un long projet - maison internationale de la rive-sud (mirs)...prètes sur l’ensemble du...
TRANSCRIPT
Un
projet
de vie
Un
long
sentier
Le projet d’immigration,
3 Automne 2018
3 ÉDITORIAL
4-13 LA MIRS EN ACTION
14-19 HISTOIRE D’IMMIGRANTS
20-26 ACTUALITÉ EN IMMIGRATION
27 ESPACE LUDIQUE
Les nouvelles figures à la MIRS .................... 4-6
La MIRS rayonne! ....................................... 7-10
La recherche en immigration ........................... 11
Mon projet de vie ............................................. 12
La diaspora ....................................................... 13
Immigrer au Canada (…) ............................ 14-15
La migration d’une sino-(…) ....................... 16-17
La sélection d’une destination (…) ............. 18-20
Actualité en immigration
Des cours de francisation jugés (...) .... 22-23
Forte croissance de l’emploi chez (…) ...... 24
Immigration: fini la loterie (…) ................ 25
Migrants au Québec: la situation (…) ...... 26
Sélection des immigrants: nouveau (…) ... 27
Le Canada intègre mieux (…) ................... 28
Un avenir pour l’interculturalisme .......... 29
Les employeurs réticents (…) ................... 30
Trouver les 20 erreurs ..................................... 27
Cuisine du monde ............................................ 27
2
RUBRIQUES
20-26 LA MIRS DANS LA COMMUNAUTÉ Les nouveaux arrivants et les (…) .................. 21
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
Équipe du journal:
Les auteurs des textes,
Les correcteurs et traducteurs : Juliana Cabrera,
Pauline Chu, Saloua Hassoun, Suheyla Karadja,
Mario Lefebvre et François Vaillancourt.
ÉDITORIAL
3
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
À la MIRS, nous formons une
équipe de plus de 30 employés
dont 90% sont immigrants.
Chacune des personnes immigran-
tes employée de la MIRS a choisi le
Québec motivée par un projet mi-
gratoire. À l’image de la grande ma-
jorité des immigrants indépen-
dants, les employés de la MIRS
sont des professionnels qui avaient
réussi dans leur pays d’origine. Ils
se réalisaient en occupant des pos-
tes dans leur profession. Poussés
par des rêves, par un désir de chan-
gement, par la recherche d’un
mieux-être, pour eux-mêmes ou
pour les membres de leur famille,
ils ont envisagé de quitter leur pays
et ont entamé des démarches pour
y parvenir.
Les parcours sont diversifiés. Tou-
tefois, tous espéraient pouvoir
poursuivre leur progression au sein
de leur profession - un biologiste,
un économiste, une environnemen-
taliste, etc. Mais aucun, j’en suis
convaincu, ne se voyait travailler au
sein d’un organisme d’accueil des
nouveaux arrivants. Non pas que ce
passage soit en-deçà de leurs atten-
tes, bien au contraire! Occuper un
poste au sein de la société d’accueil
et y exercer un rôle actif dans sa
transformation est davantage que
ce que plusieurs avaient espéré.
Tous les nouveaux arrivants n’ont
pas cette chance. Les embuches
sont nombreuses sur la route de la
réalisation de soi. Notamment, les
personnes de croyan-
ces religieuses di-
verses ne s’atten-
daient pas à ce que
celles-ci représen-
tent un frein à leur
avancement. Celles
qui avaient complé-
té leurs études et
détenaient un diplô-
me reconnu qui leur
avait valu de travail-
ler dans leur pays,
ne s’attendaient pas
à devoir retourner sur les bancs
d’école et à repasser les étapes
déjà franchies. Elles ne s’atten-
daient surtout pas à devoir accep-
ter un poste inférieur à leur quali-
fication. Combien de frustration.
Quelque soit leur projet et leur
parcours, les immigrants indépen-
dants sont une richesse pour le
Québec, notre région, notre voisi-
nage. Ils avaient réussi dans leur
pays, c’est pourquoi on les a sélec-
tionnés. Volontairement, ils ont
quitté leur pays pour contribuer
au développement du Québec et
du Canada qui, jusqu’à leur dé-
part, ne leur avait rien donné, n’a-
vait dépensé aucun centime pour
qu’ils deviennent productifs et
puissent jouer un rôle dans son
développement.
Les immigrants ne sont pas des
voleurs de job, ils n’immigrent pas
au Qué- bec pour que la
société devienne into-
lérante et privilégie
un groupe au dé-
triment d’un autre. Ils la
veulent juste. La majorité d’entre
eux choisissent la voie de l’intégra-
tion et de la participation active. Ils
y élèvent leurs enfants et leur of-
frent les meilleurs conditions pour
qu’ils puissent se réaliser dans une
société de droits.
Tous les nouveaux arrivants ne
parviennent pas à se réaliser dans
la mesure de leurs compétences.
Toutefois, tous croient avoir réussi
lorsqu’ils voient leurs petits en-
fants gambader dans leur arrière
cours.
Les enfants et les petits enfants des
immigrants sont leur succès. Ils
sont aussi ce sur quoi comptent
avant tout les gouvernements des
pays d’accueil, dont le Québec.
François Vaillancourt,
agent de développement
… Puis on devient grand-père!
Le soutien aux nouveaux arrivants
n’est pas une activité banale. Ce
n’est surtout pas un travail pour
devenir riche ou pour accroître son
niveau de connaissance académi-
que et technique. L’intervention est
avant tout une attitude qui nous
amène à sortir de notre confort.
Elle nous place en situation où
nous tendons la main à ceux qui
n'ont pas les mêmes possibilités ou
les mêmes capacités que nous ou à
ceux dont les capacités et les possi-
bilités sont réduites en raison de
leur immigration. C’est certaine-
ment une attitude qui
contribue à rendre le
monde meilleur.
Le travail auprès des
personnes fragilisées
a toujours été ma
v o c a t i o n , n o t a m -
ment, celle des familles immigran-
tes. Elle engendre des défis qui,
jour après jour, sont plus grands et
plus exigeants. C’est pour aider les
autres à surmonter ces défis que
j’ai engagé mon expertise d’ensei-
gnant et d’administrateur social,
dans le secteur communautaire et,
plus particulièrement, à la MIRS.
Je désire ardemment être un ac-
teur actif dans la poursuite de la
mission de cet organisme.
À titre d’intervenant communautai-
re, mon rôle est d’aider et de soute-
nir les nouveaux arrivants et les ré-
fugiés publics dans leurs démarches
d'établissement et d’intégration so-
cioéconomique, dans leur apprentis-
sage d’un nouveau mode de vie et
dans leur adaptation aux nombreux
changements qui les confrontent.
Mon souhait le plus grand est de les
aider à bien s’intégrer et à réussir
leur projet migratoire.
Mauricio Galeano, Intervenant communautaire
LA MIRS EN ACTION
Les nouvelles figures à la MIRS
4
Accueil et établissement
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
Rendre service de tout son pouvoir, de toutes ses forces, il n'est pas de plus noble tâche sur la terre. Sophocle
La MIRS est présente sur le territoire de la Rive-Sud. Son personnel assisté des bénévoles in-
tervient auprès de la clientèle immigrante pour la soutenir dans son parcours migratoire.
5
Chargé de projets spéciaux : ou Travailler dans l’ombre !
La recherche de finance-
ment, la rédaction de deman-
des de subventions, les dis-
cussions et les représenta-
tions pour obtenir l’appui et
les contributions financières
nécessaires au fonctionne-
ment des projets sont des
mandats qui sont très stimu-
lants mais dont les résultats
ne sont pas toujours à la hau-
teur du temps et de l’énergie
investies dans ces projets.
Je suis arrivé à la Maison
internationale de la Rive-Sud
en février 2018. J’occupe le
poste de chargé de projets
spéciaux afin de contribuer
au développement et au fi-
nancement de certains pro-
jets/programmes de la
MIRS, notamment, la Ban-
que d’interprètes, la Halte-
garderie, le Café des aînés, le
Projet d’intervention au pro-
fit des communautés cultu-
relles et un projet de Centre
de recherche.
Après huit (8) mois de travail,
nous pouvons admettre que les
stratégies développées pour la pé-
rennisation de la Banque d’inter-
prètes étaient suffisamment bien
ciblées compte tenue de la récolte
obtenue et des engagements pris
par le Réseau de la santé et des
services sociaux de la Montérégie.
Nous pouvons maintenant mettre
en place les actions prévues au
plan d’action et s’assurer le plein
déploiement de la Banque d’inter-
prètes sur l’ensemble du territoire
de la Rive-Sud.
Du côté de la Halte-garderie Les
petits de la MIRS, plusieurs de-
mandes d’aide financière furent
déposées au Ministère de la famil-
le. Les objectifs visés sont de
mettre en place une série d’activi-
tés pour les enfants afin de favo-
riser l’éveil à la lecture, à l’écritu-
re et aux mathématiques. Le
deuxième a trait au soutien offert
aux parents comme premiers
responsables de l’éducation de
leurs enfants. Nous sommes tou-
jours en attente de la réponse du
ministère.
Finalement, le Café des ainés doit
pouvoir compter sur un soutien
financier récurrent pour poursui-
vre ses interventions auprès des
250 aînés membres du Café. Vé-
ritable milieu de vie pour ses
membres, le Café des aînés est en
marche pour se faire reconnaitre
comme un repère essentiel pour
nos aînés. À cet effet, plusieurs
actions sont entreprises. La pre-
mière est d’être actif dans les tra-
vaux du Plan de lutte contre la
mal- traitance en-
vers les aînés par-
ticuliè -rement au-
près des aînés im-
migrants. Pour ce faire, je partici-
perai au Comité provincial de lutte
contre la maltraitance envers les
aînés immigrants. Une autre stra-
tégie vise l’admissibilité du Café
des aînés au Programme de soutien
aux organismes communautaires
(PSOC) du Réseau de la santé et
des services sociaux. Un comité
spécial et des partenariats de proxi-
mité s’activent pour réussir cette
mission.
Maintenant, tout en poursuivant
ces projets, deux dossiers impor-
tants se pointent sur la table de
travail. D’abord, la MIRS repren-
dra les pourparlers avec les Centres
jeunesse de la Montérégie afin
de discuter de la poursuite de l’en-
tente de services entre la DPJ et la
MIRS pour le financement du Pro-
gramme d’intervention au profit
des communautés culturelles. Puis,
des discussions amorcées avec la
Chaire de recherche SHERPA se
poursuivront. La chaire est le cen-
tre de recherche du CSSS de la
Montagne. Les travaux, les ré-
flexions et les nouvelles pratiques
développés au SHERPA conjuguent
les savoirs du milieu de pratique et
du milieu universitaire et s’orien-
tent principalement autour de l’a-
daptation de l’intervention de pre-
mière ligne en contexte de plu-
riethnicité. L’objectif que nous
poursuivons est de convenir d’une
entente de partenariat dans le do-
maine de la recherche à partir des
préoccupations de la MIRS.
Mario Lefebvre, chargé de projets spéciaux
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
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Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
Les nouvelles figures à la MIRS
La Banque d’interprètes de la MIRS
« La goutte d'eau perce le rocher, non pas par sa force mais plutôt par sa constance. » Anonyme
C'est au Québec où mon mari et moi
avons entrepris une nouvelle aven-
ture dans notre vie, celle de notre
projet migratoire. Comme toute
aventure, elle regorgeait d’incertitu-
de. Les expectatives étaient nom-
breuses et les interrogations multi-
ples. Nous vivions un mélange d’é-
motions, pris entre la joie, la mélan-
colie et la peur. Nous partagions
surtout la conviction que notre
aventure nous placerait face à une
succession de défis qui généreraient
de grandes satisfactions lorsque re-
levés.
