v 16 juillet 2009

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    V/ 16 juillet 2009

    Loc rva. Il rva quil tait de retour Neuves-

    Maisons. Il laissait sa femme sur le palier pour courir

    dans la maison de ses parents. Extrmement heureux

    dtre de retour, il faisait toutes les pices, une une.

    Mais il ne trouvait personne. Funky tait l lui aussi,en pleine forme. Il le suivait partout o il allait. Mais

    Loc ne faisait pas attention, il courait de plus en plus

    vite Personne, personne et encore personne. Il

    criait :

    - PAPA !! MAMAN !!

    Mais personne ntait l pour rpondre. Il tait en

    proie un sentiment affreux. Une boule au ventre, ilallait rejoindre Eveline. Sur le chemin, il se faisait une

    raison. Mais Une fois dehors :

    - Eveline ?! lanait-il.

    Sa femme ntait plus l.

    - EVELINE ! criait-il. EVELIIINEEEE !!!!!!!!!

    Personne.

    - NON !! EVELINE EVELINE !!

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    Il stait mit courir pour retrouver sa dulcine. Et

    Funky ?! O tait-il prsent ? Non mais cest pas

    vrai ! se disait-il. Funky aussi ntait plus l. Loc

    courait partout, esprant que ctait une mauvaiseblague.

    Mais Mais il tait tout seul.

    Quelques secondes et il commenait sentir

    quelque chose dtrange sur sa joue droite. Il se la

    frottait, mais il ny avait pourtant rien. Il regardait ses

    mains Elles disparaissaient.

    -

    QUOI ?!! NON !! criait-il de plus belle. NON !PAS MOI !!

    Mais rien faire, ses mains ntaient plus l et

    stait au tour de ses bras de se volatiliser. La chose

    sur sa joue samplifiait. Ctait agrable et chaud

    Mais il paniquait et hurlait impuissant :

    - NON ! NON ! NON !!! NOOOoo

    Il se rveilla. Ou plutt, on le rveilla. Quelque

    chose de gluant frottait sa joue.

    - Umf non mmmmarf ! fit-il tandis quil

    mergeait.

    Funky lui lchait la joue. Son matre, encore dans

    ses penses, se redressa et essuya son visage avec un

    air de dgout. Puis, il regarda la cause de ceci. Il prit

    alors conscience que son chien tait l, debout, sur sesquatre pattes, langue pendante, queue dchane et

    WAF !! fit-il.

    Loc nen revint pas. Allait-il bien ?! Oui

    semblait-il. Le chien lui sauta dessus et fit comprendre

    une nouvelle fois quel amour portait-il envers son

    matre.

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    - Funky ! Non ! arrte ! dit-il en se dbattant

    Mais ?! Bon sang tu vas mieux !!

    Il fallait quEveline voie cela. Il rveilla sa femme

    De manire un peu brusque certes.- Rooo maiimmm Quoi ?!! protesta-t-elle.

    - Chrie ! Chrie !! Regarde ! Funky !!!

    - Quoi ?! quest-cquy a ?!

    - WAAF ! fit lanimal.

    - Funky ? je rve, se dit Eveline. FUNKY !

    - Tas vu ! Pas croyable hein ?!

    Ils contemplrent tous deux un moment le chien,silencieux, chacun se demandant par quel miracle cela

    tait-il possible. Le monde extrieur refit surface

    progressivement. Un grondement au loin, le chant des

    oiseaux. La tente rouge filtrait la lumire du jour,

    ainsi, sous labri, tout tait dune couleur sang

    clatante. Il faisait beau dehors. Et il faisait bon. Ils

    profitrent de lagrable fracheur du matin. Cette

    journe allait tre belle ? Le retour de Funky, Le beau

    temps, la bonne humeur, tout ceci ne laissait prsager

    quune belle journe.

    Encore un grondement au loin. Malgr tout cela,

    Loc saperu quil ne pourrait prendre de douche

    avant un moment. Et cette pense ne lui plut gure. Il

    se sentait en effet trs sale, collant et moite. La bouche

    pteuse. Sa montre affichait 11h21. Funky aboya unenouvelle fois faisant savoir son matre quil voulait

    sortir. Ce dernier ouvrit donc la tente, bouscul par son

    chien ne tenant plus en place. Celui-ci se prcipita

    lextrieur, sous le regard attentif de son matre.

