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Un jour, j'ai écrit un secret Ateliers d'écriture dirigés par Jérôme Batteux

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Un jour,j'ai écritun secret

Ateliers d'écriture dirigés par Jérôme Batteux

Préface

Garder ses secrets, révéler sa vérité : un enjeu démocratique

Il n’y a de bons secrets qui ne respectent, pour tout individu, tout citoyen, deux prin-cipes essentiels : tout d’abord, le droit d’en avoir, mais aussi pour ses détenteurs, celui de les révéler si et comme l’on veut. Cela peut paraître une évidence, c’est en réalité bien plus délicat à mettre en œuvre qu’à l’écrire, quand bien même cela fonderait l’un des axes majeurs d’une vie démocratique apaisée et authentiquement moderne. C’est à dessein que j’emploie ce terme de moderne en une époque qui a fait de la confusion entre les sphères publiques et privées un marqueur de société, au risque de l’obscénité.Pourtant, il convient d’une certaine façon, de ne pas avoir peur des secrets. D’abord, parce qu’il y en a de toutes sortes : des grands, des petits, des graves, des légers. Il y a des secrets qui relèvent de la vérité profonde de chacun et qui comme toutes les vérités, ne sont pas bons à dire… Il y en a qui au contraire, sont moins tournés vers soi-même que vers les autres, comme une politesse faite à autrui. Il y a des secrets qui sont avant tout discrétion, voire timidité. Aussi, dés lors que l’on aborde aux rivages de la vie privée (pour chacun, quel que soit son rôle dans la société), le premier principe qui doit s’exercer est celui d’une certaine forme de délicatesse. Chacun face à son ou ses secrets a son « rythme » propre, ses propres impératifs de dévoilement ou non. Il est impératif pour chacun (a fortiori lorsque l’on exerce des fonctions publiques) de faire la part de ce qui relève d’une nécessaire transparence, gage d’une vie citoyenne harmonieuse, avec ce qui n’est que de la sphère de l’intimité, et doit avoir le droit d’y demeurer.C’est pourquoi, conscient de cette ligne de fracture ténue qui traverse notre so-ciété, je trouve singulièrement intéressante autant que nécessaire la démarche libératrice empruntée par Jérôme Batteux, d’abord avec l’écriture et la mise en scène de son spectacle Come out, mais aussi avec cet atelier d’écriture mené au Dôme (qui est pleinement dédié à ce type de démarches) réunissant des Talençais sur le thème du secret. La publication que vous tenez entre les mains est le « rendu » de ces ate-liers ; s’y exprime une parole vraie, sensible, attachante. Ce qui relie chacun de ces textes, c’est moins un sentiment d’appartenance communautaire que le désir de réinventer au quotidien notre « vivre ensemble ». Pour cela, il n’y a pas d’autre méthode que la parole libre, l’écoute, le dialogue. Pour cela au moins, il n’y a pas de secret.

Alain CazabonneMaire de Talence

1

32

L’’homme de ma vie

Le voyageur

54

50 ans

76

Enzo, 13 ans

Je suis Enzo. J’ai treize ans. Et je suis gay. Ça peut paraître tôt, mais j’en suis sûr. Depuis tout petit, je suis diff érent. Quand j’avais environ trois ans, le foot, et tout autres trucs de mecs, ça ne m’intéressait absolument pas. Je préférais aller vers mes “copines” pour jouer... Aux trucs de filles ! En grandissant je me suis lassé de tout ça. La diff érence était toujours en moi, j’étais et je suis encore (mais un peu moins) eff éminé. Donc au collège, ça été le fiasco total. Tous les jours insulté, tous les jours rabaissé, parfois même frappé (alors que je ne savais pas moi même que j’étais gay). Du tout début de la sixième jusqu’au début de la quatrième, c’était ça. Ça m’a valu plusieurs tentatives de suicide. Je suis donc allé chez un psychologue en début de cinquième et en début de quatrième, je paniquais à cause de ce “début d’attirance”. Pour me rassurer je suis sorti avec plusieurs filles et après Noël. Je me suis enfi n assumé dans ma tête en tant que gay. Ensuite j’en ai parlé à une amie, puis à ma meilleure amie puis au reste de la bande. Tous l’ont bien pris (elles trouvent toutes ça cool d’avoir un pote gay, mdr). Je passe en troisième et le secret est toujours intact. Mes parents ne sont pas encore au courant. Il me reste encore un long chemin à parcourir en tant qu’homo. Mais... Je compte bien me battre !

98

Camouflage

1110

Tuer l’enfant que j’étais

1312

Ta fille

1514

Comprendre pour accepter

1716

1918

Au boulot

(...)

Nous étions 4 dans la même pièce, et je râlais contre les agriculteurs avec qui je travaillais et qui étaient parfois un peu «tête de pioche». La conversation :

- Émilie (moi) : je n’en peux plus de ces agriculteurs, jamais contents l

- La comptable : ne dis pas ça, un jour, tu en trouveras peut-être un à ton goût...- Émilie : ça m’étonnerait !

- La comptable : mais si, un beau, bien musclé, bien bronzé par le soleil du Sud...- Émilie : je ne pense pas, non. - La comptable : il ne faut jamais dire «fontaine...» !

- Émilie : bon, écoute, c’est toi qui fais mon salaire, non ? Eh bien je te parie mon salaire de ce mois-ci, que non, ça n’arrivera pas !

- La comptable : .... comment tu peux en être si sûre ?

- Émilie : eh bien parce que ça ne sera pas un agriculteur, mais une agricultrice, par contre, je ne dirais pas non...

- La comptable, et les 2 autres personnes :

(...)

