terrorisme - exultet · perspective de djihad global de l’islam contre la chrétienté ou le...

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  • Terrorisme

  • DUMÊMEAUTEUR

    Djihad : l’asymétrie entre fanatisme et incompréhension,ÉditionsLavauzelle,2009.

    Encyclopédie des Terrorismes et Violences Organisées,ÉditionsLavauzelle,2009.

    LeRenseignementetlaLuttecontreleTerrorisme:stratégiesetperspectivesinternationales,ÉditionsLavauzelle,2005.

    Encyclopédie du Renseignement et des Services Secrets,ÉditionsLavauzelle,2004.

    LaGuerreasymétriqueou laDéfaitedu vainqueur, ÉditionsduRocher,2003.

    Les forcesspécialesde l’organisationduTraitédeVarsovie,1917-2000,L’Harmattan,2002.

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  • Enfait,dèslami-septembre2001déjà,bienavant ledébutdes prétendues « révolutions citoyennes » de 2010-2012, lesÉtats-Unis avaient un plan pour renverser 7 gouvernements duProcheetMoyen-Orient,dontlerégimesyrien.Enmars2007,legénéral américainWesley Clark, ancien Commandant suprêmedes Forces alliées enEurope de l’OTAN, lors d’une interviewtélévisée, rapporte une conversation qu’il a eue au Pentagonejusteaprèsle11Septembre:

    Undesgénéraux[…]medit:« Nous avons pris la décision d’aller en guerre contre

    l’Irak!—Nousallonsenguerrecontrel’Irak?Pour-quoi?— Je ne sais pas… Je pense qu’ils n’ont rien d’autre à

    faire.»Jedis:

    « Auraient-ils découvert quelque information qui relieSaddamàAl-Qaïda?

    —Non,non.Iln’yariendenouveaudanscedomaine.Ilsont juste pris la décision d’aller en guerre contre l’Irak. Jepensequ’onnesaitpasquoifaireàproposduterrorisme,maisnousavonsunbonappareilmilitaireetnoussavonsrenverserdesgouvernements!»

    Jesuisrevenulevoirquelquessemainesplus tard,etàcemomentnousétionsentraindebombarderl’Afghanistan,etjeluidemande:

    «Nousallonsencoreenguerrecontrel’Irak?»Ilmerépond:«C’estpirequeça!»Ilprendsursonbureauunpapier:«Jeviensderecevoir

    aujourd’hui ce mémo de l’étage du dessus, du bureau dusecrétaire à laDéfense, qui décrit comment nous allons faire

  • tomber7paysen5ans:l’Irak,laSyrie,leLiban,laLibye,laSomalie,leSoudan,etfinirparl’Iran25!»

    On retrouve dans cette liste les 3 pays arabes qui ontrenoncéausystèmedespétrodollarspourvendreleurpétroleetlesennemis«traditionnels»d’Israël.Cetteintentionavaitaussiétéévoquéedans lemessageattribuéàOussamaBenLadenetdiffusé le16février2003,par l’entremised’unecassetteaudioet communiquée à l’agencedepresse IslamicAl-Ansaar, baséeenGrande-Bretagne26:

    Il est clair que les préparationsd’attaques contre l’Irak font partie d’uneséried’attaquesplanifiéescontredesnationsde la région, qui incluent la Syrie, l’Iran,l’ÉgypteetleSoudan.

    Ce sont apparemment les échecs – pour ne pas dire lesdéfaites–subiespar lesAméricainsen Irak,enAfghanistanetenLibyequiont finalementperturbécetteplanification.Par lasuite, commenous le verrons, l’existenced’unplan spécifiquepour déstabiliser la Syrie sera également confirmée par l’ex-ministredesAffairesétrangères,RolandDumas.

    De ces éléments, on peut retirer deux observationsessentielles:

    - Premièrement, il est aujourd’hui établi que l’épisode desarmesdedestructionmassive irakiennesn’étaitqu’unécrandefuméeetquelaguerreenIrakétaitdéjàprévuedelonguedate,commeleserontplustardlesinterventionsenLibyeetenSyrie.MaisoutrelefaitquelesÉtats-Unisontsystématiquementmentiàleursalliésafindelesentraînerdansdesconflitsservantleurspropres intérêts, ilest frappantdeconstater l’incapacitédeces

  • alliés à détecter les mystifications et à avoir une capacitéanalytiqueindépendante.

    -Deuxièmement,onobservequelesmécanismesstructurelsou institutionnels, au sein des démocraties occidentales, nesuffisentpasàinfléchirlesdécisionsdel’exécutifpourpartirenguerre, même si les raisons sont fallacieuses. En 2003,l’oppositionfrançaiseàlaguerreenIrakétaitalorsempreintedebonsens,maisellenesemblepasavoirétéappuyéedemanièredécisive par des éléments de renseignement sur la situation enIrak.

    Malgré les multiples théories du complot qui tententd’expliquer la stratégie américaine, la réalité semble être plusprosaïque. Les diverses guerres dans lesquelles les États-Uniss’impliquentbruyamment–etqu’ilsperdentd’ailleurspresquesystématiquement – ne sont pas conduites selon une stratégiedéfinie, mais à travers un ensemble d’engagements tactiques,guidés par unmélanged’arrogance, une surestimationde leurscapacités,unepropensionquasi-marxisteàpropagerunsystèmepolitique et économique qu’ils pensent être le meilleur et,surtout,uneénormeincapacitéàencomprendrelavraienature.

    ISRAËL

    La logique de la violence islamiste, même si elle diffèreprofondémentdelalogiqueoccidentale,estrelativementsimpleàsaisirets’appuiesurdesconstantesculturelles(etreligieuses)connues, qui ont une cohérence propre. La difficulté del’Occidentàrapprochercettelogiquedelasiennepropregénèreune asymétrie, que nous définirons plus loin, et une difficultéfondamentale pour les stratèges occidentaux à maîtriser laviolence.Enrevanche,lalogiqueaveclaquelleIsraëlcombatle

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  • droitauretour, lèvesonsiège,démantèle lesimplantations [dans les territoires occupés]etrelâchelesprisonniers,alorsilestpossiblepournousPalestiniensetArabesde faireunpassérieuxenfaveurdesSionistes55.

    Ilseraitinexactd’assimilerlanon-reconnaissanced’Israëlàunevolontéd’ennier l’existence,voirede l’anéantircomme leprétendent certains. Ainsi, le Hamas ne se situe pas dans uneperspectivedeDjihadglobaldel’Islamcontrelachrétientéoulejudaïsme. Toutefois, le lien que le gouvernement de BenjaminNetanyahu voudrait établir en définissant Israël comme « Étatjuif»génère(àdessein?)uneambiguïté.LaRésolution181desNations unies de 1947 prévoyait bien la création d’un « Étatjuif»,etdonc,cetteappellationnedevraitpasposerproblèmepour lacommunauté internationale.Enrevanche,elleconstitueunobstaclepourlesPalestiniens,quionttoujoursl’objectifdepouvoirretournersurlesterresquileurontétéconfisquéesdès1947etpourqui lecaractère juifde l’État leurenlèverait touslesdroits.C’estpourcetteraisonquedenombreuxintellectuelsisraélienspréfèreraientvoirIsraëlêtrel’«ÉtatdesJuifs56».

    Il est important de noter ici que le Hamas palestinien n’aaucun lien de « parenté » doctrinal avec les mouvementsterroristes islamistes actuels (comme « Al-Qaïda » ou l’Étatislamique), en dépit du fait que de nombreux « experts » lesassocient. Certes, pour tous les islamistes, la dimensionreligieuse est un support, une sorte de ciment, qui permetd’articulerlesintérêtsparticuliersdansunecohérence,unesortede substitut de fait au marxisme des groupes palestiniens desannées 60-80. Mais la finalité de leurs actions est trèsdifférente:pourleHamas,ils’agitavanttoutdemenerunelutte

  • pourunterritoire;pour«Al-Qaïda»,ils’agissaitdeforcerlesÉtats-UnisàseretirerduMoyen-Orient;pourl’Étatislamique,l’axe central de l’action est le rejet de toute interventionoccidentale,auquels’estajoutélerejetdel’influencechiiteouiranienne(nousyreviendronsplusloin).Enfait,ilsuffitdelirelarevueofficielledel’Étatislamique:

    Les divers chefs et branches du Hamasont proclamé effectuer le Djihad contre lesJuifs durant des années. La réalité est quecette milice est une entité nationaliste, quiadopte activement la démocratie commevecteur du changement depuis « 2005 ». LeHamas s’est engagé dans les électionsmunicipales, présidentielles et législatives, apris part dans l’élaboration des lois etl’exécutiondeloisécritesparl’homme.Cetteidéologie démocratique a été propagée parson leadershipavantmême«2005»,depuisl’époqued’AhmedYassine57.

    C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Hamas s’estefforcé–avecsuccès–demaintenirsa lutteà l’intérieurde laPalestine, aussi afin d’éviter de s’aliéner l’opinion publiqueinternationale.Unefautequ’avaientcommiselesmouvementsdelibération palestiniens des années 60-70, prônant alors uncombat internationaliste dans un cadre idéologique marxiste.Malgrélesaccusationsrépétéesdecollusionavec«Al-Qaïda»,le Hamas s’est systématiquement distancé des tendancesdjihadistesquiseraientapparuesenPalestine.IlenestainsiduJaïshal-Islam,quiaétébrutalementdémanteléparlesforcesdesécurité du Hamas en septembre 2008 à Gaza et de plusieurs

  • groupuscules radicauxapparusdans le sillagede lamontéeduDjihadisme enSyrie et enÉgypte, également démantelés entre2013et2015.Ainsi,le4mai2015,lequartier-généralduHamasa fait l’objet d’une attaque à la bombe par des militantssalafistesdugroupeAnsarBeital-Maqdis,visantàfairelibérerun de ses chefs arrêté par le Hamas58. Le même mois, lemagazineofficieldel’Étatislamiquerapportequesesforcesontattaqué le groupe Aknaf Beit al-Maqdis, la milice locale duHamas59 qui protège lesPalestiniensdans le campde réfugiésdeYarmouk,prèsdeDamasenSyrie60.

    Laquestiondesfrontièresestd’autantplusprofondequ’enIsraëlcertainsrevendiquentunterritoirequis’étendraitduNilàl’Euphrate (« Eretz Israel »). Par ailleurs, le discours officielisraélientendàjouersurl’ambigüitédelasituation:

    Nousnedevonspascesserderépéterquela cause du conflit est l’existence même del’État d’Israël, le refus de reconnaître l’Étatd’Israël dans quelques frontières que cesoit61.

    Ceci aussi explique pourquoi une étude menée par le DrNurit Peled-Elhanan, de l’université hébraïque de Jéru-salem,portantsur6manuelsscolaireséditésaprès lesaccordsd’Oslo(dont plusieurs accrédités par le ministère de l’Éducation)montrequel’onapprendauxélèveslagéographied’un«GrandIsraël » sans zone arabe62. Un enseignement conforme à unedécision de la Knesset du 14 octobre 2007, qui interdit lareprésentationdela«FrontièreVerte»commefrontièred’Israëldanslesmanuelsscolaires63.

