union communiste (trotskyste) Élections municipales votez ... · repoussé et les pensions seront...

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ISSN 0024-7650 Prolétaires de tous les pays, unissons-nous ! UNION COMMUNISTE (trotskyste) Hebdomadaire Paraît le vendredi N° 2691 28 février 2020 1,20 € • DOM : 1,80 € L 15290 - 2691 - F: 1,20 Le journal d’Arlette Laguiller Coronavirus Épidémie dans une société malade Pages 3 et 7 Algérie Un an de mouvement populaire Page 16 Retraites Financement, au patronat de payer ! Page 6 Élections municipales Votez pour les listes de Lutte ouvrière LO

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Page 1: UNION COMMUNISTE (trotskyste) Élections municipales Votez ... · repoussé et les pensions seront diminuées, parce que le grand patronat veut payer de moins en moins. La Macronie

ISS

N 0

024-

7650 Prolétaires de tous les pays, unissons-nous !

UNION COMMUNISTE ( t rotskyste)

HebdomadaireParaît le vendrediN° 269128 février 20201,20 € • DOM : 1,80 €

L 1

5290

- 2

69

1 -

F: 1,

20 €

Le journal

d’Arlette Laguiller

CoronavirusÉpidémie dans une société malade

Pages 3 et 7

AlgérieUn an de mouvement populaire

Page 16

RetraitesFinancement, au patronat de payer !

Page 6

Élections municipalesVotez pour les listes de Lutte ouvrière

LO

Page 2: UNION COMMUNISTE (trotskyste) Élections municipales Votez ... · repoussé et les pensions seront diminuées, parce que le grand patronat veut payer de moins en moins. La Macronie

ÉDITORIALÉDITORIALAu sommaire

2 Lutt e ouvrière n° 2691 28 février 2020

Bulletins d’entreprise du 24 février

Aux municipales : dire sa révolte contre la politique

de Macron et le capitalisme !Le gouvernement s’apprête à utiliser l’article

49.3 de la Constitution pour imposer la retraite par points sans vote au Parlement. Avec plus de 300 députés LREM à l’Assemblée, il est pourtant sûr d’avoir la majorité. Il est simplement pressé d’en fi nir au plus vite avec une réforme qui a mis des centaines de milliers de travailleurs en grève et qui ne passe pas dans le monde ouvrier.

Quels que soient ses discours sur la nouvelle façon de faire de la politique, Macron préfère les bonnes vieilles méthodes autoritaires. Pour lui, comme pour ses députés, prêts à voter cette loi des deux mains, seuls comptent les intérêts des plus riches de ce pays. L’âge de la retraite sera repoussé et les pensions seront diminuées, parce que le grand patronat veut payer de moins en moins.

La Macronie risque de le payer cher politique-ment, et cela très vite puisque les élections muni-cipales auront lieu le 15 mars.

Dans les grandes villes, ce sont des élections politiques, dans le sens où l’on vote d’abord pour un parti. Bien des travailleurs souhaitent rejeter les candidats de Macron sans avoir à voter pour d’autres politiciens qui ne valent pas mieux. C’est pourquoi Lutte ouvrière présente ses propres listes dans la mesure de ses forces. Même si elle est loin de pouvoir couvrir toutes les villes, LO sera présente dans près de 240 communes.

Nos candidates et candidats sont des ouvriers, des employés, des cheminots, des manutention-naires, des techniciens, des caissières, des auxi-liaires de vie, des agents d’entretien, des hospi-taliers, des enseignants… en activité, au chômage ou à la retraite. Ils se présentent tous sous un seul et même drapeau, le camp des travailleurs, car les salariés ont à se rassembler et à défendre leurs intérêts non seulement là où ils travaillent, mais aussi là où ils vivent.

Si la lutte de classe se déroule d’abord au sein des entreprises, entre le grand patronat et les salariés, elle se poursuit au-dehors, entre pro-priétaires et locataires, entre banquiers et clients, entre multinationales de l’eau, du gaz, de l’élec-tricité, et usagers. Et, bien sûr, entre le monde ouvrier, et le gouvernement et l’État bourgeois.

La lutte de classe que mène la bourgeoi-sie creuse le fossé entre riches et pauvres. Elle condamne la jeunesse ouvrière à la précarité et à la misère et livre les quartiers populaires aux

incivilités, à la délinquance ou aux trafi cs en tout genre qui pourrissent au quotidien la vie de millions de travailleurs. C’est ainsi qu’au fi l des années des cités ouvrières se sont transformées en ghettos de pauvres.

Il est impossible de changer les choses petit bout par petit bout à l’échelle d’une municipalité. Il s’agit d’un combat général qui oppose le camp des travailleurs à une poignée de multimillionnaires.

Même avec la meilleure volonté du monde, aucun maire ne peut, à lui seul, compenser les dégâts engendrés par la société capitaliste. La cantine gratuite, la santé ou les transports publics plus accessibles, les aides qu’une munici-palité peut déployer pour la prise en charge des personnes handicapées, des anciens ou des per-sonnes isolées sont utiles et même vitales pour beaucoup. Mais cela ne peut empêcher les ravages engendrés par la fermeture d’une usine, par les licenciements, le chômage, les bas salaires, les horaires de travail infernaux, les cadences qui usent et tuent.

Aucune équipe municipale ne peut nous proté-ger de la crise économique, qui peut s’aggraver du jour au lendemain et menace tout l’édifi ce de s’écrouler. Elle ne peut pas nous protéger d’un système fou qui détruit la planète à petit feu et plonge des millions de femmes et d’hommes dans des guerres infâmes.

Alors, contrairement aux autres candidats, ceux de Lutte ouvrière ne feront pas de pro-messes électoralistes. Ils diront que les travail-leurs n’obtiendront rien d’essentiel sans imposer un certain rapport de force avec la classe capita-liste qui exerce une dictature sur la société. Dans leur lutte contre la bourgeoisie, les travailleurs sont capables d’aller encore plus loin, puisqu’ils peuvent exproprier la classe capitaliste et prendre eux-mêmes le pouvoir.

Si des candidats de Lutte ouvrière sont élus, ils seront du côté des salariés en grève contre leurs patrons, du côté des locataires menacés d’expul-sion… Et surtout, ils œuvreront auprès des tra-vailleurs pour qu’ils prennent conscience qu’il leur appartient de changer le monde.

Avec les candidats de Lutte ouvrière, rejetez les notables et les politiciens et placez-vous dans le camp des travailleurs conscients et combatifs. Affi rmez que vous ne vous résignez ni à l’exploi-tation ni au capitalisme !

LO

LEUR SOCIÉTÉCoronavirus : épidémie dans une société malade 3Le virus de la fi nancemenace l’économie 3Retraites : au patronatde fi nancer ! 6La grève des avocats conti nue 6Salon de l’agriculture : vachement d’hypocrisie 6Fessenheim :une centrale fermée,mais rien de prévu 7Fillon :les servir et se servir 7Démagogie :le virus de la xénophobie 7Blanquer :paroles, paroles 11Secteur ferroviaire 11

MUNICIPALESLutt e ouvrièredans la campagne 4Réunions publiques 4Dominique Clergue 4Michel Treppo 4Aurélie Jochaud 5260 listes LOdans 240 communes diff érentes 5

ENTREPRISESNestlé-Itancourt 12Faurecia – Beaulieu Mandeure 12Alstom-Bombardier 12RATP 13Roissy aéroport 13Composite Industrie Bondoufl e 13Hôpitaux psychiatriques 14Hôpital de Laon 14Internes à dormir debout 14Buzyn : ce n’est pas moi,c’est les autres 14Anti cancéreux : des médicaments toxiques…pour le système de santé 14Airbus 15

DANS LE MONDESyrie : les conséquences criminelles de la politi que impérialiste 8Iran : une abstenti on massive, désaveu du régime 8Procès Assange :coupable d’avoir briséla loi du silence 9États-Unis : 42 ans d’emprisonnement ! 9Allemagne : à Hanau, l’extrême droite a tué 10Inde : tout pour la galerie, rien pour les habitants 10Algérie : le mouvement populaire un an après 16

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LEUR SOCIÉTÉ

Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020 n

oron virus : épidémie dans une société maladees déclarations rassurantes d’ gnès u n, quand

elle était encore ministre de la Santé, puis de son successeur Oli ier éran, ne sont désormais plus de mise. ’épidémie de corona irus o id se dé eloppe à l’échelle de la planète et, même si l’O S Organisation mondiale de la santé n’a pas officiellement annoncé que c’était une pandémie, plus aucun pa s ne peut se croire à l’abri.

Face à une telle situation, le ministre de la Santé dé-clare que la France se pré-pare à une épidémie et an-nonce une série de mesures pour y faire face. Fort heu-reusement, i l ne reprend pas à son compte les inepties sur la possibilité de barrer la route au virus en fermant les frontières entre France et Italie, et il revendique la possibilité de prendre les mesures de confinement, com me cel les pr i ses en Chine dans la province de Wuhan et de manière plus limitée en Lombardie au-tour de la petite ville de Co-dogno. Mais l’essentiel des annonces concerne les hôpi-taux qui devront accueillir les malades.

Au x 38 hôpitau x déjà choisis, s’ajouteront dès le 25 février 70 autres, sièges d’un SAMU, « afin que tous les départements de métro-pole disposent d’un centre hospitalier capable d’ac-cueillir les malades et de les

prendre en charge du début à la n ». Les capacités de dia-gnostic du virus seront aug-mentées elles aussi « pour atteindre une capacité de plu-sieurs milliers d’analyses par jour et sur tout le territoire, contre 400 aujourd’hui ». Enfin, les commandes de masques de protection aug-menteront et une réunion de coordination avec les autres ministres de la Santé européens est prévue début mars.

Ces mesures de bon sens sont censées démontrer la volonté du gouvernement et sa compétence face à l’épi-démie. Mais la vraie ques-tion est que le système hos-pitalier français risque bien de ne pas être capable de faire face un a u de ma-lades. C’est ce qu’a expliqué le docteur Prudhomme, de l’Association des médecins urgentistes de France : « La problématique du manque de moyens de l’hôpital public demeure. Dans un hôpital

au bord de la rupture, toute surcharge d’activité a des conséquences. Les moyens dédiés aux services de ma-ladies infectieuses se feront au détriment d’autres ser-vices. » Il en sera de même, selon ce médecin, pour les tests de dépistage, car tous les hôpitaux n’ont pas les laboratoires sur place et des délais seront nécessaires. Eh oui, la situation créée par l’épidémie risque bien

de voir déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Alors, la question n’est pas seulement le virus et sa propagation à l’échelle de la planète, avec son lot de décès. La question est aussi celle des choix économiques faits par tous les gouvernements depuis bien longtemps, au détriment des hôpitaux et du système de santé, voué lui aussi à être géré sous le seul signe de la rentabilité.

Et encore la France reste-t-elle un des pays les plus riches du monde, où l’on dis-pose encore de moyens, au contraire de bien des pays d’Afrique où on manque de tout. Dans ce dernier conti-nent, comme l’a dénoncé le médecin urgentiste Pelloux, la seule mesure d’aide a été l’envoi de 60 000 tests de dé-pistage pour vingt pays… Tout un symbole !

Cédric Duval

Le virus de la finance menace l’économie

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Coronavirus les marchés dévissent , titrait en gros le ournal économique Les chos du

fé rier. ’apparition de nou eau fo ers de contagion, en orée du Sud et surtout dans le nord de l’ talie, a pro oqué la panique des marchés financiers. es ourses européennes ont perdu   en une ournée. e cours des actions des compagnies aériennes comme celui du pétrole a chuté partout dans le monde.

Ni le nombre de morts, qui reste très inférieur à celui des victimes annuelles de la grippe hivernale, ni les effets de l’épidémie sur les usines de production en Chine, et ses répercus-sions sur toute la chaîne é c onom i q ue mond i a le , ne justifient une telle pa-nique. Celle-ci est d’abord le symptôme d’une écono-mie mondiale malade de la finance, o la croissance et les indices de production industrielle sont bas et où la confiance est en erne e-puis la crise de 2008, l’injec-tion massive de capitaux par toutes les banques centrales pour sauver les banques de la faillite, leur politique de taux d’intérêt proches de zéro, voire négatifs, les aides mult iples consenties par tous les gouvernements aux capitalistes, alimentent un

monopoly mondial. Les pos-sesseurs de capitaux, ceux que les médias nomment les marc s financiers, sont sans cesse à la recherche du meilleur placement, de la meilleure opération spécu-lative. Ils utilisent chaque événement, chaque crise dans un pays ou un secteur économique, comme un ter-rain de jeu pour accroître leur fortune. Le Brexit, l’en-dettement de la Grèce ou de l’Argentine, les menaces de guerre au Moyen-Orient, les incendies géants en Aus-tralie ou en Amazonie, un hiver trop doux ? Ce sont au-tant de supports pour parier à la baisse ou à la hausse sur le cours du pétrole, du ci-ment ou du cuivre ; c’est une opportunité pour vendre telle monnaie ou telle action affaiblie par la crise du mo-ment, pour acheter des bons

du Trésor américains ou al-lemands réputés plus sûrs.

La transformation pos-sible de l’épidémie de coro-navirus, jusque-là localisée à la Chine, en une pandémie

exacerbe la nervosité des marchés f inanciers. El le offre, à ceux qui sauront anticiper avant les autres les effets de la propagation du v i r us , des occasions

d’accroître un peu plus leurs fortunes, car on peut spécu-ler à la baisse des actions comme à la hausse. Ce fai-sant, ils aggravent encore l’ instabi l ité du système. Chaque crise détruisant un peu plus la confiance que les capitalistes ont dans leur propre système, le corona-virus peut s’avérer fatal pour l’économie.

a rapacit de la finance est une menace bien plus grave que ce virus. Et le trai-tement pour éviter l’effon-drement catastrophique de l’économie mondiale n’est pas médical. Il est social. Il exige d’arracher à la bour-geoisie irresponsable les le-viers de commande de la société.

