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Bonaventure SONKÉLaboratoire de Botanique systématique et d’Écologie,
Département des Sciences biologiques, École normale supérieure de Yaoundé,Université de Yaoundé I, B.P. 047, Yaoundé (Cameroun)
[email protected] Laboratoire de Botanique systématique et de Phytosociologie, Université libre de Bruxelles,
50 avenue F. Roosevelt, C.P. 169, B-1050 Bruxelles (Belgique)[email protected]
Piet STOFFELENNational Botanic Garden, Domein van Bouchout, B-1860 Meise (Belgique)
Une nouvelle espèce de Coffea L.(Rubiaceae, Coffeeae) du Cameroun et quelques notes sur ses affinités avec les espèces voisines
RÉSUMÉUne nouvelle espèce de Coffea (Rubiaceae) du Cameroun, Coffea fotsoanaStoffelen & Sonké, est décrite et illustrée ici. Une carte montrant sa distribu-tion est présentée. Les affinités avec les espèces voisines sont discutées et uneclé de détermination est proposée pour toutes les espèces connues auCameroun. Le statut de conservation est donné pour cette espèce, en utilisantles catégories des Listes Rouges de l’UICN.
ABSTRACTA new species of Coffea (Rubiaceae, Coffeeae) from Cameroon, with notes on itsaffinities with related species.A new species of Coffea (Rubiaceae) from Cameroon, Coffea fotsoana Stoffelen& Sonké, is described, illustrated and mapped. Its relationships withinthe genus are discussed and a key is provided to all species occurring inCameroon. The conservation status of this species is given, using IUCN RedList categories.
ADANSONIA, sér. 3 • 2004 • 26 (2) : 153-160© Publications Scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris.
MOTS CLÉSRubiaceae,
Coffea, Mbam Minkom,
Cameroun.
KEY WORDSRubiaceae,
Coffea, Mbam Minkom,
Cameroon.
INTRODUCTION
Le massif de Mbam Minkom fait partie d’unensemble géomorphologique bien individualiséqui, par sa forme et la richesse de son paysagemérite une attention particulière. Cet intérêt estrenforcé par les altitudes que l’on peut atteindre àcertains endroits de ce massif (1200-1295 m).Ces altitudes sont fort intéressantes compte tenudes modifications qu’elles peuvent introduiredans la flore et la végétation. En effet PORTERS (inACHOUNDONG 1985) a reconnu à Dschang et surles monts Mbanboutos un étage submontagnardbien différencié entre 800 et 1600 m. De mêmeLETOUZEY (1985) signale encore cet étage sur lespentes du mont Kupe et ce à partir de 1000 md’altitude. On est donc en droit de penser que lemassif de Mbam Minkom pourrait posséder enson sein des espèces caractéristiques des forêtssubmontagnardes. ACHOUNDONG (1985) signaleque les conditions du milieu changent à partir de1000 m ; il a été précédé dans cette affirmationpar AMIET (1975). Cet auteur signale qu’autourde 1000 m, le peuplement batrachologique subitde profondes modifications se traduisant par uncertain gradient d’altitude dans la diversité desespèces. Il est surprenant qu’en dépit de tous cesatouts, le massif de Mbam Minkom n’ait faitl’objet que de très peu d’études (KUÉTÉ 1977 ;ACHOUNDONG 1985). Il devenait urgent que desétudes d’inventaires multidisciplinaires soiententreprises afin de faire un état de lieu de ceremarquable écosystème dont l’importance estégalement renforcée par la proximité de Yaoundé.
Le massif de Mbam Minkom, tout comme lesmonts Elounden et Kala, fait partie du massif deYaoundé. Il s’étend du nord au sud et d’est enouest entre 3°42’-4°05’N et 11°17’-12°05’E. Cetensemble constitue à l’ouest et au nord-ouest unécran haut de plus de 350 m au-dessus du plateausud-camerounais (ACHOUNDONG 1985). Cetensemble de part sa forte dénivellation, sonvolume et sa position est l’un des plus importantsdu plateau sud-camerounais.
Le massif présente une structure d’ensemble endôme. Le massif de Mbam Minkom qui culmineà 1295 m épouse la forme d’un croissant quis’étire SSW-NNE sur 16 km. La dénivellationatteint localement 370 m.