    MalgrélefaitquelesPalestiniensutilisenteuxaussilacarte

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  • américaine interditàunmilitaireaméricaind’obéiràuneautreautoritéquecelleduPrésidentdesÉtats-Unis.Ilenrésultedesstructuresdeconduitehybridesdèslorsqu’uneforceaméricainese trouvedansunestructuremultinationale. IlenétaitainsiauLibanoù, parallèlement à leur engagement au seinde laMNF(sous mandat des Nations unies), les Américains ont décidéd’appuyer l’armée libanaise. En avril 1983, sans grandeconsultation au sein de l’administration, Robert McFarlane,représentantspécialauMoyen-OrientduPrésident,faitengagerle cuirasséUSSNewJersey au largedes côtes libanaises pourbombarder les villages libanais occupés par l’opposition –causantenvironunmillierdevictimescivilesetinnocentes.Cesontcesbombardementsquisontàl’originedesattentatsmenésàtitredereprésailles(etce,contredesmilitairesuniquement).Ilest intéressant de noter que le commandement américain avaitrenoncé à élever le niveaud’alerte de son contingent demain-tiendelapaixaprèscesbombardements,afindesoulignerlefaitque les militaires de la MNF étaient distincts des forcesaméricaines qui combattaient par ailleurs au Liban88. C’estexactement la même erreur qui conduira au désastre deMogadiscio en Somalie 10 ans plus tard, et qui contribuera àl’insuccèsdelamissiondestabilisationenAfghanistan30ansplustard.

    Les deux attaques terroristes restent encore à ce jourattribuées auHezbollah.Pourtant, aucune information sérieuseneconfirmecette responsabilité, commedevait ledire l’anciensecrétaire à la Défense de l’époque, CasparWeinberger, dansuneinterviewdonnéeenseptembre2001:

    […] Nous ne savons toujours pas qui aeffectué l’attentat à la bombe contre lacaserne des Marines à l’aéroport de

  • Beyrouth, etnousne le savionscertainementpasàcemoment-là89.

    LeHezbollah n’apparaîtra que 2 ans après les attentats deBeyrouth,en198590, avec l’aidede l’Iran,afindeprotéger lesintérêtsdelacommunautéchiiteetdereconstruireleSud-Liban.Cette protection s’articule envolet social etmilitaire.Levoletsocialcomprenddesorganisationsd’entraide–commeleDjihadal-Binah («Effort pour la reconstruction»), spécialisédans lareconstruction des infrastructures, ou le Mou’assat al-Shahid(« Institution du martyr »), qui vient en aide aux victimesphysiques et sociales de la guerre. Ce sont les structures duHezbollah qui ont reconstruit le réseau routier du Sud-Liban,construitetgéré5hôpitaux,14cliniqueset12écoles,avantquelesIsraéliensdétruisentcesinfrastructuresen2006.Lastructuremilitaire est principalement composée d’une organisation derésistancemilitaireterritoriale(al-Muqawamah).Cettestructured’auto-défense a été formée par les unités territoriales duministère de l’Intérieur iranien, les unités Al-Quds. Souventqualifiéede« terroriste»par lespaysanglo-saxonsetIsraël91,elle est structurée comme une organisation défensive. C’estd’ailleurs l’amère expérience qu’en a faite l’armée israéliennelorsdesoninterventionen2006;ellen’avaitpassudétecterleréseaucomplexedetranchéesetfortinsdéfensifsconstruitsparleHezbollahenprévisiond’uneinvasionisraélienne.Iciencore,lerenseignementisraélienaétévictimed’unevéritablesurprisestratégique.

    La position du Hezbollah à l’égard d’Israël est certesempreinte d’une certaine solidarité avec le peuple palestinien,mais ses objectifs sont clairement distincts. Ainsi, les chiiteslibanais n’ont pas de revendications territoriales en Israël

  • même:ils’agitavanttoutdelalibérationduterritoirelibanaisde toute présence israélienne.Alors que l’on affirme qu’Israëls’est retiréduSud-Libanen2000, la réalitéestplusnuancée :Israël non seulement a conservé le secteur des « Fermes deChebaa»auxconfinsd’Israël,duLibanetdelaSyrie,maisdenombreuxpetits secteursde la frontière israélo-libanaisen’ontpasétérestituésauLiban.C’estdansl’unedecespetitesbandesdeterreconservéesparIsraël–maisrevendiquéesparleLiban–que le Hezbollah avait enlevé des soldats israéliens enpatrouille, déclenchant ainsi la guerre de juillet 2006 (HarbTamouz).

    Le problème israélo-palestinien est généralement compriscommeunproblèmeisraélo-arabe,danslequell’Iran(perse)n’apasdeplace:

    LeprinceTurkial-Faysaladesmotsdursà l’égard de l’Iran, disant que ce pays àprédominance perse n’a rien à faire avec lapaixisraélopalestinienne:«C’estuneaffairearabe qui doit être résolue dans le gironarabe92.»

    Lesoutienàlarébellionsyrienne

    Dans la crise syrienne qui éclate en 2011, deux aspectsinfluencentlapositionisraélienne.Lepremierestlesimplefaitque la Syrie est formellement encore en guerre avec l’Étathébreu.Les tentatives de paix amorcées à la fin 1999, sous lePremierministreEhudBarak, et qui ont presque abouti à unerestitution (partielle) du Golan à la Syrie, sont un lointainsouvenir. Le second est la montée de l’Iran dans l’image del’ennemi d’Israël et dont l’alliance avec la Syrie est perçue

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  • mouvements chiites, en accroissant ipso facto l’importance del’Iran. Cette nouvelle donne a créé la perception d’un« encerclement » chiite autour du cœur de l’Islam sunnite.Orc’estcontre lerisqued’untelencerclementquelesmonarchiesduGolfeavaientcrééleConseildecoopérationduGolfe(CCG)en mai 1981 et en soutenant la guerre irakoiranienne. Lesrévolutionsarabesde2010-2011visentenpremierlieuàbrisercetencerclementetàrestaurerlaprimautédusunnismedanslarégion.

    Toutescesexplicationsdoiventconduireàuneconstatation:entre incompréhensionetdésinformation, il resteun trèsgrandpotentiel de dialogue avec l’Iran. La rhétorique propre auxculturesduMoyen-Orientutiliseplusieursniveauxdelectureetilseraitfauxd’yvoirsystématiquementdesvelléitésguerrières.Celan’exclutpaslavigilance,maisdevraitréfrénerundiscoursoccidental qui a plutôt tendance à envenimer le climat. Danscette perspective, le rôle des États-Unis est central et pourraitcontribueràassouplirlespositions,àconditionqueledialoguequi a été engagé se poursuive après le mandat du PrésidentObamaets’effectuesanscondescendanceetsanssetransformerenun«diktat»occidental.

    LATURQUIE

    La Turquie est un grand pays dans de multiples sens :géographique, culturel et historique, pour ne mentionner queceux-ci, et il en retire une fierté légitime. Sa volonté des’affirmer comme un pays européen, à la fin de la PremièreGuerremondiale,s’estheurtéedèsledébutàuncertaindédainde lapartdesEuropéenspour cepaysalors encoreenvoiededéveloppement, et à une hostilité liée au traitement de la

  • minoritéarméniennedurantlaguerre.Accueillie avec enthousiasme au seinde l’OTANdurant la

    guerre froide, en raison de sa position stratégique sur le flancsudde l’Unionsoviétiqueetgardiennedesdétroitsgouvernantl’accèsàlaMéditerranée,laTurquieavusonimageeuropéennesedégraderdèslafindelaguerrefroide.Uneprésenceimmigréeimportante en Europe et la montée générale de la conscienceislamiquedanslemondeontgénérédesopinionstrèsmarquéesetdivergentessursonentréeauseindel’Unioneuropéenne.

    Sa situation géographique de carrefour entre le mondechrétienet lemondemusulman, entre lemondeeuropéenet lemonde asiatique, entre le monde méditerranéen et l’Asiecentrale, et entre modernité et archaïsme, en fait un payscomplexeetmalcomprisenEurope.

    Dans ce contexte, la Turquie a toujours perçu l’uniténationalecommeun facteurcritiquede survieetde succès,oùl’intégrationdesdiversesminoritésqui la composent constitueun enjeu national ; tandis qu’au plan internationall’instrumentalisation de ces mêmes minorités alimente lesambitionsrégionalesdesesvoisins,commecelaaétélecaspourlesKurdes. Par ailleurs, stimulée par une politique américainemaladroite, et ignorée par une Europe centrée sur ses propresenjeux,l’affirmationcroissanted’uneidentitéislamiquetouchetout le Proche etMoyen-Orient dès le début des années 90 etaffecteégalementlaTurquie.Cetteévolutionvientsesuperposerà un nationalisme musulman latent, qui bouscule la laïcitévoulueparlefondateurdelaTurquiemoderne,MustafaKemalAtatürk, comme un fondement de la république. Entre unséparatisme kurde imprégné de marxisme et la montée d’unislamisme qui ne cache pas ses sympathies pour la résistanceirakienne, la marge de manœuvre du gouvernement turc estétroite.

  • LesKurdessontleslointainshéritiersdel’empiremède.UnÉtatindépendantleuravaitétépromisparleTraitédeSèvres(10août1920),maisilsnel’ontjamaiseuenraisondelavictoiredeMustafaKemalAtatürkcontrelaGrèce,quiaconduitauTraitédeLausanne(24juillet1923),lequelmorcelleleKurdistanentrelesdiverspaysde larégionalorssouscontrôledesEuropéens.L’Union soviétique, qui perpétue la rivalité ancestrale entre laRussieorthodoxeet lesOttomans,etquiestengagéedansunelutte féroce contre les insurgésmusulmans enAsie centrale etdansleCaucase(«Basmatchis»),soutientlesKurdesdansleurcombatpourl’indépendance.Ilenrésulteuneluttearméekurdeà forte composante communiste et révolutionnaire, qui serainstrumentalisée et soutenue par l’Union soviétique jusqu’à lafin de la guerre froide, et qui conservera ses aspirationsmarxistesjusqu’ànosjours.

    LesKurdespartagentaveclesTurcsunesolideréputationdecombattantsdéterminés,tenacesetendurants.Cen’estdoncpasun hasard s’ils sont aujourd’hui les protagonistes les plusfiables et les plus efficaces dans la lutte contre la pousséeislamiste en Irak et en Syrie. Mais leur aspiration à un ÉtatindépendantpourraitbienseheurteràtermeàunOccidentquisoutiendraitl’intégritéterritorialedelaTurquie.

    LaTurquieatoujourseuunrôleparticulieretconsidérableauseindudispositifstratégiqueoccidental : ilest leseulpaysmusulman de l’OTAN, le seul pays de l’OTAN situé sur lecontinentasiatique,leseulpaysdel’OTANquiétaitlimitrophede l’URSS123 et le seul pays enmesure de fermer l’accès à laMéditerranée à la Flotte Soviétique. Les bases aériennes desÉtats-Unis qui y sont implantées constituent un tremplinindispensable à leur dispositif de projection des forces versl’AsiecentraleetleMoyen-Orient.

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  • between Israel and Syrian rebels », The Jerusalem Post, 7 décembre2014.