Xavier Lachau

arra e fi trant entr e de o esco en ta ie

AGENDA Fêtes de Lutte ouvrièreAr en eui

e i 29 février r r e 16    0

Complexe Jean-Vilar 9, boulevard Héloïse

e uv isi n e 1er rs

r r e 11 euresEspace Argentine 15, rue du Morvan

in iree i rs

e 16  2   euresAlvéole 12 de la base sous-marine

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4 n Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020

ÉLECTIONS MUNICIPALES

Lutte ouvrière ns nees di érents candidats au municipales multiplient

ces ours ci les promesses pour rendre la ille plus erte, plus propre, plus proche de ses cito ens

en pr nant la démocratie participati e etc. Ce sont autant de dis-

cours adaptés aux modes du moment, pour tenter de cap-ter l’attention des électeurs. Même en admettant que certaines de ces promesses soient tenues, de toute fa-çon elles ne changeront rien d’essentiel pour les couches populaires touchées par la dégradation des conditions de vie et de travail qui se

fait sentir sur les salaires, l’emploi, les loyers…

Pour les journalistes et les commentateurs, cette élection ne serait faite que d ’ u ne sér ie de matc h s , comme à Paris entre Agnès Buzyn, Rachida Dati et Anne Hidalgo. On peut noter que la majorité des candidats sont très discrets sur leur engagement politique. Ils se

présentent comme indépen-dants des partis, concentrés sur l’avenir de leur ville, de crainte que l’appartenance à LREM, à LR ou au PS ne les desserve. Les élections municipales ne seraient pas politiques, se défendent-ils.

Les candidats de Lutte ouvrière, eux, ne prétendent pas changer les choses à l’échelle d’une commune. Ils veulent affirmer un camp politique, qui est celui des travailleurs opposé à celui des capitalistes. Ils veulent condam ner la pol it iq ue

menée par les représentants des différents partis qui se sont partagé le pouvoir ou qui en rêvent pour gérer les affaires de la bourgeoisie. Ils affirmeront que, pour c an-ger leur sort, les travailleurs ne doivent compter que sur leurs propres forces. Pour tous ceux qui voteront pour les listes de Lutte ouvrière, dans les 250 villes où cela sera possible, ce vote pourra être un pas vers l’affirma-tion politique du camp des travailleurs.

Inès Rabah

o ini ue er ue ouvrière n i e on r is

« Je suis ouvrière depuis mes 19 ans. J’ai enchaîné intérim, CDD, dans un abat-toir industriel, des sous-trai-tants automobiles, etc. De-puis 1989, je travaille dans une usine de caoutchouc, Hutchinson, dans l’agglo-mérat ion de Montarg is . J’y côtoie des ouvriers de nombreux pays, d’Afrique, de Turquie, etc. Dans un même atelier, des ouvriers venus des villages voisins en côtoient d’autres qui ont traversé des mers, des continents. Ils travaillent ici et paient des impôts ; la moindre des choses serait qu ’ ils aient le droit de vote.

Les conditions qui sont faites aux travailleurs inté-rimaires me révoltent. Ils sont souvent pas ou peu for-més, alors qu ’ on leur impose des cadences intenables. Dernièrement, l ’ un d ’ entre eux a perdu ses doigts dans une machine. Quant aux salaires, i ls ne dépassent guère le smic.

La d irect ion fait tout pou r nou s d iv i ser, pa r

atelier, entre intérimaires et embauchés. Elle entre-tient un climat d’inquiétude sur l’avenir de l’usine pour nous faire accepter la dé-gradation des conditions de travail. Contrer sa propa-gande est un de mes com-bats quotidiens. Un de mes arguments est que l’entre-prise appartient au groupe Total, n°1 du CAC 40, qui a versé 8,5 milliards à ses actionnaires en 2019. Tôt ou tard il faudra bien qu’on leur demande des comptes.

Le mouvement contre la réforme des retraites a chan-gé le climat dans l’usine et parmi les classes populaires à Montargis. Tous regardent le mouvement avec sym-pathie. Les manifestations ont été l’occasion de nom-breuses discussions. La co-lère qui s’accumule ne s’est pas exprimée dans le privé, mais la braise couve sous la cendre...

Le combat se poursuit tout naturel lement dans cette élection. Je vais faire entendre le camp des tra-vail leurs, des retraités et des chômeurs dans une ville qui détient le record de chô-mage du département. Le tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. Notre liste veut être la voix de tous ceux-là, une voix de colère et de combat pour préparer le renversement de ce système d’injustice et de misère. »

i e re o ouvrier e eu eo

n i en ne« Ouvrier tôl ier retou-

cheur à l ’usi ne Peugeot de Sochaux, mon travai l consiste à corriger les dé-fauts sur les tôles assem-blées avant le passage en peinture. J’ai été embauché en CDI en 1989, quelques mois après la grande grève pour l’augmentat ion des salaires qui a duré six se-maines. À l’époque, le PDG s’était augmenté son salaire de 47 %, tandis que ceux des ouvriers étaient bloqués. Décidément, ça, ça n’a pas c ha ngé ! Par cont re, en trente ans, ce qui a changé, c’est l’explosion de l’intérim. Dans certains ateliers, il re-présente plus de 50 % des travailleurs.

Dans la com mu ne de Valentigney où je me pré-sente, beaucoup d’habitants

travaillent en intérim chez Peugeot . C ’est une com-mune ouvrière de plus de 10 000 habitants. J’y ai été consei l ler municipal de 2008 à 2014. Le bai l leur Néolia avait alors envoyé un courrier aux habitants de tous les HLM leur indiquant qu’il voulait vendre les lo-gements, et disant en gros : “ Vous achetez ou vous par-tez”. C’était hors de portée de bien des habitants retrai-tés. Avec les locataires, nous nous sommes mobilisés et une quinzaine sont venus protester au conseil muni-cipal, obligeant le maire à prendre position contre le bailleur. C’est ainsi que je conçois le mandat : aider les travailleurs à réagir et à se défendre. »

ubeu eRéunion publ ique de la Liste de défense des intérêts du monde du travail, présentée par le Parti communiste et Lutte ouvrièreMercredi 4 mars

Foyer de Sous-le-Bois, place de l’Industrie

éunions ub i ues e

Lutte ouvrièrePau27 février à 19 heuresMJC du Laü

Montauban28 février à 19 heuresMaison de quartier du Ramier

Annonay28 février à 18 heuresSalle Voûtée

Villeurbanne28 février à 19 heuresMaison Berty-Albrecht

Saint-Brieuc28 février à 20 heuresPetite salle de Robien

Villeneuve-d’Ascq28 février à 18 h 30Foyer L’âge d’or à Annapes

Troyes29 février à 15 heuresMaison de quartier des Chartreux

Nanterre29 février à 18 heuresSalle des Terrasses

Vernon29 février à 16 heuresVilla Castelli

Saint-Fons29 février à 14 h 30Salle Spot

amps sur arne29 février à 15 heuresSalle des Catalpas

Mantes-la-Jolie29 février à 17 h 30Salle de l’Agora

Poissy29 février à 17 h 45Salle Robespierre

Aubergenville1er mars à 16 heuresMaison du Voisinage

Dunkerque2 mars à 18 h 30Salle polyvalente des Glacis

Langon3 mars à 18 heuresSalle du 14-Juillet

Le Havre4 mars à 19 heuresSalle Franklin

Moulins4 mars à 18 h 30Maison des associations

Bourges4 mars à 18 heuresEspace Michel-de-Bourges

Lucé4 mars à 20 h 30Centre culturel Raymond-Desouche

Évreux4 mars à 18 heuresMaison de quartier de La Madeleine

c iro es4 mars à 18 h 30Espace D’Estienne-d’Orves

Ramonville St-Agne4 mars à 19 heuresFoyer d’Occitanie

Angers5 mars à 20 h 30Salle du Doyenné

Lannion5 mars à 20 heuresEspace Sainte-Anne

• les communes où nous nous présentons• les têtes de liste• les émissions auxquelles elles ont participé

• l’agenda des réunions publiques et des meetings

• comment nous contacter

Le si e e ne : https ://www.lutte-ouvriere.org/municipales :

LO

LO

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Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020 n 5

ÉLECTIONS MUNICIPALES

Région Département Commune

Auvergne-Rhône-Alpes

Ain Ambérieu-en-BugeyBourg-en-Bresse

Allier MontluçonMoulins

Ardèche AnnonayDrôme Valence

Isère

ÉchirollesGrenobleRivesSaint-Martin-le- inouxVifVillefontaine

Loire Saint-ChamondSaint-Étienne

Puy-de-Dôme Clermont-Ferrand

Rhône

OullinsSaint-Fons

aulx-en- elinénissieux

VilleurbanneSaint-PriestLyon 1erLyon 4e

Lyon 5e

Lyon 7e

Lyon 8e

Lyon 9e

Savoie ChambéryHaute-Savoie Annecy

Évian-les-Bains

Bourgogne-Franche-Comté

Côte-d’Or

ChenôveDijonMontbard

uetignyTalant

Doubs

AudincourtBesançonGrand-CharmontHérimoncourtMontbéliard

alentigneyJura Dole

Lons-le-SaunierNièvre Nevers

Haute-Saône HéricourtVesoul

Saône-et-Loire

AutunChalon-sur-SaôneLe CreusotMâconMontceau-les-Mines

YonneAuxerreAvallonSens

Territoire de Belfort Belfort

Bretagne

Côtes-d’ArmorLannionPloufraganSaint-Brieuc

Finistère Brest

Ille-et-VilaineAcignéFougèresRennesSaint-Jacques-de-la-Lande

Morbihan Lanester

Centre- Val de Loire

Cher BourgesVierzon

Eure-et-LoirChartresDreuxLucé

Indre Ch teaurouxIssoudun

Indre-et-LoireJoué-lès-ToursSaint-Pierre-des-CorpsTours

Loir-et-Cher Blois

LoiretFleury-les-AubraisMontargisOrléans

Grand Est

Ardennes Charleville-MézièresSedan

Aube Troyes

MarneÉpernayReimsVitry-le-François

Haute-Marne Chaumont

Meurthe-et-MoselleFrouardNancyVandoeuvre-lès-Nancy

MoselleMetzSarregueminesThionville

Bas-Rhin SchiltigheimStrasbourg

Haut-RhinColmarEnsisheimMulhouse

Hauts-de-France

AisneChâteau-ThierryLaonSaint- uentin

Nord

Villeneuve-d’AscqBruay-sur-l’EscautDenainDunkerqueFourmiesLilleMaubeugeOnnaingOrchiesRoubaixSaint-SaulveSin-le-NobleTourcoing

attrelos

Oise

BeauvaisClermontCompiègneCreilMargny-lès-Compiègne

Pas-de-Calais

ArrasCalaisLensLiévinSailly-Labourse

Somme AbbevilleAmiens

Île-de-France Ville de Paris

Paris CentreParis 5e

Paris 6e

Paris 9e

Paris 10e

Auré ie o u in r ière n i e on reui

risAvec Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier

e i rs 16  euresPalais de la Mutualité 24, rue Saint-Victor – Métro Maubert-Mutualité

L onAvec Nathalie Arthaud et Olivier Minoux

er re i 11 rs 19 0Centre culturel de Villeurbanne 234, cours Émile-Zola – Métro Flachet

Meetings

260 listes Lutte ouvrière dans 240 communes différentes

• Lutte ouvrière présente également des candidats à la Métropole de Lyon, sous la conduite d’Olivier Minoux.

• Par ailleurs, à Maubeuge (Nord), le PCF et Lutte ouvrière présentent en commun une Liste de défense des intérêts du monde du travail, conduite par Myriam Baziz (PCF) et Laurent Lehrhaupt (LO).

• Enfin, l’organisation trotskyste antillaise Combat ouvrier (UCI) présente des listes en Martinique à Fort-de-France, sous la conduite de Marie-Hellen Marthe-dite-Surelly, et en Guadeloupe à Capesterre-Belle-Eau, conduite par Jean-Marie Nomertin, et aux Abymes, conduite par Danièle Diakok.

Région Département Commune

Île-de-France

Ville de Paris

Paris 11e

Paris 12e

Paris 13e

Paris 14e

Paris 15e

Paris 17e

Paris 18e

Paris 19e

Paris 20e

Seine-et-Marne

Champs-sur-MarneChellesLognesMelunMontereau-Fault-Yonne

Yvelines

AubergenvilleCarrières-sous-PoissyLes Clayes-sous-BoisCon ans-Sainte-HonorineMantes-la-JolieLes MureauxPoissyTrappes

Essonne

Corbeil-EssonnesDraveilMassySainte-Geneviève-des-Bois

igneux-sur-SeineLes Ulis

Hauts-de-Seine

agneuxClamartClichyColombesGennevilliersMala offNanterre

Seine-Saint-Denis

AubervilliersAulnay-sous-BoisBagnoletLe Blanc-MesnilBobignyClichy-sous-BoisLa CourneuveDrancyL’Île-Saint-DenisLes LilasLivry-GarganMontreuilNoisy-le-SecPantinLe Pré-Saint-GervaisRomainvilleSaint-DenisSaint-Ouen-sur-SeineVillepinte

Val-de-Marne

AlfortvilleArcueilChoisy-le-RoiCréteilFontenay-sous-BoisIvry-sur-SeineLe Kremlin-BicêtreMaisons-AlfortOrlyThiaisVillejuifVilleneuve-Saint-GeorgesVitry-sur-Seine

Val-d’Oise

ArgenteuilBezonsCergyEaubonneErmontHerblayJouy-le-MoutierLouvres

La Réunion La Réunion Saint-Benoît

Normandie

Calvados CaenFalaise

EureÉvreuxVerneuil d’Avre et d’ItonVernon

Orne Rives d’AndaineFlers

Seine-Maritime

DieppeLe HavreOisselRouenSotteville-lès-Rouen

Nouvelle-Aquitaine

CharenteAngoulêmeRochefortLa Rochelle

Gironde

Bèglesordeaux

LangonLibourneMérignac

Pyrénées-Atlantiques PauSaint-Jean-de-Luz

Vienne ChâtelleraultPoitiers

Haute-Vienne Limoges

Occitanie

Gard Alès

Haute-Garonne

AuteriveColomiersCugnauxMuretRamonville-Saint-AgneToulouse

Hérault MontpellierSète

Hautes-Pyrénées TarbesPyrénées-Orientales Perpignan

Tarn-et-Garonne Montauban

Pays de la Loire

Loire-Atlantique NantesSaint-Nazaire

Maine-et-LoireAngersCholetLes Ponts-de-CéTrélazé

Mayenne LavalSarthe Le Grand-Lucé

Le MansVendée La Roche-sur-Yon

Provence-Alpes-Côte d’Azur

Alpes-Maritimes CarrosNice

Bouches-du-RhôneArlesMarseille 2e

Marseille 7e

Marseille 8e

Var Toulon

LO

Je su is i nf i rmière en Hématolog ie à l ’hôpita l Saint-Antoine (Paris 12e), qui fait partie de l’Assistan-ce publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). Année après année, les condit ions de travail dans les hôpitaux se dégradent. Les directions suppri ment des emplois partout : administratifs, ou-vriers, soignants, etc.

