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Institut de Formation en Soins Infirmiers de Coulommiers Travail de Fin d’Etudes : L’Universitarisation du Diplôme d’Etat Infirmier et construction de l’identité professionnelle. 2009-2012 Melle Célia Lo.coco Rendu le 04.06.12. Soutenance orale le 29.06.12

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Institut de Formation en Soins Infirmiers de Coulommiers

Travail de Fin d’Etudes :

L’Universitarisation du

Diplôme d’Etat Infirmier et

construction de l’identité

professionnelle. 2009-2012

Melle Célia Lo.coco

Rendu le 04.06.12. Soutenance orale le 29.06.12

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.Être acteur de sa formation.

« Mes remerciements les plus sincères :

- A ma Directrice de Mémoire pour sa patience, sa franchise et son

professionnalisme.

- Aux infirmiers et infirmières d’un service, qui une fois de plus, ont été là

pour moi.

- Aux personnes qui m’ont donné des avis critiques en toute franchise.

- Et à mes parents, qui ont été durant ces trois années, des personnes

extraordinairement à l’écoute. »

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Sommaire :

INTRODUCTION p.4

I. LE QUESTIONNEMENT p.6

II. LA PROFESSION INFIRMIERE p.7

III. L’UNIVERSITARISATION : p.11

1.1 Définition :

1.2 Critères :

IV. LA RESISTANCE AU CHANGEMENT : p.16

1.1 Définition :

1.2 Critères :

V. L’IDENTITE PROFESSIONNELLE : p.19

1.1 Définition :

1.2 Critères :

VI. PHASE D’ENQUETE p.24

VII. PHASE D’ANALYSES p.25

CONCLUSION p.32

BIBLIOGRAPHIE p.33

ANNEXES p.34

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INTRODUCTION :

L’universitarisation ou l’émancipation d’une profession, la construction identitaire ou

comment être un futur professionnel de santé de qualité. Deux points regroupant le thème que

je souhaite traiter dans le cadre de mon travail de fin d’études. Thème qui m’interroge, dans

le contexte actuel, me poussant à aller plus loin dans la réflexion.

Cette universitarisation des Instituts de Formation en Soins Infirmiers datant de 2009

représente une évolution sociétale logique face à l’historique de la profession infirmière.

Historique qui équivaut à un siècle de lutte pour affirmer une identité communautaire et une

reconnaissance professionnelle.

Cette évolution implique donc, un changement. Celui-ci, est le noyau de ma réflexion.

Afin de mieux comprendre ma démarche et le déroulement de ce travail, il me parait

nécessaire de préciser le sens donné à ce mot.

Après mes diverses lectures, sur sa définition, je pense pouvoir le définir comme un passage

d'un état à un autre. Ce passage est une action, il représente une modification ainsi qu’une

transformation.

Il demande une adaptation, le plus souvent il vient à nous, en nous étant imposé. Le fait qu’il

soit imposé amène à une résistance face à l’évènement. Il convient alors de gérer les

résistances naturelles qui s'opèrent. Comme on ne peut le contrôler, la notion de « composer

avec lui » prend toute son importance. Cela génère donc des émotions, des réactions.

De ce fait, il a engendré toute une cascade de réactions de la part des différents acteurs de

santé. Notamment, chez certains professionnels de terrain, face à nous, étudiants en soins

infirmiers.

Ces réactions ont eu un réel impact sur l’étudiant. Je cite : « Ce port Folio ? Moi, je ne prends

ni le temps, ni la responsabilité de le remplir !! », « Il ne faudra plus être malade en 2012 »,

« Que va-t-on devenir dans le soin ?! » et pour conclure « Avec ce programme, vous serez

incompétents, je n’aimerai pas vous avoir comme collègues ! ».

Ces propos ont eu des conséquences, ont soulevé des questions et des craintes. Des lors, mon

souhait, face à ce constat, est de réfléchir, d’approfondir sur le pourquoi de ce retentissement.

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Cette universitarisation, amène à une notion de résistance face à ce changement. A travers

cette réflexion, je vais tenter de comprendre ce mécanisme humain.

Par conséquent, cela a entrainé une mise en difficulté de l’étudiant. Notamment sur, comment

l’identité professionnelle de l’étudiant peut-elle être construite face à cette dynamique ?

Identité, si particulière, et déjà assez complexe à créer.

La question relative à ce travail de recherche est la suivante : en tant que futur professionnel,

dans le cadre de l’universitarisation du Diplôme d’Etat Infirmier, comment l’étudiant peut-il

construire son identité professionnelle face à des soignants résistant à l’encadrement ?

L’universitarisation, la résistance au changement et l’identité professionnelle sont donc mes

trois concepts. Après mon étude conceptuelle, ma question de départ deviendra ma question

de recherche. En effet, je souhaite comprendre les mécanismes de situation afin de construire

sereinement ma propre identité professionnelle.

Ce travail de recherche représente un vécu de trois années consécutives. Retraçant la

construction de nos valeurs et compétences en tant que futur professionnel de la santé.

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I. LE QUESTIONNEMENT :

Ma formation a débuté en 2009, construite à partir du nouveau programme

d’universitarisation des études d’infirmières.

Me concernant, l’entrée à l’Institut de Formation en Soins Infirmiers (I.F.S.I), n’a pas été

problématique. Certes, nous étions dans l’inauguration de la nouvelle réforme d’étude de

2009. Néanmoins, la prise de repères a été progressive et limpide. L’I.F.S.I a su amener ce

changement de manière posée et cadrée.

N’ayant pas connu « l’ancien programme », ce changement n’était donc qu’une formalité à

nos yeux.

Nous n’étions pas dans une démarche de comparaison. Les appréhensions concernant le

terrain étaient « normales », comme tous étudiants passant de la théorie à la pratique.

Mais ce passage à la pratique a été plus compliqué que nous le pensions …

J’ai rapidement constaté lors de mes stages, diverses réactions face à ce nouveau référentiel :

refus de remplir des documents, propos désobligeants, attitudes fuyantes de la part des

professionnels soignants …

Nous avons eu, une réelle mise en difficulté de la part des professionnels. Nous étions

étiquetés « nouveau programme ».

L’incompréhension était totale :

Pourquoi étions-nous tributaire de ces attitudes ?

Pourquoi cette réforme était- elle si rejetée ?

Est-ce normal, que des étudiants de première année, accusent les coups d’un changement ?

Qu’est ce que la pédagogie en soins infirmiers ?

Ma vision de la profession d’infirmière était tout à coup devenue « amère ». Ma

représentation de cette vocation avait changée. C’est donc à ce moment là, ou ma

représentation du soin, du travail en équipe, des valeurs infirmières ont été bousculées.

Mais je ne bénéficiais d’aucun recul.

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L’intégration à l’équipe a été très difficile. En sachant que nous devions, en même temps,

assimiler tant les savoirs théoriques que pratiques. Tenter de s’intégrer tout en assimilant

informations et compétences a été très délicat.

L’injustice était vraiment le mot juste pour décrire notre entrée sur le terrain.

Cette universitarisation amène à un raisonnement universitaire : la réflexivité du soin. Mais

avant de parler du soin lui même, je m’interroge sur comment il nous est enseigné sur le

terrain.

Ainsi, j’ai fait le choix d’orienter mon travail de fin d’étude sur cette thématique. Mon but

étant d’élucider ce retour de comportement.

Car cette place en tant qu’étudiant a donc été un réel combat. Dans un contexte de conflit

palpable. J’espère qu’à travers ce travail, l’intérêt professionnel infirmier concernant

l’encadrement, l’investissement et le bon vouloir de transmettre ses savoirs est primordial.

En tant que future professionnelle de la santé, cette réflexion est une implication

professionnelle et personnelle.

II. LA PROFESSION INFIRMIERE

L’universitarisation du Diplôme d’Etat Infirmier, a une histoire. Elle est la suite logique de

l’évolution de la profession infirmière. Ce point, permet de mieux comprendre l’origine de

cette réforme et de montrer que celle-ci est la réponse d’un combat datant de plus d’un siècle.

Afin de mieux comprendre certains changements, un éclaircissement du passé est peut être,

nécessaire pour mieux appréhender le présent et l’avenir.

Cette histoire, permet aussi de souligner toute l’ambivalence du constat actuel face à la

difficulté d’acceptation d’une réforme. Elle qui représente une réponse face aux diverses

revendications qui ont été misent en place…

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Historique et évolution de la profession infirmière :

Depuis l'Antiquité, soigner est un acte de vie, notamment fait par les femmes pendant que les

hommes vaquaient à d’autres tâches. Car la femme donne la vie, et elle doit en assurer le

maintient.

Ensuite vient le christianisme, soigner devient une obligation sacrée. Entre le moyen âge et

XIXème siècle, la création des maisons accueillant les malades, vieillards et orphelins voit le

jour. Nous sommes dans un cadre de gratuité.

Quelques dates importantes :

- 1656 : Louis XIV signe un décret instituant l’Hôpital Général.

- 1794 : Décret de rétablissant les écoles de santé.