    94. Herb Keinon, « Netanyahu visits IDF field hospital for Syrians », TheJerusalemPost,18février2014.

    95.«IsraeliAirstrikesEscalateTensionswithSyria»,TheAssociatedPress,19mars2014.

    96.Ibid.97.HerbKeinon,«IsraelwantedAssadgonesincestartofSyriacivilwar»,

    TheJerusalemPost,17septembre2013.98.DiaaHadid&AnneBarnard,«CommanderofHezbollahFreedbyIsrael

    IsKilledinSyria»,TheNewYorkTimes,20décembre2015.99. Interview de Robert Baer, ex-agent de la CIA, « Iran Must be an

    InternationalPlayer»,www.roozonline.com100.ShlomoBen-Ami,ancienministreisraéliendesAffairesétrangères,Le

    Figaro,19septembre2007.101.CNN,«Bush:U.S.probespossibleIranlinksto9/11»,19juillet2004.102.JamesFallows,«WillIranBeNext?»,TheAtlantic,décembre2004.103.MikeAllen,« Iran ‘WillBeDealtWith,’BushSays»,TheWashington

    Post,22avril2004.104. Philip Giraldi, « Attack on Iran: Preemptive Nuclear War », The

    AmericanConservative,2août2005.105.«SharonsaysU.S.shouldalsodisarmIran,LibyaandSyria»,Haaretz,

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    International Obligations, US Congressional Research Service, 14janvier2016,p.8etp.11.

    107. Seumas Milne, Ewen MacAskill & Clayton Swisher, « Leaked cablesshow Netanyahu’s Iran bomb claim contradicted by Mossad », TheGuardian,23février2015.

    108.«Mossad,CIAAgreeIranHasYettoDecidetoBuildNuclearWeapon»,Haaretz,18mars2012.

    109.http://www.un.org/press/en/2012/sc10666.doc.htm110. Karen DeYoung & Scott Wilson, « Goal of Iran sanctions is regime

    collapse,U.S.officialsays»,WashingtonPost,13janvier2012.111.WatchStahl,«Ex-Mossadchief: Iranrational;don’tattacknow»,CBS

    News,11mars2012.112.Voirmemri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=sd&ID=SP101305113. « En voie de radicalisation, l’Iran veut “rayer” Israël de la carte »,Le

    Monde,27octobre2005.

    http://www.roozonline.comhttp://www.un.org/press/en/2012/sc10666.doc.htm

  • 114.JonathanSteele,«LostinTranslation»,TheGuardian,22juin2006.115.memri.org,op.cit.116.DiscoursduprésidentSarkozyàlaKnesset,LeFigaro,20juin2008.117.BrianWhitaker, «The strange affair ofKarineA »,TheGuardian, 21

    jan-vier2002.118.BBCNews,22février2006.119. Aux États-Unis, le « Presidential Finding » est un décret présidentiel,

    équivalentàl’«ExecutiveOrder».Àladifférencedel’ExecutiveOrder,lePresidentialFinding ne doit pas être publié dans leRegistre Fédéraldes décisions exécutives. (CRSReport for Congress, Harold C. Relyea,PresidentialDirectives :Background andOverview,mis à jour 23 avril2007).

    120. Foreign Terrorist Organizations, Bureau of Counterterrorism, USDepartmentofState(http://www.state.gov/j/ct/rls/other/des/123085.htm)

    121. Saddam Hussein’s Support for International Terrorism, The WhiteHouse, (http://georgewbush-whitehouse.archives.gov/infocus/iraq/decade/sect5.html). Le MeK a étéretiré de la liste des mouvements terroristes du Département d’Étataméricain le 28 septembre 2012 afin de permettre auxÉtats-Unis et à laGrande-Bretagne de collaborer avec lui pour mener des actionsclandestines en Iran.(http://www.state.gov/r/pa/prs/ps/2012/09/198443.htm)

    122.SeymourHersh,«Preparing theBattlefield»,TheNewYorker, 7 juillet2008.

    123.Misàpartl’extrêmenorddelaNorvège,luiaussilimitrophedel’URSS,maisdansunezoneconsidérablementmoinscritique.

    124.ShivMalik,«SupportforIsisstrongerinArabicsocialmediainEuropethaninSyria”,TheGuardian,28novembre2014.

    125. BerkayMandiraci, « Islamic State’s Threat to Turkey », InternationalCrisisGroup,19octobre2015(http://blog.crisisgroup.org/europe-central-asia/2015/10/19/islamic-states-threat-to-turkey/).

    126.«Veiledthreats»,TheEconomist,6décembre2003127. Pierre Servent, Extension du domaine de la guerre, Robert Laffont,

    Paris,2015,pp.98-104.128.SeymourM.Hersh,«TheRedirection»,TheNewYorker,5mars2007.129.Daral-IslamMagazine,n°7,novembre2015(Safar1437),p.38.

    http://georgewbush-whitehouse.archives.gov/infocus/iraq/decade/sect5.htmlhttp://www.state.gov/r/pa/prs/ps/2012/09/198443.htmhttp://blog.crisisgroup.org/europe-central-asia/2015/10/19/islamic-states-threat-to-turkey/

  • «Al-Quaïda»,lemythefondateur

    LESRACINESHISTORIQUES

    Cequel’onappellecommunémentaujourd’hui«Al-Qaïda»est un des éléments centraux du prisme à travers lequel estperçue lamenace terroriste – qui trouve aujourd’hui son apexdans l’État islamique.Si le terrorisme islamiste est une réalitédepuisunquart de siècle, sa compréhensionenOccident resteextrêmementmauvaise.Nousn’enavonspascomprislagenèse,le fonctionnement, la logique, les motivations et, par voie deconséquence, la manière de le maîtriser. En réalité, nous yréagissons de manière émotionnelle, sans réflexion et sansstratégie:exactementcommelesouhaitentlesterroristes.C’estla raisonpour laquelle,depuis1990, le terrorismen’a faitquecroître, sans qu’aucune guerre ni aucune technologie ne l’aitstoppé, affectant même les valeurs qui font la grandeur de ladémocratie, comme la liberté individuelle, le droit à la vieprivée,oulalibertéd’expression.

    La naissance et le développement de ce que l’onappelle«Al-Qaïda»sontirrémédiablementassociésàla

    personne d’Oussama Ben Laden. Et pourtant, aucun groupeterroriste du nom d’« Al-Qaïda » n’a jamais été créé, ni parOussama Ben Laden, ni par quiconque. Comme le confirmel’intéressé lui-mêmedans une interviewdonnée à la chaîne detélévisionAl-Jazira en octobre 2001, mais jamais diffusée enOccident1.

    OussamaBenLaden(OussamaBinMuhammadbenAwad)est né en 1957, 17e des 52 enfants d’un riche entrepreneursaoudien. Ingénieur en génie civil, il s’engage dès 1979 en

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  • LADIMENSIONASYMÉTRIQUEDUDJIHADISME

    LesattentatsdeMadridetLondres

    Ce sont les interventions américaines et britanniques, avecleurs alliés en Afghanistan et en Irak en 2001 et 2003, quiapportent une rationalité concrète au combat des Djihadistes,non seulement en leur offrant une cohérence stratégique,maisaussi en plaçant les attentats dans une logique de résistancearmée à des invasions clairement illégales et largementillégitimes.Lesattentats lesplusmarquantsdecettepériode,àsavoir ceux deMadrid (11mars 2004) et deLondres (7 et 21juillet2005)30étaientclairementdestinésàprovoquerunretraitdesforcesengagéesenAfghanistanetenIrak31.

    EnEspagne, en pleine période électorale, le gouvernementAznarnepeutsepermettrederemettreenquestionsapolitiquede soutien inconditionnel des États-Unis en Irak, et rejetteimmédiatement la responsabilité des attentats sur les Basques.Maislapopulationn’estpasdupeetlerésultatdesélectionsestsans appel et amènera l’opposition aupouvoir, qui décidera leretrait des forces espagnolesd’Irak, et provoquera le retrait duHonduras.DupointdevuedesDjihadistes,l’attentatdeMadridestune«opérationdedissuasion»,quiresteconsidéréecommeunsuccèsstratégique32,mêmesi l’analyseaposteriorimontreque ce succès est moins dû aux terroristes eux-mêmes qu’àl’incapacitédugouvernementespagnoldel’époquedegérerunesituationdetypeasymétrique.

    Le17mars2004,quelquesjoursaprèsleterribleattentatdeMadrid,larevendicationdesbrigadesd’AbouHafsal-Masriqui

  • parvient au journal Al-Quds al-Arabi, annonçant de futuresactions terroristes contre certains pays occidentaux, illustreparfaitementlecaractèreasymétriqueduconflitquis’installe:

    […] une opération d’envergure [auxÉtatsUnis]détruiratonadministration.Nousne souhaitons aucunement ta défaite auxélections […]nous voulons ta victoire,Bushlecriminel33.

    Paradoxalement,lemouvementterroristeavoueainsiqu’ilabesoin d’un adversaire déterminé pour légitimer son combat…alorsqu’ironiquement leprésidentBushestprésenté lorsde laConventionrépublicaineàlafinaoût2004,commelechampionde la luttecontre le terrorisme !Ona ici l’illustrationdecettesituation particulière des conflits asymétriques, où les succèstactiques,obtenusparl’undesadversaires,alimententl’avantagestratégique de l’autre. Censée contribuer à la lutte contre leterrorisme,l’interventionaméricaineenIrakafaitapparaîtredenouveauxgroupesterroristesetforgéunenouvellelégitimitéauxextrémistesislamistes.Noussommesiciaucœurduphénomènedjihadiste,quenousneparvenonspasàcomprendreetàincluredansnosréflexionsstratégiques.

    Il est probable que le succès de l’attentat deMadrid a étél’unedessourcesd’inspirationpourlesattentatsdeLondresunanplustard,mêmes’iln’yapasdeliensformelsentrelesdeux.À cette époque, les Britanniques ne sont pas convaincus parl’engagementdeTonyBlairauxcôtésduprésidentaméricainenfaveur d’une intervention en Irak. Le 15 février 2003, lamanifestation contre la guerre la plus importante jamaisorganisée à Londres aurait réuni 2 millions de manifestantsselonsesorganisateurs34.Cetteoppositionpopulaireàlaguerre

  • constitue une opportunité pour la résistance irakienne et lesDjihadistesquivontchercheràprovoquerunretraitbritannique.

    Mais un retrait sous la pression des attentats est un paridangereux. L’enchaînement des événements après Madrid acertainement conduit à une décision juste au planmoral,maispas nécessairement au plan opérationnel, car elle a créé unprécédent incitant les terroristes à répéter le processus afind’influencer les gouvernements par l’action violente. Dix ansplus tard, le présidentFrançoisHollande se trouvera devant lemêmeproblème,mais le risque de déprécier la crédibilité déjàvacillante de son gouvernement le poussera à s’engagerdavantagedanslaspiraledelaviolence.