2120

2322

«Ça»

2524

Déclaration

2726

Trompée

2928

Laurent

3130

Magnifiques

3332

Réfugié

3534

3736

Le mensonge

3938

Kosovo

4140

Pèlerine

4342

Déception

4544

4746

Grosse bétise

4948

L’’homme de ma vie

À mon très cher amour DouglasC’est avec un cœur rempli d’amour que je tiens mon stylo pour te déclarer mon amour. À chaque fois que je te vois mon cœur se consume, je me sens tellement bien à tes côtés. À chaque fois que tu me parles, tu me fais perdre la raison, toi seul connais mes émotions juste à partir d’un seul re-gard. Depuis que je connais, j’ai l’impres-sion de grandir, tu es tellement prévoyant, ordonné et ton caractère si particulier, tu parles tellement bien, t’as une belle voix était si intelligent c’est tout ça qui me plaît. Tu es un bon vivant enfi n ton tout me plaît. Au fur et à mesure qu’on avance, je me dis que c’est toi l’homme de ma vie, ça fait trois ans qu’on est ensemble mais j’ai toujours l’impression que notre fl amme d’amour ne s’est éteint pas, au contraire notre amour nous grandit. Je t’aime plus que tout, je t’aime au-delà tout, je te donnerais tout. Bébé, je tenais à te dire que tu es dans tous mes rêves, ta douceur a le goût du miel, tu m’envoûtes par ton regard si profond. Je compte fi nir mes jours dans tes bras. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Ton amour Serge, le seul, l’unique est le vrai qui t’aime à la fi nie.

Serge Bordeaux 16/03/2016

Mon amourC’est avec un cœur rempli d’amour que je réponds à ta belle déclaration d’amour. Chaque jour à tes côtés est un bonheur im-mense. Tu es mon inspiration. Ma vie est toi rien que toi. Trois ans avec toi ne fait que enfl ammer mon amour. À travers toi et je ne veux pas qu’elle s’éteint trois ans de bon-heur. De vie. De joie. De douceur. Je comp-te vraiment fi nir mes jours auprès de toi.Je t’aime. Je t’aime je t’aime. J’aimerais offi cialiser notre amour.Mon amour. Le vrai de vrai.

Douglas

50 ans

Bonjour mon cher ami ! La semaine prochain j’aurai 50 ans. Ma fem-me prépare la fête pour moi. Mais je suis mal-heureux ! J’ai perdu mon travail et j’ai pas as-sez d’argent pour le crédit, quel j’ai pris pour nouvelle maison ! J’ai eu bonne idée. J’ai décidé gagner d’argent au casino. Mais j’ai perdu tout ! Et maintenant je n’y pas travail ni pas d’ergent ! Je ne sais pas qu’est-ce que je peux faire ? Parfois je ne peux pas vivre… Mais ma famille…! J’aime beaucoup ma fem-me et mes enfants ! Je ne peux pas laisser ma famille sans la aide. De temps en temps je pense vendre un rein ou autre chose comme un donneur d’organes. Et ce n’est pas drôle !Je suis au désespoir ! Je ne peux dire person-ne sur mes problèmes, je ne veux pas affl i-ger ma femme. Peut-être toi as quelque idée comme m’aider ? Merci beaucoup et bon chance.

Paul

Enzo, 13 ansEt si je dis je suis un homo.Que pensez-vous ?Je répondrais ??? Que l’on soit hétéro ou homo il y a pas de diff érence à mes yeux.Tant que je suis moi-même.Durant le fi l des années, je me suis senti diff érent pas par la couleur de peau et ma façon de m’habiller. Mais juste car au fi l des années, je me suis aperçu une attirance avec les garçons.Pourquoi tant de mépris. Tant de haine. Tant de dégoût. Venant des personnes extérieures.Même si durant mon enfance et pendant l’école primaire. Je jouais avec fi lles et garçons, ça ne me passionnait guère les jeux.Au moment où je passai au collège eff ecti-vement, là je devenais un ados.Mon attirance envers les garçons a com-mencé.

Secrets

5150

Dès que j’apercevais un garçon, j’avais le cœur qui palpitait ou presque comme si l’aiguille attendait son fi l.Ce qui m’a fait le plus de mal c’était le mé-pris des gens, les regards quelques fois les coups aussi. Mais, grâce au soutien de mes amis et ma meilleure amie, je continue de me battre, avancer même si le temps sera long, même très très long.Je continue de pas culpabiliser je ne vois pas pourquoi.On doit m’accepter tel que je suis.J’aimerais à travers ce courrier faire passer le message mais aussi pour que mes parents sachent combien je les aime et que je reste à leur écoute si un jour ils décident de voir et comprendre pourquoi je suis homo.

Enzo

Camouflage

Chère Véro :Je me sens seule. Tu me diras : on nait seul, on vit seul, et on meurt seul ! mais là, j’ai trop de bleus à l’ame et mes casse-roles sont lourdes à trainer ces temps-ci !Un, deux, trois, fais un petit sourire au miroir ! Fais-toi un sourire me dit-on, il faut se sourire, c’est du baume à l’âme.Mais moi, je ne peux pas, j’ai trop peur des miroirs et pourtant ils sont mes confi -dents, complices de mes tentatives de ca-moufl age : un peu de fard par-ci, un peu de blush par là. Hé oui ! Je n’ai pas que des bleus à l’âme, parfois ils sont là com-me des décalcomanies sur mon visages. Non ! Tu as deviné ? Ce n’est pas possible !! C’est ce que je me dis très très souvent :Non ! ce n’est pas possible d’être une femme battue ! Comment je suis devenue une fem-me battue ?

