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1 Les Prud’hommes Une justice différente pour agir et faire valoir les droits des salariés LISTE DES ABRÉVIATIONS UTILISÉES DANS CET OUVRAGE A.R. : ACCUSÉ DE RÉCEPTION (RECOMMANDÉ AVEC) ART. : ARTICLE B.C. : BUREAU DE CONCILIATION B.J. : BUREAU DE JUGEMENT CASS. SOC. : ARRÊT RENDU PAR LA CHAMBRE SOCIALE DE LA COUR DE CASSATION C.P.C. : CODE DE PROCÉDURE CIVILE C.P.H. : CONSEIL DE PRUD’HOMMES C.T. : CODE DU TRAVAIL D.A.C.S. : DIRECTION DES AFFAIRES CIVILES ET DU SCEAU (MINISTÈRE DE LA JUSTICE) P.V.B.C. : PROCÈS-VERBAL DU BUREAU DE CONCILIATION RPDS : REVUE PRATIQUE DE DROIT SOCIAL

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Les Prud’hommes

Une justice différente pour agir et faire valoir les droits des salariés

LISTE DES ABRÉVIATIONS UTILISÉES DANS CET OUVRAGE A.R. : ACCUSÉ DE RÉCEPTION (RECOMMANDÉ AVEC) ART. : ARTICLE B.C. : BUREAU DE CONCILIATION B.J. : BUREAU DE JUGEMENT CASS. SOC. : ARRÊT RENDU PAR LA CHAMBRE SOCIALE DE LA COUR DE CASSATION C.P.C. : CODE DE PROCÉDURE CIVILE C.P.H. : CONSEIL DE PRUD’HOMMES C.T. : CODE DU TRAVAIL D.A.C.S. : DIRECTION DES AFFAIRES CIVILES ET DU SCEAU (MINISTÈRE DE LA JUSTICE) P.V.B.C. : PROCÈS-VERBAL DU BUREAU DE CONCILIATION RPDS : REVUE PRATIQUE DE DROIT SOCIAL

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CHAPITRE 1 (page3) Un bel avenir… pourvu qu’on s’en occupe !

CHAPITRE 2 (page 8) Le conseil des prud’hommes, c’est quoi, ça sert à q uoi ?

CHAPITRE 3 (page 12) L’organisation des conseils CHAPITRE 4 (page 16)

La compétence CHAPITRE 5 (page 24)

Comment saisir le conseil de prud’hommes CHAPITRE 6 (page 30)

Les principes de la procédure prud’homale CHAPITRE 7 (page 33)

Le bureau de conciliation CHAPITRE 8 (page 41)

Les mesures d’instruction CHAPITRE 9 (page 45)

Le bureau de jugement CHAPITRE 10 (page 51)

Le référé prud’homal CHAPITRE 11 (page 56)

Le départage CHAPITRE 12 (page 58)

Les décisions prud’homales et leurs suites ANNEXES (page 63)

Le langage juridique – Tableau de qualification des décisions

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CHAPITRE 1CHAPITRE 1CHAPITRE 1CHAPITRE 1 :::: Un bel avenir…Un bel avenir…Un bel avenir…Un bel avenir…

PPPPourvu qu’on s’en occupeourvu qu’on s’en occupeourvu qu’on s’en occupeourvu qu’on s’en occupe !!!! En 1806, un décret napoléonien créait le premier conseil de prud’hommes à Lyon. Deux cents ans d’efforts du mouvement syndical et une dizaine de réformes législatives ont mis en place une institution originale, juridiction à part entière, mais aussi exorbitante du droit commun par sa composition et par ses règles de procédure. Ses particularités traduisent dans le domaine judiciaire la spécificité de la relation salariale : contrat, certes, mais contrat placé sous le signe de la subordination et de l’inégalité entre les parties. La présence de juges non professionnels, issus du « monde du travail », la comparution personnelle, l’oralité des débats, l’absence de formalisme aident les salariés (qui constituent 95 % des plaignants) à formuler leurs demandes, et favorisent l’appréciation des faits par le juge et leur exacte qualification. L’absence de représentation obligatoire, la possibilité de recourir aux défenseurs syndicaux sont une réponse partielle à l’inégalité financière entre un salarié et un employeur dont les frais de procédure sont à la charge de l’entreprise. Mais en 2008, les conseils de prud’hommes répondent-ils à ces objectifs ? Leur utilité est indéniable. Ils accueillent chaque année près de 200 000 demandeurs salariés, victimes de licenciement ou de violations diverses du droit du travail. Pour beaucoup, issus notamment de PME dépourvues de syndicat et d’instances représentatives, ils constituent le seul recours. Leurs décisions ont un caractère dissuasif et limitent la « délinquance » patronale, surtout quand le mouvement syndical est en capacité de les faire connaître. Au-delà du rétablissement des salariés dans leurs droits, trop souvent limité à une indemnisation plutôt qu’à une remise en état, les prud’hommes jouent un rôle essentiel dans la formation d’une jurisprudence progressiste et donc de normes nouvelles plus favorables aux salariés. En effet, la place de la jurisprudence est devenue particulièrement importante, du fait de l’insuffisance de la législation, de son retard à répondre aux besoins nouveaux nés de l’évolution du travail ou encore de son ambiguïté. Les conseils de prud’hommes ont été conduits à rendre de nombreuses décisions novatrices, reprises par les cours d’appel puis par la Cour de cassation… parfois après une longue résistance. Citons comme exemples la requalification en contrats à durée indéterminée de CDD ou de missions d’intérim successives, l’encadrement des clauses de non-

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concurrence et des clauses d’objectif, la réparation des discriminations syndicales et, tout récemment, le coup mortel porté aux « contrats nouvelles embauches », déclarés contraires aux conventions internationales ratifiées par la France. Cet apport considérable et souvent mal connu des conseils de prud’hommes n’est évidemment pas étranger aux discours véhéments du Medef sur « l’insécurité juridique ». Cependant, plusieurs indicateurs montrent une baisse inquiétante de l’efficacité de la juridiction prud’homale. Le nombre d’affaires introduites chaque année est en baisse continue depuis douze ans, alors que les effets conjugués de la croissance du salariat et de l’explosion de la précarité auraient dû conduire à une forte augmentation. Près d’une affaire sur deux est abandonnée avant passage en bureau de jugement, par lassitude du demandeur ou acceptation d’une transaction défavorable. Ces éléments sont à mettre en relation avec un insupportable allongement des délais de procédure : 14 mois en moyenne entre le dépôt de la demande et le premier jugement (mais 25 mois en section encadrement au conseil de Nanterre !) ; les délais de départage dépassent souvent un an, bien loin du mois prévu par les textes ; les deux tiers des jugements sont frappés d’appel, souvent dans un seul but dilatoire. Cette situation ne doit rien au hasard ni aux principes de l’institution prud’homale. C’est au contraire leur mise en cause qui fragilise cette juridiction. Depuis le scrutin de 2002, les attaques contre la prud’homie ont été nombreuses, de la part du Medef comme des pouvoirs publics. Il faut bien en apprécier les objectifs : Ce n’est pas ’existence de la juridiction qui est visée, car le Medef a aussi besoin de cette forme de régulation sociale. Les conseils de prud’hommes qui « ronronnent » et se bornent à sanctionner les abus patronaux les plus voyants ne lui posent pas problème. En revanche, il cherche à en limiter l’efficacité, l’accessibilité pour les salariés et surtout à empêcher leur utilisation comme outil d’action syndicale. Comme l’ensemble de la justice, la prud’homie est soumise à des critères de rentabilité. La stagnation des budgets est d’autant plus grave que la plupart des conseils sont sinistrés en matière de locaux, de personnels d’accueil, de moyens modernes de documentation et de fonctionnement. Cette situation, qui pèse sur l’efficacité de la juridiction, nourrit des appels récurrents au développement d’alternatives au procès, telles que la médiation. Les règles budgétaires issues de la LOLF (loi organique sur les lois de finances) confient aux premiers présidents des cours d’appel la gestion d’un budget global pour les juridictions de leur ressort, entraînant des choix rarement favorables à la prud’homie.

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La réforme de la carte judiciaire lancée par Rachida Dati, avec la perspective de supprimer 63 conseils sur 271, ne peut qu’aggraver la situation. Une véritable stratégie de pression sur les conseillers a été mise en place, afin de limiter le temps passé à l’étude des dossiers ou à la rédaction des jugements. La bataille engagée par la CGT depuis 2003 pour imposer une réforme de l’indemnisation des conseillers, respectueuse de leur dignité de magistrat et conforme aux besoins d’une justice efficace, a permis d’obtenir une meilleure définition des activités indemnisables. Elle se poursuit contre les projets de décrets prévoyant notamment le plafonnement du temps consacré à la rédaction des jugements, mesure sans précédent dans l’histoire de la justice. Le Medef, quant à lui, a fait un effort considérable de formation « idéologique » et juridique des conseillers employeurs, ce qui a entraîné un durcissement des relations entre les deux collèges. La cohérence de ces comportements fait souvent soupçonner l’existence d’un mandat impératif. Les événements survenus en 2005 au conseil de Bobigny attestent des dérives en cours : c’est une conseillère employeur elle-même qui a porté plainte contre les agissements de certains de ses collègues. Les débats – même vifs – en délibéré ont toujours existé et sont normaux, inhérents à une institution dont l’impartialité résulte d’abord du paritarisme. Mais l’affrontement porte de plus en plus souvent sur la procédure prud’homale elle-même et le respect de ses spécificités. C’est le cas, par exemple, du refus de toute décision du bureau de conciliation, alors que celui-ci est habilité à ordonner des mesures conservatoires ou d’instruction voire des provisions sur salaire en l’absence de contestation sérieuse. Le comportement des défendeurs patronaux va dans le même sens, mettant en cause notamment la comparution personnelle et l’oralité des débats. Des procédures calquées sur celles des tribunaux de grande instance (audiences de mise en état ou de fixation) ont été mises en place dans certains conseils, en dehors de tout fondement légal. Le risque existe qu’un formalisme procédurier envahisse les conseils et impose au salarié le recours à un avocat, alors que l’aide juridictionnelle demeure scandaleusement inadaptée dans son montant comme dans ses conditions d’attribution. L’attitude des pouvoirs publics participe à cette tendance à la « normalisation » de la prud’homie. On a évoqué plus haut une approche budgétaire tout à fait inadaptée aux besoins particuliers des conseils. Plusieurs actes réglementaires vont dans le même sens : le décret du 20 août 2004 impose le ministère d’un avocat aux conseils en cas de pourvoi en cassation dans une instance prud’homale, mettant fin à une exception vieille d’un siècle ! Le même décret étend à l’exécution provisoire de droit la possibilité de saisir le premier président de la cour d’appel pour en demander la suspension.

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De même, les règles concernant le taux de compétence en dernier /ressort des conseils, c’est-à-dire le montant des demandes en deçà desquelles le jugement n’est pas susceptible d’appel, ont été alignées sur celles des tribunaux d’instance, avec un effet évident sur la fréquence des appels, qui sont une des causes principales d’allongement de la durée des procédures. L’avenir de la prud’homie ne va donc pas de soi. Il s’agit à la fois d’en défendre les acquis et de reconquérir une efficacité dont on a vu qu’elle était en voie d’érosion. Cela ne peut pas être l’affaire des seuls conseillers ou des militants « spécialisés » dans le droit du travail. Car sont en cause des droits essentiels pour les salariés : accéder au renseignement, au conseil, à la défense juridique et, quand ils en ont besoin, à une justice du travail capable de réparer rapidement et complètement les dommages qu’ils ont subis. La campagne nationale « Défendre et promouvoir la prud’homie » lancée en 2004, les multiples initiatives de ces derniers mois contre la réforme de la carte judiciaire ont suscité un grand intérêt et obtenu un large écho médiatique. Il n’y a pas de sujet « trop technique » ou inaccessible aux travailleurs, pourvu qu’on prenne le temps d’en expliquer les enjeux et d’en montrer les liens avec les problèmes rencontrés au quotidien. Il faut aussi accorder une grande attention à ce qui se passe en amont du procès prud’homal : l’accueil du salarié isolé, en situation de victime, la capacité à le conseiller, à construire avec lui, et éventuellement avec ses collègues, une défense efficace. C’est pourquoi la CGT revendique un statut du défenseur syndical et la reconnaissance du rôle de « service public d’accès au droit » que rendent les permanences d’accueil et de conseil du syndicat. Aujourd’hui, le patronat considère le juge comme un facteur d’insécurité et un obstacle au développement de relations sociales harmonieuses. Sa mise à l’écart serait le comble de la modernité et l’indispensable condition de la compétitivité des entreprises. La CGT n’a jamais souhaité la juridiciarisation à tous crins. Mais l’existence d’un juge accessible et doté des moyens nécessaires, la menace crédible de son intervention quand les règles sont violées restent un besoin fondamental pour les salariés et un outil particulièrement efficace d’action syndicale. Philippe Masson,

Responsable du collectif confédéral Droits, libertés, actions juridiques de la CGT

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CHAPITRE 2CHAPITRE 2CHAPITRE 2CHAPITRE 2 : : : : Le conseil des Le conseil des Le conseil des Le conseil des

prud’hommes, c’est quoi, ça sert à prud’hommes, c’est quoi, ça sert à prud’hommes, c’est quoi, ça sert à prud’hommes, c’est quoi, ça sert à

quoi ?quoi ?quoi ?quoi ?

Les conseillers prud’hommes sont des juges sans robes et, plus étonnant encore, des juges élus démocratiquement, qui ont pour charge de faire respecter les droits des salariés, qu’ils soient cadres, ouvriers ou employés, français ou immigrés. Autant dire que ce sont des juges qui dérangent.

Aujourd’hui, les conseils de prud’hommes sont des juridictions spécialisées en matière de travail, chargées de concilier ou de juger les litiges relatifs au contrat individuel de travail. Ce sont des tribunaux paritaires composés de juges non professionnels, élus pour moitié par les employeurs et pour moitié par les salariés.

