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Zelig
Woody Allen, Etats-Unis , 1983
Dans ce film de 1983, Woody Allen utilise le genre du documentaire-fiction. Il nous est en
effet raconté, à l’aide d’images d’archives trafiquées et de procédés du cinéma documentaire,
tels que des interviews et l’omniprésence d’un commentaire en voix-off, l’histoire fictive d'un
homme-caméléon : Zelig, celui qui prend l’apparence de ceux qui l’entourent (voir Annexe
1). Ainsi, dans les années trente, ce curieux personnage devient en même temps un homme de
foule qui se fait remarquer pour ses capacités métamorphiques et un cas d’étude très
complexe pour les médecins -ses transformations sont scientifiquement inexplicables. Le
docteur Eudora Fletcher s’intéresse particulièrement à son cas et l'aborde sous l'angle du
pourquoi plutôt que comment.
La scène étudiée se trouve au centre du film : alors que le Dr Fletcher -hébergeant son
patient chez elle pour mieux l’étudier- désespère du cas de Zelig, l’idée lui vient de déjouer
les automatismes de son patient en utilisant la pathologie même de son patient. C’est alors
qu’elle s’identifie à Zelig pour qu’il se soigne lui-même. Cette scène est emblématique de
l'ambiguïté des métamorphoses que subit Leonard Zelig. Nous les percevons comme physique
mais ne sont-elles pas plus d'ordre psychologique ? Les questions de psychologie et de
troubles de la personnalité sont d'ailleurs récurrentes dans l’œuvre de Woody Allen.
De nombreuses métamorphoses sont mises en scènes dans le film, mais celle étudiée est la
plus intéressante et la plus significative des origines des problèmes de Zelig, qu'elle met
d'ailleurs à jour. Nous assistons alors à un transfert, déplacement des sentiments d'une
personne à une autre. Ici, le transfert est l'appropriation du statut de médecin par Zelig. Un
contre-transfert est également mis en jeu, lorsqu’Eudora Fletcher trouve l'idée de se faire
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passer pour une patiente. Cet échange des rôles rend complexe et ambiguïté la métamorphose
du personnage. Quelle est alors la nature de la métamorphose de Zelig et comment le
personnage réagit-il face à une représentation de lui-même ?
Contrairement aux manifestations de mimétisme flagrant présentes plus tôt dans le film,
celle opérée face au docteur Fletcher est n'est pas de nature physique : elle se manifeste en
effet moins par une transformation physique que par un changement gestuel et langagier :
Zelig emploie expressions et termes de médecins, affirmant par exemple donner des cours
dans un institut psychiatrique (créant également un gag sur le sujet de la masturbation - voir
Annexe 2).
Une métamorphose plus complexe est ainsi en jeu dans cette scène; elle est
scénaristiquement introduite par l'ambition du Docteur Flechter de faire changer son
personnage, illustré par un zoom sur une photographie de Zelig en début de séquence
accompagné en voix-off par la phrase : « une idée lumineuse et novatrice qui la mettra enfin
sur la bonne voie ».
Dans la séquence étudiée, Zelig adopte la position du psychologue, de l'écoutant : les
rôles sont inversés. La multiplicité de sa personnalité est ici représentée par le dédoublement
de son ombre, comme la métaphore de son état mental. La plateforme LDT fut utile pour
remarquer cette utilisation de la lumière (voir Annexe 5).
Nous pouvons noter un jeu de va et vient de sentiments entre Zelig et Fletcher, que nous
pouvons rapprocher d'un transfert tel que le définit Freud : Zelig s’approprie le statut du Dr
Fletcher; puis c'est la femme qui s’approprie le personnage de Zelig ; dans un troisième
mouvement, Zelig il se trouve ici face à un cas complexe : il doit s’imiter lui-même. Cette
situation le conduit à se retrouver face à lui-même et à se formuler son problème : Il ne sent
être « rien ni personne ».
Cette confrontation est donc une illustration d'un transfert / contre-transfert, traduits dans le
film par une succession de mimétismes réciproque des deux personnages. La révélation de ce
procédé de mise en scène : la répétition, a été facilité par le travail sur la plateforme LDT.
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Cette scène est donc celle de la prise de conscience par Zelig de la gravité de son cas, qui
n’est plus scientifique mais psychologique. Cela est marqué notamment par les longues
pauses de Zelig dans et des gestes hésitants (voir Annexe 6).
Cette dernière scène, où les névroses de Zelig sont mises à jour, nous montre bien en quoi
le problème de Zelig est plus psychologique que scientifique. Cette thématique, chère à
Woody Allen, est par le choix d’un homme-personnage qui aurait fait le « buzz » dans les
années 1930 en se métamorphosant littéralement en d’autres personnes qui l’entourent.
Synthèse conçue par Edie Brillion et Luis Caillou
Annexes
Annexe 1 : Exemple de mimétisme physique de Zelig.
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Annexe 2 : Mensonge de Zelig sur son identité.
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Annexe 3 et 4 : Zoom sur le visage de Fletcher mon montrer son intérêt pour le cas Zelig.
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Annexe 5 : Eudora Fletcher annonce à Zelig que ses entretiens sont filmés d’où cet éclairage.
Nous pouvons bien voir l’ombre de Zelig, dédoublée par l’éclairage, donc diégétique mais
significatif.
Annexe 6 : Aveux de Zelig après ceux de Fletcher.
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Annexe 7 : Nous voyons bien l’hésitation et la gêne de Zelig face à la situation.
Annexe 8 : Remise en avant du statut de médecin à Fletcher, par Zelig.
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Bibliographie
Jean-Pierre Guerand, Woody Allen, Paris : Rivages, 1989.
Raymond Bellour, Le corps du cinéma, P.O.L, 2009.
Sigmund Freud, La technique psychanalytique, PUF, 2007.