989 et est rejetté par tous depuis le dernier coup d'Etat rocambolesque de Bob Denard qui a vu le Chef de l'Etat comorien être déporté à Burubwa par les français. L'accès au pouvoir via des élections est devenu un vrai principe que plus personne ne peut remettre en cause. L'Histoire a ainsi permis au pays de vaincre le premier virus.
179
Le séparatisme par contre continue à prospérer. Non seulement Maore a pris le large, et s'éloigne chaque jour d'avantage, mais aussi le séparatisme dans les autres îles a gagné en puissance. Ce fut d'abord Mwali qui s'insurgea et qui se trouve à la base du principe de l'équilibre des îles, paradigme séparatiste qui fait tant de mal au pays. Puis Ndzuani dont le séparatisme a mené le pays au bord de l'explosion et entrave tout pas en avant du pays depuis plus d'une dizaine d'années. Ngazidja n'est pas en reste, des organisations séparatistes ont surgi, de plus en plus de personnalités de premier plan osent brandir le drapeau du séparatisme à Ngazidja, etc.Tordre le coup au séparatisme est donc un enjeu majeur pour le pays. Il faut vaincre Mohamed Bacar par la force. Il faut organiser des procès équitables contre tous ceux qui ont posé des actes anti comoriens. Ainsi le séparatisme sera banni de notre pays. Aucun comorien n'osera plus agir contre l'integrité du pays. Tel est le vrai enjeu de l'opération qui est annoncée contre la rebellion des séparatistes de Mohamed Bacar.Le pays doit tirer les enseignements de notre propre Histoire. L'opposition doit cerner l'enjeu national et éviter les dérives politiciennes. Chacun a son opinion sur le pouvoir en place et chacun a ses raisons. Mais il est clair que sans vaincre le séparatisme, le pays continuera à tituber. Il est clair qu'il n'est plus possible de négocier avec Mohamed Bacar qui serait alors en position de force et pourrait imposé son objectif déclaré : la confédération, une "union des états indépendants des Comores" comme l'avait suggéré Rocard. Il ne s'agit pas de soutenir un pouvoir. Sambi est là et il partira en 2010. Il s'agit d'unir tout le pays pour nous donner le maximum de chance de réussir une opération risquée qui doit absolument réussir. Il est temps d'en finir avec le deuxième virus originel.Si l'ordre et la stabilité sont retrouvés à Ndzuani, le pays pourra, après le tour de Mwali, retrouver de l'apaisement et imaginer des formes d'organisation institutionnelle légère et adaptée qui éviteront d'offusquer les sentiments d'appartenance insulaire, qui assureront une décentralisation poussée et qui en même temps édifieront une nation comorienne unique dans un Etat unique composé par 4 îles, un Etat tourné vers son développement économique et social dans le respect des libertés fondamentales.Idriss (29/01/08)
Publié par Idriss Mohamed Chanfi à l'adresse 01:29
Source : Blog de IDRISS MOHAMED CHANFI http://www.blogger.com/email-post.g?blogIDAnjouan : les combats se poursuivent Mercredi 26 Mars 2008- 15:23:33 -
Alors que les autorités comoriennes affirmaient mardi soir avoir pris le contrôle de l'île d'Anjouan après que le débarquement ait débuté à l'aube, des poches de résistance persistaient. Mercredi matin, des membres des FGA continuaient à répondre aux tirs des soldats de la coalition. Mohamed Bacar restait introuvable.
Selon l'envoyé spécial de RFO à Anjouan, des échanges de tirs étaient toujours entendus du côté de Barakani, le village de Mohamed Bacar, mercredi matin. Selon Nizar Souffou, les membres de la garde rapprochée du colonel continuaient dans la matinée à répondre aux assauts des soldats de l'Armée nationale de développement (AND) et des troupes africaines mandatées par l'Union africaine. Deux zones resteraient aux mains des rebelles : Barakani donc, situé à 5 kilomètres de Mutsamudu, la capitale, et proche de Ouani, et Mirontsy, banlieue de Mutsamudu où se trouvent les cuves des hydrocarbures.
180
Cette information a été confirmée par l'envoyé spécial de l'AFP, selon lequel "des tirs d'artillerie et de mitrailleuses lourdes étaient entendus dans les environs de Ouani" mercredi matin, tandis qu'un "bateau armé d'un canon lourd de l'armée fédérale comorienne et des troupes mandatées par l'Union africaine (UA) se rapprochait de la côte devant Ouani pour participer au bombardement."
La veille au soir, l'armée comorienne annonçait avoir pris le "contrôle total" de l'île d'Anjouan,,au terme d'une opération militaire lancée dans la matinée avec le soutien de l'Union africaine. "L'île d'Anjouan est sous le contrôle total de l'armée", a déclaré le commandant Ahmed Sidi aux journalistes présents sur l'île voisine de Mohéli, mardi soir. "Pour l'instant nous ne déplorons ni mort ni blessé. Les dirigeants rebelles ont tous fui, aucun n'a encore été trouvé."
Selon les autorités comoriennes, Mohamed Bacar aurait pris la fuite déguisé en femme et chercherait à gagner en bateau l'île française de Mayotte, toute proche. "Le colonel Mohamed Bacar a été localisé dans le village de Sadanpoini, d'où il se dirige vers un endroit lui permettant de fuir à bord d'un kouassa (petit canoë) en direction de l'île de Mayotte", a déclaré Abdourahim Saïd Bacar. "Il semble, selon plusieurs sources, qu'il s'est travesti en femme", a-t-il ajouté. Une information qui reste à vérifier.
Selon un communiqué gouvernemental, le débarquement s'est déroulé sans accroc. Arrivés par bateau à l'aube après être partis de Mohéli la veille, les militaires des Comores et de l'UA ont rapidement repris le contrôle des villes de l'île. Il y a eu un "bref affrontement" dans la ville d'Ouani, et Mutsamudu, la capitale d'Anjouan, est tombée "après un court échange de tirs". Un bateau de l'AND a accosté dans la baie de Mutsamudu qui a été prise à l'issue de brefs échanges de tir. À Domoni, "on a assisté à des scènes de fraternisation entre la population et les soldats soudanais." Quelques heures auparavant, un conseiller à la défense du président comorien Ahmed Abdallah Mohamed Sambi avait annoncé la prise par les soldats gouvernementaux, aidés de 400 hommes de l'UA, de l'aéroport de l'île et de la ville de Mutsamudu.
A la mi-journée, les trois principales métropoles (Ouani, Domoni et Mutsamudu) étaient conquises, de même que les principaux camps de gendarmerie. Dans l'un d'eux, les troupes de la coalition ont découvert une vingtaine d'armes. Ces fusils d'assaut et ces lance-roquettes avaient été visiblement abandonnés par des gendarmes anjouanais qui se sont réfugiés dans les collines avoisinantes, rapporte l'AFP.
VM (avec AFP et Reuter)
181
Résolution N° 07-03 de l'AU des Comores
Vote à l'unanimité des 28 parlementaires présents dans l'hemicycle, le 12 novembre 2007
Constatant l'absence d'évolution positive des négociations dans le cadre bilatéral entre le gouvernement comorien et l'Etat français sur la question de Mayotte;
Observant avec regret les intentions formelles des autorités françaises d'éloigner d'avantage l'île de Mayotte dans son giron comorien ;
L'Assemblée de l'Union des Comores, réunie en séance plénière ce lundi 12 novembre 2007, a adopté la résolution dont la teneur suit :
Réaffirmant la souveraineté de l'Union des Comores sur l'île comorienne de Mayotte ;
Réaffirmant son engagement à consolider l'unité nationale et à préserver l'intégrité territoriale des Comores dans ses frontières internationalement reconnues ;
Conformément aux résolutions relatives à l'admission des Comores à l'Organisation de l'unité africaine, aujourd'hui Union africaine, le 18 juillet 1975 et aux nations Unies le 12
182
novembre 1975,
Condamne énergiquement le projet de l'Etat français d'organiser un référendum en 2008 à Mayotte et exige l'annulation pure et simple de cette consultation et le respect par l'Etat français de la résolution de l'ONU ;
Rappelle que les référendums organisés à Mayotte étaient nuls et non avenus et sans effets juridiques sur le plan international ;
Demande instamment au gouvernement français d'accélérer le processus de négociation avec le gouvernement comorien en vue de rendre rapidement effectif le retour de l'île de Mayotte dans l'ensemble comorien ;
Demande instamment au gouvernement comorien d'impliquer l'assemblée de l'Union des Comores dans toute négociation avec le gouvernement français sur la question de l'île comorienne de Mayotte ;
Confirme les recommandations contenues dans les résolutions qu'elle a voté (Résolution N° 05-01 du 12 novembre 2005 et Résolution N° 06-01 du 12 novembre 2006) relatives à la question de l'île comorienne de Mayotte et appelle au gouvernement comorien a demandé l'inscription de la décolonisation de l'île comorienne de Mayotte à l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations Unies ;
Exhorte le gouvernement comorien à saisir l'organisation panafricaine pour inscrire la question de Mayotte à l'Assemblée générale des Nations Unies ;
S'engage à inscrire la question de Mayotte aux agendas politiques des organisations interparlementaires (Union interparlementaire panafricaine, francophone et arabe).
Moroni, le 12 novembre 2007
183
La deuxième édition de la ''Journée nationale Maore'' a connu un succès éclatant. Plus de deux mille personnes ont assisté à la célébration officielle au palais du peuple le lundi 12 novembre. Ce même jour le parlement de l'Union a adopté une résolution demandant, entre autres, l'inscription de la décolonisation de l'île comorienne de Mayotte à l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations unies. Lors du débat populaire qui a précédé le vote de la résolution le public a exigé des exécutifs comoriens plus de fermeté sur la question. Lire les articles du dossier : Maore dans l'ensemble français;Maore : la lourde facture coloniale; Les super-puissances et nous; Résolution de l'AUMaore : la lourde facture coloniale
Participants à la cérémonie officielle de la célébration de la Journée nationale Maore
184
Maore : La lourde facture colonialeDe fricotages en bricolages constitutionnels. Une situation humanitaire dramatique imposée par le ''Visa Balladur''. Maore maintenue sous perfusion financière par la France. Une économie fragile, un appauvrissement de Maorais dépouillés de leurs terres et qui risquent dans dix ans, plus que les ''clandestins'', de devenir des étrangers chez eux d'où une immigration massive des Maorais vers la Réunion et la France.Personne ne gagne dans ce tableau. Le nouveau président français, Nicolas Sarkozy, ayant donné clairement son aval sur l’ouverture de négociations, la diplomatie comorienne doit présenter au pays la feuille de route de ces négociations, sans plus tarder. La question de l'unité et de l'intégrité ne peut relever de négociations secrètes.
Tout commence un 22 novembre 1974, les Comoriens épris de liberté s'expriment à près de 94 pour cent, pour l'indépendance de leur pays. Devant les enjeux de pouvoir et de rivalités politiques internes, le président Ahmed Abdallah Abdérémane, proclame unilatéralement d'indépendance le 6 juillet 1975.
Quatre mois après, le 12 novembre 1975, l'Organisation des Nations Unies (Onu) admet le jeune Etat comme le 143e membre de l'organisation par la résolution 3385 (XXX). Cette même résolution réaffirme clairement ''la nécessité de respecter l'unité et l'intégrité territoriale de l'archipel des Comores, composé des îles d'Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de Mohéli''.
Commenceront en France les fricotages constitutionnels pour imposer le décompte électoral île par île pour couper l'île de Maore de son ensemble, malgré la clarté des résolutions des Nations unies. Une décision lourde dont la France assume entièrement les
185
conséquences et partage la lourde facture historique. Cette séparation, cas unique de l'histoire de la décolonisation française, est aux antipodes du sacro-saint principe, dont la France s'est fait le chantre, de ''l'intangibilité des frontières héritées de l'administration coloniale'' et de ''la déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux'' (Résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960).
Dramatique visa Balladur
A peine né, le jeune Etat, la France appuie un coup d'Etat le 3 août 1975, qui allait sceller définitivement la séparation de Maore des îles sœurs.
En 2007, trente deux ans après, on en est à des décomptes macabres. Il y a eu plus de vingt mille expulsés à Maore, l'objectif fixé étant de 12000 par an. Si le même quota était respecté en France, près de 4 millions d'expulsions auraient été ordonnés sur le territoire national, un rapprochement qui démontre l'ampleur du désastre humanitaire qui se déroule sous nos yeux.
A l'origine de cette dramatique situation humanitaire, le ''Visa Balladur'', qui a poussé des milliers de Comoriens à contourner les tracasseries administratives pour entrer clandestinement, à bord de Japawas (petites embarcations de pêche), partis rejoindre leurs familles, ou chercher du travail. Des filières criminelles s'organisent par la suite, pour dépouiller des familles entières, dont la plupart périront en mer, mystérieusement. Le rapport national sur la prévention des risques parle de deux cents morts par an, en moyenne. Le bras de mer séparant Maore de l'île d'Anjouan est devenu le théâtre d'une grande catastrophe humanitaire. L'Etat comorien et l'Etat français partageant la même responsabilité, le premier par le silence, le second en dressant cette barrière à l'intérieur d'un même pays.
