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UNIVERSITE DE FIANARANTSOA FACULTE DE DROIT, ECONOMIE, GESTION ET SCIENCES SOCIALES DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENT : DROIT MEMOIRE DE MAITRISE EN DROIT ET ADMINISTRATION PRIVES DES AFFAIRRES Thème : LES OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT DANS LE SUD : CAS DE L’ANDROY Présenté et soutenu publiquement par : SOJA TSIMANDILATSE Lahimaro 2006 - 2007

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UN I V E RS I T E D E F I A N ARAN TSOA

F A CU L T E D E D RO I T , E C ONOM I E , G E S T I ON E T S C I E N C E S SOC I A L E S

D E D E V E LOPP EM EN T

DEPARTEMENT : DROIT

MEMOIRE DE MAITRISE EN DROIT ET ADMINISTRATION

PRIVES DES AFFAIRRES

Thème :

LES OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT

DANS LE SUD : CAS DE L’ANDROY

Présenté et soutenu publiquement par :

SOJA TSIMANDILATSE Lahimaro

2006 - 2007

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UN I V E RS I T E D E F I A N ARAN TSOA

F A CU L T E D E D RO I T , E C ONOM I E , G E S T I ON E T S C I E N C E S SOC I A L E S

D E D E V E LOPP EM EN T

DEPARTEMENT : DROIT

MEMOIRE DE MAITRISE EN DROIT

Option : DROIT ET ADMINISTRATION PRIVES DES AFFAIRRES

LES OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT

DANS LE SUD : CAS DE L’ANDROY

Présenté et soutenu publiquement par :

SOJA TSIMANDILATSE Lahimaro

2006 - 2007

JURY :

� Directeur de Recherches et Président :

Monsieur NJARA Ernest,

Professeur d’Enseignement Supérieur et de Recherche à la Faculté de Droit

et de Sciences Sociales de Développement à l’Université de Fianarantsoa.

� Suffragants :

Madame NARAZANA Eudoxie,

Assistant d’Enseignement Supérieur et Recherche à la Faculté de Droit et de

Sciences Sociales de Développement à l’Université de Fianarantsoa,

Rapporteur.

Maître AHOLY Line Sarà,

Assistant d’Enseignement Supérieur et Recherche à la Faculté de Droit et de

Sciences Sociales de Développement à l’Université de Fianarantsoa,

Assesseur critique.

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SOMMAIRE

CHAPITRE INTRODUCTIF ............................................................................................... 7 - 13

PREMIERE PARTIE

LES OBSTACLES MATERIELS

CHAPITRE PREMIER

LES OBSTACLES D’ORDRE MATERIEL ............................................................................ 15

SECTION PREMIERE

LES OBSTACLES D’ORDRE PHYSIQUE ............................................................................. 15

SECTION II

SECTEUR D’ACTIVITE ARCHAÏQUE ................................................................................. 28

CHAPITRE II

SOLUTIONS AUX OBSTACLES MATERIELS .................................................................... 36

SECTION UNIQUE

LA CONSTRUCTION D’INFRASTRUCTURES ................................................................... 36

DEUXIEME PARTIE

EXPOSE DES OBSTACLES HUMAINS

CHAPITRE PREMIER

L’ETAT DE LA MENTALITE ET LE FORT ATTACHEMENT A LA TRADITION ..... 41

SECTION PREMIERE

L’ETAT DE LA STRUCTURE MENTALE DES ANTANDROY ........................................ 41

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SECTION II

LES QUELQUES AUTRES EXPRESSIONS DE LA STRUCTURE MENTALE DES

ANTANDROY ............................................................................................................................. 56

CHAPITRE II

SOLUTIONS AUX OBSTACLES HUMAINS ......................................................................... 66

SECTION PREMIERE

AJUSTEMENT DE LA SITUATION ECONOMIQUE ......................................................... 66

SECTION II

NECESSITE DE CHANGEMENT SOCIOCULTUREL ....................................................... 67

TROISIEME PARTIE

LES OBSTACLES D’ORDRE POLITIQUE

CHAPITRE UNIQUE

EXPOSE DES OBSTACLES POLITIQUES ........................................................................... 71

SECTION PREMIERE

LE SUD, UNE PROVINCE EXCENTREE .............................................................................. 71

SECTION II

SOLUTIONS AUX OBSTACLES POLITIQUES ................................................................... 88

CONCLUSION ..................................................................................................................... 93 - 95

GLOSSAIRE ......................................................................................................................... 96 - 97

BIBLIOGRAPHIES ........................................................................................................... 98 - 101

ANNEXES .................................................................................................................................. 102

TABLE DES MATIERES

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DEDICACES

JE DEDIE CE MEMOIRE :

� A mon très cher défunt père et à sa veuve bien-aimée ;

qu’il repose en paix ;

� Mes grands frères et mes sœurs surtout Mme SOADINIKA Francine pour son soutien sans

faille et le doux réconfort dont j’ai pu bénéficier de sa part ;

� Tous les membres de la famille pour leur « Sabo » à Dieu ;

� Tous les Antandroy qui vivent misérablement ainsi qu’à mes compatriotes ;

� Aux collèges Catholiques de Madagascar qui m’ont éduqués ;

� A toutes les Ecoles de l’Androy surtout à Ambondro ;

� Aux six Universités de Madagascar pour leur recherche à propos de l’Androy ;

� Mes petits frères surtout Albert et Alida tout près de moi ;

� Tous les amis ou amies.

QUE TOUS SOIENT ASSURES DE NOTRE PROFONDE RECONNAISSANCE !

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REMERCIEMENTS

D’abord, je présente mes très vifs remerciements à Dieu tout puissant de sa

gratitude et de sa bonté… que son nom soit sanctifié ;

- Monsieur le Professeur NJARA Ernest pour m’avoir encadré et encouragé tout

au long de ma recherche ;

- Notre sincère gratitude va aussi à Mme NARAZANA Eudoxie et

Maître AHOLY Line Sarà qui malgré leurs occupations professionnelles se sont intéressées

depuis à ce travail et se sont chargés de leur supervision en y apportant suggestion et

modification ;

- Notre remerciement s’adresse également à M. ETSIFOSAINE, Procureur

Général près de la Cour d’Appel de Fianarantsoa pour ses facilités accordées à la réalisation

de nos travaux en y apportant des suggestions ;

- Nous présentons nos sincères sentiments de reconnaissance à tous les corps de

l’Enseignant de la Faculté EES DEGS et à l’Administration ;

- Notre reconnaissance s’adresse aussi à toute l’équipe du SAP / SIRSA et du

Projet Gret, Objectif Sud, CITEA, MAEP pour leur efficace collaboration et toutes facilités

accordées au bon déroulement de cet ouvrage ;

- Je pense aux patriarches et aux communautés de la région de l’ANDROY qui

ont voulu « répondre » à nos questions et parfois même à certaines exigences pour les besoins

de l’étude. Nous leur devons les données indispensables à la mise au point de ce mémoire ;

- Je tiens enfin à remercier toutes les Associations Régionales ainsi qu’à

l’Association des Etudiants Natifs de l’Androy et d’Ambalavao Tsienimparihy de m’avoir

informé de l’importance de la vie associative ;

- A mes amis Edder, Didi, …ainsi que RAZAFINDRAINONY Thierry José de

m’avoir transmis le « virus » de l’amitié et de la fraternité ;

- Et à tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à la réalisation de ce

modeste ouvrage.

DE TOUT MON CŒUR, JE VOUS REMERCIE INFINIMENT !

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LISTE DES ABREVIATIONS

� D.S.R.P : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté

� R.N : Route Nationale

� A.E.S : Alimentation en Eau dans le Sud

� F.A.O : Food and Agricultural Organization

� C.R.S : Catholic Relief Services

� F.M.I : Fond Monétaire International

� JIRAMA : JIro sy RAno Malagasy

� TELMA : TELecom Malagasy

� S.A.P : Système d’Alerte Précoce

� SIRSA : Système d’Information Rurale pour le Sécurité Alimentaire

� P.A.M : Programme Alimentaire Mondial

� CSB I, II : Centre de Santé de Base (niveau I ou II)

� CHD I, II : Centre Hospitalier du District (niveau I ou II)

� BIODIV : Biodiversité

� P.U.F : Presse Universitaire Francophone

� MO.NI.MA : MOuvement National pour l’Indépendance de MAdagascar

� M.D.R.M : Mouvement Démocratique pour la Rénovation de Madagascar

� P.S.D : Parti Social Démocrate

� Art : Article

� J.O : Journal Officiel

� O.N.G : Organisation Non Gouvernementale

� O.P.J : Officier de Police Judiciaire

� P.V : Procès Verbal

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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CHAPITRE INTRODUCTIF

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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SITUATION DU SUJET

La lutte contre la pauvreté s’avère être le problème majeur de tous les pays en voie

de développement, particulièrement Madagascar. Toutes les priorités de tous les dirigeants qui

se sont succédés ont été consacrées à lutter contre ce fléau qui menace le commun des mortels

depuis notre indépendance jusqu’à l’heure où nous parlons.

A titre d’illustration pour ne citer que ceci le D.S.R.P était l’arsenal du régime

actuel pour sortir le pays du cercle infernal de la pauvreté.

Vu sous cet angle, la partie Sud de Madagascar est la plus pauvre et la moins

développée sur tous les plans et tous les secteurs.

Constatant ce phénomène dégradant la partie australe de l’île, nous estimons

devoir entreprendre une recherche sur les obstacles de cette région.

LOCALISATION 1 ET PRESENTATION HUMAINE

Mais où se situe géographiquement Androy et comment est-il composé

démographiquement ?

L’Androy se trouve dans l’extrême Sud de Madagascar, dans la province de

Tuléar, entouré par la Région d’Anosy à l’Est, l’Ihorombe au Nord et la Région Mahafaly à

l’Ouest. Il est composé de quatre (04) Districts dont Ambovombe Androy la capitale,

Tsihombe, Beloha et Bekily.

Sur le plan démographique, l’Androy est peuplé majoritairement par des

Antandroy, peuple d’origine Afro-Asiatique ou judéo africaine et par leurs voisins les Tanosy,

Mahafaly et Bara. L’Androy reçoit aussi des groupes de migrants provenant d’autres régions

de Madagascar entre autres les originaires des Hautes Terres, les Merina et les Betsileo.

INTERET DU SUJET

Nous avons opté pour ce sujet étant donné que désormais l’Androy est considéré

comme le pays le plus arriéré, le plus retardé, en un mot le cimetière de projet de Madagascar.

A cet effet, en tant que juriste et natif de ce pays, nous nous sommes longtemps intéressés à

cette partie sud de l’Ile, notamment sur ses problèmes et les raisons qui empêchent son

démarrage sur tous les plans.

1 Daniel COULAUD, les Zafimaniry, édit, FBM, 1973, pp 9.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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CE QUE NOUS SOUHAITONS APPORTER

Nous avons une part de responsabilité concernant le développement de

Madagascar et de l’Androy en particulier dont les atouts sont les changements quantitatifs et

qualitatifs pour briser ces problèmes cruciaux du Grand Sud. En clair, il s’agit de faire

comprendre aux gens du Sud que même s’ils sont matériellement pauvres, ils peuvent être

dépositaires d’un patrimoine socioculturel qu’il faut modifier, évaluer et parfaire pour qu’on

puisse se mettre sur les rails du développement.

LES DIFFICULTES RENCONTREES

Au cours de notre recherche, nous avons dû affronter de nombreuses difficultés en

raison de notre impéritie. En outre, nos moyens (matériels et financiers) n’ont pas facilité nos

travaux, compte tenu de la nécessité de la descente sur terrain pour connaître la réalité et avoir

des données exactes. L’approche méthodologique qu’on a adoptée est la suivante : D’abord la

recherche bibliographique, puis les travaux sur terrain qui exigent le choix des personnes

ressources et le critère du choix du village. Ensuite la conduite de l’enquête qui a permis de

constater qu’il existe des obstacles participatifs qui ont nécessité le recours à des enquêtes,

soit ouvertes soit fermées.

De ce fait, des fiches ont dû être établies pour chaque enquête et c’est après

seulement que les travaux de rédaction ont dû démarré.

DEFINITION DU DEVELOPPEMENT

Le développement selon R. Larousse, se définit comme l’ensemble des stades par

lesquels passe un organisme, un être vivant pour atteindre sa maturité, sa croissance. A coté,

François PERROUX lui l’a défini comme la combinaison de changements mentaux et sociaux

d’une population qui la rend apte à faire croître cumulativement et durablement son produit

réel global.

Ainsi, le développement est un faisceau de transformations qui modifie le

comportement, intègre le progrès connaissance, l’amélioration de qualification, le savoir faire

individuel et l’anticipation dans le sens d’une accumulation.

Une distinction est donc à faire car bon nombre des profanes confondent la notion

de développement avec celle de la croissance. Cette dernière, est un accroissement

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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accompagné ou non de changement de structure. Ici, l’accent est mis sur l’aspect matériel

(ex : augmentation de la production). Elle peut être extensive ou intensive.

La différence ou plus exactement le point distinctif du développement par rapport

à la croissance consiste à la transformation de la population et des hommes qui arrivent à

comprendre le mécanisme permettant un mécanisme cumulatif et durable du produit. Dans ce

cas, il y a un « aspect qualitatif » (mentalité) du développement qu’on ne trouve pas dans la

croissance. Ici le progrès apparaît comme le garant économique améliorant la productivité et

le rendement du travail. Le développement humain est un processus qui conduit à

l’élargissement de la gamme de possibilité offerte à chacun.

La croissance est une condition nécessaire au développement mais ce n’est pas une

condition sine qua non si le fruit ne profite pas à chacun. Il peut donc y avoir de croissance

sans développement et vice versa.

En outre, sur le plan juridique, Droit et développement nouent une relation

dialogique sur la promotion et existence des droits fondamentaux. Quelle que soit sa forme

d’énoncé, l’existence des droits fondamentaux ne semble plus qu’une question sibylline dans

la majorité des sociétés contemporaines. « Les cultures et les formes d’organisation sociale ne

laissent paraître aucune illusion ».

Le Droit, de part sa nature (en tant qu’ensemble de règles destinées à régir les

rapports humains) autorise à affirmer qu’il se définit comme un instrument idoine d’une

bonne gestion de la société et même si l’on admet des variantes multiples selon l’ensemble du

système juridique considéré, soit à la famille francophone, soit à la famille anglophone, ne

peut d’ailleurs être considéré comme étranger à l’idée de développement, de progrès

individuel ou collectif, voir à l’idée de bonheur. Ces derniers signifiants portent en leur sein,

les finalités classiques de tout système juridique.

Le Droit au développement se résume alors en deux :

- D’une part, le développement nécessite une réelle justice de base permettant de

le concevoir et de le réaliser ;

- D’autre part, tout processus de développement gagne une efficacité dès lors

que le système juridique réussit à réduire, puis à éliminer toute possibilité de trahison au

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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préjudice des hommes, simples citoyens par leurs pairs privilégiés mandatés par eux-mêmes

pour gérer leurs biens et gérer leur communauté2.

Dans la société Malagasy, les ingrédients de la concrétisation de cette justice de

base sont dorénavant créés. En effet, d’un côté l’existence textuelle des droits fondamentaux

ne souffre plus d’ambiguïté. Depuis la Constitution Malagasy de 1992 jusqu’à celle de 1998

récemment révisée le 04 Avril 2007, la promotion et la préservation des droits fondamentaux

y figurent dès le préambule. De l’autre côté, les bonnes mœurs, les coutumes ou plus

généralement la morale constante chez le peuple Malagasy, adoptent et enseignent une

conception de la vie pouvant faciliter la réalisation de cette justice de base, en ce sens qu’elle

préconise deux aspects du droit à la vie d’une part, le droit naturel de bénéfice du don divin de

la vie biologique, d’autre part le droit d’exister en tant que corps humain doté dudit souffle de

la vie au sein de la communauté

Il est à souligner que cette conception n’est certes pas propre à la population

Malagasy. Cela veut dire que dans un pays démocratique se disant de Droit et devant sa

prééminence, le Droit objectif accorde des prérogatives individuelles sous l’égide du « droit

subjectif » là ou les droits fondamentaux sont garantis. Du point de vue historique le

phénomène entravant le développement de l’Androy précisément ne date pas d’aujourd’hui :

l’Androy reste toujours frappé par la sècheresse et la famine. Ces fléaux ont remarquablement

sévi dans le sud profond depuis au moins deux siècles mais le phénomène du « Kere » est

apparu au début des années 1970, puis 1990, 2006 sous le reportage de l’ « Ecole du monde

au cœur de l’Androy3 », sans oublier le coup dur de l’année.

Souvenons-nous du cri de détresse : S.O.S Sud Vonjeo ny Any Atsimo « Kere »

d’autre fois une quinzaine d’année après, le fléau continue de faire des ravages.

Ce n’est qu’après 1990 que les autorités prennent au sérieux la lutte contre le

« Kere » appelée juridiquement « difficulté » alimentaire plus ou moins sévère.

De plus, la population dans la Région d’Androy, est attachée solidement aux

« Lilindraza » « Coutumes traditionnelles » surtout à la cérémonie funérailles. Cette situation

a une répercussion sur l’économie suscitant des effets multiplicateurs.

2 RAKOTOARISON (Jean), Cours de Droit de développement, janvier 2002. 3 Gazette Hebdo de Madagascar n°0106 du 24 Février au 02 Mars 2007 pp. 24 - 25.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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Compte tenu de tout ce qui précède, nous sommes convaincus de nous pencher

davantage sur toutes les circonstances facteurs d’obstacles au développement afin de

conscientiser les gens de toutes les localités de la région du sud et de porter une part à la sortie

du pays du joug de la pauvreté car « si on veut déplacer la montagne, on doit commencer par

transporter de petits cailloux » selon la sagesse chinoise.

Au vu de ce vaste cadre, le SUD est fortement influencé par les coutumes

traditionnelles. Notre problématique est d’ordre général : Par quoi est dû ce remarquable

retard de l’Androy par rapport aux autres régions de l’île ? Quels seront les remèdes

possibles ?

En effet, ce thème fondamental entraîne plusieurs détails à travers lesquels nous

émettons les hypothèses suivantes :

- La première hypothèse est que les gens de la localité sont très attachés aux

coutumes traditionnelles surtout aux funérailles ce qui provoque des troubles sur l’agriculture

et l’élevage allant jusqu’au dépérissement économique.

- La deuxième hypothèse consiste à dire sur le plan social, une remarquable

déperdition scolaire, des forts taux de redoublement, abandon et faible taux de scolarisation et

de faible équipement sanitaire. A côté, les problèmes environnementaux se généralisent.

- Enfin la troisième hypothèse, ce qui semble étonnant quelque fois, est que la

situation dégradant le sud a été déjà focalisée sur la scène internationale. Nonobstant l’effort

des organismes des Nations Unies (PAM, …) et nationaux de bonne volonté (Téléthon, Ecole

du monde, …), le sud reste un éternel mendiant ce qui nécessite une solution durable et une

volonté politique mature.

Ainsi, comment allons-nous procéder pour rassembler les données nécessaires à

cette recherche ?

Outre les documents que nous avons consultés dans différentes bibliothèques ou

d’autres établissements, nous avons mené une enquête sur terrain à partir des questionnaires

écrits, d’entretiens directs avec les différentes entités telles les Ministères, Directions de

projets de développement du sud.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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D’autre part, on a également recueilli des données orales et des renseignements

issus des gardiens de la paix, les évangélistes et surtout des parents notables de la région

même le « Mpisoro 4», etc …

Le but de cette recherche est multiple :

- D’une part, c’est de faire connaître aux citoyens surtout les nationaux ou

étrangers, les réalités vécues au pays Antandroy sur le plan socioculturel et économique ;

- D’autre part, les chercheurs en matière de développement pourront comprendre

d’avance les réalités qui y existent afin d’en prendre des dispositions nécessaires pour tenter

de remédier ce fléau ;

En bref, notre travail de recherche se divise en trois parties :

- La première consiste à exposer les obstacles matériels ;

- La deuxième, sur les obstacles humains et

- La troisième, convient à développer les obstacles politiques ;

4 C’est un détenteur du Hazomanga, un prêtre traditionnel.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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PREMIERE PARTIE

LES OBSTACLES MATERIELS

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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Chapitre premier

EXPOSE DES OBSTACLES MATERIELS

Sur ce point nous allons développer d’une part les éléments structurels, d’autre part la fragile

équilibre d’une survie quotidienne

Section première

LES OBSTACLES D’ORDRE PHYSIQUE

§I.- Conditions naturelles

Sur le plan physique, le Grand Sud Malagasy est caractérisé par ses

conditions climatiques semi-arides, son relief accidenté, la sécheresse qui devient synonyme

de l’Androy, ses infrastructures quasiment inexistantes, son sol et sa végétation à dominance

des plantes grasses et / ou épineuses et son faune et flore en voie de disparition.

Mais, pour avoir assez d’explications sur tout ce qui a été énuméré, nous

essayerons d’analyser un à un les obstacles en question.

I.- Les conditions climatiques

Sous l’influence de la barrière Anosyenne,5 la Région d’Androy fait partie du

domaine à climat tropical chaud et aride, à hiver frais du Sud de Madagascar. Elle est

caractérisée par deux (2) saisons bien distinctes : une saison chaude et humide durant 5 mois

en période Asara 6 et une saison sèche et un peu fraîche en Faosa 7 qui dure 7 mois

A.- La température et les précipitations

Le Grand Sud a une température très précise, remarquablement homogène.

Les températures moyennes annuelles enregistrées oscillent entre 23°C et 24°C. L’été accuse

des moyennes de 26 et 27°C, et l’hiver reste dans (19 à 20°C). Les variations de ces

températures restent très faibles car le seuil minimum se situe le plus souvent en juillet et le

maximum en janvier ou février. Cependant, dans l’intérieur et sur la côte, la nébulosité plus

grande (brouillards littoraux, brise de mer, …) atténue les différences diurnes autant quelques

mensuelles.

5 Présence d’un effet de Foehn. 6 Novembre à Mars. 7 Avril à Octobre.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

16

Quant à la précipitation, le domaine méridional est typiquement irrégulier. Si

dans toutes les parties de Madagascar, la précipitation est probable et régulière à chaque

saison, celle de l ‘Androy est tout à fait le contraire, et c’est la première cause de la sécheresse

qui sévit dans la région durant toute l’année. Heureusement que « le malheur des uns fait le

bonheur des autres ». C’est presque pendant la période cyclonique du front polaire que

l’Androy bénéficie une précipitation un peu plus faible même si la pluie de mousson arrive

tardivement. En revanche, la fin de la saison des pluies semble moins abrupte au nord.

L’analyse quotidienne relève que les véritables pluies de mousson sont rares sur l’extrême

Sud, même en janvier. Pendant cette période, il y a une persistance davantage des pluies fines

frontales ou poste frontales, pluies continues mais n’apportant pas au total des quantités d’eau

comparables à celles provenant des masses d’air dans le secteur nord. Il est à souligner que,

dans le sud, la précipitation est très variable comme on a déjà expliqué ; il peut y avoir donc

des pluies dans les limitrophes de l’Androy avec d’autres régimes mais pas à l’intérieur où il

arrive qu’Antanimora pleut mais non pas à Ambovombe Androy.

A titre d’illustration, nous allons voir le cas d’Ambovombe Androy sur son

enregistreur pendant 37 ans pour une moyenne de 575 mm (1930 - 1966), on comptait 22

années à plus de 500 mm, 8 ans à pluviométrie comprise entre 7 années à pluviométrie > à

400 mm représentant des années de disette. Indicateurs précipitations moyennes annuelles <

800 mm sur la zone, < 400 mm sur la partie littorale.

B.- Le Vent

L’alizé domine dans la région d’Androy. L’aridité du Sud est amplifiée par

des vents forts et constants. Il aborde la côte du Sud-Est à Fort Dauphin comme un vent du

Nord-Est et contourne l’extrémité méridionale de l’île en venant d’Est sur le littoral

d’Androy. Au-delà du cap Sainte Marie, il prend une composante de celui du Sud Est la

direction dominante du vent devient franchement Sud à partir d’Androka ; enfin, elle tourne

au Sud Ouest sur Toliara.

Les tourbillons de poussière, les horizons voilées par une brune de sables

soulevés, les directions de cordons dunaires le long de la côte et la forme torturée des arbres

sont autant de témoignages de l’intensité de la persistance de ces vents.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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C.- Le Relief

Topographiquement, Androy est marqué par un relief résiduel, c'est-à-dire

accidenté avec un microclimat semi-humide et semi-fraiche. On y trouve quelques cours

d’eau de la zone cristalline à celle sédimentaire. Autrement dit, de la région Mahafaly ; entre

Ampanihy et Tranoroa vers Bekily au nord, vers Beloha et Tsihombe au Sud, le relief est

accidenté. Seule la partie centrale d’Ambovombe Androy présente un relief moins accidenté

avec un microclimat sec et chaud. Elle est constituée par les communes d’Ambohimalaza,

Marovato, Befeno,Sihanamaro, Ambondro, Ambanisarika, Ambonaivo, Agnalamare et

Ambovombe Ville8.

La partie Sud qui longe la mer, est communément appelée zone littorale ou

zone sédimentaire. Son relief est caractérisé par la présence de différents types de dunes. Les

sites de la commune rurale d’Ambovombe s’organisent à partir du relief et de la végétation

qui dessinent ensemble la diversité du paysage.

Le relief est formé par des collines de basse altitude (haboagne).

II.- La sècheresse

Le Grand Sud de Madagascar est pudiquement appelé la région du « KERE »

car presque pendant toute l’année, la sécheresse sévit dans la région. Autrement dit, l’Androy

est une région semi désertique caractérisée par la sécheresse quasiment annuelle.

Par conséquent, c’est sans doute la sècheresse qui suscite le KERE, un

problème qui reste irrémédiable du Grand Sud.

Malgré tout, les réseaux hydrauliques de l’Androy sont un peu plus

nombreux mais compte tenu du climat, de la température et de la précipitation très faible, ils

restent souvent sec.

Le tableau ci-dessous nous énumère ces réseaux hydrauliques de la partie sud

de Madagascar.

8 Plan simplifié d’ubranisme – Ambovombe, 2005, pp 6 - 9.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

18

N° Sous préfecture Réseaux hydrauliques

1 Ambovombe Androy - Ikonda

- Volontaray

- Berenty

- Antafa

- Solimoro

- Andambarotse

2 Tsihombe - Manambovo

- Sakamasy

3 Beloha Androy - Fleuve Menarandra

- Ruisseau Talivane

- Manambolo

4 Bekily - Fleuve Menarandra

- Manakopy

- Ruisseau permanent d’Emoro

- Besaly

- Ambatomainte

Source : S.A.P Ambovombe (A)

Malheureusement, ces fleuves sont non pérennes et présentent une période

d’étiage prolongé surtout pendant la saison sèche du mois d’Avril jusqu’au mois de

Septembre (Octobre). Par contre, ces réserves d’eau existent en profondeur sous forme de

nappe dans la zone sédimentaire.

En particulier, Ambovombe Androy est remarquable par l’inexistence des

rivières et des cours d’eau, mais plusieurs puits 9 sont observés dans la Commune notamment

dans les Fokontany d’Anjatoka et de Mahavelo.

III.- Le sol et la végétation

A.- Le sol

Pédologiquement, on peut voir trois (3) types de sols dans la région

d’Androy, selon leur situation géographique.

9 Nom d’Ambovombe.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

19

Ces types de sols correspondent à peu près aux 3 subdivisions liées au relief :

- Dans la partie nord, on rencontre surtout des sols ferrugineux, tropicaux,

rouge ou jaune selon les situations, relativement perméables à cause d’une assez forte

proportion de sable ;

- Dans la partie centrale, on trouve des sols argilo latéritiques de couleur

brune rouge ou argilo limoneux de couleur brune ;

- Dans la partie sud, on a des sols principalement sableux avec une

proportion de latérite ou sol complément sableux.

B.- La végétation

Le Grand Sud Malagasy est caractérisé remarquablement par une couverture

végétale dominée par la brousse xérophytique10.

La végétation de la région d’étude est particulièrement endémique. Elle est

adaptée à l’aridité du climat, aggravée par la perméabilité des sols. La densité du bush

xérophytique est relativement importante qui se répand presque dans la totalité territoriale de

l’Androy jusqu’aux voisins Mahafaly. En outre, la partie littorale pratiquement nue pour

laisser place à l’agriculture et l’habitation est inoubliable qui montre un paysage naturel mais

« Talignere » 11. Elle est formée par des petits arbres ou formations buissonnantes aux formes

étranges de la famille des DIDIERRACEAE, espèces charnues ou épineuses du genre

Euphorbia et des plantes, ligneuses, épineuses à feuillage réduit tels que les fameux

« Fantsiolotse 12».

On rencontre également des euphorbes dont certaines sont arborescentes, des

aloes13, des baobabs et des pieds d’éléphant 14 (genre pachypodium).

Une MIMOSACEAE épineuse, le « roy 15» a donné son nom à l’Androy. A

coté, la couverture végétale est dominée par des mosaïques de savane, et quelques lambeaux

forestiers éparpillés dans une vaste plaine destinée pour l’agriculture. Mais Hélas !

10 Plantes grasses et / ou épineuses à feuilles réduite. 11 Le « roy » qui a donné le nom de l’Androy. 12 Alluaudia procena. 13 Vahombe. 14 Genre pachypodium. 15 Acaria fanersiana.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

20

C.- Le phénomène de désertification

Les autorités compétentes comme les ONG Internationales sont actuellement

très réticentes sur la préservation des forêts et la protection de l’environnement. L’extrême

sud de la Grand Ile ne fait exception à cette recommandation car il est la première région

menacée ou qui vit même de la désertification, qui va bientôt se transformer en désert, qui se

depeuple fortement. Face à cette situation, tous les Antandroy sont désormais « sous l’épée de

DAMOCLES » parce que le lait va bientôt tourner au vinaigre.

A titre d’illustration si nous allons découvrir le village d’Analamahery au

cœur géographique de l’Androy, il y a comme son nom l’indique une grande forêt. Il y a des

« richesses inestimables que les arbres offrent leur ombre providentielle contre l’impitoyable

soleil. Un refuge pour les emblématiques makis, ces lémuriens à queue annelée, et de

nombreux autres animaux du bush. Mais, jusqu’à quand ? » La question se pose pour nous

tous les gens de l’île verte d’autres fois surtout les Antandroy sujet de recherche. Car là on

défriche et on surcharge les charrettes à zébu du bois nécessaire à la construction des cases,

des cercueils, et aux tâches quotidiennes. « Bien qu’adaptée à une sècheresse qui s’aggrave

chaque année, la forêt de l’Androy risquerait à long terme de fondre comme une peau de

chagrin. Et c’est toute la faune et la flore de l’extrême sud Malagasy qui risquerait d’être

menacée par la pauvreté, la pression démographie et l’absence de perspective à long terme

chez les populations. D’ailleurs, beaucoup s’inquiètent du fait que les arbres suffisamment

gros pour y creuse les cercueils aient presque totalement disparus de l’Androy. Il faut

aujourd’hui aller les chercher très loin pour les acheter toujours plus chers ». Pouvons-nous

dire que la voix des idées de protection est contraire à la voix de la faim ? ou la voix de la

sauvegarde est contre la voix de la survie ? Certainement vrai. En effet, les organismes de

protection ne parviennent pas à sensibiliser les populations ; et les rares parcelles protégées ne

font qu’accentuer la pression sur celles qui ne le sont pas. « Les Antandroy continuent à

défricher et à brûler pour cultiver, à battre les arbres pour bâtir les cases, les charrettes…Etant

que les esprits ne manifesteront aucun signe néfaste face à ces pratiques, rien ne changera… »

Seuls les baobabs, ces rois de la brousse retournés par les dieux pour leur

avoir manqué de respect en s’élevant si haut, et les majestueux manguiers où se cachant les

esprits, sont épargnés par les flammes qui déjà se propagent sur l’horizon.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

21

Un feu de brousse semblable à de nombreux autres allumés se pratique dans

le sud de la Grande Ile dans une même journée. Quelques hectares de forêt calcinés qui

s’ajoute à la note déjà lourde de la déforestation.

