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FACULTÉ D’ADMINISTRATION Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS) LA BONNE GOUVERNANCE DANS LES COOPÉRATIVES DE SOLIDARITÉ par ANDRÉE-ANNE TREMBLAY HADJIA SAIDOU KINDO INDATOU MARIA CECILIA ZULUAGA Essai présenté dans le cadre du programme de Maîtrise en gestion du développement des coopératives et des collectivités Sherbrooke DÉCEMBRE 2007

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FACULTÉ D’ADMINISTRATION Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles

de l’Université de Sherbrooke (IRECUS)

LA BONNE GOUVERNANCE DANS LES COOPÉRATIVES DE SOLIDARITÉ

par ANDRÉE-ANNE TREMBLAY

HADJIA SAIDOU KINDO INDATOU MARIA CECILIA ZULUAGA

Essai présenté dans le cadre du programme de Maîtrise en gestion du développement des coopératives et des collectivités

Sherbrooke DÉCEMBRE 2007

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TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS V

INTRODUCTION 1

MÉTHODOLOGIE 3

CHAPITRE I : REVUE DE LITTÉRATURE 5

1.1 QU’EST-CE QU’UNE COOPÉRATIVE? 5 1.1.1 COOPÉRATIVE MULTISOCIÉTAIRE 5 1.1.2 COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ 6 1.2 PRINCIPES ET VALEURS COOPÉRATIFS 7 1.2.1 LES VALEURS COOPÉRATIVES 7 1.2.2 LES PRINCIPES COOPÉRATIFS 8 1.2.3 ÉMERGENCE DES COOPÉRATIVES DE SOLIDARITÉ 11 1.2.4 LES PARTIES PRENANTES DANS UNE COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ 15 1.2.5 DÉFINITION DES CONCEPTS 16 1.3 NOS DIMENSIONS D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE 20 1.4 LA GOUVERNANCE DANS UNE COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ 21 1.4.1 POUVOIRS ET RESPECT DES CHAMPS DES COMPÉTENCES 22 1.4.2 TRANSPARENCE ET COMMUNICATION 31 1.4.3 GESTION DÉMOCRATIQUE ET/OU PARTICIPATIVE 34 1.4.4 LEADERSHIP 36 1.4.5 ÉDUCATION- FORMATION 39 1.5 LES DÉRIVES DE LA GOUVERNANCE 43 1.5.1 LA THÉORIE DE L'HÉGÉMONIE GESTIONNAIRE 45 1.5.2 LA THÉORIE DE LA DÉGÉNÉRESCENCE DE L'IDÉAL DÉMOCRATIQUE 45

CHAPITRE II :ÉTUDE DE TROIS COOPÉRATIVES DE SOLIDARITÉ 47

2.1 MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE DE CAS 47 2.1.1 LES CRITÈRES DE SÉLECTION DES COOPÉRATIVES DE SOLIDARITÉ 47 2.1.2 DESCRIPTION DES COOPÉRATIVES 48 2.1.3 DESCRIPTION DU GROUPE DE PERSONNES INTERVIEWÉES 48 2.1.4 LA DÉMARCHE DES ENTREVUES 49 2.1.5 DIFFICULTÉS ET BIAIS DE L’ENQUÊTE SUR LE TERRAIN 49 2.2 PRÉSENTATION DES RÉSULTATS 50 2.2.1 POUVOIRS ET RESPECT DES CHAMPS DE COMPÉTENCES 50 2.2.2 TRANSPARENCE ET COMMUNICATION 59 2.2.3 GESTION DÉMOCRATIQUE 69 2.2.4 LEADERSHIP 79 2.2.5 ÉDUCATION / FORMATION 86

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CHAPITRE III : ANALYSE DES CAS ÉTUDIÉS 93

3.1 POUVOIRS ET RESPECT DES CHAMPS DES COMPÉTENCES 93 3.1.1 PRATIQUES LIÉES À LA BONNE GOUVERNANCE 93 3.1.2 LES OBSTACLES À LA BONNE GOUVERNANCE 95 3.2 TRANSPARENCE ET COMMUNICATION 96 3.2.1 PRATIQUES LIÉES À LA BONNE GOUVERNANCE 96 3.2.2 LES OBSTACLES À LA BONNE GOUVERNANCE 97 3.3 GESTION DÉMOCRATIQUE 98 3.3.1 PRATIQUES LIÉES À LA BONNE GOUVERNANCE 98 3.3.2 LES OBSTACLES À LA BONNE GOUVERNANCE 99 3.4 LEADERSHIP 99 3.4.1 PRATIQUES LIÉES À LA BONNE GOUVERNANCE 99 3.4.2 LES OBSTACLES À LA BONNE GOUVERNANCE 100 3.5 ÉDUCATION – FORMATION 101 3.5.1 PRATIQUES LIÉES À LA BONNE GOUVERNANCE 101 3.5.2 LES OBSTACLES À LA BONNE GOUVERNANCE 102

CHAPITRE IV: ÉTUDE DE MODÈLES DE COOPÉRATIVE À MULTISOCIÉTARIAT 103

4.1 LA SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE D’INTÉRÊT COLLECTIF (SCIC) EN FRANCE 103 4.1.1 DÉFINITION 103 4.1.2 BRÈVE DESCRIPTION DU CONTEXTE D’ÉMERGENCE DES SCIC 105 4.1.3 LA GOUVERNANCE DANS LES SCIC 107 4.2 LA COOPÉRATIVE SOCIALE EN ITALIE 111 4.2.1 DÉFINITION 111 4.2.2 BRÈVE DESCRIPTION DU CONTEXTE D’ÉMERGENCE DES COOPÉRATIVES SOCIALES EN ITALIE 112 4.2.3 GOUVERNANCE DANS LES COOPÉRATIVES SOCIALES EN ITALIE 114

ANNEXES 119

ANNEXE 1 : GUIDE D’ENTREVUES 121 ANNEXE II : OUTIL D’ANALYSE 129 ANNEXE III : ARTICLE SYNTHÈSE 141

BIBLIOGRAPHIE 153

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v

REMERCIEMENTS Bien qu’une multitude de personnes aient permis la finalisation de ce rapport, celui-ci n’aurait

pas vu le jour sans la précieuse collaboration de quelques personnes en particulier que nous

désirons remercier chaleureusement.

D’abord, merci à nos directeurs de recherche, Jean-Pierre Girard, Michel Lafleur et Ernesto

Molina, pour avoir accepté généreusement de codiriger notre travail, pour leurs corrections et

suggestions pertinentes. Nous sommes aussi très reconnaissantes de l’ouverture et de la

disponibilité qu’ils nous ont témoignées, chacun à sa façon.

Nos remerciements vont également à Sandra Serrano Molina, de la Coopérative de

développement régional pour ses précieux conseils; à Jocelyne Chagnon de la Direction des

coopératives du Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation

(MDEIE), pour sa précieuse participation en répondant à nos questions.

Soulignons aussi la généreuse contribution des participants de notre étude : merci à tous les

membres interrogés pour leur temps et leur accueil chaleureux; merci aux présidents et aux

directeurs généraux de nous avoir ouvert les portes de leur coopérative et ce, en toute confiance.

Leur accueil et la gratuité de leur geste nous ont fait redécouvrir le sens des mots solidarité et

intercoopération.

Merci à tous nos enseignants de l’Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et

les mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS) pour nous avoir fait découvrir le monde

du coopératisme, sans oublier l’ensemble de l’équipe de l’IRECUS pour son support et

l’encouragement qu’elle n’a cessé de nous apporter.

Enfin, merci à nos conjoints, familles et ami(e)s pour leur appui inconditionnel nécessaire à la

réalisation de ce projet.

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INTRODUCTION

Par leur structure économique performante et stable orientée exclusivement vers les besoins des

membres et leur communauté, les entreprises collectives en général et les coopératives en

particulier, jouent un rôle important dans l’économie des pays aussi bien du Nord que du Sud .

Par un bref retour historique, il convient de rappeler que les coopératives sont nées de suite

d’incapacité de l’État et des entreprises à satisfaire les besoins d’une frange de la population. Il

est à noter que depuis les besoins ont évolué et que, malgré une relative prise en charge par l’État

de plusieurs services à la population, celui-ci n’est pas en mesure de répondre à tous les besoins,

particulièrement ceux touchant le développement des collectivités locales dans un contexte de

mondialisation, globalisation, internationalisation.

En réaction à tous ces changements, le modèle coopératif se transforme. En effet, en 1997,

inspirée en majorité de modèles européens, une nouvelle forme de coopérative naît au Québec: la

coopérative de solidarité. À l’origine, celle-ci est crée pour donner une plus grande possibilité de

solidarité et de prise en charge aux habitants de petites communautés fragilisées par le contexte

socio-économique. Après 10 ans d’existence, et quelques ajustements à la Loi sur les

coopératives, près de la moitié des coopératives crées au Québec sont sous la forme de

coopérative de solidarité1. Même si sa popularité peut témoigner de sa pertinence, plusieurs

auteurs soulèvent le défi que représente sa gestion, puisqu’elle rassemble une multitude d’acteurs

avec des intérêts différents.

Depuis quelques années, à la suite des nombreux changements survenus dans la gestion des

organisations, le thème de la gouvernance prend de plus en plus une place prépondérante.

Cependant, malgré sa popularité, ce concept demeure peu étudié dans le domaine de l’économie

sociale. Attirées par le thème et sous l’impulsion d’un de leurs enseignants, trois étudiantes

finissantes en maîtrise en gestion du développement des coopératives et des collectivités de

l’Université de Sherbrooke (IRECUS) ont choisi d’approfondir la question de la gouvernance.

1 Direction des coopératives (Entrevue n° 11, 2007).

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Cet intervention-essai présente les résultats d’une recherche portant sur la pratique de la bonne

gouvernance dans les coopératives à multisociétariat, et plus spécifiquement, dans les

coopératives de solidarité québécoises. En effet, à la lumière du contexte économique et social

actuel québécois et de la courte durée d’existence des coopératives de solidarité, cette recherche

vise à mettre en relief, et ce de façon non exhaustive, les pratiques favorables et défavorables à la

bonne gouvernance dans les coopératives à multisociétariat. Pour y arriver, en plus d’une étude

théorique, les auteures ont observé la gouvernance de trois organisations coopératives. Grâce à

ces études, elles proposent cinq thèmes qui constituent la base d’une grille d’analyse de la

gouvernance dans les coopératives.

Sans prétendre être la solution aux problématiques de gestion des différents intervenants qui

prennent part au projet de la coopérative de solidarité, cette étude propose des éléments pour

favoriser un plus grand équilibre des pouvoirs mais aussi et avant tout, permet d’approfondir la

réflexion sur un sujet d’actualité telle la gouvernance dans les entreprises démocratiques.

Ce travail se divise en quatre principaux chapitres. Le premier chapitre porte sur le contexte

d’émergence des coopératives de solidarité. Ensuite, il est traité des principaux concepts liés à la

gouvernance, en terminant par une brève présentation des cinq dimensions de la gouvernance

retenues pour son analyse.

Le deuxième chapitre s’attarde à la présentation des trois études de cas. Le troisième chapitre

quant à lui est une analyse des éléments favorables et défavorables à la bonne gouvernance dans

les coopératives en lien avec les cas observés. Enfin, le chapitre quatre, présente deux modèles

de coopérative à multisociétariat, la Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) en France et

la coopérative sociale, en Italie.

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MÉTHODOLOGIE Le choix du thème de ce travail est le fruit d’une volonté de répondre à des besoins actuels du

milieu coopératif. Issues de différents échanges et réflexions, voici les questions qui sont

ressorties et qui ont guidé notre recherche tout au long des démarches subséquentes :

Comment gérer les différents intérêts des parties prenantes internes des coopératives de

solidarité?

Pouvons-nous identifier des pratiques formelles et informelles favorables et défavorables à la

gouvernance pour les différents groupes d’acteurs intervenants dans les coopératives de

solidarité [assemblée générale, conseil d’administration, direction générale et employés] des

coopératives de solidarité étudiées?

L’élaboration de ce travail a nécessité différents modes de cueillette de données. D’abord, nous

avons entrepris une recherche documentaire sur la gouvernance ainsi que sur d’autres thèmes

intimement liés. Pour y arriver, nous avons d’abord consulté les documents pertinents mis à notre

disposition ou élaborés lors de notre année de maîtrise. Cette documentation a été ensuite

enrichie par de nouvelles références et différents entretiens avec des acteurs du milieu.

L’étape suivante a été consacrée à l’élaboration d’un cadre conceptuel. Celui-ci a été pour nous

l’occasion de faire une synthèse des éléments théoriques et de délimiter nos principaux champs

d’étude.

Suite à l’identification de concepts clés, et en préparation à la cueillette de données terrain, nous

avons procédé à l’élaboration d’un guide d’entrevue. C’est à l’aide de celui-ci que nous avons

procédé aux entrevues de neuf membres et une partie prenante externe dans trois coopératives de

solidarité québécoises.

Nous avons fait l’étude du verbatim de ces rencontres grâce à un cadre précis faisant ressortir nos

principaux thèmes d’analyse de la pratique de la bonne gouvernance dans les coopératives de

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solidarité. Ce cadre d’analyse a été élaboré à la suite des observations terrain et à la lumière des

connaissances assimilées en matière de gouvernance.

Enfin, dans la rédaction de cet intervention-essai, nous avons opté de préserver la confidentialité

des coopératives participantes. Cet aspect anonyme a guidé toute la rédaction du présent

document.

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5

CHAPITRE I

REVUE DE LITTÉRATURE Il nous semble important, avant de nous intéresser aux concepts reliés à la gouvernance, de faire

un rappel de la définition globale de la coopérative et de nous attarder un peu sur le concept

spécifique de la coopérative multisociétaire. Nous rappellerons également les principes et valeurs

des coopératives tels que définis par l’Alliance Coopérative Internationale (ACI).

1.1 Qu’est-ce qu’une coopérative? Selon l’Alliance Coopérative Internationale (ACI), une coopérative se définit comme « […] une

association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et

besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété

est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement » (ACI, 2007).

Cette définition distingue les deux principales dimensions d’une coopérative, soit la dimension

entrepreneuriale et la dimension associative. Une coopérative, c’est d’abord un groupement de

personnes physiques et/ou morales ayant des besoins économiques, sociaux et culturels

communs à satisfaire. Cette union de personnes représente la dimension associative de la

coopérative qui met en exergue l’adhésion volontaire, le droit de propriété collective et de

contrôle démocratique. La dimension entrepreneuriale quant à elle, constitue le moyen utilisé par

ces personnes pour atteindre leurs fins c’est-à-dire satisfaire leurs besoins et aspirations.

1.1.1 Coopérative multisociétaire Appelée encore coopérative « Multi-stakeholder co-operative », la coopérative multisociétaire

est une nouvelle forme de coopérative qui a la particularité d’associer ou de solidariser différents

types d’acteurs autour d’un projet rassembleur pour la collectivité (MDERR, 2004b). Ces acteurs

ou catégories de membres sont désignés sous le nom de parties prenantes internes. Le terme

« parties prenantes» désigne tout groupe potentiellement affecté par les décisions et les

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6

orientations d’une entreprise (Robbins et al., 2004). Les « parties prenantes internes » dans une

coopérative sont alors tous les membres de la coopérative. Elles intègrent non seulement des

membres utilisateurs, des membres travailleurs (employés et gestionnaires(s)) et des

administrateurs, mais aussi différents acteurs locaux qui croient aux projets que la coopérative

développe (membres de soutien).

Pour Hans-H. Münkner (Borzaga et Spear, 2004), en ces temps de décentralisation, de

débureaucratisation et d’émergence de la société civile, on peut observer une tendance de

partenariat entre l’État et les organisations civiles. Ces ententes seraient le résultat d’une

nouvelle perception de la distribution des rôles entre les organisations publiques et privées où

l’entente devient possible. Par ailleurs, on y affirme que « l’intérêt pour cette nouvelle forme de

société coopérative a mené à la promulgation de nouvelles lois et amendements de lois

coopératives déjà existantes en Italie (1988, 1991), Canada (1997), Portugal (1998) et France

(2001) » (Traduction libre, Borzaga et Spear, 2004, p. 49).

La coopérative multisociétaire est en net contraste avec la coopérative traditionnelle à sociétariat

unique. Ce type de coopérative porte au Québec le nom de coopérative de solidarité.

1.1.2 Coopérative de solidarité La coopérative de solidarité se caractérise par la multiplicité de son membership. Elle offre donc

la possibilité aux personnes ayant des besoins diversifiés, mais visant un objectif commun, de se

regrouper au sein d’une même coopérative. Cette nouvelle forme de coopérative vise toutes les

activités supportées par le milieu. Selon les dispositifs du chapitre VII, titre II.1 de la Loi sur les

coopératives, on peut définir la coopérative de solidarité comme étant celle qui regroupe au

moins deux catégories de membres parmi les suivantes :

1. des membres utilisateurs, soit des personnes ou société qui utilisent les services offerts par la coopérative

2. des membres travailleurs, soit des personnes physiques oeuvrant au sein de la coopérative

3. des membres de soutien, soit toute autre personne ou société qui a un intérêt économique, social ou culturel dans l’atteinte de l’objet de la coopérative (art. 226.1, Loi sur les coopératives).

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1.2 Principes et valeurs coopératifs Qu’elle soit unisociétaire ou multisociétaire, la coopérative est caractérisée par un certain

nombre de valeurs et principes.

1.2.1 Les valeurs coopératives Selon la déclaration sur l'identité coopérative approuvée par l'Assemblée Générale de l'ACI au

Congrès de Manchester (Angleterre) en septembre 1995, les valeurs fondamentales des

coopératives sont: la prise en charge et la responsabilité personnelles et mutuelles, la

démocratie, l'égalité, l'équité et la solidarité. Aussi, les membres des coopératives à travers le

monde adhèrent à une éthique fondée sur l'honnêteté, la transparence, la responsabilité sociale

et l'altruisme pour rester fidèles à l'esprit des fondateurs que sont les pionniers de Rochdale

(ACI ). Ces valeurs coopératives se traduisent de la manière suivante:

La prise en charge et la responsabilité personnelles et mutuelles: les personnes ont la capacité,

mais surtout la volonté d'améliorer leur destin pacifiquement et conjointement par une action

collective et non individuelle.

La démocratie: les membres de la coopérative ont le même droit quant à la participation,

l’information, l’implication dans la prise des décisions. Les membres constituent l’unité de base,

mais aussi la source d'autorité au sein de la coopérative.

L’égalité: les droits et les responsabilités sont égaux pour tous les membres au sein de la

coopérative.

L’équité: elle implique le partage juste et approprié ou adéquat du revenu et du pouvoir dans la

coopérative, mais aussi, on tend vers une contribution équitable au capital de la coopérative.

La solidarité: «une relation entre personnes ayant conscience d’une communauté d’intérêts qui

entraîne une obligation morale d’assistance mutuelle» (Dictionnaire Le Robert, 1998, p.1246).

La solidarité se situe à deux niveaux : d’une part la coopérative est née sur le postulat selon

lequel la prise en charge et l'auto-assistance mutuelles sont porteuses de force, donc la

coopérative a la responsabilité collective du bien-être de ses membres. D’autre part, chaque

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coopérative prise individuellement, se propose de créer un mouvement coopératif unis en

travaillant avec d'autres coopératives avec comme souci l'amélioration du bien-être collectif.

Des principes découlent de ces valeurs qui sont au nombre de sept formulés par l’Alliance

Coopérative Internationale.

1.2.2 Les principes coopératifs

1- Adhésion volontaire et ouverte à tous « Les coopératives sont des organisations fondées sur le volontariat et ouvertes à toutes les personnes aptes à utiliser leurs services et déterminées à prendre leurs responsabilités en tant que membres, et ce sans discrimination fondée sur le sexe, l´origine sociale, la race, l´allégeance politique ou la religion » (Les principes de la coopération de l’ACI, Orion, sans date) Deux aspects ressortent de ce principe : le volontariat et l’ouverture à tous. Pour ce qui est du

volontariat, on comprend aisément qu’il n y a aucune contrainte d’adhésion à une coopérative.

Quant à l’ouverture, elle suppose que toute personne capable d'utiliser les services offerts par la

coopérative peut y adhérer. La participation en tant que membre actif et responsable devrait être

basée sur la compréhension des valeurs coopératives et être apte à les défendre. Néanmoins,

notons que cette formulation reconnaît que certaines coopératives peuvent restreindre leur

membership sur la base de "l'habilité à utiliser les services de la coopérative" ou de "la limite du

nombre de membres que la coopérative peut effectivement et efficacement servir".

2- Pouvoir démocratique exercé par les membres « Les coopératives sont des organisations démocratiques dirigées par leurs membres qui participent activement à l'établissement des politiques et à la prise de décisions. Les hommes et les femmes élus comme représentants des membres sont responsables devant eux. Dans les coopératives de premier niveau, les membres ont des droits de vote égaux en vertu de la règle - un membre, une voix - ; les coopératives d'autres niveaux sont aussi organisées de manière démocratique. » (Les principes de la coopération de l’ACI, Orion, sans date) Ce principe rappelle la base de gestion et d’administration de la coopérative. La nature de prise

de décision, d’élection des représentants, de contrôle, ainsi que l’élaboration de la mission et de

la politique générale de la coopérative sont stipulées par ce principe. Ainsi, dans une coopérative

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c’est la qualité de membre qui donne accès au droit de vote et ce droit n’est pas proportionnel à

l’argent investi ou au nombre de parts sociales détenues.

3- Participation économique des membres « Les membres contribuent de manière équitable au capital de leurs coopératives et en ont le contrôle. Une partie au moins de ce capital est habituellement la propriété commune de la coopérative. Les membres ne bénéficient habituellement que d'une rémunération limitée du capital souscrit comme condition de leur adhésion. Les membres affectent les excédents à tout ou partie des objectifs suivants: le développement de leur coopérative, éventuellement par la dotation de réserves dont une partie au moins est impartageable, des ristournes aux membres en proportion de leurs transactions avec la coopérative et le soutien d'autres activités approuvées par les membres. » (Les principes de la coopération de l’ACI, Orion, sans date) Ce principe constitue une des marques distinctives entre la coopérative et l’entreprise capitaliste

traditionnelle. Il ressort trois aspects importants du modèle coopératif. Selon ce principe, les

membres utilisateurs de la coopérative doivent participer à sa capitalisation en souscrivant à une

part de qualification et en utilisant les services de la coopérative pour lui permettre d’assurer sa

pérennité. Le deuxième aspect traite de la répartition des excédents réalisés par la coopérative :

une partie peut être retournée aux membres au prorata de l’usage qu’ils ont fait de l’entreprise.

C’est ce que l’on appelle la pratique de la ristourne. L’autre partie est versée à la réserve

générale, qui constituée au fil des années, est inaliénable et non partageable. Elle est la propriété

de l’association. Le troisième aspect indique la responsabilité du membre à participer à la

rentabilité de sa coopérative, tout en assumant la pratique de la non redistribution des richesses.

4- Autonomie et indépendance « Les coopératives sont des organisations autonomes d'entraide, gérées par leurs membres. La conclusion d'accords avec d'autres organisations, y compris des gouvernements, ou la recherche de fonds à partir de sources extérieures, doit se faire dans des conditions qui préservent le pouvoir démocratique des membres et maintiennent l'indépendance de leur coopérative » (Les principes de la coopération de l’ACI, Orion, sans date) La raison d’être d’une coopérative est de permettre à ses membres de se prendre en charge grâce

à l’association coopérative, par l’acquisition de l’autonomie et de l’indépendance. Loin de prôner

l’individualisme, la coopération fait l’éloge d’une solidarité qui est possible uniquement lorsque

les membres qui y participent sont autonomes et indépendants. Ce principe, tel qu’il est énoncé,

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s’applique à l’association et aux membres de l’association qui assument pleinement leurs

responsabilités sans pour autant renoncer à leur propre liberté.

5- Éducation, formation et information « Les coopératives fournissent à leurs membres, leurs dirigeants élus, leurs gestionnaires et leurs employés l'éducation et la formation requises pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur coopérative. Elles informent le grand public, en particulier les jeunes et les dirigeants d'opinion, sur la nature et les avantages de la coopération » (Les principes de la coopération de l’ACI, Orion, sans date) L'éducation, la formation et l’information sont une priorité du mouvement coopératif et sont loin

d’être un outil de publicité et de distribution d'informations. La coopérative est une forme

d’organisation humaine complexe et nécessite de ce fait, un apprentissage particulier pour sa

gestion. Ayant comme leitmotiv la participation, il est indispensable d’impliquer à fond les

esprits et l'intelligence des membres, des leaders élus, des gestionnaires et des employés afin

qu'ils comprennent et saisissent pleinement la complexité et la richesse de la pensée et de

l'action coopératives. En plus, étant porteuse d’un modèle de développement complémentaire à

l’économie de marché et à l’intervention étatique, la coopérative fait partie intégrante des

solutions alternatives aux problèmes actuels. De ce fait, les coopérateurs et les non coopérateurs

ne doivent pas seulement être au courant du concept, ils se doivent aussi d'apprécier, de

s’approprier et d'avoir la volonté de participer à la formule coopérative : un engagement actif qui

ne peut se produire sans l’éducation, la formation, et l’information.

6- Coopération entre les coopératives « Pour apporter un meilleur service à leurs membres et renforcer le mouvement coopératif, les coopératives oeuvrent ensemble au sein de structures locales, nationales, régionales et internationales » (Les principes de la coopération de l’ACI, Orion, sans date) Ce principe est connu sous le terme « intercoopération ». Il sert à encourager les coopératives à

oeuvrer au sein de structures locales, nationales, régionales et/ou internationales au nom de

l’efficacité économique. Elles peuvent ainsi éviter d’évoluer en vase clos et se regrouper sous

forme de fédération et de confédération dans le but de mieux servir ses membres et de renforcer

le mouvement coopératif. Toutefois, ce principe ne doit pas être une obligation, sinon il irait à

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l’encontre du principe d’adhésion volontaire qui s’applique autant aux membres d’une

coopérative qu’aux coopératives qui sont membres d’une structure de deuxième niveau.

7- Engagement envers la communauté « Les coopératives contribuent au développement durable de leur communauté dans le cadre d'orientations approuvées par leurs membres » (Les principes de la coopération de l’ACI, Orion, sans date) Grâce à l'effort mutuel, pourvoir aux besoins d’un membre de la coopérative, équivaut à

pourvoir à certains besoins des proches du membre. Ainsi, par un effet d’entraînement, la

distinction particulière des coopératives contribue à la satisfaction des besoins des membres de

la communauté, donc favorise la construction d'une meilleure société en général (création

d’emploi, protection de l'environnement, etc.).

1.2.3 Émergence des coopératives de solidarité De façon générale, on fixe l’origine des coopératives à la fin du 19e siècle. Les initiatives sont

toujours nées en réaction à des besoins ressentis qui demeurent insatisfaits. Traditionnellement,

le sociétariat des coopératives a été formé d’une catégorie unique de membres. L’une des

premières coopératives à plus d’une catégorie des membres est née en Italie en 1966 pour

apporter un service aux enfants orphelins d’une zone septentrionale de l’Italie (Clément et

Gardin 1999) : C’est la naissance de la coopérative de solidarité sociale italienne qui marque la

reconnaissance officielle de cette forme de coopérative à sociétariat varié que les spécialistes

appelleront les « multi-stakeholders ». Rappelons, toutefois que, bien qu’elle semble incarner

une nouveauté, la coopérative multisociétaire et multifonctionnelle reste une vieille utopie, car

comme l’indique Jean-Pierre Girard : « il est maintenant largement reconnu que la coopération

n’a pas une mais plusieurs influences » (Gagnon et Girard, 2001, p. 4-5).

Le Québec demeure une terre de prédilection des coopératives. Il a connu toute une panoplie de

coopératives touchant une grande variété de secteurs d’activité sous le modèle de coopérative

unisociétaire. Cependant, les besoins des populations évoluant d’une part, et d’autre part

l’insatisfaction de ces besoins par l’État où le marché interpelle les différents acteurs de la vie

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sociale, mais aussi des universitaires sur la nécessité d’innover. C’est ainsi que entre 1986 et

1988, des professeurs des universités québécoises mèneront des « recherches sur les

expérimentations et les innovations dans les entreprises capitalistes comme dans l’économie

sociale » (Lévesque, cité par Girard et Langlois, 2006, p.199). De ces recherches sera née la

notion « d’innovation sociale ». Les innovations sociales se focaliseront surtout sur des besoins

liés au développement local et aux services de proximité.

Ainsi, en 1996, dans le cadre de la préparation du Sommet de l'économie et de l'emploi, un

Groupe de travail est mis en place et mandaté par le gouvernement du Québec pour soumettre

des recommandations sur la relance de l’emploi. L’une des recommandations proposées sera

l’actualisation du statut juridique des coopératives (Groupe de travail, 1996). Parmi les mobiles

expliquant une telle proposition, on soulignera les difficultés pour les coopératives d’obtenir des

financements des services financiers conventionnels, réticences attribuées en partie à leur statut

juridique. Il est aussi ressorti qu’

« Actuellement, la Loi des coopératives ne permet pas un membership mixte sur une base permanente. Or, des besoins en ce sens émergent de plus en plus dans les communautés, notamment en ce qui concerne les services de garde et celui de la création de coopératives multiservices. La coopérative dite de solidarité est actuellement la formule de membership mise de l'avant par différents groupes » (Groupe de travail, 1996).

C’est dans ce contexte que s’inspirant du modèle de coopératives sociales italiennes, le « groupe

de travail sur l’économie sociale, recommandait d’amender la loi sur les coopératives pour

autoriser la création de coopératives de solidarité» (MDERR 2004b, p.5). Cette formule est

mise de l’avant par différents groupes (dont le CQCM à l’époque appelé CCQ, un autre

important représentant de l’économie sociale).

C’est en juin 1997 que l’Assemblée nationale va adopter le projet de loi 90 modifiant la Loi sur

les coopératives afin de permettre la constitution de coopérative de solidarité. À son institution

originale, la coopérative de solidarité regroupe à la fois trois (3) types de membres.

- des membres qui sont des utilisateurs des services offerts par la coopérative

- des membres qui sont des travailleurs oeuvrant au sein de celle-ci, et

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13

- des membres de soutien, soit toute autre personne ou société qui a un intérêt

économique, social ou culturel dans l’atteinte de l’objet de la coopérative (Loi sur

les coopératives, article 226.1).

Dans le vécu des coopératives de solidarité, « les membres de soutien sont surtout des personnes

ou des organismes communautaires, ou proviennent d'autres organismes du milieu tels que les

centres locaux de services communautaires (CLSC) » (MDERR 2004b, p.22). On comprendrait

alors aisément l’assertion de Girard qui dira que les «acteurs de développement avaient à

l’esprit, comme son nom l’indique, l’application d’un modèle organisationnel fédérateur à des

situations nécessitant la solidarité de plusieurs groupes d’acteurs réunis autour d’une

problématique commune » (Girard et Langlois, 2006, p. 209). En facilitant la création des

coopératives de solidarité, « l’État aussi avait ses attentes, tels combattre le travail au noir,

inciter plus de personnes âgées à demeurer dans leur résidence, réintégrer des personnes

exclues sur le marché de travail » (Girard et Langlois, 2006, p. 209).

On peut affirmer sans risque de se tromper que les coopératives de solidarité québécoise, sont

nées surtout pour favoriser les partenariats et la prise en charge de certains services par les

collectivités. Ceci s’explique par le fait que près de 80% des coopératives de solidarité opèrent

principalement dans le secteur tertiaire et hors de grands centres urbains (MDERR 2004b, p.9-

12).

Même si le contexte de leur émergence laisse penser à la primauté de la législation sur leur

création, les coopératives de solidarité sont issues d’une décision ascendante (« bottom-up »).

Elles sont en effet nées des initiatives et de la mobilisation d’individus et d’organismes locaux.

Leur création peut être associée aux objectifs de résolution des problèmes qui nécessitent de

compromis et consensus qui font appel à plusieurs parties prenantes. Pour Jean-Pierre Girard et

Geneviève Langlois:

« Ce modèle [en référence au modèle des coopératives de consommateur] s’est cependant révélé moins pertinent pour répondre à de nouveaux besoins non ou mal satisfaits par l’État ou le marché, des besoins interpellant divers parties prenantes et qui répondent davantage à une rentabilité d’usage qu’à une profitabilité économique, par exemple, des besoins liés au développement local ou à des services de proximité. Prenant acte de cette demande et à la lumière de certaines

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14

expériences en cours en Europe, particulièrement le modèle des coopératives italiennes, à la faveur d’une série d’initiatives découlant d’un Sommet sur l’économie et l’emploi [Rencontre regroupant les principaux acteurs socioéconomiques et les représentants du gouvernement du Québec à l’automne 1996.], le législateur québécois a introduit en 1997 dans la loi sur les coopératives de dispositions reconnaissant un nouveau type de coopérative, la coopérative de solidarité » (Girard et Langlois, 2006, p. 198).

Sous l’impulsion de la problématique des Services à domicile (SAD), notons que la Loi sur les

coopératives a subi d’importants amendements en 2004, qui prendront effet en 2005. Nous nous

sommes intéressées aux raisons et contexte qui ont nécessité les révisions de la Loi sur les

coopératives et plus précisément celles relatives aux coopératives de solidarité. Madame

Jocelyne Chagnon de la Direction des coopératives du Ministère du Développement économique,

de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE), nous confia lors d’une entrevue téléphonique que

ce type de coopérative a été crée pour donner un accès aux populations locales à une formule

légale permettant à la solidarité d’émerger avec moins de contraintes légales. Elle nous notifia

également que les changements à la loi ont été faits en collaboration avec le milieu, ce qui

semble aujourd’hui satisfaire toutes les parties. Toutefois, remarquons qu’au Québec, il est

impossible aux municipalités d’être membres des coopératives.

Selon notre interprétation d’un document fourni par Madame Chagnon, expliquant les

principales modifications apportées à la loi sur les coopératives, particulièrement les

coopératives de solidarités, les principaux amendements sont relatifs à :

- l’introduction d’ « une nouvelle définition de la coopérative de solidarité pour offrir plus

de souplesse dans la modulation de son membership » (Entrevue n° 11, 2007). En effet,

les coopératives de solidarité ont désormais la possibilité d’avoir deux catégories de

membres plutôt que trois : les membres utilisateurs et les membres de soutien (Girard et

Langlois, 2006, p. 201);

- le retrait des membres travailleurs comme membres obligatoires de la coopérative de

solidarité. Notons qu’un article de la loi permet « que la coopérative de solidarité qui

compte des membres travailleurs soit régie par certaines dispositions du chapitre de la

coopérative de travail » pour lui permettre de soumettre un travailleur à l’essai et donc,

pouvoir compter parmi ses membres des membres auxiliaires;

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15

- permettre « la présence de membres de soutien à titre de fondateurs d’une telle

coopérative dans la mesure où ils constituent une minorité de fondateurs pour

reconnaître la participation de ces membres au processus de mise en place de la

coopérative, tout en préservant le contrôle de cette démarche entre les mains des

membres-usagers » (Entrevue n° 11, 2007);

- l’application d’articles pour permettre au secteur de l’habitation d’inclure la coopérative

de solidarité.

Statistiquement, notons qu’au Québec, il existait deux cent dix-huit (218) coopératives de

solidarités déclarées en décembre 2005 (Michaud, 2006). Elles œuvraient essentiellement dans le

secteur tertiaire (notamment les services personnels et les loisirs) et avaient leurs sièges en

régions. Lors d’un entretien avec Madame Chagnon, celle-ci nous informa qu’en 2006, environ

la moitié des constitutions coopératives (au Québec) l’ont été sous la forme de la coopérative de

solidarité.

1.2.4 Les parties prenantes dans une coopérative de solidarité Telle que stipulée dans sa définition, la particularité de la coopérative de solidarité est

essentiellement la multiplicité de ses membres. Il importe par ailleurs de noter que selon la Loi

sur les coopératives « une personne ou une société membre d’une coopérative de solidarité ne

peut faire partie que d’une catégorie de membres ». Toute catégorie confondue, les membres de

la coopérative de solidarité ont un droit de propriété dans la coopérative.

Les membres utilisateurs Selon la définition donnée par la Loi sur les coopératives, « les membres utilisateurs sont des

personnes physiques ou morales qui utilisent les services offerts par la coopérative ». Ils

reçoivent des biens et des services pour leur usage personnel. Ils désirent obtenir les meilleurs

biens et services au coût le plus bas possible, ce qui fait qu’ils sont perçus beaucoup plus comme

des clients de la coopérative. En général, au sein de la coopérative, les membres utilisateurs sont

« les plus nombreux en nombre absolu » (MDERR, 2004b, p. 29).

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16

Les membres travailleurs Selon la définition donnée par la loi sur les coopératives, « les membres travailleurs sont les

personnes physiques qui oeuvrent au sein de la coopérative ». Le but principal du membre est de

s’offrir du travail aux meilleures conditions possible par l’entremise de la coopérative. On

suppose que l’emploi du membre travailleur dépend de la satisfaction des membres utilisateurs.

