valeurs de la rÉpublique et...
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 03
p.4 Listedescontributeurs
p.7 ObjectifsdelaformationValeursdelaRépubliqueetlaïcité
p.8 Ressourcespédagogiques
p.9 Scénariopédagogique
p.15 Séquence1:accueil
p.17 Séquence2:représentationsdelalaïcité
p.21 Séquence3:histoiredelalaïcitéetterminologie
p.35 Séquence4:approchejuridiquedelalaïcité
p.55 Séquence5:analysedessituationsprofessionnelles
p.59 Séquence6:autopositionnement
p.65 Séquence7:argumentation
p.79 Séquence8:postureetcommunication
p.83 Séquence9:cadrelégalapplicableaucontexteprofessionnel
p.107 Séquence10:jeuxderôles
p.113 Séquence11:clôturedelaformation
Sommaire
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION04
GROUPE DE TRAVAIL PARTENARIAL :- pour l’Observatoire de la laïcité : NicolasCadène,
rapporteurgénéral;- pour le ministère de la Fonction publique, direction
générale de la fonction publique (DGAFP) :CyrillePajot,adjointauchefdubureaudespolitiquesderecrutementdelaformationetdelaprofession;
- pour le ministère de l’ Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) : JeanMichelPlatier,adjointàlacheffedubureaudelaformationdespersonnelsenseignantsetd’éducationetBenoîtFalaize,chargédemissionlaïcité;
- pour le secrétariat général des ministères chargés des affaires sociales, direction des ressources humaines (DRH) : JoëlleOudot,adjointeàlacheffedubureauformation;
- pour le ministère des Affaires sociales et de la santé, direction générale de la cohésion sociale (DGCS) :MathildeMandonnet,cheffedeprojetjeunesvulnérablesaubureauprotectiondel’enfanceetdel’adolescence;
- pour le ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports, direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEVPA) :SylvieMartinez,chargéedemissionauprèsdelasous-directricedespolitiquesdejeunesse;
- pour le ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports, direction des sports :BrunoBéthune,sous-directeurdel’emploietdelaformation;
- pour le ministère de l’Intérieur, direction des libertés publiques et des affaires juridiques (DLPAJ) : PascalCourtade,chefdubureaucentraldescultesetClaireWillig,chargéedemissionlaïcité;
- pour l’Union sociale pour l’habitat (USH) :IsabelleSery,responsabledudépartementgestionurbaineetsocialedesquartiers;
- pour le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) :VirginieJurevicz,directricedescoopérationsauprèsdeladirectiongénérale;SylvieGuillet,directricedel’InsetdeDunkerque,etClaireBasile,responsableduservicepôledecompétencesdel’InsetdeNancy;
Liste des contributeurs
- pour le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) :RaphaëlLeMéhauté,commissairegénéraldélégué,directeurdelavilleetdelacohésionurbaine(DVCU),MichelDidieretSylvieRoger,responsableetresponsableadjointedupôleanimationterritorialedelaDVCU,JulieLeGoff,chargéedemission,SergeFraysse,directeurdubureaudel’éducationetdel’enseignementsupérieur.
COMITÉ DE RÉDACTION :- pour la DGESCO :Jean-MichelPlatier,adjointàla
cheffedubureaudelaformationdespersonnelsenseignantsetd’éducationetBenoîtFalaize,chargéd’étudeslaïcité;
- pour la DGAFP : CyrillePajot,adjointauchefdubureaudespolitiquesderecrutementdeformationetdelaprofession,etKévinGauliard,chargéd’étudesjuridiquessurlevoletformation;
- pour la DLPAJ : PascalCourtade,chefdubureaucentraldescultesetMurielThoumelou,adjointeauchefdubureau;
- pour la DJEVPA :SylvieMartinez,chargéedemissionauprèsdelasous-directricedespolitiquesdejeunesse;
- pour la Direction des sports :RenéeAyma,adjointeauchefdebureaumétiers,diplômesetréglementationdelaDirectiondessports;
- pour le CNFPT :ClaireBasile,responsableduservicepôledecompétences,etAnneRinnert,responsabledupôledecompétences«Citoyennetéetaffairesjuridiques»,InsetdeNancy.SamirYacoubi,responsabledupôlehabitatetpolitiquedelaville,InsetdeDunkerque;
- pour le CGET :SylvieRoger,responsableadjointe,JulieLeGoff,PerrineSimianetClotildeSerrand,chargéesdemissiondupôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 05
GROUPE D’EXPERTS :-PascalCourtade,chefdubureaucentraldescultes,
MurielThoumelou,adjointeauchefdubureaucentraldescultesetClaireWillig,chargéedemissionlaïcité,DLPAJ;
-MaryvonneLyazid,personnalitéqualifiée,ex-adjointeauDéfenseurdesdroits;
-EdwinHatton,expertindépendantetformateur.
LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES • Élaboration du module Laïcité et usage des espaces
publics :-IsabelleMelscoët,vice-présidentedeBrestMétropole;-Jean-LucBossavit,directeurdugrandprojetdeville
desMureaux(78);-BrunoCouturier,directeurdugrandprojetdeville
delaDuchère(69);-OdileLapôtre,deladirectionrégionaleet
interdépartementaledel’équipementetdel’aménagementd’Île-de-France;
-AnaïsBréaud,sous-directricedurenouvellementurbain,dudéveloppementéconomiqueetdel’emploi,directionvilleetcohésionurbaine,CGET;
-SylvaineGaulard,cheffedubureaurenouvellementurbainetcadredevie,directionvilleetcohésionurbaine,CGET.
• Élaboration du module laïcité et relation socio-éducative :-SergeFraysse,chefdubureau,etChadiaBoudarssa,
chargéedemission,bureauéducationetenseignementsupérieur,directionvilleetcohésionurbaine,CGET;
-OussamaMouftah,référentlaïcité,directiondelaprotectionjudiciairedelajeunesseGrandNord;
-ColonelBrunoBeaussé,del’écoledesofficiersdesapeurs-pompiers;-BenoîtFalaize,référentlaïcitéàlaDGESCO;-ThibaultRenaudin,secrétairegénéraldel’Associationdelafondationétudiantepourlaville(AFEV);-MarineQuenin,del’associationEnquête(intervenant
danslesécoles).
AUTEURS DU KIT :-DelphineAsenmacher,consultantepourlecabinet
Interface,pourlaconceptionduscénariodeformationetdesfichespédagogiques;
-EdwinHatton,expertindépendantetformateur,pourlarédactiondesfichesdesynthèse.
PILOTAGE DU PROJET :-cheffedeprojet:SylvieRoger,responsableadjointe
duPôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET;
-coordinationdestravauxderédactionetdesexperts:JulieLeGoff,chargéedemissiondupôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET;
-coordinationdudéploiementdukit:PerrineSimian,chargéedemissionpôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION06
Avant-propos
L’actualité tragique de l’année 2015 et la mobilisation citoyenne qu’elle a suscitée ont, une nouvelle fois, rappelé la nécessité de partager les valeurs et les principes fondamentaux qui fondent notre République.
Depuisplusieursannées,lesaffairesrelativesauportduvoileàl’école,encrècheoudansl’espacepublic,laquestiondesmenusservisdanslescantinesscolaires,desprièresderue,descaricaturesontmislevivreensembleetlalaïcitéaucœurdesdébatsetcontroversesmédiatiques.Endéfinitive,cecitémoigned’uneméconnaissancedelalaïcitédanssonacceptionfrançaise,focaliséesouventsurcequ’elleinterditaudétrimentdecequ’ellegarantitcommelibertésindividuellesetcollectives.Lescontresensetlesmalentendus–ycomprisauseindesinstitutions–contribuentàentretenirdestensionsetàfaireoublierquecesontnosvaleursrépublicainesetleurtraductiondansnotreviequotidienne,quinouspermettentdevivredansunesociétéquenousvoulonslibre,égalitaireetfraternelle.
Danscecontexte,nombrederemontéesdeterrainmanifestentuncertaindécouragementdesprofessionnelsetunedifficultéàrépondreauxsituationsqu’ilsrencontrentouauxinterpellationsdontilsfontl’objet.
LeplandeformationValeurs de la Républiqueetlaïcitéconstitued’aborduneréponseàlademandedequalificationetd’accompagnementdecesacteursetmetenœuvrelesengagementsdescomitésinterministérielsàl’égalitéetàlacitoyenneté(Ciec)des6marset26octobre2015.
LeCommissariatgénéralàl’égalitédesterritoires(CGET)aétémandatéparlePremierministrepourconcevoiretdéployerceplandeformationàl’attentiondesagentsdesfonctionspubliques,dessalariésetbénévolesquisontaucontactdirectdespublics:déléguésdupréfet,conseillersd’éducationpopulaireetdejeunesse,conseillerstechniquesetsportifs,éducateursdepréventionspécialisée,
éducateurssportifs,entraîneurs,animateurs,médiateurs,travailleurssociaux,enseignants,conseillerseninsertionsocialeetprofessionnelle,Atsem,coordonnateursderéussiteéducative,cadreassociatifs,gardiensd’équipementsoud’immeubles,policiersmunicipaux,personnelsdemairiesdequartieretdecentressociaux,etc.
L’ambitiondeceplanestd’aideràadresseràtous,ettoutparticulièrementauxjeunes,undiscoursclairetsanséquivoquesurcequ’estlalaïcitéetcequ’ellen’estpas,etsurlelienfortentreceprincipeetlesvaleursdelaRépublique.
Ledéploiementdesformationss’appuiesurunkitpédagogiqueuniqueetunréseaudeformateurshabilitésauxniveauxnationaletrégional,afindes’assurerdel’expertiseetdelacohérencedesmessagesdiffusés.
Leslignesdirectricesetlescontenusdukitontfaitl’objetd’unevalidationparungroupedetravailpartenarial,pilotéparleCGET,réunissantplusieursministèresainsiquel’Observatoiredelalaïcité,leCentrenationaldelafonctionpubliqueterritoriale(CNFPT)etl’Unionsocialepourl’habitat.
Surlefond,lekitpromeutuneapprochefondéesurledroitetledialogue.Surleplanpédagogique,uneapprochepragmatiqueaétéprivilégiée:àpartird’uncadragehistoriqueetjuridique,l’applicationduprincipedelaïcitéestabordéeàtraversdifférentscaspratiquesadaptésauxsituationsprofessionnellesdesparticipants.
Ladiffusiondecesmessagesnécessitelamobilisationexceptionnelledel’ensembledesinstitutionsetréseauxassociatifs.Aveccekitpédagogique,etlapriseenchargedesformationsdesformateursparl’ÉtatetleCNFPT,l’objectifestdeleurdonnerlesmoyensdedéployercetteformationauprèsdeleursagents,leurssalariésouleurspublics.LeplandeformationValeurs de la Républiqueetlaïcitéestconstituédel’ensembledecesinitiatives.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 07
OBJECTIF DE LA FORMATION À l’issue de la formation, les professionnels seront en capacité :•d’adopterunpositionnementadaptéàleursituationprofessionnelle
etaustatutdeleurstructureemployeuse;•d’apporterdesréponsesauxdemandesetsituationsrencontréesdans
l’exercicedeleursfonctions,fondéessurledroitenmatièrederespectdesprincipesdelaïcitéetdenon-discrimination,dansunelogiquededialogueaveclespopulations.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES La formation doit permettre aux participants :•d’acquérirlesrepèreshistoriquesetlesréférencesjuridiquesdebase
surlesvaleursdelaRépubliqueetleprincipedelaïcité;•deconfronterleurspratiquesprofessionnellesauxapportsd’intervenants
expertsetàcellesd’autresprofessionnels;•detravaillersurdescaspratiques.
DURÉECette formation d’une durée de 2 jours se décompose en :•unmodule«tronccommun»d’unejournéeetdemie;•unmoduledespécialisationd’unedemi-journée:«laïcitéetusage
desespacespublics»ou«laïcitéetrelationsocio-éducative».
Lechoixdumoduledespécialisationestréaliséenfonctionduprofildesparticipants.
GROUPECe kit pédagogique a été conçu pour animer des formations pour un groupe de 12 à 15 stagiaires.
Objectifs de la formation ValeursdelaRépubliqueetlaïcité
Cette formation est destinée aux acteurs de terrain, en contact direct avec les publics. Elle vise à répondre à leur besoin de qualification et d’accompagnement sur l’application du principe de laïcité dans les situations professionnelles qu’ils rencontrent au quotidien.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION08
SCÉNARIOLescénariopédagogiquepermetd’avoirunevisiond’ensembledelastructurationdesdeuxjournéesdeformationenidentifiantlesdifférentesséquencesetlessujetsquiserontabordés.Ilsoulignelecaractèreprogressifdelaformation,depuislaprisedeconsciencedesonrapportàlalaïcitéjusqu’àl’applicationdemodesderésolutiondesituationspotentiellementproblématiquesenpassantparlacompréhensionducadrejuridiquerelatifàlalaïcité.Lescénarioestcomposéd’unepartietronccommunsurunejournéeetdemieetd’unespécialisationd’unedemi-
journéesurl’usagedesespacespublicsoulagestiondelarelationsocio-éducative.Le scénario pédagogique précise :•lesobjectifspédagogiquesvisésparchaque
séquence;•laduréedechaqueséquence,avecune
précisionsurladuréedechaquesous-séquencelorsqueplusieursobjectifssontvisés;
•lecontenuàaborder;•lemoded’animationetlesexercicesà
réaliserdurantlaséquence;•lesressourcesassociées(fichesformateuret
stagiaire,fichesdesynthèse).
Ce guide pédagogique est destiné à vous fournir tous les éléments pour animer les deux jours de formation sur les valeurs de la République et la laïcité. Les ressources mises à votre disposition sont de quatre types.
Ressources dukitpédagogique
FS
FS
FF
FICHES DE SYNTHÈSELesfichesdesynthèseapportentdesélémentsdecontenupourchaqueséquencedelaformation.Ellesoriententégalement
versdesressourcesdocumentairescomplémentairessusceptiblesd’éclairerdavantagelathématiqueàaborder.
FICHES FORMATEURLesfichesformateurconstituentlesressourcespourcomprendrelecontenuetlesmodalitésd’animationdechaqueséquence.Ellesprécisent:•La mise en contexte.Ellerappellelesobjectifsetlesenjeuxdelaséquenceafindebiencernerlesélémentsàmettreenavantpourpermettrelesprisesdeconscienceoul’acquisitiondescompétencesviséesparlesparticipants.
•La situation.Ellefournitlesélémentsd’animationdelaséquence(déroulé,consignes,pointsdevigilance…).
•La durée de la séquence.Elledécomposelarépartitiondutempsdelaséquenceentrelespartiesexpositives,lesexercicesetlesdébriefings.
•Les fiches associées.Cetterubriqueindiquelesautresressourcespermettantd’animerlaséquence(fichesstagiairelecaséchéantetfichesdesynthèse).
FICHES STAGIAIRECertainesséquencesincluentdesexercicesàmettreenœuvreafindefavoriserl’appropriationdesconceptsetdespratiques.Deuxtypesdefichesexistentafindefaciliterleurapplication:•Les fiches stagiaires « ressources » :ces
fichessontàprésenterouàremettreauxparticipants.Ellesprécisentlecontenudel’exerciceetsadurée.
•Les fiches stagiaire « corrigées » :ellessontàvotreintention.Ellescontiennentlesréponsesàl’exerciceetdesélémentsdecontenuvouspermettantd’argumenterlesréponses.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION10
Jour 1 OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Connaîtrelesparticipants.•Délimiterlepérimètredeladémarche
d’accompagnementetderenforcementdeconnaissancessurleprincipedelaïcité.
•Sepositionnerparrapportàleurconnaissancesurlalaïcité.
CONTENU Accueil.•Présentationdel’intervenant
etdesparticipants.•Apportd’élémentscontextuels
surlamiseenœuvredelaformationsurlalaïcité.
•Présentationdesobjectifsetduprogrammedelajournée.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Tour de table.Àl’issuedutourdetable,inscriptionsurunpost-itparchaqueparticipantd’unmotévoquantleurrapportàlalaïcité.Post-itàconserverjusqu’àlafindelaformationenvued’estimerl’évolutiondeleursreprésentations.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Repérerlesconceptionsdechacun
surlalaïcité.•Interpellerlesparticipantssur
cequereprésentepoureuxleprincipedelaïcité.
•Démontrerquelesensdumotlaïcitédiffèreselonlesapprochesintellectuelles,estdifficileàdéfiniretestconfrontéàdenombreuxamalgames.
CONTENU •Leprincipedelalaïcitépour
lesparticipants.•Lienentrel’évocationdes
représentationsdelalaïcitéetlesespacesconcernés(public,privé)(premièreappréhensiondecettenotion).
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Réfl exion individuelle:«Qu’est-cequelalaïcitépourvous?Quereprésentepourvouslalaïcité?»
Débat en plénière.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Sensibiliserlesparticipantssurl’origine
delalaïcité,sonpasséricheetancien.•Définirclairementleprincipedelaïcité.•Comprendrequeleprincipedelaïcité
estauservicedurespectdeslibertésindividuelles.
•Distinguerlalaïcitéd’autresprincipesquiluisontproches.
CONTENU Laïcité:•pointsderepèrehistoriques
•évolutionduterme«laïcit黕définition
Définitiondestermes/principesprochesetsous-jacentsdelalaïcité:neutralité,libertédeconscience,libertédereligion,laïcisme,sécularisation,civilité,civisme,prosélytisme,discrimination,préservationdel’ordrepublic,etc.Évocationdulienentrelesdifférentsprincipes. MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Mode expositif (diaporamaépuréetsynthétique).
Exercice individuel :motscroisésaveclestermes/principesprochesetsous-jacentsdelalaïcité.Correctionenplénière.Inscriptiondeladéfinitiondelalaïcitésurlepaperboardpourlagarderenmémoiretoutaulongdelaformation.
Jour1
Séquence1Accueil Représentations de la laïcité Histoire de la laïcité et terminologie
Pause
Séquence2 Séquence3
30 min 20 min 90 min
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 11
Jour 1 CONTENU Cadreréglementaireàmobiliserenfonctionducontexted’exerciceprofessionnel.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en sous-groupe :parcoursd’apprentissagemulti-épisodiquedurantlequellesparticipantssontinvitésàrepérercequiressortd’undroit/devoirounon.
Débat en plénièresurlesarbitragesetpointsdevuedechaquegroupe,surl’explicationetlesargumentsinvoqués,surlesquestionsquecelaasoulevéenentermesd’analysedelasituation.Ouverturedudébatsurcequipourraitêtrediscriminatoireencasd’interdiction.
En synthèse,identificationdesélémentsincontournablesdelaloi,cequ’ilfautsavoiretretenir.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Comprendrelesspécificitésde
l’environnementjuridiquedelalaïcitéselonlespublicsetlessecteurs(privé,public).
•Comprendrelecadred’applicationdelalaïcité.
•Distinguerleprincipedelaïcitéetleprincipedenon-discrimination.
CONTENU Présentation des aspects juridiques et de la philosophie des lois : •textesderéférence(sourcesnationales,
européennesetinternationales);•droitsetdevoirsdesagentsduservice
publicetdusecteurprivédélégataired’unservicepublic(libertédeconscience,neutralité,etc.);
•droitsetdevoirsdesusagersduservicepublic(libertéd’expression,etc.).
•mentiondecequegarantitetnepermetpaslalaïcité;
•apportsurlesubventionnementdesassociations.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Mode expositif et interactif.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierdessituationsconcrètes,
vécuesillustrant/témoignantduprincipedelaïcité.
•Identifierdessolutionsetactionsopérationnellesenréponseauxsituationsrencontrées.
•Appréhenderunesituationdanssonensembleafindebiensaisircequirelèved’uneremiseencauseduprincipedelaïcitéoud’autresmotifs.
CONTENU •Expériencesvécuesparlesparticipants.•Identificationdessolutionspossibles
auxsituationsvécues.•Apportsurlanécessitéd’analyserune
situationdanssonentièreté,etnonuniquementsousl’anglereligieux,afind’identifierlesréponseslesplusadéquates(cadrejuridique,dialogue…).
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en sous-groupe :jeuxdesenveloppes.Chaquegroupeestmunid’uneenveloppeexposantunesituationàanalyseretdefeuillesblanchessurlesquellesserontinscriteslesréponsesapportéesparlesparticipants.
Présentation des solutions et débat en plénièresurlescausesprésuméesdelasituation,lesarbitragesetlespointsdevuedechaquegroupe,surl’explicationetlesargumentsinvoqués,surlesquestionssoulevées.Retoursurlechoixderéponsequiaétéfaitparchaquegroupeetanalyseauregarddesnouveauxélémentsapportéslorsdudébat.Caractérisationdelasolutioncommeporteuseduprincipedelaïcitéoucommediscriminatoire.
Jour1
Approche juridique de la laïcité Approche juridique de la laïcité Analyse des situations professionnelles
Pause
Pausedéjeuner
Séquence4 Séquence4 (suite) Séquence5
50 minSous-séquencerelativeàlaprésentationdestextesjuridiques
60 minSous-séquencerelativeauparcoursmulti-épisodique
120 min
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION12
Jour 2 OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Resituerlesapportsdelasensibilisationsurlalaïcité.
CONTENU Appuisurlesrestitutions,lesdébatsetlesréflexionsindividuellesdesprécédentesséquences. MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice individuel : quizd’autopositionnementparrapportàlaquestiondelalaïcité.
Échanges en plénière : échangessurlesrésultatsduquiz.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierlesarticlesdelaloi
réexploitablesdansleurdiscoursetpratiquesprofessionnelles.
•Construireundiscourssurlalaïcitéàl’usagedescollèguesetdesusagers(communicationinterneetexterne).
CONTENU •Appuisurlespratiquesdesparticipants.•Identificationdesmessagesàmettre
enavantdansunargumentaireauprèsdecollèguesetd’usagers.
•Évocationdelaquestiondudiscoursàtenirfaceàl’idéequelalaïcitéestunoutilpropiceàladiscrimination.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en sous-groupe : constructiond’argumentairesautourdesituationsprésentéesparl’intervenantenvuedepromouvoiretd’expliquerdemanièrepédagogiquelalaïcité.Présentationdesargumentairesenplénièreparchaquesous-groupe.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Connaîtrelestechniquesde
communicationfavorisantl’échangeconstructifautourdelalaïcité.
•Savoirréagiretseconfronteràdespointsdevuedifférents.
CONTENU Apports sur les moyens d’établir le dialogue :•compréhensionducadrederéférence
desoninterlocuteur;•postured’écouteactiveetd’empathie;•techniquesdecommunication
(questionnement,reformulation,argumentation);
•communicationnonverbale;•techniquesdemédiation.Postureàadopterenfonctionducontexted’exerciceprofessionnel. MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en plénière :jeuxderôlessurlabasedessituationsanalyséeslorsdelaséquence4etdesargumentairesconstruitslorsdelaprécédenteséquence.Débriefingenplénière.Apportdecomplémentsparl’intervenant.
Jour2
Pause
Pausedéjeuner
Séquence6 Séquence7 Séquence8Autopositionnement Argumentation Posture et communication
30 min 60 min 90 min
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 13
Jour 2SPÉCIALISATION « LAÏCITÉ ET USAGE DES ESPACES PUBLICS » OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Comprendrelecadrejuridiquespécifiqueàl’usagedesespacespublics.
CONTENU Définitionetcirconscriptiondesespacespublics.Apportssurlecadrejuridiqueapplicable:conditionsdesaidespubliquesauxcultes,neutralitédesbâtimentspublics,expressiondesareligiondansl’espacepublic,gestiondescimetières,mixitédansl’espacepublic,dissimulationduvisage.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice individuel : quizsurlecaractèrelégalouillégaldesaffirmationsprésentées.Correctionetéchangesenplénière.
SPÉCIALISATION « LAÏCITÉ ET RELATION SOCIO-ÉDUCATIVE » OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Comprendrelecadrejuridiquespécifiqueàlarelationsocio-éducative.
CONTENU Distinction du cadre juridiqueapplicableselonlestatutdelastructureprofessionnelle:servicepublic,servicepublicrenduparunorganismededroitprivé(associationouentreprise),entreprisededroitprivé.Conditions et motifs de la restrictiondelalibertédereligion(circonscription,motifsd’hygièneoudesécurité,règlementintérieur…).
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice individuel : Quizsurlecaractèrelégalouillégaldesrequêtesformuléesdanslecadredessituationsprésentées.Correctionetéchangesenplénière.
SPÉCIALISATION « LAÏCITÉ ET USAGE DES ESPACES PUBLICS » OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierlessituationsenlienavec
l’usagedesespacespublicssusceptiblesd’interrogerlaquestiondelalaïcité.
•Apporterdesréponsesargumentéesetappropriéesàlasituationrencontrée.
CONTENU Expériencesvécuesparlesparticipants.Postureàadopterenfonctionducontexted’exerciceprofessionnel.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en plénière :Jeuxderôlessurlabasedessituationsvécuesparlesparticipants.Débriefingenplénière.Apportdecomplémentsparl’intervenantsurlapédagogiedelalaïcité.Synthèseaupaperboarddesbonnespratiquesetdespointsdevigilancedanslagestiondel’espacepublic.
SPÉCIALISATION « LAÏCITÉ ET RELATION SOCIO-ÉDUCATIVE » OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierlessituationsenlienavec
larelationsocio-éducativesusceptiblesd’interrogerlaquestiondelalaïcité.
•Apporterdesréponsesargumentéesetappropriéesàlasituationrencontrée.
CONTENU Expériencesvécuesparlesparticipants.Postureàadopterenfonctionducontexted’exerciceprofessionnel.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Jeuxderôlessurlabasedessituationsvécuesparlesparticipants.
Jour2
Cadre légal Jeux de rôles
Séquence9 Spécialisation au choix Séquence10 Spécialisation au choix
45 min 105 min
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Prendredureculsurlaformation.
CONTENU Retoursurlesdeuxjours:échangessurlesacquisréinvestissables,lesdifficultésperçuesdansl’applicationdesacquisdelaformation,lespointsd’incompréhensionsubsistant.
MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Échanges en plénière : «Qu’est-cequeçavousaapporté?»Remiseenperspectiveaveclespost-itcomplétésendébutdeformation.Constatdel’évolutiondurapportdesparticipantsàlalaïcité.
Clôture de la formation
Séquence11
30 min
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION16
MISE EN CONTEXTECetteséquenced’accueilviseàapporter
desélémentscontextuelssurlamiseenœuvredelaformation,àprésenterlesujet,lesobjectifsetleprogrammedelajournée.Elleviseégalementlaconnaissancemutuelledel’ensembledesintervenants(participantsetformateur)etàidentifierlesattentesparrapportàlaformation.
Lesrèglesdefonctionnementdugroupedurantlesdeuxjoursdeformationsontégalementprésentéeslorsdecetteséquenceintroductive:confidentialitédespropostenuslorsdelaformation,bienveillanceetapprocheconstructiveentrelesparticipants,droitàl’erreurlorsdesexercices.
Cetteséquenceestl’occasiond’apporterdespremiersélémentsdecadrageensoulignantlecaractèrepolémiqueduconceptdelaïcitéetlespossibilitésd’instrumentalisationpolitiqueetsociale.Cesdimensionsayantunimpactsurlesreprésentationsquel’onpeutavoirsurlalaïcité,ilconvientdes’informeretdesedocumenteravantdesepositionnerafindecernerprécisémentceprincipeetdesavoircequerecouvreexactementcettenotion.
Àl’issuedelaséquence,lesparticipantsserontcapablesd’identifierlesens,l’intérêtdecetteformationetleurrapport/positionnementausujet.
SITUATIONUnefoislaprésentationdesélémentscontextuels,
desobjectifsetduprogrammefaite,vousdébutezlaformationparuntourdetableendemandantàchaqueparticipantd’exprimersesattentesparrapportàlaformationetàprécisersonpositionnementvis-à-visdelalaïcité(àl’aiseounonavecceprincipe?sentimentd’êtreexpertoudépourvudeconnaissancessurcesujet?).Vouscadrezletourdetableafind’éviterd’entrertroprapidementdansledébat,cecifaisantl’objetdelaséquencesuivante.
Àl’issuedutourdetable,vousdistribuezdeuxpost-itàchaqueparticipantetleurdemandezd’inscriredeuxmotsquicaractérisent,seloneux,leconceptdelaïcité.Vousdemandezensuiteàchacundeconserversespost-itjusqu’àlafindelaformation,vousenferezusageultérieurement(lorsdelaséquence11,envued’estimerl’évolutiondeleurpositionnementparrapportàlalaïcité).
30 min
Ficheformateurn° 1Introduction
Séqu
ence
2
Séquence2Représentations de la laïcité2
60 min
P. 18 Fiche formateur n° 2
P. 19 Fiche de synthèse n° 1 : idées reçues
Matin
Jour1
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION18
MISE EN CONTEXTECetteséquenceintroductiveviseàpermettre
l’expressiondechacunsurlalaïcitéetàidentifierlesreprésentationsdesdifférentsparticipantssurcettequestion.
Outrelapossibilitépourleformateurderepérerlespointsspécifiquesàapprofondiretàclarifierpendantlaformation,cetteentréeparlevécupersonnelpermettradelibérerla«chargeémotionnelle»suscitéeparcesujetetdelisterquelquessituationsconcrètesservantderéférenceauxparticipantspourdéfinircequiestdel’ordredulaïqueounon.
SITUATIONÀl’issuedelaséquenced’accueil,vouslancez
ledébatautourdelanotiondelaïcité:cequecetermeévoque?àqueltypedesituationcelafaitréférence?quelsespaces(privé,public)sontconcernés?etc.Parvotrequestionnement,vousamenezchacunàprécisersesidéesoureprésentations.
Aufuretàmesuredudébat,vousécrivezlesprincipalesidéesémisessurlepaperboardafindepouvoiryrevenirdurantlaformation.Voussynthétisezetstructurezlesidéesenlesregroupantensuiteparthématique.
Vousn’avezpasdedéfinition,d’apportoudecorrectionàapporterlorsdecetteséquence,lesprécisionsserontapportéeslorsdelaséquencesuivante.
FICHES ASSOCIÉES•Fichedesynthèsen°1:idéesreçuessurlalaïcité.
5 mind’exercice,15mindedébat
Ficheformateurn° 2Représentationsdelalaïcité
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 19
Lalaïcitéestunsujetbrûlant.Lasurmédiatisationetlasurpolitisationdontellefaitl’objetrendentdélicatetoutediscussionrationnelleetargumentéeàsonsujet.Pourcomprendrecequerecouvrecettenotion,ilestnécessairedereveniraudroitetàl’Histoire,cequipermetdedéconstruirecertainesidéesreçuesetapproximations.
« LA LAÏCITÉ EST UNE VALEUR »Onacoutumededirequelalaïcitéseraitla
quatrièmevaleurrépublicaine,venantcompléterletriptyque«liberté,égalité,fraternité».Pourtant,lalaïcitéestmoinsunevaleur(« ce qu’une morale pose comme idéal ou norme »,selonleLarousse)qu’unprincipeorganisantlesrelationsentrelepolitiqueetlereligieux.Laloide1905,considéréecommelesocledelalaïcité(mêmesiellenecitepasuneseulefoisceterme),proclamelalibertédeconscienceetl’égalitédetouteslescroyances,cequirendpossiblele«vivre-ensemble»,c’est-à-direlafraternité.CommelesoulignelephilosophePierreKahn,« la laïcité est moins en elle-même une valeur qu’il faut poursuivre comme une fin qu’un moyen, un dispositif juridico-politique au service des valeurs de la démocratie (liberté, égalité…). »
« LA LAÏCITÉ FAIT DE LA RELIGION UNE AFFAIRE PRIVÉE »
L’idéeselonlaquellelalaïcitécantonneraitlareligionàlasphèreprivéeestsouventinvoquéepourenappeleràuneinterdictiondeporterdessignesreligieuxautravailoudansl’espacepublic.Pourtant,aucuntextejuridiquen’affirmecela.Aucontraire,la loi de 1905 garantit la liberté de conscience, qui inclut la liberté de manifester sa religion en public. Cetexteabolitlerégimedescultesreconnusetsubventionnésparl’État.Dèslors,lareligionn’estplusuneaffairepublique,ausensoùellen’estplusorganiséeparl’État.« Faire de la religion une affaire privée, c’est permettre aux différents cultes de se constituer, dans la sphère de la société civile, comme force sociale pouvant prétendre exercer librement son influence »(P.Kahn).Onlevoit,l’adjectifprivénedoitpasêtreentenducommerenvoyantaudomicilemaisàlasphèrenonétatique.
Fichedesynthèsen° 1 Idéesreçuessurlalaïcité
« LA LAÏCITÉ INTERDIT D’EXPRIMER SA RELIGION EN PUBLIC »
Cetteidéereçuedécouledelaprécédente.Lalaïcitéfaisantdelareligionuneaffaireprivée,elleinterdiraitd’exprimersareligionenpublic.Cettequestionaétésoulevéedanslesdébatsquiontprécédéetsuivilaloide1905,certainsdéputésoumairesvoulantinterdireleportdelasoutaneenpublic,lesprocessionsouencorelefaitdesonnerlescloches.Maisnilelégislateur,nileConseild’Étatn’ontvalidécespropositions.LaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme,ratifiéeparlaFranceen1974,proclame« la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites ».
