technologie et gestion - caterpillar
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Le 9 décembre 2015
Séminaire en technologie etgestion :
étude de l’entrepriseCaterpillar
Professeur Annick Castiaux
Étudiants :
Bernard Louis Legrand Catherine Pireau Camille Quévy Léon
1. Executive summary
Dans le cadre de notre cours de Technologie et Gestion, nous nous sommes intéressés au
Groupe Caterpillar et plus particulièrement Caterpillar Belgium SA, usine localisée à Gosselies et
ce, afin d’y étudier un investissement technologique important. Un contact au sein de l’entreprise
nous a permis de rencontrer Monsieur Eric Buchelot, responsable du service « client machine »
pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen Orient. Il nous a fourni un grand nombre d’informations
concernant la conception et la mise en place de nouveaux moteurs pour l’ensemble de leurs
machines.
Grâce à ses précieuses explications, nous avons pu comprendre quel était l’objectif principal
de cette technologie et quels étaient les raisons et les enjeux de ce changement. Nous avons
également découvert que l’entreprise n’est pas libre de toute décision. Elle doit en effet faire face à
certaines contraintes comme la réglementation EU ETS (European Union Emission Trading
System) aussi appelée en français SCEQE (Système Communautaire d'Echange de Quotas d'
Emission). Celle-ci joue un rôle important dans la nouvelle norme acceptable des émissions de CO2
des différents moteurs et donc de leur impact écologique. Nous nous sommes donc intéressés aux
conséquences de cette règlementation européenne pour Caterpillar.
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2. Plan du travail
1. Executive Summary …..………………..……………………………………….....................1
2. Plan du travail …..………………..………………………………………..............................2
3. Introduction…..………………..………………………………………...................................3
3.1 Contexte …..………………..………………………………………...................................3
3.2 Caterpillar - Description de l’entreprise…......……………..……………………………...3
4. De nouvelles normes …..………………..………………………………….............................4
4.1 La législation SCQE ……..………………..………………………………………............4
4.2 L’équivalent américain de la législation SCQE ……..………………..………………......4
5. L’impact de la législation SCQE sur Caterpillar ……...………………..……………….........5
5.1 Problème rencontré …….………………..…………………………………………….......5
5.2 Solution trouvée ………….………………..…………………………………………........5
Analyse :
6. Analyse critique du cas……..………………..………………………………………...........10
6.1 Investissements.………………..………………………………………............................10
6.2 Contraintes managériales …..………………..……………………………………….......10
6.3 Concurrences....................................................................…..………………..…………..10
6.4 Gestion du consortium .......................................................................................................11
6.5 La segmentation du marché ..............................................................................................11
7. Conclusion ...............................................................................................................................12
8. Les propositions d'améliorations .............................................................................................12
9. Perspectives futures .................................................................................................................13
10. Bibliographie .........................................................................................................................13
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3. Introduction
3.1 Contexte
En 2005, l’Union Européenne décrète une loi visant à réduire les émissions de CO2 des
grosses entreprises qui sont responsables d’une grande partie du réchauffement climatique. En effet
le réchauffement climatique est depuis quelques années au centre des préoccupations. Le décret a
pour but de réduire de 40% le total des émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne.
Nous avons donc décidé d'analyser la façon dont a réagi l’entreprise face à cette nouvelle législation
qui implique un changement radical dans la conception et assemblage des moteurs de l’ensemble
de la filiale belge de Caterpillar.
Grâce à nos contacts au sein de l’entreprise, principalement M. Buchelot et M. Vernet, nous
avons pu récolter des informations.
Bon nombre de questions nous sont venues à l’esprit lors de la réalisation de ce travail telles
que : Comment l’entreprise a réussi à faire face à de telles règlementations ? Quels ont été les
impacts pour l’entreprise (Ressources humaines, financiers, managériales, ...) ?
3.2 Caterpillar - Description de l’entreprise
Caterpillar Belgium SA est une filiale de Caterpillar Inc, leader mondial du secteur de la
construction d’engins de génie civil et de moteurs industriels localisée à Peoria aux Etats-Unis.
Le groupe Caterpillar comprend plus de 100 usines sur tous les continents, emploie près de
115.000 personnes et propose une gamme de plus de 300 machines. Le groupe, au travers de son
réseau de concessionnaires indépendants, est présent dans plus de 180 pays.
