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LONGS COUTEAUX Le hachis Parmelin P. 17 CADEAUX Pervers Noël P. 11 NUCLÉAIRE Chefs de rayon P. 5 PÉDIATRIE Sale attente P. 4 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA Vendredi 4 décembre 2015 // N o 257 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

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LONGS COUTEAUXLe hachis Parmelin P. 17

CADEAUXPervers Noël P. 11

NUCLÉAIREChefs de rayon P. 5

PÉDIATRIESale attente P. 4

JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA

Vendredi 4 décembre 2015 // No 257 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

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Vigousse vendredi 4 décembre 2015 Vigousse vendredi 4 décembre 2015

Limiter le réchauffement du climat terrien à deux

degrés Celsius d’ici la fin de ce siècle : voilà l’enjeu.

Pas moins de 150 chefs d’Etat sont réunis à Paris

pour en parler.

La fin du siècle, c’est dans 85 ans. Ça fait loin. Pas

mal de choses vont se produire entre aujourd’hui et 2100.

Des trucs imprévisibles et inimaginables. Il y a cent ans, au

début décembre 1915, qui aurait prédit ce qui se passerait

en l’an 2000 ? Qui, en 1915, aurait tenté de prendre des

mesures concrètes en vue d’atteindre quoi que ce soit en

2000 ? Et même si des objectifs quelconques avaient été

formulés en 1915 pour l’an 2000, qu’en serait-il advenu ?

Pourtant, les dirigeants du monde négocient à Paris en

essayant d’embrasser le temps long sous l’état d’urgence

pour cause d’attentats récents. Pour la majeure partie des

participants à la conférence, le dérèglement climatique

constitue une menace sérieuse, écologique, humanitaire

et surtout économique. Mais pour la plupart d’entre eux,

le danger le plus aigu, le plus terrifiant est de ne pas être

réélus d’ici un, deux, trois ou quatre ans. Pour les chefs

d’entreprises ou les négociants, c’est de voir baisser les

profits et les dividendes au prochain trimestre. Et tous, une

fois terminé le grand raout parisien, entonneront derechef

et de plus belle leur air préféré : l’hymne à la croissance,

vite et le plus possible.

Entre enjeux à long terme et intérêts à court terme, la

situation est donc complexe, l’avenir est opaque et le climat

est mal parti. Mais peu importe : la Suisse, par miracle,

n’est pas du tout concernée par ces problèmes. Le premier

parti politique du pays, qui a triomphé dans les urnes en

octobre et qui s’apprête à obtenir un siège supplémentaire

au gouvernement, considère que le dérèglement climatique

est une chimère. Voire, selon son vice-président Freysinger

qui l’a lu sur internet, un pur mensonge de scientifiques

dévoyés. C’est beaucoup plus simple.

A F F A I R E S E N C O U R TC ’ E S T P A S P O U R D I R E ! Q U E L L E S E M A I N E ! 32

LE CHIFFRE

2020C’est à la fin de cette année-là que

la police aérienne suisse pourra sortir en dehors des heures de

bureau. Les F/A-18 voleront même tous les jours, 24 h sur 24, s’il

faut intercepter un avion éthiopien piraté ou frôler un appareil russe. Mais avant d’enclencher le turbo, on y va gentiment. En 2016, les

jets seront opérationnels du lundi au vendredi de 8 à 18 h. Et tous les jours de 6 h à 22 h à partir de 2019. Avis aux amateurs

de détournements.

Chaud effroiLaurent Flutsch

Rentrée chargéeLe Matin (30.11) a interrogé six nouveaux élus fédéraux sur leur première session à Berne. A la question de savoir quel sera leur objet fétiche, tous répondent leur téléphone, leur ordinateur ou leur badge d’accès. Le PLR genevois Benoît Genecand indique en sus son oreiller ergonomique. On lui souhaite de bonnes siestes sous la Coupole.

Cigares marchandisesLe Temps (26.11) a cassé sa tirelire pour envoyer un journaliste et un photographe à Waldshut-Tiengen, en Allemagne. Il fallait bien ce déplacement pour rencontrer Heinrich Villiger, 85 ans, qui dirige l’usine de cigares qui portent son nom. C’est que le frère de Kaspar, ex-conseiller fédéral, craint la nouvelle loi sur le tabac : en effet, argumente-t-il, un texte qui limite publicité et parrainages des marques de clopes mettrait en péril… la Fête fédérale de lutte. Culotté, le roi du stumpf.

A Moutier pleinPour sa deuxième édition, le sympathique « Lapmouf festival » de Moutier a réuni 300 enthousiastes. Comment expliquer une si faible affluence malgré la présence du groupe de rock états-unien Beastö Blancö ? « Ce n’est pas parce que la fille et le bassiste d’Alice Cooper font partie d’un groupe que ça marche à tous les coups », philosophe Luis Cabral, responsable de l’organisation au Quotidien jurassien (30.11). Décidément, tout fout le camp…

Hohl fait sa comédieA Genève, le projet de Nouvelle Comédie tarde à être présenté au Grand Conseil. Chargé d’établir le rapport de commission de la majorité, le député PLR Frédéric Hohl devait le rendre le 17 novembre, mais il a oublié de faire ses devoirs. La télévision Léman Bleu avait révélé (25.11) que la commission lui avait pourtant accordé un mois supplémentaire pour ses vacances. « Je rendrai mon rapport quand il sera terminé », a décrété Hohl, qui bloque ainsi toute discussion sur un sujet urgent. Pour que le dossier de la Comédie avance, il faudrait que Hohl arrête la sienne.

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Vigousse vendredi 4 décembre 2015 Vigousse vendredi 4 décembre 2015

Gaël est l’heureux papa d’un enfant de 9 mois très contrariant, car il ne tombe malade qu’en dehors des heures d’ouverture du cabinet du pédiatre. Il pense avoir été victime d’une petite arnaque qui lui donne encore des boutons. Depuis sa nais-sance, le bébé a suscité deux grosses frayeurs à ses parents la nuit ou le dimanche. A chaque fois, dans le doute, Gaël a appelé les urgences pédiatriques de l’Hôpital cantonal de Fribourg (HFR) et il a toujours été écouté et bien conseillé.Le samedi 14 novembre, son fils a de la fièvre et le dimanche la tempéra-ture frise les 40 degrés. Gaël appelle donc les urgences, comme d’habi-tude. Au bout du fil, l’infirmière lui dit que légalement elle ne peut plus délivrer de conseils médicaux au té-léphone et lui donne le numéro de Medi24, un service de télémédecine basé à Berne.

Gaël compose le numéro. La voix automatique attaque : « Willkom-men, bienvenue, benvenuti, welcome, für deutsch drücken 1… » Il est ensuite prévenu que la conversa-tion est enregistrée et que cela lui coûtera 3 francs la minute. « Enfin, une dame au bel accent alémanique me répond avec beaucoup de calme, voire une certaine lenteur. Comme si elle faisait traîner pendant que le

compteur tourne », se souvient Gaël, stressé. Son fils hurle, la fièvre conti-nue à grimper. Quand il appelait l’hôpital, il donnait l’âge, le poids et une description de la situation : « On me posait des ques-tions d’ordre médical et on me donnait rapidement un avis. » Chez Medi24, la dame lui demande d’abord la date de naissance du bébé. « Elle me fait ensuite épeler le nom de famille et le prénom de l’enfant. Je ne vois pas l’intérêt, je ne veux pas un thème as-tral… » Excédé, il raccroche.