Tuer l’enfant que j’étais

Cher lecteur, désolé, désolé pour toute la tristesse que tu vas lire.Je suis né en 1996, de parents dits « nor-maux », 6 ans plus tard une merveilleuse cho-se m’est arrivée. Ma sœur est née. Mais mon monde s’est eff ondré très vite. Mon père est parti. Ma mère a fait une grosse dépression et moi j’ai dû l’aider. Je me suis occupé d’elle et j’ai élevé ma sœur. J’ai fait le bon « père » pendant4 années. Puis, à force de temps et d’idées noires, j’ai tué, j’ai tué l’enfant que j’étais. Ça a été mon premier d’une longue série. Après m’être enfermé sur moi-même pen-dant longtemps, j’ai découvert que j’aimais les hommes et les femmes. Désolé à toi lecteur je passe pas mal de cho-ses sous silence. J’ai été mis à la porte à mes 18 ans à cause de ça. J’ai vagabondé. A mes 19 ans, je me suis retrouvé en foyer. Et je me suis fait violer. J’en ai souff ert. Mais maintenant, je vis.Je vis ma vie avec mes rêves, mes blessures et mes forces.

From un frenchy xxx

Bonjour, Je trouve l’histoire de votre enfant très diffi cile à lire et à écouter. Je voulais vous dire qu’il faut accepter les gens tels qu’ils sont avec leurs diff érences.Je sais que c’est dur d’entendre votre propre enfant dire qu’il est bisexuel, mais votre en-fant a souff ert pendant la moitié de sa vie. Il a été violé, maltraité et il a fait le père pen-dant 4 années.Jamais, moi, je me verrais être dans une si-tuation pareille.Allez voir votre fi ls maintenant et vous verrez dans son regard, se regard vide sans espoir.Toutes ces histoires peuvent passer au sui-cide.

Ami de cœur

Cher ami j’ai vu ton histoire qui est vraiment touchante je voulais te dire que je suis fi er de toi tu es quelqu’un courageux tu es une merveilleuse personne tu as aidé ta maman faire grandir ta sœur tu étais vraiment coura-geux. Après si tu as décidé d’aimer les hom-mes puis les femmes tu as été mis à la porte après il y a des personnes qui acceptent pas ça mais si c’est ton choix et ben suis le tout le monde a le droit d’être diff érent après tu res-tes un très bon ami tu as pas eu une vie facile mais tu es resté courageux tu t’es fait violer mais tu n’as pas à être honteux c’est pas de ta faute et maintenant il faut penser à aller de l’avant tu as souff ert mais ne pense plus à ça et pense à la suite de ta vie te laisse pas abattre et je serai toujours là pour toi mon grand ami bisous

Tony

Ta fille

Chère amie Sofi e je t’écris pour parler de ta fi lle, elle m’a dit un secret, n’a pas parlé avec toi parce qu’elle a peur de ta réaction.Elle pense de aller vivre tout sole avec c’est copain et elle sé qui toi non se pas d’ac-cord. Je sé que pour toi ne pas facile. Parlé avec elle pour trouver un accord entre vous. Je comprende que tu vas à être en colère et je suis d’accord avec toi mais faut essayer de parler et faire comprendre à ta fi lle que n’a pas encore l’âge pour décider ça. Aussi tu parler avec son père pour savoir qu’est-ce qu’il pense. Ensemble vous pouvé faire bien compren-dre la fi lle à ne pas faire des coups de tété.J’espère que tu vas bien que trouvela bonne décision.

Aff ection salute et à bientôt

Comprendre pour accepter

Maman, Je ne te comprends pas, j’aimerais te com-prendre. Pourquoi m’avoir élevée dans le respect d’autrui, dans le non-jugement pour

aujourd’hui me renvoyer le contraire. Pour-quoi me faire sentir pas digne d’être la fi lle que tu aimerais que je sois ? Pendant mon enfance nous avons côtoyé des amis homo-sexuels. Alors pourquoi vouloir espérer que je change ? Pourquoi dire m’accepter mais vouloir que j’essaie avec un homme ? Pour-quoi me dire que tu es heureuse si je le suis mais me dire que je mérite la gentillesse et la tendresse d’un homme ? Par ce que tu ne penses pas qu’une femme peut l’être ? Et pourquoi je mériterai plus celle d’un homme qu’une femme ? J’aimerais te comprendre mais avant tout j’aimerais que tu me com-prennes. Me comprendre pour m’accepter, m’accepter pour ne pas me juger. Ne pas me juger pour me laisser vivre ma vie comme je la veux. Tu dis que je ne peux pas entière-ment savoir si j’aime les hommes, ou si je dé-sire un homme sans avoir essayé. Je trouve cela complètement faux. Alors j’aimerais te poser une question… Comment peux-tu sa-voir que tu n’aimerais pas un lama, avoir des relations sexuelles avec celui-ci, sans avoir essayé ? Ça te semble bête ce que je dis com-plètement à côté de la plaque ? Bah voilà tu commences à me comprendre. Maintenant on parle pas d’un vêtement ou de la couleur d’un vernis ? Je n’ai pas besoin d’essayer de tester comme un objet… On parle d’amour, de sentiments de désir pas d’objet de textile ou de bonne ou mauvaise qualité. Mainte-nant je vais t’aider à me comprendre un peu plus. Imagine- moi ta fi lle qui t’aime à qui tu as inculqué des valeurs te juger et juger tes relations amoureuses ou même amicales. Si je te disais que tes copains sont tous moches vulgaires cassos et que tu mérites mieux que cela. Si je te disais que je n’aime pas ce « genre de personnes » sans même essayer de les connaître, si je ne reconnaissais pas que tu es heureuse, si je faisais de ton bon-heur mon malheur… Ne te sentirais-tu pas dénigrée, humiliée, repoussée par ta propre fi lle voir même triste ou en colère ? Je pense que si, parce qu’en plus de mon éducation, j’ai hérité de ta sensibilité. Heureusement ou malheureusement, je ne sais pas mais je sais que ça te blesserait profondément, non