Seule solution à cette situation critique : une amélioration économique qui ne

fera que sur de longues années. « Le compte à rebours est lancé » et nous pouvons dire que

c’est la mesure d’accompagnement requis par le gouvernement qui recommande et qui

critique voire même qui réprime sans donner aucune solution durable contrairement à ce qu’il

promet : « Un développement rapide et durable ». A bon entendeur salut.

Aujourd’hui encore les villages, l’âme meurtrie par ces nombreux problèmes

sus posés ; douloureux souvenir, surveille d’un œil angoissé par l’assèchement total. Tous

savent que si le problème de l’eau continue à s’aggraver dans les années à venir, ils seront

forcés de quitter la terre de leurs ancêtres, ce pays rude dans lequel ils trouvent leur identité.

« L’enjeu est tellement important que certains chefs de clan se sont tournés vers les pouvoirs

politiques et les ONG en leur demandant de faire tomber la pluie sur l’Androy puisque leurs

propres sorciers n’y parviennent plus. Et quand ils ont répondu qu’aucune administration ne

pouvait commander les éléments, ce fut l’indignation, car pour les Antandroy, si ces

gouvernements se prétendent capables d’envoyer les hommes sur la lune, ils doivent pouvoir

faire tomber le pluie ».

Autrement dit le gouvernement dans un simple raisonnement enfantin, ce

gouvernement a beaucoup des moyens pour faire sortir l’Androy du fléau mais il fait semblant

d’être sourd et aveugle.

Certes un seul espoir qui fait vivre les imbéciles le 05 juin est une journée

sacrée « Journée mondiale de l’Environnement » ; ça veut dire que cette journée est

universelle, convenue par les Nations Unies. Ainsi la Banque Mondiale et le F.M.I qui dicte

notre politique interne et qui investissent notre pays doivent voir de plus près le cas de

l’Androy. D’ailleurs, et de toute les façons, le Chef d’Etat même n’a pas caché son

programme et son initiative de tripler les Parcs nationaux et de la protection des espèces

protégées. Espérons également qu’il y aura des mesures d’accompagnement selon leur

slogan : « Aza matahotra, minoa fotsiny ihany ». C'est-à-dire, « N’ayez pas peur, crois

seulement ».

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

22

IV.- La faune - la flore

A.- La faune

Premièrement, la partie sud de Madagascar réserve dorénavant des espèces

animales quasiment singularisées par son endémisme bien entendu menacées de disparition.

Les espèces faunistiques les plus importantes sont : lemur catta16,

propithecus verreauxi (sifake), geochelone radiata (sokake) et différentes espèces d’oiseaux

endémiques de la région et de l’île tels les serpents, les oiseaux, les reptiles. Mais ils

résisteront jusque quand ?

B.- La flore

Androy est : « Le pays des épines » ou « le pays où se cache l’eau ». La

couverture végétale dans la région d’Androy présente une multitude de formations adaptées à

la sècheresse. Elle est généralement caractérisée par la forêt caducifoliée ou xérophytique.

Cette couverture végétale se présente sous trois formes, dépendant du type de

sol et de sous-sol :

- Les forêts des alluvions et de cours d’eau (partie septentrionale de la

région : forêt galerie) ;

- Les forêts sur sols argilo latéritiques (partie centrale : savane arbustive

et arborée avec des tapis herbacés) ;

- Les forêts sur sol arénacé (partie australe : bush) y compris les

rohondraho, raketa (cactus) qui poussent dans l’Androy.

La couverture est généralement dominée par des essences héliophiles

pionnières comme acacia fanersiana (roy), ziziphus mauritania (konazy), tamarindus indica

(kile), des euphorbiacées (famata), salvadora anguistifolia (sasavy), tetraperocarpon geayi

(vaovy), albizia bermieri (mendoravy), fernandoa madagascariensis (somontsoy), le katrafay,

beholitse, talia, halomboro, kirava, raketa et hazontà y compris les plantes médicinales

(mandravasarotse, vaho, malaimpere…).

La couverture végétale est donc assez diversifiée mais avec une hauteur

moyenne relativement faible.

16 Maki.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

23

Il est à remarquer que comme les espèces faunistiques, celle des floristiques

sont menacées aussi par le « oro-hatsake 17», déforestation, la culture sur brûlis.

Heureusement, selon la tradition Antandroy, il y a des « ala faly » qui préserve la végétation

et l’environnement.

V.- L’enclavement de l’extrême sud de Madagascar

Qui parmi les 17 millions des Malagasy à travers la Grande Ile osent nier

qu’il y a encore des compatriotes qui ignorent complètement l’existence de l’Androy ? Cette

question n’a pas besoin de réponse expresse parce que nous l’avons déjà dans l’esprit. En

effet, la déficience de l’infrastructure routière partout, d’Ihosy à Fort Dauphin, sur la RN°13,

d’Andranovory à Ambovombe - Androy RN°10 est la majeure cause de cet enclavement. Cela

veut dire que même si Androy connaît une période de récolte très remarquable sur sa

production, on ne peut rien faire car les routes sont très mauvaises. Par ailleurs, l’entrée des

produits en provenance de l’extérieur à destination de l’Androy rencontre les mêmes

difficultés. Par conséquent, la stagnation économique est complètement certaine. Ce qui va

accentuer la pauvreté et aggraver le recrudescence de la disette dans le Sud de l’Ile.

Il est aussi à souligner que les magasins de stockage, les matériels de

conservation y manquent. Les exemples suivants nous exposent la véracité de cette situation

selon l’intervention du SIRSA :

- Temps moyen d’accès vers le centre urbain le plus proche en saison

de pluie : 21 heures ;

- Temps moyen d’accès vers le chef lieu de district en saison de pluies : 8 h.

Comme nous voyons, parce qu’il y a des enclavements internes au niveau

intérieur de l’Androy, à plus forte raison même l’éloignement des autres régions, il est

littéralement enclavé au niveau extérieur face à cette situation sans issue et impraticable.

17 Enquête BIODIV, 2005.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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§II.- Les obstacles structurels

I.- Insuffisance ou déficience des voies de circulation

A.- Les routes

L’une des raisons qui font de l’Androy l’une ou la seule région méconnue de

l’île est son enclavement ou son isolement. Pourquoi ? Depuis la période royale en passant par

l’ère coloniale, jusqu’à l’époque contemporaine où tout le monde roule sur les « goudrons »,

l’Androy n’a pas encore changé de piste même si les routes sont appelées pudiquement

« route nationale 18». Il y a deux grandes routes qui relient Androy avec d’autre régions qui

sont : la RN 10 reliant Andranovory - Androy et la RN 13 reliant Ihosy - Androy jusqu’à Fort

Dauphin. Mais ces routes ne le sont que de nom car elles ne connaissent jusqu’alors aucune

réhabilitation malgré les promesses politiques semées par ici et par là : ce n’est que de la

« démagogie ». C’est l’un des obstacles les plus nets au développement dans le sud, plus

particulièrement l’Androy qui empêche de laisser voir se réaliser un décollage économique

au niveau national. Ces problèmes cruciaux ont des effets multiplicateurs sur tous les plans et

sur tous les secteurs.

Les autres raisons qui expliquent le retard de l’Androy du point de vue des

infrastructures routières peuvent être plutôt politiques parce que, si on va les dire

économiques, nous osons affirmer qu’Androy est l’un des grainiers de Madagascar malgré la

sècheresse, et si elles sont sociologiques, la région n’est plus traditionaliste que le Japon,

l’Israël, le premier figurant parmi les puissances économiques mondiales, le second parmi les

puissances détentrices d’armes nucléaires.

B.- L’éloignement des institutions judiciaires

Nul ne peut s’empêcher actuellement l’effort et la volonté du gouvernement

de dégénérer un développement rapide et durable jusqu’au noyau central de la Nation. Mais

face à la politique de la démocratisation de la justice et la rapprochement de la justice des

justiciables, Androy souffre encore d’enclavement sur le plan juridictionnel. En tant que chef

lieu de région, Ambovombe Androy ne dispose pas jusqu’ici de « palais de justice » alors que

la justice, tout comme les autres services publics doit être à la disposition des justiciables.

Cette défaillance est à l’origine de nombreuses situations déplorables. 18 Père ALIZAFY Basile et Père BE Jn René, les premiers Lazariste Malagasy, Ambozontany Fianarantsoa, 1996, pp. 209.

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1.- La lenteur administrative

Un des caractères qui minent l’Administration est le laxisme. Alors qu’on

sait que plus une affaire tarde à être réglée, les risques de spéculation et de corruption sont

grands. Cette dernière est la première ennemie de la vérité, slogan de la justice que les

paysans attendent. Pour remédier ce souci de partialité, les paysans sont tentés de régler leurs

affaires à l’amiable étant entendu que : « Vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon

procès ».

2.- La crainte des justiciables

La crainte de la justice est la pire des situations des paysans. Eux, ils pensent

que tribunal est synonyme d’emprisonnement qu’il faut à tout prix éviter. Si par malheur un

Antandroy se trouve être impliqué dans une affaire judiciaire, la première idée qui lui vient à

l’esprit c’est de trouver les moyens imaginables pour s’en sortir, le chemin le plus court étant

la corruption des fonctionnaires concernés.

Pour eux, la justice par exemple, est l’affaire des juges et pour se

« dédouaner » il faut apporter du présent aux « propriétaires » de la justice, attribut reconnu

aux magistrats.

Les affaires judiciaires sont pour eux, moins des affaires de l’Etat que celles

de ses juges.

L’offre de cadeau aux juges perçue comme une corruption au sens des

dispositions des articles 177 et suivants du Code Pénal et de la loi n°2004-030 sur la lutte

contre la corruption est pour eux un acte normal d’hommage rendu aux autorités publiques,

raiamandreny, lonake.

Toute décision judiciaire favorable rendue mérite reconnaissance car le

Droit, est la norme adoptée par le juge. C’est son bien personnel qu’il faudrait louer19.

La cause principale de cette conception combien erronée, est l’éloignement

de la justice aggravé par le fort taux d’analphabétisme qui sévit outrageusement dans la

Région de l’Androy.

19 NJARA Ernest, Le sentimentalisme juridique, Bull. Acad. t.LXXX / 1. janvier.juin.2004, pp 206 - 208.

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26

C.- Les autres

Etant donné que l’Androy est un pays coincé entre, océan, tropique du

capricorne, fleuve Manarandra et Mandrare, il voit chaque année ses mares et ses rivières

s’assécher pour pendant neuf mois consécutifs. Cela s’explique par le défaut d’irrigation pour

arroser la totalité de la région.

Pour ce qui est des voies aériennes, on y trouve qu’un petit aérodrome à

Ambovombe alors que le Grand Sud Malagasy a beaucoup d’opportunités sur tous les plans

pour ne citer que le côté touristique.

Tout compte fait, les infrastructures de l’Androy sont vraiment déficientes ;

ce qui l’empêche de marcher vers l’avant, de réaliser son ambition et de mettre en œuvre son

projet.

1.- Insuffisance d’éclairage public

Comme nous vivons dans toute l’étendue de l’Ile et qui suscite un très vif

débat de ce dernier trimestre, le problème de carburant qui impose un délestage de 22 h

jusqu’à 9 h est aussi d’actualité pour la Commune d’Ambovombe qui comme les autres qui ne

dispose pratiquement pas d’éclairage et vit même dans l’obscurité.

Cette situation a une grande répercussion sur l’économie de l’Androy et peut

être le facteur de la criminalité qui mine la région.

Actuellement, on trouve des panneaux solaires dans certaines communes

rurales mais ce n’est qu’une goûte d’eau dans l’océan.

2. - Réseau de communication non encore couverte

Aucune région ne peut se prévaloir qu’elle est vivante et active sans avoir

passée par les réseaux de télécommunication. La raison est qu’il est vital pour son

développement et social. Actuellement, seule la ville d’Ambovombe est équipée du réseau de

Télécommunication fixe de TELMA et du réseau privé ORANGE qui le mettent en contact

avec le monde entier à par Paositra Malagasy et Colis Express. En plus, il y a aussi des

installations faites par le réseau privé CELTEL qui va relier l’Androy tout entier, c'est-à-dire,

de Beloha - Bekily - Tsihombe et Ambovombe. Mais sa réalisation reste incertaine ; cela

dépend de la société. Au retour des données exactes faites par S.A.P, toujours dans la ville,

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seuls 5 d’entre eux jouissent du RESEAU TELMA. Le nombre d’abonnés enregistrés en

décembre 2004 remonte au nombre de 73 qui se répartissent comme suit :

Catégorie d’abonnés téléphoniques

Abonnés particuliers 56

Administration 09

Autres 08

Source : S.A.P Ambovombe

Pour les nouveaux branchements en instance, ils sont environ au nombre

de 100. Faute de matériel comme la carte CAD, câble, poteau, etc, l’extension de RPC pose

de grand problème.

Pour ce qui est de publiphone, il n’existe que trois (03) à Ambovombe alors

que c’est un chef lieu de région dit-on.

Comme déjà expliqué ci-dessus avons-nous avancé, la déficience

infrastructurelle ne nous permet pas de déterminer les divers obstacles qui entravent le Grand

Sud. Nous pouvons exposer deuxièmement que sur le secteur d’activité quant à Androy

particulièrement, sa part est encore archaïque si on ne va citer que les principales contraintes

de l’extrême sud Malagasy qui comprennent entre autre : le secteur agriculture, élevage,

alimentaire sur la persistance du KERE et les problèmes environnementaux sans oublier le

remarquable enclavement de la région notamment à la période de récolte.

II.- L’eau potable fait défaut dans la Région d’Androy

Si on parle d’Androy, tout le monde pense directement à l’absence d’eau

dans la région. « Nul n’est censé savoir que les habitants du grand sud de Madagascar, en

particulier ceux de l’Androy, sont fréquemment confrontés aux problèmes d’accès à l’eau

potable malgré les actions réalisées depuis des années pour y pallier, ce problème semble être

irrésolu et provoque des retombées, telles que les pandémies de plusieurs ordres sur la

population locale du coup, l’eau demeure toujours un bien rare.

Sur ce point, il s’avère que les habitants de l’Androy sans exception surtout

ceux d’Ambovombe Androy, sont privés d’eau pendant des années. Ceci étant, la citerne qui

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les approvisionne, est actuellement rouillée à cause de sa vétusté20». Par conséquent ils sont

obligés de choisir : soit parcourir à pied des kilomètres, soit au moyen de charrette pour se

procurer de l’eau qui n’est pas forcément potable. Or cette deuxième option n’est pas à la

portée de tout le monde et de toutes les bourses dans la mesure où la majorité écrasante de la

population vit en dessous du seuil de la pauvreté, les zébus « capital Antandroy » se sont

vendus à bas prix. Kere et soif obligent.

En effet, le seau coûte environ 1 000 Fmg à 2 000 Fmg voire même le double

ou le quadruplé dans certains localités comme la commune d’Ambanisarika. Quelquefois

même les femmes indisposées ne voient de quoi à se laver. C’est dur.

Face à cette situation, les habitants « du pays des épines » tout entier lancent

un appel d’urgence aux autorités compétentes. D’après leur programme macroéconomique,

d’ici 2015, 65% des Malagasy auront accès à l’eau potable. Or le temps passe, l’heure

s’envole, et 2015 s’approche. Va-t-on attendre la fin cette année pour faire sortir de cette crise

l’Androy ? C’est impossible. Bon nombre d’entités publiques ou privées tendent de résoudre

le problème tels l’A.E.S, F.A.O, Objectif Sud, C.R.S, J.I.C.A, …mais pour les Ntandroy, ce

ne sont pas des « vonje rano vaky » (solution tampon) car chaque journée commence par

l’éternelle question de l’eau. « Voilà des siècles que les Antandroy ont appris à vivre de cette

cruelle précarité21 ».

Section II

SECTEUR D’ACTIVITE ARCHAÏQUE

§I.- Les principales contraintes de l’extrême sud malagasy :

I.- Sur le plan agro-pastoral

A.- L’agriculture

1.- Dégradation et vétusté des infrastructures agricoles

On peut dire que le Sud Malagasy a une grande perspective sur le plan

agroalimentaire mais il ne fait exception à d’autres régions de l’île comme en Afrique.

Normalement, si le pays en développement comme Madagascar, Androy particulièrement, s’il

veut s’épanouir, s’auto satisfaire, il doit améliorer ce secteur car « ventre affamé n’a point

20 Tribune n°4658 du 21 Mai 2004. 21 La Gazette de la Grande Ile du 1er Septembre 2004.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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d’oreille » ; si on est rassasié, on peut tout faire même inventer une nouvelle technologie.

Cependant, les problèmes persistent comme la dégradation des barrages, des installations

agricoles, l’ensablement des ouvrages hydrauliques. A côté de ceci, la technique n’est pas

adaptée à l’agriculture. En plus, les problèmes du travail de la population est l’attachement à

« l’activité de subsistance 22» qui ne favorise pas le développement de l’agriculture ; la

faiblesse du rendement agricole entraîne le sous emploi et le chômage, une difficulté d’accès à

la terre.

Par ailleurs cette situation ne s’arrête pas seulement ici.

2.- Dépendance de la production agricole à des conditions

pluviométriques

La dépendance de la production agricole à la pluie est une lapalissade. Or les

épisodes de récurrence de précipitation sont fortement insuffisants, ce qui provoque la

sècheresse qui fait la mauvaise réputation de l’Androy. En outre, les ressources en eau

exploitable pour l’agriculture sont relativement insuffisantes, les infrastructures de gestion de

l’eau sont peu nombreuses voire même inexistantes. En plus, l’augmentation de la production

agricole n’est pas celle de la croissance démographique. Enfin, la faiblesse de la vulgarisation

agricole, la faiblesse de la productivité des sols, les spéculations, et les variétés et techniques

culturales peu adaptées au milieu sont le lot de l’Androy. Il est à souligner que 80 à 85 % des

Antandroy sont des agro-pastoraux.

Qu’en est il de l’élevage ?

B.- L’élevage

1.- Typologie :

Il existe beaucoup de type d’élevage à Madagascar tel : l’élevage

traditionnel, sentimental, l’élevage intensif et l’élevage extensif ou contemplatif. Ce dernier se

pratique partout dans le sud et le sud-ouest. Le cheptel constitue de richesse et de

reconnaissance. Par contre, l’élevage intensif ou moderne se localise surtout dans les hautes

terres et moyen ouest de Madagascar.

22 Existence de paysans sans travail faute de la terre.

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2.- Les problèmes sur l’élevage dans la Région d’Androy :

L’élevage constitue une ressource importante, mais son exploitation doit être

améliorée (l’état de santé, les points d’eau, les débouchés pour les produits de l’élevage,

l’aspect culturel …). Or les problèmes avons-nous dit c’est tout à fait le contraire et tous les

obstacles peuvent être résumés, dans l’aspect culturel parce que l’élevage contemplatif est

pratiqué pour un rendement significatif, le manque de soins et de nourriture et les vols sont

fréquents. Le but ultime est unique : des funérailles grandioses.

Des indicateurs nous montrent cette donnée psychologique :

- Possession de bétail bovin : 5 à 10 têtes en moyenne par ménage ;

- Principales contraintes à l’élevage : problèmes sanitaires, manque de pâturage,

manque de points d’abreuvement (source SIRSA) ;

S’ils sont ainsi les problèmes agro-pastoraux du Grand Sud Malagasy, quid

des problèmes nutritionnels ?

II.- Sur le plan nutritionnel

Sur cet aspect, nous voyons d’une part la précarité de la sécurité alimentaire

et nutritionnelle qui provoque d’autre par la persistance du KERE.

A.- La précarité de la sécurité alimentaire et nutritionnelle

1.- Facteur démographique

Certains économistes de développement ont avancé un diagnostic permettant

de déterminer le symptôme du sous développement à partir d’un certain nombre d’indicateurs

appelé « Critère de sous développement ». C’est une série de critère que l’on retrouve dans le

plus grand nombre de pays sous développés. Elle est caractérisée par deux aspects dont le

premier se base sur la démographie et le deuxième analyse les indicateurs sociaux.

Sur le premier point, dans l’extrême sud, le nombre total d’habitant est de :

550 180 dont la répartition est détaillé par le tableau ci-après :

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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N° Sous préfecture Habitant 1 Ambovombe Androy 267 242 2 Tsihombe 71 248 3 Beloho 76 515 4 Bekily 135 513

TOTAL 550 180

Source : donnés structurelles S.A.P Ambovombe Androy, 2005

Ce tableau nous montre que le taux d’accroissement démographique est de

3,5 % d’après le S.A.P. C'est-à-dire que la population d’Androy croît trop vite tout autant que

les « bouches » à nourrir. Cet accroissement remarquable peut avoir plusieurs raisons :

morale, culturelle, économique.

2.- Facteurs nutritionnel

Cette situation est le caractère le plus marquant et significatif du sous-

développement. Le niveau de consommation est caractérisé par l’insuffisance qualitative et

quantitative (carence alimentaire). Cette situation exerce un effet sur l’efficacité du travail et

produit un état de famine qui se manifeste à Androy sous l’égide du « KERE ».

Elle entretient une population mal préparée à œuvrer dans une économie

compétitive (de mondialisation par exemple).

La F.A.O (Food and Agricultural Organization) fait des études et même des

actions à travers le monde, y compris bien évidemment celle de l’Androy qui sont dans une

situation de sous nutrition et de mal nutrition sévères. Il est à souligner que la sous nutrition

est à différencier de la mal nutrition. L’une n’est rien d’autre que l’insuffisance de calorie

absorbée par l’individu à travers son alimentation. Elle se traduit par les famines (manque

totale de nourriture) ou disette (manque partielle de nourriture).

Selon toujours l’analyse faite par la F.A.O les besoins calorifiques d’un

individu varie entre 2 300 à 2 400 calorie par jour.

Par contre l’autre ou la mal nutrition c’est l’aggravation de la sous nutrition.

Elle se définit comme un déséquilibre alimentaire se caractérisant par une manque d’élément

nutritif comme le glucide, la protéine, le vitamine. C’est une déficience qualitative de

l’alimentation pouvant entraîner des incapacités.

En analysant cette situation peut-on demander, combien de calorie

consomme un Antandroy par jour ?

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Certes, on garde toujours l’espoir de sortie de ce problème crucial parmi les

deux tiers (2/3) de la population mondiale qui se trouvent en état de sous nutrition. Une entité

privée appelée SIRSA focalise cette insécurité alimentaire à Androy. Mais jusqu’où ?

Quelle en est alors la conséquence de cette triste situation ?

B.- La persistance du KERE

Si on suppose l’insuffisance des besoins alimentaires, la sous nutrition, la

malnutrition et tous les problèmes y afférent en sont des éléments, le KERE étant le grand

ensemble qui englobe tout. C’est le calvaire quotidien vécu par Androy. « Le pays des

épines » a souffert cette insécurité alimentaire depuis aux moins deux (02) siècles car c’est un

phénomène qui ne date pas d’hier. En revanche, jusqu’alors, les autorités compétentes ne

prennent au sérieux cette situation, cette pauvreté profonde, cette disette extrême car elles ne

proposent qu’une solution d’urgence, une solution tampon, non durable. La forte exposition

des ménages aux chocs, la capacité d’adaptation et la résilience faible puis la soudure difficile

en témoignent.

Voici les indications qui en témoignent :

- Potentiel alimentaire inférieur à 12 mois dans 39 % des communes,

inférieur de 7 mois dans 5 % des communes ;

- Durée de la période de soudure, plus de 6 mois en une année normale ;

- Principales stratégies d’adaptation : réduction du nombre de repas,

consommation de produits de cueillette.

En tout état de cause, tous les Antandroy ne meurent pas encore grâce à

l’aide sans arrêt du P.A.M, organismes des Nations Unies car pour eux, mourir de faim, c’est

une honte devant toute la société ou la Nation même.

Est-ce que les obstacles s’arrêtent-là ? Ils menacent aussi l’environnement et

la santé.

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§II.- Problèmes environnementaux et sanitaires d’Androy

A.- Les problèmes environnementaux

Dans le cadre d’un développement rapide et durable de notre pays qui en

longueur de journée, il parait que l’environnement semble primordial. En effet, la mise ne

œuvre des actions de conservation et de la protection va de pair avec le développement. Mais

toujours est-il que le compromis de ces deux contextes est difficile à maîtriser. C’est ainsi que

toutes les actions menées pour l’urbanisation d’une ville doivent considérer certaines

prescriptions environnementales. Or la pollution de l’environnement est très remarquable à

Androy, surtout dans le centre ville. Les principales causes sont la non gestion des déchets

que ce soient des déchets humains ou des déchets solides (différents types d’ordures,…) ou

des déchets hospitaliers. Puis l’évacuation des eaux usées, la pollution industrielle,

l’insuffisance d’espaces vertes et d’aires de recréation et la pollution de l’air empirent le cas.

La difficulté de la conservation et de la protection de l’environnement se

trouve être paralysée par les us et coutumes qui interdisent l’utilisation des WC23. La

commune d’Ambovombe par exemple, ne dispose d’aucun WC public. Par conséquent, « Le

gens urinent partout où ils veulent, au pied d’un arbre, face au mur, sur les « raketa » ou

même au bord de la route ». Mais nous ne pouvons pas dire que heureusement ou

malheureusement, l’épidémie de choléra en 2001 avait obligé le gens de chaque ménage à

construire un WC ; les Antandroy qui en construisent ne constituent que 60 % des ménages.

Il est à souligner que les déchets humains ont des effets néfastes sur

l’environnement urbain (même rural) dont entre autres :

- Pollution et / ou la dégradation du milieu et du sol ;

- La dégradation et / ou la destruction de la végétation par l’acide

urique ;

- La prolifération de certaines maladies et bactéries qui nuissent la santé

publique ;

- La pollution de l’air par l’émission d’odeurs nauséabondes.

Il faut remarquer que le taux de maladie diarrhéique est de 6,07 % en 2003 à

5,88 % en 2005. 23Garder ou rassembler les déjections est un tabou.

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Il est donc indéniable que ces pollutions de l’environnement ont des impacts

nocifs sur la santé, les quels ?

B.- Les problèmes sanitaires

Etant à la fois le chef lieu du District d’Ambovombe - Androy et de la

région, la zone d’étude est une zone de référence privilégiée en matière d’infrastructure de

santé avec un Centre Hospitalier de District niveau II (CHD II) et un Centre de Santé de Base

de niveau II (CSB II). Mais sur le plan infrastructurel, la Région d’Androy tout entière voire

Ambovombe, ne connaît pratiquement aucune remarquable évolution. La raison en est simple.

Etant donné que plus des 85 % de la population d’Androy sont des ruraux, leur milieu ne leur

permet pas de bénéficier des soins dont ils ont besoin. Cela veut dire que l’urgence dans la

région ne peut sauver la vie qu’au centre ville parce que, aller en charrette pendant des heures,

c’est trop. Marche à pied c’est le pire et le patient mourra en route. C’est fréquent. La

répartition des infrastructures hospitalières dans toute l’étendue du territoire Antandroy nous

sert d’exemple et nous prouve leur déficience.

District Antérieur En cours En perspective

Ambovombe CSB II : 3

CSB I : 1

CHD II : -

CHD I : 2

Tsihombe CSB II : 3

CSB I : 1

CHD II : -

CHD I : 1

Beloha CSB II : 6

CSB I : 7

CHD II : -

CHD I : 1

Bekily CSB II : 10

CSB I : 5

CHD II : -

CHD I : 1

Source : CHD I d’Ambovombe Androy, 2005.

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S’il fallait dire à propos de la faiblesse des infrastructures sanitaires

d’Androy, il est à souligner que c’est le paludisme qui cause la mort des 37.5 % des patients

selon les données du CHD II d’Ambovombe - Androy. A coté de ceci, la cherté de la vie est

un fait indiscutable dans la région, face à un pouvoir d’achat très faible.

Si nous avons cité les obstacles matériels au développement de l’Androy,

notre but ultime et notre objectif principal, ce ne sont pas du tout la récitation mais c’est de

proposer des solutions.

Rappelons que la raison d’être de ce travail comme nous avons déjà entamé

dans le chapitre introductif, ce n’est pas tout simplement d’exposer tous les problèmes qui

entravent le développement. En fait, tout le monde, plus précisément les Malagasy

connaissent cette situation déplorable vécue dans le sud mais personne n’arrive à le faire sortir

de l’impasse : la dégradation et de la décadence économique. En effet, les propositions des

solutions durables sont très salutaire pour que l’Androy vive son sort et améliore sa situation.

Quelles seraient ces solutions ?

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Chapitre II

SOLUTIONS AUX OBSTACLES MATERIELS

Section unique

LA CONSTRUCTION D’INFRASTRUCTURES

§I.- La construction de routes

L’une des raisons qui marquent l’enclavement de l’Androy, c’est son

infrastructure déficiente. En effet, il est vivement souhaité pour s’écarter des solutions

d’urgence de construire les deux (02) routes qu’y mènent appelées ironiquement RN10

(reliant Andranovory - Androy) et RN13 qui relient Ihosy et Fort Dauphin24. En clair, malgré

l’encouragement et les promesses de la part des dirigeants d’un développement rapide et

durable ce n’est qu’un rêve tarderait à se réaliser.

La construction aurait des effets multiplicateurs pour toute la Nation et pas

seulement pour une seule région. Prenons comme exemple le cas de la RN2 qui relie

Antananarivo et Tamatave. Il y a beaucoup des produits d’exportation comme les cultures

vivrières en provenance de Tamatave alors que sans ladite route, les deux pays seront isolés.

C’est un simple exemple mais nous constatons l’importance de la route pour toute la Nation

même si elle se trouve dans une seule localité.

L’établissement de liaisons entre les grandes agglomérations du sud, à savoir

Betroka, Andranovory, Fort Dauphin et l’Androy diminueraient la gravité du problème de

l’eau car il serait possible de s’approvisionner dans l’une quelconque de ces agglomérations.

§II.- L’irrigation et la mise en place d’autres infrastructures

nécessaires

I.- L’irrigation

Pour briser le cycle infernal de désertification qui s’avance de manière

inévitable, la réalisation des projets d’irrigation s’avère nécessaire pour reconstituer la

couverture végétale et réguler la pluviométrie en vue d’un véritable décollage économique du

Grand Sud Malagasy. L’Androy faisant parties des régions les plus fertiles de l’île et la plus

étendue, l’irrigation serait une aubaine pour cette contrée, périodiquement menacée par le

24 Tribune n°4658 du 21 Mai 2004.

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KERE. La raison qui explique cette priorité accordée à l’irrigation est l’impossibilité pour les

quatre Fivondronana à savoir Amboasary Sud, Ambovombe, Tsihombe et Beloha d’accéder

aux forages japonais. Tous les dirigeants de l’Etat Malagasy qui se sont succédés connaissent

l’éternel problème de l’eau qui sévit dans l’Androy, mais aucune solution durable n’a été

envisagée jusqu’ici.