Toute restriction de ce droit fondamental doit être rigoureusement justifiée et proportionnée.Parexemple,lesfonctionnairesnepeuventporterdesignesreligieuxdansl’exercicedeleurfonctioncarilsreprésententlapuissancepubliqueetsedoiventdoncd’êtreneutres.
« ÊTRE LAÏQUE, C’EST ÊTRE ATHÉE »Commençonspardistinguer laïc et laïque.Estlaïc
cequin’estpasreligieux1.L’adjectiflaïque,lui,désignecequiseréfèreàlalaïcité,doctrinedeséparationdesinstitutionsreligieusesetpolitiques.Ilesttoutàfaitpossibled’êtrecroyantetpartisandelalaïcité.C’étaitlecasdenombreuxdéputésrépublicainsquiontvotélaloide1905.Lalaïcitén’estpashostileàlareligionpuisqu’ellegarantitlalibertédeconscience.Elle n’est pas non plus une croyance mais le principe qui rend possible la coexistence de toutes les croyances. Onlevoit,onpeutêtreathéeetnonlaïquesil’onfaitdel’athéismeunecroyancesupérieurequidevraitêtreimposéeàtous. w
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1.Danslechristianisme,unlaïcestunchrétiennon-membreduclergé.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION20
« LA LAÏCITÉ GARANTIT L’ÉGALITÉ DES SEXES »
Ilexisteactuellementunamalgameentrelaïcité,égalitédessexesetmixité.Lalaïcitéseraitunrempartcontrelesconservatismesreligieuxquiprônentlaséparationetlahiérarchisationdessexes.
Rappelonsquel’école laïque a pratiqué la séparation des sexes jusqu’à la fin des années 1960etquelaRépubliquelaïquen’aaccordéledroitdevoteauxfemmesqu’en1944.Lesdéputésradicauxquis’yopposaient–etquiétaientlesplusferventsdéfenseursdelalaïcité–craignaientquelesfemmesnevotentsousl’influencedel’Église,donccontrelaRépublique.Aujourd’hui,malgré plus d’un siècle de laïcité, l’égalité des sexes est encore loin d’être effective,commelemontrelapersistancedesdiscriminationssexistes.Lalaïciténesuffitdoncpas,ensoi,pourgarantirl’égalitéfemmes-hommes.
Pour aller plus loinPierreKahn,La Laïcité,LeCavalierBleu,coll.«Idéesreçues»,2005
Fichedesynthèsen°1
Idéesreçuessurlalaïcité
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Séquence3Histoire de la laïcité et terminologie3
90 min
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P. 22 Fiche formateur n° 3 P. 23 Fiche formateur n° 4 P. 25 Fiche stagiaire ressource n° 1 : mots croisésP. 26 Fiche stagiaire corrigée n° 1 : mots croisésP. 27 Fiche de synthèse n° 2 : histoire de la laïcité en France :
les grandes dates P. 28 Fiche de synthèse n° 3 : histoire de la laïcité en FranceP. 31 Fiche de synthèse n° 4 : glossaire
Matin
Jour1
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION22
MISE EN CONTEXTELaséquenceviseàapporterdespointsderepère
historiquessurlalaïcitédanslebutdecomprendrel’originedutermeetl’évolutionqu’ilapuavoir.Ellefaitapparaîtrequecettenotionn’estpasuneconceptionnouvelleliéeauxrécentesactualités,maisunprincipefondateurdelaRépubliquefrançaise,etqu’elleestenconstanteconstruction.Comprendrel’Histoire,c’estmieuxcomprendreetappréhenderleprésent.
SITUATIONÀl’aided’unefrisechronologique,vousexposez
lespointsderepèrehistoriquesdelalaïcitéainsiquel’évolutionduterme.Pourchaqueétape,vousextrayezlesnotionsetprincipesclésquinourrissentlaréflexionactuellesurlalaïcité.
FICHES ASSOCIÉES •Fichesdesynthèsen°2et3:histoiredelalaïcitéenFrance.
30 mind’exposé
Ficheformateurn°3Frisehistorique
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 23
MISE EN CONTEXTECettepartieestlasecondedeladeuxièmeséquence,
ladernièredelamatinée.Elleviseàsensibiliserlesparticipantssurl’origineetl’évolutiondansletempsdelalaïcitéetàbiensaisircettenotion.Àl’issuedelaprésentationdesprincipauxpointsderepèrehistoriquesdelalaïcité,ladéfinitiondeceprincipeetdesautresprincipesquiluisontprochesetsous-jacentssontexposés.
Cetteattentionparticulièreapportéeàladéfinitiondestermesviseàsoulignerlarécurrencedesamalgamesetàlevertouteambiguïtésurleurréellesignification.Recouriràunvocabulaireprécispermetdebiencirconscrireetanalyserunesituationetdes’appuyerultérieurementsurlesbonnesréférencesjuridiques.Ladéfinitionclairedelalaïcitéaideàrepérerlesinterrelationsentrecesdifférentsprincipesetàcomprendrequelalaïcitéestauservicedurespectdeslibertésindividuelles.
SITUATIONAprèsavoirexposélesprincipalesétapeshistoriques
quiontfaitnaîtreleprincipedelaïcitéenFrance,vousdéfinissezcettenotionetlanotezsurlepaperboard.Vousrendezvisiblel’affichepourvousdonnerlapossibilitédefairedesrappelsetpermettreauxapprenantsdelagarderenmémoiretoutaulongdelaformation.
Vousprenezletempsdedéfinirlestermes/principesprochesetsous-jacentsdelalaïcité:neutralité,libertédeconscience,liberté,libertédereligion,laïcisme,sécularisation,civilité,civisme,prosélytisme,discrimination,respect,tolérance,fraternité,égalitéetordrepublic.
30 mind’exposéetd’échanges10mind’exercice, 20 mindedébriefing
Ficheformateurn°4Définitions
Afind’assurerl’articulationaveclaprécédenteséquenceetdedonnerunedynamiqueàlaprésentation,vouspouvez:
•énoncer les définitionsencommençantparlestermesquiaurontétéévoquéslorsdeséchangessurlesreprésentationsdelalaïcité(« Lors de nos précédents échanges, vous avez cité le mot […], voici la définition que l’on peut en donner »);
•faire intervenir les participantssurleurconnaissancedutermeenquestionavantd’apporterlesélémentsdedéfinition.
Lesliensentrelestermessontfaitsaufildeséchangespouraideràleurcompréhension.Àtitreindicatif,ceslienspeuventsematérialiserdelafaçonsuivante:
Lanotionde«préservationdel’ordrepublic»aurapeut-êtreétéabordéelorsdelaprécédenteséquencerelativeàl’expressiondesreprésentationssurlalaïcité;siteln’étaitpaslecas,unrapideéchangepourraêtrelancéenplénièresurl’interprétationdecettenotion:«Qu’entend-onparcetteexpression? w
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LAÏCITÉ
ÉgalitéOrdre public
FraternitéCivisme
Sécularisation LaïcismeRespect
Prosélytisme
Liberté de conscience
Liberté
Liberté de religion
Tolérance
Discrimination
Neutralité
Civilité
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION24
Ficheformateurn°4Définitions
Qu’est-cequecelasignifie?»Lebutestdereleverdesinterrogationsetdespistesderéflexionsurlesujet.Cettenotionconstituantl’unedesprincipalesraisonsinvoquéespourlimiterleslibertésindividuelles,ilconvientdebienlacirconscrireetdeconnaîtrelecadrelégalpouranalyseretgérercorrectementunesituation.
Unefoiscettepremièrepartieexpositiveetparticipativeréalisée,vousdistribuez,aprèslapause,lesgrillesdemotscroiséscomposésdesdifférentsprincipesévoquésprécédemment.L’idéeestquelesparticipantspuissentrestituerindividuellementcequ’ilsviennentd’entendreparunexercicederéflexion.Vouscorrigezensuitel’exerciceenplénièreenapportantdesprécisionssurlesdifférentsconceptsetenrépondantauxquestionsetremarquesdesparticipants.Celavouspermettrad’évaluerlacompréhensiondestermesetd’yreveniréventuellementsidesdifficultésapparaissent.
Unealternatived’usagedesmotscroiséspeutêtreproposée:plutôtqued’utiliserlagrilleenfindeséquenceenvued’ancrerlesconceptsentourantlalaïcité,ellepeutêtreutiliséeaudébutafind’estimerledegrédeconnaissancedesdifférentesnotionsetdesusciterlacuriositéconcernantlestermesméconnusdelapartdesparticipants.Danscecas,ilseraindispensabledesemontrerrassurantenprécisantquelesmotscroisésvontservird’amorcedelaséquenceetqu’ilestnormaldenepasdétenirtouteslesréponsespuisquelesdéfinitionsn’ontpasencoreétédonnées.Laséquenceserajustementutilepourqualifierchaqueterme,chacunpourraainsicompléterlagrilleaufildesprésentations.Cetteprécautiond’usageestessentielleafindenepasgénérerdefrustrationoude«sentimentd’incompétence»quiseraientnuisiblesàl’atteintedesobjectifsvisés.
FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°1etfichestagiaire
corrigéen°1:motscroisés.•Fichesynthèsen°4:glossaire.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 25
10 mind’exercice
Fichestagiaireressourcen° 1Motscroisés
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3 Processusdeperted’influencedelareligiondansunesociété
5 Mouvementd’unindividucherchantàpropagersafoiousacause
9Liendesolidaritéquidevraitunirtouslesmembresdelafamillehumaine
11 Situationd’unepersonnetraitéedemanièremoinsfavorablequ’uneautredansunesituationcomparable
12 Actiondetraiterquelqu’unavecdeségardsparticuliers
13 Possibilitédefairecequinenuitpasàautrui
1 Qualitépouvantêtreformelle,réelle,detraitementoudechances
2 Attitudedequelqu’unquiadmetchezlesautresdesmanièresdepenseretdevivredifférentesdessiennes
4Observationdesconvenancesenusagechezlesgensvivantensociété
6 Systèmepolitico-juridiqueinstaurantuneséparationentrelespouvoirspolitiqueetreligieux
7 Principedel’Étatcommeindépendantdetouslesclergésetdégagédetouteconceptionthéologique
8 Attituded’attachementàlacommunauténationaleetàsesinstitutions
10Volontédeprotégerlaviepubliquedetouteingérencereligieuse
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION26
Fichestagiairecorrigéen° 1Motscroisés
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FICHES ASSOCIÉESFichesynthèsen°4:glossaire.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 27
1789
Déclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen
1801
Concordat
1880-1886
Loisdelaïcisationdel’école
1905
LoideséparationdesÉglisesetdel’État
1946
LalaïcitéentredanslaConstitution
2004
Loiinterdisantleportdesignesreligieuxàl’école
Fichedesynthèsen° 2HistoiredelalaïcitéenFrance:lesgrandesdates Sé
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION28
Lalaïcitéestunconceptrécent.L’histoiredesrelationsentrepouvoirspublicsetreligieuxrejointcelledel’autonomisationprogressivedel’Étatvis-à-visdupouvoirdel’Églisecatholiquequi,jusqu’audébutduxxesiècle,exerçaunrôled’influenceimportantdanslasociétéfrançaise.
DE CLOVIS À LA RÉVOLUTION (498-1789)
Le baptême de Clovis(498)faitduchristianismelareligionofficielledelaGaule.AveclerègnedesCarolingiens,notammentdeCharlemagne, débutelamonarchie de droit divin.CharlemagneestsacréempereurparlepapeàRomeetsoutientenretourl’Églisefinancièrementetmilitairement.Lorsquelepouvoirdel’ÉtatéclateaprèslamortdeCharlemagneen814,lapopulationseregroupeautourdesseigneurslocaux.C’estlapériodeféodalependantlaquellel’Églisereprésentelaseuleforceorganiséeenplace.Lepouvoirspiritueldevientplusimportantquelepouvoirtemporel.
Enréaction,lamonarchiefrançaiseencourage l’autonomisationdel’ÉglisedeFrancevis-à-visduVatican,envertud’unedoctrinequiprendralenomdegallicanisme.UnpapefrançaisestinstalléenAvignonen1309parPhilippeleBel,etCharlesVIIaboliten1438lesliensquiunissentl’ÉglisedeFranceauSaint-Siège.Lesjuifs,eux,sontinterditsdeséjourdansleroyaumeàpartirde1394.Auxviesiècle,ledéveloppementduprotestantismedéclenchelesguerres de religion, auxquellesmetuntermel’édit de Nantes, signéen1598parHenriIV.Sarévocationen1685parLouisXIVmarquelafindelatolérancereligieuseofficielle.Leculteprotestantestinterdit,provoquantl’exildeplusde200000protestants.
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (1789-1799)
LaRévolutionfrançaiseabolitlamonarchiededroitdivin.Ellemarqueunepremière étape de laïcisation delaFrance.LaDéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen(1789)garantitque« nul homme ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses »etlaliberté de culte estproclaméeen1791.Protestantsetjuifsdeviennentdescitoyenscommelesautres.Ledivorce
Fichedesynthèsen° 3 HistoiredelalaïcitéenFrance
civilestintroduitetcertainsdélitsreligieux(blasphème,sorcellerie,hérésie)supprimés.Lesregistresd’étatcivilsontretirésdesparoissesetconfiésauxofficierspublics.
Avec la Constitution civile du clergé(1790),l’Étatdécrèteuneréorganisationdel’Églisecatholique.Lescongrégationsreligieusessontsuppriméesetlesbiensecclésiastiquesnationalisés.Cetexte,condamnéparlepape,provoqueunescissionauseindel’ÉglisedeFrance.SouslaTerreur(1792-1794),touteslesreligionssontremplacéespardescultes révolutionnaires. Troismilleprêtresetreligieuxsonttués,tandisqueles soulèvements catholiques de Vendée sontréprimésdanslesang.Lapérioderévolutionnaireinaugure« la Guerre des deux France1 »quivaopposerjusqu’auxxesièclelesrépublicainsetlespartisansdelaRestauration.
DU CONCORDAT À LA COMMUNE (1801-1871)
PourrétablirlapaixreligieuseetlesrelationsavecleVatican,Bonapartesignele15juillet1801unConcordataveclepape.Lecatholicismeromainestreconnucomme« la religion de la majorité des citoyens français »maispluscommelareligiond’État.L’ÉglisedeFranceestsousladouble tutelleduVaticanetdel’État.Lesministresdescultessontdésormaisrémunérésparl’État,enéchangedequoil’Égliserenonceàsesbiensnationalisésen1789.Prêtresetévêquesdoiventprêtersermentaugouvernement.Lesévêques,choisisparleministredesCultes,nepeuventplusseréunir,nisortirdeleurdiocèsesansautorisationdel’État.LeConcordatestétenduauprotestantisme(cultescalvinisteetluthérien)en1802etaujudaïsme en1808.Parailleurs,leCode civil(1800-1804)confirmelaprioritédumariageciviletlapossibilitédudivorce,etouvrelaporteàuneautonomiedelamédecineetdel’instruction,quiétaientjusqu’alorsdesmonopolesdel’Église.LeConcordattraverselesdifférentsrégimes,politiquesduxixesiècle,avecuneparenthèsependantla Restauration(1814-1830)quirétablitlecatholicismecommereligiond’État.SouslaIIeRépublique(1848-1851),la loi Falloux (1850)donneauxministresdes
1. ÉmilePoulat, Liberté, laïcité : la guerre des deux France et le principe de la modernité,1988.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 29KIT DE FORMATION
cultesundroitdesurveillanceetdedirectionsurlesécolespubliques,cequiamènelesrépublicainsàdurcirleurspositionsanticléricales.Le Second Empire (1851-1871)estunepérioded’ententecordialeentrelegouvernementetl’Églisecatholique.En1871,la Commune deParisproclametemporairementlaséparationdel’Égliseetdel’État.
LES PRÉMICES DE LA SÉPARATION (1879-1905)
Aprèsdiversestentativesderétablissementdelamonarchie,lesrépublicainss’installentaupouvoiretentamentunprocessusdelaïcisationquiviseprioritairementl’École.SurconseildeJulesFerry,ministredel’Instructionpublique,legouvernementprononceen1880 l’expulsion des congrégations religieusesnonautoriséesparl’État.Cinqmillemembresdecongrégationssontexpulsésdesécoles.L’Égliseréagitvivement,enappelantparfois,commeàOrchies(Nord),àlagrèvedesenfantsouenmenaçantdelespriverdepremièrecommunion.CesremousentraînentladémissionduprésidentduConseilCharlesdeFreycinet,remplacéparJulesFerry.
Cedernierpoursuitsoncombatpourlalaïcisationdel’Écolepublique,quidevientgratuite(1881),puisobligatoirepourlesenfantsdesixàtreizeans(1882).L’enseignementreligieuxestexcludutempsdeclasseetremplacéparlamoralecivique.Lesecclésiastiquesnepeuventplusenseignerdanslesécolespubliques(1886)etlescrucifixensontretirés.La laïcisation s’applique donc aux programmes, aux locaux et aux enseignants maispasauxélèves.
Lesrépublicainsnevontpasnonplusjusqu’àfairedel’enseignementunmonopoled’État.Soucieuxd’éviterlaguerrecivile,JulesFerryaccordedesconcessionsàl’Église.Ilautorisel’enseignementreligieuxdanslesécolespubliquesmaisendehorsdesheuresdeclasse.Ilacceptequelescrucifixsoientlaisséslàoùl’ons’opposeàleurretraitetilexhortelesinstituteursàrespecterlesconvictionsdesparents.LastratégiedeFerryestdefavoriser l’évolution des consciencesplutôtquel’applicationàlalettredelaloi.
Unéquilibres’installeentrelegouvernementetl’Église,aidéparlepapeLéonXIII,quidemandeauxcatholiquesfrançaisdeserallieràlaRépublique.Cet
équilibreestrompupar l’affaire Dreyfus (1894-1906),quidonnelieuàunecampagnedescatholiquesetdesroyalistescontrelaRépublique.Legouvernementriposteparunenouvelleoffensive contre les congrégations religieuses.Suiteàlaloide1901surlesassociations,descentainesd’établissementsreligieuxsontferméspardécret.En1904,unenouvelleloiretireauxcongrégationsledroitd’enseigner,cequiconduitàlafermeturede2500écolesreligieuses.Cetterépressionpousseà l’exil 30000à60000religieux.
LarupturedesrelationsdiplomatiquesavecleVaticandécidelegouvernementàprononcerlaséparationdesÉglisesetdel’État.Le10novembre1904,lechefdugouvernement,ÉmileCombes,déposeunprojetdeloiencesensmais,lelendemain,l’oppositiondévoilequeleministredelaGuerreafaitréaliser20000fichessurlespratiquesreligieusesdeshautsfonctionnairesetdesgradésdel’armée.Cescandale,connucomme« l’affaire des fiches »,contraintàladémissionlegouvernementCombesle14janvier1905.
LA LOI DE SÉPARATION (1905-1946)Lapréparationdunouveauprojetdeloi,confiée
àlacommissionBuisson-Briand,donnelieuàdesdébatshouleuxauParlement.Afind’apaiserlesesprits,AristideBriandproposeuneloi de compromis, quiestadoptéele9décembre1905.EnabolissantleConcordat,cetextesigne« l’acte de décès du gallicanisme historique » (E.Poulat,historien).La liberté de conscience et de culte estproclamée,tandisqueladiscriminationreligieuseetletroubleàl’exerciceducultesontinterdits.L’Étatcessederémunérerlesministresdescultes,saufdanslesétablissementsfermés(hôpitaux,casernes,internats,prisons).Plusde30000églises,templesetsynagoguessontmisgratuitementàladispositiondescommunautésreligieuses,àlaconditionqu’elless’organisentsousformed’associationscultuellesindépendantes.
Bienquelaloide1905permetteuneautonomisationdel’Églisecatholique,cettedernières’yoppose.Le papePie X la dénonceetinterditauxcatholiquesfrançaisdecréerdesassociationscultuellesindépendantes.En1921,lesrelationsdiplomatiquesavecleVaticansontrétablieset,en1923,uncompromisesttrouvéavecl’ÉglisedeFrance,quicrée w
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION30
Fichedesynthèsen°3
HistoiredelalaïcitéenFrance
desassociationsdiocésainesrespectantl’autoritéhiérarchiquedel’évêque.
Laloideséparationn’estpasappliquéeenAlsace-Moselle, alorssousgouvernementallemand.Quandcestroisdépartementsredeviennentfrançais,en1919,ilsconserventleurdroitlocalissuduConcordat,cequiestconfirméparlaloidu1erjuin1924etparleConseilconstitutionneldanssadécisiondu21février2013.Concernantlesterritoires d’outre-mer,laloide1905estétendueàlaMartinique,àlaGuadeloupeetàLaRéunionàpartirde1911.Enrevanche,ellenes’appliquepasenGuyane,quireste,encoreàcejour,souslerégimedel’ordonnanceroyaledu27août1828.Enfin,ellen’estpasnonplusappliquéedanslesdépartementsd’Algérie2,oùlesautoritéssouhaitentconserveruncontrôlesurlecultemusulman.
L’entre-deux-guerresvoitégalementledéveloppement de l’islamenmétropole,avecl’immigrationdetravailleursenprovenancedescoloniesd’AfriqueduNordetduMoyen-Orient.En1926estinauguréelaGrandeMosquéedeParis,premièremosquéedeFrancemétropolitaine,construiteparl’Étatenhommageaux70000soldatsmusulmansdel’EmpirecolonialtuéspendantlaPremièreGuerremondiale.
LES NOUVEAUX DÉFIS DE LA LAÏCITÉ (1946-2015)
EnréactionaurégimedeVichy,quis’étaitdistinguéparsonantisémitismeetsacollusionavecunelargefrangedel’épiscopat,lesconstitutionsde1946et1958proclamentlecaractèrelaïquedelaRépubliqueetréaffirmentlalibertédeconscience.L’Étatconfortelaliberté d’enseigner,enaccordantdessubventionsauxétablissementsprivéssouscontrat(loisde1951et1959).En1984,legouvernementsocialistetentedemettreenplaceunsystèmeéducatiflaïqueetunifiéintégrantl’enseignementprivé.Devantlacolèredelarue,ceprojetestabandonné.UnsiècleaprèslesloisFerry,l’Écolecontinueàcristalliserlesdébatsautourdelalaïcité.
C’estdenouveaulecasen1989,quandéclatelapolémiqueconsécutiveàl’exclusiondetroisélèvesvoiléesdansuncollègedeCreil(Oise).LeConseild’Étatestimequeleportduvoileestcompatibleaveclalaïcitéetunecirculaireinviteleschefsd’établissementàstatueraucasparcas.D’autres« affaires du voile »poussentleprésidentdelaRépublique,JacquesChirac,àmettreenplaceen2003unecommission«surl’applicationduprincipedelaïcitédanslaRépublique.»Desvingt-sixpropositionsdela commission Stasi,uneseuleestfinalementretenue:l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école(loidu10février2004).Sixansplustard,laloidu11octobre2010proscritladissimulation du visage dansl’espacepublicsurledoublefondementdel’ordrepublicetdes « exigences fondamentales du vivre-ensemble. » Cesquestionscontinuentàfairedébat,avecparexemple l’affaire Baby-Loup,quidéfraielachroniqueentre2008et2014,suiteaulicenciementd’unesalariéedecrèchepourportduvoile.
Depuisplusdedeuxsiècles,laquestiondelaséparationentrelereligieuxetlepolitiquen’acessédediviserlaFrance.Aujourd’hui,lesdébats sur la laïcité se polarisent autour de l’islam, traduisantàlafoislavisibilitégrandissantedecettereligionenFranceetl’inquiétudequ’ellesuscite.
Commeen1905,ledébatfaitrageentrelespartisansd’unelaïcitélibéraleetlespartisansd’unelaïcitérestrictive,quisouhaitentlimiterlalibertédemanifestersareligion.Ilsembleplusquejamaisnécessairederetrouverl’esprit d’apaisement et de compromis qui a présidé à la loi de 1905.
Pour aller plus loinJeanBauberot, Histoire de la laïcité en France,PUF,coll.«Quesais-je?»,2013.
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2.Malgréundécretdu27septembre1907quiprévoyaitl’applicationdelaloide1905auxtroisdépartementsfrançaisd’Algérie.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 31
CIVILITÉDemêmeracineque«civisme»,lacivilitédésigne
« l’observation des convenances en usage chez les gens qui vivent en société ; politesse, courtoisie »(Larousse).Synonymede«savoir-vivre»,lacivilitéestunefaçondemanifestersonrespectdel’autre.Appartenantauregistredelanguesoutenue,cetermeestbeaucoupmoinsusitéquesoncontraire,«incivilité»,quidésignelescomportementstémoignantd’unmanquedeconsidérationenverssessemblables(attitudeagressive,nuisancessonores,dégradationdel’espacepublic…).
CIVISMEDérivédulatincivis(«citoyen»),lecivismeestune
« attitude d’attachement à la communauté nationale et à ses institutions et de participation régulière à ses activités, notamment par l’exercice du droit de vote »(Larousse).Lecivismesupposelareconnaissanceparlecitoyendesesdroitsetdesesdevoirsenverslacollectivité.Ilpeutmêmeallerjusqu’àla« priorité donnée par le citoyen aux intérêts de la nation sur ses intérêts particuliers » (ibid.).Cetermetendàêtresupplantéparceluidecitoyenneté,deplusenplusentenducommel’exercicedesesdroitsetdevoirsdecitoyenetnonpluscommelasimpleconditiondecitoyen.
Fichedesynthèsen° 4 Glossaire
DISCRIMINATIONEndroitfrançais,unediscriminationestune
situationdanslaquelle,surlefondementd’uncritèreinterdit,« une personne est traitée de manière moins favorable qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne l’aura été dans une situation comparable »(loidu27mai2008,art.1er).End’autrestermes,c’estuneruptured’égalitédetraitementfondéesurl’undesvingtcritèresaujourd’huireconnusparlaloi1(parmilesquelslareligion).
Ladiscriminationestundélitpassibledesanctionsallantjusqu’à75000eurosd’amendeet5ansdeprisonsielleestcommisedansunlieuaccueillantdupublicouauxfinsd’eninterdirel’accès(Codepénal,225-1-1).Ladéfinitionjuridiquedeladiscrimination,complexe,estmalconnuedugrandpublic.Parunglissementsémantique,cetermetendàdésignertouteformed’injustice.
ÉGALITÉL’égalitéestlaqualitédecequiestégal,c’est-à-dire
demêmevaleur,demêmeimportance.Surleplanpolitique,ondistingueplusieursformesd’égalité:l’égalitéformelle(égalitédesdroits),l’égalitéréelle(égalitéeffective),l’égalitédetraitement(non-discrimination)ouencorel’égalitédeschances(équité).L’égaliténesignifiepasquetouslesindividusdoiventseressemblermaisqu’ilspuissentjouirdesmêmesdroitsetdelamêmepossibilitédes’épanouir.Pourlesauteursdelaloide1905,laséparationdesÉglisesetdel’Étatestunefaçondeparveniràl’égalité.Enmettantfinaurégimedescultesreconnusetsubventionnés,l’Étatsoumettouteslesreligionsauxmêmesrègles.
FRATERNITÉ«Fraternité»apourracinefrater,quidésignait
enlatintoutmembredel’espècehumaine.Encesens,lafraternitéestle« lien de solidarité qui devrait unir tous les membres de la famille humaine »(Larousse).Commel’indiquel’emploiduconditionnel,ils’agitd’unidéalquel’onretrouvedansdifférentscourantsreligieux(christianisme,œcuménisme…),
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TABLE DES MATIÈRESCivilité.......................................................................................................31Civisme.....................................................................................................31 Discrimination....................................................................................31Égalité........................................................................................................31Fraternité................................................................................................31Laïcité........................................................................................................32Laïcisme...................................................................................................32Liberté.......................................................................................................32Liberté de conscience......................................................................32Liberté de religion.............................................................................32Neutralité................................................................................................33Ordre public...........................................................................................33Prosélytisme..........................................................................................33Respect......................................................................................................34Sécularisation......................................................................................34Tolérance.................................................................................................34
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1. Âge,origine,patronyme,sexe,identitéouorientationsexuelle,apparencephysique,caractéristiquesgénétiques,situationdefamille,grossesse,handicap,étatdesanté,lieuderésidence,mœurs,opinionspolitiques,activitésyndicale,appartenanceounon-appartenance,vraieousupposée,àunereligion,uneethnie,raceouunenation.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION32
Fichedesynthèsen°4
Glossaire
philosophiques(universalisme)oupolitiques(internationalisme).Lafraternitésupposelerespect,voirel’amourdesessemblables.ForgépendantlaRévolutionfrançaise,letriptyque«liberté,égalité,fraternité»apparaîtpourlapremièrefoisdanslaConstitutionde1848.Tombéendésuétude,letermedefraternitéadisparududiscourspolitique,remplacéparlesexpressions«cohésionsociale»et«vivre-ensemble».Cependant,lesattentatsdejanvier2015semblentl’avoirremisàl’ordredujour.Ainsi,lephilosopheAbdennourBidara-t-ilpubliéunPlaidoyer pour la fraternité2.
LAÏCITÉLalaïcitéestunsystèmepolitico-juridique
quiinstaureuneséparationentrelepouvoirpolitiqueetlepouvoirreligieux.Ellegarantitàlafoislaneutralitédel’Étatetsanon-ingérencedanslesaffairesreligieuses.Pourautant,ellen’interditpaslesrelationsentrelespouvoirspublicsetlesautoritésreligieuses.Laloide1905proclameque« la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte »(art.2)maiscelanesignifiepasqu’ellelesignore.Aucontraire,elle« assure la liberté de conscience »et« garantit le libre exercice des cultes »(art.1er)enfinançantdesaumôneriesdanslesétablissementsfermés(casernes,hôpitaux,internats,prisons).
LAÏCISMELelaïcismeestla« doctrine des partisans
de la laïcisation des institutions, en particulier de l’enseignement »(Larousse).Lelaïcismecritiquel’influencedelareligionentantquetelle.Encela,ilsedistinguedel’anticléricalisme,quicritiquel’influenceduclergé.Aujourd’hui,lalaïcitéseretrouvedanslavolontéexpriméeparcertainsdebannirtoutemanifestationreligieusedel’espacepublic.
LIBERTÉSelonl’article4delaDéclarationdesdroitsde
l’hommeetducitoyen:« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société
la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. »Ainsi,enFrance,lalibertéd’expressionnepermetpasdetoutdire,certainsproposétantinterdits3.Sil’Étatfixeleslimitesdanslesquellespeuts’exercerlaliberté,ilnesauraitsemontrertroprestrictif,saufàdevenirantidémocratique.Lalibertéestétroitementliéeàl’égalité,« puisqu’il n’y a pas de liberté pour l’homme sans égalité de droits »(JeanJaurès).Ellen’estpasnonplussansrapportaveclalaïcité.Eneffet,laloide1905viseavanttoutàgarantirlalibertédeconscienceetdeculte.Elles’inscritdanslesillaged’autresloissurleslibertéspubliquesadoptéesàlamêmeépoque4.
LIBERTÉ DE CONSCIENCELalibertédeconsciencepeutêtredéfinie
négativementparl’article10delaDéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen:« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. » Ensomme,ils’agitdelalibertédecroireoudenepascroire.Cettelibertéestaucœurdelaloide1905,puisquecelle-ciproclame,danssonarticlepremier,que« la République assure la liberté de conscience ».
LIBERTÉ DE RELIGIONLalibertédereligionestdéfiniedansl’article9
delaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme5:« Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.
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2.AbdennourBidar,Plaidoyer pour la fraternité,éd.AlbinMichel,2015.
3. Laloifrançaiseinterditnotammentlesdiffamationsetlesinjures,ladiffusionoulareproductiondefaussesnouvelles,l’apologieoulaprovocationàcommettrecertainscrimesoudélits,tellesl’apologiedescrimesdeguerreoucontrel’humanité,desactesdeterrorismeoulaprovocationàcesactes,lesdiffamationsetinjuresenverslespersonnesenraisondeleurappartenance,réelleousupposée,àunenation,uneethnie,uneraceouunereligiondéterminée.4.Loissurlalibertédelapresseetlalibertéderéunion(1881),lalibertésyndicale(1884)etlalibertéd’association(1901).5.Conventiondesauvegardedesdroitsdel’hommeetdeslibertésfondamentales,adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 33
« La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui. »
Commetouteliberté,lalibertédereligions’exercedoncdanscertaineslimites.Ainsi,unpréfetpeutinterdireunemanifestationreligieusesielleprésenteunrisquedetroubleàl’ordrepublic,demêmequ’unemployeurpeutinterdireàsessalariésleportdesignesreligieuxnotammentpourdesraisonsd’hygièneoudesécurité.