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? Voilà tu apprends encore un peu plus à me comprendre. J’aime les femmes, j’aime les femmes qui sont masculines avec un fort caractère. Parce que peut-être je cherche en elle ce que je n’ai pas en moi. Au fond n’est-ce pas ça l’amour m’as-tu appris ?… Trouver la partie qui nous complète qui nous ap-porte et non pas un miroir de nous-mêmes. Pourquoi j’aime les femmes masculines ? Ce n’est pas la question mais pourquoi te sens-tu obligée de me critiquer ou de me dire que c’est les hommes que j’aime. Pourquoi tu aimes les hommes grands bruns, ou telle ou telle couleur d’yeux ? Tu sais quoi je m’en fi che temps que tu es heureuse tant qu’il te rend heureuse temps que tu es bien. Je peux juste te dire qu’avec une femme masculine et je me sens en sécurité, je me sens proté-gée dans la rue et oui j’ai besoin de trouver cette part de force en l’autre. Car le physique va me projeter quelqu’un de fort psycholo-giquement, courageuse et déterminée. Ne me dis-tu pas que tu cherches dans les hom-mes leur part de féminité, de sensibilité ? Moi je cherche l’inverse c’est comme ça, cela ne s’explique pas et ça ne sert à rien de juger. Tu ne comprends peut-être pas mais au fond maintenant que j’arrive à la fi n de cette let-tre, je me rends compte que ce que je veux le plus c’est que tu m’acceptes mais que tu m’acceptes entièrement sans me compa-rer à toi, à ton histoire. Par ce que pour me comprendre il faudrait que tu sois moi et ce n’est pas ce que je veux. Je te demande de m’accepter, de partager mon bonheur, d’ac-cepter qui je suis, d’accepter que je ne suis pas comme toi, ou comme les autres enfants de tes amis, d’accepter d’être ma mère et j’accepterais de comprendre qu’il te faut du temps pour accepter, j’accepterais d’être ta fi lle même si ce n’est pas celle dont tu as rêvé.

Je t’aime, peu importe tes regrets, peu im-porte tes décisions, peu importe tes erreurs parce que tu m’as appris à pardonner. Mais tu ne peux pas m’apprendre à aimer, seule-ment m’aimer.

Ta Fille

Chère inconnue,Ta lettre m’a renvoyée à ma propre histoire. Je n’étais pas non plus l’enfant dont rêvaient mes parents : trop sensible, trop distraite, trop « bizarre »… J’ai compris il y a plusieurs années que j’allais aussi décevoir la société puisque j’ai osé ne pas être hétérosexuelle. Aujourd’hui, je commence à accepter tout cela, et même à le revendiquer. J’ai voulu te répondre pour t’apporter tout mon soutien dans cette période diffi cile. Te dire que j’ad-mire ta détermination et ta façon de tendre la main malgré les blessures. Je te souhaite d’aimer et d’être aimée, en toute liberté. Je te souhaite d’être acceptée telle que tu es, sans condition et sans compromis. Je te souhaite d’être heureuse, parce que tu le mérites.Une autre inconnue, tout juste sortie de nombreux placards.

Madame, Pourquoi ne pas essayer de comprendre votre fi lle. Si elle est heureuse. Soyez-le. Un enfant c’est la chair de la chair. Pensez à son bonheur d’accepter telle qu’elle est et ne soyez pas opposée. Pas pour autant que ses valeurs partent. Quoi qu’il en est, essayez de la comprendre, prenez du temps, commu-niquez avec elle et évitez le tabou. Si c’était vous qui étiez à sa place, je pense qu’elle se-rait heureuse sans pour autant vous mépri-ser, vous ignorer.Vous qui êtes une maman avec une sensibi-lité, ouvrez les yeux et le cœur, ouvrez com-me si c’était une nouvelle porte. Même si parfois vous vous sentez blessée. Elle veut à travers cette lettre vous faire passer un mes-sage. A travers une femme, elle se sent en toute sécurité, sereine. Si elle est heureuse, soyez le pour elle. Avancez ensemble pas sans votre fi lle. Ça peut que vous enrichir.Alors peu importe les regrets ou les erreurs du passé partez de l’avant. Avancez avec le présent, ensemble. Elle vous aime, quoi qu’il en est.

Au boulot

- La comptable, et les 2 autres personnes : …Geneviève : Je me demande bien ce que je dois comprendre.Charles : Comment ça une agricultrice ?Emilie : Tu as parfaitement entendu. Une jo-lie paysanne, aux pommettes hautes, sexy, avec un beau foulard rouge. Et les voilà tous à gueuler contre Bruxelles !Les 3 autres : …Emilie : J’ai 31 ans. Ça fait 20 ans que je me dis tout bas ce que je vous dis aujourd’hui.C’est si ahurissant ?Ça vous pose un problème ?Je suis lesbienne, là ! J’aime les femmes !La comptable : Et ton mois de salaire alors ?Emilie : Très drôle ! Laissez-moi vous dire : je suis ce que j’ai envie d’être. Assez de toutes ces casseroles qui vous collent aux fesses ! Je suis homo. C’est un mot sale ? Vous ne pou-vez le dire qu’en roulant des yeux ? Avec un petit sourire entendu ? Je ferais mieux de me marier ?Les 3 autres (Ils sont sciès) :…La comptable : Je débloquais pour ton mois de salaire ! Pourquoi tu t’énerves ?Charles : Ben oui, personne ne t’en veut, hein…Geneviève : Inutile de frôler la crise et de tout casser. Respire, Emilie, oh… Nous fais pas une attaque.Charles : Nous, ça nous pose aucun souci. C’est juste qu’on s’y attendait pas, c’est tout. Tu sais ce que c’est, pourtant, au boulot : tou-jours des histoires de cul. C’est venu comme ça. Détends-toi. Tout cool. C’est noté pour nous trois.Emilie : Eh ben comme ça, on est d’accord. Mais vous ne trouvez pas que ça mérite une pause-café ? Dites oui, j’en meurs d’envie !Les 3 autres : Ouais ! Un café ! Et merde aux préjugés !

Charles : Amen et hosannah !