Sa compagne, plus calme, rappelle. Elle est patiente et reste dix minutes au téléphone pour de bons conseils. Mais ils devront néanmoins amener le bambin aux urgences et il a eu besoin « d’une dose de cheval » pour calmer la fièvre.La Kidshotline – c’est son petit nom – est atteignable à Fribourg depuis le 1er novembre. « Mais on peut bien sûr venir aux urgences ou aller chez le pédiatre. Les parents sont informés du prix de ces conseils médicaux télé-phoniques et peuvent choisir d’appe-ler ou non », relève Cosette Pharisa Rochat, médecin adjointe au service de pédiatrie de l’HFR.

NOUVEAU-NÉ Depuis un mois, les urgences pédiatriques de l’Hôpital cantonal de Fribourg renvoient les appels sur un service de télémédecine payant. La fièvre du nourrisson grimpe et le tarif en fait de même.

Le coût du coup de fil

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S4

« Iodure de potassium 65 AApot » : tel est le joli nom des comprimés qui, en cas d’accident nucléaire avec rejet de saletés radioactives, limitent les risques de cancer de la thyroïde. Posologie : consulter la notice incluse dans l’emballage, écouter la radio et n’ingérer que sur ordre des autorités. Les réserves et la distribution sont gérées par la pharmacie de l’armée, aux frais des exploitants de centrales. En Suisse et jusqu’en 2014, les pastilles étaient distribuées aux ménages, écoles et entreprises dans un rayon de 20 kilomètres autour des marmites atomiques. Au-delà de ce cercle, les stocks étaient centralisés dans des dépôts régionaux : en cas de nuage mal-sain et selon le sens et la vitesse du vent, il n’y avait qu’à se dépêcher d’aller y puiser pour les délivrer le plus vite possible aux populations

exposées en espérant que le tra-fic routier soit fluide. Après tout, en cas de bise modérée soufflant à 40 km/h, ça laissait une bonne demi-heure pour agir, sans comp-ter qu’il n’est pas totalement indis-pensable d’avaler les comprimés dès les premières bouffées d’air radioactif. Toutefois, le Conseil fédéral, mû par une étrange manie de précau-tion, a décidé l’an dernier d’étendre la distribution préalable de cachets à un rayon de 50 kilomètres autour des réacteurs. Entrée en vigueur le 1er mars 2014, cette ordonnance a

été appliquée au cours des mois suivants : après les foyers et les écoles, les entreprises ont reçu leurs boîtes de pilules en été 2015. Tout est en ordre. Evidemment, la nouvelle aire de diffusion est assez vaste : elle englobe une bonne partie du Pla-teau suisse, y compris de modestes patelins comme Bâle, Zurich, Win-terthour, Schaffhouse, Lucerne, Olten, Soleure, Berne, Thoune, Delémont, Porrentruy, Neuchâtel, Fribourg… En Suisse romande, la zone comprend tout le territoire jurassien, la presque totalité des communes fribourgeoises et neu-châteloises, et le nord du canton de Vaud.

Autant dire que ce nouveau régime de distribution d’iode n’arrange pas trop les affaires des malheureux exploitants de centrales puisqu’ils doivent casquer pour trois fois plus de pastilles qu’auparavant. Ils ont d’ailleurs reçu la facture

IODE À LA PATRIE Les exploitants des centrales atomiques suisses doivent payer pour une distribution élargie de cachets d’iode. La pilule passe très mal.

La crise de la pastille

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S 5

Il y a six mois, Gaël obtenait le même renseignement gratuitement en deux minutes. Aujourd’hui, ça fait 30 francs. De plus, son inter-locutrice ne s’est pas présentée comme infirmière en pédiatrie. « Mais ce sont des professionnels de la santé qui ont déjà tous une longue expérience clinique. Ils sont formés pour la télémédecine et peuvent tou-jours se référer à un médecin en cas de doute », note Cosette Pharisa Ro-chat. Medi24, qui emploie 80 per-sonnes, dont plusieurs médecins, joue le rôle de gare de triage et a pour but de désengorger le service des urgences. En Suisse romande, la plupart des cantons ont mis en place ce genre de système de télémédecine soutenu par les assureurs.

Membre de la direction de Medi24, Lebrecht Gerber argue que les pa-rents sont très sensibles et appellent facilement les urgences, parfois pour des broutilles. Depuis sa mise en service, la Kidshotline enregistre environ 20 appels par jour et, selon lui, les parents sont satisfaits. Il est vrai qu’à 3 francs la minute Gaël n’a pas rappelé pour signaler qu’il n’était pas ravi. Jean-Luc Wenger

émise par la pharmacie de l’armée le 19 octobre 2015. Et ils ne sont pas contents.De fait, leur organisme faîtier Swissnuclear, opposé dès le début à l’ordonnance, vient de dépo-ser un recours auprès du Tribu-nal administratif fédéral. Daté du 19 novembre, ledit recours exige que « le régime de distribution soit rééxaminé sans précipitation ». Il rappelle qu’un rayon de 20 kilo-mètres était bien suffisant « pour le cas très improbable d’un accident grave avec rejet de quantités signifi-catives de substances radioactives ». En revanche, « les exploitants refusent que les dépenses soient multipliées par plus de trois sans gain de sécurité pour une distribu-tion à toutes les personnes dans un rayon de 50 kilomètres ». C’est bien sûr leur propre analyse, tout à fait neutre, objective et désintéressée, qui conclut que l’extension n’ap-porte pas de « gain de sécurité » : selon ces experts, seule une catas-

trophe nucléaire liée à un tremblement de terre très violent pourrait contaminer des régions au-delà de 20 kilo-mètres. Et les habitants auraient bien de la peine à retrouver leurs pas-tilles d’iode dans les décombres des maisons effondrées. Mieux vaut donc des stocks centrali-sés, comme avant 2014.

Défense de rire, et défense d’envisa-ger la possibilité d’un rejet radioac-tif survenant par bête accident, ou suite à un attentat, un jour où il y a du vent.

Mais attention : n’allons pas croire que c’est uniquement pour de mes-quines raisons pécuniaires que les entreprises électriques de Swiss-nuclear s’opposent à une distribu-tion étendue de pilules. Le recours des exploitants avance en effet un argument infiniment plus noble : très attentifs à la sérénité publique, ces bons bougres refusent « que les nouvelles prescriptions génèrent un sentiment d’inquiétude au sein de la population ». Merci, c’est gentil comme tout. Cela dit, on ne sait pas ce qui est le plus inquiétant : la distribution de pastilles d’iode ou le fait que nos vétustes casseroles atomiques sont gérées par des radins qui ne veulent surtout pas inquiéter les gens ? Laurent Flutsch

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Et on tuera toutes les orduresSous le titre « Le mot ordure jeté à la poubelle », Le Quotidien jurassien (27.11) nous apprend que le SEOD, le Syndicat pour l’élimination des ordures et autres déchets de la région de Delémont, va changer de nom. En effet, le mot ordure est « définitivement passé de mode » et le mot élimination est « peut-être un peu brutal ». C’est vrai, on pourrait croire que le SEOD est une sorte d’organisation criminelle qui fait disparaître les salauds en les truffant de bastos et en les enterrant discrètement dans une décharge. Le SEOD est donc rebaptisé Syndicat de gestion des déchets de Delémont et environs. C’est nettement mieux. Maintenant on dirait une institution qui s’occupe des alcooliques et des cas sociaux de la région.

A F F A I R E S E N C O U R T

LA FIÈVRE DU SAMEDI SOIR

COMMENT VAS-TU, IODE POÊLE ?

Le divorce est un problème de richeLa Tribune de Genève explique que la crise favorise la constance conjugale (28.11). Selon une étude de la société de recouvrement Intrum Justitia, les couples hésitent davantage avant de divorcer lorsqu’ils traversent des difficultés financières. Une séparation coûte en effet souvent très cher. Amour et richesse ne font donc pas bon ménage. Et les pauvres, ces ingrats qui passent leur temps à se plaindre, ne connaissent décidément pas leur bonheur.

