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Thème 3 : Transformations de l'Europe et ouverture sur le monde aux XVIe et XVIIe siècles. Chapitre 2 : Humanisme, Réformes et conflits religieux. Leçon Introduction La société européenne du Moyen Âge était entièrement vouée à la Religion. On naissait en chrétien, on vivait en chrétien, et on mourait en chrétien. Les puissants dilapidaient leurs richesses dans la construction d'Eglises et de cathédrales, toutes plus belles et plus grandes les unes que les autres, en quête de reconnaissance de la société et de la divinité. Le seul Art autorisé et estimé était celui qui glorifiait le Christ, la Vierge Marie et les Saints. L'éducation des enfants était assurée par le clergé. Le savoir était jalousement gardé dans les bibliothèques des abbayes. C'était d'ailleurs les moines qui se chargeaient de recopier, à la main, le peu de livres qui circulaient à l'époque. Les notions de plaisir, de richesse, de bonheur étaient alors très mal perçues car elles appartenaient au monde matériel, ce théâtre des illusions dominé par Satan. Le chrétien ne devait s'occuper que du salut de son âme, de ce qui allait advenir de lui après la mort. Ainsi, hommes et femmes passaient leurs temps en prières et contritions (le fait de s'infliger des souffrances pour se faire pardonner de ses pêchés) afin de se purifier. Comme le soulignait très intelligemment le poète anglais Oscar Wilde, « pour être vraiment médiéval, il ne faut pas avoir de corps. ». Le corps était jugé impur, sale, maudit et il ne fallait surtout pas en exhiber les formes. Les peintres et sculpteurs du Moyen Âge avaient d'ailleurs pour ordre de couvrir les corps sous des amas de drapés ou d'épaisses soutanes. Même les têtes étaient couvertes de coiffes et de voiles. Le XIVe siècle fut certainement, dans la mémoire collective des Européens, la période la plus sombre de toutes: en plus de cette censure religieuse déjà étouffante au quotidien, vinrent s'ajouter les guerres, les épidémies de peste, l'installation de pouvoirs autoritaires, les famines. Alors, comme pour s'évader de cette réalité morose, certains lettrés espiègles se mirent secrètement à fouiller dans les bibliothèques des monastères à la recherche d'ouvrages non religieux, qui pourraient les divertir, améliorer leurs tristes existences et les rendre plus joyeuses. Ils redécouvrir, avec un plaisir non dissimulé, les écrits des auteurs de l'Antiquité, Grecs et Romains : Plaute, Ovide, Epicure, etc.. Dans ces trésors de littérature, ils purent lire des histoires épiques, des scènes érotiques, de jeux de mots comiques, des pensées extrêmement profondes et positives. Il leur paraissait bien loin cet âge d'or où les hommes et les femmes, encore païens (pas encore chrétiens), semblaient pouvoir profiter de la vie, user librement de leurs corps et se moquer de tout, sans contrainte d'une punition divine. Les plus téméraires de ces lecteurs décidèrent de propager autour d'eux ces nouveaux préceptes qu'ils venaient d'apprendre, et ainsi de communiquer l'existence d'une autre manière de penser que celle admise par l'Eglise Catholique. Mais la société n'était tout simplement pas encore prête pour les accueillir. Les bienheureux furent accusés de servir le Diable. Les tribunaux de l'Inquisition, haute autorité de l'Eglise, les jugèrent coupables et les condamnèrent à mort. Beaucoup d'entre eux brûlèrent sur des bûchers. I – L'Humanisme L'un de ces érudits s'avéra plus prudent et chanceux que les autres : l'italien Pétrarque (1304 – 1374). Plutôt que d'essayer de remettre directement en cause la Religion et son emprise sur la société, il chercha à concilier le Christianisme et l'héritage laissé par les philosophe de l'Antiquité. S'appuyant sur les écrits de l'athénien Platon (Ve siècle avant JC), il rédigea un recueil de poèmes dans lequel il expliqua que l'être humain n'avait, en vérité, comme seul devoir dans ce bas monde que d'atteindre les 3 objectifs majeurs : Le Bien , le Vrai et le Beau . En poursuivant ce noble chemin, il acquérait dans cette vie le bonheur et dans l'autre le salut de son âme. Se faisant, Pétrarque réussit le pari de placer les préoccupations humaines au même rang que les préoccupations divines. Et pour cela, on le qualifie de premier Humaniste. Le cas de Pétrarque fit école : tout au long du XV e siècle, partout en Europe, se multiplièrent des adeptes qui, après avoir étudié les auteurs antiques et voyagé d'université en université, souhaitèrent restituer à l'Homme la place qui lui revenait de droit : non celle d'une poupée de chiffon entre les mains du Divin mais plutôt d'un créature elle même divine qui se devait d'atteindre la perfection pour honorer son créateur. On nomme ce mouvement philosophique l'Humanisme . Il atteignit son apogée au XVIe siècle.