Le manque d’effect i fs dans les services de soins entraîne des fermetures de lits, et il y a actuellement 800 postes vacants d’infir-mières à l’AP-HP, sans comp-ter les emplois qu’il serait nécessaire de créer. Pour faire encore plus d’écono-mies sur le personnel, la di-rection essaye de mettre en place les 12 heures de tra-vail, de jour et de nuit, au lieu de 7 h 36 aujourd’hui. Changer ainsi, avec en plus une alternance entre le jour et la nuit, permet de sup-primer encore des emplois. Nous sommes nombreuses à ne pas l’accepter.

Ce q u i pèse aussi , ce sont les salaires qui n’aug-mentent pas. Se loger à Pa-ris ou en banlieue proche est de plus en plus difficile

De nombreux collègues dé-ménagent de plus en plus loin et cela ajoute encore de l a fat i g ue , avec des temps de transport allon-gés. Et ce ne sont pas les annonces du ministère de la Santé, promettant entre autres 66 euros par mois pour une minorité de soi-gnants, qui vont améliorer la situation !

Dans le centre hospi-tal ier André-Grégoire de Montreuil, la situation est la même q u’a i l leu rs : i l manque des effectifs dans tous les services, à tel point que ces derniers mois le bloc opératoire était régu-lièrement fermé, faute d’in-firmi res et d’anest sistes

La liste Lutte ouvrière de Montreuil est aux côtés de tous ceux qui n’acceptent pas que l’argent nécessaire pour faire fonctionner l’en-semble des services utiles à la population soit dilapi-d au profit des anques et des grandes entreprises du CAC40.

Voter Lutte ouvrière, ce sera aussi affirmer l’oppo-sition des travailleurs, qui font fonctionner toute la so-ciété, à cette situation.

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LEUR SOCIÉTÉ

6 n Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020

e r i es : au patronat de financer !Les deux premières séances de la conférence de financement du s stème de retraites, in entée par le gou ernement pour feindre de négocier face au refus de sa réforme, ont dé à eu lieu les et fé rier.

Présenté de façon pro-vocante par É douard Phi-lippe – trouvez-moi un fi-nancement, sinon j’applique l’âge-pivot – cet os à ronger jeté aux confédérations syn-dicales prêtes au dialogue ne débouchera évidemment sur rien qui soit dans l’inté-rêt des classes populaires. L’échéance fixée par Mati-gnon est à la fin avril. La première séance, le 18 fé-vrier, a consisté de la part du gouvernement à accréditer la fa le du pr tendu d ficit des retraites, qui atteindrait 12 milliards d’euros par an en 2027. Laurent Berger de la CFDT, un des initiateurs de la conférence, qui disait attendre de la réforme une prise en compte de la péni-bilité, en est jusqu’à présent pour ses frais et ne peut que dénoncer l’obstruction du Medef sur la question.

La CFE-CGC, qui se place pour tant dans une « dé -marche contributive », ne trouve rien à quoi contri-buer. Quant aux dirigeants de FO et de la CGT, i ls ne peuvent que constater pu-bliquement, pour les pre-miers que « la barque prend eau de toute part », et pour les seconds que, de leur point de vue, i l était hors de question d’accepter de discuter « de mesures de ré-gression ». À deux doigts de claquer la porte, les diri-geants CGT se sont repliés, de même que les autres or-ganisations signataires d’un communiqué commun à la suite des manifestations du 20 février, sur leur propre conférence, qu’ils organi-seraient en mars. Celle-ci pourrait être le siège d’un

« vrai débat contradictoire » en présence d’experts et d’économistes.

Pour le Medef, « au moins 90 % de l’effort doit porter sur l’âge », et il conclut sur son souhait de voir recu-ler l’âge de départ. De prise en compte de la pénibili-té du travail, point, même pas pour faire mine de jus-tifier les efforts de aurent Berger.

À l’Assemblée où pen-dant ce temps la discussion continue, le 24 février, les députés ont voté majori-tairement le premier des 65 articles du texte de la ré-forme. « Un grand bond en arrière ! », a lâché dans un lapsus révélateur une dépu-tée macroniste. Les soupirs agacés des députés LREM

devant les milliers d’amen-dements déposés par l’op-position les ont sans doute empêchés d’entendre les slogans lancés le 20 février par les mil l iers de mani-festants qui continuent de protester dans la rue contre cette attaque, toujours aussi impopulaire.

Le prétendu débat par-lementaire, tout comme le

prétendu dialogue souhai-té par le gouvernement, ne sont depuis le début qu’une mise en scène. Cette confé-rence de financement en fait partie. Censée bon an mal an reprendre mi-mars, elle n’a aucun sens, le gouverne-ment ayant averti depuis le début qu’il imposera sa ré-forme et sa politique, au be-soin à l’aide de l’article 49.3

de la Constitution. S’il y a un autre financement re-chercher au système actuel des retraites, c’est dans les poches des profiteurs du travail humain, les capita-listes, qu’il faudra le trou-ver. Quant à une loi votée par le arlement, si elle finit par l’être, elle peut être abo-lie par la rue !

Viviane Lafont

on e ri u ure : vachement d’hypocrisiePour la seconde année consécuti e, acron a utilisé le Salon de l’agriculture comme itrine pour redorer son image, a ec pas moins de heures de sourires photogéniques, de spécialités du terroir ou de erres a alés, de poignées de main et de claques sur l’épaule, oire sur le anc des aches.

La visite s ’ est terminée sans dérapage notable, l ’ important dispositif de sécurité veillant au grain : même des poussins n ’ au-raient pas pu s ’ égai l ler sans riposte policière, tant le jaune semblait la cou-leur redoutée.

M a c r o n a p u a i n -si caresser dans le sens du poi l c hac u n de ses

interlocuteurs. Mais évi-demment il n’a rien à offrir aux petits agriculteurs qui par milliers déclarent un re enu nul, oire un d ficit de leur exploitation, et qui survivent grâce au RSA. Il n’a rien à dire non plus aux ouvriers agricoles exploi-tés par les capitalistes de la terre ou dans l’industrie agroalimentaire. Ceux-là

n’ont tout simplement pas voix au chapitre au Sa-lon. Macron a bien osé re-prendre le message selon lequel , avec sa réforme des retraites, 1 000 euros seraient garantis à toutes les femmes. En attendant, des milliers d’agriculteurs et d ’ agricultrices en re-traite doivent se conten-ter de quelques centaines d ’ euros.

Comme dans tous les domaines, derrière la pré-tendue défense de la pay-sannerie arborée dans les allées du Salon, ce sont en fait les plus gros qui ont l’oreille de Macron. Ainsi

a-t-il regretté que, la veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture, l’Union euro-péenne ne soit pas parve-nue à un accord sur le bud-get notamment de la PAC, la politique agricole com-mune, c’est-à-dire les mil-liards d’aides dont l’agri-culture française est un des principaux bénéficiaires. Or ce sont principalement les grosses exploitations qui touchent ces milliards, e t mê me de s g r ou p e s comme Lactalis, un des pre-miers groupes laitiers au monde. La PAC n ’ a jamais constitué une protection pour les petits agriculteurs

face à la concurrence des plus gros ou face aux dik-tats de l ’ agro-industrie ou de la distribution.

Comme chaque année, ce Salon de l ’ agriculture a été un petit sommet d ’ hy-pocrisie, un peu comme ces dirigeants de la FNSEA qui, tout en se déclarant défenseurs de tous les pay-sans, s ’ accordent, selon les révélations de Médiapart de ces derniers jours, des émoluments supérieurs à ceux des ministres et bien supérieurs à une an-née de revenu de bien des agriculteurs.

Boris Savin

La grève des avocats continueundi fé rier, les a ocats ont interdit l’entrée

du palais de ustice de Paris, empêchant ainsi les procès programmés dans la ournée, notamment celui des Fillon. ’était selon eu une première depuis mille ans 

Depuis début janvier, les avocats sont en lutte contre la réforme des retraites du gouvernement. Ce dernier veut leur imposer un dou-blement des cotisations re-traite, qui passeraient de 14 à 28 %, et la disparition de leur caisse autonome qui, jusqu’à présent, assurait le paiement des pensions. Cet te réfor me pou r ra i t être fatale pour les avocats aux revenus modestes et les cabinets sans grande notoriété.

Les bel les paroles du gouvernement minimisant les effets de la réforme, ses

promesses de moduler l’aug-mentation des cotisations, ou la dernière proposition de la garde des Sceaux, re-venant à un tour de passe-passe, n’ont pas convaincu. En même temps qu’une ca-rotte, la ministre a agité le bâton en tentant de mobi-l iser les magistrats et les greff iers, touchés par la grève des avocats, contre les grévistes. Mais la majo-rité de ces derniers s’en sont montrés plutôt solidaires, car tous ceux qui travaillent dans le secteur de la justice savent combien les réformes antérieures ont joué un rôle

dévastateur.La manœuvre de la mi-

nistre a plutôt galvanisé les avocats en lutte. Leur mo-bilisation reste donc forte dans tout le pays, entraînant

le renvoi de milliers de pro-cès. L’attitude de mépris, ha-bituelle chez ce gouverne-ment, est bien impuissante à convaincre.

Jacques FontenoySE

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Le 20 février à Paris.

Le 20 février à Paris, les avocats aussi.

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LEUR SOCIÉTÉ

Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020 n

essen ei  : une centrale fermée, mais rien de prévuien qu’une partie du personnel refuse encore

d’obtempérer, le premier des deu réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim ient d’être mis à l’arrêt. ’autre le sera en uin, ce qui me ra fin au fonctionnement de la plus ancienne centrale nucléaire du pa s.

Le nucléaire, on le sait, comporte de nombreux dan-gers. L’accident de Tcher-nobyl, puis le naufrage de la centrale de Fukushima sous les ots d’un tsunami, sont présents dans les mé-moires. Sans compter les ra-diations que subissent ceux qui procèdent au décharge-ment-rechargement du com-bustible, les « nomades du nucléaire » nfin, demeure la quest ion des déchets, dont les plus radioactifs le sont quelquefois pour des siècles ou des millénaires.

À la suite du désastre de Fukushima et des craintes lég it i mes q u’i l a engen-drées, Hollande, lors de sa candidature à l’élection pré-sidentiel le de 2012, avait promis de ramener la part du nucléaire en France de 75 % de l’électricité produite à 50 %. Plus que d’assurer la sécurité du pays, il s’agis-sait alors d’élire Hollande.

C’est dans le cadre de cette même recherche du sou-tien des écologistes qu’Hol-lande a promis de fermer Fessenheim.

Hollande a f inalement laissé à Macron le soin d’ac-complir sa promesse. Seu-lement, rien n’est vraiment prévu. Pour le moment, la France est exportatrice de courant électrique, et donc la fermeture de Fessenheim ne la pénalise pas trop : une grande partie du courant produit par la centrale al-lait vers l’Allemagne, située juste à côté.

Mais si on arrête, non seu lement Fes sen hei m , ma i s u n g ra nd nom bre de centrales, comment les remplacer ? Le gouverne-ment parle de développer les énergies renouvelables, mais l’Allemagne, de l’autre côté du Rhin, pourtant un pay s leader en mat ière d’éoliennes et de panneaux

solaires, n’a r ien trouvé d’autre pour remplacer les centrales nucléaires qu’elle a fermées que de réactiver des centrales thermiques fonctionnant au charbon, et même au lignite. Une toute nouvelle et énorme centrale thermique au charbon vient juste de démarrer en Rhé-nanie, et les combustibles fossi les assurent 38 % de la production al lemande d’électricité. Le danger re-présenté par le nucléaire est ainsi remplacé par un autre.

Les particules fines is-sues de la combustion du

charbon et du lignite sont en effet responsables de 23 000 morts chaque année en Europe, sans compter des dizaines de milliers de ma-ladies cardiaques, respira-toires et autres.

Assurer la production d’énergie d’une façon res-ponsable qui ne mette en danger la vie ni aujourd’hui ni demain ne peut se faire à coups de décisions ponc-tuel les. Cela réclamerait une rita le planification des ressources, au moins à l’échelle de l’Europe, pour leur utilisation à long terme.

Ainsi rien n’est vraiment prévu non plus pour com-penser, dans la région de Fessenheim, la perte des 2 000 emplois d irects et des mil l iers d’emplois de sous-traitants et d’intéri-maires qui en découlera.

Il est vrai que, pour le moment, i l ne s’agit que d’assurer la campagne des municipales, en espérant le soutien des écologistes grâce à la fermeture de Fes-senheim. Plus tard il y aura la présidentielle. Et après il sera temps d’aviser…

André Victor

i on : les servir et se servire procès de François Fillon et de sa femme

Pénélope, retardé pour cause de grè e des a ocats, de ait commencer le fé rier. Fillon est accusé de détournement de fonds publics et d’abus de biens sociau et encourt di ans de prison et   euros d’amende. Son épouse est également poursui ie pour complicité.

L’affaire a éclaté en jan-vier 2017 suite aux révéla-tions du Canard enchaîné sur les emplois présumés fictifs de Pénélope Fillon. Présentée comme collabo-ratrice, assistante parle-mentaire de son député de mari, elle était rémunérée pour des travaux dont on ne trouve pas trace. L’As-semblée nationale réclame d’ailleurs plus d’un million d’euros de remboursement.