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Vigousse vendredi 4 décembre 2015 Vigousse vendredi 4 décembre 2015

Qu’est-ce qui fait un bon gag ? Honnêtement, si on était au cou-rant, à Vigousse, ça se saurait… Mais heureusement, la science fournit quelques pistes. Ainsi, des chercheurs en humourologie ont constaté que le rire était sou-vent corrélé à une mise à jour de nos attentes sur les états mentaux d’autrui. Groucho Marx aurait dit : « Evidemment, un enfant de 5 ans pourrait comprendre ça. » Puis il aurait immédiatement enchaîné : « Amenez-moi donc un enfant de 5 ans. » Voilà donc la mécanique secrète : une attente est créée sur ce que pense quelqu’un, puis on la retourne comme une chaussette, et hop, on obtient un effet de surprise qui par une diablerie de l’esprit s’ac-compagne du rire. Facile, non ?

Sauf que ça ne nous dit pas ce qui fait que certains gags sont meilleurs que d’autres. Les blagues étant comme des capsules d’humour condensé – un dispositif artificiel pour déclencher le rire –, on s’atten-drait à ce qu’elles soient particuliè-rement bien ficelées pour susciter la gaudriole. A priori, il suffit donc d’étudier à la loupe celles qui marchent le mieux pour en extraire les ingrédients magiques. C’est ce qu’a justement fait une équipe de chercheurs de l’Université d’Ox-ford, un lieu renommé pour tout ce

qui a trait à la poilade et à l’hilarité.Ces gens-là s’intéressent de longue date aux processus de mentali-sation, qui, on l’a vu, semblent liés à la production de l’humour. Nous autres humains, sans même nous en apercevoir, nous menta-lisons à tour de bras. Nous nous demandons ce que Jacques croit que Sylvie va penser de Paul et si ça ne risque pas de mettre en dan-ger nos plans avec Georgette. Cette affaire-là fonctionne par degrés, les pensées de chacun s’emboîtant dans celles des autres. Ainsi, dans

HUMOUROLOGIE Quand les scientifiques cherchent à percer les secrets d’un bon gag, on risque d’être déçu par la chute. Poil au calbute.

une conversation banale, il y a déjà trois degrés de mentalisation. Quand vous causez à quelqu’un, vous savez (1er degré) que cette personne comprend (2e degré) que vous avez l’intention (3e degré) de lui communiquer quelque chose. Pareil pour votre interlocuteur : il comprend que vous avez l’inten-tion de lui faire savoir quelque chose. Oui, c’est compliqué, mais sans ce mécanisme il n’y a pas de conversation à proprement parler, juste, à la rigueur, un débat « Infra-rouge ».

Oxford Comedy Club

Début novembre, Carole et Mathilde décident de se rendre à New York pour une semaine de vacances. Sur le site internet d’une compagnie aérienne, elles réservent deux billets aller-retour, départ le 15 novembre. La Suisse faisant partie du Visa Waiver Program, ou programme d’exemption de visa, il suffit aux deux amies de compléter en ligne le formulaire ESTA (Electronic System for Travel Authorization) : une pro-cédure simplifiée pour les voyageurs souhaitant se rendre sur le territoire états-unien pour une durée infé-rieure à 90 jours. Très rapidement, Mathilde reçoit son autorisation de voyage. Pour Carole, en revanche, la réponse du US Customs and Border Protection, le département qui gère les formulaires, est catégorique : « voyage non autorisé ». Carole, qui souffre du diabète, a eu le malheur de cocher « oui » à la question « Etes-vous atteint de troubles physiques ou mentaux, consommateur de drogue ou toxico-mane, ou actuellement atteint d’une des maladies suivantes… » La ques-tion est plutôt vaste et il n’est pas possible de développer sa réponse : c’est oui ou non. Par peur d’être ennuyée à l’aéroport avec son petit nécessaire de diabétique, Carole a coché « oui ». Contrariée, elle écrit un mail au département susmentionné en demandant à remplir à nouveau le questionnaire. Sans réponse, elle

décide de s’adresser directement à l’ambassade des Etats-Unis. Sur un ton très avenant, on l’avise que la seule chose qui lui reste à faire, c’est un visa à 160 francs ; pour le formu-laire ESTA à 14 dollars, elle peut marquer « dommage ».

Qu’à cela ne tienne : pour obte-nir le visa dans les plus brefs délais, Carole doit décrocher un rendez-vous à l’ambassade, remplir le for-mulaire en ligne et s’acquitter de la somme due avant son rendez-vous. Il lui faut également des photos d’identité aux normes. Des normes très strictes, qui ne peuvent être garanties que par un photographe professionnel. Qui lui demande 50 francs. L’ambassade consent alors à la recevoir le 17 novembre. Carole explique que ça aurait été avec plai-sir, mais que si elle part le 15, ça risque d’être un peu ric-rac. « Pas de

EMBARRASSADE Il arrive que les procédure facilitées soient plus compliquées que les procédures normales bien que celles-ci soient elles-mêmes souvent compliquées par des fonctionnaires pas simples.

problème ! » : elle n’a qu’à demander un rendez-vous en urgence. Après moult démarches, elle en décroche un le 13 novembre. Pour simplifier les choses, elle envoie à l’ambassade toutes les données relatives à son séjour. Arrivée sur place, on la fouille, on prend ses empreintes, deux fois, deux personnes la questionnent. Enfin, tout est en ordre ! Dans cinq jours ouvrables, elle aura son visa. Sauf qu’elle part dans deux jours. Mais le délai est incompressible. On la console : « La bonne nou-velle, c’est que votre visa est valable 10 ans. » Elle peine à comprendre

Marathon pour New York

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En étudiant le nombre de degrés de mentalisation présents dans les « 100 meilleurs gags de tous les temps », disponibles sur un site internet, nos chercheurs ont pu constater que les plus appréciés sont ceux qui contiennent 5 degrés de mentalisation, à peu près le maximum gérable par le cerveau humain selon eux. Au-delà, c’est trop compliqué, en deçà, c’est trop simple. Une bonne blague demande donc un effort mental adéquat, ni trop ni trop peu, pour saisir ce qui s’y trame, une sorte d’intrigue mini-male si on veut.

Malheureusement, les auteurs ne fournissent pas directement d’exemple de blague à 5 niveaux. Mais en gros, en comptant les 3 degrés obligatoires d’une conver-sation normale (le comique sait que son public s’attend à ce qu’il soit drôle), il s’agit de gags impli-quant deux personnages minimum ou un personnage parlant d’un autre (généralement sa femme, son psy ou un Portugais). A ce compte, n’importe quelle blague où Toto évoque sa maîtresse fait l’affaire…Les chercheurs oxfordiens le reconnaissent, la science du rire a encore de beaux jours devant elle. En attendant, misez sur la fausse moustache et l’accent suisse alle-mand, il paraît que ça marche à tous les coups. Sebastian Dieguez

The complexity of jokes is limited by cognitive constraints on mentalizing, R. Dunbar et al., Human Nature, à paraître.