    Aprs stre assur quil ne se sauverait pas, notre

    hros shabilla maladroitement, tant handicap par

    ltroitesse de la toile. Eveline, elle Eh bien elle

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    stait rendormie. Toujours aussi imperturbable,

    sereine, la respiration calme, elle dormait comme une

    souche. Son mari sortit, la laissant au pays des rves et

    alla se dgourdir les jambes.

    Quel panorama magnifique. Il faisait en effet trs

    beau au-dessus de leurs ttes. De part et dautre de la

    route, des champs perte de vue. La chausse tait

    encore trempe de la veille. Dailleurs, Loc pataugeait

    dans la gadoue. Et lhorizon, occupant tout le ciel,

    la pointe du chemin dasphalte, il y avait l un cielnoir. Un norme nuage orageux. Une petite lueur

    dune fraction de seconde, puis, dix, quinze, vingt

    secondes plus tard, un grondement sourd.

    Loc marcha un peu, contemplant ce tableau digne

    des plus grands artistes. Funky courait et ne cessait de

    courir. Mais quest-ce quil test arriv ?! se

    demanda Loc tout en regardant lanimal.

    Ne trouvant aucune rponse, il dcida de manger un

    peu. Il avait toujours eu une faim de loup le matin et

    celui-ci ne fit pas exception. Cependant, il fallait,

    selon les dires de sa femme : Rationner un peu la

    nourriture. . Sous la tente, Eveline stait rveille.

    Mais, en tant que paresseuse professionnelle elle nalla

    pas se lever delle-mme Ce ne serait mme pas

    envisageable ! Loc entra et fouilla dans le saccontenant les vivres.

    - Tu prends quoi ? demanda Eveline, regardant son

    homme.

    - Mmm je sais pas. Juste un petit gteau histoire

    davoir un truc au ventre.

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    - Tiens si tu veux y a des barres chocolates dans la

    poche de devant, proposa-t-elle. Tu men passes

    une ?

    - Voil ! dit Loc en tendant la bote de barres enquestion.

    Il se laissa lui aussi tent par les biscuits et se posa

    avec sa femme pour manger.

    Un peu plus tard, Eveline finit par se lever et

    shabiller. Il tait temps de tout remballer. Etant donn

    que le sol tait une vraie marre de boue, la vieille tentenallait pas chapper la chose. Ce furent impuissants

    que nos deux hros constatrent quil fallait la nettoyer

    de fond en comble. Ils se salirent et peinrent la

    tche. Loc protesta un moment, affirmant quils

    pourraient en trouver une autre, mais Eveline contesta

    en proclamant quen cas dimprvu il valait mieux

    prvenir que gurir.

    Voil ! Tout tait finalement prs. Loc portait les

    deux sacs dos et Eveline la tente et les sacs de

    couchage. Aussi, cette dernire avait tout prvu

    mentalement en ce qui concernait la traverse du jour.

    Elle informa Loc quils ne traverseraient aucune

    grande ville.

    - En fait, normalement juste une, dit-elle. Brienne-le-Chateau. Mais en fin de journe. Si on marche

    comme je le prvois on devrait y arriver juste

    pour la nuit.

    - Ok ! dit Loc.

    Celui-ci regarda sa montre stant aperu quil

    navait aucune ide de lheure.

    12h16. Ouah ! On nest pas en avance ! se dit-il.

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    - Bon ! Ahem Allez ! Il est temps de partir,

    ajouta-t-il.

    - Go !

    Et ils repartirent, pour une nouvelle journe, sedirigeant vers lnorme masse orageuse. La route

    sannona monotone. Ce fut le mme type de route

    que la veille et ce ne fut pas la plus belle journe de

    leur vie.

    Ils marchrent, enchanrent les kilomtres,

    alternant entre les routes et les villages. Parfois un

    petit lieu-dit. Chaque regroupement de maisons,quelque soit son importance, laissait prsager une vie

    ou bien une quelconque activit. Mais chaque

    regroupement de maisons, quelle que soit son

    importance part le silence rien.