    C’estlaraisonpourlaquellelegouvernementdeTonyBlairchercheraà«déconnecter»lesattentatset tentativesd’attentatde laguerreenIrak,età fairepasser les terroristescommedesvictimesdetroublesmentauxetsociaux35.Pour-tant,lavidéoderevendication de Mohammed Siddique Khan, explique trèsclairementquel’attentatdu7juilletestmotivéparlaguerreenIrak:

    […] et nos mots n’ont pas d’impact sur vous, c’estpourquoi nous allons parler le langage que vouscomprenez. Nosmots sont vides tant que nous ne leurdonnonspasvieavecnotresang.Je suis sûr qu’à ce moment les médias auront déjà

    dépeintuneimageappropriéedemoi,cettemachinedepropagande prévisible va donner un tour favorable augouvernement et effrayer les masses pour qu’elles seconformentàdesagendasdepouvoiretobsédésparlesrichesses.Moietdesmillierscommemoiabandonnenttoutpour

    ceenquoiilscroient.Notremotivationnevientpasdesbienstangiblesquecemondepeutoffrir.Vos gouvernements démocratiquement élus

    perpétuent continuellement des atrocités contre monpeupledans lemondeentier.Etvotresoutienpoureux

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  • occidentale auraitdûpousser sonoffensive jusqu’àBagdaden1991,Richard(Dick)Cheney,secrétaireàlaDéfenselorsdelaguerrerépondit:

    Non […] Si vous renversez legouvernement central en Irak, vous

    verrez facilement l’Irak voler en éclats. LesSyriensenvoudrontunepartieà l’Ouest, lesIraniens en réclameront la partie orientalepourlaquelleilsontcombattudurant8ans.

    Au Nord, vous avez les Kurdes, et lesKurdes peuvent se joindre avec les Kurdesturcsetmenacer l’intégrité territorialede laTurquie.Envahirl’Irakestuncauchemar14.

    énumérantainsilesproblèmesqu’ilrencontrera10ansplustard,comme vice-président des États-Unis, après avoir prônéexactementl’inverse!

    Lanaissanced’unedoctrinedjihadiste

    Après DESERT STORM, les forces britanniques etaméricaines, stationnées en Arabie saoudite et au Koweït,assurent la surveillance de l’embargo décrété par les Nationsunies. Aux yeux de l’opinion publique arabe, non seulementl’intervention coalisée contre l’Irak avait une légitimitédouteuse,maislemaintiendelaprésenceoccidentaleenArabiesaoudite après la guerre n’avait pas de raison d’être pour unelarge frange de la population arabe, et des islamistes enparticulier.

    Les autorités saoudiennes s’inquiètent des effets de cette

  • présence et du risque qu’elle ne réveille les mouvementsislamistes.LorsdesonadresseauCongrès, le6mars1991, lePrésidentBushannonceclairementquelestroupesaméricainesseront retirées d’Arabie saoudite. Pourtant, 24 000 militairesresterontsurplace.LesÉtats-Unistenterontàplusieursreprisesd’obtenir l’autorisation des Saoudiens pour augmenter cenombre, mais ces derniers souhaitent au contraire en limiterl’étendue et les prérogatives conformément aux accords decoopérationde197715.Finalement,unedatebutoirestfixéeen1995,quineseratoujourspasrespectée.C’estàcemomentquelesattentatsterroristescontrelesÉtats-Uniscommenceront.

    Les exigences saoudiennes de retrait seront réitérées àplusieurs reprises, afin d’inciter les Américains à tenir leurpromesse. Mais, par ignorance ou par arrogance, l’Amériqueméprise ces demandes, nourrissant ainsi l’oppositionsaoudienne islamiste qui gagne en popularité en soulignant la« complaisance » des autorités. Le 13 novembre 1995, unattentat à la bombe frappe laGardenationale saoudienne et laVinnellCorporation,unecompagnieprivéeaméricaine,chargéede former les militaires saoudiens. L’attentat est alorsrevendiqué par deux organisations de l’opposition radicalesaoudienne – les Tigres du Golfe et le Mouvement islamiquepour le changement16 – et marquera le début d’une séried’attentatsanti-américainsdanslarégion.

    À ce stade, l’opposition islamiste en Arabie saoudite estforteetlegouvernementcraintd’êtredébordé«parsadroite»,quiestégalementreprésentéeauseinmêmedel’élitedirigeante.OussamaBen Laden n’est alors que l’un des représentants decette opposition radicale. En août 1996, il publie une« Déclaration de Guerre » contre les États-Unis, considéréscommedesoccupantsillégitimesduterritoired’Arabiesaoudite.

  • Il n’est plus actuel et plus acceptable declamer que la présence des Croisés est unenécessitéetseulementunemesuretemporairepour protéger [l’Arabie saoudite],spécialement si les infrastructures civiles etmilitaires de l’Irak ont été sauvagementdétruites17[…]

    Après l’attentat de juin 1996 contre les tours Khobar,OussamaBenLadenestexpulséduSoudansouslapressiondesÉtats-Unis. Il se réfugie en Afghanistan, dans la région deKandahar,où ilpoursuit sa luttecontre laprésenceaméricaineenArabiesaoudite.Avecunbémol toutefois,cardès1998, lesTalibanluiimposentcommecondition,pourresterdanslepays,de n’entreprendre aucun acte d’agression contre les États-Unis18 ; et comme nous l’avons vu, rien n’indique que BenLaden ait rompu cet accord. Pourtant, les efforts des Talibann’empêcherontparlesÉtats-Unisd’attaquerenoctobre2001,cequialimenteral’idéequelacapturedeBenLadenn’étaitqu’unprétextepourmeneruneCroisade.

    Au début 1998, Ben Laden crée un mouvement, nommé«FrontislamiquemondialpourlecombatcontrelesJuifsetlesCroisés»(Al-Jabhahal-Islamiyaal-’Alamiyahli-Qitalal-Yahudwal-Salibiyyin), qui rassemble plusieurs groupes djihadistes,dont les motivations sont énoncées dans une déclaration(«fatwa»)du23février1998:

    Premièrement, depuis plus de 7 ans lesÉtats-Unisoccupent laterred’Islamdanssapartie la plus sainte, la péninsule arabique,pillant ses richesses, imposant leur volontéaux dirigeants, humiliant sa population,

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  • Président Carter signe une directive qui autorise la CIA àappuyer les moudjahidines en Afghanistan par des opérationspsychologiques clandestines et un soutienmatériel40. C’est ledébut de l’OpérationCYCLONE, qui bénéficiera d’un budgetde 4milliards de dollars41 et par laquelle laCIA équipera lesislamistes afghans. La brutale montée de la violence islamistequi en résulte déborde dans les républiques méridionales del’URSSetprovoquelecoupd’Étatd’HafizullahAminàKaboulen septembre 1979. C’est cette situation qui force l’Unionsoviétique à intervenir endécembre1979, provoquant le débutd’uneguerrede10ans.

    Dans un premier temps (jusqu’en 1983), les Soviétiquesdéploient au pied levé leur 40e armée, configurée pour uneguerre conventionnelle et mal préparée pour un combat decontre-insurrection : leurs pertes sont élevées et leurs résultatsmaigres. Progressivement, la 40e armée est totalementrestructurée et, dans un second temps (dès 1983), adopte denouveaux concepts opératifs : les unités blindées ont étésuppriméesetsonossatureestdésormaisconstituéed’artillerie,d’unitésdetransmissions,deforcesspécialesetd’hélicoptères.L’autonomie des petites unités indépendantes est accrue,l’intégration des moyens de combat est améliorée, provoquantassezrapidementunediminutiondespertesetuneaugmentationde l’efficacité opérationnelle42. À tel point que les États-Unisdécidentdès1986defourniràlarésistanceafghanedesmissilesantiaériens portables Stinger dans le cadre de l’OpérationCYCLONE. En tout, quelque 2300 missiles seront fournis.L’objectifdesSoviétiquesestdemaintenir legouvernementduprésidentAminet,aprèslestentativesinfructueusesdeprendrele contrôle de certaines vallées au début des années 80, ils secontenteront de superviser les principaux axes routiers et les

  • grandes villes. Ils abandonnent ainsi les vallées auxmoudjahidines soutenus par l’Ouest, qui développeront laculture industrielle de l’opium pour se financer, en l’absenced’investissementsgouvernementaux,dansunepolitiqueagricolecohérente.D’un autre côté, comme auparavant les Français enIndochineetlesAméricainsauLaosetenAmériqueduSudfaceaux guérillas communistes, les Occidentaux peuvent ainsis’appuyersurlaloyautédes«seigneursdelaguerre»vivantdutraficdeladrogue.

    En 1989, lorsque les Soviétiques quittent le pays, lesmultiplesgroupesdemoudjahidines,quine sontplusunisparun ennemi commun, règlent leurs comptes entre eux et luttentpour le pouvoir. Des dizaines demouvements insurrectionnelsdusous-continentindienseretrouventrapidementenpossessiondesarmes fourniespar lesAméricains. Il enest ainsides200-300 Stingers non utilisés qui ont une histoire incertaine etarriverontdans lesmainsdediversgroupes terroristes,en Iran,auxPhilippinesetauTadjikistan43.

    Àcetteépoque, l’Afghanistan–etplusparticulièrement sacapitale–estlivréauxcombatsentrefactions.Commesouvent,les luttes fratricides sont les plus brutales et les plus cruelles.Leslynchagesetexécutionspubliques–parfoismêmedansunluxedecruauté–sontquotidiens44.C’estdanscetteatmosphèreque les Taliban (« Étudiants en religion »), partis du sud,conquièrentrapidementetpratiquementsanscombatl’ensembledupays,àl’exceptiondunordquirestealorsdanslesmainsduTajikAhmedShahMassoud.

    LesTaliban

    D’origine sunnite, lemouvementdesTalibanest apparuenseptembre 1994 et est issu des écoles coraniques du sud de

  • l’Afghanistan. Il se veut rassembleur des différentes ethnies,tendancesreligieusesetfamillespolitiquesquiavaientfaitdelarésistance afghane un amalgame hétéroclite de tendancessouventopposées.Afind’atteindreleurobjectifd’unificationdel’Afghanistan, les Taliban ont basé leur doctrine sur uneapproche fondamentaliste. Leur conquête de l’Afghanistandepuis la région deKandahar s’effectue avec un large soutienpopulaire.Dèsleurinstallationaupouvoir,ilsmettentenplaceun régime rigoureux, qui a pour objectif – dans un premiertemps tout au moins – de rétablir la paix civile et l’ordre,supprimerlefactionnalismeetpermettrelagestiondel’État.

    Le régime de la charia – la loi islamique – est imposé etappliqué sévèrement. Et même si la corruption, endémique etenracinée dans la culture afghane, subsiste, le pouvoir desseigneursdelaguerrelocauxestréduitetlespéageslocauxsontsupprimés. Le mouvement reçoit un assez large soutienpopulaire, principalement parce qu’il apporte une forme desécuritéetéliminel’anarchieetl’arbitrairequirégnaientsouslepouvoirdesmilices.Toutefoislenouveaugouvernementtalibanne parvient pas à obtenir la reconnaissance internationale quipermettrait un développement du pays45. Ses représentationsdiplomatiquesàl’étranger,ycomprisauxNationsunies,restentaux mains de l’opposition de l’Alliance du Nord, et necontribuentpasàgénérerlesoutieninternationalnécessaire.