II.- La mise en place d’infrastructures technologique et sanitaires

A.- Adduction d’eau potable

A l’heure où nous parlons, la majorité des Antandroy ne boivent que des

eaux de mares de couleur saumâtre et la galère continue de plus belle malgré les nombreuses

promesses des gouvernements successifs.

Il est à souligner que plus de 376 millions d’Africains n’ont pas accès à l’eau

potable. Face à cette situation la « Banque Africaine pour le Développement » a pris

l’initiative d’augmenter à 5 % ses investissements et son aide au développement pour

l’accession de tous les Africains à l’eau potable. Le Sud de Madagascar semble être oublié car

la soif d’eau potable reste durement ressentie encore dans nos jours.

B.- Electrification rurale, renforcement de la sécurité publique et

mise en place des technologies d’information

1.- Electrification rurale

La région d’Androy dispose beaucoup des énergies comme : les énergies

éolienne, solaire, etc,… mais leur exploitation est indéniablement irrationnelle voire encore

inexistante. Face au projet de Développement Commercial qui reste la base de l’organisation

décentralisée, en tout état de cause, l’électrification est d’une nécessité absolue.

2.- Renforcement de la sécurité publique

Le taux de criminalité de la région de l’Androy est encore en hausse. Or les

gardiens de la paix n’arrivent aux communes rurales qu’à chaque « Tsena » (jour convenu et

institutionnalisé pour les échanges). En plus, ils sont largement insuffisants (2 ou 3 à chaque

patrouille). En outre, tous savent que les réseaux des vols de bœufs se trouvent à Androy, une

capitale économique pour la région. Il est alors d’urgence d’assurer et de renforcer la sécurité

de l’extrême sud.

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3.- Mise en place des technologies d’information

Depuis l’accession à l’an 2000, tout le monde connaît les trois critères de

modernité de l’homme du troisième millénaire, à savoir parler l’Anglais, savoir manipuler et

maîtriser l’informatique, savoir conduire de véhicule. Ce troisième semble inévitable et

nécessaire pour tous les hommes qui prônent le développement dont l’Androy a besoin. Mais

cela nécessite des moyens même si l’initiative est là.

Sur le plan de la communication, les réseaux téléphoniques et les postes de

télécommunication doivent être améliorés plus qu’aujourd’hui.

II.- Reforme agraire intensive

Ici, nous partageons l’affirmation de l’économiste américain ROSTOW qui

explique le sous développement comme retard chronologique. Visiblement, l’Androy est très

en retard par rapport aux autres régions. Il s’avère alors primordial pour pourqu’il sorte du

KERE périodique de revoir la technologie employée à l’agriculture. Jusqu’à maintenant, les

matériels utilisés pour l’exploitation agricole sont ceux en usage à l’ère de SPARTACUS,

c'est-à-dire rudimentaires. Face à la politique macroéconomique du gouvernement actuel qui

promet la « révolution verte », nous saisissons cette opportunité pour l’Androy de bénéficier

de cette stratégie politique capable de faire sortir l’Ile de la pénurie alimentaire répétitive.

§III.- Rapprochement de la juridiction des justiciables

Pour une bonne justice équitable, exempte d’erreur, de corruption soucieuse

de la vérité, il est indispensable voire nécessaire, d’ériger un Palais de Justice au chef de

région de l’Androy, c'est-à-dire à Ambovombe Androy.

Par ailleurs vu les difficultés des Antandroy dans tous les cas et dans toutes

les circonstances, seuls les nantis peuvent ester en justice. Les paysans, les moins nantis,

trouvent inaccessible une justice éloignée de leurs villages. C’est le cas des juridictions

d’Ampanihy et de Fort-Dauphin ainsi que de celle de Tuléar.

Les solutions proposées ne sont pas une panacée. Ce ne sont que des gouttes

d’eau comparées aux autres solutions possibles. Ce ne sont que de grandes lignes, les minima

qui doivent être proposées pouvant répondre au grand problème chronique que constitue le

KERE.

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DEUXIEME PARTIE

EXPOSE DES OBSTACLES HUMAINS

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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A priori, l’analyse à partir des obstacles matériels, ne nous permet pas de

déterminer la pauvreté de l’Androy. Théoriquement et philosophiquement, ce ne sont pas

seulement les moyens matériels qui caractérisent et définissent la pauvreté parce qu’il y a de

« monde sans âmes ». Autrement dit, la question de psychologie et la mentalité engagent une

place très importante et figurent comme la condition sine qua non du développement réel

global. Dans le vif du sujet nous allons expliciter que certaines manifestations socio-

culturelles sont anti-économiques ; poisons pour le développement. Des changements plutôt

qualitatifs que quantitatifs semblent donc nécessairement impératifs pour que le

développement en tant que tel soit assuré.

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Il est essentiellement question de la structure de la mentalité et des

expressions de cette structure.

Chapitre Premier

L’ETAT DE LA MENTALITE ET LE FORT ATTACHEMENT

A LA TRADITION

Il est essentiellement question de la structure de la mentalité et des

expressions de cette structure.

Section première

L’ETAT DE LA STRUCTURE MENTALE DES ANTANDROY

D’aucuns affirment que la population active Antandroy manifeste de la

nonchalance, manque de vivacité. Mais la réalité est que visiblement la dépendance totale de

toute activité productrice par rapport à l’eau.

Ce qui revient à dire que les Antandroy ne doivent en aucun cas baisser les

bras. Ils doivent ardeur au travail s’ils veulent sortir du cercle vicieux de la pauvreté. Il nous

semble alors impératif d’analyser l’influence de la mentalité des autochtones sur les activités

génératrices de revenus dans le Grand Sud Malagasy et puis sur l’exploitation irrationnelle et

inefficace des richesses.

§I.- L’influence de la mentalité des autochtones sur les activités

génératrices de revenus

Etant donné que la définition du développement est la combinaison des

changements mentaux et sociaux d’une population qui la rend apte à faire croître

cumulativement et durablement son produit réel global, deux approches sont possibles pour

cerner l’idée de la mentalité en partant sur les emplois et les manifestations anti-économiques.

I.- L’emploi et les activités économiques de l’Androy

L’élevage et l’agriculture forment les activités dominantes de la population

dans la région d’Androy, occupant 80 à 90 % de la population. En effet, l’activité

agropastorale constitue la principale source de revenu de la population. Mais toutes ces

activités ne sont que des activités d’autosubsistance. A côte, l’artisanat, le commerce ainsi que

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la pêche exerce une importance toute aussi significative, mais la pêche ne concerne que les

habitants de littoral.

Sur le plan industriel, tous les acteurs économiques agissent timidement et on

peut dire qu’aucune entreprise ne fait la bonne réputation. Par conséquent le chômage, comme

ailleurs, persiste : seule la S.E.A.R (ex-PRONATEX) résorbe une infirme partie du chômage

dans l’Androy.

A.- Les activités économiques dominantes

1.- L’agriculture

Les Antandroy surtout les paysans pratiquent l’agriculture vivrière qui est

dominée par le maïs, le manioc, le patate douce ainsi que le dolique et le vohem. L’arachide,

l’haricot et les pervenches y sont des cultures de rente.

D’une manière générale, la production agricole présente une triple

destination à savoir l’autoconsommation des ménages, la semence pour les prochains semis et

la vente de produit agricole en vue d’acheter le cheptel.

Il est à noter que dans l’Androy, la riziculture n’existe pratiquement pas. Les

communes voisines l’approvisionnent comme : Ihosy, Betioky, Tsivory, Betroka et Toliara.

a.-Les cultures vivrières

Ce sont les cultures destinées à l’autoconsommation à l’inverse de la

culture de rente. Celles-ci pratiquées dans la commune sont reparties en deux (02) groupes :

- Les vivrières principales (maïs, manioc, patate douce) qui sont

l’alimentation de base des Antandroy ;

- Les vivrières secondaires qui sont les doliques et les vohem.

b.- Les cultures de rente

Les pervenches, le haricot et l’arachide sont des cultures de rente dans la

région d’Androy. L’arachide constitue la moitié du revenu tiré des cultures de rente pour

l’ensemble de la commune. Par contre, le haricot ne présente qu’un quart. La pervenche de

Madagascar, catharanthus roseus, est une espèce endémique de l’île. Elle s’adapte aux

conditions climatiques de l’Androy. En effet, la faible humidité suffit à faire pousser les

plantes qui ne demandent aucun entretien particulier. La pervenche ou le « TRONGATSE »,

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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selon l’appellation des autochtones, est exploitée pour des fins médicales : ses racines

possèdent un pouvoir thérapeutique anti-cancéreux et les feuilles un pouvoir sédatif et contre

la tension artérielle. Les feuilles et les racines de ce produit sont collectées par S.E.A.R (ex-

PRONATEX). Par déduction, selon la nature du sol, Androy est une région très fertile et

sableux (fasehina), ce qui ne nécessite pas du tout beaucoup d’effort physique pour labourer la

terre. Mais les Antandroy se laissent toutefois à l’indolence. Par ailleurs les produits cultivés

dans la région s’adaptent aux conditions climatique surtout la pervenche qui n’a pas besoin

d’une particulière conditionnalité. Il reste pour les paysans d’améliorer le rendement et la

qualité de ces produits.

Ce tableau ci-dessous montre les différentes sortes de cultures dominantes de

l’Androy plus particulièrement la commune d’Ambovombe à titre d’exemple selon l’enquête

exclusive de BIODIV, en Août 2005.

Situation de la production agricole dans la commune rurale d’Ambovombe

campagne : 2002 - 2003

Spéculation Superficie (ha) Production (tonne) Rendement (t/ha) Cultures vivrières

Maïs 1 060 3 180 3 Manioc 435 2 610 6 Patate douce 435 3 640 8,36 Dolique 747,5 1 129 1,5 Vohem 747,5 374 0,5

Culture de rente Haricot 10 3 0,3 Arachide 40 12 0,3 Pervenche - - -

A part ces produits indiqués au tableau, il convient de préciser que les

« raketa » et les « kinagna » ou le ricin sont aussi cultivés. Le premier est très nécessaire pour

les hommes pour ses fruits et aux animaux (cheptel) pour tout le reste, le deuxième a le même

cas mais d’importance capitale pour les hommes que pour le cheptel. Malgré tout, les criquets

et les rats noirs ravagent les cultures qui déçoivent les paysans.

2.- L’élevage

Plusieurs types d’élevage sont favorisés par les conditions naturelles de

l’extrême Sud de Madagascar comme : bovin, caprin, ovin et aviaire. Ce cheptel et ces

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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volailles occupent une place importante dans la civilisation du Sud ainsi que dans son

économie. Le type d’élèvage est extensif ou semi extensif. Mais voyez-vous ? Rien ne

change.

- L’élevage bovin

Quand on parle « zébus », les Antandroy pensent directement à toute

leur vie et réjouissent de leur « ROI ». Cela veut tout simplement dire que pour les Antandroy,

les zébus jouent un rôle social, économique et culturel très importante. Les perceptions

économiques et culturelles des paysans se focalisent sur la possession d’un grand nombre de

bétail, en particulier, les bœufs, considéré comme un moyen d’épargne et un signe de prestige

social. Mais, le principal obstacle sur ce secteur qu’il est pratiqué généralement non pas pour

assurer la propre entreprise des Antandroy, mais c’est le plan culturel qui gagne du terrain.

- L’élevage ovin et caprin

Les chèvres et les moutons appelés petits ruminants occupent aussi une

place très importante pour les Antandroy car ils ne touchent leur cheptel que le cas échéant.

Ce type d’élevage a surtout une importance dans les relations sociales (donation à un rôle de

marque). Ils sont facilement mobilisables pour être vendus.

- L’élevage aviaire

Les Antandroy pratiquent cet élevage pour satisfaire leurs besoins

quotidiens comme l’achat du sucre, savon, médicament, pétrole, café…La vente de dindes

permet quelque fois à chaque ménage pratiquement d’acheter de zébu.

- L’élevage porcin

En général, ce type d’élevage est pratiquement « faly » interdits pour

les Antandroy qui élèvent des zébus. En effet, peu de personnes élèvent des porcs que l’on ne

trouve que dans les grands centres urbains.

B.- Les activités économiques secondaires

Etant donné que l’Androy est une région côtière et vu la cherté de la vie, les

Antandroy se reconvertissent peu à peu à d’autres types d’activités jadis négligés autres que

l’agriculture et l’élevage.

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1.- La pêche

Les paysans du littoral se reconvertissent progressivement en pêcheurs

et des associations se sont créées récemment dans la région.

Les paysans vivant de la pêche dans la Région d’Androy sont localisés à :

Efahy, Ekonka, Esanta et surtout sur le Faux-cap et le cap Sainte Marie.

La quantité des produits halieutiques exploités est essentiellement les

langoustes et les poissons.

Le grand problème des pêcheurs est surtout l’enclavement des zones

littorales, ce qui limite considérablement l’écoulement des produits.

2.- L’artisanat

Depuis le 18ème siècle jusqu’alors, les Antandroy, surtout les femmes,

emploient leur propre fabrication à la vannerie, au tissage des rabanes et des nattes, à la

couture, etc,… Les hommes, de leur côté, font fonction de menuisiers, de charpentiers, de

maçons et de forgerons. Mais comme l’Androy est le centre de tous problèmes, sur l’artisanat,

les matières premières sont pratiquement indisponibles dans la région. Les artisans doivent

par exemple effectuer de longs déplacements afin de trouver de fibre pour la fabrication des

nattes, ainsi que les bois de construction. Il leur arrive d’importer des bois des autres

provinces. Ce secteur a une grande potentialité économique pour les Antandroy sur le plan

commercial et touristique mais il n’y a pas de remarquable amélioration et diversification des

produits.

II.- Les manifestations coutumières anti-économiques

Lorsque nous voyons les Antandroy, force est de connaître qu’ils ont leur

religion. Si nous admettons que l’idée de religion a évolué à travers les âges, les Dictionnaires

de religions de Paul POULARD 25 nous renseignent qu’elles concernent le rapport humain et

le sacré, rapport perçu à travers les rites différents. Pour le cas qui nous intéresse, il sera

question de savoir comment les Malagasy non chrétiens [tsy mpino, et non pas tsy mpivavake

(non priants)] du Sud se situent et se comportent envers le divin avec son extension envers

25 Dictionnaire des religions, P.U.F, 1984, pp 1421 - 1425.

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tout ce qu’ils reconnaissent comme sacré. Pour ce faire, quatre étapes sont proposées pour

essayer d’y voir clair.

Mais avant d’élaborer ces étapes, on se demande à partir de quand une

pratique ou un rite devient-il une tradition ? C’est une question très nécessaire pour les

Antandroy même pour les Malagasy jaloux de leurs traditions et réticents de ce qui ne l’est

pas.

Si donc le « fombandrazana » se définit comme l’ensemble des habitudes et

des sites passant de génération en génération pour envisager les grands événements de la vie

humaine, nous conviendrons que ces pratiques doivent remonter loin dans le temps, à travers

les siècles et les générations. « Nous constatons sur place que les non chrétiens du Sud

pratiquent trois formes de rite religieux :

- D’abord, il y a le sorogne (sacrifice) présidé par le mpisorogne

(détenteur de hazomanga) ;

- Puis le fagnafahagne (guérisseurs, devins, sorciers) ;

- Enfin, il existe le soloho (propitiation, demande de pardon).

A.- Les sorogne 26

Comme on a déjà dit, le sorogne est un rite Antandroy, dirigé par le détenteur

de « Hazomanga 27» ou le « Mpisorogne » pour demander, faveur de Dieu et des ancêtres. Le

mpisorogne doit rester tout le temps dans l’ANJOMBA (maison patriarcale) pour les

Antandroy équivaut d’un prêtre selon les traditions. Notons en passant que les Antandroy

croient à leurs ancêtres qui viennent leur précéder et ils ne connaissent l’existence de paradis

divin en dehors du monde de leurs ancêtres. C’est pourquoi, les Antandroy disent

« Zagnahare » ou « Razagne » leurs précédant. Mais il faut souligner que les ancêtres des

Antandroy doivent avoir satisfait les conditions nécessaires pour devenir ancêtres. La

condition sine qua non est le sacrifice, l’abattage de zébus pour honorer l’âme ; le respect des

procédures dès l’ « emboke 28» jusqu’au « lofo ». Les sources du sorogne pour les Antandroy

sont les pratiques orales ou le « lovantsofigne ».

26 NJARA Ernest, Le mal et la justice à Madagascar, présence Africaine 163/164, 2001, pp.11 et suivants. 27 Comme le temple à l’autre religion. 28 Rite d’abattage des zébus et communiqué de programme au « fanagnandrae ».

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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1.- Les différents sorogne selon les lieux (culte à Dieu)

- Le sorogne an-kazomanga (sacrifice devant les pieux sacrés) qui se pratique à

chaque clan Antandroy selon le tradition Antandroy ;

- Le sorogne an-donake (sacrifice au tombeau) mais ici seul le

Tsimahaivelogne29 est autorisé à officier un tel sacrifice ;

- Le sorogne am-pototse (sacrifice devant une souche), ce qui ne se fait

d’ordinaire que lorsque l’Institution Hazomanga est suspendue, ou tombée en désuétude alors

que le sorogne ne peut pas être abandonné pour autant, tout notable peut accomplir le rôle du

mpirosorogne dans chaque village.

2.- Les différents sorogne selon les circonstances

Il existe plusieurs cas qui peuvent intervenir à l’occasion du sorogne. A la

suite des gains considérables, les Antandroy offrent un sorogne. En outre, si des événements

malheureux surviennent comme l’emprisonnement, du « sorogne » doit également être

organisé.

Enfin, le sorogne peut être offert pour lier ou délier une tradition. Le but des

sorogne est univoque : demander la faveur de Dieu et des ancêtres pour le succès de ses

entreprises ou la prospérités de ses négoces.

3.- Les différents éléments d’un sorogne

- Tata ou prière d’intercession. C’est une demande de bénédiction faite par le

mpisorogne, demande de prospérité des requérants de tout clan : bonne santé de tout le

monde, de la descendance du bétail, prospérité de l’agricultures, élevage ; que les femmes

donnent des garçons (hotera-dahy, anake) ;

- Tsipe rano ou aspersion d’eau ;

- Tendre lio ou onction de sang ;

- Tsipe ou repas de communion : on mange ensemble le foie de l’animal

sacrifié que tout le monde doit avoir sa part30. 29 Fossoyeur ou Ministre de funérailles.

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B.- Le fagnafahagne

C’est un soin du corps humain ou des biens matériels assuré par les ombiasa

(guérisseurs, devins, sorciers) qui sont les maîtres des cérémonies, les officiants. Ils

déterminent les jours fastes ou néfastes pour les différentes entreprises. Les Antandroy

consultent plus l’ombiasa que les médecins, même s’il s’agit d’une fièvre car c’est au devin

guérisseur qu’ils croient. Selon un mythe local, après avoir crée le ciel et la terre, le Créateur

se retira de celle-ci et y désigna trois hommes pour l’administrer et pour dialoguer avec lui

toutes les fois qu’il voudra entrer en relation avec le monde d’en bas. Le premier ministère fut

confié au bien-être du mpirosorogne ou ministre des cultes qui prie pour le bien-être des

humains. Le second revint à l’ombiasa ou ministre de la divination, qui soignerait les malades

dans leur être et dans leur avoir. Et puis, enfin, le troisième fut attribué au Timahaivelo ou

ministre des funérailles pour enterrer convenablement les morts.

Les ombiasa, spécialistes de l’art divinatoire et astrologique, exercent des

rôles non négligeables chez le Ntandroy. Ils pratiquent toujours les « sikily » avant toutes ses

entreprises pour connaître les fastes et les néfastes.

C.- Le Soloho

C’est une demande de pardon et de propitiation dirigée par le « Jiny » ou les

maîtres possédés qui interviennent en cas de maladies ou de malheurs, sensés provoqués par

le « Kokolampo » c'est-à-dire, des esprits mauvais habitants les cavernes et les grands arbres.

Dans ce cas, les esprits prennent corps pour transmettre tous les messages et pour prescrire

toutes les recommandations utiles. Les Kokolampo font la terreur de la population dans les

régions non pénétrées par la foi chrétiennes. L’enfant qui sort le soir sans se munir d’une

bouse sèche de vache serait atteint de « Bepako » (le cheveu devient très crépu comme ceux

des « rastamen » ou sans frotter le front de cendre risque de tomber malade par « tambion-

dRaha » c'est-à-dire rencontre malheureuse avec « raha » qui n’est autre que le kokolampo.

De même, celui qui a commis un acte quelconque (siffler, lancer, faire ses

besoins) près d’un lieu de culte (fisolohoagne) consacré au kokolampo en sera puni d’une 30 Père BENOLO (François), La religion traditionnelle dans le Sud Malagasy chez les Ntandroy, Ambozontany. Fianarantsoa, 1996, pp.301 et suivants.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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maladie qui ne se guérit que par un rite d’expiation (soloho) et celui qui tue un serpent de type

boa de Madagascar ou bajigne (pelophilus madagascariensis) est exposé à des ennuis graves31.

Mais les croyances des Antandroy ne s’arrêtent pas là. Existe encore la

croyance au « faly ». Comme les autres populations de Madagascar, les Antandroy sont

astreints à des nombreux interdits. Il s’agit le plus souvent soit, d’interdits alimentaires, soit

même, de toucher ou de capturer certains animaux. De même certains arbres sont sacrés et il

sera impensable de les abattre. « C’est ainsi que la sagesse ancestrale a contribué à protéger la

nature ». Sans elle, il est probable que la tortue de terre aura disparu.

� Le destin du vintana figure aussi parmi dans les principales croyances

Antandroy, c’est pourquoi ils se procurent auprès de l’ombiasa à chaque entreprise voulue.

� Les rêves aussi en font partie qui n’est autre que la relation outre les

vivants et les morts qui recommandent leur souhait, insatisfaction, …

� Enfin le panthéon Androy dont les véritables divinités paraissent être les

ancêtres qui après une série d’étapes purificatrices et grâce aux sacrifices offerts en leur

honneur par leurs descendants sont devenus des saints tout puissants auprès du Grand Dieu32.

§II.- L’influence de la mentalité sur la richesse naturelle

A côté de l’indolence équivoque des gens du Sud qui fait partie des obstacles

majeur du développement, nous constatons qu’à part les activités agropastorales qu’on puisse

faire, on peut exploiter les richesses minières, forestières, de pêche et touristiques mais en

réalité qu’est ce qu’y se passe ?

I.- Les richesses minières

Pendant la IIème République, les gouvernants ont tenté de débarrasser les

Antandroy de leurs fiefs, mais ces dirigeants ont essuyé un échec. Ce qui revient à dire que

les Antandroy connaissent la nature géologique de leurs terres ancestrales.

Malgré les études faites dans le Sud, rien n’a mis en valeur la richesse du

sous sol de l’Androy, et les mines qui repandent dans toute l’étendue de son territoire.

31 Père BENOLO (François), op cit., 32 GUERIN (Michel), Le défi de l’Androy et l’appel à la vie, Lib. Ambozontany Fianarantsoa (Madagascar), 1977, pp.101 - 106

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Ainsi, qui parmi les Malagasy n’ont pas encore entendu le fameux

Andranondambo où tous les hommes à travers le monde se sont intéressés surtout les

milliardaires qui ont mobilisé leurs fonds pour ces richesses de l’extrême sud. En fait, les

géologues et les opérateurs économiques et tous les autres « profiteurs » ont engrangé maints

avantages, mais l’Androy reste confronté à de nombreuses difficultés. Pour quelle raison ? Ici

s’impose une nouvelle fois la question de mentalité. Dès que les Antandroy perçoivent

l’argent du « Saphir » ils le dilapident, gaspillent sans aucun souci d’accroître son économie.

Sont oubliées les souffrances endurées pendant la recherche du trésor. En plus, on quitte

directement les fosses où l’on a pu trouver du saphir, on détruit la surface sans avoir la

remettre à son état original et l’exploitation reste irrationnelle et inefficace. Rien ne change

comme si de rien n’était dans l’Androy.

En outre, où se trouve le cochenille (pondifotsy), le mica, et le saphir

d’Ilakaka si ce n’est dans l’Androy ?

Actuellement, il y a un nouveau lieu d’exploitation à Behabobo au Nord de

TRANOROA où toutes les tribus tentent leurs chances et les Antandroy y restent majoritaires.

II.- Les richesses forestieres

Jadis, plus de 2/3 de la superficie de Madagascar étaient couvertes par la

forêt. Androy aussi a vu son immensité territoriale dont la surface a été ornée par trois

catégories de forêts : la forêt d’altitude formée par la forêt primaire, encore vierge, la forêt

intermédiaire formée par la densité du bush xérophytique, les formations buissonnantes aux

formes étranges de la famille des DIDIERACEAE, les espèces de genre d’Euphorbia, etc..

Enfin des lambeaux forestiers éparpillés avec les « RAKETA » : les monjola, le hafodramena,

mais, hélas ! Androy se transforme en zone semi-désertique et va bientôt devenir un désert.

Pourquoi ? Même un milliardaire s’il n’emploie son fonds, risque de devenir un misérable

pauvre, cela veut dire qu’Androy continue à défricher et a brûler pour cultiver, abattre les

grands arbres pour construire des cases des charrettes, sans reboiser, sans arrêter a pratiquer le

« oro-hatsake » c'est-à-dire le feu de brousse. La forêt de l’Androy caractérisée par

l’endémisme de ses arbres risque de perdre sa réputation et beaucoup d’arbres sont dorénavant

en voie de disparition voire disparu, les grands arbres n’existent plus. Mais si les Antandroy

n’apprennent pas à protéger, la vie va leur apprendre le pire car l’exploitation forestière se fait

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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d’une manière inconsciente et irrationnelle. Est-ce que la vie à Androy se déguste comme le

fruit des raketa sans se soucier des épines ? Où seront les forêts descendants ?

III.- Les richesses animales, le cheptel bovin

Quid à Madagascar ou plus particulièrement dans l’Androy ne connaissent

que les gens et les zébus sont tous parents proches ?

Remarquablement et exactement, tous savent que les zébus ont une valeur

capitale pour les Ntandroy ; « Les bœufs sont ROIS 33». Comme on dit « Longo ty Ntandroy

ty raketa » ; les bœufs sont les plus attachés, ancrés même sur le plan psychologique,

philosophique et dans toutes les circonstances, a part des chèvres et des moutons qui sont

élevés dans la région. En un mot, quoi qu’on dise, quoi qu’on commente, le zébu et les

Ntandroy sont étroitement parentés, c’est pourquoi, pendant toute sa vie, les Antandroy font

tous les moyens pour avoir des bœufs si non, ils risquent de ne pas être enterrés dans le

tombeau familial et ancestral.

Benjamin VALVERDE et Thomas Honoré à juste titre, ont relevé que la

royauté Merina et la colonisation Française ont toujours remporté la victoire car : « un

premier coup fit vaciller la résistance Antandroy lorsque l’armée s’en prit à leur bien le plus

précieux, le zébu. Car c’est toute leur culture qui gravite autour de cet animal. Privé de ses

bœufs, un Antandroy n’a plus sa place parmi les siens. Il perd ainsi sa raison de vivre qui est

d’accroître à tout prix son cheptel pour acquérir prestige et reconnaissance aux yeux de ses

voisins, pour répondre au but ultime de son existence, posséder pour ses funérailles plusieurs

dizaines de zébus à égorger et autant de bucranes à déposer sur son gigantesque tombeau, puis

devenu enfin un ancêtre honoré ». Car c’est vrai que « celui qui meurt sans laisser un seul

zébu est la honte et l’humiliation de sa famille».

Aujourd’hui encore, la vie n’a pas d’autres priorités que cette quête aux

zébus. La souffrance quotidienne, la faim, la soif importe peu, car la richesse et le prestige ne

viennent que si l’on a des zébus. Et il est courant de rencontrer un vieillard agoniser dans une

misérable case, refuser de vendre une des ses nombreuses bêtes pour s’offrir aux soins d’un

médecin, préférant mourir avec tous les zébus à sacrifier pour ses funérailles. C’est ainsi que

les Antandroy acceptent la rude vie de cette région.

Mais qu’en est-il des autres ressources ?

33 GUERIN (Michel), Le défi de l’Androy et l’appel à la vie, Lib. Ambozontany Fianarantsoa (Madagascar), 1977 pp.5.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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IV.- L’influence de la mentalité sur les autres ressources

A.- La pêche

Les Antandroy n’ont pas la vocation de pêcheurs comme les vezo voisins.

Mais si les vivres n’arrivent que trop rarement par la terre, ils n’hésitent pas à aller les

chercher dans la mer. Faux cap, un monde au bout du monde est un village de l’Androy, plus

précisément dans le District de Tsihombe, la pointe.

La plus australe de l’île avec le cap Sainte Marie, il ne reste que l’immensité

de l’océan pour séparer la fournaise de l’Androy du monde glacial de l’Antarctique : « Une de

cette extranéité de la planète où les éléments s’affrontent et dictent leur loi aux quelques

hommes et cactus (RAKETA) encore agrippés à ces ultimes dunes. Une nature rude qui force

à l’humilité, pareille à celle d’un roman du chilien Coloane version Madagascar ».

La richesse maritime de l’Androy est encore abondante, mais elle requiert

une préservation et une protection car cela fait une récente période que les Antandroy

pratiquent la pêche. Mais déjà, les différentes sortes d’aquatiques sont menacées de

disparition à cause des trafics illicites à destination de l’étranger. Ce pillage et la contrebande

menacent le patrimoine archéologique du Grand Sud.

B.- Le tourisme

Toute société a besoin de merveilleux et le mythe du bon vieux temps

agrémentera notre voyage dans le coin perdu du bout du monde.

Tous ceux qui connaissent ou non l’Androy, le retrouveront sans doute en le

découvrant. Les touristes particulièrement verront l’Androy s’ils veulent. Ce ne sont pas

seulement les plantes luxuriantes, les jardins splendides, les arbres magnifiques ou les enclos

du paradis qui méritent le tourisme. Bien au contraire, les espèces faunistiques et floristiques

de l’Androy sont aussi méritantes. Des lieux aux gens du pays des épines gagneraient à être

visités comme la plage de Beanike, plage de Faux cap, les musées Antandroy à Berenty à

Amboasary Sud, les places archéologiques…. Ici nous osons dire que Michel Guérin a bien

raison d’affirmer que le pays des épines est « pour l’ethnologue, c’est le paradis de la

recherche, pour le médecin, c’est le pays des guérisseurs réputés capables de soigner la rage et

des meilleurs connaisseurs des filtres d’amour, pour les missionnaires c’est l’univers de la

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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sacralité où les religions importées ont du mal à s’implanter. Pour le poète, c’est le monde du

rêve, de la fantaisie et de la méditation, monde qui permet de donner sens à la vie face à la

nature hostile, où tout parle de luttes de souffrance et de mort ». Et nous continuons que pour

les touristes, c’est le monde de la découverte. Il reste alors aux Antandroy de cesser leur

hostilité.

V.- L’influence de la mentalité sur l’éducation

A.- Le taux d’analphabétisme élevé et le faible taux de

scolarisation, conséquences directes

1.- Le taux élevé d’analphabétisme

Par syllogisme, l’éducation est l’un des facteurs du développement, ce qui

n’a pas fréquenté l’éducation est donc pauvre (n’est pas développé). C’est vraiment le cas qui

sévit au Grand pays des épines.