François Mitterrand : ''contentieux regrettable''
L'histoire retiendra ces propos tenus par le président François Mitterrand, en 1991, lors de son voyage aux Comores. La France reconnaît un ''contentieux regrettable'', promettant d'activer des négociations, pour parvenir à un règlement progressif. L'ancien premier ministre français, Michel Rocard, dira lors d'une conférence à l'American University de Washington : ''Au regard du droit international, l'administration de Mayotte par la France est illégale''. Et pourtant rien ne bouge.
La séparation de Mayotte aurait été peut-être moins douloureuse pour les Comores indépendantes, si l'île n'avait pas servi de base arrière pour tous les complots de déstabilisation du jeune Etat comorien. Douloureuse aussi la victoire des partisans de la départementalisation, qui sont parvenus avec le temps, à qualifier les Comoriens des autres îles d'''immigrés'', de ''clandestins'', chez eux.
De cet incident de l'histoire coloniale, Maore risque paradoxalement d'être le grand perdant. Maintenue sous perfusion financière de la France, l'économie reste encore fragile, le tourisme, un des secteurs de croissance identifiés, n'arrive plus à décoller. Les Maorais s'appauvrissent, dépouillés de leurs terres. Ils risquent dans dix ans, plus que les Comoriens des autres îles, de devenir des étrangers chez eux. L'île ne les retient plus, ils
186
immigrent en masse à La Réunion et en France.
Paradoxe colonial. Près de 200.000 Comoriens, vivant en France, de nationalité française pour la plupart, sont partagés. Ces Comoriens, par des transferts financiers importants, participent au développement de leurs régions et entretiennent leurs familles restées au pays.
L'intérêt des deux pays, la France et les Comores, liés par l'histoire et le sang, est de s'accorder un cadre de négociation. Le plus urgent est de supprimer le visa Balladur, en veillant à ce qu'il ne s'instaure pas à Maore une zone d'exception.
Le président Sarkozy, ayant donné clairement son aval, la diplomatie comorienne doit présenter au pays, la feuille de route de ces négociations, sans plus tarder. La question de l'unité et de l'intégrité d'un pays ne relève pas de négocions secrètes.
AAALe Moyen-Orient partenaire du développement des ComoresPort en eaux profondes, création de compagnies aériennes et maritimes
Un article paru dans le journal "Kweli" illustre les changements en cours aux Comores. L’archipel attire des investisseurs venus du Golfe Persique. Parmi eux, des Koweïtiens affirment : « Nous sommes porteurs d’un message au monde. Les Comores ayant retrouvé leur unité, renoueront avec la stabilité, la prospérité et la croissance ». Autrement dit, les investisseurs du Moyen-Orient, riche région pétrolière, sont prêts à être les partenaires du développement des Comores.
LE groupe saoudien de construction Comoro-Gulf Holding vient de signer avec les autorités comoriennes la lettre d’intention pour la construction du village touristique de Bangoi-Kouni, à quelques mètres du Lac Salé, mais aussi la construction d’un quai en eau profonde au port de Moroni. Dans une rencontre avec la presse nationale à l’hôtel Le Moroni, samedi 29 mars, le Vice-président Idi Nadhoim a rappelé que « le projet touristique du groupe koweitien du village touristique 5 étoiles Jannat-kamariyou au Nord de la Grande-Comore, d’un montant de 114 millions d’euros, est le plus grand projet jamais réalisé dans notre pays ».Il a ensuite affirmé que « les investisseurs koweitiens ont presque fini le premier projet relatif à la construction de l’hôtel Itsandra. Cet hôtel devrait passer de 24 à 50 chambres, sur la base d’un investissement de 10 millions d’euros qui va permettre au pays de disposer d’un cadre digne de nos hôtes de marque ». « Il sera inauguré en juillet 2008 », a laissé entendre le Vice-président Idi Nadhoim, avant d’annoncer que 2 grands projets sont déjà signés entre les investisseurs koweitiens et les Comores.
Développer le tourisme
Il s’agit de la création d’une compagnie aérienne et d’une compagnie maritime avec l’envoi prochain de 3 bateaux pour les passagers et les transports de marchandises inter-îles.S’agissant de la construction du port de Moroni, le chef de la délégation des investisseurs koweitiens, Président du groupe Comoro-Gulf Holding, Bachar Kiwan, a déclaré que « ce port permettra d’accueillir les gros bateaux et de diminuer le temps de déchargement des marchandises. L’opération permettra de réduire sensiblement les coûts ».Il a également souligné que son groupe deviendra le deuxième exploitant du cellulaire derrière Comores télécom, après avoir obtenu une licence. Près de 40 millions de dollars est le montant total alloué à tous ces nouveaux projets.
187
Il est à noter que depuis le 10 septembre 2007, le Vice-président Idi Nadhoim a signé avec Dubaï World, représenté par le Vice-président Khaled Al Kamda, un accord qui prévoit un partenariat qui permettra le réaménagement et la réhabilitation de l’hôtel Galawa Beach resort and Spa d’une capacité de 50 chambres, pour un montant de 70 millions de dollars.
« Un intérêt de cœur »
Une société, Dubaï World Comoros Limited, dans laquelle le Gouvernement comorien est actionnaire, a vu le jour et supervise les activités d’investissement du groupe aux Comores.Les Koweitiens disent avoir « un intérêt de cœur » pour les Comores. « Nous sommes porteurs d’un message au monde. Les Comores ayant retrouvé leur unité, renoueront avec la stabilité, la prospérité et la croissance », a affirmé Bachar Kiwan, le chef de la délégation. Le moins que l’on puisse dire, c’est que si toutes les intentions affichées par les Koweitiens, qui ne se limitent pas seulement à l’hôtellerie, aux télécommunications...., mais aussi au secteur bancaire, se sont concrétisées, les Comoriens ont l’ultime conviction qu’ils vivront un jour mieux.
Des centaines de millions de dollars prêts à être investis
Le gouvernement comorien réussit à créer des conditions favorables pour attirer des investisseurs capables de contribuer à la création de milliers d’emplois dans l’archipel. Ces quelques chiffres sont extraits d’un article d’Ali A. Bobah (HZKpresse), publié en janvier dernier.
« La vente à Dubai World Limited de la propriété de Galawa Maloudja, pour un investissement de 100 millions de dollars, et la signature d’un contrat pour la rénovation de l’hôtel Itsandra, pour un montant de 10 millions d’euros avec Comoro Gulf Holding, (société regroupant des investisseurs koweitiens et saoudiens) sont autant de signaux positifs lancés dans les milieux des affaires. Et ils démontrent au moins une chose : le sérieux des investissements projetés, permettant au secteur du tourisme de devenir le premier pôle de croissance économique, le premier secteur pourvoyeur d’emplois.Le plus important des projets, porté par le ministère, concerne l’accord signé pour la construction d’un village touristique autour du site Lac Salé, pour un montant de 150 millions de dollars. A lui seul, ce méga-projet peut créer près de 5.000 emplois directs et 15.000 indirects.Des investissements pressentis dans le domaine touchent l’exploitation de la plage de Bouni, pour un investissement de 50 millions de dollars, par Cresta Hospitality Holding. Des négociations sont aujourd’hui entamées avec les investisseurs saoudiens venus dans le cadre de la délégation conduite par la Banque Islamique de Développement pour l’exploitation de la plage de Malé dans le Sud de l’île.
Parallèlement, Idi Nadhoim, Vice-président de l’Union des Comores, négocie l’ouverture d’un Office du tourisme, qui a déjà obtenu un financement de la Chine pour la construction du bâtiment. Des négociations sont en cours de finalisation pour la constitution d’un fonds de développement touristique d’un montant de 300 millions de dollars, appuyés par l’Organisation Arabe du tourisme. Une délégation qui sera conduite par son président est attendue incessamment pour finaliser le projet.Ces projets touristiques vont devenir un pôle important de création d’emplois, pas seulement aux Comores, mais dans la région du Sud-Ouest de l’Océan indien tout entière. (...)La dimension formation est le volet prioritaire du tourisme. Une étude exhaustive devra être lancée sur les emplois, les formations et les qualifications répondant au tourisme local. Dans cette chaîne de prestations diverses connue par les touristes, chaque maillon participe à la réussite de l’ensemble, et c’est la qualité générale qui compte.(...) »
Source :Témoignages du lundi 7 avril 2008 (page 9)http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=29013
188
Quand les puissances mondiales s'intéressent aux comores
Au-delà de l'aspect affectif, l'islam comorien représente un argument commercial de poids : "Les Comores sont l'un des rares pays musulmans où le climat est favorable. Les familles du Golfe pourront y séjourner en famille, dans un cadre touristique, avec la sécurité et le respect de la culture musulmane." Sambi a-t-il favorisé ce regain d'intérêt ?
On peut penser que son personnage de prédicateur affable, son turban et sa prédilection marquée pour la culture orientale ont contribué à rassurer les gros bonnets du Golfe et à faire briller le vernis arabisé de l'archipel.
Cela suffit-il pour expliquer l'intérêt suscité par les Comores ? Pas pour un cadre du gouvernement, qui voit aussi un enjeu géopolitique dans cette forte présence orientale. "L'intervention arabe est liée à la donne américaine par rapport aux Iraniens", estime-t-il. "Les Iraniens sont venus dès le début du mandat. Tout le monde a dit qu'une mallette de 800 millions avait été donnée à Sambi. Est-ce vrai ? En tous cas, ils se sont de suite installés, avec notamment le Croissant Rouge iranien à Anjouan. Ils ont entrepris des démarches pour ouvrir un consulat, ont donné aux Comores un local pour leur ambassade à Téhéran, un internat a été offert aux étudiants comoriens de Madagascar…
189
L'enjeu pour les Américains, c'est : 'Ou on laisse Sambi seul avec les Iraniens, ou on lui propose d'autres alternatives'."
Source :Kashkazi N° 69
De l'Arctique à l'Antarctique, en passant par le pacifique, l'Atlantique, la Méditerranée et l'Océan indien, les pays les plus puissants politiquement et militairement de la planète y ont installé, entretiennent et renforcent chaque année, souvent à des distances astronomiques de leurs propres territoires, de formidables armadas de guerre. Ils y dépensent des sommes colossales pour défendre des intérêts et des ''droits'' - y compris et paradoxalement onusiens - qu'ils se sont octroyés par la force brutale. Et nous autres dans tout ça?
Par Madjuwani Hasani
Tous nos malheurs viennent de la France''. Vous avez là, sans le moindre doute, l'une des affirmations politiques les plus populaires dans notre pays. Chez certaines catégories de la population - du fait du très douloureux problème de Maore, de l'incroyable séparatisme anjouanais et des difficultés chroniques du pays à s'ouvrir réellement au monde - cette conviction relègue loin derrière, les conséquences les plus désastreuses des pires agissements (corruption, opportunisme, népotisme, régionalisme, etc.) qu'on attribue à la presque totalité des leaders politiques, aux affaires ou à l'opposition, du pays.
La raison de cette hiérarchie si soupçonneuse à l'égard de l'ancienne métropole est, pour ses tenants, évidente : les agissements des auteurs de corruption et les opportunistes poursuivent des objectifs ''bassement'' matériels qui s'appellent ''enrichissement personnel'', un poste dans la haute administration d'Etat ou encore un… visa d'entrée au ''paradis'' hexagonal. Ces agissements peuvent, certes, aller jusqu'à ruiner les caisses de l'Etat, désorganiser l'administration avec les conséquences parfois graves que cela peut entraîner, mais n'impliquent, en aucune manière, des intérêts politiques et stratégiques
190
d'un tiers extérieur au pays et ne mettent pas en cause, fondamentalement, l'Etat et la nation et pour une raison évidente : ces derniers ne constituent pas l'enjeu de la démarche condamnable. Autrement dit, aussi blâmables et dangereux soient-ils ces agissements sont à usage interne et ponctuels.
Ce qu’ils cherchent, nos aspirations
Tel ne serait pas le cas des malheurs consécutifs aux problèmes qui sont supposés nous venir des agissements de puissances tierces. Ici, le postulat populaire est d'une simplicité qui désarme : par principe, les intérêts politiques et stratégiques de deux pays ne peuvent que très exceptionnellement aller ensemble. Surtout si - comme c'est le cas en ce qui concerne notre pays - cela se passe entre, d'un côté, des intérêts stratégiques politiques, militaires, économiques et de grande puissance considérés comme vitaux pour un poids lourd de la politique internationale et, de l'autre, ceux d'un pays nain comme les Comores.
Dans un tel cas de figure, ce que cherche une grande puissance qui vient, par exemple, s'installer dans l'Océan indien à des milliers de kilomètres de chez elle ne peut être, en tout point et à aucun moment, compatible avec les intérêts des quatre malheureuses îles Comores, des quelques millions de Malgaches et de Réunionnais et des quelques dizaines de milliers de Seychellois qui, eux, n'aspirent qu'à pouvoir vivre librement et à s'épanouir pleinement dans leurs pays et leur région. Des aspirations qui n'entrent en conflit avec aucun autre intérêt stratégique et politique fondamental d'aucun autre pays de la région ni même d'ailleurs.