    À la fin 1999, sous la pression extérieure, les Talibanacceptent d’interdire la culture de l’opium, pourtant source derevenus importantedepuisque laguerreavec lesSoviétiquesaempêché tout effort pour le développement agricole dans leszonesmontagneusesetfaitdel’opiumunelucrativeexploitationde substitution. Un décret interdisant la culture d’opium estpublié le 27 juillet 2000. En 2000, les surfaces cultivées

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  • caractéristiques d’un problème intérieur aux USA, mais sacoïncidenceaveclesévénementsdeseptembre2001aorientélesrecherches des services de renseignement vers l’Irak et lesréseaux«Al-Qaïda».Or,lanaturedesobjectifsetlaséquencedesattaquesdansletemps,demêmequelanaturedessouchesd’anthrax, tendaient à exclure l’implicationde l’Irak, qui avaitpourtant été montré du doigt par le Federal Bureau ofInvestigation(FBI)américain,etdontonavaitévoquéles liensavec des agents d’« Al-Qaïda74 ». Le 28 octobre, le FBIannonçaitl’abandondesinvestigationsenrelationavecleréseau« Al-Qaïda » et la réorientation de son enquête sur une pistecriminelleaméricaine.

    Aprèsle11Septembre,l’IrakdevientpourlesÉtats-Unislacause de toutes les activités terroristes dans le monde. Alorsque, dans les semaines qui ont suivi le « 11 Septembre », lepublic américain n’y avait pas immédiatement associé l’Irak ;début2003,44%desAméricainsestimaientquelesterroristesétaientirakiens,tandisque45%étaientconvaincusqueSaddamHusseinétaitpersonnellementimpliquédanscesattentats75.

    LemessagealorsmarteléparleprésidentGeorgeBushetlesmembres de son administration imprime dans la tête desAméricains l’idée d’un lien organique entre le terrorisme etSaddamHussein. Le secrétaire à laDéfenseDonaldRumsfeldaffirme détenir les preuves « irréfutables » de l’implication del’Irakdans le11Septembre76.C’est évidemment unmensongeéhonté : on sait aujourd’hui que ces liens sont sortis del’imagination de l’administration Bush77. Pourtant, malgré lapublicationdurapportdelacommissiond’enquêteduCongrèsqui souligne l’absencede liens entre l’Iraket«Al-Qaïda», levice-président Richard (Dick) Cheney persiste dans uneinterviewavecCBSNewsen2004:

  • Il y avait clairement une relation. Nousavons témoigné à ce sujet. Les preuves sontaccablantes […] « La presse, avec tout lerespectquejeluidoisestsouventparesseuse,et souvent ne publie que ce que quelqu’und’autreaditsanseffectuersontravail78.»

    avantde fairemarchearrièreen2009,dansune interviewavecNBCNews,oùildéclarequ’iln’yajamaiseuaucunlienentrel’Iraketlesterroristesdjihadistes79.

    Siaujourd’huilamanipulationliéeauxarmesdedestructionmassiveapparaîtcommeuneraisonmajeurepour l’interventionaméricaineenIrak,l’importancedulienfabriquéentrel’Iraketlesauteursdesattentatsdu11Septembrenedoitpasêtresous-estimée. En fait, pour unemajorité d’Américains, ce lien étaitune raison beaucoup plus valable d’intervenir en Irak que lesarmes de destruction massive. Au final, non seulementl’interventionen Irakaétésoutenuepar72%desAméricains,qui n’ont rien compris à la guerre dans laquelle ilss’engageaient,mais la cote de popularité du président Bush abondi à la fin mars 2003 pour atteindre 71 % d’opinionspositives80. Lesmêmes causes ayant lesmêmes effets, c’est lemêmemécanismequel’onobserveraenFranceen2015.

    Capricesaméricains–Incapacitéeuropéenne

    L’imposturedesarmesdedestructionmassiveirakienne,quia fourni le prétexte pour l’invasion américaine, a été trèslargement couverte dans les médias et la littérature. Lapublication de faux rapports, le choix délibéré d’accorder uncrédit indu à des sources dont on savait déjà à ce moment

  • qu’ellesn’étaientpasfiables,etladistorsionvolontairedefaitsqui étaient tousdéjà connus et n’ont pas changédepuis 2002,font de l’intervention des États-Unis (et de leurs alliés81) uneentreprise illégale, illégitime,etdenaturecriminelle.Nousn’yreviendronsdoncpasici.Danslesfaits, leprésidentdesÉtats-Unisetsesacolytesvoulaientattaquer l’Irakdéjàbienavant le11Septembre,etilsonttoutmisenœuvrepouryparvenir.

    Le11septembreà12heuresdéjà,dansleNationalMilitaryCommand Center, alors que le directeur de la CIA évoquel’interceptiond’uneconversation téléphoniqued’OussamaBenLaden pour désigner le coupable, le secrétaire à la DéfenseDonald Rumsfeld déclare que l’information est « vague »,« pourrait ne rien signifier du tout » et être une « base tropfragile pour y accrocher son chapeau » ; l’idée de riposter surl’Irakestdéjàprésente.Danslejournalqu’ilestchargédetenir,l’undesassistantsduministreprendnotedel’ordredepréparerdesfrappessurl’Irak,aveclarecommandationsuivante:

    Allez-y massivement ! Balayez tout, quecelasoitlié[àl’attentat]ounon82!

    Le12septembre2001,lorsd’uneréuniondetravailpourdéterminerlanaturedelaréponseàapporterau11

    Septembre, et alors que l’on évoque le bombardement desinfrastructures afghanes d’« Al-Qaïda », Donald Rumsfeldrépondqu’iln’yapasassezd’objectifsenAfghanistanpourunecampagne de bombardements et qu’il faut donc bombarderl’Irak!Lechefdelalutteantiterroriste,RichardClarke,luifaitalors remarquer que l’Irak n’est pour rien dans cette affaire«maiscelan’afaitaucunedifférence83».

    L’éthique n’y trouve certes pas son compte, mais il faut

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  • été distribués110. Notons ici qu’en Afghanistan, la situationn’est guère meilleure. De fait, les États-Unis ne sont pas enmesurededire exactementoù sont lesquelque465000armeslégèresdistribuéesauxforcesarméesafghanesetautresfactions« amies », selon un rapport d’audit de l’inspecteur-généralspécial pour la reconstruction de l’Afghanistan111, publié enjuillet2014112.

    La « stratégie » du général Petraeus, appliquée dès 2007,baséesur le financementdemilicessunnites locales,asouventétéqualifiéedenovatriceetde«solution».Enréalité, iln’enestrien.Lefaitd’exploiterlesrivalitésetloyautéslocalespourréglerdesproblèmesd’insurrectionestvieuxcommelemondeetavaitdéjàétéutiliséauVietnametauLaosparlesFrançais,puispar les Américains, avec succès. La différence – et non desmoindres–estqu’enIraklesloyautésnes’articulentplusautourd’uneidéologiepolitique,dupouvoirdestribusoudel’argent,maisautourderapportsdeforceentrecommunautésreligieuses,ce que les stratèges américains n’ont pas compris.Ainsi, dansleur volonté de « diviser pour régner » les États-Unis ontdistribué très libéralement des armes à divers groupes arméssunnites, qui seront connus collectivement sous le nom de«MouvementduRéveil»oudes«Filsd’Irak».Ceux-làmêmesqui constitueront la base de ce qui deviendra plus tard l’Étatislamique.

    L’incapacité desAméricains à remettre en place un régimedont l’autorité se positionne au-dessus des nombreux clivagesdelasociétéirakienneaprovoquéundéplacementdesenjeuxdudomainepolitiquevers ledomainereligieux.Commeonl’avaitobservéenPalestineaprèslachutedumondecommuniste–quisoutenait jusqu’alors la cause palestinienne –, l’élémentfédérateur est devenu la religion, alimenté par un

  • communautarismelatentquelerégimedeSaddamHusseinétaitparvenuàcontenirpar laforce.Cedéplacementducurseursurun logiciel religieux a été totalement sous-estimé par lesstratèges américains, ce qui était logique puisqu’ils n’avaientpas su en tirer les conclusions 10 ans auparavant. Ainsi, lescombattants nouvellement équipés par les États-Unis se sontassez rapidement retrouvés dans une opposition armée113,faisant réapparaître ces armes dans les mains de combattantsislamistes.

    Cettepolarisationdesforcesenprésencelelongdeclivagesreligieuxestcatastrophiquepourlespopulationschrétiennesetautresminorités,quiconstituaientl’unedesrichessesculturelleset humaines de cette région. Ainsi, par une cruelle ironie del’Histoire, la lutte contre l’islamisme déclenchée par les«bigots»chrétiensaméricainsaconduitàlapertedeschrétiensd’Orient.

    SousSaddamHussein,ilyavait1millionde chrétiens protégés par la loi en Irak.Depuisl’invasion,undemi-millionafuiouaététué114.

    LAGUERREENLIBYE

    Lesdiversesrévolutionsdites«citoyennes»,quionttouchél’Afrique du Nord en 2010-2012, ont toutes comme pointcommun d’avoir été inspirées et menées par une volontépolitico-religieuse,souslesimpulsionsconcurrentesduQataretde l’Arabie saoudite.Leur intensité a étémodulée en fonctiondesculturespolitiqueslocales,maistoutesontvisélesrégimesmodernisteslaïcsissusdesannées50-60,quiavaientnotamment

  • promulerôledelafemmedanslasociétéetprônaientunmodedevieoccidental.Larévolutionlibyennen’apasfaitexceptionetaétémenéedèssondébutpardesgroupesfondamentalistessunnites.

    Le régimeduprésidentKadhafin’étaità l’évidenceni démocratique, ni conforme à la définition d’unÉtat

    deDroit.Néanmoins,en2010,selonlesNationsunies,laLibyeétaitlepaysdontl’indexdedéveloppementhumainétaitleplusélevé d’Afrique115. Elle ne figurait plus sur la liste des payssoutenantleterrorismedepuisle15mai2007116et,aucontraire,participait activement à la lutte contre l’islamisme radical auxcôtés de l’Occident. Le gouvernement Sarkozy avait négociéavecKadhafilavented’avionsdecombatRafale.Enclair,toutimparfaitqu’ilfût,lerégimeduprésidentKadhafineconstituaitpasunemenacepourl’Occidenten2011,etriennejustifiaituneintervention militaire extérieure pour renverser songouvernement.

    DanssonlivresurledésastredelapolitiqueaméricaineenLibye117, Peter Hoekstra, député et ancien président de laCommissiondurenseignementdelaChambredesreprésentantsaméricains, rappelle qu’en 2003, il avait participé à unedélégationparlementaireaméricaineauprèsdudirigeant libyen,qui avait conclu que la Libye « se dirigeait dans la bonnedirection».Ilconstateparailleursque,mêmeaprèslesattentatsdeladiscothèqueLaBelleàBerlin(1986)ouduvol103delaPan Am (1989), aucun gouvernement américain n’avaitsérieusementpris enconsidération l’idéede renverserKadhafi.Alorspourquoien2011?

    En 2011, un facteur déterminant a été le rôle actif de laFrance dans la destitution de Mouammar Kadhafi. Pour de

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  • marxistes des années 70-80, mais, dont l’importance etl’influence sont devenues quasi-nulles dans un environnementfortementimprégnédeDjihadisme.LaluttemenéeparlerégimesyriencontrelesFrèresmusulmansaudébutdesannées80,etlaguerre qui ravage le pays dès 2012, montrent que legouvernement syrienn’avait pasd’intérêt particulier à soutenirlesextrémistessunnites.