Partout dans tous les quatre coins de l’Androy, les rencontres avec les

personnes analphabètes ne sont pas les fruits du hasard. Cette situation s’aggrave surtout en

milieu rural où l’on trouve rarement une personne en mesure de rédiger un « passeport 34». En

effet, plus de 89 % des gens ne savent ni lire ni écrire comme les communes d’Ambomaivo,

Ambanisarika, Erada, …ou même dans les communes du Chef lieu de la Région

d’Ambovombe Androy. Le cas est alarmant concernant les personnes âgées moins de 30 %

savent lire ou écrire l’alphabet A, B, D.

Le taux se trouve diminuer chez les générations montantes dont la plus part

sont alphabétisé.

Sur la question de sexe, les hommes ont de bonnes statistiques aux femmes.

La cause de cet sévère analphabétisme est que les aînés ont eu peur d’envoyer leurs enfants à

l’école de crainte des « vazahampakafo 35» ou si leurs enfants finissent leurs études, ils

changent de mentalité pour ne plus revenir dans l’Androy, désireux de devenir « vazaha » et

ont honte de ses « longo » et parents36. Par ailleurs, ils n’ont pas voulu envoyer loin (car il n’y

avait de la classe auparavant aux Fivondronana) leurs enfants à l’école car ils doivent puiser

34 Carnet qui contient le visa du Chef de Village approuvant la régularité / légalité des bêtes à vendre. 35 Les étrangers blancs mangeurs ou trafiquant d’organes. 36 Voir Histoire de Bemamba.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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de l’eau avec la mère de famille sans les filles, ou garder les bœufs « rois » des Antandroy

sans les garçons ? ou sarcler au champs avec « rangahe » ? (père de famille).

Actuellement, compte tenu que « fa mazava ty andro 37» les Antandroy

envoient leurs enfants à l’école mais le taux de scolarisation reste faible.

2.- Le faible taux de scolarisation

En rapport logique avec le premier point déjà évoqué, ce ne sont pas la

totalité des Antandroy qui constatent, qui sont conscient actuellement que les études sont une

inévitable nécessité dans la vie selon leur slogan « AMPIANARO AVAO TY ANAKE ». La

sonnette alarmante et le créneau ne viennent pas encore à la profondeur de la campagne ou

par contre la pauvreté se permet pas de faire ce que les personnes font. Même si la volonté et

l’intention sont là, les moyens leur manquent. La faiblesse du taux de scolarisation est due à

un faible taux de fréquentation scolaire, à un taux de redoublement élève et au taux

d’abandon.

Les causes principales de ces phénomènes sont diverses.

- Au niveau des enseignants

On constate l’absence fréquente due aux funérailles, la pauvreté persistante

pour les natifs, le manque de prestige envers la société.

- Au niveau des parents d’élèves

Pour les parents, la scolarisation est une lourde charge car payer les frais

afférents (écolage, les fournitures, …) est insupportable pour un foyer qui a jusqu’à huit (08)

enfants au moins. Par ailleurs, l’absence de motivation des parents à scolariser les enfants est

un fait indéniable.

3.- Au niveau de la société :

La diminution progressive du nombre d’intellectuels, la pauvreté persistante

et le gaspillage improductif sont des réalités persistantes dans la région de l’Androy. Par

conséquent, cette situation a des répercussions graves pour l’Androy voire pour le pays dues à

la persistance d’un mode de vie traditionaliste, à l’évolution économique très lente, à

l’élévation du taux d’analphabétisme. Finalement, se trouve aggravé le décalage entre le riche

et le pauvre pour oublier l’Androy. 37 Le jour est clair littéralement ; vue l’importance de l’éducation.

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B.- La dominance des non originaires, conséquences indirectes

Les Antandroy, avons-nous avancé, ne sont pas du tout incités, envoyés leurs

enfants à l’école contrairement à d’autres régions. Cela sous entend que si on ne dispose

d’intellectuels, on manque d’hommes qui puissent gouverner ou administrer. C’est la raison

pour laquelle les étrangers 38 ou les non originaires gagnent du terrain. Actuellement,

l’insuffisance en intellectuelle va en s’estompant. Plus précisément, le manque des

intellectuels diminue progressivement face à un effort de scolarisation. Mais pour l’heure, ce

sont toujours les autres, non originaires qui administrent les grandes agglomérations dans le

sud. Or qui dit étranger dit, monopolisation de richesses, exploitation des richesses à des fins

personnels bénéfices de la famille d’origine. A titre d’illustration, si on fait une petite

parenthèse, sur le plan politique, ce sont les non originaires qui se sont succédés au poste de

chef de région. Dommage ! Comment peut-on imaginer une autorité puisse développer une

région qu’ignore complètement alors qu’elle n’a pas vécu la soif et la faim, principales

difficultés de la région ? Cela ne peut être qu’un obstacle au développement.

A côté de ces tares, relevons pour finir, les conflits inter claniques.

C.- Les conflits inter claniques

Les obstacles d’ordre humain ne s’arrêtent pas à la dominance des non

originaires et à la faiblesse du taux de scolarisation, les conflits inter clanique empirent la

situation. Les Antandroy, s’entendent rarement entre eux, ce qui entraîne des divergences et

de désintégration ou dépérissement de la communauté de base. Les causes principales de ces

problèmes peuvent être un « Aly lalam-bey 39», la jalousie (dépit envieux ressenti à la vue des

avantage d’autrui), le « fagnito 40».

Convaincus entre eux de ne plus s’entraider, de ne plus se préparer les

funérailles des uns et des autres, ils se jalousent.

Cette situation se manifeste sous diverses formes : on se livre au vol des

bœufs, « mifanoreke 41», la période de « mifagneke 42» n’est plus qu’un souvenir très éloigné ;

38 Nationaux mais venant d’autres régions. 39 Concurrence entre les cousins ou voisins sur le plan cheptel, agriculture, qui tourne à une querelle, rivalité

des membres defamille. 40 Mésentente entre mpilongo qui se sont surtout sur la richesse bovidés. 41 Ils s’appliquent entre eux des gri-gri en provenance des ombiasa, devin guérisseurs.

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Cette querelle entre clans présente des impacts négatifs sur le plan

socioculturel, mais aussi et surtout, sur le plan économique parce qu’il n’y a plus de

collaboration, d’entraide, de Hazomanga, …. et le « filongoa » automatiquement fait défaut,

tout au contraire de la sagesse Malagasy « Ny firaisankina no hery 43».

On a vu que sur le plan social, les Antandroy connaissent plusieurs dérapages

ce qui les obligent à racheter, ou à ajuster ce dérapage.

Section II

LES QUELQUES AUTRES EXPRESSIONS DE LA STRUCTURE

MENTALE DES ANTANDROY

A Madagascar, il y a traditionaliste, s’attachant la coutume traditionnelle, les

Antandroy même s’ils ne seront pas les premiers seront les second. Pourquoi ? Nous retenons

trois points distincts pour répondre à cette question :

§I.- Le zébu est le centre de la culture des Antandroy

Nous prêtons directement cette conviction de Benjamin VALVERDRE et de

Thomas HONORE pour dire que sur le plan culturel, les Antandroy, les zébus sont encrés

dans leur tête comme être supérieur. Alors étudions tout ce qui concerne les zébus selon la

conception et la philosophie Tandroy.

A.- Description de l’omby gasy et le troupeau

« Le zébu gasy est de taille moyenne (de 1,25 m à 1,35 m) est un animal peu

précoce atteignent le poids 300 Kgs vers 6 à 7 ans et peut dépasser le 700 Kg s’il y a de plus

grand. L’omby gasy se distingue des races européennes par sa bosse, sorte de loupe graisseuse

situé au dessus du garrot avec la tête fine et courte, les cornes bien ouvertes et de taille

moyenne, le cow grêle avec un fanon très développé, la poitrine très ronde, un peu plaqué vers

les épaules ….», 44

42 Auparavant si monsieur X, veut sarcler toute l’étendue de son champs, il contacte tous les voisins des

plusieurs villages pour l’aider sans leur payer mais préparer seulement un repas ensemble, et tout est fini dans une journée.

43 L’union fait les forces. 44 Luigi ELLI, Une civilisation de bœufs, les Bara de Madagascar, Ambozontany Fianarantsoa.

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Le cheptel de la région d’Androy est estimé de 922 936 en 1971 à 773 719

têtes en 1972. Les questions sur le nombre des bœufs excitent la méfiance des Tandroy et ne

reçoivent que des réponses évasives, approximative ou même ouvertement erronées.

Pour l’ensemble du « Sud Malagasy », qui comprend en plus du pays

Tandroy, les pays Bara, Mahafaly, Tanosy et Menabe nous donne une estimation pouvant

aller jusqu’à deux millions de têtes de bovidés en 1972

B.- L’élevage traditionnel

Pour les Ntandroy, la véritable richesse est le troupeau et la seule occupation

qui rend riche est de la garder et de l’accroître : il n’a donc qu’une valeur matérielle car les

Tandroy désirent l’accroître sans se soucier de la valeur qu’il représente en lait, en cuir, en

viande, os, … : c’est la pratique de l ‘élevage extensif. Les Tandroy ne sont pas convaincus

qu’une personne est riche en ayant a un Mercedes Benz dernier cris s’il n’a pas de zébu. Si

elle a plusieurs têtes de zébus, en ce moment là elle est « Mpagnarivo » et « manan-

kareagne ».

- L’enclos à bœufs

Quelle que soit la saison, les bœufs sont enfermés la nuit dans des enclos, ou

parcs (vala, zoloke) clôtures par des pieux enfonces dans le sol, l’enceinte est doublée d’une

rangée de sisal (setra, laboasy) ou des RAKETA. A l’intérieur de ces enclos, on peut trouver

des enclos plus petits (valan-tsarake) destinés à recevoir les petits vaux (sarake) pendant la

nuit.

- La journée du pasteur ou du bouvier

Que ce soit « Asara » (Décembre - Avril) pendant la saison chaude, ou

« Asotry » (Mai - Octobre) où survient le FAOSA, saison sèche et froide, les « mpiarak’andro

ou mpiarak’ambe ou mpiarak’agnombe) finissent leur journée à la garde des troupeaux. En

Faosa plus grave, les pasteurs doivent brûler des raketa pour se débarrasser des pointes.

Pendant toute la journée on reste au champ et ils connaissent les graines et les fruits qui

calment la faim, la soif et la douleur ; ils savent éviter les manguiers peuplés de mauvais

esprits.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

58

- Les maladies du bétail et les traitements, la castration

Le Besoroka, l’ « ampare » , le raboka, …sont les maladies du bétail.

Toutefois, les Tandroy n’arrivent pas à vacciner leur bête malgré l’incitation de

l’Administration pour plusieurs difficultés et par méfiance de la part des gens.

Quand le vécu est sevré, il peut déjà être châtré, mais souvent la castration

(famosiragne) se fait entre 2 à 4 ans.

- Charmes et interdits

Les charmes (togne) sont plantés au milieu du parc pour protéger les bœufs

des maladies, protéger le groupement de l’arrivée des ennemis et des voleurs. En cas de

danger le « togne » est censé prévenir en songe quelqu’un du groupement. Le togne peut être,

un « vatobey » (grosse pierre), un vanogne (aloès), un « lambankoake », ou un gros poteau

planté au milieu du parc. La fonction du togne est aussi de favoriser l’augmentation du

troupeau (fandrorota = action d’augmenter45).

Tout cela a des interdits (le fandrorota et le togne) composé par le même

magicien, avec les même poudres et il a la même formule de conservation. Les interdits sont

presque les mêmes, nous pouvons citer les suivants :

- On ne peut pas employer le « fatra » comme bois de chauffage ;

- On ne porte pas de chapeau dans le parc par respect à l’égard du bétail ;

- Si la calebasse pour la traite se casse, on doit la jeter dans le parc et non

pas ailleurs. On ne lave pas le jeudi et le samedi ;

- On ne doit pas brûler le « tombon-joloke », un pieu servant du parc ;

- On ne frappe pas les bœufs avec du « sagniragne » ;

- On ne mélange pas le lait avec du sel, si non le pis de la vache se

gerce ;

- Si le lait bouillant déborde sur le feu, il faut arroser d’eau les trois

pierres du foyer sous peine de voir les tétines des vaches se craqueler ;

45 ELLI Luigi, Post scriptum.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

59

- On ne doit pas porter du feu derrière le troupeau ;

- On ne doit pas porter de la marmite derrière le troupeau ;

- On ne peut pas les faire tournoyer la corde servant à traire les vaches.

Il faut souligner que le pasteur doit connaître les couleurs de la robe des

boeufs les traces de sabots, la voix, …de ses troupeaux. A l’âge de 7 ans un garçon peut

garder seul le troupeau ou les veaux. En outre, il faut souligner que les boucles d’oreilles ne

sont pas nécessaires pour les troupeaux des Tandroy, le « vilogne » (oreilles taillées en

blasons distinctifs) selon les clans dont à gauche le signe du clan, à droite, c’est le blason

familial.

- Le DINA 46et le bœuf :

Le DINA (Droit coutumier) est une loi, justice coutumier, en cas de crime, la

peine consiste invariablement en amendes payables en bœufs. En cas de vol, un bœuf volé est

payé en 3 s’il est encore en vie, en 4 s’il est déjà abattu ou vendu par le voleur. Si ce dernier

n’a pas de bœuf pour payer, ses frères, parents, tous ses proches doivent payer le nombre de

bœufs requis, …

Cette consécration coutumière se trouve être en contradiction flagrante avec

la règle de la responsabilité pénale qui ne saurait être collective : La peine ne peut être en effet

infligée qu’au seul délinquant coupable. C’est le principe.

Cependant, cette responsabilité collective n’est pas sans application dans le

Droit positif Malagasy. En effet, elle est consacré par l’Art 15 de l’ordonnance 60-106 du 27

Septembre 1960 relative à la répression de vole de bœufs ainsi libellé : « Seront déclarés

civilement responsable et sont condamnés solidairement à la restitution des bœufs volés ou au

remboursement de leur valeur quand il aura été retenu à leur encontre une faute en relation

avec l’infraction émise, les fokonolona ».

Il est à noter que le Fokonolona a le rôle d’O.P.J avant le transfert du PV aux

autorités compétentes. Il peut procéder à l’enquête des gens du village où demeuraient

habituellement les coupables, du lieu où les animaux dérobés auront été trouvés et à l’endroit

où les traces des bœufs volés auront abouti par le biais du « Tinondia » (poursuite des traces

de bœufs jusqu’à la trouvaille des troupeaux). 46 NJARA (Ernest), Les DINA, Fandriampahalemana, Droit et Cultures n°26 / 1993, édition l’Harmattan, pp.221 - 234, cf. également, présence Africaine n°163 / 164 pp.13 - 14.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

60

En outre, le Fokonolona, le cas échéant si les voleurs ne sont pas pris en

flagrant délit on si on n’arrive pas à identifier les voleurs, on procède au « sangy » (type de

prestation de serment de tous les hommes susceptibles de voler) en agitant le « Kelemena »

(hache spéciale pour le sangy).

Quelque fois, si les voleurs ne sont pas pris en flagrant délit et rejette

l’inculpation, on procure au « SANGY » (sorte de prestation de serment) en agitant le

« Kelemena » (hache spéciale pour le sangy).

- L’emploi des dépouilles

Du corps des bœufs, rien ne se jette, on fabrique avec sa peau du kotrogne

(petite trousse), de la ceinture, de la fronde (piletse), du hana (sandales), de satroke holitsena

(bonnets).

Les bucranes des bœufs tués lors des funérailles sont placés tout au long du

pourtour du tombeau pas comme les Bara, Mahafale, voisins des Tandroy47.

Les viandes sont bien entendus, mangés, les os du ranomena (eau rouge).

C.- Les vols de bœufs :

Réprimés par l’ordonnance 60-106 du 27 Septembre 1960, les vols de bœufs

ne sont pas prêts de disparaître dans l’Androy.

Les vols de bœufs (Halats’agnombe) sont une contrainte dans la tradition

Tandroy. Il faut reconnaître que les propensions des Tandroy avec vols ont été soit exagérée

soit absolutisée, comme si tous le Tandroy étaient des voleurs et qu’il n’y avait pas de voleurs

que les Tandroy. Or seul le nom de Tandroy est synonyme de voleur et de bandit de grand

chemin (Malaso ou dahalo). Il y a aussi et surtout des Bara principaux acteurs des Ntanosy,

des Tesaka, des Betsileo.

Les motivations et les causes des vols sont multiples : pour le Tandroy le

bœuf est la seule véritable richesse et la taille des troupeaux contribue presque exclusivement

à mesurer la notoriété d’un homme et son importance sociale, et l’on comprend aisément que

se procurer le plus possible de bœufs, et cela par tous les moyens, puisse apparaître chez

certains Ntandroy comme une priorité absolue. Voilà les motivations « sentimentales » du vol.

47 RANDRIANARISON (Jean), Les bœufs dans l’économie rurale de Madagascar, I, in. M/car Révue de Géographie, 28 (Janv – Juin 1976), pp.9 - 11.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

61

En outre, le vol des bœufs est un sport pour les jeunes afin d’attirer l’attention des filles. C’est

un signe de virilité que d’être emprisonné pour un acte semblable et encore plus que de réussir

alors à s’évader. Certaines personnes d’autre fois arrivent à dire aux ascendants que ceux qui

n’ont pas encore volé de bœuf n’aurait pas de femme et ne gagnerait pas sa vie. Cela veut dire

que le vol de bœufs est un acte valorisant pour un Tandroy, facteur de valeur sentimentale.

Au-delà de ces motivations « nobles » du vol, il y en a d’autres qui le sont

beaucoup moins : la jalousie, l’envie, la rancune, la vengeance, la haine, le tribalisme, le désir

d’avoir d’argent pour pouvoir se divertir avec les femmes, l’achat de « toake 48», d’une arme à

feu, …

Il paraît alors que l’Androy est le pays des « Vendetta ». Chaque clan essaie

de récupérer ce que l’adversaire lui a pris et se font des expéditions continuelles, pour se voler

des femmes, des bœufs, des armes,…

Aujourd’hui le vol de bœuf est devenu une véritable entreprise commerciale,

un enjeu politique assurés par des bandes organisées dirigées par des « respectables »

patrons…

§II.- L’importance de la cérémonie funérailles pour les tandroy 49

La vie des Antandroy est penchée surtout aux funérailles.

B. VALVERDE et T. HONORE sont plus explicites lorsqu’ils affirment que

« toute sa vie on prépare ses funérailles et son passage vers le monde des ancêtres ». Si toutes

les cérémonies, de la circoncision jusqu’au mariage, rythment la vie et scient l’intégration de

tout l’Antandroy à son peuple, les funérailles sont sublimées par la communauté : de cette

cérémonie dépendra le passage du défunt vers le monde fascinant invisible qu’est le monde

des esprits.

Tous ont parcouru pendant plusieurs jours la fournaise de l’Androy,

délaissant leurs tâches quotidiennes, pour honorer la réputation de leur clan à cet événement.

Pendant des longs mois ou des années, le défunt est gardé, en attendant les membres de

famille lointaine, ou en attendant qu’il y ait de zébu si le défunt n’en a pas parce qu’on ne

peut pas inhumer sans au préalable immoler un ou des zébus ou pour être sur de ne pas

48 Alcool traditionnel à 90° de fabrication artisanale.

49 MOLLET (Louis), Les bains royal à Madagascar, explication de la fête Malagasy du Fandroana par la coutume disparue de la manducation des morts, Tananarive, 1956, pp.5 et ss.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

62

enterrer vivant le défunt. Pendant la cérémonie, on accueille les invités, on donne de

« famahagne 50» à ceux qui ont apporté leur « enga ».

A côté, le « poabasy » (le coup de feu) ne s’arrête pas, les « saïry »

(chanteurs) continuent leur « Beko », racontant la vie du défunt, vante sa famille, ….

Il peut y avoir en ce moment là de gendre qui « mandia vay » (épouse la

famille du défunt,…) mais ça n’empêche pas le « tsinjake 51» au nom ou « tahina 52» du

défunt et le « langoro 53».

Ici, c’est tout l’honneur d’un clan qui se joue à grands coups de cornes au

milieu de la foule. Sous leur chapeau, les hommes, fiers, lancent des regards aussi tranchants

que leur sagaie. Ils se vantent de leur richesse surtout agropastorale (mitregne). Les femmes

arborent des chefs d’œuvre de coiffure, et agitent leur plus beau « lambahoany ». Le « toake

gasy » à 90° est omniprésent. Des kilos de viandes, mais pas de festin : ce qui compte, ce sont

les cornes que l’on pose sur le tombeau avec les « aloalo » en bois. Pas de tristesse puisque le

défunt n’est pas perdu pour les vivants, il est devenu un esprit, le but ultime de tout

Antandroy. Sur le cercueil, des lambamena et des miroirs qui forceront l’esprit effrayé d’y

voir son reflet, à quitter le corps du défunt. Enfin l’entièrement est terminé.

§III.- Problèmes sur le mariage

Sur la question de mariage, les Antandroy sont comme tous les Malagasy

mais quelques points leur différencient :

A.- La polygamie de fait

A part l’immolation de plusieurs têtes des bœufs à l’occasion des funérailles,

les Antandroy se caractérisent par la polygamie. Apparemment, les personnes qui entendant

ou qui voient disent que les Antandroy sont égoïstes ou aiment trop les femmes, … En vérité,

il y a de la philosophie à découvrir et à mettre en valeur dans la conception de la vie et de la

mort chez les Antandroy. Les causes de la polygamie sont diverses : selon la proverbe

Malagasy « Ny anambadian-kiterahana », si la femme des Antandroy ne mettent pas au

50 Les Antandroy s’entraident, si X perd le défunt, Z lui amène un ou des bœufs et vice versa : cette personne qui

a porté son « egna » a droit au famahagne (mouton ou chèvre châtré pour laoka). 51 Danse traditionnelle Antandroy pratiquée pendant la cérémonie. 52 On donne un respect particulier aux grandes personnes comme le défunt pour les Antandroy : ex : au lieu de

dire mandeha, on dit magnavelo. 53 Instrument de percussion en peau de zébu.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

63

monde des enfants, ils prennent une seconde, et ainsi de suite. Ensuite, si la femme n’aime pas

la famille de son époux, si la femme n’a que des filles ; celles-ci ne sont que des hôtes, elles

vont la plupart du temps suivre leur époux, si la femme ne sait pas gérer la richesse, si la

femme est « tsimanjary » (mal conduite, salope, …) évidemment ses enfants peuvent être

« tsy manjary », etc…

Mais pour être polygame, il faut être riche pour entretenir plusieurs épouses

qui doivent être, traités sur un pied d’égalité. Avant tout, non seulement il est nécessaire à

chaque mariage de verser de la dot (lafitihy) à la belle famille mais il convient de

dédommager (mandily) les épouses précédentes qui commandent ce qu’elles veulent. Si elles

n’acceptent l’arrivée d’une nouvelle épouse, elle ne peut rien faire ou, si elles acceptent,

aucun problème ne se pose.

B.- Le problème de sexualité et le mariage précoce

Les Antandroy peuvent arranger leur enfants à se marier alors que les enfants

ne sont pas en connaissance de cause ou même s’ils ne consentent pas. Ceci est pour garder

les « fomba » ou les coutumes ou pour fortifier le « firagnetagne » (fraternité des parents) ou

pour assurer la continuité du « fati-drà » (frère de sang).

Peut-être en raison du climat aride du poids des mœurs et coutumes, la

sexualité a sa place dans la province du kere. L’acte sexuel est un acte tellement naturel que

aucune formalité administrative n’est requise pour se marier. Les parents, à l’égard de leurs

enfants n’en font aucune difficulté. Au contraire, ils les encouragent d’y faire ceci à la faveur

de la construction des petites cases construites pour les jeunes afin d’héberger leurs amants.

Toutes les mœurs convergent vers la sexualité : les musiques, les chansons,

les proverbes se trouvent convergées vers la sexualités : « Manambalia tsy ho tara » ne

cessent d’entonner les musiques.

Celles-ci aiguisent la propension à la sexualité à l’acte de reproduction.

Et l’on ne saurait dès lors s’étonner si les jeunes, notamment dans l’Androy

se marient trop tôt. Peut être que ce n’est pas par coïncidence que le Parlement a voté une loi

sur le mariage fixé à l’âge de 18 ans mais c’est pour remédier à ce problème de sexualité et le

mariage précoce. Lors du « FEON-GAZETY », les voix des tous les journaux du vendredi 22

Juin 2007 lors de l’inauguration du Chef de l’Etat du Complexe mère enfant à Majunga, ont

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

64

été consacrées à cette situation. Il a promulgué que les filles ne doivent pas se marier qu’à

l’âge de 18 ans révolu.

Dès l’âge de 12 ans, une jeune fille Ntandroy ne se gène pas pour s’isoler

dans une cabane d’à peine quelques mètres carrés. De leur côté les garçons à partir de 14 ans

« affichent » leur virilité.

La facilité excessive accordée à l’acte sexuel fait que pour se marier, il suffit

pour les jeunes de s’entendre entre eux ; les parents de toutes les façons n’en demandent pas

mieux. Et pour se séparer la même facilité est reconnue. C’est dire que dans l’Androy le

mariage est un pur contrat. En cas de dissolution, le partage ou la liquidation des biens

s’effectue selon les prescriptions coutumières, Art 5, 31 et ss, Loi n°67-030 du 18 Décembre

1967 relative aux régimes matrimoniaux et à la fin de Testament.

La précarité des unions coutumières fait que le mariage Ntandroy qui est

plutôt un concubinage ne favorise pas l’accumulation de richesse, plutôt il est une occasion de

gaspillage. La polygamie de fait en constitue une illustration parfaite.

Par conséquent, ce genre de situation a des effets et surtout des effets négatifs

sur le développement parce qu’il porte atteinte aux droits de l’homme et peut provoquer le

désordre vue la non-conformité et le non respect de la loi : non respect du consentement,

incapacité des jeunes mariés, …Conformément, à la prescription de l’ordonnance 62-089 du

01 Octobre 1960 relative au mariage.

En outre, le foyer n’est qu’une parenthèse pour le passage d’un autre foyer et

par ailleurs les femmes deviennent des moyens matériels pour donner des enfants et pour

servir et rendre riche les hommes et rien d’autre. En un mot, c’est la vie Socio-économique

tout entière qui est perturbée et se répercute au développement.

Quid sur le plan juridictionnel ?

§IV.- La méfiance de la juridiction

Plusieurs personnes se disent surprises de certains verdicts prononcés par le

juge. En toute objectivité, les procédures suivies dans les juridictions déroutent le commun

des mortels notamment les paysans. Certaines procédures, pour avoir été importées de pays

occidentaux, notamment de la France sont incomprises par le gros des justiciables. La

procédure gagnerait donc à être simplifiée pour être à la porter des petites gens.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

65

Le DROIT FONCIER par exemple, à la campagne, c’est bizarre de voir une

personne expropriée de son champ alors qu’elle le détenait pendant des décennies de la main

de ses aïeux. La procédure de l’immatriculation pourrait déboucher sur son éviction. Par

conséquent, à Androy, la prédominance de la coutume vis-à-vis de la loi en vigueur est très

remarquable. Le fameux « DINA » est bel et bien en application dans la région pour pallier

les erreurs qui peuvent survenir surtout en matière de vol des bœufs. La loi en vigueur par

conséquent demeure non effective. Les Antandroy évitent par tous les moyens possibles de

traduire quelqu’un en justice compte tenu de la situation. En cas de meurtre, les Antandroy

appliquent le « TAFARAE » (dédommagement en plusieurs têtes de bovidés). Le

« mifampitarik’ambazaha » est une violation à la loi coutumière parce qu’ils craignent et

méfient des « fitsaram-bazaha ». Le respect des ancêtres, le « Filongoa » restent encore

jusqu’alors le principe des « tambanivohitra », l’exception, la saisine de la justice.

En dehors du KERE, de la sècheresse, la déficience d’infrastructure,

constitue un grand dommage pour l’Androy, l’absence d’un « Palais de Justice », en est un

exemple indéniable. Répondre à une convocation de la justice et aller à Fort Dauphin est un

Calvaire pour le paysan de l’Androy, analphabète à plus de 80 %.

En conclusion, le concept des obstacles humains est appliqué pour résoudre

les programmes posés par l’état de la structure mentale et le fort attachement à la tradition des

Antandroy. Des solutions doivent donc être proposées afin de surmonter les obstacles

précités.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

66

Chapitre II

SOLUTIONS AUX OBSTACLES HUMAINS

Les problèmes humains touchent la société en général, qui est inséparable de

son environnement économique.

Section première

AJUSTEMENT DE LA SITUATION ECONOMIQUE

§I.- Mise en valeur régionale et création d’emploi

La région du Sud Madagascar une région à fort potentiel humain, agricole et

minier est un réservoir de main d’œuvre faiblement rémunérée et en même temps un cimetière

de projets dit-on. Or, apparemment, les projets qui ont vu le jour là-bas sont se sont contentés

d’écrémer les richesses minières et ceux qui ont duré ont été initiés par le régime colonial, à

l’instar de la S.P.S.M (Société de Production de Sisal de Madagascar) qui occupe jusqu’à ce

jour les plaines des Mandrare et l’exploitation de micas et de gaz naturel dans la localité

d’Ampandrandava dans le District de Bekily. La mise en valeur de l’Androy et la création

d’emploi est une situation salutaire pour réduire le taux de chômage et le taux de criminalité.

Par ailleurs, la revalorisation de l’économie pastorale est une grande utilité

de la région, la mise en place des points d’eau en vue de satisfaire les besoins des humains et

de leur bétail.

§II.- Professionnalisations des exploitations minières, forestières,

touristiques et pêches

Depuis les années 90, l’extrême Sud Malagasy était réputé pour l’existence

du fameux « ANDRANONDAMBO ». Mais a-t-il changé la situation de l’Androy face à la

pauvreté ? La réponse ne peut être que négative car l’exploitation des mines du Sud est

irrationnelle et inefficace nécessitant des nouvelles méthodes pour produire des rendements

fiables et abondants.

Concernant l’exploitation forestière, actuellement, l’Androy ne dispose pas

une forêt dense très étendue pour être exploitée. Mais, compte tenu de l’endémisme des 90 %

des espèces surtout floristiques du Sud, elle est encore profitable pour des plantes

médicinales.

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Quant au tourisme, le Grand Sud Malagasy est à découvrir « au milieu de ces

hommes qui ne connaissent pas l’entrave du vêtement face à l’infini poussiéreux, devant la

lenteur majestueuse d’un troupeau, dans le calme matin inondé de soleil », une joie profonde

envahira les touristes. Comme le papillon par la lumière, ils seront brutalement attirés par la

beauté de l’Androy.

Et pour ce qui est de la pêche, l’espace maritime de l’Androy est encore

largement exploitable pour toutes les espèces aquatiques puisque les Antandroy ne

s’intéressent pas à ce type d’activité que récemment.

Section II

NECESSITE DE CHANGEMENT SOCIOCULTUREL

Le Pays de l’Antandroy est une Région fortement attachée aux traditions, aux

coutumes. Le traditionalisme en lui-même n’est pas si mauvais mais « tout excès est

nuisible ». Cela veut dire que l’Androy doit être modéré tout en gardant leurs valeurs

socioculturelles.