En quarante ans de vie politique, Fillon a occupé presq ue toutes les fonc-tions : maire, président de région, député, sénateur, plusieurs fois ministre sous Chirac et Premier ministre sous Sarkozy. Non seule-ment il a servi les intérêts du patronat et d’une droite très conser vatr ice, mais il ne s’est pas oublié. Tout était bon pour augmenter

ses revenu s , y compr i s les petites ficelles plus ou moins légales ou tolérées, comme les emplois ou les missions aux résultats in-trouvables confiées à des membres de sa famille.

Quoi de plus normal , pour ces pol it iciens, que de se faire entretenir par l’argent public ? Sans comp-ter bien sûr tous les avan-tages qu’on peut t irer de liens avec des patrons amis, comme Ladreit de Lachar-rière, président d’une so-c i é t é d ’ i nv e s t i s s e me n t et jusqu’à récemment de l’agence de notation Ficht, ou comme le PDG d’AXA.

Il fallait bien pour Fillon trouver de quoi entretenir son train de vie, son manoir dans la Sarthe, et tenir son rang dans le monde, celui où les grands patrons côtoient les politiciens ambitieux et

misent sur les futurs minis-trables ou présidentiables

illon affirme qu’il s’est retiré de la politique. En effet, il est devenu action-naire et associé de la société d’investissement Tikehau capital, qui gère un peu plus de 25 milliards d’euros d’ac-tifs dans le monde. Les di-rigeants lui reconnaissent une contribution au déve-loppement internat ional de la société. On peut les croire : un politicien avisé ne part pas sans un carnet d’adresses.

Mais, au fond, il n’a pas vraiment changé d’emploi. Il continue dans le privé ce qu’il a toujours fait comme homme politique : servir les intérêts du patronat, et en même temps les siens.

Sylvie Maréchal

é o ie : le virus de la xénophobieDepuis que le corona-

virus s’est propagé jusque dans le nord de l’Italie, et par conséquent aux portes de la France, les réaction-naires des deux côtés y trouvent un aliment pour développer leur propa-gande chauvine contre les dangers potentiels repré-sentés par « l’étranger. »

Le maire LR de Men-t o n a d e m a n d é l u n d i 24 février « le renforce-ment des contrôles sani-taires à la frontière, en plus des contrôles d’identité », afin de bloquer le virus. Sa ns su r pr i se, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen développent la même position. Éric Ciotti,

député LR des Alpes-Ma-ritimes, va plus loin : il se demande si « les flu avec l talie doivent tre main-tenus, compte tenu de la si-tuation » qui règne dans ce pays et réclame du gouver-nement un plan d’urgence pour y faire face. Du côté ital ien, Salvini , le dir i-geant de La Ligue, clame :

« Maintenant, il faut blo-quer les f ront ières . On l avait dit uand on deman-dait des contrôles contre l’entrée des migrants, mais on nous traitait de chacals et de fachos. »

I ncompétent s , i g no -r a n t s d e s v é r i t a b l e s moyens de lut te contre une épidémie, ces gens-là

en fait ne s’en soucient pas. Mais i ls ne peuvent manquer une occasion de spéculer sur l’ignorance et les craintes réelles que peuvent avoir les popu-lations, pour faire parler d’eux et développer leur démagogie xénophobe et raciste.

Marianne Lamiral

C.D

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RRY1

Devant la centrale de Fessenheim.

PARI

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ATC

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Les Fillon en leur château.

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DANS LE MONDE

8 n Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020

rie : les conséquences criminelles de la politique impérialiste’o ensi e de l’armée s rienne, appu ée par

l’a iation et la logistique russes, sur la région d’ dlib se poursuit. a presse relate des bombardements incessants, des illages désertés, des illes e ondrées, un million de personnes, sur les trois qui peuplent ce e région, errant dans le froid et la peur.

Pour reprendre le contrôle de la zone contre les quelques milliers de rebelles en armes qui y subsistent encore, le régime de Bachar el-Assad est en passe de la raser. La fuite vers la Turquie fron-talière est impossible : l’ar-mée turque, dont quelques détachements contrôlaient plus ou moins cette partie de la Syrie en liaison avec des rebelles, a fermé hermétique-ment la frontière.

Le président turc Erdogan est maintenant contraint de lâcher un peu du terrain pris autour d’Idlib. Mais, après avoir réduit la poche d’Id-lib, Bachar el-Assad voudra affermir aussi son contrôle sur les zones sous contrôle kurde, ce qui ne déplaira pas à Erdogan.

La presse européenne ne m nage pas les qualificatifs et les art icles désolés sur

l’impuissance occidentale quant à ce nouveau massacre perpétré en direct. Le mi-nistre français des Affaires étrangères a évoqué le 15 fé-vrier avec son collègue turc la s ituat ion humanita i re dramatique de la province d’Idlib. À l’occasion de leur réunion à Munich le 21 fé-vrier, les chefs d’État euro-péens ont appelé au cessez-le-feu et à la constitution d’un corridor umanitaire nfin, une conférence réunissant les diplomates français, al-lemands, turcs et russes est programmée pour le 5 mars.

Toutes ces simagrées n’au-ront certainement aucune conséquence pour la popula-tion d’Idlib, prise en tenaille entre les troupes djihadistes et celles du régime. Et l’opi-nion européenne, à qui elles sont destinées, aurait tort de croire qu’il pourrait en sortir

quelque chose de positif. Il n’y a rien à espérer des puis-sances impérialistes, dont ce sont précisément les actions qui ont déclenché le proces-sus conduisant au massacre actuel.

L’ensemble de la région est, depuis un siècle main-tenant et pour des raisons essentiellement pétrolières, sous la dépendance des puis-sances européennes concur-rentes et complices. Elles y font régner leur ordre par l’intermédiaire de régimes dictatoriaux, comme celui de la famille Assad en Syrie. Lorsque ces régimes expri-ment des velléités d’indépen-dance, les services secrets ou les armées occidentales exercent leu rs pressions qui parfois vont jusqu’à la guerre.

C’est ce qui s’est passé avec l’irakien Saddam Hus-sein, au prix de deux guerres menées par les États-Unis et d’une occupation catastro-phique. Quant au régime de Bachar el-Assad, la France, ex-puissance mandataire du bloc Syrie-Liban, a voulu

profiter des r oltes de dans les pays arabes pour tenter de le remplacer par un régime plus docile. Avec les États-Unis, el le a donc soutenu, financ et arm les groupes rebelles syriens, y compris les plus réaction-naires. L’Arabie saoudite, les Émirats et la Turquie ont fait de même, avec une prédilec-tion pour les plus intégristes d’entre les combattants, avec la col laborat ion des ser-vices secrets occidentaux. Mais la créature djihadiste a échappé à ses créateurs, et Daesh a déstabilisé toute la région, allant même, crime suprême, jusqu’à prendre certaines zones pétrolières. Les dirigeants occidentaux ont alors fait feu de tout bois pour les reprendre, quitte

à s’appuyer sur les milices kurdes pour les abandonner plus tard.

Après des opérations mi-litaires ayant causé des cen-taines de milliers de morts, après avoir détruit l’Irak, une bonne partie de la Syrie et déplacé des millions de ci-vils, les grandes puissances, dont la France, regardent le régime syrien reprendre le contrôle de la région d’Idlib au prix du massacre d’une population qu’elles ont elles-mêmes poussée dans une si-tuation sans issue. Cela ne les empêchera sûrement pas, si elles le peuvent, de se livrer à de nouvelles manœuvres.

Qui jugera un jour cette politique criminelle des diri-geants impérialistes ?

Paul Galois

r n : une abstention massive, désaveu du régimees élections législati es du endredi fé rier

en ran ont été marquées par une abstention record, a ec moins de   de participation en mo enne dans le pa s. es députés fa orables à l’a atollah hamenei, presque les seuls autorisés à se présenter, ont emporté sièges sur .

Dans tous les pays, même ceux dits démocratiques, les élections sont un ref let très déformé de l’état d’esprit de la population. En Iran, par-mi les déformations, outre le clientélisme et la corrup-tion, il y a la censure exercée par le Conseil des gardiens de la révolution islamique, qui peut invalider les candidats qui lui déplaisent. Ainsi plu-sieurs milliers de candidats, en particulier ceux proches d’Hassan Rohani , le pré -sident de la République qui avait signé l’accord sur le nu-cl aire en a ec les pa s occidentaux, ont été écartés. Cela explique en partie l’abs-tention la plus massive qu’ait connue l’Iran depuis la fon-dation du régime islamique, il a ans Celle ci atteint même 75 % à Téhéran. L’un des effets de l’embargo déci-dé par Trump, après sa rup-ture unilatérale de l’accord sur le nucléaire, aura donc été de renforcer le poids des plus conservateurs au sein du pouvoir iranien.

L’absence de candidats

d its modérés n’est pas la seule, ni peut-être la prin-cipale explication à la forte abstention. Rohani lui-même est largement déconsidéré. Il ne s’est opposé ni à la ré-pression féroce des manifes-tants qui protestaient contre la hausse du prix du carbu-rant en novembre dernier, ni au mensonge d’État après la destruction d’un Boeing transportant 176 passagers d’origine iranienne par un missile tiré par les Pasdaran. Bien des électeurs, en par-ticulier à Téhéran parmi la petite bourgeoisie urbaine ou la jeunesse progressiste, qui avaient voté pour Rohani et les mod r s en , ont pu

rifier que leur ote n’a ait rien changé.

Les classes populaires, quant à elles, subissent de plein fouet les effets de l’em-bargo, avec les pénuries et la

am e des pri Ces au s’ajoutent à la corruption, aux abus de pouvoir des di-gnitaires locaux du régime, à l’incurie des responsables face aux inondations et autres

catastrophes naturelles, au vol de l’eau à la campagne, aux salaires non versés dans de nombreuses entreprises. Tout cela explique pourquoi la propagande des multiples institutions de la République islamique, leurs pressions et leurs chantages n’ont pas

suffi à convaincre une ma-jorité de la population ira-nienne d’aller voter.

L’abstention massive du f rier confirme le re et du

pouvoir par une majorité de la population. La jeunesse et les classes populaires d’Iran ont montré ces dernières

années leur courage pour le contester, malgré la répres-sion. Ce qu’il faut leur oppo-ser n’est pas le régime plus ou moins pro-occidental que souhaiteraient Trump et ses alliés, mais le pouvoir des travailleurs.

Xavier Lachau

ani estation sur e campus de ran, e anvier

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DANS LE MONDE

Lutt e ouvrière n° 2691 n 28 février 2020 n 9

ro ès Ass n e : coupable d’avoir brisé la loi du silence

e tribunal britannique de ant statuer sur la demande d’e traditi on des autorités américaines à l’encontre de Julian ssange a débuté ses audiences lundi fé rier. n cas de transfert au

tats nis o il est poursui i pour espionnage, il encourrait une peine de années de prison.

L’État américain n’a ja-mais pardonné à Assange d’a oir pu li en sur son site Wikileaks plusieurs centa i nes de m i l l iers de

documents classés secret dé-fense, témoignant des exac-tions de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. L’impact de ces révélations a

été d’autant plus important que leur mise en ligne s’est accompagnée de leur publi-cation par les journaux les plus réputés d’Europe et du monde. Pendant des mois, l’opinion publique interna-tionale a pu ainsi prendre connaissance de nombreux rapports militaires faisant état d’actes de torture, d’en-lèvements et de crimes de guerre perpétrés contre des

civi ls, jetant une lumière crue sur la réalité de la po-l it ique de l ’ impérial isme américain.

Depuis dix ans, l’État US met tout en œuvre pour pu-nir ceux qui ont contribué à dévoiler ses mensonges et ses agissements. Les documents publiés avaient été transmis à Wikileaks par un jeune sol-dat alors âgé de 25 ans, Brad-ley Manning, qui avait voulu dénoncer les crimes dont il avait eu connaissance en tant qu’expert informatique de l’armée en Irak. Arrêté, placé en isolement pendant près de trois ans, il a été condamné en trente cinq ans de prison. Il a fallu une cam-pagne d’opinion en sa fa-veur pour que sa peine soit commuée par Obama, ce qui lui a permis de retrouver la liberté.

Assange, quant à lui , a été contraint de se réfugier à l’ambassade d’Équateur à

ondres en pour iter l’extradition aux États-Unis alors qu’i l était poursuivi pour agressions sexuel les par la justice suédoise, ac-cusations qu’i l a toujours

récusées et qui ont finale-ment été abandonnées. Il y est resté confiné jusqu’à ce que le gouvernement équato-rien fi nisse par le li rer la police britannique en avril

Conduit la prison de Belmarsh, vaste complexe non loin de la Tamise sou-vent décrit comme la version britannique de Guantanamo, Assange est resté pendant plusieurs mois à l’isolement. Malgré la détérioration de son état de santé, i l n’a été déplacé dans une aile médi-cale de l’établissement péni-tentiaire qu’après la publi-cation d’une lettre ouverte de soi xante médecins dé-nonçant les conditions de sa détention.

Dans leur acharnement contre le fondateur de Wiki-leaks, les dirigeants amé-r ic a i n s comptent s u r l a complicité des autorités bri-tanniques, comme sur celles de tous leurs alliés occiden-taux. Tous partagent le même refus de voir étaler au grand jour la vérité sur les sales méthodes de leurs appareils d’État.

Marc Rémy

i itaires am ricains en ra e enre d e acti ons d nonc es par Assan e

s nis :42 ans d’emprisonnement !

huc frica, un militant noir américain, membre du groupe o e, gé de ans, a été libéré en ce mois de fé rier, au terme de ans d’emprisonnement.

Le mois dernier, un autre membre de cette organisa-tion familiale, Delbert Africa,

ans, a ait t lui aussi libéré et avait déclaré : « Nous avons subi le pire que ce sys-tème puisse nous infl iger, des décennies d’emprisonnement et la perte d’êtres chers. Mais avec fierté nous sommes tou-jours là ».

ntre et , cinq autres membres du groupe avaient été libérés : Debbie, Eddie, Janet, Janine et Mike. Mais deux de leurs cama-rades, Merle et Phi l , sont morts en prison.