Brutale et… ''neutre''
A côté de cette méfiance populaire traditionnelle, il se fait jour, de plus en plus, une autre thèse. Selon elle, si cette présence massive des puissances occidentales dans les mers - la France dans l'Océan indien par exemple - est incontestable, elle est ''neutre'' et ne gène en rien l'épanouissement et le développement des pays riverains - les Comores, par exemple. Les déstabilisations, les chamboulements et les échecs en série de notre pays seraient, donc, le seul fait des politiques locales et des dirigeants des pays et n'impliqueraient, en rien, la politique et les intérêts français dans la région.
Cette thèse de la ''neutralité'' de la présence militaire que l'on sait unilatérale et brutale est, de plus en plus, développée par de nombreux cadres et par la plupart des jeunes membres de la classe politique de notre pays. On en a vu une preuve magistrale à l'occasion de la campagne des dernières élections présidentielles des îles autonomes.
Selon cette tendance, une puissance peut maintenir sa présence dans une région sans qu'elle soit obligée d'avoir la haute main sur les affaires des pays riverains. Autrement dit, les centaines de milliers d'hommes qui vivent vingt quatre heures sur vingt quatre et du 1er janvier au 31 décembre juchés dans des dizaines de bâtiments de guerre de tout genre avec le formidable déploiement des techniques de communication les plus futuristes, sont dans les mers juste pour filmer les merveilleuses danses des bans de poissons et admirer les superbes levers et couchers de soleil.
191
On veut juste comprendre...
Ainsi donc, la présence française dans l'Océan indien - en ce qui nous concerne - n'aurait rien à voir, par exemple, avec la situation dans laquelle ont évolué les séparatismes maorais depuis plus de trente ans et, aujourd'hui, anjouanais. Elle n'aurait rien à voir avec les incroyables difficultés politiques et de développement chroniques des Comores depuis leur accession à la souveraineté internationale. Autrement dit, ce serait sans l'aide de personne que depuis plus de trente ans les séparatistes maorais ont résisté à l'Etat comorien, à l'Onu, à l'Oua, à Ligue des Etats arabes et la Ligue islamique, et que le séparatisme anjouanais peut, depuis plus de dix ans maintenant, s'en tirer après deux conflits armés, venir à bout, résister ou détourner deux embargos et tenir tête à l'armée comorienne, à l'Ua et à la communauté internationale.
Dans ce cas, il faudra qu'on nous fasse gober que c'est pour un besoin pressant de contempler le paysage des mers qu'un pays vient chez un autre décider que, désormais, une partie de son territoire a une histoire différente du reste, l'en sépare violemment, prend le risque de se mettre, en droit, au banc des nations en y imposant, par la seule loi de la force, les institutions qui lui conviennent. Il faudra qu'on nous explique pourquoi un pays met tellement de cœur et d'ardeur à venir s'installer à côté d'un autre, des millions de fois plus faible que lui, l'humilier en l'amputant d'une partie de soi. Il faudra qu'on nous dise pourquoi un pays envoie ses mercenaires ou ses soldats déstabiliser, ''sécuriser'' ou occuper un autre.
La véritable force
Il faudra qu'on nous fasse avaler que c'est pour mieux dégager le paysage qu'un pays vient chez vous déporter, en toute aise et quiétude, ici, votre président pour raison de ''maladie'' et là-bas, pour ''trafic de drogue''. Il faudra qu'on nous explique, last but not least, comment des milliards de gens, des peuples de dizaines de pays, de l'hémisphère nord à l'hémisphère sud, depuis des générations et toute générations confondues, peuvent être si cons pour croire, depuis toujours, dur comme fer, qu'une bonne partie de leurs malheurs sont le fait de certains agissements, toujours les mêmes.
Pour toutes ces interrogations restées sans réponse, la thèse de l'innocence de la force brutale se défend difficilement. Elle constitue, au moins, un parfait non-sens car elle est contraire à la raison d'être si ce n'est à la définition même de grande puissance. En effet, la seule réalité intelligible, accessible à l'esprit et cohérente, celle que nous voyons tous les jours par rapport à ces forces, c'est que l'une - la présence - ne se conçoit pas sans l'autre - le contrôle ; qu'aussi bien en principe que dans la pratique quotidienne, ils sont vitalement liés et que ce contrôle ne s'exerce pas uniquement sur les mers en tant qu'étendus, richesse et lieux de passage, mais surtout et nécessairement sur les pays qui habitent ces mers en tant qu'acteurs des évènements qui s'y déroulent et, par conséquent, nécessairement, sur la politique, la diplomatie et le développement des dits pays.
Il reste - et en cela les partisans de la présence ''neutre'' n'ont pas totalement tort - que cette réalité ne dédouane pas les dirigeants des pays ''sous contrôles'' dans les malheurs et l'humiliation que suppose nécessairement cette présence. En effet, si en venant chez les autres, les grandes puissances prétendent venir protéger leurs intérêts, en servant ces
192
intérêts et en s'inscrivant, quelque soit le prétexte, dans leur stratégie, les responsables locaux ouvrent une voie royale et offre un semblant de légalité aux propres adversaires (ennemis ?) de leurs pays. C'est d'ailleurs, en réalité, dans ce dernier tour de passe-passe qui réussit à transformer la loi de la force brutale en une force ''légitime'' (car admise), que réside la véritable force de ces pays qui ne sont autres que les seigneurs des mers modernes.
Madjuwani
LES DOSSIERS DE JEUNE AFRIQUE
COMORES : Sortie de crise
14 novembre 2004
Obligation de résultatsPar Jean-Dominique Geslin
193
Les Comores sont aujourd'hui convalescentes. Après sept années de crise institutionnelle, l'archipel a finalement su résister aux fièvres séparatistes qui ont menacé son unité pendant plusieurs années. Avec la tentative de sécession d'Anjouan, en août 1997, les plus pessimistes ont bien cru que l'État comorien, déjà amputé de Mayotte lors de son accession à l'indépendance, ne survivrait pas. Autant dire que l'Union revient de loin. D'ailleurs, elle n'est pas encore complètement sauvée, tant le processus qui a conduit à la réunification du pays demeure fragile. D'Antananarivo en avril 1999 à Moroni en décembre 2003, sans oublier Fomboni en février 2001, les protagonistes de la crise ont déjà signé de multiples accords, n'hésitant pas ensuite à les remettre en question à la première occasion. Depuis le début de l'année, néanmoins, le processus semble sur la bonne voie, et l'on peut raisonnablement espérer qu'il ira jusqu'à son terme.
C'est plus que souhaitable. Car, après avoir vécu pareille aventure, les Comoriens n'ont plus le droit à l'erreur. Qu'il s'agisse de l'Union africaine, de l'Organisation internationale de la Francophonie, de l'Afrique du Sud, de la France ou de Maurice, les divers médiateurs n'ont ménagé ni leurs efforts ni leur patience. Et malgré l'énergie affichée au cours de leurs missions de bons offices, les diplomates impliqués dans le règlement de la crise semblent quelque peu fatigués du feuilleton comorien. D'ailleurs, les principaux acteurs politiques en ont conscience. « Nous devons tenir nos promesses vis-à-vis de la communauté internationale, estime Mohamed Issimaïla, le porte-parole du gouvernement de l'île de Ngazidja (Grande Comore). Si elle ne s'était pas engagée dès le début de la crise, en 1997, on parlerait aujourd'hui des Comores comme on parle de la Somalie : un État-fantôme... On peut vite nous oublier, car nous ne pesons pas lourd sur l'échiquier mondial. C'est pourquoi il faut prendre garde au risque de lassitude de nos partenaires. » Même message du côté du pouvoir fédéral, qui compte bien faire fructifier cette confiance retrouvée. « Nous sommes en négociations avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour bénéficier d'un programme d'allègement de notre dette, explique le président Azali Assoumani. La balle est dans notre camp. Nous allons faire tous les efforts possibles et élaborer un budget d'austérité, pour l'obtenir. Car sans allègement de dette, il n'y a pas de développement socio-économique possible. » Bref, la toute jeune Union des Comores est désormais soumise à une obligation de résultats. Et ses amis auraient certainement beaucoup de mal à admettre un nouvel échec.
14 novembre 2004
L'année de tous les espoirs
194
Par Cherif Ouazani
Après avoir vaincu les démons du séparatisme, l'Union des Comores, une fédération née dans la fureur des ambitions frustrées, à l'issue d'une gestation d'un lustre qui a failli se transformer en agonie, se prépare à un autre défi : celui du développement économique. Sans grande richesse minière, ce pays aux allures lunaires ne dispose que de sa bonne volonté pour convaincre la communauté internationale de l'accompagner dans sa lutte contre la pauvreté, un fléau qui touche plus d'un Comorien sur deux. Comment peut-il en être autrement pour une économie qui exporte annuellement pour 11 milliards de francs comoriens alors que ses besoins frisent les 30 milliards ! En attendant un rééquilibrage des recettes et dépenses, l'aide internationale est donc vitale. L'Union des Comores a, heureusement, de nombreux amis parmi les pays de la région et d'autres plus lointains, qui se montrent régulièrement généreux à son égard. Elle peut également compter sur une diaspora qui n'oublie pas le bled.
Mais tout cela est bien dérisoire face à l'ampleur des chantiers en cours : développer les infrastructures et les services, mettre à niveau l'agriculture, et surtout, améliorer le revenu des ménages, donc le pouvoir d'achat de la population. Car il ne faut pas s'y tromper. La solution politique qui a permis de doter l'Union d'institutions élues demeure fragile. Sa consolidation passe nécessairement par une paix sociale d'au moins une décennie, le temps, pour chacune des trois îles composant l'Union, de connaître le parfum enivrant du pouvoir de décider pour tous. En effet, la Constitution prévoit une rotation du pouvoir entre les trois îles de l'Union, avec l'exercice d'un mandat présidentiel d'une durée de quatre ans par île. Or il n'y a pas de trêve politique possible sans l'établissement de la stabilité socio-économique. Les dépenses étant incompressibles, améliorer les recettes passe par une hausse sensible des investissements. Au vu des moyens de l'État, ceux-ci ne peuvent provenir que de partenaires institutionnels ou privés. Pour y parvenir, les simples mesures attractives pour les investissements directs étrangers ne seront pas suffisantes. Moroni devra, d'abord, gagner une bataille : celle de l'image. Comment se débarrasser de cette fâcheuse réputation de paradis pour barbouzes préretraités, pour mercenaires en mal de mauvais coups et pour politiciens véreux ? Cette étiquette qui colle aux plages de sable blond et aux récifs de l'archipel décourage tout projet industriel, touristique ou financier. La stabilité politique devrait contribuer à effacer cette triste réputation. Reste à savoir si ce sera suffisant.
La mise en place de nouvelles institutions et l'adoption d'une Constitution ayant pris beaucoup de temps, une véritable course contre la montre est aujourd'hui imposée au gouvernement d'ouverture du président Azali Assoumani. Et le prochain exercice est celui
195
de tous les dangers, car en 2005 la gestion des maigres ressources comoriennes sera passée au peigne fin par les institutions de Bretton Woods. L'allègement de la dette extérieure passe par cette redoutable épreuve et Moroni a déjà grillé son joker : aucune circonstance atténuante ne lui sera accordée en cas d'échec. Pourquoi ? Le Fonds monétaire international a déjà suspendu ses relations avec l'archipel pour exiger une plus grande lisibilité de la répartition des compétences budgétaires entre les îles et l'Union. La fin de la transition a abouti à la reprise du dialogue avec le FMI, qui a dépêché une mission d'évaluation durant le premier trimestre 2004. Résultat : la reprise des négociations pour la conclusion d'un nouveau programme est conditionnée par l'application effective des accords politiques et le retour au pragmatisme budgétaire. Si 2004, avec l'entrée en vigueur des accords de Fomboni et les élections législatives, était l'année de toutes les incertitudes, 2005 devrait être celle de tous les espoirs. Espéront qu'ils ne seront pas déçus.
14 novembre 2004
Nouvelle èreSamy Ghorbal, envoyé spécial à Moroni
Après sept années de crise politique et institutionnelle, l’archipel a retrouvé une certaine stabilité. Reste à mener à bien la transition... et à relancer l’activité économique.