Les membres de soutien Selon la définition donnée par la loi sur les coopératives « les membres de soutien, sont toutes

autres personnes ou sociétés qui ont un intérêt économique, social ou culturel dans l’atteinte de

l’objet de la coopérative ». En général, les membres de soutien n’utilisent pas les services ou les

produits de coopérative et n’y travaillent pas. Leur fonction principale réside dans le soutien

qu’ils apportent à la réalisation et la réussite du projet. On suppose en général que les membres

de soutien, en fonction de leur position dans la collectivité, soient d’une grande utilité dans la

capitalisation de la coopérative de solidarité. Néanmoins force est de constater qu’il en est

autrement, comme le dira Jocelyne Chagnon « il est possible pour un membre qu’il soit peu

intéressant d’investir sans obtenir un rendement de son investissement » (MDERR, 2004b, p.

40).

1.2.5 Définition des concepts

L’origine du thème de la gouvernance Le thème de la gouvernance prend racine, selon Philippe Moreau Defarges (2003) à la « rupture

de la modernité » en référence au moment où « le monde se libère de l’emprise du sacré » pour

laisser place à un nouveau questionnement quant au pouvoir : « quel est le meilleur pouvoir

possible? ». Dès lors, deux principaux axes de réflexions se dégagent : « l’un démocratique

(Hobbes, Rousseau) et le libre consentement des hommes […] l’autre technocratique (St-Simon),

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17

faisant valoir que le bon pouvoir est celui qui est exercé par ceux qui ont la connaissance […] »

(Moreau Defarges, 2003, p.6).

Outre cette conception plus philosophique, le terme gouvernance est issu du XIIe siècle, en

France, désignant un élément très pointu : la direction des baillages (Moreau Defarges, 2003),

c'est-à-dire, la direction des officiers d’épée qui rendaient la justice au nom d’un roi ou d’un

seigneur. Du côté anglophone, il semble que le mot « governance » provient de la tradition

anglo-saxonne (Dicko Baldé, 2000) pour caractériser le mode d’organisation du pouvoir féodal

(Moreau Defarges, 2003).

Même si l’on évalue l’émergence du terme francophone « gouvernance » aux environs des

années 1100, il semble que celui-ci ne soit pas fréquemment utilisé pendant une longue période.

C’est toutefois au début des années 1990 que l’expression refait surface dans le contexte de la

mondialisation (Ebrahimi, 2003) (1980 selon Dubé, 2002), quand « certains auteurs ont ressenti

le besoin de donner un nom particulier aux actions pouvant être assimilées à celles de gouverner

au sein d’une organisation » (Dubé 2002, p.18). À cet instant, les intérêts des actionnaires

deviennent le centre de toutes les décisions par conséquent, la problématique tourne autour du

partage de la richesse et du contrôle de la direction afin qu’elle ne détourne pas la richesse issue

de l’exploitation de l’entreprise (Moreau Defarges, 2003).

Aujourd’hui encore, la compréhension de la gouvernance ne cesse de se complexifier. Stéphane

Dubé dira que ce concept est encore en émergence (Dubé, 2002, p.19) et Mamadou Dicko Baldé

ajoutera qu’il se prête à plusieurs significations (Dicko Baldé, 2000). En effet, la gouvernance ne

cesse d’élargir son domaine d’application, influencée par l’époque et le contexte économique

dans lesquels elle est appliquée. Par exemple, au début de la mondialisation, l’apparition

graduelle de nouveaux indices financiers permet l’arrivée de la « nouvelle gouvernance

financière » (Ebrahimi 2003, p.65). Soulignons que la définition et l’application de la

gouvernance sont différentes selon le contexte où elle s’applique : « le champ de la gouvernance

n’est ni spécifique, ni précis » (Dicko Baldé, 2000, p. 40). Dans cette optique, le terme

« gouvernance » est plus utilisé de façon générale pour représenter le champ d’étude relié à ce

domaine et être appliqué dans différents contextes organisationnels (Dubé 2002, p.16). Cela

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18

explique pourquoi certains auteurs classifient la gouvernance selon différents paliers comme

dans cet exemple où elle est catégorisée selon deux niveaux : la « gouvernance mondiale ou

globale» et la « gouvernance locale » (Dicko Baldé, 2000, p.44). À la lumière de cette

catégorisation, ce premier niveau de gouvernance inclura des concepts comme la « gouvernance

mondiale » (Moreau Defarges, 2006, p. 45) ou la « gouvernance des États » (Moreau Defarges,

2006, p.39) tandis qu’au second niveau, la « gouvernance locale », inclura la gouvernance qui a

trait aux terroirs, aux villes, aux entreprises, aux régions (Dicko Baldé, 2000, p.54) et donc,

comprendra un concept comme la « gouvernance d’entreprise » (Labelle et Rousseau, 2007, p.39

et Bancel, 1997). Ces différents niveaux de gouvernance entraînent inévitablement des variantes

en ce qui a trait à son application sur le terrain. Pas étonnant qu’il n’ y ait pas de consensus sur

ses « définitions ni sur ses lignes de démarcation » (Dubé, 2002, p.108).

La bonne gouvernance Définir la bonne gouvernance permet de mieux visualiser l’application concrète de la

gouvernance. La bonne gouvernance est définie comme : « celle qui met en place un système

formel réunissant des conditions favorisant l’atteinte de la mission de l’organisation, son

développement et sa pérennité. » (Schwab, 2007, p.2). Schwab ajoutera que « ce système de

gouvernance en place peut être formel ou informel, il peut être bon ou mauvais, mais il y a

toujours gouvernance. » (Schwab, 2007, p.2).

Une autre définition nous éclaire sur la bonne gouvernance : C’est un «système permettant à

l'entreprise de gérer ses affaires non seulement de façon efficace mais également en respectant

certaines recommandations éthiques » (Verne, 2006, p.147). Il est intéressant de constater que

les notions d’efficacité et d’éthique font leur apparition dans cette définition contrairement à la

première, nous rapportant ainsi aux principes moraux et à la conduite.

La gouvernance coopérative Comme l’affirme Stéphane Dubé dans son mémoire sur la gouvernance dans les organismes sans

buts lucratifs : « les recherches et les études en matière de gouvernance d’entreprise ont surtout

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19

été effectuées sur des entreprises à but lucratif cotées en bourses (Dubé, 2002, p.16). La

gouvernance d’entreprise, dans sa définition plus courante :

« […] repose sur l’idée selon laquelle il est indispensable, afin de maximiser la création de la richesse, de mettre en place des systèmes susceptibles de résoudre les conflits non prévus dans les contrats initiaux passés entre les différents stokeholders (Hart, 1995) [en référence à toutes les parties prenantes de l’entreprise]. En outre, un système de gouvernance performant est capable de prévenir certains conflits en favorisant, par exemple, l’expression des stakeholders [en référence aux actionnaires] (Charreaux, 1997). […] Si l’entreprise est « gouvernée » en respectant une certaine équité entre les stokeholders, son efficacité ne peut que se trouver renforcée en longue période » (Dicko Baldé, 2000, p. 66)

Une autre définition, issue d’une traduction libre de Cadbury Commitee Report2, présentée par

Schwab (2007) nous aidera à améliorer notre compréhension de gouvernance. « La gouvernance

corporative c'est le système qui départage à la fois l’exercice et le contrôle du pouvoir au sein

d'une organisation. » (Schwab, 2007, p. 2).

De toute évidence, la première définition ne peut être appliquée intégralement dans le cadre

d’une coopérative puisque sa finalité n’est pas la maximisation de la richesse mais l’optimisation

du lien d’usage. En d’autres mots, la maximisation de « l’avantage coopératif selon une logique

dominante d’appartenance » (Gagnon et Girard, 2001, p. 21). Néanmoins, cette première

définition aide à avoir une idée générale sur la gouvernance. Lors de la présentation de la

première phase d’une recherche à propos de la bonne gouvernance dans le secteur de l’économie

sociale, Molina et Kindo Dan-Malam définiront la gouvernance comme « un système permettant

d’établir des limites entre l’exercice du pouvoir et le contrôle du pouvoir à l’intérieur de

l’organisation » (Kindo Dan-Malam et Molina, 2006, p. 5). Nous suspecterons même que la

double polarité de ce type d'organisation collective fasse de la gouvernance une question

beaucoup plus complexe. Le cas des coopératives de solidarité qui constitue l’objet de notre

étude est un exemple éloquent qui favorise la participation à la gouvernance de deux ou trois

parties prenantes. 2 Cadbury Committee Report: DAHYA, Jay, John J. MCCONNEL et Nickolaos G. TRAVLOS (2000). « Cadbury Committee, Corporate Performance and Top Management Turnover », [En ligne], janvier 2000, http://www.mgmt.purdue.edu/centers/ciber/publications/pdf/99-004.pdf (Page consultée en août 2007).

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20

La présence de plusieurs parties prenantes nous recommande de bien préciser la notion de

« gouvernance » et de « gestion » afin de mieux définir les prérogatives de chacune d’elles. À

l’effet du possible mélange des termes, la Fédération de l’habitation coopérative du Canada

(FHCC) met en garde de bien distinguer la gouvernance de la gestion. Pour y arriver, elle situe la

ligne de partage par la distinction entre le rôle du conseil d’administration et le rôle des

gestionnaires. (FHCC, 2004). Selon Dubé (2002), Carver, dans son ouvrage « Boards that Make

a Difference : A New Desingn for Leadership in Nonprofit and Public Organizations », prend

aussi soin de distinguer la gouvernance de la gestion. Selon son point de vue :

« […] la gouvernance doit répondre à l’exercice de la gouverne dans l’organisation et donc, être réservée au conseil d’administration. En contrepartie, la gestion doit être réservée à la direction et correspondre à la réalisation de la mission par des programmes organisationnels » (Dubé, 2002, p. 27).

En analysant ces deux approches, un point important se démarque : tous deux sous-entendent

qu’il est du devoir du conseil d’administration d’assurer la bonne gouvernance. La FHCC (2004)

l’affirme d’ailleurs sans détour en écrivant que « Le travail du conseil consiste à assurer la

bonne gouvernance » (FHCC, 2004, p.8). Bien que cette affirmation aide à comprendre qui est le

« principal acteur » de la gouvernance, nous croyons toutefois important de rappeler la

dynamique particulière trouvée dans une organisation comme la coopérative puisqu’il n’est pas

aussi automatique de différencier hermétiquement les membres du conseil d’administration des

membres propriétaires. Aussi, insistons sur le fait que, même si les membres du conseil

d’administration peuvent être les « principaux » acteurs de la bonne gouvernance, d’autres

acteurs sont aussi responsables de la bonne gouvernance. La bonne gouvernance dans la

coopérative ne peut être abordée sans tenir compte des liens qui unissent ses différentes parties

prenantes, liens que nous expliquerons à l’aide du quadrilatère d’Henri Desroche (1976), lors de

l’étude des acteurs de la gouvernance (membres, administrateurs, direction générale, employés).

1.3 Nos dimensions d’analyse de la gouvernance La coopérative de solidarité fait d’une part, l’objet d’une bipolarité – association / entreprise - et

d’autre part, elle met en présence plusieurs parties prenantes. Sa gouvernance est fondée sur les

prérogatives des différentes parties prenantes. Cette gouvernance met alors en exergue aussi bien

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21

la participation de chacun des membres que l’établissement d’une structure équilibrée dans

l’exercice et le contrôle du pouvoir à l’intérieur de l’organisation. Pour ce faire, notre étude se

focalisera sur les principaux éléments de la gouvernance que nous avons retenus :

1- Pouvoirs et respect des champs des compétences

2- Transparence et communication

3- Leadership

4- Gestion démocratique

5- Éducation- formation

1.4 La gouvernance dans une coopérative de solidarité En nous référant au célèbre quadrilatère de Henri Desroche (1976), rappelons que la gestion

démocratique des coopératives repose généralement sur une structure selon laquelle,

l’Assemblée Générale des membres élit les administrateurs pour les représenter, les

administrateurs engagent la direction générale à qui ils délèguent les responsabilités de gestion.

Les gestionnaires embauchent les employés, qui à leur tour servent les membres. Ces règles

démocratiques s’appliquent dans le respect de la démocratie, d'égalité, d'équité et de solidarité

pour concilier au mieux les intérêts de toutes les parties prenantes.

La dynamique dans la gestion et l’administration d’une coopérative de solidarité suppose à la

fois un regroupement des intérêts autour de besoins et/ou d’aspirations communs, mais aussi,

l’équilibre dans une relation d’usage avec des intérêts différents selon la catégorie

d’appartenance du membre (membre travailleur, membre travailleur gestionnaire, membre

administrateur, membre utilisateur, membre de soutien...). Ce double intérêt, à savoir « intérêts

collectifs » et « intérêts individuels » dénote l’importance de clarifier d’une part les pouvoirs et

droits et d’autre part les rôles et responsabilités de différentes parties prenantes dans un souci de

compromis visant le dépassement des corporatismes pour faire primer l’intérêt collectif. La

clarification des pouvoirs, rôles et responsabilités constitue en quelque sorte la base de la

gouvernance au sein de la coopérative.

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22

De nombreux écrits tels que nous les citons dans ce travail, précisent des notions de

gouvernance, en plus de la loi sur les coopératives, qui décrit les pouvoirs, rôles et

responsabilités des différentes parties prenantes d’une coopérative de solidarité. Cette description

est souvent faite sous forme d’une liste d’actions à entreprendre ou d’actes à respecter. Aussi,

pour mieux appréhender la pratique de la gouvernance dans la coopérative de solidarité en

fonction des dimensions que nous avons dégagées plus haut, nous nous proposons d’utiliser une

approche systémique. En effet, nous pensons qu’il serait plus pertinent de faire ressortir les

relations des différentes prérogatives attribuées par la loi aux différentes parties prenantes de la

coopérative de solidarité.

La logique de notre étude de la gouvernance sera basée sur des interprétations des relations entre

les différentes dimensions de la gouvernance que nous avons définies. Les termes centraux sont :

le pouvoir, le contrôle, les rôles et responsabilités des parties prenantes, la communication, la

gestion démocratique, le leadership ainsi que l’éducation et la formation.

1.4.1 Pouvoirs et respect des champs des compétences Avant de décrire les pouvoirs et les champs de compétences, rappelons quelques définitions.

Qu’est-ce que le pouvoir? Le pouvoir peut être défini comme « la capacité dévolue à une autorité ou à une personne

d'utiliser les moyens propres à exercer la compétence qui lui est attribuée soit par la Loi, soit

par un mandat dit aussi "procuration" » (Braudo et Baumann, 1996-2007).

Pour Marie-Claire Malo, le pouvoir dans une société de capitaux ou une organisation du tiers

secteur (associations, coopératives et mutuelles) ne se réduit pas seulement à représenter les

intérêts des actionnaires (shareholders), des membres ou des parties prenantes (stakeholders).

Celui-ci est « délégué, au moins partiellement, à un ou plusieurs responsables ou gestionnaires »

(Malo, 2003a, p.1). Se référant à la gouvernance, elle ajoute que :

« […] qu’elle soit contrôle ou coordination, la gouvernance a trait au pouvoir sur l’organisation (ce qui implique jusqu’à la régulation par le marché ou par l’État), au pouvoir de l’organisation (ce qui implique jusqu’à l’autorégulation par la

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23

hiérarchie ou l’association) et au pouvoir dans l’organisation (ce qui implique jusqu’à l’implication et la coopération des acteurs de la chaîne d’activités). » (Malo, 2003a, p. 1).

La détention du pouvoir par de nombreux acteurs implique une multitude de « rapport sociaux »

et de « dimensions institutionnelle et organisationnelle », dimensions qu’elle appelle pour

simplifier : stratégie et structure. Aussi pouvons-nous affirmer sans risque de nous tromper qu’un

mécanisme de coordination impliquant un mode de gestion particulier est donc essentiel pour

arriver à orienter stratégiquement et structuralement tous ces acteurs en détention de pouvoir,

comme le témoigne une des définitions de la gouvernance à savoir un « système qui départage à

la fois l’exercice et le contrôle du pouvoir au sein d'une organisation. » (Schwab, 2007, p.2).

Et le Bureau International du Travail de définir:

« déléguer, c’est confier à un organe subordonné certains attributs, essentiels certes, du pouvoir, mais non pas ce pouvoir lui-même; c’est lui assigner une mission en lui laissant le choix des moyens, mais en conservant la responsabilité finale, tandis que les personnes investies d’une fonction doivent assumer leur responsabilité individuelle, et les membres des organes recevant délégation une responsabilité solidaire vis-à-vis de la source du pouvoir. Ce n’est pas de s’en remettre à d’autres, fusent-ils judicieusement choisis, du soin de penser et d’agir pour tous et de leur abandonner toute responsabilité. » (Bureau international du Travail, 1976, p.17).

Le Bureau International du Travail ajoute que la délégation implique l’obligation : « de faire

confiance, de définir clairement les objectifs, de laisser le choix des moyens dans des limites

précises, d’accorder le temps convenable pour atteindre les objectifs, de contrôler l’exécution,

de se faire rendre compte des résultats, de sanctionner éventuellement. » (Bureau international

du Travail, 1976, p.17-18).

Détenir un pouvoir, implique de facto une responsabilité vis-à-vis du mandant. On peut définir

la responsabilité comme étant l’« obligation faite au titulaire d'une fonction de s'acquitter

d'une tâche ou d'une catégorie de tâches, et de répondre de son exécution, à son supérieur ou à

l'autorité compétente, suivant des critères établis et auxquels il a consenti » (Le grand

dictionnaire terminologique, 2007).

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24

Pouvoir et champs de compétences de l’assemblée générale des membres Le pouvoir des membres trouve toute son essence dans le deuxième principe coopératif à savoir

le « pouvoir démocratique exercé par les membres » dont une partie de l’énoncé est « les

coopératives sont des organisations démocratiques dirigées par leurs membres qui participent

activement à l'établissement des politiques et à la prise de décisions […] » (ACI) (Orion, sans

date)

De ce fait, l’assemblée des membres, qu’elle soit annuelle ou extraordinaire constitue l’instance

suprême et la plus représentative dans une coopérative. Toutefois, le pouvoir des membres est

collégial. Pris individuellement, aucun membre n’a de pouvoir sur la coopérative. C’est

l’assemblée des membres qui a des « pouvoirs qui ne s'exercent qu'en groupe donc en réunion

d’instances démocratiques » (Bridault, sans date c).

L’assemblée générale est alors un espace de débat, de consultation, de concertation, de prise de

décision et de contrôle où chaque membre quelque soit sa catégorie participe à la vie de sa

coopérative selon le principe de « un membre – un vote ». C’est le lieu privilégié d'exercice de la

démocratie.

La loi confère à l’assemblée des membres des pouvoirs exclusifs qui sont en lien avec l’existence

même de la coopérative. C’est, en effet, le lieu où sont déterminés le règlement de régie interne

et sont définies les grandes orientations de la coopérative. C’est là que se décide la dissolution de

la coopérative ou sa fusion avec une autre, mais aussi de son adhésion à toute autre organisation

intercoopérative. Elle se dote d’un organe représentatif, en l’occurrence le conseil

d’administration, à qui elle donne mandat d’administrer la coopérative afin de répondre aux

besoins des membres.

En mandatant des administrateurs, la responsabilité des membres se trouve être limitée au

paiement de leur part sociale, à l’utilisation des services fournis par la coopérative, la

participation aux réunions et à d'autres activités de la coopérative. Toutefois, il importe de noter

que les membres ont pour obligation de s’assurer que la coopérative prend la direction souhaitée.

En cas d’écart, ils ont le devoir de communiquer des plaintes et / ou des suggestions au conseil

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25

d'administration et à la direction générale. S’ils atteignent un certain pourcentage, les membres

peuvent convoquer une assemblée extraordinaire selon les spécifications de la Loi et des

règlements de la coopérative afin de débattre d’un sujet bien précis (art. 89, Loi sur les

coopératives).

Le pouvoir des membres étant collégial, tout manquement d’un membre face à ses

responsabilités, peut entraîner sa suspension par le conseil d’administration. En effet comme le

stipule l’article 60.1 de la Loi sur les coopératives, le conseil d’administration peut « […] si le

règlement l'y autorise, suspendre le droit de vote d'un membre à une assemblée si, pendant les

deux exercices financiers précédant cette assemblée:

1. il n'a pas fait affaire avec la coopérative;

2. il n’a pas fait affaire avec la coopérative pour la somme déterminée par règlement;

3. dans le cas d'une coopérative de travail, d'une coopérative de travailleurs actionnaire ou

d'une coopérative de solidarité qui regroupe des membres travailleurs, il n'a pas effectué le

nombre de jours de travail déterminé par règlement » (art. 60, Loi sur les coopératives).

En approfondissant la logique de cet article de la Loi sur les coopératives, il importe de

remarquer que sur une échelle de plusieurs années (sur 25-30 ans), la loi sur les coopératives

évolue et transfert le plus de pouvoirs de l’assemblée générale vers le conseil d’administration.

En effet, on peut noter qu’en fonction de l’animation d’une assemblée générale par les membres

du conseil d’administration, celle-ci peut être très dynamique avec une forte participation ou à

l’inverse, pratiquement inanimée.

En recevant son mandat de l’assemblée générale, le conseil d’administration doit faire face à un

certain nombre de responsabilités et devoirs, mais aussi acquérir des pouvoirs qui authentifient

toute sa légitimité.

Pouvoirs et champs des compétences du conseil d’administration Dans son article 91 la Loi sur les coopératives stipule que les « les administrateurs, dirigeants et

autres représentants de la coopérative sont considérés comme des mandataires de la

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26

coopérative ». Cet article de loi supporte le deuxième principe coopératif dont une partie de

l’énoncé est « les coopératives sont des organisations démocratiques dirigées par leurs membres

qui participent activement à l'établissement des politiques et à la prise de décisions. Les hommes

et les femmes élus comme représentants des membres sont responsables devant eux […] ». (art.

91, Loi sur les coopératives).

Ainsi, en plus du deuxième principe coopératif, les pouvoirs du conseil d’administration sont

déterminés par deux autres sources à savoir la Loi sur les coopératives qui stipule en son article

89, que « le conseil d’administration a tous les pouvoirs pour administrer les affaires de la

coopérative » et l’assemblée générale « qui peut, par règlement, déterminer parmi ces pouvoirs

ceux que le conseil d’administration ne peut exercer qu’avec son autorisation » (art. 89, Loi sur

les coopératives).

Ayant reçu leur mandat suite à une élection, les administrateurs relèvent de l’assemblée générale

et seuls les membres, réunis en assemblée générale ont le droit de les révoquer (art. 76 et 99, Loi

sur les coopératives). Ils doivent donc agir en toute occasion avec prudence, diligence, honnêteté,

loyauté tout en évitant les conflits d’intérêts (Côté et Saint-Martin, 1999). Cependant, bien qu'il

soit mandaté par l’assemblée générale souveraine et qu’il soit tenu de lui rendre compte, la Loi

sur les coopératives du Québec attribue plus de pouvoirs sur l'entreprise au conseil

d'administration qu'à l'assemblée générale. Elle lui impose aussi des restrictions comme il est

stipulé dans l’article 89, « le conseil d’administration ne peut emprunter, hypothéquer ou donner

en garantie les biens de la coopérative sans y être autorisé par un règlement. » (art. 89, Loi sur

les coopératives)

Le conseil d'administration est élu, d’une part, pour « administrer » la partie entreprise de la

coopérative, en s’assurant qu’elle soit bien gérée dans les intérêts de ses propriétaires mandants

que sont les membres. D’autre part, il a pour mandat de bien « gérer » l'association des membres

afin que fonctionnent les principes démocratiques. Pour Alain Bridault, « le conseil

d'administration est ainsi le lien entre les deux structures de la coopérative, la structure de

l'association des membres et la structure de l'entreprise. Élus en assemblée générale, les

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27

administrateurs doivent, ensemble, veiller au bon fonctionnement de ces deux structures »

(Bidault, sans date d).

Aussi, à moins que les règlements de la coopérative indiquent le contraire, le conseil

d’administration a l’obligation : « d’engager un directeur général ou un gérant; d’assurer la

coopérative contre les risques; de désigner les personnes autorisées à signer tout contrat ou

document; de rendre compte de son mandat; de présenter le rapport annuel; de faire des

recommandations sur l’affectation des excédents; d’encourager l’éducation coopérative et

l’intercoopération. » (Côté et Saint-Martin, 1999, p.53). Il décide et contrôle une grande partie

d’activités relatives à la coopérative comme par exemple, transformer les grandes orientations et

objectifs stratégiques adoptés par l’assemblée générale en objectif de gestion, décider des

politiques de gestion des ressources humaines, des politiques de services aux membres, etc.

Bien que chaque membre de la coopérative, quel que soit son groupe d’appartenance (travailleur,

utilisateur ou membre de soutien), doit se préoccuper des activités relatives à la « double

structure coopérative », c’est le conseil d’administration qui organise et gère la vie démocratique

telles que la nomination des officiers, la convocation et l’organisation l’assemblée générale

annuelle, la définition de mode de fonctionnement des instances, etc.

Dans ses relations avec son environnement, le conseil d’administration représente la coopérative.

Il définit les mandats et désigne les représentants de la coopérative auprès « d’organismes de

développement de la communauté régionale (chambre de commerce, conseil régional de

développement, conseil régional d’économie sociale, etc.) […] d’une organisation

d’intercoopérative sectorielle (fédération ou regroupement) » ou auprès « d’une organisation

intercoopérative intersectorielle (coopérative de développement régionale, conseil national ou

provincial de la coopération) » (Bridault, sans date a, p.38).

Pour bien mener son mandat, le conseil d’administration délègue lui aussi un certain nombre de

ses pouvoirs et responsabilités relatifs à la gestion de la partie entreprise à un gestionnaire qu’il

embauche. Il donne, donc mandat à son tour à une direction générale tout en conservant la

responsabilité finale. Ainsi, même si la direction générale a été judicieusement choisie, le conseil

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28

d’administration se doit d’effectuer des suivis et des contrôles, comme par exemple, « Faire le

suivi de la volonté de l’Assemblée générale [;] Évaluer le niveau de satisfaction des membres [;]

Adopter et contrôler le budget annuel de la coopérative [;] Adopter et contrôler l’application des

politiques administratives [;] Faire le suivi des opérations de la coopérative » (Bridault, sans

date a, p.37).

Pouvoirs et champs des compétences de la direction générale La vie d’une coopérative implique la réalisation d'activités de gestion propres à toute entreprise

pour lesquelles certaines habiletés sont nécessaires. Idéalement, les tâches de gestion sont

attribuées à un directeur général ou un coordonnateur si le poste est prévu par le règlement de

régie interne. Classiquement, le chef de la direction générale ou le coordonnateur d’une

coopérative a les mêmes types de responsabilités et de pouvoirs que dans une société capitaliste

traditionnelle, c'est-à-dire planifier, organiser, diriger et contrôler les activités de l'entreprise.

La direction générale d’une coopérative de solidarité a pour obligation de la faire prospérer et de

la développer. Elle se trouve ainsi confrontée aux mêmes enjeux et défis de gestion que celui de

la direction générale d’une entreprise privée traditionnelle. La direction générale reçoit son

mandat du conseil d’administration qui lui délègue un certain nombre de ses pouvoirs et

responsabilités tel que stipulé par la Loi sur les coopératives dans son article 117 « […], le

règlement peut autoriser le conseil d’administration à déterminer les pouvoirs et les devoirs des

dirigeants qui ne sont pas administrateurs ». Ces pouvoirs sont souvent étendus. Ils sont définis

dans les règlements et encadrés par les objectifs stratégiques et les politiques définis par le

conseil d'administration en réunion. De ce fait, la direction générale se trouve alors être un

mandataire de la coopérative comme le stipule l’article 91 de la Loi sur les coopératives, sans

toutefois être administrateur (deuxième paragraphe de l’article 117 de la Loi sur les

coopératives).

Il importe de notifier que la coopérative est une entreprise ayant des besoins propres à cause de

sa forme juridique qui allie entreprise et association. Aussi, comme le souligne Marie Claire

Malo, « la direction générale doit jouer un rôle de médiateur à l’interface des structures

d’association et d’entreprise en duo avec le Conseil d’administration » (Malo, 2003b, p. 84). La

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29

coopérative de solidarité ne vise pas primordialement des gains monétaires pour les différentes

catégories de membres. Elle focalise beaucoup plus sur la satisfaction des besoins de membres

usagers, la qualité de vie au travail, la santé et sécurité, la pérennité de l'emploi pour les membres

travailleurs, le développement de la collectivité pour les membres de soutien, etc. Aussi les

décisions de gestion ont une incidence directe sur la maximisation de la relation d’usage et la

satisfaction des membres.

En général, « la direction générale a le pouvoir d'engager et de congédier les employés de

l'entreprise et tout autre pouvoir qui lui serait dévolu par les dispositions des règlements de la

coopérative ou selon les directives et politiques émises par le conseil d'administration »

(Bridault, 1998, p.46).

Conformément au mandat à lui confier, la direction générale, en plus de diriger les affaires

courantes de la coopérative, joue un rôle stratégique en fournissant au conseil d’administration

des informations importantes pour qu’il puisse accomplir correctement son rôle de mandataire. À

ce titre et à la lumière d'attentes convenues, les responsabilités de la direction générale peuvent

être résumées ainsi qu’il suit :

- La direction générale est responsable de transformer les grandes politiques et les grands

axes de planification arrêtés par le conseil d’administration en décisions de gestion

courante pour la bonne marche de la coopérative. Elle est tout aussi responsable vis-à-vis

des membres du conseil d’administration afin qu’ils n’interviennent pas dans la gestion

des affaires courantes.

- La direction générale est responsable, vis-à-vis des employés et des bénévoles (s’il y en),

de mettre en place des politiques et des procédures efficaces en matière de recrutement,

de formation, d’information et d’organisation structurelle et opérationnelle dans le but de

renforcer leurs capacités à accomplir leurs tâches et à contribuer à la santé générale de la

coopérative.

- La direction générale a la responsabilité de veiller à ce que les risques auxquels la

coopérative est exposée soient bien identifiés, que des politiques soient mises en place

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30

pour amoindrir ces risques. Elle est tenue à ce que les administrateurs, les employés et les

bénévoles soient informés de ces risques potentiels ainsi que des mesures prises pour les

minimiser. - La direction générale a par ailleurs la responsabilité d’entretenir de bonnes relations de

travail et sociales avec d’autres intervenants de la collectivité et de veiller à la bonne

réputation de la coopérative dans son milieu (Hough, 2005).

Pouvoirs et champs des compétences des employés Ni la Loi sur les coopératives, ni les principes coopératifs ne font mention des rôles et des

responsabilités dévolus aux employés dans une coopérative. Mais il est aisé de penser que la

gestion des employés dans une coopérative doit aller plus loin que celle d’une entreprise privée

du fait de l’incidence du respect des valeurs coopératives. Dans une coopérative de solidarité, les

employés peuvent être des membres. Ils ont alors les mêmes prérogatives que les membres non

travailleurs. Ils sont propriétaires et ont les pouvoirs et compétences que leur confère la loi sur

les coopératives en assemblée des membres. D’autre part qu’ils soient membres ou non, les

employés de la coopérative de solidarité se réfèrent à la direction générale pour faire fonctionner

la coopérative. Les employés membres et non membres travaillent dans un climat

organisationnel qui respecte les principes et valeurs coopératifs. Les employés doivent être bien

informés des activités de la coopérative et être en mesure de les expliquer à la fois aux membres

et aux non - membres. C’est pourquoi ils doivent être considérés d’ailleurs comme des

partenaires. Alain Bridault dit qu’ils sont « […] la principale interface entre le membre et la

coopérative :

- ils informent les membres sur les services offerts, voire même sur les

fonctionnements et les particularités de la formule coopérative;

- ils enregistrent leurs plaintes, leurs doléances ou leurs satisfactions à l’égard de

ces services;

- ils en informent leur supérieur hiérarchique » (Bridault, sans date d).

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31

Au sein de la coopérative de solidarité, plusieurs acteurs œuvrent pour l’atteinte de sa mission,

son développement et sa pérennité. Mettre en place un système formel qui réunit des conditions

favorables à la réussite de la mission de la coopérative de solidarité suppose d’une part la

clarification des pouvoirs et champs de compétences des différents acteurs en place. D’autre part,

le système formel nécessite l’existence des mécanismes solides et fiables qui permettent la

compréhension et l’exécution de ces pouvoirs. La question du partage des pouvoirs doit être

posée sans arrêt afin d’entraîner des complémentarités entre les différentes parties ce qui évitera

ainsi les dédoublements de tâches et de fonctions (Ouedraogo et al., 1997).

Les dimensions de la gouvernance que nous avons dégagées à savoir la définition des pouvoirs et

le respect des champs de compétences, la transparence et la communication, la gestion

participative, le leadership, l’éducation et la formation doivent être pris dans un contexte global

et de façon systémique pour ne pas porter préjudice à la pratique de la bonne gouvernance. C’est

pourquoi, ayant définis les pouvoirs et les champs de compétences que nous estimons être la clé

de voûte de la gouvernance, nous nous proposons d’étudier les autres composantes qui doivent se

comporter comme les maillons d’une chaîne. Elles ne doivent pas être analysées isolément, car

l’efficacité de l’une entraînera la réussite de l’autre.

1.4.2 Transparence et communication L’exercice des pouvoirs et l’accomplissement des responsabilités dévolus aux acteurs de la

gouvernance nécessitent l’existence d’un système de communication efficace et fiable et de la

transparence dans l’information.

La transparence est définie comme la « qualité d'une organisation qui informe sur son

fonctionnement, ses pratiques, ses intentions, ses objectifs et ses résultats. » (Le grand

dictionnaire terminologique, 2007), mais aussi « […] ses possibilités, ses limites, les difficultés

éprouvées, etc. » (Sauvé, 2001-2002). La transparence est liée à l’intégrité et touche tous les

acteurs impliqués dans une organisation. On ne peut parler de transparence sans communication

qui lui est intimement liée. La communication permet la réalisation de la transparence, car elle «

est un facteur premier d’efficacité, un outil de discussion, de validation et d’enrichissement

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32

constant des décisions et des actions ; elle contribue à créer peu à peu un climat de confiance

entre les partenaires ; elle permet de construire progressivement une « culture » commune au

sein du projet, une vision et une signification commune. » (Sauvé, 2001-2002).

Dans la coopérative de solidarité, les mandataires doivent être informés pour rendre compte,

donc informer à leur tour. Aussi, un bon système de communication est vital dans une

coopérative où les mandats sont donnés à plusieurs niveaux.

La communication doit se faire de façon verticale descendante lorsque le conseil

d’administration reçoit son mandat des membres, la direction générale reçoit son mandat du

conseil d’administration et enfin lorsque les employés reçoivent les directives. Cette

communication doit être suffisamment transparente afin de permettre aux différents mandataires

de mieux assimiler les rôles et responsabilités qui leur incombent.

Elle doit se faire, aussi de façon ascendante. Les mandataires doivent rendre compte des mandats

qu’ils ont reçus. Pour ce faire, ils doivent produire des informations fiables, rigoureuses, à jour et

de façon régulière. Ces informations doivent être bien ciblées et contextualisées. Une

communication transparente de l’information permet donc, aux membres d’avoir un accès à

l’information pour prendre des décisions éclairées mais aussi, à long terme, de s’approprier

certains enjeux de gestion auxquels font face les administrateurs et la direction générale. Du fait

de leur proximité de la coopérative, les membres travailleurs, peuvent avoir accès plus

facilement aux informations que les autres catégories. Pourtant, aucun membre ne doit être

mieux informé qu'un autre car ils sont tous copropriétaires. Il importe alors de mettre en place

un système de communication interne efficace et efficient qui permet à tous les membres d'être

bien informés, d'être bien écoutés et, autant que possible d'être bien impliqués dans les prises de

décisions importantes. Ce système favorisera le renforcement des liens de confiance entre le

conseil d’administration et les autres types de membres de la coopérative, car la communication

permet « […] entre autres, de comprendre la logique qui commande les gestes administratifs. »

(Le grand dictionnaire terminologique, 2007)3.

3 Tiré de la définition de la transparence.

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33

Concernant la gestion de l’entreprise, la direction générale et le conseil d’administration

travaillent en équipe pour le renforcement et le développement de la coopérative. Aussi, le

conseil d’administration doit être tenu au courant de l’évolution et de la santé de la coopérative

en respectant les zones d’expertise de chacun. Il doit alors disposer d’informations significatives

et de qualité qui concernent les grands axes stratégiques. Pour ce faire, la direction générale et le

conseil d’administration déterminent ensemble des voies et moyens de communication formels

comme les rapports, les procès-verbaux, les réunions du conseil d’administration ou des comités

de gestion s’il en existe. Ils peuvent également convenir de moyens informels de communiquer

toujours dans l’intérêt de la coopérative et de ses propriétaires.

Concernant les employés, la communication transparente est au centre de tout le processus de

gestion. Alain Bridault dit que les employés sont l’interface entre la coopérative et les membres.