CINQ NUANCES DEGRÉS

Saleté de diabèteContactée à ce sujet, l’ambassade des Etats-Unis, qui travaille en étroite collaboration avec le Customs and Border Protection, confirme qu’il est fréquent que des diabétiques et des schizophrènes répondent positivement à la question relative aux éventuelles maladies et se voient ainsi refuser le voyage. Il leur suffit de remplir à nouveau le formulaire en cochant « non » cette fois. C’est vrai que c’est beaucoup plus simple que de préciser la question directement dans le formulaire. En réalité, seules les personnes touchées par le chancre, la blennorragie, le granulome inguinal, la lèpre infectieuse, la lymphogranulomatose vénérienne, la syphilis infectieuse ou la tuberculose active sont priées de rester dans leur pays. Concernant maintenant le prétendu délai incompressible de 5 jours, la porte-parole de l’ambassade explique qu’incompressible, c’est un bien grand mot : les situations varient et en ce sens les délais aussi. Pas de chance alors.

pourquoi on lui a demandé de venir quand même. Ecœurée, elle décide d’oublier qu’elle vient de perdre plus de 1000 francs (le billet d’avion n’est pas remboursable) et une semaine en vaines démarches. Le lende-main du départ de son amie, elle reçoit l’e-coup de grâce : le US Customs and Border Protection lui confirme qu’en cas d’erreur elle peut bien évidemment remplir une seconde demande. Ben alors, Carole, faites pas cette tête : vous voyez bien qu’il est inutile de se rendre à New York pour que ce soit le Bronx. Séverine André

DERNIÈRES REPRÉSENTATIONS

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Vigousse vendredi 4 décembre 2015 Vigousse vendredi 4 décembre 2015

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* L’équipe des «Dessinateurs de presse en Romandie» * Barbara et Danilo van Woerden * Jean-Marie Reber * Gabriel Fuchs * Monique Rey et René Bersier

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Gouverner n’est pas toujours pré-voir. En 2007, La Chaux-de-Fonds, avec un endettement de 221 % de ses revenus, est à la recherche de liquidités. Son grand argentier de l’époque, le socialiste Laurent Kurth (aujourd’hui conseiller d’Etat neu-châtelois avec la même fonction), se tourne vers la Deutsche Pfandbrie-fbank pour trouver 20 millions. Ce choix s’explique peut-être par le fait qu’aucune banque suisse n’a sou-haité entrer en matière, mais il reste énigmatique. Ladite banque n’est pas sans tache. Elle a déménagé son QG à Dublin pour bénéficier d’une optimisation fiscale, ce qui ne l’a pas empêché, en 2008, d’être entrainée dans la crise financière, tant et si bien que le Gouvernement allemand a dû la sauver.

La Tchaux signe un contrat de prêt de 20 millions de francs suisses à 1,43 euro/franc pour une durée de 15 ans. Les sept premières années, le taux d’intérêt est fixé à 2,63 %, ce qui est une excellente affaire. Elle se gâte par la suite puisque le taux pour les années suivantes est indexé au change euro/franc suisse. Plus l’euro baisse, plus le taux aug-mente. En 2015, l’euro passe à une moyenne de 1,07, ce qui fait mon-ter le taux d’intérêt à 18,94 % ! La Chaux-de-Fonds doit débourser un montant de 3 788 000 fr. sur son prêt pour 2015. Si ce scénario ne change pas, en 2022, la somme totale payée en intérêts sera de 33,9 millions de francs, soit 170 % du prêt !

Comment est-ce possible de propo-ser un tel système et comment un économiste de la trempe de mon-sieur Kurth peut-il tomber dans un tel panneau ? Peut-être que des citoyens feront appel à la loi sur la transparence pour en savoir davan-tage ou qu’une commission d’en-quête se penchera sur ce cas inouï.

Les acteurs du monde politique sont, à quelques exceptions près, les seuls à ne jamais être sanction-nés. Un expert-comptable perdrait son brevet, un commerçant ferait faillite. Seuls les banquiers peuvent se prévaloir des mêmes préroga-tives que les politiciens. D’ailleurs, le 26 novembre, dans L’Impartial, Andreas Jurt, directeur local d’une des deux banques « too big too fail », vole au secours de Laurent Kurth avec l’argument suivant : « En 2008, toutes les banques disaient que l’euro ne tomberait jamais. » L’histoire, pour les banquiers, n’existe pas. Quarante ans, pour eux, c’est de la Préhistoire. Il aurait été salutaire que les uns et les autres prennent conscience que des monnaies aussi fortes que la livre ou que le dollar ont perdu pendant ce laps de temps respectivement 79,79 % et 61,11 % de leur valeur par rapport au franc. On ne vous le répétera jamais assez : méfiez-vous tout autant des politiciens que des banquiers.

André Draguignan*

* chef d’entreprise romand connu de la rédaction

La Tchaux est marron

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Vigousse vendredi 4 décembre 2015 Vigousse vendredi 4 décembre 2015

C O N S O & C O N S O R T S 11B I E N P R O F O N D D A N S L ' A C T U10

Aïe laïc NeuchâtelLES DISPUTES THÉOLOGIQUES DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : j’explique comment une bisbille autour d’une crèche en bois a permis de comprendre qu’il y a de la religion partout.

Tout avait commencé avec trois gros bouts de bois taillés à la tron-çonneuse pour ressembler à des personnages bibliques. Installé dans la rue sous le sapin de Noël de la Ville de Neuchâtel, la crèche avait été jugée inappropriée par les autorités et déplacée un peu plus loin devant un temple. L’Etat étant laïc, les symboles religieux ne pouvaient pas rester devant l’hôtel de ville.

La polémique n’était pas nouvelle : les croix dans les salles de classe ou sur les sommets des montagnes avaient déjà fait l’objet d’âpres dé-bats. Mais elle franchit cette fois-là une nouvelle étape. On se mit à traquer les signes religieux dans l’espace public. Et qu’est-ce qu’on en trouva ! En 2000 ans d’une domination sournoise, la chrétienté avait eu le temps de s’insinuer dans tous les aspects de la société de sorte que l’on ne remarquait même plus son omniprésence. Il y avait des croix partout ! Au sommet des clochers, bien sûr, mais aussi des

Pitc

h

plus petites sur plein de bâtiments. Les croisil-lons des fenêtres for-maient le symbole sacré sur des milliers de façades. Et chaque fois que des rues se coupaient à angle droit, n’y avait-il pas intention des urbanistes de créer ainsi une croix ? Quant aux bouches d’égout, aux roues des voitures, aux lumières des feux de signalisation, leur rotondité pernicieuse n’évoquait-elle pas à dessein l’auréole des saints ? Saints qui par ailleurs étaient tellement présents dans les noms de lieux que ça en devenait ridicule.Alors on rasa les églises, on retraça les rues de guingois, on posa des roues carrées à tous les véhicules et, bien sûr, on retira la croix du drapeau suisse. Ah, on allait enfin respirer un air laïc dans un pays purifié ! C’est à ce moment-là que quelqu’un émit l’idée que peut-être les croissants aux devantures des boulangeries constituaient une tentative insidieuse d’inva-sion de la part de l’islam. De même qu’on pouvait légitimement se de-

mander, dans la même vitrine, si les biscuits en forme d’étoile à six branches ne signalaient pas une colonisation par la foi juive. On se remit au travail et on trouva des étoiles et des croissants partout. Alors on rasa encore bien d’autres bâtiments, on retraça encore une fois les rues de manière biscornue, on intensifia l’éclairage urbain la nuit pour que la lune et les astres ne soient plus visible.

On se rendit alors compte que les forêts de paratonnerres qui hérissaient les toits pouvaient être interprétées comme un hommage à Zeus, dieu de la foudre. Que les arbres pouvaient faire référence à certaines croyances celtes et au culte antique d’Attis. Que les chats évoquaient le dieu égyptien Bast, que les vaches représentaient la mère universelle hindoue, que

les chauves avec du bide ressem-blaient à Bouddha… Sans compter que le soleil était vénéré dans tous les rites primitifs et avait inspiré le culte égyptien de Râ ou celui, romain, de Sol Invictus. Alors on rasa les derniers bâtiments, on ex-termina les animaux et on éteignit le soleil.