- 1855 : Ecoles municipales infirmière sur 12 mois, grâce à l’initiative de Dr

BOURNEVILLE, pour assurer un meilleur recrutement hospitalier et remplacer le

personnel ignorant par un personnel instruit et respectueux.

- 1878 : Ecoles d’infirmières à Paris par l’Assistance Publique.

- 1882 : Ecole d’infirmière publique et laïque.

- 1893 : Brevet de capacités professionnelles d’infirmière visiteuse d’hygiène sociale +

Loi du 15 Juillet instituant la gratuité des soins pour tous.

Le circulaire ministériel n° 7043 du 28 octobre 1902, relative à la loi du 15 Juillet 1893

entérinant la création d’écoles d’infirmières et impliquant que la fonction d'infirmière comme

reconnue de façon officielle telle une activité professionnelle en France.

On souligne, qu’à cette époque, il est question d’école et non d’institut de formation.

D’ici, commence l’histoire de la formation et de la profession infirmière :

Dès 1913 : L’Ecole est destinée à préparer les personnes bénévoles qui s'engageaient à

soigner, en cas de guerre ou de calamités publiques.

En 1921 : Léonie CHAPTAL (1873-1937). Crée le Comité de Perfectionnement des

Ecoles d’Infirmières. Cette figure de l’évolution de la profession infirmière, a mené

une lutte pour la reconnaissance de l’identité professionnelle, pour avoir une

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autonomie envers le corps médical, expliquant que la connaissance du malade relève

de la compétence infirmière. Elle a amené les premières orientations vers la prévention

et l’éducation.

Le 27 Juin 1922 : Création du Brevet de Capacité Professionnelle d'Infirmière

Diplômée d'Etat Français. Formation de 22 mois, ou la durée de stage et de théorie est

définie. Il y a donc une harmonisation de l’enseignement infirmier en France. L’arrêté

du 24 Juin 1924 l’officialisera.

25 février 1923 - 18 juillet 1924 : Des décrets définissent son rôle : soins aux malades,

enseignement des règles d'hygiène, rédaction de rapports précis sur ses activités,

établissant de règles de déontologie. Son travail est réglementé avec un nombre

d'heure limité.

1929 : Léonie CHAPTAL est Présidente du Conseil International des Infirmières.

Avec la fin du christianisme, nous pouvons donc voir, que l’infirmière est reconnue.

Reconnue pour sa charge de travail, par le nombre d’heure qu’elle effectue et par sa

formation professionnalisante.

Le 20 Janvier 1937, une loi d’exclusivité oblige d’avoir le Diplôme d’Etat pour

exercer la profession d’infirmière.

Le 18 février 1938 : Création de deux diplômes d'Etat : celui d'Infirmière Diplômée

d'Etat Hospitalière en deux ans d'étude et celui d'Infirmière Diplômée d'Etat

d'Assistance du Service en trois ans.

En 1949 : Premier Comité d’entente des écoles d’infirmières. LEONIE CHAPTAL

amène la notion de compétences infirmières et de formation professionnalisante.

Ce n’est quand 1951, que le premier programme de formation infirmière est publié.

En 1972, Décret n°72-818, les études de formation représentent 28 mois puis 33 en

1979. On note la création de la formation infirmier de secteur psychiatrique.

C’est à la suite de ce changement, que naissent les premières revendications d’une

reconnaissance du Diplôme d’Etat Infirmier à bac +3. Celles-ci en date de 1949.

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Loi N° 78-615 DU 31 MAI 1978 modifiant les articles L. 473, L. 475 et L. 476 du

code de la santé publique relative à la profession d'infirmier ou d'infirmière, définit la

profession d'infirmière. Et implique une reconnaissance de l’autonomie de l’infirmière

dans les soins par l’attribution du rôle propre dans le Code de la santé publique.

Le 12 mai 1981 : décret relatif à l'exercice de la profession, qui sera réactualisé à

plusieurs reprises. Liste des actes infirmiers et champs de responsabilité par rapport au

rôle propre et au rôle prescrit.

Le 12 Octobre 1988, pour la première fois, les infirmières se mobilisent afin de

militer pour cette reconnaissance de la profession et l’équivalence d’un bac +3. Cette

mobilisation représente plus de 100 000 travailleurs hospitaliers.

En 1992, la formation est à nouveau modifiée, et prend un tournant charnière. Un

diplôme unique est mis en place, la spécialité infirmier de secteur psychiatrique est

abolit. De plus la formation passe à 39 mois d’études.

Celle-ci a été en vigueur jusqu’en 2011 pour les étudiants ayant commencé leur

formation en 2008.

On note que l’élève infirmier devient un étudiant de soins infirmiers et qu’il en s’agit

plus d’une école infirmière mais d’un Institut de Formation en Soins Infirmiers.

Le décret n° 2004-11-28-802 du 29 Juillet 2004, intègre les textes relatif d’infirmière

au sein du Code de Santé Publique.

Droit de prescrire 13 avril 2007.

En 2009, le cours de l’historique de la formation infirmière change à nouveau. Un

nouveau programme est établi, mais avec une reconnaissance universitaire, de part une

attribution d’un grade licence au Diplôme d’Etat Infirmier. Cette réforme engage à

l’universitarisation du diplôme dans une dynamique Licence, Master, Doctorat. Elle

implique ainsi six semestres de formation associant 180 crédits européens (ECTS).

Elle tend donc vers la création d’une filière infirmière universitaire complète.

Nous abordons la notion de réflexivité du soin et de recherche infirmière.

Nous pouvons soumettre l’idée que cette réforme semble logique pour une reconnaissance

plus importante du métier d’infirmière et au vue de l’impact de certaines évolutions.

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Cette profession est donc depuis sa naissance, dans un changement constant. Le changement

ne viens pas de la réforme de 2009, il est inhérent à ce domaine d’activité et à la vie en

générale.

III. L’UNIVERSITARISATION

1.1 Définition :

L’universitarisation se définit selon le LAROUSSE comme le « Fait de donner un caractère

universitaire à quelque chose ou de faire suivre une formation supérieure à quelqu'un ». Dans

le LAROUSSE 1997, on note sa définition comme un « Ensemble d’établissements scolaires

relevant de l’Enseignement Supérieur regroupés dans une circonscription administrative ».

Le terme « universitarisation » par le suffixe « sation » implique un processus d’action.

Ce processus d’action sera expliqué ci-dessous à travers les divers critères qui définissent ce

terme.

Nous concernant, le fait que cette formation paramédicale entre dans le cadre des accords de

Bologne (1), est synonyme d’un accès à des études de niveau universitaire, d’une

reconnaissance d’un grade licence. Face à ce constat nous parlons bien d’universitarisation du

Diplôme d’Etat Infirmier.

1.2 Critères :

Actuellement, nous sommes dans un système de santé où nous pouvons observer la

prévalence de maladies chroniques, l’allongement de la durée de vie, et bien d’autres

modifications concernant l’offre et la demande en matière de soins. Pour tenter de répondre à

cette modification de la demande de santé, l’universitarisation du Diplôme d’Etat Infirmier a

été mis en place. Pour ajuster ou réajuster un certain niveau face à des problématiques

évolutives.

(1) Annexe 1 : Les Accords de Bologne, 19 Juin 1999.

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L’universitarisation de la formation en soins infirmiers naît selon les accords de Bologne du

19 Juin 1999. Donnant lieux à la réingénierie de cette formation paramédicale. Ces accords

impliquent donc une entrée dans un système universitaire. Un système avec un dispositif

Licence, Master, Doctorat (L.M.D). Il est accessible pour le post-baccalauréat ou pour les

équivalences (Validation des Acquis de l’Expérience).

Cette réforme de 2009 apporte un Diplôme d’Etat Infirmier ainsi qu’un grade licence. Le

terme de « grade » est important, il sera développé par la suite. Cette universitarisation

entraîne une semestrialisation (six semestre sur trois ans) et demande une acquisition de 180

E.C.T.S (European Credits Transfer System).

La formation théorique représente 2100 heures, organisée en cours magistraux (750 heures),

en travaux dirigés (1050 heures) et en travail personnel guidé (300 heures).

On note une approche par compétence et un apprentissage par unité d’enseignement. Il me

semble important de définir ce terme de compétence. Après mes diverses lectures, je pense

pouvoir la définir comme une mobilisation et une organisation de différents savoirs.

Nécessitant une analyse du contexte pour rester performant. On se doit de transférer cette

compétence dans différentes situations. Elle implique une possession de ressources

personnelles et/ou externes, pour une pratique professionnelle efficace. Elle n’est pas figée

donc sans cesse évolutive. On note que cette approche par compétence a été soulevée par L.

CHAPTAL en 1949.

Le contenu de la partie théorique est travaillé dans une collaboration I.F.S.I / université. Ou

chacun détermine ses attentes.

Ces E.C.T.S, sont délivrés lors de la Commission d’Attribution des Crédits en fin de semestre,

avec la présence d’un représentant de l’enseignement universitaire. De même pour la

délivrance du Diplôme d’Etat, par le Jury Final, qui est composé en t’autre d’un enseignant

chercheur participant à la formation. Ainsi, nous parlons donc d’universitarisation.

