un aperçu des réflexions en histoire et sociologie du sport sport et intégration introduction –...
TRANSCRIPT
Un aperçu des réflexions en histoire et sociologie du sport
Sport et intégration
Introduction – le sport, moyen d’intégration : un vieux
GremiB – Dijon, 3 juin 2008
Sport et intégration dans l’histoire
Sport et intégration des années 1980 à nos jours
Exemples d’études
discours
Introduction – le sport, moyen d’intégration : un vieux discours
Aux origines des sports modernes
• Le sport : une pratique anhistorique ?
• Le sport : une pratique héritée de l’Antiquité ?
• Le sport : une pratique née dans l’Angleterre de la première révolution industrielle – fin XVIIIe-début XIXe siècles
Transformations économique, politiques, sociales qui conduisent à la naissance d ’un passe-temps inédit : le sport
Jacques DEFRANCE, 1995 : « Dans l’ensemble, les historiens qui décrivent l’édification du sport contemporain et les sociologues qui dégagent les caractéristiques de l’institution actuelle insistent sur la rupture historique entre les époques antiques, médiévale et classique, d’une part, et l’époque contemporaine, de l’autre ».
Les débuts des sports modernes en France (1870-1880)
• Une reconnaissance difficile
Plusieurs mouvements d’opposants :Dirigeants du mouvement gymnique, médecins, Eglise, Ecole
• Le rôle décisif des premiers défenseurs du sport
Pierre de Coubertin
Paschal Grousset
Georges de Saint-Clair
Première fédération sportive française, l’USFSA,
en 1889
Jeux olympiques modernes, 1896
Une rhétorique qui reste d’actualité
Conseil de l’Europe, déclaration officielle, décembre 2000 : « Le sport est une activité humaine qui repose sur des valeurs sociales, éducatives et culturelles essentielles. Il est un facteur d’insertion, de participation à la vie sociale, de tolérance, d’acceptation des différences et de respect des règles ».
Premiers discours sur le sport : l’« esprit sportif » et les « valeurs »
Trois piliers des discours originels sur le sport • Un rôle éducatif : former
à la citoyenneté
• Un rôle culturel : forger les caractères
• Un rôle social : favoriser le lien social
Sport et intégration dans l’histoire
L’intégration par le sport dans l’histoire : un « processus spontané » (Gastaut, 2004)
• Absence de politiques publiques d’intégration par le sport jusqu’aux années 1980
• Une prise en compte globalement tardive des questions sportives par les pouvoirs publics
- Front populaire et politique du plein air
- Vichy : le sport, outil de la Révolution nationale
- 1945 : les fédérations sportives deviennent « délégataires »
- 1958 : une véritable politique sportive – le haut niveau en ligne de mire
- Depuis les années 1980 : désengagement financier de l’Etat, réorientation des politiques : santé, civisme, intégration
Participation des populations migrantes au sport français
• Football (Frenkiel, Chovaux), athlétisme (Schotté, Erard) davantage que tennis ou rugby
Le regard des historiens du sport
Position nuancée quant à la contribution du sport à l’intégration
des populations migrantes
Au-delà des approches globales, de la mémoire collective… qui concernent essentiellement le sport de haut niveau…
… développement de travaux monographiques sur le sujet
• Toutes les populations migrantes sont concernées (Italiens, Polonais, Arméniens, Russes, Portugais, Maghrébins, Asiatiques)
« L’équipe de France de football, c’est l’histoire en raccourci d’un siècle d’immigration » (Gastaut, 2004)
Certes…
Des limites toutefois
• Développement d’un vaste réseau d’associations sportives communautaires : le sport et les loisirs sont aussi vecteurs de repli sur la communauté d’origine
• Ascension sociale par le sport : synonyme parfois de retour au pays (Primo Carnera, Alfredo Binda)
• Champions d’origine étrangère au sein de l’équipe de France favorisent l’identification à cette équipe et à la France pour les membres de leur communauté
Forme de participation sociale = dimension essentielle de l’intégration• Engagement associatif Rencontre avec les Français « de souche », appropriation des normes de la société française
• Champions d’origine étrangère favorisent la reconnaissance de leur communauté par la population française « de souche »
Sport et intégration des années 1980 à nos jours
Les politiques publiques s’emparent de la thématique :Le sport pour remédier à la crise des banlieues
Quelques dispositifs et leurs effets
Eté 1981 : émeutes à La Courneuve et Vénissieux
Automne 1990 : nouvelle vague de violences dans les banlieues
Opération « Anti été chaud », été 1982
Création du Ministère de la ville, 1990
Programme d’équipements sportifs (F. Bredin) : « J sport », 400 cités concernées, juin 1991
Nettes avancées en matière d’équipements,de structures sportives, d’encadrement.
Développement de la pratique sportive dans les banlieues françaises
Le regard des sociologues du sport
• Occuper les jeunes et pacifier les banlieues ?
Position nuancée quant à la contribution des
premiers dispositifs à l’intégration des
populations migrantes
Au-delà des bienfaits en matière de développement de la pratique sportive, les sociologues du sport posent la question des fondements des politiques
sportives dans les quartiers d’habitat social
• Favoriser intégration et cohésion sociales par le sport ?