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Page 1: Thème 3 : Transformations de l'Europe et ouverture sur le ... · Bien, le Vrai et leBeau. En poursuivant ce noble chemin, il acquérait dans cette vie le bonheur et dans l'autre

Thème 3 : Transformations de l'Europe et ouverture sur le monde aux XVIe et XVIIe siècles.

Chapitre 2 : Humanisme, Réformes et conflits religieux.

Leçon

IntroductionLa société européenne du Moyen Âge était entièrement vouée à la Religion. On naissait en chrétien, on vivaiten chrétien, et on mourait en chrétien. Les puissants dilapidaient leurs richesses dans la constructiond'Eglises et de cathédrales, toutes plus belles et plus grandes les unes que les autres, en quête dereconnaissance de la société et de la divinité. Le seul Art autorisé et estimé était celui qui glorifiait le Christ,la Vierge Marie et les Saints. L'éducation des enfants était assurée par le clergé. Le savoir était jalousement gardé dans les bibliothèquesdes abbayes. C'était d'ailleurs les moines qui se chargeaient de recopier, à la main, le peu de livres quicirculaient à l'époque. Les notions de plaisir, de richesse, de bonheur étaient alors très mal perçues car ellesappartenaient au monde matériel, ce théâtre des illusions dominé par Satan. Le chrétien ne devait s'occuperque du salut de son âme, de ce qui allait advenir de lui après la mort. Ainsi, hommes et femmes passaientleurs temps en prières et contritions (le fait de s'infliger des souffrances pour se faire pardonner de sespêchés) afin de se purifier. Comme le soulignait très intelligemment le poète anglais Oscar Wilde, « pourêtre vraiment médiéval, il ne faut pas avoir de corps. ». Le corps était jugé impur, sale, maudit et il nefallait surtout pas en exhiber les formes. Les peintres et sculpteurs du Moyen Âge avaient d'ailleurs pourordre de couvrir les corps sous des amas de drapés ou d'épaisses soutanes. Même les têtes étaient couvertesde coiffes et de voiles. Le XIVe siècle fut certainement, dans la mémoire collective des Européens, la période la plus sombre detoutes: en plus de cette censure religieuse déjà étouffante au quotidien, vinrent s'ajouter les guerres, lesépidémies de peste, l'installation de pouvoirs autoritaires, les famines. Alors, comme pour s'évader de cetteréalité morose, certains lettrés espiègles se mirent secrètement à fouiller dans les bibliothèques desmonastères à la recherche d'ouvrages non religieux, qui pourraient les divertir, améliorer leurs tristesexistences et les rendre plus joyeuses. Ils redécouvrir, avec un plaisir non dissimulé, les écrits des auteurs del'Antiquité, Grecs et Romains : Plaute, Ovide, Epicure, etc.. Dans ces trésors de littérature, ils purent lire deshistoires épiques, des scènes érotiques, de jeux de mots comiques, des pensées extrêmement profondes etpositives. Il leur paraissait bien loin cet âge d'or où les hommes et les femmes, encore païens (pas encorechrétiens), semblaient pouvoir profiter de la vie, user librement de leurs corps et se moquer de tout, sanscontrainte d'une punition divine. Les plus téméraires de ces lecteurs décidèrent de propager autour d'eux cesnouveaux préceptes qu'ils venaient d'apprendre, et ainsi de communiquer l'existence d'une autre manière depenser que celle admise par l'Eglise Catholique. Mais la société n'était tout simplement pas encore prête pourles accueillir. Les bienheureux furent accusés de servir le Diable. Les tribunaux de l'Inquisition, hauteautorité de l'Eglise, les jugèrent coupables et les condamnèrent à mort. Beaucoup d'entre eux brûlèrent surdes bûchers.