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UN PEU D’HISTOIRE Le premier conseil de prud’hommes a été institué à Lyon par une loi de 1806. Cette loi précisait que le Conseil de Lyon était avant tout « institué pour terminer par la voie de la conciliation les petits différends qui s’élèvent journellement ». Les conseils avaient été créés pour « la fabrique », avant tout pour le textile, secteur dominant de l’économie. Leur extension à d’autres structures de production se fera progressivement. Dans la première moitié du XIXe siècle, les prud’hommes étaient entièrement composés de patrons, contremaîtres et chefs d’atelier. Les conflits dont ils étaient saisis étaient réglés à plus de 90 % à l’amiable. En l’absence d’une législation détaillée sur les contrats de travail, les prud’hommes justifiaient leurs avis, conseils et jugements par les usages du lieu et de la profession. Le règlement des conflits s’exerçait de deux façons : par la conciliation et, si celle-ci échouait, par le jugement. La procédure de conciliation, obligatoire, se déroulait au sein d’un organisme paritaire composé d’un membre négociant et d’un chef d’atelier : le bureau particulier. Si le compromis était impossible, l’affaire faisait l’objet d’un jugement devant l’organe compétent : le bureau général. Par rapport aux juridictions ordinaires, la procédure était simplifiée. Le bureau particulier devait se réunir tous les deux jours, voire tous les jours afin de liquider au plus vite les affaires en cours, tandis que le bureau général devait statuer « sur le champ » ou « au plus tard à la première séance ». Les jugements devaient être « mis à exécution 24 heures après leur signification ». Les frais étaient réduits au minimum, n’incombant aux parties que le remboursement « du papier et du timbre ». Les procédures d’enquête étaient beaucoup plus favorables à l’ouvrier que l’article 1781 du code pénal proclamant que « le maître est cru sur son affirmation ». Au fil du temps, l’institution prud’homale fera l’objet d’importantes mutations. Il faudra plusieurs décennies pour démocratiser l’institution. En 1979, une loi procédera à une réforme d’ensemble de la juridiction prud’homale. Elle généralisera son implantation sur tout le territoire national. Avant cette réforme, tous les salariés actuellement concernés ne relevaient pas des prud’hommes, car leur compétence était limitée à un certain nombre de métiers et de

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professions. Les salariés qui ne relevaient pas des prud’hommes devaient s’adresser au juge d’instance. Le personnel d’encadrement pouvait également opter pour le tribunal de commerce. Au cours du XXe siècle, les conventions collectives vont encadrer les conditions d’exercice du travail, leur champ d’application va s’étendre, la législation du travail va se développer. Avec la généralisation des textes légaux et conventionnels, le droit du travail sera de moins en moins constitué d’usages professionnels ou locaux. Les relations de travail se judiciarisent (les parties se placent de plus en plus sur le terrain juridique), les recours en appel se multiplient, contraignant davantage les conseillers prud’hommes à motiver en droit leurs décisions sous peine de les voir censurées parla cour d’appel. Les pouvoirs du bureau de conciliation seront renforcés. DES JUGES PARTICULIERS ET LÉGITIMES Le conseil de prud’hommes est une juridiction d’exception : la loi lui attribue une compétence exclusive qui n’appartient plus au tribunal d’instance, juridiction de droit commun. Cette juridiction d’exception ne connaît que les litiges qui relèvent de sa compétence : les litiges individuels de droit privé, liés au contrat de travail entre employeurs et salariés, et plus rarement entre eux. Les prud’hommes, juridiction de premier degré, sont, fait unique dans l’Union européenne, une juridiction élective et paritaire. Les juges qui y officient ne sont pas des juges professionnels. Ils sont élus pour cinq ans par le collège qu’ils représentent. Cette élection confère à l’institution prud’homale une légitimité démocratique forte. Quelque 20 millions de salariés et chômeurs sont électeurs et donc concernés. L’organisation du tribunal en sections (industrie, commerce, encadrement, agriculture, activités diverses) marque la volonté du législateur de voir les litiges traités par ceux qui les vivent au quotidien.

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Comme tout magistrat, le conseiller prud’homme est installé et prête serment. Paroles de conseiller « Très rapidement après avoir prêté serment, on est amené à siéger. Lors des premières audiences, le conseil de prud’hommes fait en sorte que l’on ne se retrouve pas seul. Les anciens encadrent les conseillers débutants. » Les conseillers salariés conservent leur emploi pen dant l’exercice de leur mandat. L’État rembourse à l’employeur le salaire c orrespondant aux absences du conseiller. L’employeur doit leur laisser le temps nécessaire à l’accomplissement de leurs fonctions, et leur accorder un congé rémunéré de 36 jours par mandat afin qu’ils puissent suivre des formations. L’exercice d es fonctions de conseiller prud’homme ne saurait être cause de sanction par l’ employeur. Paroles de conseiller « Être conseiller prud’homme demande beaucoup de travail personnel. Suivre des formations, acquérir un raisonnement juridique ; partir de la réalité du terrain, étudier les normes juridiques et revenir, quand il le faut, à l’esprit de la loi ; rappeler les droits. Le rôle du conseiller, c’est aussi créer la jurisprudence. De ce point de vue, la rédaction d’une décision, le choix des termes employés, etc., sont particulièrement importants. »

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SCHEMA DE L’ORGANISATION JUDICIAIRE EN FRANCE

**********************************************************************************

*

**********************************************************************************

Chambre

commerciale

e

Chambre

civile

Chambre

sociale

Chambre

criminelle

Pourvoi en cassation

Chambre

commerciale

e

Chambre

civile

Chambre

sociale

Chambre

criminelle

COUR D’APPEL COUR ADMINISTRATIVE

D’APPEL

Tribunal

De

commerce

Tribunal

De

Grande

Instance

TGI

Tribunal

D’Instance

TI

Conseil

Des

Prud’

hommes

TGI

Chambre

Correction

nelle

TI

Tribunal de

police

Appel

TASS

Juridiction civiles

Secteur

Public et privé

Juridiction pénale

Tous les secteurs

Fonction publique

Actes administratifs

TRIBUNAL

ADMINISTRATIF

COUR DE CASSATION TRIBUNAL DES CONFLITS CONSEIL D’ETAT

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LES ELECTIONS PRUD’HOMALES EN 2002

CGT

1 604 124 33,11% 1 662 455 32,13%

CFDT

1 227 983 25,35% 1 305 623 25,83%

FO

995 573 20,55% 945 859 18,28%

CFTC

364 649 7,53% 499 442 9,65%

CGC

287 127 5,93% 362 770 7,01%

DIVERS

314 651 6,50% 61 529 1,19%

UNSA

35 044 0,72% 257 985 4,99%

GROUPE DES 10

15 431 0,32% 78 230 1,51%

ELECTIONS 1997 ELECTIONS 2002

Industrie

CGT

39,54%

Commerce

CGT

33,09%

Activités

diverses

CGT

30,72%

Agriculture

CGT

23,90%

Encadrement

CGT

15,81%

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CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE 3 3 3 3 : : : : LLLL’organisation des CPH’organisation des CPH’organisation des CPH’organisation des CPH

Les conseils de prud’hommes sont divisés en cinq se ctions autonomes et comportent une formation commune de référé.

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COMPOSITION ET FONCTIONNEMENT D’UN CONSEIL DE PRUD’ HOMMES

UN PRESIDENT ET UN VICE PRESIDENT

Elus chaque année

La présidence et la vice-présidence sont assurés en alternance chaque année par chacun

des deux collèges (salariés / employeurs)

5 SECTIONS

Industrie / Commerce/ Activités diverses/ Agriculture / Encadrement

Un nombre égal de conseillers de chaque collège

Chaque section présidée alternativement chaque année par un employeur ou

un salarié

Audience du bureau

De référé

Audience du bureau

De conciliation

Audience du bureau

De jugement

1 salarié

1 employeur

Présidence de l’audience en

alternance

Une formation indépendante

des sections pour les affaires

sans contestation sérieuse ou

pour faire cesser un trouble

manifestement illicite ou

pour prévenir un dommage

imminent

1 salarié

1 employeur

Présidence de l’audience en

alternance

Cette audience se divise en

deux phases et doit se

terminer par une ordonnance

de mise en état(utilisation

des pouvoirs

juridictionnels)et de renvoi à

l’audience de jugement

2 salariés

2 employeurs

Présidence de l’audience en

alternance

A l’issue d’une audience de

jugement, le bureau de

jugement délibère et rend

une décision

Audience de

Départage

Intervention d’un juge professionnel auprès du bureau de

conciliation, de jugement ou de référé

Si formation incomplète, elle donne son avis

Si formation complète, elle doit faire un délibéré

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L’ORGANISATION Les cinq sections autonomes des conseils de prud’hommes sont les suivantes :

Section des Activités diverses Section Agriculture Section Commerce Section Encadrement Section Industrie

Chaque section est compétente en fonction de l’activité principale de l’employeur concerné. En cas de désaccord sur la compétence de la section, il revient au président du conseil de désigner la section compétente. Lorsqu’une section comprend au moins seize conseillers, elle peut être divisée en chambres . Chaque conseil comporte un secrétariat-greffe qui assure des fonctions administratives et juridictionnelles. Le greffier en chef dirige sous le contrôle du président du conseil, les services administratifs de la juridiction. Il prépare et soumet aux président et vice-président le projet de budget du conseil, gère les crédits alloués, tient la comptabilité administrative des dépenses de fonctionnement. Le greffier en chef peut désigner un ou plusieurs agents du secrétariat-greffe pour exercer une partie des fonctions qui lui sont attribuées. La présence du greffier est obligatoire pendant les audiences. Son rôle à l’audience est très important puisqu’il est tenu de consigner les prétentions des parties et leur argumentaire. Le secrétariat-greffe assure également l’accueil du public, réceptionne les demandes, convoque les parties, constitue les dossiers de procédure, notifie les décisions… Le greffier assiste les conseillers à l’audience, il met en forme les décisions. Cependant, la rédaction de la décision appartient aux seuls conseillers. Le greffier ne participe pas non plus au délibéré .

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CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE 4 4 4 4 : : : : LLLLa compétenca compétenca compétenca compétenceeee

Le conseil des prud’hommes règle les différends qui peuvent s’élever à l’occasion de tout contrat de travail. Il est compé tent pour trancher les litiges individuels de droit privé concernant la conclusion , l’exécution et la rupture du contrat de travail : c’est la compétence d’attribut ion ou « compétence matérielle ». D’autre part, un salarié qui veut sai sir le conseil de prud’hommes sur l’un de ces points doit vérifier la question de la compétence territoriale (voir page 23).

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QUI EST CONCERNÉ PAR LES CONSEILS DE PRUD’HOMMES ? Tous les salariés du secteur privé et nationalisé relèvent des prud’hommes. Il en est de même pour certains salariés du secteur public liés par des contrats de droit privé, tels les salariés des EPIC, les emplois jeunes, la plupart des contrats aidés… Les conseils de prud’hommes peuvent également statuer lorsque des organismes tels que les caisses de congés payés et l’Association pour la garantie des salaires (AGS) ont été mis en cause par une partie au procès.

SONT-ILS JUSTICIABLES DES PRUD’HOMMES ?

POUR QUELS LITIGES ? Un quart des recours des salariés portent sur leurs problèmes de rémunération, primes et congés payés (rappels de salaire, paiement d’heures supplémentaires, prime d’ancienneté, treizième mois, calcul des congés payés, etc.).

• Les salariés titulaires d’un contrat de travail de droit privé.

• Les salariés des services publics

à caractère industriel, commercial, agricole, associatif, ainsi que les salariés des entreprises ou établissements publics employés dans des conditions de droit privé : EDF, SNCF, banques nationalisées, audiovisuel public,

• RATP, Sécurité sociale, dockers, mineurs, chambres de commerce et d’industrie…

• Les personnels non titulaires employés par l’État, les collectivités territoriales ou par un établissement public à caractère administratif dans des conditions de droit privé (emplois jeunes, contrats aidés) ou dont l’emploi n’implique aucune participation au service public administratif géré par l’établissement public comme une activité commerciale annexe par exemple.

• Les personnels contractuels des Postes et Télécommunications.

• Les fonctionnaires ou agents relevant du statut de la fonction publique (enseignants, La Poste, hospitaliers du secteur public, douaniers, policiers, des établissements d’État, travailleurs de l’Équipement…)

• Les agents des collectivités

territoriales relevant du statut de la fonction publique

• Les personnels non titulaires

employés par l’État, les collectivités territoriales ou par un établissement public à caractère administratif car ces personnels sont des agents contractuels de droit public.

OUI NON

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TYPOLOGIE DES LITIGES DU TRAVAIL DEVANT LES CONSEI LS DES PRUD’HOMMES

Source : rapport de DACS

Trois quarts des recours concernent les licenciements dont ont été victimes les salariés. Ces derniers contestent les raisons invoquées par l’employeur (raisons économiques, ou, le plus souvent, faute, insuffisance professionnelle, incompatibilité, etc.) et réclament des indemnités légales ainsi que des dommages et intérêts en réparation des préjudices subis. Les conseils de prud’hommes sont notamment compétents pour trancher tous les litiges relatifs aux sanctions disciplinaires, à l’égalité professionnelle, à la requalification de contrat (CDD en CDI) ou à la démission ainsi que pour ordonner la réintégration d’un salarié dont le licenciement est illicite ou nul. Toute faute de l’employeur peut se traduire par le versement de dommages et intérêts en réparation du préjudice subi par le salarié.

Pour 100 litiges individuels du travail

SALARIES ORDINAIRES ET PROTEGES

98,8 %

APPRENTIS

0,2 %

EMPLOYEURS

1,0 %

RUPTURE DU CONTRAT DE

TRAVAIL

95,1 %

ABSENCE DE

RUPTURE DU

CONTRAT DE

TRAVAIL

3,8 %

CONTESTATIO

N

DU

LICENCIEMENT

67,4 %

ABSENCE

DE

CONTESTATION

DU

LICENCIEMENT

27,7 %

19

Les conseils de prud’hommes ont une compétence exclusive pour régler les litiges individuels survenus à l’occasion du contrat de travail ou d’apprentissage, entre les employeurs, les salariés et les apprentis. La compétence de la juridiction prud’homale est donc subordonnée à trois conditions :

l’existence d’un contrat de travail, contrat de droit privé, et le caractère individuel du litige.