Bon, ce coup-ci on allait enfin être laïcs, non ? Eh bien non, car l’absence totale d’imagerie religieuse correspond à l’idéal de l’iconoclasme, courant présent à un moment ou à un autre dans les trois grands monothéismes. On discuta un peu de la possibilité d’éradiquer le néant, mais finale-ment l’humanité admit sa défaite : la religion était la plus forte.

Pape Junge Ier, prophète de la pensée contemporaine

La course au Conseil fédéral battant son plein, la presse vous demande souvent ces temps-ci ce qui ferait de vous un bon ministre. Vous répondez que vous savez mener un groupe d’hommes, car vous êtes capo-ral à l’armée. Mais est-ce bien un argument en votre faveur ? D’abord parce que vos deux concurrents UDC vous écrasent hiérarchiquement : Thomas Ae-schi est premier-lieutenant et Norman Gobbi major. En jouant sur ce terrain, vous concédez de vous-même l’avantage à vos adversaires. Au-delà de ça, c’est le sta-tut très particulier du capo-ral qui interpelle. Dans notre armée de milice, les soldats le deviennent soit volontairement pour accéder ensuite au rang d’officier, soit contre leur gré parce qu’il n’y a pas assez de personnes motivées pour le faire. Il est donc très rare qu’un militaire soit satisfait de rester caporal. Ce grade est plutôt la marque d’un homme qui n’a pas réussi à se hisser plus haut ou qui ne s’est pas mon-tré assez malin pour échapper à cette corvée de cinq mois sup-plémentaires.Comprenez-nous bien : il n’y a rien d’infamant à être capo-ral. Mais disons que pour ac-céder à la fonction exécutive suprême d’un Etat, c’est un détail qu’on peut passer sous silence. Parce que se vanter d’être caporal pour entrer au Conseil fédéral, c’est quand même un peu comme de réclamer la médaille d’or olympique de sprint parce qu’on est arrivé 19e à la course d’orientation de son village.

Stéphane Babey

A Guy ParmelinPetit caporal

LE COURRIER DU CHIEUR IMMERSION DANS L’E-MONDE

Sous des dehors de foutoir intégral, le monde des jouets est en parfaite cohérence avec le contexte politique, social et technologique qui est le sien. Voire pire.

Quel cadeau de Noël offrir à vos bambins cette année ? Dur de choisir parmi la pléthore d’offres disponibles… Bon, laissons déjà de côté tout ce qui concerne la prolifération des clichés de genre, de race, de classe sociale, de la banalisation de la violence, la pres-sion à l’uniformité, les dommages pour l’artisanat local, le travail des enfants (pas ceux qui reçoivent les cadeaux, les autres) et le désastre écologique inhérent à la produc-tion des étoiles dans les yeux des enfants (ceux qui reçoivent) au-tour du sapin. On n’en est plus à ce genre de détails.Soyons plutôt positifs et conten-tons-nous de présenter les nou-veautés 2015 en soulignant en passant les menus changements qui font que les enfants ne peuvent décemment plus se contenter des jouets estampillés 2014. Après tout, eux aussi ils aiment l’innovation.

En 2015, donc, les princesses (les filles) ne sont plus condamnées à attendre seules le retour des guer-riers tueurs de zombies (les gar-çons). Les fabricants de jouets ont effectivement pensé à accompa-gner les jouets féminins d’animaux de compagnie. Ainsi, Barbie s’est vu affubler d’un cheval « sur lequel elle monte toute seule », la robe de princesse est aujourd’hui vendue avec son crapaud en peluche, le coffret « Défilé de mode » d’Oxybul est composé « d’une scène, quatre mannequins et… trois animaux », et dans le coffret « Princesse Magne-tik » de Doux Moulin, on retrouve « d’adorables petits animaux de

la forêt » : le temps est tellement moins long auprès d’un écureuil de 3 centimètres en 2D.En 2015, également, le choix prime. Fini le pauvre jouet qui n’a qu’une seule forme et qui ne fait qu’un seul truc. La poupée Corolle

permet aux petites filles « d’avoir une poupée blonde avec les vête-ments de la brune et inversement », pour plus de mille possibilités. Les garçons développeront quant à eux leur imagination avec l’« Elite Modulus » de Nerf, pour une arme personnalisée (15 possibilités seu-lement, cependant).Et en 2015, les jouets jouent tout seuls, il n’y a plus qu’à les regarder. « On est pas des prolos, merde », semblent dire les enfants d’aujourd’hui. Ainsi, la licorne vo-lante de Spin Master, le robot Tips-ter, l’Hélicoptère LED de Ouaps ou le Buggy Nitros Turbo Speed devraient tourner sans interrup-tion autour de bambins léthar-giques ou/et en surpoids jusqu’à Noël 2016.En 2015 encore, les parents se font plaisir avant tout (comme en 2014, 2013, 2012, 2011, etc.). Du côté des mamans, le jeu « Photo Pearls » devrait en ravir plus d’une : un logiciel permet de pixelliser une photo, sur laquelle on place des perles correspondant aux couleurs et aux numéros sur un support à picots. « Bluffant et très réaliste ! » selon le fabricant. « Irritant et égo-

tiste » est-on tenté d’ajouter. Le jeu « I love shoes », pour « confec-tionner » (c’est un grand mot) des escarpins vertigineux en taille 28, devrait quant à lui réjouir… ben, personne, on espère.En 2015, toujours, on fait entrer doucement l’enfant (comprenez le garçon) dans le tout sécuritaire. Pour ce faire, le jeu « Zombie In-vasion » invite les têtes blondes, dès 4 ans, à viser un mort-vivant dans sa tête verte. Au bout de trois tirs, un bras se décroche. Six tirs, le voilà manchot ! Après neuf tirs, il tombe à la renverse en hurlant. Pas l’enfant, le zombie. Enfin, en principe.

En 2015, enfin, le monde du jeu se met au chevet de la planète. Le site enjoy media.ch fait avec les moyens du bord en commercia-lisant de la fausse neige en tube. Il paraitrait que « les Australiens adorent ce produit quand ils veulent fêter un vrai Noël ». Mais, dans la catégories coup de cœur du jury, il y a surtout le bien nommé « Saute qui peut » : les enfants se tiennent dans un carré qui représente la mer, debout sur des morceaux de plastique représentant des rochers. Au fur et à mesure, ceux-ci dis-paraissent. Le dernier à en avoir un sous le pied a gagné. Figurant aussi bien la montée du niveau des eaux que le périple maritime des réfugiés, voilà enfin un jeu forma-teur où filles et garçons peuvent jouer ensemble, en bonne intel-ligence, tout en développant une conscience citoyenne de bon aloi. Joyeux Noël ! Séverine André

Jeux demain

IDÉES CRADOS

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Vigousse vendredi 4 décembre 2015 Vigousse vendredi 4 décembre 2015

C U L T U R EC U L T U R E 1312

Comment résumer Roland Topor autrement que par ce qu’il disait de lui-même : « Comme les oiseaux qui marquent leur territoire par leurs cris, mon repère, c’est mon rire. » Drôle d’oiseau, en effet, que ce fils d’immigrés juifs polo-nais né à l’aube de « la dernière » et contraint de fuir Paris pour échapper à la barbarie nazie. De son premier dessin, paru en une de la revue Bizarre en juillet 1958, à ses ultimes traits de crayon près d’un demi-siècle plus tard, il n’au-ra de cesse de se méfier, de défier, de pourfendre tout ce qui de près comme de loin pouvait symboli-ser le pouvoir. Volontiers cynique, souvent taxé d’inconciliable, voire d’irrécupérable, Topor aura vécu toute sa vie « en état de légitime défense » face à un monde dont la bêtise et la cruauté lui faisaient chaque jour davantage craindre le pire. Normal quand, comme l’écrit son ami Jacques Vallet, « dès sa naissance, on a cherché à lui faire la peau ».