Deux semaines après notre arrivée
au Québec, une amie nous a référé à
la Maison Internationale de la Rive-
Sud (MIRS). Elle nous assurait que
nous pourrions y trouver le soutien
et les conseils nécessaires à notre
intégration et obtenir diverses infor-
mations sur le mode de vie québé-
cois. Nous nous y sommes rendus
sans regret. Car nous y avons trouvé
réponse à de nombreuses questions,
mais surtout, un guide dans le déda-
le des premières démarches d’instal-
lation.
Plus tard, j’ai offert mon soutien
comme bénévole au Café des aînés
de la MIRS. Ce fut pour moi une
belle opportunité de rencontrer des
membres de la communauté et de
découvrir la chaleur humaine, la
solidarité et la fraternité. Cette
expérience m’a capti-
vé. J’y ai ren-
contré
des tantes, des grands-mères, des
amis, des mentors, ….
Enfin, des gens qui m’ont fait com-
prendre et sentir que j’appartenais
à une grande famille. En plus, le
Café des aînés est devenu le lieu de
rencontre et de partage préféré de
ma mère. Sa fréquentation lui a
permis de s'intégrer dans son nou-
vel environnement, de découvrir la
culture canadienne et de partager
notre culture latine avec de nou-
veaux amis. En bout de ligne, elle
lui a permis de se sentir plus indé-
pendante.
Pour toutes ces raisons, je suis
tombée en amour avec la MIRS.
Tous les nouveaux arrivants y sont
accueillis, écoutés et aidés sans
discrimination. Quant aux aînés,
ils y trouvent un espace
pour
faire des ren-
contres, pour découvrir de nouvel-
les cultures et partager avec des
pairs.
C’est aussi à la MIRS que j’ai obtenu
un premier emploi dans le domaine
de mes compétences. Une ouverture
s’est faite et j’ai pu postuler. Je suis
heureuse qu’on m’ait donné l’occa-
sion de faire valoir mes connaissan-
ces et mes expériences. C’est là pour
moi une belle opportunité de me
réaliser dans ce qui me passionne,
soit les tâches administratives en
entreprise. Cela me permet aussi
d’apporter ma contribution à l’ac-
cueil et au soutien des nouveaux
immigrants.
C’est donc pour moi un privilège
de devenir membre de la famille
des employés de la MIRS. Je
veux donner le meilleur de moi-
même pour que ma contribution
s’ajoute à celle de mes collègues
et favorise l’établissement et l’in-
tégration réussis des nouveaux
arrivants.
Dans ce nouveau chapitre de ma
carrière professionnelle, je vais
affronter et relever tous les défis
et faire face à toutes les situa-
tions de façon positive. Surtout,
je m’engage dans mon travail avec
la mentalité que chaque jour on
peut apprendre de ceux qui sont
arrivés avant nous et apporter à
notre tour quelque chose de nou-
veau.
Lucymar Dugarte F. Assistante à la Banque d’interprètes
7
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
La Banque d’interprètes in-
terculturels de la Maison In-
ternationale de la Rive-Sud
(MIRS) a organisé au mois de
septembre deux formations
pour 33 interprètes inter-
culturels.
La formation offerte dure sept
heures et vise à aider les interprè-
tes à bien comprendre leur rôle,
leurs responsabilités, ainsi que les
attentes spécifiques en ce qui
concerne l’interprétariat inter-
culturel. Les jeux de rôle, les mises
en situation, les discussions en
groupe et les sessions plénières
facilitent l’assimilation de l’infor-
mation à travers des exemples pra-
tiques et interactifs.
La première formation a eu lieu les
17 et 19 septembre dans les locaux
de la MIRS. Au total, 22 interprè-
tes y ont participé. Il s’agit d’une
formation de base obligatoire et
offerte par la MIRS aux candidats
désireux de s’engager. La forma-
tion a été créée et est animée par
Camelia Ciobanu, gestionnaire de
la Banque d’interprètes de la
MIRS. Camelia est une traductri-
ce-interprète agréée, spécialisée
pour les langues française/
anglaise/
roumaine ayant
une expertise de
plus de 16 ans
dans la gestion
des projets com-
munautaires.
Cet atelies de
formation a été
co-animé par
Nadine Jazouli,
interprète inter-
culturelle à la
MIRS depuis
2015. Nadine
s’est démarquée
par son dévoue-
ment, son impli-
cation et la quali-
té des services
offerts en inter-
prétariat.
Une deuxième formation a été
dispensée, cette fois, à La Porte
Ouverte, un centre d’alphabétisa-
tion et de francisation.
L’atelier a eu lieu le 29 septembre à
Saint-Jean-sur-Richelieu. Au total,
11 personnes ont assisté à l’atelier.
Dans le présent cas, l’atelier a été
organisé par le centre et animé par
Camelia Ciobanu. Parmi les sujets
abordés sous forme de discussions,
présentations, quizz et mises en
situation, notons:
présentation des différents
types et catégories d’inter-
prétariat;
rôle de l’interprète en milieu
social;
4 principes essentiels dans
l’interprétation;
stratégies facilitantes dans
l’interprétation;
le code d’éthique de l’inter-
prète.
Camelia Ciobanu, gestionnaire de la
Banque d’interprètes de la MIRS
La MIRS rayonne!
La Banque d’interprètes de la MIRS
La MIRS a acquis une pro-
priété à l’automne 2017 qu’elle
a converti en auberge.
L’auberge, a été développée pour
héberger principalement les réfu-
giés publics qui nous sont confiés
par le Ministère de l’Immigration,
de la Diversité et de l’Inclusion,
conformément à notre entente.
Dans le passé, les réfugiés publics
étaient hébergés temporairement
dans les hôtels de la région. La
MIRS a décidé d’investir dans l’a-
chat d’une auberge pour améliorer
leur séjour temporaire avant l’ins-
tallation définitive dans leur rési-
dence.
Par ailleurs, en raison d’une certai-
ne disponibilité des unités de loca-
tion et d’une demande pour ce ser-
vice de la part d’une partie des au-
tres catégories de notre clientèle
dans le besoin, nous offrons acces-
soirement la location de courte du-
rée dans l’esprit de notre mission.
Nous sommes très satisfaits de
constater que l’auberge sert bien
son but. Nos clients sont accueillis
et hébergés dans de très bonnes
conditions. La MIRS met à leur
disposition 2 logements complète-
ment meublés, équipés dont la
buanderie et avec
l ’accès à
In-
ternet illimité :
un grand appartement familial
qui peut accueillir 8 adultes et
un bébé;
un logement accessible pour
une famille avec 3 enfants.
La localisation de l’auberge, à
quelques minutes à pied des bu-
reaux de la MIRS et à proximité
de tous les services, est un grand
avantage pour les nouveaux arri-
vants.
Pour mieux comprendre le
fonctionnement et le mode
opératoire :
1. Location temporaire pour les
réfugiés pu- blics
Accueil et ins-
tallation à
l’auberge dès
leur première journée sur le
territoire;
Repas :
petit déjeuner autonome -
aliments fournis, préparé
par les clients;
diner et souper -
une cuisinière, générale-
ment de la même origine
ethnique, prépare les re-
pas pour eux.
Période d’hébergement de 5
jours ouvrables (règlement
du MIDI). Dans des cas ex-
ceptionnels, la limite peut
être dépassée pour accorder
à l’intervenant suffisamment
de temps pour trouver un
logement adapté.
2. Location temporaire pour au-
tres catégories d’immigrants
Dépannage de nos clients dans
des situations particulières à
tarifs adaptés;
Période de location variée en-
tre un jour et au maximum
deux semaines
Croyez-moi, la gratitude des utili-
sateurs est manifeste. Elle se cons-
tate par le sourire des usagers de
l’auberge affiché à la fin de leur
séjour. Cela nous conforte dans
notre choix de miser sur un accueil
digne des réfugiés.
Adina Cristea
Intervenante et responsable de l’auberge
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La MIRS rayonne!
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
La MIRS est présente sur le territoire de la Rive-Sud. Son personnel, assisté des bénévoles, in-
tervient auprès de la clientèle immigrante pour la soutenir dans son parcours migratoire.
L’auberge - Pour se sentir chez-soi dès l’arrivée
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Le poste d’Intervenant Com-
munautaire Interculturel (ICI)
a été créé suite à la demande
du Ministère Immigration,
Diversité et Inclusion (MIDI)
en mai 2018 et est financé via
une entente de service. Une
entente a été signée avec plu-
sieurs organismes en immi-
gration à travers le Québec
dont la MIRS.
Le but du programme est d’accom-
pagner et d’assister les immigrants
installés au Québec et y résidant
depuis moins d’un an pour qu’ils
deviennent le plus autonomes pos-
sible.
La demande de service provient
surtout des autres intervenants de
la MIRS. Ils identifient le besoin de
soutien particulier des utilisateurs
dans les domaines de la santé, de
l’éducation et de la petite enfance et
les réfèrent à l’attention de l’ICI
pour qu’il intervienne en complé-
mentarité avec les actions déjà pri-
ses.
Les interventions se font à plu-
sieurs niveaux: démarches admi-
nistratives, médiation entre famille
et institution, explication du systè-
me de santé et d’éducation du Qué-
bec, information sur les différences
culturelles, etc. Elles favorisent une
meilleure adaptation à la société
d’accueil.
Bien que le service soit offert de-
puis peu, le nombre d’interventions
a sensiblement augmenté entre juin
et août. Il est passé de 100 à 145.
Les interventions sont variées.
Dans le domaine de la santé, par
exemple, plusieurs personnes n’a-
vaient pas pu consulter un profes-
sionnel en raison de la méconnais-
sance du système ou de la barrière
de la langue et ce malgré un état de
santé précaire.
En éducation, les besoins étaient
nombreux surtout en raison de la
période de l’année - l’entrée scolai-
re : visites scolaires, formulaires
d’inscription, organisation du
transport scolaire, etc. Les deman-
des ne proviennent pas unique-
ment des utilisateurs. Les profes-
sionnels communiquent directe-
ment avec l’ICI pour transmettre
des messages aux familles et s’assu-
rer ainsi d’une communication clai-
re et efficace.
Parmi la clientèle rencontrée, nom-
breux sont les parents qui com-
mencent leur programme de franci-
sation. Il est alors nécessaire d’ins-
crire les enfants à la garderie - peti-
te enfance. Une première interven-
tion vise à familiariser les parents
avec le service de garde, notam-
ment, la différence entre les CPE,
les garderies privées, les services de
garde à domicile et les haltes garde-
ries et le coût des services. Puis, il y
a la recherche d’une place disponi-
ble à proximité de la maison ou du
lieu d’étude et l’inscription.
Les besoins sont nombreux et pres-
sants. Il serait facile de tout faire à
la place de l’utilisateur - appels té-
léphonique, inscriptions, réserva-
tions, etc. Cela maintiendrait toute-
fois l’utilisateur dans une situation
de dépendance. Or ce n’est pas là
l’objectif du programme. Au
contraire. Pour cette raison, l’ICI
doit informer les utilisateurs des
services et programmes existants,
des procédures à suivre, des atten-
tes de leurs interlocuteurs, de leurs
responsabilités et de leurs droits et
s’assurer qu’ils comprennent. Ce
n’est que par une meilleure com-
préhension du fonctionnement de
la société d’accueil qu’ils pourront
devenir plus autonomes.
Waheed Moqadar,
Intervenant communautaire interculturel
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
ICI - Pour l’autonomie des utilisateurs
La MIRS rayonne!