§I.- Incitation de la scolarisation et motivation des jeunes intellectuels

issus de l’ANDROY

Tous les Antandroy sont actuellement convaincus que le seul chemin pour

devenir « Vazaha » (ceux qui sont bien payés et cadre au fonctionnariat) est l’instruction de

leurs enfants. Certes, des enfants ne vont pas à l’école. L’une des raisons majeures est d’ordre

familial et coutumier. En revanche face au programme macroéconomique de l’Etat, le

Gouvernement doit garantir et réaliser « l’éducation pour tous » qui est la pierre angulaire et

l’une des conditions du développement. Mais avant tout les parents sont les premiers

responsables de la scolarisation de leurs enfants, l’importance de l’éducation ne faisant

l’ombre d’aucun doute54.

Certes des intellectuels sont issus de l’Androy mais ils ne sont pas motivés

par le pouvoir central : ils occupent rarement des postes de responsabilité.

Il convient alors de souligner que l’un des facteurs du développement est la

connaissance ainsi que la maîtrise des problèmes ambiants qui ne gagneraient qu’à être

54 Déclaration d’Ouagadougou, conférence panafricaine sur l’éducation des filles du 1er Avril 1993.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

68

résolus. Alors, si on veut vraiment mettre le pied dans le terrain du développement « le

ciblage doit correspondre au processus fait ».

§II.- Reformes culturelles et nécessité de réflexion sur certaines

pratiques coutumières

I.- Reformes culturelles

Si on fait allusion aux occidentaux, disons qu’ils ont, eux aussi leurs

traditions : les Européens apprécient les chats, les américains aiment les chevaux, les arabes

adorent les chameaux, les chinois admirent les chiens. L’amour des Antandroy de leurs bœufs

ne doit pas être reprochable mais compte puisque ce sont des bêtes constituant leur capital

économique et les aidant dans leur vie quotidienne ; ils doivent les économiser. Si on ne va

dire que dans les funérailles, « les Antandroy vivent misérablement et meurent royalement ».

Ils doivent modifier cette pratique. Cela ne veut rien dire qu’on ne devrait pas sacrifier des

zébu aux funérailles mais il faut les limiter au juste nécessaire. A l’allure où vont les choses,

tôt ou tard, les Antandroy n’auront plus de bœufs à sacrifier, à encore à contempler.

II.- Nécessité de réflexion sur certaines pratiques coutumières

Les pratiques coutumières les plus caractéristiques chez les Antandroy sont

constituées par la polygamie et le mariage précoce 55 ou arrangé, droit à l’héritage refusé aux

femmes56, la priorité du lignage ou du « fizokiana », la supériorité des hommes par rapport

aux femmes, etc…. Toutes ces pratiques ne sont pas mauvaises en soi. Cependant le coût de la

vie actuelle recommande une réflexion sérieuse sur certaines d’entre elles notamment la

polygamie, pratique invivable au regard du Christianisme et du règne de l’égalité des sexes.

Cibler la polygamie ne veut pas dire tolérer les mariages précoces ou arrangés, la réduction de

la place réservée aux femmes. Ces tares gagneraient également à être dénoncées car, quelque

soit le souci de développement, celui qui s’avérait inefficace tant que l’égalité ne sous tend

par les relations entre l’homme et la femme. La suppression de toutes les inégalités s’avère

être comme étant l’une des conditions d’accès au développement durable encensé par les

gouvernants57 :

55 Cf. Le Point n°1753 du 20 Avril 2006, pp.13. 56 Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. 57 Droit positif Malagasy : Voir leçon IED 1ère Année.

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TROISIEME PARTIE

LES OBSTACLES D’ORDRE POLITIQUE

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

70

Sur cette partie, étant donné que toute organisation administrative dépend de

la politique générale du gouvernement, Androy pendant longtemps a été ignoré ou délaissé

par le pouvoir central. Ce dernier semble plus concentré au centre qu’aux structures

périphériques, y comprise l’Androy. Plusieurs causes expliquent ce retard qui d’ores et déjà

font les points marquant de la pauvreté de l’extrême Sud de Madagascar. Celles-ci ne peuvent

être laissées sans mesure d’accompagnement pour que le ciblage corresponde au processus

entamé.

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Chapitre unique

EXPOSE DES OBSTACLES POLITIQUES

Depuis la période coloniale où le royaume merina aurait voulu diriger la

totalité de l’île en passant à la colonisation et jusqu’à l’heure où nous parlons, le Sud continue

de lutter contre l’hégémonie des forces extérieures et les injustices sociales. Cet

indépendantisme se manifeste sous divers aspects :

Section première

LE SUD, UNE PROVINCE EXCENTREE

§I.- Le Sud foyer de résistance

Le Grand Sud Malagasy est le foyer des « Tsy magneke haotrekotreke »

« résistants à l’oppression ». Ce qui évoque plusieurs événements presque victorieux dans

l’Histoire de la Grande Ile. Mais la raison qui explique les obstacles politiques au

développement de l’Androy est la suivante : Les Antandroy ont été trop long temps mal

compris, souvent calomniés, et parfois méprisés par les ex-adversaires de la royauté, par les

colonisateurs français et par les régimes qui se succèdent faute de l’insoumission des élus ou

désignés issus de la région. Allons étudier trois (03) cas expliquant cette argumentation :

I.- La résistance des Antandroy pendant la monarchie Merina

A part tous les compatriotes qui se sont soumis à la royauté, les Antandroy,

par contre, n’ont pas connu la suzeraineté et ignoraient la royauté. Seuls les chefs de clan ont

dirigé apparemment les Antandroy. A côté de ceci, toutes les royautés ont voulu étendre leur

royaume sur toute l’étendue du territoire Malagasy. Le roi d’Imerina Andrianampoinimerina

était la figure emblématique de ce dessein en déclarant à ses sujets : « Ny ranomasina no

valam-parihiko , ny mosary no fahavaloko » ; qui signifie littéralement que la mer était la

frontière de son royaume et la famine (disette) était sa rivale. Pratiquement le roi de l’Imerina

a réalisé son programme dans toute la partie de l’île sauf la région d’Androy doté de vaillants

guerriers.

B. VALVERDE et T. HONORE en témoignent en déclarant que l’Androy

est « la terre vouée aux épines et aux guerriers, l’Androy est une forteresse impénétrable ».

La royauté Merina et le règne d’Andrianampoinimerina ont trouvé leurs limites ; ont perdu

des guerres face aux « guerriers » Tandroy. « Longo ty tandroy ty raketa ». Les Antandroy et

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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raketa sont parents. Ce proverbe comme dans tout l’Androy évoque les guerres passées contre

les tentatives de colonisation. Tout Antandroy sait que les raketa ont permis de remporter de

nombreuses victoires, et que leurs épines aident à la résistance contre les ennemis. En 1895,

comme ils avaient brillamment fait face aux armées Merina soixante cinq ans auparavant, les

Antandroy ont toujours tenu tête à leurs rivaux.

Qu’en est-il de la résistances des hommes de l’australe Malagasy ?

II.- Faits et gestes politiques de MONJA JAONA : de la création

du JINY à celle du MONIMA

A.- Conquête et ordre colonial dans le Sud de Madagascar

La capitulation du « royaume » d’Antananarivo, en 1896, n’a pas signifié

tout de suite la soumission de toute la Grande Ile. La résistance a continué un peu partout,

entre autres dans le Sud.

A Ikongo, par exemple, le roi Andriamampamoha et sa femme Rasoavazaha

ont organisé et dirigé la guérilla contre les militaires français. Arrêtés, ils furent exilés à

Sainte Marie en 1897. La même résistance est apparue dans tout le Sud-Est, notamment dans

les environs de Vangaindrano jusqu’en 1902.

Dans le Sud et le Sud-Ouest, la résistance a commencé en 1897 et ne s’est

terminée qu’en 1916, lorsque le mouvement des Sadiavahe « Pagnes en liane », lancé en 1915

près de Beloha, a été maté. Une remarque ici s’impose concernant ces derniers : à l’instar des

nationalistes juifs, « vêtus de peaux de bête et ne mangeant que des sauterelles et du miel

sauvage », ils affichaient par leur tenue une volonté de retour à la vie sauvage, par

contestation politique quoique les autorités françaises n’aient pas voulu voir dans les

Sadiavahe des « rebelles », mais des « bandits », des « malfaiteurs », des « malandrins ».

D’après MONJA JAONA la conquête a été facilitée par le travail des

Malgaches qui ont pris le parti des Français et que la population a appelés « parapizà », des

français partisans.

A partir de 1905, les Français ont mis en place une structure administrative

basée sur les clans :

- à la tête des clans se trouvaient les chefs de groupements ;

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

73

- à la tête du village se trouvait le chef du village ;

- à un niveau supérieur, il y avait le chef de Canton politique ;

- est encore plus haut, se trouvaient les sous-gouverneurs et les gouverneurs à

titre politique.

Les résistants vaincus ont été désarmés. Seuls les chefs des groupement

avaient l’autorisation de porter une sagaie à longue lame, «lefone be ra », ou la sagaie des

notables qui, dans la tradition antandroy, symbolisait le principe d’autorité.

Quant aux « partisans », ils bénéficiaient de privilèges particulieres :

- les chefs de groupement avaient droit au « casque colonial » qui les

distinguaient de leurs subordonnés ;

- les enfants des chefs de Canton politique et des gouverneurs à titre

politique ont été envoyés dans les écoles officielles, les écoles régionales,et même jusqu’à

l’école Le Myre de Villers d’Antananarivo, afin qu’ils deviennent plus tard des chefs de

Canton ou des gouverneurs à part entière.

Ainsi, pour asseoir leur autorité (l’ordre colonial), les colons ont utilisé en

même temps le « bâton » et la « carotte » (récompenses et primes diverses). Ils ont également

mis en place un ensemble de mesures, connues sous le nom d’indigénat.

Dans le Sud, c’étaient :

- la possibilité de jeter un « indigène » en prison pendant cinq jours sans

jugement ;

- le Karananga, travaux forcés de 10 jours par an, sans salaire ;

- le Matrovoke, travaux forcés d’un an dans une concession coloniale,

sans salaire ;

- le betsimisafotse, ou miaramilam-potaka, le fameux SMOTIG, où l’on

est engagé pour travailler pendant deux ou trois ans, avec un salaire

« minimum » ou plutôt minable ;

- la spoliation des terres fertiles appartenant aux « indigènes » au profit

des colons, sans aucun respect pour les tombeaux familiaux ;

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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- la création de plusieurs impôts, dont les fameux « vililoha » « impôts per

capita », avec possibilité de mise en vente des biens au cas où l’on exil ;

- l’exécution des chefs des résistants, dont les dépouilles malheurs

suprême pour les Malgaches ne sont pas livrées à leurs familles.

Dans le Sud-Est, la situation était à peu près la même, avec pourtant les

particularités suivantes :

- lorsqu’un colon voulait disposer d’une concession, il lui suffisait d’en

faire la demande auprès de l’administration. La population dont le terrain se trouvait à

l’intérieur de la concession n’avait d’autre choix que de partir ou de rester ou servir du colon.

Dans ce dernier cas, chaque individu actif devait travailler 15 jours pour le colon et 15 jours

pour soi. Les 15 jours de travail sans interruption pour le colon n’étaient pas payés : ce sont

les frais de location de la résidence, des travaux agricoles et de l’ensevelissement sur une terre

que le colon affirme être à lui ;

- pendant la saison des grands travaux, et sur ordre des chefs de région,

chaque village devait fournir 10 jeunes hommes dits ampanompo, « serviteurs » pour

travailler dans les concessions pendant 30 jours, et ce jusqu’à la fin des travaux. Le village

devait prendre en charge leur repas pendant les 30 jours.

Lors de la cueillette du café, chaque village devait fournir 10 jeunes filles

pour travailler dans les concessions. C’était encore le village qui prenait en charge leur repas.

Les colons faisaient travailler de force tous les villageois : hommes ou

femmes, jeunes ou vieux, et même les malades et les femmes enceintes ou accouchées, dont

plusieurs mouraient dans les plantations de café.

Face à cet « ordre colonial » qu’a fait MONJA JAONA ?

B.- MONJA JAONA et les mouvements de libération

MONJA JAONA est né en 1910 à Ankotsobey Jafaro Antanimora, l’un des

hauts-lieux de la résistance Antandroy à la pénétration française.

Il entre vers sa quinzième année à l’école de la Mission Luthérienne

d’Ambovombe pour se préparer à la fonction d’évangéliste. Ce passage chez les

Missionnaires l’a très fortement marqué. Mais ses rapports avec les Missionnaires et le clergé

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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n’en seront pas pour autant chaleureux ; ils étaient simplement cordiaux : sa conception du

messianisme était différente de la leur.

En 1928, à 18 ans, l’administration française l’a réquisitionné pour travailler

chez les colons de Diégo-Suarez. Il fait alors 2000 km à pied pendant trois mois pour s’y

rendre.

En 1933, de retour dans l’Androy, il est, « écoeuré de voir les Antandroy

souffrir à cause du traitement infligé à eux par les Français ». Il décide donc de se lancer en

cette même année 1933 dans la lutte contre le système colonial. Ses premières cibles étaient,

d’une part, les Chefs de Canton et les Gardes de Madagascar (des Malgaches), et, d’autre part,

les Chefs de Poste, les Chefs de District, et les Chefs de Région, qui étaient des Français.

Pour avoir osé braver le système colonial, il va de 1936 à 1939 de prison en

prison : Antanimora-Androy (4 mois), à Ambovombe (5 mois), à Fort Dauphin (18 mois). En

1939, la peine de prison a été commuée en assignation à résidence fixe à Ambatondrazaka.

En 1940, il s’est évadé, mais a été capturé à Fianarantsoa. Cependant, au lieu

d’être ramené à Ambatondrazaka, il a été dirigé à Manakara là où il est resté jusqu’en 1946.

Le spectacle des exactions dont était victime la population de cette région n’a

fait que renforcer sa révolte face aux malheurs du peuple malgache du fait des pratiques

coloniales. « Ce peuple, écrivait-il, avait besoin de SAUVEUR. C’est la raison pour laquelle

je me suis rapproché de ces paysans pour partager leur souffrance, étant moi-même d’origine

paysanne. J’ai donc réfléchi sur la meilleure façon de SAUVER CE PEUPLE SOUFFRANT

dans son corps et dans son âme. J’étais convaincu du fait qu’il n’y avait d’autres moyens de le

SAUVER en dehors de l’utilisation des armes et la déclaration de guerre au colonialisme ».

Pour la première fois, apparaît clairement le thème du messianisme, et du

messianisme militariste.

Ainsi, en 1942, il a décidé de créer une organisation secrète. Elle était

d’abord dénommée Fikambanan’ny Miaramila Afaka, « Association des Anciens

Combattants » (de la première Guerre Mondiale), puisque ses cinq premiers membres étaient

de véritables anciens Combattants. Ensuite, lorsqu’il a pu créer les huit premières cellules de

5 membres chacune, l’association a pris le nom de JINY.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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Le JINY est, d’après les croyances populaires du Sud-Est, un oiseau

mythique, nocturne, portant sous ses ailes une lueur phosphorescente, et tuant celui ou celle

qui vient à le rencontrer.

L’objectif fondamental du JINY était la libération du pays par la lutte armée.

« Les crocs du colon se sont déjà enfoncés si profondément dans la terre malgache, observe

MONJA JAONA, qu’il faut d’abord les couper avant de le chasser hors de Madagascar.

Le colonialiste est donc assimilé à un monstre hideux qui a jeté son dévolu

sur le pays. Dans un récit mythique intitulé « Ampelamagnolobala » et publié en 1956,

MONJA JAONA reprend cette image et donne au colonialiste le trait d’un monstre nommé

Papangofitobala, la femme (i.e le peuple malgache) de Zatovo (MONJA JAONA). Après un

combat sans merci, Zatovo a réussi à tuer Papangofitoloha, à reprendre sa femme ainsi que

tous les biens volés par le monstre.

En 1946, MONJA JAONA refuse la proposition de l’administration

coloniale de collaborer avec elle (moyennant la somme de 7 millions de francs de l’époque)

dans deux choses :

- primo, la réalisation de sa politique de division de l’Ile en deux

gouvernements, celui du Sud (Capitale : Fianarantsoa) anticommuniste, et celui du Nord pro-

communiste (Capitale : Antananarivo) ;

- secundo, la réalisation de la politique tribaliste opposant, d’une part, les

Côtiers, et de l’autre, les Merina et les Betsileo.

Pour avoir refusé cette proposition il fut encore une fois arrêté le 14

Septembre 1946 au moment où il implantait le JINY dans le Sud, et jeté en prison à Fort

Dauphin.

Les événements de 1947, dont il était tenu au courant, le surprirent en prison.

Sa femme est fusillée l’année même.

Quant à lui, il fut libéré seulement en 1950, pour être de nouveau assigné à

résidence fixé à Bekily, puis à Ambositra, puis à Ambalavao, puis de nouveau à Bekily (1951)

et enfin à Tuléar (1952), où il est resté de façon plus moins continue jusqu’à sa mort en 1994.

En 1956, à l’époque de la loi-cadre, il fut amnistié.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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A partir de cette date, il a brigué des mandats électoraux dans la ville et dans

la Province de Tuléar : il fut d’abord 2ème Adjoint à la Maire de Tuléar, puis Conseiller

Provincial, et en 1959 Maire de la ville.

Commence ainsi la période « légaliste » de l’histoire de MONJA JAONA.

Cette période débute, en fait, avec le création le 29 Juillet 1958 du MONIMA, qui est, d’après

lui, « le nouveau nom du JINY sous lequel le peuple devrait désormais le connaître »,

écrivait-il dans un document de 1982.

Ce nouveau parti n’est donc que le JINY devenu « légal ». Pour l’essentiel, il

hérite tout du JINY. En effet, son objectif affirmé est de libérer Madagascar du colonialisme ;

sa devise est « Madagascar aux Malgaches », et son mot d’ordre : « KA MIVIOMBIO » :

Allez tout droit.

Dans ses statuts, le parti se dit « être un parti qui croit en Dieu » (Art 6). Il

est épris de justice sociale ; d’où son adhésion au socialisme, mais un socialisme s’inspirant

des valeurs malgaches.

Le système politico administratif qu’il préconise s’inspire du Soanavela et du

Fokonolona, des organisations politiques traditionnelles.

Un an après sa création en 1959, le MONIMA participe aux élections

municipales. MONJA JAONA est alors élu Maire de Tuléar. Et c’est à ce poste qu’il voit

venir l’indépendance « octroyée » en 1960.

Mais en Février 1961, il a été démis de ses fonctions par le Ministre de

l’Intérieur, Secrétaire Général du PSD, sous prétexte de mauvaise gestion.

La guerre entre le MONIMA et le PSD venait d’éclater, et pou de bon…

III.- Les composantes de la doctrine politique de MONJA JAONA

Les développements précédents permettent de dégager deux composantes

principales de la doctrine politique de MONJA JAONA : les composantes traditionnelles et

les composantes chrétiennes.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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A.- Les composantes traditionnelles

1.- Sur le plan politico-administratif

Dans les premiers statuts du MONIMA est mentionné le Soanavela, une

forme de Fokonolona de la région Mahafaly-Karimbola. Les données disponibles portent à

croire qu’il s’agit d’une organisation formée par des groupes qui ont fui le pouvoir des

Maroseragna et ont instauré un gouvernement ultra-démocratique dont la règle aurait été la

suivante : « tsy misy bey fa sambe bey aby », « il n’y a aucun chef, car chacun est un chef ».

Autrement dit, pour les questions touchant la vie du groupe, tout le monde était consulté,

participait aux débats, à la décision.

Le Soanavela était pris comme modèle pour deux raisons : primo, c’était une

organisation issue de la révolte contre la servitude, et secundo, c’était une organisation à

caractère démocratique. Il correspondait donc au modèle rêvé par le nationaliste, et par

certains côtés, au messianisme militariste chez les Juifs.

Sur un autre registre, plus serein, figure le Fokonolona qui est mentionné

dans les statuts ultérieurs du MONIMA. Ses références sont ici plus spécifiquement

Antandroy.

L’image du Fokonolona est celle d’une organisation qui se dote d’un chef et

tolère les inégalités, mais qui n’admet point l’exclusion, voire, se préoccupe de justice sociale.

D’après MONJA JAONA, « le Fokonolona ressemble à l’arbre Sombontsoy solitaire, sous

lequel cent pintades harassées par la chaleur du midi viennent se réunir : Somontsoy tokagne

ivorian’akanga zato ». Le patriarche, chef du Fokonolona, reçoit sous sa protection tous ses

enfants sans discrimination aucune.

En effet, dans le Fokonolona, précise-t-il encore, il y a des voro-tihy « nattes

usées », des « voro-tsikelo » vans usés, des « karabiba », morceaux de calebasses brisées mais

ils sont pris en charge et bien traités.

Tout comme dans les Fokonoloan basés sur les organisations patriarclaes, le

parti était organisé, au-delà de la structure indiquée dans les statuts, selon un modèle à trois

niveaux :

- au sommet se trouve « Rangahe », Le Vieux, MONJA JAONA ;

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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- au niveau intermédiaire, les « mpizaka » conseillers, en général les

dirigeants de la vieille garde ;

Au niveau inférieur, les « fanalo » guerriers, les jeunes militants, lesquels ont

joué un rôle de premier plan dans toutes les manifestations organisées par le parti, notamment

en 1971.

Ici quelques remarques s’imposent en ce qui concerne le Soanavela et le

Fokonolona :

- d’une part, ce sont des institutions à caractère démocratique, donc régies

par le même principe, mais dont l’une, le Soanavela, refuse, pour des raisons historiques liées

à la royauté maroseragna, toute forme de hiérarchie, contrairement à l’autre, le Fokonolona,

qui admettait certaines formes de hiérarchie en termes de pouvoir et de conditions socio-

économiques ;

- d’autre part, ce sont également des institutions sensibles à la justice

sociale, mais qui la recherchent d’une manière différente : le Soanavela le fait en mettant tout

le monde sur le même pied d’égalité, et le Fokonolona en reconnaissant les différences et

surtout portant son attention sur les défavorisés.

Il s’agit dès lors deux institutions dont l’une (le Soanavela) serait une

réalisation extrême de l’autre (le Fokonolona). Par conséquent, dans l’absolu, MONJA

JAONA avait un faible pour le Soanavela, qui est proche d’une organisation anti-coloniale et

contestataire ; mais dans la réalité, il savait que l’organisation la plus viable était bien le

Fokonolona.

2.- Sur le plan mythologique

MONJA JAONA puise dans l’imaginaire traditionnel des images fortes à

même de rendre clairs ses messages politiques.

C’est d’abord le JINY, ce redoutable oiseau magique de la mythologie du

Sud-Est, qui exprime à la fois le caractère clandestin du parti et le danger qu’il présente pour

l’ennemi colonialiste.

C’est ensuite ZATOVO, ce héros de la mythologie du Sud, un jeune homme

de bonne naissance, beau, fort, en qui le nationaliste aime volontiers s’identifier. Provoqué par

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un monstre qui lui enlève sa bien-aimé, Zatovo a finalement pris le dessus et devient un

homme heureux, riche et adulé.

3.- Sur le plan éthique

Une éthique se dégage clairement des actions menées par MONJA JAONA,

c’est celle de la force, et, parfois même celle de la violence.

L’histoire a prouvé qu’il n’hésitait pas à user de la violence armée, au terme

d’un échange de discours souvent sans concession.

Mais, ordinairement, la force et donc le courage constituent l’une des vertus

cardinales pour tout militant. Tout comme dans le mot français, les militants du JINY et du

MONIMA sont des « fanalo » guerriers. Il est ridiculisé quand il se montre « votro » faible,

poltron. C’est la raison pour laquelle la politique politicienne, basée sur le calcul et assimilée

à des exercices intellectuels stériles a été bannie du MONIMA, dont, d’ailleurs, le mot d’ordre

est KA MIVIOMBIO : « N’y allez pas par quatre chemins, Allez droit… »

L’éthique de la force finit donc par devenir une éthique de la vérité.

B.- Les composantes chrétiennes

Il faut reconnaître que le christianisme « officiel » n’avait pas de relations

directes avec MONJA JAONA, sauf durant sa prime jeunesse, quand il était à l’école des

Evangélistes chez les Missionnaires d’Ambovombe. Néanmoins, ses relations avec le clergé

étaient presque cordiales, comme nous avons pu le remarquer assez souvent. Et, suprême

conviction, il a mis dans les statuts du MONIMA, et s’est toujours opposé à son retrait, un

article qui affirme que le MONIMA est un parti qui croit en Dieu.

Ainsi, il serait excessif de dire que MONJA JAONA constituant un obstacle

à l’évangélisation dans le Sud de Madagascar. Il véhiculait seulement une autre conception,

d’ailleurs présente dans la Bible, du messianisme et du témoignage chrétien. Les prises de

positions du FFKM face aux affaires nationales entre 1981 et 1991 ne sont pas sans rappeler

certains discours de leader nationaliste durant la période ici considérée.

Cette situation s’explique de deux manières :

- MONJA JAONA se situe en droite ligne dans le sillage du messianisme

militariste ;

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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- MONJA JAONA est sensible à la justice sociale qu’il relie à la tradition

malgache du Fokonolona, mais surtout à la tradition chrétienne.

Dans plusieurs discours lors des Congrès MONIMA il affectionnait de dire :

JEHOVAH REVOLISIONERA : « Yaveh révolutionnaire » : Il combat directement les

injustices et abat les tyrans : A son image, le chrétien devrait se lever pour faire de même.

Un tel message est par trop dur pour être bien reçu du côté des Eglises, qui

prêchent plutôt un Messie pacifiste.

Aussi, tout comme les partisans du Messianisme militariste juif, MONJA

JAONA, affectionnait un style de vie simple, presque fruste, rappelant celui de Jean Baptiste.

Tout comme Saint EXUPERY, ses références idéologiques étaient foncièrement

« guerrières », même s’il n’a pas toujours eu les possibilités matérielles de réaliser des

organisations militaristes : déclarations de guerre au colonialisme, utilisation des armes pour

chasser les colonialistes hors de Madagascar, Association des Anciens Combattants, Jiny,

Zatovo, Fanalo, éthique de la force et du courage, ….Il faut ici noter que, tout comme pour la

révolte de 1971, MONJA JAONA pensait, dès 1944, à une guerre de libération et, à ce titre,

l’on peut dire qu’il est l’un des instigateurs lointains de l’insurrection de 1947.

Bref, en matière de justice sociale se rejoignent dans une harmonie presque

parfaite l’idéologie du Fokonolona telle qu’elle est présentée ci-dessus et celle du

messianisme militaire juif, toutes les deux reçues et, semble-t-il, bien intégrées par le leader

nationaliste. La reconnaissance du Soanavela et des Sadiavahe, par contre, résume

parfaitement la tradition malgache et la tradition judéo-chrétienne.

Comment, finalement, s’est faite la synthèse des éléments identifiés au cours

de cette brève étude ?

Tout porte à croire que, chez MONJA JAONA, la politique anti-coloniale a

servi de grille de lecteur soit de la culture traditionnelle soit du christianisme.

Servi par une intelligence hors pair et par une force d’âme peu commune, il a

pu ainsi opérer un tri parmi les éléments issus de l’une comme de l’autre.

Dans un deuxième temps, leur synthèse, ou du moins leur coexistence

harmonieuse, a été possible :

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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- Le JINY, le Soanavela traditionnel et l’éthique de la force chez le

MONIMA correspondant au Messianisme militaire judéo-chrétien ;

- L’intégration des défavorisés dans le Fokonolona s’harmonise avec

l’amour de la justice sociale préconisée par le christianisme.

IV.- La résistance des Antandroy pendant la colonisation

La capitulation du « royaume » d’Antananarivo, en 1896 n’a pas signifié tout

de suite le soumission de toute la Grande Ile. La résistance a continué partout, entre autres

dans le sud : à Ikongo mené par le roi Andriamampanoha et sa femme RASOAVAZAHA58.

Dans le Sud-Ouest, le mouvement des Sadiavahe (pagnes en liane) a été

lancé en 1915 près de Beloha. Tout cela serait vain sans l’œuvre de MONJA JAONA figure

charismatique de la lutte pour l’indépendance de Madagascar qui a créé le JINY en 1942

allant jusqu’à la création du MONIMA (MOuvement National pour l’Indépendance de

MAdagascar) « Ka Miviombio » ayant pour but de lutter contre le système d’indigénat

(karananga, matrovoke, bemisafotse ou miaramilampotake ou SMOTIG, spoliation des terres

fertiles aux indigènes au profit des colons, vililoha, …). MONJA JAONA ou DADAMONJA

est vraiment le père de l’indépendance Malagasy. Il s’est engagé sans réserve dans la lutte

anticoloniale dès 1927 en continuant cette voie jusqu’à sa mort. C’est presque 70 ans de

militantisme exemplaire, du « messianisme militariste » qui fait de courage, d’abnégation,

d’intégrité et de loyauté qu’il a laissé en héritage à la nation Malagasy. C’est un héros

national. Compte tenu de leur indépendantisme et de leur résistance, les Antandroy ont été les

éternels incompris des Français en la personne de :

- Flacourt qui créa Fort Dauphin « ce sont les plus grands adulateurs,

menteurs, dissimulés qu’il y ait au monde, gens sans cœur et qui ne font vertu que de trahir et

de tromper, promettant beaucoup et n’accomplissant rien, si ce n’est que par la force et par la

crainte. Ils se sont adonnés à la pillardise. Ils sont pour la plupart paresseux » ;

- DRURY, jeune marin Anglais qui fut esclave des rois Antandroy

pendant 15 ans : « les habitants Antandroy sont les habitants de toute l’île les plus perfides et

les plus méchants pour les blancs, ils les considèrent comme le plus agressifs et plus cruels

58 RANDRIAMAROLAZA (Louis), Christianisme dans le Sud de Madagascar, l’itinéraire politique du Leader. nationaliste MONJA JAONA du JINY au MONIMA, (1942 - 1960), Ambozontany Fianarantsoa, 1996, pp 153 et ss.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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qu’eux même. C’est pourquoi ils s’en défient et pourquoi la moindre alerte, ils les tuent, les

soupçonnent toujours de comploter contre eux » ;

- Capitaine Vacher : « cupides, sans dignité, lâches, menteurs, … » ;

- Capitaines Defoort : « Je ne suis mieux comparer les Antandroy dans

leur ensemble qu’aux Gaulois de César a tracé le difficile portrait. Moins … ;

- Le général GALLIENI, gouverneur de Madagascar disant à

Monseigneur Crouzet : « Les tribus du Sud sont si primitives, si arrières ». Si vous parvenez à

faire de ces frustes des chrétiens et des civilisés, vous aurez fait le plus beau miracle que

missionnaire ait jamais réalisé 59».

En continuité, le relais ne s’arrête pas là : LATMER RANGERS,

LAHIANDROY, LAHA GASTON et bien d’autres figurent parmi les leaders résistants de

l’Extrême Sud Malagasy60.

Qu’est-ce qui se passe à l’ère contemporaine où Madagascar a sa plénitude

d’indépendance et de souveraineté ?

V.- La résistance des Antandroy depuis l’indépendance

A.- Le régime Philibert TSIRANANA

Après avoir subi plusieurs emprisonnements pendant la colonisation, en

juillet 1958, MONJA Jaona a fondé le MONIMA revendiquant l’indépendance immédiate,

oeuvrant pour la consolidation de l’unité nationale et prônant une pratique politique sans

ambiguïté.