Ça

Une libération inconnue !Je ne sais pas, je ne sais plus ce qui est normal.Je ne sais pas si j’ai tort ou raison !Je ne sais plus si j’ai droit ou non !Si la raison de mes démons sont bons !Si mes envies sont justes !Je ne sais pas si ne plus savoir n’est déjà pas un tort.Si le rêve est une envie, un espoir pour vivre, pour moi. C’est pas ça, non ! C’est un enfer.Depuis un long moment ma vie a changé. Mon corps change ! Mes envies s’amplifi ent, je ne comprends pas !J’essaie vraiment !J’aimerais en parler de ces démons qui me rongent !Mais comment si je ne me comprends pas moi-même ?!J’aimerais vivre un rêve magnifi que, celui des papillons dans l’estomac, de ces sueurs froides par peur de l’inconnu, du risque et du partage, l’amour.Mais je ne vie que de peur des regards, des regards qui jugent !Pourquoi me jugent-ils ?J’ai peur de parler, de respirer, qu’on m’oublie.J’ai peur du « ça » !J’ai peur d’aimer, d’aimer un sexe, un sexe que les gens ne comprennent pas ! Que je ne comprends pas !Messieurs, mesdames, amies, famille, para-dis et enfer, ne me jugez pas. Ne m’aban-donnez pas. Mais je dois vous avouer, m’aff ronter !Je ne connais pas le nom, l’appellation, mais je sais que j’aime un cœur pur et fragile, un cœur qui bat.Je dois vous dire malgré la peur et au risque de ma chute.J’aime le sexe non-opposé !Je suis une fi lle !Qui aime une fi lle !

5554

Féminine ou masculine !Je suis un fi lle amoureuse malgré les inter-dits une fi lle qui ne le sait pas !Comment lui dire !

Déclaration

Je t’aime MathiasDepuis la première rencontre. Je sais pas ça faisait longtemps, longtemps que j’ai pas aimé autant. Avec toi, j’ai l’impression de respirer.Je suis sorti de ma solitude. Tu m’as changé les idées. Tu m’a rendu heureux. Tu me rends toujours aussi heureux.Alors toi et moi c’est peut-être pas tous les jours rose. Mais y’a un truc auquel je suis sûrJe t’aime <3Remy, ton petit cœur

Mon Rémi,Ton petit cœur a touché mon cœur d’ar-tichaut. Ton bonheur est le mien et je voudrais que nos cœurs battent à l’unisson. Si seulement tu arrivais à le mettre en cage, un peu, pour te donner le bonheur que tu mérites.nous deux ce sera l’amour à petits pas, mais l’amour, ça j’en suis sûr !Boum ! Mon cœur pour toi fait boum !

Mahtias

Trompée

Je m’ai rencontrée avec ma amie à l’univer-sité. J’ai passé depuis 5 années à l’université. Après ma amie, elle se marier et elle a eu 4 enfants. Toujours elle m’a appelée pour discuter. Ce matin, j’ai reçu la lettre de ma amie. Elle a dit :« Ma chère Elissa,J’ai envoyé cette lettre pour raconter du secret. Car j’ai besion du conseil pour vous. Je dis le secret entre nous, j’ai trouvé mon

mari avec à l’autre femme amoureuse. C’est le choc pour moi. J’ai réfl échi qu’est-ce que je fais ? Et encore j’ai réfl échi pour quitter et puis j’ai réfl échi pour mes enfants pour grandir, pour poser les questions pourquoi tu as laissé mon père. Je ne sais pas qu’est que je fais pour demander divorce ou don-ner l’autre chance.S’il vous plait, je vous demande le conseil.Merci »Elle a écrit cette lettre à Elissa pour deux choses : 1) La première chose pour la confi ance à Elissa2) La deuxième chose car besion de conseil.Merci

Laurent

Chère amie, Voilà je me décide aujourd’hui et j’avoue que ça m’est diffi cile. Alors tu sais il y a longtemps une vingtaine d’années (Laurent) et moi étions plus ou moins attirés l’un vers l’autre j’étais en cou-ple. Tu m’as toujours dit de faire attention et je t’ai écoutée. Il s’est marié a eu deux enfants comme moi. J’ai continué mon train de vie, je vous demandais de ses nouvelles puisque tu es marié avec son frère, tu en parlais toujours mal puisque tu ne l’aimes pas. Il a divorcé puis il est parti à l’autre bout du monde puis un jour nous nous sommes retrouvés sur Facebook nous avons com-muniqué pendant deux années sans que personne à part nous le sache. Il y a peu comme tu sais il est venu en France voir sa famille ses enfants et (moi). En eff et tout le temps qu’il est resté nous nous sommes vus et revus partis même. Je tenais à t’en parler car comme je le mar-que au début tu es mon amie.

Chère amie, J’ai bien reçu ta lettre et je te conseille de quitter ton mec et d’aller avec celui que tu aimes. Suis ton cœur. Car si jamais tu vis avec celui que tu n’aimes pas, ta vie ne sera plus jamais pareille. Bon franchement je te dis d’aller avec celui celui que tu aimes comme ça tu vas être contente et moi aussi.

Magnifiques

Bébé d’amourAvant je faisais tout pour te repousser, j’étais blessantes, égoïste, j’étais violente verbale-ment et plusieurs fois je t’ai fait pleurer. Je te faisais pleurer au point que tu t’en détes-tais… Et j’en suis désolée… J’avais peur, je sais que rien n’excuse mon comportement, mais j’avais peur d’aimer encore une fois… J’avais peur de tomber encore sur une fi lle qui ne me laisserait pas ma chance, qui se moquerait encore de moi, qui n’essaierait pas de me comprendre… J’avais peur que tu me brises le cœur… Sans voir que chaque jour à mes côtés je te brisais… Mais sans toi, sans ta chaleur, ta peau si douce, ton souffl e dans le creux de mon cou, sans même le frôle-ment de tes lèvres contre mon dos, tes câlins et tes moments de tendresse, je ne saurais vivre… Peut-être qu’il faudrait que j’appren-ne… Ou pas… Mais comment quand on devient dépendant d’amour, quand le mot accro prend tout son sens, comment vivre sans les bras de celle qu’on aime ? ! Com-ment ? Alors que même quand j’ai refusé de voir la vérité, de l’entendre, je ne pouvais pas me passer de toi ! Chaque seconde, chaque minute, mais pensées t’étaient destinées. Quand j’ai refusé de penser à toi ou que j’ai essayé de te faire fuir, mon cœur pleurait, je ne voulais rien entendre… Comme un tigre en cage je t’ai oubliée pour ne plus souff rir… Et aujourd’hui, je me trouve con, à aimer à en plus savoir comment l’exprimer, depuis le début je n’ai jamais su, tu (dois) te le dire en lisant ceci, et tu as raison… Pourtant crois moi j’essaie… Mais à chaque fois je n’y arrive