Dénonciation de dispositifs ayant avant tout une visée
occupationnelle, ne s’adressant qu’à une fraction de la population
des quartiers
Quelques préconisations… qui révèlent la complexité du problème
Certes… • Les discours originels sur le rôle social du sport ne sont pas dénués de fondements
Toutefois…
Sortir du quartier Favoriser mixité et mixité sociale dans les activités
Savoir choisir les intervenants
Adapter les dispositifs à la diversité des situations
• Les activités sportives, y compris informelles, peuvent jouer un rôle structurant, en dehors de la sphère sportive
• Pas d’intégration par le sport sans égalité d’accès à la pratique
Aujourd’hui encore, il faut être intégré pour pratiquer !
• Le sport n’est pas intégrateur par nature. Il peut favoriser le processus d’intégration seulement s’il est pensé comme tel et organisé en ce sens
• Les discours sur le rôle social du sport ne doivent pas masquer les vraies priorités pour résoudre la crise du modèle français d’intégration
Exemples d’études
Sport et immigration en milieu de grande industrie :le Bassin minier de Saône-et-Loire
(années 1930 - années 1960)
3 étapes
1. Présence des travailleurs étrangers dans les mouvements sportifs locaux
Mesure de l’engagement des différentes populations de travailleurs immigrés (et de leurs familles) dans les mouvements sportifs des localités.
Etude de l’influence de différents facteurs sur les mécanismes d’adhésion des populations migrantes aux mouvements sportifs locaux.
• Types d’associations (patronales, ouvrières, laïques, catholiques ou traditionnelles).
• Origine des populations immigrées.
• Spécificités de l’histoire locale, facteurs humains
2. Des « politiques » d’intégration par le sport ?
L’intégration par le sport dans l’histoire :un « processus spontané ? » (Y. Gastaut, 2004)
L’intégration des travailleurs étrangers et de leurs familles par le biais du mouvement associatif a-t-elle été « pensée » ?
• Par les municipalités de Saône-et-Loire ?
• Par les groupements sportifs ?
• Par les industriels ?
3. Biographies de migrants
Question de l’intégration par le sport, du pouvoir socialisateur du sport lorsqu’il est pratiqué de façon ordinaire, très en deçà du haut niveau.
Sport et loisirs dans les quartiers populaires de Franche-Comté
• Equipe : 5 chercheurs – pilote : G. Vieille-Marchiset, MCU HDR, Laboratoire de sociologie et d’anthropologie (Univ.
de Franche-Comté)
• Financement : Maison des sciences de l’homme de Franche-Comté,
FASILD + DDJS Haute-Saône, Préfecture Besançon
Enquête 2005-2008
Étude des pratiques sportives et de loisirs des habitants des quartiers populaires de Franche-Comté
Objectifs
• Quels loisirs dans les quartiers populaires ?• Selon quelles modalités ?• Les loisirs : outils d’ouverture sur la ville et ses institutions ou facteurs de relégation pour les habitants des quartiers populaires ?
Moyens
Enquête qualitative
500 personnes interrogées au moyen d’un questionnaire(2005-2006)
(2007-2008)~ 60 personnes entendues dans le cadre d’entretiens semi-directifs
Enquête quantitative
2 quartiers de Besançon1 quartier de Dôle
1 quartier de Belfort1 quartier d’Héricourt (Hte Saône)
1 quartier de Valentigney (Doubs)
Population enquêtée : échantillon de 500 personnes représentatif de la population globale
Représentations associées
EspacesSociabilités
Rapports sociaux de sexe
Au-delà de la définition du temps libre…
Contenu des questionnaires et entretiens – Axes d’analyse
Pratiques sportives et de loisir
6 lieux d’enquête
Lieux de pratique
Partenaires
« Cadre » de pratique (libre/encadrée)
Quelques résultats
La convivialité, les relations sociales n’apparaissent plus
comme le principal moteur de la pratique populaire
• Les sociabilités de loisir mettent en scène dans la très grande majorité des cas les liens amicaux et familiaux
La famille s’entend ici au sens de famille proche, et non au sens de famille élargie
• 40.7 % des personnes interrogées déclarent être souvent seules dans le cadre de leurs loisirs
Surtout : 7.4 % des personnes interrogées (36 sur 487) déclarent être toujours seules dans le cadre de leurs loisirs
Poids de la pratique solitaire
Rareté des échanges établis en dehors du groupe social
d’appartenance
Sociabilités
Espaces
• Plus le quartier est vaste, mieux il est relié au centre-ville, et plus l’éventail des loisirs indiqué par les répondants est vaste et diversifié
• Les espaces de loisirs du quotidien sont situés majoritairement dans une proximité résidentielle :
- Un quart des personnes ne sortent jamais de chez elles pour les activités de loisirs (cf. pratiques solitaires)
- Presque la moitié restent toujours dans les limites du quartier
- Un tiers pratiquent à la fois dans le quartier et en dehors
L’idée selon laquelle les loisirs seraient des occasions d’ouverture territoriale s’avère fondée pour ce tiers seulement
Rapports sociaux de sexe
• Enfermement des femmes durant le temps libre et restriction de leurs loisirs, en particulier à certains âges de la vie (jeunes mères ; + de 60 ans)
• Sociabilités mixtes évitées dans le cadre des loisirs quotidiens
Mise en évidence d’un triangle de domination :
Habiter un quartier populaire
Etre femme, et qui plus est mère ou « senior »
Etre immigrée ou issue de l’immigration
• Exclusion des loisirs pour les femmes étrangères ou issues de l’immigration