Le mot d’ordre « Ka miviombio » ne signifie-t-il pas « marche droit » ? Avec

la création du MONIMA, MONJA Jaona, leader charismatique a indiscutablement acquis une

stature nationale. Il fera voter « NON » avec les autres forces nationalistes au referendum

organisé par le Général de GAULLE en Septembre 1958. Puis, après l’indépendance du 26

Juin 1960, « octroyée », dit-il, il s’opposera à la Première République dirigée par Philibert

TSIRANANA qu’il qualifiera de néocolonial et qu’il dénoncera comme étant générateur

d’arbitraire et d’injustice sociale au profit des puissances capitalistes. Convaincu de l’incurie

du régime et de l’impossibilité du dialogue, il radicalisera son opposition et lancera

59 GUERIN (Michel), Post scriptum. 60 SAMBO, Beko pour l’Androy (recueil des poèmes), l’Harmattan, pp.3 et ss.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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courageusement le soulèvement populaire du 1er Avril 1971, durement réprimé dans le sang.

Emprisonné, il a montré son sens aigu de responsabilité et a assis définitivement sa réputation

de leader charismatique, droit, intègre, défenseur des opprimés à la double échelle, nationale

et internationale61.

B.- Le régime Didier RATSIRAKA

Après la présidence de TSIRANANA, les relations de MONJA Jaona avec le

régime de la deuxième République étaient sujettes à controverses. Les problèmes qui se

posaient aux groupes citoyens étaient ceux de savoir si le leader était devenu un complice ou

était resté dans l’opportunisme.

A vrai dire, les relations entre MONJA Jaona et le MONIMA d’un côté et la

deuxième République dirigée par Didier RATSIRAKA de l’autre, étaient difficiles à

interpréter. Il y a eu soutien de la part du MONIMA, puis « brouille », suivie de

réconciliation. Certains adversaires de MONJA Jaona, n’y verront que de l’opportunisme de

sa part. D’autres estimeront qu’il s’agissait d’ambiguïtés coupables finalement pas conformes

au passé irréprochable du Raiamandreny MONJA Jaona. Mais les observateurs impartiaux

noteront que le MONIMA a acquis progressivement à partir des années 60, une forte

conviction socialiste pour le développement de Madagascar et éradiquer les injustices

sociales.

Ils noteront aussi que Didier RATSIRAKA a déclaré être acquis à la même

conception et aux mêmes valeurs. Sans les appliquer correctement aux yeux de MONJA

Jaona et du MONIMA. Cela permet de comprendre la complexité de ces relations. En tout

cas, si chaque citoyen peut légitimement s’interroger, et même penser que le MONIMA a

commis des erreurs tactiques vis-à-vis de Didier RATSIRAKA, nul n’est en droit de douter

quant à l’attachement de ce grand patriote qu’a été le leader charismatique MONJA Jaona à

l’éthique, aux valeurs qu’il a défendues avec son compatriote LAHA Gaston (qui a trouvé la

mort sous la primature de RAZANAMASY en 1992) toute leur vie durant au prix d’immenses

sacrifices : fédéralisme, souveraineté et unité nationale, progrès et justice sociale pour tous les

Malagasy.

61 RABEARIMANANA (Gabriel), Une date dans l’Histoire, Revue de l’Océan Indien, pp.54 - 56.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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VI.- La résistance des Antandroy à l’heure actuelle

Longtemps les Antandroy étaient la hantise des troupes coloniales françaises,

les fusils demeurent impuissants face aux murailles de cactus, à l’heure actuelle, le sud prend

la chaise de l’opposition, ne mâche pas ses mots face au régime en place. Face à cette

situation étant donné que la Démocratie en Afrique n’est pas encore mûre, le sud restera un

perpétuel opposant ce qui suscitera une grave répercussion sur son économie, sur les

conditions de vie de toute la majeur partie des paysans. Cela veut dire que tant que le sud

s’attache à son idée d’opposition, il restera toujours le « faralahy » (le benjamin, Tuléar sera

le dernier parmi les cinq provinces). Qui parmi les compatriotes Malagasy ne savent pas le

coriace, ex-président de l’Assemblée Nationale en la personne de Jean LAHINIRIKO qu’il

soit le grand opposant capable de renverser, a une grande potentialité à la présidentielle ?

Alors, en toutes fins utiles le régime utilisera tous les moyens pour caler le sud et ne l’aurait

en confiance tant qu’il reste opposant, …

L’obstacle au développement de l’Androy sur le plan politique n’est

seulement pas dû à son indépendantisme, mais aussi à son insoumission.

A côté de la résistance d’indépendantisme lancé à Androy faisons lumière

sur la deuxième principale raison qui freine Androy de ne pas franchir le développement.

Quelle est cette deuxième argumentation ?

§II.- Le sud délaissé par le pouvoir central

Depuis la période coloniale, Michel GUERIN a constaté personnellement

que : « les populations de l’Extrême Sud ont été trop longtemps mal comprises, souvent

calomniées et parfois méprisées, par les occidentaux que par le régime en place.

Actuellement, depuis l’indépendance de Madagascar, l’administration ne cherche pas la

priorité de l’Androy, elle éloigne la masse populaire ; ne voit pas la situation réelle du bout du

monde, …

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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I.- L’éloignement du pouvoir central

« Tsy maharey tagnin’anake ty miamboho » disent les Antandroy pour

expliquer que plus les parents s’éloignent de leurs enfants, plus ils les oublient ou n’entendent

même s’ils pleurent. Autrement dit, l’extrême Sud est éloigné du pouvoir central. Par

conséquent, ce dernier ignore ses peines et ses maux. Prenons comme exemple qu’à chaque

fois, qu’il y a des subventions qui viennent de l’étranger, Antananarivo en bénéficie le

premier car il est plus proche de l’Administration centrale qui connaît effectivement ses

difficultés. Par contre, l’Androy est une zone instrumentalisée réservoir de main d’œuvre dans

toute l’île. En outre si le Grand Sud Malagasy est touché par la famine, toutes les bonnes

volontés, bénisses de l’étranger envoient et portent leur contribution qui passe d’abord sous

les yeux du pouvoir central.

Si les bonnes volontés « bénis de Dieu », donnent huit milliards de dollar par

exemple, Androy ne recevra que le quart de ce don et des aides venant de l’étranger. Les

premiers destinataires sont devenus des derniers receveurs. En fait, il semble que la non

résolution des problèmes majeurs de l’Androy est un casse-tête pour tous les régimes

successifs de Madagascar. Il serait alors nécessaire que les problèmes cruciaux soient résolus

que d’urgence afin qu’on reçoive des aides venant de l’étranger.

Mais ce que l’on pourrait c’est que tous les projets faits pour faire sortir

l’Androy de la crise du KERE sont inadéquats. En vérité, même si on déplace à Androy le

« tour Eiffel » de la France, ou on érige là bas le « World Trade Center » des Etats-Unis

d’Amérique, cela ne va pas développer l’Androy s’ils ne s’adaptent pas au contexte qu’y

existe. En outre, la politique de proximité de la part des dirigeants est très timide ; elle se

concentre dans les agglomérations. Ce n’est pas croyable qu’Androy soit un cimetière de

projets, mais en clair, c’est un projet venu du cimetière qui est finalement lancé à Androy

pour trouver vie, …

Pratiquement, l’éloignement du pouvoir central n’est pas du tout une excuse

pour évoquer la position arriérée de l’Androy. Ce n’est qu’un des facteurs. Mais le fait que le

pouvoir central n’était jamais dirigé par le leader de l’austral Malagasy explique amplement

l’abandon du sud.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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II.- Le désintéressement du pouvoir central

« L’habit ne fait pas le moine ». Nul ne peut se prétendre qu’il est un bon

évangéliste ou un bon chrétien sans aimer ses prochains et Dieu tout puissant. Cela veut tout

simplement dire que « Charité bien ordonné commence par soi-même ».

A.- Développement local - développement national

Qui parmi nous peut se prétendre qu’il peut déplacer les montagnes sans

commencer tout d’abord transporter les petits cailloux. Les erreurs qui semblent fatales pour

les Malagasy depuis notre indépendance de 1960 est la volonté des dirigeants qui se sont

succédés de «hitsako alohan’ny vazana » ; signifiant avaler avant de mâcher.

Le développement du pays ne fait pas partie de ce genre. Cela veut dire qu’il

faut d’abord commencer par le développement local pour garantir le développement national.

Le développement s’accroît comme la tache d’huile : de la région à la Nation. Il semble donc

impérieux que futur dirigeant de la Grande Ile soit une personnalité qui vient du Sud car

pendant les cinq décennies qui se sont écoulées, les dirigeants viennent du Nord, Est, Ouest

mais sans aucun écho sur le sud et les efforts faits pour le développement de Madagascar

restent peines perdues. Il est alors urgent pour la Grande Ile que le capitaine du navire pour

démarrer le développement soit venu du Sud. D’ailleurs cette vision correspond à l’esprit

démocratique qui prône l’alternance de pouvoir.

B.- Manque de collaboration entre les politiciens et les intellectuels

issus du Sud

L’une des raisons qui fait la prospérité et la réputation du MONIMA de

MONJA JAONA est le « Ka miviombio » (allez tout droit).

Cependant, actuellement, on remarque le dépérissement, le désintégration et

la dislocation des blocs. Les motifs de cette dislocation est qu’il vaut la peine pour une

personne du Sud de se sacrifier fortifier son camp et mieux pour elle de chercher

personnellement son intérêt ailleurs. A côté, les conflits inter claniques sont les circonstances

aggravantes de cette situation alors que la politique, pratiquement, est une bataille dont le seul

but est la victoire de la Nation (vaincre la pauvreté).

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Nous avons vu la dernière élection présidentielle en France dont chaque parti

(Socialiste - Centriste - UMP) a combattu fortement pour faire réussir son parti. Pour les

occidentaux comme pour les Malagasy la politique c’est une idéologie à défendre, ce qui

nécessite une cohésion, une solidarité, une marche menée ensemble pour faire valoir son pacte

et remporter une victoire. Cette dernière est le but ultime de toute solidarité pour amener

Madagascar dans un développement digne de l’être, Etat de Droit, Etat Démocratique là où la

bonne gouvernance règne. En un mot, l’adage 62: « Ndra te miriorio ty tsiriry, le

Anosemborognao avao ty tane’ e » échappe les Antandroy alors que ce sont leurs ancêtres

même qui ont avancé cette fable pour marquer et solidifier une solidarité et cohésion.

En guise de conclusion, la politique pouvant être classée comme l’un des

facteurs de retard ou de développement. Apparemment la porte de Madagascar n’est pas du

tout ouverte sur le développement, pire encore pour l’Androy.

Il parait donc très utile de proposer des solutions pour réduire les calvaires de

Grand Sud et le bien être de toute la Nation.

Section II

SOLUTIONS AUX OBSTACLES POLITIQUES

§I.- Séparation de la capitale administrative et financière

I.- La décentralisation effective

La sagesse Malagasy est explicite lorsqu’elle affirme « Ny soa

fakantahaka ». Il est alors concevable d’imiter la politique étrangère qui est

vraisemblablement bonne pour notre pays. De toutes les façons si on se réfère à notre système

juridique, la majorité de nos lois ont été copiées celles de la France.

De même, notre organisation politique révèle à la même structure que la

sienne. Actuellement, notre régime en place s’oriente et réajuste le pays vers

l’américanisation, du moins à l’occidentale. Alors, quels seraient les obstacles et les

inconvénients de la séparation de la capitale administrative et financière ? Antananarivo sera

la capitale administrative et une autre province la capitale financière pour pallier et éviter la

lenteur de l’administration et la concentration de tous les pouvoirs et les dossiers dans une

62 Même si les « tsiriry » (oiseaux d’eau douce) errent partout (malgré la sècheresse de l’Androy, leur crèche

sera toujours à Nosemborogne (île des oiseaux = Androy).

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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seule localité, ceci à l’image de l’organisation des réalités politiques américaines :

Washington capitale administrative, New York capitale financière. D’ailleurs, le mot d’ordre

est le développement rapide et durable. L’organisation politique actuelle est penchée sur la

décentralisation effective notamment sur régionalisation conformément à la loi n°2004-001 du

17 Juin 2004 relative aux régions et à la constitution nouvellement révisée63.

II.- Séparation de l’affaire de l’Etat à celle de l’église laïcité de

l’Etat

La question de religion est un problème délicat qui n’a pas à être confondue

avec les affaires de l’Etat. Les règles de la démocratie actuelle s’accommodent mal avec la

théocratie. En effet, si la démocratie est basée sur le pouvoir du peuple, la théocratie accorde

la priorité à Dieu, deux systèmes de Gouvernement antinomique par nature. La laïcité de

l’Etat est la règle dans divers pays civilisés pour ne parler que des pays occidentaux.

La laïcité est sacrée, dixit Pasteur ANDRIAMANJATO, ex-président de

l’Assemblée Nationale, l’homme qui défait et fait les régimes est allé jusqu’à craindre

l’avènement d’un intégrisme religieux, initié par le pouvoir central « La laïcité telle qu’on la

pratique en ce moment, est une règle de conduite à ne pas modifier même d’un iota. Dans tout

pays républicain et démocratique, en l’occurrence en France, l’Etat et l’Eglise font bon

ménage, il y a toujours de respect mutuel. Chez nous, le pire est à venir, car on semble

favoriser une religion par rapport aux autres… Tout cela pourrait créer des désordres au sein

des Fidèles ». Souvenons-nous que c’était choquant de voir des « mpiandry » (bergers de

Dieu) pendant la crise de 2002, participer à la conquête des ministères. Ces initiatives sont

mal placées et contraires à l’éthique chrétienne. Le non respect de ladite laïcité risque de

marginaliser les autres citoyens car il y a des Malagasy musulmans, animistes, … « Il ne

faudrait pas que le Christianisme verse dans l’exclusion », dixit le Pasteur

RABEMANAHAKA 64.

Tout récemment, plus d’un million des Turcs se sont manifestés pour la

laïcité de leur Etat et ont refusé la candidature unique d’Abdulah GUL qui risque de glisser la

mouvance islamique et l’intégrisme religieux. Il est impérieux de savoir distinguer vers les

intérêts étatiques des intérêts personnels pour éviter un risque de glissement.

63 Cf. Art 126 et suivants, de la Constitution révisée Malagasy de 1998. 64 Cf. La Gazette de la Grande Ile du 1er Septembre 2004, pp.3.

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§II.- Respect de la loi suprême de l’Etat

Tant qu’on continue d’enfreindre la loi supra étatique, aucun pas vers le

développement à Madagascar ne serait être franchi65. Etant donné qu’elle n’énonce que les

principes généraux à suivre, elle doit être analysée scrupuleusement.

I.- Respect du principe sacro-saint de l’équilibre ethnique et régional et

alternance de pouvoir

Actuellement, nul ne peut s’empêcher de voir la concentration du pouvoir

central à Antananarivo. Les cinq institutions (Président de la République, Premier Ministre,

Président Sénat, Président Assemblée Nationale, Président Haute Cour Constitutionnelle) de

l’Etat sont dirigées par les hommes d’une seule région y compris les Directions Générales.

Or, en vertu d’une loi non écrite et coutume consistant à attribuer les postes du Premier

Ministre aux enfants des provinces si la présidence de la république est confiée à un fils de la

province d’Antananarivo et vice versa. En toute objectivité, pour des raisons morales et

d’équité, l’équilibre ethnique et régional doit être respecté. En outre, l’alternance de pouvoir

doit être de principe66.

II.- L’instauration de l’Etat de Droit et le respect de la

Démocratie

A.- L’instauration de l’Etat de droit

A Madagascar, l’Etat de Droit est au point mort parce que seuls les « petits »

sont les justiciables et le principe « tout le monde est soumis au dessous de la loi » est sujet à

caution. Les hautes personnalités notamment deviennent des « tsy maty manota ».

« L’impunité des dirigeants semble être le principe à l’heure actuelle 67». En effet, il est

salutaire d’instaurer et de rendre opérationnelle la « Haute Cour de Justice », une haute

juridiction seule compétente pour juger les hauts dirigeants de l’Etat ceci pour lutter contre

l’anarchie. Notons en passant que le développement n’est pas du miracle. Il ne s’achète ni se

vend mais c’est grâce à notre, persévérance qu’il va se réaliser. En un mot, la séparation et

l’indépendance des pouvoirs exécutif, législatif et juridictionnel sont la clé du développement.

65 Art.16 de la déclaration des droits de l’homme et des citoyens de 1789 : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée n’a pas de Constitution ». 66 cf. Art 16, Post scriptum. 67 cf. La Gazette de la Grande Ile n°0374 du 03 Juin 2004.

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Selon la théorie, depuis ARISTOTE à John LOCKE et perfectionnée par

MONTESQUIEU chaque fonction de l’Etat doit être exercée par un organe étatique.

B.- Le respect de la démocratie

Tous les pays en voie de développement savent par cœur

qu’étymologiquement, la démocratie « Est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le

peuple » mais dans l’exercice pratique les réalités sont différentes.

La preuve en est que : la pauvreté s’aggrave 68et le développement est un

mythe. Les libertés prévues dans la préambule de notre constitution impliquant la « vraie

démocratie » sont littéralement bafouées.

Actuellement, sur le plan démocratique, Madagascar est jugé médiocre dans

la Gazette de la Grande Ile en date du 13 Juin 2007 faisant son « à la une » analysant sur le

démocratie précise que « Madagascar est mal classé », selon l’étude faite par « Freedom

House » une ONG Américaine. Ca se justifie à l’heure où nous parlons. A titre d’illustration,

nous constatons l’expulsion des nombreux étrangers si on ne va citer qu’Olivier PEGUY 69et

la récente situation honteuse dans le cas du P. Sylvain URFER70, membre d’une instance

apolitique SE.FA.FI 71 malgré son analyse et sa critique à l’endroit de l’actuelle gouvernance.

La polémique se généralise compte tenu de la restriction des libertés. Rappelons qu’à part de

ces personnalités sus citées, bon nombre d’opposants Malagasy actuellement se sont exilés,

ou sont incarcérés. Alors les Malagasy, en désespoir de cause, préfèrent se taire. Et même le

Président de la Banque Mondiale Paul WOLFOWITZ qui a prêché la bonne gouvernance et la

transparence a été pris flagrant délit de népotisme. Il a été remplacé par le Président

Américain George W. BUSH par Robert ZOELLICK le 31 Mai 2007.

68 cf. La Gazette de la Grande Ile n°0458 du 10 Septembre 2004, pp.3. 69 Ambassadeur de la RFI à Madagascar. 70 cf.La Gazette de la Grande Ile n°01271 du 16 Mai 2007. 71 SEhatrasa FAnarahamaso ny FIainam-pirenana (observatoire de la vie publique).

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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Pour conclure, disons que la présente étude a donné un point de vue, d’une

part sur le système colonial et, d’autre part, sur les mouvements de décolonisation dans le Sud

de Madagascar, lesquels ont été liés au messianisme militariste judéo-chrétien, vécu et mis en

œuvre par un personnage devenu historique.

Elle aura atteint ses objectifs si elle a permis de se poser des questions non

seulement sur la colonisation, mais aussi et surtout sur l’oppression et la répression en

contexte « colonial » et actuel.

En résumé, il ressort de cette analyse que la situation de Madagascar, en

général, et du Sud, en particulier, renvoie à celle qu’a vécue la nation juive il y a 2000 ans.

Ployant sous la pression colonialiste, le peuple avait besoin d’un sauveur, d’un messie.

MONJA JAONA, partisan d’un messianisme militariste, a agi à partir de 1933 dans le sens du

SALUT de ce peuple. Les témoignages, officiels ou non, exprimés lors de sa mort, en sont la

preuve…

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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CONCLUSION

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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Au terme de notre parcours, nous avons pu constater que quelques grandes

lignes peuvent être retenues :

En premier lieu, le concept de base du Droit de développement semble

vouloir intégrer d’une part que le Droit en tant qu’ensemble des règles destinées à régir les

rapports entre les êtres humains autorise à affirmer qu’il se définit comme un instrument

idoine d’une bonne gestion de la société. Le développement entre autre, que ce soit individuel

ou collectif, avons-nous dit, dès le chapitre introductif, c’est la finalité classique de tout

système juridique. En un mot, le respect du Droit en tant que tel (science juridique) implique

directement et / ou visiblement un développement tangible étant donné que celui-ci a plutôt

un aspect qualitatif que quantitatif.

D’autre part, le droit au développement signifie dans un régime

démocratique les garanties des droits, voire même respect de la dignité humaine (exemple :

droit à la vie décente, les droits prévus dans le préambule et dans les Art 9 et 5 de la

Constitution avec les libertés y afférentes.

En second lieu, on a pu expliciter les différents obstacles qui interviennent

dans le Grand Sud Malagasy l’empêchant de faire une marche en avant voire de rattraper les

temps perdus. Au cours du temps, on a pu déduire que ces obstacles sont dus à des causes

distinctes que ce soient médiates ou immédiates, naturelles ou artificielles :

- Sur le plan physique, les déficiences des infrastructures et la dégradation

environnementale font les points marquants de l’extrême sud ;

- Sur le plan humain, l’état de la structure mentale des Antandroy est indéniable

face à la dominance des étrangers et le fort attachement aux coutumes traditionnelles, des

problèmes irréversibles à part entière ;

- Sur le plan politique, l’indépendantisme politique et le désintéressement du

pouvoir central de l’Androy y font le retard et ralentissement économique.

En troisième et dernier lieu, ces cas sus posés ont des impactes

catastrophiques. Par conséquent, Androy figure parmi les royaumes de la pauvreté. Des

solutions ont donc été proposées pour tenter de remédier à ces obstacles qui sévissent dans le

pays des épines et pour briser ces susvisés cycles infernaux qui minent dans la région :

- Sur le plan physique, la construction routière et les autres infrastructures sont

hautement souhaitables. Par ailleurs, les solutions environnementales semblent prioritaires qui

constitue en la reforestation et le reboisement ;

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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- Sur le plan humain, la mise en valeur de l’Androy est une nécessité car elle est

créatrice d’emploi mais aussi et surtout facteur de changement qualitatif socioculturel, enfin

elle favorise une incitation à l’éducation des jeunes ;

- Et sur le plan politique, la condition sine qua non du développement de

Madagascar, est la séparation de la capitale administrative de la capitale financière, ceci pour

insuffler un état de Droit vraiment démocratique.

Actuellement, nul ne peut s’empêcher de reconnaître l’effort du

gouvernement dans la mise en place des grandes opérations de solidarité nationale depuis le

« S.O.S » de 1992, puis le « Téléthon » de 2003 pour subvenir aux besoins des frères et sœurs

du sud victimes de la sècheresse et du « KERE », sans pour autant exclure les assistances et

soutiens sans faille quasi permanentes apportés par la communauté internationale par le biais

du P.A.M et d’autres organismes similaires telle « l’Ecole du monde », …. et auxquelles nous

ne manquerons pas d’exprimer notre gratitude. Mais tout ceci n’a pas mis fin aux séquelles du

mal dues à l’incohérence institutionnelle des régimes d’autant soldée par le démantèlement de

l’économie et les tracasseries administratives ressenties dans toute l’île et le Grand Sud

Malagasy. Cette contrée aux conditions a souffert Androy plus que les autres.

Ainsi, même si actuellement jusqu’à preuve du contraire c’est difficile

d’admettre que le paradis terrestres se trouve en Afrique voire à Madagascar, Androy même,

nous pensons qu’il y a des problèmes à creuser à la hauteur des grandeurs du passé. Le

principe est clair et net : « un peuple sans Histoire est un monde sans âme ». Le Grand Sud,

malgré son Histoire détournée au dépens de lui-même, offre une large place à la démocratie et

à l’Etat de Droit , principales sources de toute justice équitable, de tout ordre et du

développement attendu.

Alors même si pas mal des voix ont été élevées jusqu’aux tombeaux par de

guerriers et héros de l’Androy tels MONJA JAONA, LAHA Gaston, LAHIANDROY,

LATMER Rangers, …et par les chercheurs de bonne volonté pour le sort du pays du Grand

Sud Malagasy, nous voudrions de plus les rehausser au nom du peuple tout entier afin que les

sourds et les « faisant semblant » l’entendent et le prennent soin.

L’Androy exprime ses honnêtes vœux et son souhait que tout le peuple soit

un peuple libre, un peuple égalitaire, un peuple fraternel responsable de ses droits et de ses

devoirs tout en dénonçant un régime injuste, un régime clanique, un régime dictatorial, …

« Vox populi, vox dei » Ainsi soit-il.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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GLOSSAIRE

- Aloalo : Poteau en bois sculpté ornant les tombeaux. Il symbolise les sept jours de

la semaine incarnés dans les lunes et des étoiles et dominé par le soleil. Au

sommet se trouve une sculpture de zébu ou d’une scène quotidienne.

D’origine Mahafaly, les Antandroy leur ont acheté le droit d’utiliser les

aloalo sur leurs tombeaux.

- Aoly : Charmes et amulettes destinés à éloigner les mauvais esprits, les maladies

et à assurer la prospérité de la richesse et la fécondité des femmes.

- Beko : Chants polyphoniques retraçant la vie du défunt.

- Dahalo : Voleurs de zébu et bandits de grand chemin sévissant dans les brousses

reculées de l’Ouest et du Sud de Madagascar.

- Dina : Ensemble des règles composant la justice coutumière, servant à régir les

rapports des villageois basés surtout sur le vol de bovidés.

- Emboke : Rite d’abattage de zébu et communiqué de programme au « fanagnadrae »

(famille élargie, communauté, clans) pour les non priants.

- Faly : Règles et interdits qui doivent être respectées sous peine de sanction.

- Famata : Euphorbiacée arborescente endémique à l’extrême Sud de Madagascar, son

suc, dangereux pour les yeux, est utilisé pour désinfecter les plaies.

- Fantiolotse : Plante didiéracée (alluandia procera) endémique de l’extrême sud de

Madagascar. Son bois est utilisé pour la construction des cases.

- Kere : Carence ou défaillance alimentaire due à une malnutrition et sous nutrition

sévères et périodiques (qui devient toutefois ironiquement le symbole de

l’Androy).

- Lilindrazaou fomban-draza : Littéralement « la coutume des ancêtres », c’est

l’ensemble des règles qui régit le quotidien des Antandroy.

- Langoro : Instrument de percussion en peau de zébu (tambour).

- Mahafaly : Peuple voisin culturellement et généalogiquement des Antandroy.

- Hazomanga : Poteaux claniques qui symbolisent les liens entre les vivants et les esprits.

- Mpisoro : Détenteur ou gardien des hazomanga ; un prêtre traditionnel.

- Ombiasa : Devin guérisseur du village chargé de dialoguer avec les esprits pour

maintenir l’équilibre entre les vivants et les morts.

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- Raketa : Cactée très répandue en Androy et utilisé pour nourrir les zébus, désaltérer

les hommes et protéger les villages (cactus).

- Raiamandreny : Homme de sagesse et d’expérience ayant une influence sur la communauté

villageoise. Il est souvent le plus âge de la communauté.

- Roy : Sorte de mimosée arborescente hérissée d’épines acérées. A donné le nom

de l’Androy, « là où il y a beaucoup de roy » ou « le pays des épines », et à

son peuple : les Antandroy (selon la dénomination Malagasy officielle) ou

Ntandroy ou Tandroy (quand ce peuple par de lui-même), ceux du pays des

épines.

- Sabo : Rythmes musicaux destinés à appelés les esprits pour la transe.

- Sikily : Pratique divinatoire (géomancie) utilisant les graines d’arbres « fane ».

- Toake gasy : Alcool artisanal a base de tamarin (kile), de canne à sucre, …atteignant les

90°.

- Tsinjake : Danse traditionnelle pratiquée pendant les cérémonies funéraires ou le

« Sandratse » (soin musicothérapique).

- Tromba : Rite de possession par les esprits. Terme d’origine Sakalava historiquement

voisins proche des Antandroy.

- Trongatse : Plante médicinale anticancéreux et sédatif contre la tension artérielle,

pervenche de Madagascar.

- Tsimahaivelogne : Fossoyeur ou ministre de funérailles.

- Vahombe : Variété d’aloès utilisé pour teindre la laine mohair (fole, lande, …) ou pour

soigner les maux de ventre.

- Vazaha : Terme utilisé pour désigner une personne étrangère à la communauté, plus

particulièrement le blanc.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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BIBLIOGRAPHIES

I.- OUVRAGES :

- COULAUD (Daniel), Les zafimaniry édit FBM, 1973.

- ELLI (Luigi), Une Civilisation du Bœuf, Les BARA de Madagascar, Ambozontany

Fianarantsoa.

- GUERIN (Michel), Le défi de l’Androy et l’Androy et l’appel à la vie,

Lib. Ambozontany Fianarantsoa (Madagascar), 1977.

- MOLLET (Louis), Le bain royal à Madagascar, explication de la fête Malgache du

Fandroana par la coutume disparue de la manducation des morts

Tananarive, 1956.

- SAMBO, « Beko pour l’Androy » (recueil des poèmes),

l’Harmattan.

- VALVERDE (Benjamin) - HONORE (Thomas), Antandroy mystère d’un peuple,

Carambole.

II.- TEXTES

A.- Textes internationaux

- Déclaration des Droit de l’homme et du citoyen de 1789

- Déclaration Universelle des droits de l’homme du 10 Décembre 1948

- Charte Africaine des droits de l’Homme et des peuples du 28 Juin 1981

- Déclaration d’Ouagadougou, conférence panafricaine sur l’éducation des filles

du 1er Avril 1993

- Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des

femmes

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

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B.- Textes nationaux

- La nouvelle Constitution Révisée Malagasy du 04 avril 2007

- Ordonnance 60-106 du 27 Septembre 1960 relative à la répression de vol de bovidés

- Ordonnance 62-089 du 1er Octobre 1960 relative au mariage

- Loi n°67.030 du 18 Novembre 1967 relative au Régime Matrimonial

- Loi n°68.012 du 04 Juillet 1968 relative aux successions, Donation et au testament

- Loi n°70-001 du 23 juin 1970 portant approbation de l’adhésion au pacte international

relatifs au droits civils et politiques, et au protocole facultatif se rapport au dit Pacte

(J.O n°713 du 27 Juin 1970, p. 1348)

- Loi n°70-005 du 23 Juin 1970 portant ratification du Pacte International relatif aux

droits économiques, sociaux et culturels (J.O n°713 du 27 Juin 1970 p : 1364)

- Loi n°2004-001 du 17 Juin 2004 relative aux régions

III.- DOCUMENTS :

- ALIZAFY (Basile) et Père BE (Jn René), Les premiers Lazaristes Malagasy,

Ambozontany Fianarantsoa, 1996, pp 209.

- BENOLO (François), La religion traditionnelle dans le sud Malagasy chez les

Antandroy , Ambozontany Fianarantsoa, 1996, pp 301.

- LAROUSSE (Robert), Petit Larousse illustré,

Editeur Larousse, 2000, pp.329.

- Leçon R.M.S, Droit de la famille, libertés publiques, économie, sciences sociales, …

- M.A.E.P : textes législatifs et règlementaires.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

100

- NJARA (Ernest), Le mal et la justice à Madagascar, Présence Africaine 163 / 164,

Revue juridique et politique édition Juris Africa n°1, Janvier - Avril 2002.

- NJARA (Ernest), Droit et culture, n°24, L’Harmattan, 1993.