    Heureusement, Funky tait de retour. Sa simple

    prsence suffisait rjouir nos deux hros. Ainsi,

    linstar des jours prcdents, lanimal fut lobjet des

    discussions. Or, prsent, ce ne fut pas pour les

    mmes raisons : ses matres cherchrent une

    quelconque explication ce quil lui tait arriv, Loc

    pensait une dpression. Eveline, elle, mit

    lhypothse dune mauvaise digestion ou dun truc

    de ce genre . Quoi quil en ft, il tait de nouveau sur

    pied, ses matres ne demandant rien de plus. La

    discussion tourna des sujets plus terre--terre, dont ilne servirait rien de les citer.

    Ce fut une journe trs agrable. Il faisait bon, il y

    avait encore dans lair cette odeur de pluie, mais ceci

    sans les dsagrments qui y sont lis. Le ciel trouvait

    son reflet dans les flaques deau, sur le bitume. Il y

    avait encore, droit devant eux, cet orage au loin. Des

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    arbres bordaient la route et des oiseaux y chantaient

    leur joie de vivre. Un petit vent agrable soufflait,

    Funky gambadait partout o il pouvait. Un moment

    dans les champs, un autre dans les pattes de Loc.Toujours aussi agit, il ne donnait pas le moindre

    signe de fatigue. Pouvait-on dire que tout tait pour le

    mieux dans le meilleur des mondes ?

    14h55, nos deux hros aperurent quelque chose

    lhorizon, en travers de la route. Cela brillait, mais

    ctait trop loin pour dfinir exactement ce que ctait. Cest quoi ? On dirait un gros truc en ferraille se

    dirent-ils. A mesure quils approchrent, ils purent

    mieux distinguer la chose : Cest gros ! . Il y avait

    partout autour deux, aussi bien sr la route que dans

    les champs aux alentours, des morceaux de bton ainsi

    que de gros fragments de mtal. Pas besoin dtre

    diplm des plus grandes universits pour comprendre

    ce quil stait pass ici. Il y avait l la carcasse,

    moiti calcine, dun avion. Ses deux normes

    racteurs gisaient 200 mtres dans les mas. La

    carlingue tait compltement dforme, froisse telle

    une vulgaire feuille de papier. Des vtements dchirs

    et dautres bouts de tissus informes couvraient le

    bitume, des valises ventres et brules taient

    rependues dans les environs. Des restes dobjetscourants, des brosses, une paire de chaussures ici, un

    tlphone portable encore intact l-bas.

    La moiti arrire de la carcasse navait pas brule.

    Sur la taule froisse on pouvait lire :

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    - Ouah ! lana Eveline. Alors a, cest pas banal !

    - Javoue Tas vu cest un avion russe on dirait.

    Loc se mit courir en direction de lengin sous le

    regard de sa femme.

    -

    Mais quest-ce que tu fais ?! demanda-t-elle.- Ben on peut peut-tre trouver quelque chose

    dintressant ! lana-t-il alors mme quil

    escaladait le tas de ferraille.

    - Ouais ! Mais fait gaffe !

    Loc grimpa larrire et se balada entre les ranges

    de siges. Il ny avait personne. Eveline resta au sol et

    contempla les affaires parpilles partout.

    BANG BADAFTRA !!!

    - Oups ! Dsol ! lana Loc. Cest pas trs stable

    l-dedans !

    - Ben justement ! descend allez !!

    - Attends deux petites secondes ! Jai trouv un

    truc.

    Il tira un petit chariot et le laissa tomber terre.

    - Cest quoi !? demanda Eveline.Loc descendit et savana.

    - Cest le chariot o ils mettent les plateaux repas.

    Regarde ! il est pratiquement plein !

    Celui-ci contenait en effet plusieurs plateaux

    entasss les uns sur les autres emballs sous

    cellophane.

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    - On devrait faire le plein avec a, proposa Loc.

    On a pratiquement rien mang depuis le dbut de

    la journe.