I – L'HumanismeL'un de ces érudits s'avéra plus prudent et chanceux que les autres : l'italien Pétrarque (1304 – 1374). Plutôt que d'essayer de remettre directement en cause la Religion et son emprise sur la société, il chercha àconcilier le Christianisme et l'héritage laissé par les philosophe de l'Antiquité. S'appuyant sur les écrits del'athénien Platon (Ve siècle avant JC), il rédigea un recueil de poèmes dans lequel il expliqua que l'êtrehumain n'avait, en vérité, comme seul devoir dans ce bas monde que d'atteindre les 3 objectifs majeurs : LeBien, le Vrai et le Beau. En poursuivant ce noble chemin, il acquérait dans cette vie le bonheur et dans l'autrele salut de son âme. Se faisant, Pétrarque réussit le pari de placer les préoccupations humaines au même rangque les préoccupations divines. Et pour cela, on le qualifie de premier Humaniste.

Le cas de Pétrarque fit école : tout au long du XV e siècle, partout en Europe, se multiplièrent des adeptesqui, après avoir étudié les auteurs antiques et voyagé d'université en université, souhaitèrent restituer àl'Homme la place qui lui revenait de droit : non celle d'une poupée de chiffon entre les mains du Divin maisplutôt d'un créature elle même divine qui se devait d'atteindre la perfection pour honorer son créateur. On nomme ce mouvement philosophique l'Humanisme. Il atteignit son apogée au XVIe siècle.

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Le Moyen Âge avait ses fabuleux artisans, tous anonymes. Tailleurs de pierre de génie, méticuleuxenlumineurs, mosaïstes, peintres, chacun travaillant pour la Gloire de Dieu sur d'importants chantiers ou dansleurs échoppes pour les particuliers. On louait leurs services, on mettait à profit leurs talents. Mais ils n'ontlaissé à la postérité que le fruit de leur travail. L'Homme (l'individu), n'ayant aucune valeur réelle en luimême, tombait dans l'oubli. Ses œuvres n'avaient d'autre fonction que celle de glorifier Dieu et de démontrerla toute puissance de l'Eglise. Il y avait là une vision toute utilitariste. A partir du XV e siècle, dans les cités italiennes et flamandes, sous la commande de riches famillesbourgeoises ou aristocratiques progressistes, des artisans vont pouvoir laisser libre cours à leur imaginationsur des sujets profanes (autres que religieux) : paysages, portraits, natures mortes, scènes tirées de récits del'Antiquité, etc.. Cette fois, le but recherché n'est plus d'imaginer la réalité figée telle que l'Eglise lasouhaitait, comme auparavant, mais de provoquer l'émoi chez le spectateur (le Bien), de restituer le réel telqu'il est (le Vrai), d'obtenir un résultat esthétique (le Beau). Et l'auteur d'une telle œuvre est loué pour sontalent. Il n'est plus l'artisan besogneux mais l'artiste dont la main a été guidé par le Divin. Durant des siècles, la peinture, la sculpture, l'architecture, étaient restées figées, engluées dans ce cadrerigide qu'imposait l'Eglise. Au tournant du XV e siècle donc, c'est une véritable Renaissance de l'Art qui vas'opérer. Animés par le courant Humaniste de l'époque et influencés par les œuvres de l'Antiquité, les artistesvont osés représenter des corps nus, les glorifier, leur rendre leurs lettres de noblesse. On assiste à uneexplosion des couleurs et des formes, à une infinité de sujets passant de l'extase à la légèreté, du tragique àl'érotique. On ose tout. Quitte à choquer. Le célèbre artiste toscan Leonard da Vinci ira si loin dans sesfrasques qu'il sera inculpé à plusieurs reprises et passera une bonne partie de sa vie à fuir ceux qu'il auraoffensé. Son croquis, intitulé « l'Homme de Vitruve », est devenu l'un des symboles du courant Humaniste dela Renaissance italienne : en effet, le but de cette réalisation était d'évaluer les proportions exactes d'unHomme afin de pouvoir quantifier le monde environnant à partir des mesures obtenues (en l'occurence leséglises). En résumé, l'Homme comme module de base de l'Univers. II – La RéformeCertes il y avait ces érudits qui consultaient les textes de l'Antiquité pour y trouver une autre réalité, païenne,plus libre, plus humaine. Mais il y avait aussi ceux qui désiraient étudier la religion chrétienne, lacomprendre véritablement, par eux-mêmes, plutôt que de croire aveuglément aux préceptes que l'Egliseavaient imposé à la communauté des fidèles au fil des siècles. A force de ressortir les écrits anciens, ceuxdes touts débuts du Christianisme, ils finirent par se mettre en tête que le message délivré par Jésus deNazareth et ses apôtres, celui des origines, avait peut être été déformé, modifié, surement pour servir la causede quelques puissants. Une phrase des Evangiles (le Nouveau Testament, le Livre des Chrétiens), surtout,attira l'attention de ces chercheurs : « Car le temps viendra où les hommes ne voudront plus rien savoir del’enseignement authentique. Au gré de leurs propres désirs, ils se choisiront une foule de maîtres à qui ils nedemanderont que de leur caresser agréablement les oreilles. » (Timothée, 4.3). Après avoir donc passé desannées à retraduire la Bible et les apocryphes, des petits groupes de religieux, des moines pour la plupart, endivers endroits de l'Europe, finirent par affirmer , au début du XVI e siècle, que l'Eglise Catholique Romaineavait corrompu la parole originelle du Christ et que son clergé était devenu, au cours du Moyen Âge, unecaste de riches profiteurs qui vivaient grassement sur le dos des fidèles , vendant leurs sacrements comme lefaisaient les marchands du Temple tant critiqués par Jésus lui même du temps de son vivant. Suivant à la lettre la recommandation des versets 14 et 15 du chapitre 5 de l'Evangile selon Saint Mathieu : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée; et on n'allume pasune lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sontdans la maison. », l'un de ces moines sceptiques, un certain allemand du nom de Martin Luther, prit soncourage à deux mains et décida de publier ses thèses, protestant ainsi publiquement contre le pape de Romeet son Eglise, et exigeant que l'on réforme purement et simplement le Christianisme pour revenir vers lareligion des origines. Cette « affaire des placards », qui se déroula en 1517, eut un énorme impact dans toutel'Europe à cette époque. Car un grand nombre de prêtres et de seigneurs se rangèrent derrière les idées deLuther et prirent sa défense lorsque le Pape et l'Empereur cherchèrent à lui nuire. On nomma les partisans deMartin Luther les Protestants et le mouvement politico-religieux entamé par ces derniers, la Réforme.