En 2014, Caterpillar a réalisé un chiffre d’affaires de $55,2 Milliards réparti comme suit :
Amérique du Nord : $24,2 Milliards Amérique latine : $ 6,5 Milliards Europe-Afrique-Moyen Orient (EAME) : $13,5 Milliards Asie-Pacifique : $11,0 Milliards
Les concurrents principaux au niveau mondial sont Komatsu Ltd., Volvo Construction
Equipment, CNH Global Industrial N.V., Deere & Company, Hitachi Construction Machinery Co.
Ltd., J.C. Bamford Excavators Ltd., Doosan Infracore Co. Ltd. et Hyundai Construction Equipment
Le site Caterpillar de Gosselies emploie plus de 3000 personnes dont 2000 ouvriers. 98%
des machines assemblées en Belgique sont exportées à travers le monde. La fabrication des moteurs
destinés aux machines assemblées par Caterpillar Belgium est faite dans l’usine Caterpillar de
Morton aux Etats-Unis.
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4. De nouvelles normes
4.1 La Législation SCEQE (Système Communautaire d’Echange de Quotas d’Emission)
Suite aux conclusions du GIEC (Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du
climat) qui a mis en évidence le lien entre les activités humaines (surtout les émissions de CO2) et
la probabilité d’augmentation des températures a été conclu en 1997 à Kyoto un protocole d’accord
avec entrée en vigueur en 2005 visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’Union
Européenne a donc mis en place en 2005 la règlementation SCEQE afin de respecter le protocole de
Kyoto. A noter que bon nombre de pays développés ont adopté des législations similaires à l’Union
Européenne. Nous y reviendrons dans la suite de notre travail.
La règlementation SCEQE vise à réduire les émissions de CO2 des grosses entreprises de
45% d’ici à 2020. Le traité couvre plus de 11 000 entreprises des secteurs industriels et énergétiques
des 28 pays membre de l’Union Européenne. Le traité SCEQE prévoit d’atteindre l’objectif en 3
phases.
Phase 1 : La première période dite période pilote (2005-2007) a eu pour but d’établir les
quotas nationaux ainsi que les prix d’émission du CO2
Phase 2 : La deuxième période (2008-2012) a consisté à faire appliquer le protocole Kyoto.
Chacune des installations a eu un quota gratuitement. Si ce dernier est dépassé, les sites ont, soit le
choix de modifier leurs installations pour respecter leurs ses quotas, soit racheter au prix du marché
des quotas supplémentaires à une entreprise n’utilisant pas l’entièreté de ses propres quotas.
Phase 3: La troisième période (2013-2020) dans laquelle nous sommes actuellement où la
règlementation devient de plus en plus drastique puisque les quotas attribués initialement diminuent
pour atteindre l’objectif final en 2020 et deviennent progressivement payants. A noter également
que les plafonds nationaux vont être remplacés par un plafond unique européen.
4.2 L’équivalent américain de la législation SCEQE
Comme dit ci-dessus, le protocole Kyoto s’applique évidemment à l’ensemble des pays qui
y ont adhéré. A noter que les pays en voie de développement, dont la Chine, n’y participent pas et
donc ne subissent pas les nouvelles réglementations. Par contre les Etats-Unis en font bel et bien
partie et ont établi leur propre législation “Clean Power Plant” très similaire à la législation
européenne SCEQE. A l’initiative de Barak Obama, la législation a vu le jour en 2014 et a pour
objectif que l’ensemble des états respecte les plans concernant la réduction des émissions de gaz à
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effet de serre et l’utilisation des énergies fossiles (ils doivent réduire l’utilisation des centrales
électriques au charbon).
5. Impact de la législation SCEQE sur Caterpillar
5.1. Problème rencontré
En vue de se conformer à la législation SCEQE, Caterpillar a dû mettre en place de
nombreuses mesures d’adaptation quant à la conception de ses moteurs diesel. En effet, l’entreprise
proposait jusque-là des machines dont les moteurs avaient tous une émission de CO2 supérieure à la
limite autorisée à terme par la législation. SCEQE laissait, cependant, un certain délai aux
entreprises du secteur afin qu’elles puissent trouver une nouvelle technologie permettant de
remplacer celle non réglementaire. Il était donc impératif pour Caterpillar de mettre en place un
processus pour concevoir de nouveaux moteurs aux normes.
Caterpillar se trouvait donc face à un problème de taille. Tout d’abord, il fallait qu’elle
trouve une nouvelle technologie lui permettant de réduire l’émission de CO2 de ses moteurs.