NEUTRALITÉL’undespèresdelaloide1905,FerdinandBuisson,
définitlalaïcitécomme« l’État neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique. »C’estcetteneutralitédel’Étatquirendpossible« l’égalité de tous les Français devant la loi, la liberté de tous les cultes. »Laneutralitéconfessionnelles’appliqueauxpolitiques,auxbâtimentsetauxagentspublics.Lessubventionsdirectesauxcultessontinterdites,lesbâtimentspublicsnepeuventarborerdesignesreligieux(ex:crucifix)etlesfonctionnairesdoivents’abstenird’exprimertouteconvictionpolitique,religieuseouphilosophiqueparleurtenueouleurcomportement.C’estune« neutralité par abstention »(PatrickKahn).Ilexisteuneautreformedeneutralité,quiconsisteàdonnerunereprésentationégaleàtouteslessensibilitésreligieusesoupolitiques.Ainsi,latélévisionetlaradiopubliquessont-ellestenuesdediffuserdesémissionsrelativesauxquatreprincipalesreligionsou,enpériodeélectorale,dedonnerlaparoleauxdiverscourantspolitiques.
ORDRE PUBLICBienqu’ils’agissed’unconceptfondamental
dudroitfrançais,l’ordrepublicn’estdéfinidansaucuntexte,peut-êtreparcequ’« il s’agit d’une notion que tout le monde comprend sans avoir besoin d’en donner une définition précise6. »L’ordrepublicestl’étatsocialoùrègnentlapaix,latranquillitéetlasécurité.DansleCodegénéraldescollectivitésterritoriales,l’ordrepublicestassociéauxnotions
de« bon ordre, sûreté, sécurité et salubrité publiques ».Onparlede«troubleàl’ordrepublic»quandcetétatestmenacéparunacteindividueloucollectif.Cettenotionpeutaussibienêtreinvoquéepoursanctionnerl’ivressesurlavoiepubliquequepourplacerendétentionprovisoireunindividusoupçonnéd’actesterroristes.Ellepermetégalementd’apporterdesrestrictionsauxlibertésfondamentales,commelalibertéd’expressionoulalibertédereligion.D’ailleurs,leseultexteconstitutionnelquifassedirectementréférenceestl’article11delaDéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen:« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».Ainsi,unemanifestationreligieusepeutêtreinterditesielleconstitueunemenacedetroubleàl’ordrepublic.Plusrécemment,lanotiond’ordrepublicaétéinvoquéepourjustifierl’interdictiondeladissimulationduvisagedansl’espacepublic.
PROSÉLYTISMEÀl’origine,unprosélyteestunepersonne
nouvellementconvertieàunefoiouàunecause.Aujourd’hui,letermedésigneplutôtunindividuquichercheàpropagersafoiousacause.LeLaroussedéfinitleprosélytismecommeun« zèle ardent pour recruter des adeptes, pour tenter d’imposer ses idées. »Onpeutconsidérerleprosélytismecommeunemanifestationdelalibertéreligieuse.Àcetitre,ilestprotégéparlaloi,commel’arappelélaCoureuropéennedansunarrêtde1993oulacourd’appeldeMontpellierdanssonarrêtdu13juin2000:« Le prosélytisme est propre à chaque religion et ne saurait en soi être considéré comme
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6.«Lesprincipauxcritèresdelimitationdesdroitsdel’hommedanslapratiquedelajusticeconstitutionnelle»,8eséminairedesCoursconstitutionnellestenuàErevandu2au5octobre2003.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION34
Fichedesynthèsen°4
Glossaire
fautif. »Cependant,leprosélytismeabusifpeutêtresanctionnédanscertainscas,notammentlorsqu’ils’exercedanslecadreprofessionnel7.
RESPECTIlexisteplusieursformesderespect.Respecter
laloi,c’ests’yconformer.Respecterunengagement,c’estfairecequel’onadit.Danscesdeuxacceptions,lerespectsemanifesteparuneaction.Maislerespectdésigneaussile« sentiment de considération envers quelqu’un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers »,ainsiqueles« manifestations de ces égards »(Larousse).Lerespectinduitdoncuneadhésionetunengagementplusfortsquelatolérance.Ilsupposedereconnaîtrel’autrecommesonégal.PourJeanJaurès:« La laïcité ne se réduit pas à la tolérance car elle est fondée, non seulement sur la liberté de conscience, mais aussi sur le respect égal et mutuel de toutes les personnes puisqu’il n’y a pas de liberté pour l’homme sans égalité de droits. »Cetteconceptiondelalaïcitécommeconditiondurespectmutuelestégalementprésentedansunecirculairede2011:« La laïcité n’est ni le reniement ni le cantonnement des religions. Elle est la condition du respect des choix personnels dans une société ouverte où histoire et patrimoine ont été souvent forgés par les grandes traditions spirituelles ou religieuses8. »
SÉCULARISATIONEndroit,lasécularisationdésignelanationalisation
d’unbienappartenantàuneégliseoud’uneinstitutiongéréeparcelle-ci(syn.laïcisation).Ensociologie,onparledesécularisationpourdécrireleprocessusdeperted’influencedelareligiondansunesociété,
7.VincenteFortier,«Leprosélytismeauregarddudroit:unelibertésouscontrôle»,revueélectroniqueCahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires.8.Ministèredel’Intérieur,circulairedu25juin2011,Rappeldesrèglesafférentesauprincipedelaïcité–demandesderégimesalimentairesparticuliersdanslesservicesderestaurationcollectiveduservicepublic.
unphénomènequalifiéparMaxWeberde« désenchantement du monde ».Ilconvientdedistinguerlasécularisationdelalaïcisation.L’uneconcernelasociété,l’autrelesinstitutions.Commel’expliquel’historienÉmilePoulat,« la sécularisation est un processus social. En un sens, elle explique la laïcisation, qui est un processus légal. […] On sépare des institutions – l’Église et l’État – par décret, on ne décrète pas la séparation de la société et de l’Église : elle s’établit dans les mœurs et les mentalités pour des raisons qui ne sont pas d’abord juridiques. »
TOLÉRANCESurleplanindividuel,latoléranceest« l’attitude
de quelqu’un qui admet chez les autres des manières de penser et de vivre différentes des siennes propres »(Larousse).Surleplanreligieux,cetermedésignele« respect de la liberté de conscience et [l’]ouverture d’esprit à l’égard de ceux qui professent une religion ou des doctrines religieuses différentes »[ibid.].Tolérern’estpasacceptermaissupporterquelquechosequel’ondésapprouve(toleraresignified’ailleurs«supporter»enlatin).Ainsi,latolérancepeutallerdepairaveclacondescendance,voirelemépris.LephilosopheanglaisJohnLockeappelletolérancelefaitde« cesser de combattre ce qu’on ne peut changer. »L’exercicedelalibertésupposenécessairementuncertainniveaudetolérancedesindividusentreeux.Pourautant,faut-iltolérerlesintolérants?LephilosopheétatsunienJohnRawlsrépondparl’affirmative,enajoutanttoutefoisquelasociétén’aaucuneobligationdetolérerlesindividusquicherchentàladétruire.
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Séquence4Approche juridique de la laïcité4
110 min
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P. 36 Fiche formateur n° 5 P.37 Fiche stagiaire ressource n° 2 : parcours
multi-épisodiqueP. 39 Fiche stagiaire corrigée n° 2 : parcours
multi-épisodiqueP. 43 Fiche de synthèse n° 5 : la laïcité dans les services publicsP. 48 Fiche de synthèse n° 6 : la religion et l’entrepriseP. 50 Fiche de synthèse n° 7 : les articles de loi à connaîtreP. 53 Fiche de synthèse n° 8 : droit de la Laïcité, ce qu’il faut retenir
Matin
Jour1Après-midi
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION36
MISE EN CONTEXTELaséquenceviseàexposerlecadreréglementaire
relatifàlalaïcitéafinquelesparticipantspuissentmobiliserlesélémentsjuridiquesenfonctiondeleurcontexted’exerciceprofessionneletsavoircequirelèvedesdroitsetdevoirsdesagentsdesservicespublics.Lebutestquelesparticipantss’acculturentausujet,qu’ilsrepèrentlesarticlesdeloiqu’ilspensentpouvoirréexploiteretqu’ilsconfrontentlespointsquilesinterpellent,cequ’ilssaventdéjàounon.Cetteséquenceseprésenteprincipalementsouslaformed’unparcoursd’apprentissagemulti-épisodiquevisantàprésenterlestextesjuridiquesetlaphilosophiedeslois.Ilpermetderenforcerlaréflexionetlacompréhensiondusujetenrecourantàdifférentesmodalitésdeprésentation(vidéos,textes,images).
SITUATIONL’activité de cette séquence s’organise en deux
sous-séquences :–lapremièresous-séquenceestuneprésentationen
plénièredestextesdeloideréférenceenmatièredelaïcité;
–ladeuxièmesous-séquenceestorganiséesouslaformed’unparcoursd’apprentissagemulti-épisodiquearticuléautourdedeuxateliers.
• Temps 1 : vousdiffusez2ou3vidéosenplénièreetdemandezauxparticipantsdenoterdefaçonindividuellecequiressortd’undroit/devoirounon.
•Temps 2 :vousrépartissezlesparticipantsendeuxoutroissous-groupesetremettezàchacunlesfichessynthétisantlestextesdeloideréférenceainsiquelesphotosillustrantdessituationsrelativesauxquestionsdelalaïcité.Lesphotossontchoisiesenfonctionduprofildesparticipantsafinquelesapportsdecetteséquencenesoientpasredondantsaveclesapportsdesséquencesdespécialisationdulendemain(pasplusdedeuxphotospargroupe).Vouslesamenezàréfléchiraux
questionsquesoulèventlesphotosetàidentifierlestextesjuridiquessurlesquelsilspeuvents’appuyerpourdéterminersilasituationrespecteounonleprincipedelaïcité.Ilestimportantquevouspassiezd’unsous-groupeàl’autrepourvousassurerquelesconsignessontbiencomprisesetpourrépondreàd’éventuellesquestions.
•Temps 3 :ils’agitd’undébatenplénièreautourdesrestitutionsdechaquegroupe.Ilportesurlesdroits/devoirsenmatièredelaïcitéetsurlesarbitragesetpointsdevuedechaquegroupequantàl’analysedesphotosprésentées.Cetteapprochepermetainsid’identifiercequipourraitêtrediscriminatoireencasd’interdictionetcequ’ilestlégitimedenepasautoriser.Enconclusiondecetteséquence,voussynthétisezlesélémentsincontournablesdelaloi,cequ’ilfautsavoiretretenirparrapportauxdroitsetobligationsenmatièredelaïcité.
FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°2etfichestagiaire
corrigén°2:parcoursd’apprentissagemulti-épisodique
•Fichesdesynthèse:-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité,cequ’ilfautretenir
50min: exposédestextesjuridiquesetéchangeenplénière60min:parcoursd’apprentissagemulti-épisodique
Ficheformateurn° 5Textesjuridiques
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Fichestagiaireressourcen° 2Parcoursmulti-épisodique
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Temps 1 Vidéo1Vidéo2Vidéo3
Temps 2 Textes/articlesdeloietphotos:20min
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Temps 3 Restitution:30min
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Desétudiantesportentlevoilesurlesbancsdel’université. Catholiquespriantdanslaruelorsd’unemanifestationcontrelemariagepourtous.
Unecantinesertunmenuuniqueavecdelaviande. Desfemmesportentleniqabàlaterrassed’uncafé.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
38 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION
Fichestagiaireressourcen° 2Parcoursmulti-épisodique
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Uneprocessionorthodoxedanslesruesdelaville.
Dignitairespolitiquesassistantàunecérémoniereligieuse.
Piscinemunicipaleprévoyantuncréneauhoraireréservéauxfemmes.
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Unealternativepourlesfemmesquineveulent
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éthiques,religieuses,physiques,médicales
ouautres…
39KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
Fichestagiairecorrigéen° 2Parcoursmulti-épisodique
« Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève. » Codedel’éducation,L.141-5-1.
L’articleL.811-1ducodedel’éducationprécisequelesusagersduservicepublicdel’enseignementsupérieur« disposent de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels »etqu’ilspeuventexercer« cette liberté à titre individuel et collectif, dans des conditions qui ne portent pas atteinte aux activités d’enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l’ordre public ».Ilssontdonclibresdeporterdessignesreligieuxdistinctifs,discretsounon;laloisurleportdesignesreligieuxàl’écolen’apasétéétendueàl’enseignementsupérieur.
Enrevanchetoutedissimulationestprohibée.« Nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage. […] L’espace public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public ou affectés à un service public. » Loidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,art.1et2.
Desparentsd’enfantsscolarisésrefusentqueleursenfantsmangentdelaviande.Ilscontestentlefaitquel’établissementnerespectepasleursconvictionsreligieusesenproposantunmenudesubstitution.
Larestaurationscolaireestunservicepublicfacultatifquirelèvedelacompétencedesmairies(pourlesécoles),desdépartements(pourlescollèges)etdesrégions(pourleslycées).« Les collectivités locales disposent d’une grande liberté dans l’établissement des menus et le fait de prévoir des menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitue ni un droit pour les usagers ni un devoir pour les collectivités. »Àcetitre,l’absencedemenudesubstitutionneconstituepasunediscrimination.Danslesfaits,denombreusescantinesscolairesproposentdupoissonlevendredi.Parailleurs,ellesproposentgénéralementdesrepassansviandeousansporc.Demanièregénérale,uneoffredechoixpermetauxélèvesdemangerensemble1.
Voircirculaireduministèredel’Intérieurdu26août2011relativeaurappeldesrèglesafférentesauprincipedelaïcitéetauxdemandesderégimesalimentairesparticuliersdanslesservicesderestaurationcollectiveduservicepublic.
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Des étudiantes portent le voile sur les bancs de l’université
La cantine sert de la viande aux enfants malgré le refus des parents Sé
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1. OnpeutseréférerauguideLaïcité et collectivités localesdel’Observatoiredelalaïcité.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION40
LaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme,ratifiéeparlaFranceen1974,proclame« la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites »,dansleslimitesprévuesparlaloi,liéesàl’ordrepublicetàlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui.Uneprièrederueconstitueunrassemblementsurlavoiepublique,quirelèvedelalibertédemanifester.D’ailleurs,cetteprières’inscritdansunemanifestationetrecouvreunesignificationpluspolitiquedereligieuse.Silesmanifestantsprientdanslarue,cen’estpasparcequ’ilsmanquentd’unlieudecultepourseréunirmaispouraffirmerlesvaleurschrétiennesaunomdesquellesilss’opposentaumariagedescouplesdemêmesexe.
Leseulmotifvalablepourinterdireunemanifestationreligieusesurl’espacepublicestlamenacedetroubleàl’ordrepublic(cf.glossaireetfichesurl’usagedesespacespublics).Ici,laprièresedérouledanslecadred’unemanifestationquiaprobablementfaitl’objetd’unedéclarationpréalableenpréfecture(commel’imposelaloi)etpourlaquellelacirculationaétébloquéeetdesforcesdel’ordremobilisées.Iln’yadoncpas,apriori,demenacedetroubleàl’ordrepublic.
Iln’envapasdemêmedesprièresderuerécurrentesdevantcertainesmosquéesquinepeuventaccueillirtouslesfidèles,fautedeplace.Celles-cipourraientfairel’objetd’uneinterdictiondel’autoritéadministrativeaumotifqu’ellesgênentlacirculationetlatranquillitépublique.Deplus,trottoirsetvoiespubliquesfontpartiedudomainepublic,enapplicationdesarticlesL.2111-1etL.2111-14duCodegénéraldelapropriétédespersonnespubliques.Ilfautobteniruntitred’occupationdélivréparl’autoritéadministrativecompétentepourl’utiliserdansdeslimitesdépassantledroitd’usagequiappartientàtous(articleL.2122-1dumêmecode). « Les biens du domaine public sont utilisés conformément à leur affectation à l’utilité publique »selonl’articleL.2121-1ducodeprécité.Or,l’affectationd’unevoiepubliqueestlacirculationdupublicetnonl’exerciced’unculte.
Des femmes portent le niqab à la terrasse d’un café
Depuislaloidu11octobre2010,quinesefondepassurleprincipedelaïcitémaissurl’ordrepublicetl’interactionsociale,ilestinterditdedissimulersonvisagedansl’espacepublic.Unrestaurantfaitpartiedel’espacepublic,unrestaurateurnepeutdoncaccueillirunclientquicontrevientàlaloi.Enrevanche,lerefusdeservirunefemmevoilée,dontlevoilenedissimulepaslevisage,relèved’unepratiquediscriminatoiresanctionnéeparlaloi.
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Catholiques priant dans la rue lors d’une manifestation contre le mariage pour tous
41KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
Prévuesdanslaloide1905(article27),lesprocessionsreligieusessontrégléesenconformitéavecl’articleL.2212-2duCGCTrelatifàlapolicemunicipale.Lesmanifestationsreligieusessurlavoiepubliquenefontpasl’objetd’uneappréhensiondistinctedesautresmanifestationsparledroit:ellessont,dèslors,soumisesaurégimejuridiqueclassiqueencadrantlesmanifestationsetnedoiventpastroublerl’ordrepublicsouspeined’êtreinterdites.Ils’agitd’unrégimedéclaratifetnond’autorisation.L’article1erdudécret-loidu23octobre1935disposequ’enprincipe« sont soumis à l’obligation d’une déclaration préalable tous cortèges, défilés et rassemblements de personnes et, d’une façon générale, toutes manifestations sur la voie publique »;uneexceptionestfaitepourlesmanifestationsreligieusesquiserattachentàunusagelocal.
Garantesdelalibertédeculte,lesautoritéspubliquesdoiventprendrelesmesuresnécessairesafind’engarantirlelibreexerciceparchacun.Lemairepeuts’opposeràlatenued’unemanifestations’ilestimequecelle-ciconstitueunemenacepourl’ordrepublicetqu’ilneserapasenmesured’enassurerlasécurité.Ilaégalementlapossibilitédelimiterl’espacepublicdanslequelpourrasedéroulerlamanifestation,pourlesmêmesmotifs.
Laprésenceofficielled’agentspublicsàdescérémoniesreligieusesnecontrevientenaucuncasauprincipedelaïcitédèslorsqu’aucuncultenefaitl’objetdepréférences.Ilconvientdeveilleràcequeleniveaudereprésentationchoisipourunecérémonieoulafréquencedesprésencesnedonnepasl’apparencedeprivilégierunculteparticulier.
Ondistinguelefaitd’assisteràunecérémoniereligieusedanslestrictrespectdel’article1erdelaloide1905etceluid’yparticiper,enaccomplissantpubliquementetenqualitédefonctionnairereprésentantl’Étatouunecollectivitélocale,desactesduritereligieux.Cetteparticipationactiveseraitcontraireàl’article2decettemêmeloi.Cetterecommandationnes’opposetoutefoispasàl’observationdesmarquesderespectcommunémentadmises(portd’unekippalorsd’unecérémonieisraélite,retraitdeseschaussurespourentrerdansunemosquée…).
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eUne procession orthodoxe dans les rues de la ville
Dignitaires politiques assistant à une cérémonie religieuse
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION42
Enraisonduprincipedenon-discrimination,unemunicipaliténepeutoctroyeruncréneauhoraireenheuresouvrablesàungroupedepersonnesmettantenavantleursouhaitdeseséparerdesautresdufaitdeleurpratiqueoudeleurconvictionreligieuses.
Enrevanche,unedemandedecoursdesportréservésauxfemmesdansl’intentiondepromouvoirl’accèsdefemmesàlapratiquesportiveetauxloisirs,etsansqu’ilyn’yaitderéférencereligieuseoudediscriminationdansl’accèsdesfemmesàl’activité,estlégitime,maisilnepourrapasêtredemandéexpressémentqueleprofesseursoitunefemme.
Rappelonseneffetquelaloiautoriseles«discriminationsfondées,enmatièred’accèsauxbiensetservices,surlesexelorsquecettediscriminationestjustifiéepar(...)lapromotiondel’égalitédessexesoudesintérêtsdeshommesoudesfemmes,lalibertéd’associationoul’organisationd’activitéssportives»(Codepénal,art.225-3).
Pendantlestrancheshorairesoùelleestouverteaupublic,unepiscinedoitaccueillirtoutlemonde,sansdiscrimination(Codepénal,art.225-2).Enrevanche,surcertainscréneauxhoraires,unepiscinepeutêtreréservéeàdesactivitésspécifiques(bébés-nageurs,coursdenatation,deplongée,d’aquagym...)oùlamixitédegenren’estpasforcémentlarègle.
Fichestagiairecorrigéen° 2Parcoursmulti-épisodique
FICHES ASSOCIÉES :•Fichesdesynthèse-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir.
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Piscine municipale prévoyant un créneau horaire réservé aux femmes
PISCINE ENTRE ELLESIs
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Unealternativepourlesfemmesquineveulent
pasallerdanslespiscinespubliquespourdesraisons
éthiques,religieuses,physiques,médicales
ouautres…
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 43
TABLE DES MATIÈRESLa Charte de la laïcité dans les services publics........................................................43Préambule......................................................................................43Des agents du service public...............................................43Des usagers du service public............................................ 44Dérogations à la loi de 1905..................................................45Missions de service public vs missions d’intérêt général.........................................................................45Relation aux associations ayant des activités cultuelles........................................................................................46Pour aller plus loin....................................................................47
LA CHARTE DE LA LAÏCITÉ DANS LES SERVICES PUBLICS
Cettecharte,rédigéeparleHautConseilàl’intégrationetadosséeàlacirculaireduPremierministredu13avril2007avocationàfaireconnaîtreauxagentsetauxusagersdesservicespublicsleursdroitsetobligationsauregarddelalaïcité.Ellecondenselesgrandsprincipesfixésparlaloietlajurisprudence.
Préambule
Des agents du service public
Fichedesynthèsen° 5 Lalaïcitédanslesservicespublics
TEXTE DE LA CHARTE
EXPLICATIONS / RÉFÉRENCES
Toutagentpublicaundevoirdestricteneutralité.Ildoittraiterégalementtouteslespersonnesetrespecterleurlibertédeconscience.
Ledevoirdeneutralité,issudelajurisprudence1,s’appliqueauxagentsdestroisfonctions publiques,quelquesoitleurstatut(titulaire,non-titulaire,vacataire,stagiaire),ainsiqu’auxsalariésd’organismesdedroitprivéchargésd’unemissiondeservicepublic(cf.infra).
Lefaitpourunagentpublicdemanifester ses convictions religieusesdansl’exercicedesesfonctionsconstitueunmanquementàsesobligations.
Laneutralitéimposeàl’agentdenepasmanifestersesconvictionsreligieusesouphilosophiquesparsatenueousoncomportementdansl’exercicedesesfonctions.
Ilappartientauxresponsables des servicespublicsdefairerespecterl’applicationduprincipedelaïcitédansl’enceintedecesservices.
Leschefs de servicesontlesgarantsdelalaïcité.Ilsdoiventintervenirencasdemanquementàceprincipeparundeleursagentsouunusager.
Laliberté de conscienceestgarantieauxagentspublics.Ilsbénéficientd’autorisationsd’absencepourparticiperàunefête religieuse dèslorsqu’ellessontcompatiblesaveclesnécessitésdufonctionnementnormalduservice.
Lesfonctionnairessontprotégésdeladiscrimination(notammentreligieuse)parlaloidu13juillet1983,diteloiLePors(art.6).Lacirculaire du 10 février 2012fournitunelistenonexhaustivedesfêtesreligieusespouvantdonnerlieuàuneabsence,surdécisionduchefdeservice.
TEXTE DE LA CHARTE RÉFÉRENCES
LaFranceestuneRépubliqueindivisible,laïque,démocratiqueetsociale.Elleassurel’égalité devant la loidetouslescitoyenssansdistinctiond’origine,deraceoudereligion.Ellegarantitdesdroitségauxauxhommesetauxfemmesetrespectetouteslescroyances.Nulnedoitêtreinquiétépoursesopinions,notammentreligieuses,pourvuqueleurmanifestationnetroublepasl’ordrepublicétabliparlaloi.Lalibertédereligionoudeconvictionnerencontrequedeslimitesnécessairesaurespectdupluralismereligieux,àlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui,auximpératifsdel’ordre publicetaumaintiendelapaixcivile.LaRépubliqueassurelalibertédeconscienceetgarantitlelibreexercicedescultesdanslesconditionsfixéesparlaloidu9décembre1905.
Lepréambulereprendlesdispositionsrelativesàlalibertéreligieuseissuesde:-laConstitution
(art.1er);-laDéclarationdes
droitsdel’hommeetducitoyen(art.10);
-laConventioneuropéennedesdroitsdel’homme(art.9);
-laloidu9décembre1905relativeàlaséparationdesÉglisesetdel’État(art.1er).
1. Citonsparexemplel’arrêtdu27novembre2003delacourd’appeladministrativedeLyon:«Lefaitpourunagentpublic,quellesquesoientsesfonctions,demanifesterdansl’exercicedecesdernièressescroyancesreligieuses,notammentenportantunsignedestinéàmarquersonappartenanceàunereligion,constitueunmanquementàsesobligationsprofessionnellesetdoncunefaute.» w
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION44
Fichedesynthèsen°5
Lalaïcitédanslesservicespublics
Des usagers du service public
TEXTE DE LA CHARTE
EXPLICATIONS / RÉFÉRENCES
Touslesusagerssontégauxdevantleservicepublic.
L’égalitéest,aveclacontinuitéetlamutabilité,l’undestroisprincipesfondateursduservicepublic(loisdeRolland,1938).
Lesusagersdesservicespublicsontledroitd’exprimer leurs convictionsreligieusesdansleslimitesdurespectdelaneutralitéduservicepublic,desonbonfonctionnementetdesimpératifsd’ordrepublic,desécurité,desantéetd’hygiène
Lesusagersontledroitdeporterdessignes religieux,àconditiondelaisserleurvisageapparent(loidu11octobre2010interdisantladissimulation du visagedansl’espacepublic).Lesseulsusagersd’unservicepublicsoumisàl’interdictiondeporterdessignes religieux ostensiblessontlesélèvesdesécoles,collègesetlycéespublics(codedel’éducation,L.141-15-1).
Lesusagersdesservicespublicsdoivents’abstenirdetouteformedeprosélytisme.
Unusagernepeutselivreràduprosélytismereligieuxoupolitiquedansunbâtimentpublicouuneactivitéorganiséedanslecadred’unservicepublic.
Lesusagersdesservicespublicsnepeuventrécuserunagentpublicoud’autresusagers,niexigeruneadaptationdufonctionnementduservicepublicoud’unéquipementpublic.Cependant,leservices’efforcedeprendre en considérationlesconvictionsdesesusagersdanslerespectdesrèglesauquelilestsoumisetdesonbonfonctionnement.
Unusagernepeutexigerd’êtrereçuouprisenchargeparunagentmasculinouféminin.
TEXTE DE LA CHARTE
EXPLICATIONS / RÉFÉRENCES
Lorsquelavérification de l’identitéestnécessaire,lesusagersdoiventseconformerauxobligationsquiendécoulent.
Unagentpublicpeutdemanderàunusagerderetirerunsignereligieux(voile,turban…)letempsdevérifiersonidentité.Demême,unindividunepeutêtredispensédefigurertête nuesurlaphotographiedestinéeàl’établissementdesapièced’identité2.
Lesusagersaccueillisàtempscompletdansunservicepublic,notammentauseind’établissementsmédico-sociaux,hospitaliersoupénitentiaires,ontdroitaurespectdeleurscroyancesetdeparticiperàl’exercicedeleurculte,sousréservedescontraintesdécoulantdesnécessitésdubonfonctionnementduservice.
Dansles lieux de privation de liberté(casernes,hôpitaux,prisons,centreséducatifsfermés…),l’Étatdoitpermettreauxusagersd’exercerleurculte,enprenantenchargelesdépensesnécessaires(aumônerie,nourritureritualisée…)3.
2. Conseild’État,15décembre2006,AssociationUnitedSikhsetMannSingh,n°289946,et27juillet2001,Fondsdedéfensedesmusulmansenjustice,n°216903.3.Contrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,avisdu24mars2011relatifàl’exerciceducultedansleslieuxdeprivationdeliberté,Journal officiel.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 45
DÉROGATIONS À LA LOI DE 1905LaloideséparationdesÉglisesetdel’Étatde1905ne
s’appliquepassurl’ensembleduterritoirefrançais.Six régimes juridiques existent, les principaux étant :
•enAlsace-Moselle,quiétaitannexéeparl’Allemagneen1905,ledroitlocaldescultesestlargementissuduConcordat de 1802.Lesquatrecultesreconnus4(catholique,luthérien,réforméetisraélite)sontdotésd’établissementspublicsduculteplacéssouslatutelledel’État.Leministèredel’Intérieurrémunèrelespersonnelsduculteetintervientdansleurdésignationetladéfinitiondescirconscriptionsterritorialesdechaqueculte.Enoutre,unenseignementreligieuxestdispensédanslesécolespubliques.Lecultemusulmann’estpasreconnumaisdisposed’avantagesjuridiquesetfiscauxcomparables,grâceàd’autresdispositionsdudroitlocal;
•enGuyane,letexteenvigueurrestel’ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828.Seulestreconnulecultecatholique.LesministresducultecatholiquesontdessalariésduconseilgénéraldeGuyane.L’évêqueaunstatutd’agentdecatégorieA,les29prêtressontdesagentsdecatégorieB;
•enGuyaneetdansd’autresterritoiresd’outre-mer(Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna)sontappliquéslesdécrets-loisde1939,ditsdécrets Mandel,quipermettentd’attribuerdesaidespubliquesetdesavantagesfiscauxàtouteslescommunautésreligieuses.Celles-cisontconstituéesenconseilsd’administrationdesmissionsreligieuses,placéessouslatutelledel’État,etbénéficientd’avantagesfiscaux.
LeConseilconstitutionnelaconfirmérécemmentlaconstitutionnalité de ces dérogations, enconsidérantquelaproclamationducaractèrelaïquedelaRépubliquedanslaConstitutionnesignifiaitpaspourautantlaremiseencausedesdispositionsapplicablesdanscertainespartiesduterritoiredelaRépubliquelorsdel’entréeenvigueurdelaConstitution5.
MISSIONS DE SERVICE PUBLIC VS MISSIONS D’INTÉRÊT GÉNÉRAL
Dès1972,leConseild’Étatarappeléqueleprincipedelaïcitéimposait« la neutralité de l’ensemble des services publics6 »etnondelaseulefonctionpublique.LaCourdecassationaainsivalidéen2013lelicenciementd’unesalariéevoiléedelaCaisseprimaired’assurancemaladie,enconsidérantque« les principes de neutralité et de laïcité du service public sont applicables à l’ensemble des services publics, y compris lorsque ceux-ci sont assurés par desorganismes de droit privé.7 »
Qu’est-cequ’unservicepublicetenquoisedistingue-t-ild’unemissiond’intérêtgénéral?C’estlàunequestiondélicateàlaquelleonnepeutrépondrequ’aucasparcas,enétudiantunfaisceau d’indices.D’aprèslajurisprudence,unservicepublicestuneactivité d’intérêt général gérée par une personne publique ou sous son contrôle étroit8.Pourqualifierdeservicepublicuneactivitéexercéeparunorganismededroitprivé,ilfautquecetteactivitéluiaitétéexpressémentconfiéeparunepersonnepublique(État,collectivitéterritoriale…)etquel’administration ait joué un rôle déterminant dans la création, l’organisation et le fonctionnement de l’organismeenquestion.End’autrestermes,ilnesuffitpasquelapuissancepubliqueautoriseousubventionnel’activitéenquestion,encorefaut-ilqu’ellel’exerceindirectementendéfinissantlesobjectifspoursuivis,enprécisantlecontenudesprestationsoffertesetencontrôlantsonactivité.
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6. Conseild’État,avisdu21septembre1972.7.Courdecassation,Chambresociale,19mars2013.8. Conseild’État,30mai1930,ChambresyndicaleducommercedeNevers.
4. L’islam,quicompteenvirons100000fidèlesenAlsace-Moselle,nefaitpaspartiedescultesreconnus.Toutefois,lesservicesdéconcentrésdel’Étatétudientactuellement(2015)lapossibilitéd’introduireunenseignementreligieuxmusulmanenprimaireouaucollège.5.Conseilconstitutionnel,décisionn°2012-297,QPCdu21février2013.Cettedécisionfaisaitsuiteàlaquestionprioritairedeconstitutionnalité(QPC)déposéeparl’Associationpourlapromotionetl’expansiondelalaïcitéausujetdesdispositionsrelativesautraitementdespasteursdeséglisesconsistorialesenAlsace-Moselle.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION46
Ainsi,lescrèches et haltes garderies crééespardesorganismesdedroitprivénesontpastoutesdesservicespublics,mêmesiellessontsoumisesàuneautorisationduconseildépartementaletàlaréglementationpropreauxstructuresd’accueildejeunesenfants.Ilenvademêmedesassistantes maternelles et familiales.Cellesquinesontpasemployéespardescollectivitésterritorialesouleursétablissementsnesontpassoumisesaudevoirdeneutralité.Dansledomainedel’actionsocialeoumédico-sociale,ilexistedenombreuxétablissementsprivésaccomplissantdes«missionsd’intérêtgénéraletd’utilitésociale9»(missionslocales,centressociaux,clubsdeprévention…).Danslagrandemajoritédescas,ces structures ne relèvent pas de services publics, même si elles reçoivent des financements publics10.Dèslors,ellesnepeuventrestreindrelalibertédereligiondeleurssalariés,saufsicesrestrictionssont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir […] proportionnées au but recherché11. »
C’estlaquestionqu’asoulevée«l’affaire Baby Loup »(2008-2014)dansledébatpublic12 .Ils’agissaitd’unecrècheassociativequiavaitlicenciésadirectriceadjointeaumotifqu’elleportaitlevoile,ensefondantsurlerèglementintérieurquiimposaitàtouslessalariéslaneutralitéreligieuse.Celicenciementad’abordétéjugédiscriminatoirepuis,aprèsdemultiplesrebondissements,validéparlaCourdecassation,quiaestiméquecetterestrictiondelalibertédemanifestersareligionétaitsuffisammentprécise,justifiéeetproportionnée13.