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Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
Depuis 2005, la MIRS a soutenu
plus de 200 personnes issues de
l’immigration âgées de moins de 31
ans à se trouver un premier emploi
au Québec. Elle les a aidées de plus
à :
découvrir la culture entrepre-
neuriale de divers secteurs
d’activités économiques;
développer des habiletés et de
nouvelles compétences;
faire reconnaitre leurs connais-
sances, leurs compétences et
leurs expériences profession-
nelles.
Ce programme a l’avantage de four-
nir une allocation et un soutien de
conseillers en emploi tout au long
de l’engagement des participants.
Si vous désirez mieux connaître le
marché du travail au Québec, mieux
vous préparer à rencontrer des em-
ployeurs, acquérir une première
expérience de travail et obtenir un
soutien pour mieux performer en
emploi, alors inscrivez-vous à la
prochaine cohorte qui débutera en
janvier 2019.
Juliana Cabreja et Cristiana-Maria,
conseillères en emploi
Première expérience canadienne de travail
La MIRS rayonne!
La MIRS est présente sur le territoire de la Rive-Sud. Son personnel, assisté des bénévoles, in-
tervient auprès de la clientèle immigrante pour la soutenir dans son parcours migratoire.
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Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
La migration des individus
n’est pas fondée seulement sur
leur décision de s’installer
dans un pays déterminé, mais
plutôt ancrée dans un contexte
social et un parcours de vie
global.
Le processus migratoire est généra-
lement divisé en trois étapes dis-
tinctes. Il s’agit des phases :
pré-migratoire (anticipation,
prise de décision, préparation,
démarches administratives, cir-
constances de départ, etc.);
migratoire (l’entre-deux – trajet,
rupture, transition physique;
déplacement physique);
post migratoire ou transplanta-
tion — établissement et intégra-
tion.
Nous nous limitons ici à la première
phase, soit la phase pré-migratoire,
en particulier, le projet migratoire,
soit la projection du migrant et de
ses proches dans un avenir incer-
tain.
À moins d’avoir été déplacé invo-
lontairement, le migrant est poussé
sur le chemin de l’expatriation par
une réflexion sur sa situation et,
souvent, celle de ses proches dans
son pays d’origine. Par celle-ci, l’in-
dividu envisage la pose d’un geste,
une intention, qui aura un impact
sur sa situation. Cette intention se
traduit en motivation qui guide l’in-
dividu dans l’élaboration d’un pro-
jet migratoire.
L’intention d’émigrer circule dans
la tête de nombreux individus qui
réfléchissent sur leurs conditions.
Or la motivation de migrer n’appa-
raît dans l’esprit que d’un nombre
limité d’individus. Elle naît chez
les êtres dont le trait de caractère
le plus manifeste est la volonté de
réussite et de pouvoir — le senti-
ment de maîtrise sur sa propre vie
(Locus of control) —. Il s’agit là
d’une première condition à l’enga-
gement dans le processus migra-
toire.
Les trois principales catégories de
motivations associées au projet
migratoire sont :
la préservation (recherche de
sécurité),
le développement personnel,
le matérialisme (amélioration
financière).
Ces motivations varient et s’articu-
lent avec les valeurs et la person-
nalité de chaque individu dans un
contexte socio-historique donné.
Pour se transformer en projet mi-
gratoire, la motivation nécessite
davantage de conditions que la
seule identifiée plus haut. L’élabo-
ration d’un projet
mi- gratoire pour
les personnes de
la ca- tégorie des
indépen- dants dépend de
l’âge de l’individu (de sa position
dans son cycle de vie) et de son ca-
pital économique et humain (ses
avoirs, ses compétences, ses expé-
riences et ses savoirs). Le projet mi-
gratoire se construit en fonction des
expériences acquises (d’un savoir-
faire), elle dépend aussi du pouvoir-
faire de cet individu, de sa capacité
à accomplir son autonomie.
De façon générale, le mi-
grant élabore son projet en
distinguant le possible du
probable. Il s’assure de cer-
ner le rêve qui s’immisce
entre le savoir et le pouvoir
et de le refréner. Le projet
migratoire contribue à sur-
monter l’incertitude du
migrant face à sa décision.
L’élaboration d’un projet
migratoire permet au mi-
grant de baliser son parcours futur.
Il lui donne des points de repaire. Il
forme un plan comportant des éta-
pes séquentielles qui le rassurent.
Toutefois, ce projet n’est pas figé
dans le béton. Le migrant apprend à
l’ajuster à sa nouvelle réalité. Car la
réalité peut s’avérer distincte du
savoir du départ et du pouvoir anti-
cipé. Le projet est sans cesse amené
à être redéfini au fil du continuum
et en fonction du contexte et des
stratégies sociales et/ou individuel-
les du moment.
Tiré de diverses études sur le sujet
Le projet migratoire
La recherche en immigration
Le parcours migratoire
12
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
C’est avec beaucoup d’enthousias-
me que je partage avec vous ces
quelques lignes. Mon projet s’est
dessiné au fil des ans et dans le ca-
dre d’une réflexion sur ce que la vie
nous apporte et ce que nous pou-
vons donner. Il m’a été inspiré par
mon parcours migratoire. Il n’y a
pas meilleure façon de nourrir son
âme que celle d’aider les personnes
nécessiteuses et déshéritées à re-
couvrir leur dignité.
Pour réaliser mon projet, je me suis
appuyée sur mon réseau social et
associée à une fondation, qui a été
fondée en 2016 à Candiac. Je suis
coopérante dans un projet humani-
taire à Casitas au Pérou. C’est un
village isolé situé dans une réserve
écologique de Tumbes dans le nord
à la frontière avec l'Équateur.
Nous avons choisi ce projet parce
que la région a été abandonnée
pendant des décennies tant au plan
de la santé, de l'éducation que de
l'investissement. Notre engagement
se fait en partenariat avec les mem-
bres de la collectivité et vise à pro-
mouvoir des initiatives pour com-
battre la pauvreté extrême dans
lesquelles ils se trouvent. Il s’agit
aussi de contribuer à l’éducation
des jeunes du niveau collégial pour
qu’ils puissent jouer un
rôle actif dans la société.
Les élèves apprennent no-
tamment la gestion et l’éle-
vage des volailles et le jar-
dinage dans le cadre de
notre projet. Cela leur four-
nit des alternatives et aug-
mente leurs revenus. Cette
formation technique les
incite aussi à modifier leurs
habitudes alimentaires.
Enfin, nous sommes engagés dans
l’aménagement d’un terrain pour
les activités sportives qui permettra
de pratiquer une grande variété de
sports dans de meilleures condi-
tions.
Monica Rossl Salgado,
Péruvienne d’origine
HISTOIRE D’IMMIGRANTS Mon projet de vie
Texte rédigé dans la langue maternelle de l’auteur en espagnol
Todos ustedes de alguna manera
han inspirado este proyecto puesto
que compartimos la experiencia de
ser inmigrantes.
No hay mejor recompensa para el
alma que ayudar a los mas necesi-
tados y olvidados a devolverles su
dignidad. Somos una organización
sin fines de lucro que por esas co-
sas del destino, utilizando contac-
tos y con mucha decisión hemos
logrado viajar al lugar,
c o n t a c t a r n o s y
obtener las
autorizaciones de las autoridades
del lugar. Con la ayuda de las au-
toridades del lugar y su visión,
hemos podido a mejorar la infra-
estructura de su empobrecido y
olvidado colegio para educar a los
alumnos con conocimientos que
les sirvan como ayuda para incre-
mentar sus ingresos.
Los alumnos aprenden el manejo
para la crianza de aves y de un
huerto como parte de nuestro pro-
yecto de darles alter-
nativas para in-
crementar sus in-
gresos. Además, a través del conve-
nio que se ha firmado con las auto-
ridades del lugar, les estamos dan-
do capacitación técnica y talleres
para incentivarlos a hacer lo mismo
en sus casas y mejorar su alimenta-
ción y sus ingresos.
Ahora estamos comprometidos con
construir un loza deportiva para
que los niños dejen de jugar en la
tierra y habilitar un taller de mecá-
nica para enseñarles el oficio y que
tengan oportunidad de conseguir
mejores trabajos.
Monica Rossl Salgado
Proyecto de vida
13
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
Texte rédigé en espagnol par l’auteur et traduit en français par l’équipe du Journal.
J'ai déserté ma terre colombienne dans
une diaspora infinie, poussé par la vio-
lence d'une hydre multicéphale qui
écrase notre pays depuis plus de 80
ans.
La marche du capitalisme en Colombie
a débuté une décennie avant l’assassi-
nat de Jorge Eliecer Gaitan, le 9 avril
1948. Elle a d’abord pris la voie d’une
accumulation sauvage du capital souti-
ré aux paysans des campagnes par la
violence, en brulant leurs fermes, en
détruisant leurs outils agricoles et en
les expulsant de leur terre.
Cette violence sociopolitique qui s’est
perpétuée, a d’abord fait de moi un
déplacé et m’a amené à Bogota. Le dé-
placé que j’étais a été abandonné à lui-
même soutenu uniquement par la Croix
-Rouge Internationale. L’histoire s’écrit
et aboutit à une politique quotidienne
de lutte pour sa survie.
De déplacé à l’intérieur de mon pays,
je suis passé à réfugié humanitaire au
Venezuela. Là, l’assistance m’est ve-
nue de la Croix-Rouge et d’ACNUR –
Agence de l’ONU pour les réfugiés qui
m’ont aidé à obtenir le statut de réfu-
gié. Bien qu’aidant, le programme
vénézuélien de soutien aux réfugiés a
ses limites. Il m’a fourni un appui au
cours des trois premiers mois de rési-
dence.
J’ai donc dû voir à ma subsistance.
J’ai eu la chance d’occuper des postes
de camelot au centre-ville de Caracas,
d’administrateur dans un vignoble et
d’élagueur dans la juridiction de Cha-
cao.
Heureusement, je suis poète. Or le
poète peut résister à tout: la faim, la
solitude, l’exil, le déracinement et la
mort. La littérature étant la cuirasse
avant l’infortune. Il n’y avait pas de
chemin. Il a fallu tracer la
voie en marchant.
Le refuge est une situation
limitée. L’histoire l’a montré.
Dans l’Antiquité, les Romains
en ont fait l’expérience, eux
qui ont été placés entre la
mer et les épées.
J’ai poursuivi ma route, plus
loin encore. Soutenu à nou-
veaux par Acnur, j’ai été ac-
cueilli au Canada. Ici on vit
sans crainte. C’est une société
inclusive et multiculturelle,
où règnent l’entrepreneuriat
et les libertés civiles.
Au Québec, province franco-
phone, et à Montréal berceau
multiculturel, sont promus
les accommodements raison-
nables. Aucune
crainte d’y perdre mes racines et mon
identité latino-américaine.
La barrière de la langue et le froid sécu-
lier ont été les plus grands défis à rele-
ver. Combien difficile est-ce d’affronter
la langue de Victor Hugo, de Baudelaire
et de Verlaine? Pas plus facile est le défi
d’aborder l’anglais de Shakespeare, de
Witman et d’Oscar Wilde.