pas, la peur reprend le dessus… Je pourrais te le prouver, te le montrer, mais quand j’es-saie je me casse la gueule… Alors j’attends le bon moment, peut-être que d’ici là on aura grandi, changé, mûri et qu’on se connaîtra mieux. Mais sache que mes je t’aime ont toujours été sincères, car chaque fois que je venais te voir c’était pour t’avoir à mes côtés, et que chaque fois que je rentrais chez moi ma plus grande peur était de ne plus te voir. Et cette peur était beaucoup plus présente quand l’autre était encore dans ma vie. Je ne la voulais plus, mon cœur battait déjà pour toi au premier message, et il devenait fou quand pour la première fois j’ai entendu ta voix, et quand on s’est vu, je savais plus com-ment réagir, d’où les petits gestes déplacés, et le fait que je parlais beaucoup de mon ex (j’avoue ça se fait pas du tout) mais j’avais en arrière pensé que si j’avais la chance de de-venir ta petite amie, que tu saches ma vie à partir du moment où tu rentrée dans la mien-ne… Et j’en suis désolée aussi. Bref, je voulais aussi te dire que depuis que je suis avec toi, je me sens mieux, être aimée c’est bien mais quand c’est partagé c’est magnifi que. Nous sommes magnifi ques d’ailleurs ! Je te trouve merveilleuse, intelligente à tes moments per-dus, sensible et douce, Et ça me plaît, (même ton caractère de caca) je t’aime, genre vrai-ment beaucoup, genre comme les grands !

Réfugiés

Je m’appelle Serge né à Kinshasa le 04/01/1995.Je suis arrivé en France le 16/01/2015. Si je suis là aujourd’hui c’est à cau-se de mon orientation sexuelle. J’ai été élevé par mon oncle, le frère de mon père. Mon père est mort lorsque j’avais cinq ans. Ma mère s’est de suite remariée.Il y a un an, un jour je prenais ma douche et j’avais laissé mon portable au salon et dans mon portable, j’avais des photos de mecs nus des pornos gays. En sortant de ma dou-che, mon oncle avait mon portable entre ses mains, sur le coup, j’avais qu’une envie

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c’était de mourir ou disparaître. Mon oncle m’a donné une raclée dont je m’en sou-viens jusqu’aujourd’hui il m’a dit une phrase dont je m’en souviendrais toujours. Il m’a dit que « j’étais en train de souiller le nom de mon père ». Cette phrase m’a toujours perturbé et même des fois lorsque je suis avec mon copain, cette phrase me débande. Depuis ce jour-là ma vie avait complètement changé. Lorsque quelqu’un tombait malade à la famille, c’était à cause de moi. J’avais tout le temps des agressions verbales et physiques. J’ai été tabassé chaque jour car il fallait que je redevienne normal. J’étais emmené à la police car chez moi être homosexuel c’est un délit. Je fais deux mois au com-missariat de police, je recevais 10 coups de fouet par jour. Je n’en pouvais plus. J’ai été relâché quelques temps après par le père d’un ami qui travaillait au commissariat. À la suite j’ai été mis à la porte comme une ordure. Il y a des fois où je me sens comme une ordure car ce n’est pas une person-ne qu’on met à la porte mais une ordure. J’étais à la rue pendant quelques semai-nes puis j’ai été accueilli par une amie de la famille et c’est là que j’avais croisé mon mec qui m’a aidé à quitter le pays. J’ai réussi à quitter le pays, j’ai fait la Tur-quie. En Turquie nous avons traversé la mer pour la Grèce et de la Grèce en France c’était en avion avec un passeport d’em-prunt de mon passeur. Je fais tous les chemins pour survivre, pour vivre en-fi n mon homosexualité en toute liberté. Lorsque je suis arrivé en France, précisément à Bordeaux, je ne connaissais personne, sur le coup suis allé demander l’asile à l’associa-tion « France Terre d’Asile » et l’association en question m’avait recommandé d’aller dans un centre LGBT Aquitaine Bordeaux. C’est gens m’ont accueilli chez eux, il ne me connaissaient même mais ils m’ont ouvert la porte de chez eux car je passais mes nuits chez eux en relais. C’est fou de constater que chez moi on m’a fermé la porte et j’ar-rive dans un pays où je connais personne, on m’ouvre la porte de chez eux. ça c’est quel-que chose qui m’a fort marqué. C’est grâce

à cette association que j’ai été admis au re-fuge et je dois aussi beaucoup au « Refuge » car j’étais un demandeur d’asile et j’avais un toit pour dormir, c’est une chance inouïe. Depuis que je suis en France, je vis ma vie comme je l’attends, je ne suis plus dans un personnage, je suis en train de vivre une bel-le histoire d’amour. Pour une fois dans ma vie, je suis moi et je viens d’avoir mes papiers depuis peu !! C’est que du bonheur !!!