Cette intégration au sein de l’université met en évidence une méthodologie et une

transmission de savoirs universitaires. Certains savoirs sont enseignés par des professeurs,

chose complètement novateur dans l’histoire de la pédagogie infirmière.

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Ce grade licence équivaut donc à une maîtrise de savoirs de la part de l’étudiant de fin de

cycle ainsi que ses capacités à les mettre en œuvre.

Mais n’oublions pas que cette réforme n’a pas seulement un enjeu national, mais européen.

Celle-ci a pour but d’harmoniser le diplôme, c'est-à-dire de rentrer dans un système lisible de

diplôme comparable pour les pays ayant signés les accords de Bologne. Le but premier étant

de favoriser la mobilité étudiante et professionnelle. Le second but étant de promouvoir une

certaine attractivité afin d’améliorer la compétitivité.

Ce changement permet d’accroître le parcours de formation. Nous sommes donc dans un

processus de coopération entre les différents Etats Européens pour avoir en finalité, un mode

d’évaluation commun. Cela sous entend donc une accessibilité de tous. D’ici, la « formation

tout au long de la vie » prend naissance.

Cette universitarisation, implique de part sa définition, une même structure. Cette

structuration à un critère à la fois administratif et organisationnelle .A l’heure actuelle, la mise

en application de ce critère est difficile de part l’éloignement géographique de certains I.F.S.I.

L’évolution tant vers une disparition des I.F.S.I ou à leur profonde transformation, afin d’être

adaptés à une structure universitaire. Cette évolution prendra du temps, de part les différentes

contraintes organisationnelles et financières.

Le statut de formateur d’I.F.S.I sous entend une transformation en enseignant-chercheur. Mais

ce statut nécessite un doctorat. Ce critère est aussi en cours d’évolution, il se développe mais à

besoin, je pense, de temps afin d’arriver à maturation.

Ce nouveau référentiel de formation axe l’apprentissage en trois palliés :

- « Comprendre » par l’acquisition de savoir et de savoir faire pour la

compréhension des situations ;

- « Agir » concernant la mobilisation de savoir et l’acquisition de la capacité à

réagir et d’évaluer sa pratique professionnelle face à une situation.

- « Transférer », l’étudiant possède la faculté de transférer ses acquis dans de

nouvelles situations.

Mais pourrions nous parler d’universitarisation sans réflexivité du soin et recherche

infirmière. Je ne pense pas car c’est deux caractéristiques sont un point fort de cette réforme.

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Ce changement va aussi les amener pour la première fois au sein des soins infirmiers. Il y a un

savoir transmis mais aussi créé, de part la pédagogie universitaire axée sur l’activité à la

recherche. Le but de bien faire la liaison entre savoir et mise en place d’actions adaptées.

Les formations professionnelles étaient plus reproductrices que créatrices des savoirs. La

discussion du savoir est plus développée, il y a un vrai questionnement autour du pourquoi.

Malgré ces différents critères, l’insertion progressive des soins infirmiers dans l’université, ne

perd pas sont objectif premier : la qualité de formation et la qualité des soins prodigués de

matière éthique et déontologique.

Concernant la pratique, on note une modification des fréquences de stages mais aussi sur leurs

durées :

- Semestre 1 : stage de cinq semaines

- Semestre 2, 3, 4 et 5 : stage de 10 semaines

- Semestre 6 : stage de 15 semaines pouvant être divisé, selon les axes

pédagogiques de l’I.F.S.I.

La pratique représente 2100 heures sur ces trois années. Le parcours de l’étudiant en stage est

réparti en quatre familles de situation :

- Les soins de courte durée

- Soins en santé mentale et psychiatrie

- Soins de longue durée et soins de suite et de réadaptation

- Soins individuels ou collectifs sur des lieux de vie.

L’étudiant est placé sous la responsabilité d’un maître de stage, d’un tuteur de stage et de

professionnels de proximité, sans oublier le formateur d’I.F.S.I référent de stage.

Le maître de stage est la figure institutionnelle et organisationnelle du lieu de stage, assurant

la qualité d’encadrement des étudiants sur la structure. Il met en place des outils pour faciliter

cet encadrement comme par la mise en place de livret d’accueil, une charte d’encadrement …

Il a un rôle intermédiaire entre les professionnels et l’I.F.S.I. Notamment si il y des conflits ou

des questionnements.

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Le tuteur de stage, lui, représente la fonction pédagogique du stage. Il se doit de connaître le

référentiel d’activité. Il assure l’accompagnement de l’étudiant de manière évolutive donc

adapté. C’est une personne ressource, il fait le lien entre professionnels de proximité et maître

de stage. Il doit centraliser toutes les informations concernant l’étudiant auprès des différents

acteurs ayant encadrés l’étudiant. Il propose des solutions en cas de difficultés ou de conflits.

Il synthétise la progression de l’étudiant sur le port-folio, en faisant un bilan de ses

acquisitions et axes d’amélioration. Le port-folio sera expliqué au troisième paragraphe

suivant.

Les professionnels de proximité ont la fonction d’encadrant au quotidien. Ils sont en lien avec

le tuteur de stage pour adapter leur pédagogie au niveau de l’étudiant.

A chaque stage, un formateur vient sur la structure afin de rencontrer l’étudiant, de tisser un

lien avec le maître de stage. Il est censé être en liaison régulière avec le tuteur de stage. Le

formateur, vient minimum une fois sur la durée complète du stage.

L’évaluation de l’étudiant en stage se fait par le biais du port-folio. Nouvel outil d’évaluation

pour les étudiants en soins infirmiers. Cet outil permet de visualiser la progression de

l’étudiant sur ces trois années de formation. Celui-ci doit être rempli par le tuteur en fin de

stage, en présence de l’étudiant. Il est organisé de la même façon pour chaque stage. Il

comporte une note explicative sur le métier d’infirmier, les rôles de chaque acteur, le

référentiel de compétences y est détaillé. Suite à cette note, on y retrouve le parcours de stage

de l’étudiant. Puis une partie cloisonnée en quatre items expliquant les unités d’enseignements

suivies par l’étudiant, ses points forts acquis en formation, ses axes d’amélioration et pour

finir ses objectifs de stage. Celle-ci est remplie par l’étudiant lui-même. Cela permet une auto-

évaluation de l’étudiant, pouvant être réajustée par son formateur référent. Une page est

dédiée à l’analyse de pratique d’une situation, travaillé par l’étudiant dans une position

réflexive face à un soin ou une situation l’ayant interpelée. Ensuite, on y retrouve le bilan de

stage, avec l’appréciation globale du stage, points positifs et axes d’améliorations. Pour finir,

on note l’intégralité des dix compétences et leurs items à remplir, ainsi que la feuille d’actes,

activités et techniques de soins à remplir. L’exemple du port-folio est disponible dans son

intégralité dans l’annexe VI de l’Arrêté du 31 Juillet 2009 relatif au Diplôme d’Etat Infirmier.

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La finalité de cette universitarisation des études d’infirmières, est de professionnaliser le

parcours de l’étudiant en ayant acquis des savoirs, savoirs faire et une attitude professionnelle.

Qu’il devienne un praticien autonome et responsable dans une posture réflexive. Il sera en

capacité de développer des ressources, de gérer ses émotions dans une éthique

professionnelle.

IV. LA RESISTANCE AU CHANGEMENT

1.1 Définition :

Selon le LAROUSSE, on la résistance comme : « une action de résister à une autorité, de

s’opposer à ce que l’on n’approuve pas ». Dans la notion de psychanalyse, elle est définit

comme : « une manifestation du refus du sujet à reconnaître un matériel inconscient ».

Selon Daniel DICQUEMARE, psychosociologue et psychopédagogue, elle représente : « une

manifestation d’une réticence à modifier ses comportements, représentations ou idées, pour

des raisons autres que ses valeurs personnelles (morales, religieuses et sociales) ». Il l’a

décrit comme inhérente à la nature humaine et non spécifique à un champ d’activité.

Selon Marc HEES, professeur émérite à l'Université catholique de Louvain (École de Santé

Publique et Institut d'Administration et de Gestion), cette résistance est une nécessité,

permettant de mieux appréhender le changement et de rétablir un certain équilibre. Il utilise

une métaphore pour mieux comprendre cette nécessité : « la marche consiste en une

succession de déséquilibres compensés. Sans cette compensation, ce rétablissement, cette

résistance, c’est la chute ». Il démontre un caractère indispensable car il énonce que bien

souvent, le changement va vite, que les individus n’ont pas de temps d’adaptation, il relate

une réelle confrontation.

1.2 Critères :

Avant de rentrer dans l’analyse des critères de la résistance au changement, il me paraît

important, dans un contexte beaucoup plus global, d’énoncer que la France est un pays assez

conservateur. Ou notre culture peu parfois freiner le changement, voir l’innovation.