Ensuite, ce sont les moteurs de l’intégralité de la gamme de leurs machines qui devaient être
changés. M. Buchelot nous confie que l’entreprise a eu certains doutes quant à sa capacité à pouvoir
trouver cette technologie en raison de l’investissement financier gigantesque et des effectifs
humains très importants que le projet allait demander.
5.2. La solution technologique trouvée
Face à cette impasse et cette impossibilité au premier abord, Caterpillar a utilisé son
processus NPI (New Product Introduction) qu’il a mis en place afin d’optimiser chaque introduction
d’un nouveau produit de qualité dans sa gamme de machines. Le processus NPI se déroule en 5
phases, avec des étapes clés nécessaires au bon développement de la démarche.
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Phase 1 : Strategy
La phase stratégique se concentre sur les facteurs critiques de succès de Caterpillar et sa
vision stratégique. Lors cette première étape, le but est d’établir les bases des décisions futures à
prendre. Cette phase inclut une analyse complexe qui tient compte de l’avis externe VOC (Voice of
Client), c’est-à-dire les demandes des clients et les soucis des concessionnaires mais aussi l’avis
interne VOB (Voice of Business) c’est-à-dire, les possibilités du marché, les évolutions
technologiques et les percées de la concurrence.
L’implication humaine concerne le personnel marketing, les directeurs produits et les
équipes stratégiques du NPI.
Dans notre cas, Caterpillar a dû prendre des décisions qui n'ont pas satisfait complètement
l'avis externe VOC. En effet, en analysant le VOB, Caterpillar s'est rendu compte que la globalité de
l'investissement que cette réglementation impliquait (tant financier qu'humain,..), était trop
importante pour pouvoir maintenir les mêmes prix de vente de ses machines. Cependant, M.
Buchelot nous confie que l'ensemble des concurrents a dû également revoir les prix à la hausse et
donc c'est l'ensemble des clients du secteur qui a ont au final subit une augmentation des prix.
Phase 2 : Concept
Dans cette deuxième phase, différentes personnes essentielles à la conception du projet se
réunissent. La liste est impressionnante à savoir, le Division VP, le General Manager , le Product
Manager, le Purchasing Manager, l’Opération Manager, le Business Manager, le Supply Chain
Manager, le Manufacturing Engineering Manager , le Marketing and Product Support Manager , le
Key System Product Manager , le Key Component Product Manager et le NPI Manager. Le but de
cette étape cruciale est de mettre en place les éléments essentiels du processus NPI que sont la mise
en place des équipes de travail, l’engagement dans le processus, le lancement des études de marché,
l’intégration des fournisseurs stratégiques principaux dans la conception, les réflexions sur le
produit et son développement, l’évaluation des alternatives, la détermination des spécifications
techniques et enfin l’étude des résultats financiers.
A la fin de cette phase vient une étape clé : Approval ; (Approbation (A) )
Celle-ci marque la fin de la phase concept, il faut en effet l’acceptation du projet - “business
plan” -de manière générale. Cependant, il faut savoir qu’ en fonction de l'importance de la décision,
le niveau d’approbation varie.
Dans le cas des nouveaux moteurs, la décision finale a été prise par le CEO de Caterpillar.
En effet, après avoir établi le business plan des nouveau moteurs et au vu de l'importance capitale
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de la nouvelle technologie pour le futur de l'entreprise et les difficultés engendrées (financières,
processus, managériales et besoins en personnel), les approbations intermédiaires ont dues être
confirmées par les plus hauts dirigeants du groupe basés essentiellement aux Etats-Unis et à
Singapour. En effet, le spécialiste de chaque secteur spécifique établi son rapport qui doit ensuite
être approuvé par le plus haut directeur du secteur concerné avant que l’ensemble du projet ne soit
présenté au CEO pour décision finale. En annexe, se trouve un schéma très simplifié de la chaîne
décisionnelle et managériale de Caterpillar avec une explication.
Phase 3 : Development
Cette troisième phase est composée de 2 étapes. Premièrement, la traduction des
spécifications techniques développées en définissant le design détaillé du produit, de ses systèmes et
de ses composants par les bureaux d’études.
Une étape clé intervient dans la première partie de la troisième phase : “Prove Design”. Cette étape
est essentiellement basée sur la réalisation d’un prototype, qu’il s’agisse d’un composant, d’un
système ou d’une machine complète. L’objectif est la validation du nouveau design.
Deuxièmement, il y a l’étape de confirmation qui vérifie le développement réalisé en
fonction des paramètres établis, des spécifications techniques et des processus de production,
incluant des simulations, des tests des systèmes et composants par rapport à ce qui existe sur le
marché et la mise au point de prototypes pour les machines.