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III- Les conflits religieuxOn ne peut pas dire que le Christianisme eût jamais été une religion monobloc et cela, dés ses prémices : en effet, il existait déjà différentes interprétations des paroles du Christ au sein même des apôtres, sespremiers compagnons. Plus tard, au Ve siècle, le patriarche de Constantinople, Nestorius, en défendant l'idéeque deux entités, l'une humaine, l'autre divine, cohabitaient dans le corps du Christ, s'était attiré la colère del'Eglise de Rome. C'est pourtant l'interprétation de Nestorius qui fut diffusé jusqu'en Chine en suivant laRoute de la Soie. On se souvient par la suite du fameux schisme de 1054 qui promulgua la séparation desEglises d'Orient et d'Occident et provoqua de nombreuses rixes entre les royaumes latins et Byzance. C'est àpartir de cette date clé que l'Eglise d'Occident, dite ''Catholique romaine'', se figea dans son dogme ets'imposa comme pilier majeur de la société européenne. Durant presque 500 ans, nul n'osa en contester lesfondements. La Réforme du XVIe siècle est donc perçue comme un véritable coup de tonnerre. Très vite,l'Europe se divise en deux camps opposés: d'un côté, les états du nord, qui se convertissent massivement à lanouvelle Eglise réformée (protestante). De l'autre, les états latins, du sud, qui se rangent derrière Rome et lePape et entament un processus de Contre-Réforme pour garantir la survie de l'Eglise Catholique. Entre lesdeux, des territoires qui hésitent : en tête, le Saint-Empire Germanique dirigé par Charles Quint où lesprinces vont se livrer des batailles d'influence sans merci pour imposer leur vérité. Suivra la France où lessimples désaccords d'ordre religieux des premiers temps vont dégénérer en de véritables conflits armés etcorrompre la paix dans le royaume à partir de 1562. Les bains de sang et les massacres ne cesseront qu'avecla promulgation de l'Edit de Nantes en 1598 par le roi Henri IV, prônant la tolérance religieuse.

Activités

Problématique : Quels sont les bouleversements majeurs qui ont fait passer l'Europe du Moyen Âge à l'Epoque Moderne ?