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Cette résistance provient donc d’un changement, ici, de la réforme des études infirmières de

2009. Celle- ci, s’est essentiellement vue lors de nos stages. En 2009, elle était foudroyante, et

commence légère à s’atténuer. Bien sûr, elle ne touche pas l’intégralité des professionnels de

santé.

La résistance au changement est une réponse face à une modification du quotidien. Une

résistance dans le regard porté sur l’autre. Elle se manifeste par un refus de modifier ses

pensées et représentations, par des jugements de valeurs, un retrait avec une absence de

d’initiatives. Les attitudes sont fuyantes, et des mécanismes de défense se développent.

Ces manifestations entraînent donc une mise en difficulté voir même un échec. Parfois, on en

arrive à employer le mot fort de sabotage.

Ces attitudes peuvent être en provenance de différents facteurs. Ils seront développés dans

l’avant dernier paragraphe de cette partie.

Marc HEES, développe le fait que les habitudes interviennent dans la résistance aux

changements : « une organisation relativement stable dans le temps et dans l’espace, définit

la place des choses et le rythme de leur usage. Trop de changement conduiraient à une perte

de temps avec le risque d’en perdre la tête ». Le changement d’habitudes contribue à cette

rupture, donc à une résistance. Source de frustrations immenses.

Cette résistance est aussi appelée dissonance cognitive, car la nature humaine ne peut accepter

une chose et son contraire. Elle perturbe l’équilibre psychologique de la personne, et c’est à ce

moment là, que les mécanismes de défenses font leurs apparitions. Le rejet est l’un des

premiers mécanismes apparents. Spontanément, la nouvelle idée ou la méthode sera rejetée et

dénigrée.

Peu à peu, la personne va apprendre à composer avec ce changement, sa vision va

progressivement se modifier et s’adapter afin de ne plus être un frein vers une certaine

évolution.

Après le processus de dissonance cognitive, nous pouvons également parler de la rationalité

limitée. La rationalité limitée est un concept, forgé par Herbert A. Simon. Il explique que la

limite de la rationalité n'est rien d'autre que l'impossibilité matérielle de prendre en compte

toutes les conditions déterminant le choix au moment de décider. Cette limite est donc d'ordre

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cognitif. Ce qui plus simplement, revient à dire, qu’un individu observe et ne retiens qu’une

caractéristique de l’autre confirmant son idée de base. Daniel Dicquemare, l’explique comme

« un filtrage sélectif et inconscient des observations du monde qui nous entoure, et qui nous

permet d’affirmer et de conforter un système de pensée préétabli ».

Toujours selon Daniel Dicquemare, « toute force exercée sur un système peut générer une

force opposée au moins équivalente ».

La résistance au changement nous amène à parler d’une analyse qui est la systémie. Cette

systémie représente un cadre théorique pour analyser cette résistance. Elle représente une

approche groupale formant un système. Le but de ce système, ou ensemble d’individus,

permet de trouver un équilibre stationnaire. Et face à un changement, ce système lutte et

résiste afin de maintenir cet équilibre. Ce changement, n’est pas une pensée partagée, donc

elle est filtrée et ignorée.

C’est donc ici même, que nous retrouvons la notion de conformité sociale. Ou intervient la

notion de peur du rejet donc au besoin d’appartenance à un groupe. L’influence sociale a

parfois une tendance à modifier ou influer une personne n’ayant pas d’opinion, ou une

différente de la majorité.

Ces diverses réactions humaines ont aussi des « facteurs favorisants ». Ce changement est

peut être difficile à accepter, potentiellement à cause :

- D’une démotivation professionnelle.

- D’une surcharge de travail.

- De ne plus être accepté dans un groupe.

- De l’absence de reconnaissance morale et financière.

- D’une responsabilité juridique omniprésente, et en constante progression.

- D’une perte de repère, d’un renvoi à soi même.

- Une absence d’information, de formation et de communication.

- Une absence de recul.

Ce listing est non exhaustif mais permet aussi de prendre en compte la réelle condition de

travail du professionnel de santé. La difficulté face au changement de 2009 a été

problématique de tous. Et je pense, qu’elle a été une réelle difficulté auprès des professionnels

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de terrains qui étaient peu informés. Dans un contexte d’inconnu, mettant la personne dans

une perte de repère la plus totale.

V. L’IDENTITE PROFESSIONNELLE

De façon logique, cette partie traitera en premier lieu l’identité individuelle, puis

collective pour terminer sur l’identité professionnelle.

1.1 Définition :

Selon Micheline WENNER, l’identité d’un sujet serait : « une construction culturelle, car

aucune identité « naturelle » ne peut s’imposer au sujet par la force des choses ». Elle

exprime que pour avoir une identité il faut en premier lieu une conscience de soi.

Pour elle, « l’identité inscrit le sujet dans son milieu de vie et dans une société. Car avec

l’identité, le sujet existe en tant que personne, personnage social nommé qui assume des

rôles, des fonctions, des relations ». Nous en arrivons à la notion d’identité sociale.

L’identité est « interactionniste » pour M WENNER. Nous allons donc parler d’un processus.

Pour R. SAINSAULIEU, l’identité professionnelle se définit comme la « façon dont les

différents groupes au travail s’identifient aux pairs, aux chefs, aux autres groupes, l’identité

au travail est fondée sur des représentations collectives distinctes ». L’identité serait un

processus relationnel d’investissement de soi (investissement dans des relations durables, qui

mettent en question la reconnaissance réciproque des partenaires), s’ancrant dans

« l’expérience relationnelle et sociale du pouvoir ».

Claude DUBAR généralise l’analyse de R. SAINSAULIEU avec la notion d’identité sociale.

Cette notion sera travaillée ci-dessous. Et explique notamment que : « la socialisation est un

processus d’identification, de construction de l’identité, c'est-à-dire d’appartenance et de

relation ».

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La construction d’une identité professionnelle est propre essentiellement à la socialisation

secondaire selon P. BERGER et T. LUCKMANN : l’incorporation de savoirs spécialisés

(savoirs professionnels).

1.2 Critères :

- Le processus d’identification :

Le processus d’identification d’un sujet signifie « qu’en s’identifiant, il assimile un aspect, un

attribut, une caractéristique propres à la personnalité de l’autre » M.W. ce processus

s’exerce de manière inconsciente, traduisant une envie de ressembler à l’autre. Cette

identification vers l’autre, peut donc modifier la personnalité initiale de l’individu.

Ce processus, se retrouve essentiellement chez nous, étudiants. Ou nous allons nous identifier

à différents professionnels, car à nos yeux, ils ont une figure représentative du « bon

soignant ». Et de façon consciente ou inconsciente, on se dit : « j’aimerai bien être comme

lui ».

- Caractéristiques de l’identité :

Dans l’ouvrage de M. WENNER, Sociologie et culture infirmière, pour mieux comprendre le

terrain des pratiques professionnelles, elle développe le concept de l’identité en quatre

caractéristiques :

Elle explique que l’identité est antérieure à la naissance et qu’elle a une notion de

permanence : « le sujet identifié conserve son identité au-delà de sa mort. L’identité est

consignée sur les registres de l’état civil, des les cimetières. Chaque sujet laisse ainsi les

traces de son passage dans la vie des hommes ».

La deuxième caractéristique concerne une authenticité: « l’identité devient rapidement

plurielle. Le sujet est porteur de plusieurs identités lorsqu’il est intégré à un groupe social,

professionnel. Ces apparences enrichissent l’identité et peuvent contribuer au développement

de la personnalité ». Ici, elle prend l’exemple d’une infirmière, étant à la fois identifiée par sa

profession, par son statut de femme, de mère.

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Comme nous l’avons expliqué, l’identité est évolutive. D’où ce troisième critère, le

questionnement essentiel. « La perception de son identité se modifie avec l’âge et détermine le

statut social. Chaque sujet se reconnaît dans une classe d’âge, et se désigne à partir de cette

appartenance ». On observe donc une classification consciente ou inconsciente des individus.

Le dernier critère, est en provenance de la culture et de l’histoire : « l’identité est le produit

d’une culture, celle de la famille, du groupe social, ou de la profession, mais aussi d’une

religion, d’une région ou d’une nation. »

Ce critère amène au processus de socialisation, débutant par l’éducation familiale, la

scolarisation puis la professionnalisation. Il y aura donc une assimilation de règles pour

pouvoir vivre en collectivité, d’échanges, et une cohésion de groupe. Ce processus est

indispensable pour l’épanouissement d’un individu, pour une évolution « positive ».

Par exemple, la non reconnaissance d’un individu ou d’un groupe sera mal vécu, entrainant

des réactions et émotions car contraire à la l’idée perçue du groupe. Dès lors, une résistance

va s’opérer, comme nous l’avons vu ci-dessus.

- Crise identitaire :

En premier lieu, la notion de crise est perçue comme une rupture brutale d’un état

stationnaire. La crise identitaire est définit par M. WENNER comme : « une situation qui

surprend, mais qui avec le recul aurait été prévisible. Les acteurs concernés par la crise ont

eu conscience du malaise : la crise est réactionnelle. La défaillance des mécanismes de

régulation aboutit à la déstabilisation de l’organisation. La crise apparaît comme une

cassure, la structure ancienne ne parvient plus à tenir son rôle de contenant ou d’étai.