    Malgrél’impassedesnégociationsavecIsraël,etlepoidsdesa présence au Liban, la Syrie parvient àmaintenir une imageglobalement neutre, qui se dégradera cependant en. Les États-Unis cherchent alors à créer leur coalition contre l’Irak. Lesecrétaire d’État américain, Colin Powell, visite Bachar Al-Assad alors placé devant le difficile choix « d’être pour lesAméricainsoucontrelesAméricains».Àcemoment,l’opinionpublique arabe est consciente – tout comme la Turquie – dudangerd’uneinterventionenIraketdurisquededéstabilisationrégionale qu’elle impliquera nécessairement. Commel’expliquaitBacharAl-AssadauxAméricains:

    J’ai dit aux Américains comment luttercontreAl-Qaïdaaprèsle11septembre.Qu’ilne faut pas faire la guerre. Qu’il estimpossible de lutter contre le terrorisme sivous êtes en guerre. La guerre ne fait querendre service aux terroristes. C’est commeuncancer,au lieude retirer toute la tumeur,vous allez la découper. Lorsque vous ledécoupez,lecancersepropage161.

    La Syrie ne rejoindra donc pas la nouvelle coalition,maiselle subira l’impact de la guerre en accueillant entre 1 et 1,5millionderéfugiésirakiens,essentiellementdessunnites–dont

  • certains radicalisés par la présence occidentale –, quicontribuerontàsadéstabilisationquelquesannéesplustard.Lafrontièreavecl’Irak,quiavaitétéferméeen1991,aétérouverteen1997,permettantàplusieurscentainesdemilliersd’Irakiensd’échapperauxeffetsdel’embargooccidentalcontrel’Irak.En2003, le flot de réfugiés est massif et les tentatives syriennespourmaîtriserlasituationlelongdes600kmdefrontièreavecl’Irak sont vaines. Sous la pression américaine, la Syrie fermeses 5 postes frontières avec l’Irak afin d’empêcher les rebellesirakiens d’alimenter la résistance contre l’occupationaméricaine.

    Àcestade,bienqueneutredansceconflit,laSyrieessaiedese rapprocher de l’Occident. Dès le 11 Septembre, la Syriecoopère activement à la lutte contre lesmouvements islamistesradicaux et djihadistes («Al-Qaïda ») avec leCommandementdes opérations spéciales américain. En 2002, Bachar al-Assadautorise lepartagedecentainesdedocumentsavec lesservicesoccidentaux sur les activitésdesFrèresmusulmansenSyrie eten Allemagne. La Syrie participe au programme de détentionsecrètedelaCIAaméricaineetaccueillelesprisonniersqu’elleluilivre162.EllefournitégalementdescentainesdedocumentsàlaCIAquiavoueque«laqualitéetlaquantitédesinformationsenprovenancedeSyrieontdépassé lesattentesde l’Agence»,maiségalementquelaSyrie«areçubienpeuenretour163».

    NeparticipantpasàlacoalitionoccidentaleenIrak,laSyrieestisolée.L’ouverturevoulueparleprésidentBacharnesefaitpasetl’éventaildesesalliésseréduit.Lasituationseraencoreplusproblématiqueaprèsl’attentatcontrel’ex-PremierministrelibanaisRaficHariki,le14février2005àBeyrouth,quiplacera– opportunément – la Syrie dans le collimateur de lacommunauté internationale et obligera son retrait du Liban.

  • L’isolement de la Syrie renforce les liens avec l’Iran – oùMahmoud Ahmadinejad est porté au pouvoir grâce àl’interventionaméricaineenIrak–créantunnouveauproblème.

    Le tribunal international chargé d’instruire l’assassinat deRaficHaririadirigésesinvestigationsverslaSyrie,avantdesetourner vers le Hezbollah libanais. Mais les bonnes relationsentreleHezbollahetRaficHariri(entreautreslefaitqueRaficHaririetNasrallahvenaientdeconstituerun«comitépermanentconjoint regroupant le Courant du futur et des cadres duHezbollah dans le but de préparer les élections parlementairesde2005164»),lesdénégationsdelaSyrieetl’absencedemotifsréelsontrenducesaccusationsextrêmementfragiles165.Enfait,le tribunal international a d’emblée exclu d’autres auteursprobables de l’assassinat et notamment Israël, qui en est leprincipalbénéficiaire.Malgrélefaitquedenombreuxélémentstechniques et politiques tendent à démontrer son implication,l’enquêtenesedirigerajamaisdanscettedirection.Eneffet,lesmanœuvresderapprochementdelaSyrieversl’Occidentetsonattitudecoopérativevis-à-visdesÉtats-Unisdanslaluttecontrele terrorisme sunnite étaient de nature à affaiblir la positiond’Israëldanslarégion166.

    Un autre phénomène, qui entre dans l’équation de lastabilitédelaSyriedanscetterégiontroublée,estl’impactdelasécheressequiaffecte laSyrieentre2005et2010, touchantenmajeure partie l’agriculture et les zones sunnites du pays,s’ajoutantàl’immigrationenprovenanced’Irak,etquiaccentuelapressionsuruneéconomiesyrienneaffaiblie167.

    Un changement – que les « stratèges » américains, quivoulaient renverser Saddam Hussein en s’appuyant sur lamajoritéchiiteenIrak,n’avaientpasanticipé–estl’émergenced’uneceinturechiiteautourdel’Arabiesaoudite,entrel’Iranet

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  • nombreusesindicationsdel’implicationd’Israëldansleconflit,visantàrenverserlerégimeenplace.

    Dès le début 2012, des transports organisés par laCentralIntelligence Agency (CIA), et exécutés par des avions-cargossaoudiens, croates, jordaniens et américains vers la baseaérienneturqued’Esenboga,acheminentdestonnesdematérielmilitaires vers les rebelles syriens. Ces livraisons, quis’accroissentdèsnovembre–aprèslesélectionsprésidentiellesaméricaines –, comprennent des armes collectives antichars etdesmissilesportablesantiaériensenprovenancedeLibye197.

    Maistrèsrapidementd’autrespuissancesapparaissentaussisurlethéâtredesopérations,outrel’ArabiesaouditeetleQatar:laFranceetlesÉtats-Unis.Enmars2012,13officiersfrançaissontcapturésparl’arméesyrienneàBabaAmràHomsdansunquartierjusqu’alorstenuparlesPhalangesAl-FarouqetKhalidBin al-Walid initialement parties de l’Armée syrienne libre(ASL) et soutenues par la France. En mai 2014, le PrésidentHollande,confirmequelaFranceacommencéàlivrerdesarmesaux rebelles syriens dès 2012 (malgré l’embargo sur les armesdécrétéparl’Unioneuropéenne198enmai2011199).Pourtant,le28mars2013,ilaffirmait:

    Ilnepeutyavoirde livraisond’armesàla fin de l’embargo […] s’il n’y a pas lacertitude que ces armes seront utilisées pardes opposants légitimes et coupés de touteemprise terroriste […] Pour l’instant, nousn’avonspascettecertitude.

    Etilajoute:

    Aujourd’hui, il y a un embargo, nous le

  • respectons […] [mais cette règle est] violéepar les Russes qui envoient des armes àBacharel-Assad,c’estunproblème200.

    Les Occidentaux proclament naturellement qu’ilssoutiennentlesfactionsarméesmodérées,etnotammentl’ASL.Mais les limites d’une politique cohérente en l’absence d’unrenseignementsolidesonticiclairementillustrées:laPhalangeKhalid Bin al-Walid, armée et entraînée par la France, estaujourd’hui une unité de l’État islamique201, et enmars 2012déjà, laPhalangeal-Farouq,égalemententraînéepar laFrance,procède à une épuration ethnique contre la populationchrétienne de la ville, généralement considérée favorable aurégimesyrien,commelerapportel’ÉgliseorthodoxechrétiennedeSyrie202.

    Bien que la dimension islamiste radicale ait été identifiéedèsledébutdel’insurrection,elleaétémasquéeauprofitd’undiscours occidental lénifiant, orienté sur son côté populaire etl’établissement de la démocratie. Pour la France et les États-Unis,l’ennemiestalorsclairementBacharal-Assad.

    Afin de justifier sa posture incohérente, le gouvernementfrançaisaétécontraintd’accentuer la responsabilitédeBacharal-AssadsurlasituationenSyrie.CesontlaFranceetlesÉtats-Unis,bienavantd’allerbombarderl’ÉtatislamiqueenSyrie,quiontmilitarisé le«printempssyrien»,par leursoutienmatérielaux factions « modérées », qui sont loin de représenter lesvaleurs humanistes que l’on clame. Le 12 décembre 2012, leministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius,déclarait203, lors d’une conférence de presse, regretter que lesétats-Unis aient porté le Front al-Nosrah204 sur la liste desorganisationsterroristesdeleurdépartementd’État205!

  • Et 2 semaines plus tard, on apprenait que des éléments del’ASL – soutenue par l’Occident, et réputée encore plus«modérée»–avaientdécapitéunchrétienetdonnésoncadavrecommenourritureàdeschiens206.

    Maisenplusdecela,laformationdonnéeparlesÉtats-Unisauxcombattantsdesgroupes rebelles«modérés»semblebienpeu compatible avec ce que l’intervention occidentale veutpromouvoir:

    Ils nous ont entraînés à tendre desembuscades à des véhicules ennemis durégimeetàcouperlesroutes[…]Ilsnousontégalementformésàattaquerdesvéhicules,àles fouiller, à trouver des informations, desarmes ou des munitions, et à achever lessoldats encore vivants après uneembuscade207.

    Autreexempleducaractèretrèsdiscutabledeschoixde la France et des États-Unis en ce qui concerne le

    soutiendesrebellescontrelerégimedeBacharal-Assad,estquecesgroupes«modérés»n’ontguèreplusdeconsidérationpourlesDroitsdel’hommequelesautresacteursduconflit,commenaguère les groupes qu’ils avaient soutenus en Libye. Ainsi,l’Armée de l’Islam (Jaïsh al-Islam) – soutenue par l’Arabiesaoudite, les États-Unis et la France – utilise-t-elle des cagesdanslesquellessesmiliciensenfermentdeschrétiens,afindelesexposer comme boucliers humains mobiles contre les frappesoccidentalesetrusses.