    - Ouais, mais alors pas longtemps, ajouta Eveline.Faut pas quon perd de temps.

    Ils sassirent alors sur quelques valises et

    simprovisrent un petit pique-nique. Au menu : pain

    rassit, barres chocolates, pommes, yaourt et

    Orangina. Funky profita lui aussi dun plateau repas.Puis, aprs lavoir englouti, lanimal alla vagabonder

    dans les environs. Loc sintressa au chariot qui fut lorigine de leur repas. Il remarqua quil pouvait

    encore rouler. Ayant une ide en tte, il le vida de ses

    plateaux-repas, dposa ses deux sacs lintrieur, ainsi

    que ce quEveline se chargeait de porter et vit que cela

    alla merveille.

    Il sempressa de le faire remarquer Eveline qui

    lapplaudit pour son ingniosit. Le ventre de nos

    compagnons bien rempli, il fut temps de reprendre la

    route. Funky aboyait au loin.

    - ALLEZ FUNKY ! lana Loc. ON Y VA !!

    Le chien se faisait toujours entendre quelque part

    aux alentours.

    - O il est ?!

    Loc le rappela tout en se dirigeant vers les

    aboiements. La petite bte faisait joujou dans lagadoue, au grand dsespoir de Loc.

    - Bon ! nan mais quest-ce que tu f. gronda-t-il.

    Et il resta plant l. Silencieux. Contemplant le

    cadavre dun enfant. Les minutes passrent sans que

    rien ne se produise, Funky tait toujours en train de

    tourner autour du corps. Chrie !? fit Eveline

    derrire.

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    - Chrie ?! tu fais quoi encore ?!

    - Eve Eve Eveline ! balbutia Loc.

    EVELINE ! Y a une couille dans le potage !

    - Quoi ?!!- Viens voir ! lana-t-il.

    Sa femme le rejoignit, ne comprenant pas pourquoi

    elle dut patauger dans la boue. Mais, une fois arriv

    sur les lieux, tout devint clair.

    - Oh Putain ! fit-elle.

    - Comment a ce fait ton avis ?

    -

    Jen sais rien. Oh ! non dun chien mais cest ungosse !

    Lenfant dsarticul, portait encore des lambeaux de

    vtements, couverts de sang.

    - Putain, mais a veut dire quil tait encore dans

    lavion quand tout le monde a disparu ! dit

    Eveline. Il devait tre terroris, timagines ?!

    - Ouais ouais, fit Loc un peu ailleurs. Tu te rends

    compte. a veut dire quon nest srement pas les

    seuls tre encore l.

    Cette remarque fit taire les voix de nos deux hros.

    Ils abandonnrent le corps de lenfant, ne pouvant

    mme pas lenterrer et retournrent sur le bitume.

    Aussi bizarrement que cela puisse paratre, ltrange

    tension qui rgnait dans latmosphre disparue trs

    vite. Plutt que de se torturer lesprit en repensant unpetit enfant abandonn tout seul dans un avion piquant

    quelques centaines de kilomtres par heure vers le

    sol, ceux-ci pensrent surtout au fait quil se pourrait

    quils trouvent dautres personnes. Ils contournrent

    lpave, enjambant une valise ou un morceau de

    carlingue et purent ensuite suivre la bonne vieille route

    de campagne.

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    Cela fut dautant plus agrable que Loc poussait

    son cadi , librant tout le monde dun certain poids.

    Ils se dirigrent toujours vers lnorme masse

    orageuse, impressionnant nuage noir, flottant, drivantdans le ciel.

    - Cest marrant, dit Loc. Cest presque comme a

    que a faisait sur la route de Cholet.

    - Le nuage tu veux dire ?

    - Oui oui Un gros nuage comme a. Sauf que je

    suis rentr dedans. L jai limpression quil

    sloigne.En effet. Celui-ci sloignait. Etant encore

    relativement proche au matin, il flottait prsent au-

    dessus de la ligne dhorizon. Funky, toujours

    galoper, aboya un moment. Son matre accouru vers ce

    dernier, abandonnant sa bote roulettes.