Move était un groupe po-litique n en iladelphie, en marge du mouve-ment noir des ann es et

Ses mem res i aient en communauté et se disaient « non-violents, révolution-naires, ant icapital istes et pour un retour à la nature ». Ils avaient adopté un nom de famille commun : Africa.

ans les ann es , l’ tat américain voulait éradiquer les mouvements noirs radi-caux avec, en tête, les militants

des Black Panthers, dont plu-sieurs membres ou dirigeants furent assassinés lors de raids policiers contre leurs locaux.

n , lors d’une perquisition de la maison de Move par la zélée police de Phila-delphie, des affrontements entraînèrent la mort d’un po-licier et conduisirent en pri-son neuf membres du groupe, condamnés à des peines al-lant jusqu’à cent ans...

n , au terme d’un important déploiement de forces, fi lmé par les télévi-sions, la pol ice lâcha une bombe depuis un hélicoptère sur leur maison, tuant cinq enfants et six adultes, dont le dirigeant de Move, John Africa. Seuls deux des pré-sents survécurent. La bombe ayant déclenché un incen-die, 61 maisons du voisinage furent d truites et personnes se retrouvèrent sans logis. Un tribunal jugea « in-consciente » l’action policière et la ville de Philadelphie fut condamnée à payer 1,5 mil-lion de dollars aux deux sur-vivants et aux proches des

morts, mais cela n’arrêta pas les poursuites contre les sur-vivants qui croupirent sept ans en prison !

Avant d’être lui aussi in-carcéré pour le crime d’un autre, le journaliste militant Mumia Abu-Jamal avait dé-noncé la répression contre Move. Car, comme pour Mu-mia, rien n’a jamais prouvé que les membres de Move étaient responsables de la mor t du pol ic ier en Mais pour les autorités de l’époque, retrouver l’auteur de ce meurtre était secon-daire. I l s’agissait d’abord et surtout de faire taire une « u ne m i nor ité noi re q u i pense », quitte à l’incarcérer pour plus de quarante ans

Jacques Fontenoy

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Les de ove

Lisez Lutte de classe, revue de l’Union communiste internationaliste

u sommaire du n mars  • ra cin mois de r volte• es apprenti s-sorciers du re it• ine les nouvelles routes de la soie• es mi rants du onduras• u e ouvri re dans les lecti ons municipales

ri , euros n oi contre cinq tim res , euro

ÉDITÉ PAR LUTTE OUVRIÈRE ° 206 A 2020 2 50LUTTE DE CLASSEUnion communiste internationaliste (trotskyste)

ISSN 0458-5143

Manifestation à Bagdad, le 4 octobre 2019.

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Irak : cinq mois de révolte

Les apprentis sorciers du BrexitLes nouvelles routes de la soieLes migrants du HondurasLutte ouvrière dans les élections municipales

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10 n Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020

DANS LE MONDE

A e ne : à Hanau, l’extrême droite a tué

n e : tout pour la galerie, rien pour les habitants

e fé rier, un tueur a aquait successi ement deu bars à chicha à anau, près de Francfort, faisant di morts et des blessés, dont un gra e. ous sont des tra ailleurs d’origine immigrée. e même que l’assassin qui a tué deu passants en octobre dernier à alle, celui de anau a laissé un manifeste raciste, anti islam, misog ne et complotiste.

Peu auparavant, le 14 fé-vrier, douze hommes d’ex-trême droite étaient arrêtés.

Dans leurs textes ils ex-pliquaient préparer des at-tentats contre des mosquées ou des hommes politiques pour déstabiliser le régime. En juin 2019, un néonazi assassinait un préfet, W. Lübcke, membre de la CDU, le parti de la chancelière, qui s’était exprimé en faveur de la politique d’accueil des migrants et avait ajouté que, si celle-ci déplaisait à des activistes d’extrême droite, ils pouvaient quitter le pays. Sur les réseaux sociaux, les appels au lynchage étaient lancés. Un élu sur cinq dé-clare aujourd’hui avoir déjà été victime de menaces de l’extrême droite.

eu ui énon en e r e roi e ou en f voris n

La vie publique en Al-lemagne est ainsi déjà de-venue plus violente. Identi-taires, hooligans, Pegida et autres groupuscules d’ex-trême droite, quoique très minoritaires, occupent l’es-pace. Dans plusieurs villes, de l’Est comme de l’Ouest, i l s pa radent rég u l ière -ment : quelques dizaines d’hommes vêtus de noir, pour se constituer en milice

prétendent que la crimina-lité augmente, sous-enten-du : à cause des migrants. Ils veulent impressionner, faire taire les voix discor-dantes et prendre symbo-l iquement possession de quartiers.

Les pouvoirs publics, qui depuis des années regardent ai l leurs et sous-estiment leur dangerosité, ont chan-gé de ton. Après des fouilles dans les milieux d’extrême droite de plusieurs régions, le ministre de l’Intérieur Seehofer (droite, CSU) a ex-pliqué que de grandes quan-tités d’explosifs et de gre-nades, ainsi que des armes automatiques avaient été saisies. Lui, dont les prises de position ressemblent sou-vent à celles de l’AfD, parle d ’ une menace d ’ extrême droite « très élevée ».

Après Hanau le 19 fé-vrier, comme après l’atten-tat de Halle, tous les partis font le lien avec le climat dé lé tèr e ent r e tenu pa r l’AfD. Un secrétaire d’État, le social-démocrate M. Roth, twittait : « L’AfD est le bras politique du terrorisme d’ex-trême droite ». Tous se la-mentent et disent sur le ton du « plus jamais ça » qu’ils vont agir, alors qu’ils savent bien que de tels attentats d’extrême droite restent non

seulement possibles, mais inscrits dans la situation.

D’autre part, ils sont bien placés pour savoir que c ’ est leur politique qui engendre la misère et aggrave l’injus-tice, au dont d coulent la misère morale ou le déses-poir sur lesquels prospère l’extrême droite. Il est signi-ficatif que le codirigeant de l’AfD Meuthen se soit réjoui récemment de l’annonce de l’aggravation de la crise éco-nomique en Allemagne : il pronostiquait avec cynisme que, dans son sillage, elle offrirait de beaux succès à son parti.

roi e e e r e roi e

Dans le climat de qua-si-union nationale qui suit l ’ attentat, l’AfD détonne évi-demment. Toujours à l’at-taque, Meuthen écrit : « Ce n’est ni du terrorisme de droite ni du terrorisme de gauche. C’est l’acte délirant d’un fou. Toute forme d’ins-trumentalisation politique de cet acte horrible est une

ineptie cynique. »Mais ce qui paraît fou,

c ’es t d’oser évoq uer ic i un terrorisme de gauche. L’A f D es t a idée en cela par les autres partis, qui prennent volontairement soin d’évoquer toujours « les extrêmes » au pluriel, ce qui vise à rejeter dos à dos fas-cistes et militants de gauche qui luttent avec leurs idées.

La CDU el le-même ali-mente ce genre d ’ amalga-mes, en campant sur sa ligne du ni-ni : pas d’alliance, ni avec l’AfD, ni avec le parti dit de gauche radicale Die Linke.

En poussant les hauts cris contre l’Af D, la CDU veut aussi fa i re ou bl ier son rôle peu glorieux dans l’élection du ministre-pré-sident de Thuringe, le 5 fé-vrier. En novembre 2019, au lendemain des élections dans ce Land, dix-sept res-ponsables régionaux de la CDU s’étaient prononcés, malgré l ’ interdit, pour l’ou-verture de pourparlers avec

l’AfD. C’est ce qui a abouti au récent scandale : l’Af D a présenté son candidat à la présidence, mais ses dé-putés ne lui ont pas donné une seule voix, votant una-nimement pour le candidat du petit parti FDP. Celui-ci, fort de cinq députés seule-ment, avait du coup été élu ministre-président avec les voix de l’AfD, de la CDU et du FDP réunis, battant d’une seule voix le candidat de Die Linke. Dans les jours sui-vants, il était devenu clair que ce coup politique avait l’assentiment des respon-sables régionaux de la CDU, dont les discours actuels de fermeté contre l ’ Af D sont donc bien peu crédibles.

Les activistes d’extrême droite ont beau n’être que de pet ites minorités, i l s marquent déjà l’ambiance, et laissent imaginer com-bien ils pourraient la pour-r ir s ’i ls devenaient plus forts, notamment avec l ’ ag-gravation de la crise.

Alice Morgen

KAI P

FAFF

ENBA

CH

Hanau, le 22 février, “Le fascisme et le racisme tuent partout”.

rump n’a fait qu’une isite éclair en nde, puisqu’il ne lui a fallu que  heures pour inaugurer un stade de cric et et faire un saut usqu’au a ahal. ais, pour bref qu’ait été le déplacement diplomatique de rump, son h te, le président indien arendra

odi, a ait quand même fait les choses en grand.Pou r la v i s ite au Taj

Mahal, 14 000 m³ d’eau ont été déversés dans la rivière longeant le bâtiment, dans le but d’empêcher les mau-vaises odeurs d’atteindre les narines de Trump, et les singes ont été chassés du lieu, sans doute pour éviter qu’ils ne le décoiffent.

Pour se rendre au stade situé dans la ville d’Ahme-dabad, la route longeait un bidonville dans lequel 20 0 0 p er s on ne s v i ve nt

depuis des décennies dans une extrême pauvreté, sans que rien n’ait jamais été fait pour elles, ni apport d’eau courante ni électricité, sans parler de l’insalubrité qui domine. Pour ne pas donner une mauvaise image de l’In-de au président américain, un mur de 600 mètres de long et de 1,20 mètre de haut a été construit en toute hâte dix jours avant le passage de Trump, et des bambous ont été plantés pour masquer

ce qui aurait pu être aper-çu depuis la voiture prési-dentielle. Les chiens et les chats errants avaient été chassés, les bords des trot-toirs peints, de gigantesques figures des deu pr sidents i nsta l lées su r u n rond-point, etc.

« La misère dans laquelle on vit, Trump de la verra pas, Modi nous cache derrière ça », constatait un habitant en colère, et deux fillettes n’avaient pas attendu d’être adultes pour comprendre la situation, disant : « Notre Premier ministre n’aime pas notre pauvreté. »

La construct ion de ce mur et le déplacement de ces pantins à Ahmedabad ont coûté 14,5 millions d’euros

pour trois heures de pré-sence, soit 80 000 euros par minute. Mais il n’y aura ja-mais une roupie dépensée

pour que les habitants du bidonvil le puissent vivre dans des conditions dignes.

Marianne Lamiral

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Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020 n 11

LEUR SOCIÉTÉ

n uer : paroles, paroles...e ministre de l’ ducation nationale Jean ichel lanquer prétend que le gou ernement fait un

e ort pour augmenter le salaire des enseignants.Sur BFM le 24 février,

le ministre a répété qu’il y aurait une revalorisation à raison de 500 mi l l ions d ’ euros par an. Une loi de programmation dest inée à revaloriser le salaire des enseignants serait prévue, mais il faudra attendre le mois de juin pour qu’elle voie – peut-être – le jour, autant dire que d’ici là ces promesses auront le temps de finir au ou liettes

Cela ne concernerait de toute façon que les nou-velles recrues. « Dès 2021, u n professeu r débuta nt gagnera 100 euros net de plus par mois », a assuré le ministre. Selon la CGT éducation, une des pistes envisagées par le gouver-nement serait d’augmenter les enseignants en d ut de carrière – seuls 14 % des enseignants seraient alors

concernés – en aissant la rémunération annuelle des autres s a iller ierre pour a iller aul est une pr at iq ue a i t ue l le de Blanquer.

uant au sur eillants, tous ceu qui tra aillent

dans l’administrat ion, à toutes cel les et tous ceu qui, de manière générale, font fonct ionner un éta-

lissement scolaire, il n’est même pas question d’envi-sager une quelconque aug-mentation de salaire. Rap-pelons que le point d’indice est gelé depuis longtemps pou r tou s les fonc t ion-naires. Comme dans le sec-teur privé, les travailleurs voient leur pouvoir d’achat

aisser d’ann e en ann eLe ministre avait fait ces

annonces pour tenter de calmer la colère des ensei-gnants alors tr s mo ilis s

cont re u ne réfor me des retraites qui fera chuter consid ra lement leu rs pensions si elle est appli-quée. Il s’agissait en même temps de fa i re croi re à

l’ensem le des salari s que les enseignants allaient y gagner quelque chose, une des multiples tentatives du gouvernement pour diviser les travailleurs en grève au

plus fort du mouvement.Force est de constater

que ce gouvernement, de plus en plus haï par tous, n’a pas réussi à convaincre.

Aline Rétesse

e eur ferrovi ire : feu vert pour le grand capitala marche ers la pri atisation et la mise en

concurrence du transport ferro iaire s’accélère.L e s g r a n d e s g a r e s ,

transformées une à une en gigantesques galeries marchandes, sont, de fait, privatisées, sous forme de concessions de plusieurs di-zaines d’années à des géants de l’immo ilier commercial, comme Klépierre à la gare Saint-Lazare ou Cogedim à Montparnasse et Austerlitz.

a gare du ord aris, est tom e, quant elle, pour 46 ans dans l’escarcelle du groupe Auchan qui contrôle les deu tiers de la soci t d’ conomie mi te cr e a ec la SNCF pour l’occasion.

Comme un s m ole, la nouvelle directrice de SNCF

ares et conne ion, arl ne Dolveck était précédemment chargée des grandes for-tunes au sein de la anque

S C Cela tom e ien son rôle est justement de faire

passer le patrimoine ferro-viaire dans celui des milliar-daires. En revanche, pour les petites gares de anlieue ou le long des lignes régio-nales, indispensa les au usagers mais pas au com-merce, c’est la fermeture qui est à l’ordre du jour.