I – Compétence : Analyser et comprendre des documents. Extraire des informations pertinentes pour répondre à une question.

1 - En te servant de la Leçon, souligne dans le Doc. 1 tous les éléments qui prouvent qu'Erasme est la définition même d'un Humaniste.

2 – En quoi le travail d'Erasme (Doc. 2 et Leçon) a-t-il été un premier pas vers la Réforme de l'Eglise Catholique proposée par Martin Luther? …...........................................................................................................................................................................…...........................................................................................................................................................................…...........................................................................................................................................................................…...........................................................................................................................................................................…...........................................................................................................................................................................…...........................................................................................................................................................................

Rien ne destinait ce Hollandais d'origine modeste à devenir l'une des plusgrandes figures de son temps. Il suit d'abord les enseignements de diversesécoles dont celle des Frères de la Vie Commune, qui mêle vie active etcontemplation, enseignements de la Bible et lectures des auteurs de l’Antiquitépaïenne. Après une vie monastique où il accumule un savoir encyclopédique,il est nommé prêtre à 25 ans et se sent prêt à accomplir sa destiné. Sa viesera dès lors jalonnée de longs voyages à travers toute l’Europe. Il séjournelonguement en Italie, où la publication de ses Adages ainsi que ses éditionsd’auteurs grecs (Platon, Plutarque) ou latins (Plaute, Térence, Sénèque) leclassent parmi les plus grands savants de son époque. Nombreux sont lesmonarques qui souhaitent l'attirer dans leurs cours : parmi eux, François Ier, leroi de France. Même si Erasme devient pour un temps le percepteur du jeune

Charles de Gand (le futur Empereur Charles Quint), il refuse toutes les invitations, désirant conserver sonindépendance. Son objectif passe avant tout: sélectionner chez les Anciens les idées conciliables avec lemessage évangélique. Il estime que la révélation n'est pas l'apanage des érudits et doit être accessible auplus grand nombre. Aussi s'engage-t-il à traduire la Bible pour que tous puissent la lire. Il meurt à Bâle en1536.

Doc. 1 : Biographie de Desiserius Erasmus, dit Érasme (1467 – 1536)

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« C’est aux sources mêmes que l’on puise la pure doctrine ; aussi avons-nous revu le NouveauTestament tout entier d’après l’original grec, qui seul fait foi, à l’aide de nombreux manuscrits desdeux langues, choisis parmi les plus anciens et les plus corrects (…). Nous avons ajouté des notespour justifier nos changements, expliquer les passages équivoques, ambigus ou obscurs, rendremoins facile dans l’avenir l’altération d’un texte rétabli au prix d’incroyables veilles. »

ÉRASME, Lettre à Léon X, préface à l’édition du Nouveau Testament, 1516.

II – Histoire des Arts. Compétence : Associer une œuvre à une époque et une civilisation à partir des éléments observés.

Consigne : Voici 3 œuvres d'Art majeures, représentant chacune une période différente de l'Histoire : Antiquité, Moyen-Âge et Epoque Moderne (Renaissance). Relie chaque oeuvre au texte qui la décrit puis attribue la juste période. (Attention aux pièges!)

Doc. 2 : le travail d'un Humaniste

Le Groupe du Laocoon

Ce groupe de marbre blanc de 1m de base et de 2 m de haut, d'un seul bloc, fut découverten 1506 à Rome sur la colline de l'Esquilindans la Domus Aurea de Neron. Sur lesconseils de Michel Ange, il fut acheté par lePape Jules II qui le plaça dans la cour del'octogone du Vatican, où il se trouve toujours.Le sujet du groupe est un épisode de laguerre de Troie relaté dans l'Enéide deVirgile. Lorsque les troyens voulurent fairerentrer le cheval dans la ville, le prêtreLaocoon s'y opposa, lançant même un javelotcontre son flanc, et les mit en garde contreles présents des grecs. Mais alors queLaocoon pratiquait un sacrifice, 2 serpentsmonstrueux, envoyés par Poséidon, dieu dela mer et ennemi des troyens, sortirent desflots et l'étouffèrent ainsi que ses deux fils,dans leurs anneaux.C'est cet instantpathétique que les sculpteurs, Agésandros etAthénodore, ont pu exprimer avec ces corpsaux muscles tendus et aux visagesdésespérés dans les souffrances de cettemort.