    - Eh non !! lana Eveline. Tu gardes ton truc l !

    Cest pas moi qui vais me le coltiner !

    Aucune rponse. Loc jouait avec son chien, riait,

    courait. Alors tant pis Eveline, dsespre, repris la

    charge qutait de pousser le chariot, laissant son

    homme profiter de cet instant. Pensant la journe

    dhier, elle ne saisissait pas comment lambiance

    avait-elle pu changer ce point. Plus aucune mauvaise

    humeur, rien. Loc avait pass lponge sur lhistoire

    du dont dEveline et cette dernire sabandonnaitrellement aux lments, se refamiliarisant avec

    eux.

    Cependant, il manquait quelque chose Eveline.

    Elle ne su quoi exactement, mais ctait sr, il lui

    manquait quelque chose. Il y avait comme un vide

    parmi tout cela. Cette pense lui trotta durant quelques

    minutes dans sa tte, cherchant, se torturant les

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    neurones, puis elle eut une illumination La

    musique ! se dit-elle La musique, oui cest a !

    Cela faisait srement plus de vingt-quatre heures

    quun souffle de morceau de musique ne stait pasintroduit dans son oreille. En y repensant, elle se rendit

    compte quelle naurait jamais pens que dtre

    coupe ainsi de cet art laurait affecte autant.

    Lair tait pur. Lespace sonore tait occup par les

    insectes et les quelques oiseaux ayant nidifi dans les

    arbres bordant la route. Le doux feuillage de cesmmes arbres flottait, donnant lair dchapper la

    gravit. Une lgre brise soufflait. Le soleil rayonnant

    rchauffait latmosphre. Les flaques deau au sol en

    taient presque assches. Cependant, il ntait pas

    ncessaire de saventurer bien loin hors des routes

    pour sapercevoir que tout ce qui ntait pas dasphalte

    tait de boue.

    16h10 :

    - Pour le bb, dit Eveline. a na pas chang ? on

    garde toujours Marie et Matto comme prnoms ?

    - Ben oui moins que taies pens autre

    chose ?

    - Non, mais voil quoi Donc on reste sur ces

    noms.- On reste dessus, confirma Loc.

    - Tu sais, jai vraiment peur quil se passe quelque

    chose de grave. Jangoisse lide quil ny aurait

    personne pour massister quand il sera temps

    daccoucher.

    - Ah oui ?! lana Loc. Ben je sais pas mais cest

    pas trop lesprit du moment pour moi. Tu ten

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    souviens ptte pas, mais on a trouv un gosse, un

    tre humain, encore l sur cette Terre mort,

    certes, mais encore l Je sais pas si tu te rends

    compte vraiment de ce que a veut dire ?!- Oui mais a sert rien de semballer on

    pourrait imaginer quil tait dj mort dans

    lavion On na pas vrifi si les cadavres

    disparaissaient ou pas. Et puis moi jangoisse

    vraiment pour mon gosse, termina-t-elle.- Bon ! ne ten fais pas Une fois quon sera

    install on aura tout le temps de sinformer sur lesujet.

    - Oui mais sil se passe quelque chose ?? insista-t-

    elle.

    - Ecoute, moi aussi jai peur, mais dici l on aura

    largement le temps de se prparer !

    Il y eut un silence dune dizaine de secondes puis

    Eveline reprit :

    - Putain non mais a y est je stresse !

    - Bon ! gronda Loc. Pense autre chose, je sais pas

    moi, regarde la nature autour de toi !

    - La nature autour de moi a fait depuis hier que

    je la regarde et elle a pas tellement chang

    - Bon nan srieux la tes chiante

    Ce fut ainsi quils se chamaillrent une bonne partie

    du trajet.

    19h05 :

    - Voil ! dit Eveline. Brienne-le-Chateau ! Cest l

    quon crche cette nuit !