De facto, ils constituent une source importante de cueillette, mais aussi de transmission de

l’information. De ce fait, la direction générale doit mettre en place en collaboration avec les

employés des mécanismes permettant à ces derniers d’échanger entre eux (communication

horizontale), mais aussi pour recueillir leurs opinions et suggestions (communication

ascendante). La direction générale se doit aussi de mettre en place des outils formels de

transmission d’informations envers les employés pour assurer leur efficacité dans l’exercice de

leur fonction, comme les fiches de descriptions des taches, les évaluations des performances, les

discussions – bilan, les réunions des employés, les journaux internes, les affichages, etc.

La communication et la transparence ne se limitent pas uniquement au sein de la coopérative. La

bonne gouvernance implique pour la coopérative le devoir d’informations vis-à-vis de son

environnement, devoir, reconnu par le cinquième principe coopératif qui dit que les coopératives

« […] informent le grand public, en particulier les jeunes et les dirigeants d'opinion, sur la

nature et les avantages de la coopération. » (Orion, sans date).

Partager l’information permet de conserver une structure des pouvoirs partagés et non une

concentration des pouvoirs au niveau du conseil d’administration et/ou de la direction générale.

La transparence des décisions du conseil d’administration est essentielle à une délégation

dynamique et imputable des devoirs et responsabilités. Ainsi, la transparence de l’information

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34

permet aux membres de s’engager dans la vie démocratique et de prendre leurs responsabilités de

propriétaires, d’où la gestion démocratique qui est définie comme une « méthode de gestion

faisant appel à la participation de la base. » (Le grand dictionnaire terminologique, 2007). Le

bon fonctionnement coopératif dépend de la vigueur démocratique de ses instances de décisions.

Cette démocratie ne peut se vivre sans la présence de valeurs et de pratiques liées à la

transparence et à la communication.

1.4.3 Gestion démocratique et/ou participative La gestion démocratique de la coopérative s’incarne à l’intérieur de deux principes. « Un

membre, un vote » constitue le premier fondement. Le maintien du pouvoir démocratique des

membres est l’autre principe. C’est l’idée que tous les membres possèdent les mêmes droits et

une égale liberté de parole.

Pour Gérard Perron, la participation « se manifeste par un ensemble de moyens et de méthodes

permettant à l’employé d’être informé sur l’évolution de l’entreprise, d’être consulté et mobilisé

lors de la prise de décision » (Perron, 2002, p .35). La participation va plus loin que la simple

implication des employés seulement. Nicole Giroux et Véronique Fenocchi définissent la

participation comme « un échange multidimensionnel qui relie entre eux les membres de cette

collectivité » (Giroux et Fenocchi, 1994-1995, p.61); cette collectivité étant une organisation

d’individus en interaction. Pour ces mêmes auteures, « […] la participation est un phénomène

complexe et les personnes concernées peuvent avoir des visions et des motivations fort

différentes dont il faut tenir compte dans l’élaboration de mécanismes de participation. »

(Giroux et Fenocchi, 1994-1995, p.60). Cette assertion trouve toute son importance dans une

coopérative de solidarité où la relation d’usage des membres est multiple, les besoins à satisfaire

sont différents et parfois même divergents (membre utilisateur qui veut un service à moindre

coût versus membre travailleur qui souhaite de meilleures conditions de travail). Les acteurs de

la gouvernance de la coopérative de solidarité sont multiples et prennent part à la propriété, au

pouvoir et au capital. Nicole Giroux et Véronique Fenocchi ont dégagé trois (3) dimensions

quant à la participation, à savoir une dimension économique, une dimension politique et une

dimension sociale. Nous retiendrons deux dimensions qui nous semblent pertinentes dans une

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35

coopérative de solidarité : la dimension sociale qui a trait à la participation à la vie de

l’association et la dimension politique relative à la participation à la prise des décisions. De façon

générale, l’on s’intéresse beaucoup plus à la participation des membres dans une coopérative.

Pour une étude fiable de la participation, il est fort intéressant de s’attarder sur tous les acteurs de

la gouvernance.

Pour les membres, la participation est importante en ce sens qu’elle leurs permet d’une part

d’atteindre leur but et d’autre part de favoriser le développement de leur coopérative. L’égalité

étant consacrée par la loi, elle doit être réaffirmée lors des assemblées générales afin que tous les

membres prennent conscience de leur capacité d’influence. C’est l’occasion pour eux de

développer leur sens de responsabilité et de s’impliquer davantage dans la vie de leur

coopérative, donc s’investir réellement dans leur entreprise collective. Pour ce faire, chaque

membre doit « […] être convaincu de la réciprocité de la participation des autres membres,

avoir confiance en sa propre valeur et dans la volonté des autres membres […], ce qui suppose

une grande maturité individuelle et collective. » (Giroux et Fenocchi, 1994-1995, p.68). Pour

Alain Bridault, la participation n’est pas « […] seulement d'élire les membres du conseil

d'administration. Il s'agit également de participer soi-même à la prise de décisions en assemblée

générale Il s'agit souvent de s'exprimer publiquement, devant les autres, pour affirmer son

opinion, pour défendre ses intérêts et ceux des autres membres. Il s'agit aussi d'accepter de se

faire élire à son tour au conseil d'administration et de prendre la responsabilité de décider de

l'avenir de la coopérative en réunion de conseil. » (Bridault, sans date f).

En recevant leur mandat, le conseil d’administration et la direction générale participent de plein

droit à l’administration, à la gestion de la vie associative et de l’entreprise coopérative. Il faut

cependant l’ « existence d’un contrepoids réel et fonctionnel permettant de maintenir l’équilibre

entre l’autonomie nécessaire de la direction et l’imputabilité incontestable des administrateurs

et entre l’association et l’entreprise » (Schwab, 2007, p. 16 ). Le conseil d’administration et la

direction générale sont les initiateurs de systèmes de participation dans la coopérative. Il serait

hasardeux pour eux de penser que comme ils évoluent dans une coopérative, la participation est

une évidence. La participation constitue un véritable défi et elle est tout un processus. Il incombe

aux mandataires de s’assurer que tous les acteurs de la coopérative maîtrisent les règles et les

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36

mécanismes de la participation et de mettre en place un système formel qui permet la

participation.

Comme nous l’avons déjà souligné, il y a deux catégories d’employés dans une coopérative de

solidarité. Qu’ils soient membres ou non, la participation en tant qu’employés ne diffère pas. La

participation des employés se situe surtout au niveau de la structure entrepreunariale de la

coopérative. Les employés interviennent à des degrés, peut-être différents, au niveau stratégique,

organisationnel et opérationnel. Stratégiquement, la direction générale est consciente de « […]

l’information que possèdent ses employés et les consulte avant de mettre au point ses stratégies

avec le conseil d’administration. » (Perron, 2002, p. 61). Au niveau organisationnel, les

décisions et objectifs sont pris après consultation et information des employés. Gérard Perron

dira que c’est au niveau opérationnel que commence la gestion participative. C’est le niveau que

contrôlent les employés et que « c’est à ce niveau que l’information, la consultation et la

mobilisation prennent tout leur sens ». (Perron, 2002, p. 62). Finalement, la participation des

employés « […] permet le partage des responsabilités, et permet […] « non seulement

d’améliorer la qualité des décisions, mais en facilite l’exécution ». (Giroux et Fenocchi, 1994-

1995, p. 68).

La participation requiert pour les mandataires des compétences spécifiques et surtout un style de

gestion, car « le désir de conserver le pouvoir ou la crainte de perdre des avantages liés » [à une

position hiérarchique] « sont des obstacles importants ». (Giroux et Fenocchi, 1994-1995, p. 69).

Cette assertion s’avère véridique, car en préfaçant le livre de Gérard Perron sur la gestion

participative, Claude Béland dira : « il ne saurait y avoir de gestion participative sans

leadership, sans ce « grand vent » qui canalise les énergies et regroupe les forces autour d’un

projet commun » (Perron, 2002, préface).

1.4.4 Leadership La question du leadership trouve son importance dans l’émergence, le développement et la

pérennité des coopératives. Selon l’Équipe Perspective Monde le leadership se définit comme

« la capacité d'un individu à mener ou conduire d'autres individus ou organisations dans le but

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37

d'atteindre certains objectifs. On dira alors qu'un leader est quelqu'un qui est capable de guider,

d'influencer et d'inspirer.» (Équipe Perspective Monde, sans date).

Le leadership peut prendre plusieurs formes, se manifester de différentes façons, suivant la

nature des équipes et la personnalité des individus. Pour le besoin de notre étude, nous nous

intéresserons surtout au style démocratique du leadership. Le conseil d’administration ou la

direction générale, pratiquant le style démocratique a confiance dans ses collaborateurs. La

consultation est un processus permanent et l’intérêt pour l’aspect humain se démarque des

tâches, il privilégie l’écoute, la participation, l’aide. Ce type de leadership s’apparente beaucoup

au style collégial où les compétences, aptitudes, idées et intérêts de tous les collaborateurs sont

pris en considération (Bergeron, 2006).

Dans une coopérative de solidarité, l'importance du leadership et « l'habilité dans la

gouvernance » sont des éléments essentiels. La direction générale est en relation d’une part avec

le conseil d’administration qui la mandate, d’autre part avec des employés (membres travailleurs

ou non) et des bénévoles s’il en existe. La direction générale a le défi de conduire et de faire

prospérer une entreprise complexifiée de par sa nature juridique et ses principes de bases. Pour

ce faire, en plus d’avoir un leadership de compétence, le gestionnaire doit être un leader

transformationnel qui reconnaît les besoins de ses collaborateurs et qui souhaite également les

amener vers des niveaux supérieurs de développement. Ce type de leader élargit l’horizon et les

objectifs de ses collaborateurs. Il leur donne la confiance nécessaire afin qu’ils puissent se

dépasser et croit en leurs capacités. Il faut pour exercer ce leadership faire preuve de charisme,

d’inspiration, de stimulation intellectuelle et être attentif aux besoins de chacun. (Schermerhorn,

1994).

« Comme le DG et CA doivent travailler en équipe au renforcement de l’organisation, il est

fondamental de renforcer les capacités du CA pour permettre une contribution significative et

soutenue des administrateurs » (Schwab, 2007, p. 7). Pour ce faire, ils devront développer ce que

Desforges, Levesque et Tremblay appellent le leadership coopératif qui présente « […] des

caractéristiques particulières » (Desforges et al., 1979, p.12) en ce sens qu’il faut « que le

groupe réunisse les qualités et les compétences de ce qu’on pourrait appeler un animateur-

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38

entrepreneur » (Desforges et al., 1979, p.12). Même si plusieurs conditions (dont la qualité du

directeur général à impliquer les membres à travers une gestion participative) peuvent déterminer

ce leadership de groupe, le conseil d’administration a aussi un pouvoir sur le développement des

capacités de leaders des membres par l’organisation et la gestion de la vie démocratique. À titre

d’exemple, le conseil d’administration peut définir le fonctionnement d’instances décisionnelles

où l’échange d’idées est favorisé ou encore suggérer aux membres, lors de l’assemblée générale,

la création de comités spéciaux dont le conseil d’administration précisera le mandat par la suite.

À travers ces exemples, nous remarquons l’influence particulière du conseil d’administration sur

les deux types de viabilité. Étant au centre décisionnel de la coopérative, il a le pouvoir

d’administrer la coopérative et de gérer l’association de personnes. Par les pouvoirs qui lui sont

délégués et le leadership qui en découle, le conseil d’administration a une grande influence sur la

culture organisationnelle de la coopérative et aussi une influence sur l’éducation coopérative

faite aux membres à travers les activités de la coopérative. Néanmoins, l’existence de plusieurs

catégories de membres dans une coopérative de solidarité, peut parfois engendrer des

divergences d’opinion et le goût de défier les règles. Dans cette optique, les administrateurs

doivent aussi être des leaders en mesure d’influencer et de rallier les membres autour d’une

mission et d’objectifs communs d’une part. Et d’autre part, de bannir, à l’intérieur de l’assemblée

générale, la concentration du pouvoir où le rôle de certains membres se réduit à l’approbation des

décisions du groupe dominant, situation qui se reflète lorsque la participation des membres est

très faible (Bridault, 1998).

La complexité des savoirs (le savoir, le savoir-être, le savoir-faire…) nécessaires à l’exercice du

leadership exige la maîtrise d’une grande variété de compétences telles des compétences

économiques, des compétences personnelles, des compétences sociales, un sens de l’éthique, et

une vision pour faire des idées individuelles un collectif. Le leadership des dirigeants ne doit pas

s’arrêter uniquement au niveau de la coopérative. Les dirigeants doivent faire preuve de charisme

et de clairvoyance pour développer et entretenir des relations avec le milieu dans lequel évolue la

coopérative. Grâce aux liens et événements découlant d’un certain leadership des dirigeants (par

exemple, la présence de liens privilégiés avec les membres de la communauté, des collaborations

proactives, des consultations constructives), la coopérative fait non seulement un geste pour le

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39

développement de la communauté où elle est insérée mais aussi, des actions qui favorisent le

développement de la coopérative.

Le manque de leadership des dirigeants d’une part et l’ignorance des membres d’autre part

peuvent avoir un impact sur la santé de la coopérative. Aussi, pour remédier à des carences ou

pour promouvoir et consolider des acquis en matière de leadership et de culture coopérative, on

peut y avoir recours à l’éducation, et plus particulièrement à l’éducation coopérative.

1.4.5 Éducation- formation Alain Bridault disait que « savoir assumer » [ses] responsabilités dans une coopérative, ça

s'apprend ! » et qu’ « on ne naît pas démocrate ! On le devient par l'apprentissage et

l'expérience. » (Bridault, sans date b). Ajoutons de notre côté, que c’est par l’éducation et la

formation qu’on renforce ses capacités à être coopérateur. La gouvernance d’une coopérative en

général, et celle de la coopérative de solidarité en particulier, présente de grands enjeux et défis,

que seule l’éducation coopérative peut aider à résoudre. Martine Vézina dira que « l’éducation

coopérative est en effet à l’organisation coopérative ce que la stratégie est à l’entreprise »

(Vézina, 2001-2002).

L’éducation et la formation coopérative sont un devoir prescrit par la Loi sur les coopératives au

conseil d’administration en son article 90 qui stipule que : « Le conseil d’administration doit

notamment […] encourager la formation en matière de coopération des membres, des

administrateurs, des dirigeants et des employés de la coopérative et favoriser l’information du

public sur la nature et les avantages de la coopération ». L’éducation et la formation coopérative

constituent aussi le cinquième principe coopératif définie ainsi qu’il suit : « Les coopératives

fournissent à leurs membres, leurs dirigeants, leurs gestionnaires et leurs employés l’éducation

et la formation requises pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur

coopérative. […] » (ACI, 1995) » L’éducation coopérative remonte aux pionniers de Rochdale

pour qui, le développement moral de l’homme en constitue l’objet, tache à laquelle ils

consacraient de façon régulière 2.5% des bénéfices (Brisson, 2006, p.155-156).

Page 46: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

40

Mais qu’est-ce que l’éducation coopérative? Pour Martine Vézina, les réponses sont encore

insatisfaisantes. Dans une tentative de définition, elle propose trois conceptions de l’éducation

coopérative :

« Le courant gestionnaire : Ce courant considère l’éducation coopérative comme une

fonction de l’entreprise, comme un simple appendice de l’administration de celle-ci. Il

s’agit donc d’assurer le perfectionnement des cadres et employés. On pourrait parler

davantage de formation professionnelle ou de perfectionnement technique.

Le courant doctrinaire : Ce courant insiste sur les programmes d’éducation dont le

contenu sera coopératif. Il s’agit alors de propager le « message » de la coopération

comme formule originale d’organisation socio-économique, mais toujours sous la forme de

programme de formation.

Le courant humaniste : Ce troisième courant, humaniste, a une visée plus large et est

moins répandu. L’entreprise coopérative apparaît comme un moyen (et non une fin) de

réaliser une société différente. Le coopérateur y est donc vu comme important mais c’est

l’homme tout entier qui est visé, non seulement le consommateur, le travailleur ou

l’épargnant. » (Vézina, 2001-2002, p. 6-7). La définition du courant gestionnaire rappelle celle de la formation. Or l’éducation coopérative

va plus loin que la simple formation. Citant Paul Lambert, André Martin dira; « Servir les

membres, c'est faire plus que d'élever leur niveau de vie, c'est contribuer à leur formation

d'hommes. La tâche éducative, l'aspiration à la noblesse morale appartiennent à l'essence de la

coopération » (Martin, sans date). Pour Martine Vézina, L’éducation coopérative « […] donne

une direction claire à poursuivre tout en favorisant une cohérence des actions quotidiennes. »

(Vézina, 2001-2002, p. 4).

Étant donné son caractère stratégique et pour bien appréhender l’importance de l’éducation

coopérative dans la gouvernance, nous allons nous baser sur les éléments de l’éducation

coopérative mis en évidence par Michel Marengo pour qui, elle suppose une action continue. De

même, Martine Vézina nous rappelle que « […] l’absence de démarche d’éducation coopérative

au sein d’une organisation coopérative la rend fragile […] » (Vézina, 2001-2002, p. 4 ).

L’éducation coopérative suppose :

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41

L’acquisition d’un savoir : ici, le savoir est en lien direct avec le coopératisme. Il lui est

essentiel. En effet comme dit Marengo, « comment on peut parvenir à une juste évaluation

critique d’une situation sans, au préalable, en posséder une conscience claire de ce qui lui a

donné naissance […] » (Marengo, sans date, p. 42). Ainsi, pour que les membres, le conseil

d’administration, la direction générale, les employés soient des coopérateurs avertis, il leurs faut

maîtriser tous les enjeux de la coopération grâce à une éducation coopérative continue. Ils

doivent maîtriser l’essence, les enjeux, l’esprit du coopératisme. Les acteurs de la vie coopérative

ne seront pas ainsi tentés de la substituer à l’entreprise privée.

La parole, messagère d’une pensée : dans sa particularité, la coopérative se doit d’avoir son

propre langage par lequel l’éducation et la formation se feront. Pour Marengo, « le langage

coopératif éveille l’esprit à la réalité coopérative » (Marengo, sans date, p.43). Cette idée sera

évoquée par Martine Vézina pour qui, l’éducation coopérative est « un contenu, une

argumentation » (Vézina, 2001-2002, p. 5), où est mis en exergue l’avantage coopératif procuré

à tous les membres de la coopérative. C’est l’occasion pour que tous les acteurs de la vie

coopérative, qu’ils soient membres ou non, de prendre conscience de la nature de la valeur de la

coopérative.

La diffusion du message et la contagion de la conviction : « L’éducation coopérative est un

ensemble de moyens de diffusion » (Vézina, 2001-2002, p. 5), donc de communication. C’est par

la communication qu’on peut avoir l’adhésion, la conviction et l'appui de tous les acteurs de la

gouvernance autour des idéaux de la coopérative. Les membres assimileront et s’accapareront de

tous les enjeux de leur coopérative, de fait qu’elle ne pourra pas être détournée de sa véritable

mission, ni d’être récupérée par un groupe d’acteurs singuliers.

La coréflexion : Pour André Martin, « la coopérative n'est pas seulement une organisation

économique originale, c'est surtout une école profondément humanisante et humaniste » (Martin,

sans date, p. 18). De même citant Socrate, Marengo dira qu’ « une vie sans examen ne vaut pas

la peine d’être vécue » (Marengo, sans date, p.45). L’éducation favorise l’implication de tous les

acteurs dans toutes les activités de la coopérative. Les réunions, les décisions, en fait toutes les

occasions de rencontres sont des opportunités d’éduquer pour favoriser l’assimilation de la

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42

culture organisationnelle. La qualité et la profondeur de cette assimilation est tributaire du

processus d’éducation et de formation qui a été utilisé et développe leur esprit critique.

L’avantage est que la coopérative grandit avec ses membres qui développent leur sentiment

d’appartenance.

L’apprentissage du savoir-faire : Pour Vézina, « l’éducation coopérative est une démarche de

développement de pratiques coopératives différenciées à mettre en place dans toutes les activités

de l’organisation ». (Vézina, 2001-2002, p. 5). Cet élément de l’éducation coopérative est celui

qui correspond le plus à la formation. André Martin définit la formation comme « un ensemble

de connaissances spécifiques, théoriques et pratiques qui a été acquis dans un domaine donné.

On parle donc de formation technique, professionnelle, spécialisée, scientifique, universitaire…

Ce sont des savoir-faire, des attitudes, des comportements et des compétences développés par

une personne dans le cadre d’un programme d’études en vue d’un choix ou d’un

perfectionnement professionnel ». (Martin, sans date). L’éducation coopérative permet de gérer

les opérations de la coopérative de façon différente. Toutes les décisions de gestion sont teintées

par la distinction coopérative, qu’il s’agisse de la gestion de ressources, de la gestion des

employés et bénévoles, de la gestion de l’association que de la façon dont la coopérative

s’investissera dans son milieu. En fait, « coopérer c’est opérer en équipe, chacun acceptant

d’intégrer sa contribution à celles des autres de manière à former une unité performante et

créatrice » (Marengo, sans date, p.47).

L’esprit d’équipe : L’éducation coopérative met l’emphase sur des liens de solidarité forts qui

doivent exister entre les différentes catégories de membres. Vivre la coopération, c’est prendre

conscience que les autres existent et que la réussite de la coopérative, surtout la coopérative de

solidarité dépend de la collaboration et de l’entraide des catégories de membres. Pour Marengo,

« […] l’esprit d’équipe est essentiel au succès en coopération » (Marengo, sans date, p. 47), car

l’individualisme collectif tue la coopérative.

Le tour d’horizon des éléments de l’éducation coopérative dégagés par Marengo nous démontre

combien l’éducation et la formation sont des éléments essentiels de la gouvernance. Sans

l’existence de l’éducation, ni la compréhension des rôles et responsabilités, ni le respect de

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43

champs de compétences ne seront compris et assimilés et le leadership des mandataires ne sera

pas compris et accepté. Enfin, il n’y aura pas de communication et d’exercice de démocratie.

André Martin dira que « l'éducation coopérative prend ici tout le sens que lui attribue le

coopératisme. Ainsi, elle ne doit pas seulement se présenter comme une condition préalable à

l'action coopérative elle-même, mais comme sa condition essentiellement constituante et

permanente ». Et d’ajouter en citant le professeur P.R. Dubhashi, « l'éducation est le principe

des principes parce qu'il éduque aux autres principes et parce qu'il transcende la coopérative

elle-même. » (Martin, sans date).

Pour la survie et le développement de la coopérative de solidarité, une saine pratique de la

gouvernance s’avère vitale. En étudiant la gouvernance, nous nous sommes servies du

quadrilatère de Henri Desroche dont les quatre pôles représentent nos acteurs de la gouvernance.

Pour qu’il y ait bonne gouvernance, il faut qu’il y ait respect des champs de compétence, mais

également un certain équilibre dans les pouvoirs. Que se passerait-il si un des pôles adopte une

attitude dominatrice? On pourrait également se poser des questions comme l’a fait Marie

Bouchard : « Les membres exercent-ils un réel contrôle sur l'organisation, ou le pouvoir est-il

concentré dans le haut de la structure? Les administrateurs élus contrôlent-ils vraiment les

orientations de l'organisation, ou les gestionnaires conservent-ils un monopole sur l'information

stratégique? Les employés salariés sont-ils inclus dans les processus démocratiques? »

(Bouchard, sans date).

1.5 Les dérives de la gouvernance

La bonne gouvernance dans la coopérative de solidarité est basée sur l’implication transparente

de tous les acteurs conformément au respect de champs de compétences de chacun. Cependant,

notons que les relations sont très complexes entre les acteurs (conseil d’administration, direction

générale, membres, employés), mais aussi les catégories de membres (travailleurs, utilisateurs,

de soutien).

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44

Desroche (1976) a schématisé la complexité des relations dans le quadrilatère, laissant apparaître

des subdivisions qui peuvent opposer les différents acteurs selon leur place dans l’organisation

des pouvoirs. La figure 2, montre le clivage entre la partie associative gérée par le conseil

d’administration (qui comprend les membres et le conseil d’administration) et la partie entreprise

gérée par la direction générale supervisant les employés. Ceux-ci représentent les technocrates

qui en général ne sont pas membres de la coopérative. La figure 3 décrit un autre type de tension

où les mandataires (conseil d’administration et direction générale) forment une coalition contre

d’une part les membres et d’autre part les employés.

Le quadrilatère de Henri Desroche (1976)

Comme nous l’avions décrit plus haut, pour que l’appareil de gouvernance fonctionne et reste

pertinent, il est essentiel que la capacité du conseil d’administration soit renforcée pour permettre

une contribution significative et soutenue des administrateurs. D’autre part, l’équipe de gestion

de l’entreprise doit pouvoir évoluer avec une certaine marge de manoeuvre et autonomie. Les

employés salariés doivent accepter de transiger avec une structure de gouvernance où siègent

plusieurs types d’usagers.

De nombreuses théories soutiennent que les efforts pour rendre une organisation (ici les

coopératives) performante, compétitive et rentable, l’amènent indubitablement à une perte des

valeurs à la base même de sa création, donc de leur idéal. De ces théories nous retiendrons celle

de l’hégémonie gestionnaire et de la dégénérescence de l'idéal démocratique.

Page 51: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

45

1.5.1 La théorie de l'hégémonie gestionnaire Selon cette théorie, les membres propriétaires ne contrôlent pas la coopérative même si elle leur

appartient, car la direction ayant été confiée à des gestionnaires professionnels. Selon Chris

Cornforth, « […] la participation des membres ordinaires au CA des coopératives implique

qu’ils n’ont probablement pas les connaissances et l’expertise nécessaire pour contester avec

succès les propositions et les décisions des gestionnaires » (Bouchard et al., 2004, p.89 ). Ici,

même le conseil d’administration qui est sensé représenter l’intérêt des membres n’a qu’un rôle

symbolique. Il approuve les décisions sans discuter en donnant la légitimité aux gestionnaires.

1.5.2 La théorie de la dégénérescence de l'idéal démocratique Les coopératives sont gérées selon le principe de la prise de décision démocratique : un membre-

une voix. Pour Meister qui s'appuie sur la "loi de fer de l'oligarchie" de Michels, (Bouchard et

al., 2004), il est impensable qu’une démocratie existe sans organisation sinon il risque d’avoir

une concentration de pouvoir et la domination d’une élite.

Meister applique la théorie de la dégénérescence de l'idéal démocratique de façon dynamique à

des organisations démocratiques qui mènent des activités économiques – les coopératives. On

aboutit à une banalisation de la coopérative (qui est une organisation démocratique) en entreprise

de gestion, processus par lequel le pouvoir du gestionnaire et des administrateurs croît et devient

hégémonique à mesure que les buts économiques l'emportent sur les buts sociaux et

autogestionnaires de l'organisation. Cornforth et al (Bouchard et al., 2004) disent qu'il est

possible de construire une typologie tripartite de la thèse de la dégénérescence. La

dégénérescence formelle ou constitutionnelle se produit lorsque les associations et les

coopératives se tournent vers une forme capitaliste et que quelques salariés perdent les droits

démocratiques qui s'appliquaient originellement à tous. La dégénérescence des buts s'observe

lorsque des finalités capitalistes lucratives remplacent les objectifs associatifs et coopératifs.

Dans la dégénérescence organisationnelle, le pouvoir devient concentré entre les mains d'une

élite.

Page 52: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

46

On observe alors un désengagement des membres envers la vie démocratique et leur

responsabilité de propriétaires. Pour M.-C. Malo et M. Vézina, « […] l’évolution de la

configuration organisationnelle des coopératives mène souvent à une forme mécaniste, et que

l’isomorphisme institutionnel peut conduire l’organisation à sortir de son champ, délaissant les

valeurs de participation et de délibération pour ne conserver que la valeur économique »

(Bouchard et al., 2004. p.19).

Page 53: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

47

CHAPITRE II

Étude de trois coopératives de solidarité

2.1 Méthodologie de l’étude de cas

Pour éviter toute identification des participants à la recherche, toutes les données recueillies par

cette étude ont été traitées de manière entièrement confidentielle. En effet, aucun nom des

coopératives, ni des personnes rencontrées, ne sera divulgué dans ce rapport.

2.1.1 Les critères de sélection des coopératives de solidarité

Afin de favoriser le développement d’une perspective la plus large possible pour notre travail et

compte tenu des contraintes en temps et du moment où devaient s’effectuer les entrevues (au

mois d’août, en pleine période estivale), nous avons rencontré trois coopératives selon les

critères suivants :

a) les coopératives de solidarité œuvrant dans des secteurs différents,

b) être âgées entre quatre et dix ans (coopératives d’expérience),

c) avoir au moins deux de ces coopératives de solidarités reconnues pour leur succès,

c’est-à-dire, que ces coopératives n’aient pas eu de problématiques majeures connues à

surmonter et qu’elles aient démontrées une certaine stabilité ou un certain développement

dans ses activités depuis environ quatre ans.

Nous avions pré-établi une liste des coopératives de solidarité qui peuvent potentiellement

répondre aux critères que nous avions définis. Une rencontre avec une agente d’une Coopérative

de développement régional nous a permis de mieux cibler quelques coopératives qui

correspondaient à nos critères de sélection. Nous avions établi un contact téléphonique avec

quelques-unes de ces coopératives de solidarité identifiées, contact qui a abouti à la conclusion

de trois ententes de participation.

Page 54: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

48

2.1.2 Description des coopératives

Afin de préserver l’anonymat des coopératives et d’éviter toute confusion dans la présentation

des résultats de nos entrevues, nous avons opté pour la nomination suivante: A, B, C.

La coopérative A a été constituée sous la forme légale de coopérative unisociétaire (il y a environ

six ans). Elle a pris la forme de la coopérative de solidarité il y a plus d’un an. Deux travailleurs

y sont engagés, mais ceux-ci ne sont pas membres. Au total, près d’une trentaine de personnes

sont propriétaires de la coopérative. Elle regroupe deux types de membres, soit des membres

utilisateurs et des membres de soutien.

La coopérative B a été constituée il y a trois ans sous forme de coopérative de solidarité. On y

compte trois employés membres et une trentaine de membres au total. Les membres de cette

coopérative peuvent souscrire selon trois statuts : membre utilisateur, membre travailleur ou

membre de soutien.

La coopérative C a été constituée sous forme d’entreprise enregistrée il y a plusieurs années. Elle

changea plusieurs fois de statuts pour être finalement transformée en coopérative de solidarité il

y a près de dix ans. Elle rassemble trois types de membres, soit des membres travailleurs,

membres utilisateurs et des membres de soutien. Elle compte plus d’une centaine de membres.

2.1.3 Description du groupe de personnes interviewées

Le groupe de personnes rencontrées lors de l’étape de la collecte de données terrain est composé

de onze membres de coopératives de solidarité québécoises répartis selon trois organisations

distinctes. Plus précisément, nous avons rencontré :

- Cinq membres utilisateurs (deux présidents du conseil d’administration, un

administrateur et deux membres non administrateurs),

Page 55: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

49

- Trois membres de soutien (un président du conseil d’administration, deux

administrateurs),

- Deux membres travailleurs (dont un directeur4),

- Une partie prenante externe.

2.1.4 La démarche des entrevues

Afin de mieux étudier la problématique de la gouvernance dans son contexte de vie réelle au sein

des coopératives ciblées, nous avions opté pour une étude de cas descriptive basée sur des

données qualitatives. La cueillette de l’information s’est faite d’une part, grâce à l’étude des

documents officiels mis à notre disposition (comme les règlements des coopératives) par les trois

coopératives participantes. Ces documents nous ont permis de mieux connaître les coopératives

et de préparer dix entrevues semi dirigées avec onze membres. D'autre part, nous avons eu à

administrer des entrevues semi dirigées sur la base d’un guide que nous avions élaboré

(ANNEXE I).

Enfin, nous avons élaboré une grille de catégorisation des données qui nous a permis de classer

et d’analyser les données recueillies lors des entrevues.

2.1.5 Difficultés et biais de l’enquête sur le terrain

L’existence assez récente des coopératives de solidarité (seulement depuis 1997) et la période à

laquelle nous avons fait la collecte de nos données (période estivale) ont rendu difficile le respect

de nos critères de sélections ultérieurement présentés. Bien que nous désirions rencontrer des

organisations d’expérience, l’une d’entre elles est en activité depuis seulement 3 ans. De plus, de

par leurs particularités distinctes, les coopératives rencontrées ne peuvent être évaluées selon les

mêmes critères, c’est pourquoi nous en faisons la comparaison dans la seule optique d’enrichir la

réflexion des causes et effets des différentes pratiques de gouvernance. Les observations dont il

est question dans cette étude ne nous permettent pas de généraliser des pratiques de la bonne

4 Appelé aussi coordonnateur général

Page 56: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

50

gouvernance pour l’ensemble des coopératives de solidarité, bien que les données et les analyses

présentées sont en conformité avec la rigueur scientifique et méthodologique permise par la

nature de notre mandat et que cet intervention-essai témoigne d’une « réalité terrain » en matière

de gestion des coopératives de solidarité et de gouvernance.

2.2 Présentation des résultats

Pour mieux présenter la pratique de la gouvernance dans les coopératives de solidarité étudiées,

nous présenterons nos résultats en accord avec les cinq dimensions que nous avons dégagées.

Pour chacune de ces dimensions, nous décrirons nos observations pour les membres, le conseil

d’administration et la direction générale. Précisons aussi que certains témoignages servent à

l’analyse de plus d’un type de membre étant donné qu’ils agissent à différents titres dans la

coopérative. En guise d’exemple, le témoignage d’un membre de soutien, aussi actif au sein du

conseil d’administration, est considéré autant à titre de membre de l’assemblée générale que

d’administrateur.

Enfin, notons que pour mieux rapporter les propos de nos interlocuteurs et respecter leurs idées,

les références citées dans ce chapitre sont des transcriptions verbales et mots à mots de personnes

interviewées, d’où l’utilisation du « français- parlé ».

2.2.1 Pouvoirs et respect des champs de compétences

2.2.1.1 Connaissance et assimilation des rôles et responsabilités

• Connaissance et assimilation des rôles et responsabilités des membres

Dans le cas de la coopérative A, en général, on note une carence dans l’énumération des rôles

attribués aux membres, cependant, des témoignages cohérents entre différents membres nous

permettent d’affirmer que lors des assemblées générales, ils participent activement aux réunions,

donc remplissent leurs responsabilités. .

Page 57: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

51

« Ça quasiment toujours été le fun parce que […] les gens écoutent, les gens s’impliquent, posent des questions, s’agacent » (Entrevue n° 2, 2007); « à la fin des réunions, ils sont ben plus contents, ils sont renseignés » (Entrevue n° 1, 2007)

En plus de témoigner d’une grande appropriation des affaires de la coopérative, les membres

n’hésitent pas à témoigner de leurs désaccords lors des assemblées générales.

« Si quelqu’un n’est pas en accord, c’est déjà arrivé, il pose des questions. Souvent les gens qui ne sont pas d’accord c’est qu’ils n’ont pas compris […] généralement, c’est quelqu’un du CA ou de l’assistance, d’autres membres, qui expliquent autrement. Si jamais il n’est pas d’accord, il a le droit […] il faut aller au vote » (Entrevue n° 2, 2007); « Moi j’avais juste une fois que j’étais pas d’accord […] ils ont dit que c’était de même que ça marche, c’est de même que ça marche, je suis allée pour ça » (Entrevue n° 1, 2007)

Pour la coopérative B, il y a une confusion entre les rôles et responsabilités des membres et ceux

des membres siégeant sur le conseil d’administration. Cette confusion est accentuée par le fait

qu’un petit groupe, parmi un nombre réduit de membres, se trouve fortement impliqué à divers

égards dans les activités de la coopérative. Le témoignage d’un membre utilisateur, aussi

membre du conseil d’administration, illustre cette confusion en relatant des exemples de points

d’ordre du jour lors du conseil d’administration : « les sorties du soir, la discipline, l’entretien de

la bâtisse, les assurances, la promotion, aller chercher les jeunes » (Entrevue n° 3, 2007).

Pour la coopérative C, les rôles et responsabilités tels qu’ils sont définis dans la Loi sur les

coopératives n’ont pas été nommés. Toutefois, les membres interrogés ont une bonne

compréhension globale des rôles et responsabilités des différentes catégories de membres5.

« le conseil d’administration trace les grandes lignes, budget, plan d’action, les règles, comment on doit fonctionner […] le directeur général organise les choses pour que les lignes générales s’appliquent » (Entrevue n° 8, 2007)

Les membres connaissent leurs responsabilités. Cette appropriation est facilitée par l’existence

de comités qui s’assurent du bon déroulement des mandats qui leur sont attribués. Un document

distribué à tous les membres travailleurs décrit les responsabilités des différentes parties

prenantes internes ainsi que les responsabilités des comités existants.

5Les catégories de membres dans une coopérative, selon le quadrilatère de Henri Desroche : membres, dirigeants élus, direction générale et employés.

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52

Dans le cas de la coopérative B, la gestion et l’administration des affaires liées à la coopérative

sont laissées en toute confiance au conseil d’administration [« les membres vont se fier à leur CA

puis ils vont vraiment faire confiance » (Entrevue n° 7, 2007) ].