Chemin faisant, j’ai cogné à la porte de
la Maison Internationale de la Rive-
Sud. L’équipe m’a été d’un secours
extraordinaire. Cet organisme poursuit
sa mission depuis plus de 45 ans au
bénéfice de tous les immigrants qui
débarquent sur la Rive-Sud de Mon-
tréal. On nous accueille et on y offre
des cours de français, d’anglais et d’es-
pagnol, de la traduction de documents,
de l’accompagnement dans la recher-
che d’emploi ou de l’orientation vers
des services de santé. La MIRS pilote
aussi le Projet du Café des Aînés ou
Café de l’adulte âgé. C’est là une expé-
rience à succès. Un lieu vital pour vain-
cre la solitude, pour découvrir l’empa-
thie communautaire qui nous fait réali-
ser que nous sommes malgré les affres
du quotidien des êtres humains. En
définitive, elle nous aide à nous inté-
grer à la réalité multicéphale de la pro-
vince de Québec.
À partir de cette nouvelle terre, celle de
Jacques cartier et de Maisonneuve, je
poursuis ma destinée. Mon œuvre litté-
raire qui était déjà couchée sur papier à
mon arrivée a été publiée. C’est là la
quête des poètes. Harold Martinez
chante cette quête sur Ebook. La MIRS
et l’Association des artistes latins de
Montréal m’ont aidé à y parvenir.
Cesar Augusto Molina C.,
Colombien d’origine
La diaspora
14
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
Texte rédigé en arabe par l’auteur et traduit en français par l’équipe du Journal.
Nous avons tous de nom-
breux rêves!
Certains d’entre nous n’ont pas
réussi à les réaliser ne serait-ce
qu’une infime partie. D’autres,
par contre, ont eu la chance d’ac-
céder au plus invraisemblable:
celui de vivre dans un pays qui
n’est pas le leur car celui-ci est
soudain devenu trop exigu et
inapte à leur fournir le strict mi-
nimum: le droit à une vie décen-
te.
Lorsque j’ai pris la décision d’é-
migrer, j’ai entamé le processus
en déposant une demande auprès
de l’Ambassade du Canada aux
Émirats Arabes Unis. Ma deman-
de a été acceptée au bout de dix-
huit mois et c’est en Égypte, à
l’occasion d’un passage pour mes
vacances, que j’ai pu obtenir, au-
près des autorités, mon visa de
résidente permanente. Mon bon-
heur était indescriptible étant
donné tout ce qu’on m’a dit de
bien à propos de mon futur pays
d’adoption. Le Canada est, pour
les personnes immigrantes, syno-
nyme de démo-
cratie, de liberté
de la pensée,
d’excellent systè-
me d’éducation et
de très bonnes
opportunités
d’emploi.
J’ai donc com-
mencé les prépa-
ratifs pour voya-
ger en compagnie
de mes enfants et
lorsque le mo-
ment est arrivé,
mes sentiments
étaient mitigés
entre le bonheur
et l’appréhension
d’affronter enfin
la réalité.
À l’aéroport de Montréal, j’ai sur-
tout ressenti beaucoup de fati-
gue. Mais aussitôt les formalités
douanières réglées et dès mon
arrivée dans mon logement, pré-
alablement loué, j’ai eu le senti-
ment d’être dans MON PAYS.
J’ai rapidement fait connaissance
avec mes voisins qui sont de di-
verses communautés culturelles
et j’ai commencé à m’enquérir de
tout ce dont j’avais besoin de sa-
voir. J’ai alors compris que le
Canada méritait bien sa réputa-
tion de pays de droits de la femme
et des enfants au même titre que
ceux de l’homme, de pays où le
racisme n’a pas sa place, où les
immigrants, toute nationalité
confondue, sont les bienvenus, où
la population d’adoption possède
des qualités de grand cœur qui
vous donne le sentiment que vous
faites partie intégrante de la gran-
de famille canadienne.
(suite page suivante)
Immigrer au Canada : quand le rêve devient réalité
15
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
Cette réalité m’a davantage inter-
pellé lorsque mes enfants et moi
avons subi de la violence physique
et psychologique de la part de leur
père et que ce dernier nous a mis
dehors de notre logis. Alors des or-
ganismes spécialisés en immigra-
tion, en matière de protection de la
jeunesse ainsi qu’en protection des
droits de la femme se sont mobili-
sés pour nous héberger et nous pro-
curer la sécurité et la stabilité dont
nous avions manqué tout au long de
ma vie conjugale.
Cette expérience m’a incité à me
prendre en main. Dès lors, j’ai eu le
reflexe de m’inscrire à des cours de
francisation afin de m’assurer de
trouver un emploi qui puisse me
permettre de vivre avec mes en-
fants.
Aujourd’hui, tout mon entourage
(intervenants, voisins et nouvelles
connaissances) s’est
mobilisé avec pa-
tience pour m’aider.
Notamment, ils me
soutiennent dans la
pratique de l’anglais
avec les bases que je
détenais déjà un
peu. En attendant
de m’inscrire en
francisation.
Au Canada, l’emploi
est un droit acquis à
toutes et tous afin
d’ouvrir de nou-
veaux horizons, de
briser l’isolement des personnes et
ainsi de contrer l’état de déprime où
pourrait s’enliser une personne qui
reste à la maison.
L’éducation au Canada est égale-
ment conçue de façon à faire aimer
l’école aux enfants. Ainsi, mon fils
qui n’aimait pas aller à l’école à
Dubaï est tellement motivé à y
aller maintenant.
De mon point de vue, ce qui ca-
ractérise le Canada par rapport
aux pays européens qui accueil-
lent les immigrants, c’est sa parti-
cularité de traiter ces derniers
comme humains sans tenir
compte de leur origine, de leur
couleur, de leur appartenance
culturelle ou de leur religion. Ce
qui renforce leur sentiment d’ap-
partenance à leur pays d’adop-
tion.
Je suis reconnaissante au Canada
pour tout ce que j’ai pu vivre de-
puis mon arrivée il y a un an et
demi. Je suis aussi très fière d’être
dorénavant une résidente à part
entière de ce merveilleux pays.
Je ne peux terminer sans remercier
le premier ministre et le gouverne-
ment du Canada pour leur magnifi-
que politique en matière d’immi-
gration.
Rasha Sobhy,
d’origine égyptienne
Immigrer au Canada : quand le rêve devient réalité (suite de la page précédente)
16
La migration d’une Sino-Mauricio-Canadienne
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
Texte rédigé en français et dans la langue maternelle de l’auteure en créole de l’Île Maurice
Je les revois, comme si c’était hier,
les cartes de Noël de mon enfance.
Nos voisins les jetaient dans
une énorme poubelle commune que
mes grands frères s’amusaient à
fouiller de temps à autre. Les cartes
étaient, à mes yeux, une des belles
trouvailles. À la vue des maisons
enneigées, des cheminées fumantes
ou des sapins illuminés, qui étaient
imprimés sur ces cartes, des rêves
de ce pays lointain qui s’appelait le
Canada ont pris forme dans ma peti-
te tête innocente de Sino-
mauricienne.
Déjà, mon projet migratoire com-
mençait à se tisser. Sans doute, par-
ce que je crois maintenant qu’une
vie se moule par la volonté d’être, de
l’état inconscient à un esprit cons-
cient. (J’aimerais bien vous raconter
mon parcours philosophique jusqu’à
présent, mais ce sera pour une autre
fois.)
Ainsi, mes études collégiales termi-
nées, je rencontrai un homme issu
d’une famille qui avait un pied au
Québec. Au lieu de poursuivre mes
études en Angleterre (comme plu-
sieurs de mes camarades de clas-
se), j’ai plutôt suivi cet homme qui
me vouait un amour éternel - la ro-
mance était trop irrésistible! De cet
amour naquirent mes deux beaux
enfants qui m’émerveilleront tou-
jours.
Il y a bien eu un moment, cinq ans
après avoir touché le sol canadien,
où j’ai cru que mes liens filiaux ou
patriotiques risquaient de se déchi-
rer. Alors, j’ai effectué un retour à
l’Ile Maurice. J’étais prête à oublier
les bons ancrages que j’avais cons-
truits au Canada. La vie m’a toute-
fois vite ramenée à la réalité. Elle
m’a fait comprendre que peu impor-
te le nombre de fois que je quitte-
rai mon pays natal, rien ni personne
ne pourra jamais détruire mes raci-
nes et mon existence mauricienne.
Mon corps se veut ici, en sol québé-
cois, à genoux devant mes tulipes
noires au printemps, allongée sur un
tapis de fleurs de pissenlits jaunes
en été, enveloppée de feuilles d’éra-
ble rouges en automne, et les che-
veux blanchis par les premiers flo-
cons de neige en hiver. Comment
puis-je donc fuir ces saisons qui le
rajeunissent quatre fois par année?
Et mon cœur, que dit-il? Il est si
rempli d’amitiés que je ne peux plus
compter, de fous rires qui veulent se
libérer, de chansons et de danses
qui s’exécutent toutes seules, et d’a-
mour que j’ai besoin de donner.
Comment oserai-je donc restreindre
cette multitude de joies que je res-
sens rien qu’en vivant dans ma peti-
te maison de Brossard?
Je suis bien d’accord avec le cliché
« La vie fait bien les choses » puis-
que cette même vie m’a fait cadeau
de beaucoup de temps libre à ma
retraite. Et comme mon pays ne se
limite plus à une seule île, j’ai le ver-
tige rien que de penser à ce que je
peux encore découvrir et partager!
Aujourd’hui, j’envoie des cartes de
Noël à ma famille et à mes amis qui
n’habitent pas au Canada. Si une
petite fille inconnue en trouve une
par hasard, j’espère que son destin
la conduira aussi dans ce coin du
monde qui regorge de tant de beau-
tés naturelles et humaines.
Pauline Chu
d’origine mauricienne
17
Kouma dir yier, mo ankor rapel
bann kart Noél kan mo ti tipti. Nou
voazin ti apé zett zott dan ène gro
poubel cominn ki mo bann gran frèr
ti apé fouillé. Pou moi, bann kart la
ti méyèr trouvail. Kan mo ti finn
guett zimaz la kaz entéré dan la nez,
séminé ar la fimé ou sapin alimé,
mo ti la tét inosan sino-morisiène
finn komanz rev péi ki zott apel Ka-
nada.
Déza mo prozé migratoar ti pé ko-
manz tricoté. Kit foa, parski azordi
mo croar ki nou form nou la vi par
volonté nou lespri, ki li inkonsien
ou pa. (Mo ti a kontan rakont zott
mo parkour filisofik, mé sa éne zis-
toar pou ène lott zour.)
Kan mo zétid kolez ti fini, mo finn
rankont ène zènzan ki so fami ti éna
li pié Kébek. O lie kontinié aprann
langletèr (kouma mo bann kamarad
lékol), mo finn plito suiv sa zènzan
la kan li finn promett moa lamour
éternel - romanz la ti iresistib! Sa
lamour la finn donn moa dé zenfan
ki pa fini ouver mo lespri.
Bizin dir ki ène zour, sink an apré ki
mo li pié finn touss la tèr kanadien,
mo finn per ki bann liyin filial ek
patriotik ti en danzé. Tan pi pou
bon ankraze dan Kanada, rétour ti
nécésèr. La Vi finn alor fer moa vit
guett la réalité. Ninport ki kantité
foa mo kit mo péi natal, nan nié ni
personn kapav détruir mo rasinn ek
mo lekxistens morisien.
Mo lé kor na péna soi viv ici, a zé-
nou divan mo tilip noir kan printan
vini, alonzé dan tapi flèr pisenli lété,
envlopé par feil érab rouz lotonn, ek
sévé kouver par premié la nez liver.
Kouma eski mo kapav sauv bann
sensasion ki razeni mo lé ker kat foa
par an?