Cependant, bien que présentant un caractère individuel, un certain nombre de questions échappent à la compétence prud’homale comme, par exemple, les contestations sur la reconnaissance d’un accident du travail qui doivent être portées devant le tribunal des affaires de la Sécurité sociale. À savoir : Plusieurs salariés peuvent faire la même demande en même temps. Le litige demeure individuel. Il ne devient pas col lectif parce qu’il y a plusieurs demandeurs. En effet, chaque salarié agit en son nom personnel pour réclamer un droit individuel. COMPÉTENCE DES CONSEILS DE PRUD’HOMMES ACCIDENTS DU TRAVAIL

NON pour les litiges liés à la reconnaissance et à l’indemnisation de l’accident du travail OUI pour les litiges survenus en cas de licenciement pendant les périodes de suspension du contrat de travail et lors de la reprise

ACCORDS D’ENTREPRISE

NON pour la conclusion des accords OUI pour leur application individuelle

AMENDES

OUI s’il s’agit d’une retenue pécuniaire considérée comme une amende

APPRENTISSAGE

OUI le contrat d’apprentissage étant un contrat de travail de type particulier

AVANTAGES ACQUIS

OUI s’ils résultent d’un usage ou s’ils sont inscrits dans un texte (convention collective, accord, contrat…)

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AVERTISSEMENT

OUI

CERTIFICAT DE TRAVAIL

OUI sur la conformité ou la remise du document

CHÔMAGE

OUI s’il s’agit d’une demande de remise d’attestation Assedic ou s’il y a lieu à remboursement des allocations par l’employeur en cas de rupture abusive

TRAVAIL DISSIMULÉ

OUI

CLASSIFICATIONS

OUI en cas de non-respect des grilles ou de déclassement professionnel

CLAUSE DE NONCONCURRENCE

OUI idem les clauses de mobilité, de non-réinstallation…

COMITÉ D’ENTREPRISE

NON

CONDITIONS DE TRAVAIL

OUI

CONGÉS SPÉCIAUX

OUI

CONVENTIONS COLLECTIVES

OUI s’il s’agit de l’application, de la détermination ou de l’interprétation des textes applicables

CONTRAT DE TRAVAIL

OUI

CONGÉS PAYÉS

OUI

DÉLOCALISATION DE L’ENTREPRISE

OUI dans la mesure où celle-ci implique une modification ou une rupture du contrat de travail

DÉMISSION

OUI

21

DÉPLACEMENT

OUI

DIMANCHE

OUI

DISCRIMINATION

OUI

ÉLECTIONS PROFESSIONNELLES

NON

BULLETIN DE SALAIRE

OUI pour la remise et la conformité de ce document

FEMME ENCEINTE

OUI notamment en cas de licenciement pendant la période protégée

FORMATION PROFESSIONNELLE

OUI si le litige est lié au contrat de travail

ENTRAVE

OUI si elle a une incidence sur le contrat de travail (retenue sur salaire, sanction, changement des conditions de travail…) NON s’il s’agit d’une entrave à l’exercice du droit syndical, de la mise en place ou du fonctionnement des institutions

GRÈVE (SANCTIONS)

OUI en cas de retenues sur salaires illicites, sanctions disciplinaires ou licenciement en raison de la grève

HANDICAPÉS

NON en ce qui concerne la reconnaissance du handicap OUI pour les litiges liés à leur contrat de travail

HEURES SUPPLÉMENTAIRES

OUI

HORAIRES DE TRAVAIL

OUI

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HYGIÈNE ET SÉCURITÉ

OUI dans le cadre de l’exécution du contrat de travail

INAPTITUDE

OUI dans le cadre du contrat de travail

INTÉRIMAIRES

OUI

LICENCIEMENT ABUSIF

OUI

LICENCIEMENTÉCONOMIQUE

OUI

LOCK-OUT

OUI dès lors que le litige est individuel

MALADIE PROFESSIONNELLE

NON pour les litiges liés à la reconnaissance de la maladie professionnelle OUI dans le cadre du contrat de travail (changement de poste, adaptation, licenciement…)

MATERNITÉ

OUI (voir femme enceinte)

MÉDECINE DU TRAVAIL

OUI si l’employeur ne respecte pas ses obligations en la matière

MISE À PIED

OUI

MINIMUM GARANTI

OUI idem le Smic ou le minimum Conventionnel

MUTATION OUI

PRÉAVIS OUI

PRÉRETRAITE

OUI si le litige concerne des engagements Contractuels

PRIMES

OUI

RÉINTÉGRATION

OUI

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QUEL CONSEIL DE PRUD’HOMMES DOIT ÊTRE SAISI ? En principe, le conseil de prud’hommes territorialement compétent est celui dans lequel est situé l’établissement où est accompli le travail. Art. R. 1412-1 du C.T. Si le salarié travaille hors de tout établissement (VRP, salarié du bâtiment, travailleur à domicile), le conseil compétent est celui du domicile du salarié. Tout salarié peut également saisir le conseil de prud’hommes du lieu où l’engagement a été contracté ou celui du lieu où l’employeur est établi.

Contrat de travail international Dans les contrats internationaux (contrats dont tous les éléments – tels que le lieu d’exécution – ne sont pas rattachés à la France), il faut rechercher si des conventions internationales ont vocation à s’appliquer, ce qui est le cas dans la majorité des pays européens. Deux conventions européennes (conventions de Bruxelles du 27 septembre 1968 et de Lugano du 16 septembre 1988) posent comme principe qu’en matière de contrat de travail, la juridiction compétente est le tribunal du lieu où le salarié effectue habituellement son travail ou, si le salarié n’effectue pas habituellement son travail dans un même pays, le tribunal du lieu où se trouve l’établissement qui a embauché le salarié. Cependant, la Cour de cassation a admis que lorsque « le travail du salarié a été exécuté pour partie en France », la juridiction française est compétente. Il se trouvait, jusqu’à présent, un conseil de prud ’hommes dans le ressort de chaque tribunal de grande instance. Mais la réforme de la carte judici aire de 2007 a conduit à la suppression de 63 conseils de prud’hommes, ce qui p orte atteinte à la justice de proximité (voir chapitre 1).

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CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE 5 5 5 5 : : : : Comment saisir le Comment saisir le Comment saisir le Comment saisir le

conseil des prud’hommes conseil des prud’hommes conseil des prud’hommes conseil des prud’hommes Il y a généralement deux parties au procès : le sal arié et l’employeur. Dans 99 % des cas c’est le salarié qui introduit une dem ande au conseil de prud’hommes. L’organisation syndicale peut être un acteur au procès pour y faire valoir l’intérêt collectif.

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LES ACTEURS AU PROCÈS LE DEMANDEUR C’est généralement le salarié qui saisit le conseil de prud’hommes. Sa demande peut porter sur une somme d’argent (salaires, primes, indemnités), la réparation du préjudice qu’il a subi (qui se traduit aussi par une demande chiffrée), l’exécution d’une obligation (remise de bulletins de paye, annulation d’une sanction disciplinaire ou d’un licenciement…). Paroles de conseiller « Il arrive que le demandeur soit l’employeur : un préavis non effectué après une démission, le remboursement de la contrepartie d’une clause de non-concurrence si le salarié est allé travailler chez un concurrent, un trop perçu de rémunération… Mais c’est rare. » En 2004, on compte 207 770 demandes aux prud’hommes, référés compris (contre 224 158 en 1993). Les sections Commerce et Activités diverses rassemblent 56,1 % des affaires. En majorité, les demandeurs (69,3 % du contentieux en 2004) sont des salariés qui contestent le bien-fondé de leur licenciement pour motif personnel (un salarié sur quatre, licencié pour motif personnel saisit la juridiction). Le demandeur n’est que dans 37 % des cas une femme (chiffres issus du rapport ministériel « Le droit du travail en perspective contentieuse 1993-2004 », Direction des Affaires civiles et du Sceau, Brigitte Munoz-Perez et Évelyne Serverin). LE DÉFENDEUR Le défendeur est la personne contre laquelle sont faites les demandes, généralement ’employeur. Dans certains cas, le salarié doit engager son action contre plusieurs défendeurs. Il faut alors une certaine connaissance du terrain pour bien les identifier. D’où l’aide précieuse du syndicat consulté par le salarié qui se place dans la perspective d’un procès prud’homal. Exemple : un salarié de la CAF en conflit avec son employeur doit citer la CAF mais aussi la direction régionale de l’action sanitaire et sociale (DRASS) et le préfet.

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La partie intervenante IL EXISTE DEUX SORTES D’INTERVENTION : L’INTERVENTION EST « FORCÉE » lorsqu’un tiers est mis en cause par une partie qui sera obligatoirement convoquée au procès. L’INTERVENTION EST « VOLONTAIRE » lorsqu’elle émane d’un tiers. Au conseil de prud’hommes, la loi permet à une organisation syndicale d’intervenir à un procès pour demander des dommages et intérêts en cas de faits portant un préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif de la profession qu’elle représente. Art. L. 2132-3 du C.T. Exemple : un salarié engage une action devant le conseil de prud’hommes en paiement de ses heures supplémentaires. L’organisation syndicale peut devenir partie intervenante, à tout moment du procès, pour demander devant les juges des dommages et intérêts du fait de l’inobservation par l’employeur de la législation sur le paiement des heures supplémentaires.

LA DEMANDE – LES DÉMARCHES La demande est effectuée par le demandeur. Trois possibilités s’offrent à lui : IL REMPLIT , au secrétariat-greffe du conseil, un formulaire, appelé « acte introductif d’instance », qui lui permet de préciser l’objet de ses demandes. IL ADRESSE une lettre recommandée A.R. au secrétariat du greffe contenant les mêmes indications que celles qui auraient été écrites sur le formulaire officiel, ainsi que les différentes demandes. Art. R 1452-2 du C.T. LES PARTIES , si elles en sont d’accord, peuvent également se « présenter volontairement » et spontanément le jour de l’audience (l’affaire devra être entendue par les juges à cette même audience). Si toutefois le demandeur a commis un oubli ou une erreur dans ses demandes, il pourra toujours, en cours de procès, en présenter de nouvelles ou les modifier. Dès que le conseil est saisi par une partie, le secrétariat du greffe convoquera les parties à l’audience concernée. Art. R. 1452-7 du C.T L’intérêt du demandeur Le demandeur a intérêt, avant tout dépôt de demande, à prendre contact avec son organisation syndicale. Celle-ci pourra le renseigner, lui préciser ses droits et assurer éventuellement sa défense en l’assistant ou en le représentant lors des audiences.

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Paroles de conseiller « Pour qu’un salarié parvienne à faire valoir ses droits, il doit d’une part en connaître l’étendue et, d’autre part, ne pas buter sur les règles de procédure. » « Se faire conseiller par des militants compétents en s’adressant à une union locale ou une union départementale est indispensable. » L’ASSISTANCE ET LA REPRÉSENTATION DES SALARIÉS Le salarié qui attaque son employeur devant le conseil de prud’hommes peut – et a tout intérêt à se faire assister. Les personnes qui sont habilitées à l’assister ou le représenter sont :

les salariés appartenant à la même branche d’activité ;

les délégués des organisations syndicales ;

le conjoint ;

le concubin ou la personne avec laquelle il a conclu un pacte civil de solidarité (PACS) ;

les avocats.

Art. R. 1453-2 du C.T. modifié en dernier lieu par la loi n° 2007-1787 du 20 déc. 2007, art. 2, JO du 21. Chiffres En 2004, les demandeurs au « principal » sont assistés dans 81,7 % des cas. Dans la majeure partie des cas, ils sont assistés soit par un avocat (58,1 %) soit par un délégué syndical (21,7 %). En revanche, en référé, la tendance est inverse : 51,4 % des demandeurs viennent seuls. Les femmes sont plus souvent assistées, et plus souvent par un délégué syndical (chiffres issus du rapport DACS « le droit du travail en perspective contentieuse 1993-2004 »).

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Typologie des procédures terminée en 2003 devant le s CPH Selon la représentation ou l’assistance du demandeu r et l’aide juridictionnelle

( en %)

Assistance ou représentation du

demandeur Pour 100 affaires Pas d’aide juridictionnelle

(en %) Au moins une aide

juridictionnelle (en %)

TOTAL 100.0 91.1 8.9 Ni représenté, ni assisté 18.3 99.1 0.9

Total représenté ou assisté 81.7 89.3 10.7

Salarié appartenant à la même branche 0.4 99.3 0.7

Délégué syndical ouvrier 21.7 99.4 0.6 Conjoint 0.6 94.6 5.4 Avocat 58.1 85.3 14.7

Représentants des salariés 0.3 100.0 0.0

Membre de l’entreprise ou de l’établissement 0.5 97.7 2.3

Employeur appartenant à la même branche 0.2 95.9 4.1

Délégué syndical patronal ns 77.8 22.2

Typologie des procédures terminée en 2003 devant le s CPH Selon la représentation ou l’assistance du demandeu r par section (en %)

Assistance et représentation du demandeur

Agriculture Commerce Activités diverses

Encadrement Industrie RÉFÉRÉ

TOTAL 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 Ni représenté,

ni assisté 18.3 17.8 21.3 12.4 19.6 51.4

Total représenté ou

assisté 81.7 82.2 78.7 87.6 80.4 48.6

Salarié

appartenant à la même branche

0.1 0.1 0.7 0.1 0.3 0.7

Délégué syndical ouvrier

23.6 21.4 27.1 6.6 25.7 18.8

Conjoint 1.2 0.3 1.0 0.5 0.8 0.8 Avocat 55.3 59.5 48.7 79.7 52.7 27.5

Représentants des salariés 0.3 0.2 0.5 0.2 0.2 0.4

Membre de

l’entreprise ou de

l’établissement

0.6 0.5 0.5 0.3 0.5 0.4

Employeur appartenant à

la même branche

0.3 0.2 0.1 0.1 0.2 0.1

Délégué syndical patronal

ns ns ns ns ns ns

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Pouvoir et mandat Pour assister un salarié, le délégué syndical doit être uniquement muni d’un pouvoir délivré par son organisation syndicale. Pour représenter un salarié, le délégué syndical doit être muni d’un pouvoir délivré par son organisation syndicale ainsi que d’un pouvoir spécial émanant de l’intéressé appelé « mandat ». Celui-ci doit être daté, signé, comporter le motif de l’absence et donner tout pouvoir pour concilier. Les autres personnes habilitées à assister une partie devront produire un document justifiant leur qualité. Pour représenter un salarié, elles devront également être munies d’un pouvoir spécial émanant de l’intéressé appelé mandat. Celui-ci doit être daté, signé, comporter le motif de l’absence et donner tout pouvoir pour concilier. À noter : La loi a prévu que, dans certains cas et selon certaines modalités, le syndicat peut, de sa propre initiative, engager une action devant le conseil de prud’hommes en faveur d’un salarié sans avoir à justifier d’un mandat de l’intéressé. Cela s’appelle une action en substitution. Le salarié doit avoir été averti de l’intention du syndicat d’agir en justice (une lettre recommandée A.R. est exigée). À partir du moment où le salarié est informé de cette intention, il dispose d’un délai de 15 jours pour s’y opposer. Le salarié peut intervenir à tout moment au cours du procès et mettre fin à cette « substitution ». Ce type d’intervention concerne notamment :

le licenciement économique (art. L. 1235-8 du C.T.) ; l’égalité professionnelle homme/femme (art. L. 1144-2 du C.T.) les travailleurs à domicile (art. L. 7423-2 du C.T.) ; le harcèlement moral ou sexuel (art. L. 1154-2 du C.T.) ; les salariés en contrat à durée déterminée (art. L. 1247-1 du C.T.).

Ne pas confondre L’assistance est une mission de conseil et de défense. Elle s’exerce auprès du salarié qui comparaît personnellement à l’audience. La représentation est un procédé juridique par lequel une personne appelée « représentant » agit pour le compte d’une autre personne appelée « représentée ». En matière prud’homale où la comparution personnelle des parties est obligatoire, la représentation s’exerce dès lors que les juges reconnaissent à la personne « représentée » un motif légitime d’absence à l’audience. La personne qui agit en qualité de « représentant » devra donc au préalable fournir aux juges les éléments qui leur permettront d’apprécier le caractère légitime du motif d’absence de la personne « représentée ».