Quant à l’esquisse géologique de tout le massifde Yaoundé, dont celle de Mbam Minkom, RIBES
(in ACHOUNDONG 1985) signale que tous les af-fleurements rocheux autour de Yaoundé et en par-ticulier les collines de toute la région sont formés degneiss embréchites à deux micas ou à biotite seule.
Le massif de Mbam Minkom tout commel’ensemble du massif de Yaoundé présente unetopographie assez irrégulière. Ces accidents topo-graphiques du plateau sud-camerounais ont deseffets sur la pluviosité. Ces effets sont beaucoupplus importants que ne le laisse supposer la fai-blesse des altitudes par rapport à la chaîne monta-gneuse de l’Ouest.
Au cours d’une récente étude en vue d’uninventaire de biodiversité sur le massif de MbamMinkom, l’un de nous (BS) a récolté des spéci-mens qui, de toute évidence, appartiennent augenre Coffea par leurs stipules courtement engai-nantes à la base de l’axe, 1-3(-6) inflorescencesaxillaires ou rarement terminales sur de courtsrameaux, avec à la base un ou plusieurs calicules,fleurs hermaphrodites, (4-)5-8(-12)-mères, parleurs anthères et style exserts, et des grainestypiques du genre avec le tégument séminal por-tant des scléreides. Toutefois, ces spécimens sontremarquables par la présence de la grande cica-trice observable au-dessus du fruit, unique dans legenre, par la corolle à tube long de 3-5 mm et leslobes longs d’environ 7 mm et larges de 2,5-3 mm. Une telle combinaison de caractères esttrès intéressante car non encore signalée dans legenre Coffea. Une étude bibliographique détaillée(HEPPER & KEAY 1963 ; ROBBRECHT 1988 ;STOFFELEN 1998) et une comparaison avec lematériel présent à BR, BRLU et YA nous permet-tent de confirmer qu’il s’agit effectivement d’unenouvelle espèce. DAVIS & RAKOTONASOLO
(2001) signalent que le genre Coffea compte envi-ron 92 espèces dont 44 sont présentes en Afriquecontinentale. STOFFELEN (1998) reconnaît auCameroun 10 espèces formellement décrites etdeux taxons (C. sp. « Dja Mékas », C. sp. « Nkol-bisson ») non formellement décrits faute de maté-riel en fleurs. La découverte de cette nouvelleespèce fait passer à 11 le nombre d’espècesconnues du genre Coffea au Cameroun.
À cette liste vient s’ajouter Coffea arabica L. quiest naturalisée dans différents sites. Les espèces du
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Un nouveau Coffea (Rubiaceae) du Cameroun
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genre Coffea qui sont actuellement reconnuesdans le pays sont les suivantes (la date de lapremière description est mentionnée entre paren-thèses) : C. liberica Bull. ex Hiern (1876), C. bre-vipes Hiern (1876), C. canephora A.Froehner(1897), C. congensis A. Froehner (1897), C. mayom-bensis A.Chev. (1947), C. leonimontana Stoffelen(1997), C. heterocalyx Stoffelen (1997), C. magni-stipula Stoffelen & Robbr. (1997), C. monteku-pensis Stoffelen (1997), C. bakossii Cheek &Bridson (2002). Il est important de noter que lamoitié des espèces a été découverte dans la der-nière décennie. Les spécimens réunis sous Coffeasp. « Dja Mékas » n’ont pu être rattachés à aucuntaxon connu au sein du genre Coffea. Bien queces échantillons fassent penser à Psilanthus ebrac-teolatus (STOFFELEN 1998), ils présentent toute-fois des caractères qui permettent de les ranger ausein du genre Coffea. Il s’agit des scléréides allon-gées dans le tégument séminal argenté, la pré-sence de coupe bractéale entourant le fruitcharnu. Compte tenu du fait qu’il est difficile dedistinguer le genre Coffea du genre Psilanthus uni-quement sur la base des fruits, nous préférons,comme STOFFELEN (1998), ne pas prendre dedécision définitive sur ces spécimens. Les spéci-mens rangés sous C. sp. « Nkolbisson » appar-tiennent bien au genre Coffea sans qu’il soitpossible de les mettre sous un autre taxon déjàconnu (STOFFELEN et al. 1999). Toutefois ils sonttrès proches de C. canephora mais s’en écartentpar leurs feuilles plus petites, la base arrondie dulimbe, le pétiole plus court et les étamines à filetplus long. Il est également possible de les rappro-cher de C. congensis mais ils s’en distinguent parla présence d’un seul calicule par inflorescence.