    LabatailledeKobane(Aïnal-Arab)aétéproclaméecommeun des succès des bombardements américains en Syrie. Sieffectivement, l’appui américain a permis aux Kurdes de se

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  • deuxième lieu,ellechercheà imposerunedistinctionentre les«mauvais»etles«bons»rebelles–quel’onpeutlégitimementsoutenir.Entroisièmelieu,ils’agitdeculpa-biliserdavantagelerégimesyrienauniveaudesvictimesdelaguerreetdedéplacerla responsabilité des attentats de Paris en 2015 sur le régimesyrien, afin d’exonérer les Occidentaux pour leurs erreurs dejugement en aidant les oppositions islamistes libyennes etsyriennes.C’est pourtant bien l’action occidentale – et non laSyriedeBachar al-Assad–qui apermis l’apparitionde l’Étatislamique. Même les États-Unis le reconnaissent246 et l’Étatislamiquelui-mêmeleconfirmedanssonorganeofficiel:

    Le 12 juin 2014, le croisé JohnMcCainvientàlatribuneduSénatpourvitupérersurlesvictoiresde l’État islamiqueen Irak. Ilaoubliéqu’ilalui-mêmeparticipéàl’invasiondel’Irakquiaconduitauxévénementsbénis,qui se déroulent aujourd’hui par la bonté etlajusticed’Allah[…]247

    Il faut cependant bien comprendre que cette« création » n’est pas le produit d’une intelligence

    supérieure, mais bien au contraire, le cumul de plusieursproblèmes tels que le manque de renseignement et deplanification, un grand opportunisme et l’absence de contrôleparlementaire en matière de politique étrangère. En fait, lesÉtats-Unis – comme la France – ont observé l’émergence del’État islamique avec une bienveillancemêlée de naïveté,maissans réaliser laportéede cette évolution, et l’ontdélibérémentlaissé se dérouler en pensant que cela servirait leurs objectifs,comme le confessait le lieutenant-général Michael Flynn, ex-Commandant du commandement conjoint des opérations

  • spéciales(2004-2007)etex-directeurdelaDefenseIntelligenceAgency(DIA)américaine(2007-2014).

    Je pense que c’était une décisiondélibérée[dugouvernement]248!

    La qualité de l’État islamique comme forcemilitaire et sacapacité à conquérir ont été largement médiatisées et serventaujourd’hui de prétexte aux interventions de la coalitioninternationale. La réalité est plus prosaïque. La rapide etimpressionnanteprogressiondel’État islamiqueàtraversl’Iraket laSyrie,que l’onpeutvisualisersur lacarte,est trompeuse.En fait, la progression ne s’est limitée uniquement qu’auxgrandsaxes routiers, le restedu territoire«conquis»étant enmajeure partie désertique. On a souvent comparé son avancerapide à la « Blitzkrieg » allemande de la Seconde Guerremondiale. Iln’enest rien.Lesopérationsallemandesétaient lerésultatdel’intégrationdesdifférentescomposantesaériennesetterrestresdansunseulconceptopératif.Cen’estpaslecasavecl’État islamique, qui joue sur une réputation de brutalité poureffrayersesadversaires.

    Toujours dans le but d’expliquer les succès de l’Étatislamique, on a également tenté de le présenter comme uneallianceentrelesDjihadistesetlesanciensmilitairesdel’arméedeSaddamHussein249.Unefoisencore,ils’agitdedégagerlesOccidentaux de leurs responsabilités dans des programmes deformationaussiexorbitantsqu’inefficaces250.Maislàaussi,lesaffirmationsgratuitesnerésistentpasàl’analyse.Lestactiquesutilisées par l’État islamiquen’ont rien à voir avec celles, trèsconventionnelles, utilisées par l’exarmée irakienne, mais sontbiendavantageliéesauxtactiquesutiliséesenTchétchénieetau

  • Daguestan par les islamistes contre les forces russes. C’estl’apport des Djihadistes de l’Émirat du Caucase251 qui a étédéterminant252.

    Une partie du problème est qu’en Irak, les forces armées,supposées maintenir la souveraineté de l’État et contenir lesrebelles,forméesetarméesparlesÉtats-Unis,ontétéincapablesde remplir leur mission. Leur manque de détermination àcombattreadonnéàl’Étatislamiquedesvictoirespratiquementsanscombats,commeàMossoul,où30000militaires irakiensontcapitulédevant800combattantsde l’État islamique253.EnSyrie, comme nous l’avons vu, c’est la militarisation del’opposition–avecl’aidedesÉtats-UnisetdelaFrance–quiafavorisélaprogressiondel’Étatislamique.

    Àpartirde là, il fallait représenter l’État islamiquecommesuffisamment faiblepourpouvoirêtrecombattupar les frappesde la coalition internationale, et suffisamment fort pourexpliquer les échecsdes forces soutenuespar l’Occident. Il enest résulté une distorsion délibérée des renseignements enprovenance du Central Command (CENTCOM), responsabledes opérations militaires américaines au Proche et Moyen-Orient, qui a été dénoncée par les analystes de renseignementeux-mêmes, dansune lettre adressée à l’inspecteur général desforcesarméesaméricaines254.

    Il faut égalementnoterque ladistinction faite enOccidententre l’État islamique et « Al-Qaïda » avec d’autres factionsislamistes,commeleFrontal-Nosrah,mêmesielleesteffectivesurleterrain,restetrèsacadémiqueettrèsconjoncturelle.Leursfondements doctrinaux, ainsi que leursméthodesde combat etd’influence opérative, sont très proches et ils coopèrentrégulièrement au niveau opérationnel. Leurs différences auniveau de l’interprétation de certains textes et principes

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  • Bacharal-Assad,affirmel’officielaméricain.Mais ils ont été envoyés par le chef d’Al-Qaïda,Aïmanal-Zawahiri,pourrecruterdesEuropéens et des Américains, dont lepasseport leur permet de s’embarquer dansdesavionsaméricainssansattirerl’attentiondesmembresdelasécurité.

    Deplus,selondesanalysesclassifiéesdurenseignement américain, les militants deKhorasanonttravailléaveclesconstructeursde bombes d’Al-Qaïda au Yémen, afin detester de nouvelles méthodes pour fairepasserdesexplosifsà travers lasécuritédesaéroports.LacrainteestquelesmilitantsdeKhorasan fournissent ces explosifssophistiquésàleursrecrueseuropéennes,afinqu’ellespuissentlesintroduiredansdesvolsverslesÉtats-Unis294.

    Quelquesjoursplustard,CBSNewsrapporte:

    L’État islamique d’Irak et du Levant(EIIL)peutbiendominerlesaffichesetcapterl’attention avec sa propagande prolifique,mais Bob Orr de CBS News écrit sur unautre groupe en Syrie – un dont peu ontentendu parler parce que l’information leconcernant a été tenue secrète – qui estconsidéré comme un problème urgent. Dessources ont confié à CBS News que desagents et experts en explosifs de l’ancienréseau d’Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden

  • pourraientreprésenterànouveauunemenaceimmédiatepourlesÉtatsUnis.

    Les sources confirment que la celluled’AlQaïdaestappelée«Khorasan»[…]

    Selon un membre de la CIA, la menaceposée par le nouveau groupe syrien est plusdangereusequel’ISIL295.

    Le20septembre,onapprendquelegroupeKhorasan296estdirigé par Muhsin al-Fadhli (un islamiste proche d’OussamaBenLaden),quiauraitparticipéàlapréparationdesattentatsdu11 Septembre297, et aurait financé l’opération contre le navirefrançaisM/VLimburgen2002.Ànoterqu’Al-Fadhli,vétérandelaguerreenTchétchénieetd’Afghanistan,seratuélorsd’unraidaméricain le 8 juillet 2015 à l’âge de 33 ans, ce qui signifiequ’âgé d’une vingtaine d’années il aurait déjà été l’un des«seniors»danslahiérarchied’«Al-Qaïda»avecdescollèguesayantdeuxàtroisfoissonâge.Possible,maisdouteux.

    On attribue même à ce nouveau groupe l’utilisation de« vêtements explosifs298 ». Les organes contre-terroristesaméricainsluiprêtentune«aspiration»àcommettreunattentatsemblable à celui du 11 Septembre et suggèrent une relationaveclePakistan,l’Afghanistanetl’Iran299.C’estsurcettebaseque, le 23 septembre 2014, le Président Obama déclenche lesfrappesaériennessurleterritoiresyrien:

    La nuit dernière, nous avons égalementmenédesattaquespourdétruirelescomplotscontre les États-Unis par des agentsexpérimentésd’AlQaïda,connussouslenomdegroupeKhorasan.Unefoisdeplus,ildoit

  • être clair pour quiconque chercherait àcomplotercontrel’Amériqueetpourfairedumal aux Américains, que nous ne toléreronspas de sanctuaires pour les terroristes quimenacentnotrepeuple300.

    Il se place ainsi dans une situation de légitime défense ensuggérantparlàquelaSyrieaccordaitdessanctuairespourdesterroristes préparant des actions contre les États-Unis. LeWashingtonPost, citant des sources du Pentagone, mentionneque le groupe était proche de la mise en œuvre de frappes«imminentes»contrel’EuropeoulesÉtats-Unis301.

    Pourtant, le même jour des doutes apparaissent, et lemagazineForeignPolicys’interroge:

    Quelrenseignementconcret–s’ilyena–a permis aux États-Unis de frappermaintenant ? Les officiels qui ont parlé auxjournalistes au sujet des frappes en Syrien’ont apporté aucune information sur uncomplot particulier. Ils n’ont pas non plusexpliqué pourquoi la menace actuelle, quiauraitétédécriteauxmembresduCongrèsily a une année, est plus dangereusemaintenantqu’aumoisde juillet, lorsque lesefforts de Khorasan pour recruter desOccidentaux avaient conduit à renforcer lescontrôlesdesécuritédanscertainsaéroportsétrangersavecdesvolsdirectsverslesÉtats-Unis302.

    Et l’article de citer un officiel de la lutte antiterroriste

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  • l’islamismeàl’Occident.À la fin janvier 2008, le parlementaire d’extrême droite

    néerlandaisGeertWildersdévoile son film,Fitna, trèscritiqueenvers la communauté musulmane aux Pays-Bas. La libertéd’expression existe aux Pays-Bas et il n’est pas questiond’interdire ce film de 17minutes.Mais, afin de prévenir toutproblème, sa diffusion est précédée d’un intense effort decommunication de la part du gouvernement auprès des paysmusulmans et des organisations islamiques en Hollande et àl’étranger.Résultat:malgrésavirulence,lefilmnesoulèveraniviolences,nianimositéparticulière320.

    End’autrestermes,par leurvolontédeprovoquer,aveugléspar leur propre vision des choses, sans essayer de comprendreles motivations profondes de la colère,Charlie Hebdo et sesconfrères n’ont pas compris la nature de l’enjeu. Leur combatétaitinutileparcequelechampdebataillesesituaitailleurs…

    Aux questions qui divisent musulmans et chrétiens,l’Occident tend à apporter des réponses froides et légalistes.NousvivonscertesdansdesÉtatsdeDroit,maisoùlebonsens,lasensibilitéetlerespecttendentàêtresélectifs321.Or,c’estcemanquedesensibilitéetderespect, trèsfortementressenti,quigénèreleDjihad.L’exemplehollandaismontrequ’ilestpossibled’accommoder intelligemment des principes et valeursoccidentales – etmême les critiques les plus virulentes – sansremettreenquestionlalibertédepenséeoudelapresse,etsansémeutes,maissimplementenexpliquant…

    Les exemples de la Norvège et des Pays-Bas illustrentégalement le rôle structurant de l’État dans la gestion desproblèmes en amont de la crise. Paradoxalement, legouvernement socialiste de François Hollande a traité leproblèmecommel’avaitfaitavantlui letrèsconservateurFogh

  • Rasmussen auDanemark : sans le gérer. La violence qui en adécouléetlesmortsqu’elleaprovoquésonttoutefoispermisauprésident français demieux se positionner – temporairement –dans les sondages, toutcommepour sonprédécesseur,NicolasSarkozyenbombardantlaLibye…

    Lesdémocratiesoccidentalesdoiventsedéfendrefermementcontrelatyranniequeconstitueleterrorisme.Maislafermeténedoitpasexclurel’intelligenceet lasensibilité.Ils’agitd’éviterdegénérerdenouvellesvelléitésterroristessansmettreenpérillesvaleursmêmesqui font la forcede ladémocratie.Or,noustendonsà faireexactement l’inverse,parcequenosmesuresnesontpasintégréesdansunecohérencestratégique,maisnesontqu’unesuited’actions«tactiques».