L’individu se sent atteint dans l’unité de sa personnalité. »

Cette citation est primordiale car elle représente avec exactitude la situation qui m’a interpellé

pour ce travail de recherche. Elle représente très précisément le ressenti et le comportement

des professionnels de santé face au nouveau référentiel de formation de 2009.

L’individu est un refus complet d’une quelconque acceptation, même transitoire, face à un

changement. Il est dans l’incapacité de ce projeter, car il est animé d’une peur face à un

potentiel rejet ou une exclusion. Il est dans une totale perte de repère.

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Cette crise identitaire entraine un déséquilibre moral, une remise en cause de ses idéaux, une

perte de repères, jusqu’à potentiellement une disqualification de ses acquis et origines.

Inconsciemment, on observe une perte de confiance en soi pouvant atteindre un rejet de soi

même.

- L’illusion identitaire :

L’illusion identitaire sous entend une identité collective. Elle naît suite à une crise identitaire,

ou l’identité du groupe construit un système, comme expliqué ci-dessus, ce système est

stationnaire et leur but est de maintenir un équilibre. « Leur identité s’est en quelque sorte

construite dans un vivier culturel, idéologique, plutôt fermé. Cet ethnocentrisme conduit les

sujets à rejeter tous les modèles culturels qui leur sont étrangers ou différents » M.W.

Cette illusion identitaire en donc un lien avec l’approche systémique concernant la résistance

au changement.

Pour revenir sur l’analyse de l’identité professionnelle, et sur les différents sens de sa

définition, nous pouvons dire est le lien entre identité personnelle et identifications

collectives. Les identités professionnelles sont elles aussi évolutives.

Elle fait appelle à trois concepts : une profession, une professionnalisation ainsi s’un

professionnalisme.

Notre identité personnelle repose donc sur une base unique stable ou naissent différentes

interactions, elle permet une reconnaissance dans l’appartenance d’une profession de part une

acquisition de savoirs, savoirs faire et savoir être. L’individu se dit à la fois différent et

semblable à son groupe d’appartenance.

Selon M. WENNER, la profession représente : « la spécialisation ou la spécificité d’un

savoir, la détermination de règles avec un idéal de service pouvant faire l’objet d’un code

déontologique, une formation initiale supérieure. Ces critères étant recherchés par les

groupes de professionnels dans un processus de professionnalisation ».

Elle relate que la professionnalisation : « est un processus actif de maturation d’une

profession, d’un corps social qui se traduit par une progression constante. Ce processus se

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caractérise par la capacité de la profession de se structurer, de s’organiser, de se développer,

d’exister comme un tout indissociable. »

Les facteurs favorisants cette professionnalisation sont donc :

- Une motivation indéniable concernant la profession en question.

- Une affirmation de soi par des pré-requis, une acquisition concernant les

savoirs, savoirs faire et savoirs être.

- Une certaine autonomie.

- Un sentiment d’appartenance à la profession.

Concernant le professionnalisme, M. WENNER, le définit comme : « un renvoie à la

conscience professionnelle, à la responsabilité et aux devoirs de chaque salarié vis-à-vis de

l’entreprise, et cela quels que soient sa compétence, son grade ou sa position dans

l’entreprise ou l’institution ».

L’identité professionnelle représente donc, une profession, avec son propre groupe

d’appartenance professionnel. Ce groupe réunit des compétences professionnelles (savoir,

savoir spécifique, savoir faire, savoir être), en interagit au quotidien. Cette intégration se fait

par un travail en collaboration, des échanges sur divers points … On observe que ce groupe

représente un système homogène stable, avec des particularités qui nous permettent de

différencier chaque personne de ce même groupe. La motivation concernant chaque membre

de ce groupe est primordiale, et va développer un sentiment d’appartenance à celui-ci.

L’essentiel de ses points se base sur un des plus grands principes : la communication.

L’étudiant construit donc son identité professionnelle de façon consciente ou inconsciente,

avec des facteurs d’apprentissage endogènes (personnalité, valeur propre) et des facteurs

exogènes (milieu professionnel). Tous ces éléments n’interviennent de façon séparés. Cette

construction de l’identité professionnelle pour l’étudiant ce réalise en trois étapes :

- Une zone d’acquisition, notamment de compétences.

- Une zone de modélisation, ou d’identification.

- Une zone de réalisation, mise en œuvre du savoir, savoir faire et savoir être.

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Ces trois zones sont donc en interaction, de plus, elles interviennent face aux multiples

expériences rencontrées par l’étudiant, dans ses différents lieux de stage.

Le champ professionnel a donc une grande importance dans l’élaboration de la construction

de l’identité de l’étudiant. Il peut transformer, bousculer ses représentations sur le soin et

mettre un frein dans sa construction.

VI. PHASE D’ENQUETE

Ayant développé mes concepts, je vais maintenant passer à la phase d’enquête. Dans le but de

donner de la viabilité à ma question de départ, en menant celle-ci sous forme d’entretien.

Ma question de départ étant : en tant que futur professionnel, dans le cadre de

l’universitarisation du Diplôme d’Etat Infirmier, comment l’étudiant peut-il construire son

identité professionnelle face à des soignants résistant à l’encadrement ?

Ma question de départ est donc devenue ma question de recherche. Car en effet, je souhaite

comprendre les mécanismes de cette situation afin de construire sereinement ma propre

identité professionnelle.

J’ai donc choisi une enquête sous forme d’entretien semi-directif dont la consigne sera : selon

vous, comment l’étudiant peut –il trouver sa place dans une équipe, dans le cadre du nouveau

programme ? Et ensuite : selon vous, existe-t-il des réticences à encadrer ces étudiants du

nouveau référentiel de 2009 ?

J’ai donc réalisé dix entretiens, je ferai l’analyse de six d’entre eux dans ce mémoire, et

l’analyse des quatre derniers lors de ma soutenance afin d’agrémenter mon compte-rendu oral.

L’enquête qualitative sous forme d’entretien semi-directif me permettra, d’avoir une réelle

discussion avec le professionnel. Ainsi j’espère avoir une réelle authenticité lors de mes

entretiens. Cette authenticité provient de la délivrance d’informations personnelles concernant

le professionnel. De connaître son raisonnement, sa manière de penser sans l’influence d’un

groupe. Je proposerai un enregistrement à chacun professionnel interviewé, pour ne pas

risquer de perdre une information concernant son opinion et son raisonnement. Cette perte

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d’informations est une limite de cet outil d’enquête, comme il s’agit d’une communication

verbale directe. Bien évidement, cette enquête est anonyme et je m’engage fidèlement à

retranscrire avec exactitudes les paroles des professionnels.

Ces informations sont donc directes d’où leurs importances majeures. La limite de cet

entretien, est que potentiellement, l’interviewé me relate la vision qu’il a de lui-même face à

mon thème et non pas sa pratique réelle. J’ai tenté, par la même occasion, d’analyser la

posture physique du professionnel pendant l’entretien.

Le maître mot de cet outil, pour moi, est l’interactivité. Mais la troisième limite, étant d’être

dans l’incapacité de recentrer le sujet.

Cette enquête me permet de poser à une population cible, deux questions-guides relatives à

leur situation professionnelle, à leurs opinions et attitudes face à des enjeux humains,

pédagogiques et professionnels. Ainsi que leurs attentes face à celle-ci. Le but étant aussi, de

connaître leur niveau de connaissance face à un changement donné.

Concernant le choix de ma population cible, j’ai interviewé des professionnels de tout

horizon, avec ou peu d’expérience. Je souhaitai avoir un panel le plus large qu’il soit, pour

avoir une analyse plus profonde.

Cet outil vise à affirmer ou infirmer une hypothèse, de poser une base, pour un travail réflexif

sur une thématique initiale. Ainsi me permettant de donner du poids à cette analyse. Mes

questions ouvertes permettront un véritable échange, avec une authenticité et une profondeur,

mais en évitant un éventuel éloignement. C’est donc pour cela que ce type de méthode m’a

parue le plus adapté face à mon thème.

VII. PHASE D’ANALYSE

Concernant l’analyse de mon enquête, j’ai interviewé trois femmes et trois hommes ayant eu

le Diplôme d’Etat Infirmier. Diplôme datant de 1985, de 1992 et de 2000. Ils ont obtenus leur

Diplôme depuis sept à vingt ans. Ils travaillent au sein d’un service d’urgence, possédant un

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Service Mobile d’Urgence et de Réanimation. Un professionnel avait la particularité d’être

Infirmier Sapeur Pompier.

Sur les six entretiens présentés, aucun des professionnels n’ont souhaité être enregistrés.

Aucun motif précis ne m’a été dévoilé. Ce refus est-il synonyme de craintes ? D’une absence

de cadre sécurisant, peut être ? Se sentaient-ils en danger ? Une limite posée par leur propre

moyen, pour que l’on ne puisse pas remettre en question, leur responsabilité, leur mission face

à l’encadrement ?

