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Thierry Berthet (CNRS)
Centre Emile Durkheim – Céreq
Décrochage et action publique
Quelques repères
ÉMERGENCE COMME PROBLÈME PUBLIC
En 2007, près des trois quarts des ouvriers et employés non-qualifiés ont au moins un diplôme (contre 55 %
en 1982) et 21 % ont au moins le baccalauréat (contre 2 % en 1982) source Insee première 2009)
L’accès au marché du travail pour les décrocheurs est ainsi devenu de plus en plus complexe et difficile au
sein d'un mouvement de massification du chômage où les jeunes constituent une catégorie
particulièrement exposée aux mécanismes de sélection du marché du travail.
Avec la mise en place de politiques contre-sélectives et l'objectif d'augmentation du niveau de qualification
des jeunes, le décrochage devient pleinement un problème public. C'est à dire un sujet dont on considère
qu'il appelle "l'intervention des autorités publiques légitimes".
Ainsi la sortie sans qualification du système scolaire qui n'était pas un problème l'est progressivement
devenu et s'inscrit aujourd'hui au plus haut dans l'agenda politique
1980 1995 2005
Aucun diplôme 28 % 15 % 11%
Source DEPP cité dans P-Y Bernard
Part des sans diplômes dans la population active
• La question du décrochage est aujourd'hui très haute sur l'agenda politique
• Comme souvent un rôle structurant de la connaissance :
• colloque La Bouture et ENS Fontenay (1998)
• Appel d’offre interministériel sur la déscolarisation (1999)
• Une mise sur agenda précipitée par les émeutes de 2005 mais dont la conception
pose
• La refondation de l’école comme moment de rescolarisation d’un problème public
• La régionalisation de la lutte contre le décrochage
PROCESSUS DE MISE SUR AGENDA
UNE GOUVERNANCE TÂTONNANTE
• Cette mise sur agenda rencontre un paysage institutionnel complexe
(MEN, Conseils régionaux, Missions locales, MGI, CIO) aux liens
organisationnels et hiérarchiques problématiques
• L'importance de la question de la gouvernance entendue comme "un
processus de coordination d'acteurs, de groupes sociaux,
d'institutions pour atteindre des buts discutés et définis
collectivement dans des environnements fragmentés et incertains".
(Le Galès, 1997)
• Une problématique où la territorialisation, la coordination et le
partenariat tiennent une place centrale
• Au niveau systémique/national on peut relever de nombreux dispositifs et instruments peu coordonnés et souvent rendus très vites obsolètes, déclassés ou faiblement dotés de moyens (MGI, RAR, RASED, PPRE, MOREA, GAIN, les dispositifs relai, écoles de la 2ème chance, micro-lycées, les Programmes de réussite éducative, CLAS, politiques régionales, etc.).
• Au niveau local, on observe un foisonnement d'expérimentations, d'engagements individuels et collectifs où la conscience de la nécessité de coordonner davantage les interventions publiques est forte
• Cet inventaire pose clairement la question de la coordination et de la cohérence de l'intervention publique
• Une question aujourd’hui adressée à des régions en recomposition dans un univers instable et marqué par la crise économique ouverte en 2008
UNE GOUVERNANCE TÂTONNANTE
Sur l’agenda académique
Mais qu’en pensent les premiers concernés …
?
SocIEtY:
Une recherche participative
européenne
T. Berthet - V. Simon
One young, one voice
INTRODUCTION
• Zone géographique:
• Agen centre (Une scolarisation des 15-17 ans très en dessous de la
moyenne régionale et nationale)
• L’offre publique de remédiation au décrochage:
• Micro lycée
• Garantie Jeunes
• Pôle relais insertion
• Public cible de la recherche :
• Jeunes décrocheurs (16-25)
Questions et méthodes
• Questions:
• Inégalités, Participation, Innovation, Capabilité à se projeter
• L’accès des décrocheurs à l’offre publique et leur expérience des
institutions
• L’offre publique et sa réception
• Freins et leviers dans la mise en oeuvre
• Individualisation
• Territoire
• Méthode:
• Une adaptation de l’intervention sociologique: CCAPPA
(Contradictory, Collective And Participatory Policy Analysis)
• Utilisation de supports graphiques (dessin et photos)
Premiers résultats Inégalités:
Sen : Nyaya vs Niti
Principaux facteurs d”inégalités identifiés
par les jeunes:
Carrière scolaire
Capital social et réseaux personnels
Age
Qualité de l’emploi
Discriminations
Par les opérateurs et décideurs :
Motivation
Territoire/mobilité
Premiers résultats
• Participation
• La participation comme outil de transformation sociale n’est pas l’objectif
des programmes étudiés.
• Capability to aspire
• Selon les jeunes interrogés, la capacité à se projeter n’est pas l’objet des
programmes qui leur sont destinés
• Processus de traitement standardisé des personnes
• Une vision du futur socialement bornée par le réalisme des choix
• Innovation
• Les limites de la démarche expérimentale
• L’exemple du micro-lycée et des allocations chômage
Premiers résultats
• Le défaut d’information est une cause majeure de non-recours à l’offre
publique
• Facteurs de défiance vis-à-vis des institutions
• Premiers contacts
• Demandes paradoxales
• Freins identifiés
• Erreurs d’orientation
• Manque de ressources humaines dans les organisations de soutien
• Non-prise en compte des aspirations des jeunes
• Une éducation au rabais
• Faible coordination des opérateurs publics (WP4)
• Dimension expérimentale
Retour sur la méthode
• Produire un matériau empirique original
• Porter la dimension participative le plus loin possible.
• Donner la capacité à s’exprimer aux jeunes bénéficiaires.
• Produire du matériau par la confrontation des points de vue – sortir du
discours singulier
The program: we confront to public authorities. Ready?
Retour sur la méthode
Groups and interlocutors
Un statut de jeunes chercheurs : la ligue des super-socios
Retour sur la méthode
The “supersocios” league
CONCLUSIONS analytiques préliminaires
• Une analyse basée sur la confrontation des principes de justice (Niti & Nyaya)
identifiés par Amartya Sen
• Nos observations soulignent que quand l’expérience des jeunes atteste des
limites d’une approche procédurale, les acteurs institutionnels continuent de
légitimer leur action par ces mêmes principes
• Au final, leur action vise à transformer le comportement des jeunes plus que
les conditions institutionnelles productrices de décrochage.
• Le système éducatif est censé être juste, la responsabilité est rejetée sur la
responsabilité individuelle des jeunes et de leurs familles.
• Le manque de motivation est le premier problème selon les acteurs
institutionnels et certains jeunes adhèrent à cette doxa. On retrouve dans cette
hétéronomie un classique de la domination
Conclusions méthodologiques
• Permet de rencontrer une large variété d’interlocuteurs en peu de temps.
• Amène les participants (groupe et interlocuteurs) à débattre, échanger des
arguments et si possible construire une délibération.
• Dépasser les questions habituelles des chercheurs en s’appuyant sur
l’expérience des jeunes
• Donner un statut de ‘jeune chercheur temporaire’ aide à libérer la parole et
construire un discours réflexif.
• Un souci, la méthode participative active développée dans ce programme de
recherche pose des soucis en termes de comparaison
POLICY-RELEVANT IMPLICATIONS