Ek mo lé ker, li rempli ek lamitié ki
mo népli kapav conté, rié ki olé
éklaté, santé ek dansé ki sorti tou
sel, ek telman contenteman ki mo
bizin partazé. Kouma mo kapav
blok bann sentiman ki mo résenti
mem si mo nek resté dan mo ti la
caz Brossard?
Clisé « La Vie aranz tou » bien vré
parski asterla li finn donn moa pliss
létan dépi mo retret. Ek kouma mo
péi népli
selman ène lil, mo gagn vertiz kan
mo panss tou séki mo ankor kapav
dékouvrir ek partaze!
Zordi, mo envoay kart Noél mo fami
ek kamarad ki pa ress Kanada. Si
ène tifi par la trouv ène sa banne
kart la par hazar, mo esperé ki so
destin amèn li ici kott éna boukou
zoli natir ek zoli dimoune.
Pauline Chu
d’origine mauricienne
Migrasion ène Sino-Morisio-Kanadiène
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
18
Cinq mois se sont déjà écoulés de-
puis mon départ de mon pays natal
avec ma famille. La recherche d’un
avenir prometteur à l’étranger m’a
incitée à entreprendre un long voya-
ge.
Ce n’était pas là mon premier dé-
part. Plus de 20 ans auparavant,
j’étais allée étudier en France. J’y ai
appris des leçons, soit m’adapter
rapidement à un environnement
nouveau et inconnu, conserver une
pensée positive et adopter une atti-
tude gagnante dans la poursuite du
succès. Ce trajet m’a permis de goû-
ter à de nombreuses joies et décou-
vertes, mais il m’a aussi mise en
contact avec la tristesse, l’anxiété et
de douloureuses blessures. Malgré
tout, grâce à cette nouvelle vie, j’ai
appris à garder un esprit positif face
au changement.
De retour dans mon pays natal, j’ai
nourri le rêve de repartir dès que
possible, cette fois-ci avec une fa-
mille. J’aspirais alors surtout à pro-
curer à mes enfants un avenir pro-
metteur, de nouvelles opportunités
ainsi que des relations et des décou-
vertes enthousiasmantes. Il me fal-
lait oser changer et entreprendre ce
changement, aussi important soit-il.
Parmi les destinations envisagées, le
Québec s’est profilé. J’en ai fait ma
destination en tant que travailleuse
qualifiée. Ce n’était pas un nouveau
départ, c’était la poursuite de ma
route. Une citation d’Alice au pays
des merveilles renforçait ma déci-
sion: "Si tu ne sais pas où tu vas,
n'importe quelle route peut t'y
mener. ".
Le chemin de ma vie m’amenait
vers de belles choses attirantes,
mais laissait présager
des défis et des souf-
frances. Le rêve cares-
sé d'une terre promise
ne m’apparaissait pas
trop élevé pour y tou-
ché, mais a effective-
ment été rempli
d’obstacles à franchir.
Il m’a fallu en fait
près de six ans pour
l’atteindre. Face à des
situations inattendues
et à cause des préju-
gés de mes proches
qui me croyaient per-
due dans mes illu-
sions, j'ai parfois eu
envie d'abandonner.
Étais-je perdue en
fait? Oser déplacer
toute ma famille dans
un pays où jamais
nous n’avions mis les
pieds.
Les remarques négati-
ves n’ont pas réussi à m’éloigner
de ma route. Je croyais toujours
pouvoir réaliser mon rêve, celui de
m’établir au Québec. J’étais con-
vaincue et je le suis encore que si je
ne crois pas en moi et en mes capa-
cités, si je ne connais pas mon enne-
mi, si je ne me connais pas moi-
même et si je ne sais pas diriger ma
force intérieure vers mes objectifs,
alors personne n’aura confiance en
moi.
(suite page suivante)
Sélection d’une destination paisible
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
Texte rédigé dans la langue maternelle de l’auteure en vietnamien et traduit de l’anglais au français par l’équipe du Journal
19
Mes parents, en particulier ma
mère bien-aimée, m’ont sans ces-
se encouragée à surmonter toutes
les difficultés de la vie et, si j’ai
réussi à atteindre ma destination,
c’est bien à cause de cet encoura-
gement.
Le Canada et les États-Unis ont
toujours été des pays de choix
pour les émigrants vietnamiens.
Toutefois, même s’il a été facile
d’identifier les points forts et les
points faibles au projet d’immi-
gration, les réponses aux ques-
tions suivantes étaient moins évi-
dentes. Comment atteindre rapi-
dement une stabilité et comment
trouver un emploi qui puisse me
permettre de nourrir ma famille?
Étais-je prête à confronter toutes
ces difficultés en échange d'un
avenir prometteur pour mes fils?
L’exemple des membres de ma fa-
mille m’a aidé à avancer. Ils avaient
été contraints à fuir le Vietnam
après avoir été détenus dans un
camp de rééducation (après les évé-
nements de 1975, on a appelé une
telle fuite vượt biên (traversée de
frontières)). Alors, partir rapide-
ment pour un autre pays plus serein
a été, pour moi, une décision facile
à prendre. J’ai mis beaucoup d’ef-
forts à apprendre des langues étran-
gères et à obtenir un diplôme recon-
nu pour mériter le Certificat de sé-
lection du Québec. Je crois que la
détermination est la qualité premiè-
re pour parvenir à ses fins. Comme
le dit le proverbe arabe: « Qui veut
faire quelque chose trouve un
moyen, qui ne veut rien faire trouve
une excuse. ».
Descendus de l’avion à Dorval, nous
avons respiré l’air pur d’une terre
heureuse. Nous avons été agréable-
ment surpris de l’accueil du Minis-
tère de l’immigration (MIDI) qui
nous a offert de participer aux séan-
ces d’information « Premières dé-
marches d’installation » et
« Objectif Intégration » pour les
nouveaux immigrants.
J’ai choisi une vie paisible au Qué-
bec même si je suis loin de mon
pays natal et de mes parents âgés.
Peu importe les difficultés que je
rencontrerai dans ma nouvelle vie
ici, je compte la poursuivre sans
relâche, en travaillant consciencieu-
sement et diligemment, avec une foi
accrue en Dieu. Je sais qu’il faudra
du temps, des sacrifices et des ef-
forts incessants pour atteindre mes
objectifs, mais je suis prête à pren-
dre mes responsabilités devant les
choix qui se présenteront dans ce
pays qui a accueilli ma famille à
bras ouverts.
Margaret Loan Le Thuy
d’origine vietnamienne
Sélection d’une destination paisible (Suite de la page précédente)
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
20
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
Tính đến nay cũng đã hơn 5 tháng
kể từ ngày nào tôi dắt díu cả gia
đình lên chuyến bay dài rời quê nhà
để bắt đầu chuỗi ngày tìm kiếm
tương lai nơi đất khách quê người.
Cách đây hơn 20 năm, tôi đã được
trải nghiệm cuộc sống xa quê
hương khi sang Pháp du học. Môi
trường học tập ấy buộc tôi phải
nhanh chóng thích nghi với môi
trường xa lạ, phải có suy nghĩ tích
cực, đa chiều, phải có khả năng tự
xoay xở để tồn tại và phát triển. Tôi
đã từng nếm trải không chỉ niềm
vui, những khám phá mới mẻ mà
còn những nỗi tuyệt vọng, lo âu, sợ
hãi. Nhưng cũng chính từ những
nếm trải này đã khiến tư tưởng của
tôi thay đổi theo hướng tích cực
hơn.
Trở về quê nhà, tôi luôn nuôi dưỡng
ước mơ được đem cả gia đình ra
nước ngoài định cư ngay khi có thể.
Tôi mong mỏi con cái tôi được
khám phá những điều thú vị, những
cơ hội mới và mối quan hệ mới,
“dám thay đổi, dám dấn thân”.
Trong số các lựa chọn, đích đến
của tôi là vùng Québec, Canada
theo hình thức lao động có trình độ.
Niềm tin đi đến tận cùng của ước
mơ của tôi được nỗ lực xây dựng
theo tinh thần của cô bé Alice trong
xứ sở thần tiên: “Nếu bạn còn rõ
bạn muốn đi về đâu, chắc hẳn
không có con đường nào đưa bạn
đến chỗ ấy”. Tôi biết rõ con đường
tôi muốn đi, ở nơi đó, tôi cảm nhận
được những điều tốt đẹp đang vẫy
gọi tôi, nhưng tôi cũng hiểu rõ
những gian nan, thử thách và
cả nhiều chặng đàng
t h á n h g i á
đ a n g
chờ tôi vác. Ước mơ của tôi về
miền đất hứa
không quá cao vời nhưng không
hề dễ dàng để chạm tới. Tôi đã
mất gần 6 năm để miệt mài theo
đuổi, nhiều lúc tưởng chừng muốn
buông xuôi vì những tình huống
bất ngờ và những định kiến từ
những người thân quen khi họ
cười nhạt vào mặt tôi và cho rằng
tôi sống ảo tưởng, dám đem cả
gia đình đến một xứ xở mà tôi
chưa hề được đặt chân tới…
Thay vì quá bận tâm và bị ảnh
hưởng bởi những điều tiêu cực,
tôi luôn tin rằng tôi sẽ đặt chân lên
vùng đất Québec và không hoài
nghi về khả năng của chính bản
thân. Nếu tôi không tin tôi sẽ làm
được, tôi không biết mình biết ta,
không biết kiểm soát và điều khiển
sức mạnh nội tại hướng tới mục
tiêu thì tôi sẽ không khiến người
khác tin tưởng vào tôi. Bản lĩnh
vượt qua sóng gió được cha mẹ,
đặc biệt là người mẹ yêu dấu của
tôi truyền cảm hứng và động lực
giúp tôi vượt lên tất cả để đến với
bến đỗ yên bình mà tôi đã lựa
chọn.
Di dân sang Canada hay Mỹ luôn
là một lựa chọn hàng đầu đối với
người Việt. Vấn đề ở chỗ ai cũng
có thể đưa ra hàng loạt điểm tốt
và điểm hạn chế của việc ra nước
ngoài định cư, nhưng theo tôi,
việc khó nhất là phải đặt ra hàng
loạt câu hỏi thú vị để tự tìm câu
trả lời và tự tìm hướng giải quyết,
chẳng hạn: Làm thế nào để không
bị sốc văn hoá? Làm thế nào để
nhanh chóng ổn định
cuộc sống và tìm
được việc làm nuôi
sống bản thân và gia
đình?
Bản thân đã sẵn sàng chịu cực khổ,
vất vả để đánh đổi tương lai tốt đẹp
cho con cái chưa? Gia đình tôi đã
từng nhiều lần vượt biên sau biến
cố 1975, và bị nhốt trong trại cải tạo
nên việc di dân ngay khi có thể đến
bến bờ hạnh phúc là điều hiển
nhiên, không cần do dự đối với tôi.
Tôi đã nỗ lực học ngoại ngữ, học
kiến thức, rèn luyện kỹ năng và khả
năng để có thể cầm được giấy
chứng nhận được lựa chọn của tỉnh
bang Québec (CSQ). Tôi nghĩ rằng
thói quen quan trọng nhất dẫn đến
thành công là hành động, còn nếu
không thì chỉ nhận được lời “than
thân trách phận”.
Bước chân đến Québec, gia đình
của tôi đã hít thở được không khí
trong lành của xứ sở hạnh phúc,
được hưởng các chế độ ưu đãi mà
Bộ di trú dành cho người nhập cư,
tôi đã được các học lớp hoà nhập,
học cách người Quebec kiếm việc
làm, học để giữ vững giá trị bản
thân, hiểu biết, tôn trọng và hành xử
theo giá trị cộng đồng ở nơi đón tiếp
tôi.