J’ai du adapté directement ma prise de note, afin de ne perdre aucune informations. A la fin de

l’entretien, j’ai effectué une relecture de ma prise de note au professionnel, pour une

validation de celle-ci. Signe de mon engagement à retranscrire avec exactitude leurs propos.

Néanmoins, malgré ce point, chacun d’entre eux, a accepté avec énormément d’enthousiasme

de réaliser cet entretien. Il n’y a pas eu la moindre réticence à vouloir répondre à mes

questions. Ce qui est assez paradoxal… Je n’ai perçu aucune attitude physique de défense, ni

évocatrice de stress. Les professionnels étaient, il me semble, détendus. Mais, je ne pense pas

être assez qualifiée pour détecter ce genre de détails…

Après avoir effectué une relecture complète de l’intégralité de mes entretiens, je me suis

rendu compte que sur les six entretiens, les éléments réponses concernant la première et

deuxième question étaient identiques. Elles étaient à l’unanimité de même contenance.

Je fais donc le choix de traiter mon analyse question par question, et non pas d’entretien à

entretien. Je ne voulais pas risquer d’être trop répétitive.

Après avoir posé ma première question : selon vous, comment l’étudiant peut –il trouver sa

place dans une équipe, dans le cadre du nouveau programme ?

Les professionnels m’ont répondu de façon quasi instantanée, qu’il ne s’agit pas du nouveau

programme d’étude. Le processus d’universitarisation n’était pas remis en question.

« Peu importe le programme, l’intégration de l’étudiant ne dépend que de lui-même. » Leurs

discours amènent la notion d’une « attitude type » de l’étudiant, que cette attitude est

« universelle », et ne concernait pas uniquement le milieu des soins infirmiers. Cette « attitude

type » m’est expliquée comme un ensemble de qualités requises, que doit avoir l’étudiant afin

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de trouver sa place au sein de l’équipe. Afin de passer de la théorie à la pratique dans de

bonnes conditions.

Ils me les énumèrent :

- La motivation,

- Un dynamisme,

- Un intéressement, le fait de poser des questions, et ne pas faire pour faire,

- Un investissement,

- Respect des règles,

- Une curiosité intellectuelle…

Face à cette liste, je peux observer, qu’ils font référence aux facteurs favorisants la

professionnalisation, intégré dans le concept de l’identité professionnelle.

Ensuite, tous mentionnent, que c’est une démarche de l’étudiant vers l’équipe professionnelle.

« C’est à lui de faire ses preuves ». Nous pouvons nous représenter cette équipe, comme un

groupe. Il renvoie à la notion d’identité collective. Ou la personne extérieur doit entrer, « faire

ses preuves » dans le but de rejoindre un sentiment d’appartenance et une acception dans ce

même groupe.

Les professionnels font donc référence au concept de la professionnalisation mais aussi au

concept de la socialisation. Le concept de la socialisation est reconnaissable par la notion

d’assimilation des règles. Cette assimilation de règles renvoie-elle aussi au processus de

construction de l’identité professionnelle pour l’étudiant ce réalise en trois étapes :

- Une zone d’acquisition.

- Une zone de modélisation.

- Une zone de réalisation.

Ces trois étapes sont liées même soudées aux trois étapes de l’apprentissage

universitaire : « agir », « comprendre » et « transférer ».

Cette acquisition de règles concerne, la règle de confiance entre l’étudiant et le professionnel :

le prévenir des actions qu’il entreprend, en demandant un encadrement. La confiance est

primordiale dans cette relation. L’étudiant doit respecter les règles concernant l’organisation

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du service et concernant la hiérarchie. L’attitude, la tenue vestimentaire font partie intégrante

de des règles.

Cette intégration à l’équipe représente un énorme investissement de la part de l’étudiant, mais

à travers le discours de différents professionnels, le maître mot est la motivation. « Peut

importe le niveau de l’étudiant, s’il y est motivé, nous ferons notre maximum et tout ira

bien ». Cette parole a été reprise à cinq reprise, dans chaque entretien, dans le sixième, il a été

dit : « un niveau peut progresser mais pas la motivation, ni l’envie de d’être infirmière. Nous

sommes là pour faire évoluer la progression des étudiants, mais si lui-même n’y croit pas, je

ne peux le faire pour lui ».

Je pense avoir terminé l’analyse de cette première question.

Ensuite j’ai posé ma deuxième question : selon vous, existe-t-il des réticences à encadrer ces

étudiants du nouveau référentiel de 2009 ?

La formulation de cette réponse a été différente. J’ai pu observer un temps de réflexion plus

grand. Sur les six entretiens, la réponse a été là aussi unanime « oui ». Je note que dans mon

neuvième entretien (qui sera analysé lors de ma soutenance), un professionnel a répondu

« non ». Cette réponse sera bien sûr argumentée.

Concernant ces six entretiens, comme pour la première question, les éléments de réponses

sont identiques.

Le point le plus important, d’après les professionnels, est l’absence d’informations, l’absence

d’une formation et de valorisation concernant ce nouveau référentiel d’activité. « Nous nous

sommes retrouvés du jour au lendemain dans l’inconnu », « nous n’avons pas été informés, et

nous nous sommes retrouvés face à ce changement », « nous n’avons absolument pas

participé à cette réforme, on nous a vaguement présenté ce changement, mais même pour les

personnes qui nous le présentaient, les choses étaient floues ».

Cette absence d’informations sur le nouveau référentiel est une réelle mise en difficulté pour

eux, notamment sur le fait, qu’ils ne connaissent pas notre trame théorique. Ils ne peuvent

plus nous situer et ajuster leurs méthodes pédagogiques comme dans l’ancien programme, ou

l’approche théorique se faisait par module. Le niveau de l’étudiant était plus identifiable.

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L’approche par compétences et par unités d’enseignements a été complexe pour eux. Les

critères du processus d’universitarisation, ne sont à jour, près peu connus, voir pas du tout.

Le seul critère concernant le concept d’universitarisation est le port-folio. Celui-ci développé

ci-dessous.

« On y connaissait rien, tout a changé, et même maintenant je n’ai toujours pas l’habitude ».

Cette rupture d’habitude violente a commencé à créer une résistance. Renvoyant à la rupture

l’habitude selon Marc HEES. La résistance au changement a donc été la réponse face à une

modification du quotidien.

En restant toujours dans l’habitude de l’encadrement et l’évaluation de l’étudiant en stage,

l’abolition de la Mise en Situation Professionnelle et l’insertion du port-folio a été entrainée

une avalanche de réaction. Deux modifications très difficiles à entendre chez le professionnel,

même à ce jour. Dès lors, on observe une résistance dans le regard porté sur l’autre. Elle se

manifeste par un refus de modifier ses pensées et représentations, par des jugements de

valeurs. Le concept de crise identitaire prend tout son sens, avec ces différentes ruptures assez

brutales.

« J’affirme être contre cette réforme, il y a un laisser aller des étudiants depuis qu’il n’y a plus

d’M.S.P. Il faut leur courir après pour leur présentation de démarche de soins. Le niveau a

chuté, ils ne font pas les liens et au niveau des soins techniques, c’est une catastrophe ! Pour

beaucoup, il est possible de passer entre les mailles du filet ! Oui, je suis inquiète ! ».

Nous retrouvons durement, la notion de dissonance cognitive, ainsi que la rationalité limité.

Aucun point positif de ressort de ce nouveau référentiel. Le rejet d’un nouveau model est

tranchant.

Du fait que se soit un entretien individuel, je n’ai pas retrouvé l’approche systémique ni la

notion de conformité sociale.

Le critère actuellement non accepté voir parfois ignoré est le port folio. Les professionnels le

décrive comme un outil trop fastidieux, engagement trop de responsabilité pour celui qui le

remplit, représentant une surcharge de travail énorme et non valorisé. Cette non valorisation,

entraine une non reconnaissance du professionnel, il voit que sa responsabilité et ses missions

augmentent une fois de plus, et sans la moindre reconnaissance financière. Un professionnel a

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dit : « si encore on était rémunéré, je ne vois plus de problème ». « Moi, si je n’en est pas un à

remplir, je ne vais pas me plaindre ».

Pour en revenir au port-folio : « Ce port folio est trop long, on ne peut pas se permettre de

prendre autant de temps, de plus, il n’est absolument pas objectif !! L’étudiant peut manipuler

son tuteur, et voilà une autre occasion de passer entre les mailles du filet !! »

Les professionnels regrettent la M.S.P, et trouvent que par son abolition, l’équipe

pédagogique de l’I.F.S.I est encore plus absente. « Nous sommes comme abandonnés ».

Le mot de « tuteur » n’apparait que dans un entretien.

Les professionnels reconnaissent que ce nouveau référentiel demande une réactualisation des

connaissances, car effectivement « nous en sommes pas à l’aise ». Traduisant une mise en

difficulté du professionnel : « les items du port-folio sont parfois incompressible, alors déjà

que c’est long, si on s’y reprend à quatre fois, je n’ai pas finis ! ».