Bonjour Serge Je viens de lire ton histoire qui m’a beau-coup émue.Je suis d’origine africaine et maman. Je comprends ta douleur, si je peux te suggé-rer quelque chose, c’est de vivre heureux et de ne surtout pas être rancunier, tu as une nouvelle vie aujourd’hui, hier tu en as eu une autre, tu as des origines et une culture. Chaque culture à des richesses et des failles. Tu as vécu le calvaire, à mon avis parce que culturellement certaines personnes pensent qu’un couple amoureux c’est un homme et une femme, ils ignorent que l’amour n’a pas d’âge, pas de sexe, pas de frontière. Tu sais ? Je suis persuadée que la réaction de ton oncle est due au fait que c’était une situation étrangère pour lui car l’être humain a peur de tout ce qui est étranger, ce que je te demande et peut-être diffi cile pour toi écris à ton oncle juste pour lui donner de tes nouvelles laisse lui le temps d’accepter ta vie. « Tu n’es pas anormal, ni une ordure » tu es un être humain amoureux qui vit une belle histoire d’amour. Tu n’as rien à te repro-cher, tu n’as causé aucun tort à quelqu’un. « L’ignorance est un danger que tout homme doit éviter », ton oncle c’est l’ignorance qui l’a poussé à être in-tolérant avec le temps il va s’y faire. Je te sous souhaite beaucoup de bonheur.

Une maman.

Le mensonge

Je me souviens déjà du temps où j’étais au collège, que je faisais tout pour ne pas mon-trer, ni même laisser penser qu’il y avait une chance, aussi infi me soit-elle, que je sois gay. En eff et, comment pouvoir faire comprendre à une famille paysanne très conservatrice qui te rappelle très souvent que tu es le der-nier sur trois ou quatre générations à pou-voir transmettre le nom. Très souvent, alors qu’avec mon père nous croisions le chemin de deux fi lles en balade, sa première phrase était toujours « Je prends celle de gauche (ou de droite selon celle qui était la plus jolie), et toi tu t’occupes de l’autre. Ça te va ? » Ce à quoi je ne m’empressais pas de ré-pondre, mais tout en acquiesçant en silence.Par la suite, une fois au lycée, les allusions à une éventuelle petite amie se faisaient de plus souvent fréquentes, et grâce à mes bonnes notes, je sortais l’excuse tellement simpliste « Non, je n’en ai toujours pas. Je me préoccupe trop de mes cours et de mon avenir pour m’intéresser aux fi lles. » Cepen-dant, malgré ce mensonge, ou plutôt cette « réalité légèrement modifi ée à mon avantage » comme je me le répète souvent dès que l’on aborde la question j’avais l’impression que l’on pouvait s’en rendre compte à mon visage, et je repartais vite à mes occupations (que ce soit à manger, étudier, lire ou tra-vailler). Autre subtilité avec laquelle j’ai sou-vent joué, c’est pour répondre à la question si fréquentes : «alors, tu as une copine ?». En eff et, il suffi sait de dire «non, je ne suis avec personne.» Ou pour toute autre réponse du même genre j’utilisais le féminin en utilisant « UNE PERSONNE » En pensant « UN MEC» alors que mon interlocuteur pense «UNE FILLE/COPINE». Encore aujourd’hui j’utilise ce stratagème quand je ne connais pas assez la personne avec qui je parle, mais je me suis fait avoir il y a quelques temps avec un améri-cain, j’ai bien essayé « I love somebody in my life» Malgré savoir pertinemment que cela n’a aucun sens, j’ai donc dû me résigner à dire « I have the boy friend» Depuis, j’évite le sujet

en anglais, et je continue mes quiproquos vo-lontaires selon la personne avec qui je parle.

À part :Au lycée, avec une amie, dont j’ai appris en cours d’année qu’elle s’intéressait aux fi lles, on avait mis au point une pseudo histoire en-tre nous pour qu’en cas de besoin, on puisse tous les deux s’inscrire dans la « norme » de nos familles.

Kosovo

Nous sommes jeudi 24 mars 2016Chéri mamanJe m’appelle Berisha Ali je viens de Kosovo depuis 8 ans dans la France. Je dir un pro-blème pasce je pas de une travaille et j’ai cherché tous de jours une travaill. Je suis de pentre et de tapis. Je respecte de travaill et de responsable. J’ai cherche travaill handi-cap. Je spere truv de travaill et édé au mon maman. Pasce moi parlé bien France. Je spère maman vous etes bien et cet courie bien te truve. Bon santé et bon tan vivre. A tutalore et bonne santé

Ali

Cher enfant je viens de lire ta mettre est j’ai vu que tu t’inquiètes pour moi ne te fait pas de souci préoccupe toi d’abord de toi conti-nue à faire tes recherches dans la peinture et la tapisserie moi je suis bien au Kosovo je suis en bonne santé si je peux je viendrai te voir si possible j’espère que tu trouveras de travail pour toi. Pour quelqu’un qui est en France depuis 8 ans tu parles bien français, j’en suis sûr que tu trouveras un travail j’ai confi ance en toi, je te souhaite de trouver du travail fais attention à toi Ali et toi aussi bonne santé ta maman chérie Tony R

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Grosse bétise

Mon cher papa, Je vais raconter qu’est-ce que j’avais fait lorse que vous avez passé quel-ques jours en France pour ton travail. J’ai volé ta voiture et j’ai fait une promenade avec mes amis à l’extérieur de Damas, mais malheureusement j’ai fait un accident pas dangereux mais il était fort mes amis m’ont donné une aide pour amener la voiture chez mécanicien, deux jours après ta voiture était bien réparé est a devenu neuve. Mon père pardonne et moi, j’avais très peur et j’étais stressé il était vraiment une fort leçon pour moi, c’était la dernière fois qui je fais quelque chose comme ça. Je t’embrasse

Lara

Ma fi lle Lara, En fait pour la voiture il fallait que tu me de-mandes pour une promenade avec tes amis. Dès l’accident il fallait que tu viens me le dire c’est comme tu tomber tu vas me le dire et on va voir le médecin et tu vas te soigner comme la voiture elle va se réparer. Tu as réparé des erreurs sûrement avec tes amis. Pour ton courage et tu sais que dès mainte-nant tu demanderas la permission.