Tôi chọn để sống xa nguyên quán,
rời xa cha mẹ già để đến được đây
thì không khó khăn, tuyệt vọng nào
có thể làm tôi gục ngã. Mọi thứ tôi
muốn đều đòi hỏi thời gian, sự hy
sinh và nỗ lực không ngừng, vì vậy,
tôi luôn xác định tôi phải có trách
nhiệm với quyết định của tôi, có
trách nhiệm với đất nước đã mở
rộng vòng tay đón cả gia đình tôi
vào, đó là luôn chăm chỉ, nỗ lực,
kiên nhẫn và biết chờ đợi và luôn
phó thác niềm tin vào Thiên Chúa.
Margaret Loan Le Thuy
d’origine vietnamienne
Lựa chọn bến đỗ bình yên
21
LA MIRS DANS LA COMMUNAUTÉ
Les nouveaux arrivants et les partenaires : un défi d’engagement envers la communauté
Les bibliothèques publiques
occupent une place prépondé-
rante dans l’intégration des
nouveaux arrivants à la socié-
té québécoise.
Notamment, la Bibliothèque de
Brossard Georgette-Lepage, en plus
d’être un lieu de savoir, d’échanges,
de rencontres et d’accès à l’infor-
mation pour la plupart des immi-
grants, est aussi considérée comme
un milieu convivial, accueillant,
chaleureux, neutre, tout en étant
très ouvert. Plus encore, elle est
également importante par la qualité
de ses services gratuits et inclusifs,
embrassant la diversité de ses com-
munautés.
Tous les nouveaux arrivants ont à
leur disposition une grande collec-
tion d'ouvrages, tels des documen-
taires sur le Québec, des méthodes
de langues pour apprendre le fran-
çais, des ouvrages de référence lin-
guistiques (dictionnaires et gram-
maires) ainsi qu'une collection
multilingue composée de livres en
huit langues (arabe, espagnol, por-
tugais, chinois, vietnamien, alle-
mand, italien et russe) qui est cons-
tamment renouvelée et bonifiée par
l'acquisition de nouveaux titres.
La bibliothèque a aussi mis sur pied
un volet interculturel concret qui
rejoint à la fois les attentes et les
besoins des communautés culturel-
les et en même temps concrétise le
caractère singulier de Brossard
comme ville ouverte sur le monde.
Le volet interculturel comprend
plusieurs services dont l’objectif est
de faire découvrir la bibliothèque
aux nouveaux arrivants et d’amélio-
rer leur maîtrise du français. Cela
va des ateliers de lecture et d’écritu-
re, aux ateliers de conversation en
français, en passant par un pro-
gramme de visites adaptées aux
besoins des étudiants en francisa-
tion.
En outre, elle organise des confé-
rences et des ateliers interculturels,
animés par des gens issus de l'im-
migration tout au long de l'année.
Cela donne l’occasion aux partici-
pants de découvrir d’autres cultures
et d'échanger avec des citoyens
d'origines différentes dans le res-
pect de la diversité et contribue à
encourager le rapprochement inter-
culturel.
En matière d’aide à la réussite sco-
laire, la Bibliothèque a mis sur
pied, à l’automne 2012, un nouveau
service d'aide aux devoirs pour les
enfants du primaire dont la majori-
té est issue de familles immigrantes
allophones. Ces écoliers profitent
également des heures du conte
dans les langues étrangères les plus
parlées à Brossard, en vue d'asseoir
leur enrichissement culturel natal
et de susciter l'amour de la lecture
chez eux.
Pour consolider son rôle dans l'ins-
tallation des personnes immigran-
tes au Québec, la bibliothèque a mis
en ligne une page Internet dédiée
dans le but de faciliter son intégra-
tion et son établissement au sein de
la société d'accueil en général et à
Brossard en particulier.
Pour compléter, la bibliothèque a
créé un poste de bibliothécaire
agent de liaison. Son rôle est de
nouer des liens di-
rects avec les per-
sonnes issues de l’immigration,
d'évaluer leurs besoins, de les en-
courager à fréquenter la bibliothè-
que et de créer de nouveaux servi-
ces, si nécessaire. L’agente de liai-
son a notamment contribué à for-
maliser des accords stratégiques
avec quelques organismes commu-
nautaires et certains membres des
communautés culturelles, travail-
lant directement avec les nouveaux
arrivants, dont la Maison interna-
tionale de la Rive-Sud.
Par ces ententes, la bibliothèque
peut découvrir et mieux compren-
dre les attentes concrètes des diffé-
rentes communautés et être à leur
écoute en vue d’identifier les servi-
ces qui répondent réellement à
leurs besoins. Déjà on note des re-
tombées. Des usagers, issus de dif-
férentes origines, commencent de
plus en plus à fréquenter la biblio-
thèque grâce aux liens de proximité
et de confiance qui ont été bâtis par
ces ententes.
En conclusion, il est fort intéres-
sant de constater que le rapproche-
ment, avec les communautés cultu-
relles et les organismes travaillant
de concert avec les immigrants, est
garant du succès dans la participa-
tion de ces derniers aux activités
de la bibliothèque.
Magda Zemmou, Bibliothécaire, agent de liaison
Bibliothèque de Brossard Georgette-Lepage
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
ACTUALITÉ EN IMMIGRATION
Des cours de francisation jugés inefficaces
22
« Les programmes de fran-
cisation ne sont pas effica-
ces pour permettre aux im-
migrants de bien s’intégrer
au marché du travail et à la
société québécoise. »
Nima Madani,
Immigrant d’origine iranienne
installé au Québec depuis 2015
En suivant les débats autour de l’ac-
cueil des nouveaux arrivants, cet
ingénieur mécanique de 40 ans a
l’impression, comme beaucoup
d’autres immigrants, que les chefs
politiques ne comprennent pas
vraiment les enjeux et qu’ils propo-
sent des solutions sans lien avec la
réalité.
« Ils parlent du taux
élevé d’échec
aux
cours de francisation, mais per-
sonne n’a comme priorité de les
améliorer. »
Monsieur Madani réagit face aux
attentes des politiciens.
« Ils ne semblent pas savoir
comment ça se passe pour un
immigrant qui arrive. La majo-
rité fait de gros efforts pour
s’intégrer, mais on a l’impres-
sion d’être abandonnés, même
en étant très motivés pour ap-
prendre le français. »
Ses observations sur les lacunes en
francisation sont corroborées par
plusieurs études, notamment celle
du Conseil supérieur de la langue
française (CSLF).
« L’offre de franci-
sation de base
ne permet pas
aux immigrants d’atteindre un
niveau de maîtrise de la lan-
gue suffisamment élevé pour
réaliser une intégration socio-
professionnelle réussie ».
Rapport sur la francisation et
l’intégration professionnelle
des personnes immigrantes
CSLF (Novembre 2017) .
De nombreux immigrants sont
inquiets.
« Ils se sentent dénigrés, alors
que plusieurs font de gros ef-
forts pour apprendre le fran-
çais et que les inscriptions aux
cours de francisation augmen-
tent. »
Stephan Reichhold
Table de concertation des organis-
mes au service des personnes réfu-
giées et immigrantes (TCRI)
Alors que le thème de l’accueil des
immigrants occupe une place cen-
trale dans la campagne électorale,
on a peu entendu les nouveaux
arrivants se prononcer eux-mêmes
sur cet enjeu, alors qu’ils sont les
premiers concernés.
Nima Madani veut contribuer au
débat de façon constructive en
témoignant de son expérience
d’immigrant très motivé à appren-
dre le français : il a suivi plusieurs
sessions de cours à Téhéran, en
plus de deux séjours d’un mois à
Paris dans des programmes d’im-
mersion, pour se préparer à son
arrivée au Québec.
(Suite page suivante)
publié dans La Presse, le 27 septembre 2018
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
23
« On m’a dit que mon français
était assez bon, même si j’avais
encore besoin de cours de
francisation ».
Nima Madani
« Les cours ici ne sont pas effi-
caces, les progrès sont beau-
coup trop lents pour atteindre
un niveau suffisant pour tra-
vailler. Et quand on a terminé
le programme de francisation,
c’est très difficile de trouver
des cours pour continuer de
progresser. »
Nima Madani
Trop d’élèves par classe, trop peu
de temps consacré à la conversa-
tion, méthodes d’enseignement
archaïques et inefficaces, groupes
composés d’élèves aux objectifs
disparates, peu adaptés aux be-
soins des travailleurs qualifiés, ho-
raires qui ne conviennent pas à
tous… La liste des observations de
M. Madani est longue.
« Je ne veux pas avoir l’air de
chialer ! », dit-il, dans un fran-
çais teinté d’un très léger ac-
cent, en hésitant à peine sur
certains mots. « Les profes-
seurs étaient très gentils et
accueillants, mais certains
n’enseignaient simplement pas
bien. C’était un monologue.
C’est bien que les cours soient
gratuits, mais il faut surtout
qu’ils soient performants. »
Nima Madani
Un projet de guichet unique pour
faciliter l’accès aux cours de franci-
sation, dans les cartons du ministè-
re de l’Immigration, de
la
Diversité et de l’Inclusion (MIDI)
depuis plus de 15 ans, n’a toujours
pas vu le jour, malgré des années
de travaux. Un contrat de plus de
200 000 $ a même été accordé en
2009 pour la mise en place de ce
guichet unique, visant à simplifier
l’inscription aux cours. Le Minis-
tère promet maintenant que ce
service sera implanté en 2019.
« Depuis août 2017, le MIDI
est devenu la porte d’entrée
unique pour les personnes im-
migrantes admissibles à l’allo-
cation de participation et aux
cours à temps complet, qu’ils
soient offerts par un partenai-
re du MIDI ou en commission
scolaire »,
Une porte-parole
du Ministère
Selon le rapport du Conseil Supé-
rieur de la langue française, les
principales lacunes des cours de
français destinés aux immigrants
sont :
La capacité de communiquer en
français ne garantit pas l’inté-
gration professionnelle et socia-
le, certes, mais ce facteur consti-
tue néanmoins le premier élé-
ment d’inté-
gration à la
société qué-
bécoise.
L’hétéro-
généité de la
composition
des groupes
de francisa-
tion est
considérée
comme un
frein à l’ap-
prentissage
de la langue.
Isabelle Ducas,
La Presse
Des cours de francisation jugés inefficaces
publié dans La Presse, le 27 septembre 2018
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
Forte croissance de l'emploi chez les immigrants
24
Le taux d'emploi des person-
nes issues de l'immigration a
fait un bond important depuis
dix ans dans la grande région
de Montréal.
Le taux d’emploi est passé de
52,8 % en 2009 à 61 % en 2017,
selon Statistique Canada.
Cette hausse de l'emploi touche
tant les immigrants récents que
ceux établis depuis longtemps dans
le Grand Montréal — incluant la
Rive-Sud. Chez ceux qui sont instal-
lés depuis 5 à 10 ans dans la région
métropolitaine, le taux d'emploi
dépasse même celui des Montréa-
lais nés au Canada. Il s'agit de don-
nées générales qui ne précisent pas
dans quels secteurs exactement
cette augmentation se fait sentir.
«Les immigrants se retrouvent
surtout dans l'île de Montréal et
le boom de l'emploi y est
concentré. Les services à la pro-
duction, c'est-à-dire les services
professionnels, administratifs,
financiers, le transport et le
commerce de gros, ont tendance
à se concentrer dans le centre
des régions urbaines».
Maxime Trottier, économiste de la CMM
Bien que le taux de chômage de-
meure plus élevé chez les immi-
grants que celui des natifs, l'écart
entre les deux groupes s'est rétréci
de façon significative, passant de
6,4 % en 2009 à 3,1 % en 2017.