La première tentation du Christ

L'auteur de cette sculpture est un certain tailleur depierre du nom de Gislebertus. La scène est sculptée enbas relief sur l'un des nombreux chapiteaux figurés dela cathédrale Saint Lazare d'Autun en France. Elleillustre le passage de la Bible où le Christ, en retraiteascétique dans le désert, est abordé par le Diable quilui propose de lui offrir à boire, de le nourrirgrassement, et de faire de lui un homme riche etpuissant sur cette terre s'il accepte de lui rendre grâce.Mais Jésus refuse et dit au Diable : « Retire-toi, Satan!En effet, il est écrit: C'est le Seigneur, ton Dieu, que tuadoreras et c'est lui seul que tu serviras.» (Mathieu4.1.11). Et voici que des anges s'approchèrent deJésus et le servirent.

Le Jugement dernier Il s'agit probablement du projet pictural leplus démesuré du grand artiste romainMichel-Ange, alors âgé de 60 ans. Lafresque s'étend sur un vaste mur de 16 mde haut et 13 m de large, au fond de lachapelle Sixtine au Vatican. La scènedépeint un Christ tout puissant en train dejuger les âmes des défunts, à la fin destemps. Les bonnes âmes sont reçues à sescôtés, les autres sont déchues, en mêmetemps que les anges rebelles. La ViergeMarie y est représentée à la droite de sonfils divin. A la base, Michel-Ange avaitreprésenté tous les personnages nus, àl'exception de la Vierge. Mais le papeClément VII, bien que très tolérant, prial'artiste de rajouter au moins quelquesdrapés pour cacher les sexes. Tout en basde la fresque, Michel-Ange a souhaitépeindre Charon, le passeur des Enfers, etMinos le malheureux roi crétois, deuxpersonnages issus de la mythologiegrecque antique.

PÉRIODE :

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III – Compétences : Se repérer dans l'espace. Se repérer dans le temps.

Martin Luther et Jean Calvin sont deux des figures majeures de la Réforme. Très influents, ils vont former, chacun de leur côté, une branche du Protestantisme. Ceux qui suivent les 95 thèses de Luther sont nommés les Luthériens. Ceux, plus rigoristes, qui prônent une rupture totale avec l'Eglise catholique et adoptent comme base de croyance la Théologie réécrite par Calvin sont nommés les Calvinistes.

A partir de la carte ci-dessus, de la Leçon et de tes connaissances, réponds aux questions suivantes :

1 – La carte représente une partie d'un continent. Quel continent ? …......................................

2 – Lequel des deux hommes, entre Luther et Calvin, est Français ? ….....................................

3 – Qui est le plus vieux ? ….............................................

4 – Quelle est la seule ville en dehors du Saint-Empire Romain Germanique que Luther a visité ? …...............

5 – A-t-il visité cette ville avant ou après « l'affaire des placards » ? …..........................

6– Qui est l'Empereur du Saint-Empire tout au long de la carrière de Luther ? …...............................

7 – Dans quelle ville Calvin a-t-il séjourné le plus de temps au cours de sa vie ? …...........................................

8 – Lors du passage de Calvin à Bâle, Erasme était-il toujours vivant ? …...............

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IV – Compétence : Pratiquer différents langages : Écrire pour construire sa pensée et son savoir.

Consigne : A partir des Doc. 3 et 4, et en t'aidant de la Leçon, rédige un petit paragraphe où tu expliqueras quelle crise majeure a traversé la France dans la seconde moitié du XVIe siècle et par quel moyen le roi Henri IV y mit fin temporairement.

Doc. 3: Biographie de Henri IV (1553-1610)Bien que baptisé catholique, il est élevé dans la religion réformée ets'implique dans les guerres de Religion en tant que prince du sang, roide Navarre et chef de la noblesse protestante. Il renonce auprotestantisme en 1572, juste après son mariage avec Marguerite deValois, pour échapper au massacre de la Saint-Barthélemy, mais yrevient en 1576 après avoir réussi à fuir la cour de France.

En 1584, à la mort du duc François d'Anjou, frère cadet et héritier duroi Henri III de France, il devient l'héritier légitime du trône. Les troublesreligieux s'exacerbent, notamment sous la pression de la Ligue quirefuse de voir un protestant monter sur le trône.