RELATION AUX ASSOCIATIONS AYANT DES ACTIVITÉS CULTUELLES
Afindegarantirl’exerciceeffectifdelalibertédeculte,lescommunespeuvent,souscertainesconditions,mettreàdispositiondeslocaux.Ellespeuventégalementproposerdesaidesfinancièresàdesprojetsouactivitésenlienaveclescultes,dèslorsquecesprojetsouactivitésprésententunintérêtpubliclocal.
•Unecommunepeutmettreàladispositiond’uneassociationunesallepourunusagecultuel–exclusifounon–sous réserve que cette mise à disposition ne soit pas consentie à titre gratuit ou dans des conditions préférentielles ou pour une durée indéterminée. Ils’agitd’éviterqu’ellenesoitassimiléeàunesubventionàunculte14.Cesdispositionss’appliquentauxassociationscultuellesetauxassociationsloi1901,ycompriscellesayantuneactivité cultuelle non exclusive15.Lalocationd’unesallemunicipalepourunusagecultueldoitdoncs’effectueraux conditions du marché16.Inversement,unecommunenepeutrefuserdelouerunesalleàuneassociationcultuelleidentifiéecommesectaire,enl’absenced’élémentstangiblesétablissantunrisquedetroubleàl’ordrepublic17.Untelrefusconstitueraituneatteinteàla liberté de réunion etauprinciped’égalité de traitementquelacommunedoitrespectervis-à-visdesassociations,partisetsyndicatsquisollicitentl’utilisationdeseslocaux18.
Fichedesynthèsen°5
Lalaïcitédanslesservicespublics
14. CeprincipeaétérappeléparunedécisionduConseild’État(CE,19juillet2011,CNEdeMontpellier,n°313518)etparlacirculaireduministèredel’Intérieurdu29juillet2011.15. CE9octobre1992,CNESaint-Louisc/AssociationShivaSoupramaniendeSaint-Louis.16. LetribunaladministratifdeVersaillesaainsiannuléunedélibérationdelaVilledeSainte-Geneviève-des-Boisapprouvantlamiseàdispositiond’unesallemunicipaleàl’associationAverroèspourlapratiqueducultemusulman,aumotifqueleloyerperçuétaitinsuffisant(TAVersailles,29janvier2009).17. Conseild’État,30mars2007,VilledeLyonc.CultedesTémoinsdeJéhovahLyon-Lafayette.18. Conseild’État,15octobre1969,AssociationCaen-Demain.
9. Codedel’actionsocialeetdesfamilles,L.311-1.10. Eneffet,« l’attribution d’une subvention à un organisme au titre d’une activité d’intérêt général, même lorsqu’elle fait l’objet d’une convention précisant les modalités selon lesquelles cet organisme s’engage à exercer son activité, ne peut pas, en elle-même, être regardée comme une dévolution d’un service public. »Conseild’État,étudedemandéeparleDéfenseurdesdroitsle20septembre2013,p.25.11. Codedutravail,L.1121-1.12. Mêmesilalignededéfensedelacrèchen’apasétédeseprésentercommeunservicepublicmaiscommeune«entreprisedetendancelaïque».13. Courdecassation,Assembléeplénière,25juin2014.
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19. Conseild’État,19juillet2011,CNEdeTrélazé.20. Dansunarrêtdu4mai2012(Fédérationdelalibrepenséeetd’actionsocialeduRhône),leConseild’ÉtatavalidélasubventionverséeparlaVilledeLyonàuneassociationd’obédiencecatholiquepourl’organisationd’unerencontreinternationalepourlapaix,considérantqu’enraisondugrandnombredeparticipantsattendus,cetévénementcontribuaitàl’imagedemarquedelacollectivité21. TribunaladministratifdeChâlons-sur-Marne,18juin1996,M.ThierryCome,Association«Agir»c.VilledeReims.
•Lesassociations confessionnelles peuventêtresubventionnéespourdesactivitéssociales,éducativesouculturellesoupourunprojetprésentantunintérêt public localàconditionquesoitgaranti,notammentparvoiecontractuelle,quelemontantdelasubventionestexclusivement affecté aufinancementdecesactivitésoudeceprojetetnonaufinancementdesactivitéscultuellesdel’association19.Ainsi,unecommunepeutsubventionneruneassociationd’obédiencecatholiquepourl’organisationd’unévénementcontribuantà l’image de marque de la ville20.Uneaidefinancièrepubliqueauxcultes,directeouindirecte,peutégalementêtrejustifiéeparlecaractèrehistorique, culturel ou traditionnel del’actionsoutenue.Enrevanche,la participation directe delacommuneàl’organisationdecélébrationsreligieusesconstitueraituneatteinteauprincipedelaïcité21.
Pour aller plus loin•Conseild’État,«Lejugeadministratifetl’expressiondesconvictionsreligieuses»,Dossiersthématiques,L’étatdudroit,novembre2014,11p.:http://www.conseil-etat.fr/Decisions-Avis-Publications/Etudes-Publications/Dossiers-thematiques/Le-juge-administratif-et-l-expression-des-convictions-religieuses•CNFPT, Les Fondamentaux sur la laïcité et les collectivités territoriales,mai2015,130p.:http://www.cnfpt.fr/sites/default/files/livret_laicite.pdf•Observatoiredelalaïcité,Laïcité et collectivités locales,juillet2015,10p.:http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2015/10/charte_laicite_et_collectivites_locales-octobre2015-v3.pdf
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION48
L’expressionde«laïcitéenentreprise»estinappropriéecarleprincipedelaïciténeconcernequelesinstitutionspubliques.Laquestiondelalibertéreligieuseenentrepriserelèvedudroitdutravailetnondelaloide1905surlaséparationdesÉglisesetdel’État.Leterme«entreprise»doitêtreentenduicicommetoute structure de droit privé, qu’ils’agissed’unesociétéoud’uneassociation.
LES DROITS ET OBLIGATIONS DES SALARIÉSDANS LES ENTREPRISES CLASSIQUES
Rappelonstoutd’abordquelalibertédeconscienceconstitueundroitfondamentalgarantiparlaConstitution.Cettelibertéinclutlalibertédemanifestersareligion,commeilestprécisédansl’article9delaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme.Endroitfrançaiscommeendroitcommunautaire,les restrictionsimposéesparunemployeuràcettelibertédoiventêtrerigoureusement justifiées et proportionnées : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché » (Codedutravail,L.1121-1).
Cesrestrictionspeuventêtrejustifiéeslorsquel’exercicedudroitàmanifestersareligionestincompatibleavecdesnormes d’hygiène et de sécurité ouentrave la réalisation de la mission du salarié. Ainsi,unsalariénepeutmettreenavantsesconvictionsreligieusespoursesoustraireàunevisitemédicaleobligatoire1.Demême,laCourdecassationavalidélelicenciementd’unboucherdeconfessionmusulmanequirefusaitd’êtreencontactavecdelaviandedeporc2.Enfin,lacourd’appeldeParisaautorisélefaitd’interdireàunevendeused’uncentrecommercialdeporterunvoileaumotifquecelapouvaitnuireàl’imagedel’entreprise3.
L’exerciceparlesalariédesalibertédeconsciencenedoitpasnonplusporter atteinte à celle de ses collègues ou des usagers. Ainsi,leconseildeprud’hommesdeToulouseavalidélelicenciementd’unanimateurdecentredeloisirsquilisaitlaBibleetdistribuaitauxenfantsdesprospectusenfaveurdesTémoinsdeJéhovah4.Enrevanche,lesimpleport d’un signe religieux nepeutêtreconsidéréensoicommeuneformede prosélytisme5.
Enrésumé,touterestrictiond’unelibertéfondamentaledoitêtreprécise et limitée.Ilnepeutyavoird’interdictiongénéraleetabsoluedemanifestersareligiondansuneentreprise.Toutelimitationnerépondantpasàcescritèrespeutêtreassimiléeàunediscrimination en raison des convictions religieuses(Codedutravail,L.1132-1).Ainsi,laHaldeaconsidérécommediscriminatoirelefaitd’imposeràdesanimateursmangeanthalaldepartagerlerepasaveclesenfants« dans des conditions strictement identiques6. »
LES CLIENTS PROTÉGÉS CONTRE LA DISCRIMINATION RELIGIEUSE
Siuneentreprisepeut,souscertainesconditions,restreindrelalibertédereligiondesessalariés,ellenepeutfairedemêmeavecsesclients.Lerefus de délivrer un bien ou un service en raison de la religion constitueunediscrimination,passibledetrois ans de prison et 45 000 euros d’amende,voiredecinqansdeprisonet75000eurosd’amendesilerefusdiscriminatoire« est commis dans un lieu accueillant du public ou aux fins d’en interdire l’accès »(Codepénal,225-1-1et225-2).Ainsi,lacourd’appeldeNancyacondamnélagestionnaired’ungîteruralquiavaitrefusédelouerunechambreàdeuxfemmesauprétextequ’ellesportaientlevoile7.
Fichedesynthèsen° 6 Lareligionetl’entreprise
4.ConseildesPrud’hommesdeToulouse,9juin1997.5. Halde,n°2009-117du06.04.09;Conseild’État,07.11.96,MlleSaglamer,n°169522;CEDH,04.12.08,Droguc.FranceetKervancic.France;CEDH,30.06.09,Aktasc.France.6.Halde,14janvier2008,n°2008-10.LaHalde(intégréeauDéfenseurdesdroitsen2009)n’estpasunejuridictionmaisuneautoritéadministrativeindépendante.Sesdélibérationsn’ontdoncpasdevaleurjurisprudentielle.7. Courd’appeldeNancy,8octobre2008.
1.Courdecassation,Chambresociale,29mai1986.2.Courdecassation,Chambresociale,24mars1998,n°95-44.738.3.Courd’appeldeParis,16mars2001.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 49
Dansuneaffairesimilaire,unhôtelierarefusédelouerunechambreàuneclienteaumotifquecelle-ciportaitsonvoile,enarguantquelerèglement intérieur desonétablissementinterdisaitleportde« tout signe ostentatoire d’appartenance à un parti politique ou une religion8. »Autreexemple,uneauto-écolequiavaitrefuséd’assureruneleçondeconduiteàunejeunefemmevoiléeetquiavaitégalementinscritcetteinterdictiondanssonrèglementintérieur.Danslesdeuxcas,laHaldeaconcluàunediscriminationmais,concernantl’auto-école,sonavisn’apasétésuiviparlejugequiarelaxélemisencause9.
Pour aller plus loin•Observatoiredelalaïcité,Gestion du fait religieux dans l’entreprise privée,juillet2015,10p.:http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2015/07/gestion_religieux_entreprise_prive-juillet2015.pdf
•ÉdithArnoult-Brill,GabrielleSimon,Le fait religieux dans l’entreprise,LesavisduConseilÉconomique,SocialetEnvironnemental,novembre2013,90p.:http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2013/2013_25_fait_religieux_entreprise.pdf
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8.Halde,délibérationn°2006-133du5juin2006.9.TribunaldegrandeinstancedeNîmes,23février2007,n°07/538,MlleFatimaSibaric.M.DidierJouanne.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION50
Cetteficheprésentelesprincipauxarticlesdeloipouvantêtreexploitésparlesprofessionnelsdansleurdiscoursetleurspratiques.
Fichedesynthèsen° 7 Laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître
THÈME EXTRAIT RÉFÉRENCE
Liberté de religion
«Nulnedoitêtreinquiétépoursesopinions,même religieuses,pourvuqueleurmanifestationnetroublepasl’ordre publicétabliparlaloi.»
Déclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyende1789,art.10
«LaRépubliqueassurela liberté de conscience.Ellegarantitlelibre exercice des cultessouslesseulesrestrictionsédictéesci-aprèsdansl’intérêtdel’ordrepublic.»
Loidu9décembre1905concernantlaséparationdesÉglisesetdel’État,art.1er.
«Toutepersonneadroitàla liberté de pensée, de conscience et de religion;cedroitimpliquelalibertédechangerdereligionoudeconviction,ainsiquela liberté de manifester sa religion ousaconvictionindividuellementoucollectivement,enpublicouenprivé,parleculte,l’enseignement,lespratiquesetl’accomplissementdesrites.»
Conventiondesauvegardedesdroitsdel’Hommeetdeslibertésfondamentales(adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974),art.9.
Limitations de la liberté de religion
«Lalibertédemanifestersareligionousesconvictionsnepeutfairel’objetd’autresrestrictionsquecellesqui,prévues par la loi,constituentdesmesuresnécessaires,dansunesociétédémocratique,àlasécuritépublique,àlaprotectiondel’ordre,delasantéoudelamoralepubliques,ouàlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui.»
Respect des règles communes
«Lesdispositionsdel’article1erdelaConstitutionauxtermesdesquelles“laFranceestuneRépubliquelaïque”[…]interdisentàquiconquedeseprévaloirdesescroyancesreligieusespours’affranchir des règles communes régissantlesrelationsentrecollectivitéspubliquesetparticuliers.»
Conseilconstitutionnel,19novembre2004.
Dissimulation du visage dans l’espace public
«Nulnepeut,dansl’espacepublic,porter une tenue destinée à dissimuler son visage.[…]l’espacepublicestconstituédesvoiespubliquesainsiquedeslieuxouvertsaupublicouaffectésàunservicepublic.»
Loidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,art.1et2.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 51
THÈME EXTRAIT RÉFÉRENCE
Neutralité de l’État
«LaRépubliquenereconnaît,nesalarieninesubventionneaucunculte.»
Loidu9décembre1905concernantlaséparationdesÉglisesetdel’État,art.2.
«LaFranceestuneRépubliqueindivisible,laïque,démocratiqueetsociale.»
Constitutiondu4octobre1958,Préambule.
Aumôneries dans les établissements fermés
«Pourronttoutefoisêtreinscritesauxditsbudgetsdel’État,desdépartementsetdescommuneslesdépensesrelativesàdesservicesd’aumônerieetdestinéesàassurerlelibreexercicedescultesdanslesétablissementspublicstelsquelycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons. »
Loidu9décembre1905concernantlaséparationdesÉglisesetdel’État,art.2.
Dérogations à la loi de 1905 (Alsace-Moselle,Guyane,Mayotte,Nouvelle-Calédonie,Polynésiefrançaise,Saint-Pierre-et-Miquelon,Wallis-et-Futuna)
«EnproclamantquelaFranceestune“République…laïque”,laConstitutionn’apaspourautantentenduremettreencauselesdispositionslégislativesouréglementairesparticulièresapplicablesdansplusieurspartiesduterritoiredelaRépubliquelorsdel’entréeenvigueurdelaConstitutionetrelativesàl’organisationdecertainscultes,etnotamment,àlarémunérationdeministresduculte.»
Conseilconstitutionnel,Décisionn°2012-297,QPCdu21février2013.
Devoir de neutralité des fonctionnaires
«Lefaitpourunagentpublic,quellesquesoientsesfonctions,demanifesterdansl’exercicedecesdernièressescroyancesreligieuses,notammentenportantunsignedestinéàmarquersonappartenanceàunereligion,constitueunmanquementàsesobligationsprofessionnellesetdoncunefaute.»
Conseild’État,3mai2000,MlleMarteaux.
Devoir de neutralité dans les services publics
«Lesprincipesdeneutralitéetdelaïcitéduservicepublicsontapplicablesàl’ensembledesservicespublics,ycomprislorsqueceux-cisontassuréspardesorganismesdedroit privé. »
Courdecassation,chambresociale,19mars2013.
Limitation de la liberté religieuse (secteur privé)
«Nulnepeutapporterauxdroitsdespersonnesetauxlibertésindividuellesetcollectivesderestrictionsquineseraientpasjustifiéesparlanaturedelatâcheàaccomplirniproportionnées aubutrecherché.»
Codedutravail,L.1121-1.
Non-discrimination«Nulnepeutêtrelésé,danssontravailousonemploi,enraisondesesorigines,desesopinionsoudesescroyances.»
Constitutiondu27octobre1946,Préambule.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION52
THÈME EXTRAIT RÉFÉRENCE
Non-discrimination
«Ladiscriminationdéfinieauxarticles225-1et225-1-1,commiseàl’égardd’unepersonnephysiqueoumorale,estpuniedetroisansd’emprisonnementetde45000eurosd’amendelorsqu’elleconsiste:1)àrefuserlafournitured’unbienoud’unservice;[…]4)àsubordonner lafournitured’unbienoud’unserviceàuneconditionfondéesurl’undesélémentsvisésàl’article225-1ouprévueàl’article225-1-1;[…]Lorsquelerefusdiscriminatoireprévuau1°estcommisdansunlieu accueillant du publicouauxfinsd’eninterdirel’accès,lespeinessontportéesàcinqansd’emprisonnementetà75000eurosd’amende.»
Codepénal,225-2.
Laïcité de l’enseignement public
«Leservicepublicdel’enseignementsupérieurestlaïqueetindépendantdetouteemprisepolitique,économique,religieuseouidéologique;iltendàl’objectivitédusavoir;ilrespecteladiversitédesopinions.Ildoitgarantiràl’enseignementetàlarechercheleurspossibilitésdelibredéveloppementscientifique,créateuretcritique.»
Codedel’éducation,L.141-6.
Interdiction du port de signes religieux par les élèves
«Danslesécoles, les collèges et les lycées publics,leportdesignesoutenuesparlesquelslesélèvesmanifestentostensiblementuneappartenancereligieuseestinterdit.Lerèglementintérieurrappellequelamiseenœuvred’uneprocéduredisciplinaireestprécédéed’undialogueavecl’élève.»
Codedel’éducation,L.141-5-1.
Restriction possible du port de signes religieux par les parents accompagnant les sorties scolaires
«Lesexigencesliéesaubonfonctionnementduservicepublicdel’éducationpeuventconduirel’autoritécompétente[chefd’établissement],s’agissantdesparentsquiparticipentàdesdéplacementsoudesactivitésscolaires,àrecommanderdes’abstenirdemanifesterleurappartenanceouleurscroyancesreligieuses.»
Conseild’État,avisdu23décembre2013.
Fichedesynthèsen°7Laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 53
Lalaïcitéestunprincipejuridico-politiquedeséparationdupouvoirpolitiqueetdupouvoirreligieux.Ainsi,« la laïcité est définie par l’ensemble des textes de loi qui font le droit français des religions, éclairé par la jurisprudence1.»Onpeuttoutefoisaffirmerquelalaïcitéreposesurdeuxpiliers:lalibertédereligionetlaneutralitédel’État.
LA LIBERTÉ DE RELIGIONElleenglobelalibertédeconscienceetlaliberté
deculte.Elleinclutenoutreledroit de manifester sa religion, enportantdessignesreligieux(laissantlevisagedécouvert)ouenparticipantàdesmanifestationsreligieusesdansl’espacepublic.L’Étatpeuttoutefoislimiter cette libertépourdesmotifsliésàlasécuritépublique,àlaprotectiondel’ordre,delasantéoudelamoralepubliques,ouàlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui2.Parailleurs,lescitoyensnepeuventseprévaloirdeleursconvictionsreligieusespours’affranchir de la loioudesrèglements.
Ledroitdemanifestersareligionpeutégalementêtrelimitéparl’employeur.Danslafonctionpublique,touslesagentssontsoumisaudevoir de neutralité. Danslesecteurprivé,ledroitdemanifestersareligionpeutêtrerestreintpourdesraisonsdesécuritéoud’hygiène,ousil’exercicedecedroitparlesalariéentraveourendimpossiblelaréalisationdesamission.Cependant,toute restriction de cette nature doit être précise et limitée. Ilnesauraityavoird’interdictiongénéraleetabsoluedemanifestersareligiondansuneentreprise.Touterestrictionnonjustifiéeconstitueunediscrimination religieuse.Ilenvademêmepourtoutrefusdedélivrerunbienouunserviceenraisondelareligion.
LA NEUTRALITÉ DE L’ÉTAT Enpremierlieu,lespouvoirspublicsnepeuvent
salarierlesministresdescultes3, sauf dans les établissements fermés(internats,casernes,hôpitaux,prisons4)oùlesindividusnepourraientautrementexercerleurlibertédeculte.Lespouvoirspublicsnepeuventpasnonplussubventionnerlesactivitésreligieusesdesassociationscultuelles,enleurversantdessubsidesouenmettantàdispositiondeslocauxgratuitementpourl’exercicepublicduculte.Cesinterdictionsn’empêchenttoutefoispasl’Étatoulescollectivitésterritorialesdedialogueraveclesacteursreligieux.
Laneutralitédel’États’appliqueaussiauxbâtiments publics, quidoiventêtreviergesdetoutsignereligieux.Enfin,lesfonctionnairesnepeuventlaissertransparaîtreleursconvictionsreligieusesparleurtenueouleurcomportement.Cedevoir de neutralités’imposeàtouslesagentsdestroisfonctionspubliques,quelquesoitleurstatut,ainsiqu’auxsalariésdesstructuresexerçantune mission de service public. L’interdictiondeporterdessignesreligieuxconcerneégalementlesélèvesdesécoles,collègesetlycéespublics.
Fichedesynthèsen° 8 Droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir
3. SaufenAlsace-Moselle,oùlaloide1905nes’appliquepascarceterritoireétaitsousgouvernementallemandquandlaloifutvotée.LeConcordatyestdonctoujoursenvigueur.4. Ils’agitdesaumôneriesprévuesàl’article2delaloide1905.
1.OlivierRoy,La laïcité face à l’islam,Stock,2005.2.Article9delaConventiondesauvegardedesdroitsdel’Hommeetdeslibertésfondamentales;adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 55
Séquence5Analyse des situations professionnelles5
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P. 56 Fiche formateur n°6
Jour1Après-midi
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION56
MISE EN CONTEXTELaséquenceviseàcontextualiseretàréfléchirà
dessituationsdéjàvécuesparlesparticipantsenlienaveclesujetdelalaïcité.L’objectifestd’amenerlesparticipantsàsequestionneretàprendreconsciencedelanécessitéd’analyserunesituationdanssonentièretéetnonuniquementsousl’anglereligieuxafind’identifierlesréponseslesplusadéquates.Leprincipedelaïciténedoitpasêtreinvoquésystématiquement,aurisqued’arriveràdesdérivesetàcristalliserdessituationsautourdeladimensionreligieusealorsquel’usaged’autresprincipespeutêtrejudicieux(civilité,respect…).Lebutestquelesparticipantsseprojettentdansunesituationréelleetqu’ilsréfléchissentauxréactionsetargumentairesàtenir.
SITUATIONVousdemandezauxparticipantsdeciterdemanière
succinte(enuneoudeuxphrases),lessituationsqu’ilsontpurencontrerenlienaveclalaïcité.
Àpartirdecespropositions,vousconduisezlegroupeàchoisirdefaçoncollégiale3situations,émanantdeparticipantsdifférents,surlesquellesilssouhaitenttravailler.Lechoixpeutêtreopéréenfonctiondelacomplexitéperçuedelasituation,del’originalitéparrapportauxcasdéjàévoquésenformationetdeladiversitédescontextesetenjeuxdechacunedessituationsévoquées.
Lestroissituationschoisiessontensuitedécritesàl’ensembledesparticipantsdefaçondétailléeetfactuelle(enévitanttouteopinion,sentiment,jugementdevaleuretensebasantparexemplesurlemodèle«qui,quand,quoi,où,comment»).Aucunepistedesolutionn’estdonnée,seulelasituation
dedépartestdécrite.Desquestionsdeprécision/compréhensionpeuventêtreposéesparlesparticipantsavantdecommencerl’analyseensous-groupe.
Vousdivisezensuitelesparticipantsen3sous-groupesA,BetC,autourdes3porteursd’unesituationchoisie.
VousinscrivezlestroissituationsA,BetCsurdesenveloppes(unesituationparenveloppe).
Vousdistribuezensuitel’enveloppeAaugroupeB;l’enveloppeBaugroupeCetl’enveloppeCaugroupeA.
DÉROULEMENT•chaque groupe travaille sur une situation,trouve
sespistesderésolutionetlesnotesurunefeuilleblancheA4qu’ildéposeensuitedansl’enveloppe«Situation».
•au bout de 20 minutes, changement d’enveloppe :vousremettezl’enveloppeAaugroupeC,l’enveloppeBaugroupeAetl’enveloppeCaugroupeB.Chaquegroupetraiteainsilessituationsdesautresetapportedesélémentssansvoirlesréponsesdesautresgroupes.
Danscetexercice,vousêteslegardiendutempsetêtesvigilantàcequelesdifférentsgroupesrespectentbienlesconsignes(pasdejugementsdevaleur,pasdeconsultationdesréponsesdesautresgroupes,etc.).Vouspouvezlaisserlesfichesjuridiquesutiliséesàlaséquence4àladispositiondesparticipantss’ilssouhaitents’yréférer,toutenprécisantquelesréponsesàapporteràlasituationnesontpasforcémentd’ordrelégal.
20min:descriptionetchoixdessituations60min:jeuxdesenveloppes40min:restitutionetdébatenplénière
Ficheformateurn° 6Jeudesenveloppes
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 57
• Lors de la troisième et dernière séquence de 20 minutes,chaquegrouperetrouvelasituationinitialementproposéeparl’undesesmembres.Ilouvrel’enveloppecomportantlesréponsesapportéesparlesdeuxautresgroupesetsélectionnelessolutionsluisemblantlespluspertinentes.Leschoixdoiventêtrejustifiés(causesprésuméesdelasituation,arbitragesetpointsdevuedechaquegroupe,explicationetargumentsinvoqués,impactsprévisibles,questionsquecelaasoulevées).
Autermedel’exercice,desapportssontdonnéssurlanécessitéd’analyserunesituationdanssonentièretéetnonuniquementsousl’anglereligieuxafind’évitertoutedérive.Enprenantdureculetenévitantdesefocalisersurununiqueaspectfacilementappréhendable,ilestpossibled’identifierd’autresmoteursdel’actionquelasimpleoppositionauprincipedelaïcité;lecomportementdesoninterlocuteurpeutêtremotivépardifférentesdimensions:personnelles,sociales,éducatives,culturelles,etc.Seuleuneanalysefinedelasituation
permetd’identifierlaposturelaplusadéquateàadopteretlesargumentslespluspertinentsàavancer(cadrejuridique,règlementintérieur,règlesdesavoir-vivreensemble,dialogue/sanction…).
Vousindiquerezauxparticipantsdeconserverlesélémentsdecesanalysesainsiquelessolutionsenvisagéescarilsserontdenouveauutiliséslelendemaindanslecadredesjeuxderôlesorganisésàlaséquence8.
FICHES ASSOCIÉES•Fichesdesynthèses:-n°1:idéesreçuessurlalaïcité-n°4:glossaire-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir.
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20minutes20minutes
20minutes
GROUPE A
GROUPE BGROUPE C
SITUATION
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 59
Séquence6Autopositionnement
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P. 60 Fiche formateur n° 7P. 61 Fiche stagiaire ressource n° 3 : quizP. 62 Fiche stagiaire corrigée n° 3 : quiz
Matin
Jour2
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION60
MISE EN CONTEXTECetteséquenceouvrelasecondejournéede
formationetviseàrepérercequelesparticipantsontassimiléounondelaprécédentejournée.Elleestunappuiauxrestitutions,débatsetréflexionsindividuellesoucollectivesmenéslaveille.
Cette séquence a une triple finalité :• vérifier l’acquisitiondenouvellesnotions;• identifierlespointsdedifficultéou
lesincompréhensionssubsistantàl’issuedelapremièrejournée,cequipermetd’apporterlesprécisionsetcomplémentsnécessairespourétabliruncadrederéférencepartagé;
• permettre auxparticipantsd’établirunbilanpersonneletdesepositionnerparrapportàlaquestiondelalaïcité.
Cetteséquencepermetainsiderepérerlesbesoinsd’approfondissementdesparticipantsetdepercevoirl’évolutionounondeleursreprésentationsparrapportàlaquestiondelalaïcité.
SITUATIONAprèsunrapiderappeldesséquencesabordéesla
veille,vousdistribuezlequizd’autopositionnementauxparticipantsafinqu’ilslecomplètentindividuellement.Lesréponsessontprésentéesenplénièreetouvrentl’échangeafindepréciserlesdifférentesnotions.
FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°3etfichestagiaire
corrigéen°3:quiz
•Fichesdesynthèse:-n°1:idéesreçuessurlalaïcité-n°2:histoiredelalaïcitéenFrance:lesgrandes
dates-n°3:histoiredelalaïcitéenFrance-n°4:glossaire-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir-n°9:lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/aux
usagers-n°10:laïcité:les10messagesclés.
5mindequiz,25mindedébriefingetd’échangesenplénière
Ficheformateurn° 7Autopositionnement
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eFichestagiaireressourcen° 3:quizd’autopositionnement
5mind’exercice
CONTENUVRAI FAUX
1 Lalaïcitéinterditd’exprimersareligionenpublic
2 Êtrelaïque,c’estêtreathée
3 Lalaïcitéestunconceptrécentapparuilyaunedizained’années
4Ilestpossiblededemanderàunepersonnederetirerunsignereligieuxqu’elleportedanslecadreprofessionnel
5 Lalaïcitéestunprincipegarantissantlalibertéindividuelle
6Lapuissancepubliquepeutengagerunfinancement/subventionnementd’établissementoud’édificeàvocationcultuelle
7 L’Étatfrançaissecaractériseparleprincipedeneutralité
8
Deparleurstatut,lesfonctionnairessontsoumis,enmatièredeneutralitéreligieuse,àdesrèglesetdesdevoirsquileursontspécifiquesparrapportauxautrescitoyens
9 Lalaïcitéinterdittouteactiondeprosélytisme
10
Leprincipedelaïcitéinterditauxpersonnelsetauxélèvestoutportdesignesoutenuesmanifestantostensiblementuneappartenancereligieuseauseindesécoles,collègesetlycéespublics
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION62
Fichestagiairecorrigéen° 3:quizd’autopositionnement
25mindedébriefing
VRAI FAUX
1 Lalaïcitéinterditd’exprimersareligionenpublic
2 Êtrelaïque,c’estêtreathée
3 Lalaïcitéestunconceptrécentapparuilyaunedizained’années
4 Ilestpossiblededemanderàunepersonnederetirerunsignereligieuxqu’elleportedanslecadreprofessionnel
5 Lalaïcitéestunprincipegarantissantlalibertéindividuelle
6Lapuissancepubliquepeutengagerunfinancement/subventionnementd’établissementoud’édificeàvocationcultuelle
7 L’Étatfrançaissecaractériseparleprincipedeneutralité
8
Deparleurstatut,lesfonctionnairessontsoumis,enmatièredeneutralitéreligieuse,àdesrèglesetdesdevoirsquileursontspécifiquesparrapportauxautrescitoyens
9 Lalaïcitéinterdittouteactiondeprosélytisme
10
Leprincipedelaïcitéinterditauxpersonnelsetauxélèvestoutportdesignesoutenuesmanifestantostensiblementuneappartenancereligieuseauseindesécoles,collègesetlycéespublics
1 Dansl’espacepublicetdanslesservicespublics,lalibertéd’expressiondesconvictionsreligieuses
pourlesusagersetlescitoyensestlarègle,ycomprisparleportd’unetenuevestimentaireoudesignesreligieuxvisiblesconformesàdespréceptesdenatureconfessionnelle(saufdissimulationduvisage).Unusagerpeutdoncserendreàlamairieoudansunéquipementpublicenportantunsignereligieux.
2L’adjectiflaïquedésignecequiseréfèreàlalaïcité,doctrinedeséparationdesinstitutionsreligieuses
etpolitiques.Ilesttoutàfaitpossibled’êtrecroyantetpartisandelalaïcité.C’étaitlecasdenombreuxdéputésrépublicainsquiontvotélaloide1905.Lalaïcitén’estpashostileàlareligionpuisqu’ellegarantitlalibertédeconscience.Ellen’estpasnonplusunecroyancemaisleprincipequirendpossiblelacoexistencedetouteslescroyances.Onlevoit,onpeutêtreathéeetnon-laïquesil’onfaitdel’athéismeunecroyancesupérieurequidevraitêtreimposéeàtous.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 63
3L’histoiredesreligionsenFranceestjalonnéedeguerresciviles,depersécutionsetdeviolentes
controverses.Lalaïcitéaétéconçuecommeuninstrumentdepaixcivile,unefaçondegarantirquelareligionnesoitplusunfacteurdedivisiondanslasociétéfrançaise.Lapierreangulairedurégimefrançaisdelaïcitéestlaloidu2décembre1905deséparationdesÉglisesetdel’État,quimitfinauConcordat.Danscesystème,ilexistaitquatrecultesofficielsquiétaientàlafoissubventionnésetcontrôlésparl’État.