• Connaissance et assimilation des rôles et responsabilités par le conseil d’administration

Dans la coopérative A, en l’absence d’un directeur général, le conseil d’administration s’occupe

de la gestion et de l’administration relative à cette fonction.

« Le conseil d’administration est la tête pour assurer la gestion dynamique et éclairée dans le sens qu’il faut vraiment être au courant de ce qui ce passe et prendre des décisions qui vont solutionner les problèmes, gestions adéquate mais qui vont aussi essayer de prévenir les problèmes. » (Entrevue n° 6, 2007)

Toutefois la création de certains comités (dont les responsables sont des membres utilisateurs)

fait en sorte que le conseil d’administration n’assume pas seul la gestion relative aux activités

quotidiennes. Aussi, les administrateurs n’exercent pas un pouvoir d’autorité sur les membres.

En évoquant le rôle du conseil d’administration vis-à-vis de l’assemblée générale, un membre

affirme : « les rôles ne deviennent pas des rôles d’autorité mais de rationnel » (Entrevue n° 6,

2007).

La grande expérience des membres siégeant au conseil d’administration avantage la coopérative

puisqu’ils ont une bonne connaissance de leurs tâches respectives et en assurent la bonne

exécution [concernant ses collègues du conseil d’administration : « ils sont tous intéressés pis ils

check ça de près […] c’est à nous pis on s’en occupe. » (Entrevue n° 2, 2007)]. Le conseil

d’administration se tient informé de la satisfaction des membres grâce à une présence majoritaire

des membres utilisateurs sur le conseil d’administration « Pour le moment, il n’y a pas de

charpente de feed-back […] il y a 6 personnes autour de la table qui vivent au jour le jour

comme usagers. Aussitôt qu’il y a un différent, ça aboutit ici instantanément. » (Entrevue n° 6,

2007)].

Dans la coopérative B, certains membres du conseil d’administration ne semblent pas connaître

leurs rôles. Par exemple, un administrateur affirme ne pas avoir pris connaissance des règlements

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53

de la coopérative depuis le début de son mandat au conseil d’administration [« - Qui détient les

règles de la coopérative – […] J’ai l’impression que c’est la secrétaire qui est engagée par la

coopérative. Je ne les ai pas lu alors je ne peux pas te dire » (Entrevue n° 3, 2007)]. Les actions

posées par le conseil d’administration répondent donc plus à une gestion de besoins immédiats

plutôt qu’à une planification à long terme [« Non, on arrive pas [En parlant des frais à couvrir

prochainement]. C’est très difficile. C’est pour ça qu’on [les membres du conseil

d’administration] est en question. Ben, les autres personnes sont toutes en vacances c’est pour ça

qu’ils ne sont pas en question [rires] mais moi je suis en question » (Entrevue n° 3, 2007)].

Dans le cas C, plusieurs membres du conseil d’administration démontrent une bonne maîtrise de

la Loi sur les coopératives et des autres lois auxquelles la coopérative doit se conformer. Ils

démontrent également une appropriation de leurs rôles.

« […] est-ce qu’on respecte le budget, est-ce qu’on est correct dans la loi, comment va le fonctionnement global, est-ce qu’on peut faire quelque chose avec les recommandations de chaque comité…aide à recruter et accomplir les règles des membres utilisateurs, on est dans les choses globales […] » (Entrevue n° 4, 2007)

• Connaissance et assimilation des rôles et responsabilités par la direction générale

Dans le cas A, le conseil d’administration s’occupe de combler les rôles et responsabilités qui

relèvent du directeur général (car le poste est inexistant dans la coopérative). Soulignons qu’un

membre assure de façon plus particulière les rôles et responsabilités d’un directeur général.

Celui-ci se présente régulièrement, voir quotidiennement à la coopérative. Grâce à ses visites, les

membres peuvent poser des questions et lui témoigner certaines préoccupations ou

insatisfactions. Le contact fréquent de ce membre à la réalité de la coopérative, ajouté à la

confiance que lui témoignent les membres favorisent une coordination générale des activités

quotidiennes de la coopérative ainsi qu’une vision globale sur les mécanismes de l’organisation.

En ce sens, la description qu’il fait de son rôle est significative :

« mon rôle […] c’est d’arriver à mettre les capacités de chacun dans la même direction. Ce n’est pas de décider, c’est de voir au consensus et au fait que tout le monde tire dans le même sens. […] ce n’est pas l’autorité, c’est l’arrimage des forces » (Entrevue n° 6, 2007).

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54

Dans le cas C, un directeur général, appelé coordonnateur général, est en charge de la

coordination et fait confiance aux capacités des différentes catégories des membres. Voici un

exemple de discours qu’il tient à propos de ses rôles et responsabilités :

« Pour moi c’est vraiment le chef d’orchestre [en référence à son rôle]. L’art de la coopération ce n’est pas de gérer ou de diriger ou de contrôler mais c’est l’art de pouvoir donner des morceaux de pouvoirs, de répartir les pouvoirs…donc chacun sa force, chacun à ses éléments » (Entrevue n° 9, 2007)

Le coordonnateur général de la coopérative C, donne une importance particulière à la répartition

des pouvoirs. Pour ce faire, il respecte les décisions des différents comités de travail de la

coopérative [« au niveau décisionnel, je n’ai pas de droit de veto […] à partir du moment qu’on

a mandaté un comité d’arriver à une décision, on va avec la décision du comité […] » (Entrevue

n° 9, 2007)]. Ce comportement est aussi remarqué chez le membre de la coopérative A dont il est

question dans la présente section du travail [« Quand un comité travaille, moi je n’ai pas

d’autorité là-dessus.» (Entrevue n° 6, 2007)].

Grâce à son implication dans plusieurs comités et l’information qui lui ait rapportée, le

coordonnateur général de la coopérative C est en mesure de transmettre une vision globale des

activités de l’organisation, par le fait même, de transmettre ce portrait général aux membres et

administrateurs. Il perçoit aussi son rôle comme celui « d’un stimulant et médiateur ». Parmi ses

responsabilités, il élabore aussi un plan d’action et établit des relations à l’extérieur de la

coopérative. On remarque que le directeur général du cas C a une influence importante au niveau

de la coordination des activités de l’organisation. Ce phénomène est aussi remarqué pour le cas

A où le membre assumant certaines responsabilités d’un directeur général a aussi une certaine

influence sur la coordination des activités de la coopérative.

La coopérative B n’a pas de directeur général. Anciennement, ce poste existait au sein de la

coopérative mais depuis, un manque de ressource financière serait à la source de la disparition du

poste. Cette absence laisse des traces dans l’organisation se traduisant par certains manques de

coordination.

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55

2.2.1.2 Contrôle

• Contrôle exercé par les membres

Pour la coopérative A, les membres reconnaissent clairement que l’assemblée générale est le lieu

privilégié pour la prise de décision.

« [En parlant du rôle du conseil d’administration] c’est pour runner ici là, toutes les affaires là. – Si y’a quelqu’un qui veut avoir une demande de quelque chose, ils vont demander là. Moi je suis jamais allée mais je sais que c’est de même que ça se passe. Ils le demandent au président et le président passe ça aux assemblées générales pour voir si ça passe […] » (Entrevue n° 1, 2007)

Comme cette pratique est reconnue des membres, ils vont par conséquent remettre en doute les

décisions du président s’ils jugent qu’elles relèvent de l’assemblée générale. À titre d’exemple,

le président dut un jour choisir un membre pour représenter la coopérative à un gala. Sa décision

fut contestée par les membres. Le président reconnu que cette décision ne relevait pas de lui et

elle fut prise plus tard lors d’une rencontre rassemblant tous les membres.

Notons par contre que cette appropriation des membres de leur assemblée générale est

probablement facilitée par le comportement du président à cet égard. Par exemple, celui-ci parle

de l’assemblée générale comme lieu de pouvoir dans une coopérative. Pour lui, il est important

que les membres aient cette conception et il participe à la diffusion de cette idée.

« L’assemblée générale […] le vrai endroit du pouvoir dans une coopérative et c’est là que découle tous les autres pouvoirs. C’est important que ça soit perçu dans la tête mais que ça soit apparent. Donc, il faut prendre les moyens, non seulement qu’ils le savent mais qu’ils le vivent comme la réalité […] » (Entrevue n° 6, 2007)

Dans le cas de la coopérative B, les membres semblent moins informés du projet par conséquent,

des décisions qui relèveraient normalement de l’assemblée générale reposent principalement sur

le conseil d’administration et plus particulièrement, sur quelques membres d’expérience au

conseil d’administration. L’exemple suivant traduit le pouvoir décisionnel laissé aux

administrateurs par les membres de l’assemblée générale : le conseil d’administration est autorisé

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56

à hypothéquer ou donner en garantie tous les biens, meubles ou immeubles de la coopérative6.

Pour cette coopérative, l’assemblée générale des membres qui devrait être l’instance formelle de

contrôle n’a pas nécessairement l’information nécessaire à l’exercice de ses devoirs et

responsabilités.

« Je ne sais si vous avez assisté à une assemblée générale de [nom d’une coopérative]? Ou à une assemblée générale de … C’est un peu pareil dans le sens que les membres vont se fier à leur conseil d’administration. Puis ils vont vraiment faire confiance […] » (Entrevue n° 7, 2007)

Dans le cas C, un système permet aux membres de s’assurer que le conseil d’administration et le

directeur général respectent leur mandat. Chaque composante du système est interreliée : de

l’assemblée générale qui délègue les orientations au conseil d’administration, jusqu’au conseil

d’administration qui mandate le directeur général et plusieurs autres comités de gestion. Les

membres peuvent toutefois prendre connaissance de ces mandats (et donc du respect des

mandats) grâce à l’information accessible et variée diffusée par la coopérative. Pour toutes les

catégories de membres, la mission est une préoccupation importante.

« [Nom de la coopérative] est une coopérative qui correspond bien à son but de départ, de travailler en équipe. Tous les membres ont le même but commun, chaque membre (utilisateur, travailleur, de soutien) sont concentrés sur [un type d’utilisateur]. » (Entrevue n° 4, 2007)

• Contrôle exercé par le conseil d’administration

Dans les coopératives A et B, il n’existe pas de directeur général, par contre certaines

responsabilités (normalement déléguées au directeur général s’il y a lieu) sont déléguées aux

membres ou comités. C’est donc le contrôle de ses membres ou comités qui nous intéresse dans

ces deux cas.

Dans le cas A, des comités de travail sont formés et sont autonomes dans le cadre du mandat qui

leur est attribué [« Quand un comité travaille, moi je n’ai pas d’autorité là-dessus. » (Entrevue

n° 6, 2007)]. La coopérative s’est dotée d’un comité qui sert de régulateur et tous les échanges

s’organisent autour de celui-ci. Ce comité est un lieu de décision privilégié exclusif aux membres 6 De prime abord, la loi mentionne que le C.A. ne peut emprunter, hypothéquer ou donner en garantie les biens de la coopérative sans y être autorisé par un règlement (art. 89, Loi des coopératives).

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57

utilisateurs. [En parlant du comité : « On se rencontre quand on a de besoin ou quand il y a des

décisions à prendre » (Entrevue n° 2, 2007)]. Outre ce comité, les membres ont aussi l’habitude

de parler aux membres du conseil d’administration qui rapporte la question à l’assemblée

générale s’il y a lieu. Grâce à ce comité et à l’accessibilité des administrateurs, on assiste à une

dynamique de contrôle permanent.

Dans le cas B, il n’y a pas d’évaluation réciproque entre les membres et le conseil

d’administration. Aussi, le conseil d’administration exerce peu ou pas de contrôle des activités

déléguées aux autres membres de la coopérative. L’investissement personnel et la confiance

mutuelle semblent être un gage de rendement et de fonctionnalité.

« - Au niveau de la gestion des employés, qui s’occupe un peu plus de la gestion des employés au niveau de la coopératives? – On a nommé [deux personnes] au niveau du conseil d’administration. S’il y a des problèmes au niveau des employés, c’est eux qui vont intervenir. – Comment ils font pour savoir, est-ce qu’ils font des visites? – C’est les employés qui communiquent avec eux. – C’est eux [les deux délégués du conseil d’administration] qui font les paies aussi? - Non, les paies, c’est la secrétaire. – Est-ce qu’il y a une hiérarchie entre les employés? – Non, la secrétaire est au même titre que les autres. » (Entrevue n° 3, 2007); « - Sentez-vous le besoin d’évaluer les employés dans la coopératives? – On peut leur faire confiance. Ils ont montré qu’on peut leur faire confiance. » (Entrevue n° 3, 2007); « ils savent qu’on compte sur eux autres […] On ne les voit pas comme des employés mais vraiment comme des collaborateurs, des gens qui ont a cœur que [la coopérative] réussisse. » (Entrevue n° 7, 2007)

Dans le cas C, il y a présence d’un coordonnateur général. Les administrateurs peuvent évaluer

son action à partir des comptes rendu qu’il fait lors des conseils d’administration. Par ailleurs,

même si le directeur voulait prendre toutes les décisions qui concernent la coopérative, celui-ci

n’y parviendrait pas car le fonctionnement même de la coopérative réparti le pouvoir entre

plusieurs comités autonomes comme par exemple : le comité de gestion du personnel, le comité

éthique, le comité vert, le comité accessibilité, le comité santé sécurité, le comité achat, le comité

social, etc. Dans cette coopérative, l’interdépendance des différentes instances au pouvoir

(l’assemblée générale, le conseil d’administration, le directeur général et des différents comités)

est un thème très présent dans le discours des les membres.

« Mais dans une coopérative c’est pas complètement comme ça parce qu’on est tous associés donc je peux me faire taper sur les doigts mais de toute façon on

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58

travaille tous en partenariat alors on s’assure que c’est bien fait […] » (Entrevue n° 9, 2007)

Même si les membres du conseil d’administration ont établi des mécanismes pour évaluer le

coordonnateur général celui-ci est considéré beaucoup plus comme un lien avec les employés.

C’est la personne qui recueille l’information sur le terrain.

« [Le coordonnateur générale] est responsable de faire le lien entre les employés et le conseil d’administration […] c’est lui qui récolte l’information de tous les comités […] le conseil d’administration est alimenté par [le coordonnateur générale].» (Entrevue n° 4, 2007)

• Contrôle exercé par la direction générale Dans la coopérative A, les employés ne sont pas membres de la coopérative. Un comité distinct,

constitué des membres utilisateurs, exerce une partie de la gestion liée aux ressources humaine,

en laissant une autre aux membres du conseil d’administration. Pour la coopérative B, les

employés sont membres de la coopérative et contactent eux-mêmes un des deux délégués du

conseil d’administration en cas de problème. Aucune évaluation formelle n’est organisée par

quelconque personne ou comité. Dans le cas de la coopérative C, une grande place est laissée à

l’auto-évaluation grâce à une pratique formalisée de jumelage entre pairs. De plus, on remarque

la présence d’une forte culture organisationnelle où l’implication et le travail d’équipe sont

valorisés. Ainsi, les employés qui n’adhèrent pas à cette culture s’en excluent eux-mêmes en

quittant l’emploi.

« On est une gang de passionnés de toute façon, ça aide beaucoup. Ceux qui ne sont pas passionnés, qui sont à côté de la track, le sentent aussi. J’en ai plusieurs aussi qui regarde le train passer et quand ils ne sont pas capables d’embarquer, ils ont quittés. C’est correct, c’est normal, si tu vois que tu embarques pas. Car pour travailler ici ça prend deux passions : la passion [nomme la passion] et la passion du travail d’équipe. » (Entrevue n° 9, 2007)

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59

2.2.2 Transparence et communication

2.2.2.1 Circulation de l’information

• Circulation de l’information au niveau de l’assemblée générale Pour la coopérative A et C, l’assemblée générale est un lieu, parmi d’autres, de transmission de

l’information ce qui fait que les membres ne sont généralement pas surpris des propositions

faites par le conseil d’administration. Pour les deux coopératives, les membres ont de la facilité à

comprendre les données présentées par les administrateurs car ceux-ci ont le souci constant de

vulgariser et d’expliquer l’information. Pour ces deux coopératives, un rapport annuel est remis

aux membres. Pour la coopérative A, le système de circulation de l’information est

majoritairement informel mais très efficace. La majorité des membres se rencontrent

quotidiennement et la nature des activités de la coopérative fait en sorte qu’ils ont beaucoup de

temps pour avoir des discussions entre eux. Dans le cas de la coopérative B, il n’existe pas de

moyen de communication planifié pour diffuser l’information aux membres, sauf lors des

réunions du conseil d’administration, de l’assemblée générale annuelle et lors d’une journée

spéciale où l’on donne de l’information aux nouveaux membres. La dynamique d’échange entre

les membres ne répond pas à une planification ni à un plan d’action élaboré par le conseil

d’administration mais plutôt aux urgences ressenties par chaque membre, selon la

compréhension qu’il a de ses rôles et de ses responsabilités dans l’organisation. On remarque

aussi que les membres ont peu, sinon aucuns contacts avec des membres d’expériences ou

fondateurs, ce qui les empêche d’approfondir leur compréhension globale du projet.

Dans le cas de la coopérative C, on assiste à un système de circulation de l’information complexe

et planifié. Les membres sont informés quotidiennement des décisions et des activités relatives à

la coopérative. Parmi les moyens mis en oeuvre : des publications hebdomadaires, mensuelles et

annuelles distinctes, des calendriers et des horaires sont remis aux membres ou mis en évidence

dans les lieux d’activités centraux. Aussi, de nombreuses activités sont organisées entre les

membres et favorisent la circulation de l’information.

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60

• Circulation de l’information au niveau du conseil d’administration Dans le cas A, suite aux conseils d’administration, un résumé est systématiquement écrit et

diffusé pour informer les membres des principales décisions qui ont été prises. Un membre du

conseil d’administration prend même l’initiative personnelle de faciliter la circulation de

l’information en imprimant des mémos et en les distribuant aux membres utilisateurs. Dans le

cas B, les communications entre les membres du conseil d’administration s’organisent selon les

besoins et non selon un échange constant (tenue d’une réunion ou d’une corvée pour faire

l’entretien de la bâtisse). Une partie des membres peut aussi échanger entre eux à la coopérative

[« C’est pas difficile, on est sur le terrain. Au niveau de la communication, il n’y aucun

problèmes » (Entrevue n° 3, 2007)]. Au niveau de la transmission de l’information aux

employés, 2 employés sur 3 siègent sur le conseil d’administration, ils sont donc au courant des

décisions qui y sont prises. Pour le cas C, il y a un système de communication bien établi qui

s’améliore avec les années [« C’est des beaux outils qui sont toujours à chaque année

perfectibles. Donc à chaque année, il y a quelque chose qui se rajoute, donc ce que tu vois ici, ce

document là qui est quand même assez complet, il a quand même un vécu de vingt ans […] »

(Entrevue n° 9, 2007]. En effet, de nombreux médiums d’information permanents ont été crées

(9 ont été nommés lors de l’entrevue). Ces outils de diffusion de l’information sont préparés par

et pour toutes les catégories de membres renforçant par le fait même la culture organisationnelle

et une certaine coordination mutuelle.

• Circulation de l’information par la direction générale

Pour la coopérative C, le coordonnateur général considère que l’éthique d’une organisation est

directement liée à la fluidité de la communication. Il affirme même que la circulation de

l’information est son principal rôle.

« […] évidement on vient toujours aussi à un principe qui dit que l’éthique de l’entreprise est directement proportionnelle à la fluidité de la communication. Donc il faut une transparence, il faut qu’on aille un réseau de communication, d’échange bien monté, bien structuré, faire en sorte que tout le monde sache. Pas que tout qui décide tout mais tout le monde sache c’est quoi qui a été décidé. Je pense que c’est important que chaque coop. qui se respecte, les personnes doivent savoir ce qui ce passe. …Donc ça c’est un peu…c’est mon principal rôle, c’est de m’assurer ça, que

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l’information circule bien, qu’elle soit fluide… à la fluidité de la communication. » (Entrevue n° 9, 2007)

Dans cette coopérative, il existe une grande variété de moyens pour transmettre l’information. Le

coordonnateur général est responsable d’une partie de la production de ces documents. Au

niveau du contenu, celui-ci a le souci d’y inclure autant d’information pratique que d’information

relative aux valeurs de la coopérative [«Y’a beaucoup d’information pratique pour savoir à quoi

t’en tenir [en parlant de l’information accessible pour les nouveaux membres]. Il faut penser

information pratique mais aussi l’information au niveau des valeurs » (Entrevue n° 9, 2007)].

2.2.2.2 Reddition de comptes

• Reddition de compte par l’assemblée générale Pour la coopérative A, lors des assemblées générales, les membres posent des questions et sont

habilités à évaluer les propositions du conseil d’administration puisqu’ils ont une bonne

compréhension des affaires liées à l’administration et la gestion de la coopérative. Ceux-ci

semblent aussi très ouverts à exprimer leur désaccord [« Si jamais il n’est pas d’accord, il a le

droit…si c’est une question d’aller au vote, il faut y aller » (Entrevue n° 2, 2007)].

Dans la coopérative B, les membres rencontrés ont peu parlé de l’assemblée générale. Lors de la

période d’accueil des nouveaux membres (période déterminée par la nature des activités de la

coopérative), les membres potentiels sont invités à la réunion du conseil d’administration [« À la

[période], il y a une personne de [la coopérative] qui est là pour expliquer aux gens, […] On leur

dit quelles dates il y aura une réunion du conseil d’administration […] s’ils peuvent être

présents. » (Entrevue n° 3, 2007)]. Finalement, concernant la reddition de compte, en terme de

réponse à l’exercice de ses responsabilités de membres (dont la participation à l’assemblée

générale), il est possible que certains membres ne désirent pas participer aux différentes

assemblées étant donné qu’ils habitent loin de la coopérative.

Dans le cas de la coopérative C, l’assemblée générale est un lieu d’accueil pour les nouveaux

membres (cet aspect est influencé par la nature des activités de la coopérative). Les questions

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62

posées par les membres touchent plus particulièrement les aspects liés au budget car l’assemblée

générale est planifiée de façon à être simple et accessible à tous.

« On a simplifié l’assemblée générale en présentant les grandes lignes sur power point et en donnant un rapport annuel contenant plus de détails. Il y a toujours une période de questions. Les questions sont par rapport au budget parce que le fonctionnement est très clair […] » (Entrevue n° 4, 2007)

La participation des membres aux assemblées générales est qualifiée comme bonne [« La

participation est généralement bonne si on compare aux autres coopératives […] » (Entrevue n°

4, 2007)]. Plus précisément, en terme de reddition de compte et le partage de ses insatisfactions

sur les services offerts, les membres utilisateurs vont communiquer directement avec le

coordinateur général ou avec les employés qui feront suivre le message à la bonne personne. Ils

peuvent aussi rejoindre directement les membres du conseil d’administration.

« Les [membres utilisateurs] sont capables de nous rejoindre s’il se passe quelque chose. Ils peuvent nous appeler directement mais généralement les [membres utilisateurs] passent par le coordonnateur ou les [membres travailleurs] qui passent la demande à la bonne personne. » (Entrevue n° 4, 2007)]

• Reddition de compte par le conseil d’administration Pour la coopérative A et C, une reddition de compte du conseil d’administration aux membres est

effectuée lors des assemblées générales annuelles. Aussi, dans les deux cas, le conseil

d’administration informe les membres de ses décisions tout au long de l’année. Dans le cas A, le

conseil d’administration produit un rapport résumant les principales décisions qu’il affiche à la

vue des membres. Dans le cas C, en plus des différents médiums de communication, il est

intéressant d’observer comment tous les membres sont informés grâce à un système de travail

d’équipe coordonné. Par exemple, le conseil d’administration produit un plan d’action triennal

indiquant les objectifs pour 9 secteurs de la coopérative. Un budget, approuvé lors de

l’assemblée générale est aussi alloué pour chacun des secteurs. Les différents comités basent

ensuite leurs actions à partir des grandes orientations données par le conseil d’administration.

Chaque comité organise des rencontres régulières. Par la suite, les responsables de comités vont

aussi se réunir entre eux, accompagné du coordonnateur général. Cette dynamique de reddition

de compte mutuelle fait que l’information circule constamment dans la coopérative et fait en

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63

sorte que les membres restent à l’affût de la nouvelle information. Ce n’est donc pas seulement le

conseil d’administration qui informe de ses décisions mais tous les comités de travail de la

coopérative. Aussi, grâce à cette pratique organisationnelle, le conseil d’administration n’est plus

responsable à lui seul de la circulation de l’information et de la reddition de comptes dans la

coopérative. La reddition de comptes est une pratique formalisée.

Par la citation suivante, nous désirons illustrer comment un participant au conseil

d’administration comprend l’interrelation existante entre les catégories de membres dans sa

coopérative (C). Suite à une question sur les types de décisions déléguées au conseil

d’administration, ce membre répond:

« Les grandes orientations, ça appartient au conseil d’administration. Mais quand on dit conseil d’administration, on s’entend, le conseil d’administration c’est les représentants des membres […] donc finalement, c’est la coop., l’assemblée générale. Le conseil d’administration s’assure de ramasser les bonnes grandes orientations, justement. Et c’est pour ça qu’un plan d’action… vous en avez un aperçu ici en arrière, un plan d’action dans 9 secteurs. Donc, y’a des comptes à rendre au niveau du conseil d’administration, selon le cheminement. À partir du moment qu’on a décidé des actions qu’on [le conseil d’administration] prenait pour les 3 prochaines années et comment qu’on définissait les objectifs par secteurs d’activités. Donc ça, ça appartient au conseil d’administration […] de vérifier comment ça va. […] Même chose évidement, y’a toujours un lien financier qui est important, donc toute la dimension administrative est importante. Encore là, le budget : pas qu’est ce qu’on dépense demain pis comment on choisit tel papier de toilette plutôt que l’autre là, c’est pas à eux autres là, on s’entend. Mais qu’est ce qu’on a comme budget […] D’ailleurs, à l’AG, on rend des comptes. Vous savez comment ça fonctionne. Si on a monté un budget, on a présenté un budget en assemblée générale, et … le budget n’a pas été suivi […] Qui est imputable? C’est le conseil d’administration en premier. Donc le conseil d’administration et également, la direction générale qui est aussi imputable que le conseil d’administration. Au moins le conseil d’administration à ce côté-là pour dire « ben là le directeur général n’a pas fait son travail » mais on s’entend, moi je suis à l’emploi du conseil d’administration donc, si moi je fais pas mon travail, si le conseil d’administration a d’l’air fou, moi je peux perdre ma job en! Donc moi aussi je fais attention (rires). Mais dans une coopérative c’est pas complètement comme ça parce qu’on est tous des associés. …donc je peux me faire taper sur les doigts. Mais de toute façon on travaille toute en partenariat alors on s’assure que c’est bien fait. » (Entrevue n° 9, 2007)

Dans le cas B, les membres rencontrés ont donné peu de détails par rapport à la reddition de

comptes du conseil d’administration à l’assemblée générale. L’intérêt des membres pour les

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affaires de la coopérative semble être associé au fait qu’ils doivent débourser de l’argent [« Les

gens ont à débourser alors je pense que les gens ont un intérêt à voir ce qui ce passe.» (Entrevue

n° 3, 2007)]. La coopérative s’est munie de comités pour la gestion des affaires liés à la

coopérative. Ce comité relève du conseil d’administration. Les entrevues ne nous permettent

toutefois pas de connaître jusqu’où le conseil d’administration est autonome dans ses décisions.

« Tous les dossiers importants sont traités au niveau du conseil d’administration. C’est à ce moment là que les décisions se prennent. Par contre, on a créé de comités pour ne pas être obligé de déranger tout ce monde là [en référence aux membres du conseil d’administration] pour en problème en particulier : je parlais plutôt de [nom d’un comité], c’est est un. Il y a un petit comité pour le reste de l’immeuble, pour les choses mineures à réparer. On ne va pas faire le tour du conseil d’administration, on a nommé des gens qui sont compétents, qui vont s’occuper de ce volet […] Donc se sont des délégués et s’ils se sentent inconfortables dans la prise de décisions, on va voir le conseil d’administration tout simplement » (Entrevue n° 7, 2007)

• Reddition de comptes par la direction générale Pour la coopérative A, les comités ne rendent pas compte de leurs actions de façon formelle,

toutefois, la proximité des membres entre eux et le grand nombre de membres utilisateurs sur le

conseil d’administration font en sorte que le conseil d’administration est vite mis au courant des

travaux exécutés par ces comités [« Pour le moment, il n’y a pas de charpente de feed-back

[charpente de feed-back : en référence à une pratique établie dans l’organisation pour permettre

la circulation de l’information des membres vers le conseil d’administration] […] il y a 6

personnes autour de la table qui vivent au jour le jour comme usagers. Aussitôt qu’il y a un

différent, ça aboutit ici instantanément. » (Entrevue n° 6, 2007)].

Pour la coopérative B, nous l’avons déjà souligné, la confiance mutuelle est un trait qui

caractérise les relations entre les membres du conseil d’administration et les employés. Cette

confiance mutuelle fait en sorte que les membres du conseil d’administration ne semblent pas

voir l’importance de créer des mécanismes de reddition de compte. Des délégués sont nommés

par le conseil d’administration et contactent celui-ci quand ils en voient le besoin. Ils ne le font

pas dans une optique de rendre des comptes [« […] on a nommé des gens qui sont compétents,

qui vont s’occuper de ce volet […] » (Entrevue n° 7, 2007)].

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65

Dans le cas C, des aspects de la gestion et de l’administration sont répartis entre le coordonnateur

général et des comités. Sur un de ces comités, le comité de gestion du personnel, siègent tous les

responsables des autres comités. Ainsi, une fois par semaine, ces responsables réunis discutent et

sont en mesure d’évaluer plus globalement les affaires de la coopérative. Ceux-ci prennent aussi

des décisions [« Moi aussi je fais parti de ça…des types de rencontres qui s’appelle les

rencontres de gestion. Une fois par semaine y’a des réunions de gestion. Vont faire en sorte

qu’on va s’informer, qu’on va se vérifier pour telle et telle chose. » (Entrevue n° 9, 2007)].

Grâce à ce comité, le coordonnateur est à l’affût des affaires de la coopérative et peut en rendre

compte de ses actions et des actions des comités au conseil d’administration par la suite. Dans la

coopérative C, les bonnes relations, la complémentarité, la confiance mutuelle et le respect des

rôles et responsabilités réciproques sont présents entre les membres.

« L’ambiance de travail est bon, oui. Ça arrive parfois qu’on n’ai pas d’accord, on a des bonnes discussions…à un moment donné c’est important qu’on confronte, c’est normal qu’on discute […] » (Entrevue n° 8, 2007); « Quand un comité travaille, moi je n’ai pas d’autorité là-dessus. » (Entrevue n° 6, 2007); « […] Esprit d’équipe…chacun ses forces…chacun sa place et peut faire avancer son équipe. Chacun est à sa façon indispensable. La richesse de la multidisciplinarité. Ça on en a pas parlé beaucoup mais c’est une grosse richesse de notre entreprise […] (Entrevue n° 6, 2007).

Ces éléments permettent, malgré la présence d’une hiérarchie, des relations égalitaires qui

facilitent l’échange de l’information et l’évaluation mutuelle [« À différent moment de l’année,

on se partage la responsabilité, on regarde les comités, je m’occupe de réparer, supervision des

stagiaires, de parrainage. » (Entrevue n° 8, 2007)]. Aussi, il semble que rendre des comptes de

ses actions soit motivé par le désir d’accomplir la mission de la coopérative.

« Donc on travaille…une relation d’égal à égal. Je pense que c’est la force qui permet une fluidité de communication. Y’a pas de grosses barrières de communication. Parce que dans le fond, comme on dit, on a 1 patron à tout le monde, c’est notre mission. Donc on a un patron qui est en haut, la mission, pis tout le monde on travaille en fonction de la mission. » (Entrevue n° 9, 2007)

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66

2.2.2.3 Consultation

• Consultation par l’assemblée générale

Pour la coopérative A, les membres sont en contact très fréquent, voir quotidiennement avec

plusieurs administrateurs de la coopérative. Ces échanges informels sont dus à la grande

préoccupation des membres pour le bon fonctionnement quotidien du projet et pour la réussite à

long terme de la coopérative. Il faut aussi noter que les membres utilisateurs ont un lien d’usage

très fort avec leur coopérative et que les membres en général ont une reconnaissance réciproque

de leurs qualités, habiletés et/ou compétences. Ces éléments facilitent le processus de

consultation réciproque.

« Les gens sont créateurs »; « Les gens ici avant d’aller voir un spécialiste, ils vont regarder ce qu’ils peuvent faire avant. Ça c’est culturel. Les gens sont comme ça » (Entrevue n° 6, 2007); « Les gens écoutent, les gens s’impliquent […] C’est beau, sont ben ben beau. »; « Y’en a une de l’extérieur qui a un jugement sur et impartial et, côté humain c’est développé mais aussi côté affaires […] (Entrevue n° 2, 2007); « Elle est avancée là dedans, c’est elle qui tape à l’ordinateur qui fait toute là dedans, elle est très bonne, très bonne […] »; « Pis on a un bon pour justifier les affaires là […] le monde comprend tout… la manière qu’il explique ça […] » (Entrevue n° 1, 2007)

Pour le cas B, les témoignages recueillis ne nous permettent pas d’évaluer le comportement des

membres utilisateurs par rapport à la consultation. Pour les membres travailleurs, la présence de

deux membres travailleurs (sur trois) au conseil d’administration leur permet de consulter sur

une base plus régulière (1 fois par mois). Aussi, la quasi inexistence d’activités sociales ne

permet pas aux membres d’échanger librement sur leurs pratiques et de prendre un recul

volontaire sur celles-ci.

«Dans des organisations comme celle-là, neuf personnes sur dix sont sollicitées par toutes sortes d’organismes et ça devient difficile de rassembler tout ce monde là. » (Entrevue n° 3, 2007)

Dans le cas C, l’organisation d’activités récurrentes, sur une base hebdomadaire mensuelle et

annuelle, permet aux membres de se consulter fréquemment entre eux, en plus des efforts mis

dans l’organisation de l’assemblée générale. L’assemblée générale est planifiée pour être

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dynamique [« […] on organise toujours des activités […]» (Entrevue n° 4, 2007)] et accessible à

tous les types de membres, incluant les nouveaux.

« L’ambiance est très bonne parce qu’on a abrégé la quantité d’informations qu’on donne parce que c’est sur qu’il se passe plein de choses […]. Moi j’essaie toujours de me replacer dans ma première assemblée générale annuelle : “mais de quoi ils parlent”, c’est comme très abstrait […] » (Entrevue n° 4, 2007).].

Notons que dans cette coopérative, il est fréquent que les membres se consultent avant de

prendre des décisions plus importantes ou pour appuyer une intervention. Cette culture

organisationnelle d’appuyer ses décision par un « second avis » est facilitée par des jumelages

entre collègues, entre pairs [« […] espace pour partager… on a beaucoup de moyens, par

exemple, parler avec le coordonnateur. Dans les comités, si je ne me sens pas bien, je parle avec

mon jumelle […] » (Entrevue n° 8, 2007)].

• Consultation par le conseil d’administration

Dans le cas A, les membres du CA font de la consultation permanente auprès des membres

puisque certains membres de soutien visitent souvent la coopérative et que plusieurs

administrateurs utilisent de façon permanente les services de la coopérative.

Dans le cas B, le processus de consultation repose surtout sur le leadership de quelques membres

à cause de leur expérience ou leur ancienneté. Les membres du conseil d’administration n’ont

donc pas le réflexe de consulter les membres mais plutôt de se référer à ces membres pour des

décisions importantes.

« Il y a des personnes avec beaucoup plus d’expérience, qui sont là depuis le début qui vont peut-être plus prendre la place, c’est un gros mot là mais ils vont me donner une chance. Au niveau des sous, tout ça, eux sont au courant alors ils vont prendre la place […] » (Entrevue n° 3, 2007)

Dans le cas de la coopérative C, plusieurs membres du conseil d’administration sont en contact

quotidien avec la coopérative et les membres se sentent consultés et impliqués. La consultation

est une valeur importante au sein de l’organisation puisqu’on considère qu’elle permet de

s’enrichir de l’autre et d’améliorer ses pratiques. Les administrateurs, par le biais du

coordonnateur général et des comités, ont l’habitude de consulter les membres. La coopérative

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68

effectue également de la consultation à l’extérieur de la coopérative en assistant à diverses tables

de concertation sectorielles.

« Milieu coop., c’est pareil. Je suis dans le milieu des coopératives, je suis au conseil d’administration de la [nom d’un organisme] donc ça c’est de la formation tout ça là. Donc tu ne vas pas te former si tu restes fermé dans ton milieu. Tu vas être formé par rapport à ton milieu, oui mais si tu veux en apporter plus à ton milieu, il faut pas que tu aies peur d’aller ailleurs.» (Entrevue n° 9, 2007)

• Consultation par la direction générale

Dans le cas A, des exemples tirés de trois témoignages témoignent de l’implication régulière de 2

administrateurs au sein des activités quotidiennes de la coopérative. Ce contact régulier avec la

coopérative leur permet d’effectuer une certaine consultation des membres. Dans le cas B, nous

n’avons pas trouvé de données permettant de définir la consultation des membres.