La privatisation du trans-port régional est aussi en-clenc e epuis d cem re 2019, les régions peuvent passer des appels d’offre afin de mettre la SNCF en concur-rence d s l’e piration des conventions. Ce sera partout o ligatoire en , Renaud Muselier, qui pré-side la r gion ACA, a lan-cé un appel d’offre sur une dur e de di ans pour l’e -ploitation du Marseille-Tou-lon-Nice à partir de 2022, et autour de Nice à partir de 2024. D’autres présidents de

région, dans le Grand-Est, les auts de rance et les a s

de la Loire, annoncent vou-loir aussi organiser leur ra-derie des transports. C’est toujours l’occasion, pour ces politiciens de droite, de dé-verser leur haine des che-minots et des grèves en se posant en champions d’une ouver t u re à l a conc u r -rence… largement préparée par Hollande. La palme re-

ient al rie cresse en Ile de France, qui, outre un dispositif anti-grève, veut accélérer le mouvement et a annoncé que les trains de

anlieue seront ou erts la concurrence dans trois ans, sui is des us RA en et des métros et RER avant

, soit di ans a ant la date prévue initialement.

L es t r oi s - q u a r t s des lignes Intercités ont déjà été rel gu es au r gions, ces dernières années, alors que le mat riel roulant les ieu

Corail), était hors d’âge et à out de souffle ’ tat s’ap-

prête à offrir au privé les lignes restantes. Il vient de pu lier l’appel d’offres pour l’e ploitation de deu lignes

antes ordeau et anteson, pour di ans par-

tir de 2022. L’entretien de leurs rames pourrait être effectué comme aujourd’hui dans le technicentre SNCF de antes ou ien être lui aussi privatisé.

E n f i n , l a g ra nde v i -tesse sera aussi ouverte à la concurrence à partir de d cem re , du moins sur les tronçons les plus renta les

Derrière cette grande foire à la privatisation et à l’éclatement des opérateurs ferro iaires, il a d’a ord le d sengagement de l’ tat Un tiers du réseau ferroviaire, en particulier celui des pe-tites lignes est vétuste, faute d’entretien depuis plusieurs décennies. En 2018, Spinet-ta, auteur d’un rapport don-nant les grandes lignes de la réforme ferroviaire, préco-nisait purement et simple-ment leur a andon e ant l’hostilité des populations concernées et des chemi-nots, le gouvernement a temporisé. Il maintiendrait l’entretien, financ par S C Réseau, de certaines lignes. D’autres seraient cofinan-c es par l’ tat et les r gions

ais l’ tat se d sengagerait totalement des lignes res-tantes. Les régions auront le c oi entre leur fermeture

et l’augmentation des impôts locau pour assurer leur en-tretien et leur e ploitation

Il y a ensuite, la pers-pective de profits pour les groupes français ou étran-gers qui feraient main asse sur les morceau renta les du transport pu lic a ec des conséquences qui seront fu-nestes pour la collectivité.

L’éclatement et l’atomi-sation programmés des che-minots dans de multiples sociétés, concurrentes ou sous-traitantes en cascade est une a surdit dans un secteur où la sécurité des circulations et des passa-gers repose au contraire sur la centralisation des infor-mations et la colla oration entre les travai l leurs du rail. À des emplois utiles et qualifi s succ dent de plus en plus des ataillons de fi-nanciers, de juristes, de ma-nagers ignares en matière de transport, mais spécia-lisés dans la guerre com-merciale et les suppressions d’emplois.

Les cheminots et les usa-gers des transports sont les victimes directes de ce gâchis matériel et humain, déjà largement en cours et dont le seul ut est d’ali-menter toujours un peu plus la manne à profit. Dans ce domai ne des t ranspor ts comme dans les autres, il est urgent de retirer la direc-tion de la société à la classe capitaliste et à ses hommes de main.

Christian Bernac

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12 n Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020

DANS LES ENTREPRISES

es é n our  : grève contre les licenciementsLe groupe Nestlé a annoncé que son usine d’Itancourt, dans l’Aisne, qui emploie 158 salariés, fermera d’ici la fin de l’année . es tra ailleurs ont décidé le fé rier de se me re en grè e.

Ce jour-là, les négocia-tions de aient d finir le plan de discussion pour la ferme-ture du site. Mais les travail-leurs ont continué la grève le lendemain, ien d cid s

ne pas faire tourner l’en-treprise apr s cette annonce

comme si de rien n’ taita direction d’ tancourt,

furieuse de la reconduction, a déclaré aux salariés que cette grève les desservirait. Ceu ci ont r pondu qu’ils n’ont rien perdre, puisque

estl ferme le site

our l’instant, le groupe ne l c e pas grand c ose l propose des reclassements dont la grande ma orit sont « potentiels » et parfois sur des sites qui sem lent eu aussi menac s court terme, ainsi que des primes de d m n a ge me nt t r s fai les… Rien n’est pr u pour les int rimaires, les C e personnel de can-tine d pendant de la soci t

urest est trait sans m na-gement, dans un total d sin-térêt de sa direction.

R u n i s en assem l e générale, les travail leurs ont e prim leur refus de cette fermeture dont le seul

ut est d’accro tre les di i-dendes des actionnaires ls se pr parent pour les tapes sui antes afin de faire pa er

estl le plus possi leCorrespondant LO

ure i   e u ieu n eure : inondation d’argent public, assèchement des emplois’an dernier, la direction de Faurecia annonçait

sa décision de qui er le site de andeure qui produit des pots d’échappement pour PSA, un site trop e posé au inondations du oubs.

lle a ait esoin de re-localiser cette usine sur un nou eau site, dans le a s de ont liard, dans le ut aussi de trouver « des pistes de croissance. »

e g o u e r n e m e n t comme les collecti it s lo-cales arrosent de millions de su entions les quipe-mentiers de l’automo ile comme aurecia l s’agit pr tendument de soutenir

l’inno ation dans les ner-gies dites propres C’est tr s naturellement que aure-cia trou e un f leu e de fi-nancements pu lics pour la construction d’une nou elle usine a S , mana-tion de a s de ont liard Agglom ration A , lui rac terait pour millions l ’ancien site a andonn de andeure Ce n’est pas moins de millions que

l’ tat, la R gion, A, etc mettent sur la ta le pour le terrain, les oies d’acc s, la construction de timents sur le site de Technoland

tupesuant au ou riers

qui iendront produire, quelle garantie ont-ils que

aurecia ne continuera pas supprimer des emplois ien s r, i ls n’en ont au-

cune, et c ’ est ien ce qu ’ ils craignent.

ais ce n’est pas cela qui peut contrarier le s nateur socialiste, enthousiaste à

l’id e de oir pousser une « usine du futur, propre,

erte … » t en r ponse au rares élus qui dénoncent cette op ration prometteuse de ons profits pour aure-cia, et qui n’est pas la pre-mi re, le pr sident R de

A, lui, fait sem lant de s’ ner er our lui, « on ne donne pas d’argent aux en-treprises, on les aide à s’ins-taller. » n les aide même piller les caisses pu liques sans contrôle.

Correspondant LO

A s o o b r ier : Monopoly grandeur naturee groupe Alstom a an-

noncé le rachat de la divi-sion ferro iaire du cana-dien om ardier, pour un pri compris entre , et

, milliards de dollars Ce rac at permettrait de cr er un g ant mondial, qui pour-rait concurrencer la socié-t c inoise CRRC, num ro du secteur ’op ration doit encore être approu e par l’autorit europ enne de la concurrence qui, en f rier

, a ait re et le mariage d’Alstom a ec Siemens

e d’Alstom a d cla-r que l’emploi n’ tait pas

menac ais il n’ a aucune raison de le croire, car les rac ats de ce t pe ont tou-ours t sui is de compres-

sions de personnel, oire de fermeture d’usine au nom de la rec erc e d’ co-nomies our se rac eter les uns les autres, les capi-talistes trou ent des mil-liards. Les travailleurs des deu groupes pourront uti-liser leur nom re pour faire respecter leurs int rêts et imposer que leur patron trou e les mo ens de main-tenir les emplois

Marc Rémy

Nouvelle parution

Le r n o de Daniel Hénard – (Éditions Les ons Caractères)a r olut ion de f -

rier et les d uts de la e R pu lique, l’insur-rection ouvrière de juin

et sa r pression, le coup d’ tat de ouis a-pol on onaparte de d -cem re , forment la toile de fond de ce roman historique.

e fil conducteur est la dure vie de Juste Bourdon, un ou rier com atif de

Clamec dans la i re, f lotteur de ois qui, a ec ses compagnons, ac emine par millions les troncs des forêts du or an usqu’ Paris.

Ces f lotteurs la ie p ri l leuse souffrent de leur condition d’e ploi-t s, soumis l’ar itraire du r glement des compa-gnies ’instauration de la R pu l ique, apr s le

soul ement populaire de f rier , fait na tre en eu l’espoir d’une ie meilleure ais d ceptions et désillusions suivent et, a ec le coup d’ tat de , ils se eurtent la force des nantis et une r pression impito a le

Mais leur lutte ouvre la porte, dans le monde ou-

rier, au id es d’ manci-pation sociale

260 pages, 15 euros. n vente dans les bonnes

librairies et sur le site www.lesbonscaracteres.com

Bulletins Lutte ouvrière

rons ssis és ou s e i ions

Il para t que la direction s’apprête à présenter une nouvelle silhouette du nouveau modèle dans les salons de l’automobile. a, c’est au conditionnel.Par contre, ce qui est s r, c’est que la direction est déjà allée mendier 2 millions d’euros de subventions à l’État.Alors que Toyota a déjà annoncé plus de 16 milliards d’euros de béné ce en 9 mois seulement, à quoi vont servir ces 2 millions d’argent public, si ce n’est à augmenter un peu plus encore la fortune des actionnaires du groupe

Toyota-Onnaing

ro s in esé uri éDimanche 16 février, des tôles de toiture se sont envolées à cause de la tempête. Les dég ts n’ont été réparés que lundi alors que dimanche nous étions nombreux à travailler.L’usine tourne à fond, l’équipe de maintenance des b timents est réduite à presque rien... et ils nous saoulent avec nos responsabilités sur la sécurité

PSA-La Janais

o e i ns Le gouvernement veut fermer les urgences de attrelos à 20 heures au lieu de minuit, c’est-à-dire pile poil aux heures où il y a déjà trop de boulot à Tourcoing, à Roubaix et à Lille.La seule santé qui les intéresse, c’est celle des comptes en banque du CAC 40.

i on veut sauver les Urgences comme il y a 7 ans, il faut se mobiliser comme il y a 7 ans

CH Tourcoing

u un ef usParfois pour faire tenir un talus, on plante des arbustes, des arbres, comptant sur le système racinaire pour retenir la terre dans des ones en pente.Pour la direction NC , sur la ligne Versailles, cela a été l’idée inverse : on rase les arbres .. la suite on la conna tLa direction qui annon ait un retour à la normale quelques jours après l’éboulement, en est à repousser, repousser la date... pas à faire repousser des plantations.

SNCF-Saint-Lazare

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Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020 n 1

DANS LES ENTREPRISES

A  : la direction s’en prend aux grévistes

e sont cinq gré istes que la direction de la RATP traduit devant le conseil de discipline pour faute lourde, pouvant donc entraîner le licenciement ou des sanctions comme par e emple deu mois de mise à pied sans salaire 

La direction invoque leur participation à des actions de blocage de la sortie des bus, et pour certains d’entre eux les accuse d’avoir pro-féré des insultes, dont cer-taines homophobes (en fait les paroles de la chanson d’un rappeur passant sur la sono). Dans les procédures, la direction s’appuie parfois sur des constats d’huissiers qu’elle a payés.

Alors qu’il n’y a eu au-cune dégradation ou casse durant toute la grève, la direction menace l’emploi et les ressources de ces tra-vailleurs et donc aussi leur famille. Tous sont militants à la CGT, quatre au dépôt de Vitry, un au dépôt de Flandres. Un conducteur de métro du syndicat La Base a, lui, déjà été sanctionné de cinq jours de mise à pied pour une simple interview faite durant son travail.

Au dépôt de Vitry, la ten-sion était montée suite à la tentative de suicide de l’un des salariés convoqués, sur le lieu de travail. La direc-tion s’en moque et poursuit la procédure. Derrière l’es-prit de vengeance des direc-teurs de dépôt confrontés à une grève forte et longue ayant fait baisser les résul-tats, il y a le choix de la di-rection de la RATP. Elle se montre l’alliée ouverte du gouvernement, et du patro-nat en général, pour démo-lir les travailleurs et leurs droits.

Il y a eu durant la grève des rassemblements devant les dépôts de bus, à l’ini-tiative de manifestants ve-nant soutenir les grévistes, et la RATP a fait le choix systématique de l’usage de la force policière, à l’aide de charges de CRS et de gaz lacrymogènes, de coups de

matraque sur les grévistes et leurs soutiens. Pour les directeurs de la RATP, ta-per sur les travailleurs est juste normal . Et dans le tableau répressif on peut ajouter les complications du serveur informatique et téléphonique pour se dé-c larer en grève avant le délai de 48 heures. Et le cli-mat d’intimidation qui fait que les embauchés qui ont une période d’essai d’un an n’osent pas faire grève.

Tout cela n’a pas arrêté

la volonté de se battre, au contraire. La lutte opposant les travailleurs et la classe patronale n’en a été que plus évidente. Comme les gré-vistes l’ont maintes fois dit dans les assemblées géné-rales, ils ne veulent laisser aucun de leurs camarades seul face à la direction. Ils se

sont battus ensemble et ils continueront, en grève et en manifestation, à se battre contre ces procédures dis-ciplinaires par lesquelles la direction voudrait leur por-ter des coups en espérant les soumettre. En quoi elle se trompe lourdement.

Correspondant LO

oiss éro or : grève au ménageDepuis le 17 février, à l ’ aéroport de Roissy, une quarantaine de salariés de l ’ entreprise de ne o age Gimn ’ s (Groupe 3S) sont en grève. Ces anciens salariés de F sont a ectés au terminal .