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CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE 6 6 6 6 : : : : Les principes de la Les principes de la Les principes de la Les principes de la

procédure prud’homale.procédure prud’homale.procédure prud’homale.procédure prud’homale.

La procédure prud’homale se distingue des procédure s civiles ordinaires par l’application de principes originaux qui lui sont p ropres et auxquels il ne peut être dérogé.

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LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA PROCÉDURE L’unicité d’instance « Toutes les demandes dérivant du contrat de travail entre les mêmes parties doivent, qu’elles émanent du demandeur ou du défendeur faire l’objet d’une seule instance, à moins que le fondement des prétentions ne soit né ou ne se soit révélé que postérieurement à la saisine du conseil des prud’hommes. » Art. R. 1452-6 du C.T. Cette règle oblige le salarié à faire l’inventaire de tous les droits liés à son contrat de travail et à former l’ensemble de ses demandes avant l’extinction de l’instance (l’instance se déroule jusqu’à la cour d’appel). Exemple : un salarié qui contesterait son licenciement devant le conseil de prud’hommes devra demander, lors de la même instance, les heures supplémentaires qui ne lui auraient pas été payées, ou bien faire valoir d’éventuelles prétentions liées à une discrimination, etc. Cette règle appelle un comportement particulièrement actif des juges lors de l’audience de conciliation afin que le salarié soit informé de toute l’étendue de ses droits avant de conclure une éventuelle conciliation totale. La comparution personnelle des parties « Les parties sont tenues de comparaître en personne, sauf à se faire représenter en cas de motif légitime. » Art. R. 1453-1 du C.T. Cette règle est liée à l’oralité des débats ainsi qu’à la faculté qu’ont les parties de concilier à tous les stades de la procédure. La comparution personnelle permet aux juges, en interrogeant les parties, d’obtenir tous les éclairages utiles, elle permet aux parties d’entendre leurs droits et de décider d’une éventuelle conciliation.

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L’oralité de la procédure « La procédure est orale. » Art. R. 1453-4 du C.T. Devant le conseil des prud’hommes, il n’est pas nécessaire de rédiger des écritures (conclusions). Le demandeur et le défendeur doivent développer verbalement leurs arguments devant les juges. Si des conclusions ont été transmises à l’adversaire et déposées à l’audience, les moyens de fait sur lesquels les parties fondent leurs prétentions ainsi que les moyens de droit qu’elles invoquent doivent néanmoins être réitérés oralement à l’audience. Conformément à l’article R. 1453-10 du code du travail, le greffier note les prétentions et les déclarations des parties, ainsi que les questions des juges et les réponses des parties. En revanche, les moyens de fait et de droit ainsi que les pièces produites à l’appui des prétentions doivent être communiqués préalablement à l’adversaire. Le contradictoire Le principe du contradictoire, commun à toutes les juridictions, est régi par les articles 14, 15 et 16 du code de procédure civile : LES PRINCIPES DE LA PROCÉDURE Article 14 : « Nulle partie ne peut être jugée sans avoir été entendue ou appelée. » Article 15 : « Les parties doivent se faire connaître mutuellement, en temps utiles, les moyens de fait sur lesquels elles fondent leurs prétentions, les éléments de preuve qu’elles produisent et les moyens de droit qu’elles invoquent, afin que chacune soit à même d’organiser sa défense. » Article 16 : « Le juge doit, en toutes circonstances, faire observer et observer lui-même le principe de la contradiction. Il ne peut retenir, dans sa décision, les moyens, les explications et les documents invoqués ou produits par les parties que si celles-ci ont été à même d’en débattre contradictoirement. Il ne peut fonder sa décision sur les moyens de droit qu’il a relevés d’office, sans avoir, au préalable, invité les parties à présenter leurs observations. »

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CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE 7 7 7 7 : : : : Le bureau de Le bureau de Le bureau de Le bureau de

conciliation.conciliation.conciliation.conciliation.

Le dépôt de la demande entraîne le plus souvent la convocation devant le bureau de conciliation. C’est une phase essentielle du procès prud’homal. La loi confère au bureau de conciliation un rôle et de s pouvoirs particuliers. Le sort des demandes dépendra de la manière dont l’aff aire sera instruite à ce stade.

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LE BUREAU DE CONCILIATION : C’EST QUOI ? AVEC QUI ? Objet de la conciliation La comparution devant le bureau de conciliation est une étape obligée : le bureau de jugement ne pourra pas se saisir d’un différend qui n’a pas préalablement été soumis au bureau de conciliation. Aucune commission de conciliation (instituée par exemple par une convention collective) ne peut se substituer au bureau de conciliation. Dans quelques cas limités, il n’y a pas de convocation devant le bureau de conciliation litiges nés de la vérification des créances salariales dans le cadre de la loi sur les entreprises en difficulté, requalification de CDD en CDI, congé parental d’éducation, congé sabbatique, congé pour la création d’entreprise…). Composition du bureau de conciliation Chaque section de conseil de prud’hommes comprend un bureau de conciliation. Il doit être fixé au moins une séance par semaine. Le bureau de conciliation est composé de deux conseillers, un conseiller salarié et un conseiller employeur. La présidence du bureau est assurée en alternance par un conseiller de chaque collège (lorsqu’une audience est présidée par un conseiller employeur, la suivante devra l’être par un conseiller salarié). L’audience de conciliation se tient obligatoirement en présence d’un agent du secrétariat-greffe. En cas d’absence d’un conseiller, l’audience est reportée. Art. R. 1454-8 du C.T. COMMENT ? Convocation Le demandeur est informé des lieux, jour et heure de la séance du bureau de conciliation soit verbalement lors de la présentation de la demande, soit par lettre simple. Il est invité à se munir de toutes les pièces utiles. Art. R. 1452-3 du C.T. Le défendeur est convoqué par le secrétariat-greffe par lettre recommandée avec avis de réception.

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Une copie de la convocation lui est également envoyée par lettre simple. Outre les lieux, jour et heure de la séance, la convocation énonce les chefs de la demande. Le défendeur est aussi invité à se munir de toutes les pièces utiles. Il est également informé que des décisions exécutoires à titre provisoire pourront, même en son absence, être prises contre lui, au vu des seuls éléments fournis par le demandeur. Art. R. 1452-4 du C.T. La convocation du « défendeur » devant le bureau de conciliation vaut citation en justice.. Non-comparution devant le bureau de conciliation : quelles conséquences ? L’intérêt du demandeur est d’être présent ou valablement représenté à l’audience et à l’heure. Art. R. 1454-12 du C.T. S’il n’est pas présent, mais a justifié en temps utile d’un motif reconnu légitime (maladie, en période d’essai professionnel, etc.), les parties sont convoquées à une prochaine audience de conciliation. . En cas d’absence non justifiée du demandeur, la demande et la citation sont déclarées caduques , et le salarié ne peut renouveler sa demande qu’une seule fois. Art. R. 1454-12 du C.T. La comparution personnelle de l’employeur est essentielle pour tenter une conciliation, comme pour l’établissement de la preuve. Il appartient au bureau de conciliation d’apprécier la validité du motif légitime allégué par le défendeur absent et d’en tirer les conséquences. Si le motif est légitime, les parties sont convoquées à une nouvelle audience. Il en est de même si le défendeur n’a pas été joint, sans faute de sa part. En revanche, si le défendeur ne peut justifier son absence par l’une ou l’autre de ces deux raisons, l’audience n’est pas annulée. Le bureau de conciliation entend le demandeur et doit renvoyer l’affaire devant le bureau de jugement après avoir pris une décision provisoire appelée ordonnance . Déroulement de l’audience À l’audience de conciliation, le demandeur exprime ses demandes, développe son argumentation et formule éventuellement des demandes nouvelles (demandes additionnelles ). À son tour, le défendeur présente ses arguments « en défense » et formule s’il le souhaite des demandes reconventionnelles. Le bureau de conciliation s’efforce de concilier les parties.

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Paroles de conseiller « Le rôle du bureau de conciliation est de tenter de concilier les parties en préservant leurs droits respectifs. » « Le juge est actif : il est là pour vérifier que les parties connaissent leurs droits . Parfois, le salarié réclame des indemnités, mais on s’aperçoit que la convention collective n’est pas appliquée, que les heures supplément ne sont pas rémunérées… C’est une vraie bataille avec l’employeur qui peut nous accuser, à tort, de sortir de notre rôle ». Compte tenu de la spécificité de la procédure prud’homale qui « vide le contrat de travail de tout litige » pour les faits antérieurs ou connus antérieurement au jugement qui sera rendu (art. R. 1452-6 du C.T.), le rôle du conseiller salarié est de faire l’inventaire des droits du salarié et de lui apporter l’éclairage (dire le droit) lui permettant de ne pas s’engager dans une conciliation qui lui ferait perdre le bénéfice de l’ensemble de ses droits. Il a été jugé que la conciliation est un acte préliminaire qui implique une participation active du bureau de conciliation à la recherche d’un accord qui préserve les droits de chacune d’elles ; en conséquence, cet acte ne peut être valable que si le bureau a rempli son office en ayant vérifié qu’elles étaient informées de leurs droits respectifs. Cour cassation 28 mars 2000, arrêt Durafroid LES DÉCISIONS Le bureau de conciliation entend les deux parties et s’efforce de les concilier en préservant les droits respectifs des parties en cause. Après une première phase appelée « séance de conciliation à huis clos » si la conciliation est totale, il est établi un procès-verbal de conciliation. Art. R. 1454-10 du C.T. En l’absence de conciliation ou en cas de conciliation partielle, il est également dressé un procès-verbal. Les demandes qui n’ont pas fait l’objet d’une conciliation sont alors examinées par le bureau de conciliation dont « l’audience » devient alors publique pour que les juges puissent exercer leurs pouvoirs juridictionnels. Art. R. 1454-14 du C.T. Paroles de conseiller « S’il y a conciliation, l’affaire est finie. Par le procès verbal de conciliation, le salarié renonce à toute demande ultérieure portant sur des faits qui existaient avant l’acceptation de cette conciliation (sauf s’il ne pouvait pas en avoir connaissance. C’est le cas par exemple s’il s’aperçoit après coup que des heures supplémentaires, des primes ou des congés payés ne lui auraient pas été correctement réglés). »

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Pouvoirs juridictionnels du bureau de conciliation Dès lors que l’audience publique s’est tenue, le bureau de conciliation doit prendre une décision sur les demandes non conciliées. Cette décision appelée « ordonnance » est exécutoire par provision (c’est-à-dire de manière provisoire) immédiatement, malgré les voies de recours possibles. IL PEUT ORDONNER À L’EMPLOYEUR :

de délivrer sous astreinte bulletins de paie, certificat de travail et toute pièce que l’employeur est tenu légalement de délivrer.

de payer, quand l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable,

des salaires, des commissions et des indemnités de congés payés, préavis, licenciement, fin de contrat ou précarité (dans la limite de six mois de salaires).

Ces ordonnances ne peuvent faire l’objet d’un recours (appel) qu’en en cas d’excès de pouvoir. Il appartiendra ensuite au bureau de jugement d’entériner ou pas l’ordonnance. Paroles de conseiller « En conciliation, prendre des ordonnances est une obligation. Une ordonnance permet de restituer rapidement le salarié dans ses droits. Par exemple, en cas de licenciement pour faute grave, si l’employeur n’a pas les preuves de la gravité de la faute, il faut ordonner le versement de toutes les sommes que l’employeur est tenu légalement de lui verser. D’autant plus qu’il était censé détenir ces preuves quand il a pris la responsabilité de licencier. » L’un des pouvoirs du bureau de conciliation est de mettre l’affaire en état d’être jugée, c’est-à-dire instruire l’affaire et la préparer pour l’audience du bureau de jugement. À savoir : Rôle du secrétariat-greffe Il a la responsabilité, comme dans toutes les audiences, d’acter les dires, les moyens et les prétentions des parties lors de l’audience publique.

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QU’EST-CE QUE LA MISE EN ÉTAT D’UNE AFFAIRE ? On dit qu’une affaire est en état d’être jugée lorsque l’instruction a été effectuée et qu’elle est prête à venir à l’audience du bureau de jugement pour être plaidée. En matière prud’homale, il n’y a pas de juge de la mise en état spécifique. L’instruction relève des fonctions du bureau de con ciliation . Art. R. 1454-14 du C.T. Celui-ci peut ordonner toutes mesures d’instruction, même d’office. C’est-à-dire que s’il n’y apas d’éléments suffisants ou contradictoires pour trancher un litige, les conseillers doivent ordonner toutes mesures d’instructions même si elles ne sont pas sollicitées par les parties. Concrètement, un demandeur, par acte introductif d’instance, saisit le conseil de prud’hommes afin que celui-ci règle le litige qui l’oppose au défendeur. L’affaire vient donc selon la procédure ordinaire (bureau de conciliation – bureau de jugement) devant le bureau de conciliation. Celui-ci doit instruire et transmettre au bureau de jugement pour que ce dernier puisse statuer. Le demandeur questionne le bureau de conciliation sur ses droits. Le code du travail dans les articles R. 1454-14 et R. 1454-15 énonce les pouvoirs du bureau de conciliation. Si, sur les demandes initiales ou incidentes, les conseillers peuvent statuer puisqu’ils ont tous les éléments et détiennent les pouvoirs énoncés par l’article R. 1454-14, ils doivent statuer. S’ils ne détiennent pas les pouvoirs, ils énoncent le droit afin que le bureau de jugement statue sur les demandes. S’ils ne disposent pas des éléments, ils doivent instruire l’affaire, c’est-à-dire ordonner toutes mesures d’instruction même si elles ne sont pas sollicitées par les parties, conformément à l’article R. 1454-14. Paroles de conseiller « Pour la mise en état, les conseillers qui siègent peuvent aussi décider d’aller eux-mêmes sur le terrain, d’enquêter, d’auditionner des témoins. Par exemple, un salarié avait été licencié pour avoir frappé un collègue. Lors de l’audience de conciliation, l’employeur affirme, suite aux questions des juges, que la secrétaire a vu la bagarre par la fenêtre de son bureau. Les conseillers se sont rendus dans l’entreprise et ont pu constater que la secrétaire travaillait dans un bureau qui ne lui permettait pas de voir les lieux où les faits s’étaient soi-disant déroulés. »

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À la fin de l’audience publique, les conseillers délibèrent à huis clos. Ils décident alors, par ordonnance et selon les cas, de « mettre l’affaire en l’état » sur les demandes sur lesquelles ils ne peuvent pas statuer, de statuer sur les autres demandes. Ils renvoient ensuite l’affaire devant le bureau de jugement qui aura alors tous les éléments pour statuer « au principal » . LA CONCILIATION EN DANGER À la création des conseils de prud’hommes en 1806, le droit du travail était constitué d’usages locaux ou professionnels. Ceux-ci avaient un champ de compétence territoriale restreint et n’avaient pas pour fonction de trancher les litiges par l’application du droit mais de « trancher par voie de conciliation les petits différends qui s’élevaient journellement entre des fabricants et des ouvriers… ». Ils pouvaient également juger sans appel les différends à l’égard desquelles la voie de conciliation aura été sans effet. Au début du XXe siècle, seules 15 à 20 % des affaires se terminaient par un jugement. En 1982, un décret étend les pouvoirs du bureau de conciliation. La phase de conciliation, tout en demeurant obligatoire, devient un acte judiciaire à part entière. Le juge a les pouvoirs d’ordonner diverses mesures, par exemple : mesures d’instruction d’office, conservation de preuves, versement de provisions, astreintes… Depuis lors, comme indiqué ci-dessus, le juge prud’homal et tout particulièrement le bureau de conciliation auquel ces missions sont expressément confiées, jouent un rôle incontournable dans la recherche des preuves et l’instruction préalable à la résolution du litige. Ces pouvoirs font l’objet d’une âpre résistance de la part du patronat qui souhaite régler les litiges en dehors des règles du droit. Cette conception risque d’être mise à mal par de nouvelles dispositions. En effet, l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2008 signé par l’ensemble des organisations patronales et syndicales, à l’exception notable de la CGT, contient de nombreuses dispositions régressives du droit du travail (voir, pour une analyse détaillée, la RPDS n° 755, de mars 2007). Cet accord, dans son article 11, entend en effet concevoir la conciliation comme « un préalable à l’ouverture de la phase contentieuse proprement dite devant le bureau de jugement ».