Deux épais bouquins parus à un an de distance aux Cahiers dessi-nés viennent nous rappeler ce que cet artiste aux multiples facettes –

dessinateur certes, mais aussi peintre, graveur, écrivain cinéaste et acteur – a pu représenter sur la fin du siècle dernier. Edi-té l’automne passé, Topor, dessinateur de presse, res-tera comme le premier ouvrage consacré exclu-sivement à ses interven-tions dans les revues, quotidiens et magazines divers et du monde entier. Inutile de dire qu’il s’agit là d’une véritable mine au (de) trésor(s) ainsi recensé(s), classi-fiés et remarquablement présentés.

Le deuxième, lui tout récemment sorti de presse, s’intitule Topor, voyageur du livre. Là encore, près de 400 pages pour mieux appré-hender le rapport intime et le plus souvent passionnel que Roland Topor entretenait avec la chose écrite et imprimée. Tolstoï, Vian, Anatole France, George Sand, Marcel Aymé, bien d’autres encore et parmi eux ses amis de la pre-mière heure, Topor a prêté main-forte et crayon plus fort encore à une foultitude d’écrivains, certains célèbres, d’autres moins. Et là en-core, son œuvre est monumentale.

Roger Jaunin

DANS LE BAIN Lundi 7 et mardi 8 décembre, Saillon accueille les Nuits valaisannes des images. Dans le bourg ancien, la directrice artistique Aline Fournier invite à une balade autour du Patrimoine en lumières. Avec des photographes, comme le Britannique Rob Stothard, qui a su capter les richesses du Valais, ou comme Jordan Espagne, qui documente les abris anti-atomiques valaisans. www.association-edelweiss.ch

AUX PINCEAUX Inscrit au Patrimoine européen, le château de La Sarraz (VD) présente, du vendredi 4 au dimanche 6 décembre, une exposition de peintures, aquarelles et autres gouaches signées Philippe Pilet.

BROUILLON DE CULTURE

Pour ceux qui sont sur le pont. Guerre. Froide. Deux mots qui sont, pour le moins, d’actualité. Pourtant, si on trouve effectivement de la neige dans le dernier Steven Spiel-berg, les faits qu’il relate sont moins frais que les œufs du jour, ceux sur lesquels marche James Donovan, avocat new-yorkais. Nous sommes en 1957 et un espion soviétique vient d’être arrêté à Brooklyn. Spé-cialisé dans les assurances, Donovan hérite de ce dossier déjà plié – qu’il se mette à table ou pas, le coco est promis à la chaise électrique ! Mais on vous l’a dit, il assure, met du cœur à l’ouvrage. On frise l’outrage. Et de fil, rouge, en anguilles (l’espionnage est un univers insaisissable), James se retrouve, à Berlin au début des années 60, à gérer l’échange, sur le célèbre pont de Glienicke, de « son » client et d’un pilote américain tom-bé du mauvais côté d’un mur qui commence à s’ériger. Fort agréable, le film a aussi un petit côté facétieux (grâce aux frères Coen à l’écriture et à Tom Hanks livrant une perfor-mance dont il a le top secret), rafraî-chissant et réjouissant. La Guerre froide ne sent pas le réchauffé !

Pour ceux qui sont sur les nerfs. Il y a des jours avec et des semaines sans. Des émois difficiles à gérer. Demandez à Margherita ! Sa mère est en train de mourir, une star américaine de lui pourrir son film et son frère de nourrir ses remords. Avec Mia Madre, Nanni Moretti parle de la vie, de la mort, du cinéma, de la famille (et tutti quanti), mais l’émotion et la drô-lerie ne sont pas, respectivement, celle de La chambre du fils et d’Ha-bemus Papam.

Pour ceux qui sont sur les rotules. Ça se moque de l’écologie, mais ça recycle quand même... Des gags à deux balles qui laissent comme deux ronds de flan, de la crétine-rie contemporaine (la culture, c’est has been, l’iConnerie, c’est in), des acteurs sous-doués... Babysitting 2 est au cinéma ce qu’un graffiti dans les chiottes est à Chateaubriand (l’écrivain, pas la pièce de viande) !

Bertrand Lesarmes

À VOUS DE VOIR Berlin sous la neige (Le pont des espions), Rome sous les projecteurs (Mia Madre) ou le Brésil en dessous de tout (Babysitting 2), toutes les destinations ne se valent pas.

Des films

On n’est pas rendu

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Vendredi 4 et samedi 5 décembre

Michel BühlerChansons

Jeudi 10 et vendredi 11 décembre

Jacques Bonvin« Chier d’être vieux ! »

L’Esprit frappeur Villa Mégroz – 1095 Lutry (VD)www.livestream.com/espritfrappeur

Dédicaces Le mieux de Vigousse 2014-2015

Lausanne, samedi 5 décembre 11h-12h30Laurent Flutsch, Roger Jaunin, Didier Oberson, Caro

Vevey, samedi 5 décembre 14h30-16hRoger Jaunin, Didier Oberson, Stéphane Babey, Pigr

Yverdon, vendredi 11 décembre 16h30-18hCaro, Sjöstedt, Barrigue, Stéphane Babey

La Chaux-de-Fonds, samedi 12 décembre 11h-12h30Jean-Luc Wenger, Pitch, Vincent, Sjöstedt

Neuchâtel, samedi 12 décembre 14h30-16hJean-Luc Wenger, Pitch, Vincent, Sjöstedt

Les auteurs dédicaceront l’ouvrage dans les librairies Payot

À TABLE Quand les créateurs d’une pièce de théâtre citent Pierre Dac (« Je songe souvent avec une grande perplexité à la quantité de bouillon KUB qu’il faudrait pour faire un pot-au-feu avec l’eau du lac Léman »), c’est bien parti ! Dans Table d’hôte (moi d’un doute !), le philosophe Pierre Cleitman et le metteur en scène Marc Feld mettent un cuisinier sur le plateau. De la nourriture pour les neurones, à goûter du vendredi 4 au lundi 7 décembre. La Chaux-de-Fonds, Théâtre ABC. www.abc-culture.ch

ART’GENS En signe de solidarité avec les migrants, l’atelier6 organise, en collaboration avec des associations locales, une journée spéciale dont les bénéfices seront reversés… aux migrants, justement. Au programme, vente aux enchères, performances live et foodtrucks. Samedi 5 décembre à 16 h à l’atelier6 à Renens. www.atelier6.ch

ÉCOUTER-VOIR Voix éraillée, textes désabusés ou tendres, voire ambivalents, véritable virtuose des mots et des double sens, Thomas Fersen intrigue, séduit et s’impose comme l’un des meilleurs serviteurs de la chanson à texte d’aujourd’hui. Au Théâtre Le Reflet, Vevey, 11 décembre (20 h). www.lereflet.ch

VERTIGE Samedi 5 décembre, l’AMR à Genève promet un concert détonant. A l’affiche, un trio jazz composé d’artistes incontournables de la musique improvisée : le pianiste Jacques Demierre, Urs Leimgruber aux saxophones et Barre Phillips à la contrebasse. « C’est dans le corps même du jeu collectif que se construit la musique jouée et projetée dans l’espace. Fascinant », écrit l’AMR. www.amr-geneve.ch

Des védés

Puéril jaune !Le cinéma américain du début des années 30 est épatant parce qu’il aborde une grande variété de thèmes sulfureux dans une relative liberté. Puis le couperet de la censure tombe et il faudra attendre le flower power pour qu’apparaissent à nouveau des films « explicites ». Enfin édité, le seul et unique film de « Fu Manchu », interprété par Boris Karloff, est une petite merveille quoiq’un peu sadique ! Le très fou Manchu veut piller la tombe de Gengis Khan parce que son glaive lui donnerait le pouvoir total en Asie. Son triomphe n’est menacé que par un courageux explorateur anglais et sa dinde de fille. Evidemment, le jaune docteur ne pourra s’empêcher de la capturer et de la torturer un chouia, juste pour le fun. Visuellement splendide et étrangement titillante, cette série B vaut également le détour, juste pour s’apercevoir que le racisme ordinaire de l’époque envers les Asiatiques n’est pas très bien déguisé et que dans les années 30 ces sacrés Chinois nous menaçaient déjà !