Le professionnel se reconnaît donc face à un malaise, malaise qui est un des critères dans la

définition de la notion de crise identitaire selon M. WENNER.

Je pense que nous retrouvons de façon de claire, les facteurs favorisants à la résistance au

changement, énoncé précédemment :

- D’une démotivation professionnelle.

- D’une surcharge de travail.

- De ne plus être accepté dans un groupe.

- De l’absence de reconnaissance morale et financière.

- D’une responsabilité juridique omniprésente, et en constante progression.

- D’une perte de repère, d’un renvoi à soi même.

- Une absence d’information, de formation et de communication.

- Absence de recul.

Ces différents entretiens illustrent vraiment le cadre conceptuel. Ces concepts sont des

processus, on note que leur développement correspond vraiment à la réalité de terrain.

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Pour conclure, nous avons donc, selon le professionnel, il n’y a aucune mise en difficulté de

l’étudiant dans son parcours pour trouver sa place au sein de l’équipe mais paradoxalement,

tout le monde est réticent à l’encadrer, et à l’aider dans l’acheminement de sa progression.

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CONCLUSION :

Pour conclure ce travail, après l’analyse conceptuelle et l’analyse d’enquête, je peux affirmer

qu’en tant que futur professionnel, dans le cadre de l’universitarisation du Diplôme d’Etat

Infirmier, l’étudiant peut librement construire son identité professionnelle. Même si,

effectivement, certains soignants résistent aux changements. Cette identité est plus difficile à

percevoir, et à réaliser. La clef du succès : Respect, Honnête, Passion. Un étudiant motivé,

même dans un contexte difficile, pourra et se doit de la construire.

Nous pouvons voir que la réforme d’étude de 2009, est un changement parmi tant d’autre.

L’historique infirmier le démontre. Et je pense qu’il est loin dans le raisonnement critique de

certains professionnels. Ce rappel, je pense, permet de prendre du recul, et de ne pas voir ce

changement actuel comme une fin en soi.

A ce jour, les professionnels ne trouvent pas de points positifs concernant ce nouveau

programme, je pense que le recul, les groupes de travail sont les seules clefs pour pouvoir

envisager son acceptation.

Si, le professionnel avait été positionné différemment dans ce changement, notamment en

acteur, je ne pense pas qu’il y aurait ces conséquences.

Une lutte contre cette résistance est à mettre en place, car l’étudiant comme le professionnel,

souffre de ce malaise. Ne pourrions-nous pas proposer des travaux d’insertions ? De

développer les échanges entre institutions ? De travailler sur des projets réunissant les attentes

de l’IFSI, de l’Université et du terrain ?

La nécessité de resserrer les liens entre les différents acteurs est primordiale. Mais ma

question, à laquelle je n’ai pas de réponse est : Quelle place laissons nous aux nouvelles

générations ? Cette place, est-elle préparée ?

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BIBLIOGRAPHIE :

Cours magistral de Me VIVOT : U.E 3.3 S.3 Rôle Infirmier : historique, organisation

et représentations infirmière.

La Revue de L’infirmière, Octobre 2011, N°174, dossier : Soixante ans d’évolution

des pratiques de soins infirmiers.

Recueil des principaux textes relatifs à la formation préparant au diplôme d’Etat et à

l’exercice de la profession, PROFESSION INFIRMIER, FORMATIONS DES

PROFESSIONS DE SANTE. Ministère de la Santé et des Sports. SEDI-30700 UZES

(0908)- Ref. 650505.

Fonction cadre de santé, formation, Identités professionnelles, alternance et

universitarisation. Sous la direction de DOMINIQUE BOURGEON. Edition Lamarre.

Daniel DICQUEMARE, psychosociologue, psychopédagogue, « La résistance au

changement produit d’un système et d’un individu. Les travailleurs sociaux ont-ils

peur du changement ? »Les Cahiers de l’Actif- N° 292/29.

SOCIOLOGIE ET CULTURE INFIRMIERE, pour mieux comprendre le terrain des

pratiques professionnelles, de Micheline WENNER, Seli Arslan.

Mémoire de Formation Cadre de Santé, Me Stéphanie LEBRETON, De la

collaboration infirmière/ aide soignante à la construction de l’identité professionnelle

du stagiaire en formation initiale.

Recherche en soins infirmiers, n°45 Juin 1996, VARIATION, Des représentations du

métier à la construction de l’identité professionnelle.

Soins cadres, savoirs et pratiques, n°57, 02.2006, L’identité infirmière existe-t-elle ?

.

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ANNEXES :

Annexe 1 : Les accords de Bologne, 19 Juin 1999. P.34

Annexe 2 : Entretien d’enquête n° 1. P.40

Annexe 3 : Entretien d’enquête n° 2. P.41

Annexe 4 : Entretien d’enquête n° 3. P.42

Annexe 5 : Entretien d’enquête n° 4. P.43

Annexe 6 : Entretien d’enquête n° 5. P.44

Annexe 7 : Entretien d’enquête n° 6. P.45

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Annexe 1 : Les accords de Bologne, 19 Juin 1999.

FAGE – Générateur d’

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ANNEXE N°2 : ENTRETIEN N°1

En premier lieu, j’ai expliqué au professionnel dans quel cadre et pourquoi j’effectuai une

enquête. En cherchant, son accord ainsi que sa participation. Je lui expliqué le cadre

anonyme de l’entretien, ainsi que le déroulement de cet entretien. Suite à ma demande, il n’a

pas souhaité être enregistré lors de notre discussion.

Durée entretien : 35 minutes.

CL : Selon vous, comment l’étudiant peut –il trouver sa place dans une équipe, dans le cadre

du nouveau programme ?

IDE : Me concernant, peu importe le programme, l’intégration de l’étudiant ne dépend que de

lui-même. Il y a une attitude à respecter, et même à mon époque les choses se passaient de la

sorte. Il suffit d’être passionné, motivé, de ne pas venir en train des pieds. Il faut s’investir

mais faire pour faire, ce n’est pas la peine.

Pour trouver sa place, c’est son implication qui primera, c’est à lui de faire ses preuves, de

monter qu’il en veut.

CL : Le niveau de connaissance de l’étudiant, a-t-il une influence selon vous ?

IDE : Peut importe le niveau de l’étudiant, s’il y est motivé, nous ferons notre maximum et

tout ira bien !

CL : Selon vous, existe-t-il des réticences à encadrer ces étudiants du nouveau référentiel de

2009 ?

IDE : Oui, déjà nous nous sommes retrouvés du jour au lendemain dans l’inconnu ! Est-ce

normal ? J’ai du me renseigner par mes propres moyens ! Et, j’affirme être contre cette

réforme, il y a un laisser aller des étudiants depuis qu’il n’y a plus d’M.S.P. Il faut leur courir

après pour leur présentation de démarche de soins. Il n’y a plus de rigueurs, et à cause de cela,

c’est à nous de faire des efforts d’encadrement … Le niveau a chuté, ils ne font pas les liens et

au niveau des soins techniques, c’est une catastrophe ! Pour beaucoup, il est possible de

passer entre les mailles du filet ! Oui, je suis inquiète !

Entretien interrompu, le professionnel est demandé pour aller à l’I.O.A.

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2007 ANNEXE N°3 : ENTRETIEN N°2

En premier lieu, j’ai expliqué au professionnel dans quel cadre et pourquoi j’effectuai une

enquête. En cherchant, son accord ainsi que sa participation. Je lui expliqué le cadre

anonyme de l’entretien, ainsi que le déroulement de cet entretien. Suite à ma demande, il n’a

pas souhaité être enregistré lors de notre discussion.

Durée entretien : 23 minutes.

CL : Selon vous, comment l’étudiant peut –il trouver sa place dans une équipe, dans le cadre

du nouveau programme ?

IDE : Je ne pense pas que l’intégration des stagiaires change en fonction du programme. C’est

plutôt une attitude type, je dirai même universelle. C’est comme dans tout, il faut être motivé

pour pouvoir s’intégrer. Je pense qu’il est plus question de clef humaine que de programme.

Même son niveau n’est pas excellent, mais qu’il y croit, nous l’accompagnerons et la

progression sera là.

CL : Selon vous, existe-t-il des réticences à encadrer ces étudiants du nouveau référentiel de

2009 ?

IDE : Oui, car il y a un gros manque de connaissances, et que l’Hôpital est « survolté ». De

plus un problème de communication. C’est un cursus qui fait assez peur, de part la

méconnaissance, mais aussi car on voit un certain niveau s’écrouler. A cause, en t’autre, de

l’arrêt des M.S.P, l’absence d’évaluation finale au D.E.I. Moi, j’observe un manque

d’initiative.

Et comme, nous ne sommes au courant de rien, faut il aussi changer nos méthodes

d’encadrement ? Qu’est que nous devons changer ?

Et pour le port folio, c’est une tâche déléguée une fois de plus aux infirmières non ?! Si

encore on était rémunéré, je n’y verrai pas de problème.