Les Comores reviennent de loin. Fragilisées dès leur accession à l'indépendance par le maintien de Mayotte dans le giron français, marquées par l'échec de l'expérience révolutionnaire engagée par Ali Soilih entre 1975 et 1978, éprouvées ensuite par une succession presque ininterrompue de tentatives - réussies ou avortées - de coups d'État, elles ont failli voler en éclats. La faute au séparatisme. La double crise née de la sécession anjouanaise et du renversement le 30 avril 1999 d'un régime légal, mais défaillant, par le chef de l'armée, le colonel Azali Assoumani, a paralysé l'archipel entre 1997 et 2001. Qui alors aurait pensé que les Anjouanais, habitués à s'autogérer et devenus maîtres de leur destin, accepteraient de réintégrer sans discuter le giron comorien ? Qu'un nouvel ensemble vaguement confédéral, baptisé Union, avait une chance de fonctionner, malgré la très lourde architecture institutionnelle imaginée pour faire cohabiter des îles qui avaient rompu tout dialogue ? Contrairement aux prévisions les plus pessimistes, le verdict des urnes a mis fin à la véritable guerre de tranchées politico-juridique qui opposait le président Azali à ses détracteurs de la mouvance des « dinosaures » (notables), sans torpiller au passage le processus de réconciliation engagé avec Anjouan par le chef de l'État... Au terme, il est vrai, d'un processus fertile en psychodrames et en rebondissements. Le dernier en date aura duré presque deux ans :
196
une grave crise a opposé le pouvoir central à l'exécutif insulaire de Ngazidja (Grande Comore), avec pour enjeu la répartition des compétences. Mais, aujourd'hui, le bout du tunnel est proche. Les élections aux Assemblées des îles et de l'Union ont été organisées entre mars et mai 2003 et n'ont pas donné lieu à de véritables contestations. Le camp présidentiel, dont les couleurs étaient défendues par la Convention pour le renouveau des Comores (CRC) d'Abdou Soefo, a limité les dégâts, sans parvenir néanmoins à l'emporter. Le chef de l'État a tiré les leçons de son revers et repris la main en formant, en juillet, un gouvernement d'union. Il y a fait participer des ministres désignés par les exécutifs d'Anjouan - Ahamadi Abdoulbastoï au Budget et aux Finances - et de Mohéli - Saïd Hamza au Plan et à l'Aménagement du territoire. En revanche, le président de Ngazidja, Mzé Abdou Soulé el-Bak, a refusé de participer à la coalition. « Nous avions posé nos conditions, explique Mohamed Issimaïla, porte-parole du gouvernement de Ngazidja. Nos électeurs n'auraient pas compris que nous fassions un chèque en blanc à l'Union, alors qu'elle nous a asphyxiés et privés de l'essentiel de nos compétences pendant deux ans. » Sur le front institutionnel, les députés, malgré beaucoup de contretemps, mettent la dernière touche aux lois organiques qui vont délimiter précisément le partage des compétences entre l'Union et les îles. Et les organes prévus par la Constitution de 2001 - la Cour suprême, les cours d'appel, etc. - ont été installés ou sont sur le point de l'être. Bref, la phase de rodage se termine. Côté diplomatique, malgré des frictions avec les bailleurs de fonds, les liens ont été rétablis avec la communauté internationale. Parmi les « amis des Comores », la France, la Commission de l'océan Indien, l'Afrique du Sud, l'Union africaine, la Ligue arabe et l'Organisation internationale de la Francophonie se sont largement impliquées depuis février 2001, date de la signature des accords de Fomboni scellant la réconciliation avec Anjouan, pour aider les différentes parties à surmonter leurs divergences et à trouver un accord global. Des personnalités comme le président sud-africain Thabo Mbeki, le secrétaire général de la Francophonie Abdou Diouf ou le Premier ministre mauricien Paul Bérenger ont ainsi fait le voyage de Moroni, à la fin de l'an dernier, pour arracher la signature de tous les acteurs de la crise et lancer le processus électoral. Cette intervention internationale a apaisé les esprits et reste la meilleure garantie des accords du 20 décembre 2003. Les Comores ont engrangé les dividendes de la normalisation. Un accord d'allègement de la dette avec le FMI est de nouveau envisageable à l'horizon 2006. Les rapports avec la France, malgré la question épineuse de Mayotte, se sont réchauffés. Les deux pays négocient en ce moment les modalités d'une rencontre à l'Élysée entre Jacques Chirac et Azali Assoumani. L'entrevue pourrait avoir lieu au premier semestre 2005. L'Afrique du Sud vient, quant à elle, d'ouvrir une ambassade à Moroni. Les Américains pourraient, eux aussi, revenir, avec la possible installation d'un centre culturel à Moroni. La fin de la transition, qui sera effective quand le chef de l'État promulguera les lois
197
organiques actuellement en discussion, ne va cependant pas régler tous les problèmes de l'archipel. Car la réponse institutionnelle apportée à la double crise qui l'a paralysé depuis 1997 en a engendré de nouveaux. Les Comores, qui comptent à peine plus de 600 000 habitants, se retrouvent aujourd'hui dotées de quatre présidents, d'un chef de l'État et de trois chefs de l'exécutif insulaire, d'autant de gouvernements et d'Assemblées législatives, d'une armée de ministres, de directeurs de cabinet, de chargés de mission et d'une pléthore d'institutions à vocation soit fédérale, soit insulaire. Les dépenses publiques - principalement la masse salariale -, qui avaient été relativement bien maîtrisées jusqu'alors, ont connu une inflation considérable en 2004. Une partie des difficultés budgétaires actuelles (les salaires des fonctionnaires accusent plus de deux mois de retard) provient de là, et de douloureux correctifs devront être apportés. Dans le même temps, tous les acteurs, à commencer par les autorités de l'Union, devront absolument résister à la tentation de remettre en question le compromis initial, qui reste fragile. Le système actuel, avec ses structures surdimensionnées et budgétivores, et ses procédures complexes, est tout sauf parfait. Il ressemble même, à bien des égards, à une usine à gaz. Mais c'est peut-être le « moins pire » de tous. Les démons séparatistes, refoulés mais pas totalement exorcisés, pourraient refaire surface à la moindre remise en question des accords du 20 décembre 2003. Les Comores sont donc condamnées à aller au bout de la logique institutionnelle qu'elles se sont choisie. Elles doivent expérimenter la présidence tournante entre les îles, prévue par la Constitution, et qui est le ciment des nouvelles institutions. La présidence de l'Union, assumée par le président Azali, un Grand Comorien, doit être confiée en 2006 à un Anjouanais, avant de revenir, en 2010, à un Mohélien. Ce n'est qu'à l'issue d'une rotation complète, lorsque chacun aura pu évaluer les avantages et les inconvénients du système, qu'il deviendra possible de l'amender. Toute intervention prématurée risquerait d'apparaître comme une opération politicienne, effectuée au détriment d'une partie, qui serait alors tentée de remettre ce processus en question. Et, pourquoi pas, de quitter l'Union... Enfin, maintenant que s'achève le cycle de la transition, les hommes politiques comoriens, toutes obédiences confondues, vont devoir s'attaquer effectivement au problème du sous-développement. C'est l'échec économique qui a formé le terreau propice au séparatisme. Reprochant au pouvoir central d'avoir négligé leur île, les Anjouanais ont commencé par demander le rattachement à la France, l'ancienne puissance coloniale. Un rattachement pour eux synonyme d'aide sociale et d'accès au RMI - le revenu minimum d'insertion en vigueur à Mayotte. À Anjouan comme ailleurs sur l'archipel, l'État s'est montré défaillant. Au lieu de s'améliorer, les conditions de vie des Comoriens n'ont cessé de se dégrader depuis 1975. Fatiguée par leurs querelles, la population ne fait plus confiance à ses dirigeants. Elle n'en peut plus d'attendre. La solidarité familiale, les réseaux d'entraide villageoise et les transferts d'argent de la diaspora ont permis jusqu'à présent d'éviter le pire, notamment sur l'île de Ngazidja, la
198
plus peuplée de l'archipel, où les structures communautaires demeurent très vivaces. Mais il serait temps que l'État prenne le relais pour dessiner les contours d'un avenir meilleur. C'est évidemment plus facile à dire qu'à faire. Mais si l'allègement de la dette - qui représente l'équivalent de neuf années de recettes budgétaires cumulées - finissait par survenir, tout deviendrait alors possible...
Source : jeuneafrique.com
Questions pour entretiens :
Sujet : « Le séparatisme aux îles Comores et ses enjeux géopolitiques »
Lieu et date :
Nom et prénom : NASSOR HALIFA Fatouma
199
Fonction : Etudiante en Master Géopolitique
Nom et prénom :
Fonction :
1-Peut-on parler de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
2-Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème
comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?
3-L’État unitaire est-il viable ?
4-Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?
5-D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?
6-Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?
7-Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?
8-Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession
d’Anjouan ?
9-Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?
10-Croyez-vous que c’est possible un jour ?
11-Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?
12-Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?
13-Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?
14-L’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité
aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?
15-Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?
16-Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ?
C’est très possible, car le phénomène des Kabayila et wamatsaha est très fort à Anjouan. Et les réactions de ces deux autorités peuvent être nourries d’esprit de vengeance.
200
17-Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir
militairement à Anjouan?
18-L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humanitaire, peut-on
parler d’un succès de l’Union africaine?
19-Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme
les troupes de l’UA et l’AND ?
20-La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de
cette orientation ?
Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.
Merci de votre collaboration.
Questions pour entretiens :
Sujet : « Le séparatisme aux îles Comores et ses enjeux géopolitiques »
Lieu et date :
Nom et prénom : NASSOR HALIFA Fatouma
Fonction : Etudiante en Master Géopolitique
Nom et prénom :
Fonction :
1-Peut-on parler de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
2-Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème
comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?
3-L’État unitaire est-il viable ?
4-Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?
5-D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?
6-Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?201
7-Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?
8-Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession
d’Anjouan ?
9-Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?
10-Croyez-vous que c’est possible un jour ?
11-Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?
12-Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?
13-Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?
14-L’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité
aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?
15-Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?
16-Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ?
C’est très possible, car le phénomène des Kabayila et wamatsaha est très fort à Anjouan. Et les réactions de ces deux autorités peuvent être nourries d’esprit de vengeance.
17-Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir
militairement à Anjouan?
18-L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humanitaire, peut-on
parler d’un succès de l’Union africaine?
19-Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme
les troupes de l’UA et l’AND ?
20-La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de
cette orientation ?
Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.
Merci de votre collaboration.
202
Questions pour entretiens :
Sujet : « Le séparatisme aux îles Comores et ses enjeux géopolitiques »
Lieu et date :
Nom et prénom : NASSOR HALIFA Fatouma
Fonction : Etudiante en Master Géopolitique
Nom et prénom :
Fonction :
1-Peut-on parler de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
2-Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème
comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?
3-L’État unitaire est-il viable ?
4-Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?
5-D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?
6-Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?
7-Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?
8-Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession
d’Anjouan ?
9-Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?
10-Croyez-vous que c’est possible un jour ?
11-Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?
12-Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?
13-Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?203
14-L’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité
aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?
15-Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?
16-Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ?
C’est très possible, car le phénomène des Kabayila et wamatsaha est très fort à Anjouan. Et les réactions de ces deux autorités peuvent être nourries d’esprit de vengeance.
17-Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir
militairement à Anjouan?
18-L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humanitaire, peut-on
parler d’un succès de l’Union africaine?
19-Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme
les troupes de l’UA et l’AND ?
20-La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de
cette orientation ?
Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.
Merci de votre collaboration.
Questions pour entretiens :
Sujet : « Le séparatisme aux îles Comores et ses enjeux géopolitiques »
Lieu et date :
Nom et prénom : NASSOR HALIFA Fatouma
Fonction : Etudiante en Master Géopolitique
Nom et prénom :
Fonction :
204
1-Peut-on parler de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
2-Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème
comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?
3-L’État unitaire est-il viable ?
4-Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?
5-D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?
6-Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?
7-Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?
8-Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la
sécession d’Anjouan ?
9-Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?
10-Croyez-vous que c’est possible un jour ?
11-Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?
12-Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?
13-Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?
14-L’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la
stabilité aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?
15-Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?
16-Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ?
C’est très possible, car le phénomène des Kabayila et wamatsaha est très fort à Anjouan. Et les réactions de ces deux autorités peuvent être nourries d’esprit de vengeance.
17-Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir
militairement à Anjouan?
205
18-L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humanitaire,
peut-on parler d’un succès de l’Union africaine?
19-Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied
ferme les troupes de l’UA et l’AND ?
20-La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous
de cette orientation ?
Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.
Merci de votre collaboration.
Questions pour entretiens :
Sujet : « Le séparatisme aux îles Comores et ses enjeux géopolitiques »
Lieu et date :
Nom et prénom : NASSOR HALIFA Fatouma
Fonction : Etudiante en Master Géopolitique
1-Peut-on parler de la fin du séparatisme aux îles Comores ?
2-Le gouvernement Sambi parle d’une révision de la constitution, est ce que le problème
comorien est il vraiment d’ordre constitutionnel ?
3-L’État unitaire est-il viable ?
4-Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?
5-D’après vous pourquoi Anjouan veut-elle se séparer ?
6-Pourra- t-elle s’en sortir sans les autres îles ?
7-Êtes-vous d’accord pour l’indépendance d’Anjouan ? oui/non, pourquoi ?
8-Pensez-vous que le rattachement de Mayotte à la France a eu une influence sur la sécession
d’Anjouan ?206
9-Souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien? Pourquoi ?
10-Croyez-vous que c’est possible un jour ?
11-Que reste-t-il des Comores ou de Comorien à Mayotte ?
12-Avez-vous votez oui ou non à l’indépendance des Comores ? Pourquoi ?
13-Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?
14-L’ONU, l’UA, la France et beaucoup de pays se sont mobilisés pour le retour à la stabilité
aux Comores, que pensez-vous de leurs actions ?
15-Que pensez-vous de l’intervention militaire à Anjouan ?
16-Pensez-vous qu’il y a un vice caché sur cette intervention ?
C’est très possible, car le phénomène des Kabayila et wamatsaha est très fort à Anjouan. Et les réactions de ces deux autorités peuvent être nourries d’esprit de vengeance.
17-Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 10 ans après pour intervenir
militairement à Anjouan?
18-L’intervention militaire vient d’avoir lieu sans résistance, sans dégâts humanitaire, peut-on
parler d’un succès de l’Union africaine?