- NJARA (Ernest), Le DINA, Fandriampahalemana, Droit et Cultures, n°26/1993, édit.

l’Harmattan.

- NJARA (Ernest), Le sentimentalisme juridique, quel cas à Madagascar, Bull. Acad.

Natl. Arts Lett. Sc., LXXX / 1. Janvier - Juin 2004.

- POULARD (Paul), Dictionnaire des religions,

P.U.F, 1984.

- RAKOTOARISON (Jean), Droit de développement,

Fianarantsoa, 2006.

- RANDRIAMAROLAZA (Louis), « Christianisme dans le Sud de Madagascar,

l’itinéraire politique du Leader nationaliste MONJA JAONA du JINY au MONIMA

(1942 - 1960), Ambozontany Fianarantsoa, 1996.

- RANDRIANARISON (Jean), Le bœufs dans l’économie rurale de Madagascar, I, in

M/car Revue de Géographie, 28 (Janv – Juin 1976).

- SAP / SIRSA, données concernant le Sud (CD)

I- JOURNAUX ET REVUES :

- Le Point n°1753 du 20 Avril 2006.

- RABEARIMANANA (Gabriel), Une date dans l’Histoire, Revue de l’Océan Indien,

ROI Madagascar, septembre 2001

- Tribune du 21 Mai 2004, n°4658, Pour sauver l’Androy

- La Gazette de la Grande Ile du 03 Juin 2004, n°0374, Pas de sanction pour les

dirigeants.

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Les obstacles au développement dans le sud : cas de l’Androy

101

- La Gazette de la Grande Ile, du 1er Septembre 2004, sur la Laïcité de l’Etat.

- La Gazette de la Grande Ile, du 1er Septembre 2004, L’eau potable fait défaut.

- La Gazette de la Grande Ile du 10 Septembre 2004, n°0458, La pauvreté s’aggrave.

- Hebdo de Madagascar, reportage n°106 du 24 Février 2007, Au cœur du « KERE » AU

PAYS DES EPINES.

- La Gazette de la Grande Ile du 16 Mai 2007, n°01271, Un message à SARKOZY ?

expulsion de Sylvain URFER

II- WEBOGRAPHIE :

- W.W.W GOOGLE.Com.

- W.W.W GRET.Com.

- W.W.W Lagazette.Com.

- W.W.W Mada doc

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ANNEXES

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ANNEXE I

PHOTOS EMBLEMATIQUES DE L’ANDROY

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ANNEXE II

DINAN’NY MPIHARY

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ORDONNANCE N°60-106 DU 27 SEPTEMBRE 1960 relative à la répression de vols de bœufs

(J.O.R.M. 1960 - p. 1949) ---------------

Dispositions préliminaires

ARTICLE PREMIER . - Des cours criminelles spéciales, définies au titre III, connaissent des vols de bœufs et autres faits qualifiés crimes par la présente ordonnance ainsi que des infractions connexes.

Ces juridictions sont établies au siège des tribunaux de première instance et des sections. (Loi n°61-030 du 18 octobre 1961, p. 1818) Elles ont le même ressort que le tribunal ou la section sauf ce qui est dit à l’article 48.

Article 2 . - Les faits qualifiés délits sont déférés aux tribunaux correctionnels conformément au droit commun.

TITRE I DES INFRACTIONS

CHAPITRE I

DES SANCTIONS PENALES

SECTION I

DES FAITS QUALIFIES CRIMES

Article 3 . - Les vols de bœufs sont sanctionnés conformément aux dispositions ci-après. Article 4 . - Sera puni de la peine de mort quiconque aura soustrait ou tenté de soustraire frauduleusement un ou plusieurs bœufs, dès lors que cette infraction a été précédée, accompagnée ou suivie d’un meurtre. Article 5 . - (Loi n°61-030 du 18 octobre 1961). Sera puni de la peine des travaux forcés à perpétuité tout individu coupable d’avoir soustrait frauduleusement un ou plusieurs bœufs, si le vol a été commis avec la réunion de trois au moins des circonstances aggravantes suivantes :

1.- la nuit ; 2.- en réunion de deux ou plusieurs personnes ; 3.- avec port d’arme apparente ou cachée, sans qu’il y ait lieu de distinguer à cet égard entre les armes par nature

et les instruments qualifiés armes par l’usage qui en est fait ; 4.- avec violence ; 5.- en alléguant un faux ordre de l’autorité civile ou militaire.

Article 6 . - Tout autre vol de un ou plusieurs bœufs commis dans le champ, pâturages, parcs, enclos ou en tout autre lieu sera puni d’une peine de cinq à vingt ans de travaux forcés. Article 7 . - Sera puni de la même peine, tout individu qui aura, volontairement et sans nécessité, mis à mort, mutilé ou blessé un ou plusieurs bœufs appartenant à autrui. Article 8 . - Outre les cas de complicité prévus aux articles 59, 60 et 61 du Code Pénal, seront considérés comme complices d’un voleur de bœufs et, comme tels, punis des mêmes peines que celui-ci, les individus qui, en connaissance de cause, lui auront fourni nourriture ou asile ou prêté par un moyen quelconque, même indirect mais conscient, aide et assistance dans la préparation ou la commission de son crime ou pour assurer non impunité. Article 9 . - La receleur de bœufs volés sera puni des mêmes peines que l’auteur principal, quand bien même il aura ignoré les circonstances aggravantes du crime. Article 10. - A l’encontre des individus punis des travaux forcés à temps ou de la réclusion, l’interdiction de séjour devra toujours être prononcée.

Sa durée de cinq à 10 ans. Article 11. - Les dispositions de l’article 380 du Code Pénal ne sont pas applicables aux soustractions visées à la présente section.

(Loi n°61-030 du 18 octobre 1961) - Les dispositions de l’ordonnance n°60-029 du 14 Mai 1960, tendant à renforcer la répression de certaines infractions et à accélérer la procédure sont applicables aux infractions visés par la présente ordonnance.

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SECTION II DES FAITS QUALIFIES DELITS

Article 12. - Quiconque, connaissant l’auteur d’un vol de bœufs, ne l’aura pas dénoncé aux autorités, ou, connaissant le lieu de son refuge, ne l’aura pas signalé, sera puni emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 10.000 à 100.000 FMG. Article 13. - Tout individu coupable d’avoir porté, même contre personne non dénommée, une fausse accusation de vols, recel, mise à mort, blessure ou mutilation d’un bœuf, sera puni des peines prévues à l’article 12 précédent.

Article 14. - Tout abattage clandestin de bœufs ou tout abattage opéré sans qu’il puisse être justifié de la propriété de l’animal abattu, sera puni d’un emprisonnement d’un à trois mois et d’une amende de 10.000 à 100.000 FMG ou de l’une de ces deux peines seulement.

Si l’abattage est le fait des représentants légaux, agents ou employé d’une société civile ou commerciale, l’amende pourra être portée au décuple de la valeur globale des bêtes abattues.

CHAPITRE II DES REPARATIONS CIVILES

Article 15. - Seront déclarés civilement responsables et condamnés solidairement à la restitution des boeufs volés ou au remboursement de leur valeur, quand il aura été retenu à leur encontre une faute en relation avec l’infraction commise, les fokonolona :

- Du village où demeuraient habituellement les coupables ; - Du lieu où les animaux dérobés auront été retrouvés ; - De l’endroit où les traces des boeufs volés auront abouti.

Les représentants de ces fokonolona seront cités à la diligence du ministère public lorsque leur responsabilité

paraître devoir être recherchée. Le même droit appartiendra à la partie civile. Article 16. - En cas d’acquittement, la partie civile pourra néanmoins, demander réparation du dommage causé par la fauts de l’accusé, telle que cette faute résulte des faits qui ont été l’objet de l’accusation.

Ainsi ajouté, un article 16-bis ainsi conçu : (Loi n°61-030 du 18 octobre 1961).

Article 16-Bis. - Lorsque les biens du condamné ne permettent pas le paiement des dommages-intérêts, le président du tribunal ou le président de la section peut, sur présentation de la grosse de la décision et des pièces justificatives, autoriser l’exécution solidairement sur les biens du conjoint ou des parents du condamné qui, à l’époque du crime ou du délit habitaient le même canton que lui et dont la parenté est établie selon les règles coutumières.

« Le magistrat compétent est celui du lieu de la situation des biens. « L’opposition à cette ordonnance est portée devant la juridiction civile compétente qui statue d’urgence. « Pendant la durée de l’instance civile, les boeufs saisis pourront être confiés par l’agent d’exécution à la

garde soit d’un service public, s’il en existe, soit d’une personne digne de confiance, qui devra les représenter à toute réquisition de justice.

« Si la partie saisie et la partie saisissante sont d’accord et si elles s’entendent sur la valeur estimative des boeufs à saisir, ceux-ci peuvent être remis directement à la partie saisissante. Il sera alors dressé un procès-verbal de remise.

(Ordonnance n°62-090 du 1.10.62). Les dispositions de l’article 221 du Code Pénal sont applicables aux décisions rendues en vertu du présent article ».

TITRE II DE L’ENQUETE PRELIMINAIRE ET DE L’INFORMATION

SECTION I

DU ROLE DU FOKONOLONA

Article 17. - Toute personne, ayant connaissance d’un vol de boeufs, doit en aviser le fokonolona de son domicile. Article 18. - Le fokonolona rend compte à l’officier de police judiciaire le plus proche. Il prend en même temps et sans désemparer toutes mesures nécessaires à la découverte et à l’arrestation des coupables. Il recherche les traces, recueille les renseignements, organise la poursuite. A cet effet, il peut pénétrer à l’intérieur de toutes propriétés ou concessions, tous établissements. Article 19. - Les représentants du fokonolona ont qualité pour entendre les témoins, sans toutefois que ces derniers puissent être retenus à cet effet au-delà de 24 heures.

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Article 20. - Dans le cas où ces opérations amènent dans un village la découverte d’une ou plusieurs bêtes dérobées ou de leurs dépouilles, la population est rassemblée. Les explications des suspects sont recueillies publiquement. Du tout, il est dressé procès-verbal par un citoyen lettré à ce requis. Les fonctionnaires publics, s’il s’en trouve, sont tenus de déférer à cette réquisition. Article 21. - Les suspects sont conduits sans retard devant l’officier de police judiciaire le plus proche du lieu de leur capture. Ils peuvent être entravés si leur fuite est à craindre, mais ne doivent en aucun cas subir de violence ou de mauvais traitements.

SECTION II DES ATTRIBUTIONS DE L’OFFICIER DE POLICE JUDICIARE

Article 22. - Prennent la qualité d’officiers de police judiciaire subalternes, pour la seule constatation des crimes et délits prévus par la présente ordonnance :

- Les chefs de canton ; - Les militaires de la gendarmerie, quelles que soient leurs fonctions, qui n’ont pas normalement cette qualité.

Article 23. - Les officiers de police judiciaire et tous autres ont compétence mais en dehors des limites de leur circonscription pour suivre l’enquête commencée sur les infractions prévues par la présente ordonnance ou pour l’exécution de toute délégation judiciaire.

Ils se trouvent placés sous le contrôle constant du commandant de l’unité de gendarmerie, dans le ressort de laquelle ils opèrent.

Article 24. - L'officier de police judiciaire est saisi, en matière de vols de bœufs :

- Soit par la rumeur publique ; - Soit par plainte ou dénonciation ; - Soit par le Fokonolona, qui a le devoir de l’aviser dans les plus brefs délais.

Article 25. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). Sitôt informé du vol de bœufs, l’officier de police judiciaire en avise le commandant de l’unité de gendarmerie qui lui-même rend compte à son tour au magistrat ou à l’officier du ministère public compétent. Le magistrat ou l’officier du ministère public peut lui adresser toutes instructions utiles. Article 26. - L'officier de police judicaire averti d’un vol de bœufs se rend sur les lieux le plus promptement possible et prend la direction de l’enquête avec le concours du fokonolona qui lui doit aide et assistance et peut être chargé par lui de certaines missions. Article 27. - Deux membres du fokonolona, dont le chef de village, assistent à l’audition des suspects. A la fin de celle-ci, ils interpellent les déclarants pour savoir s’ils ont à retrancher ou à ajouter aux mentions consignées au procès-verbal ou au carnet de déclaration de l’officier de police judiciaire. Article 28. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). Le commandant de l’unité de gendarmerie compétente coordonne les diverses enquêtes des personnes qualifiées officiers de police judiciaire au sens de la présente ordonnance. Article 29. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). Il transmet les procès-verbaux des enquêtes et fait conduire dans les délais légaux les personnes appréhendées, au magistrat ou à l’officier du ministère public. Article 30. - Dans les enquêtes menées en vertu des dispositions des articles 17 à 29 ci-dessus, l’inobservation d’une des formalités qui y sont prescrites n’emporte aucune nullité, si elle n’a pas eu pour conséquence de / ou de compromettre l’exercice des droits de la défenses.

SECTION II DES ATTRIBUTIONS DU MINISTERE PUBLIC

Article 31. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). Dès réception des procès-verbaux d’enquête, le procureur de la République ou le magistrat qui le représente au près de la section compétente, s’il estime qu’il y a lieu de poursuivre l’auteur d’une des infractions prévues à la présente ordonnance suit à cet effet l’une des deux procédures ci-après : Article 32. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). S’il s’agit de l’un des crimes, flagrants ou non, autres que ceux punis de la peine de mort ou des travaux forcés à perpétuité ou délits flagrants ou non, dont les auteurs sont identifiés et contre lesquels peuvent être retenus soit des aveux circonstanciés, soit des charges manifestes, les procureur de la République ou le magistrat qui le représente auprès de la section compétente procède à l’interrogatoire sur l’identité de l’auteur présumé, lui fait connaître les faits qui lui sont reprochés et recuille ses explications.

Il déclare, s’il échet, un mandat de dépôt dont la durée de validité ne peut dépasser trois mois à compter de la date d’écrou.

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Après avoir procédé, s’il y a lieu, par lui-même ou par délégation, à toutes investigations complémentaires dans les formes prévues en matière d’information sommaire, il signe un ordre de renvoi devant la cour criminelle spéciale ou devant le tribunal correctionnel suivant les cas, et rend une ordonnance de prise de corps qui se substitue, le cas échéant au mandat de dépôt. Il fait donner citation aux accusés ou prévenus pour la plus proche audience utile.

Article 33. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). S’il s’agit de crimes punis de la peine de mort ou des travaux forcés à perpétuité, ou, exceptionnellement, d’autres crimes ou délits rendant nécessaire l’intervention d’un juge d’instruction, le magistrat du ministère public ordonne l’ouverture d’une instruction préparatoire. Article 34. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). Lorsqu’un individu appréhendé dans les cas prévus à l’article 32 est présenté à un officier du ministère public, celui-ci après l’avoir interrogé sur son identité, lui fait connaître les faits qui lui reprochés et recueilli ses explications.

Il décerne, s’il échet, un billet d’écrou dont la validité est limité à quinze jours, à charge par lui d’en aviser immédiatement le magistrat du ministère public en lui demandant la délivrance d’un mandat de dépôt.

Si l’information lui paraît complète, il transmet immédiatement les pièces au magistrat du ministère public et fait transférer l’inculpé.

Dans le cas contraire, il procède à tous actes nécessaires à la manifestation de la vérité dans les formes prévus en matière d’information sommaire ; il peut à cet effet déléguer les officier de police judiciaire de sa circonscription. Il transmet les pièces au magistrat du ministère public dont il dépend, au plus tard dans les deux mois de l’arrestation de l’inculpé, et fait transférer ce dernier.

Article 34-Bis. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). Lorsque l’officier du ministère public constate que les faits retenus contre un individu appréhendé constituent une infraction exigeant l’ouverture d’une instruction préparatoire dans les cas prévus par l’article 33, il adresse au parquet dont il dépend les premiers éléments de l’enquête.

Il décerne, s’il échet, un billet d’écrou valable pour une période de 15 jours contre l’auteur présumé, qu’il fait aussitôt transférer et propose l’ouverture d’une instruction préparatoire avec délivrance d’un mandat de dépôt.

Article 34-Ter. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). Dans tous les autres cas, il transmet dans les plus brefs délais la procédure d’enquête au magistrat du ministère public dont il dépend, seul habilité à prendre une décision.

SECTION IV DE L’INSTRUCTION ET DU RENVOI DEVANT LA COUR CRIMIN ELLE SPECIALE

Article 35. - (Ordonnance n°61-030 du 18 octobre 1961). Lorsqu’une instruction est ouverte, il est procédé conformément aux dispositions du code d’instruction criminelle.

(Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). En cas de charges suffisantes de crime emportant la peine des travaux forcés à temps, le juge d’instruction rend une ordonnance de renvoi devant la cour criminelle spéciale et une ordonnance de prise de corps, qui se substitue, le cas échéant, au mandat de dépôt. Dès réception du dossier le procureur de la République ou le magistrat qui le représente auprès de la section compétente fait donner citation aux accusés ou prévenus pour la plus proche audience utile.

Si la peine encourue est celle des travaux forcés à perpétuité ou la mort, le juge d’instruction rendra une ordonnance de transmission des pièces à la Chambre des mises en accusation.

Article 36. - Lorsqu'une ordonnance de transmission à la chambre des mises en accusation aura été rendue, le procureur général sera tenu de mettre le dossier en état dans les quinze jours de sa réception à son parquet.

La chambre des mises en accusation statuera dans les quinze jours.

Article 37. - Dès le prononcé de l’arrêt portant renvoi, le procureur général dresse l’acte d’accusation et la liste des témoins, parmi lesquels doivent obligatoirement figurer les chefs de villages ayant participé à l’enquête.

De son côté, le premier président fixe par ordonnance la date de la session et désigne le magistrat chargé de la présider.

Article 38. - Notification est faite à l’accusé de l’arrêt de renvoi, de l’acte d’accusation, de la liste des témoins et de la liste de session.

Copie, en langue malgache, de chacune de ces pièces doit être délivrée à l’accusé.

SECTION V DE L’ORGANISATION DE LA DEFENSE

Article 39. - Chaque fois que les circonstances le permettent, un défenseur est désigné d’office à l’accusé, soit parmi les membres du barreau établis au siège de la juridiction, soit parmi les agents d’affaires autorisés, soit en la personne de tout autre citoyen jugé apte à assurer efficacement la défense.

L’accusé peut également choisir pour l’assister telle personne qui lui convient, sous réserve de l’agrément du président.

A défaut, toute personne, qu’elle soit ou non parente, peut s’offrir pour présenter sa défense. Lorsque la peine de mort ou les travaux forcés à perpétuité est encourue un avocat est toujours commis.

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Article 40. - Les désignations sont faites par le président de la cour criminelle. Il peut déléguer ce pouvoir.

TITRE III DU JUGEMENT

SETION I

DE LA FORMATION DES COURS CRIMINELLES SPECIALES

Article 41. - La cour criminelle spéciale est composée : - Du président du tribunal de première instance ou de la section, ou de tout autre magistrat désigné par le premier

président de la cour d’appel - De six assesseurs ayant voix délibérative.

Article 42. - Le ministère public est représenté par le procureur de la République ou l’un de ses substituts ; à défaut par un magistrat désigné à cet effet par le procureur général. - Complété ainsi qu’il suit : (Loi n°61-030 du 18 octobre 196). « Au siège des sections de tribunal, la présence du ministère public n’est pas obligatoire ». Article 43. - Lorsque la peine de mort ou celle des travaux forcés à perpétuité est encourue, le président de la cour criminelle spéciale et le représentant du ministère public doivent avoir rang au moins de conseiller à la cour d’appel et de substitut du procureur général.

Le premier président et le procureur général, chaque fois qu’ils le jugent convenable, siègent à la cour criminelle spéciale.

Article 44. - Les assesseurs sont tirés au sort sur une liste de 39 noms de citoyens âgés de 25 ans au moins, jouissant de leurs droits civils et politiques. Le collège des assesseurs doit comprendre, au moins pour moitié, des éleveurs des bœufs.

La liste est arrêtée annuellement par le président du tribunal ou de la section dans des conditions qui seront fixées par décret.

Article 45. - Les fonctions d’assesseurs sont incompatibles avec l’exercice d’une fonction gouvernementale ou parlementaire, avec la qualité de fonctionnaire de la police ou de militaire d’une armée quelconque.

Nul ne peut être assesseur dans une affaire où il a accompli un acte de police judiciaire ou d’instruction ou dans laquelle il est témoin, dénonciateur, interprète, expert, plaignant ou partie civile.

Article 46. - Six assesseurs titulaires et trois suppléants sont désignés trimestriellement par voie de tirage au sort sur la liste annuelle. Les suppléants devront résider à moins de 10 kms du siège de la juridiction.

Ils sont appelés à siéger pour le jugement de toutes les affaires autres que celles visées à l’article 48 ci-dessus.

Article 47. - Le Ministère public et l’accusé ne peuvent, dans ce cas, récuser qu’un assesseur chacun. Article 48. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). Lorsque le renvoi a été prononcé par arrêt de la chambre d’accusation pour des faits emportant la peine de mort ou celle des travaux forcés à perpétuité, l’affaire est portée devant la cour criminelle spéciale établie au lieu où siège la cour criminelle ordinaire, déterminé comme il est dit à l’article 3 de l’ordonnance n°60-107 du 27 septembre 1960 portant réforme de l’organisation judiciaire.

En cas, les assesseurs sont tirés au sort sur la liste des 18 noms prévue à l’article 44 ci-dessus, suivant la procédure prévue pour la cour criminelle ordinaire.

SECTION II DE LA PROCEDURE

Article 49. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). Il est ensuite procédé comme devant les cours criminelles ordinaires.

Toutefois, lorsque la cour criminelle spéciale est saisie directement par un ordre de renvoi du procureur de la République ou du magistrat qui le représente auprès de la section compétente, ou par une ordonnance de renvoi du juge d’instruction, toute demande de nullité d’un acte de poursuite ou d’instruction doit être, à peine de forclusion définitive, proposée à cette juridiction dès l’ouverture des débats.

Article 50. - (Ordonnance n°62-090 du 1er octobre 1962). Toutefois le délai imparti au procureur général pour se pourvoir en cassation est porté à quinze jours francs.

Le recours en cassation du procureur général est ouvert contre les arrêts d’acquittement. N.B. Les expressions « code d’instruction criminelle » et « chambre des mises en accusation » dans le texte sont remplacées respectivement par celles de « code de procédure pénale » ou de « chambre d’accusation ».-

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ANNEXE III

ORDONNANCE 60-106 RELATIVE A LA REPRESSION DE VOL D E BŒUFS

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ORDONNANCE N° 62-089 DU 1er OCTOBRE 1962 relative au mariage

(J.O. n° 250 du 19.10.62, P. 2366) modifiée et complétée par la loi n° 64-017 du 14 no vembre 1964 (J.O. du 21.11.64, p. 2498), la loi n° 90-013 du 20 juillet 1990 (J.O. n° 2008 E.S. du 23.07.90, p.1295) et par la loi n°

98-023 du 25 janvier 1999 (J.O. n° 2560 du 08.02.99, p.789)

EXPOSE DES MOTIFS

Poursuivant la rédaction du nouveau Code civil malgache, la commission de rédaction du Code civil créée par le décret du 27 avril 1960 a rédigé les dispositions législatives appelées à régir le mariage.

Base naturelle et morale de la famille, le mariage avait fait l’objet de nombreuses règles écrites et orales dans les coutumes malgaches, et il était naturel que la commission, avant de se consacrer à la rédaction des articles ait eu le souci d’étudier toutes les dispositions coutumières régissant le mariage dans les divers systèmes juridiques malgaches. En raison de l’importance de la matière, la connaissance avait particulièrement pris soin de procéder aux plus larges consultations tandis que le Gouvernement s’était soucié de faire participer la population elle-même à l’élaboration d’une loi qui l’intéresse au premier chef.

L’étude préalable des coutumes malgaches s’est déroulée selon les phases suivantes : 1° Une enquête nationale sur les coutumes juridiques s’est déroulée dans toutes les sous-préfectures du

1er décembre 1960 du 30 mai 1961: organisée par les services du Ministère de la justice, elle a pu s’effectuer auprès des élus, des notables, des ray aman-dreny, des municipalités et des fokonolona.

2° Toutes les réponses à cette enquête ont été exam inées par des commissions provinciales de constatation des coutumes présidées par les secrétaires d’Etat délégués et composées notamment de parlementaires, de conseillers généraux, de représentants des Missions religieuses et des Eglises, de membres du corps enseignant.

Ces commissions ont remis au gouvernement des rapports de synthèses. 3° Un rapport général de synthèse de cent trente trois pages sur les coutumes a été présenté à la

commission de rédaction du Code civil qui l’a étudié et a présenté à son tour au Gouvernement des conclusions générales qui ont été approuvées en conseil des Ministres le 28 mars 1962.

4° Ces conclusions ont été soumises à tous les conseils généraux durant leur session du mois d’avril 1962. Les conseils généraux les ont approuvées en assortissant leurs résolutions de vœux et de suggestions.

C’est après avoir pris connaissance de l’ensemble des divers documents ainsi réalisés que la commission de la rédaction a commencé à rédiger les dispositions soumises aujourd’hui à votre approbation.

Les principes de travail qui ont guidé les rédacteurs du projet ont été les suivants : 1° Faire un texte authentiquement malgache tenant c ompte dans la plus large mesure des coutumes

constamment suivies et de l’esprit qui anime les institutions traditionnelles ; 2° Ne pas figer ou cristalliser les coutumes mais d oter le peuple malgache de lois modernes lui offrant de

larges possibilités d’évolution sans rompre brutalement avec ses traditions ; 3° Unifier pour tous les citoyens malgaches le droi t du mariage ; 4° Assurer, conformément aux termes du préambule de la Constitution la cohésion de la famille ; 5° Amener la population, et notamment la population rurale à avoir recours à l’officier de l’état civil. En

cela, le législateur malgache se conforme au projet de convention et de recommandation de la troisième commission de l’O.N.U. sur le mariage qui dispose en son article 3 que «tous les mariages doivent être inscrits par l’autorité compétente sur un registre officiel».

Les simplifications introduites pour faciliter la procédure du mariage complètent heureusement les

mesures exceptionnelles et transitoires de la loi du 5 octobre 1961 sur l’état civil qui permettent la régularisation des unions coutumières.

L’ordonnance comporte neuf chapitres concernant successivement les matières suivantes : Les caractères généraux du mariage, les conditions requises pour contracter mariage, la formation et la

célébration, et la preuve du mariage, la sanction des conditions du mariage, les effets et la dissolution du mariage, la procédure du divorce.

Les principales dispositions qui requièrent une attention particulière en raison de leur originalité peuvent être ainsi résumées :

1° - Définition du mariage : au risque de donner à la nouvelle loi une allure doctrinale, les auteurs du projet ont tenu à définir dans les deux premiers articles l’institution du mariage. Ils ont conclu par-là caractériser le mariage par rapport aux autres unions traditionnelles ou fortuites, et assurer la stabilité du lien matrimonial (article premier et art. 7).

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2° - Formes du mariage: le mariage peut être contracté sous l’une des deux formes prévues à l’article 2: célébration par l’officier de l’état civil et célébration selon les traditions suivie de l’enregistrement à l’état civil.

Cette deuxième forme du mariage n’est qu’une consécration de la coutume. Traditionnellement en effet, le mariage est conclu dès lors que les formalités coutumières ont été accomplies et principalement lorsque la donation du vodiondry ou fandeo, fafy, diafotaka, orimbato, fanokoana, etc., a été faite (art. 2, art. 29 à 36 du projet).

La célébration du mariage dans l’une ou l’autre forme est suivie de la rédaction d’un acte de mariage par l’officier de l’état civil compétent, dans le premier cas immédiatement après la célébration, dans le second cas au vu du procès-verbal dressé par le représentant de l’autorité qui a assisté aux cérémonies traditionnelles.

3° - L’intervention de la famille dans la conclusion du mariage: cette intervention qui est traditionnelle chez les Malgaches a été aménagée de telle sorte que la tradition soit respectée sans que toutefois les droits de l’individu soient lésés. L’article 5 du projet prévoit en cas de mariage d’un mineur, l’autorisation préalable «du père, de la mère ou à leur défaut de la personne qui selon l’usage (c’est à dire selon les règles coutumières) ou la loi a autorité sur lui».

La notion de majorité matrimoniale différente de celle de majorité civile a été consacrée par le législateur dans cet article 5. Cette majorité matrimoniale a été fixée à dix-huit ans.

Par ailleurs, les modalités de l’opposition au mariage sont réglées par les articles 16 à 28 du projet qui organisent une procédure rapide: susceptible d’éviter les manœuvres manifestement destinées à retarder sans motifs valables la célébration d’un mariage.

4° - Bien que les coutumes malgaches ne connaissent pas le délai de viduité, il a été prévu, que la femme ne pouvait contracter une nouvelle union avant l’expiration d’un délai de cent quatre vingt jours à compter de la dissolution de l’union précédente, ceci dans l’intérêt de l’enfant qui viendrait à naître et pour éviter la «confusion de parts».

5° - L’ancienne législation malgache ne connaissait pas de théorie générale des nullités du mariage. Les articles 41 à 51 précisent les règles relatives à la sanction des conditions du mariage et énumère les

effets du mariage putatif 48 à 51. 6° Au risque de se désagréger, la famille doit être fortement organisée, ce qui suppose une unité de

direction. L’article 53 désigne le mari comme chef de famille. Toutefois, l’évolution sociale récente et la nécessité de donner une place de plus en plus importante à la

femme dans la famille et dans la vie en société ont amené les auteurs du projet à prévoir un concours effectif de la femme à la direction morale et matérielle de la famille (art. 53), à maintenir son droit connu sous le nom de misintaka (Art. 55) et à consacrer sa pleine capacité (Art. 56, 59, notamment).

7° La solidarité qui règne au sein des familles mal gaches trouve sa consécration dans les articles 62 à 65 du projet qui précisent la portée et l’étendue de l’obligation alimentaire de nourriture et d’entretien entre les membres de la famille.

8° Les chapitres VIII et IX consacrés à la dissolut ion du mariage prévoient les causes de divorce et la procédure qui y fait suite: le législateur a traduit en termes concis la diversité des causes de divorce (Art. 66 et 67) et a tenté de concilier deux impératifs sociaux: d’une part, permettre à des époux qu’une mésintelligence grave et persistante sépare de mettre fin à une union définitivement compromise. C’est dans cette perspective que la séparation de corps a été écartée et que la procédure du divorce a été allégée (art. 79 à 107), d’autre part, de ne jamais encourager le divorce en permettant les décisions précipitées pouvant nuire à l’intérêt de la famille. C’est en ce sens que le principe du divorce judiciaire a été maintenu, que toute chance de conciliation a été préservée (art. 78, 84 et 96) et que la faculté est toujours laissée au juge de donner aux époux un délai de réflexion et d’apaisement (art. 92 et 103.

Le législateur a introduit une innovation importante en matière de divorce en créant exceptionnellement

une juridiction traditionnelle appelée à statuer sur les demandes en divorce introduites dans le cas où le mariage a été célébré selon les traditions.

Ces dispositions ont pour objet de rapprocher la justice du justiciable et d’assurer le respect des coutumes traditionnelles.

Les auteurs du projet n’ont pas cru devoir encore réglementer les régimes matrimoniaux en raison de la complexité des problèmes posés et des études préliminaires qu’ils supposent.

Il convient toutefois de rappeler que conformément aux règles posées par l’article 5 de l’ordonnance n° 60.171 du 3 octobre 1960, les époux peuvent toujours, par la voie de l’option spéciale de législation, écarter le régime du kitay telo an-dàlana en passant un contrat de mariage portant sur un régime matrimonial qu’ils choisissent de plein gré.