Pour le cas C, le coordonnateur général va appuyer ses décisions à partir d’un second avis [« Y’a

un principe qui est général ici […] y’a jamais de décision prit sans avoir un deuxième avis […]

» (Entrevue n° 9, 2007); « […] jamais le coordonnateur prend des décisions seul […] »

(Entrevue n° 8, 2007)]. Son attitude ouverte le rend non seulement accessible aux membres mais

lui permet d’avoir un contact privilégié avec les gens du terrain pour appuyer ses décisions.

«Une chose qui nous aide beaucoup à la coordonnation, sauf le comptable, c’est qu’on a tous gardé la présence […] donc on travaille sur le terrain. Ça c’est une chose qui nous rend très accessible. On n’est pas sur un piédestal où dans notre bureau en haut, dans notre tour d’ivoire, on fait du terrain. Ça nous permet de côtoyer notre monde au quotidien. Si y’a des choses des évaluations, des ajustements à faire on peut les faire et eux autres mêmes, ça leur permet de nous prendre en défaut…Ça aussi donc on a une relation d’égal à égal à ce moment là.» (Entrevue n° 9, 2007)

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2.2.3 Gestion démocratique

2.2.3.1 Implication

• Implication des membres

Pour la coopérative A, l’implication de tous les types de membre est très forte. Certains membres

sont présents depuis les débuts de la coopérative et témoignent de leur implication quotidienne

pour contribuer à la réussite du projet. Aussi, une grande importance est donnée au bénévolat.

Pour un des membres, le bénévolat s’insère dans une mentalité où une bonne action n’est pas un

effort fait pour les autres mais une action positive pour soi-même et les autres.

« La notion de charité n’existe pas pour moi et pour les autres. C’est toujours un plaisir de s’investir en sachant que les premiers à en profiter c’est nous-même car…ici on peut demander n’importe quoi à n’importe qui et s’il est capable de le faire, il va le faire avec plaisir et jamais il va avoir un soupçon d’intention de demander […] » (Entrevue n° 6, 2007); « Y’a comme un esprit ici qui fait que le bénévolat et l’entraide sont très forts. » (Entrevue n° 2, 2007)

Pour la coopérative B, la coupure entre, d’une part les membres travailleurs, de soutien et

administrateurs et d’autre part les membres utilisateurs, fait que ces derniers sont moins

impliqués (sauf pour les membres utilisateurs présents sur le conseil d’administration).

Dans le cas C, l’implication en générale est forte, bien qu’une catégorie de membres semble plus

impliquée que d’autres vu les caractéristiques de leur lien d’usage avec la coopérative. Par

ailleurs, la moins grande implication d’un type de membre dans la coopérative a semblé éveiller

l’insatisfaction d’un répondant à cet égard. Malgré cette implication inégale des membres, la

conception de la participation et de l’implication est cohérente pour tous les témoignages

recueillis et la coopérative détient même d’un comité qui s’interroge et met en pratique des

moyens pour favoriser l’implication des membres :

« […] on a créé le comité vie coopérative…membres utilisateurs, membres travailleurs, de soutien… on a fait des entrevues, des sondages pour s’investir. Est-ce qu’on doit imposer la participation ou qu’est ce qu’on fait? On cherche toujours des moyens pour que les membres s’impliquent […] » (Entrevue n° 8, 2007)

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• Implication du conseil d’administration

Dans le cas A, le lien d’usage est fort et cela se traduit par un sentiment d’appartenance marqué

avec une disposition très positive des membres du conseil à s’impliquer dans toutes les activités

de la coopérative [« Chez nous, c’est à nous puis on s’en occupe. » (Entrevue n° 2, 2007)].

Dans le cas B, l’implication est forte mais la participation variable selon les disponibilités des

administrateurs. Ceux-ci ont, pour la plupart, un emploi à l’extérieur de la coopérative et certains

témoignages reflètent la grande exigence que requiert une implication comme administrateur

[« Ça prend beaucoup de temps […] » (Entrevue n° 2, 2007)]. Aussi, il semble que la moins

grande fluidité de l’information dans la coopérative fait en sorte que le bon fonctionnement de la

coopérative repose beaucoup sur l’implication et la participation du conseil d’administration.

« Notre erreur est que quand la coopérative est partie, on a peut-être moins informé ces gens-là, ce qui fait que aux yeux des gens, aux yeux du milieu, tout allait bien, tout est beau, ça semblait aller sur des roulettes. À un moment donné il a fallut sonner l’alarme. On ne peut continuer indéfiniment comme ça, ça nous prend du monde, ça nous prend des gens pour nous faire connaître, pour en parler, tout ça. » (Entrevue n° 7, 2007)

Dans le cas C, l’implication des membres du conseil d’administration est forte. Même s’ils ont

aussi pour la plupart des obligations à l’extérieur de la coopérative, la fluidité de la circulation de

l’information et la grande autonomie réciproque entre les différentes catégories de membres

prévient le surmenage des administrateurs. Ainsi, une réunion du conseil d’administration dure à

peu près trois heures et comme l’affirme un administrateur : « […] c’est à peu près trois heures

une réunion et c’est bon pour trois moi […] » (Entrevue n° 4, 2007) ».

• Implication de la direction générale

Par son comportement, le coordonnateur général de la coopérative C encourage l’implication des

membres sans profiter de sa position pour en abuser. Pour lui, il est normal que l’implication de

chacun fluctue et voit l’importance de la reconnaître.

« […] il y a une chose qu’il faut comprendre dans une entreprise qui a une longévité, qui a une histoire, l’implication des membres, ça fluctue. » (Entrevue n° 9, 2007); « Ce qu’il faut comprendre aussi c’est qu’à un moment donné, tu as des

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reconnaissances de l’implication. Il ne faut pas que tu abuses de l’implication de certaines personnes […] » (Entrevue n° 9, 2007)

Il est lui-même très engagé au développement d’une mentalité coopérative et donne l’exemple

par ses propres agissements [« […] il veut que tout le monde s’implique, pour lui, l’aspect

coopérative est le plus important, c’est très clair. Il partage, il dégage. » (Entrevue n° 8, 2007)].

Il sait faire confiance aux membres et s’en donne le rôle [« Faire confiance au monde aussi ça

fait parti du rôle de coordonnateur […] » (Entrevue n° 9, 2007)].

2.2.3.2 Participation

• Participation des membres

Dans le cas A et C, il ressort un souci constant des membres pour équilibrer tâches et plaisir lors

de réunions. Par ailleurs, certains leaders encouragent l’idée selon laquelle la participation des

membres est plus motivée par le plaisir qui en découle et non par obligation. Dans le cas A, les

membres démontrent un engouement pour l’assemblée générale qu’ils considèrent comme un

lieu d’informations privilégiées. C’est aussi là où se prennent des décisions qui les concernent

fortement (fort lien d’usage) [« - À la fin d’une réunion êtes-vous tannés ou contents? – Non,

sont bien plus contents, sont renseignés! - Ben oui, on est contente de faire notre assemblée, on a

hâte […] » (Entrevue n° 1, 2007)].

Pour la coopérative C, l’assemblée générale est perçue comme un moment agréable où

l’information est accessible à tous.

«L’ambiance est bonne parce qu’on a abrégé la quantité d’informations qu’on donne […] nous on en entend parler à tous les mois, on a des suivis, là-dessus on sait ce qui ce passe… Pour le commun des mortels qui rentrent pour la première fois en assemblée générale, qui ne connaît pas ça… Moi j’essaie toujours de me replacer dans ma première assemblée générale annuelle, “mais de quoi il parle”, c’est comme très abstrait » (Entrevue n° 4, 2007); « la chose qui me frappe c’est que l’assemblée générale n’est pas une chose administrative, c’est pour être ensemble, on parle de vie. On présente des choses formelles qui sont plates mais on le fait d’une façon que tout le monde comprend, pour que tout le monde s’intéresse. Les assemblées générales sont cools! » (Entrevue n° 8, 2007)

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Tout au long de l’année, différents comités mandatés par le conseil d’administration permettent

aux membres de débattre sur des idées et d’exercer un pouvoir dans la gestion et l’administration

quotidienne des activités de la coopérative. Il ressort que la majorité des membres de la

coopérative C n’est pas surprise de l’information et des suggestions apportées en assemblée

générale par le conseil d’administration. Par ailleurs, chaque membre peut enligner son action à

partir d’objectifs précis qui découlent eux-mêmes d’autres objectifs généraux et de certaines

orientations clairement définies à tous les acteurs de la coopérative.

Pour la coopérative B, le niveau de participation aux activités repose grandement sur les

disponibilités des membres impliqués au conseil d’administration. Par ailleurs, le manque de

sensibilisation et de promotion pour le projet diminue la probabilité d’attirer de nouveaux

membres. Certains sièges au conseil d’administration sont d’ailleurs non comblés (problématique

de relève).

Dans le cas des coopératives B et C, les entrevues ne nous permettent pas de statuer sur la

fréquence de rotation des membres siégeant au conseil d’administration. Pour la coopérative A,

la rotation des membres utilisateurs au conseil d’administration est faible [« Pas beaucoup de

changement, 1 ou 2 depuis 4 ans »; « Pas eu de rotation de la présidence […] » (Entrevue n° 6,

2007)].

• Participation du conseil d’administration Pour le cas A, la participation au conseil d’administration est forte et celle-ci est alimentée par le

fait que chacun est valorisé dans son rôle d’administrateur. Les témoignages d’appréciation

mutuelle en témoignent :

« Y’a [nom de la personne], elle est secrétaire […] Elle est avancée là dedans […] elle est très bonne, très bonne. » (Entrevue n° 1, 2007); « je reviens sur le côté dans lequel les gens sont habitués, sur la valorisation des compétences de chacun […] » (Entrevue n° 6, 2007); « Y’en a une de l’extérieur [un membre de soutien] qui a un jugement sur et impartial, et côté humain, c’est développé mais aussi côté affaires. Elle va écouter et ensuite donne son opinion » (Entrevue n° 2, 2007).

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Dans le cas B, il existe une bonne participation des administrateurs, en termes de présence au

conseil d’administration [« L’implication des membres du conseil d’administration c’est bon »

(Entrevue n° 3, 2007)] mais aussi en terme de temps bénévole consacré à la coopérative [« C’est

beaucoup de bénévolat. Il y a la bâtisse à entretenir…- […] ça déborde des conseils

d’administration j’imagine? – Oui, c’est ça. » (Entrevue n° 3, 2007)]. Cependant, en conseil

d’administration, l’aspect décisionnel repose sur quelques membres.

« Vu que le trésorier, un grand manitou, est parti en vacances, c’est difficile de prendre la décision […] » (Entrevue n° 3, 2007); « Il y a des personnes avec beaucoup plus d’expérience, qui sont là depuis le début qui vont peut-être plus prendre la place, c’est un gros mot là mais ils vont me donner une chance. Au niveau des sous, tout ça, eux sont au courant alors ils vont prendre la place […] » (Entrevue n° 3, 2007)

Dans le cas C, la participation est forte et est certainement alimentée par l’expérience et la

grande organisation de la coopérative [« On regarde si on suit notre plan de match, on regarde le

plan triennal sur quoi on avance. Le coordonnateur qui s’occupe du quotidien […] On s’assure

que chaque [clientèle] a le meilleur service possible pour l’argent qui est disponible » (Entrevue

n° 4, 2007)]. Aussi, la participation au conseil d’administration est perçue comme un échange

réciproque. En parlant du profil pour un bon candidat au poste d’administrateur, un membre

répond : « Il n’y en a pas, il faut être ouvert et être prêt à donner et recevoir » (Entrevue n° 4,

2007).

2.2.3.3 Engagement des membres face à la coopérative (lien d’usage)

Pour la coopérative A, le lien d’usage est très fort [«Chez nous c’est à nous pis on s’en

occupe […] » (Entrevue n° 2, 2007)] et la distance n’est pas un facteur qui restreint la

participation des membres aux activités de la coopérative. Dans le cas B, le lien d’usage est fort

mais certains membres peuvent habiter loin de la coopérative ce qui rend plus difficile leur

participation [« C’est difficile d’aller chercher les [membres utilisateurs] parce qu’il y en a

plusieurs qui restent à l’extérieur […] » (Entrevue n° 3, 2007)]. Dans le cas C, le lien d’usage est

fort et la distance n’est pas non plus un élément qui empêche les membres de participer aux

activités de la coopérative.

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« Pour les membres utilisateurs, on sollicite la participation mais les travailleurs sont tellement organisés et efficaces que des fois, c’est seulement à la dernière minute, mais quand même, il y a des [membres utilisateurs] qui s’offrent, qui viennent. » (Entrevue n° 4, 2007)

2.2.3.4 Engagement face à la communauté

• Engagement des membres face à la communauté Pour la coopérative A, l’engagement des membres de la coopérative envers la communauté est

un geste automatique et gratuit puisque le projet de la coopérative émerge de la mobilisation de

la population locale. Le cas B a aussi émergé du désir d’acteurs locaux mais, bien que de

nouveaux acteurs du milieu aient pris le relais, la communauté n’est plus tellement impliquée

dans le projet de la coopérative.

« Notre erreur est que quand la coopérative est partie, on a peut-être moins informé ces gens-là, ce qui fait qu’aux yeux des gens, aux yeux du milieu, tout allait bien, tout est beau, ça semblait aller sur des roulettes. À un moment donné il a fallu sonner l’alarme. On ne peut continuer indéfiniment comme ça, ça nous prend du monde, ça nous prend des gens pour nous faire connaître, pour en parler, tout ça. » (Entrevue n° 7, 2007)

Aussi, la coopérative s’implique peu dans la communauté par manque de temps. Dans le cas C,

on assiste à une présence permanente des membres à l’extérieur de la coopérative car la

participation aux événements externes à la coopérative s’insère dans une stratégie de valorisation

des membres. L’échange et la collaboration entre la coopérative et la communauté sont aussi un

geste structuré et planifié depuis plusieurs années.

« On est très impliqué, on offre des services, des conférences sur [nom d’un domaine] et sur [nom d’un domaine] […] il y a des cours qui sont donnés, […continue l’énumération de 4 autres organismes avec lesquels ils sont impliqués]. » (Entrevue n° 8, 2007)

• Engagement du conseil d’administration face à la communauté Dans le cas A et C, on assiste à un engagement réciproque entre la coopérative et son milieu. Par

exemple, des organismes de la communauté vont même faire appel à la coopérative pour profiter

de certains services gratuitement comme l’emprunt de locaux. La coopérative est par ailleurs

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75

reconnue officiellement, par le biais de mentions, pour son aspect innovateur. Dans le cas B, il y

a méconnaissance du projet par la communauté, mais la coopérative est soutenue par quelques

institutions de la communauté en leur prêtant des locaux ou en participant à des travaux de

rénovations. En général, les membres sont conscients que le manque de publicité et de

connaissance de la population envers le projet de la coopérative défavorise son développement.

L’absence de publicité continuelle est quelque peu compensée par le fait que plusieurs

administrateurs sont des délégués d’organismes communautaires influents. Dans le cas C, la

coopérative jouie d’une reconnaissance de son secteur d’activité et des différentes institutions

avec lesquelles collabore la coopérative. La coopérative est impliquée au sein de plusieurs autres

organisations du secteur.

« Des exemples…on pourrait en avoir plusieurs. [Nom d’une reconnaissance], ça on est reconnu […] Depuis 1997 officiellement, on est reconnu pour la profondeur au niveau du programme [nom du programme] […] Niveau coop., des reconnaissances au niveau de notre apport […]» (Entrevue n° 3, 2007); « C’est certain que pour nous, le premier engagement de la coopérative est de travailler de concert avec tous les organismes sociaux pour aider [nom d’un secteur]. » (Entrevue n° 3, 2007)

• Engagement de la direction générale face à la communauté Le coordonnateur de la coopérative C est très engagé à l’extérieur de la coopérative, autant dans

le cadre de son travail, qu’à l’extérieur, et cette implication à des retombées sur la

reconnaissance de la coopérative par la communauté.

2.2.3.5 Efficacité décisionnelle

• Efficacité décisionnelle des membres

Pour le cas A, la grande participation de certains membres du conseil d’administration dans les

activités de la coopérative, dont un des leaders initiaux du projet, a permis de diffuser une

pratique de débat argumentaire à tous les membres.

« Mais je pense que c’est notre habitude à ne pas faire de montagnes avec des riens. Chaque chose à sa valeur rationnelle. Ça m’apparaît tellement important de ne pas partir sur un raz de marée émotif […] Regardons les choses en face, les

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raisons pours, les raisons contres et c’est devenu un réflexe je pense. Cette volonté de voir les choses selon les arguments. » (Entrevue n° 6, 2007)

Aussi, les débats d’idées sont considérés comme un signe d’appropriation des membres et de

santé pour la coopérative [« […] au contraire, c’est le signe d’une santé que les gens apportent

des arguments contre ça, que ça parle, ça parle, c’est battu! Bravo mais ça se bat au nom du

rationnel […] » (Entrevue n° 6, 2007)].

Autant pour la coopérative A que C, un partage clair des rôles et responsabilités donne un

pouvoir d’action individuel mais coordonné aux membres et favorise le processus décisionnel

dans la coopérative.

Pour la coopérative B, une vision restreinte des aspects importants relatifs à la gestion et

l’administration de la coopérative fait que l’efficacité décisionnelle ne repose pas sur l’ensemble

des membres de la coopérative mais sur ses administrateurs.

• Efficacité décisionnelle du conseil d’administration Concernant la réunion du conseil d’administration, dans les trois cas, l’ordre du jour et les

échéances sont respectés et les administrateurs interrogés la qualifient positivement.

« […] il y a un beau climat. Un beau climat, justement je parle de la communication tantôt. Je vois pas la notion de cliques, de sous groupe […] » (Entrevue n° 9, 2007); « […] oui, on a des belles réunions car on est capable de s’expliquer sans se fâcher […] » (Entrevue n° 2, 2007); « Je pense que la liberté d’expression est vraiment là autour de la table. » (Entrevue n° 7, 2007)

Dans le cas A une pratique reconnue par tous les administrateurs est d’avoir des discussions à

partir d’arguments logiques et non émotifs.

Dans le cas B, on y encourage l’expression [« C’est le fun parce que quand quelqu’un parle […]

on a différents sons de cloche. Des fois quand on veut prendre une décision vite, un [membre] va

nous amener un argument auquel on avait pas pensé. » (Entrevue n° 7, 2007)]. Aussi, selon un

membre, les riches échanges lors des conseils d’administration sont beaucoup liés à la qualité de

la présidence [« Mais je pense que la qualité de la présidence qui fait beaucoup, le président qui

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77

donne des paroles, qui laisse les gens parler, les respect des opinions de chacun, c’est très très

important […] » (Entrevue n° 7, 2007)]. Les réunions du conseil d’administration sont tout aussi

efficaces. Une impression de manque de temps est présente entre les réunions du conseil

d’administration [«L’essoufflement je le sens maintenant, mais ce n’est pas autour de la table

non. C’est le temps qui nous manque aussi » (Entrevue n° 3, 2007)]. Un témoignage nous fait

comprendre que la planification financière repose principalement sur un certain nombre de

membres plutôt que d’être une responsabilité partagée.

« Il y a des personnes avec beaucoup plus d’expérience, qui sont là depuis le début qui vont peut-être plus prendre la place, c’est un gros mot là mais ils vont me donner une chance. Au niveau des sous, tout ça, eux sont au courant alors ils vont prendre la place […] » (Entrevue n° 3, 2007)

Dans le cas A et le cas C, certains membres du conseil d’administration ont témoigné d’une

expérience particulière permettant une bonne connaissance des démarches administratives du

milieu.

«J’ai travaillé toute ma vie à l’organisation communautaire […] » (Entrevue n° 6, 2007), « Dans ma vie, j’ai parti une cinquantaine d’affaires […] » (Entrevue n° 6, 2007); « Ça nous amène dans des dossiers de connaissance de tous les rouages, des démarches administratives et tout ça… Ça prend un intérêt immense à ce niveau là. Pourtant, je ne suis pas un gars de bureaucratie mais il faut être capable d’aller vers ça et de comprendre ça et comment aller gérer la fameuse loi, règlements, comment travailler avec ça […] » (Entrevue n° 9, 2007)

• Efficacité décisionnelle de la direction générale

Dans le cas C, le coordonnateur valorise la participation des membres sans vouloir en abuser. Par

ailleurs, des pratiques de conciliation travail-famille sont établies dans la coopérative, ce qui

motive les employés et permet d’éviter de faire de la discipline. Aussi, l’appropriation des

membres travailleurs de leur coopérative (par exemple en proposant leur propre horaire de travail

ou par la sensibilité à la mission) fait qu’ils donneront le meilleur d’eux-mêmes [En parlant de

l’implication des membres : « quand une vision […] quand tu te vois dans l’entreprise […] tu te

sens interpellé par l’entreprise tu finis toujours par donner ce que tu peux donner, ce que tu vas

donner en qualité […] » (Entrevue n° 9, 2007)]. Mentionnons aussi que le coordonnateur général

a le souci que les membres aient du plaisir lors des réunions et que les réunions soient efficaces

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[« Il faut ça, ça aussi ça fait partie de mon travail, m’assurer des deux côtés : il faut qu’ils aient

du plaisir, il faut que ça se fasse bien, fluide mais il faut aussi qu’il y ait de décision, que ça soit

efficace […] » (Entrevue n° 9, 2007)].

2.2.3.6 Représentativité

• Représentativité des membres Dans tous les cas étudiés, des règles formelles (règlements de la coopérative) protègent les

membres d’un abus de pouvoir en terme de proportion au sein du conseil d’administration et en

terme d’organisation des collèges de types de membres lors des assemblées générales. Dans le

cas A et C, les présidents parlent fréquemment de l’assemblée générale comme lieu de pouvoir.

« Souvent les conseils d’administration prennent ça [l’assemblée générale] pour la caution de ce qu’ils font alors qu’une assemblée générale, c’est pas l’assemblée générale du conseil d’administration, c’est celle des membres. Pas la nôtre. Le vrai droit de parole il n’est pas en avant, il est là. En commençant, ils disent toujours ça, c’est pas notre assemblée générale, c’est votre assemblée générale.» (Entrevue n° 6, 2007); « D’ailleurs, à l’assemblée générale, on rend des comptes. » (Entrevue n° 9, 2007)

• Représentativité du conseil d’administration Dans le cas A, la coopérative détient deux catégories des membres. Dans le cas B et C, il existe

trois catégories de membres. Dans les trois cas, un règlement de régie interne prévoit un plus

grand nombre de sièges aux membres utilisateurs. Dans le cas B, les membres de soutien sont

ceux qui exercent le plus de pouvoir pour les décisions formelles.

« - Vous dites qu’il y a deux fondateurs au niveau du conseil d’administration? -[…] je pense que c’est plus [noms des organismes] qui ont travaillé, avec Monsieur [nom]. (Entrevue n° 3, 2007) »; « Il y a des personnes avec beaucoup plus d’expérience, qui sont là depuis le début qui vont peut-être plus prendre la place, c’est un gros mot là mais ils vont me donner une chance. Au niveau des sous, tout ça, eux sont au courant alors ils vont prendre la place […] » (Entrevue n° 3, 2007)

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2.2.4 Leadership

2.2.4.1 Vie associative et vie entrepreunariale

• Les membres et la vie associative / entrepreunariale Pour la coopérative A, la nature de la coopérative fait que la vie associative s’organise au

quotidien. De plus, la participation de la communauté est tellement présente à la coopérative

qu’elle alimente aussi la vie associative.

« Y’a beaucoup d’informel […] le dynamisme des gens varie beaucoup […] »; « Et la communauté est tellement présente autour qu’il peut se produire à tout bout de champ des événements communautaires qui font que tout d’un coup, ça se bouleverse ici rapidement […] des dîners communautaires, des fêtes, c’est pleins d’activités, des sorties, […] y’a beaucoup de visites qui vient ici. » (Entrevue n° 9, 2007)

Pour la coopérative C, plusieurs types de réunions sociales favorisent la vie associative et la

création de liens d’amitié entre les membres.

« […] il y a une soirée sociale dans l’année généralement, il y a la corvée du printemps, l’été et l’automne, on essaie d’impliquer les membres […] la fête de Noël […], la cabane à sucre […] le grand financement » (Entrevue n° 4, 2007); « nos rencontres du mardi soir […] une petite formation, une étude de cas […] on fête les fêtes […] on a u comité social qui va s’assurer qu’on ait des sorties en famille au moins deux fois par année […]» (Entrevue n° 9, 2007)

Pour la coopérative C, les membres se sont approprié la mission et son atteinte constitue une

motivation en soi.

« On poursuit la mission, on est pas fermés à rien, on cherche toujours à s’améliorer à partir du sondage […] » (Entrevue n° 5, 2007); « Je dois le dire, notre mission à toujours été de […] » (Entrevue n° 9, 2007); « Parce que dans le fond, comme on dit, on a 1 patron à tout le monde, c’est notre mission. Donc on a un patron qui est en haut, la mission, pis tout le monde on travaille en fonction de la mission. » (Entrevue n° 9, 2007); « [Nom de la coopérative] est une coopérative qui correspond bien à son but de départ, de travailler en équipe. Tous les membres ont le même but commun, chaque membre (utilisateur, travailleur, de soutien) sont concentrés sur [un type de membre]. » (Entrevue n° 4, 2007)

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80

Dans la coopérative B, on remarque une forte volonté des membres pour la réussite du projet,

toutefois, les ressources limitées représentent un frein au développement de la dimension

associative.

« […] c’est des années difficiles parce qu’en débutant, on est tout petit, on n’a pas la capacité financière de dire : “On peut pas permettre de dire oui à toutes vos demandes. On essaie de vous écouter, puis de faire en sorte que l’environnement soit agréable pour travailler.” Mais s’ils comprennent que des fois ça dépasse 8 heures de travail normal. Je pense qu’ils sont assez souples de ce côté-là […] » (Entrevue n° 7, 2007)

• Le conseil d’administration et la vie associative / entrepreunariale

Vie associative

Dans le cas A, les relations quotidiennes entre les membres du conseil d’administration

renforcent la vie associative [« […] [nom], y’est pu capable [dans le sens de s’il n’est plus

capable], qui va faire l’épicerie? » (Entrevue n° 2, 2007); « Ces gens-là [en référence aux

membres de soutien] viennent pour toutes les affaires, s’occuper des fleurs, organiser les

fêtes […] » (Entrevue n° 2, 2007)].

Dans le cas B, la vie associative entre les administrateurs s’organise autour des activités du

conseil d’administration. En dehors de ces rencontres, il ne semble pas avoir de rencontres

informelles ou de participation à des formations extérieures car les membres du conseil

d’administration n’ont pas de temps et/ou ont un autre travail.

« C’est le temps qui manque aussi là […] Tout le monde a son travail aussi, c’est le

temps des vacances » (Entrevue n° 3, 2007); « Dans des organisations comme

celles-là, neuf personnes sur dix sont sollicitées par toute sorte d’organismes et ça

devient difficile de rassembler tout ce monde-là. On voudrait harmoniser […] Ça

manque. » (Entrevue n° 7, 2007)].

Dans le cas C, les 4 fondateurs du projet sont encore aujourd’hui parties prenantes internes à

l’organisation. Aussi, les administrateurs participent aux activités organisées par la coopérative.

Une fois par année, un membre du conseil d’administration et les employés vont participer de

façon bénévole à l’organisation d’une activité de financement.

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81

« La [nom de l’activité] c’est une fête qui a lieu [à la coopérative], y’en a trois par année […] C’est les membres travailleurs qui sont là, les membres du CA aussi et les [membres utilisateurs] qui sont invités à venir à la fête. La [nom de l’activité] d’été, c’est le gros financement pour la fondation qui est associée […]. C’est tout le personnel, c’est en dehors, y’a pas personne qui est payé pour [le nom de l’activité] » (Entrevue n° 5, 2007)

Vie entrepreneuriale

Pour la coopérative A, étant donné le bon fonctionnement général de la coopérative et de la

facilité à trouver de nouveaux membres, les administrateurs vont plutôt se consacrer au maintien

de la satisfaction des membres plutôt qu’au développement de services [« Le premier objectif

était de construire quelque chose que tout le monde allait être fier […] être fiers d’avoir ça

comme ressource. Et ça n’a jamais lâché ça, cette fierté en participant par toute sorte de façon

que la [coopérative] soit agréable à vivre […] » (Entrevue n° 6, 2007)]. Vu la très grande

satisfaction des membres [« […] on est bien ici, on est bien […] » (Entrevue n° 1, 2007)], le

maintien de cette satisfaction peut constituer un défi en soi.

Dans le cas B, le peu d’énergie consacrée à la communication et le manque de ressources

financières et humaines (entraînant une surcharge de membres du conseil d’administration) a des

conséquences sur la dynamique de pouvoir. Dans le cas C, on remarque une grande

préoccupation de la coopérative pour son développement [« Ça fait longtemps que je pense à une

troisième installation. Je me fais retenir un peu: “[…] on vient d’avoir la deuxième

installation” […] » (Entrevue n° 9, 2007)]. Les comités de travail ajoutent aussi à la force

innovante de la coopérative.

• La direction générale et la vie associative / vie entrepreneuriale

Vie associative

Le coordonnateur de la coopérative C se perçoit comme un stimulant, un médiateur, quelqu’un

qui favorise les rencontres. Il perçoit son rôle comme celui d’un chef d’orchestre et distribue le

pouvoir selon les forces de chacun [« Pour moi c’est vraiment le chef d’orchestre…l’art de la

coopération ce n’est pas de gérer ou de diriger ou de contrôler mais c’est l’art de pouvoir

donner des morceaux de pouvoir, de répartir les pouvoirs…donc chacun sa force, chacun ses

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82

éléments […] » (Entrevue n° 9, 2007)]. L’affirmation suivante est très révélatrice de son style de

leadership : « donc le rôle du coordonnateur général est de s’assurer que tout le monde a sa

place et fait avancer son dossier ». Il est aussi un rassembleur et croit que l’éthique de la

coopérative est directement proportionnelle à la fluidité de l’information. Il est par ailleurs en

charge de la préparation de plusieurs médiums d’information.

« On vient toujours aussi à un principe qui dit que l’éthique est directement proportionnelle à la fluidité de la communication. Donc, il faut une transparence, il faut qu’on aille un réseau de communication, d’échange bien monté, bien structuré, faire en sorte que tout le monde sache. […] C’est mon principal rôle, c’est de m’assurer ça, que l’information circule bien, qu’elle soit fluide, qu’il n’y ait pas de sous-groupe, de cliques, de tensions qui se forment un peu partout. Ça c’est vraiment le gros de mon rôle, c’est très humain comme rôle au niveau de la coordination dans une coopérative » (Entrevue n° 9, 2007)

Le coordonnateur est une personne rassembleuse qui permet aux membres d’avoir une vision

commune [« Le coordonnateur est très participatif, il ne veut pas être seul, c’est quelqu’un de

déterminé, […] il chercher à [faire] adhérer tout le monde…il est important d’avoir quelqu’un

qui tire, je n’ai rien contre ça […] » (Entrevue n° 8, 2007); « […] j’ai fait un petit 5 à 7 chez

nous au début de l’été pis à un moment donné, c’est quelqu’un d’autre qui va le faire […] »

(Entrevue n° 9, 2007)].

Vie entrepreneuriale

Pour le cas C, le coordonnateur général a le souci de la mission. [« Je dois le dire, notre mission

a toujours été de […] » (Entrevue n° 9, 2007)]. Il contribue activement au développement de la

coopérative en apportant une vision rassembleuse [« Le monde qui me regarde me disent

toujours [il pointe du doigt une affiche comportant une image et un texte] … un monsieur qui

court et tout le monde [est] attaché sur son dos…C’est écrit “ attaché le quelqu’un ” …Moi je

suis développement. […] Mais le développement pour moi ça fait partie [de la coopérative], ça

toujours été… » (Entrevue n° 9, 2007)]. Il participe à différents comités de la coopérative et fait

le suivi des travaux. Il est un lien entre les activités terrain et le conseil d’administration. Il

intègre à sa gestion un équilibre conscient entre l’aspect associatif et l’aspect entrepreneurial de

la coopérative.

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83

2.2.4.2 Type de leadership

• Type de leadership des membres

Pour la coopérative A et C, la présence de quelques leaders (détenteurs de pouvoir pour

l’appréciation que les membres ont d’eux et pour leur grand dévouement au projet depuis

plusieurs années) influence grandement le sentiment d’appartenance des membres puisqu’ils

prônent et valorisent sans cesse la participation de tous au projet, (et même de non-membres dans

le cas A)

Pour la coopérative A :

« La transparence entre le conseil d’administration et [les membres de la communauté] m’apparaît important, [un] conseil d’administration [ouvert au] public. Mais les gens ne viennent pas…on a établie une crédibilité […] » (Entrevue n°6, 2007); « Et la communauté est tellement présente autour de nous qu’il peut se produire à tout bout de champ des événements communautaires qui font que tout d’un coup ça se bouleverse ici rapidement… » (Entrevue n°6, 2007); « Y’a comme un esprit ici qui fait que le bénévolat et l’entraide sont très forts […] » (Entrevue n°2, 2007)

Pour la coopérative C :

[« Le coordonnateur est très participatif, il ne veut pas être seul, c’est quelqu’un de déterminé, […] il chercher à [faire] adhérer tout le monde…il est important d’avoir quelqu’un qui tire, je n’ai rien contre ça. Je dirais qu’il a une côte très paternaliste, il prend tout monde, il veut que tout le monde s’implique. Pour lui, l’aspect coopératif est le plus important, c’est très clair. Il partage, il dégage. » (Entrevue n° 8, 2007)

Ce leadership mobilisateur, même s’il peut paraître contrôlant pour certains (cas A), fait émerger

un leadership d’animateur-entrepreneur au sein du groupe, donnant ainsi aux membres une force

en mesure d’équilibrer le pouvoir de ces leaders d’influence.

Concernant la coopérative B, les membres utilisateurs ont peu de contacts entre eux ce qui

diminue les chances d’émergence de leaders individuels ou d’un leadership de groupe.

« Dans des organisations comme celles-là, neuf personnes sur dix sont sollicitées par toutes sorte d’organismes et ça devient difficile de rassembler tout ce monde-là. On voudrait harmoniser […] Ça manque. » (Entrevue n° 7, 2007)

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84

Dans la coopérative C, il ressort une plus grande appropriation du projet par une certaine

catégorie de membres toutefois, des mécanismes formels (comme l’application de règles de régie

internes), le respect et la reconnaissance réciproques font en sorte que les pouvoirs restent

équilibrés. La plus grande implication de ce type de membres n’est donc pas orientée vers la

recherche d’un plus grand pouvoir sur les autres types de membres mais vers le développement

de pratiques innovantes qui profitent à la coopérative.

Dans le cas B, le projet initial a été porté par des institutions. Le manque d’information, de

formation et d’éducation n’a pas permis la création d’un leadership de groupe. Dans le cas C, le

leadership initial repose sur un groupe de quatre personnes intimement liées. Ce groupe porteur

est arrivé à transmettre la passion pour le projet à tous les membres de la coopérative. Il existe

aujourd’hui un mixage et une complexité de leadership dans la coopérative.

• Type de leadership du conseil d’administration

Dans le cas A, un des membres du conseil d’administration présent depuis les débuts du projet

exerce une forte influence sur la culture de la coopérative [« Le CA a accepté mais c’était clair

que je partais… » (Entrevue n° 6, 2007)]. Il exerce un style de leadership paternaliste

démocratique.

« Je vais te montrer un exemple banal de ça pour te montrer le style de gestion. C’est que un bon jour, quand on avait gagné le prix là, on avait les huit personnes […] j’avais demandé à [nom] justement de venir et là, y’a quelqu’un qui a rouspété “pourquoi elle, pourquoi pas moi”. J’avais pas pensé à ça. J’avais tout simplement pris la première que je rencontrais. Alors moi je suis venue tout de suite […] là j’ai dit écoutez, j’ai fait une erreur. J’aurais pas dû procéder de cette façon-là. » (Entrevue n° 6, 2007)

Par la cohérence des propos des membres interrogés, il apparaît que des éléments qui lui sont

chers, comme le débat à partir d’arguments rationnels, font aujourd’hui partis de la culture

organisationnelle de la coopérative.

« Si tu réussis dans un groupe à mettre cette culture du rationnel…je reviens sur le côté dans lequel les gens sont habitués, sur la valorisation des compétences de chacun, et le fait que les démarches sont faites parce qu’elles ont du bon sens…côté rationnel. » (Entrevue n° 6, 2007); « - Est-ce que ça ce passe bien [les réunions du

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CA] […]? – Oui, ça se passe bien parce qu’on est capable de s’expliquer sans se fâcher […] » (Entrevue n° 2, 2007)

Pourtant, on ne peut affirmer que ce membre exerce le plus fort leadership au sein du conseil

d’administration. Au moins un autre membre rencontré exerce une influence en plus d’une

dynamique certaine entre les membres du conseil d’administration qui contre balancent le

pouvoir.