La nouvelle espèce ici décrite est dédiée auDr Roger Fotso, biologiste et ornithologue came-rounais qui a toujours su apporter son soutien àl’un de nous (BS) dans ses activités de recherches.
SYSTÉMATIQUE
Coffea fotsoana Stoffelen & Sonké, sp. nov.
Coffea fotsoana a C. mayumbensis differt discodilatato super fructum maturum, corollaque minore :tubo 3-5 mm longo et 1,5-2 mm lato ; lobis circa 7 mmlongis et 2,5-3 mm latis.
TYPUS. — Sonké 2731, Cameroun, Akoas, fl., fr.fév. (holo-, BR ! + fruits en alcool ; iso- BRLU !, K !,P !, YA ! ).
Arbuste d’environ 1,5 m de hauteur ; jeunesrameaux glabres. Feuilles à pétiole long de 4-5 mm, limbe elliptique, long de (6,5-)8-12(-13)cm et large de 4-6 cm, acumen 0,5-1 cm delongueur, cunéé à la base, papyracé à glabre ;(6)7-8(9) paires de nervures secondaires ; petitesdomaties glabres en forme de crypte aux aissellesdes nervures secondaires ; stipules longues d’envi-ron 3 mm, acuminées au sommet.
Inflorescence unique à chaque nœud, 1-2 fleurspar inflorescence ; pédoncule et pédicelle attei-gnant ensemble 3 mm. Fleurs 5-mères, soutenuespar 2 calicules avec appendices foliacés (appen-dices du calicule inférieur d’environ 2 mm etceux du calicule supérieur de 8-9 mm) ; lobes ducalice réduits à des bords courtement dentés ;corolle blanche, tube long de 3-5 mm et large de1,5-2 mm à la gorge, lobes longs d’environ 7 mmet larges de 2,5-3 mm ; anthères longues de6,5-7 mm, filaments longs de 1,5-2 mm, insertesà environ 2 mm de la base de l’anthère ; ovaireglabre, non entouré par un calicule ; disqued’environ 0,6 mm ; style et stigmate longs d’envi-ron 7,5 mm dont 3 mm de stigmate. Infru-tescence 1-2 fruits ; fruit rouge et lisse à maturité,portant une cicatrice bien distincte et élargie enun disque simulant un cratère au-dessus du fruità maturité, long de 13-15 mm, large d’environ10 mm le long de la cloison, d’environ 8 mm delarge perpendiculairement à la cloison, pédicellelong de 5 mm ; graines longues d’environ11 mm, larges d’environ 7,5 mm, tégument épaisd’environ 4 mm. — Fig. 1.
AFFINITÉS AVEC LES AUTRES ESPÈCES
Cette espèce est très proche de certaines autresespèces du genre Coffea dont certaines sont endé-miques du Cameroun. Toutefois elle s’en dis-tingue par son fruit remarquable où on observeune large cicatrice du calice élargie en un disquesimulant un cratère. Ce caractère rapproche lanouvelle espèce de C. heterocalyx (bien que leslobes du calice ne soient pas distinctement obser-vables). C Coffea fotsoana diffère bien de cetteespèce par ses petites feuilles, par son tube corollin,les lobes, le style, les anthères, les calicules et
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FIG. 1. — Coffea fotsoana Stoffelen & Sonké : A, extrémité du rameau en fleurs ; B, inflorescence et stipule ; C, fruit ; D ; coupetransversale du fruit. Sonké 2731. A, × 0,5 ; B-D, × 2.
Un nouveau Coffea (Rubiaceae) du Cameroun
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l’absence de calice sur le fruit à maturité. Une cléde détermination des espèces camerounaises dugenre Coffea est proposée ; de même le Tableau 1donne un aperçu des principaux caractères dis-tinctifs de toutes les espèces proches de la nou-velle espèce.
Il existe également une forte ressemblanceentre la nouvelle espèce et C. mayombensis. Elle se
distingue de cette dernière espèce par sa corolleplus petite (tube et lobes), par son style et sonfilet plus petits, un pédoncule plus long et unecicatrice bien distincte et élargie en un disquesimulant un cratère au-dessus du fruit à maturité.
DISTRIBUTION. — Coffea fotsoana est endé-mique du Cameroun et localisé dans le massif deMbam Minkom à environ 40 km au nord-ouestde Yaoundé. — Fig. 2.
HABITAT. — Forêt submontagnarde sempervi-rente au-dessus de 800 m.