Michael Frei, Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne

Le masque d’or, Charles Brabin, 1932, Warner (Import), Vost, DVD, 68 min.Le pont des espions, de Steven Spielberg (2 h 12) ; Mia Madre, de Nanni Moretti

(1 h 51) ; Babysitting 2, de Nicolas Benamou et Philippe Lacheau (1 h 33). Tous en salles.

Topor, dessinateur de presse, Les cahiers dessinés, octobre 2014. 368 pages. Topor, voyageur du livre (vol. 1/1960-1980), chez le même éditeur, octobre 2015. 400 pages.

Des bouquins

Topor à double titreDes cédés

Poetic rockers

La poésie en anglais, c’est quand même mieux si on comprend l’an-glais. Mais les vers et le phrasé de Barry Wallenstein, prof new-yor-kais de littérature à la retraite, sont simples, posés, clairs et directs, si bien qu’on a presque l’impression d’avoir des sous-titres lorsqu’on l’écoute avec son groupe Drastic Dislocations. Accompagné du mul-ti-artiste Luigi Archetti à la guitare et de Mario Marchisella à la batte-rie – tous deux, comme leur nom l’indique, Zurichois –, ce vétéran de la scène du spoken-word intello et jazzy égrène 14 de ses poèmes dans ce savoureux premier disque intitulé What was, was. C’est mini-maliste, audacieux, surprenant, on passe du punk à l’electro, avec des détours par le jazz, la country, l’ambient, et le plus fou, c’est qu’il n’y a pas la moindre prétention là-dedans. Juste un trio de vieux roublards qui prennent leur pied à créer et expérimenter comme si c’était leur première répétition. La musique, c’est parfois tout un poème. Sebastian Dieguez

What was, was, Drastic Dislocations, Audioscope, www.drasticdislocations.com

Gare aux grilles par égéSolution de la semaine précédente

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

1 C O U R B A T U R E

2 H I V E R N A L E S

3 O N A N I N T R A

4 U T T I E D E U

5 C E L E R I R A

6 R O H E S I T E

7 O B U S S E U R

8 U V E L M U N

9 T R E V E S R I S

10 E N S E I G N E N T

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Vigousse vendredi 4 décembre 2015 Vigousse vendredi 4 décembre 2015

LE CAHIER DES SPORTS

14 R E B U T S D E P R E S S E 15

Sebastian DieguezMAG

RGENCE : Les militants écologistes déplorent qu’on les empêche d’être ignorés – OUGANDA : Les homosexuels emprisonnés en liesse lors de la visite du pa

VOIX OFF

« Pfff, c’est nul, tout ça. On ne parle plus

du tout de moi… »

SONDAGE

Comment faites-vous pour vivre sans montre connectée ?

GÉOPOLITIQUE

Les experts en terrorisme et radicalisation réclament des sièges plus confortables« On ne peut plus faire notre boulot dans des conditions pareilles », déplore Laurent Fumeux, porte-parole des experts en terrorisme et radicalisation. Depuis plusieurs années, ces spécialistes décryptent l’actualité sur les plateaux de télévision sans jamais se plaindre, mais leur seuil de tolérance a été franchi jeudi passé lorsque Djamel Farfaoui, ex-consultant pour l’Institut des Opinions Péremptoires, a souffert d’une crampe du mollet gauche. « Ni moi ni mes collègues ne dispenserons plus nos perles de sagesse tant qu’on ne sera pas plus confortablement installés ; il y a des limites à la décence tout de même », a-t-il analysé avant de partir, furieux, après quatre heures de direct. En cause, les chaises hautes utilisées dans la majorité des émissions, dénoncées depuis des années par les invités réguliers des chaines d’info continue. Contactés, les responsables médias déclarent examiner la revendication, mais ne souhaitent pas en dire plus avant d’avoir testé des sièges, chaises, fauteuils, tabourets et poufs alternatifs. « Nous faisons tout pour permettre à nos experts autoproclamés de faire du remplissage et de brasser du vide dans les meilleures conditions possibles », s’est borné à déclarer un cadre proche du dossier. Pour l’heure, les experts en terrorisme et radicalisation refusent toujours d’intervenir dans les médias et seront remplacés par des mimes et des enfants de 5 ans tant que le conflit ne sera pas résolu.

SOCIÉTÉ

Pourquoi ne comprend-il pas que vous cherchez à l’éviter ?Ce n’est pourtant pas un ami très proche, vous ne l’avez croisé que deux ou trois fois dans votre vie et c’est tout juste si vous vous rappelez son prénom. Alors pourquoi tient-il à ce point à venir vous saluer et à engager une conversation pénible ? Vous aviez pourtant bien pris soin de faire semblant de ne pas l’avoir vu ! Vous vous étiez même rapidement et discrètement dissimulé derrière un panneau publicitaire, il a bien dû s’en apercevoir tout de même ! Et cependant, il vient droit vers vous avec un grand sourire, comme s’il n’était pas du tout conscient du fait que vous cherchez à l’éviter. Comment expliquer ce phénomène ? Selon certains analystes, cet individu ferait semblant de ne pas comprendre que vous cherchez à l’éviter afin de combler l’énorme gouffre existentiel qui caractérise sa misérable vie. D’autres pensent au contraire que ça l’amuse de vous mettre ainsi dans l’embarras. Que faut-il en conclure ? Afin d’en savoir plus, nous avons tenté de contacter le professeur John Hyde, qui travaille depuis plus de vingt ans sur l’art d’éviter les emmerdeurs, mais sans succès.

DIRECT

Ecole Pour compenser, les mauvais élèves apprendront à avoir une grande gueule.

Business Il réalise son rêve en devenant son propre patron, mais se délocalise immédiatement en Chine.

Théologie Dieu envisage de publier un nouveau livre sacré, mais cette fois en se passant d’attaché de presse.

Journalisme Tous les musiciens de rock devront désormais répondre à la question « Peut-on jouer du rock de tout ? » et participeront à des débats sur « la liberté du rock ». Pour toujours.

Je n’y arrive plus, j’envisage de me suicider.

C’est l’enfer, j’espère vraiment en recevoir une pour Noël !

C’est dur, mais j’économise plutôt pour une voiture autonome.

Je fonds en larmes toutes les 10 minutes, mais sinon ça va.

Le strip de Bénédicte

TIRERChristophe Darbellay cumule les présidences. A celle des démocrates-chrétiens est venue s’ajouter, entre autres et cet été, celle de la Fête fédérale de tir, organisée il est vrai pas trop loin de chez lui, à Rarogne. C’est que côté gâchette, le chasseur Darbelllay en est une fine, lui que l’on a vu portant fièrement un chamois mort, façon « c’est moi que je l’ai tué !», sur ses épaules. Bon, d’accord, le fauve sortait tout droit d’un congélateur et rien ne semblait être en mesure de prouver que l’élu valaisans soit pour quelque chose dans son passage de vie à trépas. N’empêche que, largement répandu dans une presse complice et sur la Toile, la photo en question n’avait pas manqué de faire du chrétien en question « un vrai homme », sinon un adepte du « Tu ne tueras point » (Exode, 20.13).