« Je me sens un peu comme la défenseuse des gens [en référence aux membres utilisateurs] » (Entrevue n° 2, 2007); « ça arrive que eux autres [en parlant des membres de soutien] n’ont pas la façon ou qu’ils n’ont pas compris. Souvent, c’est à eux qu’il faut expliquer » (Entrevue n° 2, 2007); « Si y’a un échange et qu’on arrive pas à s’entendre, à moins d’une urgence, on remet ça au mois suivant. On laisse le temps. On s’en reparle » (Entrevue n° 6, 2007)

Aussi, les membres exercent une forte influence sur la coopérative [« C’est pas l’AG du CA,

c’est celle des membres. » (Entrevue n° 6, 2007); « […] ont tous offert pour combler le

déficit…pas venu de moi là, c’est venu d’eux-autres, une décision spontanée d’échange entre

eux. » (Entrevue n° 6, 2007)].

• Type de leadership de la direction La relation que le coordonnateur général établit avec le groupe est hiérarchisée à cause de

l’attribution de rôles et responsabilités mais égalitaire par l’ouverture dont il fait preuve. Par

exemple, il conserve quelques heures sur le terrain et est capable de reconnaître ses erreurs. Il

croit que cette pratique est bonne pour alimenter les relations égalitaires.

«Une chose qui nous aide beaucoup à la coordination, sauf le comptable, c’est qu’on a tous gardé la présence […] donc on travaille sur le terrain. Ça c’est une chose qui nous rend très accessible. On n’est pas sur un piédestal où dans notre bureau en haut, dans notre tour d’ivoire, on fait du terrain. Ça nous permet de côtoyer notre monde au quotidien. Si y’a des choses des évaluations, des ajustements à faire on peut les faire et eux autres mêmes, ça leur permet de nous prendre en défaut…Ça aussi donc on a une relation d’égal à égal à ce moment-là.» (Entrevue n° 9, 2007)

Le coordonnateur général a une grande capacité d’influence dans le sens de ses idées. Pour lui, la

confiance envers les membres est importante [« Faut que tu fasses confiance à ton monde aussi

là […] » (Entrevue n° 9, 2007)].

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2.2.5 Éducation / formation

2.2.5.1 Éducation/formation

• Éducation/formation au niveau des membres

Dans la coopérative A, il n’y a pas de formation particulière donnée aux membres.

L’enseignement des pratiques coopératives et de la culture du milieu se fait par l’entraide des

membres entre eux.

« La coopération, n’est pas un principe théorique, c’est une façon de vivre, c'est-à-dire que chacun se voit comme aidant avec plaisir. Tant que ça va durer comme ça c’est extraordinaire. Culture d’aide solide. » (Entrevue n° 6, 2007); « Quand il faut entrer, on a un contrat à signer. Là, ils nous expliquent tous les règlements […] » (Entrevue n° 1, 2007); « Pourquoi ça fonctionne si bien dans la coopérative? Parce qu’on s’entend bien. » (Entrevue n° 1, 2007)

Dans la coopérative B, l’offre d’atelier de formation coopérative aux membres n’est pas pratique

courante, mais un certain accompagnement est donné aux membres.

« - S’avez-vous s’il y a des formations pour les [membres utilisateurs] en gestion des coopératives? – Non, non. On avait eu une invitation à [nom d’une ville]. On voulait y aller une journée mais personne…c’était le mois de juin alors personnes n’était… […] Il y a une formation pour les [membre de soutien]? […] Il y a une personne […] qui va pour les rencontrer beaucoup […] S’il y a un problème, elle va lui donner des trucs… y’a pas de formation en tant que tel pour eux […] » (Entrevue n° 3, 2007)

Dans la coopérative C, les possibilités d’éducation et de formation sont fréquentes,

particulièrement pour les membres travailleurs. Les membres qui désirent aller plus loin dans

leur cheminement professionnel peuvent avoir accès à des formations personnalisées.

« Au niveau des membres, la formation des membres c’est un autre aspect de la formation réflexive, donc il y a un échange qui se fait entre nous autres et on leur donne accès évidement aux formations. Bon, y’a beaucoup de formations qui ont été suivis par l’intermédiaire de la CDR. Des formateurs sont venus ici, des formateurs sur la communication, sur le travail d’équipe… et beaucoup de documentation. On résume nous, évidement on leur explique, quand ils arrivent en coop., la mission coopérative et tout ça. Beaucoup d’échanges qui se fait au niveau

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des membres. Ça dépend toujours. Y’en a qui sont intéressés à aller plus loin,… qui ont des objectifs, éventuellement d’aller sur le conseil d’administration, donc à ce moment là, on leur offre le matériel pour pouvoir cheminer là dedans. Et les opportunités évidement… » (Entrevue n° 9, 2007)

• Éducation/formation au niveau du conseil d’administration

Pour la coopérative A, les administrateurs vont encourager la formation par la pratique lors des

conseils d’administration. Un membre semble toutefois inquiet de la relève et semble penser que

les anciens ne forment pas assez la relève.

« Moi j’ai très peur, car monsieur [nom] a 81 ans. Lui c’est un expert en comptabilité, moi je fais une portion…c’est de la comptabilité aussi mais je trouve qu’ils ne nous apprennent pas…. Lui demain rentre à l’hôpital…c’est qu’ils n’auront pas de paies les employés là […] » (Entrevue n°2, 2007)

Un membre témoigne aussi des conditions pour siéger au conseil d’administration de la

coopérative : « Le première condition pour être sur un conseil d’administration est un minimum

d’intelligence et de bon sens. La deuxième, avoir le sens du travail collectif, important d’avoir

des gens capables de s’interpeller et d’échanger. Ensuite, ça prend de bonnes compétences, […]

tu vas chercher tes ressources […] » (Entrevue n° 6, 2007). Concernant la formation des

administrateurs, aucun cours n’est offert mais ceux-ci vont s’assurer de la bonne compréhension

des nouveaux administrateurs [« Non. N’ont jamais fait ou donné de cours mais ils pourraient.

Ils fonctionnent pour que les nouveaux comprennent […] On travaille très fort pour que la

personne nouvelle puisse comprendre. » (Entrevue n° 6, 2007)]. Selon un membre, le principal

lieu de formation d’un membre est son CA [« Le principal lieu de formation du membre du CA,

c’est son CA […] » (Entrevue n° 6, 2007)].

Dans la coopérative B, il n’y a pas de compétences spécifiques recherchées pour être membre du

conseil d’administration sinon le goût de s’impliquer. On mise sur la complémentarité des forces

de chacun [« - Y a-t-il des compétences pour être membre du conseil d’administration? – […]

C’est bien plus le goût de s’impliquer qu’une compétence spécifique […] On va chercher les

forces de chacun […] Je pense qu’il n’y a pas de compétences essentielles pour faire partie du

CA. » (Entrevue n° 7, 2007)]. L’éducation et la formation des administrateurs se font plutôt par

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88

la consultation, la pratique et l’entraide [« […] mais je pense que tout le monde apprend “sur le

tas”, à force de travailler. À moins d’une question sur la façon de fonctionner, on va fouiller, on

va aller voir la [CDR] ou la [nom d’une autre coopérative similaire]. C’est comme ça, je pense

qu’on apprend tout le monde ensemble. » (Entrevue n°7, 2007)].

Dans le cas C, par rapport aux conditions d’admission pour être administrateurs, on mise

beaucoup sur la capacité d’une personne à comprendre et analyser les différentes lois [« -

Quelles sont les compétences pour être membre du conseil d’administration? - Être capable de

lire un document et de comprendre, il y a des lois qu’on doit comprendre, être capables de

s’ajuster et de soutenir les gens avec les nouvelles lois » (Entrevue n° 4, 2007)]. Les

administrateurs ont accès à de la formation [« J’ai reçu une formation sur les rôles et

responsabilités du conseil d’administration […] » (Entrevue n° 4, 2007)].

• Éducation/formation au niveau de la direction générale

Le coordonnateur de la coopérative C reconnaît l’importance de l’éducation-formation par

l’échange entre pairs (« la formation réflexive ») ou par d’autres formations. Celui-ci donne aussi

beaucoup d’importance à la mission de la coopérative [« Moi je vais toujours le dire, notre

mission a toujours été [nomme la mission]. Nous comme on dit à chaque jour, si on peut

[nomme un indicateur qui témoigne du plus grand accomplissement de la mission] pour nous,

notre journée est faite. » (Entrevue n° 9, 2007)]. Il a aussi la préoccupation d’expliquer la

mission aux nouveaux membres [« On résume nous, évidement on leur explique, quand ils

arrivent en coop., la mission coopérative et tout ça. » (Entrevue n° 9, 2007)].

Des formations sont offertes au coordonnateur général. Celui-ci a reçu une formation sur la

planification stratégique, sur la mission, et participe à des formations réflexives avec d’autres

cadres provenant d’entreprises externes. Même si certains aspects de la gestion administrative ne

vont pas dans ses intérêts, il est conscient de l’importance de connaître les aspects plus

administratifs, les rouages, lois, règlements et agit pour approfondir ses connaissances dans ces

domaines.

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89

« Ça nous amène dans des dossiers de connaissance de tous les rouages, de démarches administratives et tout ça…Ça prend un intérêt immense à ce niveau là. Pourtant, je ne suis pas un gars de bureaucratie, mais il faut être capable d’aller vers ça et de comprendre ça […] » (Entrevue n° 9, 2007)

2.2.5.2 Culture organisationnelle

• Culture organisationnelle au niveau des membres

Pour les coopératives A, l’information se transmet beaucoup plus par la parole et les activités

informelles que par documents écrits [« Eux ils reçoivent un papier et c’est comme un arrêt de

mort. » (Entrevue n° 2, 2007)]. Aussi, l’entraide et l’appréciation mutuelle ressort des différents

témoignages.

« En-tout-cas, on a pas de misère à entretenir [la coopérative] avec la gang de monde qu’on est […] » (Entrevue n° 1, 2007); « Y’a [nom de la personne], elle est secrétaire […] Elle est avancée là dedans […] elle est très bonne, très bonne. » (Entrevue n° 1, 2007); « […] je reviens sur le côté dans lequel les gens sont habitués, sur la valorisation des compétences de chacun […] » (Entrevue n° 6, 2007)

Pour la coopérative B, les membres interrogés sont attachés au projet et espère sa réussite [« […]

il faut que ça continue, il ne faut pas que ça arrête. » (Entrevue n° 7, 2007); « À long terme je ne

suis pas inquiète, présentement je suis inquiète […] » (Entrevue n° 3, 2007); « C’est un beau

projet, c’est un beau projet […] » (Entrevue n° 3, 2007)]. Dans le cas C, tous les membres

interrogés témoignent de l’importance de l’implication, du travail d’équipe et ont le souci de la

mission de la coopérative.

Suite à la question qu’est-ce qui fait le succès de votre coopérative, un membre répond :

« On poursuit la mission, on est pas fermés à rien, on cherche toujours à s’améliorer à partir du sondage […] » (Entrevue n° 5, 2007); « […] y’en a [en référence aux membres travailleurs] qui ont le temps restreint hein…Ils sont ici de telle heure à telle heure et il faut qu’il s’en aille parce que les enfants ils ont été les reconduire le matin […] aller les chercher le soir donc, “j’ai mes huit heures de présence, j’en ai pas plus don, pour si je m’implique, ça va être à l’intérieur de mon 8 heures”. Donc y’en a qui le font, y’a pas de problèmes! » (Entrevue n° 9, 2007); « La formule coopérative favorise la participation mais il faut qu’on favorise la

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participation. La participation, on se pose la question sur la participation des [membre utilisateurs], les membres du conseil participent […] (Entrevue n° 8, 2007)

Dans les trois cas, les relations entre les membres apparaissent harmonieuse et reposent sur une

forte confiance mutuelle. Aussi, dans les trois coopératives, les membres ont témoigné d’une

grande implication et d’un grand dévouement pour le projet.

«- Depuis combien de temps êtes-vous dans l’organisme? – […] depuis 25 ans […]» (Entrevue n° 9, 2007); « Le monde voudrait être à part entière “ma vie c’est le [nom de la coopérative]” […] » (Entrevue n° 9, 2007); « - Depuis combien de temps vous êtes sur le conseil d’administration? – Depuis le début des démarches pour entreprendre la construction, ça veut dire 10ans […] » (Entrevue n° 6, 2007); « On est toujours étonnés […] comment les gens se sont appropriés leur [coopérative]. » (Entrevue n° 6, 2007)

• Culture organisationnelle au niveau du conseil d’administration

Dans le cas A, malgré qu’il n’existe pas de formations formelles, une partie des administrateurs

sont des personnes d’expérience et connaissent le fonctionnement d’un conseil d’administration.

« J’ai travaillé toute ma vie à l’organisation communautaire […] » (Entrevue n° 6, 2007); « Dans ma vie, j’ai parti une cinquantaine d’affaires […] » (Entrevue n° 6, 2007); « […] il y a des bonnes ressources [en référence aux membres de soutien sur le conseil d’administration] […] » (Entrevue n° 2, 2007)

Dans le cas B, les administrateurs comptent sur l’intérêt, la complémentarité des membres et la

pratique pour habiliter les membres du conseil d’administration. Pour le cas C, les

administrateurs peuvent recevoir une formation sur les rôles et responsabilités. L’implication et

le travail d’équipe sont des valeurs partagées.

• Culture organisationnelle au niveau de la direction générale

Le coordonnateur général croit fortement à la mission et au travail d’équipe [« Car pour

travailler ici ça prend deux passions : la passion [nomme la passion liée à la mission] et la

passion du travail d’équipe. » (Entrevue n° 9, 2007)] et croit que, s’il est coordonnateur, c’est à

cause de son leadership mais aussi pour le souci qu’il a toujours eu pour le développement.

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91

« Moi je suis porté à dire que le cheminement va avec la personne. Pourquoi moi je me suis retrouvé avec ça…je pense que c’est une question de leadership pis d’avoir des intérêts dans le…en autres le développement. Je dirais que c’est peut-être plus ça qui m’a le plus installé dans mon rôle. » (Entrevue n° 9, 2007)

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93

CHAPITRE III

Analyse des cas étudiés

Dans le chapitre I, nous avions ressorti cinq composantes qui, prises de façon systémique,

constituent pour nous les éléments sine qua non à la pratique d’une bonne gouvernance.

L’analyse que nous nous proposons de faire dans ce chapitre est basée sur la relation entre ces

différentes composantes ressorties des études théoriques et la pratique de la gouvernance dans les

coopératives étudiées. Cette analyse nous permettra d’identifier quelles sont les pratiques liées à

la bonne gouvernance et la nature des obstacles qui peuvent découler de sa négation. Il importe

de noter cependant que cette analyse ne peut être généralisée pour toutes les coopératives de

solidarité au Québec, même si elle peut être une source d’inspiration. Enfin, nos conclusions

présentent des limites dans la mesure où elles reposent seulement sur les propos de quelques

membres de chacune de trois coopératives étudiées.

3.1 Pouvoirs et respect des champs des compétences

3.1.1 Pratiques liées à la bonne gouvernance La base d’une bonne gouvernance se trouve être sans équivoque, la définition, la connaissance,

l’assimilation des pouvoirs, rôles et responsabilités, mais aussi le respect des champs de

compétences afférentes aux différentes parties prenantes internes dans la coopérative. Aussi,

nous pouvons affirmer que, des trois cas étudiés, deux coopératives ont démontré l’existence,

grâce à une judicieuse répartition des pouvoirs et un effort dans le respect des prérogatives des

différentes parties prenantes, de pratiques favorisant la bonne gouvernance. Dans ces deux

coopératives, il y a une préoccupation permanente dans la distribution des rôles et responsabilités

qui tient compte des capacités et des compétences de chacun des acteurs de la gouvernance.

En effet, il ressort que, ayant conscience des responsabilités qui leurs incombent, les

gestionnaires et/ou les administrateurs ont su déléguer efficacement certains de leurs pouvoirs

tout en mettant en place des plans d’actions clairs et valorisants. Ce qui permet à chaque partie

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94

prenante d’œuvrer à l’épanouissement de la coopérative. Elles ont également mis en place des

systèmes performants de contrôle et d’évaluation qui permettent de mettre en évidence une

pratique de bonne gouvernance. Elles présentent enfin des assemblées générales qui discutent

des principales orientations de la coopérative.

Dans une des coopératives, qui compte des employés membres, nous avons pu remarquer que ces

derniers transcendent leur état d’usagers et se comportent en véritables copropriétaires de la

coopérative. Une des coopératives est même allée plus loin en intégrant un exercice

d’autocontrôle dans l’organisation de toutes les activités d’administration et de gestion, grâce à

des jumelages entre pairs qui permettent de se questionner sur ses propres pratiques.

Ces actions sont importantes dans la mesure où elles permettent aux membres d’évaluer et de

corriger de façon continue leurs pratiques de gouvernance coopérative. Elles permettent

également une répartition fluide et équitable de pouvoir qui bannit tout abus et mauvaise

influence entre les différents comités mis en place. De plus, elles favorisent le renforcement des

liens entre les différents types de membres.

En plus d’avoir développé des politiques et méthodes propres, elles ont su se doter également des

moyens et des outils appropriés qui favorisent la pratique de la bonne gouvernance.

« Appropriés », puisqu’il ne suffit pas d’avoir un outil, encore faut-il qu’on puisse s’en servir et

qu’il soit utile. Cet outil s’harmonise avec le niveau d’instruction ou les particularités éducatives

des individus.

Chacune de ces deux coopératives a défini une mission avec des objectifs clairs, partagés par

l’ensemble des membres. Le fait d’avoir des objectifs clairs et partagés par tous facilite

l’établissement d’un code de procédure. Ce dernier se concrétise différemment selon le contexte.

Dans une des coopératives, le code de procédures existe de façon formelle. Cependant, pour la

deuxième, il y a peu de procédures écrites, qui sont néanmoins formalisées par les pratiques

informelles.

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95

La clarification des rôles et responsabilités, ainsi que la délimitation des pouvoirs, comprises et

acceptées par toutes les parties prenantes au sein de ces deux cas constituent un solide

soubassement qui à notre avis explique le succès de ces coopératives.

3.1.2 Les obstacles à la bonne gouvernance Lorsqu’il existe une ou plusieurs difficultés liées au pouvoir et au respect des champs de

compétences, nous remarquons des répercussions négatives sur le fonctionnement général de la

coopérative et sur la coordination réciproque vers des objectifs communs.

Dans un des cas étudiés, il existe au sommet de la hiérarchie une assemblée générale annuelle

qui éprouve des difficultés à exercer ses fonctions puisque les membres ne connaissent pas les

pouvoirs et devoirs inhérents à cette instance. Il ressort alors que l’assemblée générale au lieu

d’être un espace de réflexion et de prise de décisions collectives n’est qu’un espace où les

membres ne font que remplir une obligation légale. Dans ce cas, l’instance suprême du pouvoir

ne sert pratiquement qu’à élire le conseil d’administration et à adopter le rapport annuel où les

membres n’ont de prérogatives que de glaner quelques informations supplémentaires sans être en

mesure de participer réellement aux choix d’orientation stratégique de la coopérative.

En fait dans ce cas, toute l’organisation est affectée par une mauvaise compréhension ou au

mieux une méconnaissance des rôles et responsabilités des parties prenantes. En effet, tous les

pouvoirs sont principalement concentrés dans les mains de quelques membres du conseil

d’administration qui délèguent peu. Ils sont les seuls responsables de l’organisation de la vie

associative et économique de cette coopérative qui oscille au gré du bon vouloir de cette frange

de membres élus. Il se crée alors une dépendance des autres membres moins conscients de leurs

pouvoirs, rôles et responsabilités envers ce groupe qui détient des éléments d’information

primordiaux concernant les activités de la coopérative. La conséquence directe de cette situation

est que le membre, par manque d’accès à certaines informations est moins apte à comprendre les

objectifs de la coopérative et donc moins enclin à participer à leur élaboration. En fait, c’est tout

le processus de participation des membres dans la gestion des activités de leur coopérative qui

est remis en cause. Les membres se sentent moins concernés et n’exercent aucune pratique de

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96

contrôle quant au mandat qu’ils ont confié aux administrateurs. Finalement, il y a moins

d’implication et d’engagement, peu de discussion et de débats d’idées qui sont la conséquence

d’une baisse de la participation lors des assemblées générales puisque les membres présents sont

confinés à un rôle de spectateurs.

Cette situation nous amène à déduire qu’il s’avère difficile sinon quasi impossible pour cette

coopérative d’avoir une vision stratégique. Cette déficience de vision stratégique engendre une

absence de plans d’action qui, comme nous l’avons appris nuit au développement de la

coopérative, sinon met en péril son existence.

3.2 Transparence et communication

3.2.1 Pratiques liées à la bonne gouvernance Deux des trois cas étudiés ont su mettre en place un système de circulation de l’information

performant qui permet aux différents acteurs de participer pleinement et activement à la vie de

leur coopérative. En effet, grâce aux informations utiles et judicieuses détenues par les membres,

les assemblées générales de ces coopératives sont les théâtres des débats riches et

enthousiasmants d’où ressortent des décisions stratégiques constructives et éclairées. Par le

truchement de ces informations reçues, les membres de ces coopératives qui déjà ayant

conscience de leurs pouvoirs et responsabilités, sont en mesure de les faire valoir de façon

efficace, en mettant en avant la pleine réussite de leur coopérative. Ainsi, cette transparence dans

la transmission de l’information que nous avons décelée nous permet de déduire de l’existence

d’une certaine confiance qui se construit et se renouvelle entre les différentes parties prenantes

internes. Notons aussi que, comme la confiance n’exclut pas le contrôle, les assemblées

générales de ces coopératives sont aussi des lieux d’évaluation (des différents mandataires ou de

pratiques), par contre, nous avons remarqué qu’elles sont principalement un espace de discussion

et de transmission de l’information à l’intention des membres et ces pratiques ne peuvent que

promouvoir le développement harmonieux de ces coopératives.

Page 103: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

97

Ces bonnes pratiques influencent positivement le travail du conseil d’administration de ces deux

coopératives. Dans un des deux cas, certes des pratiques formelles de communication sont

minimes et se résument à un rapport mensuel produit et affiché par le conseil d’administration.

Néanmoins, cette carence est compensée par la proximité des membres qui communiquent de

façon régulière et efficace. Dans le deuxième cas, nous avons un système plus formel avec la

présence d’outils tels que le babillard, les bulletins, les dépliants, etc. Il ressort dans l’un ou

l’autre des deux cas, que ces systèmes mis en place, permettent une prise de décision opportune

et facilite la coordination et la compréhension des enjeux de la coopérative.

Les bonnes pratiques en matière de communication et de transparence dans l’information

influencent également de façon positive les rendements des membres employés. En effet dans

l’unique coopérative où se trouvent des employés, nous avons noté que la mise à leur disposition

des informations pertinentes leur permet d’accroître leur efficacité et leur autonomie. Ils sont

alors de véritables acteurs de changement actifs, des moteurs de l’innovation, sensibles aux

besoins des membres utilisateurs et à la mission de la coopérative. Ils sont de véritables

catalyseurs du développement de la coopérative, car ils décèlent rapidement les problèmes qui

peuvent surgir et se référent à leur coordonnateur général en vue d’ajustements.

Pour le coordonnateur général de l’une des coopératives étudiées, « l’éthique d’une organisation

est directement liée à la fluidité de la communication » et ceci va directement dans le sens

évoqué par la théorie présentée qui affirme que la transparence est liée à l’intégrité et touche tous

les secteurs impliqués dans une organisation. Dans ce cas, la communication permet aux

membres d’avoir une conscience des principes adéquats pour la coopérative, et ainsi, de juger par

eux-mêmes leur comportement et ajuster leur conduite.

3.2.2 Les obstacles à la bonne gouvernance Dans un des trois cas étudiés, il ressort un manque de diffusion de l’information vers les

membres empêchant ces derniers de jouer un rôle très actif dans la coopérative. La

communication au niveau du conseil d’administration se résume à des échanges ponctuels

destinés à résoudre des situations urgentes qui se présentent de façons sporadiques, identifiées

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98

par des administrateurs de façon individuelle. Cette situation aboutit à une exécution des tâches

qui demande beaucoup d’énergie, plus de ressources à la coopérative. Le manque de mécanismes

d’information et de communication ne permet pas au conseil d’administration d’établir des

stratégies ou des plans d’action qui leur permettront de réagir efficacement aux problèmes qui se

présentent. Nous avons en fait décelé que le manque de communication a pour conséquence

directe la méconnaissance de bases de la bonne gouvernance, une faible appropriation du projet

qui à la fin risque de desservir le développement de cette coopérative, pire encore, attenter à sa

viabilité.

3.3 Gestion démocratique

3.3.1 Pratiques liées à la bonne gouvernance Il est ressorti que des trois cas étudiés, les assemblées générales de deux coopératives se

caractérisent par une implication très forte de tous les types de membres. Notons par ailleurs, que

la participation ne se limite pas seulement à l’assemblée générale pour concourir à la prise des

décisions. Elle est aussi sociale et suscite un véritable engouement dans la créativité et la prise

des initiatives personnelles.

La gestion démocratique est favorisée à l’intérieur du conseil d’administration dans la mesure où

tous les administrateurs s’impliquent de façon efficace dans toutes les activités de la coopérative.

Cette situation favorise la compréhension et la délégation de pouvoirs. Nous avons constaté

également que les qualités personnelles, telles que la valorisation de leur rôle, les habiletés

communicationnelles et la disponibilité des administrateurs, des deux coopératives sont un

facteur mobilisant pour l’implication des membres. Sans se douter, ces administrateurs tiennent

un rôle moral puissant en ce sens qu’ils sont un exemple à suivre pour tous les membres.

Dans la coopérative qui compte des employés, la gestion démocratique et la participation de tous

les acteurs de la vie associative et entrepreunariale a permis de développer et d’entretenir une

relation de confiance inconditionnelle. Cette situation a pour conséquence une augmentation et

un renforcement de la satisfaction personnelle, une consolidation d’un fort sentiment

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99

d’appartenance et une conscience aiguë dans la prise de décisions de qualité et acceptées de tous.

Cet état de fait ne peut que contribuer à un épanouissement de cette coopérative.

Notons enfin, que l’esprit d’ouverture des parties prenantes de ces deux coopératives a permis la

consolidation de ses relations avec la communauté dans laquelle elles évoluent, ce qui a pour

conséquence de favoriser le rayonnement de ces coopératives.

3.3.2 Les obstacles à la bonne gouvernance Dans une des coopératives, le fait que les membres soient dispersés sur le territoire ne permet pas

une transmission d’informations directes vers les membres utilisateurs et entraîne un faible

niveau de participation des membres. Le niveau de participation des administrateurs aux activités

de la coopérative repose grandement sur leurs disponibilités. Malheureusement, leurs obligations

à l’extérieur de la coopérative les rendent moins présents pour s’occuper de son développement.

La gestion démocratique est l’une de base, voire le fondement de la pratique de la saine

gouvernance. Négliger la démocratie c’est porter un coup dur à la gouvernance, ce qui risque par

ricochet de mettre en péril la vie même de la coopérative. Nous comprenons alors pourquoi cette

coopérative est aujourd’hui chancelante.

3.4 Leadership

3.4.1 Pratiques liées à la bonne gouvernance Dans deux des coopératives, il est ressorti que les leaders donnent une importance égale à la vie

associative comme à la vie entrepreneuriale. Mentionnons pour la vie associative que différentes

mesures sont prises pour susciter le rapprochement entre les membres. La combinaison adéquate

de la vie associative et de la vie entrepreneuriale entraîne une très forte cohésion dans le groupe

puisqu’elle permet de répondre aux deux aspects fondamentaux de ce type d’organisation.

Page 106: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

100

Les administrateurs et les gestionnaires sont responsables du développement du leadership

coopératif qui vise à amener les parties prenantes de la coopérative à atteindre les objectifs fixés

collectivement. Dans un des cas étudiés, l’influence du leader se perçoit de façon très claire de

la part de tous les membres. Il est remarqué la grande habilité de ces leaders de recevoir les

différents points de vue et de les orienter vers la réalisation des buts fixés. Ils délèguent le

pouvoir aux personnes ou aux groupes de personnes selon la distribution des rôles et

responsabilités établis.

Au niveau des employés, les leaders de cette coopérative ont développé de nombreuses habilités

dans la gestion de ressources humaines. Dans un des cas, nous avons le désir de concilier les

intérêts personnels de leurs employés avec le travail. Les mandataires consultent, favorisent

l’autonomie et ils sont confiants en leurs capacités.

Dans l’autre cas, on assiste à une transformation du leadership avec le temps. Au départ, nous

avions un type de leadership fortement axé sur une seule personne. Cette personne était le leader

mobilisateur qui a initié le projet. Aujourd’hui, ce leader de la première heure est toujours

présent, mais son leadership s’est transformé. Désormais, il est axé sur la collégialité et c’est tout

le conseil d’administration qui exerce son leadership, ce qui constitue un atout non négligeable

pour cette coopérative.

L’avantage lié à l’existence de leadership chez certaines des parties prenantes dans deux des trois

cas étudiés s’avère être la clé de voûte dans la pratique, mais aussi la consolidation de la bonne

gouvernance au sein de ces coopératives.

3.4.2 Les obstacles à la bonne gouvernance Pour une des coopératives étudiées, le peu d’actions coordonnées en vue d’un développement à

long terme empêche la croissance de leadership individuel et de groupe. L’émergence de ces

leaderships n’est possible qu’en présence d’une coordination des activités quotidiennes et d’une

étroite communication entre toutes les parties prenantes à l’organisation. D’une part, ce manque

de leadership porte un préjudice sur la gouvernance de cette coopérative. D’autre part,

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101

l’inexistence d’impulsion pour encourager le développement de la coopérative rend difficile le

recrutement de nouveaux membres, à cela s’ajoute une méconnaissance de l’organisation par les

membres de la communauté locale.

3.5 Éducation – formation

3.5.1 Pratiques liées à la bonne gouvernance L’éducation coopérative permet d’acquérir un savoir, de maîtriser un langage, de réfléchir

collectivement, de diffuser le message coopératif puis de développer un savoir-faire et un esprit

d’équipe. Elle constitue en fait une base importante dans la mise en place et la consolidation des

pratiques de bonne gouvernance.

Dans deux des cas étudiés, on remarque qu’une grande importance est accordée à la formation.

Cependant, d’après nos constats, cette affirmation doit être nuancée. En effet, une seule

coopérative offre réellement des formations à ses membres sans toutefois la rendre obligatoire.

Ces formations sont adaptées aux rôles et responsabilités des membres, selon la catégorie à

laquelle ils appartiennent ou la fonction qu’ils occupent. Elles visent aussi bien le développement

des habiletés de gestion que tous les rouages de la vie associative au sein d’une coopérative.

Dans l’autre coopérative, l’éducation n’est pas formelle et elle se fait au quotidien, car les

membres plus anciens transmettent leurs savoirs aux nouveaux par le biais d’échanges informels

fréquents. Mentionnons cependant, que les coopératives étudiées ne considèrent pas essentielle la

tenue de formations spécifiques et obligatoires pour les nouveaux administrateurs. Dans un cas,

une formation non obligatoire est offerte aux intéressés. En ce qui a trait au pré requis jugés

nécessaires pour siéger au conseil d’administration, il semble que la motivation et la qualité de

l’implication priment sur l’expertise bien que celle-ci soit considérée importante dans un cas.

Une bonne éducation coopérative permet de développer une culture organisationnelle efficiente,

mais aussi l’assimilation de la mission, des orientations et activités de la coopérative. Il est

remarqué que le développement du savoir-être et du savoir-faire des membres est favorisé par

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102

des éléments comme : l’expérience des gestionnaires et administrateurs; la possibilité des

membres à faire des apprentissages terrain, et donc sur la possibilité qu’ils ont d’observer et de

pratiquer. En plus de permettre le développement des savoirs (être et faire), la présence de ces

éléments entraîne une plus grande appropriation de la mission et un sens accru de l’implication

pour les membres.

Des trois cas étudiés, une seule coopérative est gérée par un coordonnateur général qui bénéficie

de diverses formations tant sur la gestion que sur le coopératisme. Cette politique en matière de

formation – éducation prônée dans cette coopérative lui permet d’acquérir et d’approfondir des

savoirs et techniques, tant sur les pratiques de gestion d’entreprise et que celles d’administration

de l’association. Cette stratégie éducative adoptée par cette coopérative est sans conteste un des

facteurs importants qui explique sa réussite.

3.5.2 Les obstacles à la bonne gouvernance Dans une des coopératives étudiées, il n’y a pas d’éducation-formation à l’intention des

administrateurs et des membres par manque de temps, malgré l’importance qu’en témoignent les

administrateurs. Aussi, il est remarqué que la dispersion des membres rend difficile la réunion

des participants pour des séances de formation. Or sans éducation, il nous paraît impossible de

savoir ce qu’est la gouvernance, à plus forte raison l’implanter et tendre vers la bonne

gouvernance.

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103

CHAPITRE IV

Étude de deux modèles de coopérative à multisociétariat

Dans ce chapitre IV, nous procédons à une petite étude descriptive de deux exemples de modèles

de coopératives à sociétariat multiple à savoir : la Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC)

en France qui est plus jeune que la coopérative de solidarité au Québec et la coopérative sociale

italienne qui a tant inspiré les coopératives multisociétaires.

Sans prétendre faire une étude comparative par rapport à la pratique de la gouvernance des

coopératives de solidarité du Québec, nous essayerons, dans une première section, de définir ces

modèles de coopératives en faisant ressortir quelques caractéristiques qui leurs sont propres. La

deuxième section sera consacrée à un bref résumé de leur contexte d’émergence. Enfin dans la

troisième section, nous nous focaliserons sur quelques éléments fondamentaux qui peuvent

influer sur la pratique de la gouvernance au sein de ces coopératives.

4.1 La Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) en France

4.1.1 Définition

L’article 19 quinquies de la Loi n°47-1775 du 10 septembre 1947 portant statut de la

coopération, modifiée par la Loi n°2001-624 du 17 juillet 2001, définit les Sociétés Coopératives

d'Intérêt Collectif, comme : «[…]des sociétés anonymes ou des sociétés à responsabilités

limitées7 à capital variable régies,[...] par le code de commerce», dont l’objet principal est « la

production ou la fourniture de biens et de services d'intérêt collectif, qui présentent un caractère

d'utilité sociale » (Loi 1901, 1999-2007).

7 La société à responsabilité limitée (SARL) « est une société dite "de personnes". Elle est formée entre deux ou plusieurs personnes, sans pourvoir dépasser le nombre de cinquante. Les associés ne supportent les pertes qu'à concurrence de leur apport. La société est gérée par un ou plusieurs "gérants" » (Braudo et Baumann, 1996-2007). L'article L 225-1 définit la société anonyme (SA) « comme la société dont le capital est divisé en actions et qui est constituée entre des associés qui ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs apports. Le nombre des associés ne peut être inférieur à sept » (Lexinter.net, sans date).

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104

Selon Alix Margado, délégué national à l’innovation auprès des Confédérations générales des

sociétés coopératives de production (CGSCOP), la Société Coopérative d'Intérêt Collectif

(SCIC) est « une nouvelle forme d’entreprise coopérative qui permet d’associer celles et ceux

qui, salariés, usagers, bénévoles, collectivités publiques, entreprises, associations,…veulent agir

ensemble dans un même projet de développement local et durable » (Margado, 2002). Aussi, en

vertu de l’article 19 septies de la loi portant sur les statuts de la coopération, peuvent être

associés d’une Société Coopérative d'Intérêt Collectif :

- les salariés de la coopérative,

- les personnes qui bénéficient habituellement à titre gratuit ou onéreux des activités de la

coopérative (usagers)

- toute personne physique souhaitant participer bénévolement à son activité,

- des collectivités publiques et leurs groupements,

- toute personne physique ou morale qui contribue par tout autre moyen à l'activité de la

coopérative.

La Société Coopérative d'Intérêt Collectif doit comprendre au moins trois des catégories

d'associés mentionnés ci-dessus, parmi lesquels doivent figurer obligatoirement les salariés et les

usagers.

Contrairement aux coopératives de solidarité au Québec qui exclut les municipalités en tant que

membre, « la société coopérative d’intérêt collectif peut admettre comme sociétaire des

collectivités territoriales. Cependant, cette faculté est encadrée par la loi de manière précise »

(Guigou et al., 2001).

Selon Alix Margado, dans l’appellation de cette forme coopérative, chaque mot est important. En

effet, la SCIC est :

- une société, car elle peut se constituer soit sous la forme d’une société anonyme (SA) à

partir de 100 associés ou d’une société à responsabilité limitée (SARL) à capital variable

régie par le code du commerce.

- Une coopérative, car elle est soumise au principe de la double qualité (entreprise et

association), et répond aux principes coopératifs généralement acceptés

Page 111: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

105

- à intérêt collectif, au-delà des intérêts des associés, la SCIC existe surtout et

primordialement pour la collectivité donc pour tout le territoire (Margado, 2002).