CONSERVATION. — Coffea fotsoana, connued’une seule localité et d’une seule récolte, est, detoute évidence, très localisée. L’espèce est trèsvoyante quand elle est en fleurs et en fruits. Lesite de récolte de Coffea fotsoana est extrêmementvulnérable du fait de la pression démographiqueet des défrichements des forêts en vue des activi-tés agricoles (BS obs. pers.). De part son aire trèsrestreinte (moins de 10 km2) et du fait des chan-gements qui pourraient résulter des activitésanthropiques, cette espèce est particulièrement endanger. Par ailleurs, la population totale estiméede cette espèce est de moins de 250 individus etse résume pour le moment à l’unique individu surlequel l’échantillon a été récolté. Pour ces raisons,cette espèce peut être classée dans la catégorie CRB2 des Listes Rouges de l’UICN (2001). Lamesure de conservation ex situ dans les serres duJardin botanique national de Belgique ou dansune autre institution doit être également envisa-gée. De même il serait souhaitable d’avoir desgraines dans une banque de graines.
Clé des espèces camerounaises de Coffea
1. Plante monocaule ; limbe foliaire subspatulé, 25-48 × 7,5-13,5 cm, base arrondie à cordée, 17-19 nervuressecondaires de part et d’autre de la nervure principale ; fruit à 10-12 côtes longitudinales, (18-)20-30(-33) ×(14-)18-24 cm .............................................................................................................. 1. C. magnistipula
1’. Arbuste ou arbre ; limbe foliaire non subspatulé (si oui, alors distinctement acuminé et acumen long de plusde 1 cm [voir Coffea leonimontana]) ; limbe foliaire plus petit (si le limbe est plus long que 25 cm, il s’agitd’un grand arbuste ou même d’un arbre, mais jamais d’une plante monocaule) ; base du limbe rarementarrondie ou cordée ; fruits jamais côtelés .................................................................................................. 2
2. Calice à bords portant des lobes triangulaires longs de 0,4-5 mm, inégalement accrescents après l’anthèse ............................................................................................................................................ 2. C. heterocalyx
2’. Calice à bords uniformes ou quelquefois dentés (dents toujours inférieures à 0,4 mm de longueur), lobesnon triangulaires présents et accrescents .................................................................................................... 3
3. Stipules ne dépassant pas 8 mm de longueur ............................................................................................ 4
FIG. 2. — Distribution de Coffea fotsoana Stoffelen & Sonké.
Un nouveau Coffea (Rubiaceae) du Cameroun
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Remerciements
Le présent travail a bénéficié du soutien financier duConseil interuniversitaire de la Communauté françaisede Belgique par le biais du projet DIVEAC « Étude etutilisation de la diversité végétale pour promouvoir sagestion durable en République Centrafricaine, GuinéeÉquatoriale et Cameroun ». Le premier auteur tient àremercier spécialement le Prof. Jean LEJOLY pourl’accueil et les facilités de travail offertes au Laboratoirede Botanique systématique et de Phytosociologie del’Université libre de Bruxelles. Nous tenons à remercier
le Prof. Elmar ROBBRECHT pour ses commentaires etsuggestions sur la première version du manuscrit ;M. Pierre COMPÈRE pour la traduction de la diagnoselatine de la nouvelle espèce. L’espèce nouvelle a étérécoltée au cours d’une mission de terrain organisée encollaboration avec Cameroon Biodiversity Conserva-tion Society que nous tenons à remercier et spéciale-ment le Dr Guillaume DZIKOUK pour son soutien etses encouragements. Nous remercions M. Charlema-gne NGUEMBOU K. et Mlle Marie Noël DJUIKOUO K.pour leur collaboration au cours de la mission de ter-rain et les directeurs des herbiers cités pour le matériel
3’. Stipules de (9-)10-17(-25) mm de longueur .......................................................................... 3. C. bakossii4. Limbe foliaire long de 24-34 cm, obové ou subspatulé avec un long acumen souvent spatulé (atteignant
3 cm de longueur) ........................................................................................................ 4. C. leonimontana4’. Limbe foliaire ne dépassant pas 24 cm de longueur ; s’il dépasse 24 cm de longueur, elliptique, ové ou
obové, jamais subspatulé ou spatulé, jamais avec un acumen spatulé ........................................................ 55. Sommet du limbe foliaire apiculé ou obtus, acumen toujours inférieur à 4 mm de longueur ; domatie trans-
versale sur la nervure secondaire ou à l’aisselle de celle-ci, avec une ouverture large, facilement visible à l’œilnu ; stipules obtuses ou tronquées, rarement acuminées ........................................................ 5. C. liberica