    - Ouh ! cest jouli ! rpondit Loc

    Les premires maisons qui apparurent taient

    effectivement trs joulies . Faites en brique ou avec

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    les charpentes apparentes La ville quils traversrent

    tait en elle-mme bien fleurie et surtout sans

    plus aucune surprise bien silencieuse. Cela faisait

    quatre jours quil stait produit la disparition desautres gens et cela dut prendre quatre jours pour que

    nos deux hros sy fassent. La sensation de vide d au

    calme ambiant de chaque ville ou mme de petits

    villages, stait enfin estompe. Ici, la seule activit

    quont remarqu Eveline et Loc fut celle dun chat

    traversant la rue.

    -

    Bon ! commena Eveline. Comme on doit passerla nuit ici, il faut dj pouvoir se reprer. a a pas

    lair normment grand alors a sannonce facile.

    - Ok !

    - On se dirige dabord vers le centre aprs on verra,

    dit-elle.

    - a marche ! rpondit son mari. Y faudrait

    sinstaller prs dune picerie ou quoi que ce soit

    dautre histoire de pouvoir se taper autre chose

    quune bote ce soir !

    - Tinquite, dit Eveline.

    Sur ces mots Rien. Ils ne ralentirent pas la

    cadence et continurent vers le centre de la ville. Ils

    reprrent assez vite une picerie ainsi quune

    boucherie Juste ct, situes dans la rue principale.

    Les deux btiments ne formaient quun en une sorte desupermarch. Il y avait un petit parking, vide, juste

    devant. Eveline proposa alors de stopper la marche et

    de sinstaller dans les parages. Loc donna son accord

    avec beaucoup denthousiasme et se dirigea, sans se

    faire prier, vers les commerces

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    - Eh ! lana Eveline. Si tu me cherches je serai pas

    loin ! Je vais voir si on peut rentrer dans une

    maison !

    - Ok ! Pas de problme ! rpondit-il, dj devant lesvitrines.

    Le btiment affichait lenseigne :

    La porte tait bien entendue verrouille maisctait une grande vitrine qui nimpressionna en rien

    notre ami. Celui-ci retourna sur ses pas en qute du

    chariot bagages Ainsi fut-il nomm par

    Eveline. Il le vida et se dirigea de nouveau auprs de la

    vitrine. Quelques secondes de rflexion passrent, puis

    il se mit en position, se tint bonne distance et projeta

    la chose roulettes travers la baie vitre. Celle-ci neput rsister un tel choc et se brisa, dans un norme

    fracas en une multitude de morceau, rpandant ses

    clats partout. Loc, fier de lui, pntra lintrieur.

    Son odorat fut instantanment agress. Une odeur

    pestilentielle flottait dans la pice obscure. De

    nombreuses mouches se faisaient entendre, presque

    assourdissantes. Loc saventura un peu plus dans lenoir. Ses yeux sadaptrent petit petit la noirceur

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    tnbreuse des environs et notre homme pu enfin voir

    o il posait les pieds. Dans le prsentoir se trouvaient

    quelques morceaux de viande avaris qui firent la plus

    grande joie des insectes volants.Rien ntait plus comestible. Cependant, ne voulant

    pas repartir bredouille, Loc eu la bonne ide de se

    rendre dans larrire-boutique Noir complet Pas

    moyen de distinguer quoi que ce soit. Gardant son

    calme, mais tout de mme : On nest pas aid ! , il

    ressortit une nouvelle fois en qute cette fois-ci dune

    lampe torche. Dehors, sous le soleil aveuglant, il allafarfouiller dans lun des sacs afin de se procurer

    lobjet convoit.

    Il rejoignit larrire-boutique et put enfin sclairer.

    Il y trouva quelques morceaux de viande encore frais

    et mme de trs bons morceaux.

    Son bonheur fait, il alla cette fois ct, devant

    lpicerie. Mme scnario : Chariot ; Vitrine ; Fracas.

    De bons fruits et lgumes soffrirent lui. Certains

    amoraient leur dcomposition, mais la plupart

    restaient intact. Il fit le plein et reparti aussi sec.

    Durant tout ce temps, Eveline, elle, tournait autour

    de quelques maisons. Elle sarma dun bton ramass

    par terre et brisa la vitre de lune dentre elle dont les

    volets ntaient pas clos. Funky aboya sur le coup.Eveline navait mme pas remarqu sa prsence

    depuis tout ce temps. Elle le prit dans ses bras et le fit

    passer lintrieur. Une fois cette tche fastidieuse

    accomplie Lanimal ayant cru bon dentamer une

    danse du ventre linstant o il fut treint, Eveline se

    hissa son tour sur le rebord de la fentre et entra.