En 1589, après l'assassinat d'Henri III par le moine ligueur Jacques Clément, Henri de Navarre devientpourtant roi de France sous le nom de Henri IV. Mais il doit poursuivre la guerre contre la Ligue. Pourrenforcer sa légitimité, il finit par se reconvertir solennellement au catholicisme , lors d'une cérémonie dansla Basilique de Saint-Denis, ce qui lui permet d'être sacré en 1594, non pas à Reims, mais à Chartres.

Une partie de la Ligue n'en poursuit pas moins le combat jusqu'en 1598, année où Henri signe l' édit deNantes, édit de pacification autorisant le culte protestant selon des modalités déterminées, mettant ainsi fin àplus de trois décennies de guerres de Religion. Douze ans plus tard, alors qu'il prépare une guerre contrel'Espagne, Henri est assassiné à Paris, par un catholique fanatique, François Ravaillac.

Doc. 4 : Le massacre de la Saint-Barthélemy

Source : Gravure d'époque de Franz Ogenberg conservé à la Bibliothèque universitaire de Genève.

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Paragraphe :

Conclusion : Réponse à la ProblématiqueQuels sont les bouleversements majeurs qui ont fait passer l'Europe du Moyen Âge à l'Epoque Moderne ?

Complète le texte à trous :

La fin du Moyen Âge (XIVe siècle et la première moitié de XV e siècle) fut catastrophique pour l'Europe : une grandefamine (1315 – 1317), une Grande Épidémie de Peste (1348 – 1353), une Guerre de Cent Ans (1337 – 1453) entre deuxde ses piliers majeurs, la France et l'Angleterre, la prise de Constantinople par les Turcs Ottomans (1453). Tous cestraumatismes mirent lourdement à l'épreuve la Chrétienté . Son peuple se mit à douter. Il douta presque de tout, y compris du bien fondé de sa propre Religion. Désemparée, ne sachant quel chemin elle allaitemprunter, l'Europe se retourna sur son passé pour se souvenir de ce qu'elle fut jadis, au temps de la gloire de Rome, dela Grèce des philosophes, au temps du Christ et de son message d'amour entre les humains. Dans les écrits anciens, onredécouvrit l'époque …............................... , on la considéra comme un âge d'or et on la prit pour modèle. Les artistes semirent à oser la nudité, les couleurs vives, la légèreté des thèmes profanes. Ce fut une véritable …........................ del'Art. Les navigateurs prirent le large, loin au Sud ou à l'Ouest, dans l'Atlantique. De nouveaux mondes étaientdécouverts. L'Amérique. De nouvelles perspectives apparaissaient. L'Homme prenait confiance en lui même. Et s'iln'était pas une marionnette entre les mains de Dieu ? Et si lui même portait une part de la divinité ? Et si tout étaitpossible ? On appela ce nouveau courant de penser qui remettait l'Homme au centre de l'Univers l'..................... Les Chrétiens se sentaient désormais de se prendre seuls en main. Ils étaient suffisamment mûrs, éveillés pour cela.Pourquoi donc rester sous la coupe d'une Eglise et de son clergé, lui qui imposait ses idées alors que la lecture de laBible pouvait, à elle seule, rapprocher les croyants du Christ et de Dieu ? Ainsi, une poignée de moines contestataires semit en tête de traduire tous les écrits saints dans les langues du peuple pour lui offrir la parole divine en ligne directe. Et puisque les monastères ne pouvaient copier à la main autant de livres, on se servit de l'imprimerie inventée par cegénie de Gutenberg. On diffusa le savoir jusqu'à réformer l'Eglise catholique. Ceux qui suivirent cette voie furent nommer les …...............................Il y eut de plus en plus de ces hommes et femmes qui souhaitaient s'affranchir de l'emprise de l'Eglise de Rome et dupape. Surtout dans les pays du Nord. Car cela leur octroyait de nouvelles libertés, notamment politiques etcommerciales. Mais comme c'est souvent le cas dans l'Histoire, les bonnes intentions peuvent avoir des conséquencesdésastreuses : les Hommes, trop sûrs d'eux mêmes, n'acceptaient pas qu'on leur donne tort. Qu'ils soient dans un campou dans l'autre. Les Européens se mirent à se déchirer entre eux pour raisons religieuses. Ce sont les …................... de ................................ Elles ravagèrent la France jusqu'à la promulgation de l'Edit de Nantesen …........................