5’. Sommet du limbe foliaire acuminé, acumen plus long que 4 mm ; domatie jamais transversale sur la nervuresecondaire, avec une ouverture petite, rarement visible à l’œil nu ; stipules acuminées .............................. 6
6. Une seule fleur par inflorescence (rarement plus) ; calicule incluant le gynécée et le calice ; calicule accres-cent et toujours présent sur le fruit à maturité ...................................................................... 6. C. brevipes
6’. Une ou plusieurs fleurs par inflorescence ; gynécée pouvant être inclus dans le calicule, mais jamais le calice ;calicule non accrescent sur le fruit à maturité ............................................................................................ 7
7. Domaties absentes ; limbe foliaire obové, rarement elliptique, 9-13 paires de nervures secondaires ; inflores-cence à pédoncule n’atteignant pas 2 mm ; corolle de couleur rose ; fruit souvent à bec au sommet .............................................................................................................................................. 7. C. montekupensis
7’. Domaties présentes .................................................................................................................................. 88. Domaties pubescentes .............................................................................................................................. 98’. Domaties glabres .................................................................................................................................... 129. Limbe foliaire elliptique .......................................................................................................................... 109’. Limbe foliaire obové .................................................................................................... 8. C. mayombensis
10. Inflorescences sous-tendues par un calicule ; fruit sphérique ou subsphérique, avec un resserrement le longde la cloison ............................................................................................................................................ 11
10’. Inflorescences sous-tendues par un calicule ; fruit obové ou elliptique, jamais sphérique, sans resserrement lelong de la cloison ................................................................................................................ 9. C. congensis
11. Limbe foliaire de (12-)16-27 × (5-)7-10,5 cm, cunéé à la base (si arrondi, alors limbe plus large que 9 cm),(7-)10-16 paires de nervure secondaire, pétiole de 0,5-1,5(-2) cm de longueur ; domatie pubescente et dutype crypte ; (1-)2-3(-4) inflorescences, avec (3-)4-9 fleurs par inflorescence, au total (4-)5-24 fleurs à la basede la feuille ; seulement un calicule pour chaque inflorescence (quelquefois un second calicule mais réduit) ;corolle à lobes (5-)8-20 mm de longueur ; anthère à filament long de 1-5 mm ; fruit presque sphérique avecun resserrement le long de la cloison ................................................................................ 10. C. canephora
11’. Limbe foliaire de 11-16 × 4,5-6 cm, presque arrondi à la base, 9-10 paires de nervure secondaire ; pétiole de0,4-0,5 cm long ; domatie pubescente, du type fosse ; 1-2 inflorescences, chacune comptant environ5 fleurs, et au total 3-5(-8) fleurs à la base du pétiole ; un calicule pour chaque inflorescence ; corolle à lobes(4-)10-16 mm de longueur ; anthère à filament de 5-7 mm longueur ; fruit presque sphérique avec unresserrement le long de la cloison .............................................................................. C. sp. « Nkolbisson »
12. Limbe foliaire large de 2-4(-5) cm, acumen long de 1-1,5 mm, 6-7 paires de nervures secondaires ; fruit soli-taire porté par un pédicelle mince de moins de 3 mm, exocarpe non charnu, fruit 8-10 mm de longueur,sans disque distinctif au sommet ................................................................................ C. sp. « Dja Mékas »
12’. Limbe foliaire large de 4-6 cm, acumen 0,5-1 mm de longueur, (6)7-8(9) paires de nervure, un fruit(rarement plusieurs) par infrutescence, fruit charnu avec un pédicelle d’environ 5 mm ; fruit long de 13-15 mm, avec un disque au sommet simulant un cratère ...................................................... 11. C. fotsoana
qu’ils ont mis à notre disposition. Les dessins ont étéréalisés par M. Antonio FERNANDEZ que nous tenons à remercier vivement, ainsi que les deux experts ano-nymes pour leurs remarques et leurs suggestions.
RÉFÉRENCES
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Soumis le 17 juillet 2003 ;accepté le 27 septembre 2004.
Sonké B. & Stoffelen P.
160 ADANSONIA, sér. 3 • 2004 • 26 (2)