    Les lois et coutumes des pays occidentaux sont issues del’Histoireetdelaculturedeleursnationsrespectives.Ellessontainsienadéquationavecunecertaineévolutiondelasociétéetl’onconçoitaisémentquetouscesélémentsfassentpartied’uneidentité individuelle, régionale et/ou nationale. On peutégalementadmettrequel’identitén’estpasuneconstante,maisqu’elle est composée d’unemultitude de facteurs qui évoluentdans le temps. Cette évolution n’est probablement pas faited’«à-coups»soudains,maisd’unelenteadaptationquisefaitdans les cœurs et les esprits. Dès lors, et plus spécialementlorsque l’on prône lamulti-culturalité, on doit en assumer uncertainnombredeconséquences.Laquestionn’estpastriviale,car l’Islam est une religion plus complexe que les religions etconfessions chrétiennes, et intègre des aspects à la foisspirituels,sociétauxetpolitiques,qu’ilestdifficilededissocierparessence.

    En France, force est de constater que la notion de multi-culturalitérestefortementteintéedemarxisme,commeledébatsur le « foulard islamique » dans les écoles l’avait illustré. À

  • biendeségards,onest restésurdesmodèles internationalistesde la fin du XIXe siècle, qui s’adressaient à des populationsvivant dans un espace culturel relativement homogène. Ainsi,ceuxquisontsipromptsàencouragerl’immigrationrefusent-ilspourtantd’enassumerlesconséquencessocié-tales.

    Cemanquedecohérencefaceàlasituation,quifriseparfoisla provocation à tous les niveaux, entraîne des réactions deviolence et fait le terreau de la radicalisation islamiste. Ainsi,lorsdelacrisedeGaza,le9juillet2014,lePrésidentHollandeadresse unmessage de soutien au PremierministreNetanyahusoulignant qu’il « appartient au gouvernement israélien deprendretouteslesmesurespourprotégersapopulationfaceauxmenaces322».Cetteformulation,bienpeuapaisante,seracertessuivieparuntimiderectificatifdel’Élyséequelquesjoursplustard,mais ce « cri du cœur » initial restera enmémoire d’unelargepartiedelapopulationfrançaise323.

    C’est dans ces détails que se cachent les bases de laradicalisation, et ce sont eux que les stratégies dedéradicalisation devraient cibler en première priorité.Particulièrement dans un contexte asymétrique, la politiqueétrangèren’estpasdétachéedesautres aspectsde lapolitique,maisconcourtàlastabilitéintérieuredupays.Ceciestd’autantplusvrailorsqu’unepartieimportantedelasociétésepositionnedansuncontexte culturelquidépasse lanotionde frontière etvoituncontinuumentrel’intérieuretl’extérieurdupays.

    L’Occidentdanssoncarcanintellectuel

    En août 2005, c’est la « croisade » occidentale enAfghanistanetenIrakquipropulseMahmoudAhmadinejadaupouvoir en Iran.Dans un contexte régional tendu, le président

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  • Pourquoi ? Parce qu’on applique la Charia ? Mêmecheznousonapeurd’appliquerlaChariamaintenant.C’est vous qui décidez de ce qui va se passer sur laterre.[…]Onnevapaslaisserfaireça.Onvasebattre.Inch’Allah350[…]

    L’interview téléphonique donnée par ChérifKouachi351 durant les événements explique clairement

    ses objectifs. Ici aussi, pas de lutte contre la chrétienté ou sadestruction,maisune«vengeance»contre les«femmeset lesenfants tués en Irak, enSyrie et enAfghanistan ». Il est aussiintéressant de constater qu’il introduit une confusion entre« civil » et « innocent », suggérant que les dessinateurs deCharlie Hebdo ne sont pas des « civils » (et donc pas«innocents»).

    Onpourraitmêmevoirdansletextedelarevendicationquelesattentatsont été effectuéspourdéfendre leurpropre libertédereligiondans leurpays(ouzone)etnonla libertéd’exercerleurreligiondansnospays.C’estdoncbienuneactiontactiqueoffensive qui s’inscrit dans une posture stratégique défensivecohérenteaveclediscoursetlesécritsdel’ÉtatislamiqueetdesautresthéoriciensduDjihad.

    Il faut insister ici sur le fait qu’il ne s’agit pasde justifierd’une quelconque manière les attentats terroristes, mais decomprendresanspréjugés laréflexionquiyconduit.Ainsi, lesattentats de janvier 2015 sont la combinaison de deuxopérations menées conjointement par deux cellulesindépendantes, appelée « Djihad individuel hybride » dans ladoctrineterroristedjihadiste:l’actiondesfrèresKouachicontreCharlieHebdo, placée sous la bannière de laBase duDjihaddans la péninsule arabique (BDPA), comme l’expliquent sonmagazineInspire352etlesdéclarationstéléphoniquesdeChérifKouachi353 ; et l’action d’Amédy Coulibaly contre l’Hyper

  • Cacherplacéesouslabannièredel’Étatislamique(EI),commele confirment sa vidéo etDabiq354, lemagazine de l’EI. Il estimportant de noter ici que ces deux actions sont coordonnéespar leurs acteurs eux-mêmes, sans intervention d’une autoritéextérieure. Les informations retrouvées sur l’ordinateur deCoulibaly355 ne sont que des conseils techniques (et non des«ordres », comme la presse l’a interprété).Mais les décisionsopérationnellesontétéprisesavecunapportextérieurminimal,conformément à la doctrine moderne du terrorisme djihadistequenousverronsplusloin.

    Ilestintéressantdenoterque,mêmesilesattentatsnousontété insupportables et nous ont semblé aveugles, il y a, dansl’optiquedesislamistes,lesentimentd’uneréponsemaîtrisée;àlafoisparlechoixdesvictimes,qui–àleursyeux–portaientune responsabilitépar rapportauxbombardementsdecivils,etdans l’intensité de l’action. Cette perception est clairementexpriméedans lemagazineInspire,quiest l’organede laBaseduDjihaddans lapéninsulearabique (BDPA)etconstitueuneréférencedoctrinalepourleDjihadismemoderne:

    Malgré la publication de vos dessinsinsultants, vous n’avez pas vu de réactionsinsultantesde lapartdumilliardetdemidemusulmansenversleProphèted’Allah,Jésus,fils de Marie […]. Parce que nous croyonsdanstouslesprophètes[…]etquequiconquesemoqueoulesdétracteestunapostatetunincroyant356.

    Sur un plan doctrinal, on peut constater qu’à l’inverse dumessage qui a été compris en Occident, les inspirateurs des

  • attentatsdejanvier2015àParisnecherchentpasà«détruirecequenoussommes»ouà«combattrenotrereligion»:

    […] Une remarque finale en ce quiconcerne le ciblage au cœur des paysennemis, l’Amérique et ses Alliésoccidentaux,estqu’ilfautéviterdeciblerleslieux de prière de n’importe quelle religionoufoi,qu’ellesoitchrétienne,juiveouautre.On doit éviter de blesser des civils qui sontcitoyens de pays qui n’ont pas de relationavec le conflit, même s’ils ne sont pasmusulmans. Ceci doit être fait de sorte àmaintenirlaréputationdelaRésistancedanslesdifférentscerclesdel’opinionpublique357.

    Mêmesi,auniveautactique,lesactesterroristesdjihadistesont un caractère offensif, sur le plan stratégique, ils ontessentiellementuncaractèrede«réponse»(unconceptpastrèséloigné de ce que les Soviétiques appelaient « offense-défensive »). Notre analyse du phénomène terroriste tend àextrapolerlinéairementl’actiontactiquepourentireruneimagestratégique. Cette démarche est manifestement fausse et nouspousseversdesstratégieserronées.Defait,l’étudedesdiversesrevendications et les analysesdesDjihadistes eux-mêmesnousmontrent un discours beaucoup plus sobre que celui qui estcolportéparlesdirigeantspolitiquesoccidentaux.Commenousl’avons vu, il ne s’agit pas de détruire l’Occident, maisd’apporteruneréponseàsesactions.

    Il est d’ailleurs significatif de constater que l’attentatmultiple du 13 novembre 2015, qui a bouleversé la politiquefrançaiseaupointdepousserlegouvernementàdemanderl’aide

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  • (https://www.youtube.com/watch?v=nTBx7hrkA7E)84. George Tenet lors d’une allocution à l’université de Georgetown, le 5

    février2004(Jane’sIntelligenceReview,avril2004).85.BureauofIntelligenceandResearch(INR)86.GregThielmann,TheNewYorker,20octobre2003.87.Vote accepté par 296voix contre 133 à laChambre des représentants et

    par77voixcontre23auSénat(CNN,11octobre2002).88.LaCIAdéfinitleNationalIntelligenceEstimatecommesuit:«LeNIEest

    le jugement qui fait le plus autorité en matière de sécurité nationalepréparée par le Director of Central Intelligence. À la différence desproduitsde«renseignementdesituation»,quidécriventessentiellementleprésent, laplupartdesNIEprévoientdesdéveloppements futurs et leplus souvent traitent leurs implications pour les États-Unis. Les NIEcouvrent une vaste palette de questions qui va des tendancesmilitaires,jusqu’auxtendancestechnologiques,économiquesoupolitiques.LesNIEs’adressent au plus haut niveau des décideurs politiques – y compris lePrésident. Ils sont souvent établis en réponse à une question spécifiqued’un décideur politique. Les évaluations ne sont pas destinées à justefournirdes informations,mais à aider lesdécideurspolitiques à évaluerles problèmes. Ils sont préparés par la CIA→→ avec la participationd’autresagencesdelaCommunautédurenseignementetsontcoordonnésaveccesagences.LorsquedesvuesdifférentesapparaissentauseindelaCommunauté du renseignement, elles sont reflétées dans le NIE »(www.foia.cia.gov,juillet2004).

    89.White Paper on Iraq’s Weapons of Mass Destruction Programs, nonclassifié,source:CIApublicrelease,octobre2002.

    90. National Intelligence Estimate, (S//NF) Iraq’s Continuing Programs forWeapons of Mass Destruction, NIE 2002-16HC, octobe 2002 (TOPSECRET),p.6(Approvedforrelease12septembre2014).

    91.White Paper on Iraq’s Weapons of Mass Destruction Programs, nonclassifié,source:CIApublicrelease,octobre2002.

    92. La NSA est l’organe des États-Unis responsable du renseignementd’origineélectromagnétiqueetlasécuritéélectroniquedudépartementdela Défense. En France, ces fonctions sont partagées entre la Directiongénéralede lasécuritéextérieure(DGSE), laDirectiondurenseignementmilitaire(DRM)etd’autresentités.

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