4Ilestpossiblededemanderàunepersonne,quiestagentpublicousalariéededroitprivéexerçant
unemissiondeservicepublic,deretirerunsignereligieuxqu’elleportedanslecadreprofessionnel.Lalibertéd’expressiondesconvictionsreligieusesnesauraitporteratteinteàd’autresprincipesessentielsrappelésparlaChartedelalaïcitédanslesservicespublicsde2007,àsavoirlaneutralité,l’hygiène,lasanté,lebonfonctionnementduserviceetl’absencedetroublesàl’ordrepublic(circulairedu13avril2007).Ainsi,dansunéquipementsportifparexemple,desrestrictionsauportdesignereligieuxpourrontêtreédictéespourdesraisonsd’hygièneoudesécurité.
5 Lalaïcitépréservelalibertédeconscienceetdereligionetgarantitlelibreexercicedescultes,
quisupposelaprotectiondenombreuseslibertésfondamentales:
• la liberté de réunion :lesréunionscultuellessontconsidéréescommepubliques,maisdispenséesdesformalitésdedéclarationdelaloidu30juin1881;
• la liberté de manifester publiquement:lescérémonies,processionsetmanifestationsextérieuressontpossibles;
• la liberté d’association :lesmouvementsreligieuxpeuventseregroupersousformeassociative.L’Étatmetàdispositiondesstructuresjuridiquesdédiées:associationsclassiquesloi1901,associationsspécifiques,cultuelles(loi1905);
• la liberté d’exercer un culte :ceuxquiempêchentouretardentl’exerciceducultepardestroublesetdesdésordressontsanctionnés;
• la libre disposition de locaux adaptés :lescultesdoiventdisposerdeslieuxetobjetsnécessairesauxcélébrationspubliquesd’unculte.
6LaRépubliquenereconnaîtaucunculte,nesalarieaucunculte,nesubventionneaucun
culte.Ellenepeutpassubventionnerdesactivitésreligieusesenleurversantdessubsidesouenmettantàdispositiondeslocauxgratuitementouàtarifpréférentiel.Souscertainesconditions,l’Étatpeuttoutefoisfinancer/subventionner:
• la construction d’un édifice à vocation cultuelleetculturelleautitredesactivitésculturelles.Lasubventionpeutfinancerl’activitéculturelleàconditionsque:-lelieusoitouvertàtous(estainsijustifiélecaractèred’intérêtgénéraloulocalduprojet),-unpartagecomptablenetentrecequirelèveducultueletcequirelèveduculturelsoitmisenplace,ainsiqueladistinctiondesresponsablesdesassociationsrespectives;
• les établissements privés sous contrat d’associationavecl’État(loiDebréde1959etlaloiCarlede2009).Cedernierleuraccordeuneaidefinancière,encontrepartie:-lesprogrammesdoiventêtrelesmêmesquedansl’enseignementpublic,-l’enseignementreligieuxn’estpasobligatoire;-lesenfantsnepartageantpaslamêmereligionquel’établissementnepeuventpasêtrerefusés;
• les ministres des cultes, uniquementdanslesétablissementsfermés(internats,casernes,hôpitaux,prisons)oùlesindividusnepourraientautrementexercerleurlibertédeculte.
7 Lesservicespublicssontneutres:ilsnepeuventêtreassurésdefaçondifférenciéeenfonction
desconvictionsreligieusesdesusagers.C’estuneconséquencedirecteduprinciped’égalitédevantlaloi,dontlecorollaireestlaneutralité.Cesseraitd’êtreneutrel’Étatquipourraitlaisseràpenserauxusagersduservicepublicqu’ilétablitdesdistinctions,voiredespréférences,selonlesopinionsreligieuses.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION64
Fichestagiairecorrigéen° 3:Quizd’autopositionnement
8Leprincipedeneutralitéduservicepublicetleprincipedelaïcitéemportentdes
conséquencesimportantespourlesagentspublics.Ilsfontobstacleàlamanifestationdetoutecroyancereligieusedelapartdesfonctionnairesetdesagentspublicsdansl’exercicedeleursfonctions.Ainsi,toutsignereligieuxvisibleestinterdit,commetouteattitudequipourraitêtrelamarqued’uneadhésionàunecroyanceparticulière.Manifestersesopinionsreligieusesdansl’exercicedesesfonctionsconstitueunefauteprofessionnelleausensdel’article29dustatutdelafonctionpubliquedu17juillet1983.« Les principes de neutralité et de laïcité du service public sont applicables à l’ensemble des services publics, y compris lorsque ceux-ci sont assurés par des organismes de droit privé. »Courdecassation,chambresociale,19mars2013.Leprincipedeneutralitédesservicespublicsemportedesobligationsàl’égarddesagentspublicsquinepeuventavantageroupénaliserenfonctiondeleursconvictionspolitiques,religieusesouphilosophiqueslesusagersduserviceoulescocontractantsdel’administration.LaCourdecassationapréciséque(chambresociale9mars2013):« les principes de neutralité et de laïcité du service public sont applicables à l’ensemble des services publics, y compris lorsque ceux-ci sont assurés par des organismes de droit privé ».
9LeLaroussedéfinitleprosélytismecommeun« zèle ardent pour recruter des adeptes, pour
tenter d’imposer ses idées ».Onpeutconsidérerleprosélytismecommeunemanifestationdelalibertéreligieuse.Àcetitre,ilestprotégéparlaloi,commel’arappelélaCoureuropéennedansunarrêtde1993oulacourd’appeldeMontpellierdanssonarrêtdu13juin2000:« Le prosélytisme est propre à chaque religion et ne saurait en soi être considéré comme fautif. »Cependant,leprosélytismeexcessifpeutêtresanctionnédanscertainscas,notammentlorsqu’ils’exercedanslecadreprofessionnelouauprèsdesmineurs.
10« Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les
élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève. »Codedel’éducation,L.141-5-1.Afindepréserverl’écolepubliquedesrevendicationsidentitairesetcommunautaires,dansceservicepublicparticulierpuisqu’ilaccueilleunpublicvulnérabledontlelibrearbitredoitêtreconforté,laloidu15mars2004interditlessignesoutenuesdontleportconduitàsefaireimmédiatementreconnaîtreparsonappartenancereligieuse,telsquelevoileislamique,lakippa,unecroixdedimensionimportanteouleturbansikh.Le respect des croyances des élèves et de leurs parents implique donc dans les écoles publiques :
•l’absenced’instructionreligieusedanslesprogrammes,
•laneutralitédupersonnel,•l’interdictionduportdesignesreligieuxostensibles
parlesélèves,•l’interdictionduprosélytisme.
FICHES ASSOCIÉESFichesdesynthèse:-n°1:idéesreçuessurlalaïcité-n°2:histoiredelalaïcitéenFrance:lesgrandesdates-n°3:histoiredelalaïcitéenFrance-n°4:glossaire-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir-n°9:lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/auxusagers-n°10:laïcité:les10messagesclés.
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Séquence7Argumentation7
60 min
P. 66 Fiche formateur n° 8 P. 67 Fiche stagiaire ressource n° 4 : étude de casP. 69 Fiche stagiaire corrigé n° 4 : étude de cas P. 76 Fiche de synthèse n° 9 : la laïcité expliquée
à mes collègues/aux usagersP. 78 Fiche de synthèse n° 10 : les 10 messages clés
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66 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION
MISE EN CONTEXTE Laséquenceviseàcequelesparticipantssachent
quelsargumentsinvoquerenfonctiondessituationsmettantlaquestiondelalaïcitéaucentredudébat.Ens’appuyantsurlespointsabordésdanslesprécédentesséquences,lesparticipantspourrontmettreenpratiqueunedémarched’analyseprécisedessituations.Ilspourronttraiterlessituationsenprenantlahauteurnécessairepourbiencernerlecontexteetlesmobilesdesdemandes/revendicationsdesprotagonistes.Cettecompréhensionleurpermettrad’élargirleurchampdespossiblesentermesderéponseàapporter.
L’objectifpourlesparticipantsestdeprendreconsciencequelemotifreligieuxénoncédeprimeabord,soitdanslespropos,soitparleportd’effetsreligieux,n’estpastoujourslaraisondelademande.Ilconvientalorsdenepasbrandirsystématiquementleprincipedelaïcitécarilnefaitpasforcémentéchoauxpréoccupationsréellesdesinterlocuteurs.Parailleurs,cetabusrisquedecristalliserlessituationsetd’envoyerlemessagequelalaïcitéestunoutilpropiceàladiscrimination.
Laséquencepermetainsidecomprendrecommentéviterlacrispationautourdelaquestionreligieuseetlaposturededéfiancequirisqueraientdeconduireàunerupturededialogueetàunesituationconflictuelle.
SITUATIONÀpartirdelabanquedecasréelsoufictifs,
voussélectionnezunesituationpourchaquesous-groupequevousavezconstitué.Cechoixestopéréenfonctionduprofildesparticipantsetdelanaturedeséchangesquiontprésidédurantlaformation.Vousinvitezlesparticipantsàconstruireunargumentairedestinéàpromouvoiretàexpliquerdemanièrepédagogiquelemessageàtenirdanslasituationdonnée.Lesgroupesprésenterontensuiteleurargumentaireenplénièreenindiquantlesélémentsdecontextequ’ilsontprisencomptepourarbitrerentrelesdifférentsargumentsàavancer.
Deséchangesentrelesparticipantssuivrontlesprésentationsetvouslesinciterezàréinterrogerlasituation,àlaregardersousunautreangleafindeleurpermettred’appréhenderlasituationsousdesjoursnouveaux,l’idéeétantdelesameneràenvisagerd’autrestypesderéponsequeceuxénoncésspontanément.
Àl’issuedeséchanges,vousapporterezdeséclairagescomplémentairessurl’analysedelasituationetlesoptionsquiseprésentaient.
FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°4etfichestagiaire
corrigéen°4:étudedecas•Fichesdesynthèse:-n°9:lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/auxusagers-n°10:laïcité:les10messagesclés
20mind’exercice,40mindedébriefing
Ficheformateurn° 8Constructiond’unargumentaire
67KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
20 mind’exercice,40mindedébriefing
Fichestagiaireressourcen° 4Étudesdecas
Situation n° 1 : vousêtesdirecteur-triced’uneassociationd’accompagnementàlascolaritéconventionnéeavecl’Éducationnationale.Vousaccueillezdenombreuxvolontairesenservicecivique.Hier,l’undevosvolontairesainterrompuuncoursàdomicilepourfairesaprièredevantsonélève.Lamèredecederniervousaappelépours’enplaindre.
Quefaites-vous?
Situation n° 2 : vousêtesresponsableduservicedescimetièresdansunemairie.Unhommeseprésenteàvous.Samèrevientdedécéderetilsouhaitelafaireinhumerlejourmême,«commeleveutlatraditionmusulmane».Vousluiprécisezquelaloiimposeundélaiminimumdevingt-quatreheuresavantd’enterrerundéfunt.Ilinsiste,enajoutantqu’ilconnaîtpersonnellementunélumunicipal.Peuaprès,l’éluenquestionvousappellepourvouspresserdefairelenécessaireafinqueladéfuntesoitinhuméelejourmême.
Quefaites-vous?
Situation n° 3 : vousêtesencadrant-etechniqueàSaveursdeTerroirs,unrestaurantd’insertion.Parmilessalariésquevousencadrezencuisine,unejeunefemmeaffichedeplusenplusouvertementsafoijuivedepuisqu’ellearejointuneassociationloubavitch(mouvementprônantleretourdesjuifsàlapratiquereligieuse).Elleportedésormaisuneperruque,conformémentàlatraditionjuiveorthodoxe,etsemontredégoûtéechaquefoisqu’elledoitmanipulerdelaviandedeporcoudel’alcool.Unjour,ellevousditqu’elleneveutplusêtreencontactaveccesingrédientsetvousdemandeàneplustravaillerlesamedi,jourduShabbat.Or,c’estlejouroùvousservezleplusderepas.
Quefaites-vous?
Situation n° 4 :vousêtesanimateur-tricederestaurationscolaire,c’est-à-direquevousencadrezlesélèvesd’écoleprimairependantlapauseméridienne.Lamairiequivousemploievientdemettreenplacedesmenusvégétariens,toutenmaintenantlesmenusclassiques.Unparentd’élèvequiachoisipoursafillelemenuvégétarienvientseplaindredufaitquecelle-ciamangédelaviandecarunecamaradeluiafaitgoûtersonsteak.Ilesttrèscontrariécarilveutfairedesafille« une bonne musulmane ».Aussi,ilvousdemandedeluigarantirquecelanesereproduiseplusàl’avenir.
Quefaites-vous?
Situation n° 5 :vousêtesdirecteur-triced’uncentresocialassociatif.Àl’accueil,unpanneaud’affichagerelaielesinitiativeslocales.Uneassociationdequartieryapunaiséuneafficheannonçantl’organisationprochained’un«cochongrillé»(repasouvertàtous,avecparticipationauxfrais).Desusagersducentreontperçucetteinitiativecommeuneprovocation,carlequartiercompteuneimportantecommunautémusulmane.Unhommeamêmemenacédeporterplaintepourdiscrimination.Vousavezdoncdécidéderetirerl’affichemaisunepartiedessalariésducentresocials’yoppose,aumotifqu’ilnefautpascéderau«communautarisme».
Quefaites-vous?
Situation n° 6 : vousêtesenseignant-ed’histoire-géographieencollègeetchargé,àcetitre,del’enseignementmoraletcivique.Suiteàdesproposhomophobestenusparcertainsdevosélèves,vousavezinvitéuneassociationagrééeàanimeruneinterventionsurlaluttecontrel’homophobieetenavezinformévosélèves.Lepèredel’und’euxvientvousdemanderdedispensersonfilsd’yassister« par respect pour ses convictions religieuses ».Pourlui,l’homosexualitéestun« péché ».Ilproposequesonfilsailleensalledepermanencependantl’interventiondel’association.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION68
Fichestagiaireressourcen° 4Étudesdecas
Situation n° 7 : vousêteséducateur-tricedeviequotidiennedansuncentreéducatiffermé.Marco,unrésident,vousademandédeluiprocurerunexemplairedelabible,cequivoussurprendcariln’avaitjamaisjusqu’icimanifestélemoindresignedereligiosité.Toutefois,vousavezremarquéqu’ilasympathiséavecTrésor,unautrerésident,quinecachepassonappartenanceàuneÉgliseévangélique.Certainsdevoscollèguesestimentqu’ilnefautpasfournirdebibleàMarcoparceque « le CEF est un établissement laïque »etquecelarisquedefavoriserleprosélytisme.
Quefaites-vous?
Situation n° 8 :vousêtesresponsableduservicedupatrimoinedansunemairie.Uneassociationévangéliquesollicitelamiseàdispositiongracieused’unesallemunicipalepourlamiseenplaced’uncoursdegospel.Or,cetteassociationestconnuepourêtreparticulièrementprosélyte.Deplus,voussavezquelasalleprivéeoùelleorganisesesofficesreligieuxnesuffitplusàaccueillirtoussesfidèles,deplusenplusnombreux.Vouscraignezquececoursdegospelneservedefaçadeàdescélébrationsreligieuses.
Quefaites-vous?
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 69
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Fichestagiairecorrigéen° 4Étudesdecas
CAS N° 1 PRIÈRE PENDANT UN COURS À DOMICILE Contexte : associationDomaine : éducationNotions associées :neutralité.Situation : vousêtesdirecteur-triced’uneassociationd’accompagnementàlascolaritéconventionnéeavecl’Éducationnationale.Vousaccueillezdenombreuxvolontairesenservicecivique.Hier,l’undevosvolontairesainterrompuuncoursàdomicilepourfairesaprièredevantsonélève.Lamèredecederniervousaappelépours’enplaindre.Quefaites-vous?Décryptage
Selontoutevraisemblance,votreassociationestunorganismededroitprivéexerçantunemissiond’intérêtgénéral,etnonunservicepublic(bienqu’ellesoitconventionnéeavecl’Éducationnationale).Vosintervenants,quelquesoitleurstatut(salarié,servicecivique1,stagiaire,bénévole),ne sont donc pas a priori soumis au devoir de neutralitéaumêmetitrequelesfonctionnaires.Pourautant,ilssonttenusd’adopteruncomportementappropriélorsqu’ilsinterviennentdanslesétablissementsscolairesouàdomicile,cequisupposenotammentdes’enteniràleurmission
TABLE DES MATIÈRESCas n° 1 : prière pendant un cours à domicile.................69Cas n° 2 : demande urgente d’inhumation..........................69Cas n° 3 : une loubavitch en cuisine.................................................70Cas n° 4 : menu végétarien à la cantine......................................71Cas n° 5 : le cochon grillé de la discorde.......................................71 Cas n° 6 : demande de dispense d’enseignement................................................................................................................72Cas n° 7 : demande d’une bible par un mineur en situation d’enfermement.......................................................................73Cas n° 8 : cours de gospel dans une salle municipale................................................................................................................................73
éducative.Àcetégard,lecomportementdecevolontaireestproblématique,d’abordparcequ’ilainterrompusoncourssansraisonvalable.Ensuite,parcequesongesteestsusceptibled’avoirdesconséquencesproblématiquesauregarddesamissionetsurl’imagedel’association.Entantque«professeurparticulier»,ildétientunepositiond’autoritésurlejeune,quipeutvoirenluiuneformedemodèle.Enpriantdevantsonélève,levolontaireexercedoncpotentiellementuneinfluencereligieusesurlui.Ilpourraitenoutrelaisserpenserquel’associationquil’accueilleauncaractèreconfessionnel,cequin’estpaslecas.Pistes d’action
•Recadrerlevolontaireourompresoncontratsivousestimezqu’ilacommisunefautegrave.
•Clarifier,sinécessaire,dansvosdocumentsinternes(charte,statuts,fichesdeposte…)lecomportementquevousattendezdevosintervenants,notammentenmatièred’expressiondesconvictionsreligieuses.
•Expliquercesrèglesenamontauxcandidats(bénévoles,serviceciviqueousalariés)etlesrappeleràtoutevotreéquipe.
•Rassurerlesparentsdel’élèvesurlefaitquecetincidentnesereproduiraplus.
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1.«Lapersonnevolontaireestsoumiseauxrèglesdesservicesdelapersonnemoraleagrééeauprèsdelaquelleelleaccomplitsonservicecivique.»Codeduservicenational,L.120-15.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION70
CAS N° 2 DEMANDE URGENTE D’INHUMATION Contexte :mairieDomaine :policedesfunéraillesNotion associée :primautédelaloirépublicainesurlaloireligieuseSituation : vousêtesresponsableduservicedescimetièresdansunemairie.Unhommeseprésenteàvous.Samèrevientdedécéderetilsouhaitelafaireinhumerlejourmême,« comme le veut la tradition musulmane ».Vousluiprécisezquelaloiimposeundélaiminimumdevingt-quatreheuresavantd’enterrerundéfunt.Ilinsiste,enajoutantqu’ilconnaîtpersonnellementunélumunicipal.Peuaprès,l’éluenquestionvousappellepourvouspresserdefairelenécessaireafinqueladéfuntesoitinhuméelejourmême.Quefaites-vous?Décryptage
Cettesituationmetenscèneunconflitentreuneloireligieuseetlaloirépublicaine.Pourdesraisonsmédico-légales,laloiinterditd’inhumerundéfuntmoinsdevingt-quatreheuresaprèssondécès.Iln’estpaspossiblededérogeràcetteobligationpourunmotifreligieuxcarlaloirépublicaineprimetoujourslaloireligieuse.Leprincipedelaïcitéinterdit« à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pours’affranchir des règles communes régissant les relations entre les collectivités publiques et les particuliers2. »Silamairieacceptaitlademandedecemonsieur,elleencourraitunecondamnation.
Devantvotrerefus,l’usagertentedefairepressionsurvouseninvoquantunéluqu’ilconnaît,puisendemandantàcedernierd’intercéder.Or,cetélun’estpasfondéàvousdonnerdesordres,puisqu’iln’estpasvotresupérieurhiérarchique.Deplus, vous ne pourriez exécuter un ordre illégal.Eneffet,selonlaloiLePors:«Toutfonctionnaire,quelquesoitsonrangdanslahiérarchie,estresponsabledel’exécutiondestâchesquiluisontconfiées.Ildoitseconformerauxinstructionsdesonsupérieur
hiérarchique,saufdanslecasoùl’ordredonnéestmanifestementillégaletdenatureàcompromettregravementunintérêtpublic3. »Pistes d’action
•Rappeleràl’éluqu’enacceptantd’autoriserl’inhumationavantledélailégaldevingt-quatreheures,lamairiesemetenporte-à-fauxaveclaloi.
•S’ilinsiste,l’inviteràformulersademandeparécrit,enmettantencopievotresupérieurhiérarchiqueetlemaire(quisignelesautorisationsd’inhumationetdevradoncassumerlaresponsabilitéd’uneéventuelledérogation).
CAS N° 3 UNE LOUBAVITCH EN CUISINEContexte :entreprised’insertionDomaine :insertionNotion associée :libertédereligionSituation :vousêtesencadrant-etechniqueàSaveursdeTerroirs,unrestaurantd’insertion.Parmilessalariésquevousencadrezencuisine,unejeunefemmeaffichedeplusenplusouvertementsafoijuivedepuisqu’ellearejointuneassociationloubavitch(mouvementprônantleretourdesjuifsàlapratiquereligieuse).Elleportedésormaisuneperruque,conformémentàlatraditionjuiveorthodoxe,etsemontredégoûtéechaquefoisqu’elledoitmanipulerdelaviandedeporcoudel’alcool.Unjour,ellevousditqu’elleneveutplusêtreencontactaveccesingrédientsetvousdemandeàneplustravaillerlesamedi,jourduShabbat.Or,c’estlejouroùvousservezleplusderepas.Quefaites-vous?Décryptage
Lesentreprisesd’insertion(EI)sontdesopérateursquiemploientdespersonnesendifficulté,toutenleurproposantdesprestations(formation,accompagnementsocial…)visantàfaciliterleurinsertionsurlemarchédutravail.LesEIpeuventprendredifférentesformesjuridiques(association,SARL…)etbénéficientgénéralementdesubventions
Fichestagiairecorrigéen° 4Étudesdecas
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2.Conseilconstitutionnel,19novembre2004.3.Loin°83-634du13juillet1983portantdroitsetobligationsdesfonctionnaires,article26.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 71
publiques.Ellesexercentunemission d’intérêt général etnonunemissiondeservicepublic.Leurssalariésnesontdoncpassoumisaudevoirdeneutralitéetpeuventaprioriexercerleurlibertédereligion,àconditionquecelle-cin’entrave pas la réalisation de leur mission.
Ici,lasalariéenesouhaiteplus,pourdesraisonsreligieuses,préparerdeplatsàbasedeporcoud’alcool,nitravaillerlesamedi.Elle refuse donc d’exécuter une partie de la missionpourlaquelleelleaétéembauchée.Dansunrestaurantspécialisédanslacuisinedeterroir,onpeutsupposerquel’usageduporcetdel’alcoolestrelativementfréquent.Demême,lesamediestlejouroùl’affluenceestlaplusforte,cequinécessitelaprésencedetoutlepersonnel.Lesexigencesdecettesalariéenesontdoncpas compatibles avec le bon fonctionnement du restaurant etpourraientjustifierunerupture du contrat de travail. Dansuncassimilaire,laCourdecassationaeneffetvalidélelicenciementd’unboucherdemusulmanquirefusaitd’êtreencontactavecdelaviandedeporc4.
Toutefois,uneentreprised’insertionnepeutgérersonpersonneluniquementenfonctiond’impératifs productifs. Elleestcenséeaccompagnerchaquesalariédanssonparcoursd’insertion,enétantattentive à ses besoins et à ses progrès.Ici,lajeunefemmerécemmentconvertieagagnéenassurance,cequiestunpointpositif.Enrevanche,elleexprimedesexigencesquisontincompatiblesavecl’organisationdutravailauseindurestaurantetpourronts’avérerrédhibitoirespourdefutursemployeurs,siellesouhaitepersévérerdanslesecteurdelarestauration.Pistes d’action
•Engagerunediscussionaveclasalariée,ensefocalisantnonsurlareligionmaissurletravail.Ilnes’agitpasdeporterunjugementsurlesconvictionsdecettesalariéemaisdel’ameneràprendreconsciencequesesnouvellesexigences
sontincompatibles avec l’organisation du travailauseindurestaurantetpourronts’avérer rédhibitoires pour de futurs employeurs,siellesouhaitepersévérerdanslesecteurdelarestauration.
•Inviterlasalariéeàproposerunesolutiondecompromis(parexempleutiliserdesgantsdecuisine)ouàenvisageruneréorientation.
•Siaucunesolutionn’estenvisageableauseindel’entreprise,mettrefinàsoncontratdetravailenmotivantprécisémentcettedécision.
CAS N° 4 MENU VÉGÉTARIEN À LA CANTINEContexte :mairieDomaine : restaurationscolaireNotion associée :neutralitéduservicepublic
Situation :vousêtesanimateur-tricederestaurationscolaire,c’est-à-direquevousencadrezlesélèvesd’écoleprimairependantlapauseméridienne.Lamairiequivousemploievientdemettreenplacedesmenusvégétariens,toutenmaintenantlesmenusclassiques.Unparentd’élèvequiachoisipoursafillelemenuvégétarienvientseplaindredufaitquecelle-ciamangédelaviandecarunecamaradeluiafaitgoûtersonsteak.Ilesttrèscontrariécarilveutfairedesafille« une bonne musulmane. »Aussi,ilvousdemandedeluigarantirquecelanesereproduiseplusàl’avenir.Quefaites-vous?Décryptage
Lescantinesscolairesdesécolesprimairessontgéréesparlesmunicipalités.Cesontellesquidéfinissentlesmenusenfonctiondecritèresnutritionnelsmaisaussi,souvent,entenantcomptedescoutumesdeleursusagers,bienquelaloinelesyobligepas5.Ainsi,nombredemairiesontmisenplacedesmenussansporcouvégétariens,pouvantêtrechoisisparlesfamillespourdesraisonsreligieuses,éthiquesoudiététiques.Ces menus ne se substituent pas aux menus classiques mais s’y ajoutent,desorteque w
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4.Courdecassation,Chambresociale,24mars1998,n°95-44.738.
5.« Le fait de prévoir des menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitue ni un droit pour les usagers ni un devoir pour les collectivités. » Circulairen°2011-216du2décembre2011.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION72 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION72
desenfantsayantdifférentsmenuspeuventseretrouverassisàlamêmetable.Dèslors,ilpeutarriverqu’ilss’échangentdelanourriture.
Sileservicemunicipalderestaurationdoitrespecterleschoixdesparentsenservantàchaqueenfantletypedemenupourlequelilaétéinscrit,ilnepeutempêcherlesenfantsdes’échangerdelanourriture.Comptetenududevoirdeneutralitéquis’imposeàlui,unagentpublicnesauraitêtregarantdel’observanced’uneprescriptionreligieuse.Enrevanche,s’ilvoitunenfantmangerdelaviandeouduporcalorsqu’ilestinscritenmenuvégétarienousansporc,ilpeutluirappelerlechoixquesesparentsontfaitpourlui.
Ilenvadifféremmentdes prescriptions médicales.Sipourdesraisonsdesanté(allergie,pathologie…),unenfantestastreintàunrégimealimentaireparticulier,sesparentspeuventdemanderlamiseenplaced’unprojetd’accueilindividualisé(PAI).Dèslors,lepersonnelderestaurational’obligationdegarantirquel’enfantn’ingèrepasd’alimentsquiseraientpréjudiciablesàsasanté6.Pistes d’action
•Expliqueràcemonsieurquelepersonnelderestaurations’engageàserviràsafillelemenuvégétarienpourlequelelleaétéinscritemaisquevousnepouvezgarantirqu’ellenemangerapasdeviandedansl’assiettedesescamarades,carunservicepublicnepeutveilleràl’observanced’unerèglereligieuse.
•L’inviteràresponsabilisersafilledesortequ’ellen’acceptepluslaviandeproposéeparsescamarades.
CAS N° 5 LE COCHON GRILLÉ DE LA DISCORDEContexte : associationDomaine :restaurationNotions associées :libertéd’association,discrimination,ordrepublic.
Situation : vousêtesdirecteur-triced’uncentresocialassociatif.Àl’accueil,unpanneaud’affichagerelaielesinitiativeslocales.Uneassociationdequartieryapunaiséuneafficheannonçantl’organisationprochained’un«cochongrillé»(repasouvertàtous,avecparticipationauxfrais).Desusagersducentreontperçucetteinitiativecommeuneprovocation,carlequartiercompteuneimportantecommunautémusulmane.Unhommeamêmemenacédeporterplaintepourdiscrimination.Vousavezdoncdécidéderetirerl’affichemaisunepartiedessalariésducentresocials’yoppose,aumotifqu’ilnefautpascéderau«communautarisme».Quefaites-vous?Décryptage
L’organisationdecerepasrelèvedel’initiative d’une association,quiestdonclibred’enchoisirlemenu.Riennel’obligeàtenircomptedufaitquecemenuexclutdefaitlesmusulmansetjuifspratiquants,ouencorelesvégétariens.Ilestpossiblequecetteassociationaitchoisicemenuprécisémentpourenexclurelesmusulmans(àlamanièredes«apérossaucisson-pinard»oudes«soupespopulairesaulard»organiséspardesmouvementsd’extrêmedroite)maissoninitiativenepeutenaucuncasêtreattaquéepour discrimination.Enrevanche,ellepourraitéventuellementfairel’objetd’uneinterdictionpourrisque de trouble à l’ordre public7.
Ilnevousrevientpasd’autoriserounoncerepasmaisdedécidersivousvoulezounonenfairelapublicitédansvotrestructure.D’uncôté,votrecentresocialavocationàrelayerlesinitiativesdesassociationslocales.Del’autre,cerepasexclutdefaitunegrandepartiedelapopulationduquartier,cequivaàl’encontredesvaleurs de vivre-ensemblepromuesparlescentressociaux.Enretirantl’affiche,vousrisquezdefâcherunepartiedevossalariés.Enlalaissant,vousrisquezdevouscouperd’unepartiedevosusagers.
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6.Nepaslefaireconstitueraitunmanquementàuneobligationdeprudenceoudesécurité,passibledepoursuites.Cf.ArticleL2123-34duCodegénéraldescollectivitésterritoriales.
7.Ainsi,en2010,laPréfecturedepolicedeParisainterditun«apérosaucisson-pinard»queplusieursgroupesidentitairesentendaientorganiserdanslequartierdelaGoutted’Or,àl’endroitmêmeoùsedéroulenthabituellementdesprièresderue.LePréfetaestiméquecetévénement,quiétaitprévuunvendredi(jourdeprièrepourlesmusulmans)etenmêmetempsqu’unmatchdefootballAngleterre-Algérie,était«créateurderisquesgravesdetroublesàl’ordrepublic.»
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 73KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 73
Pistes d’action•Quellequesoitvotredécision,l’expliqueraux
intéressés(organisateursdurepas,usagersetsalariésducentre).
•Sivouspensezquecerepasestsusceptibledeprovoquerdestroublesàl’ordrepublic,eninformerlesorganisateursetlamairie(quipourra,siellel’estimenécessaire,interdirecerepaspararrêtémunicipal).
CAS N° 6 DEMANDE DE DISPENSE D’ENSEIGNEMENTContexte : collègeDomaine :éducationNotion associée :luttecontrelesdiscriminations.
Situation :vousêtesenseignant-ed’histoire-géographieencollègeetchargé,àcetitre,del’enseignementmoraletcivique.Suiteàdesproposhomophobestenusparcertainsdevosélèves,vousavezinvitéuneassociationagrééeàanimeruneinterventionsurlaluttecontrel’homophobieetenavezinformévosélèves.Lepèredel’und’euxvientvousdemanderdedispensersonfilsd’yassister« par respect pour ses convictions religieuses ».Pourlui,l’homosexualitéestun« péché ».Ilproposequesonfilsailleensalledepermanencependantl’interventiondel’association.Quefaites-vous?Décryptage
L’enseignementmoraletcivique(EMC)aétécrééparlaloidu8juillet2013d’orientationetdeprogrammationpourlarefondationdel’ÉcoledelaRépublique.Ilviseàfaire« acquérir aux élèvesle respect de la personne, de ses origines et de ses différences, de l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que de la laïcité. » L’EMCestmisenœuvredel’écoleaulycéeàpartirdelarentrée2015.Cetenseignementestconfiéauxprofesseursd’histoire-géographiepourlecollège,etàl’ensembledesenseignantspourlelycée.Ilssont
chargésdeledispenser,ensuivantlesorientationsetlesthématiquesdéfiniesparl’Éducationnationale.Mêmesilaluttecontrel’homophobien’estpasexplicitementcitéedanslesthématiquespouvantêtreabordéesdanscecadre,ellerépondàl’objectifgénérald’inculquer« le respect de la personne […] et de ses différences »ets’inscritdansd’autresthématiquestellesque la liberté d’expression, les droits de l’homme et la lutte contre les discriminations.