A la fin de la troisième phase, une autre étape clé a lieu : “Reliability”. Cette étape
détermine la fin du développement et le lancement de pilotes. Il s’agit ici d’évaluer la fiabilité du
nouveau produit introduit. Pour ce faire, celui-ci doit passer une série de tests. Le nouveau produit
sera jugé fiable si aucune faille n’est rencontrée durant un certain temps d’utilisation et dans
certaines conditions. L’objectif est aussi de valider le processus de production.
Dans le cas du nouveau moteur diesel Caterpillar ACERT :
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Suite aux nouvelles réglementations, Caterpillar a dû trouver une solution afin de réduire les
micro-particules émises par ses moteurs. Ils ont gardé le moteur de base, à savoir un moteur
classique à explosion mais ont ajouté un filtre qui retient les particules. Ce filtre coûte un peu plus
de 6000€. Le filtre se remplissant très vite, il était impératif de trouver un moyen pour vider celui-
ci. C’est alors qu’a été mis sur pied le processus de régénération. Celui-ci consiste à mettre un
brûleur dans le filtre qui, à intervalles réguliers, va carboniser les micro-particules. Par ce système
ingénieux, les particules polluantes sont détruites et le filtre se vide sans aucun souci. Cela a permis
de réduire considérablement les émissions de CO2 et ainsi rencontrer les normes dictées par l’Union
Européenne. Un espion électronique a été également placé dans le moteur afin d’effectuer un
contrôle permanent des différents paramètres.
M.Buchelot nous confie qu’afin de minimiser au maximum les coûts de la nouvelle
technologie et donc de limiter l’augmentation des prix de vente, les réglementations et limites
admises sont parfaitement respectées mais à la limite du permis. En effet, il nous explique qu’ il ne
voit pas l'intérêt de faire des investissements supplémentaires que ce soit pour diminuer le poids du
moteur ou les émissions si cela n'est pas obligatoire car cela coûterait très cher à l'entreprise et donc
résulterait en une augmentation du prix de vente des machines Caterpillar inacceptable pour les
clients.
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Phase 4 : Pilot
Cette quatrième phase a pour but de valider le processus de fabrication tant pour Caterpillar
que pour ses fournisseurs et contrôler que le produit respecte bien les limites établies par les
spécifications. A la fin de la quatrième phase se trouve une étape clé : “Shipment”. Cette étapes
marque la fin concluante des tests effectués sur les machines ou composants pilotes et se termine
par un feu vert donnant l’autorisation d’expédier les premiers produits.
Dans notre cas les nouveaux moteurs réglementaires ont été testés dans des régions où le
climat est fort différent c’est-à-dire en Norvège et au Moyen Orient. De petites modifications ont
dues être apportées aux moteurs mais aucun gros problème n'est survenu. M.Buchelot nous
mentionne par exemple des problèmes liés au carburant mis dans les machines. Certaines
entreprises clientes utilisent parfois du mauvais carburant pour réduire leur coût mais ceci a pour
conséquence d'empêcher le bon fonctionnement de la machine. Comme indiqué, ce sont des
problèmes secondaires et non liés aux moteurs conçus par Caterpillar.
Phase 5 : Production
Cette dernière phase consiste au lancement du produit dans l’ensemble des usines dans le
monde et de faire un suivi afin de s’assurer de la satisfaction des clients et des concessionnaires.
Sur base de ce suivi, des réponses rapides sont apportées par Caterpillar afin de tenir compte des
remarques et suggestions pour améliorer continuellement le produit et les services y-associés.
Un an après la mise en production, Caterpillar tire un bilan afin de s’assurer que les objectifs
tant financiers que qualitatifs établis au moment du Business Plan ont été rencontrés. Ce suivi à
posteriori permet également de lister les points positifs et négatifs en vue de pouvoir s’améliorer
lors de prochains programmes NPI.
Cette dernière phase a eu lieu en 2013 et a été globalement concluante pour Caterpillar.
Remarque : lors du déroulement du processus NPI sont organisées des « Gate Review »
(de 1 à 7 sur le schéma) qui permettent un contrôle permanent du processus.