19-Pourquoi Mohamed Bacar ne s’est pas battu alors qu’il a dit qu’il attendait de pied ferme
les troupes de l’UA et l’AND ?
20-La politique de Sambi est jugée trop favorable aux pays musulmans, que pensez-vous de
cette orientation ?
Dites nous en quelques lignes les priorités du pays selon vous.
Merci de votre collaboration.
207
208
209
MAYOTTE, UNE EXCEPTION GÉOPOLITIQUE MONDIALE
Gérard-François Dumont recteur, professeur à l’Université de Paris-Sorbonne, président de la revue Population et Avenir, 191, rue Saint-Jacques, 75005 Paris. Tél/fax 01 34 51 49 92. UNE MONTÉE DE L’ÉMIGRATION
Outre ce risque d’instabilité à Mayotte, qui peut avoir des conséquences pour la géopolitique de la France, il faut en ajouter un autre, avec l’émigration vers la Réunion, qui s’effectue dans des conditions qui n’améliorent pas la situation sociale et, donc, la stabilité politique, dans ce département.
210
Territoire à risques, Mayotte est également un atout géopolitique incontestable. Il assure à la France une présence dans l’océan Indien depuis une position exceptionnelle, puisque Mayotte se situe entre l’Afrique continentale (à 400 km) et Madagascar (à 300 km), tout en étant proche à vol d’avion du pays africain le plus développé, l’Afrique du Sud.
Mayotte offre aux armées françaises une précieuse base susceptible d’être utilisée pour de nombreuses opérations à conduire soit directement soit dans le cadre d’une coalition internationale. Avec Mayotte, la France dispose également, tout près de l’Afrique continentale, d’un lieu pouvant abriter telle ou telle négociation géopolitique, officielle ou secrète.
En outre, Mayotte pourrait, en s’inspirant des réussites de Maurice, de Singapour ou de Taiwan, devenir un pôle de développement remarquable dans une région qui a besoin de locomotives économiques. Sa croissance démographique, en particulier, pourrait être un moteur essentiel du désenclavement de Mayotte, justifiant l’ouverture d’une ligne aérienne régulière avec la métropole, qui entraînerait donc une attractivité touristique et économique accrue. Elle est aussi une chance parce qu’elle pourrait conduire à créer un marché relativement important susceptible d’intéresser entreprises et investisseurs, même si le coût de la vie et celui de la main-d’œuvre sont incomparablement plus élevés que dans les pays voisins.
En s’appuyant sur son appartenance à l’ensemble français, en prenant en compte le fait qu’avec 160000 habitants, elle n’est plus un marché marginal, en valorisant ses atouts touristiques, en profitant de son positionnement géographique près de l’Afrique orientale et australe, Mayotte peut, à condition de déployer de bonnes stratégies, réussir son avenir, ce qui augmenterait le poids géopolitique de la France.
Enfin, il faut souligner combien cette petite île volcanique, faisant géographiquement partie de l’archipel des Comores, dans la partie ouest de l’océan Indien, entre l’Afrique et Madagascar, à l’entrée nord du canal du Mozambique, met en évidence certaines constantes géopolitiques. En effet, à l’origine de son histoire française, en 1841, se trouvent les rancœurs des Mahorais contre les anciens sultans d’Anjouan, et, notamment, le fait que le sultan Andriantsouli, qui régnait alors sur l’île, était lassé des querelles entre les sultans des Comores et cherchait l’appui d’une puissance extérieure. De son côté, la France, qui avait perdu l’île de France (Maurice) sous Napoléon au profit de l’Angleterre, cherchait un abri maritime sûr dans l’océan Indien. C’est pourquoi, le 25 avril 1841, Andriantsouli co-signa, avec le commandant Pierre Passot, le traité de cession de Mayotte à la France (contre la somme de 1000 piastres), traité qui fut ratifié par Louis-Philippe, roi des Français, le 13 juin 1843.
Dans les années 2000, la situation est semblable. Les Mahorais désirent demeurer au sein d’une puissance et ne veulent en aucun cas rejoindre l’État des Comores ou être indépendants, d’où leur volonté tenace de ne pas être un simple TOM. Quant à la France, à condition de
211
concourir intelligemment au développement de l’île, elle a un intérêt géopolitique à conserver Mayotte dans son giron.
Au contraire, d’autres carrefours maritimes et points de passage (ou leurs approches) demeurent gardés par des bases militaires dont la disparition n’est absolument pas envisagée par la puissance tutélaire : mentionnons ainsi les bases britanniques de Dekelia et Akrotiri (Chypre, approches du canal de Suez) et de Gibraltar; françaises à Mayotte (canal du Mozambique) et à Djibouti (détroit de Bab el-Mandeb) ; américaines à Naples, Diego Garcia, Singapour (point d’appui), Guam; Guantanamo (Cuba), Ceiba (Puerto Rico), Andreos (Bahamas) (approches orientales des Caraïbes) et Thule (Groenland).
Notes
[1] Le degré d’ouverture de l’économie mondiale est cependant à nuancer : il faut attendre 1990 pour que les taux d’exportation des pays occidentaux retrouvent les niveaux de 1913 (15 % du PIB).
[2] Frédéric LASSERRE, « Internet : la fin de la géographie ? », Cybergéo, Revue européenne de géographie, no 141, 2000, pp. 15-19.
[3] RAPPORT DE LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT (CNUCED), Genève, Review of Maritime Transport 2001, 2002, p.10; Laurent CARROUÉ, « Ces espaces hors la loi du transport maritime », Manière de voir, no 65, 2002, p. 67 ; Idem., Géographie de la mondialisation, Paris, Armand Colin, 2002, pp. 89-96.
[4] Lire, au sujet de la dépendance économique croissante envers le commerce maritime, André VIGARIÉ, Géostratégie des océans, Caen, Paradigme, 1990.
[5] RAPPORT DE LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT (CNUCED), op. cit., p. 28.
[6] ARMATEURS DE FRANCE, http://www.armateursdefrance.net/emploi/ metiers/Droitea.htm.
[7] « Assorted response to transparency exercise questionnaire international maritime trade », Taipei, Institute of Transportation, http://www.iot.gov.tw/apec_tptwg/ tpt/tpt-main/Publications/teq/international-trade.htm.
[8] C’est ainsi, par exemple, que les programmes des énormes sous-marins d’attaque (SSN) Seawolf, à l’origine conçus pour contrer la menace des sous-marins lance-missiles
212
soviétiques (SSBN) dans l’Atlantique, sont remplacés par les modèles de la classe Virginia, plus petits, plus maniables dans des eaux moins profondes. NAVAL TECHNOLOGY, http://www.naval-technology.com, consulté le 6 décembre 2002. Merci à Jérôme Le Roy (American School of Paris) pour l’information.
[9] Voir notamment John NOER et David GREGORY, Chokepoints : Maritime Economic Concerns in Southeast Asia, Washington, DC, Institute for National Strategic Studies, National Defense University, 1996, et Frédéric LASSERRE, Le Dragon et la Mer. Stratégies géopolitiques chinoises en mer de Chine du Sud, Montréal, L’Harmattan, coll. Raoul Dandurand-UQAM, 1996.
Auteur : Frédéric LasserreTitre : Avant-propos
Revue : Études internationales
Numéro : Volume 34, numéro 2, Juin 2003. « Les détroits maritimes des enjeux stratégiques majeurs »
URI : http://www.erudit.org/revue/ei/2003/v34/n2/009170ar.html
© 2003 Études Internationales
Le collectif “Masiwa Mane” à Paris, dans une tribune publiée sur le site InternetRue89, soupçonne que les autorités comoriennes et françaisesne s’entendentderrièreledosdelasociétécivileet « craint qu’encore une fois le gouvernement comorien n’ait accepté de retirer de l’ordre du jour de l’Assemblée Générale de l’ONU à l’automne prochain « la question de l’île comorienne de Mayotte » contre une aide économique. »
Mayotte, exception géopolitique mondiale Depuis trente deux ans, une question cruciale divise la France et l’Union des Comores : Mayotte. Les Comores estiment que la collectivité départementale française est une partie intégrante de son territoire. Le pays africain s’appuie sur la résolution 3 385 relative à son admission au sein des Nations Unies, en 1975, réaffirmant la nécessité de respecter l’intégrité de son territoire (Anjouan, Grande Comore, Mayotte, Mohéli) et condamnant la présence française à Mayotte. Gérard-François Dumont, recteur, professeur à l’Université de Paris-Sorbonne et président de la revue Population et Avenir parle dans son étude universitaire de Mayotte comme une « exception géopolitique mondiale ». Selon lui, quand bien même le risque d’instabilité existe avec la proximité des Comores et ses demandes renouvelées de retour dans le giron africain ou
par « l’émigration [mahoraise] vers La Réunion, qui s’effectue dans des conditions qui n’améliore pas la situation sociale et, donc, la stabilité politique, dans ce département (...) », Mayotte reste « un atout géopolitique incontestable ». Gérard-François Dumont se montre
213
Carte régionale : l’archipel des Comores © RFO
enthousiaste pour la départementalisation de Mayotte en poursuivant que l’île « assure une position exceptionnelle dans l’océan Indien, offre à l’armée française une précieuse base susceptible d’être utilisée pour de nombreuses opérations à conduire soit directement soit dans le cadre d’une coalition internationale et la France dispose avec Mayotte, d’un lieu pouvant abriter telle ou telle négociation géopolitique officielle ou secrète. » Enfin, Mayotte, poursuit-il, pourrait être à l’image de Taïwan ou de l’île Maurice un pôle de développement et une locomotive économique. Au-delà des communiqués officiels laconiques, il reste à savoir de quelle façon la France va pouvoir régler cette question sans froisser la volonté, semble t-il inébranlable, des Mahorais à demeurer Français et plus encore département et ne pas apparaître comme un état colonisateur vis-à-vis de l’opinion internationale et des de l’Etat comorien. Le président de l’Union des Comores Ahmed Abdallah Sambi a, de son côté, été élu, le 26 mai 2006, en faisant la promesse de porter lors de la prochaine assemblée plénière des Nations Unies le dossier de Mayotte à l’ordre du jour. Dans le même temps, son pays englué dans une nouvelle crise anjouanaise qu’il ne paraît pas maîtriser, est fragilisé. La France est le premier bailleur de fond des Comores. Les Comores semblent avoir en Mayotte l’unique carte diplomatique à jouer dans leurs pourparlers avec l’Etat français. Ce qui fait dire à Abdoulatifou Aly, le nouveau député de Mayotte : « Ils ne parlent de Mayotte et dans une moindre mesure de l’immigration clandestine que lorsqu’ils ont des problèmes financiers. A ce moment-là Mayotte devient une monnaie. Il y a pourtant un enjeu humain dans tout ça. »
A LIRE
Histoire
Mayotte un vrai tabou, ce qui doit enfin changer, Ali Mmadi, essai, Editions Le manuscrit Au nom des îles, pour un vrai débat électoral, Ali Mmadi, éditions les belles pages, 2007 Luttes au pouvoir aux Comores, M’sa Ali Djamal, éditions De La Lune, 2006 Carnet d’afriques, Jacques Nougier, éditions l’Harmattan, 2006 Indépendance et partition des Comores (1974-1978), Namira Nahouza, Editions
Komedit, 2005 Les Comores de 1975 à 1990, Nakidine Mattoir, éditions l’Harmattan, 2004 Petites histoires Comoriennes, I. Mohamed, S. Elbadawi, A. M’Changama, M. Ahmed-
Chamanga, éditions Komedit, 2003 Comores-Mayotte : une histoire néocoloniale, Pierre Caminade, éditions Agone, 2003 La résidence de Dzaoudzi, Jean-François Hory, éditions du Baobab, 2003 Les Comoriens à Marseille d’une mémoire à l’autre, Karima Dirèche-Slimani et
Fabienne Le Houerou, éditions Autrement, 2002 Carnet de mission Archipel des Comores (Récit), Emmanuel Roseau, éditions
l’Harmattan, 2002 Dossier : Archipel des Comores : Un nouvel élan ?, Africultures 51, Collectif, éditions
l’Harmattan, 2002 Maore, Patrick Turgis, éditions l’Harmattan, 2001 Rapport de M. José Balarello , sénateur Le déclin des domaines coloniaux, Un récit de vie, Archives Orales, cahiers, n°11,
Collectif, Editions du Baobab, 2000 La naissance de l’élite politique comorienne (1945/1975), Mahmoud Ibrahime, éditions
l’Harmattan, 2000 Mayotte et les Comores, Escales sur la route des Indes au XIe et XVIIIe siècles , Henri
214
Daniel Liszkowsky, Editions du Baobab, 2000 Mayotte et la France (1841 à 1912), Saïd Ahamadi, éditions du Baobab, Mai 1999 L’immigration du travail à Mayotte durant la période sucrière, Vincent Forest,
Collectivité Territoriale de Mayotte Esclavage, Razzias, et Déportations, Archives Orales, cahiers, n°4/5, Collectif, Editions
du Baobab, 1998 Comores, Développement humain durable et élimination de la pauvreté, Éléments
pour une stratégie nationale, Rapport du P.N.U.D., Frison Roche, 1997 Essai sur Les Comores, réedition, A. Gevrey, Procureur impérial à Pondichéry en 1870,
éditions du Baobab, 1997 Les Comores, Collection Que sais-je ?, Hervé Chagnoux et Ali Haribou, PUF, 1980/1990 Histoire des îles, hn’ngazidja, hi’ndzou’ani, maïota et Mwali (Présentation critique des
manuscrits arabe et swahili émanant du grand qadi de ndzaoudzé (Mayotte) Oumar Aboubakari Housséni (1865), Editions Djahazi, 1997 Etat français et colons aux Comores (1912/1946), Mahmoud Ibrahime, éditions
l’Harmattan, 1997 Mayotte, les Comores et la France, Jean Fasquel, éditions l’Harmattan, 1996 Mayotte, L’illusion de la France,Propositions pour une décolonisation, Yves Salesse,
éditions l’Harmattan, 1995 Madagascar et ses dépendances, de la colonisation à l’indépendance-association, 1894-
1973, Hervé Lemoine, service historique de l’armée de terre, 1995 Mayotte, Guy Fontaine, Editions Karthala, 1995 Les Comores, Pierre Vérin, éditions Karthala, 1994 La guerre de la salive, Lou Bellétan, Auto édition, 1993 Mayotte La Française, Pierre Pujo, France-Empire, 1993 Mayotte, Le contentieux entre la France et les Comores, Ahmed Wadaane Mahamoud,
éditions l’Harmattan, 1992 Mayotte, Olivier Gohin et Pierre Maurice, Université de la Réunion, 1992 La vie quotiienne à Mayotte, Sophie Blanchy-Dorel, éditions l’’Harmattan, 1990 Comores : Quatre îles entre pirates et planteurs, Jean Martin, éditions l’Harmattan,
1983 Mayotte-Plaque tournante et microcosme de l’océan Indien occidental, Claude Allibert
Réflexions sur l’avenir institutionnel de Mayotte, François Bonnelle, La documentation francaise) Terres lointaines VIII/La France de l’océan Indien, Coll, Société d’éditions
Géographiques, Maritimes et Coloniales, 1952
Littérature
Épilogue des ventres, théâtre, Alain-Kamal Martial, 2006 Hamouro, Salim Hatubou, éditions l’Harmattan, 2006 Pauvres Comores, Ibrahim Barwane, éditions, 2005 Une saison aux Comores, Djailani Nassuf, éditions Komedit, 2005 La rupture de chair, théâtre (Cie IstaMbul-Théâtre), Alain-Kamal Martial, 2004 Spirale, Djailani Nassuf, Les Belles Pages, 2004 Dernières nouvelles de la Françafrique, Nouvelles, Soeuf ElBadawi, Collectif,
Vents d’Ailleurs, 2003, Testaments de transhumance, Saindoune Ben Ali, Editions Grand Océan, 1996
215
Anthologie d’introduction à la poésie comorienne d’expression française, Carole Beckett, éditions l’Harmattan, 1995 Un coin de voile sur les Comores, Hamza Soilhaboud, éditions l’Harmattan, 1994 La fille du Polygame, Théâtre Mahorais, Nassur Attoumani, éditions l’Harmattan,
1992 Brûlante est ma terre, Abdou Salam Bco, éditions l’Harmattan, 1991
La géopolitique décrit les représentations que se font les citoyens de leur nation, mais aussi de leur région, voire de leur " pays ".