Votreinitiative,préalablementvalidéeparlechefd’établissement,estdonctoutàfaitconformeàl’espritdel’EMC.Celui-ciétantunenseignementcommelesautres,ilestobligatoireetne saurait faire l’objet d’une dispense pour un motif religieux.LaChartedelalaïcitéàl’écolerappelleque« aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme8. »Accordercettedispensepourraitlaisserpenserquel’homophobieestacceptablesielleestfondéesurdesargumentsreligieux.Or,laloifrançaiseinterditlesproposetlesacteshomophobes,ainsiquelesdiscriminationsfondéessurl’orientationsexuelle.Sensibiliserlescollégiensàcettequestionestd’autantplusimportantquandonsaitquel’homophobieestl’unedespremièrescausesdesuicideschezlesadolescents9.Pistes d’action
•Expliquerauparentd’élèvequececoursn’estpasfacultatifetquevousnepouvezdoncdispensersonfilsd’yassister.Citersinécessairela«Chartedelalaïcitéàl’école.»
•Insistersurlefaitquecettesensibilisationnevisepasà«promouvoirl’homosexualité»(commel’affirmentcertainsgroupeshostilesàcegenred’interventionsenmilieuscolaire)maisàéduqueraurespectdetouteslespersonnes,quellesquesoientleursdifférences(orientationsexuelle,origine,religion…).
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8.Ministèredel’Éducationnationale,Chartedelalaïcitéàl’école,article12.9. ÉricVerdieretJean-MarieFirdion,Homosexualités et suicide. Études, témoignages et analyse, H&Oéditions,2003.gieuxdanslechampdel’interventionsociale»,inD.Verba,F.Guelamine(dir.),Interventions sociales et fait religieux,op.cit.,p.134.L’auteurerapporteicilesproposd’unéducateur.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION74
CAS N° 7 DEMANDE D’UNE BIBLE PAR UN MINEUR EN SITUATION D’ENFERMEMENTContexte :centreéducatiffermé(CEF)Domaine :préventionspécialiséeNotion associée : libertédereligiondansleslieuxdeprivationdeliberté,prosélytisme.
Situation10 : vousêteséducateur-tricedeviequotidiennedansuncentreéducatiffermé11.Marco,unrésidentvousademandédeluiprocurerunexemplairedelabible,cequivoussurprendcariln’avaitjamaisjusqu’icimanifestélemoindresignedereligiosité.Toutefois,vousavezremarquéqu’ilasympathiséavecTrésor,unautrerésident,quinecachepassonappartenanceàuneÉgliseévangéliste.Certainsdevoscollèguesestimentqu’ilnefautpasfournirdebibleàMarcoparceque« le CEF est un établissement laïque »etquecelarisquedefavoriserleprosélytisme.Quefaites-vous?Décryptage
LesCEFsontdesétablissementspublicsouassociatifsquidépendent,directementouindirectement,duministèredelaJustice.Àcetitre,ilsconstituentdesservices publicsdontlespersonnelssontsoumisaudevoirdeneutralité.Celan’impliquepasquecesderniersdoiventempêcherlesrésidentsd’exercerleurlibertédeculte,aucontraire.Les résidents étant privés de leur liberté de mouvement, ils ne peuvent exercer leur liberté de culte sans l’aide de l’institution.
Selonlecontrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,« de la même manière que “les personnes détenues sont autorisées à recevoir ou à conserver en leur possession les objets de pratique religieuse et les livres nécessaires à leur vie spirituelle” (article R. 57-9-7 du code de procédure pénale), il doit en aller ainsi de toutes les personnes privées de liberté durablement, quel que soit le lieu de cette privation12. »Deplus,lesCEFsont,entantqu’établissementssociaux,soumisaucodedel’actionsocialeetdesfamilles,doncàlachartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie,quiinclueledroit à la pratique religieuse13.Parailleurs,laluttecontreleprosélytismeetlaradicalisationnedoitpasconduireàassimilertouteformedespiritualitécommeunemanifestationdecesphénomènes.Etpriver les individus de leur liberté de culte n’est sûrement pas de nature à les endiguer, bienaucontraire.
Enfin,l’intérêtqueMarcomanifestepourlaspiritualitépeutdonnerlieuàunéchangeconstructifaveclui.« Dans cette logique, permettre l’accès à un texte religieux ne contrarie pas les objectifs de l’éducateur, si cette initiative repose sur un temps de dialogue, dans le cadre d’une “relation clairement éducative14”. »
Fichestagiairecorrigéen° 4Étudesdecas
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10.Cecasestinspiréd’unesituationdécriteparFaïzaGuelaminedansDanielVerba,FaïzaGuelamine(dir.),Interventions sociales et fait religieux. Les paradoxes des logiques identitaires,Rennes,Pressesdel’EHPSP,2014.11.LesCEFsontdesstructuresalternativesàl’incarcérationaccueillantpourunepériodedesixmoisdixàdouzemineursmultirécidivistesoumultiréitérantsfaisantl’objetd’unemesuredecontrôlejudiciaireoudesursisavecmiseàl’épreuve.Ilsvisentàcontenirlesjeunesdansuncadrestrict,toutenconstruisantaveceuxunprojetd’insertion.Cesontdesétablissementspublicsoudesétablissementsdusecteurassociatifhabilité.
12.Contrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,Avisdu24mars2011relatifàl’exerciceducultedansleslieuxdeprivationdeliberté,Journal officiel,17avril2011.13.«Lesconditionsdelapratiquereligieuse,ycomprislavisitedereprésentantsdesdifférentesconfessions,doiventêtrefacilitées,sansquecelles-cipuissentfaireobstacleauxmissionsdesétablissementsouservices.Lespersonnelsetlesbénéficiairess’obligentàunrespectmutueldescroyances,convictionsetopinions.Cedroitàlapratiquereligieuses’exercedanslerespectdelalibertéd’autruietsousréservequesonexercicenetroublepaslefonctionnementnormaldesétablissementsetservices.»Arrêtédu8septembre2003relatifàlaChartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie,mentionnéeàl’articleL.311-4duCodedel’actionsocialeetdesfamilles,article11.14.FaïzaGuelamine,«L’inscriptiondufaitreligieuxdanslechampdel’interventionsociale»,inD.Verba,F.Guelamine(dir.),Interventions sociales et fait religieux,op.cit.,p.134.L’auteurerapporteicilesproposd’unéducateur.
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Pistes d’action•FourniràMarcounexemplairedelabible,commeil
ledemande,enluiexpliquantqu’ilexerceainsisondroitàlapratiquereligieuse,garantiparlaloi.
•Rappeleràtoutel’équipeéducativeledroitàlapratiquereligieusedontjouissentlesrésidents.
•Afficher(sicelan’apasencoreétéfait)lachartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie,defaçonàcequ’ellepuisseêtrelueparlessalariésetlesrésidents.
•EngagerladiscussionavecMarcosursonintérêtpourlaspiritualité.L’enjeudecetéchangen’estpasdel’encouragerdanscettevoieoudel’endissuadermaisdecomprendrecequesongesteditdesonétatintérieuretdesesaspirations.
CAS N° 8 COURS DE GOSPEL DANS UNE SALLE MUNICIPALEContexte :mairieDomaine : relationauxassociationsNotions associées :subventionauculte,prosélytisme,associationconfessionnelle/cultuelle.Situation : vousêtesresponsableduservicedupatrimoinedansunemairie.Uneassociationévangéliquesollicitelamiseàdispositiongracieused’unesallemunicipalepourlamiseenplaced’uncoursdegospel.Or,cetteassociationestconnuepourêtreparticulièrementprosélyte.Deplus,voussavezquelasalleprivéeoùelleorganisesesofficesreligieuxnesuffitplusàaccueillirtoussesfidèles,deplusenplusnombreux.Vouscraignezquececoursdegospelneservedefaçadeàdescélébrationsreligieuses.Quefaites-vous?Décryptage
Unecommunepeutsubventionneruneassociationconfessionnellepouruneactivitésociale,éducativeouculturelle,àconditionquelasubventionsoitexclusivementaffectéeàcetteactivitéetnonàl’exerciceduculte.Apriori,uncoursdegospelconstitueuneactivité culturelle,mêmes’il
s’appuiesurdeschantsreligieux.Enrevanche,sicecoursdegospelsertdesupport à une démarche prosélyteoudeparaventàdes célébrations religieuses,lamiseàdispositiond’unesallemunicipalenepeutsefaireàtitregracieuxniàuntarifavantageux(cequiseraitunesubventionindirecteàunculte,interditeparlaloide1905).Elledoits’effectuerauxconditions du marché,c’est-à-direparuncontratdelocationauprixdumarché.Ici,cequevoussavezdel’associationdemandeusevouslaissepenserquececoursdegospelpourraitrecouvrirunedimensioncultuellemaiscommeiln’apasencorecommencé,vousnepouvezpasvérifiercepressentiment.Pistes d’action
•Rencontrerledirigeantdel’associationafind’ensavoirplussurceprojetdecoursdegospel.
•L’informerquececoursnedoitpasservirdesupportàdesactivitéscultuellesetquecetteconditionseraspécifiéedanslaconventionquiserasignéeentrelaVilleetl’association,encasd’acceptationdelademandeparleconseilmunicipal.LuidireégalementquelaVilleseréserveraledroitd’annulercetteconventionsielleconstatequecetteconditionn’estpasrespectée.
•Siledirigeantdel’associationfaitétatdesesdifficultésàtrouverunnouveaulieudeculte,l’informerqu’ilpeutsolliciterlalocationd’unesallemunicipale,moyennantunloyercorrespondantauxprixdumarchéimmobilierlocal.
FICHES ASSOCIÉES•Fichesdesynthèsen°9et10
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 75
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION76
Cettefichefournitdesargumentspouvantêtreutilisésparlesprofessionnelspourexpliquerlalaïcitéàleurscollèguesouàdesusagers,enréponseàdesidéesreçues.
« LA FRANCE EST UN PAYS LAÏQUE. ON DOIT LAISSER SA RELIGION CHEZ SOI. »
LaFranceesteffectivementunÉtatlaïque(etnonunpayslaïque),cequisignifiequ’il n’y a pas de religion officielleetquelesinstitutionspubliquessontindépendantesdetouteconceptionreligieuse.Maiscelan’impliquenullementqu’ilfaudrait«laisserlareligionchezsoi».Lalaïcitégarantitlalibertédeconscience,quiinclutledroitdemanifestersareligionenpublic.Uneloiinterdisantleportdesignesreligieuxdansl’espacepublicseraitanticonstitutionnelleet antidémocratique.
« L’ÉTAT LAÏQUE IGNORE LES RELIGIONS. »
Selonlaloide1905,« la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte »maiscelanesignifiepasqu’ellelesignore.Lespouvoirspublicsdialoguentquotidiennementaveclesautoritésreligieuses,tantauniveauétatiquequ’auniveaulocal.Rattachéauministèredel’Intérieur,leBureaucentraldescultesestchargédesrelationsaveclesreprésentantsdescultesetveilleaurespectdesdispositionsdelaloide1905,parmilesquelleslapolicedescultes.Ilestparexempleinterditauxministresdescultes(prêtres,pasteurs,rabbins,imams…)detenirdesdiscoursincitantlesfidèlesàdésobéirauxlois.
Aunomdel’ordrepublic, l’État encadre donc l’exercice du culte mais dans le même temps il le protège ensanctionnant,parexemple,lefaitd’empêcheroud’interrompreunecérémoniereligieuse.Auniveaulocal,lemairedialogueaveclesautoritésreligieuses,notammentpourtoutcequiconcernelaconstructionoul’entretiendeslieuxdecultes.
Fichedesynthèsen° 9 Lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/auxusagers
« LA LAÏCITÉ INTERDIT AUX POUVOIRS PUBLICS DE PRENDRE EN COMPTE TOUTE DEMANDE RELIGIEUSE. »
Lalaïcitéimpliquelaneutralité confessionnelle desinstitutionspubliques.L’Étatoulescollectivitésterritorialesnepeuventsubventionnerd’activitésreligieuses,nifairelapromotiondetelleoutelleoptionreligieuse.Enrevanche,danslesétablissements publics fermés(internats,hôpitaux,casernes,prisons…),l’Étatdoit,danslamesuredupossible,permettrel’exerciceduculte,enfinançantdesaumôneriesouenproposantdesmenusconfessionnelsauxpersonnesquienfontlademande,sicelan’entravepaslebonfonctionnementduservice.Danslescantinesscolaires,lesmairiesn’ontaucuneobligationdefairedemêmemaisriennelesempêchedeproposer,parexemple,desmenussansporcousansviande.LaChartedelalaïcitédanslesservicespublicsindiqued’ailleursque« le service s’efforce de prendre en considération les convictions de ses usagers dans le respect des règles auquel il est soumis et de son bon fonctionnement. »
Cettenotiondebonfonctionnementestungarde-fou.Lorsqu’unedemandeouuncomportementseprésentantcommereligieuxviolelesrèglescommunes,iln’estnulbesoind’invoquerlalaïcitépourréagir.Parexemple,siunélèvecracheparterreparcequ’ilaffirmenepasavoirledroitd’avalersasalivependantleramadan,cen’estpasaunomdelalaïcitéqu’ilfautlesanctionnermaisaunomdurèglementintérieur.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 77KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
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« LA LAÏCITÉ SERT DE PRÉTEXTE POUR DISCRIMINER LES MUSULMANS. »
La laïcité n’est pas une arme de guerre contre l’islam, niaucunereligionenparticulier.Aucontraire,elleaétéconçueparsesfondateurs(AristideBriandetFerdinandBuisson,notamment)commeuninstrument de paix civile,unefaçondegarantirquelareligionnesoitplusunfacteurdeconflitetdedivisiondanslasociétéfrançaise.Laloide1905garantitl’indépendancedesorganisationsreligieuses,protègelalibertédeconscienceetdeculte,etinterditladiscriminationreligieuse.Les musulmans bénéficient de ces droits et libertéaumêmetitrequetouslescroyants.Cependant,ilestarrivéquedesindividusinvoquentàtortlalaïcitépourjustifier des actes discriminatoires,commelefaitderefuseràunefemmevoiléedelouerunechambred’hôtel.Maiscelarésulted’unemauvaise compréhensionoud’unemanipulation de la laïcité.
« LA LAÏCITÉ EST ANTIRELIGIEUSE ET ANTICLÉRICALE. »
Leprocessusdelaïcisationdesinstitutionsfrançaises,quis’estétendude1880à1905,apermisàlaiiieRépubliquedes’émanciper de l’influence considérable qu’exerçait alors l’Église catholiquesurlaviepolitiqueetsociale,dansuncontexteoùl’ÉglisecombattaitlaRépubliqueetprônaitunretouràunemonarchiededroitdivin.Siles
républicainslesplusanticléricauxconcevaientlalaïcitécommeunmoyend’anéantirl’Églisecatholique,cen’estpascettetendancequil’aemporté.Laloide1905aétél’œuvredespartisansducompromisavecl’Égliseetd’uneprotectiondelalibertédereligion.Lalaïcitén’estdoncpasensoianticléricale(hostileauxinstitutionsreligieuses)ouantireligieuse(hostileàlareligion).L’État ne s’immisce pas dans le dogme ni dans l’organisation des communautés religieuses,ilveilleseulementquecelles-cirespectentlaloirépublicaine.Parexemple,ilnedemandepasàl’Églisecatholiqued’accepterl’avortementoulemariagehomosexuelmaisdenepasinciterlesfidèlesàempêcherdesavortementsoudescélébrationsdemariageshomosexuels.
« MON ENTREPRISE EST LAÏQUE. JE NE VEUX PAS DE SIGNES RELIGIEUX. »
La laïcité concerne les institutions publiques, pas les entreprises.Celles-cinepeuventdoncseprévaloirdelalaïcitépourinterdireàleurssalariésouàleursclientsdeporterdessignesreligieux.Lalibertédemanifestersareligionpeuttoutefoisêtrerestreintepourdesimpératifsd’hygiène,desécuritéousisonexerciceempêchelebondéroulementdel’activitédel’entreprise.Touterestrictionnonjustifiéedecettelibertéconstitueunediscrimination fondéesurlareligion.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION78
Fichedesynthèsen° 10 Laïcité:lesdixmessagesclés
1 L’histoiredesreligionsenFranceestjalonnéedeguerresciviles,depersécutionsetdeviolentes
controverses.Lalaïcitéaétéconçuecommeuninstrument de paix civile,unefaçondegarantirquelareligionnesoitplusunfacteurdedivisiondanslasociétéfrançaise.
2Lapierreangulairedurégimefrançaisdelaïcitéestlaloidu9 décembre 1905deséparation
desÉglisesetdel’État,quimitfinauConcordat.Danscesystème,ilexistaitquatrecultesofficielsquiétaientàlafoissubventionnésetcontrôlésparl’État.
3Lalaïcitéestdéfiniepar:-laprotectiondelalibertédeconscience
etlagarantiedelalibertédeculte;-l’égalitédetraitemententretouslescitoyens;-laneutralitédel’Étatetlagarantiedupluralisme
religieux.
4Lalaïcitéestmoinsunevaleurenelle-mêmequ’unprincipe juridico-politique au service
des valeursrépublicaines(liberté,égalité,fraternité).
5Lalaïciténes’assimilepasàl’athéisme.Ellen’estpasunecroyanceouuneoptionphilosophique
parmid’autresmaisleprincipequirendpossiblelacoexistence de toutes les croyances.
6Lalaïcitédoitêtredistinguéedelasécularisation,quidésigneleprocessusdeperted’influence
delareligiondansunesociété.Lalaïcisationestunprocessuspolitique,lasécularisationunprocessussocial.
7 Lalaïciténecantonnepaslareligionàlasphèreprivée.Ellegarantitaucontrairelalibertéde
religion,ycomprisenmettantàdispositiondesoutilsjuridiquespermettantl’organisationdescultesetprotègele droit de manifester sa religion en public.
8L’Étatpeutrestreindrecedroitpourdesraisonsliéesaurespectdupluralismereligieux,
àlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui,auximpératifsd’ordrepublicetaumaintiendelapaixcivile.Demême,unemployeur privé peutimposeràsessalariésdesrestrictionsdecettelibertépourdesraisonsliéesàlasécurité,l’hygièneoul’exécutionleursmissions.
9Le devoir de neutralité(interdictiondeporterdessignesreligieux)s’appliqueauxagentsdestrois
fonctionspubliques,ainsiqu’auxsalariésdestructuresdedroitprivéexerçantunemissiondeservicepublic.Ils’imposeégalementauxélèvesdesécoles,collègesetlycéespublics.
10Lesusagersdesservicespublicsnepeuventseprévaloirdeleursconvictionsreligieuses
pours’affranchir des règles communes.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 79
Séquence8Posture et communication
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P. 80 Fiche formateur n°9
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION80
MISE EN CONTEXTEL’objectifpourlesparticipantsestdeprendre
consciencequelesdébatsautourdesquestionsdelaïcitésontsouventlefruitdelaconfrontationdecadresderéférencedifférentsetnond’uneremiseencauseduprincipedelaïcité.L’écoute,l’empathieetl’ouverturedeviennentalorsdesqualitésàmobiliserpourmaintenirlarelation,lemessageétantportétantparlediscoursqueparlapostureetl’attitude.Lequestionnement,l’explicationetl’argumentationsontalorsauservicedelaconstructiondudialoguefavorisantl’émergenced’uneissuepositive.Cesconditionssontpropicesàlapédagogieautourdelaquestiondelalaïcité.
SITUATIONEnrepartantdessituationsquiaurontétéanalysées
lorsdelaséquence4,vousmettezenplacedesjeuxderôlesquipermettrontdemettreenmouvementlesargumentairesquiavaientétéidentifiés.
Pourchaquesituation,vousdemandezunvolontairepourjouerlerôleduprofessionnel(agentduservicepublic,salariéd’uneassociation…)etunautrepourinterpréterlerôledesoninterlocuteur.Ilsprendrontuntempsrapidepourseremémorerlasituationetimaginerlafaçondelafairevivredanslecadredecettesimulation.
Avantdecommencerlasimulation,vousénoncezlesrèglesdujeu:attitudeconstructiveetbienveillantedetouslesparticipants,ladiscrétionrequisedesobservateurslorsdelasimulation,lesmodalitésdudébrief.Lorsdelasimulationquisedérouleenplénière,lesautresparticipantsoccupentunefonctiond’observateur;àcetitre,ilsdoiventrestersilencieuxetnepasintervenirpendantlasimulation.
Lesobservateursdoiventrepérerlesbonnespratiquesàréinvestiretlespointsd’améliorationet/
90 mind’exerciceetdedébriefing
Ficheformateurn°9Postureàadopter
ouvigilancesurlesplansdudiscours(vocabulaire,expressionorale,arguments),du comportement (regard,posture,voix)etdela gestion de la relation(reformulation,écouteactive,participation).
Lorsquelasimulationestterminée,le débrief s’organise en trois temps :
•pointdevuedel’agentduservicepublicsursaperceptiondelafaçondonts’estdérouléelasimulation(ressenti,cequiluiasembléfacileoudifficile,interrogationsquecelaasoulevées…);
•pointdevuedel’interlocuteur(ressenti,attitudedesoninterlocuteur…);
•pointdevuedesobservateurs.
Àl’issuedeséchanges,vousprésentezvotrepointdevueetapporterezdesélémentsdecadragesurlafaçondegérerlasituation.
Éléments de cadrage sur les situations de tension et de conflit
•Leconflitestunesituationdanslaquelledeuxouplusieursacteursauxintérêtsopposésentrentenconfrontation,enoppositionetentreprennentdesactionsantagonistes.
•Leregard(construitsurlabasedesonhistoirepersonnelle,desesvaleurs,desapersonnalité,desaculture…)eststructurantetconditionnelaperceptiondessituations.
•Lapréventiond’unconflitrequiertdegérerlesmalentendus,lesdifférencesculturelles,lesincompréhensions.
•Larésolutiond’unconflitpasseinévitablementparuneanalyseprécisedelasituation.
•Lasortied’unconflitnécessited’objectiverdesimpressionsetdesperceptions;àpartirdequestionnementsetdereformulations,ils’agitdetransformerdessentimentsetdesopinionsenfaitstangibles.
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 81
Éléments de cadrage sur la posture à adopter Adopterlesposturesfavorablesàlacréationd’unespaced’échangevéritableetconstructif:
•lacréationd’unclimatdeconfiancepasseparlerecoursàdestechniques(observation,écouteactive,reformulation,questionnement)etàdesattitudespositives(bienveillance,respect,tolérance,authenticité);
•lanécessitédelaisserunespacedeparolesuffisantàl’interlocuteur(écouterplusqueparler)etl’encourageràs’exprimerenposantdesquestionsouvertes,enstructurantetenrecherchantl’enchaînementdesidées,enreformulant;
•l’espritpositifdel’échangereposesurlavolontédejouergagnant-gagnantetdenepasinstaurerunrapportdeforce;
•lanécessitédesemettredansunétatd’espritpositifetdesemontrersoupledanssonattitudeetsespropos.
Éléments de cadrage sur les techniques de communicationComprendrelesleviersdelacommunicationpourinstaurerunclimatdeconfianceetcréerunespacedeparoleouvertetconstructifpourlesdeuxinterlocuteurs:
•lamiseenœuvred’unecommunicationouverteetconstructivenesedécrètepasetilestnécessairedecréerdesconditionsfavorables;
•l’écouteactiveestunfacteurprépondérantdelabonneconduitedel’échange.C’estprendreunepartactiveàl’échangetoutengardantlesilenceetensemettantdansunétatderéceptivité;C’estécouteravecattentionetempathie,engardantlecontact,enobservantlesattitudesdel’interlocuteur,ensemettantàsaplace;
•lesconditionsd’écoutesontparfoisdifficilesàréunir.Lorsqu’uninterlocuteurparle,unetendancefréquenteestd’intervenirimmédiatementdanssondiscours.L’interventionestencoreplusrapide
etfortesicequ’ilditsurprend,choqueougêne.Cetteréactionprécipitéeconstitueunobstacleàunebonneécouteetdoncàladynamiquedelacommunicationinterpersonnelle;
•lareformulationconsisteàrestituerdemanièresynthétiquecequel’interlocuteuradit,demanièreàcequ’ilretrouvelesentimentqu’ilaexpriméetlesinformationssignificativesqu’ilaapportées;
•lareformulationconfirmeàl’interlocuteurqu’ilestbienécoutéetcompris;ellepermetderésumeruneinterventionpourdégagerl’essentiel,demieuxsituerleproblème,devérifiersacompréhensiondel’exposé,dedédramatiserlasituationlorsqu’ilyaunemanifestationd’agressivité.Cefaisant,elleaideàclarifierlasituationouàdébroussaillerunproblème;
•lequestionnementestutilepourrecueillirdesinformations,demanderdesexplications,desprécisions,ouencorecontrôler/vérifierlabonneréceptiond’unmessage;
•lequestionnementpeutreposersur:–desquestionsferméesquiamènentdesréponses
courtesdetype«oui»ou«non»etquivisentàfairepréciserlesfaits,àobteniruneinformationpréciseetàvaliderunedécision;
–desquestionsouvertesquilaissentàlapersonneinterrogéelalibertéd’exprimersaréponsecommeellel’entendetquipermettentd’explorerunsujet,delancerladiscussion,dedonnerl’initiativeetd’aideràêtreobjectif;
–desquestionsinductivesquiseprésententcommedesquestionsferméesévoquantdéjàlaréponseattendue;
–lesquestionsetlesreformulationscontribuentàcréerledialogueetàsefaireuneopinion.
FICHE ASSOCIÉE :•Fichedesynthèsen°10:Laïcité,les10messagesclés
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 83
Séquence9
945 min
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P. 84 Fiche formateur n° 10 P. 85 Fiche stagiaire ressource n° 5 : quizP. 86 Fiche stagiaire corrigée n° 5 : quizP. 89 Fiche de synthèse n° 11 : laïcité
et usage des espaces publics
P. 95 Fiche formateur n° 11P. 96 Fiche stagiaire ressource n° 6 : quizP. 97 Fiche stagiaire corrigée n° 6 : quiz P. 101 Fiche de synthèse n° 12 : laïcité et
relation socio-éducative
Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics » Cadrelégaldel’usagedesespacespublics
Cadre légal applicable au contexte d’exercice professionnel
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative » Cadrelégaldelarelationsocio-éducative
Jour2Après-midi
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION84
MISE EN CONTEXTECetteséquenceouvreladernièredemi-journée
deformationetviseàapporterunéclairagespécifiquesurlecadrejuridiqueapplicableàl’usagedesespacespublics.Cetteséquencedoitpermettreauxparticipantsdemobiliserlesélémentsjuridiquesrelatifsàleurcontexted’exerciceprofessionneletdesavoircequirelèvedesdroitsetobligationsdescollectivitésetdespublics.Elleseprésentesouslaformed’uneidentificationdelavéracitéounondecertainesaffirmationssurlagestiondel’espacepublicetsurlevisionnagedevidéospédagogiques.
SITUATIONLaséquencedébuteparlaremised’unquizà
compléterindividuellement.Cequestionnairerecensedifférentesaffirmationssurlagestiondel’espacepublic;pourchacuned’entreelles,ils’agitd’indiquersil’affirmationestvraieoufausse.
Lacorrectionsefaitenplénièreetchaqueréponseestl’occasionpourleformateurd’apporterdesélémentsdecadragejuridique(endéroulantlediaporamaaufuretàmesuredesquestionstraitées).Ledébriefingpeuts’appuyersurlevisionnagedecourtesvidéossurlesprincipesdesaidespubliquesauxcultes,lagestiondupatrimoinecultuel,lagestiondesdemandesdenon-mixitéetlesprincipesdelagestiondescimetières.Lorsduvisionnage,lesparticipantssontinvitésàprendredesnotessurlesdroitsetdevoirsdescollectivitésetdesusagers.
Lesapportsdecetteséquencedoiventsefaireenarticulationaveclesélémentsévoquésauxséquences4et7(rappels,compléments);lechoixdesphotosduparcoursmulti-épisodiqueetdesétudesdecasdoitsefaireenfonctionduprofildesparticipantsetdespointsabordésdanslaprésenteséquence.
FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°5etfichestagiaire
corrigéen°5:quizespacepublic•Fichedesynthèsen°11:laïcitéetusagedesespaces
publics
VIDÉOSvideo.cnfpt.fr/laicité•Entretiensavecl’Observatoiredelalaïcité•Entretiensavecleministèredel’Intérieur
10mind’exercice,35mindedébriefetd’échangesenplénière
Ficheformateurn° 10Cadrelégaldel’usagedesespacespublicsPrincipesjuridiques
Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
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Fichestagiaireressourcen° 5Quizusagedesespacespublics
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10mind’exercice
CONTENU
VRAI FAUX
1 Uncinéma,uncommerceouunétablissementbancairesontconsidéréscommedesespacespublics
2 Toutfonctionnaireestsoumisaudevoirdeneutralité,qu’ilsoitounonencontactdirectaveclepublic
3Unemanifestationreligieuse(prière,procession…)organiséesurl’espacepublicpeutêtreinterditeaunomdelalaïcité
4 Ilestinterditd’apposerunsignereligieuxsurunmonumentpublic
5 Toutcitoyenaledroitd’êtreinhumédansuncarréconfessionnelcorrespondantàsareligion
6Unmairepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondantsurdesconsidérationsreligieuses
7 L’interdictiondedissimulationduvisagedansl’espacepublicdécouleduprincipedelaïcité
8Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieux
9 Lamixitéfemmes-hommesconstitueunprincipeconstitutionnel
10 Deslocauxmunicipauxpeuventêtrelouésàdesassociationscultuelles
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Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION86
35 mindedébriefingetd’échangesenplénière
Fichestagiairecorrigéen° 5Quizusagedesespacespublics
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CONTENUVRAI FAUX
1 Uncinéma,uncommerceouunétablissementbancairesontconsidéréscommedesespacespublics
2 Toutfonctionnaireestsoumisaudevoirdeneutralité,qu’ilsoitounonencontactdirectaveclepublic
3Unemanifestationreligieuse(prière,procession…)organiséesurl’espacepublicpeutêtreinterditeaunomdelalaïcité
4 Ilestinterditd’apposerunsignereligieuxsurunmonumentpublic
5 Toutcitoyenaledroitd’êtreinhumédansuncarréconfessionnelcorrespondantàsareligion
6Unmairepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondantsurdesconsidérationsreligieuses
7 L’interdictiondedissimulationduvisagedansl’espacepublicdécouleduprincipedelaïcité
8Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieux
9 Lamixitéfemmes-hommesconstitueunprincipeconstitutionnel
10 Deslocauxmunicipauxpeuventêtrelouésàdesassociationscultuelles
1D’aprèslaloide2010,« l’espace public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts
au public ou affectés à un service public ». Lacirculaired’applicationdecetteloienapporteunedéfinitionencoreplusprécise:« Constituent des lieux ouverts au public les lieux dont l’accès est libre (plages, jardins publics, promenades publiques...) ainsi que les lieux dont l’accès est possible, même sous condition, dans la mesure où toute personne qui le souhaite peut remplir cette condition (paiement d’une place de cinéma ou de théâtre par exemple). Les commerces (cafés, restaurants,
magasins), les établissements bancaires, les gares, les aéroports et les différents modes de transport en commun sont ainsi des espaces publics. Les lieux affectés à un service public désignent les implantations de l’ensemble des institutions, juridictions et administrations publiques ainsi que des organismes chargés d’une mission de service public. Sont notamment concernés les diverses administrations et établissements publics de l’État, les collectivités territoriales et leurs établissements publics, les mairies, les tribunaux, les préfectures, les hôpitaux, les bureaux
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de poste, les établissements d’enseignement (écoles, collèges, lycées et universités), les caisses d’allocations familiales, les caisses primaires d’assurance maladie, les services de Pôle emploi, les musées et les bibliothèques. »
2Ledroitdemanifestersareligionenpublicnepeutêtreexercéparlesagentsdesservicespublics
lorsqu’ilssontdansl’exercicedeleursfonctions,enraisondudevoirdeneutralitéauquelilssontsoumis.L’exigencedeneutralitéestlamême,quel’agentsoitounonencontactaveclepublic.
3Uneprocession,commetoutrassemblementsurl’espacepublic,nepeutpasêtreinterdite(par
arrêtémunicipaloupréfectoral)aunomdelalaïcité,maispeutl’êtreaunomdelapréservationdel’ordrepublic.L’article27delaloidu9décembre1905rendpossiblelesmanifestationsreligieusessurlavoiepubliqueetdéfinitlesconditionsdeleurréalisationafind’assurerleurbonordre,lasûreté,lasécuritéetlasalubritépublics.Cesmotifspeuventêtreavancés,enétantjustifiéesdemanièreobjective,pouréventuellementinterdireunemanifestation.Lemairepeutégalementimposerunitinéraireouunespacepourcesmanifestationsreligieusesdèslorsqueseposentdesquestionsdesécuritéoudebondéroulementdelacirculation.
4Leprincipedeneutralitédel’États’appliquenonseulementauxagentsmaisauxbâtiments
publics.Laloide1905disposeeneffetqu’« il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions ».