NB: Ci-dessus nous avons mentionné la présence d’un consortium quant au délai de la mise
en application de la norme. M. Buchelot nous informe, que malgré les premiers dires des
concurrents se sentant capable de trouver une solution aux problèmes dans des délais très courts, au
moment de la deadline certains concurrents ont essayé de repousser les échéance et c’est
Caterpillar qui fut le premier à trouver une solution au problème et ainsi le premier à créer un
nouveau système de moteur respectant les nouvelles réglementations. Ce n’est pas le leader mondial
pour rien !
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6. Analyse critique du cas
6.1.Investissements
D’un point de vue financier, les investissements ont été très lourds pour l’entreprise. Le
changement des moteurs de toutes les machines a inévitablement entraîné des coûts. Tout d’abord
pour la recherche et le développement, mais aussi pour le personnel et l’achat du matériel nécessaire
à la fabrication de leur nouvelle technologie. Des ressources ont été nécessaires entre 2008 et 2009,
soit au début de la crise financière.
La période n’était pas propice à supporter de tels coûts. D’une part pour Caterpillar mais
aussi pour bon nombre d’entreprises du secteur. En conséquence, les investisseurs et porteurs de
fonds ne se sont pas précipités. Caterpillar a donc dû faire œuvre de beaucoup de pédagogie afin de
convaincre ses actionnaires de continuer à lui faire confiance.
6.2.Contraintes managériales
En ce qui concerne l’aspect managérial, il y a également eu des conséquences. La mise en
place d’une nouvelle technologie demande la présence de plus de personnel. Or, l’entreprise n’avait
pas les fonds nécessaires pour engager de nouvelles personnes. Ajoutons à ceci la crise financière
qui caractérisait l’année 2008. Il y a donc eu de nombreuses restrictions budgétaires mises en place
ainsi qu’une vague de licenciements au sein de l’entreprise, entraînant des tensions chez les
employés.
Cependant, grâce à un système managérial adapté et performant, Caterpillar a réussi à
redéployer de manière efficace le personnel disponible. Le nouveau moteur ACERT a ainsi pu être
conçu dans les délais. Caterpillar possède un autre point fort, son processus NPI de création de
nouvelles technologies. L’entreprise a recourt à ce processus depuis une vingtaine d’années et
l’actualise régulièrement. Il a fait ses preuves dans le cas de la résolution de cette problématique,
permettant à l’entreprise de tenir les délais et de se conformer au mieux à la législation SCEQE.
L’entreprise est ainsi restée le leader mondial. Caterpillar a un autre atout: la qualification de
ses employés. L’entreprise possède de nombreux sites et employés différents. Une bonne
organisation est alors de rigueur. Les employés sont donc formés spécifiquement et les tâches
définies précisément.
6.3. Concurrences
Notons, que malgré les préoccupations auxquelles Caterpillar devait faire face, l’entreprise
avait le devoir de rester compétitive. L’entreprise a effectivement une place de leader mondial à
conserver. Elle jouit de celle-ci grâce à ses produits de qualité mais néanmoins assez chers. Les
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coûts supplémentaires liés à la conception du nouveau moteur ACERT ont eu pour conséquence une
augmentation du prix de toutes les machines. Caterpillar doit également faire face à une autre
difficulté : les besoins et les envies de ses clients. Ceux-ci veulent continuer à produire au moindre
coût et veulent pour cela se procurer des machines de même qualité au même prix. C’est là
qu’intervient le danger de la concurrence. En effet, vu la situation économique peu favorable,
l’entreprise ne pouvait pas se permettre de perdre des clients. De plus, dans ce genre de climat,
récupérer un client perdu coûte environ dix fois plus cher à l’entreprise que l’effort nécessaire pour
le garder et le satisfaire.
Cependant, nous avons remarqué que depuis la sortie de la nouvelle législation, les prix du
marché ont subits une augmentation généralisée. La concurrence éprouve donc les mêmes
difficultés que Caterpillar. Ce dernier reste en accord avec son image de marque, privilégiant la
qualité avant tout. Ce qui n’est pas le cas de certains de ses concurrents proposant des produits bon
marché.
6.4. Gestion du consortium
Lorsque de telles législations sont mises en place, l’ensemble des entreprises du marché se
réunissent afin de négocier des consortiums. La date d’application des législations du type de la
SCEQE sont modifiables. Les entreprises essayent donc de s’accorder sur la date limite. Ceci
représente un challenge supplémentaire pour l’entreprise. Caterpillar doit effectivement être capable
d’estimer le temps que le processus de production NPI va demander et doit également surveiller la
concurrence car si une entreprise parvient à proposer son produit plus tôt, elle gagnera un avantage
compétitif.