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    Ctait une belle maison, avec de vastes pices,

    planch au sol et diverses dcorations aux murs.

    Aussi, un escalier de bois menait un tage. Elle se

    trouvait dans ce qui semblait tre le salon. Il y avait eneffet un canap, un fauteuil ainsi quune belle tl

    cran plat, presque neuve. Il tait triste de se dire

    quelle ne pourrait plus recevoir de programmes. Elle

    se dirigea vers la porte dentre, proximit de

    laquelle, il y avait, comme elle lesprait, plusieurs

    trousseaux de clefs pendus au mur. Ce ne fut plus

    quune question de temps avant quelle ne trouve cellequi servait la porte. Elle en essaya une deux

    puis trois et quatre, toujours rien Elle continua et

    la cinquime fut la bonne. Elle louvra bante et fit

    demi-tour.

    Elle parcourue encore quelques pices, toujours

    suivie de Funky, et tomba sur la cuisine. Ctait le

    paradis. Sur toute la surface des murs se trouvaient

    tous les ustensiles imaginables pour la cuisine. Et il

    devait y en avoir plus dans les nombreux tiroirs du

    plan de travail. Comme dans leur ancienne cuisine,

    une flaque deau stagnait par terre, presque assche.

    Elle fouilla plus en profondeur et trouva, sous lvier,

    un camping-gaz. Yes ! On va pouvoir manger chaud

    ce soir ! se dit-elle en contemplant lobjet. Elle le mit

    de ct et abandonna la cuisine pour gagner ltage.Les escaliers une fois grimps, donnaient sur un

    petit couloir et quelques portes. Il faisait sombre.

    Eveline ouvrit la plus proche et tomba sur une

    chambre. Impossible den connatre davantage du fait

    que, les volets baisss, la lumire ne pouvait produire

    sa magie. Elle entreprit donc une pope

    extraordinaire vers ceux-ci, se prenant les pieds dans

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    divers objets, se cognant dans un meuble et manquant

    de trbucher une paire de fois.

    La lumire pouvant enfin pntrer dans la pice,

    Eveline en vit davantage. Elle se trouvait en fait dansune chambre dadolescent. La dcoration ainsi que le

    dsordre gnral le confirmait. Elle se tenait ct

    dun bureau Contre lequel elle venait de se dfoncerla jambe (cest le mot). Sur celui-ci des affaires

    dcole et dautres plus personnelles se disputaient le

    territoire. Un livre de franais de Premire L :

    Ctait un gosse de 17 ans ! se dit-elle, Pure,mais quest-ce quils sont tous devenus ?!

    Elle tomba sur une petite chane hifi. Labsence de

    cble dalimentation au secteur lui fit instantanment

    comprendre que la machine fonctionnait grce une

    batterie. A ct, quelques CD entasss en vrac,

    certains mmes exposs la poussire sans jaquette. Il

    y avait-l tous les classiques du mouvement Post-Rock Classiques pour les amateurs du genre. GodspeedYou ! Black Emperor,Mogwai ou bienMN.

    - Bah tiens ! dit Eveline. a va faire plaisir Loc

    tout a ! En tout cas trs bonne culture musicale

    mon ptit !

    Elle vrifia le bon fonctionnement du poste et

    emporta le tout ltage infrieur.

    Nos deux compres se retrouvrent au mme

    moment dans la rue. Loc, les bras chargs de sacs de

    viandes, de lgumes ou dautres condiments, discuta

    avec sa femme de ce quils allrent faire.

    - Y a tout ce quil faut l dedans ! commena

    Eveline. Jai trouv un camping-gaz, de la

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    musique et puis je suis sr quon peut encore

    trouver plein de choses !

    - Cest cool ! Moi jai a, rpondit Loc en

    brandissant toutes ses trouvailles.- Bon ! Y faut sorganiser ! continua sa femme. On

    va se mettre laise. Y serait grand temps quon

    puisse profiter de la situation et prendre du bon

    temps !