Toute association ou entreprise capitaliste peut se transformer en SCIC par adaptation de ses

statuts, sans avoir besoin de créer une nouvelle personne morale. Pour ce faire, elle se doit de

justifier le caractère d’utilité sociale des biens et des services d’intérêt collectif qu’elle se

propose de produire. Cependant, une société, pour opérer sous le statut de SCIC, doit avoir

l’agrément des autorités (préfet) de sa collectivité conformément à un cahier des charges établi

sur la base de critères d'utilité sociale et étendre ses activités à des non-associés. La SCIC subit

une révision comptable tous les cinq ans pour apporter la preuve qu’elle est encore une

coopérative. Ainsi, comme l’agrément préfectoral est quinquennal, on peut aisément deviner que

son renouvellement pourrait être conditionné par le rapport de la révision coopérative.

4.1.2 Brève description du contexte d’émergence des SCIC

« La tradition coopérative en France repose a minima sur deux caractéristiques : le principe de

l’exclusivisme (art. 3 de la loi de 1947) qui interdit à une coopérative de faire bénéficier les tiers

non-associés des activités » et « le principe de double qualité (être associé et usager ; associé et

salarié (SCOP)) » (Collège coopératif Provence Alpes Méditerranée, 2000).

Aussi, dans les années 1990, des réflexions destinées à créer une nouvelle forme d'entreprise

coopérative commencèrent en France afin de pouvoir corriger cette approche de base. Ces

réflexions s’inscrivent dans le prolongement des trois initiatives du gouvernement et des services

de l'État commencées en 1997 à savoir :

- Le programme Nouveaux Services / Emplois Jeunes qui prônent des activités marchandes

et non marchandes; activités qui s’appuient pour leur développement et leur pérennisation

sur un pilotage partagé entre des usagers, des bénévoles, des salariés et des tiers.

- Le rapport d’Alain LIPIETZ sur une nouvelle forme d’entreprise à but social qui ne

nécessite pas de nouveau cadre juridique, mais juste une adaptation pour permettre une

nouvelle forme d’entreprise qui sera dotée de capital et qui permettra d’associer à sa

gestion les usagers, les salariés, les bénévoles et des tiers.

Page 112: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

106

- Les Rencontres Régionales de l’Économie Sociale et Solidaire, qui tout en indexant les

limites des cadres juridiques existants, préconisent la nécessité de disposer d’un cadre

d’entreprise adapté au développement entrepreneurial qui tient compte de la dimension

éthique de l’économie sociale et solidaire.

C’est en novembre 1997 que le mouvement Scop et notamment celui de la Confédération

Générale des Scop, manifeste sa volonté de faire évoluer le statut coopératif avec comme idée de

base de rechercher une forme d’entreprise qui prendra en compte, non pas la somme des intérêts

individuels, mais l’intérêt collectif. C’est ainsi que sera adopté « la " Charte pour l’Action " qui

prévoyait que le mouvement s’engage dans une réflexion sur des nouvelles formes de

coopératives qui pourront offrir un cadre juridique adapté aux évolutions de la société et aux

nouvelles manières d’entreprendre » (Inter-Réseaux Scic, sans date b).

Ce même mouvement, avec d’autres partenaires (DIES8, la Mission Promotion de l’Emploi de la

DGEFP9) déclencheront une « étude-action », la Démarche Collective d’Innovation, pour

« évaluer la faisabilité d’une nouvelle déclinaison de la loi coopérative de 47 qui permettrait le

multisociétariat (usagers, bénévoles, salariés, autres tiers » (Inter-Réseaux Scic, sans date b).

Suite aux expérimentations sur le terrain, chercheurs et universitaires se sont associés au

mouvement coopératif pour apporter un contenu théorique aux réflexions. Ainsi, inspirée de

l’exemple italien, la SCIC fut créée par l'article 36 de la loi n° 2001624 du 17 juillet 2001

par un amendement au projet de loi portant Diverses Dispositions d’Ordre Social Éducatif et

Culturel (DDOSEC). Elle est régie par le statut général des coopératives de 1947 (Sibille, 2004).

La première SCIC a vu le jour le 28 février 2002 (Inter-Réseaux SCIC, sans date a).

Depuis, il y a eu une succession des textes qui ont consolidé les fondements des SCIC à savoir:

- La loi du 17 juillet 2001 qui fixe pour la SCIC : « son objet ; la composition de son

sociétariat ; les modes d’organisation du pouvoir avec des options de collèges; la

8 DIES : Développement, Innovation, Évaluation, Santé. 9 DGEFP : Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle

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107

répartition des excédents ; les règles relatives à la qualité de gérant ; la possibilité de

transformation d’une société en SCIC ».

- L’article 28 bis est ajouté à la loi du 10 septembre 1947 afin de permettre : « la

transformation d’une association en coopérative et l’extension des titres participatifs aux

coopératives SARL ».

- Le décret du 21 février 2002 précise : « la procédure d’agrément préfectoral ; les

conditions d’attribution d’aides de la part des collectivités locales; l’application de la

révision coopérative aux SCIC ».

- La circulaire du 18 avril 2002 (destinée aux préfets) détaille : les conditions

d’agrément (et suggère des critères d’appréciation de l’utilité sociale et de l’intérêt

collectif) et la réglementation concernant les subventions des collectivités territoriales

(Paris et Derriennic, 2003).

4.1.3 La gouvernance dans les SCIC

« “L’utopie” de la SCIC, c’est la prise de décision collective tout en soulignant les différences

de chacun » (Paris et Derriennic, 2003).

Comme dans toute coopérative, le principe démocratique de base dans la SCIC est « un associé ;

une voix ». Cependant, la pratique démocratique ne peut être ramenée à une problématique de

nombre dans une société comme la SCIC. Selon Paris et Derriennic « l’organisation du pouvoir

dans la SCIC est relativement encadrée, tout en laissant des marges de manœuvre aux

promoteurs du projet, afin de l’adapter en fonction du projet » (Paris et Derriennic, 2003). En

effet, la loi prévoit en son article 19 octies que :

« Chaque associé dispose d'une voix à l'assemblée générale ou, s'il y a lieu, dans le collège auquel il appartient. Les statuts peuvent prévoir que les associés sont répartis en fonction de leur participation à l'activité de la coopérative ou de leur contribution à son développement, en trois ou plusieurs collèges. Chaque collège dispose d'un nombre égal de voix à l'assemblée générale, à moins que les statuts n'en disposent autrement. Dans ce cas, les statuts déterminent la répartition des associés dans chacun des collèges et le nombre de leurs délégués à l'assemblée générale, ainsi que le nombre de voix dont disposent ces délégués au sein de cette

Page 114: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

108

assemblée en fonction de l'effectif des associés ou de la qualité des engagements de chaque associé au sein de la coopérative, sans toutefois qu'un collège puisse détenir à lui seul plus de 50 % du total des droits de vote ou que sa part dans le total des droits de vote puisse être inférieure à 10 % de ce total et sans que, dans ces conditions, l'apport en capital constitue un critère de pondération » (SCIC, sans date).

Créer des collèges dans la SCIC, constitue un véritable leitmotiv des réflexions et des

discussions dans les choix de modalités d’organisation du pouvoir de la coopérative. Comme ils

prévoient l’organisation par collèges, ce sont les statuts qui précisent leur mode de constitution,

leur fonctionnement (affectation et retrait des associés, pondération des voix, etc.). Il importe de

noter que les collèges n’existent et n’ont aucune expression propre qu’en référence à l’assemblée

générale. En cas de vote au sein des collèges, c’est toujours le système majoritaire qui

s’applique.

Les collèges sont un mode optionnel d'organisation des droits de vote dans la SCIC. Ils peuvent

réunir les fondateurs, les bénévoles actifs, les salariés, les usagers de l’association ou tout autre

groupe d’associés, selon les intérêts qu’il s’agit de représenter ou les dossiers à traiter.

Si des collèges sont constitués, chaque associé aura une voix à l’intérieur de son collège lors de

l’assemblée générale, ce qu’on appelle l’expression des groupes. En plus, l’associé a une voix

que lui confère le respect du principe “un associé / une voix” : c’est l’expression des individus.

Cette possibilité d’expression au sein des collèges d’une part et d’autre part directement en

assemblée confère aux assemblées des SCIC, le titre d’assemblées en deux temps qui sont

convoquées en fonction des règles propres aux sociétés anonymes ou aux sociétés à

responsabilité limitée. Les collèges peuvent être un moyen de canaliser les énergies et de

discipliner les initiatives. Ils peuvent également être des pourvoyeurs d’avis consultatif pour le

conseil d’administration. Malheureusement, cet avis peut être, des fois contraignant et s’imposer

à l’organe mandaté.

Par contre, si les collèges ne sont pas constitués, chaque associé dispose d’une voix à

l’assemblée générale. Il est de ce fait important que le sociétariat de la SCIC soit très actif.

Page 115: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

109

De façon générale, comme dans les coopératives de solidarité au Québec, l’assemblée générale

donne mandat au conseil d’administration qu’elle élit et qu’elle peut révoquer et assure le

contrôle de sa gestion. Elle fixe les orientations générales de la SCIC. Elle approuve les

conventions passées par la société, de même que les comptes et décide de la répartition des

excédents sur proposition du conseil d’administration. C’est enfin elle qui décide de l’exclusion

des sociétaires ayant causé un préjudice matériel ou moral à la SCIC.

« L’administration d’une société coopérative d’intérêt collectif répond aux règles fixées par le

code de commerce sur la gérance dans le cas des SARL et sur l’administration des SA » (Guigou

et al., 2001) et non selon une quelconque loi sur les coopératives. Toutefois, par dérogation aux

dispositions du code du commerce, l’article 19 undecies autorise que: « tout associé peut-être

nommé en qualité de directeur ou de gérant, membre du conseil d'administration, du directoire

ou du conseil de surveillance, sans perdre, le cas échéant, le bénéfice de son contrat de travail »

(SCIC, sans date).

Dans une grande SCIC qui en général prend la forme d’une société anonyme, la direction est

assurée par les membres du conseil d’administration élus par l’assemblée générale souveraine.

Le conseil d’administration a ainsi, comme dans une coopérative de solidarité, pour mission de

définir les orientations de la société, de s’assurer de leur mise en oeuvre et de procéder aux

mesures de contrôle. Ils délèguent à leur tour la gestion et la représentation face aux tiers, à un

directeur général tout en se réservant le droit de se saisir de toute question relative à la bonne

marche de leur société (SCIC, sans date).

Cependant, pour une SCIC de petite taille, un gérant peut être directement nommé par les

membres, ce qui permet d’éviter le formalisme et les réunions du conseil d’administration

(SCIC, sans date). Dans cette situation d’inexistence du conseil d’administration, le gérant est

souvent tenté de faire cavalier seul, car il reste et demeure le seul responsable civil et pénal en

cas de difficultés. Il importe alors aux membres d’exercer un contrôle assidu. Une situation

similaire peut être retrouvée au Québec. En effet, en vertu de l’article 61 de la Loi sur les

coopératives du Québec, une coopérative peut ne pas disposer d’un conseil d’administration si

elle compte moins de 25 membres pour une durée d’une année. Cette pratique est renouvelable

Page 116: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

110

annuellement dans le cas où la coopérative recueille le consentement d’au moins quatre-vingt-dix

pour cent de ses membres (art. 61, Loi sur les coopératives).

Quant au directeur général, dans une grande SCIC, il peut être choisi dans une catégorie

quelconque d’associés ou être embauché à l’extérieur. Conformément aux statuts de la SCIC, le

directeur général de la SCIC peut être un associé salarié, être un bénévole ou être indemnisé en

dehors du régime salarial. Il est investi des pouvoirs les plus étendus lui permettant d’agir au

nom de la société et d’assurer sa saine gestion.

Contrairement aux coopératives de solidarité au Québec, la direction d’une SCIC peut être

assurée par le président du conseil d’administration qui prend alors le titre de «Président

Directeur Général ». Le choix de la modalité de direction est dévolu au conseil d’administration.

Enfin, les salariés, étant intégrés au sociétariat, sont une composante à part entière ayant une

place clairement définie dans la structure de la SCIC. Cette situation leur permet de s’investir

pleinement grâce à une implication et une motivation assez fortes.

En conclusion, notons que comme pour les coopératives de solidarité au Québec, la multiplicité

des catégories d’associés impliquées dans une SCIC, risque d’entraîner une certaine

prédominance d’une catégorie d’associés par rapport aux autres. Ce qui peut conduire à un

détournement ou une dépossession du pouvoir. En plus pour les SCIC, l’existence des collèges

peut menacer la vivacité de la pratique démocratique. Pour la firme d’avocats Ernst & Young,

«le mécanisme de répartition des associés des SCIC par catégories et (sur option) par collèges,

présenté à l'origine comme une simplification des règles de fonctionnement des coopératives

s'avère complexe et aboutit le plus souvent à une simple reproduction des différentes catégories

d'associés » (Ernst & Young, 2005). En plus, « les critères légaux de répartition par collèges

(participation à l'activité ou contribution au développement de la coopérative) étant vagues et

difficilement pondérables, la mise en place de collèges peut ainsi contribuer au déséquilibre de

la répartition des droits politiques au profit d'une seule catégorie d'associés » (Ernst & Young,

2005).

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111

4.2 La coopérative sociale en Italie

4.2.1 Définition

Selon l’article 1 de la loi 381 du 8 novembre 1991, « les coopératives sociales ont comme

objectif l’intérêt général de la communauté pour la promotion humaine et l’intégration sociale

des citoyens à travers :

- a) la gestion des services socio-sanitaires et éducatifs et

- b) le déroulement des diverses activités – agricoles, industrielles, commerciales ou

de services ayant pour but l’insertion dans le monde du travail de personnes

défavorisées ». (Girard, Pezzini et Mailloux, 2000, p.34).

Pour Clément et Gardin, la coopérative sociale peut être définie comme « une coopérative qui

constituée librement par un grand groupe de citoyens sensibilisés par des besoins sociaux

particuliers, cherche à fournir les services nécessaires pour répondre à ces besoins et cela

grâce à l’organisation des ressources humaines (travail volontaire ou rémunéré) et matérielles

(financement privés et publics) » (Clément et Gardin, 1999, p.18). L’article 4 de la loi 381

définit les personnes défavorisées comme « […] les handicapés physiques, psychiques,

sensoriels, les ex-malades d’instituts psychiatriques, les sujets en traitement psychiatrique, les

drogués, les alcooliques, les mineurs en âge de travailler et venant de situations familiales

difficiles, les condamnés ayant accès aux mesures alternatives […] » (Girard, Pezzini et

Mailloux, 2000, p.35). Ces « […] travailleurs défavorisés doivent constitués au moins 30% du

personnel […] » (Girard, Pezzini et Mailloux, 2000, p.35) et si possible être membres de la

coopérative.

Les coopératives sociales italiennes adoptent deux grandes typologies : d'une part, les

coopératives sociales de type A dites de « solidarité sociale » qui fournissent des services socio-

sanitaires (aide à domicile, petite enfance, etc.) et de services éducatifs. D’autre part, celles de

type B, « les coopératives de travail » qui sont impliquées dans l’insertion par le travail des

personnes défavorisées et « inemployables ». Ainsi, « les “personnes défavorisées” sont les

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112

destinataires des prestations dans les premières, tandis qu’elles peuvent devenir des acteurs

dans les secondes » (De Leonardis et Vitale, 2001). Notons que les coopératives sociales

italiennes peuvent choisir de combiner les deux typologies (de type A et B) pour alors s’insérer

dans une dynamique de services d’insertion sociale et socio-sanitaires. Cependant, « les

statistiques démontrent que peu de coopératives exercent simultanément les deux types

d’activités » (Girard, Pezzini et Mailloux, 2000, p.6). En effet, bien qu’il ait eu des discussions à

ce sujet, l’interprétation de la loi qui a prévalu, est qu’une coopérative ne peut assumer qu’un

type d’activités (Girard, Pezzini et Mailloux, 2000).

Comme la SCIC et la coopérative de solidarité, la coopérative sociale italienne est qualifiée par

la loi 381 de 1991 d’instrument qui « ne sert pas les intérêts de ses seuls membres mais l’intérêt

général de la collectivité à travers la promotion humaine et l’insertion sociale des citoyens »

(Demoustier et Malbosc, 2000). Aussi, en vertu du 3e paragraphe de l’article 3 de la loi 381, elle

a pour obligation d’être inspectée une fois par an. Néanmoins, contrairement à la coopérative de

solidarité au Québec et la SCIC en France, la loi n’impose aucune limite quant au nombre ou

type de catégories des membres dans une coopérative sociale italienne.

L’une des particularités des coopératives sociales italiennes est qu’elles sont de petite taille. En

effet, bien que cela ne relève d’aucun caractère obligatoire, lorsqu'une coopérative atteint une

taille substantielle, elle se scinde en petites unités coopératives de dix (10) à trente (30) membres

qui développent des activités particulières pour en faire des secteurs indépendants de l'entreprise.

Cette stratégie d'expansion est appelée « stratégie des champs de fraises » (Opale, 2006).

4.2.2 Brève description du contexte d’émergence des coopératives sociales en Italie

La conjugaison de plusieurs éléments déclencheurs semble être à l’origine du mouvement des

coopératives sociales italiennes. En effet, selon Guiglia Alessandro dans une intervention en

1993, c’est dans les années 1960, après le deuxième boom économique italien, que la question

des réformes sociales a commencé à être posée. Pour Girard, Pezzini et Mailloux (2000), c’est la

crise du modèle de l’État providence qui a été le facteur le plus influent. La limite des ressources

de l'État d’une part, et l’augmentation des demandes de besoins sociaux de l’autre, ont fait

Page 119: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

113

émerger la volonté de rechercher des solutions alternatives (Girard, Pezzini et Mailloux, 2000).

Pour Guiglia Alessandro, « un autre élément important a été celui du mouvement de solidarité

qui s’est développé à la suite de la forte croissance du nombre de personnes mises en marge par

le processus de re-structuration de l’industrie et de l’agriculture, lié à l’entrée de l’Italie dans le

Marché Commun Européen » (Guiglia Alessandro, 1993). L’ensemble de ces éléments a produit

des changements dans la culture sociale. Il faut par ailleurs noter la convergence de deux

traditions d’actions sociales différentes à savoir la tradition d’engagement social confessionnel,

surtout catholique, enracinée dans la société italienne et la tradition des organisations et des

mouvements de promotion des droits sociaux et de la citoyenneté de type universaliste. « C’est

dans ce creuset que la notion « d’entreprise sociale » a été forgée, une notion qui est ensuite

entrée dans le vocabulaire courant du tiers secteur pour définir les entreprises non-profit qui

agissent dans le social, et en particulier les coopératives sociales » (De Leonardis et Vitale,

2001).

Ainsi, c’est en 1966 que l’une des premières coopératives de solidarité sociale a été lancée pour

apporter un service aux enfants orphelins d’une zone septentrionale de l'Italie (Clément et

Gardin, 1999). « Elles se sont fortement développées à la fin des années 1970, face à

l’augmentation du chômage et malgré les nombreuses dispositions législatives en faveur de

l’insertion et de l’emploi » (Ben Messaoud, 1999). Cependant, ce n’est que dans les années 1970

que la coopérative sociale en tant qu’entité légale s’est élargie et s’est renforcée pour mieux

progresser dans les années 1980. Pour Sonia Ben Messaoud, c’est depuis 1981 que les

promoteurs de coopératives sociales réclament une loi pour reconnaître et réglementer ce

mouvement. Finalement, leur reconnaissance juridique a été concrétisée par l'adoption de la loi

381 du 8 novembre 1991 (EME et al., 2006). En Italie la constitution reconnaît l’apport des

coopératives au bien-être de la population et les coopératives sociales italiennes sont reconnues

par la loi, comme oeuvrant « à l'intérêt général de la communauté pour la promotion humaine et

l'intégration sociale » (Girard, Pezzini et Mailloux, 2000, p. 20).

Page 120: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

114

4.2.3 Gouvernance dans les coopératives sociales en Italie

Il importe de notifier que les coopératives sociales italiennes ont pour objectif, « non pas de

maximiser les intérêts de leurs associés, mais de rechercher l'intérêt général de la communauté

pour la promotion humaine et l'intégration sociale des citoyens. Les bénéficiaires de l'activité ne

sont pas avant toute chose les associés de l'entreprise mais la communauté locale, ses habitants

et plus particulièrement ceux en difficulté. » (Opale, 2006). La représentation et la participation

des utilisateurs, la prise en compte des intérêts des parties prenantes et une gestion démocratique

en sont les caractéristiques essentielles. C'est la formule « un associé, une voix » qui s'applique.

La coopérative dispose d’une assemblée, des administrateurs et autres conseils et comités de

gestion. Pour Spear, qu’elle soit créée par un groupe de personnes ou par une autre coopérative

(souvent une coopérative de type A), le processus décisionnel des coopératives sociales

italiennes est caractérisé par un degré élevé d'autonomie (Spear et Bidet, 2001).

Des réformes adoptées dans la loi de 1992 introduisent la notion de «membres investisseurs» afin

d’aller chercher des capitaux dans le grand public tout en permettant d’augmenter les limites sur

le capital social que les membres pourraient détenir (Spear, 2005). Cependant, même si les

détenteurs des capitaux sont importants, le processus de décision renvoie généralement au

principe «un membre - une voix ». Les membres investisseurs pouvaient, cependant, obtenir 33%

de droit de vote et occuper 49% de sièges sur le conseil mettant ainsi en péril la valeur de

démocratie dans les assemblées des membres.

Les coopératives italiennes sont des coopératives de taille réduite dont le développement se fait

par la multiplication de nombre. Aussi, pour se donner plus de poids sur les marchés régionaux et

nationaux, elles choisissent de se grouper en unités plus grandes appelées "consortiums". Notons

que le sociétaire et la coopérative de base restent les premiers maillons dans un consortium. Cette

forme d’évolution est motivée par le souci de créer des effets de taille. Le consortium étant le

prolongement de la coopérative, il ne vise qu’à atteindre leurs objectifs de développement

(Zelaïa et Pflimlin, 2006).

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115

En effet, le « consortium prévoit un champ de services (gestion, comptabilité et conseil fiscal)

pour l’ensemble des coopératives. Sa fonction est d’accomplir les tâches auxquelles ne peuvent

prétendre les coopératives à leur niveau individuel, et de réaliser des opérations de grande

envergure, sans pour autant perdre l’avantage d’intervenir à petite échelle. Son objectif est de :

- Soutenir l’activité des coopératives adhérentes - Promouvoir le développement et la diffusion du concept de coopérative sociale autour

des deux types (A et B) - Fournir aux coopératives le support et l’assistance pour la gestion et l’organisation de

l’activité - Participer aux appels d’offres pour les marchés - Expérimenter des initiatives innovantes et organiser le transfert vers les coopératives - Soutenir les valeurs de coopération et de solidarité - Organiser des modules de formation aux sociétaires des coopératives » (Ben Messaoud, 1999).

Il est alors établit des relations de réciprocité qui vont d’une part « […] de la base vers le sommet

puisque ce sont les sociétaires qui détiennent la structure globale, et d’autre part et du sommet

vers la base pour ce qui touche des orientations stratégiques et des services proposés à tous,

mais aussi grâce aux relations transversales entre membres partageant la même organisation et

les mêmes valeurs » (Zelaïa et Pflimlin, 2006). La force des consortiums repose sur la volonté

des acteurs de coopérer, ce qui fait dire à Zelaïa et Pflimlin, citant Pezzini que c’est une

charpente qui « […] a été le fruit du libre arbitre de tous les acteurs » (Zelaïa et Pflimlin, 2006).

Ils disposent du statut coopératif qui permet aux coopératives de profiter certes des avantages

économiques, juridiques, éducationnels, etc., mais aussi d’une forte autonomie de retrait si la

coopération ne s’avère pas avantageuse pour elles, mettant ainsi en exergue l’organisation du

contrôle démocratique. Pour Zelaïa et Pflimlin, les questions de gouvernance sont importantes

pour les consortiums et elles sont régulièrement revisitées (Zelaïa et Pflimlin, 2006).

Pour De Leonardis et Vitale, l’invention des consortiums est une innovation difficile. D’une part,

les coopératives se sentent contraintes d’entrer dans un consortium. D’autre part, il existe un

risque de compétitivité entre les coopératives pour les financements. Pour ces mêmes auteurs, il

existe des cas où les consortiums « […] ont tendance à devenir des lobbies politico-affairistes

qui reproduisent les clientélismes traditionnels par l’activation de liens privilégiés avec des

segments de partis et certaines sphères du pouvoir politique ». D’où le risque « […] de voir se

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116

constituer autour des consortiums, une sorte de « gouvernement privé », où les choix publics

sont dans les mains d’organismes situés dans un espace qui échappe au contrôle (et au discours)

public et à la représentativité démocratique » (De Leonardis et Vitale, 2001).

Sans être affirmatif, on est tenté de vouloir pousser plus loin l’étude de la gouvernance au niveau

des consortiums. En effet, on peut sentir une certaine divergence de vue entre Zelaïa et Pflimlin

pour qui les questions de gouvernance sont importantes pour les consortiums et certains constats

de De Leonardis et Vitale, qui peuvent interpeller et susciter des questionnements quant à la

pratique de la bonne gouvernance au sein des consortiums.

En conclusion, on peut être tenter de dire que les modèles français et italien des coopératives

sociales peuvent servir d’école pour les coopératives de solidarité du Québec. Cependant, on ne

peut s’empêcher de se poser des questions :

- L’implication des collectivités qui peut supposer donner plus de support et de

crédibilité aux initiatives des coopératives, ne peut-elle faire émerger un

basculement de pouvoir ou de prérogatives?

- Quelle serait la conséquence de cette implication sur la composition du conseil

d’administration?

- L’implication des collectivités ne peut-elle créer un lien de dépendance ou encore

porter préjudice à l’autonomie des coopératives?

- La création de fédérations des coopératives de solidarités à l’instar des

consortiums italiens peut certes servir à appuyer, défendre et donner une meilleure

portée au mouvement. Néanmoins quel serait le prix à payer quant à l’autonomie

et la gestion démocratique?

- Les coopératives multisociétaires en Europe ont en général un minimum de trois

catégories de membres, donc plus qu’au Québec. Si nous soutenons que la

pratique de la gouvernance est complexe dans les coopératives de solidarité, alors

qu’en est-il pour ces coopératives européennes? Quels enjeux et quels défis la

gouvernance présente pour elles? Le pouvoir peut-il basculer vers une catégorie

au dépend d’une autre?

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117

- Enfin, pour que les coopératives de solidarité puissent s’inspirer des coopératives

européennes comme exemple, il importe d’ouvrir d’abord un vaste chantier

d’étude comparative sur la pratique de la gouvernance au sein de ces différentes

coopératives, afin de pouvoir faire un tri et de ne garder que les éléments les plus

favorables à leur développement.

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ANNEXES

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ANNEXE 1 : GUIDE D’ENTREVUES

Comment gérer les différents intérêts des parties prenantes internes des coopératives de solidarité? Pouvons-nous identifier des pratiques formelles et informelles favorables et défavorables à la gouvernance pour les différents groupes d’acteurs intervenants dans les coopératives de solidarité [assemblée générale, conseil d’administration, direction générale et employés] des coopératives de solidarité étudiées?

Questions administrées aux membres de l’assemblée générale Thème : informations générales

1- Depuis combien de temps êtes-vous membre de la coopérative? Pouvez-vous expliquer le contexte de votre adhésion? 2- Quel type de relation entretenez-vous avec votre coopérative? 3- Combien de fois avez-vous déjà participé à une assemblée générale? En deux mots, qu’est-ce qui vous a le plus marqué de cette expérience?

Thème : Rôles et responsabilités

4- Comment définirez-vous les rôles de l’assemblée générale, du conseil d’administration et de la direction générale? 5- Expliquez-nous votre responsabilité ou votre niveau d’implication au sein de votre coopérative? 6- Quelle est votre perception du conseil d’administration quant à ses décisions? Est-il déjà arrivé que vous n’ayez pas été en accord avec une décision ou un avis du conseil d’administration? Illustrez par un exemple. 7- En tant que membres, de quels mécanismes disposez-vous pour vérifier les activités de votre conseil d’administration?

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122

Thème : Aptitude, compétence et formation

8- Quel est selon vous le profil d’un bon candidat pour siéger au conseil d’administration de votre coopérative? 9- Quels sont les types de formations qui sont offertes aux membres? A votre avis, sont-elles pertinentes et leur fréquence est-elle adéquate? 10- Quelle est la fréquence de la rotation des membres du conseil d’administration? 11- Comment se fait la préparation des futurs membres du conseil d’administration?

Thème : processus de gestion démocratique

12- Selon vous, quel est le niveau de participation des membres aux assemblées générales (faible, bon, très bon, excellent)? 13- Comment se font les prises de décision lors de l’assemblée générale (votes par bulletins, à mains levées, prise de parole, …)? 14- Sentez-vous que vous avez la possibilité d’influencer les décisions lors de l’assemblée générale? 15- Comment qualifiez-vous l’ambiance à l’assemblée générale (Les membres ont-ils le sentiment d’avoir une assemblée efficace? Les membres sont-ils heureux d’être réunis ou perçoivent-ils la rencontre comme une lourde tâche? …)? Expliquez. 16- Comment qualifiez-vous l’information fournie par le conseil d’administration (rapport annuel, information générale des activités de la coopérative, etc.)? 17- Selon vous, quel rôle a le conseil d’administration dans votre coopérative? 18- Comment qualifiez-vous la prise de décision collective à l’intérieur de la coopérative? Selon vous, quels sont les avantages et/ou les inconvénients à cette pratique? 19- Selon vous, qu'est-ce qui fait le succès de votre coopérative?

Questions posées aux administrateurs (le conseil d’administration) Thème : informations générales

1- Depuis combien de temps êtes-vous impliqué dans la coopérative en tant qu’administrateur?

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2- Combien de réunions du conseil d’administration y a-t-il par an? 3- Selon vous quels sont les avantages liés à la fonction d’administrateurs? 4- Comment se fait la répartition par catégories au sein du conseil d’administration? Combien de personnes par catégorie de membre?

Thème : Rôles et responsabilités

5- Dans vos mots, qu’est-ce qu’un conseil d’administration? 6- Selon vous, quelles sont les responsabilités personnelles auxquelles s’engagent les membres du CA? 7- En général, quelles sont les tâches de la direction générale dans une coopérative? 8- Quels moyens utilisez-vous pour communiquer au sein de votre coopérative? Quelle est la fréquence de la transmission des informations aux membres et à la direction? 9- Comment se fait l’encadrement de la prise de décisions du conseil d’administration ? 10- Quelles sont selon vous les responsabilités de la direction dans votre coopérative? Comment se fait l’évaluation de la direction?

11- Quelles sont les actions posées par le conseil d’administration pour susciter ou stimuler la mobilisation des autres parties prenantes au sein de la coopérative?

Thème : Aptitude, compétence et formation

12- Quelles sont les compétences requises pour être membre du conseil d’administration? 13- Quelles sont les formations que reçoivent les membres du conseil d’administration pour approfondir les connaissances sur la gestion coopérative ? 14- Comment se fait le recrutement des futurs membres du conseil d’administration et quels sont les moyens mis en œuvres pour leur préparation?

Thème : processus de gestion démocratique

15- Comment qualifiez-vous le niveau de participation des membres à l’assemblée générale? Expliquez.

Page 130: Tremblay  indatou__zuluaga_essai

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16- Comment qualifiez-vous l’ambiance à l’assemblée générale (Les membres ont-ils le sentiment d’avoir une assemblée efficace? Les membres sont-ils heureux d’être réunis ou perçoivent-ils la rencontre comme une lourde tâche? …)? Expliquez. 17- Quels sont les mécanismes qui permettent aux membres de participer à la prise de décision? Selon vous, y a-t-il des avantages et/ou des inconvénients à la prise de décision collective? 18- Comment qualifiez-vous l’information fournie par la direction générale (rapports mensuels, information sur les activités de la coopérative, sur les difficultés vécues, consultation pour certaines décisions, etc.)? 19- Selon vous, qu'est-ce qui fait le succès de votre coopérative? 20- Comment gérez-vous le processus de prise de décision lors des conseils d’administration? Quel est votre degré de satisfaction quant à la tenue des réunions? (temps pour débattre des idées, vitesse, efficacité, etc.) 21- Comment réagissent les membres et les animateurs de l’assemblée générale lorsque certains membres exposent de façon très insistante un point de vu minoritaire? Qu’en pensez-vous? 22- Comment décrirez-vous la participation des bénévoles et des membres de soutien dans votre coopérative?

Questions administrées au directeur général (ou coordonnateur général) Thème : informations générales

1- Depuis combien de temps occupez-vous ce poste? 2- Combien de réunions avez-vous l’habitude de faire avec le conseil d’administration par an? Faites-vous souvent des assemblées extraordinaires? Existe-t-il d’autres réunions de suivi ou d’informations? Quelles sont leurs fréquences?

Thème : Rôles et responsabilités

3- En vos mots, quel est le rôle du directeur général ou d’un coordonnateur dans une coopérative? 4- Selon vous, quelles sont les responsabilités liées au poste de directeur général ou d’un coordonnateur?

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125

5- Comment percevez-vous les tâches du conseil d’administration? 6- Quels sont les moyens de communication au sein de votre coopérative? Comment est organisée la transmission de l’information de la direction vers le conseil d’administration et vers les employés? 7-Comment sont déterminées votre autonomie et/ou les limites dans l’exercice de votre rôle de direction générale? Donnez quelques exemples. 8- Quelles sont les actions que vous planifiez pour susciter, stimuler ou freiner la mobilisation du conseil d’administration? Des employés? Donnez des exemples d’implication des différentes catégories de membre.

Thème : Aptitude, compétence et formation

9- Quelles sont les compétences requises pour être directeur général de votre coopérative? 10- Dans votre coopérative, existe-t-il un cheminement typique pour accéder au poste de directeur général? 11- Quelles sont les formations auxquelles vous avez accès pour approfondir les connaissances sur la gestion coopérative ?

Thème : processus de gestion démocratique

12- Comment qualifiez-vous l’ambiance à l’intérieur de la coopérative? Comment qualifiez-vous les relations avec le conseil d’administration? Expliquez. 13- Selon vous, quels types de décisions qui doivent-être déléguées au conseil d’administration? 14- Comment qualifiez-vous la participation du conseil d’administration? 15- Comment les employés participent-ils à la prise de décision? Donnez quelques exemples. Selon vous, y a-t-il des avantages et/ou des inconvénients à la prise de décision collective?

16- Comment qualifiez-vous l’efficacité des réunions avec les le conseil d’administration, les employés. Quel est votre degré de satisfaction quant à la tenue des réunions? Êtes-vous satisfait ou insatisfait du processus (temps pour débattre des idées, vitesse, efficacité, etc.)? 17- Selon vous, qu'est-ce qui fait le succès de votre coopérative?

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Questions administrées aux employés-membres et non-membres Thème : informations générales

1- Depuis combien de temps occupez-vous ce poste? 2- Êtes-vous membre de la coopérative? 3- Quelle est votre appréciation de votre travail? En quoi votre travail est-il différent que dans une entreprise capitaliste non coopérative? 4- Combien de fois avez-vous déjà participé à une assemblée générale? En deux mots, qu’est-ce qui vous a le plus marqué de cette expérience?

Thème : Rôles et responsabilités

5- Selon vous, quels sont les rôles pour chaque groupe de personnes suivants : l’assemblée générale, le conseil d’administration et la direction générale? 6- Expliquez-nous votre perception de la direction quant à sa prise de décisions? Expliquez. 7- Comment qualifieriez-vous votre implication personnelle dans la coopérative? Expliquez.

Thème : Aptitude, compétence et formation

8- Quel est selon vous le profil d’un bon candidat pour être employé (employé-membre ou non-membre) dans une coopérative ? 9- Quelles sont les formations auxquelles vous pouvez avoir accès pour approfondir les connaissances sur la gestion coopérative? 10- Comment qualifiez-vous ces formations (pertinentes, non pertinentes)? 11- Comment les tâches et responsabilités sont-elles énoncées aux employés?

Thème : processus de gestion démocratique

12- Comment décrirez-vous le style de gestion de la direction générale?

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13- Si vos avez déjà assister à une assemblée générale de votre coopérative, comment qualifierez-vous l’ambiance qui y règne? Expliquez. 14- Comment qualifiez-vous l’ambiance de travail au sein de votre coopérative? Expliquez. 15- Quels sont les mécanismes qui sont mis en place pour permettre aux employés de participer à la prise de décision? Comment les qualifiez-vous (Êtes-vous satisfait ou insatisfait du temps pour débattre des idées, de l’efficacité des réunions, etc.)? 16- Quelles sont les pratiques de diffusion de l’information dans la coopérative? 17- Selon vous, qu'est-ce qui fait le succès de votre coopérative?

Questions administrées à toutes les catégories de membres confondues Thème 1 : Relations/Confiance/Leadership

1- Quelles sont les activités particulières en dehors « du travail » où vous pouvez fraterniser avec les autres membres de la coopérative? 2- En quelques mots, une image, pouvez-vous nous décrire votre coopérative? 3- Comment reconnaissez-vous la ou les personnes qui se démarquent pour leur implication au sein de la coopérative? 4- Avez-vous le sentiment d’influencer le cours des événements suivant votre niveau d’implication dans la coopérative (au travail, au CA, lors de l’assemblée générale, envers le développement de la communauté)? Expliquez.