Ces jours-ci, notre héros (si… si…) s’est donc réjoui de ce que dans l’une de ses dernières séances le Conseil fédéral ait accepté d’abaisser de 17 à 15 ans l’âge d’admission au cours pour jeunes tireurs. C’est dire, au passage, si du côté de Berne nos sages ont des priorités… Et que, pour eux, l’urgence est de voler au secours des sociétés de tir et, au final, de notre belle armée de milice.

Parce que, voyez-vous, il semble que les jeunes d’aujourd’hui soient un peu moins cons que leurs aînés, disons ceux de la génération Darbellay. Leur nombre est en effet en forte régression et du côté des chatouilleux de la gâchette l’inquiétude point.

Darbellay, lui, s’est dit « pas choqué de voir un môme de 15 ans tirer au fusil d’assaut ». Surtout que, comme le souligne Patrick Suvada, porte-parole de la Fédération sportive suisse de tir (FSST, oui, ça existe), « les plus motivés pourront ensuite être orientés vers les disciplines du tir sportif ».

Ces gens-là nous prennent décidément pour des pigeons.

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

Motif apparent sans motif apparent – Un certain Sebastien Perriolat s’est fait tatouer la tête d’Henri Dès.

– Ah, oui. Tiens…

La conversation aurait pu s’arrêter là et rebondir sur la douceur du climat en ce mois de novembre. Mais c’était sans compter sur les éditions du week-end de 24 heures (28.11) et du Matin (30.11), qui ont fait de cette anecdote une info à part entière. Traitée dans les pages « Vaud » par 24 heures, elle apparaît carrément dans les pages « Suisse » du Matin Dimanche, juste à côté de l’édito d’Ariane Dayer. Dans les deux cas, le papier est illustré par une très grande photo de l’homme et de son tatoueur, faisant des méchants signes de jeunes avec les doigts.

Mais pourquoi se faire « imprimer » (selon l’expression de 24 heures) le visage du chanteur vaudois ? L’idée serait venue « comme ça ». Pourtant, il y a bien une subtilité : l’intérêt de la démarche réside dans le détournement de la phrase « Death before dishonor » (la mort avant le déshonneur), transformée en « Henri Dès before dishonor ».

Ah, tiens, quelque chose me passe par la tête : je pourrais remplacer « rock and roll » par « rock and rollmops », avec à côté une petite roulade de hareng transpercée d’une rose. Ou alors, « Highway to Hell… isabeth Guigou » et elle à côté qui ferait la grimace du chanteur d’AC/DC. Non, mieux : « Matin peu ça » et à côté : « J’espère que ça s’efface en 24 heures ! » Séverine André

A la SSR, les chefs ont choisi leurs cadeauxTous les gens d’Eglise de Suisse romande ont publié leurs lettres de lecteurs, dans Le Temps ou ailleurs, pour déplorer la suppression de certaines émissions religieuses de la RTS. Fort bien. Mais une autre inquiétude diffuse plane sur Espace 2. Anticipant la refonte des programmes prévue au printemps 2016, l’Association des autrices et auteurs de Suisse a lancé une pétition contre la diminution des émissions de critique littéraire. D’accord, la chaîne plafonne à une audience de 1,5 %, mais le rôle du service public est-il vraiment d’assurer la promo des copains Baker et Dicker ?La suite de ce fameux plan d’économies de la SSR met également de mauvaise humeur le Syndicat suisse des mass media (SSM). C’est que l’Association des cadres (ADC) de la SSR a négocié un plan social qui offre des privilèges indécents aux chefs par rapport au personnel. Entre direction et hiérarchie directe, on a su s’octroyer de belles conditions en cas de

déplacement du lieu de travail par exemple. Pour la formation continue, un employé touchera 5000 francs au maximum, le double pour un « responsable ». Un cadre licencié recevra un mois de salaire comme indemnité pour chaque année de service. Un employé quatre salaires mais seulement après avoir trimé durant sept ans. Le SSM estime que c’est finalement le personnel qui financera ce plan social de luxe.Le SSM a envoyé une lettre ouverte à l’ADC, rappelant que renoncer à ces privilèges permettrait de sauver au moins 30 postes. Bafouille restée sans réponse. Pour rappel, malgré plus de 400 propositions d’économies venues de la base, la SSR a maintenu son objectif de 250 suppressions de postes. Autant dire que la procédure de consultation n’a été qu’un prétexte. Pour d’évidentes raisons politiques, il fallait présenter une SSR allégée. Mais les cadres, eux, pèsent lourd. Jean-Luc Wenger

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Vigousse vendredi 4 décembre 2015

L A S U I T E A U P R O C H A I N N U M É R O16

Il aurait voulu être cuisinier ou diplomate, Norman Gobbi. Mais à 38 ans, le voilà sur le ticket à trois des papables de l’UDC au Conseil fédéral, ayant déposé provisoire-ment sa veste de la Lega dei Ticinesi au vestiaire dans l’espoir d’endosser un costume national. Né au pied du Gothard, à Faido, l’homme au visage poupin dit que son âme s’ex-prime dans ses recettes de cuisine. Tout en légèreté, donc.

Encarté à 14 ans, il entre au Lé-gislatif de la commune de Quinto à 19 ans, puis à 22 ans au Grand Conseil, période bénie où il est abondamment biberonné aux sa-voureuses éructations de Giuliano Bignasca, président historique et à vie de la Lega, décédé en 2013, son idole et, vraisemblablement, conseiller gastronomique.En 2010, il remplace Attilio Bignas-ca (le frère de) et siège une année au Conseil national avant d’être élu au gouvernement de son can-ton. Gobbi en est aujourd’hui le

président, responsable des institu-tions, soit Justice et Police. Ce ma-jor à l’armée s’inquiète beaucoup de la sécurité de ses concitoyens, de l’immigration massive et de l’afflux de frontaliers. Originalité et prise de risque maximale, la carrure des vrais hommes d’Etat.Le conseiller en communication a le coup de gueule facile, un dis-cours carré cher à la Lega. Mais dans son rôle exécutif, il ne peut malheureusement plus envisager la construction d’un mur aux fron-tières, comme le réclame son parti.

Gobbi doit donc se contenter d’une barricade symbolique, grâce aux contrôles accrus aux frontières.Sur son blog, il avait comparé les Roms à des animaux et souhaité enfermer les ambassadeurs euro-péens dans la fosse aux ours à Berne. Aujourd’hui, naturellement, il regrette ces mots, plaidant l’er-reur de jeunesse. Il est vrai qu’on n’est pas raisonnable quand on a 30 ans et qu’on détient une licence universitaire en marketing. Ce qui ne l’a pas empêché d’avoir affirmé récemment que les migrants appor-taient un risque d’épidémie de gale. Eternelle jeunesse…

Fan du club de hockey sur glace d’Ambri-Piotta, Gobbi en a été membre du conseil d’administra-tion. C’est à ce poste qu’il avait traité un joueur de Lugano de « négro », ce qui lui valu une amende de la ligue. Un hooligan au Conseil fédé-ral ? Bah, au moins le costume ne risque pas d’être trop grand pour lui.

Jean-Luc Wenger

Le dessert de Gobbi

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« Dommage que ma fille soit une fille,

sinon je l’aurais présentée au Conseil

fédéral. »

C. Blocher, ancien conseiller fédéral

Il a dit la semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)

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