    - Ah bah ouais ! l je vais pas te contredire ! y fait

    beau et chaud, on a qu tout sortir dehors pour

    manger !- a marche ! lana Eveline.

    Ils entrrent dans la demeure et se dirigrent vers la

    cuisine. Aprs rpartition des tches, Loc sorti la table

    dehors sur le gazon, puis les chaises et Eveline put

    enfin poser le fardeau qutait la chane hifi et les CD.

    Ils saffrrent leur travail encore une dizaine de

    minutes, puis, ils purent enfin se poser et se reposer de

    leur journe de marche. Le soleil sombrait petit petit

    vers lhorizon, deux chats jouaient un peu plus loin

    dans la rue.

    21h00 :

    - Bon ! dit Loc. Maintenant y faut faire la bouffe.

    - Ouaip

    - Je sors les couverts et les assiettes et toi tu metrouves une pole, ok ?!

    - Mouais je pense que je peux faire a, rpondit

    Eveline.

    Ils mirent alors la table, tous deux tiraills par la

    faim. Eveline, qui eut finit bien avant son mari, se

    reposa sur lune des chaises tandis que son homme

    travaillait. Mais comme tout bonheur a une fin, Loc la

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    sollicita, car celui-ci narrivait pas mettre la main sur

    les verres. Ils cherchrent dans les diffrents placards,

    mais plutt que de trouver les objets voulus, ils

    tombrent sur une tout autre chose qui alla rendreceux-ci forts ncessaires.

    Tout un compartiment remplit de diverses bouteilles

    de vin. Il y en avait pour tous les gots, du rouge, du

    blanc, du ros, du normal ou bien du cuit

    - a y est !! lana Eveline. Je les ai !

    - Cest vrai ? Gnial.

    Enfin ! Ctait le mot qui rsumait toute cette fin

    de journe. Enfin le calme ! ; Enfin assis sur une

    chaise ! ; Enfin manger de la vraie nourriture !

    Loc faisait cuir de bons morceaux de viande dans la

    pole. Lodeur qui sen chappait fit saliver tout le

    monde. Sur le poste tournaient les CD quEveline

    avait trouv : GY!BE videmment avec Storm, maisaussi dautres morceaux dautres groupes que mme

    Eveline ne connaissait pas commeLukrym et Daal tyleRhakde MN ; Im Jim Morrison, Im Deadet AutoRockdeMogwai.

    Ils mangrent et restrent l jusqu la tombe de la

    nuit. Funky eu spcialement droit un gros bifteck

    puis il se coucha aux pieds de son matre et

    sendormit. Le ciel rougit, le soleil embrassa lhorizon,puis tira sa rvrence. Bien quil fasse toujours bon, le

    fond de lair stait rafraichi. Quelques insectes

    nocturnes virevoltaient autour de la table et, haut dans

    le ciel sombre, une nue doiseaux volaient toute

    allure, chassant leur pitance du soir. Loc et Eveline

    parlrent un peu, buvant leur canon de vin tout en

    coutant la musique.

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    La nuit bien installe, ils allumrent quelques

    bougies sans pour autant que cela claircisse les

    alentours. Ils se trouvrent alors dans une sorte de

    bulle, entre eux, sans plus aucun souci autour. Plustard, ils rentrrent, bougies et lampe torche aux mains

    et montrent ltage trouver une chambre. 23h20 :

    Ce fut ttons quils entrrent dans ce qui semblait

    tre la chambre des propritaires. Tous deux prirent

    place sous les draps, exactement comme si la pice

    avait t la leur, chacun avec leurs petits rituels. Sur

    une petite table de chevet, ils allumrent encorequelques bougies, puis, Loc reprit son petit livret et

    entama une nouvelle page sous le regard attentif de sa

    femme.

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    Loc posa le cahier sur la table de chevet et souffla

    les bougies. Dans le noir, nos amoureux repartirent

    pour une nouvelle nuit de plaisir. Funky, qui se

    trouvait dans la chambre, aboya et Loc pesta