Dans le cadre du cas que nous avons étudié, Caterpillar voulait dans un premier temps
bénéficier d’un délai plus long que la date retenue par le consortium. Mais, par la suite, l’entreprise
a réussi à proposer ses machines avant l’échéance, confirmant ainsi sa position de leader sur ce
marché.
6.5. La segmentation de marché
Un autre point est intéressant à soulever: la segmentation de marché de Caterpillar. Tout
d’abord, il faut savoir que Caterpillar divise sa clientèle en 2 marchés distincts : les LRC et HRC,
c’est-à-dire Low Regulated Countries et High Regulated Countries. Ce sont deux catégories qui se
distinguent par des attentes différentes. Le premier cherche à minimiser le prix d’achat de ses
machines, tout en conservant une fonctionnalité optimale de celles-ci. Tandis que le deuxième, lui,
sera un peu moins regardant sur le prix, privilégiant la qualité ainsi que le confort de la cabine.
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Pendant des années, Caterpillar a préféré servir la clientèle la plus riche. Cependant, depuis 8 ans,
les pays moins développés, dont la Chine, absorbent et utilisent une quantité de produits industriels
gigantesque. La demande de ces pays étant en pleine explosion, les pays développés ont vu une
opportunité financière de satisfaire cette tranche du marché. Les ventes de Caterpillar sont
maintenant destinées pour 70% à cette dernière.
Retournons à notre problématique. Il faut savoir que, comme mentionné plus haut, les pays
en voie de développement ne sont pas concernés par la législation SCEQE. L’entreprise a donc
investit énormément de temps et d’argent dans la construction du moteur ACERT pour satisfaire
une demande qui ne représente plus que 30% de ses ventes. On pourrait donc remettre en cause la
gestion des ressources de l’entreprise.
Néanmoins, certaines réponses peuvent être apportées. Il faut garder à l’esprit que les pays
développés sont toujours maîtres dans le secteur de l’industrie. Ces derniers détiennent
effectivement les plus grandes part du marché et exercent une influence considérable sur le reste du
secteur. Il était donc tout de même opportun pour Caterpillar de développer le nouveau moteur
ACERT afin de maintenir leur catégorie Luxe et garder sa position de leader sur l’ensemble des
segments.
7. Conclusion
Tout d’abord, nous remarquons qu’un changement de cette envergure est difficile à mettre
en oeuvre. Il concerne tous les niveaux de l’entreprise et prend du temps à être mis en place.
Néanmoins, une entreprise telle que Caterpillar dispose de ressources tant financières, managériales
qu’humaines lui permettant de rester à flot. Plusieurs aspects négatifs sont ressortis de notre
analyse. Par exemple, une hausse des licenciements, de l’endettement ou encore des prix de
l’entreprise. Cependant, l’entreprise a su se conformer à la législation imposant la réduction de ses
émissions de CO2 grâce à la création de son moteur ACERT. Soulignons également qu’elle a su
présenter sa nouvelle technologie avant la deadline, devançant ainsi ses concurrents.
Cette problématique nous a montré que rien n’est jamais acquis dans le monde de l’industrie
et qu’il faut rester vigilant. Surtout en considérant l’importance grandissante des normes
environnementales.
8. Les propositions d’amélioration
Suite à ce projet NPI et au suivi de ce dernier, Caterpillar a identifié qu’il devait absolument
améliorer l’intégration des usines qui faisaient partie du groupe Bucyrus acquis par Caterpillar peu
de temps avant ce projet et qui donc n’étaient guère familières avec ce processus extrêmement
rigoureux.
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9. Perspectives futures
A l’heure de rédiger ce rapport, nous ne connaissons pas les conclusions de la COP21 qui se
tient à Paris …. Il est possible qu’un nouvel accord climatique plus ambitieux soit conclu ce qui
immanquablement aura des conséquences à moyen et long terme en terme pour une réduction
encore plus importante des émissions de gaz à effet de serre et donc un nouveau défi pour
Caterpillar.
10. Bibliographie
• European Union, The EU Emissions Trading System 2013, consulté le 01/12/2015
"http://ec.europa.eu/clima/publications/docs/factsheet_ets_en.pdf"
• Site officiel Caterpillar, consulté le 01/12/2015 "http://www.caterpillar.com"
• Wikipédia, historique de la firme Caterpillar, consulté le 03/12/2015
"https://fr.wikipedia.org/wiki/CAT"
• Site officiel du groupe Caterpillar, consulté le 01/12/2015 "http://www.groupecat.com"
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