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Il introduit, au stade de l’audience de conciliation, une semi-obligation de parvenir à un compromis même si celui-ci n’est pas forcément favorable au salarié. Ce n’est que si le bureau de conciliation estime qu’aucun accord n’est possible qu’il pourra permettre au salarié de saisir le bureau de jugement. On en reviendrait donc à la conception ancienne d’une conciliation conçue comme un préalable à la phase contentieuse et non comme une phase juridictionnelle à part entière. Ce sont ainsi les pouvoirs actuels du juge qui sont directement visés. En outre, une procédure complexe en trois temps est mise en place pour le salarié qui souhaite saisir le conseil des prud’hommes (lettre à l’employeur, saisine du bureau de conciliation, saisine du bureau de jugement) qui allongerait les délais et augmenterait les frais. LES PHASES DE L’AUDIENCE DU BUREAU DE CONCILIATION Le procès prend fin Conciliation totale « Renvoi » en bureau de j ugement

SÉANCE « HUIS CLOS » 1°) Gestion administrative du dossier (R. 1454-10) 2°) Tentative de conciliation (R. 1454-10 + arrêt Durafroid de mars 2000) 3°) PV de conciliation (totale ou partielle) ou PV de non -conciliat ion (R. 1454-10)

SÉANCE « PUBLIQUE » 4°) Débat public avec inventaire des droits (R. 1454-10) 5°) Mesures provisoires (R. 1454-14) 6°) Mise en état du dossier (R. 1454-14 et R. 1454-17) 7°) ORDONNANCE (R. 1454-16)

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CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE 8 8 8 8 : : : : Les mesures Les mesures Les mesures Les mesures

d’instruction.d’instruction.d’instruction.d’instruction.

Lorsque les conseillers ne disposent pas d’éléments suffisants pour rendre leur décision, ils peuvent décider de mesures d’ins truction quelle que soit l’audience (bureau de conciliation, de jugement ou de référé). En cas de désaccord sur la mise en oeuvre d’une mesure d’inst ruction, les conseillers prud’hommes font appel au juge départiteur.

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MESURES D’INSTRUCTION Les mesures d’instruction sont des mesures prises à la demande des parties ou bien d’office par les juges pour vérifier les faits dont dépend la solution du litige, dès lors qu’ils ne disposent pas d’éléments suffisants pour statuer. Art. R.1454-14, R.1454-17 et R. 1454-1 du C.T. Une mesure d’instruction ne peut en aucun cas être ordonnée en vue de suppléer à la carence d’une partie dans l’administration de la preuve. Art. 146 du C.P.C. En effet, le juge ne sera amené à instruire l’affaire que si les éléments produits par les parties n’emportent pas sa conviction. Dans le cas où une partie qui détient les éléments de preuve ne les produit pas, le juge ne suppléera donc pas à cette carence. La comparution personnelle des parties étant obligatoire, le juge interrogera celles-ci lors de l’audience. Art. R. 1453-1 du C.T. Les réponses seront actées et le juge pourra tirer toutes les conséquences d’une abstention ou d’un refus. Art. 11 du C.P.C. En matière prud’homale, les mesures d’instruction légalement admissibles sont :

Les vérifications personnelles du juge lors de l’audience (questions du juge et réponses des parties actées) ou par la nomination de conseillers rapporteurs ;

Les auditions de témoins ou enquêtes à la barre ;

Le recours à l’expert.

Le juge doit limiter le choix de la mesure à ce qui est suffisant pour la solution du litige en s’attachant à retenir ce qui est le plus simple et le moins onéreux. En matière prud’homale, la désignation de conseillers rapporteurs est la mesure d’instruction la plus simple et la moins onéreuse en dehors de l’audience. Art. 147 du C.P.C. Les mesures d’instruction sont décidées par les juges au cours de leur « délibéré » quelle que soit l’audience (bureau de conciliation, de jugement ou de référé). En cas de désaccord sur la mise en oeuvre d’une mesure d’instruction, les conseillers prud’hommes font appel au juge départiteur.

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LE CONSEILLER RAPPORTEUR Dans le code du travail, le conseiller rapporteur fait l’objet d’une section particulière, à la différence de l’audition des témoins ou du recours à un expert qui sont prévus par le code de procédure civile. En effet, le conseiller rapporteur est un conseiller prud’homme, donc un juge qui connaît le terrain. Le conseiller rapporteur peut être désigné parmi les conseillers prud’hommes de la section concernée ou d’une autre section du conseil. Il peut s’avérer utile de désigner un conseiller d’une autre section en raison de sa connaissance d’un milieu professionnel particulier. La décision prise par les juges de désigner des conseillers rapporteurs n’est pas susceptible de recours. Art. R. 1454-6 du C.T. Le rôle du conseiller rapporteur est de réunir les éléments d’information nécessaires et utiles au conseil de prud’hommes pour mettre l’affaire en état d’être jugée puis pour statuer. Il peut également entendre tout sachant (c’est-à dire toute personne qui pourrait le renseigner utilement), consulter et éventuellement consigner (c’est-à-dire conserver) tout document qu’il jugera utile. La désignation d’un ou deux conseillers rapporteurs est assortie d’un délai pour l’exécution de la mission. Art. R. 1454-1 du C.T. Lorsque deux conseillers rapporteurs sont désignés dans une même affaire, ils doivent être l’un employeur, l’autre salarié. Ils procèdent ensemble à leur mission. La mission se déroule sans la présence du greffier puisqu’il ne s’agit pas d’une audience. Art. R. 1454-2 du C.T. À l’issue de leur mission, les conseillers rapporteurs établissent un rapport conjointement (ce qui est préférable), ou bien individuellement. LES AUDITIONS DE TÉMOINS OU ENQUÊTES À LA BARRE Cette mesure d’instruction consiste à faire entendre des témoins par les juges soit à la demande des parties, soit d’office. Les conseillers apprécient souverainement, au cours du délibéré, s’il convient d’ordonner ou non l’audition de témoins. Cette décision n’est pas susceptible de recours.

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Si les pièces produites par les parties et notamment des attestations sont obscures ou contradictoires, ils peuvent ordonner d’office l’audition de ces témoins. Ils peuvent agir de même s’ils souhaitent être éclairés par des personnes ayant participé ou assisté aux faits litigieux. Les témoins sont convoqués par le secrétariat-greffe par lettre recommandée A.R. et lettre simple. Leur audition a lieu à huis clos en présence des parties, des juges et du secrétariat-greffe qui dressera procès-verbal d’audition. Dans la plupart des cas, ces mêmes témoins peuvent être entendus sur le lieu de travail au cours de la mission des conseillers rapporteurs. Cette dernière solution présente l’avantage de n’engendrer aucun frais pour la partie qui sera condamnée aux dépens. LE RECOURS À UN EXPERT Les juges peuvent, à la demande des parties ou bien d’office, décider, au cours du délibéré, de désigner un expert. Ils devront indiquer à quelle partie incombe l’avance des frais d’expert. La mission confiée à l’expert est précise. À la différence des conseillers rapporteurs, l’expert n’a pas de pouvoirs d’instruction, il ne pourra pas procéder à des investigations autres que celles prévues par sa mission. L’expert est un technicien inscrit sur une liste officielle auquel le juge demande de donner son avis sur des faits nécessitant des connaissances particulières. La décision prise par les juges de nommer un expert est susceptible de recours. À l’issue du procès, la partie perdante aura les frais d’expertise à sa charge. Paroles de conseiller « Dans une affaire, mission avait été donnée à l’expert de vérifier et calculer les heures supplémentaires. Le salarié concerné s’est aperçu plus tard que son coefficient ne correspondait pas à ses tâches. Cette question n’a pas pu être traitée par l’expert. A contrario, des conseillers rapporteurs auraient pu, dans le cadre de la mise en état du dossier, examiner les droits respectifs des parties, vérifier l’exactitude du coefficient et établir un rapport en conséquence. »

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CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE 9 9 9 9 : : : : Le bureau de jugement.Le bureau de jugement.Le bureau de jugement.Le bureau de jugement. À défaut de conciliation totale, le procès se pours uit devant le bureau de jugement.

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COMMENT ? Le bureau de jugement est saisi après l’audience de conciliation Si le demandeur et le défendeur sont présents ou représentés et que l’affaire apparaît en état d’être jugée dès l’audience de conciliation, elle peut être renvoyée en bureau de jugement sur-le-champ si les parties en sont d’accord. Sinon (c’est le cas le plus fréquent), l’affaire est renvoyée à un prochain bureau de jugement. Les parties présentes sont convoquées devant ce bureau verbalement avec émargement au dossier. Art. R. 1454-17 du C.T. Dans ce cas, un bulletin mentionnant la date de l’audience leur est remis par le secrétariat-greffe. Si le défendeur n’a pas comparu, il est convoqué à l’audience du bureau de jugement en lettre recommandée A.R. par le secrétariat-greffe. Dans quelques cas limités, prévus par la loi, le bu reau de jugement est saisi directement : Litiges nés de la vérification des créances salariales dans le cadre de la loi sur les entreprises en difficulté, requalification de CDD en CDI, congé parental d’éducation, congé sabbatique, congé pour la création d’entreprise…

PROCEDURE DE JUGEMENT

BUREAU DE CONCILIATION (si pas de conciliation totale)

DÉCISION Ordonnance si l’affaire est en état d’être

jugée

DÉCISION Ordonnance avec mesure d’instruction si

l’affaire n’est pas en état d’être jugée

RENVOI En bureau de jugement

RAPPORT

L’ORDONNANCE Fixe la date du bureau de jugement

CONVOCATION En bureau de jugement

BUREAU DE JUGEMENT

BUREAU DE JUGEMENT

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LE BUREAU DE JUGEMENT : AVEC QUI ? Les conseils de prud’hommes étant paritaires, l’audience du bureau de jugement ne peut se tenir qu’avec un nombre égal de conseillers salariés et de conseillers employeurs. Art. L. 1423-12 du C.T. Ce nombre est de deux par collège. Il y a donc quatre conseillers prud’hommes au bureau de jugement qui est présidé alternativement par un conseiller salarié et un conseiller employeur. Comparution des parties Les parties sont tenues de comparaître en personne, sauf à se faire représenter en cas de motif légitime. Art. R. 1453-1 du C.T. Les parties peuvent se faire assister ou représenter. (voir chapitre sur la conciliation). Non-comparution devant le bureau de jugement : quel les conséquences ? Si le demandeur est absent sans motif légitime, le juge peut soit statuer, soit renvoyer l’affaire à une audience ultérieure, soit déclarer la citation caduque. Dans ce dernier cas, le demandeur a un délai de 15 jours pour faire connaître le motif légitime qu’il n’aurait pas été en mesure d’invoquer en temps utile. Si le défendeur est absent sans motif légitime, le bureau de jugement statue au vu des éléments fournis par le demandeur. Art. 468 du C.P.C., / art 469 du C.P.C. Si le demandeur ou le défendeur est absent avec un motif légitime, les parties sont convoquées à une audience ultérieure. Les parties font connaître le motif d’absence aux juges par courrier. Si une partie est absente et représentée, le représentant fournit aux juges le justificatif de l’absence, il leur appartiendra alors d’en apprécier la légitimité. Si toutes les parties sont absentes sans motif légitime, l’affaire est radiée. LES DÉBATS L’audience du bureau de jugement est publique. En début d’audience, le président procède à « l’appel des causes » afin de vérifier les présences et de déterminer l’ordre de passage des affaires. Les affaires seront ensuite « appelées » et entendues à tour de rôle. Les débats sont oraux et contradictoires. Ils se déroulent obligatoirement en présence d’un secrétaire-greffier qui tient le registre d’audience et enregistre les déclarations des parties, les questions des juges et les réponses des parties. Le président assure la police de l’audience , dirige les débats devant le bureau de jugement. Il donne la parole successivement au demandeur puis au défendeur (ou leur avocat/défenseur). Les conseillers peuvent poser des questions, inviter les parties à fournir des précisions supplémentaires.

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Chiffres : En 2003, on notait que 88,9 % des défendeurs comparaissaient (65,2 % en référé) (Rapport de la DACS). Paroles de conseiller « Il peut arriver que, lors du délibéré, les juges s’aperçoivent que des demandes qui auraient été justifiées n’ont pas été formulées à l’audience. Par exemple, un salarié réclame des heures supplémentaires mais se trompe dans le taux de majoration. Dans ce cas, malheureusement, les juges n’ont pas le droit de statuer sur le taux exact. » « Lors de l’audience, l’employeur a reconnu que le salarié avait droit à une prime. Le salarié en demande alors le paiement. Hélas, les dires n’ont pas été actés par le greffe, le bureau de jugement n’a en conséquence pas pu délibérer sur cette demande. » Au cours des débats, les juges posent des questions, disent le droit et l’expliquent. Concrètement, comment cela se passe-t-il ? Après avoir entendu le demandeur puis le défendeur exposer leurs « moyens » respectifs de fait et de droit, les juges s’inscrivent à leur tour dans le débat. Ils vont poser toutes les questions qu’ils estiment nécessaires pour régler le différend qui oppose les parties. Ils vérifient, en présence des parties, les éléments de preuve fournis. Ils veillent à ce que tout ce qui est dit par les acteurs du procès (juges et parties) soit acté par le secrétariat-greffe. Art. R. 1453-4, R. 1423-41 et R. 1423-43 du C.T. Les juges doivent trancher le litige conformément aux règles de droit qui leur sont applicables. Ils disent le droit et l’expliquent. S’il y a une incompréhension ou s’ils estiment que cela est nécessaire, ils citent et expliquent les différentes normes applicables au litige qui leur est soumis. Art. 12 du C.P.C. Ils rappellent, si nécessaire, que les demandes non exprimées ne pourront plus être examinées après la clôture des débats en raison de l’unicité de l’instance . Ils peuvent également soulever d’office des moyens de droit qui n’auraient pas été invoqués par les parties. Dans ce cas, ils doivent inviter les parties à présenter leurs observations, cela afin de respecter le principe du contradictoire. (Voir chapitre sur les principes fondamentaux du procès prud’homal.) Art. 16 du C.P.C. C’est ce qu’on appelle : instruire le procès. L’instruction est une étape obligatoire pour les juges afin de prendre une décision.