5S’ilestenprincipeinterditd’établiruneséparationdanslescimetièrescommunauxàraisondela
différencedescultes(loidu14novembre1881),l’Étatarégulièrementincitélesmaires,pardiversescirculaires,àaménagerdesespacesregroupantlesdéfuntsdemêmeconfession.Cesregroupementspeuventêtredécidésmaispasimposésparlemaire.Danssonrapportde2004,«Unsiècledelaïcité»,leConseild’Étatinsisteaussisurl’ambivalencequiprévautsurcethème:« L’institution de carrés confessionnels dans les cimetières n’est pas possible en droit. Toutefois, en pratique, ils sont admis et même encouragés par les pouvoirs publics afin de répondre aux demandes des familles [...] ».
6Unmairenepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondant
surdesconsidérationsreligieuses.Casdejurisprudence:desparentssouhaitaientfaireinhumerleurfilsdanslecarréisraéliteducimetièrecommunaldeGrenoble.Defaçoninformelle,lamairiegéraitcecarréenconcertationavecuneassociationjuivedelaville.Or,auxyeuxdecelle-ci,l’enfantdéfuntn’étaitpasjuif,puisqueseulsonpèreétaitjuifetquesamèrenel’étaitpas.LemairedeGrenobleadoncrefusélademandedesparents,quiontfaitannulercettedécisionparletribunaladministratif.L’arrêtprécisequepourrefuserlademandedesparents,« le maire pouvait tenir compte de toutes considérations d’intérêt général et notamment celles tirées des nécessités d’ordre public, mais qu’il ne pouvait, sans excéder ses pouvoirs, écarter ladite demande en se fondant exclusivement sur la circonstance que des autorités religieuses déniaient l’appartenance de la personne décidée à la confession israélite. »
7Laloidu11octobre2010interditladissimulationduvisagedansl’espacepublic.Danslacirculaire
d’application,cetteinterdictionestprésentéecommeunefaçonde« réaffirmer solennellement les valeurs de la République et les exigences du vivre ensemble ».Enrevanche,leprincipedelaïcitén’estévoquénidanslaloi,nidanslacirculaire.Laloiinterdit«leportdecagoules,devoilesintégraux(burqa,niqab...),demasquesoudetoutautreaccessoireouvêtementayantpoureffet,prisisolémentouassociéavecd’autres, w
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Fichestagiairecorrigéen° 5Quizusagedesespacespublics
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dedissimulerlevisage»,souspeined’uneamendede150euroset/oud’unstagedecitoyenneté.Elleinterditégalementlefaitd’imposeràquelqu’undedissimulersonvisageenraisondesonsexe,délitpassibled’unandeprisonetde30000eurosd’amende.Toutefois,l’interdictionnes’appliquepas« si la tenue est prescrite ou autorisée par des dispositions législatives ou réglementaires »(portducasquepourlesconducteursdedeux-rouesàmoteurs)ousielle«estjustifiéepardesraisonsdesantéoudesmotifsprofessionnels,ousielles’inscritdanslecadredepratiquessportives,defêtesoudemanifestationsartistiquesoutraditionnelles.»Enfin,l’interdictionnes’appliquepasauxlieuxdeculteouvertsaupublic(conformémentàlaréserveduConseilconstitutionnel).
8Lechefdeserviceestresponsabledel’applicationdelaloi.Illuiappartientdel’expliqueràses
agents,d’eninformerlepublic(affiche,dépliants…)etd’actualiserlerèglementintérieur.« La dissimulation du visage fait obstacle à la délivrance des prestations du service public. »Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieuxmaisnepeutenaucuncaslaforceràlefaire.Faceàunrefusd’obtempérer,l’agentousonresponsabledoitfaireappelauxforcesdepoliceoudegendarmerienationalequiseulespeuventdresserleprocès-verbaletvérifierl’identitédelapersonne.LaCoureuropéennedesdroitsdel’Hommeavalidécetteloietsoulignéquelapréservationdesconditionsdu«vivreensemble»étaitunobjectiflégitimeàlarestrictionàlalibertédeporterunsignereligieux.
9Aucuntexteconstitutionneloulégislatifnefixed’obligationdemixité.L’objectifdemixitésedéduit
desprincipessuivants:leprinciped’égalitéentrelessexes,intégréàlaConstitutionde1946;leprincipedenon-discrimination,définipardenombreuseslois(notammentcelledu16novembre2001);leprinciped’égalitédesusagersdevantleservicepublic.Laloigarantittoutefoisledroitàlanon-mixitédanscertainscas.Ainsi,sontautoriséesles« discriminations fondées, en matière d’accès aux biens et services, sur le sexe lorsque cette discrimination est justifiée par la protection des victimes de violences à caractère sexuel, des
considérations liées au respect de la vie privée et de la décence, la promotion de l’égalité des sexes ou des intérêts des hommes ou des femmes, la liberté d’association ou l’organisation d’activités sportives. »
10L’articleL.2144-3duCodegénéraldescollectivités(CGCT)permetauxmairies
demettredeslocauxcommunauxàdisposition« d’associations, de syndicats ou de partis politiques qui en font la demande ».Ilappartientaumairede« déterminer les conditions dans lesquelles ces locaux peuvent être utilisés, compte tenu des nécessités de l’administration des propriétés communales, du fonctionnement des services et du maintien de l’ordre public. »Uneassociationcultuelle(loi1905)peutbénéficierdelamiseàdispositiondelocauxcommunauxpourunusagecultuel(exclusifounon)sousréservequecettemiseàdispositionnesoitpasconsentieàtitregratuitoudansdesconditionspréférentiellesoupouruneduréeindéterminée.Ils’agitd’éviterqu’ellenesoitassimiléeàuneaideinterditeparl’article2delaloidu9décembre1905(« La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte1 »).Lesmêmesdispositionss’appliquentpourlesassociationsloi1901,ycompriscellesayantuneactivitécultuellenonexclusive2.S’ils’agitd’unlocalappartenantaudomaineprivédelacollectivité(casdelatotalitédeslocauxprêtésparlaVilleauxassociations),sonutilisationousonoccupationreposegénéralementsuruncontratdelocationdedroitprivé.
FICHES ASSOCIÉES :•Fichedesynthèsen°11:laïcitéetespacepublic
1.CeprincipeaétérappelétrèsrécemmentparunedécisionduConseild’État(CE,19juillet2011,CNEdeMontpellier,n°313518)etparlacirculaireduministèredel’Intérieurdu29juillet2011.2.CE9octobre1992,CNESaint-Louisc/AssociationShivaSoupramaniendeSaint-Louis.
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Selonuneidéereçuetenace,lalaïcitécantonneraitlareligionàl’espace(oula«sphère»)privéetcommanderait,parconséquent,denepasl’exprimerdansl’espacepublic.Cetteconceptionabsolutistedelalaïcité,quin’estpasnouvelle,n’aaucunfondementjuridique.Cependant,laloide2010surladissimulationduvisagedansl’espacepublicoulesdébatsrécurrentssurlesprièresderueontpucréerunecertaineconfusiondanslesesprits.Queditledroitsurlaplacedelareligiondansl’espacepublic?
TABLE DES MATIÈRESQu’est-ce que l’espace public ?.................................................................89Le droit de manifester sa religion en public.....................90La neutralité des bâtiments publics..............................................90Cimetières..................................................................................................................................91Édifices cultuels................................................................................................................91Les différents types de voile islamique.....................................92Dissimulation du visage....................................................................................93Mixité dans l’espace public...........................................................................93Pour aller plus loin : genre et espace public..................... 94
QU’EST-CE QUE L’ESPACE PUBLIC ?D’aprèslaloide2010,« l’espace public est constitué
des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public ou affectés à un service public1. »Lacirculaired’applicationdecetteloienapporteunedéfinitionencoreplusprécise:
«Constituentdeslieux ouverts au publicleslieuxdontl’accèsestlibre(plages,jardinspublics,promenadespubliques...)ainsiqueles lieux dont l’accès est possible, même sous condition, danslamesureoùtoutepersonnequilesouhaitepeutremplircettecondition(paiementd’uneplacedecinémaoudethéâtreparexemple).Lescommerces(cafés,restaurants,magasins),lesétablissementsbancaires,lesgares,lesaéroportsetlesdifférentsmodesdetransport en communsontainsidesespacespublics.
«Leslieuxaffectésàunservicepublicdésignentlesimplantationsdel’ensemble des institutions,juridictions et administrations publiques ainsiquedesorganismeschargésd’unemissiondeservicepublic.Sontnotammentconcernéslesdiversesadministrationsetétablissementspublicsdel’État,lescollectivitésterritorialesetleursétablissementspublics,lesmairies,lestribunaux,lespréfectures,leshôpitaux,lesbureauxdeposte,lesétablissementsd’enseignement(écoles,collèges,lycéesetuniversités),lescaissesd’allocationsfamiliales,lescaissesprimairesd’assurancemaladie,lesservicesdePôleemploi,lesmuséesetlesbibliothèques2.»
Fichedesynthèsen° 11 Laïcitéetusagedesespacespublics
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1.Loidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,article2.2.Circulairedu2mars2011relativeàlamiseenœuvredelaloin°2010-1192du11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic.
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LE DROIT DE MANIFESTER SA RELIGION EN PUBLIC
Envertududroitfrançais,européenetinternational,toutepersonnealedroit de manifester sa religion en public, enportantunsignereligieuxouenparticipantàunévénementreligieux.Cependant,cedroitcomportecertaineslimites.
•Toutd’abord,ilnepeutêtreexercéparlesagents des services publics lorsqu’ilssontdansl’exercicedeleursfonctions,enraisondudevoirdeneutralitéauquelilssontsoumis.Précisonsquel’exigencedeneutralitéestlamême,que l’agent soit ou non en contact avec le public.
•Lalibertédemanifestersareligionenpublicpeutêtrelimitéeparl’autoritépubliquepourdesraisonsliées«à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui.3»
Laquestiondel’expressionreligieusedansl’espacepublics’estposéelorsdelapolémique de 2011sur les prières de rue,déclenchéeparlesproposdeMarineLePenquicomparaitcesprièresàune«occupation»,enréférenceàlaSecondeGuerremondiale.Enréalité,ledébatn’estpasnouveau.En1905,lorsdesdébatspréparatoiresàlaloideséparationdesÉglisesetdel’État,certainsdéputésradicaux-socialistesvoulaientinterdireauxprêtresleport de la soutane dans la rue4maisleurpropositionn’apasétéretenuedanslaloidu9décembre1905.Plustard,desmairesontprisdesarrêtésmunicipauxpourinterdireles processions, les cortèges funèbres ou les sonneries de cloches dansleurcommune,maisleConseild’Étatasystématiquementcensurécesinitiatives5.Siuneprièrederue,commetoutrassemblementsurl’espacepublic,peutêtreinterdit(pararrêtémunicipaloupréfectoral),cen’estpasaunomdelalaïcitémaisdelapréservation de l’ordre public,parexemplesiellecréeuntroubledelacirculation.
Enpratique,cesontmoinslesprièresderuesurl’espacepublicquifontl’objetd’interdictionsqueles rassemblements organisés contre ces prières et«l’islamisation»engénéral.Ainsi,en2010,laPréfecturedepolicedeParisainterditun«apérosaucisson-pinard»queplusieursgroupesidentitairesentendaientorganiserdanslequartierdelaGoutte d’Or,surlelieumêmedesprièresderuedénoncéesparMarineLePen.LePréfetaestiméquecetévénement,quiétaitprévuunvendredi(jourdeprièrepourlesmusulmans)etenmêmetempsqu’unmatchdefootballAngleterre-Algérie,était«créateurderisquesgravesdetroublesàl’ordrepublic.»Pourlamêmeraison,lePréfetduMorbihanainterditen2015unrassemblement«contrel’islamisationdel’Europe»danslesruesdeVannes.
LA NEUTRALITÉ DES BÂTIMENTS PUBLICS
Leprincipedeneutralitédel’États’appliquenonseulementauxagentsmaisauxbâtimentspublics.Laloide1905disposeeneffetqu’«ilestinterdit,àl’avenir,d’éleveroud’apposeraucunsigneouemblèmereligieuxsurlesmonuments publicsouenquelqueemplacementpublicquecesoit,àl’exceptiondes édifices servant au culte,desterrainsdesépulturedanslescimetières,desmonumentsfunéraires,ainsiquedesmuséesouexpositions6.»
Laquestiondelaneutralitédesbâtimentspublicsestdepuisquelquesannéesaucentredecontentieuxausujetdecrèches de Noëlinstalléespardescollectivitésterritorialesdansleurslocaux.Lespremiersjugementsintervenusauniveaudescoursadministrativesd’appelmontrentquelajurisprudenceestloind’êtrefixée.
•En2010,leconseilmunicipaldeMoutiers(Oise)s’estvuobligéderetirerlacrèchequ’ilavaitfaitinstallersurlaplaceduvillage7.
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3.Conventiondesauvegardedesdroitsdel’Hommeetdeslibertésfondamentales(adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974),art.9.4.JeanBauberot,La laïcité falsifiée,LaDécouverte,2014.5.Voirparexemplel’arrêtduConseild’Étatdu19février1909annulantunarrêtémunicipaldelacommunedeSensquiinterdisait«lesprocessions,cortègesettoutesmanifestationsoucérémoniesextérieuresserapportantàunecroyanceouàunculte.»
6.Loidu9décembre1905deséparationdesÉglisesetdel’État,article28.7.Tribunaladministratifd’Amiens,16novembre2010.
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•En2014,lacrècheinstalléeparleconseilgénéraldeVendéedanslehalldel’hôteldudépartementaconnulemêmesort8,avantd’êtreautoriséeparlacouradministratived’appeldeNantes9.Lejugeaconsidéréquecettecrèche« s’inscrivait dans le cadre d’une tradition relative à la préparation de la fête familiale de Noël et ne revêtait pas la nature d’un “signe ou emblème religieux” »,comptetenunotamment«desafaibletaille,desasituationnonostentatoireetdel’absencedetoutautreélémentreligieux».
•Àl’inverse,lacrècheinstalléedansl’hôteldevilledeMelunaétéautorisée10puisinterditeparlacourd’appeldeParis11,quiaestiméqu’« une crèche de Noël, dont l’objet est de représenter la naissance de Jésus, doit être regardée comme ayant le caractère d’un emblème religieux, et non comme une simple décoration traditionnelle ».
•Enfin,dansuneautreaffairetrèsmédiatisée,letribunaladministratifdeMontpellier,saisienréféré,arejetéle19décembre2014lademanded’enlèvementdelacrèchedelamairiedeBéziers,considérantqu’iln’yavaitpaslieudestatuerenurgence:lejugementserarendudansplusieursmois.
CIMETIÈRESS’ilestenprincipeinterditd’établiruneséparation
danslescimetièrescommunauxàraisondeladifférencedescultes(loidu14novembre1881),l’Étatarégulièrementincitélesmaires,pardiversescirculaires,àaménagerdesespacesregroupantlesdéfuntsdemêmeconfession.Danssonrapportde2004,«Unsiècledelaïcité»,leConseild’Étataussiinsistesurl’ambivalencequiprévautsurcethème:« L’institution de carrés confessionnels dans les cimetières n’est pas possible en droit.Toutefois, en pratique, ils sont admis et même encouragés par les pouvoirs publics afin de répondre aux demandes des familles [...]. La création de regroupements de fait dans les cimetières ne règle
cependant pas toutes les questions liées auxprescriptions rituelles en matière d’inhumation, qui peuvent se heurter aux règles applicables : les règles de sécurité sanitaire ne permettent pas de respecter les préceptes islamiques selon lesquels le corps doit reposer en pleine terre, etc.12»
L’existenced’uncarréconfessionnelposeégalementlaquestiondescritères d’admissiondanscecarré.Ainsi,unmairenepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondantsurdesconsidérations religieuses.
•Exemple réel : les époux Darmon souhaitaient faire inhumer leur fils dans le carré israélite du cimetière communal de Grenoble. De façon informelle, la mairie gérait ce carré en concertation avec une association juive de la ville. Or, aux yeux de celle-ci, l’enfant Darmon n’était pas juif, puisque seul son père était juif et que sa mère ne l’était pas. Le maire de Grenoble a donc refusé la demande des époux Darmon, qui ont fait annuler cette décision par le tribunal administratif. L’arrêt précise que pour refuser la demande des époux Darmon, « le maire pouvait tenir compte de toutes considérations d’intérêt général et notamment celles tirées des nécessités d’ordre public, mais qu’il ne pouvait, sans excéder ses pouvoirs, écarter ladite demande en se fondant exclusivement sur la circonstance que des autorités religieuses déniaient l’appartenance de la personne décidée à la confession israélite13. »
ÉDIFICES CULTUELSLesédificescultuels(églises,temples,synagogues,
mosquées…)separtagententroiscatégories:•Ceux qui ont été nationalisés en 1789restentla
propriétédel’État,desdépartementsoudescommunes.Ils’agitpresqueexclusivementd’édificescatholiques.
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8.TribunaladministratifdeNantes,14novembre2014.9.Couradministratived’appeldeNantes,13octobre2015.10.TribunaladministratifdeMelun,22décembre2014.11.Courd’appeldeParis,17septembre2015.
12.Iln’estpasnonpluspossiblededérogeraudélailégald’inhumation(24heuresaumoinset6joursouvrablesauplusaprèsledécès)pourdesraisonsreligieuses.13.TribunaladministratifdeGrenoble,5juillet1993,ÉpouxDarmon.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION92
•Ceux qui ont été construits pendant le Concordat (1801-1905)appartiennentsoitauxcommunes(s’ilsontétébâtissurdesterrainscommunaux),soitauxassociationscultuellesquiontsuccédéen1905auxétablissementspublicsduculte(pourlesédificesprotestantsetisraélites).Enrevanche,
l’Églisecatholiquearefusélaconstitutiond’associationscultuelles.LesédificescatholiquesconstruitspendantleConcordatsontdoncdevenusen1907lapropriétédescommunes.
•Ceux qui sont postérieurs à la loi de 1905appartiennentauxpersonnesprivéesquilesont
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LES DIFFÉRENTS TYPES DE VOILES ISLAMIQUES
Hijab :voile«simple»,couvrantlescheveuxetlecoumaislaissantlevisagedécouvert.
Niqab :tenuenoirerecouvranttoutlecorps,ycomprislevisage,enlaissantseulementunefentepourlesyeux.Ilestportéparlesmusulmanesrigoristes,notammentlessalafistes.
Tchador :nomdonnéenIranàunepiècedetissusansmanchesquirecouvretoutlecorpsmaislaisselevisagedécouvert.EnFrance,cetermeestsouventutiliséàtortpourdésignerunhijabouunniqab.
Burqa :tenuefaited’unepiècedetissu(leplussouventbleue)recouvranttoutlecorps,ycomprislevisagederrièreuntissuàmailles.D’origineafghane,ellen’estquetrèspeuportéeendehorsduPakistanetdel’Afghanistan.EnFrance,letermeburqaestsouventemployéimproprementpourdésignerleniqab.
Jilbab ou jilbeb :tenuegénéralementforméededeuxpiècesetcouvranttoutlecorpsmaislaissantlevisagedécouvert.D’originesaoudienne,ilsedéveloppeenFrancedepuisquelquesannées.
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faitconstruire,généralementdesassociationscultuellesoudiocésaines(catholiques).
L’entretien des édifices cultuels est à la charge des propriétaires, qu’ils’agissedel’État,desdépartements,descommunes,desassociationscultuellesoudiocésaines.Lapuissancepubliquepeuttoutefoisparticiperauxfraisd’entretiend’unédificeappartenantàuneassociation,àconditionquel’aideneportequesurlestravaux de conservation(miseensécurité).Lestravauxderéparationouderestaurationdesédifices classés au titre des monuments historiques peuventégalementêtrefinancésparl’Étatet/oulescollectivitésterritoriales14.
DISSIMULATION DU VISAGELaquestionduvoileintégralapparaîtdansledébat
publicen2009lorsqu’André Gérin,députécommunisteduRhôneetmairedeVénissieux,demandelacréationd’unecommissionparlementairesurlesujet.Malgréle faible nombre de cas alors recensés enFrance(environ2000selonlegouvernementdel’époque),uneMissiond’informationsurlapratiqueduportduvoileintégralsurleterritoirenationalestcrééele23juin2009.Elleaboutitauvotedelaloidu 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. Danslacirculaire d’applicationcetteinterdictionestprésentéecommeunefaçonde«réaffirmersolennellementlesvaleursdelaRépubliqueetlesexigences du vivre-ensemble15 ».Enrevanche,leprincipe de laïcité n’est évoqué ni dans la loi, ni dans la circulaire.Laloiinterdit« le port de cagoules, de voiles intégraux (burqa, niqab…), de masques ou de tout autre accessoire ou vêtement ayant pour effet, pris isolément ou associé avec d’autres, de dissimuler le visage16 »,souspeined’uneamendede150euroset/oud’unstagedecitoyenneté.Elleinterditégalementle fait d’imposer à quelqu’un de dissimuler son visageenraisondesonsexe,délitpassibled’unandeprisonetde30000eurosd’amende17.
Toutefois,l’interdictionnes’appliquepas« si la tenue est prescrite ou autorisée par des dispositions législatives ou réglementaires18»(portducasquepourlesconducteursdedeux-rouesàmoteurs)ousielle« est justifiée par des raisons de santéou des motifs professionnels,ou si elle s’inscrit dans le cadre depratiques sportives, de fêtes ou de manifestations artistiques ou traditionnelles19.»Enfin,l’interdictionnes’appliquepasauxlieux de culte ouverts au public (conformémentàlaréserveduConseilconstitutionnel).
Lacirculairedéfinitenoutrelaconduite à tenir dans les services publics.Lechefdeserviceestresponsabledel’applicationdelaloi.Illuiappartientdel’expliqueràsesagents,d’eninformerlepublic(affiche,dépliants…)etd’actualiserlerèglementintérieur.« La dissimulation du visage fait obstacle à la délivrance des prestations du service public20. »Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieuxmaisnepeutenaucuncaslaforceràlefaire.Faceàunrefus d’obtempérer,l’agentousonresponsabledoitfaireappelauxforces de police ou de gendarmerienationale,quiseulespeuventdresserleprocès-verbaletvérifierl’identitédelapersonne.
LaCoureuropéennedesdroitsdel’hommeavalidécetteloietsoulignéquelapréservationdesconditionsdu«vivreensemble»étaitunobjectiflégitimeàlarestrictionàlalibertédeporterunsignereligieux21.
MIXITÉ DANS L’ESPACE PUBLICDepuisplusieursannées,nombreuxsontceuxqui
dénoncentunedégradationdelaconditionfémininedanslesquartierspopulaires,dontl’undessymptômesseraitl’invisibilité des femmes dans l’espace publicetladifficultégrandissanteàorganiserdesactivitésmixtesavecleshabitants.D’aucunsexpliquentcephénomèneparl’influencecroissantedel’islamdanscesquartierseten
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14.Ministèredel’Intérieur,circulairedu29juillet2011.15.Circulairedu2mars2011,op.cit.16.Ibid.17.Lasanctionestélevéeàdeuxansdeprisonet60000eurosd’amendesilavictimeestmineure(article4delaloi).
18.Loidu11décembre2010,op.cit.19.Ibid.20.Circulairedu2mars2011,op.cit.21.CEDH,1erjuillet2014,S.A.S.c.France.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION94
déduisentqueceproblèmeconstitueun« défi pour la laïcité ».S’ilnefaitaucundoutequ’ilexisteunlienentrelaprégnancedel’islametlaplacedesfemmesdanscesquartiers,ilestmoinssûrquelalaïcitéconstitueuneréponsepertinenteàceproblème.
Historiquement,la laïcité s’est très bien accommodée de l’inégalité entre les sexes et de la non-mixité. LaRépubliquelaïquen’aaccordéledroitdevoteauxfemmesqu’en1944etl’écolelaïquen’estdevenuemixtequedanslesannées1960.Rappelonsaussiquelesfemmescontinuentàsubirsexisme,discriminationsetviolencespartoutetpasseulementdanslesquartierspopulaires22.Dureste,la« géographie du genre23 »montrequel’utilisationdel’espacepublicparlesfemmesestfortementcontrainteparlesentimentd’insécurité,quilesamèneàadopterdesstratégiesded’évitement.Quantàlamixité de genre,s’ilfautdéplorersonabsence,cen’estpasseulementdanslesquartierspopulairesmaisdanstoutelasociété,àcommencerparlemondedutravail,quicomptetrèspeudesecteursréellementmixtes24.
La non-mixité et le sexisme dans l’espace public sont de réels problèmes mais ils ne sont pas propres aux quartiers populaires et n’ont pas pour seule cause l’islam. Enfaireunequestionreligieusecontribueàessentialiseretàstigmatiserlesmusulmans25,sanspourautantrésoudreleproblème.Lesexismedanslesquartiersn’estpasseulementlefaitdel’islammaisaussidelaconditiondespopulationsquiyvivent.Laprécaritésocialeetl’expérienceduracismeconduisentàunreplisurlesrôlestraditionnelsdegenreetàune exacerbation de la virilité quifontlelitpatriarcatetdusexisme26.
Fichedesynthèsen°11Laïcitéetusagedesespacespublics
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25.Parunprocessusde«racialisationdusexisme».Cf.ChristelHAMEL,«Delaracialisationdusexismeausexismeidentitaire»,inMigrations Société :Femmesdanslamigration,vol.17,99-100,2005.-p.91-10426.DidierLapeyronnie,Ghettourbain.Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui,RobertLaffont,coll.«Lemondecommeilva»,2008(lireenparticulierledernierchapitre:«Laracedeshommes,lesexedesfemmes»).. 27.Codepénal,225-3
22.Selonuneenquêterécente,100%desfemmesontdéjàsubiuneagressionsexuelleouduharcèlementsexistedanslestransportsencommun.Cf.HautConseilàl’égalitéentrelesfemmesetleshommes,Avissurleharcèlementsexisteetlesviolencessexuellesdanslestransportsencommun,16avril2015.23.Cf.bibliographie.24.Selonuneétuderécente,ilfaudraitqu’environunepersonnesurdeuxchangedepostepouratteindrelaparitédesfonctions.«Larépartitiondeshommesetdesfemmesparmétiers»,DARESAnalyses,n°79,décembre2013.
Surleplanjuridique,rappelonsqu’aucun texte législatif ne fixe d’obligation de mixité.L’objectifdemixitésedéduitdesprincipessuivants:
•leprinciped’égalitéentrelessexes,intégréàlaConstitutionde1946;
•leprincipedenon-discrimination,définipardenombreuseslois(notammentcelledu16novembre2001);
•leprinciped’égalitédesusagersdevantleservicepublic.
Laloigarantietoutefoisledroit à la non-mixitédanscertainscas.Ainsi,sontautoriséesles«discriminationsfondées,enmatièred’accèsauxbiensetservices,surlesexelorsquecettediscriminationestjustifiéeparlaprotectiondesvictimesdeviolencesàcaractèresexuel,desconsidérationsliéesaurespectdelavieprivéeetdeladécence,lapromotiondel’égalitédessexesoudesintérêtsdeshommesoudesfemmes,lalibertéd’associationoul’organisationd’activitéssportives27.»
Pour aller plus loinGenre et espace public•MarylèneLieber, Genre, violences et espaces publics.
La vulnérabilité des femmes en question, PressesdeSciencesPo,2008.
•GuyDiMeo,«Élémentsderéflexionpourunegéographiesocialedugenre:lecasdesfemmesdanslaville»,L’Information géographique 2/2012(Vol.76),p.72-94.www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2012-2-page-72.htm
•Marie-ChristineBernard-Hohm&YvesRaibaud,«Lesespacespublicsbordelaisàl’épreuvedugenre»,Métropolitiques,5décembre2012.http://www.metropolitiques.eu/Les-espaces-publics-bordelais-a-l.html
Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 95
MISE EN CONTEXTECetteséquenceouvreladernièredemi-journée
deformationrelativeàlaspécialisationsurlarelationauxenfantsetauxjeunes.Elleviseàapporterunéclairagespécifiquesurlecadrejuridiqueapplicabledansuncontextesocio-éducatif.
Cetteséquencedoitpermettreauxparticipantsdemobiliserlesélémentsjuridiquesrelatifsàleurcontexted’exerciceprofessionneletdesavoircequirelèvedesdroitsetobligationsdespublics.Elleseprésentesouslaformed’uneidentificationducaractèrelégalounondecertainessituationsdansuncontextesocio-éducatif.
SITUATIONLaséquences’organiseautourd’unquizrecensant
différentessituationstypesdusecteursocio-éducatif.Lesquestionssontposéesenplénière.Afind’éviterl’éventuellecraintedejugementencasdemauvaiseréponse,vousapportezquelquesprécisions:
•indicationquetouslessujetsn’ontpasencoreétéabordésetqu’ilestdoncnormaldenepasconnaîtretouteslesréponses,l’exerciceajustementpourobjectifd’explorercessituationsspécifiques;
•principedebienveillance.
Lesconsignesdonnées,lesparticipantsdoiventindiquersilarequêtedel’usageroudel’institutionévoquéedanslesdifférentessituationsrelèved’undroitounon;ilsexprimentleurpointdevueenlevantlecartonrouge(«non»)ouvert(«oui»).
Lacorrectionsefaitaufuretàmesureetchaqueréponseestl’occasionpourleformateurd’apporterdesélémentsdecadragejuridique(endéroulantlediaporamaaufuretàmesuredesquestionstraitées).
Lesapportsdecetteséquencedoiventsefaireenarticulationaveclesélémentsévoquésauxséquences3et6(rappels,compléments);lechoixdesphotosduparcoursmulti-épisodiqueetdesétudesdecasdoitsefaireenfonctionduprofildesparticipantsetdespointsabordésdanslaprésenteséquence.
FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°6etfichestagiaire
corrigéen°6:quizrelationéducative•Fichedesynthèsen°12:laïcitéetrelationéducative.
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Ficheformateurn° 11Cadrelégaldelarelationsocio-éducative
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION96
Fichestagiaireressourcen° 6Quizrelationsocio-éducative
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LÉGALITÉ DE LA REQUÊTE
ILLÉGALITÉ DE LA REQUÊTE
1 Desadolescentesrefusentd’êtreencadréesparunanimateursportif«parcequec’estunhomme»
2
Unecommunedemandeàuneagenteterritorialespécialiséedesécolesmaternelles(Atsem)degardersacroixchrétienneenpendentifsoussonvêtementpendantsonservice
3
Uneassociationd’accompagnementàlascolaritéaccueillantdesjeunesenserviceciviqueleurdemandederetirertoutsignereligieuxlorsqu’ilsinterviennentdansdesétablissementsscolaires
4Uneanimatricerefused’accompagnerlesenfantsdanslapiscinecarelleneveutpassemettreenmaillotdebaineninvoquantdesraisonsreligieuses
5
UneMaisondesjeunesetdelaculture(MJC)inscritdanssonrèglementintérieurqueleportdesignesreligieuxestinterditensonsein,tantpourlessalariésquepourlesusagers
6
Uncentredevacancesorganiseuncampsportifquisedéroulerapendantlapériodeduramadan.Lorsdesinscriptions,lesorganisateursavertissentlesfamillesmusulmanesque,pourdesraisonsdesécurité,ellesnepourrontinscrireleurenfants’iljeûne
7 Lorsd’unvoyagescolaire,unélèverefusedevisiterunecathédraleauprétextequ’ilestjuif
8
Uncollègeinviteuneassociationagrééeàanimeruneséancedesensibilisationàlaluttecontrel’homophobie.Unélèverefused’yassistercarilconsidèrel’homosexualitécommeun«péché»
9Unélèvedécidedecracherparterreenclasse,prétextantquel’islamluiinterditd’avalersasalivependantleramadan
10 Desélèvesdemandentlanon-mixitédansuncoursd’éducationphysiqueetsportive(EPS)
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Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 97
Fichestagiairecorrigéen° 6Quizrelationsocio-éducative
LÉGALITÉ DE LA REQUÊTE
ILLÉGALITÉ DE LA REQUÊTE
1 Desadolescentesrefusentd’êtreencadréesparunanimateursportif«parcequec’estunhomme»
2
Unecommunedemandeàuneagenteterritorialespécialiséedesécolesmaternelles(Atsem)degardersacroixchrétienneenpendentifsoussonvêtementpendantsonservice
3
Uneassociationd’accompagnementàlascolaritéaccueillantdesjeunesenserviceciviqueleurdemandederetirertoutsignereligieuxlorsqu’ilsinterviennentdansdesétablissementsscolaires
4Uneanimatricerefused’accompagnerlesenfantsdanslapiscinecarelleneveutpassemettreenmaillotdebaineninvoquantdesraisonsreligieuses
5
UneMaisondesjeunesetdelaculture(MJC)inscritdanssonrèglementintérieurqueleportdesignesreligieuxestinterditensonsein,tantpourlessalariésquepourlesusagers
6
Uncentredevacancesorganiseuncampsportifquisedéroulerapendantlapériodeduramadan.Lorsdesinscriptions,lesorganisateursavertissentlesfamillesmusulmanesque,pourdesraisonsdesécurité,ellesnepourrontinscrireleurenfants’iljeûne
7 Lorsd’unvoyagescolaire,unélèverefusedevisiterunecathédraleauprétextequ’ilestjuif
8
Uncollègeinviteuneassociationagrééeàanimeruneséancedesensibilisationàlaluttecontrel’homophobie.Unélèverefused’yassistercarilconsidèrel’homosexualitécommeun«péché»
9Unélèvedécidedecracherparterreenclasse,prétextantquel’islamluiinterditd’avalersasalivependantleramadan
10 Desélèvesdemandentlanon-mixitédansuncoursd’éducationphysiqueetsportive(EPS)
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION98
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e Fichestagiairecorrigéen° 6:Quizrelationsocio-éducative
w1Cette étude de cas est issue de « Laïcité, égalité : guide à l’usage des professionnels » de Dounia
Bouzar (Communauté d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole). Dansdessituationsdepriseencharged’éducationparlesport,oùlecorpsest«misenscène»defaçonplusoumoinsintime(piscine),certainesjeunesfillesrefusentd’avoirunanimateurdesexemasculin.