Elle juxtapose les raisonnements, cartographiables, sur des enjeux territoriaux qui opposent les acteurs nationaux, régionaux ou encore locaux.
Elle restitue les débats qui traversent tant la classe politique que la société civile quant aux projets touchant à l’avenir de l’espace national, régional et local.
La géopolitique n’est pas une science ; elle combine des savoirs :
celui des historiens qui évaluent le poids de la mémoire collective sur les représentations présentes;
celui des spécialistes en civilisations qui déchiffrent et interprètent leur zone dans sa langue et dans sa culture;
celui des juristes, économistes et stratèges qui analysent leur terrain en termes d’intelligence et de rapports de force.
La géopolitique se caractérise comme une pensée-action. D’où ses liens, étroits, avec des activités cousines comme le journalisme, la consultation et la prévision.
Outre-terre se situe par définition aux antipodes de la pensée unique. La revue n’a pas de ligne politique ou idéologique. Elle n’exclut aucun raisonnement. Au lecteur de se déterminer en faveur de l’option qui le convainc.
Outre-terre ne se veut pas académique. La revue fait intervenir aussi bien des universitaires que des journalistes, des militaires et surtout des acteurs de la vie (inter)nationale, régionale et locale. C’est précisément ce mélange des genres entre " spécialistes " et " gens de terrain " qui traduit son
216
originalité.
Outre-terre s’adresse aux étudiants, aux professions libérales et plus généralement au public cultivé et concerné. Mais la revue a tout autant pour ambition de servir de référence aux décideurs, d’enrichir leur savoir et d’en influencer les choix.
Outre-Terre
Copyright juin 2002-outre-terre/www.diploweb.com
L'adresse url de cette page est : http://www.diploweb.com/outreterre.htm
Contacts
Contacts
Rédaction: Michel Korinman, Outre-Terre, 82500, Serignac, France.
Abonnement et commande
Editions Erès, Service abonnements. B.P. 16 - 31151 Fenouillet Cedex. France
Tél: 05 61 75 15 76
Politique
L'archipel des Comores est divisé entre :
L'Union des Comores, pays souverain formé des trois îles de Grande Comore, Anjouan et Mohéli
Mayotte est une collectivité d'outre-mer française et devrait devenir un département d'outre-mer en 2010. Cette île est revendiquée par l'Union des Comores, mais a choisi de rester française à plusieurs reprises lors de référendums.
L'assemblée générale des Nations Unies a condamné jusqu'en 1994 le maintien de la présence française à Mayotte, toutefois, le conseil de sécurité des Nations Unies n'a jamais passé de résolution condamnant la France.
L'Union africaine a jugée illégale la présence française à Mayotte[4].
217
Mayotte fait partie des pays et territoires d'outre-mer de l'Union européenne. Elle devrait devenir une région ultra-périphérique de l'Union européenne au moment de sa départementalisation.
Vendredi 19 octobre 2007 commentaires (5) ajouter un commentaire
Commentaires
véritable porte parole des anti-confédéraux qui fait défaut aux comores alors que la majorité des concityens pense comme Mme Sitou.Il est regrettable qu'un tel talent d'expression ne soit pas mis en service pour anticiper les crises à la place de les remorquer.Le débarquement tel qu'on a connu sous la présidence du feu Taki n'était qu'un renfort par rapport à l'autorité insulaire qui a tout de même heurter une partie de la population comorienne sous l'emprise d'une intoxication politique(faux espoirs).Cette fois-ci,il s'agit de renverser un rebellion horriblement structuré du type militaire anti-populaire partout à commencer par Anjouan d'où le retroussement des manches de l'and.Avant tout il faut souligner que les usa d'Amérique sont d'avis favorable pour l'action de l'ua contre les rebelles de Ndzuwani.L'interprétation diplomatique à en déduire est que la France officielle ne va pas empêcher l'ua d'une manière où d'une autre.Par conséquent un contrôle efficace des voies maritimes autour d'Anjouan devrait entrer en ligne de compte du stratagème de débarquement.Ainsi nous pouvons espérer la mise hors d'état de nouire de l'homme le plus fort le plus français de tout les comoriens en l'occurrence Mohamed Bacar qui,n'oublions pas,bénéficie de force occultes internes et externes. commentaire n° : 1 posté par : matsomalé le: 21/10/2007 16:55:04
Nous voilà enfin arrivé à comprendre l'enjeux du crise Je crois que Mm Sittou sais ce qu'elle dit car ce n'est pas un simple citoyen comme tout le monde mais une grande figure parmis les figures de notre pays alors si aujourd'hui on nous parle d'intervention millitaire c'est parceque la diplomatie ne suffise pas , donc je suis avec vous madame mais il ne faut pas arrêter sur les parôles les actes doivent suivre( une mobilisation dont vous serez le chef de fil)
commentaire n° : 2 posté par : mohamed le: 21/10/2007 11:06:24
Par ces temps d'incertirudes dans notre pays, il est reconfortant de lire quelque chose de rassurant qui va dans le sens de l'unité nationale . En effet, je pense que le peuple comorien a besoin d'un surssaut national ; ce que tu as fait contribuera sans aucun doute à ce surssaut . Dieu te le paiera, car défendre la patrie vaut plus qu'une prière . De mon côté, tu as tout mon soutien et celui des amis proches . C'est juste un message d'encouragements commentaire n° : 3 posté par : Mchindra le: 20/10/2007 22:10:52
Bravo ! Bravo ! Bravo ! Ne désespérons pas . comme je l'ai toujours pensé il ya encore dans ce pays des hommes et des femmes dignes . Il n'y a pas que des pourris . Voilà l'exemple le plus parlant . Malgré les positions ambigües de certains politiciens, Madame Sittou a pris position ouvertement contre les ennemis de la Nation . Encore une fois BRAVO commentaire n° : 4 posté par : Djanna le: 20/10/2007 11:09:37
218
en lisant l'article publié par mme sittou raghadat mohamed sur la resolution de la crise comorienne d'anjouan, je tiens à faire quelques observations: je partage parfaitement son analyse sur la situation; je suis completement d'avis que la resolution de la crise passe par l'usage de la force armée au stade actuel de la situation cependant, je regrette que mme sittou ne cite pas nommément ces résponsables qui tendent une perche au colonel bacar sous pretexte d'un dialogue intracomorien,alors que tout le monde est convaincu de l'impossibilité de discuter avec des bandits comme bacar.étant elle même femme publique, je pense qu'elle se doit de denoncer les hommes publiques de ce pays qui n'oeuvrent pas pour l'intégrité des comores et qui font du malheur des comoriens leur fond de commerce politque. ensemble, dénoncons sans état d'ame cette catégorie de nos femmes et hommes politiques, afin que le commun des comoriens les reconnaisse; c'est aussi une action civique.alors mme sittou, ensemble militons pour un débarquement à anjouan afin de sortir de cette crise qui n'a que trop duré.comme vous le dites assez bien, le temps du balbutiement est révolu. farde abou bacar.
commentaire n° : 5 posté par : farde abou bacar daoud le: 20/10/2007 08:11:10
Géopolitique
La géopolitique est une science humaine qui, étymologiquement, se propose d'étudier les implications politiques de la géographie.
Genèse de la géopolitique contemporaine
Depuis sa naissance à la fin du XIXe siècle, la géopolitique contemporaine a subi des évolutions, qu'il est possible d'étudier sous un angle épistémologique.
Fondateurs
Le terme apparaît sous la plume du professeur de Science Politique/Géographie suédois Rudolf Kjellén d'abord dans un cours dans les années 1905 intitulé, les Grandes puissances du présent, puis dans un ouvrage, Stormakterna[1]. Pour son auteur la géopolitique est « la science de l’État comme organisme géographique ou comme entité dans l’espace : c'est-à-dire l’État comme pays, territoire, domaine ou, plus caractéristique, comme règne. Comme science politique elle observe fermement l’unité étatique et veut contribuer à la compréhension de la nature de l’État »[2].
Il reprend en réalité les éléments de géographie politique énoncés par le géographe allemand
219
Friedrich Ratzel, que l’on considère comme le père de la Geopolitik allemande. Ratzel analyse l’État en rapport avec sa géographie, son espace, son milieu, les deux sont en interactions. Dans son ouvrage Politische Geographie oder die Geographie der Staaten, des Verkehrs und des Krieges[3], Ratzel perçoit l’État comme un être vivant.
Écoles de pensée
Friedrich Ratzel
Suite aux analyses de Friedrich Ratzel, puis de Kjellén, un nombre d’universitaires et de membres des États-majors tentent de mettre aux points des analyses géopolitiques au service de leur pays. On peut ainsi distinguer trois grandes écoles :
L’École allemande : die Geopolitik
La géopolitique allemande – ou Geopolitik - repose sur les approches théoriques de Friedrich Ratzel (1844-1904), qui donnera naissance à l’École de Berlin. Cette Geopolitik émerge avec la naissance du IIe Reich, dans la deuxième partie du XIXe siècle, qui cherche à se donner une légitimité territoriale et renforcer sa puissance. Elle est fortement influencée par des approches naturalistes ou environnementalismes comme ceux du géographe Carl Ritter, de la pensée hégélienne notamment diffusée par son disciple Ernst Gapp, ou encore le darwinisme social passé entre les mains du biologiste-philosophe, père du terme Écologie Ernst Haeckel.
L'approche géographique de Friedrich Ratzel, interprétée comme géopolitique, s'applique à démontrer que l'État, thème principal des travaux géopolitiques, est "comme un être vivant qui naît, grandit, atteint son plein développement, puis se dégrade et meurt"[4]. L'État pour vivre (ou survivre) doit s'étendre et fortifier son territoire. À travers ce prisme, Ratzel défend l'idée que l'Allemagne pour vivre doit devenir un véritable empire et donc posséder un territoire à sa mesure. Pour cela, il faut que le politique mette en place une politique volontariste afin d'accroître la puissance de l’État. Ce dernier a donc besoin pour se développer de territoires, d'un espace, l'espace nourricier, le Lebensraum (terme inventé par Ratzel), "l'espace de vie" (souvent traduit par "espace vital").