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Le débat est acté par le secrétariat-greffe. Par sa présence et ses écritures sur le registre d’audience (ou plumitif, ou procès-verbal d’audience), celui-ci authentifie les actes de la procédure. Toute affaire entendue en l’absence du secrétariat-greffe rendrait la décision susceptible de nullité. La clôture des débats est prononcée par le président du bureau de jugement dès que les juges estiment avoir en main tous les éléments leur permettant de former leur conviction. La clôture des débats a des conséquences juridiques importantes : les parties ne peuvent plus apporter au dossier de nouveaux éléments (notes, pièces nouvelles, demandes nouvelles…), et la phase de délibéré est ouverte. Art. 440 du C.P.C. La faculté d’apporter de nouveaux éléments au dossier sera possible devant la cour d’appel si une partie fait appel du jugement, lorsqu’il sera rendu. LE DÉLIBÉRÉ Le délibéré est la discussion qui s’instaure entre les juges, après la clôture des débats, en vue d’aboutir à une décision. Il se déroule à huis clos en présence des conseillers concernés exclusivement. S’ils rendent leur jugement le jour de l’audience, on dit que le jugement est prononcé sur-le-champ (même s’il intervient en réalité plusieurs heures après l’audience). La plupart du temps, l’affaire est mise en délibéré : les juges décident de rendre leur décision lors d’une audience ultérieure. Le président du bureau de jugement indique aux parties la date à laquelle le jugement sera prononcé. Le greffier fait émarger les parties au dossier. Au cours du délibéré, un des conseillers sera chargé de la rédaction de la décision. À propos du temps passé par les conseillers à rédig er les décisions Un rapport d’octobre 2005 entend limiter forfaitairement le temps indemnisé aux conseillers prud’hommes pour leurs activités juridictionnelles. La loi du 30 décembre 2006 annonce des décrets restrictifs sur ce point. Ce texte caractérise la volonté du ministère du travail d’enfermer les activités des conseillers prud’hommes dans des quotas.

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Art. 51 de la loi n° 2006-1770 du 30 déc. 2006 sur la participation et diverses dispositions Quota pour préparer l’audience, quota pour étudier les dossiers, quotas pour rédiger les décisions de toute nature. Ainsi, le temps de rédaction d’un jugement serait fixé à un minimum de trois heures et un maximum de cinq heures. Autrement dit, les conseillers sont invités à consacrer gratuitement une partie de leur temps personnel à la rédaction d’un jugement dont la complexité de l’affaire les amènera à dépasser le temps qui leur est imparti. Comment limiter dans le temps l’étude d’un dossier et la rédaction de la décision qui en résulte ? Les magistrats professionnels n’ont aucune limitation de temps pour rédiger leurs décisions. Pourquoi ce temps doit-il être limité aux conseillers prud’hommes ? Le système imaginé constitue donc une atteinte à la fonction de juge. Dans ce contexte, un arrêt rendu par la cour d’appel de Chambéry a énoncé que « que nulle autorité ne saurait être comptable du temps que le juge consacre à son activité juridictionnelle » et qu’il « est seul face à sa conscience pour apprécier les conditions strictement nécessaires à l’élaboration de sa décision ». Cour d’appel de Chambéry, 12 septembre 2007, M. P., n° 071460, RPDS 2007, n° 751, p. 373. Une manière d’affirmer solennellement que le juge prud’homal est un juge qui doit être traité comme les autres et qu’en l’absence de tout moyen de contrôle sur la réalité de son activité juridictionnelle, il doit bénéficier d’une présomption de bonne utilisation de son temps au fonctionnement de la juridiction dont il est membre. Paroles de conseiller « La rédaction du jugement, est attribuée au président ou à l’un des conseillers prud’hommes de la formation ayant statué, prend un temps aléatoire, selon les affaires. Parfois une heure et demie, parfois vingt, parfois plusieurs jours. La limiter à trois heures n’a pas de sens. » « Quand on rédige un jugement, il faut faire figurer toutes les demandes, à chacune dire si l’on rejette ou si l’on donne suite. Si une demande était oubliée, la partie qui en aurait été victime peut saisir la juridiction pour “omission à statuer”. Les parties devraient alors être de nouveau convoquées pour s’expliquer sur cette seule demande. »

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CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE 10101010: : : : Le référé prud’homal.Le référé prud’homal.Le référé prud’homal.Le référé prud’homal. Contrairement à ce qui est souvent dit, la formatio n de référé dispose des pouvoirs lui permettant de régler les litiges prud’homaux dans d e nombreux cas. Le juge des référés peut prescrire toute une série de mesures visant à rétablir les salariés dans leurs droits. Les décisions rendues, appelées « ordonnances », so nt immédiatement exécutoires même si la partie adverse fait appel. Comme pour le bureau de conciliation, les décisions de la formation de référé sont prises à titre provisoire. À la différence du bureau de conciliation, les ordo nnances prises par le bureau de référé peuvent faire l’objet d’une contestation dev ant la cour d’appel qui tranchera sur le fond du litige. Le justiciable conserve la possi bilité de saisir le bureau de jugement.

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LE REFERE :C’EST QUOI, À QUOI ÇA SERT ? La procédure de référé est dispensée du préliminaire de la conciliation . La formation de référé peut : 1 – DANS TOUS LES CAS D’URGENCE : ordonner toutes les mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse ou que justifie l’existence d’un différend (art. R. 1455-5 du C.T.). 2 – MÊME EN PRÉSENCE D’UNE CONTESTATION SÉRIEUSE : prescrire les mesures conservatoires (conservation de preuves, d’objets litigieux, maintien en l’état, désignation de conseillers rapporteurs…) ou de remise en l’état qui s’imposent (réintégration d’un salarié dans l’entreprise ou à son poste initial) pour prévenir un dommage imminent ou faire cesser un trouble manifestement illicite (art. R. 1455-6, al. 1er du C.T.). 3-LORSQUE L’EXISTENCE DE L’OBLIGATION N’EST PAS SÉRIEUSEMENT CONTESTABLE, accorder une provision au créancier ou ordonner l’exécution de l’obligation (art. R. 1455-7 du C.T.). Paroles de conseiller « L’urgence ne veut pas dire d’aller vite en audience. Lors d’une audience, un conseiller employeur a manifesté son mécontentement sur la durée de l’audience, verbalement et en gigotant sur sa chaise. Sur sa demande, j’ai suspendu l’audience. À huis clos, il m’a indiqué qu’une audience de référé est forcément courte. Je lui ai répondu que l’on mettrait le temps nécessaire pour entendre les explications des parties, notamment sur mes questions. L’employeur m’a alors informé que dans ces conditions il refusait de reprendre l’audience. Je lui ai répliqué que s’il refusait de reprendre l’audience je ferais acter son refus par le greffe et qu’il encourrait des poursuites pénales pour déni de justice. Il a repris l’audience. » À savoir : « Provision » s’entend au sens de provisoire et non « partie d’un dû ». Chiffres : La formation de référé statue en un mois et demi en moyenne. Les salariés peuvent se faire représenter, comme devant n’importe quelle formation, mais, selon les statistiques, ils viennent seuls une fois sur deux. Ceux qui sont représentés le sont, pour plus d’un tiers, par un délégué syndical (chiffres issus du rapport ministériel DACS « Le droit du travail en perspective contentieuse, 1993-2004 »).

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COMMENT ÇA MARCHE ? Composition et fonctionnement du bureau de référé Chaque conseil de prud’hommes comprend une formation de référé ; elle est commune aux cinq sections du conseil. Art. L. 1423-1 du C.T. Le bureau de référé est composé paritairement d’un conseiller prud’homme salarié et d’un conseiller prud’homme employeur. La présidence des audiences est assurée alternativement par un salarié et un employeur. Les conseillers appelés à siéger, par roulement, en référé, sont élus lors de l’assemblée générale du conseil de prud’hommes, qui se tient tous les ans en janvier. Il s’agit d’une élection par élément séparé, c’est-à-dire d’un côté par le collège salarié, de l’autre par le collège employeur. L’élection se déroule à bulletin secret et à la majorité des membres présents, comme pour l’élection du président et du vice-président du conseil. Il doit être tenu au minimum une audience de référé par semaine. Art. R. 1455-4 du C.T. Saisine du bureau de référé Le salarié peut effectuer sa saisine de plusieurs façons : 1 – DANS LES CONDITIONS PRÉVUES pour l’ensemble des audiences (voir chapitre 5, Comment saisir le CPH). Dans ce cas, le secrétariat-greffe convoquera le demandeur par lettre simple, le défendeur par lettre recommandée A.R., à une audience qui se tiendra dans un délai permettant de vérifier la régularité des convocations. Il faudra donc compter généralement un délai de trois à quatre semaines entre le dépôt de la demande et la date de l’audience. 2 – IL SAISIT LE CONSEIL par acte d’huissier de justice, auquel cas la convocation résulte de l’acte d’assignation. Art. R. 1455-9 du C.T. Cette procédure consiste à faire délivrer une citation au défendeur par huissier de justice. Le demandeur s’informe auprès du secrétariat-greffe des dates d’audience prévues, il assigne le défendeur à la date qu’il choisit. La citation doit être motivée, elle doit décrire l’objet de la demande avec un exposé des moyens de fait et de droit et comporter la copie des pièces qui seront produites à l’audience. Ces pièces sont énumérées sur un bordereau qui est annexé. Une copie de l’assignation doit être remise au secrétariat-greffe du conseil des prud’hommes au plus tard la veille de l’audience. Cette procédure présente l’avantage de la rapidité et le désavantage de l’avance de frais d’huissier.

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QUELS POUVOIRS ? 1 – Désignation de conseillers rapporteurs Les juges de la formation de référé peuvent, s’ils estiment ne pas disposer des éléments nécessaires pour statuer, désigner deux conseillers rapporteurs. Art. R. 1454-1 du C.T. Exemple : Les salariés des entreprises de transport saisissent régulièrement les référés pour majoration d’heures supplémentaires. En la matière, les juges ne peuvent pas forcément statuer faute de production des disques chronotachygraphes par l’employeur. Les juges devront nommer des conseillers rapporteurs qui devront se rendre dans l’entreprise pour vérifier les disques et calculer les heures supplémentaires dues. 2 – Dans tous les cas d’urgence et dans les cas où l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable Art. R. 1455-5 et R. 1455-7 du C.T. Les conseillers prud’hommes peuvent ordonner une provision au créancier (c’est-à-dire à titre provisoire) relative au versement des salaires et accessoires de salaire ainsi que la remise des documents légaux que l’employeur est tenu de délivrer. Exemples : • Provisions pour le versement d’une somme due en application d’une convention collective (complément de salaire sans jour de carence en cas de maladie, rémunération des temps de pause…). • Provisions sur salaires non payés, heures supplémentaires non majorées, primes conventionnelles mal calculées, remise d’une attestation Assedic, d’une attestation patronale pour le paiement d’indemnités journalières… 3 – S’il y a dommage imminent ou trouble illicite Les conseillers prud’hommes peuvent, même s’il existe une contestation sérieuse, prescrire des mesures conservatoires ou de remise en état. Exemples : • Maintien dans l’emploi d’un salarié en CDD non conforme dans l’attente de la décision du bureau de jugement. • Il peut également suspendre une procédure de licenciement collectif pour motif économique en cas d’insuffisance du plan social (la suspension pouvant être assortie d’une astreinte).

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• Les juges peuvent déclarer à titre provisoire le licenciement « sans cause réelle et sérieuse » si la lettre de licenciement ne comporte pas de motif ou comporte un motif imprécis. Les juges ordonneront le paiement de toutes les sommes dues au titre de cette rupture (préavis, indemnité de licenciement, dommages et intérêts…). • Pour un salarié protégé… Il peut ordonner la réintégration des salariés lorsque le licenciement est manifestement illicite : un salarié mandaté pour négocier et signer un accord de 35 heures est licencié à peine six mois plus tard sans autorisation de l’inspection du travail ; un salarié est licencié pour incompétence alors qu’il était sur le point de prendre des fonctions syndicales. • Il peut également annuler des sanctions ou des licenciements dont il estime l’origine discriminatoire (femmes enceintes, discriminations en raison des origines, de l’âge, du sexe, de l’orientation sexuelle, des croyances, des convictions, des dées exprimées…) Parole de conseiller « Un salarié ne percevait pas son salaire depuis deux mois. Il demande en référé le versement des salaires dus, la résiliation du contrat de travail aux torts de l’employeur pour l’exécution fautive du contrat de travail ainsi que des dommages et intérêts. Le conseiller employeur prétendait que le salarié n’avait pas de preuves de ce qu’il alléguait, que le salarié devait saisir les juges du fond, que le bureau de référé était incompétent pour statuer. Nous sommes allés en départage. Lors de l’audience de départage, le juge a rappelé que les juges de référé sont des juges du fond à titre provisoire, qu’ils sont compétents pour statuer puisqu’il ne s’agit de rien d’autre que d’un litige individuel lié à un contrat de travail de droit privé. Dans sa décision, il a rappelé que la charge de la preuve du versement des salaires incombait à l’employeur et que le juge du référé est compétent pour exercer ses pouvoirs. » QUELLES DÉCISIONS ? Les juges de référé statuent par ordonnance qui doit, comme toute décision, être motivée (une demande = une réponse). Il n’y a pas de « débouté » en référé. Les juges ne peuvent se déclarer incompétents que s’il ne s’agit pas d’un litige individuel de droit privé ou si le conseil n’est pas compétent territorialement. S’ils n’ont pas les pouvoirs pour statuer, ils doivent l’expliquer dans leur décision et renvoyer les parties à mieux se pourvoir. Ils rappellent dans leur ordonnance : • que cette décision est rendue à titre provisoire, qu’elle est immédiatement exécutoire malgré les voies de recours, • que les parties ont 15 jours à partir de la notification (date de première présentation) pour faire appel. L’ORDONNANCE de référé est notifiée aux parties par lettre recommandée A.R.

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CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE 11111111: : : : Le départage.Le départage.Le départage.Le départage. En cas de désaccord entre les conseillers lors de l ’audience de conciliation ou de référé ou en bureau de jugement, l’affaire est renv oyée devant un juge départiteur.