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CHAPITRE PREMIER Caractères généraux du mariage

Article premier - Le mariage est l’acte civil, public et solennel par lequel un homme et une femme qui ne

sont engagés ni l’un ni l’autre dans les liens d’un précédent mariage établissent entre eux une union légale et durable dont les conditions de formation, les effets et la dissolution sont déterminés par le présent titre.

Art. 2 - Il y a mariage : 1° - lorsqu’un homme et une femme ont comparu devan t l’officier d’état civil en vue du mariage et que

celui-ci a reçu l’échange de leurs consentements; 2° - lorsqu’un homme et une femme ayant accompli le s cérémonies traditionnelles constitutives d’une

union permanente entre eux, cette union a été enregistrée à l’état civil. (Loi n° 98-023 du 25.01.99) Est prohibé le

mariage entre deux personnes de sexe identique, qu’il soit célébré devant l’officier de l’état civil ou accompli suivant les cérémonies traditionnelles.

(idem) Rarana ny fanambadiana eo amin’ny olona roa, lahy sy lahy na vavy sy vavy, na dia nosoratana teo anatrehan’ny mpiraki-teny mpanatò soratra na natao araka ny fomban-drazana.

CHAPITRE II

Des conditions requises pour contracter mariage Art. 3 - Sauf dispense d’âge accordée pour des motifs graves par le président du tribunal du lieu de la

célébration du mariage, l’homme avant dix-sept ans révolus, la femme avant quatorze ans révolus, ne peuvent contracter mariage.

Art. 4 - Le consentement n’est point valable s’il a été extorqué par violence ou s’il n’a été donné que par

suite d’erreur sur une qualité essentielle telle que l’autre époux n’aurait pas contracté s’il avait connu l’erreur. Art. 5 - L’enfant ne peut contracter mariage avant l’âge de dix huit ans révolus sans l’autorisation de son

père ou de sa mère, ou à leur défaut, de la personne qui selon l’usage ou la loi a autorité sur lui. On entend par mineur, au sens du présent texte, l’enfant âgé de moins de dix huit ans. Art. 6 - L’autorisation pourra être donnée de vive voix au moment de la célébration, ou par écrit si la

personne qui autorise n’assiste pas au mariage. Dans les deux cas, elle devra être mentionnée par l’officier d’état civil dans l’acte de mariage. L’autorisation par écrit doit être donnée, soit par un acte authentique, soit par un acte authentifié, soit par

acte dressé sur la demande de la personne dont l’agrément est requis, par un officier d’état civil de son choix. Art. 7 - On ne peut contracter un second mariage avant la dissolution du premier. Au cas où le mariage est dissout par le divorce, une nouvelle union ne peut être contractée par l’un ou

l’autre des conjoints avant la transcription du jugement ou de l’arrêt ayant prononcé le divorce. Art. 8 - La femme ne peut contracter une nouvelle union avant l’expiration d’un délai de cent quatre vingt

jours à compter de la dissolution de l’union précédente. (Loi n° 64-017 du 14.10.64) Le président du tribunal dans le ressort duquel le mariage doit être célébré

peut, par ordonnance sur simple requête préalablement communiquée au Ministère public abréger le délai prévu lorsqu’il résulte avec évidence des circonstances que depuis 150 jours, le précédent mari n’a pas cohabité avec sa femme. En cas de rejet de la requête, il peut être interjeté appel.

Art. 9 - En cas d’annulation du mariage, de divorce, ou de décès du mari intervenant au cours d’une

instance en divorce ce délai court de la décision judiciaire autorisant les époux à avoir une résidence séparée, ou, à défaut, du jour où le jugement d’annulation, ou de divorce est devenu définitif.

Art. 10 - En toute hypothèse, ce délai prend fin en cas d’accouchement. Art. 11 - Entre parents et alliés légitimes ou naturels, le mariage est prohibé : 1° - en ligne directe à tous degrés ; 2° - en ligne collatérale, entre frère et sœur, onc le et nièce, tante et neveu.

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Art. 12 - La prohibition du mariage entre cousins, ou entre toutes autres personnes tenues soit par des liens de parenté légitime, naturelle, ou adoptive, soit par des liens d’alliance présents ou passés, obéit aux règles coutumières.

Art. 13 - En l’absence d’une filiation légalement établie, l’existence d’un lien notoire de filiation suffit à

entraîner les empêchements prévus aux articles 11 et 12. Ce lien peut être établi par la commune renommée.

CHAPITRE III De la formation du mariage

Art. 14 - Avant la célébration ou l’enregistrement du mariage, chacun des époux doit remettre, ou faire

parvenir à l’officier de l’état civil une copie conforme de son acte de naissance délivré depuis moins de six mois, ainsi que le cas échéant, toutes autres pièces établissant qu’il remplit les conditions requises pour se marier.

Art. 15 - Celui des futurs époux qui est dans l’impossibilité de se procurer la dite copie peut y suppléer en

rapportant un acte de notoriété délivré conformément aux articles 65 et suivants de la loi sur les actes de l’état civil.

Art. 16 - Le père, la mère, ou, à leur défaut, la personne ayant autorité sur l’un ou l’autre des futurs époux,

ainsi que la personne déjà engagée par mariage avec l’un de ceux-ci, peuvent former opposition à la célébration du mariage si les conditions et formalités prescrites par la loi sont enfreintes ou étudiées.

Le même droit appartient au ministère public. Art. 17 - L’opposition se fait par simple déclaration à l’officier d’état civil du lieu où doit être célébré le

mariage, ou au représentant de l’autorité appelé à assister aux cérémonies traditionnelles constitutives du mariage.

Art. 18 - Il en est donné récépissé à l’opposant. Art. 19 - L’opposition est valablement faite jusqu’au moment de la célébration du mariage. Toutefois, dans les huit jours de son opposition, l’opposant doit en saisir le tribunal du lieu de la célébration

par requête énonçant, à peine d’irrecevabilité, la qualité lui donnant le droit de la former, ainsi que les motifs précis d’opposition.

A l’expiration de ce délai, et si le tribunal n’a pas été saisi, l’opposition est considérée comme nulle et il sera passé outre.

Art. 20 - Le tribunal saisi admettra ou rejettera l’opposition dans les quinze jours de la réception de la

requête en validation. Toutefois, il pourra être exceptionnellement sursis à statuer si des vérifications s’imposent. Art. 21 - Qu’il soit contradictoire ou non, le jugement qui statue sur une opposition n’est susceptible que

d’appel. Art. 22 - L’appel est formé par déclaration au greffe de la juridiction qui a statué dans un délai de trois

jours francs qui courra du jour du prononcé du jugement. Les pièces de procédure seront transmises dans les quarante-huit heures à la diligence du juge, au greffe

de la juridiction d’appel. Art. 23 - Dès réception des pièces, la cause sera inscrite à la première audience utile et le jugement rendu

à l’audience suivante, parties présentes ou absentes. Art. 24 - Qu’elle soit contradictoire ou non, la décision rendue sur appel est définitive et ne peut en aucun

cas faire l’objet d’un pourvoi en cassation. Art. 25 - Le délai d’appel ainsi que l’appel sont suspensifs. Art. 26 - Les jugements donnant mainlevée d’une opposition ne peuvent être déclarés exécutoires par

provision.

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Art. 27 - Quand une opposition aura été rejetée, elle ne pourra être renouvelée pour les mêmes causes

par une autre personne, ni pour une autre cause par la même personne. Art. 28 - Si l’opposition est rejetée, l’opposant, autre que les ascendants, pourra être condamné à des

dommages-intérêts.

CHAPITRE IV De la célébration du mariage

Art. 29 - Au jour fixé par les parties, le mariage sera célébré publiquement à la mairie par-devant l’officier

de l’état civil. Celui-ci, en présence de deux témoins âgés d’au moins vingt et un ans, parents ou non des parties, fait lecture aux futurs époux du projet d’acte de mariage.

Si les pièces produites par l’un des futurs époux ne concordent point entre elles quant aux prénoms ou quant à l’orthographe des noms, il interpelle celui qu’elles concernent, et, lorsque celui-ci est mineur, ses plus proches parents à la célébration, d’avoir à déclarer que les défauts de concordance résultent d’une omission ou d’une erreur.

Si l’un des futurs époux est mineur, l’officier de l’état civil interpelle, s’ils sont présents, les parents dont le consentement est requis; s’ils sont absents, il fait lecture de l’acte par lequel ce consentement a été donné.

L’officier de l’état civil interpelle également chacun des futurs époux d’avoir à déclarer leurs nationalités respectives, à indiquer, s’il y a lieu, le régime matrimonial par eux choisi, enfin, s’il a été fait un contrat de mariage, à préciser sa date ainsi que les noms et lieu de résidence de l’officier qui l’aura reçu.

Il reçoit de chaque partie l’une après l’autre la déclaration qu’elles veulent se prendre pour mari et femme; il prononce au nom de la loi qu’elles sont unies par le mariage et il en dresse acte sur le champ.

Art. 30 - En cas d’empêchement grave, le président du tribunal du lieu de la célébration peut autoriser

l’officier de l’état civil à se transporter auprès de l’une des parties pour célébrer le mariage. En cas de péril imminent de mort de l’un des futurs époux, l’officier de l’état civil peut s’y transporter avant toute autorisation. Mention en est faite dans l’acte de mariage.

Art. 31 - En dehors des communes urbaines, le mariage peut être célébré suivant les traditions. Art. 32 - L’accomplissement des cérémonies traditionnelles sera constaté dans un procès-verbal par un

représentant de l’autorité désigné dans les conditions prévues par décret. Art. 33 - Ce procès-verbal, établi en double exemplaire, énoncera : 1° la date des cérémonies ; 2° les noms, prénoms, profession, date et lieu de n aissance, filiation et domicile des futurs époux ; 3° les noms, prénoms, âge et domicile des témoins ; 4° la nationalité des futurs époux ; 5° l’indication du régime matrimonial choisi, et, s ’il a été fait un contrat de mariage, sa date, ainsi que les

noms et lieu de résidence de l’officier public qui l’a reçu ; 6° la constatation par le représentant de l’autorit é que les futurs époux ont personnellement consent à se

marier et que les traditions ont été respectées ; 7° si l’un des futurs époux est mineur, les noms, p rénoms, profession du père, de la mère ou de toute

autre personne ayant autorité sur lui et ayant assisté aux cérémonies traditionnelles. Ce procès-verbal, dont un exemplaire sera remis aux époux, portera en outre la signature des futurs

époux, des parents, des parents, des témoins et du représentant de l’autorité. S’ils ne savent signer, mention en sera faite. Art. 34 - Le procès-verbal fera foi jusqu’à inscription de faux. Art. 35 - Le représentant de l’autorité devra dans un délai de douze jours, et sous peines prévues à

l’article 472 du Code pénal, remettre l’autre exemplaire à l’officier d’état civil. Celui-ci dressera immédiatement l’acte de mariage au vu du procès-verbal et des pièces à lui remise soit

par les époux, soit par le représentant de l’autorité. Art. 36 - En cas d’opposition régulière en la forme, dans les termes de l’article 17, il ne sera pas dressé de

procès-verbal.

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CHAPITRE V De la preuve du mariage

Art. 37 - Nul ne peut réclamer les effets civils du mariage s’il ne présente un acte de mariage. Art. 38 - La possession d’état civil d’époux s’établit par une réunion suffisante de faits qui supposent

l’existence du lien matrimonial. Art. 39 - Lorsqu’il y a possession d’état d’époux, et que l’acte de mariage est représenté, nul ne peut se

prévaloir des irrégularités formelles de cet acte. Art. 40 - La possession d’état ne pourra dispenser les prétendus époux qui l’invoqueront respectivement,

de représenter l’acte de mariage.

CHAPITRE VI De la sanction des conditions du mariage

Art. 41 - L’inobservation des dispositions prévues aux articles 3, 7, 11 et 12, l’identité de sexe, le défaut de

consentement ainsi que la célébration d’un mariage au mépris d’une opposition validée par une décision définitive entraînent la nullité absolue du mariage.

Art. 42 - L’inobservation des formalités concernant le caractère public de la cérémonie, la célébration

devant un officier d’état civil incompétent, la violation des articles 30 et 31 ainsi que l’inaccomplissement des cérémonies traditionnelles essentielles entraînent également la nullité absolue du mariage;

Toutefois, les juges possèdent à cet égard un pouvoir souverain d’appréciation. Art. 43 - L’action en nullité absolue peut-être exercée par les deux époux, par toute personne qui y a

intérêt et par le ministère public. Art. 44 - Néanmoins : 1° l’action en nullité pour défaut de consentement ne peut être exercée par celui des époux dont le

consentement n’a pas été donné, ou par son conjoint ; 2° en cas d’action en nullité pour bigamie, et si l es nouveaux époux invoquent la nullité du premier

mariage, il sera préalablement statué sur la validité ou la nullité de ce mariage ; 3° l’action fondée sur la violation de l’article 4 ne peut être exercée que par l’époux dont le consentement

n’a pas été libre ou qui a été induit en erreur. Celui qui a contracté mariage sous l’empire de la violence ou d’une erreur sur une qualité essentielle n’est

plus recevable à exercer l’action en nullité six mois après que la violence a cessé ou que l’erreur a été par lui reconnue.

Art. 45 - Tout mariage célébré en violation des articles 5 et 6 peut être annulé par le tribunal. L’action en nullité ne peut être exercée que par l’un des deux époux et dans un délai de six mois à

compter du mariage. Le requérant doit toutefois prouver qu’il ne connaissait pas la cause de nullité, lors de la célébration. En tout état de cause cette action ne pourra être exercée si la femme a conçu. Art.46 - Le jugement prononçant la nullité du mariage n’a autorité de la chose jugée à l’égard des tiers que

si les deux époux ont été mis en cause Art. 47 - Le dispositif du jugement prononçant la nullité est transcrit et mentionné conformément aux

règles régissant l’état civil. Art. 48 - Sauf lorsqu’il est prouvé que l’un et l’autre époux connaissaient, au moment de la célébration du

mariage, la cause de nullité, le mariage nul produit ses effets comme s’il avait été valable jusqu’au jour où la décision prononçant la nullité est devenue définitive.

Il est réputé dissous à compter de ce jour. Art. 49 - La dissolution de la communauté entre les époux prend effet du jour où l’action est exercée. Toutefois, elle n’est opposable aux tiers que du jour de la transcription prévue à l’article 47.

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Art. 50 - Si un seul des époux est de bonne foi, le mariage nul est réputé n’avoir jamais existé à l’égard de l’autre époux.

L’époux de bonne foi bénéficie des dispositions de l’article 48 ci-dessus. Art. 51 - Quant aux enfants issus du mariage, ou légitimés, ils conservent vis-à-vis de leurs père et mère

la qualité qui leur avait été conférée par le mariage, sans que l’époux de mauvaise foi puisse échapper aux obligations attachées à la qualité de père ou de mère et néanmoins se prévaloir de cette qualité à leur encontre.

CHAPITRE VII

Des effets du mariage Art. 52 - Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours et assistance. Art. 53 - Le mari est le chef de famille. La femme concourt avec lui à assurer la direction morale et matérielle de la famille et à élever les enfants. Si le mari est indigne, incapable ou empêché, ou s’il abandonne volontairement la vie commune, la femme

exerce seule les attributions prévues à l’alinéa précédent.

Art. 54 (Loi n° 90-013 du 20.07.90) Les époux sont tenus de vivre ensemble.

Ils fixent d’un commun accord la résidence commune.

Toutefois, en cas de survenance, au cours du mariage, de désaccord entre les époux, sur le choix d’une résidence commune, l’époux le plus diligent peut saisir du différend le juge des référés.

And. 54 - (idem) Tsy maintsy miray trano ny mpivady.

Ifanarahany ny fanondroana ny fonenana iombonana.

Raha misy anefa mandritra ny fanambadiana, tsy fifanarahan’ny mpivady mikasika ny fanondroana ny toerana iombonana dia azon’izay te hanao izay maika indrindra amin’izy ireo atao ny mitondra ny olona ao anoloan’ny mpitsara ady maika.

Art. 55 - Néanmoins, pour des motifs graves, la femme peut quitter temporairement le domicile conjugal,

dans les formes et conditions prévues par la coutume. Art. 56 - Le mariage ne porte pas atteinte à la capacité juridique des époux mais leurs pouvoirs peuvent

être limités par le régime matrimonial. Art. 57 - Chacun des époux peut donner à son conjoint mandat général ou particulier de le représenter. Art. 58 - Chaque fois que l’exige l’intérêt de la famille, lorsque l’un des époux est incapable ou défaillant,

l’autre époux peut se faire habiliter par justice à présenter son conjoint, soit d’une manière générale, soit pour des actes particuliers.

Les conditions et l’étendue de cette représentation sont fixés par le juge. Art. 59 - Chacun des époux a le pouvoir de faire tous les actes justifiés par les charges du mariage. Toute

dette contractée pour cet objet oblige solidairement les deux époux à l’égard des tiers, sauf refus de l’autre époux porté préalablement à la connaissance du créancier.

Art. 60 - Si les époux n’ont pas réglé leur participation aux charges du mariage, ils contribuent à celle-ci

selon leurs facultés respectives. Si l’un des époux ne remplit pas ses obligations, l’autre époux peut demander au juge, par requête,

l’autorisation de saisir, arrêter et toucher dans la proportion de ses besoins, tout ou partie des revenus de son conjoint, de ceux qu’il perçoit en vertu du régime matrimonial, des produits de son travail ou de toutes autres sommes qui lui sont dues par des tiers.

L’ordonnance du juge fixe les conditions de l’autorisation, ainsi que le montant à concurrence duquel elle est accordée. Elle est opposable à tout tiers débiteur après notification du greffier.

Elle est exécutoire par provision, nonobstant opposition ou appel mais elle est toujours susceptible de révision.

Art. 61 - Le juge peut ordonner non seulement aux époux mais même aux tiers la communication des

renseignements ou la représentation des livres de commerce ou pièces comptables.

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Art. 62 - Les époux contractent ensemble par le seul fait du mariage, l’obligation de nourrir, entretenir, élever et instruire leurs enfants.

Art. 63 - Les enfants doivent des aliments à leur père et mère et autres ascendants qui sont dans le

besoin et réciproquement. Art. 64 - Dans les mêmes circonstances et mêmes conditions de réciprocité, les gendres et belles-filles

doivent des aliments à leur beau-père et belle-mère. Cette obligation cesse lorsque l’un des époux est décédé ou lorsque le mariage est dissous par le divorce. Art. 65 - Les aliments ne sont accordés que dans la proportion du besoin de celui qui les réclame et de la

fortune de celui qui les doit.

CHAPITRE VIII De la dissolution du mariage

Art. 66 - Lorsqu’un des époux aura gravement manqué soit aux obligations résultant du mariage, soit aux

règles traditionnelles déterminant les devoirs réciproques des époux, et que ce manquement aura rendu intolérable le maintien de la vie commune, l’autre époux pourra demander le divorce au tribunal compétent.

Art. 67 - L’adultère du conjoint ou sa condamnation à une peine afflictive et infamante sera pour l’autre

conjoint une cause suffisante de divorce. Toutefois, s’il est prouvé par le conjoint défendeur que ces motifs n’ont pas rendu intolérable le maintien

de la vie commune, le juge appréciera souverainement s’il convient ou non de retenir le grief allégué. Art. 68 - La demande en divorce doit être rejetée en cas de réconciliation des époux survenue soit depuis

que le demandeur a eu connaissance des faits allégués dans sa demande, soit depuis cette demande. Art. 69 - L’action s’éteint par le décès de l’un des époux survenu avant que soit prononcé définitivement le

divorce. Art. 70 - Le dispositif de la décision prononcée par la juridiction traditionnelle visée à l’article 95 du présent

texte du jugement ou de l’arrêt prononçant le divorce est transcrit à la diligence des parties ou du ministère public sur les registres de l’état civil du lieu où le mariage a été célébré ou enregistré ou du lieu du dernier domicile des époux à Madagascar si le mariage a été célébré à l’étranger.

Cette transcription doit avoir lieu dans le mois de la décision. Art. 71 - La décision prononçant le divorce dissout le mariage à dater du jour où elle devient définitive. Ses effets entre époux, en ce qui concerne leurs biens, remontent au jour de la demande. Elle n’est opposable aux tiers que du jour de la transcription prévue à l’article 70. Art. 72 - En aucun cas l’époux divorcé ne peut avoir l’usage du nom de son conjoint. Art. 73 - L’époux aux torts duquel le divorce a été prononcé perd de plein droit, dès la transcription,

nonobstant toutes clauses contraires, tous les avantages qui lui ont été conférés par l’autre époux, soit par convention matrimoniale, soit pendant le mariage.

Par contre, l’époux qui a obtenu le divorce les conserve encore qu’ils aient été stipulés réciproques et que la réciprocité n’ait pas lieu.

Art. 74 - Le juge peut accorder à l’époux en faveur duquel a été prononcé le divorce et auquel ce divorce a

causé préjudice une réparation sous la forme d’une indemnité définitivement et irrévocablement fixée par le jugement ou l’arrêt prononçant le divorce.

(Loi n° 64.017 du 14.11.64) Il fixe le cas échéant, les modalités de paiement. Art. 75 - Chacun des parents demeure tenu de contribuer à l’entretien des enfants communs

proportionnellement à ses revenus. Art. 76 - La garde des enfants est dévolue conformément aux coutumes. Toutefois, le tribunal peut ordonner, même d’office, dans l’intérêt des enfants que tous ou quelques uns

d’entre eux pourront être confiés soit à l’un ou l’autre des parents, soit à une tierce personne.

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L’exercice du droit de visite est soumis à l’appréciation du juge qui statue selon l’intérêt des enfants. Art. 77 - Les avantages, que les enfants tiennent de leurs père et mère, soit par la loi, soit par le contrat de

mariage, ne sont pas modifiés par le divorce. Art. 78 - Avant la procédure judiciaire, les parties ont la faculté de soumettre leur différend à l’assemblée

du Fokonolona, au maire ou à un conseiller par lui désigné, qui tentent de les concilier. Cette conciliation qui fait l’objet d’un procès-verbal lie les parties sauf dans ses dispositions qui

apparaîtraient contraires à l’ordre public.

CHAPITRE IX De la procédure de divorce

SECTION I

DU DIVORCE EN CAS DE MARIAGE CELEBRE DEVANT L’OFFICIER DE L’ETAT CIVIL

Art. 79 - Lorsque le mariage a été célébré par l’officier de l’état civil conformément aux articles 29 et 30 de

la présente ordonnance la demande en divorce est portée devant le tribunal du lieu du domicile du mari. Toutefois, si la femme, défenderesse à l’instance, a suspendu la cohabitation ou quitté le domicile conjugal

dans les conditions prévues à l’article 55, la demande est portée devant le tribunal du lieu de sa résidence effective.

Art. 80 - La demande doit contenir un exposé sommaire des faits allégués par le demandeur ainsi que

l’indication des mesures provisoires qu’il entend voir ordonner, relatives notamment à la garde des enfants issus du mariage et à la pension alimentaire pour la durée de l’instance.

Elle est signée du demandeur, ou, s’il ne sait signer, certifiée sincère et véritable par un officier public de son choix.

Art. 81 - Dans la quinzaine du dépôt de la demande au greffe, le président du tribunal invite les époux à

comparaître devant lui, au jour et à l’heure indiqués, aux fins de conciliation. Art. 82 - Les parties doivent comparaître en personne, sans se faire assister de parents ou de conseils, ni

se faire représenter par mandataire. Si le défendeur à l’instance est empêché de se présenter, le juge, appréciant souverainement

l’empêchement, détermine, le cas échéant, le lieu où sera tentée la conciliation ou donne commission rogatoire aux fins de l’entendre, à moins qu’il ne renvoie la tentative de conciliation à une date ultérieure.

Art. 83 - Le juge entend les parties, séparément d’abord, puis ensemble en vue de les concilier. Art. 84 - Si les époux se concilient, le juge dresse de la réconciliation un procès-verbal, signé des parties,

qui est déposé aux archives du greffe. Copie peut en être délivrée, en cas de renouvellement de la demande en divorce, à l’époux qui entend se

prévaloir de la fin de non-recevoir prévue à l’article 68. Art. 85 - Si les époux ne se concilient pas, le juge rend une ordonnance constatant la non-conciliation et

transmet la procédure, dans son état, devant la juridiction compétente pour statuer sur la demande en divorce. La date de cette ordonnance engage l’instance et fixe définitivement la compétence de la juridiction saisie,

quel que soit le changement pouvant intervenir ultérieurement quant à la résidence de l’un ou l’autre époux. Art. 86 - L’ordonnance de non-conciliation peut, en tant que de besoin, autoriser les époux à avoir une

résidence séparée, confier à l’un ou à l’autre la garde des enfants issus du mariage, statuer, sur les demandes relatives aux aliments pour la durée de l’instance et sur les autres provisions ordonner la remise d’effets personnels... et, généralement, prescrire toutes mesures provisoires jugées utiles tant dans l’intérêt des époux et des enfants que pour la conservation du patrimoine familial.

Art. 87 - Cette ordonnance, exécutoire par provision, n’est susceptible que d’appel.

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Art. 88 - L’appel peut être interjeté dans le délai d’un mois pour compter du jour de l’ordonnance si les époux ont tous deux comparu en personne, ou du jour de sa notification à l’époux défendeur, si celui-ci ne s’est pas présenté.

Cette notification est faite dans la huitaine de l’ordonnance par les soins du greffe. Art. 89 - L’appel est régi par les dispositions du Code de procédure civile relatives aux ordonnances des

référés. Art. 90 - Si le demandeur en divorce ne se présente pas à la conciliation, invoquant un empêchement, le

juge apprécie souverainement les raisons de l’empêchement et remet, le cas échéant, la tentative de la conciliation à une autre date.

Art. 91 - Si le défendeur fait défaut, sans justifier de son absence, il sera statué comme en cas de non-

conciliation. Art. 92 - En cas de non-conciliation, le juge peut toujours, suivant les circonstances, ajourner les parties

pour une durée qui ne pourra excéder six mois, après les avoir expressément avisés que ce délai leur est donné dans un but de réflexion et d’apaisement.

Il peut, nonobstant l’ajournement, prescrire toutes mesures provisoires qu’il estime nécessaire dans l’intérêt des époux, de leurs enfants ou du patrimoine familial.

Art. 93 - A l’expiration du délai qui précède, l’époux demandeur devra présenter une demande de reprise

d’instance en divorce. Le juge, par une ordonnance de non-conciliation prescrit les mesures prévues à l’article 85 et transmet la

procédure à la juridiction de jugement. Art. 94 La cause est inscrite au rôle, instruite et jugée, après débats en chambre de conseil et, le cas

échéant, après conclusion du ministère public, suivant les règles éditées par le Code de procédure civile. Sont néanmoins respectées les dispositions qui suivent: 1° le tribunal saisi peut toujours, à tout moment, rapporter ou modifier les mesures provisoires

précédemment prescrites, ou en ordonner de nouvelles ; 2° (Loi n° 64-017 du 14.11.64) s’il y a lieu à enquête et à audition de témoins, ceux-ci seront

obligatoirement entendus en chambre de conseil et contradictoirement, en présence des époux, ou ceux-ci dûment convoqués ;

3° peuvent être entendus comme témoins, à l’excepti on des descendants, les parents, ainsi que les domestiques des époux ;

4° les demandes reconventionnelles en divorce peuve nt être introduites, en instance comme en appel, par simple acte de conclusions, et sans nouvelle tentative de conciliation ;

5° sauf en ce qui concerne les mesures provisoires, le pourvoi en cassation est suspensif, ainsi que les délais d’opposition, d’appel et de pourvoi ;

6° le jugement ou l’arrêt qui prononce le divorce n ’est pas susceptible d’acquiescement ; 7° le dispositif du jugement ou de l’arrêt qui pron once le divorce doit énoncer la date de l’ordonnance qui a

autorisé les époux à avoir des résidences séparées ; 8° toutefois, le jugement et l’arrêt sont rendus en audience publique.

SECTION II DU DIVORCE EN CAS DE MARIAGE CELEBRE SELON LES TRADITIONS

Art. 95 - Lorsque le mariage a été célébré selon les traditions, conformément aux articles 31 à 36, les

époux peuvent porter leur différend, soit devant le tribunal conformément aux articles 79 et suivant ci-dessus, soit devant une juridiction traditionnelle composée d’un fonctionnaire désigné par le sous-préfet ou le chef d’arrondissement, du maire de la commune ou son adjoint et de deux membres du fokonolona du lieu de la dernière résidence des époux.

Cette juridiction siège au chef-lieu de la commune rurale. Art. 96 - L’introduction de la demande en divorce est obligatoirement procédée d’une tentative de

conciliation d’abord devant le conseil de famille ensuite, le cas échéant, devant le fokonolona.

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Art. 97 - La juridiction traditionnelle est saisie, soit par requête écrite, soit par déclaration verbale reçue par l’un de ses membres.

Cette requête doit préciser les motifs de divorce invoqués. Art. 98 - La demande en divorce est portée devant la juridiction traditionnelle du lieu du domicile du mari. Toutefois si la femme, défenderesse, a quitté le domicile conjugal dans les conditions prévues à l’article

55, la demande est portée devant la juridiction traditionnelle du lieu de sa résidence effective. Art. 99 - Dans la quinzaine de la requête, les époux sont invités à comparaître devant la juridiction

traditionnelle au jour et à l’heure indiqués, aux fins de conciliation. Art. 100 - Les parties doivent comparaître en personne, sans se faire assister de parents ou de conseils,

ni se faire représenter par mandataire. Si l’un des époux est empêché de se présenter, la juridiction traditionnelle renvoie la tentative à une date

ultérieure. Art. 101 - La juridiction traditionnelle entend les parties, séparément d’abord, puis ensemble en vue de les

concilier. Art. 102 - Si les époux se concilient, il est dressé un procès-verbal de conciliation, signé des parties et des

membres de la juridiction traditionnelle. Cette conciliation lie les parties sauf dans ses dispositions qui apparaissent contraires à l’ordre public. Art. 103 - Si les époux ne se concilient pas ils sont entendus en leurs explications. Ils exposent leurs

moyens et proposent leurs preuves. Toutefois, suivant les circonstances, la juridiction traditionnelle peut ajourner les parties pour une durée qui

ne pourra excéder six mois après les avoir expressément avisés que ce délai leur est donné dans un but de réflexion et d’apaisement. Elle peut ordonner toute mesure d’information qu’elle juge utile.

Art. 104 - A l’expiration du délai prévu ci-dessus, chacun des époux pourra présenter une nouvelle

requête. Art. 105 - La décision de la juridiction traditionnelle est rendue en présence des parties. Elle fait l’objet d’un procès-verbal dont une copie est immédiatement adressée au sous-préfet. Art. 106 - Dans le délai d’un mois, cette décision est susceptible d’appel devant le tribunal de première

instance ou sa section, par l’une des parties ou par le sous-préfet. Art. 107 - L’appel est régi par les dispositions du Code de procédure civile relative aux ordonnances des

référés.

Dispositions diverses et transitoires Art. 108 - Les régimes matrimoniaux demeurent régis par les dispositions législatives ou coutumières

antérieures. Art. 109 - La présente ordonnance, qui abroge toutes dispositions antérieures contraires, entrera en

application le 1er janvier 1963.