« On s ’est ré ve i l l é », disent-i ls. I l y a un mois, ils avaient déposé leurs re-vendications, menaçant de faire grève s ’ i ls n ’ avaient pas de réponse. La direc-t ion n ’ ayant pas cru bon d’en donner une, ils sont en grève. « Et on en est f ier », disent-i ls. I ls veulent un 13e mois, une prime de va-cances de 50 % du salaire, le passage des temps partiels en temps pleins et la régu-larisation des contrats. Ils n ’ ont ni prime de panier ni

indemnités kilométriques.Aussitôt la grève déclen-

chée, la direction a fait appel à des intérimaires, ce qui est illégal et a été dénoncé. À la première négociation, el le a proposé une prime de panier plus de trois fois inférieure à celle de l’entre-prise de nettoyage GSF. Il n’était pas question pour les grévistes de se contenter de miettes.

Aéroport de Paris est le principal donneur d’ordres de ces sous-tra itants . I l

serait plus simple d’avoir une seule entreprise de mé-nage à l’aéroport de Roissy, avec du personnel embau-ché directement par ADP. Des centaines de salariés pourraient avoir le même contrat, les mêmes salaires, les mêmes primes. À l’in-verse, ADP sous-traite et sau-cissonne toutes ces entre-prises, qui se partagent les marchés du ménage. Elles renégocient les contrats tous les trois ou quatre ans, tirant les prix toujours plus bas, aux dépens des salariés. Les compagnies aériennes telles que Air France ou Ameri-can Airlines ont d’ailleurs aussi leurs sous-traitants. Tous négocient les tarifs à la baisse à chaque appel d’offres : bagagistes, sûreté, agents d ’ accueil, la quasi-to-talité des métiers de l ’ aéro-port sont ainsi sous-traités.

Face à cette situation, le personnel de ménage de Gimn ’ s a ainsi répondu par la grève, une première dans l ’ équipe. C’est visiblement la voie à suivre puisqu’ils ont obtenu une augmenta-tion de la prime panier à 5 euros, un accord d’intéres-sement avec minimum de 300 euros et la transforma-tion de deux temps partiels en temps plein.

Correspondant LO

o osi e n us rie on ou e : une grève

qui en appelle d’autresundi fé rier, dès a ant  heures, un piquet de

grè e se me ait en place dans la one industrielle de ondou e, en banlieue d’É r dans l’ ssonne.

Cette grève pour les sa-laires était organisée par deux des trois syndicats de l’entreprise Composite In-dustrie, suite aux négocia-tions annuelles qui n’accor-daient que des clopinettes aux yeux de la majorité des salariés.

C’est la première fois, depuis l’existence de cette entreprise de près de 600 sa-l a r iés (ma i s seu lement 300 CDI !), que se produit une telle grève. La nouveau-té, c’est que les travailleurs ont été poussés à bout.

L’entreprise familiale, fabricant de pièces en maté-riaux composites pour l’aé-ronautique essentiellement, a été rachetée en 2016 par le groupe Hutchinson, filiale de Total. Il y avait de quoi espérer, pour les salariés, sortir du régime de salaires très bas, malgré une techni-cit et des qualifications qui ont ustifi le rac at par ce

euron du CAC Pour la première fois

également, les mi l itants avaient organisé la semaine

précédente des assemblées du personnel, dans chaque bâtiment, qui à la grande surprise de la direction ont permis l’expression de ce mécontentement. Se mettre en grève vraiment n’a pour-tant pas été facile. La dis-persion des bâtiments dans la zone industrielle a favo-risé les pressions, comme par exemple la présence ex-ceptionnelle du directeur de fabrication à une entrée,

anqu d’un responsa le du troisième syndicat, non gré-viste, qui serrait les mains une par une en invitant à venir prendre une viennoi-serie servie à l’atelier.

Même si, pour cette pre-mière journée de grève, les participants ne se sont pas retrouvés aussi nombreux qu’espéré, la détermination et l’ambiance parmi les gré-

istes n’ont pas c i de la journée. La fierté d’avoir initié cette journée et les nombreuses d iscussions ont permis d’envisager une suite.

Correspondant LO

Pour soutenir les trois premiers grévistes convoqués :

Rassemblement les 5 et 6 mars à partir de midi, place Lachambaudie, à Paris 12e

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14 n Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020

DANS LES ENTREPRISES

i u s i ri ues : mort d’une infirmière, mépris d’une ministre

lodie, une infirmière de l’unité ps chiatrique de houars du centre hospitalier ord eu Sè res

a été poignardée le fé rier par un patient.Le décès de cette jeune

mère de famille a soulevé l’émotion dans bon nombre de services hospitaliers du pays, où des soignants se sont réunis pour lui rendre hommage. Au sent iment de tristesse s’est ajoutée la colère lorsqu’il s’est avéré qu’Agnès Buzyn, qui était encore ministre de la Santé au moment du drame, n’a même pas daigné se dépla-cer dans les Deux-Sèvres, se montrant plus préoccupée par les ennuis électoraux du parti de Macron à Paris

que par les conditions de travail dans les hôpitaux. Il est certain que, pour les gouvernants, la mort d’une infirmière sur son lieu de t ravai l , comme cel le de n’importe quel travailleur, a beaucoup moins d’impor-tance que celle par exemple d’un militaire ou d’un poli-cier, dont la mort peut four-nir l’occasion de déclara-tions sécuritaires.

La situation des hôpitaux s’est fortement dégradée ces dernières années, particu-l ièrement en psychiatrie

hospitalière, où c’est en gé-néral moins visible du pu-blic. De nombreux mouve-ments ont eu lieu et agitent encore actuel lement les hôpitaux publics, qui sont sous-financés. Les travail-leurs des hôpitaux psychia-triques du Rouvray, près de Rouen, et de Pinel à Amiens ont mené de longues luttes qui leur ont permis d’arra-cher localement quelques postes de soignants.

La pénurie de personnel est générale, engendrée par l’étranglement f inancier progressi f des établ isse-ments hospitaliers. Ce sac-cage est organisé de longue date par des gouvernements

qui préférent diriger des m i l l i a r d s d ’a r ge nt pu -blic vers les cadeaux aux grandes entreprises, plutôt que ers le financement de services indispensables à la population.

Ce drame vient rappe-ler que les solutions à l’ag-gravation des conditions de

travail, que le mouvement des Urgences puis de l’en-semble des services hospi-taliers a combattu ces der-niers mois, ne viendront pas des ministres de la Santé successifs. Elles ne pourront être imposées que par la mobilisation du personnel.

Lucien Détroit

i e L on : la santé au détriment de la santéSur le site de l’h pital de aon, dans l’ isne, les dernières tempêtes ont emporté des débris du toit, fortement amianté, d’un b timent ancien.

La direction de l’hôpi-tal tente d’expliquer que la présence d’amiante est re-censée dans tout l’établis-sement, mais que « tant que ça ne s’effrite pas, il n’y a au-cun risque. » Mais justement, dans ce bâtiment où il y au-rait la plus forte présence

d’amiante, la toiture était déjà éventrée depuis des mois, les plaques de ciment amianté qui la constituent étaient à l ’ air libre et des débris pouvaient facilement s’envoler. La tempête n’a fait qu’accélérer les choses, em-portant des morceaux qui

jonchent le sol, au pied du bâtiment.

« Nous attendions d’avoir les fonds pour traiter cette toiture, mais l’argent ne ve-nait pas », reconnaît le direc-teur. Faire démonter et éva-cuer les plaques en amiante de ce bâtiment par une en-treprise spécialisée ne se-rait pas à la portée du bud-get de l’hôpital, trop endetté. Mais pourquoi n’y a-t-il pas

d’autres crédits que ce bud-get, déjà très insuffisant ? Pourquoi faudrait-il choisir entre soigner les habitants des environs, et les empê-cher d ’ être contaminés par le poison de l ’ amiante ?

Les travaux sont désor-mais prévus. Mais le fait de laisser ce bât iment à l ’ abandon depuis des mois a fait prendre des risques importants au personnel,

dont le parking est à côté du bâtiment, aux élèves de plu-sieurs établissements sco-laires situés à proximité, à la population du quartier et aux usagers de l ’ hôpital. Ne pouvoir assurer le fonction-nement d’un établissement de santé qu’avec des risques pour la santé de tous, c’est au comble de l’absurdité.

Correspondant LO

An n éreu : des médicaments toxiques… pour le système de santé

es laboratoires r stol ers Squibb S et erc ont lancé des médicaments

anticancéreu , Opdi o et eutruda, dont un an de traitement s’élè e à   dollars.

Le record a été battu par le laboratoire Novar-tis avec le Kymriah, pour lequel il a obtenu un prix de 475 000 dol lars par traitement. Les labora-toires avancent que ces méd ic a ment s ouv rent de nouvelles possibilités pour mieux traiter les ma-lades, en permettant de développer leurs propres défenses immunitaires. Mais le créneau paraît te l lement lucrat i f q ue

d’autres molécules – près de 600 – sont en cours de développement et de commercialisation.

Conscient que ces prix phara m i neu x peuvent choquer, Novartis a pro-posé de ne pas facturer le traitement en cas d’échec. En attendant, dans tous les pays, y compris les plus riches comme la France, les prix de ces médica-ments anticancéreux de-viennent tellement élevés

que c’est l’accès aux soins pour tous qui est remis en cause. Le professeur C h a b a n n o n , d e M a r -seille, l’a expliqué : « On nous demande de faire des économies, mais tout ce que l’on peut faire est dérisoire face à de tels montants… À ce niveau-là, la toxicité pour les systèmes de santé devient aiguë. »

Et ce sera vrai tant que les laboratoires ne seront pas expropriés et les mé-dicaments produits pour le bien des patients, et pas pour le sacro-saint profit capitaliste.

Cédric Duval

e n es s oi es es u resL’ex-ministre de la Santé,

Agnès Buzyn, candidate en urgence à Paris, a déclaré que la crise des hôpitaux parisiens est due à ce que la mairie n’attribue pas de logements aux infirmières et aides-soignantes. À l’en-tendre, ni elle ni son gouver-nement n’y seraient pour rien.

C ’es t u n boba rd q ue

dénoncent les salariés des hôpitaux et la Confédéra-tion nationale du logement. D’ailleurs, la situation des hôpitaux est la même dans tout le pays, pas seulement à Paris.

Qu’elle soit au gouverne-ment ou candidate à la mai-rie, Buzun utilise la même potion magique : le baratin.

n ernes or ir ebouLe nouveau ministre de

la Santé inaugure ses fonc-tions en critiquant l ’ ancien système. « Ce n’est respon-sable ni pour leur santé, ni pour celle de leurs patients, que vous ayez des internes

qui fassent 24 heures de garde à l’hôpital », dit-il. Il ajoute : « Plus de vingt ans après son obligation, le repos de sécuri-té après une garde n’est tou-jours pas respecté .» I l est évident que des soignants

qui tombent de sommeil, ce n ’ est bon ni pour eux ni pour les malades. Ça fait des dizaines d ’ années que ça dure. Qu ’ ont donc fait les ministres de la Santé… y compris Agnès Buzyn ?

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Lutte ouvrière n° 2691 n 28 février 2020 n 15

Sur Internetwww.lutte-ouvriere.org

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u e n bonne enJe souhaite m’abonner à Lutte ouvrière Lutte de classeNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal . . . . . . . . . . . . . . .Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Ci-joint la somme de : Chèque à l’ordre de Lutte ouvrière ou virement postal : CCP 26 274 60 R Paris à adresser à LUTTE OUVRIÈRE, BP 20029, 93501 PANTIN CEDEX

L’Union communiste (trotskyste) qui publie Lutte ouvrière, sous le nom duquel elle est connue en tant qu’organisation politique, re-groupe des militants pour qui communisme et socialisme sont le seul avenir pour l’humanité. Celle-ci est menacée par les crises, l’épuisement des matières premières et des milieux naturels et les guerres dus à l’anarchie de la société actuelle, dont la divi-sion en classes sociales repose sur la concurrence économique et l’égoïsme individuel.Nous sommes convaincus que les travailleurs peuvent remplacer le capitalisme par une société libre, fraternelle et humaine car ils constituent la majorité de la population et n’ont aucun intérêt personnel au maintien de l’actuelle société. Pour cela ils devront remplacer l’État de la bourgeoisie pour créer un régime où les masses populaires exerceront elles-mêmes le pouvoir en assurant un contrôle démocratique sur tous les rouages du pouvoir écono-mique et politique. Nous disons aussi que les travailleurs n’ont pas de patrie et qu’un peuple qui en opprime un autre ne peut être un peuple libre.Les militants qui animent ce journal s’affirment trotskystes, du nom du compagnon et continuateur de Lénine, qui a combattu le stalinisme dès son origine et a péri assassiné pour n’avoir jamais cédé.

Lutte ouvrièrenion o unis e ro s s e

e bre e nion o unis e in ern on is e

QUI SOMMES-NOUS ?

ou e orres on n e L 20029 9 501 A

Tarif des abonnements Lutte ouvrièreLutte

de classe

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France, Outre-mer 20 € 40 € 15 €

Outre-mer avion 28 € 56 € 17 €

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Reste du monde 46 € 91 € 24 €

Envoi sous pli fermé : tarifs sur demande.

Soutenir financièrement Lutte ouvrière Contrairement aux partis qui défendent l’ordre social, qui sont nancés par la bour-geoisie à travers de multiples canaux, qui monopolisent les passages dans les grands médias, Lutte ouvrière ne peut compter, pour exister, éditer des a ches, des tracts,

nancer les campagnes électorales et toutes ses interventions, que sur ceux qui sympathisent avec son combat. C’est pour-quoi nous faisons appel à vous.Les dons et cotisations versés à un ou plu-sieurs partis politiques ne peuvent excé-der au total 7 500 euros par an.Si vous souhaitez nous soutenir nanciè-rement, il est possible de payer par carte bancaire sur notre site ou de nous adresser vos dons par chèque libellé à l’ordre de :Association de financement du parti Lutte ouvrière,

en les remettant à un militant ou en les envoyant à l’adresse suivante :LUTTE OUVRIÈRE BP 20029 - 93501 PANTIN CEDEX.Merci d’indiquer lisiblement vos nom, prénom et adresse, pour permettre l’envoi du re u scal auquel ce don don-nera droit. n effet, les dons à un parti politique donnent droit à une réduction d’impôt dans la proportion de 66 de ce don et dans la limite de 20 du revenu imposable. Ainsi un don de 300 euros donnera droit à une réduction d’impôts de 200 euros, à condition que l’impôt sur le revenu dépasse cette somme. Seuls les dons inférieurs à 150 euros peuvent être versés en espèces. Ces dons en espèces donnent lieu à un reçu, comme tous les autres dons, mais n’ouvrent pas

droit à une réduction fiscale. Une personne physique ne peut verser un don que si elle est de nationalité française ou si elle réside en France.L’association de financement du parti Lutte ouvrière a été agréée le 30 novembre 2009. Elle est seule habilitée à recueillir les dons de personnes identifiées. L’article 11-4 de la loi du 11 mars 1988 précise que les dons et cotisations d’une personne physique à un ou plusieurs partis politiques sont plafonnés à 7 500 euros par an. L’article 11-5 de cette loi dispose que « ceux qui ont versé des dons à un ou plusieurs partis politiques en violation de l’article 11-4 sont punis d’une amende de 3 750 euros et d’un an d’emprisonnement ».