Pour M. Trottier, c'est un renver-
sement important:
«Dans le passé, c'est Mon-
tréal qui avait la performan-
ce la plus mauvaise compa-
rativement aux autres ré-
gions métropolitaines du Ca-
nada comme Toronto ou
Vancouver, avec un taux de
chômage trois fois plus élevé
chez les immigrants».
La CMM regroupe 82 municipali-
tés, ce qui correspond à 4 millions
d'habitants, soit un bassin d'em-
ploi de 2 millions de travailleurs.
Le chômage atteint à l'heure ac-
tuelle un plancher historique avec
6,6 %. Il s'agit du niveau le plus
faible depuis que les données sont
compilées en 1975.
L'immigration internationale ainsi
que l'arrivée de réfugiés en prove-
nance des États-Unis a notamment
eu un effet sur la demande de loge-
ments locatifs.
«Le taux d'inoccupation de ces
logements est passé de 3.9 % en
2016 à 2,8 % en 2017».
Bilan économique du Grand Montréal 2017.
Kathleen Lévesque
publié dans La Presse, le 22 août 2018
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
25
OTTAWA — Le gouvernement
fédéral élimine un système de
loterie impopulaire permet-
tant aux immigrants de faire
venir au pays leurs parents et
leurs grands-parents et aug-
mente le nombre de deman-
des de parrainage qu’il accep-
tera l’an prochain.
Au mois d’août, des modifications
ont été annoncées au programme
de parrainage des parents et des
grands-parents, prévoyant le rem-
placement du processus de sélec-
tion aléatoire des demandes de
parrainage par un processus fondé
sur le principe du premier arrivé,
premier servi.
À compter de 2019, les immigrants
souhaitant parrainer un parent ou
un grand-parent pourront en faire
la demande en remplissant en ligne
un «formulaire d’intérêt». Au lieu
de sélectionner au hasard des per-
sonnes de cette liste pour le parrai-
nage, les candidatures seront plu-
tôt honorées en fonction du mo-
ment de leur réception, jusqu’à ce
que le seuil de 20 000 soit atteint.
En 2018, il était de 17 000.
«Bien sûr, une fois que nous
aurons reçu les formulaires
d’intérêt des parrains et que
nous aurons atteint le plafond,
nous reviendrons en arrière et
regarderons qui est réelle-
ment qualifié, car il y a certai-
nes exigences à respecter».
Ahmed Hussen,
ministre de l’Immigration
Le système de demande de parrai-
nage a fait l’objet de critiques de-
puis long-
temps. Notamment, plusieurs
familles qui cherchaient à faire
venir leurs parents ou leurs
grands-parents au Canada pour
les aider à prendre soin de leurs
enfants, ou pour des raisons
culturelles ou personnelles, ont
été frustrées par le caractère aléa-
toire du processus de sélection. Or
le fait d’implanter un système fon-
dé sur le principe du premier arri-
vé, premier servi améliorera ce
programme de beaucoup. Il est
toutefois important que le gouver-
nement soit transparent sur la
façon dont ce nouveau système
sera géré.
« Pour moi, ce sera encore
très difficile en termes de
transparence de montrer qui
ont été les premiers 20 000 à
postuler. »
Arghavan Gerami,
avocate spécialisée en droit
de l’immigration et des réfugiés
La
décision du gouvernement d’aug-
menter le nombre de dossiers ac-
ceptés dans ce programme résulte
d’une demande toujours grandis-
sante. En 2017, un peu plus de 100
000 formulaires d’intérêt à parrai-
ner ont été remplis en ligne, selon
les données gouvernementales.
Seules 10 000 personnes avaient
été invitées à soumettre des de-
mandes, mais le gouvernement a
porté ce nombre à 17 000 cette an-
née.
Teresa Wright
La Presse canadienne
Immigration: fini la loterie pour le regroupement
familial
publié dans Le Soleil, le 21août 2018
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
26
« La situation des deman-
deurs d’asile qui arrivent à
la frontière canadienne est
sous contrôle. »
Jean-Nicolas Beuze,
représentant canadien du
Haut-Commissariat pour
les réfugiés de l’ONU (HCR)
Emprunté en juillet par un peu plus
de 1 500 personnes, le fameux che-
min Roxham à Hemmingford est
devenu l’épicentre de la problémati-
que des entrées irrégulières de réfu-
giés qui tentent leur chance au Ca-
nada.
Or tout indique que la situation à la
frontière a radicalement changé
depuis l’année dernière. En juillet
dernier, il est entré seulement la
moitié du total de juillet 2017 et au
début du mois d’août, il y avait une
très nette baisse par rapport à pa-
reille date l’année dernière - 800
arrivées dans les 15 premiers jours
du mois d’août 2018 comparative-
ment à 5 000 arrivées au total en
août 2017.
Les profils ont beaucoup changé en
un an. Les Haïtiens ne représentent
plus la majorité (moins de 5%). En
dehors des Nigérians qui représen-
tent le groupe le plus important, les
personnes sont originaires de plu-
sieurs pays - Palestiniens, Pakista-
nais, Turcs, Colombiens. C’est un
mélange de familles, de femmes
seules avec des enfants et d’hom-
mes seuls.
Dans les conditions offertes cet été,
il y avait peu d’attente à chaque éta-
pe entre la Gendarmerie royale du
Canada [GRC] et l’Agence des servi-
ces frontaliers du Canada [ASFC],
12 heures en moyenne avant le
transfert à Montréal.
À Montréal, il y a le Centre intégré
d’analyse des demandes d’asile
[CIADA]. Il a été mis en place cet
été. Il s’agit d’un projet pilote qui
regroupe l’ASFC, l’IRCC et la CISR
et qui essaie de voir comment pré-
parer au mieux un dossier avant
qu’il arrive devant la CISR de ma-
nière à ne pas répéter les étapes, à
partager l’information, à faciliter
aussi le travail de la commission en
ayant le dossier le plus complet
possible.
Les délais de traitement sont longs
(18 à 24 mois) mais n’inquiète pas
le représentant du HCR. Au début
du mois d’août, il y avait de 40 000
à 50 000 demandes en attente. Le
nombre est élevé mais ce qui im-
porte, c’est de conserver l’équité du
processus. L’attente est préférable
aux conditions auxquels plusieurs
personnes étaient confrontées dans
leur pays - la guerre, la torture. At-
tendre deux ans avec un permis de
travail, un soutien psychologique,
une capacité à mettre les enfants à
l’école, des soins, ce n’est pas la fin
du monde.
De façon générale, les personnes se
trouvent un travail en dedans de
trois à six mois et, au bout d’un an,
les demandeurs d’asile ont un salai-
re de 20 000 $ par année.
Bien que l’attente soit difficile, la
force du système d’asile canadien
réside dans le fait qu’un demandeur
d’asile a le droit de raconter son
histoire devant un juge. Il ne faut
pas essayer de changer le système
juste pour gagner du temps, au dé-
triment de la qualité de l’évaluation.
Ça c’est unique au monde.
L’accueil des réfugiés repose sur des
principes humanitaires. Il débute
par une couverture, un peu d’eau,
de l’écoute puis se poursuit par des
opportunités économiques et d’inté-
gration.
Dans cette perspective humanitaire,
le rôle du HCR est d’être un cataly-
seur, c’est d’amener des gens autour
de la table. Parce que l’humanitaire,
les Nations unies, ça ne suffit pas. Il
faut aussi amener l’idée qu’en ai-
dant l’autre, on va gagner quelque
chose, que ce soit sur le plan écono-
mique, culturel ou social.
Alexis Boulianne
Migrants au Québec: La situation à la frontière a radicalement changé en un an.
Publié dans le Journal Métro, 20 août 2018
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
27
À la suite de l'entrée en vi-
gueur du nouveau Règlement
et de la Loi sur l'immigration
au Québec le 2 août dernier, le
ministère de l'Immigration,
de la Diversité et de l'Inclu-
sion finalise les derniers tra-
vaux afin de lancer son nou-
veau système basé sur la dé-
claration d'intérêt, Arrima,
prévu en septembre prochain.
Le Ministère se dotera d'un nou-
veau système destiné à gérer les
demandes de sélection qui permet-
tra d'inviter en continu, et de façon
rapide et efficace, des travailleuses
et des travailleurs qualifiés dont le
profil répond, notamment, aux
besoins des entreprises dans les
différentes régions du Québec. Plus
précisément, ce système permettra
de constituer une banque de décla-
rations d'intérêt provenant de per-
sonnes désirant immigrer au Qué-
bec dans le cadre du Programme
régulier des travailleurs qualifiés. À
partir de cette banque, le Ministère
invitera les personnes qui répon-
dent le mieux aux besoins du Qué-
bec à présenter leur demande de
sélection permanente. Mettant fin
au système de réception des de-
mandes basé sur le principe du
« premier arrivé, premier servi »,
le nouveau système vise à :
Réduire le temps consacré au
traitement des demandes;
Accélérer l'arrivée des person-
nes qui auront été sélection-
nées.
Le Ministère a procédé à plu-
sieurs tests de performance et
d'utilisation et effectuait en août
dernier les derniers ajustements
afin d'assurer une meilleure expé-
rience client aux utilisateurs de la
plateforme, et ce, dès son ouver-
ture.
Faits saillants :
Court, moderne, original et
distinctif, le nom Arrima fait
référence au mot arrimage,
qui signifie « harmoniser ».
C'est exactement ce que per-
mettra le nouveau système
d'immigration basé sur la dé-
claration d'intérêt pour s'as-
surer d'un meilleur arrimage
entre les profils de personnes
immigrantes et les besoins du
Québec et de ses régions.
En se basant sur une techno-
logie plus moderne pour la
création de son nouveau sys-
tème, le Ministère vise à offrir
une meilleure expérience/
client aux personnes désirant
immigrer au Québec, tout au
long des différentes phases de
déploiement.
La déclaration d'intérêt permet
à toutes les personnes intéres-
sées à immigrer au Québec de
déclarer leur intérêt à tout mo-
ment, gratuitement. Le formu-
laire de déclaration d'intérêt
demande des informations sur
les points suivants :
renseignements personnels;
coordonnées;
situation familiale;
statut au Québec;
scolarité;
parcours professionnel;
offre d'emploi validée par le
Ministère, le cas échéant;
connaissances linguistiques;
renseignements complémen-
taires.
Les invitations seront établies à
partir de critères définissant le
profil des personnes en matière
d'employabilité, notamment la
connaissance du français, l'âge,
le domaine de formation, l'ex-
périence de travail et le niveau
de scolarité.
Ministère Immigration,
Diversité et Inclusion (MIDI)
Publié sur Newswire.com, le 17 août 2018
Sélection des immigrants:
Nouveau système basé sur la déclaration d'intérêt
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
28
En matière d’intégration des im-
migrants au marché du travail,
le Canada tire mieux son épingle
du jeu que les autres pays indus-
trialisés.
C’est ce qui ressort des résultats préli-
minaires d’une enquête de l’OCDE
présentée dans le cadre d’un colloque
international sur l’égalité et la diversi-
té à l’Université de Montréal au mois
d’août de cette année.
Le Canada serait « particulièrement
bon » notamment parce que sa popu-
lation immigrante, sélectionnée à tra-
vers divers programmes, fait partie
des plus éduquées et qualifiées dans le
monde, a suggéré le chercheur Tho-
mas Liebig, coordonnateur de l’étude.