Les successeurs de Friedrich Ratzel mettent cette nouvelle discipline au service du Prince et
220
elle sera appliquée sous le IIIe Reich. Ils proposent au régime nazi une approche cartographique du monde où les "Grands Peuples" (grandes puissances) se partagent la planète en fonction d’alliances et d’une hiérarchie raciale des peuples. Cette Geopolitik active s’inscrit contre l'idée du droit des peuples à disposer d'eux mêmes émise par la SDN. Parmi les disciples de Friedrich Ratzel, il faut citer le général bavarois Karl Haushofer (1869-1946) qui affine la notion d'"espace de vie" et la perception de l'espace dans un but hégémonique. Après la défaite de 1918, il devient l'un des chantres de la puissance allemande. Haushofer prévoit un partage du monde en quatre zones :
1. une zone pan-européenne recouvrant l’Afrique et dominant le Moyen-Orient ; dominée par l’Allemagne,
2. une zone pan-américaine dominée par les États-Unis
3. une zone pan-russe incluant l’Asie centrale et l’Asie du Sud dominée par la Russie
4. une zone pan-asiatique dominée par le Japon, alliée de l’Allemagne, recouvrant l’Extrême-Orient (Chine), l’Asie du Sud-Est et le Pacifique Nord. Cette partition du monde permet de contrer l'encerclement anglo-saxon.
Cette application par le politique d’une discipline percevant l’État comme un organisme et à but hégémonique est appliquée au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Suite à ses dérives, au sortir de la guerre, la géopolitique tant en Allemagne qu’ailleurs dans le monde est bannie des milieux universitaires et des États-majors, aux profits d’autres approches du monde. D’ailleurs, les disciplines géographiques ont renoncé à réutiliser ces approches jusqu’aux années 1970/80.
L’École américaine
Les géopoliticiens américains - l'amiral Alfred Mahan (1840-1914) ou le journaliste/professeur de Science politique Nicholas Spykman (1893-1943) - se sont intéressés aux relations entre le développement technologique des civilisations et la domination de l'espace par les États. Fortement influencé par l'école anglaise, Alfred Mahan et Nicholas Spykman articulent leurs travaux sur la puissance maritime (sea power) et la politique d'endiguement (Containment) de l'Allemagne puis de la Russie, choisissant l'alliance avec l'Empire britannique.
L'École américaine a aussi expliqué comment les grands empires d'Asie avaient réussi à se stabiliser dans le temps en se basant seulement sur l'administration très hiérarchisée de l'irrigation dans les territoires ou l'Asie des moussons. C'est la théorie des despotismes orientaux, grande thèse de géopolitique. L'École américaine – ou École de Berkeley - s'est toujours intéressée à la dimension culturelle qui marque l'espace terrestre.
Le retour de la géopolitique américaine se poursuit au XXe siècle avec les thèses de Samuel P. Huntington dans le Choc des Civilisations (cf. Bibliographie).
L’École anglaise : la sea power
221
Cette École définit la puissance anglaise par la domination des mers/océans (théorie de l'empire maritime). Principal contributeur, l'amiral britannique Halford Mackinder (1861-1947) conçoit la planète comme un ensemble composé par un "océan mondial" (9/12e), une "île mondiale" (2/12e - Afrique, Asie, Europe) et de grandes îles périphériques ou "Outlyings Islands" (1/12e - Amérique, Australie). Afin de dominer le monde, il faut dominer l'île mondiale et principalement le cœur de cette île, le heartland, véritable "pivot géographique du monde" (allant de la plaine de l'Europe centrale à la Sibérie occidentale et en direction de la Méditerranée, du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud). Ainsi, l'Empire britannique, qui s'est construit sur la domination des océans, doit désormais, pour rester une grande puissance mondiale, s'attacher à se positionner sur terre en maîtrisant les moyens de transports par voie de chemin de fer. L'approche géopoliticienne anglaise renvoie à cette volonté de domination du monde via le commerce, en contrôlant les mers, puis désormais les terres, se faisant l'héritière directe, non seulement de la géopolitique allemande, mais aussi des premiers navigateurs anglais, comme Walter Raleigh : "Qui tient la mer tient le commerce du monde ; qui tient le commerce tient la richesse ; qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même". La géopolitique de Mackinder est à replacer dans une perspective de concurrence entre la puissance maritime britannique et la puissance allemande qui à travers son contrôle de la Mitteleuropa, tend vers le contrôle du heartland.
Une École française?
Il semble qu’il n’existe pas de géopolitique « à la française ». Toutefois, d’après Yves Lacoste l’un des ouvrages de Paul Vidal de la Blache (1845-1918), père de l’École française de géographie, La France de l’Est (1917) doit être analysée comme un ouvrage géopolitique dans la mesure où Vidal de la Blache explique les raisons de l’appartenance de l’Alsace et la Lorraine à la France. Citons aussi le géographe Jacques Ancel (1882-1943), auteur d’ouvrages sur la question des nationalités dans l’Empire Austro-hongrois, qui s’intéresse aux questions des frontières définies comme des « isobare(s) politique(s), qui fixe(nt), pour un temps, l’équilibre entre deux pressions ; équilibre de masses, équilibre de force »[5], reprenant les travaux d'André Chéradame[6].
S’il existe une géopolitique française, c’est surtout dans la contestation de l’approche géopolitique allemande et de ses légitimations déterministes. André Chéradame, dés 1916, condamne les dérives de la Geopolitik allemande dans son ouvrage Le plan pangermaniste démasqué. Le redoutable piège berlinois de la partie nulle. Dans l'entre-deux guerre, l'amiral Raoul Castex (1878-1968) synthétise la stratégie navale dans son ouvrage à portée géopolitique Théories stratégiques(1929).
Il semble toutefois que ces trois directions ne soient pas aussi éloignées les unes des autres. En effet, toute trois proposent une géopolitique dynamique, active, percevant l’État comme un organisme qui doit vivre ou survivre face à la concurrence d’autres États.
Depuis la fin des années soixante, cette école de pensée a été réactualisée à travers les différents ouvrages d'Yves Lacoste (cf. bibliographie) et l'Institut français de géopolitique (IFG) de Saint-Denis (Université Paris 8), dirigé par Béatrice Giblin-Delvallet.
Fin de la géopolitique avec la Seconde Guerre mondiale ?
222
Après la Seconde Guerre mondiale, la notion de géopolitique, traduisant mal une répartition de plus en plus complexe des pouvoirs institutionnels dans le monde, recule au profit de quatre disciplines de sciences humaines :
Les relations internationales, appuyées sur la théorie du droit international,
La sociologie politique, sociologie des relations internationales, cf. Guerre et Paix entre les nations (Raymond Aron). On notera que sur ce point l'évolution reste limitée, puisque la notion d'international reflète la division du monde en nations souveraines, ce qui se traduit en pratique par l'intergouvernemental plutôt que par une mondialisation institutionnelle.
La géographie politique qui étudie :
o l'organisation du pouvoir et des territoires à la surface de la Terre
o le découpage social de l'espace dans les relations de pouvoir
o la cartographie électorale
La Géostratégie, étude des intérêts des États et des acteurs politiques dans l'espace surtout international.C'est un espace du droit international, des alliances, des conflits, des positions parce que la stratégie consiste à projeter les intérêts d'un État dans le monde (et par extension pour les entreprises).Le géostratège envisage les conséquences d'un conflit localisé.
Quelques grands mouvements géopolitiques dans l'Histoire
Avec le recul de l'Histoire, on perçoit plus facilement les grandes tendances, et les motivations qui ont conduit les États à adopter une stratégie :
La politique de glacis (Cyrénaïque, Chypre, Palestine) développée par les souverains ptolémaiques.
Le contrôle des cols alpins, qui fut un enjeu majeur de l'époque préromaine (péages celtes) et de l'époque romaine (péages imposés par Rome),
L'effondrement de l'empire carolingien au IXe siècle, sous l'effet des invasions des Vikings (remontée des fleuves par les drakkars), des Sarrasins et des Hongrois,
Le développement de l'empire chinois sous la dynastie des Song du Xe au XIIe siècle,
Le développement de la civilisation islamique du VIIIe au XVe siècle.
Le développement des Républiques de Venise et de Gênes, qui s'est effectué par le commerce dans la Méditerranée, consécutif aux Croisades,
Le développement du commerce maritime au XVe siècle entre Londres, Bruges, les Villes hanséatiques du nord, Gênes et Venise, qui a ruiné les voies de commerce
223
continentales qui passaient par les foires de Champagne (Provins, Troyes...),
Le contournement de l'Afrique par les grands navires marchands européens, faisant suite à la chute de Constantinople, dont la conséquence fut que le commerce caravanier s'en ressentit : déclin inexorable de villes commerciales puissantes comme Tombouctou, Gao ou Samarcande, et celui des empires associés à leur prospérité.
La consolidation politique de la France sous Louis XIII et Louis XIV, contre la puissance espagnole,
La fin du Premier Empire en 1814/1815, sous l'effet des différentes coalitions entre l'Angleterre et des puissances continentales,
La victoire de l'alliance France/Angleterre/États-Unis… contre l'alliance continentale autour de l'Allemagne pendant la Première Guerre mondiale,
L'écroulement du IIIe Reich sous l'effet du débarquement des forces américaines, anglaises, françaises (débarquement en Provence, libération de Paris), canadiennes.
Le contrôle des lieux de passage maritimes ou terrestres, et les conflits autour du Bosphore ou de Gibraltar,
La construction de tunnels ferroviaires et routiers, péages, à travers les Alpes...
L'analyse géopolitique aujourd’hui
Retour de la géopolitique
La géopolitique, après avoir été bannie comme savoir scientifique, a retrouvé une nouvelle légitimité d’approche suite aux différents conflits qui ont émergé dans les années 1970. Dans son essai, le géographe Yves Lacoste dénonce la main mise des différents États-majors (politique, militaire, financier, économique) sur les savoirs cartographiques et géographique limités à des perspectives stratégiques. Il souhaite une vulgarisation de l’approche géographique. À la même période, autour d’un cénacle d’enseignants de divers horizon, il lance la Revue Hérodote qui se veut une revue de stratégie et de géopolitique. Yves Lacoste définit la nouvelle géopolitique comme l’étude des interactions entre le politique et le territoire, les rivalités ou les tensions qui trouvent leur origine ou leur développement sur le territoire.
La géopolitique, afin d’éviter de retomber dans les travers du passée, se doit d’utiliser l’ensemble des connaissances liées à la géographie (géographie physique, mais aussi la géographie humaine dans toutes ses composantes (sociales, économiques, culturelles, sanitaires), les matières premières et les flux de ressources), mais aussi utiliser l’histoire, la science politique, etc.
La mondialisation pourra peut-être conforter la légitimité de nouvelles approches géopolitiques.
Les axes d’analyses224
Dès le début des années 1980 étaient entrevus des risques de marginalisation géopolitique de l'Europe, qui pourraient s'accentuer aujourd'hui si la réaction n'est pas adaptée :
Liaisons sur l'océan Pacifique prenant le pas sur celles de l'océan Atlantique,
Impact de la fonte de la banquise dans l'Arctique sous l'effet du changement climatique, et évolutions structurelles du transport maritime et aérien,
le détroit d'Ormuz : point de tension géostratégique entre l'Iran, Oman (péninsule de Musandam) et les Émirats arabes unis.
Accès aux champs pétrolifères du Moyen-Orient, construction d'oléoducs et de gazoducs, transport pétrolier, pic pétrolier, montée de la consommation de pétrole de la Chine
Retour du charbon (propre) : Australie, Chine, Canada…
Par sa recherche des interactions entre les grandes zones du monde (énergie et matières premières, flux de ressources, passages à risques), la géopolitique s'intéresse naturellement à la politique internationale et à ses aspects diplomatiques.
Le terme de géopolitique revêt une connotation stratégique, voire militaire, tandis que le terme de géographie politique fait plutôt référence à l'organisation des États, des régions, des entités administratives, des frontières, et des habitants. On constate que de nos jours la mondialisation et l’effondrement d’un monde bipolaire ont multiplié et complexifié les liens entre toutes les populations de la planète. Depuis une dizaine d’année, les centres universitaires multiplient les sections géopolitiques afin de répondre à une demande croissante d’analyse dite géopolitique.
Les enjeux ne manquent pas :
Enjeux démographiques liés à la surpopulation mondiale,
Enjeux humains liés aux flux désordonnés de populations, aux migrations non contrôlées, etc.,
Dans ce contexte, la pérennité des langues dans le monde est un enjeu très important,
Enjeux culturels associés à l'utilisation d'une langue,
225
Recrudescence des menaces terroristes,
Risques de prolifération nucléaire (Iran, Corée du Nord),
Recherche de la maîtrise du cycle fermé de l'uranium, et partenariats mondiaux,
Accès à l'eau potable et à l'assainissement (Turquie/Syrie, Israël, Asie, Afrique…),
Ressources halieutiques et zones de pêche,
Agroressources au Brésil, usines biochimiques,
Accès aux ressources naturelles en Afrique, au Moyen-Orient…
Gisements éoliens ou hydroliens,
Risques sur les tunnels transfrontaliers…
Remises en cause internes de l'État (régionalisme, autonomie, séparatisme, indépendantisme) : au Canada (Québécois) ; Europe (Bretons, Catalans, Flamands, Ligue du Nord, Savoie, Wallons) ; Afrique…
Horogenèse, néologisme créé par Michel Foucher. Discipline s'intéressant à la genèse des frontières.