Lutte ouvrière est éditée par la société Éditions d’Avron – 6, rue Florian 93500 Pantin – Téléphone : 01 48 10 86 20 - SARL au capital de 7 622,45 euros, durée quatre-vingt-dix-neuf ans à partir du 1er janvier 2020 – Gérant : Michel Rodinson. Associés : René Marmaros, Isaac Szmulewicz, Jean-Claude Hamon. Directeur de la publication et responsable de la rédaction : Michel Rodinson. – Tirage : 12 000 exemplaires. Impression : Paris Offset Print - 30 rue Raspail - 93120 La Courneuve – Commission paritaire des publications n° 1024 C 85576 – ISSN 0024-7650 – Distribué par les MLP (Messageries lyonnaises de presse) – Dépôt légal février 2020.

DANS LES ENTREPRISES

Airbus : 3,6 milliards perdus, mais les profits restentAirbus va payer un total de 3,6 milliards d’euros d’amendes auprès de trois organismes – le Parquet national financier français, le Serious Fraud Office britannique et le ministère américain de la Justice – pour échapper à des poursuites et enquêtes sur des faits de corruption.

En effet, pendant des an-nées, Airbus a eu à de mul-t iples reprises recours à des pratiques frauduleuses pour placer des avions un peu partout. L’Agence fran-çaise anticorruption pointe des campagnes de ventes d’avions entre 2004 et 2016, en Chine, en Corée du Sud, en Russie, en Colombie, au Népal, à Taiwan et aux Émi-rats, où Airbus a procédé

ainsi. Mais cette liste n’est certainement pas complète. Ce sont des versements à des intermédiaires qui sont vi-sés, ou directement à des di-rigeants de compagnies aé-riennes, à des ministres et chefs d’administration. Air-bus aidait généreusement ces responsables à faire leur choix.

Quelques moyens de cor-ruption ont été cités : des

sommes d’argent ronde-lettes versées dans des pa-radis fiscaux, des cadeaux luxueux, des voyages com-posés principalement ou ex-clusivement de loisirs, tous frais payés, des contrats d’engagement fictifs… Rien de très original, même si on ne nous dit pas tout.

Airbus n’est pas la seule société dans le collimateur des autorités américaines, habituées à mettre en accu-sation les grandes sociétés européennes. Avant elle, So-ciété générale, Technip et Alstom, entre autres, ont dû verser des centaines de mil-lions pour qu’on les laisse

tranquilles. Les autorités américaines veulent avoir un droit de regard sur toutes les transactions commer-ciales, et ce n’est pas seule-ment par souci de la morale. L’uti l isation du dollar, la vente d’un seul composant américain, l’existence d’une entité juridique basée aux USA leur suffisent pour s’oc-troyer des pouvoirs de ré-torsion, en particulier celui d’imposer des amendes ou celui d’interdire de partici-per aux appels d’offres aux États-Unis. Cela s’appelle la loi du plus fort, et elle sert à contrer les concurrents des groupes américains.

Mais, au fond, corrup-tion et lutte anticorruption font partie des règles du jeu de la concurrence, qui n’est loyale que dans les discours of f iciels. Une entreprise comme Airbus le sait évi-demment et, comme tous les fraudeurs, pèse les avan-tages et les inconvénients. Visiblement, la sanction ne

lui fait pas trop de peine. Certains la qualifient même de « pas si mauvaise af-faire ». Airbus s’y était pré-paré, la somme précise avait été provisionnée, des gages de bonne volonté avaient été donnés, en remplaçant une bonne partie de la direc-tion, présentée comme res-ponsable directe des faits de corruption.

Entre les déboires de Boeing évités et le soula-gement de n’être pas traî-nés devant les tribunaux, les actionnaires d’Airbus peuvent dormir tranquilles. Les 3,6 mil l iards d’euros sont simplement à classer au compte profits et pertes, q u ’ u n e a u g m e n t a t i o n de l’exploitation dans ses usines permettra de com-bler aux dépens des travail-leurs. Ainsi, le 19 février, la direction d’Airbus a annon-cé un total de 2 300 suppres-sions d’emplois, dont 400 en France.

Bertrand Gordes

Les réactions en EspagneEn Espagne où les di-

rigeants d’Airbus veulent supprimer 630 emplois, le mécontentement est réel parmi les travailleurs. Le plan comporte une réparti-tion proportionnelle des li-cenciements selon l’effectif des établissements.

En Andalousie, où Air-bu s Defen se a nd Space compte 3 059 travail leurs (sur les 8 000 salariés du g roupe da ns toute l ’Es -pagne) le groupe veut se débarrasser d’environ 250 d’entre eux. À San Pablo (Sé-ville), où 1 780 travailleurs

travai l lent sur les l ignes d’assemblage de l’A400M et du C295, cela en concer-nerait 140. À Tablada, sur 823 travailleurs en tout, 70 seraient concernés. À Puerto de Santa Maria, ils seraient 40. À tous ceux-là il faudrait ajouter des milliers de sup-pressions d’emplois chez les sous-traitants.

Beaucoup pensent qu’il s’agit d’une stratégie d’Air-bus pour négocier avec les syndicats 630 préretraites e t dépa r t s volont a i res , au l ieu de l icenciements. Mais c’est un piège car, si

les travai l leurs d’Airbus obtiennent de moins mau-vaises conditions, ce sont ceux des sous-traitants qui paieront.

Face à cet te at taq ue, des mobilisations ont com-mencé. Ainsi à Getafe, près de Mad r id , des sa lar iés d’autres entreprises comme Héroux, Iveco et John Deere se sont joints aux travail-leurs d’Airbus pour s’oppo-ser aux licenciements.

Extrait de Voz Obrera (Voix ouvrière

UCI Espagne)

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Lutte ouvrière n ire eur e ub i on : i e o inson n o ission ri ire n° 102 855 6

A érie : le mouvement populaire un an après

Enseignants du primaire à Tizi Ouzou.

Au début du mouvement, en février 2019 à Alger.

AF

Le 21 février, pour le 53e endredi consécutif, des cortèges importants ont sillonné les principales

illes d’ lgérie pour réclamer la fin du  s stème  .Il y a tout juste un an, le

pouvoir annonçait la candi-dature du président Abdela-

i oute i a, g de ans, à un cinquième mandat. La candidature d’un homme, au pou oir depuis ingt ans, impotent et muet, a été l’hu-miliation de trop qui a fait exploser la colère populaire dans tout le pays. Répondant aux appels sur les réseaux sociaux, des mi l l ions de personnes sont descendues dans la rue et ont continué à manifester contre le sys-tème politique lui-même. Mis en place au lendemain de l’indépendance, en 1962, celui-ci a fait de l’armée la colonne vertébrale du pou-

oir e peuple alg rien de-mandait des comptes à des dirigeants qu’i l accusait d’avoir pillé les richesses du pays.

epuis, l’Alg rie a cu chaque semaine au rythme du mouvement populaire le plus important depuis son indépendance, le « ira » en arabe. Le 2 avril, sous sa pression, le chef de l’armée Ahmed Gaïd Salah poussait

outef li a la d mission, devenant le nouvel homme fort du pouvoir et tentant de donner une nou elle image du r gime par une sorte d’opération mains propres qui a conduit en prison des grands patrons, des auts fonctionnaires, une dizaine de ministres et deux ex-Pre-miers ministres. Cela a mar-qué favorablement l’opinion populaire et a contribué à réduire l’ampleur des ma-nifestations, sans réussir à enrayer le mouvement ; d’autant plus que les décla-rations, les manœuvres de division et les intimidations de Gaïd Salah ont aussi at-tisé la colère de bien des manifestants.

Ceux-ci ont continué à

défier le pouvoir et à reje-ter toutes les solutions po-litiques qui émanaient de Gaïd Salah et derrière lui de l’arm e e slogan « Un État civil et non un État mi-litaire », n’a pas cessé d’être scandé. L’élection présiden-tielle prévue le 4 juillet a dû être annulée et il a fallu at-tendre le d cem re pour qu’elle ait finalement lieu malgr les manifestations et les appels au boycott.Un nouveau président

Atteignant pr s de , l’a stention a t in gale se-lon les r gions es illusions dans les élections et les as-pirat ions à une certaine stabilité ont convaincu une fraction de la population de se déplacer pour voter. Abdelmadjid Tebboune a été élu dès le premier tour apr s u ne campag ne o i l a voulu se montrer ou-

ert is is du ira l a visé l’électorat populaire en s’engageant augmen-ter le salaire minimum et à supprimer l’impôt sur le revenu, l’IRG, pour les bas salaires.

ragilis par une forte abstent ion et la mort de Gaïd Sa lah, Tebbou ne a tenté de séduire ceux qui continuaient à manifester.

n quête de l gitimit , il a multiplié les annonces sur la moral isation de la vie publique, la lutte contre la corruption et la réforme de la constitution. Il s’est en-gag am liorer les li er-tés individuelles et a donné quelques gages en faisant l ibérer des détenus et en appelant au dialogue l a ainsi reçu tous les chefs de parti et personnalités liées au ira , des islamistes aux démocrates.

Toutes ces a n nonces ont eu un effet sur le mou-vement, qui a nettement

ref lué après les élections. Mais si des manifestants ont été l i bérés, d’autres restent en prison et la po-lice proc de r guli rement à de nouvelles arrestations. Pour Tebboune, l’état de gr ce a t de courte dur e

Les travailleurs face u e e s e rise

Avec l a c r i se écono -mique qui s’aggra e et le programme d’aust rit an-nonc , l’espoir d’un c ange-ment s’est loign pour les travailleurs et les classes populaires e c mage et l’inf lation sont repartis de plus belle. Avec de nouvelles ta es et le gel des salaires, le pouvoi r d’ac hat s ’es t effondré.

Une contestation sociale s’exprime donc dans tout le pays. Les protestations se mult ipl ient pour l’ac-c s au logement, pour r -clamer le raccordement au ga ou encore l’entretien de routes défoncées. Dans plusieurs localités, les tra-vailleurs en contrats aidés, sous pa s, ont fait gr e pour e iger une em auc e

qu’ils attendent depuis des années, de même que dans certaines entreprises des travailleurs qui n’ont pas été payés depuis des mois.

Depuis cinq mois, ce sont aussi les enseignants du pri-maire qui font gr e rga-nisés en comités et avec une coordination à l’échelle du pays, ils protestent contre les bas salaires et les condi-t ions de travai l dans des écoles à l’abandon. Leur ma-nifestation nationale, lun-di f rier Alger, a d faire face à la répression.

e même, contre une gr e des personnels na igants et commerciau d’Air Alg -rie partie de la base lundi 17 février, des suspensions de postes ont été pronon-cées. Tebboune a condamné ces mouvements en parlant de gr es anarc iques et manipulées.

De nombreuses entre-prises publiques et privées sont à l’arrêt. Des dizaines de milliers de travailleurs ont t mis au c mage tec nique ou licenci s des entreprises du timent ont mis la clé sous la porte, plus d’un million d’emplois l iés à ce secteur seraient menacés. Les faillites sont nombreuses dans le secteur du commerce et de la dis-tribution. L’avenir apparaît sombre pour des millions de travailleurs inquiets de perdre un salaire qui fait vivre toute une famille.

P o u r r e n f l o u e r l e s caisses de l’État, Tebboune va continuer les attaques à l’encontre des classes po-pulaires. Il va sans doute contracter une dette auprès du , qui a dans sa ligne de mire les subventions sur le ga , l’essence et les pro-duits de première nécessité. Les travail leurs n’auront pas d’autre choix que de lut-ter pour imposer leur droit à l’existence.

ue es ers e ves Ce mouvement popu-

laire a été un sursaut de di-gnit , mettant un terme des ann es de r signation et exprimant avant tout des aspirations démocra-tiques. Aucune direction vraiment reconnue n’en a surgi e nom reuses forces politiques existantes y par-ticipent en tentant de s’en servir, des démocrates du PAD – le Pacte de l’Alterna-tive démocratique – à ceux de « Dynamique de la société civile » et aux islamistes de toutes obédiences, mais au-cune n’a réussi à s’imposer à sa tête. Et si ces forces sont en concurrence entre elles, aucune des solutions qu’elles préconisent ne met en cause les int rêts de la ourgeoi-sie alg rienne Au nom de la démocratie et de l’unité du mouvement, les intérêts des classes populaires sont ignor s

Si les partis restant sur le terrain de la ourgeoisie sont nombreux, le parti ca-pable de défendre les inté-rêts des travailleurs reste à construire. Pour ceux-ci, la démocratie restera un mot creux, s’ils sont sans emploi, dans l’impossibilité de nour-rir leur famille, de se soi-gner, d’a oir un logement et de i re dignement lle restera un mot creux s’ils sont privés de tout droit, no-tamment celui de se réunir, de faire gr e, de construire librement des syndicats.

À ce jour le mouvement populaire n’a pas obtenu de réponse à toutes ces aspi-rations ais gr ce lui, la peur a disparu. Sa persis-tance, sa capacité à exprimer le mécontentement conti-nuent mettre le gou erne-ment sous surveillance. La détermination de centaines de mil l iers de femmes et d’hommes à lutter contre un s st me qu’ils ugent in uste est un espoir pour l’avenir.

Leïla Wahda

AF