En matière d’éducation, les enfants
des immigrants, soit la 2e génération,
font aussi bien, sinon mieux que les
Canadiens qui n’ont pas de parents
immigrants.
Comparativement, dans les pays euro-
péens, cela demeure un problème. Les
immigrants hautement qualifiés et
possédant des diplômes de haut ni-
veau ne voient pas reconnaître leurs
compétences à la hauteur de ce qu’el-
les sont.
M. Liebig explique ces difficultés en
Europe par l’attitude discriminatoire
de certains employeurs, la question de
la langue et l’absence de réseau et de
contacts, surtout pour les nouveaux
arrivants.
Madame Chicha, coorganisatrice du
colloque sur l’égalité et la diversité de
l’UdeM, accueille avec beaucoup d’in-
térêt les constats de l’OCDE, mais
apporte des nuances.
« Les immigrants réussissent
mieux car on les sélectionne,
mais en même temps, la déquali-
fication est très élevée au Cana-
da. »
Marie-Thérèse Chicha,
professeure à l’École des
relations industrielles de
l’Université de Montréal
Elle cite les études de son collègue
Brahim Boudarbat, qui parle des
grandes difficultés des immigrants
de 1re et 2e générations à s’intégrer
au marché du travail, notamment
ceux ayant un nom d’origine étran-
gère.
Pour l’OCDE, le Canada semble aussi
bon élève en ce qui a trait à la recon-
naissance que la diversité est une
réalité et un défi auquel il faut s’atta-
quer. En comparaison avec la Fran-
ce, l’Allemagne et la Norvège, il est,
et de loin, le pays où les entreprises
ont adopté le plus grand nombre de
mesures pour augmenter la présence
des minorités visibles, selon ce
qu’ont répondu les gestionnaires en
ressources humaines — 3000, dont
près de 1000 au Canada — sondés
dans l’enquête.
Et 60 % de ces répondants canadiens
— comparativement à 40 % en Euro-
pe — croient que la diversité est un
enjeu important dans la société. Le
petit bémol est que seulement un
tiers des gestionnaires — au Canada
et en Europe — disent que c’est le cas
dans leur entreprise. « Il y a un dis-
cours qui dit qu’il faut s’en occuper,
mais très peu d’entreprises passent à
l’action », remarque Tania Saba,
titulaire de la Chaire en diversité et
gouvernance de l’Université de Mon-
tréal et coorganisatrice du colloque.
Elle soutient que plusieurs entrepri-
ses canadiennes devront faire des
efforts pour améliorer leurs prati-
ques et faire une place aux immi-
grants de première génération.
Selon sa collègue, Mme Chicha, le
constat sur l’inaction des entreprises
est le même depuis dix ans. « C’est le
constat de l’enquête que j’avais faite
sur les programmes d’accès à l’égali-
té, en particulier une étude qui avait
été faite il y a environ dix ans. Les
employeurs disaient que la diversité
était importante, mais quand je leur
demandais s’ils avaient revu leurs
pratiques, leurs méthodes de sélec-
tion […], ils me disaient que non. Ils
ne se rendaient pas compte que leurs
pratiques pouvaient être un obstacle
à la diversité. Je vois que les choses
n’ont pas tellement changé. »
Les deux chercheuses attendent avec
impatience de pouvoir analyser les
données à une échelle moins «
macro » et comparer les provinces
canadiennes entre elles. « Dans un
deuxième temps, avec l’Université
Paris-Dauphine, nous allons établir
les différences entre les provinces »,
Le Canada intègre mieux
les immigrants au marché du travail
Publié dans Le Devoir, le 18 août 2018 Doit être corrigé
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
29
Un avenir pour l’interculturalisme ?
L’interculturalisme est le mo-
dèle le mieux adapté au
contexte québécois. Il met
l’accent sur l’intégration,
comme l’exige une petite na-
tion minoritaire qui a tou-
jours nourri le sentiment de
sa fragilité.
Pour créer de l’unité et une solida-
rité minimale, l’interculturalisme
encourage les interactions, les rap-
prochements interculturels. Il vise
l’essor d’une culture commune
pour cimenter les composantes de
la nation. Enfin, comme la plupart
des autres modèles, il prend en
compte le rapport majorité-
minorités, non pour le raffermir,
mais pour l’atténuer et l’arbitrer
dans un souci d’équité. Sur cha-
cun de ces traits, le modèle tran-
che sur le multiculturalisme.
Comme la plupart des modèles
d’aménagement de la diversité,
l’interculturalisme se voue à la
protection de la diversité et des
droits de chacun, ce qui inclut l’é-
radication de la discrimination et
du racisme.
Toutefois, depuis 30 ans, quatre
facteurs d’empêchement ont joué
à différents moments pour freiner
son institutionnalisation.
1. La crainte d’indisposer Ottawa
et de mener une lutte contre le
multiculturalisme,
2. L’interculturalisme est une cons
-truction partisane au service
du nationalisme et même du
souverainisme.
3. Le modèle a paru trop tiède
dans la protection des
« privilèges » de la majorité
francophone ou
4. Le modèle a paru trop mou à
l’égard de minorités désireuses
de restaurer ici l’empire de la
religion.
Le premier facteur surprend :
reconnaît-on là le Québec qui a
mené la lutte autrement plus dure
pour la loi 101 ? Le deuxième fac-
teur n’a guère de prise. Les intel-
lectuels qui ont proposé des défi-
nitions de l’interculturalisme ont
tous pris soin de le tenir à l’écart
du nationalisme comme de toute
idéologie partisane. Les deux au-
tres facteurs s’annulent en quel-
que sorte. Le modèle se veut jus-
tement une quête d’équilibre en
repoussant les tentations assimi-
latrices et en se prémunissant
contre les dangers de la fragmen-
tation. De là vient l’une
de ses principales
caracté- ristiques :
pro- mouvoir la
formation d’une culture
commune ou nationale qui se
nourrit de toutes les cultures en
présence, sans en fragiliser aucu-
ne.
Existerait-il un cinquième facteur
plus puissant qui ferait douter de
l’utilité même d’un modèle de pri-
se en charge de la diversité ? Si
oui, c’est une erreur. On ne peut
laisser à chacun des acteurs collec-
tifs, parapublics ou
privés, la liberté de
traiter à sa guise toutes
les situations de mé-
sentente qui mettent
en cause des principes
fondamentaux. Il est
utile aussi que les ci-
toyens puissent se réfé-
rer à de grandes lignes de conduite
pour régler leurs comportements
dans les rapports interpersonnels.
À ces arguments, on objectera peut
-être que le droit fournit déjà ces
lignes de conduite dont les tribu-
naux veillent à l’application. Com-
ment alors expliquer le besoin ma-
nifesté par la plupart des pays de
se doter d’une philosophie à l’usa-
ge des institutions et des citoyens ?
Une société ne serait-elle qu’une
collection d’individus dotés de
droits ?
Gérard Bouchard La Presse +, le 15 septembre 2018
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
Les employeurs réticents à embaucher des immi-
grants malgré la pénurie
30
Les employeurs ont beau se
plaindre de plus en plus des
pénuries de main-d'œuvre,
ils demeurent très réfractai-
res à embaucher des immi-
grants.
C'est le triste constat qui se déga-
ge d'une enquête de la Banque de
développement du Canada
(BDC) auprès de 1 028 entrepri-
ses à travers le Canada. L'enquê-
te démontre que près de deux
employeurs sur cinq (39%) affir-
ment qu'il a été difficile de trou-
ver du personnel au cours des 12
derniers mois.
Pourtant, lorsqu'on leur deman-
de quelles sont leurs stratégies
pour combler leurs besoins, ils
préfèrent embaucher du person-
nel moins qualifié ou plus jeune
et de le former en entreprise ou
encore des retraités ou même
augmenter les salaires plutôt que
de recruter des immigrants.
Les chiffres à cet effet sont sans
appel : à l'affirmation «En raison
d'une pénurie de main-d'œuvre,
notre entreprise doit prendre les
mesures suivantes», 43% ont dit
être d'accord avec l'embauche de
travailleurs moins qualifiés, 40%
étaient d'accord avec l'embauche
de travailleurs plus jeunes, 35%
approuvaient l'idée d'une meil-
leure rémunération et le tiers
étaient d'accord avec l'embauche
de retraités. Seulement 18% des
employeurs étaient prêts à
se tourner vers le
recrute-
ment
d'immigrants, alors que 57%
étaient «en désaccord» avec cet-
te proposition.
L'économiste en chef de la BDC,
Pierre Cléroux, reconnaît avoir
été désarçonné par ce résultat,
d'autant plus que les immi-
grants représentent le plus im-
portant bassin de main-d'œuvre
disponible, le taux de chômage
dans cette catégorie de citoyens
étant systématiquement plus
élevé que dans les autres tran-
ches de population.
«Souvent les gens n'ont pas
d'expérience au Canada ou ils
n'ont pas la formation qui cor-
respond exactement à ce qu'on
cherche, donc ça demande à
l'employeur d'être plus flexible,
de faire plus de formation.»
M. Cléroux reconnaît cependant
que le fait que l'on soit prêt à
embaucher et à former des jeu-
nes ou des travailleurs moins
qualifiés vient plomber cet argu-
mentaire.
Selon lui, il est es-
sentiel de re-
connaître le pro-
blème et pas seulement pour les
immigrants.
Par ailleurs, l'étude
identifie les trois
secteurs les plus tou-
chés par le manque
de personnel.
Il s'agit du secteur
manufacturier, par-
ticulièrement en ré-
gion. «Des villes
comme Drummond-
ville ou Saint-
Georges de Beauce,
par exemple, ont des
taux de chômage à 1 ou 2%. C'est
presque nul. C'est plus difficile de
trouver de la main-d'œuvre en
région et le secteur manufacturier
se retrouve beaucoup en région»,
fait valoir M. Cléroux.
Le secteur du commerce de détail
est aussi très affecté en raison des
salaires peu élevés dans un
contexte où l'offre d'emploi à des
conditions plus alléchantes s'élar-
git, même pour des emplois non
spécialisés. Le manque de person-
nel est à ce point criant que des
commerces ferment certaines
journées ou certaines heures de la
journée, notamment en restaura-
tion.
Enfin, le secteur de la construc-
tion est aussi en recherche inten-
sive de personnel surtout en rai-
son des exigences en matière de
formation et de cartes de compé-
tence. «Il y a moins de flexibilité
comme marché d'emploi que dans
plusieurs autres secteurs», expli-
que l'économiste
Pierre St-Arnaud
La Presse, le 5 septembre 2018
Volume 13 - Numéro 3 Automne 2018
31
Préparation
Faire suer les oignons dans le beurre.
Ajouter environ 4 litres d'eau.
Ajouter à l'eau la carotte en morceaux très fins, le morceau de
lard, l'os à soupe, les herbes salées, le poivre et les gourganes.
Laisser mijoter pendant environ 2 heures à petits bouillons
et enlever l'écume se formant à la surface pendant ce temps.
Ajouter l'orge perlé et mijoter encore 30 à 45 minutes.
Ingrédients
1 lb gourgane décortiquées
1 morceau lard salé
1 os à soupe
1 tasse orge perlé
1 oignon
1 carotte
2 cuillères à table herbes salées
1 cuillère à table beurre
poivre au goût
ESPACE LUDIQUE
Cuisine du
monde
Soupe aux gourganes du Lac St-Jean
Automne 2018 Volume 13 - Numéro 3
Solution
Trouver
les 20
erreurs
D’ici et d’ailleurs, Le journal de la Maison Internationale de la Rive-Sud
Volume 13 No 3, Automne 2018
REM // STATION PANAMA À BROSSARD