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Si, lors du délibéré de l’audience de conciliation ou de référé, les juges ne sont pas d’accord sur la décision à prendre, ils doivent renvoyer l’affaire devant le juge départiteur. En bureau de jugement, la décision ne sera prise que si elle rencontre l’adhésion d’au moins trois conseillers sur quatre. Art. R. 1454-29 du C.T. En cas de partage de voix (aucune majorité ne se dégage), l’affaire est également renvoyée devant le juge départiteur L’affaire est renvoyée devant le même bureau de conciliation, de référé ou de jugement (c’est-à-dire devant les mêmes juges) dont la présidence est assurée par un juge du tribunal d’instance dans le ressort duquel est situé le conseil de prud’hommes. L’audience doit être tenue sans délai et au plus tard dans les 15 jours du renvoi pour une affaire évoquée devant le bureau de référé, au plus tard dans un délai d’un mois pour une affaire présentée devant le bureau de conciliation ou le bureau de jugement. Paroles de conseiller « Dans certains conseils les délais de départage sont devenus intolérables. Ils peuvent pousser des salariés à renoncer à faire valoir leurs droits et constituent en cela une arme redoutable de gestion du procès à l’avantage de l’employeur. L’augmentation des délais de procédure est essentiellement due à la pénurie de moyens humains et matériels des conseils de prud’hommes. La France a été condamnée à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’homme pour le non-respect du droit à un procès équitable dans un délai raisonnable. Pour l’instant, aucune mesure susceptible de remédier aux manquements de l’État français n’a été prise. » Lorsqu’un conseiller prud’homme est empêché de siéger à l’audience de départage, il doit pourvoir lui-même à son remplacement. Son remplacement est assuré par un conseiller prud’homme du même collège appartenant selon le cas à sa section, sa chambre ou à la formation de référé. Lorsque la formation est complète, un « réel » délibéré a lieu, à trois ou à cinq. Lorsqu’elle est incomplète, le juge départiteur statue seul après avoir recueilli l’avis des conseillers présents.

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CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE CHAPITRE 12121212: : : : Les décisions Les décisions Les décisions Les décisions

prud’homales et leurs suites prud’homales et leurs suites prud’homales et leurs suites prud’homales et leurs suites

Une fois rendue et notifiée, la décision rendue par le conseil de prud’hommes peut être exécutée. Si la décision rendue ne satisfait p as le demandeur ou le défendeur, ceux-ci disposent de voies de recours.

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Deux sortes de décisions sont rendues par les conse ils de prud’hommes :

Les ordonnances en bureau de conciliation ou en bureau de référé ;

Les jugements en bureau de jugement.

Ces décisions doivent être motivées, c’est-à-dire répondre à toutes les demandes faites par les parties au procès et indiquer les normes juridiques qui fondent la décision du conseil. Ces décisions sont rendues en premier ou en dernier ressort. Elles sont en premier ressort lorsque le montant total des demandes excède 4 000 euros à ce jour. Elles sont en dernier ressort lorsque le montant total des demandes est inférieur à 4 000 euros à ce jour. Elles sont qualifiées : CONTRADICTOIRES ou RÉPUTÉES CONTRADICTOIRES ou PAR DÉFAUT Selon le ressort et la présence ou la représentation des parties. (Voir tableau en annexe page 74.) LA NOTIFICATION Le secrétariat-greffe notifie par recommandé A.R. aux parties la décision prise par le conseil. Les délais de recours débutent à la date de notification de la décision. L’EXÉCUTION Pour être exécutée, une décision doit être notifiée et exécutoire. Une ordonnance est exécutoire de plein droit dès sa notification. Un jugement est exécutoire dès sa notification si le conseil l’a rendue exécutoire dans son intégralité. Cette mention doit être indiquée dans le jugement. Sinon, le jugement n’est exécutoire qu’à partir du moment où il n’est pas ou plus susceptible d’un recours suspensif. On dit alors qu’il acquiert l’autorité de la chose jugée. L’appel est suspensif uniquement pour un jugement.

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Il n’est pas suspensif pour une ordonnance. Le pourvoi en cassation n’est pas suspensif, mais si la décision de la Cour de cassation est défavorable au salarié, ce dernier sera condamné à rembourser les sommes qu’il aurait perçues. L’appel étant suspensif, il empêche l’exécution du jugement prud’homal jusqu’à ce que la cour d’appel rende sa décision. L’exécution est dite volontaire quand la partie condamnée s’exécute d’elle-même. Dans le cas opposé, quand elle est récalcitrante, on dit que l’exécution est forcée. Elle nécessite l’intervention d’un huissier. Paroles de conseiller « L’huissier appelé pour l’exécution du jugement est à la charge de la partie qui est condamnée à payer. » LES VOIES DE RECOURS Si la décision rendue ne satisfait pas le demandeur ou le défendeur, ceux-ci disposent de voies de recours. Les voies de recours constituent le seul moyen d’attaquer une décision de justice. Elles permettent de contester la régularité d’une décision ou de contester la décision elle-même. Les principales voies de recours sont :

L’appel Le pourvoi en cassation

Les voies de recours diffèrent selon la qualification de la décision, premier, dernier ressort , ou par défaut . (Voir tableau en annexe) Chiffres En 2003, en matière prud’homale, 63,8 % des jugements rendus en premier ressort ont fait l’objet d’un appel (70 % lorsqu’il s’agit de décision tranchant les contestations liées aux motifs d’une rupture de contrat). En référé, le taux d’appel tombe à 20,9 %. 61 % des jugements qui ont été examinés en appel ont été infirmés, partiellement ou totalement. Si on ajoute aux jugements confirmés en appel les abandons de procédure (30 %), on obtient toutefois une majorité de jugements prud’homaux confirmés (57,1 %). Ce qui prouve la valeur du travail des conseillers prud’hommes, juges non professionnels (chiffres issus du rapport de la DACS).

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LE TAUX DE RESSORT, C’EST QUOI ? Les conseils de prud’hommes peuvent statuer quel que soit le montant total des demandes. Néanmoins, le montant total des demandes détermine les voies de recours à utiliser en cas de contestation de la décision. Deux hypothèses 1 – LA DÉCISION EST RENDUE « en premier ressort » lorsque le montant total des demandes est supérieur à une somme appelée « taux de ressort » fixée par décret. Dans ce cas, l’employeur ou le salarié qui conteste la décision rendue par le conseil de prud’hommes peut faire appel puis se pourvoir ensuite en cassation. 2 – LA DÉCISION EST RENDUE « en dernier ressort » lorsque le montant total des demandes ne dépasse pas le taux de compétence. La partie qui n’est pas satisfaite de la décision rendue par le conseil de prud’hommes n’a que la possibilité de se pourvoir en cassation. Cependant, la décision du conseil de prud’hommes est exécutoire. Le taux de compétence en dernier ressort est de 4 000 euros depuis octobre 2005. Art. D. 1462-3 du C.T. L’APPEL L’appel tend à faire réformer ou annuler par la cour d’appel une décision. Art. R. 1461-1 et suivants du C.T. L’appel d’une décision prud’homale est porté devant la chambre sociale de la cour d’appel. Devant la chambre sociale de la cour d’appel, les règles procédurales sont celles de la procédure prud’homale (voir chapitre sur les principes fondamentaux et art. 931 et 946 du C.P.C.). L’appel est formé par une déclaration que la partie ou tout mandataire fait ou adresse par recommandé A.R. au greffe de la cour. Les délais d’appel sont :

1 mois au plus tard après la notification du jugement. 15 jours au plus tard après la notification d’une ordonnance de référé.

Les ordonnances de conciliation ne sont susceptibles d’appel que pour excès de pouvoir dans un délai d’un mois à compter de la notification. La décision rendue par la cour d’appel s’appelle « un arrêt ».

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LE POURVOI EN CASSATION Le pourvoi vise à faire censurer par la Cour de cassation une décision pour sa non-conformité aux règles de droit. Il peut viser un jugement rendu par un conseil de prud’hommes en dernier ressort, ou un arrêt de la cour d’appel. La Cour de cassation ne vérifie pas les faits mais seulement si la norme juridique (loi, convention collective, accord, etc.) a été correctement appliquée. Le pourvoi en cassation doit être formé directement auprès du greffe de la cour de cassation par déclaration écrite remise ou adressée par lettre recommandée A.R. à ce même greffe. Le pourvoi doit être déposé au plus tard dans les deux mois qui suivent la notification du jugement. Il ne suspend pas son exécution. Chiffres : Les pourvois en cassation touchent 20,2 % des décisions rendues par des cours d’appel, et 7,4 % des décisions rendues par les juges prud’homaux. Ces taux sont constants depuis vingt ans (chiffres issus du rapport de la DACS). Depuis un décret du 20 août 2004, les parties sont tenues de constituer « un avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation ». LES EFFETS DE LA CASSATION En cas de rejet du pourvoi par la Cour de cassation, la décision attaquée devient définitive, on dit alors qu’elle a « autorité de la chose jugée ». La Cour peut annuler le jugement, l’ordonnance ou l’arrêt qui lui est soumis : on dit qu’elle « casse » la décision. L’affaire est alors renvoyée devant une juridiction de même niveau que celle dont elle émane : un conseil de prud’hommes s’il s’agit d’un jugement ou d’une ordonnance, une cour d’appel s’il s’agit d’un arrêt. La décision rendue par la Cour de cassation s’appelle « un arrêt ».

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ANNEXE LE LANGAGE JURIDIQUE Quelques mots et expressions dont il est utile de c onnaître le sens…

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ACTE INTRODUCTIF D’INSTANCE Acte de procédure par lequel un demandeur prend l’initiative d’un procès par le dépôt d’une demande appelée souvent à tort « saisine ». Cette demande est faite à l’aide d’un formulaire appelé « acte introductif d’instance ». ACTION EN JUSTICE Démarche engagée devant un tribunal pour faire reconnaître ses droits. AFFAIRE EN ÉTAT Une affaire est dite « en état » lorsque les juges l’ont instruite et qu’ils peuvent prendre une décision sur toutes les demandes. AIDE JURIDIQUE OU JURIDICTIONNELLE Aide financière accordée aux personnes disposant de faibles revenus afin qu’elles exercent leurs droits en justice. ALLÉGATION Action d’affirmer un fait au soutien d’une prétention. AMNISTIE Mesure législative effaçant les condamnations prononcées antérieurement pour certains délits. APPEL (Faire appel) Voie de recours permettant à une partie insatisfaite d’une décision de faire statuer sur son affaire une seconde fois par une juridiction du degré supérieur. Contestation d’une décision par l’une des parties devant la cour d’appel. On dit que la personne « fait appel » ou « interjette appel ». APPEL DES CAUSES Recensement à l’audience des affaires prêtes à être entendues. La cause s’identifie au procès (mise en cause, hors de cause…) et se distingue du litige. ARRÊT (Voir DÉCISION) ASSIGNATION Acte de procédure délivré par un huissier de justice à l’initiative du demandeur, invitant le défendeur (son adversaire) à comparaître devant une juridiction appelée à trancher le litige qui les oppose. ASSISTANCE Mission de conseil et de défense auprès d’une partie au procès, qui n’oblige en rien la partie (l’assistance s’exerce à l’égard d’une partie présente qui demeure « maître de son procès »). L’assistance n’oblige pas la remise d’un mandat par la personne assistée à la (ou les) personne(s) qui l’assiste(nt).

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ASTREINTE Condamnation pécuniaire prononcée par le juge contre une partie en vue de l’amener à exécuter sa décision. Elle peut être prononcée par ordonnance ou jugement. Exemple : l’employeur peut être condamné sous astreinte de « tant d’euros » par jour de retard à fournir « tels documents » ou à exécuter « telle obligation ». AUDIENCE Séance publique ou à huis clos au cours de laquelle une juridiction prend connaissance des prétentions des parties, les entend, instruit le procès et rend une décision. CADUCITÉ Au conseil de prud’hommes, la caducité est une décision qui met fin à l’instance lorsque le demandeur n’a pas comparu sans avoir justifié d’un motif légitime CASSATION Annulation, par la Cour de cassation, d’un arrêt de la cour d’appel ou d’une décision rendue en dernier ressort par un conseil de prud’hommes, rendue en violation d’une norme juridique. CAUSE (Voir APPEL DES CAUSES) CHEF DE DEMANDE Un des différents points formant une demande en justice ; élément distinct d’une demande en justice groupant plusieurs demandes. CITATION Acte de procédure envoyé à une personne pour qu’elle se présente à une audience d’une juridiction à une date déterminée. Synonyme d’assignation à comparaître. COMPARUTION (comparaître en justice) Au sens propre, fait de se présenter devant la juridiction devant laquelle on est convoqué. Lorsque le ministère d’avocat ou d’avoué est obligatoire, comparaître signifie constituer avocat ou avoué. Au conseil de prud’hommes, comparaître signifie se présenter en personne ou faire appel à un mandataire en cas de motif légitime d’absence. CONFIRMER Lorsque la cour d’appel est d’accord avec une décision rendue, on dit qu’elle la confirme. (Contraire d’INFIRMER, voir ce mot). COMPÉTENCE Se dit de l’aptitude d’une juridiction à instruire et juger une affaire. Au conseil de prud’hommes, deux incompétences peuvent être soulevées : La compétence d’attribution (ou matérielle) et la compétence territoriale. Si l’incompétence d’une section est soulevée, le conseil demeure compétent.

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Compétence matérielle (ou d’attribution) Compétence relative à la nature des affaires. Le conseil de prud’hommes est compétent pour régler les litiges individuels de droit privé relatifs au contrat de travail. Compétence territoriale Aptitude à connaître des litiges en fonction de critères géographiques. Au conseil de prud’hommes, dans la plupart des cas, le conseil territorialement compétent est celui dans le ressort duquel est situé l’établissement où s’effectue le travail. CONCILIATION Accord par lequel des personnes en litige mettent fin à celui-ci d’un commun accord. Au conseil de prud’hommes, phase obligatoire de l’instance qui consiste pour les juges à tenter de concilier les parties avant d’exercer leurs pouvoirs juridictionnels. CONCLUSIONS Acte écrit par lequel le demandeur énonce ses prétentions, le défendeur ses moyens de défense. Au conseil des prud’hommes, les conclusions écrites ne saisissent valablement les juges que si elles sont réitérées verbalement à l’audience, les dires étant actés par le greffe. CONFIRMER Acte par lequel une cour d’appel approuve et maintient une décision rendue au premier degré. CONTRADICTOIRE (principe du) Principe selon lequel les parties sont mises à même de participer au procès, ce qui implique qu’elles aient été régulièrement convoquées. Les parties sont tenues de se communiquer en temps utile les moyens de fait, de preuve et de droit qu’elles comptent produire et invoquer lors de l’audience. COUR D’APPEL Juridiction du second degré. Elle connaît des appels de toutes les juridictions civiles et pénales du premier degré. Il y a 30 cours d’appel en France. COUR DE CASSATION Juridiction suprême de l’ordre judiciaire qui a pour fonction d’examiner la conformité des décisions de justice avec les normes juridiques. Elle casse les décisions qui violent les normes et rejette le pourvoi si les normes ont été bien interprétées. CRÉANCIER Personne qui a une obligation de faire à l’égard d’un débiteur. DÉBATS Phase du procès consacrée à la discussion orale entre les juges et les parties en cause.