Je ne m’en plains pas si je n’en est pas un à remplir.

J’attends avec impatience de voir ce que va donner les sorties de diplôme de 2012 …

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2007 ANNEXE N°4 : ENTRETIEN N°3

En premier lieu, j’ai expliqué au professionnel dans quel cadre et pourquoi j’effectuai une

enquête. En cherchant, son accord ainsi que sa participation. Je lui expliqué le cadre

anonyme de l’entretien, ainsi que le déroulement de cet entretien. Suite à ma demande, il n’a

pas souhaité être enregistré lors de notre discussion.

Durée entretien : 27 minutes.

CL : Selon vous, comment l’étudiant peut –il trouver sa place dans une équipe, dans le cadre

du nouveau programme ?

IDE : Je pense que la problématique est la même, qu’il soit ancien ou nouveau programme,

cela concerne son apprentissage donc c’est à lui d’aller de l’avant en étant à l’écoute, motivé,

investit, et participatif. Il va ou a surement déjà quelques difficulté mais si il y met de la

bonne volonté, il n’y a pas de raison pour que les choses se passent mal.

CL : Selon vous, existe-t-il des réticences à encadrer ces étudiants du nouveau référentiel de

2009 ?

IDE : Oui ! Alors déjà, nous n’avons pas été informés, et nous nous sommes retrouvés face à

ce changement, comme abandonnés. Sourire. Moi personnellement, j’attendais la venue de

l’IFSI pour des explications, mais que j’attends encore. Et je suis assez mal à l’aise car je n’ai

jamais encadré d’étudiant depuis mon entrée dans ce service. Donc, j’observe de loin et je ne

sais toujours pas me servir du port-folio. D’un côté, j’ai un travail. Sourire. Je ne dis pas que

la pédagogie n’est pas un travail, mais il faut gérer un service pendant que certains prennent le

temps d’encadrer par exemple. Je ne me plains absolument pas, cela me convient même je

pense. Mais encadrer prend du temps, et le service ne s’arrête pas pour autant.

Etant une personne n’aimant pas forcement encadrer, je pense être en position de dire que le

nouveau programme joue beaucoup dans la réticence à encadrer, mais que cette réticence à

toujours exister. Elle ne date pas de 2009.

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2007 ANNEXE N°5 : ENTRETIEN N°4

En premier lieu, j’ai expliqué au professionnel dans quel cadre et pourquoi j’effectuai une

enquête. En cherchant, son accord ainsi que sa participation. Je lui expliqué le cadre

anonyme de l’entretien, ainsi que le déroulement de cet entretien. Suite à ma demande, il n’a

pas souhaité être enregistré lors de notre discussion.

Durée entretien : 15 minutes.

CL : Selon vous, comment l’étudiant peut –il trouver sa place dans une équipe, dans le cadre

du nouveau programme ?

IDE : L’équipe lui fera une place dans le cas ou il montre qu’il la mérite par sa motivation, je

pense, pas son respect des règles, sur sa curiosité intellectuelle… Concernant le nouveau

programme, (…), je ne pense pas qu’il y est un lien. Nos attentes sont et seront toujours

identiques.

Par exemple, une étudiante était assez effacée, avec de grosses lacunes, mais un jour, elle

nous a dit pourquoi elle était là ce qu’elle attendait de nous, sa progression a été fulgurante

ainsi que son intégration.

N’ayant pas eu la formation du « tuteur de stage », je pense que je suis assez limitée sur la

question.

CL : Pourquoi ?

IDE : (…) Je pense avoir faire le tour de la question.

CL : Très bien. Selon vous, existe-t-il des réticences à encadrer ces étudiants du nouveau

référentiel de 2009 ?

IDE : Oui ! Nous n’avons absolument pas participé à cette réforme, on nous a vaguement

présenté ce changement, mais même pour les personnes qui nous le présentaient, les choses

étaient floues. Ce port folio fait peur, donc entraine encore plus de résistance. Il donne encore

moins envie de s’investir. Je pense ne pas avoir assez de recul sur la question. Mais je suis

inquiété, car je n’ai jamais eu l’occasion d’en remplir un, et cette idée me stress quelque peu.

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2007 ANNEXE N°6 : ENTRETIEN N°5

En premier lieu, j’ai expliqué au professionnel dans quel cadre et pourquoi j’effectuai une

enquête. En cherchant, son accord ainsi que sa participation. Je lui expliqué le cadre

anonyme de l’entretien, ainsi que le déroulement de cet entretien. Suite à ma demande, il n’a

pas souhaité être enregistré lors de notre discussion.

Durée entretien : 21 minutes.

CL : Selon vous, comment l’étudiant peut –il trouver sa place dans une équipe, dans le cadre

du nouveau programme ?

IDE : La prise d’initiative et un maximum de recherche au préalable, favorise déjà le début de

stage. Je pense aussi que l’élaboration d’objectifs de stage bien travailler est important, et

surtout que la présentation de l’étudiant à l’intégralité des professionnels du service est

capitale. Le but est de montrer combien on est passionné par cette profession. L’équipe sera

forcement dans l’acceptation si elle sent la personne investit. Et cela datait depuis la nuit des

temps, et je pense que cette dynamique va rester encore quelques années.

CL : Selon vous, existe-t-il des réticences à encadrer ces étudiants du nouveau référentiel de

2009 ?

IDE : Oui, on y connaissait rien, tout a changé, et même maintenant je n’ai toujours pas

l’habitude. Le point qui me marque le plus, c’est le port folio. Ce port folio est trop long, on

ne peut pas se permettre de prendre autant de temps, de plus, il n’est absolument pas

objectif !! L’étudiant peut manipuler son tuteur, et voilà une occasion de passer entre les

mailles du filet !! Je n’arrive pas comprendre la différence qu’il y a entre ce document et

l’ancienne feuille de l’ancien programme. Je dis bien feuille et non pas classeur. La semaine

dernière, le remplissage m’a pris une heure trente ! Les items sont parfois répétés, parfois

incompréhensible. Avant, on estimait la charge d’un étudiant à 30% de la charge de travail du

professionnel, maintenant je pense que ce chiffre à doubler !

Le niveau des étudiants à tout de même baisser, et je pense que c’est surtout ce réajustement

quotidien à la fois théorique et pratique qui déclenche une démotivation, et une réticence à

encadrer…

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ANNEXE N°7 : ENTRETIEN N°6

En premier lieu, j’ai expliqué au professionnel dans quel cadre et pourquoi j’effectuai une

enquête. En cherchant, son accord ainsi que sa participation. Je lui expliqué le cadre

anonyme de l’entretien, ainsi que le déroulement de cet entretien. Suite à ma demande, il n’a

pas souhaité être enregistré lors de notre discussion.

Durée entretien : 33 minutes.

CL : Selon vous, comment l’étudiant peut –il trouver sa place dans une équipe, dans le cadre

du nouveau programme ?

IDE : Sa place est toute trouvée, et se fait naturellement quand l’étudiant est motivé, curieux,

quand il pose des questions tout en restant à sa place. C’est comme dans la vie de tous les

jours. Je ne pense pas qu’une équipe, puisse mettre en difficulté, un étudiant qui a de l’amour

par rapport à ce qu’il fait dans une attitude présente mais discrète à la fois. Un niveau peut

progresser mais pas la motivation, ni l’envie de d’être infirmière. Nous sommes là pour faire

évoluer la progression des étudiants, mais si lui-même n’y croit pas, je ne peux le faire pour

lui.

Il est acteur de sa formation. Il a les clefs en main et c’est à lui de tout faire pour se

rapprocher de son but.

CL : Selon vous, existe-t-il des réticences à encadrer ces étudiants du nouveau référentiel de

2009 ?

IDE : Oui, notamment avec ce port folio, ce document est loin d’être synthétique donc il est

un réel problème. Nous sommes surchargés de travail, il est difficile pour nous de le remplir

correctement, sans être tenter de cocher au hasard.

Je pense que cette réticence ne va cesser d’augmenter, car le professionnel se fatigue depuis

des années, qu’une fois de plus notre charge de travail ne cesse d’augmenter ainsi que nos

responsabilités. La pénurie est déjà présente, mais cette reforme n’est malheureusement pas

bon présage.

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L’universitarisation ou l’émancipation d’une profession, la construction identitaire ou

comment être un futur professionnel de santé de qualité.

Une universitarisation des Instituts de Formation en Soins Infirmiers datant de 2009

représentant une évolution logique face à l’historique de la profession infirmière. Historique

qui équivaut à un siècle de lutte pour affirmer une identité communautaire et une

reconnaissance professionnelle. Mais qui paradoxalement n’est pas accepté sur le terrain.

Du changement à la résistance. De l’universitarisation à la construction de l’identité

professionnelle.

Un travail personnel pour tenter de comprendre certains mécanismes humains, jugés parfois

injustes, me permettant de comprendre et d’analyser une dynamique à la fois individuelle et

groupale. Mon objectif : construire sereinement ma propre identité professionnelle dans un

contexte d’encadrement difficile.