Secrets

Je m’a rencontré avec mon ami dans un travail.Il a raconté par voler de peinture.Pourquoi tu as voler la peinture à ton patron c’est pas bien d’avoir trahit sa confi ance tu devrais la rendre.-*-J’ai acheté une voiture sans l’avoir dit à per-sonne-*-La recette du coca cola est un secret

-*-J’ai prêté de l’argent à mon cousin en secret

Pèlerine

Chère maman je t’aime beaucoup beau-coup maman je t’aime de tout mon cœur j’ai rêvé quand j’étais petite j’ai cherché une travail pour t’off rir un voyage pour al-ler au pélérignage par ce que vous êtes souff ré beaucoup. À couse la mort de papa Vous êtes la plus courajouse des femmes je suis fi er de toi

Maman <3Ma fi lle mon amour j’ai reçu ta lettre, et ne t’in-

quiète pas j’ai un ami qui va te trouver du travail et je sais que derrière cette lettre il y a une fi lle

très courageuse mais ne me donne pas d’argent puisque t’en as plus besoin que moi

PS je suis déjà à Pélérinage

Ma chérie <3Comment ça tu es déjà à Pélérinage

Maman <3Oh c’est bon hum t’es pas obligée de savoir tout

de ma vie

Ma chérie <3Oh d’accord PS J’ai un mec

Maman <3Je suis enceinte

Ma chérie <3Euh, c’est qui le père

Maman <3C’est Jean-Claude de la Touré

Ma chérie <3OKMa chérie <3Si tu souffl es envoie ton odeur Si tu dors envoie tes rêves Si tu chat envoies tes messages Si tu es contente envoie ton sourire

Maman <3Euh, je fais caca

J’envoie quoi

Déception

Chère maman, Je suis ta fi lle Kristine et je t’écris un petit se-cret que je cachais quand j’étais à l’université. C’était la première année à l’université et je me suis sentie toute seule. J’étais tris-te car pour moi c’était nouvelle vie. J’ai eu besoin pour une personne à parta-ger ma vie et mes aff aires et mes études. Comme toujours, j’ai pris le bus pour al-ler à l’université et un garçon m’a deman-dé… Mademoiselle quelle heure est-il ? Après on a commencé à parler et faire connaissance. On a échangé le numéro de portable et comme ça on a parlé tous les jours. Pendant six mois on a partagé tous en-semble et soudain on a décidé vivre ensem-ble. Tout allait bien jusqu’à un jour il a gagné un loto pour aller aux États-Unis et comme ça il a disparu et c’est fi ni tout ça. Il est parti et moi je commencé ma vie normale com-me si rien passé car c’est la vie comme ça. Désolée chère Maman pour ce secret mais je sais que un jour tu vas me comprendre avec beaucoup d’amour…

Kristine.

Chère Kristine, Bonjour je suis ta mère Martine j’ai bien reçu ta lettre.Ta lettre ne m’a pas choquée ça peut arri-ver à tout le monde. Mais moi ça déjà arri-vé. Mais les mecs sont les mêmes. Donc tu voudrais bien savoir mon histoire la voici : Un jour j’étais dans un café j’avais 17 ans je prenais mon petit déjeuner un mec i venu me parler nous aussi on a fait connaissance on a échangé nos numéros de portables et on s’appelait tous les jours, un jour on a aussi décidé de vivre ensemble. Mais ce mec il avait une femme mais il m’a dit que il avait 20 ans mais non il avait 30 ans il avait deux enfants. Ce mec il s’est servi de moi. Mais bref l’histoire il s’est arrivée à nous deux.

Martine Je t’aime beaucoup fais attention à toi

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Merci à ...

... Ceux qui ont écrit :

L’Atelier Français langue étrangère de l’association Mix-cité (Lara, Alma, Fatiha, Otmane, Svetlana, Hilda, Giovana, Ali, Rahed, Delgermaa), Le refuge

de Bordeaux (François, Serge, Ashley, Fanny, Rémy), Ceux qui sont venus comme ça (Valérie, Maïté, Sandrine, Patricia, Alice, Adèle), Les jeunes du CAJ.

Ceux qui se sont emparé des textes pour les glisser dans les oreilles

des spectateurs :

Frédéric Kneip et les comédiens de la troupe de théâtre du lycée Victor Louis (Salimatou, Solène, Victor, Pia, Cécile et Léa).

Ceux qui on rendu cela possible :

Céline Massiat et Nicolas Monteils au Dôme, La mairie de Talence,Christophe animateur Atelier Français langue étrangère de l’association Mix-cité, les anima-

teurs du CAJ, le Refuge de Bordeaux et plus particulièrementAlexandre Figuès, la Cie des Petites Secousses.

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50 ans“Chaque fois que j’anime un atelier d’écriture, mon objectif est le même : tâcher de laisser libre cours à l’expression de chacun. Au mieux, je peux proposer un point de départ ou des outils pour se lancer. Cette fois en particulier, l’envie était d’écrire le secret, l’intime. Amener chacun à réfl échir à ce moment particulier qu’est la révéla-tion d’un secret.J’ai rencontré les jeunes du Refuge de Bordeaux. Ils ont écrit leurs his-toires et des déclarations d’amour comme autant de bouteilles jetées à la mer.Ces bouteilles, je les ai apportées jusqu’aux participants des ateliers d’écriture leur proposant soit d’y répondre soit de proposer une autre révélation.Une correspondance s’est mise en place.Dans la retranscription des lettres, nous avons fait le choix délibéré de ne rien modifi er. La proposition était de s’exprimer et non de démon-trer la pratique d’une langue irréprochable. Nous n’avons pas voulu dénaturer les textes écrits avec beaucoup de sincérité par les partici-pants. Au fi nal, ce livret recueille la quasi totalité des lettres. Elles sont par-fois touchantes, parfois amusantes, toujours surprenantes.”

Jérôme Batteux