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DÉBITEUR Personne qui a une dette financière ou qui doit remplir une obligation. DÉBOUTER Rejeter comme irrecevables ou injustifiées les prétentions des parties. Au conseil de prud’hommes, une partie déboutée n’est ni une partie condamnée, ni une partie perdante. DÉCISION Arrêt Nom donné aux décisions rendues par le conseil d’état et par les juridictions portant le nom de « cour » (exemple : cour d’appel, d’assises, de cassation…). Jugement Décision rendue par une juridiction de premier degré (exemples : le conseil de prud’hommes, le tribunal de grande instance, le tribunal d’instance…). Ordonnance Décision rendue au conseil de prud’hommes par les juges du bureau de conciliation ou de référé. Dans les autres juridictions du premier degré, décision rendue par les juges de référé. DÉFAILLANT Se dit d’une partie qui ne se conforme pas au mode de comparution que la loi exige. DÉFENDEUR Personne contre laquelle une demande en justice est formée par le demandeur. DÉFENSEUR Personne qui assiste ou représente le demandeur ou le défendeur (salarié ou employeur, défenseur syndical, conjoint, avocat, avoué…) DÉLIBÉRÉ Phase à huis clos (secrète) du procès pendant laquelle les juges examinent le dossier et prennent leur décision. DEMANDEUR Personne qui engage une action en justice pour faire valoir ses droits, qui forme une demande contre le défendeur.

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DEMANDES Demande en justice Acte par lequel le demandeur soumet une prétention à une juridiction. Demande initiale Acte par lequel une partie soumet au juge ses prétentions et qui déclenche l’instance. Demande incidente Demande qui intervient en cours de procès. Elle émane du demandeur (demande additionnelle) ou du défendeur (demande reconventionnelle). Elle peut également provenir d’un tiers (intervention volontaire) ou être dirigée contre un tiers (intervention forcée). Demande additionnelle Demande par laquelle le demandeur formule une prétention nouvelle en cours de procès. Demande reconventionnelle Demande qui émane du défendeur et par laquelle il souhaite obtenir des dédommagements autres que le simple rejet de la prétention du demandeur. Demande en intervention Demande dont l’objet est de rendre un tiers partie au procès. Lorsque la demande émane du tiers lui-même, l’intervention est volontaire. Lorsque le tiers est mis en cause par une partie, l’intervention est forcée. DÉPARTAGE (Voir JUGE DÉPARTITEUR) DÉPENS Frais occasionnés par un procès. En matière prud’homale, hormis les frais d’expert ou de témoins, il n’y a pas de dépens. DIFFÉREND Contestation, litige entre deux ou plusieurs personnes. DILIGENCES Actions accomplies dans les formes et les délais requis. DISPOSITIF Dernière partie d’un jugement ou d’une ordonnance qui fait suite à la motivation des juges et contient leur décision. Le prononcé d’une décision peut se limiter à la lecture du dispositif que l’on trouve écrit dans la décision après la formule « par ces motifs ».

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EXPERT En matière prud’homale, il s’agit d’un technicien désigné par les juges au cours de leur délibéré, auquel ces derniers demandent un avis sur des faits nécessitant des connaissances particulières. FOND Par opposition à la forme, le fond (ou fondement) du litige porte sur l’ensemble des moyens de fait et de droit soulevés par les parties et propres à justifier leurs prétentions. (Voir JUGE DU FOND.) FORME Par opposition au fond, la forme regroupe les normes juridiques applicables en matière procédurale, que le juge utilise pour régler le litige. (Voir JUGE DU FOND.) FORCLUSION Lorsque le titulaire d’un droit d’agir n’a pas accompli la formalité mise à sa charge dans les délais prescrits, on dit qu’il y a forclusion. En matière prud’homale, encourt une forclusion la personne qui n’a pas fait appel dans le délai d’un mois pour un jugement et dans le délai de 15 jours pour une ordonnance de référé. FORMULE EXÉCUTOIRE Formule apposée sur un acte authentique ou sur une décision qui permet de les faire exécuter, même par la force publique. GREFFE (voir SECRÉTARIAT-GREFFE) Par extension, local abritant les services du secrétariat-greffe. GROSSE Première copie authentique d’une décision revêtue de la formule exécutoire, expédiée ou remise par le secrétariat-greffe. INCOMPÉTENCE Inaptitude d’une juridiction à connaître d’un litige. (Voir COMPÉTENCE.) INFIRMER Acte par lequel une cour d’appel annule ou réforme une décision rendue au premier degré. INSTANCE Suite d’actes de procédure qui débute avec l’acte introductif d’instance et se termine avec la décision définitive ou l’extinction de l’instance. INSTRUCTION Phase du procès au cours de laquelle le juge réunit tous les éléments lui permettant de statuer. (Voir AFFAIRE EN ÉTAT.)

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JUGE DÉPARTITEUR Juge du tribunal d’instance qui se joint au bureau de jugement, au bureau de conciliation ou au bureau de référé, pour départager les conseillers qui n’ont pas pu prendre une décision à la majorité. On parle alors d’audience de départage. JUGE DU FOND Le conseiller prud’homme est un juge du fond car il est juge du fait et du droit à toutes les audiences, par opposition à la cour de cassation qui ne connaît que du droit. JUGEMENT (Voir DÉCISION) JURIDICTION Synonyme de tribunal. JURISPRUDENCE Du latin jurisprudentia : science du droit. Solution apportée par une décision de justice sur l’application d’une norme juridique. JUSTICIABLE Demandeur ou défendeur appelé ou entendu en justice. LITIGE Contestation donnant matière à procès. (Voir DIFFÉREND.) MANDAT Acte écrit par lequel une personne, appelée mandant, donne à une autre personne, appelée mandataire, le pouvoir de la représenter en justice et d’accomplir en son nom tous les actes de la procédure. Le mandat est souvent appelé à tort « pouvoir ». (Voir POUVOIR.) MINUTE Original d’une décision conservé au greffe et revêtu de la signature du greffier ainsi que du président de l’audience. MISE EN ÉTAT (Voir AFFAIRE EN ÉTAT, INSTRUCTION) MOTIFS Partie d’une décision de justice dans laquelle les juges exposent les faits et les normes juridiques qui les ont conduits à prendre leur décision.

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MOYENS Arguments développés par les parties à l’appui de leurs prétentions. Moyens de fait Ce sont les allégations ou les preuves produites par les parties. Moyens de droit Ce sont les normes juridiques invoquées par les parties. NOTIFICATION Formalité par laquelle une décision de justice est portée à la connaissance des parties au procès. OPPOSITION Voie de recours d’une décision rendue par défaut en dernier ressort, exercée par un défendeur dont la citation n’a pas été « délivrée à personne ». (Voir le chapitre sur les voies de recours, page 100.) ORALITÉ (principe d’) Principe de la procédure prud’homale. L’oralité caractérise la procédure qui ne repose pas sur des écrits mais sur des échanges verbaux à l’audience. Dans le procès prud’homal, les conclusions écrites ne sont valables que si l’argumentation qu’elles contiennent est développée oralement lors de l’audience et actée par le greffe. ORDONNANCE (Voir DÉCISION) Au conseil de prud’hommes, décision rendue par le bureau de conciliation ou le bureau de référé. PARITAIRE Au conseil de prud’hommes, le paritarisme se définit par la représentation d’un nombre égal de représentants de chaque collège dans toutes les activités du conseil. PARTIES Personne physique ou morale (voir DEMANDEUR, DÉFENDEUR) engagée dans une instance judiciaire. POLICE DE L’AUDIENCE Exercée par le président d’audience, elle permet le bon déroulement du procès et le respect du droit des parties. POURVOI EN CASSATION Voie de recours d’une décision rendue soit en dernier ressort, soit par une cour d’appel. (Voir chapitre sur les voies de recours, page 100.)

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POUVOIR Le pouvoir est un acte écrit par lequel une organisation syndicale permet à des délégués permanents ou non permanents d’assister ou de représenter une partie à une audience. Le pouvoir est souvent appelé à tort « mandat ». (Voir MANDAT.) PRÉSENCE Fait de se trouver à un moment donné en un lieu déterminé. Ne pas confondre avec « comparution » : la comparution fait suite à une convocation, la présence est un acte volontaire. Exemple : une personne qui est présente à une audience pour en représenter une autre sans motif légitime d’absence, rend la partie convoquée « non comparante ». PRÉTENTIONS Moyens de fait ou de droit soumis au juge et déterminant l’objet du litige. (Voir MOYENS.) PRINCIPAL (à titre principal) Au conseil de prud’hommes, décision rendue par le bureau de jugement en premier ou dernier ressort. Se distingue de la décision rendue « à titre provisoire ». PROCÉDURE Ensemble de règles et d’actes judiciaires régissant le procès. PROCÈS Litige soumis à l’examen des juges. PRONONCÉ Lecture par le juge, en audience publique, du dispositif de la décision prise par la juridiction. PROVISIONS À ne pas confondre avec « acompte, arrhes, partie de… ». Au conseil de prud’hommes, se dit d’une décision rendue à titre provisoire qui peut être modifiée par la suite. PROVISOIRE (à titre provisoire) Au conseil de prud’hommes, se dit d’une décision rendue par le bureau de conciliation ou le bureau de référé. Se distingue de la décision rendue « à titre principal ». RECOURS (Voir APPEL, POURVOI EN CASSATION) RÉPERTOIRE GÉNÉRAL (Voir RÔLE)

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REPRÉSENTATION Procédé juridique par lequel une personne appelée « représentant » agit au nom et pour le compte d’une personne appelée « représentée ». RESSORT Le ressort indique l’étendue de la compétence d’une juridiction soit du point de vue géographique, soit du point de vue matériel (ou d’attribution). C’est aussi un qualificatif servant à caractériser une décision. (voir TAUX DU RESSORT.) Une décision rendue en premier ressort peut faire l’objet d’un appel, puis d’un pourvoi en cassation. Une décision rendue en dernier ressort ne peut faire l’objet que d’un pourvoi en cassation. RÔLE Nom donné dans la pratique au répertoire général des affaires dont la juridiction est saisie. Les affaires sont inscrites dans l’ordre chronologique d’arrivées par le secrétariat-greffe qui leur attribue un numéro d’inscription SACHANT Personne que les conseillers rapporteurs peuvent entendre au cours de leur instruction. SAISINE La saisine n’est pas le dépôt d’une demande. (Voir ACTE INTRODUCTIF D’INSTANCE.) La saisine débute par un acte consistant, pour un demandeur, à porter son différend devant une juridiction. Elle se termine par une décision définitive. L’appel n’interrompt pas la saisine. SECRÉTARIAT-GREFFE Ensemble des services administratifs des juridictions assurés par des fonctionnaires appelés greffiers. STATUER Rendre une décision. TAUX DU RESSORT Somme fixée par décret qui permet de déterminer la voie de recours possible. Actuellement, lorsque le total des demandes est inférieur ou égal à 4 000 euros, la décision est qualifiée en « dernier ressort ». Au-delà, la décision est en « premier ressort ».

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RESSORT

MODE DE COMPARUTION LA DÉCISION EST QUALIFIÉE DE :

VOIE DE RECOURS POSSIBLE

PREMIER RESSORT ° Demandeur comparant

(en personne ou représenté) ° Défendeur comparant

(en personne ou représenté) CONTRADICTOIRE APPEL

PREMIER RESSORT

° Demandeur comparant (en personne ou représenté)

° Défendeur absent (ni en personne ni

représenté)

RÉPUTÉE CONTRADICTOIRE APPEL

PREMIER RESSORT

° Demandeur absent (ni en personne ni

représenté) ° Défendeur comparant (en

personne ou représenté) qui demande un

jugement sur le fond en vertu de l’art.

468 du C.P.C.

CONTRADICTOIRE APPEL

PREMIER RESSORT

° Demandeur comparant (en personne ou représenté) ° Plusieurs défendeurs dont

un ne comparaît pas (art. 474 du

C.P.C.)

RÉPUTÉE CONTRADICTOIRE

à l’égard de tous APPEL

DERNIER RESSORT ° Demandeur comparant

(en personne ou représenté) ° Défendeur comparant

(en personne ou représenté) CONTRADICTOIRE POURVOI EN CASSATION

DERNIER RESSORT

° Demandeur absent (ni en personne ni

représenté) ° Défendeur comparant

(en personne ou représenté) qui

demande un jugement sur le fond

en vertu de l’art. 468 du C.P.C.

CONTRADICTOIRE POURVOI EN CASSATION

DERNIER RESSORT

° Demandeur comparant (en personne ou représenté)

° Défendeur absent (ni en personne ni représenté)

(citation délivrée à personne convoquée en A.R. signé

ou émargement en personne, art. 473 du C.P.C

RÉPUTÉE CONTRADICTOIRE POURVOI EN CASSATION

DERNIER RESSORT

° Demandeur comparant (en personne ou représenté) ° Défendeur absent (ni en personne ni représenté) (citation non délivrée à

personne)

PAR DÉFAUT

POURVOI (pour le demandeur)

OPPOSITION

(pour le défendeur absent)

DERNIER RESSORT

° Demandeur comparant (en personne ou représenté) ° Plusieurs défendeurs dont

un ne comparaît pas (citation délivrée à personne

art. 474 du C.P.C.)

RÉPUTÉE CONTRADICTOIRE

À L’ÉGARD DE TOUS POURVOI EN CASSATION

DERNIER RESSORT

° Demandeur présent ° Plusieurs défendeurs dont un ne comparaît pas (citation non délivrée à personne art.

474 du C.P.C.)

PAR DÉFAUT

POURVOI (pour justiciables

comparants)

OPPOSITION (pour les défaillants)

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Ce guide a été réalisé sous la direction de Laurent Milet, docteur en droit, rédacteur en chef de la Revue pratique de droit social (RPDS) avec la collaboration de : Gérard Rul et Fabienne Comiti (Prudis CGT) Philippe Masson (collectif confédéral DLAJ CGT) Aude Le Mire (rédactrice à la RPDS). Maquette et mise en page : Coralie Druelle (Modifiée par UD CGT 88) Secrétaire de rédaction : Olivier Lannuzel Dessins : Babouse VO Éditions, « collection juridique » 263, rue de Paris, case 600, 93516 Montreuil Cedex Directeur : Alain Guinot ISBN : 978-2-913462-01-04 Code article : 01080415 Dépôt légal : juin 2008