Les facteurs décisifs dans les alliances
La géopolitique s'attache à étudier les différents facteurs qui aboutissent à la constitution des alliances.
La géopolitique s'intéresse aux différents facteurs qui influencent les stratégies :
Maîtrise globale des mers et/ou de la terre (peuples de la mer, peuples de la terre) : on assiste souvent à des différences de stratégie entre une puissance ou une alliance entre puissances maritimes et une puissance ou une alliance entre puissances continentales, ce facteur influence les autres,
Contrôle des points de passage et des moyens de transport : détroits, cols, tunnels, aéroports, ports, gares,
Facteurs financiers (impôts, taxes…)
Accès aux ressources naturelles et aux matières premières,
Maîtrise des techniques (navigation, aéronautique et espace…),
Types de régimes politiques (démocratie,...)
Facteurs culturels, sociologiques et philosophiques.
226
Aspects militaires et énergétiques
Les États-Unis ont mis en place depuis la fin des années 1980 une stratégie globale visant à assurer la suprématie de l'armée américaine et des entreprises américaines sur le monde [7]. Elle est structurée autour d'un consortium de grandes entreprises des secteurs de l'informatique et de l'aéronautique, qui a permis de projeter les forces américaines en Irak, lors des deux guerres du Golfe en 1991 et en 2003. Cette stratégie globale concerne maintenant presque tous les secteurs d'activité, et s'appuie sur une utilisation très structurée des technologies de l'information (web, réseaux du net).
L'accès aux ressources pétrolières conduit à définir des stratégies spécifiques (voir géopolitique du pétrole).
On constate ses effets également dans l'alliance que les États-Unis ont réalisée, en réponse au protocole de Kyoto, avec la Chine, l'Inde, le Japon, et l'Australie, visant à développer le charbon propre, et les nouvelles générations de réacteurs nucléaires (réacteurs de génération IV, en:Integral Fast Reactor).
Aspects linguistiques
La langue est un facteur essentiel de la communication entre les peuples. Ainsi, la précision du langage peut-elle jouer un rôle décisif dans des négociations internationales.
C'est sans doute l'un des facteurs qui a fait que la langue française était la langue parlée dans les cours européennes au siècle des Lumières (XVIIIe siècle). En effet, le français a été supporté dès 1635 par l'Académie française.
Il en a résulté des règles strictes de droit international, reconnues dans le statut des langues officielles retenues par l'Organisation des Nations unies. Le français est ainsi l'une des six langues officielles reconnues par l'ONU pour les négociations internationales. Le français joue donc un rôle important dans la diplomatie.
Les gentilés (nom d'habitant d'un continent, d'un pays, d'une région, par exemple) sont un aspect relativement invariable de la géographie linguistique.
Exemples :
un Français (avec une majuscule = le gentilé),
un Européen.
Le français, glottonyme qui désigne la langue française. Dans un contexte de mondialisation, où l'utilisation du web se répand de plus en plus de part le monde, on peut s'interroger sur la pérennité des langues. L'attribution d'un nom à une langue est un enjeu géopolitique essentiel.
Voir : glottonymie
227
Cette définition provient de l'encyclopédie libre Wikipédia publiée sous licence GNU FDL, elle est reprise sur techno-science.net à but informatif. Vous pouvez soumettre une modification ou un complément à cette définition sur la page correspondante de Wikipédia. La liste complète des auteurs de cet article est disponible sur cette page.Il est possible que certains problèmes de mise en forme demeurent suite à l'importation de cette page, dans de tels cas veuillez vous reporter à la version originale sur Wikipédia.
1- Je suis devant vous en tant que Responsable dirigeant auxComores de l’UFE(Union des Français de l’ étranger) unechaîne de solidarité et de fraternité présente dans le mondeentier pour assister dans divers domaines(Médicaux, juridiques, éducation des enfants), tous les citoyensfrançais ou étrangers par cooptation présents dans le mondeentier (nous sommes plus de 2 million à travers le monde),quelque soit l’origine de ces citoyens et quelque soit laconviction politique ou religieuse. Cette structure est apolitiqueet laïque.C’est à ce titre et au nom d’une diaspora agissante,responsable et intégrée que je me présente avec mes amis quisont à mes côtés afin de vous éclairer sur la situation qui sévitactuellement dans l’archipel, et répondre à toutes les questionsqui vous semblent importantes et cruciales.
228
C’est à la suite d’un périple motivé par la précipitation desévènements dans l’archipel que j’ai eu à quitter rapidement lamétropole où je me trouvais pour recevoir le trophée de lareussite au feminin, en passant par la Réunion, Mayotte etAnjouan : les différentes étapes de ce long et riche voyagem’ont permis de recueillir les éléments nécessaires mepermettant d’enrichir nos débats dans un esprit constructif,serein, impartial et juste.L’évolution de la situation de ce pays interpelle les citoyens quenous sommes et nécessite de la retenue car elle suscite plusCONFERENCE DE PRESSEDES COMORIENS BI-NATIONAUX ET DE LA DIASPORACOMORIENNE RESIDANT EN FRANCEPrésidée par Mme SOILHA Said MDAHOMAJe vais vous présenter ma démarchecitoyenne en tant que binationale francocomorienneselon ce que nous arroge la loicomorienne et française qui reconnaissent labi-nationalité aux franco-comoriens.Mme SOILHAMoroni le, 11 Avril 20082que jamais des interrogations mais également beaucoupd’espoir.Le départ de Mohamed Bacar du pouvoir par l’AND, que nousrendons hommage et celui-ci s’est déroulé sans effusion desang, avec l’appui des pays amis, la France, la Lybie, la
229
Tanzanie, le Soudan, le Sénégal, les USA nous a tous soulagécar ce débarquement pacifique nous permettra d’ouvrir desperspectives nouvelles pour le pays.Mohamed Bacar et ses hommes doivent répondre certes,devant la justice des actes commis pendant la durée de leurpouvoir notamment de leurs dérives financières qui nousmettent en danger à travers des banques off shore, quisévissent à travers le monde sous la bannière de l’autoritéd’Anjouan durant sa mandature. Des banques off shores ontété crée sous l’autorité du système Bacar dans différents paysà travers le monde, échappant à tout contrôle de la banqueCentrale, de la Banque de France et de la Banque européennequi sont les institutions garantissant notre monnaie, le franccomorien. Une plainte a d’ailleurs été déposée par cesinstitutions à travers la Banque Centrale des Comores, leurpartenaire.Le retour d’Anjouan dans le giron de l’Union des Comores doitouvrir la voie à l’approfondissement de la réconciliationnationale et à la consolidation d’un Etat Nation.Non maîtrisée, la situation peut aussi conduire le pays vers desdérives dangereuses qui laisseraient à jamais des stigmates
230
indélébiles.Il est aussi apparu indispensable aux binationaux francocomoriens,à la diaspora comorienne résidant en France, auxcitoyens français présents sur le sol comorien dans le cadre deleur profession, d’exprimer leur souhait de vivre dans la paix etla sérénité en valorisant les liens séculaires de sang et d’amitiéqui lient le peuple français au peuple comorien, dépassant lesclivages politico politiciens.3Les binationaux et la diaspora résidant en France comptents’impliquer pour faire partager à l’opinion publique nationale etinternatonale leur position, leur solidarité, et leur souhaitprofond de voir les Comores se développer et acquérir uneposition incontournable au sein de l’Océan Indien dans unmonde qui devient de plus en plus global.Il m’a été fait l’honneur de présider cette conférence de presseavec à mes côtés le Doyen de la Diaspora comorienne enFrance Monsieur Bakari Isslame et notre ami et frère MoussaMhoussine, Retraité Militaire français et acteur économique auxcomores.Nous sommes à votre entière disposition pour répondre à
231
toutes les questions liées à vos préoccupations du moment.Je tiens à vous rappeler et les statistiques le confirment(journal le Monde de février 2008) que la diaspora comorienneen France est un facteur important dans le développementsocio-économique, selon une étude de la BAD publiée le 28janvier 2008, les transferts d’argent effectués dans le réseauformel en 2005 par la diaspora présente en France s’élève à 70Million d’Euros, soit 35 Milliards de francs comoriens ; cestransferts représentent 24% du PIB, plus de 140% du Budgetannuel de l’Etat, et 346% de l’aide publique au développement .Le poids de la diaspora n’est plus à démontrer mais elle n’estmalheureusement pas assez reconnue que pendant lescampagnes électorales ; or cette diaspora ne peut pas afficherune indifférence sur la situation socio-économique et politiquedes Comores ni aux décisions de sa gouvernance ainsi que lapréservation du partenariat qui nous lie au pays amis la Franceen particulierLes franco-comoriens bénéficient d’une image positive enFrance ; bien intégrés, ils participent au quotidien à la politique
232
locale des villes et des régions ou ils habitent ; c’est ainsi quenous avons vu émerger des conseillers municipaux, desconseillers généraux, des adjoints aux maires dans des4différentes villes telles que (Asnières, Choisy Marseille etc…)aux élections municipales et générales de mars 2008.Nos candidats issus de la diversité ont été élus avec unemajorité confortable à l’instar de ceux présents dans legouvernement français.Ces exemples concrets sont très rassurants pour nous et lesfutures générations.Chacun d’entre nous reconnaît l’implication de la diaspora dansla vie active, associative, politique dans l’hexagone, plusparticulièrement à Marseille.Dans mon parcours personnel depuis 1985, et à mon retour dupays, je n’ai jamais occulté que c’est grâce à la générosité dessoeurs protestantes des Diaconneses à Paris que j’ai pu aprèsl’indépendance des Comores en 1975 et l’exode massif desétudiants comoriens suite au départ du corps enseignant. J’aipu poursuivre mes études et obtenir mon diplôme et exercer laprofession digne d’infirmière au service des autres : je suisinfirmière puéricultrice de formation.
233
Grâce à cette culture de donner et de recevoir, je me suis misedés mon plus jeune âge au service de mes compatriotes.La venue de plusieurs sénateurs français aux Comores et lesactions qui ont suivi, en l’occurrence l’octroi de bourses etformations pour étudiants comoriens font partie des missionsdont je m’assigne au quotidien avec l’appui des sénateurs desfrançais résidant hors de France et des amis acteurséconomiques tel que Michel Taillefer qui octroie à titrepersonnel des bourses universitaires à des enfants orphelins.En métropole, je m’occupe également d’une structureassociative TPE ( Tremplin pour entreprendre) afin d’appuyerles jeunes à se servir des mécanismes qui sont mis à leurdisposition par le gouvernement et le ministère des PME pourcréer leurs propres entreprises sans apport personnel surtoutdans les quartiers les plus défavorisés.5C’est à ce titre que le Président de la République de l’époqueMonsieur Jacques Chirac m’a décerné la Médaille Nationale duMérite, et le 10 Mars 2008 l’on ma décerné au Sénat le Trophéede la Réussite au féminin France Euro Méditerranée ; c’est
234
avec fierté que j’ai reçu ce trophée dans l’une des institutionsla plus prestigieuse de la République française. Il m’a permis deporter encore plus haut les couleurs de la diversité.Au quotidien, je suis Chef d’Entreprise aux Comores depuis1985 et je préside plusieurs associations caritatives quiagissent en faveur des populations les plus fragiles telles quel’A.S.I.O (Association pour la solidarité et l’intégration dansl’Océan Indien) et en métropole l’A.C.S.A (Action pour lasolidarité des pays africains, caraïbes et pacifiques.Pour revenir au sujet qui nous préoccupe, j’ai le devoir derappeler que les liens d’amitié et de sang qui ont toujours été leciment des Relations franco-comoriennes ne doivent souffrird’aucune ambiguïté ni d’aucune arrière pensée.Il appartient aux gouvernements Comorien et Français de sepencher sérieusement sur le devenir des Relations de nos deuxpays amis afin d’éviter les conséquences désastreuses quipeuvent toucher directement nos populations qui ont besoin depaix, de solidarité et de fraternité.Notre ennemi d’aujourd’hui demeurent la pauvreté, le sousdéveloppementet le mal-vivre qu’il faut combattre avec volontéet détermination en s’appuyant sur le D.S.R.P reconnu par nospartenaires bilatéraux et multilatéraux.
235
Nos efforts communs, dans une symbiose réelle, peuvent, sinous le souhaitons sortir le pays de l’impasse et du désespoirdans l’amitié et la coopération avec les pays amis. Nous avonsun peuple paisible et patriote. Mobilisons nous pour donnerplein d’espoir et de l’espérance à notre jeunesse qui a soif deréussite. Agissons pour le meilleur et évitons les affrontementsinutiles.6Nous sommes optimistes pour l’avenir de ce pays que nousaimons tous, mais chacun y doit travailler car personne neremplira ce devoir à notre place.Je tiens à remercier la Gendarmerie Nationale et la police del’île de Ngazidja qui ont su maîtriser en grande partie lesmanifestants et faire respecter l’ordre dans le pays durant lestroubles qui ont suivi le débarquement de la libérationd’Anjouan, notre île soeur.Je vous remercieSOILHA SAID MDAHOMA
236