Thème 2 : Engagement envers la communauté

5- Selon vous, quels sont les impacts des activités de la coopérative sur la communauté? 6- Pensez-vous que la communauté supporte la coopérative dans sa mission et ses objectifs autrement que par ses membres de soutien? Donnez quelques exemples.

Thème 3 : Appréciation de la formule coopérative de solidarité

7- Pourquoi avez-vous choisi la formule de la coopérative de solidarité? Quels sont les avantages et les inconvénients de la coopérative de solidarité?

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ANNEXE II

OUTIL D’ANALYSE

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Lieu, date Cher(e) [nom du membre], Dernièrement le conseil d’administration a initié une réflexion sur la gouvernance au sein de notre coopérative. En effet, il nous est apparu important de réviser nos pratiques afin de développer et d’affermir des actions qui favorisent la participation de l’ensemble des membres, par la mise en place d’un système qui délimite et coordonne l’exercice du pouvoir pour chaque catégorie de membre. À cet effet, vous trouverez ci-joint un questionnaire où des éléments liés à la bonne gouvernance sont relevés. S’il vous plaît, prenez quelques instants pour répondre à ces questions, car une rencontre sera organisée sous peu afin de partager le résultat de votre réflexion, vos commentaires et suggestions. Votre participation est précieuse puisque votre apport favorise le bien-être de chacun d’entre nous dans la coopérative ainsi que la pérennité de notre organisation. Cordialement vôtre, [Nom du directeur général ou du président du conseil d’administration]

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Questionnaire-guide : Évaluer la bonne gouvernance de ma coopérative…

Voici un questionnaire pour vous aider à situer la pratique de la gouvernance de notre coopérative. Si la gouvernance est définie comme un système permettant d’établir des limites entre l’exercice du pouvoir et le contrôle du pouvoir à l’intérieur de l’organisation (note 1), la bonne gouvernance, quant à elle, est définie comme celle qui met en place un système formel réunissant des conditions favorisant l’atteinte de la mission de l’organisation, son développement et sa pérennité (note 2). Ce questionnaire est élaboré à partir de cinq thèmes principaux, à savoir : pouvoir et respect des champs des compétences, transparence et communication, gestion démocratique et participative, leadership des dirigeants et des membres, éducation-formation; et sont des éléments essentiels à la pratique de la bonne gouvernance.

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Mise en contexte Selon l’Alliance Coopérative Internationale ACI, une coopérative se définit comme « […] une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement ». (ACI, 1995) Cette définition distingue les deux principales dimensions d’une coopérative :

- La dimension associative : une coopérative, c’est d’abord un groupement de personnes physique et/ou morales ayant des besoins économiques, sociaux et culturels communs à satisfaire. Ces personnes appelées membres ou parties prenantes adhèrent à la coopérative de façon volontaire. Ils sont co-propriétaire et exercent un contrôle démocratique. Dans la coopérative de solidarité, les membres peuvent être utilisateurs, travailleurs ou des membres qui soutiennent le projet coopératif.

- La dimension entrepreneuriale, est le moyen utilisé par ces membres pour atteindre leurs buts c’est-à-dire satisfaire leurs besoins et aspirations. C’est le côté « entreprise » qui exige la connaissance et l’assimilation de toutes les règles de gestion afin d’assurer le développement et la pérennité de la coopérative.

La logique de gestion démocratique des coopératives repose sur l’interaction des différentes parties prenantes. Les parties prenantes responsables de la gestion de l’association et de l’entreprise sont les membres, le conseil d’administration, le gestionnaire (directeur ou coordonnateur) et les employés. Chacune de ces parties prenantes a des droits, des pouvoirs, des rôles et des responsabilités qui lui sont dévolus par la loi sur les coopératives et le règlement de régie interne. Aussi, la structure de gestion de la coopérative est : l’assemblée générale des membres qui élit collectivement les administrateurs pour les représenter. Les administrateurs engagent le gestionnaire à qui ils délèguent des tâches de gestion. Le gestionnaire embauche les employés pour exécuter les taches et servir les membres. Cette structure est mise en place dans le respect de la démocratie, de l’égalité, de l’équité et de la solidarité pour concilier au mieux les intérêts de toutes les parties prenantes. Ci-bas, vous trouverez le quadrilatère coopératif inspiré de Henri Desroche (1976).

LE QUADRILATÈRE COOPÉRATIF

Les membres Élisent Servent

Les employés

Engagent

La direction générale

EngagentLes administrateurs

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1. Pouvoirs et respect des champs des compétences

Dans une coopérative de solidarité, un certain équilibre entre les différentes instances dirigeantes de la coopérative (l’assemblée générale des membres), le conseil d’administration, la direction générale et les travailleurs est essentiel car la concentration des pouvoirs est un risque et une limitation au potentiel de développement de la coopérative…

Partage et assimilation des rôles et responsabilités Avez-vous accès à un document qui décrit vos rôles et responsabilités

et ceux de vos collègues membres de la coopérative? Ces documents reflètent-ils la réalité?

Quand vous effectuez une activité en lien avec vos rôles et responsabilités, êtes-vous informé des résultats qui sont attendus? Est-ce que des objectifs précis (connus du conseil d’administration ou de responsables de la gestion) guident vos actions et décisions?

Contrôle

Dans une coopérative, chaque membre doit s’assurer que la coopérative prend la direction souhaitée…

Existe-t-il des pratiques dans la coopérative qui encourage l’auto-

évaluation et l’évaluation des pairs?

Comment les évaluations aident-elles à corriger, réorienter et mieux coordonner les actions pour l’atteinte de la mission de la coopérative?

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2. Transparence et communication

La participation, l’implication, l’administration et la gestion d’une coopérative exigent un dialogue constant à tous les niveaux et dans tous les sens. Pour y arriver, un système de communication interne, efficace et fiable, qui garantit la transparence, est essentiel.

Circulation de l’information Est-ce que l’information fournie par la coopérative répond à vos

besoins? Recevez-vous l’information grâce à des pratiques planifiées par l’organisation (formelle) ou de façon plus informelle? Est-ce que le conseil d’administration vous informe de son fonctionnement, ses pratiques, ses intensions ses objectifs et ses résultats, mais aussi de ses possibilités, ses limites et des difficultés qu’il éprouve? À quelle fréquence? Selon vous, quelle position occupe une communication transparente dans le processus de gestion de la coopérative?

Reddition de comptes

La reddition de comptes implique la transmission de l’information pertinente aux membres (qui ont délégués certains de leurs pouvoirs) et aux instances dirigeantes afin de s’assurer qu’ils soient toujours en mesure d’assumer de façon éclairée leurs

responsabilités.

Existe-t-il des pratiques reconnues (formelles) dans la coopérative qui vous permettent de partager avec vos collègues le dénouement des activités liées aux affaires de la coopérative dont vous êtes chargé?

Ces pratiques vous permettent-elles de transmettre l’information pertinente aux bonnes personnes et au bon moment?

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Consultation La consultation a plusieurs avantages. Par exemple, elle favorise le renforcement

des liens de confiance, permet une réflexion dynamique par rapport aux défis d’offrir un service adapté aux besoins des membres en plus de permettre un partage

des expertises et de renforcer les capacités de tous les acteurs au sein de la coopérative.

Comment les membres du conseil d’administration consultent-ils les membres? Quels sont les mécanismes établis dans la coopérative pour permettre la consultation des pairs lors d’une prise de décision?

3. Gestion démocratique et participative

Participer c’est faire sa part, avoir sa part et être partie prenante au développement de la coopérative…

Implication des membres Jusqu’à quel point la mission de votre coopérative vous enthousiasme?

Existe-t-il dans la coopérative une image ou un slogan qui est inspirant pour vous et tous les acteurs de la coopérative? Cette image est-elle rassembleuse et symbolise-t-elle un rêve?

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Comment qualifiez-vous l’implication des personnes pour chacune des catégories de membres de votre coopérative?

Participation

À quels moments et quelle fréquence prenez-vous part aux prises de

décisions liées à votre coopérative? Existe-t-il des pratiques établies afin que vous puissiez communiquer des plaintes, commentaires et suggestions au conseil d’administration et à la direction générale? Lors des assemblées générales, est-il possible de participer activement à l’établissement de politiques générales touchant l’administration et la gestion de votre coopérative? Est-ce que le conseil d’administration est capable de rendre l’information accessible et intéressante pour tous les membres (par exemple lors de la présentation du rapport annuel lors de l’assemblée générale)?

Efficacité organisationnelle

Des réunions permettant une prise de décision efficace et éclairée sont un exemple d’élément qui augmente le goût de s’impliquer. Pour que les rencontres soient

démocratiques, les membres doivent être préparés à l’exercice d’échange d’idées et de confrontation des valeurs. Il ne s’agit pas seulement d’être à l’écoute pour faire une gestion démocratique de son organisation, il faut aussi planifier des activités

qui favorisent l’exercice de la démocratie, prévoir un certain style d’animation, etc.

Si vous participez à un comité, en quoi les réunions de votre coopérative se démarquent-elles des réunions d’une entreprise traditionnelle?

La vie dans une coopérative implique la réalisation d’activités de gestion et ce, peu importe le domaine d’activités de la coopérative. Aussi, certaines compétences et

habiletés précises sont nécessaires à la vie entrepreneuriale de la coopérative. Quelle personne ou groupe de personnes est chargée des activités clés

de gestion dans votre coopérative?

Leurs responsabilités sont-elles reconnues formellement par le conseil d’administration et les autres membres de la coopérative?

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Représentativité Est-ce que le nombre de représentants élus au conseil d’administration

permet un équilibre des pouvoirs entre les différentes catégories de membres?

Cet équilibre est-il établi en fonction de la mission de la coopérative?

Engagement des membres (liens d’usage)

Offrir un service adapté aux besoins des membres représente un défi quotidien, une recherche constante à planifier. En effet, plus les services offerts par la coopérative

répondent aux besoins des membres, plus leur engagement sera significatif… et plus leur engagement sera important, plus il sera facile d’adapter les services aux

besoins des membres

Selon vous, la coopérative offre-t-elle des services ou des prestations qui correspondent aux besoins de tous les types de membres?

Engagement de la communauté

L’utilité sociale d’une coopérative peut être vue de différentes façons. Parmi ses façons, la coopérative peut apparaître comme un moyen de satisfaire les besoins

des membres ou comme un moyen (et non une fin) de réaliser une société différente. Dans ce cas, le coopérateur est perçu comme important mais c’est l’être humain qui est visé et non seulement le membre consommateur, travailleur, …. Bien que

cette perception influence le comportement des membres, l’engagement de la coopérative envers la communauté est favorable à son développement et sa

pérennité. L’engagement de la coopérative envers la communauté locale est-il

perceptible?

Cet engagement a-t-il des répercussions positives sur votre organisation?

Quelles perceptions la communauté locale a-t-elle de votre coopérative? Comment vos partenaires perçoivent-ils l’action de votre organisme?

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4. Leadership des dirigeants (administrateurs, des gestionnaires (directeur général) et des membres

Dans une coopérative, les membres doivent avoir la capacité d’influencer, de guider, d’inspirer afin de canaliser les énergies autour d’un projet commun, en d’autres mots, ils doivent développer un certain leadership. Le leadership peut prendre plusieurs formes, se

manifester de différentes façons suivant la nature des équipes et la personnalité des individus…

Vie associative et entrepreneuriale Une coopérative a des besoins propres relatifs à deux sphères puisque sa forme

juridique allie l’entreprise et l’association de personnes… Existe-t-il des pratiques qui favorisent le partage d’expériences aux

niveaux entrepreneurial et associatif (par exemple, l’organisation de jumelages entre pairs, d’un soutien aux nouveaux membres grâce à un parrainage) au sein de votre coopérative?

Développement du leadership Être leader ne veut pas dire s’imposer, avoir toujours raison ou encore vouloir dominer les autres membres de la coopérative. Le développement du leadership individuel ou d’un leadership coopératif (un leadership exercé par le groupe)

nécessite des compétences et des habiletés personnelles et sociales qui peuvent être apprises.

Existe-t-il des personnes au sein de la coopérative qui vous donne un

retour (feed-back) sur vos actions, qui vous encouragent à développer des compétences et habiletés et/ou à atteindre des objectifs professionnels?

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5. Éducation- formation

Pour qu’existe une gestion démocratique et participative dans une coopérative, il est essentiel que les membres et des groupes développent des compétences particulières.

Formation Avez-vous accès à des formations? Celles-ci sont-elles adaptées à vos

besoins et à certains objectifs de la coopérative? La formation permet-elle d’approfondir vos connaissances tant au niveau de la gestion qu’au niveau de la vie associative? Existe-t-il un plan de formation prévu par la coopérative (par exemple, un plan de formation énoncé dans la planification stratégique de la coopérative)?

Culture organisationnelle

Existe-t-il des moments formels ou informels où vous pouvez

développer des liens amicaux et de confiance avec des membres de votre coopérative?

Relève

Quelles pratiques sont faites dans votre coopérative pour assurer la

relève?

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Quelques notes et commentaires :

Notes : 1 MOLINA, Ernesto et Saïdou Kindo-Salam (2006). «La bonne gouvernance dans le secteur de l'économie sociale», Colloque "L'économie sociale: une valeur ajoutée pour l'Estrie", Jouvence, Québec, tenu le 16 octobre, Document PowerPoint (13 diapositives). 2 SCHWAB, Stéphan (2007). «Jusqu’où va la bonne gouvernance», Cours COP 722 : Séminaire en gouvernance financière coopérative, session d'hiver, IRECUS, Université de Sherbrooke, Document PowerPoint (33 diapositives). 3 Ce questionnaire a été réalisé à partir du rapport d’intervention-essai de trois étudiantes finissantes à la maîtrise en gestion des coopératives et des collectivités de l’Université de Sherbrooke, offerte par l’Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS). Pour avoir accès au rapport et aux références bibliographiques, veuiller contacter l’IRECUS, http://www.usherbrooke.ca/irecus/. Titre de l’intervention-essai: La bonne gouvernance dans les coopératives de solidarité.

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ANNEXE III

ARTICLE SYNTHÈSE

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ET SI ON PARLAIT BONNE GOUVERNANCE! Voici une synthèse de l’essai produit par trois finissantes dans le cadre de la maîtrise en gestion du développement des coopératives et des collectivités de l’Université de Sherbrooke, offerte par l’Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS). Elles ont étudié les concepts relatifs à la gouvernance et rencontré des membres de trois coopératives de solidarité québécoises afin de mieux comprendre les pratiques favorables et défavorables à la bonne gouvernance dans les coopératives de solidarité. Cet article traite d’éléments théoriques sur la bonne gouvernance dans les coopératives en général. Pour la survie et le développement de la coopérative, une saine gouvernance s’avère vitale. Pour qu’il y ait bonne gouvernance, il faut qu’il y ait détermination et respect des champs de compétence, mais également un certain équilibre entre les instances de pouvoir. Il est essentiel que la capacité du conseil d’administration soit renforcée pour permettre une contribution significative et soutenue des administrateurs. Le conseil d’administration ne doit pas se décharger de ses responsabilités à l’encontre du gestionnaire. D’autre part, l’équipe de gestion de la coopérative doit pouvoir évoluer avec une certaine marge de manoeuvre et d’autonomie sans toutefois se substituer aux responsables du conseil d’administration. Les employés salariés doivent accepter de transiger avec une structure de gouvernance où siègent plusieurs types d'usagers… Concept ancien, la notion de gouvernance refait surface dans les années 1980-1990, dans le contexte de la mondialisation lorsque « certains auteurs ont ressenti le besoin de donner un nom particulier aux actions pouvant être assimilées à celles de gouverner au sein d’une organisation » (Dubé, 2002; Ebrahimi, 2003). La notion de gouvernance et plus particulièrement celle de

bonne gouvernance tourne autour de thèmes comme l’efficacité, la responsabilisation, la participation, la transparence et conduit à repenser les relations entre les différents acteurs économiques, sociaux et politiques et leur mode d'interaction. Qu’est-ce que la bonne gouvernance? Selon certains auteurs, il y a 2 niveaux de gouvernance: la

« gouvernance mondiale ou globale» appelée aussi la gouvernance des États et la « gouvernance locale » qui a trait aux terroirs, régions, villes et entreprises (Dicko Baldé, 2000; Moreau Defarges, 2006). Nous nous centraliserons sur la gouvernance des entreprises et plus précisément celle des coopératives. La gouvernance est définie comme « un système

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permettant d’établir des limites entre l’exercice du pouvoir et le contrôle du pouvoir à l’intérieur de l’organisation »10. Quant à la bonne gouvernance, elle est définie comme « celle qui met en place un système formel réunissant des conditions favorisant l’atteinte de la mission de l’organisation, son développement et sa pérennité. » (Schwab, 2007, p.2). Selon Verne, c’est un «système permettant à l'entreprise de gérer ses affaires non seulement de façon efficace mais également en respectant certaines recommandations éthiques » (Verne, 2006, p.147).

10 Définition proposée par le Comité estrien du Réseau québécois de recherche partenariale (RQRP) en économie sociale lors de la présentation de la première phase d’une recherche à propos de la bonne gouvernance dans le secteur de l’économie sociale.

Quelques éléments essentiels à la bonne gouvernance De toutes ces définitions, il ressort que l’exercice de la gouvernance requiert un système. Qui dit système, dit existence des relations entre plusieurs éléments qui interagissent entre eux. C’est pour cela qu’il nous paraît important de ressortir un certain nombre d’éléments importants qui sont nécessaires à la pratique de la bonne gouvernance à savoir : 1- Définition des pouvoirs, rôles, responsabilités et respect des champs de compétences 2- Transparence et communication 3- Gestion démocratique et participative 4- Leadership des dirigeants et des membres 5- Éducation- formation Il est aussi important de noter que l’exercice de la gouvernance dans une coopérative de solidarité implique plusieurs parties prenantes internes11 à savoir les membres, les administrateurs, le gestionnaire (directeur ou

11 Le terme « parties prenantes» désigne tout groupe potentiellement affecté par les décisions et les orientations d’une entreprise. « Il peut notamment s’agir de pouvoirs, publics, des syndicats, des entreprises concurrentes, des employés, des fournisseurs, des clients, des leaders d’opinions locaux ou certaines associations » (Robbins et al, 2004, p. 19). Par « parties prenantes internes » nous entendons tous les membres d’une coopérative, les employés, son/ses gestionnaire(s) et ses administrateurs.

coordonnateur) et les employés (salariés ou bénévoles). Rappelons que la gestion démocratique des coopératives repose généralement sur des règles selon lesquelles, l’assemblée générale des membres, groupe d’autorité suprême de la coopérative, élit les administrateurs pour les représenter. Les administrateurs engagent le gestionnaire à qui ils délèguent des tâches de gestion. Le gestionnaire embauche les employés, qui à leur tour servent les membres. Ces règles s’appliquent dans le respect de la démocratie, de l’égalité, de l’équité et de la solidarité pour concilier au mieux les intérêts de toutes les parties prenantes.

La bonne gouvernance est celle qui met en place un système

formel réunissant des conditions favorisant

l’atteinte de la mission de l’organisation, son développement et sa

pérennité.

1. Pouvoirs, rôles, responsabilités et respect des champs de compétences des parties prenantes Le pouvoir des membres prend racine dans le deuxième principe coopératif à savoir le « pouvoir démocratique exercé par les membres » dont une partie de l’énoncé est « les coopératives sont des organisations démocratiques dirigées par leurs membres qui participent activement à l'établissement des politiques et à la prise de décisions […] » (ACI) (Orion).

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Les pouvoirs, les rôles et les responsabilités dévolus aux membres en assemblée, au conseil d’administration et à la direction générale sont définis dans la Loi sur les coopératives, les principes coopératifs et les règlements de la coopérative. Toutefois, pour qu’il ait bonne gouvernance, les parties prenantes se doivent d’équilibrer les relations entre elles. Il s’agit de clarifier les zones de responsabilités et de pouvoir et de respecter le champ de compétences de chaque partie prenante. La loi confère à l’assemblée des membres des pouvoirs exclusifs qui sont en lien avec l’existence même de la coopérative. C’est, en effet, en assemblée générale que sont déterminés les règlements de la coopérative et sont définies les grandes orientations de la coopérative.

C’est là que se décide la dissolution de la coopérative ou sa fusion avec une autre, mais aussi son adhésion à toute autre organisation intercoopérative. Les membres ont l’obligation de s’assurer que la coopérative prend la direction souhaitée. En cas d’écart, ils ont le devoir de communiquer des plaintes et/ou des suggestions au conseil d'administration et à la direction générale en assemblée annuelle ou extraordinaire. L’assemblée générale se dote d’un organe représentatif à qui elle donne mandat d’administrer la coopérative afin de répondre aux besoins des membres : le conseil d’administration. En tant que mandataires de la coopérative, les administrateurs doivent s’impliquer de façon réelle et

significative dans la vie économique et sociale de la coopérative. Pour ce faire, il doit exister : - d’une part, un contrepoids « réel et fonctionnel permettant de maintenir l’ÉQUILIBRE entre l’autonomie nécessaire de la direction et l’imputabilité incontestable des administrateurs et entre l’association et l’entreprise » - d’autre part, « des règles formelles de gouvernance et d’un système de contrôle et de validation » (Schwab, 2007, p.16). Pour éviter toute confusion dans les prérogatives des instances dirigeantes, le conseil d’administration, qui « joue un rôle d’interface entre l’association et l’entreprise » (Bridault, 1998, p.42) doit s’en tenir à ses responsabilités.

Quelques responsabilités du conseil d’administration • Le respect de la mission, des valeurs de la coopérative; • La gestion stratégique de la coopérative en lien avec sa mission; • La gestion de la performance de la coopérative en s’intéressant

au suivi budgétaire et à celui des résultats; • La gestion des risques que coure la coopérative en s’assurant

que la direction adopte une gestion saine et prudente; • L’encadrement du gestionnaire en s’assurant qu’il respecte les

directives, mais aussi en l’évaluant; • Assurer les relations avec les membres à qui ils rendent compte,

mais aussi avec le milieu grâce à une communication transparente pour garantir une vie associative active et efficace, donc une bonne gouvernance.

La bonne gouvernance dans les coopératives – septembre 2007

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Il doit y avoir un certain équilibre entre les instances dirigeantes de la coopérative, car en définitive, « la centralisation et la concentration des pouvoirs représentent un risque inutile et une limitation des potentialités qui ont pour effet d’appauvrir la gouvernance d’une organisation » (Schwab, 2007, p.7). Pour ce faire, les acteurs de la gouvernance et plus particulièrement le gestionnaire et les administrateurs doivent travailler en équipe et efficacement. Le gestionnaire a besoin du soutien du conseil d’administration et les administrateurs doivent être suffisamment alimentés afin

de renforcer leurs capacités pour accomplir pleinement leur rôle de mandataires. La compréhension et l’assimilation des rôles et des responsabilités des différentes parties prenantes nécessitent la mise en place d’un système de communication transparent et efficace. 2. Transparence et communication La gestion d’une coopérative exige un dialogue constant à tous les niveaux et dans tous les sens. D’une part pour mieux exercer les pouvoirs et les contrôles adéquats et d’autre part pour accomplir efficacement les responsabilités qui incombent

aux acteurs de la gouvernance, il est fondamental de mettre en place un système de communication interne efficace et fiable et qui garantit la transparence dans l’information. Les informations doivent circuler de façon descendante, ascendante, horizontale. Elles doivent être bien ciblées et contextualisées, fournies dans un délai raisonnable et aucun membre ne doit être mieux informé que les autres en tenant compte des prérogatives et des utilisations faites de ces informations, afin de construire une culture commune au sein de la coopérative.

Un aperçu des responsabilités du gestionnaire (directeur ou coordonnateur général)

- Diriger le processus de planification stratégique en élaborant des plans et budgets annuels d’exploitation qui doivent être approuvés par le conseil d’administration; - Transformer les grandes politiques et les grands axes de planification arrêtés par le conseil d’administration en décisions de gestion courante et en assurer la mise en œuvre pour la bonne marche de la coopérative tout en suggérant des changements si nécessaire; - Diriger les affaires courantes de la coopérative, notamment en recrutant, formant et conservant des employés talentueux et motivés ayant des pleines capacités pour accomplir leurs tâches et contribuer à la santé générale de la coopérative; - Veiller à ce que les potentiels risques auxquels la coopérative est exposée soient bien identifiés, que des politiques soient mises en place pour amoindrir ces risques et d’en informer les administrateurs, les employés et les bénévoles; - « Mettre en place et superviser un système de présentation de l’information capable de produire des états financiers qui représentent fidèlement la situation financière de la coopérative et qui permettent aux membres de comprendre l’entreprise et de prendre des décisions éclairées en conséquence » (Schwab, 2007,p.6); - Entretenir de bonnes relations de travail et sociales avec d’autres intervenants de la collectivité et de veiller à la bonne réputation de la coopérative dans son milieu.

La bonne gouvernance dans les coopératives – septembre 2007

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Quelques avantages d’un bon système de

communication - Être bien informé, écouté et impliqué dans la prise de décisions importantes - S’approprier certains enjeux de gestion auxquels font face les administrateurs et la direction générale (le fonctionnement, les pratiques, les intentions, les objectifs, les résultats, les possibilités, les limites, les difficultés éprouvées…) - Favoriser le renforcement des liens de confiance entre le conseil d’administration et les autres catégories de membres de la coopérative, car ils comprendront mieux la logique qui commande les gestes administratifs - Favoriser le renforcement des capacités des parties prenantes pour assurer leur efficacité dans l’exercice de leur fonction

Plusieurs outils et moyens doivent être mis à la disposition des parties prenantes pour donner et recueillir des informations significatives et de qualité de façon formelle ou informelle: différents types de rapports, les procès verbaux, les journaux et bulletins internes, les réunions, les rencontres, les babillards, les boîtes à suggestions, les sondages, les fiches de descriptions des taches, les évaluations des performances, les discussions–bilan, les affichages, les facilités de communications Internet, etc. La communication et la transparence ne se limitent pas uniquement à la diffusion à l’interne. La bonne gouvernance implique pour la coopérative le devoir d’informer son environnement, devoir, reconnu par le cinquième principe coopératif qui dit que les coopératives « […] informent le grand public, en particulier les jeunes et les dirigeants d'opinion, sur la nature et les avantages de la coopération. » (ACI) (Orion) La transparence de l’information permet aux membres de s’engager dans la vie démocratique et de prendre leurs responsabilités de copropriétaires, d’où la gestion démocratique qui est

définie comme une « méthode de gestion faisant appel à la participation de la base. » (Le grand dictionnaire terminologique, 2007). Le bon fonctionnement coopératif dépend de la vigueur démocratique de ces instances de décisions. Cette démocratie ne peut se vivre sans la présence de valeurs et de pratiques liées à la transparence et à la communication. 3. Gestion démocratique et participative La gestion démocratique et participative trouve son essence d’une part dans la définition même de la coopérative. On peut définir la participation comme « un échange multidimensionnel qui relie entre eux les membres […] » d’une coopérative en interaction et qui « […] peuvent avoir des visions et des motivations fort différentes dont il faut tenir compte dans l’élaboration de mécanismes de participation. » (Giroux et Fenocchi, 1994-1995, p.61). Participer c’est faire sa part, avoir sa part et être partie prenante. La participation peut être économique (biens et services rendus aux membres, ristournes), politique (notamment, tout le processus de prise de décision) ou sociale (entre autres, la vie associative et le

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développement de liens avec le milieu) et elle implique toutes les parties prenantes au sein de la coopérative. Pour participer, il faut d’une part avoir l’aptitude, la volonté, mais aussi, détenir des informations pertinentes et avoir la possibilité de contribuer pour soutenir les

valeurs de la coopérative. Le conseil d’administration et le gestionnaire sont les principaux responsables de la mise en place d’un système efficace de participation au sein de la coopérative. Les avantages de la participation dans la vie

économique et sociale de la coopérative Participer à la gestion de sa coopérative peut procurer des avantages aussi bien pour les acteurs de la gouvernance (membre, administrateur, gestionnaire, employé) que pour la coopérative elle-même.

La participation :

un avantage pour le membre et pour la coopérative!

Grâce à la participation, le membre : - Augmente sa satisfaction personnelle; - Développe un sentiment d’appartenance et de fierté pour la coopérative, ce qui le motive davantage et lui permet de développer un sens de responsabilité; - Développe une confiance envers lui-même et à l’égard des autres; - Développe des compétences personnelles favorisées par la prise de parole et de pouvoir au sein de la coopérative; - Peut influencer les décisions. La participation est également avantageuse pour la coopérative, car : - Elle favorise la transparence, la confiance vis-à-vis des membres du conseil d’administration et de la direction; - Réduit de trop grandes hiérarchisations et favorise la délégation; - Augmente les possibilités d’implantation d’un changement puisqu’il émerge d’idées proposées et acceptées des membres; - Par la créativité qui en émerge, assure une meilleure optimisation des relations d’usage (utilise les services de la coopérative).

(Giroux et Fenocchi, 1994-1995) Cependant, il faut noter que la participation nécessite du temps et qu’elle peut être limitée par l’épuisement des uns et des autres, par des

conflits et manipulations, par manque de formation, par les enjeux de certaines décisions ou par le style de gestion des dirigeants qui désirent

conserver leur pouvoir ou qui craignent de perdre des avantages qui s’y rattachent.

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Pour contrecarrer ces limites, il faut d’une part, de la formation et d’autre part, des leaders, car « il ne saurait y avoir de gestion participative sans leadership, sans ce “grand vent” qui canalise les énergies et regroupe les forces autour d’un projet commun » (Perron, 2002). 4. Leadership La question du leadership est importante pour l’émergence, le développement et la pérennité des coopératives. Le leadership se définit comme « la capacité d'un individu à mener ou conduire d'autres individus ou organisations dans le but d'atteindre certains objectifs. On dira alors qu'un leader est

quelqu'un qui est capable de guider, d'influencer et d'inspirer.» (Équipe Perspective Monde.). Le leadership peut prendre plusieurs formes, se manifester de différentes façons, suivant la nature des équipes et la personnalité des individus (leadership de compétence, charismatique, individuel ou collégial, etc.). Dans une coopérative de solidarité, il importe d’avoir un style démocratique de leadership car il est important qu’il y ait une confiance réciproque entre le conseil d’administration, le gestionnaire, les membres, les employés et les bénévoles. Les membres du conseil

d’administration et le gestionnaire doivent développer le leadership coopératif qui présente «[…] des caractéristiques particulières » en ce sens qu’il faut « que le groupe réunisse les qualités et les compétences de ce qu’on pourrait appeler un animateur-entrepreneur » (Desforges et al., 1979, p.12). Être leader, ne veut pas dire s’imposer, avoir toujours raison ou encore vouloir dominer les autres acteurs de la gouvernance. Le développement du leadership nécessite des compétences et habiletés personnelles et sociales.

Quelques compétences et habiletés nécessaires pour développer le leadership coopératif…

- Avoir une vision, partagée de tous et sans équivoque, de la mission et des objectifs de la coopérative; - Avoir une conscience professionnelle et un sens de l’éthique appliqué et perçu; - Procéder à une auto-évaluation approfondie et constante; - Posséder une capacité d’adaptabilité et de créativité dans la communication; - Posséder l’expertise nécessaire à son champ de compétence; - Démontrer une certaine empathie en écoutant et en essayant de comprendre les points de vue des uns et des autres; - Maîtriser les techniques de médiation et d’établissement des consensus entre les différentes parties prenantes; - Posséder la capacité d’influencer tout en collaborant et utilisant les compétences des parties prenantes; - Savoir mobiliser, offrir des opportunités, mais aussi en saisir quand l’occasion se présente.

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Le leadership des dirigeants ne doit pas s’arrêter uniquement au niveau de la coopérative. Les dirigeants doivent faire preuve de charisme et de clairvoyance pour développer et entretenir des relations avec le milieu dans lequel évolue la coopérative. Le manque de leadership des dirigeants et l’ignorance des membres peuvent avoir un impact négatif sur la santé de la coopérative. Aussi, pour remédier à des carences ou pour promouvoir et consolider des acquis en matière de leadership et de culture coopérative, il est possible d’avoir recours à l’éducation, et plus particulièrement l’éducation coopérative.

Savoir assumer ses responsabilités dans une coopérative, ça

s’apprend!

5. Éducation - formation « Ce n’est pas parce qu’on est membre d’une organisation à statut démocratique qu’on est démocrates, qu’on sait spontanément vivre la démocratie. » (Bridault, a, p.103) et « savoir assumer [ses] responsabilités dans une coopérative, ça s'apprend! » (Bridault, b, p.103).

Dans le même ordre d’idée, ajoutons qu’on ne naît pas coopérateur, on le devient par l’éducation, la formation et l’expérience (Bridault).

L’éducation coopérative «donne une direction claire à

poursuivre tout en favorisant une cohérence des actions quotidiennes.» (Vézina, 2001-2002). L’absence d’éducation dans une coopérative la fragilise, car « l'éducation est le principe des principes parce qu'il éduque aux autres principes et parce qu'il transcende la coopérative elle-même. » (Martin). L’éducation et la formation coopérative sont un devoir du conseil d’administration prescrit par la Loi sur les coopératives, c’est aussi le cinquième principe coopératif. L’éducation coopérative doit se faire de façon continue. Pourquoi faire de l’éducation coopérative? - Pour acquérir un savoir : ce savoir est essentiel et c’est le coopératisme. C’est à travers l’éducation coopérative que les membres, le conseil d’administration, la direction générale et les employés vont maîtriser l’essence, les enjeux et l’esprit du coopératisme (d’où vient le coopératisme, son évolution, les convictions?) - Pour maîtriser et acquérir le langage : dans sa particularité, la coopérative se doit d’avoir son propre langage par lequel l’éducation et la formation se feront. L’éducation permettra d’acquérir ces notions et prendre conscience de la nature de la valeur de la

coopérative. À titre d’exemple, on ne parlera pas de maximisation, mais optimisation des liens d’usage… - Pour diffuser le message coopératif : c’est par la communication qu’on peut avoir l’adhésion, la conviction et l'appui de tous les acteurs de gouvernance autour des idéaux de la coopérative. - Pour réfléchir collectivement : l’éducation favorise l’implication de tous les acteurs dans toutes les activités de la coopérative. Les réunions, les décisions, en fait toutes les occasions de rencontres sont des

opportunités d’éduquer pour favoriser l’assimilation de la culture organisationnelle. La qualité et la profondeur de cette assimilation sont tributaires du processus d’éducation et de formation qui a été utilisé et développe

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leur esprit critique. L’avantage est que la coopérative grandit avec ses membres qui développent leur sentiment d’appartenance. - Pour développer le savoir-faire : l’éducation coopérative permet de gérer les opérations de la coopérative de façon différente. Toutes les décisions de gestion sont teintées par la distinction coopérative, qu’il s’agisse de la gestion de ressources, de la gestion des employées et bénévoles, de la gestion de l’association que de la façon dont la coopérative s’investira dans son milieu. En fait, «coopérer c’est opérer en équipe, chacun acceptant d’intégrer sa contribution à celles des autres de manière à former une unité performante et créatrice »(Marengo, p.47). - Pour développer l’esprit d’équipe : l’éducation coopérative met l’accent sur des liens de solidarité forts qui doivent exister entre les différentes catégories des membres. Vivre la

coopération, c’est prendre conscience que les autres existent et que la réussite de la coopérative, surtout la coopérative de solidarité dépend de la collaboration et de l’entraide des catégories de membres. Pour Marengo, «l’esprit d’équipe est essentiel au succès en coopération » (Marengo, p. 47), car l’individualisme collectif tue la coopérative. Pour la survie et le développement de la coopérative de solidarité, une saine pratique de la gouvernance s’avère vitale. Pour qu’il y ait bonne gouvernance, il faut qu’il y ait respect des champs de compétence, mais également un certain équilibre dans les pouvoirs. Il est essentiel que la capacité de conseil d’administration soit renforcée pour permettre une contribution significative et soutenue des administrateurs. Le conseil d’administration ne doit pas se décharger de ses

responsabilités à l’encontre du gestionnaire. D’autre part, l’équipe de gestion de l’entreprise doit pouvoir évoluer avec une certaine marge de manoeuvre et autonomie sans toutefois se substituer au conseil d’administration. Les employés salariés doivent accepter de transiger avec une structure de gouvernance où siègent plusieurs types d’utilisateurs. Pour accéder à la version complète et pour connaître les résultats d’analyse liés à la pratique de coopératives de solidarité, une version originale de cet intervention-essai sera accessible à l’IRECUS, http://www.usherbrooke.ca/irecus/. Titre: La bonne gouvernance dans les coopératives de solidarités

Les auteures Maria Cecilia Zuluaga Hadjia Saidou Kindo Indatou Andrée-Anne Tremblay

Directeurs de recherche Jean-Pierre Girard Michel Lafleur Ernesto Molina

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