Legenreduprofessionnelestévoquépour«refuser»qu’ilexercesafonction.Ils’agitdoncderéfléchiràcommentle«désexualiser»defaçonàcequ’ilsoitbienappréhendéetlégitiméautraversdesonidentitéprofessionnelle.Autrementdit,quelleapprocheéducativeenvisagerpourquel’animateursportifsoitbienperçucommeunprofessionneletnonpascommeun«homme»?Unepriseenchargeglobaledujeune,plutôtqu’unerencontreponctuelleaumomentdel’activité,favorisel’établissementd’une«confianceprofessionnelle».Eneffet,desretoursdeterrainmontrentqu’ungroupedefillesacceptedesemettreenmaillotdebaindevantlemaître-nageurquiamisenplaceunaccompagnementsurlepoidsetl’alimentation,alorsquecemêmegrouperefusedesedéshabillerdevantunmaître-nageurrencontréuniquementaumomentdesséancesdepiscines.
Danslemêmeregistre,uneéquipedefootfémininefermelesportesdugymnaseàtousleshommes,«saufleuréducateur»,dontlafonctiontranscendel’appartenancesexuelle.D’autresprofessionnelsinsistentpourdireauxjeunesque«s’ilsontunproblème»,ilssontàleurdisposition.Cesexemplestendentàmontrerquetravaillerlarelationenamontou«enannexe»aideàfaireprévaloirlafonctionduprofessionnelsurlegenre,enrenforçantlarelationdeconfiance.
L’activitésportiveestconçuecommeunsupportpourl’éducation.Larelationdeconfiancedoitaussis’établiraveclafamilledujeune;lecontactaveclesparents,etlareconnaissancedecesderniersenverslesprofessionnelssemblepeserauxyeuxdesjeunes.Silesparentsreconnaissentlesprofessionnels,leursenfantssontprisdanscettereconnaissance.Celapeutsedéclinerdefaçonsdifférentes:lesanimateurspeuventorganiserdesmanifestationsaveclesparentsdanslequartier,desvisites,dessorties,pourleurpermettredevoirdequellemanièreilssontprofessionnels.
2Lalibertédeconscienceinclutledroitàmanifestersareligion,ycomprisautravail,danscertaines
limites.Danslafonctionpublique,touslesagentssontsoumisàunstrictdevoirdeneutralité,c’est-à-direqu’ilsnepeuventmanifesterleursconvictionsreligieusesoupolitiquesparleurtenue,leursproposouleurattitude.Cedevoirdeneutralitéconcernetouslesservicespublics,ycomprislorsqu’ilssontexercéspardesorganismesdedroitprivé.
3Danslesstructuresdedroitprivé(associationouentreprise),l’employeurpeutapporter
desrestrictionsàlalibertédereligionseulementsiellessont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir » et« proportionnées au but recherché ».Ellenepeuts’appliqueràtouslessalariés,sansdistinctiondefonctionoudemission.Danslecasprésent,larestrictiondelalibertédereligionestcirconscriteets’inscritdanslerespectdelaneutralitédel’enseignementpublic.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 99
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4Danslesstructuresdedroitprivé(associationouentreprise),l’employeurpeutapporter
desrestrictionsàlalibertédereligionseulementsiellessont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir »et« proportionnées au but recherché ».C’estparexemplelecassil’exercicedelalibertédereligionparlesalariéentravelaréalisationdesamissionouposedesproblèmesd’hygièneoudesécurité.Danslaprésentesituation,l’accompagnatricecommetunefauteprofessionnellecarellerefused’exécuterunemissionprévuedanssoncontratdetravailetmetlesenfantsendanger.
5Danslesstructuressocio-éducatives(centressociaux,centresdevacancesetdeloisirs,MJC…),
lesusagersbénéficientdelalibertédereligion.L’article11delaChartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillieprévueparlaloidu2janvier2002,reconnaîtàchacunledroitàlapratiquereligieusedanslamesureoùcelle-ci« ne trouble pas le fonctionnement normal des établissements et des services »et« ne porte pas atteinte à la liberté d’autrui ».Parailleurs,unrèglementintérieurnepeutcontenirderestrictioninjustifiéed’unelibertéfondamentale,nidedispositiondiscriminatoire.Ilnepeutégalementinterdire« les discussions politiques ou religieuses et, d’une manière générale, toute conversation étrangère au service »,unprosélytismeexcessifétanttoutefoisproscrit.Danslaprésentesituation,c’estunediscriminationcarlaMJCn’étantpasunservicepublic,ellenepeutimposerlaneutralitéàsessalariésetencoremoinsàsesusagers.
6Touterestrictionnonjustifiéedudroitàlapratiquereligieuseoutoutedifférence
detraitementfondéesurlareligionestassimilableàunediscrimination.Unestructurenepeut,parexemple,écarterunusagerd’uneactivitéenraisondesareligionréelleousupposée,enanticipationd’éventuellesdifficultésquel’exercicedecettereligionpourraitentraîner.Silesoucidesécuritéestlégitime,ilnepeutsetraduireparuneexclusionaprioridetouslesusagersd’unecertainereligion.Enrevanche,lesorganisateurspeuventinformertouteslesfamillescandidatessurlescapacitésd’endurancerequisespourparticiperaucamp,exigeruncertificatmédicald’aptitudeetleurfairesignerunedéchargeprévoyantlerapatriementdeleurenfantencasd’incapacitéàpoursuivrelecamp.
7et 8Lalibertédereligiontrouveicisalimite.
Eneffet,leprincipedelaïcitéinterdit« à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre les collectivités publiques et les particuliers ».Demême,laChartedelalaïcitéàl’écolerappellequ’« aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme ».Lesélèvesrécalcitrantsnesauraientêtredispensésdecertainesactivitésscolairespourdesmotifsreligieux.Ilenvademêmedanslesstructuressocio-éducatives,mêmesiellesnerelèventpasdel’obligationscolaire.Dèslorsqu’unepersonnes’inscritàuneactivité,elleenacceptelesrèglesetleprogramme.Lafermetédoitêtredemiselorsquelareligionestinvoquéepourjustifierdesincivilités,voiredescomportementsviolents. w
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9Cen’estpasaunomdelalaïcitéqu’ilfautrefuseretsanctionnercescomportements,maisaunom
durespectdurèglementintérieurdel’établissementetdelaloi.Invoquericilalaïcitéreviendraitàtraitercesactesd’indisciplinecommedespratiquesreligieuses.
10Mêmesilamixitéestparfoisinterrogée,ycomprislorsdesséancesdesportducollège,
ellenepeutêtreremiseencausedufaitqu’ellefaitpartieduprogrammed’enseignementetdufaitdel’autoritédel’enseignantappartenantàl’institution.Ilyalanotiond’obligationcarl’éducationphysiqueetsportive(EPS)estunematièrecommelesautres.Cecadrenormaliselamixité,ausensoùcettedernière,étantposéecomme«nonnégociable»,peutdevenir«naturelle»auxyeuxdesjeunes.Lerespectdelamixitédoitaussiconcernerlacompositiondeséquipes,alorsquecertainessontconstituéesde100%deprofessionnelsmasculinsouféminins.Celasupposeuneactiontrèsenamontdesrecrutements(maisfavoriseruncandidatenraisondesonsexerevientàdiscriminer).
FICHE ASSOCIÉEFichesynthèsen°12:laïcitéetrelationsocio-
éducative.
Fichestagiairecorrigén° 6:Quizrelationsocio-éducative
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Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 101
Historiquement, la laïcité est intimement liée à l’Écoleetàl’éducationausenslarge.Danslesannées1880,c’estparl’ÉcolequelaiiieRépubliqueentameleprocessusdelaïcisationdesinstitutionsquiaboutiraàlaloideséparationdesÉglisesetdel’État.Parlasuite,c’est presque toujours par l’École que la laïcité reviendra dans le débat public.
Silespolémiquessesontlongtempscristalliséesautourdustatutdel’enseignementprivé1,c’estlaquestiondel’islamquidéchaîneaujourd’huilespassions,depuislapremière«affairedufoulard»dansuncollègedeCreilen1989.Plusrécemment,l’affairedelacrècheBaby-Loup,lacirculaireChatelouledébatsurlesmenusdesubstitutiondanslescantinesscolairesontconfirméquelalaïcitédanslesstructureséducativesoud’accueildesenfantsresteunequestionsensible.Danscecontexte,lesprofessionnelsduchampéducatiféprouventsouventuncertainmalaiselorsqu’ilsfontfaceàdessituationsayanttraitaufaitreligieux.Cettefichesynthétiselesgrandsprincipes,notammentjuridiques,susceptiblesdeguiderleuraction.
TABLE DES MATIÈRESDu côté des professionnels..........................................................................101Embauche.................................................................................................................................101Lalibertédereligionetseslimites...................................................102Règlementintérieur................................................................................................102 Prosélytisme........................................................................................................................103Du côté des usagers.................................................................................................103Portdesignesreligieux......................................................................................103Prescriptionsalimentairesreligieuses...................................... 104Refusdesrèglesaunomdelareligion.......................................105 Pédagogiedelalaïcité..........................................................................................105Pour aller plus loin..................................................................................................106Laïcitédanslechampéducatif...............................................................106
DU CÔTÉ DES PROFESSIONNELS2 Embauche « Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances3». Ceprincipes’appliquedèsl’embauche.« L’employeur choisit librement ses collaborateurs4»etdisposed’unegrande« liberté pour déterminer ses méthodes de recrutement, tant qu’il respecte la protection des droits fondamentaux du candidat5. »Ilnepeut,parexemple,interroger un candidat sur sa religion.Eneffet,lesinformationsdemandéesdanslecadred’unrecrutement« doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l’emploi proposé ou avec l’évaluation des aptitudes professionnelles6. »• Exemple réel : en 2007, à l’oral du concours d’officier
de police nationale, le jury a demandé à un candidat portant un nom à consonance maghrébine s’il était musulman et si son épouse portait le voile. Noté 4/20, le candidat a porté plainte et fait annuler la décision du jury par le Conseil d’État7.
Unemployeurnepeutpasnonplusécarterlescandidatsd’unereligionparticulièreenanticipation des éventuelles difficultésposéesparl’exercicedeleurlibertédereligion.• Exemple réel : lors d’un entretien de recrutement
pour un poste d’animateur en classe de mer, la recruteuse interroge le candidat sur les interdits alimentaires religieux et lui demande s’il consommera de la viande pendant les repas avec les enfants. Le candidat répond qu’il mange de la viande halal. Sa candidature n’est pas retenue, alors qu’il présentait toutes les aptitudes requises pour le poste. Interrogée par la HALDE, l’association a répondu que les animateurs devaient « partager les repas avec les enfants dans des conditions strictement identiques à ces derniers. » Or, si l’employeur est fondé à exiger des animateurs qu’ils prennent les repas avec les enfants, il ne saurait leur imposer le même régime alimentaire qu’eux. Ici, l’animateur aurait tout à fait pu prendre part aux repas sans manger de viande8.
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1.Cf.Fichedesynthèsen°2:histoiredelalaïcitéenFrance.
2.Cf.Fichesdesynthèsen°5,6,7et8.3.PréambuledelaConstitutionde1946.4.Conseilconstitutionnel,21juillet1988.5.Op.cit.6.Codedutravail,L.1221-6.7.Conseild’État,10avril2009,M.E.H.8.Halde,délibérationn°2008-10du14janvier2008.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION102
Fichedesynthèsen°12Laïcitéetrelationsocio-éducative
L’employeurnepeutpasnonplusinvoquerleséventuels préjugés des salariés ou de ses usagers pourrefuserd’embaucher uncandidatenraisondesareligioncar« la volonté de répondre à la préférence discriminatoire des clients ou d’autres travailleurs ne peut pas être acceptée comme objectif légitime9. »• Exemple fictif : la directrice d’un centre social
associatif refuse d’embaucher une candidate voilée comme agent d’accueil au motif que sa présence risquerait de dissuader une partie des habitants de venir au centre.
La liberté de religion et ses limitesLalibertédeconscienceinclutledroit à manifester
sa religion,ycomprisautravail,danscertaineslimites.Danslafonctionpublique,touslesagentssontsoumisàunstrict devoir de neutralité, c’est-à-direqu’ilsnepeuventmanifesterleursconvictionsreligieusesoupolitiquesparleurtenue,leursproposouleurattitude.•Exemple fictif : une agente territoriale spécialisée
des écoles maternelles (Atsem) ne peut porter une croix chrétienne en pendentif car en tant qu’employée de la municipalité, elle est soumise au devoir de neutralité.
Cedevoirdeneutralitéconcernetouslesservicespublics,ycomprislorsqu’ilssontexercéspardesorganismes de droit privé10,commeparexemplelaCaissed’allocationsfamiliales(Caf).• Exemple :un centre social géré par la Caf est soumis au
devoir de neutralité mais pas un centre social associatif.Danslesorganismes de droit privé(associationouentreprise)n’exerçantpasunemissiondeservicepublic,l’employeurpeutapporterdesrestrictions à la liberté de religion seulementsiellessont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir »et« proportionnées au but recherché11.»C’estparexemplelecassil’exercicedelalibertédereligionparlesalariéentravelaréalisationdesamissionouposedesproblèmes d’hygiène ou de sécurité.Toutefois,larestrictiondelaliberté
dereligiondoitêtrecirconscrite.Ellenepeuts’appliqueràtouslessalariés,sansdistinctiondefonctionoudemission.
•Exemples fictifs : –une animatrice n’accompagne pas les enfants
dans la piscine car elle refuse de se mettre en maillot de bain en invoquant des raisons religieuses. C’est une faute professionnelle car elle refuse d’exécuter une mission prévue dans son contrat de travail et met les enfants en danger ;
– une association d’accompagnement à la scolarité accueillant des jeunes en service civique leur demande de retirer tout signe religieux lorsqu’ils interviennent dans des établissements scolaires, afin de respecter la neutralité de l’enseignement public. Dans ce cas, la liberté de religion est circonscrite et s’inscrit dans le respect de la neutralité de l’enseignement public.
Ladistinction entre mission de service public et mission d’intérêt générals’apprécieaucasparcas,selonlelienquelastructureentretientaveclapuissancepublique12.Lefaitpourunorganismedepercevoirdessubventions publiquesneconstitueenrienuneconditionsuffisantepourêtreconsidérécommeunservicepublic.Ainsi,unecrècheassociativepeutêtreunservicepublicdansunecommune(etimposerlaneutralitéreligieuseàsessalariés)etnepasl’êtredanslacommunevoisine.Ilenvademêmeaveclesassistantes maternelles. Cellesquisontemployéesparlescollectivitésterritoriales(conseilsdépartementaux)ouleursétablissements(CCAS)sontsoumisesaudevoirdeneutralité,contrairementàcellesquirelèventdudroitprivé.
Règlement intérieurUnrèglement intérieurnepeutcontenirderestrictioninjustifiéed’unelibertéfondamentale,nidedispositiondiscriminatoire13.•Exemple fictif :une maison des jeunes et de la culture
(MJC) inscrit dans son règlement intérieur que le port
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9.Coureuropéennedesdroitsdel’homme,SmithetGradyc.Royaume-Uni,25juillet2000.10.Courdecassation,Chambresociale,19mars2013,CPAMdeSeine-Saint-Denis.11.Codedutravail,L.1121-1.
12.Surcepoint,sereporteràlafichen°5:laïcitédanslesservicespublics.13.Codetravail,L.1321-3.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 103
de signes religieux est interdit en son sein, tant pour les salariés que pour les usagers. C’est une discrimination car la MJC n’étant pas un service public, elle ne peut imposer la neutralité à ses salariés et encore moins à ses usagers.
Ilestégalementillégald’interdiredanslerèglementintérieur« les discussions politiques ou religieuses et, d’une manière générale, toute conversation étrangère au service14.»Prosélytisme
Leprosélytismedésignelaferveur,lezèlequel’onmetàconvaincredefutursadeptes,àgagneràsacausedenouvellespersonnes.Lessalariésontledroitdeparlerde(leur)religionautravailavecleurscollègues,àconditiondenepasverserdansunprosélytisme abusif,cequiimpliquel’exerciced’unecontraintesurleurscollèguesoulesusagers.
Exemples réels : •Un animateur d’un centre de loisirs laïque a été
licencié pour avoir lu la Bible aux enfants et leur avoir distribué des prospectus des Témoins de Jéhovah dans le cadre de son activité15.
•Un enseignant à l’université du temps libre a été licencié car il profitait de ses cours pour inciter ses élèves à participer à d’autres cours qu’il donnait dans une association d’inspiration raëlienne dont il était le président16.Rappelonstoutefoisqueleport d’un signe religieux
neconstituepas,ensoi,uneformedeprosélytisme.Seuluncomportementpeutêtrequalifiécommetel.
DU CÔTÉ DES USAGERSPort de signes religieuxLesusagersdesservicespublicsjouissentdelaliberté de religion,danscertaineslimitesdéfiniespardestextesoudesconsidérationsliéesaubonfonctionnementduservicepublic.L’exempleleplusemblématiqueestl’interdictionfaiteauxélèves des écoles, collèges et lycées publicsdeporterdessignes religieux ostensibles17.Cetteinterdictions’appliqueàl’ensembledesélèvesdecesétablissements,y
comprisceuxquisontinscritsdansdes formations post-baccalauréat(classespréparatoiresauxgrandesécoles,sectionsdetechniciensupérieur).Enrevanche,ellenes’appliquepasauxcandidats à un examen ou un concourssedéroulantdansleslocauxd’unétablissementpublicd’enseignement,niauxstagiaires de la formation continuedispenséeparlesgroupementsd’établissement(GRETA) auseindesétablissementsscolairespublics18.Les parents d’élèves ontledroitdeporterdessignesreligieuxdansl’enceintedesétablissements,ycompriss’ilssontélus aux instances représentativesdecesétablissements.Lecasdesparentsaccompagnant les sorties scolairesestplusdélicat.SuiteàlapolémiquedéclenchéeparcirculaireChatel19,leConseild’Étatarendule23décembre2013unavissurleportdesignesreligieuxparlesparentsaccompagnantlessortiesscolaires.Cesderniersn’étantniagents,nicollaborateursduservicepublic,ilsnesontpas concernéspar« les exigences de neutralité religieuse. »Toutefois,aucasparcas,« les exigences liées au bon fonctionnement du service public de l’éducation peuvent conduire l’autorité compétente, s’agissant des parents qui participent à des déplacements ou des activités scolaires, à recommander de s’abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses. »Laministredel’Éducationnationaleadéclarédevantl’Observatoiredelalaïcitéennovembre2014qu’il ne saurait y avoir d’interdiction absolue carcelaentraveraitl’exerciced’unelibertéfondamentale.L’interdictionestlaisséeàl’appréciationduchefd’établissement,enraisondecirconstancesparticulières(ordrepublicparexemple)etrestedoncl’exception.•Exemple réel :le tribunal administratif de Nice
(9 juin 2015) a annulé la décision d’une école primaire interdisant à une mère voilée d’accompagner la sortie scolaire, en arguant que « les parents d’élèves autorisés à accompagner une sortie scolaire à laquelle participe leur enfant doivent être regardés, comme
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14.Conseild’État,25janvier1989.15.Courd’appeldeToulouse,9juin1997.16.Conseildeprud’hommesdeGap,3décembre2001.17.Codedel’éducation,L.141-15-1.Cetteinterdictionneconcernepaslesétudiantsdel’enseignementsupérieur.
18.TribunaladministratifdeParis,5novembre2010.19.Circulairedu27mars2012quirecommandaitauxétablissementsd’imposerlaneutralitéreligieuseauxparentsaccompagnantlessortiesscolaires.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION104
Fichedesynthèsen°12Laïcitéetrelationsocio-éducative
les élèves, comme des usagers du service public de l’éducation. (...) Par suite, les restrictions à la liberté de manifester leurs opinions religieuses ne peuvent résulter que de textes particuliers ou de considérations liées à l’ordre public ou au bon fonctionnement du service. »
Dansleslieux de privation ou de restriction de liberté (casernes,hôpitaux,prisons,centreséducatifsfermésourenforcés…),lapuissancepubliquedoitgarantirlelibre exercice des cultes,enpermettantauxusagersquilesouhaitentderencontrerunaumônierdeleurconfession,derespecterleursinterditsalimentairesoud’accomplirleursrites20.Cetteobligationneconcernepaslescentres de vacances,quinesontpasàproprementparlerdeslieuxdeprivationdelibertépuisquelesusagerss’yrendentdeleurpleingréouàlademandedeleursparents.Toutefois,danslesstructuressocio-éducatives(centressociaux,centresdevacancesetdeloisirs,MJC…),lesusagersbénéficientégalementdelalibertédereligion.L’article11dela«chartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie»,prévueparlaloidu2janvier200221,reconnaîtàchacunledroit à la pratique religieuse,danslamesureoùcelle-ci« ne trouble pas le fonctionnement normal des établissements et des services »et« ne porte pas atteinte à la liberté d’autrui. »
Touterestrictionnonjustifiéedecedroitoutoutedifférencedetraitementfondéesurlareligionestassimilableàunediscrimination.Unestructurenepeut,parexemple,écarterunusagerd’uneactivitéenraisondesareligionréelleousupposée,enanticipationd’éventuellesdifficultésquel’exercicedecettereligionpourraitd’entraîner.•Exemple fictif : un centre de vacances organise un
camp sportif qui se déroulera pendant la période du ramadan. Lors des inscriptions, les organisateurs avertissent les familles musulmanes qu’elles ne pourront inscrire leur enfant s’il jeûne, pour des
raisons de sécurité. Si le souci de sécurité est légitime, il ne peut se traduire par une exclusion a priori de tous les usagers d’une certaine religion. En revanche, les organisateurs peuvent informer toutes les familles candidates sur les capacités d’endurance requises pour participer au camp, exiger un certificat médical d’aptitude et leur faire signer une décharge prévoyant le rapatriement de leur enfant en cas d’incapacité à poursuivre le camp.
Prescriptions alimentaires religieusesLarestauration scolaireestunservicepublicfacultatifquirelèvedelacompétencedesmairies(pourlesécoles),desdépartements(pourlescollèges)etdesrégions(pourleslycées).« Les collectivités locales disposent d’une grande liberté dans l’établissement des menus et le fait de prévoir des menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitueni un droit pour les usagers ni un devoir pour les collectivités22. »Àcetitre,l’absencedemenudesubstitutionneconstituepasunediscrimination23.Danslesfaits,denombreusescantinesscolairesproposentdupoissonlevendredi.Parailleurs,ellesproposentgénéralementdesrepassansviandeousansporc,permettantainsiauxélèvesdemangerensemble.
Lescantinesscolairesnepeuvent,enrevanche,proposerdesmenus halal ou casher,pourdeuxraisons.D’unepart,certainsorganismescertificateursversentuneredevanceàdesinstitutionsreligieuses(consistoireisraélite,mosquéesagréées…).Acheterdelavianderitualiséeavecdel’argentpublicreviendraitdoncàverserune subvention indirecteà un culte,cequiestinterditparlaloide1905.D’autrepart,iln’existepasdeconsensussurcequ’estuneviandehalal.Enchoisissantunfournisseurplutôtqu’unautre,lespouvoirspublicsprendraientdoncpositiondansundébatthéologiqueetsortiraientdoncdeleurneutralité.• Exemple fictif :une municipalité possède une base
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20.Danslesfaits,cesdispositionsnesontpastoujoursrespectées.Cf.Contrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,Avisdu24mars2011relatifàl’exerciceducultedansleslieuxdeprivationdeliberté,Journal officiel.21.Loidu2janvier2002rénovantl’actionsocialeetl’actionmédico-sociale.
22.Circulairen°2011-216du2décembre2011.23.Conseild’État25octobre2002,inéditaurecueilLebon.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 105
de plein air dont elle délègue la gestion à une association. Cette base accueille chaque été des classes de mer. Depuis que certaines familles ont demandé que leurs enfants puissent y manger halal, le cuisinier de la base n’achète plus que de la viande halal. Or, l’association gestionnaire n’a pas le droit d’acheter de la viande ritualisée car elle est délégataire d’une mission de service public.
Cetteinterdictionnes’appliquepasauxlieux de privation ou de restriction de liberté (hôpitaux,casernes,prisons…),oùlapuissancepubliquedoitgarantirlelibreexercicedescultes.LedroitpourlesdétenusdepouvoirsenourrirselonlespréceptesdesareligionarécemmentétéreconnuparlaCoureuropéennedesDroitsdel’Homme24.EnFrance,aucuneloinel’imposemaislaplupartdeslieuxdeprivationdelibertérendentpossiblel’observancedesprescriptionsreligieuses.L’administration pénitentiairelefaitindirectementenproposantdesmenussansporcet/ousansviandeetenpermettantauxdétenusdeseprocurerdelanourritureritualisée,vialecantinageouparl’intermédiaired’aumôniers25.Leshôpitaux publicsoffrentégalementunediversitédechoixalimentaires,«danslamesuredupossible26.»
Lamêmelogiquepeuts’appliquerauxstructures associatives. Mêmesilaloineleurinterditpasdeservirdelanourritureritualiséedanslesévénementscollectifsqu’ellesorganisent(repasdequartier…),ilestrecommandéd’opterpourunealternativelaïque(menusansporcousansviande)toutengardantunmenu«standard»,afind’éviter qu’une norme ne s’impose à tous.Lesrepasdoiventeneffetresterdesmomentsderencontreetdeconvivialitéetnonfavoriserl’entre-soi.
Refus des règles au nom de la religionLesprofessionnelsduchampéducatifsontparfoisdéstabiliséslorsquedesjeunesmettentenavantleurreligionpourrefuser une règle, un enseignement ou une activité.Lalibertédereligiontrouveicisalimite.Eneffet,leprincipedelaïcitéinterdit« à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre les collectivités publiques et les particuliers27. »Demême,laChartedelalaïcitéàl’écolerappellequ’« aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme28. »-Exemple fictif :lors d’un voyage scolaire, un élève
refuse de visiter une cathédrale au prétexte qu’il est musulman.Lesélèvesrécalcitrantsnesauraientêtredispensés
decertainesactivitésscolairespourdesmotifsreligieux.Ilenvademêmedanslesstructuressocio-éducatives,mêmesiellesnerelèventpasdel’obligationscolaire.Dèslorsqu’unepersonnes’inscritàuneactivité,elleenacceptelesrèglesetleprogramme.Lafermetédoitêtredemiselorsquela religion, la politique ou autre est invoquée pour justifier des incivilités, voire des comportements violents.
•Exemples fictifs : - un élève crache par terre en classe. Il prétend
que l’islam lui interdit d’avaler sa salive pendant le ramadan ; - une élève frappe une de ses camarades parce
que cette dernière a dit qu’elle ne croyait pas en Dieu.
Ce n’est pas au nom de la laïcité qu’il faut refuser et sanctionner ces comportementsmaisaunomdurespectdurèglementintérieurdel’établissementetdelaloi.Invoquericilalaïcitéreviendraitàtraitercesactesd’indisciplinecommedespratiquesreligieuses.
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24.CEDH,7décembre2010,Jakóbskic/Pologne.25. Lacouradministratived’appeldeLyonaannuléle22juillet2014unjugementdutribunaladministratifdeGrenobleenjoignantaudirecteurducentrepénitentiairedeSaint-Quentin-Fallavier(Isère)deservirdesrepascomprenantdelaviandehalalauxdétenusmusulmans.LeConseild’États’étaitégalementprononcécontreunetellemesure,quiaurait« en raison de son coût financier et organisationnel élevé, des conséquences difficilement réversibles ».26.ChartedupatienthospitaliséannexéeàlacirculaireDGS/DHn°22du6mai1995relativeauxdroitsdespatientshospitalisés.
27.Conseilconstitutionnel,19novembre2004.28.Ministèredel’Éducationnationale,Chartedelalaïcitéàl’école,article12.
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION106
Fichedesynthèsen°12Laïcitéetrelationsocio-éducative
Pédagogie de la laïcitéLanécessairefermetéfaceàcescomportementsnedoitpasdispenserlesprofessionnelsd’expliquer leursdécisionsetderesterbienveillants vis-à-visdesjeunesplacéssousleurautorité.L’enfanceetl’adolescencesontdespériodesd’apprentissageetdeconstruction de leur identité,oùl’affirmationdesoisefaitparfoisenoppositionàl’autorité.Lesdemandesoucomportementsquiseprésententcommereligieuxexprimentsouventunbesoin de reconnaissance ouunmalaise.Aussi,lesprofessionnelsdoiventgarderàl’espritque« la façon dont un usager met en avant sa religion reflète son état intérieur et n’est pas uniquement “le produit de sa religion”, même s’il le présente ainsi29. »
Laquestiondufaitreligieuxnedoitpasêtreéludéeourenvoyéesystématiquementàla« sphère privée. » Ellepeutêtreunexcellentsujetdediscussion,àconditionquel’onneseplacepas sur le terrain théologiquemais sur celui de la connaissance et des valeurs.Ilnes’agitpasd’expliquercequeditounontelleoutellereligionmaisd’éduquer les jeunes au pluralisme. Toutenrestantimpartiaux,lesprofessionnelspeuventsoulignerquetouteslesreligionscomportentplusieurscourants,correspondantàdifférentesinterprétationsdudogme.Danscettemultitudedecroyances,lalaïcitéconstitueuncadrepermettantqu’aucunevisiondumondenes’imposesurlesautres.• Exemple fictif :Lors d’un séjour de vacances, un jeune
demande que l’on n’écoute plus de musique au motif que « l’islam l’interdit. » L’animateur ne doit pas chercheràleconvaincrequel’islamneditpascelamais que dans un espace de vie collective, personne ne peut imposer ses désirs aux autres.
La laïcité ne doit pas être invoquée uniquement pour interdire,sansquoiellerisqued’êtreperçuecommeuninstrumentd’oppressiondesreligionsoudecertainesreligions.Ilfautaucontraire insister
w sur ce qu’elle permet (libertédeconscienceetdeculte,impartialitédel’État,coexistencepacifiquedetouteslescroyances,respectmutuel…).
Pour aller plus loinLaïcité dans le champ éducatif•Observatoiredelalaïcité,Laïcitéetgestiondufait
religieuxdanslesstructuressocio-éducatives,2015:http://www.gouvernement.fr/documents-de-l-observatoire-de-la-laicite
•DouniaetLyliaBouzar, Laïcité et égalité : pour une posture professionnelle non discriminatoire. Synthèsedelaformation-actionàl’intentiondesintervenantssocio-éducatifs,ProfessionBanlieue,TrajectoireRessourcesetRésOVilles,mars2015:http://reseau-lcd-ecole.ens-lyon.fr/spip.php?article143
•NombreusesressourcessurlesiteEduscol(Éducationnationale):http://eduscol.education.fr/pid23591/laicite-principe-et-pedagogie.html
•AbdennourBidar,Pour une pédagogie de la laïcité,Documentationfrançaise,2012,142p.http://archives.hci.gouv.fr/Pour-une-pedagogie-de-la-laicite-a.html
•AbdennourBidar,«Quellepédagogiedelalaïcitéàl’école»,inEsprit,octobre2004,pp.48-63.www.esprit.presse.fr/archive/review/rt_download.php?code=38110
•DéfenseurdesDroits, L’égal accès des enfants à la cantine de l’école primaire, 2013,61p.http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/134000207.pdf
29. DouniaetLyliaBouzar,Laïcité et égalité : pour une posture professionnelle non discriminatoire. Cf.bibliographie.
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 107
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Séquence10Jeux de rôles
10105 min
P. 108 Fiche formateur n° 12 P. 110 Fiche formateur n° 13
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Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
Jour2Après-midi
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION108
MISE EN CONTEXTEL’objectifdelaséquenceestd’ancrerlesacquisde
laformationentermesdeconnaissancesjuridiques,relationnellesetcomportementalesetdelesreplacerdanslessituationsprofessionnellesconcrètesdesparticipants.Ils’agitd’apporterunfocussurlaspécificitédel’usagedesespacespublicsetdebienencomprendrelesressortsafind’adopterunepostureprofessionnelleentouttemps.Laséquenceviseégalementàidentifierlecadrederéférencedesoninterlocuteurafindefairepreuved’empathieetdeparlerlemêmelangagepourportersondiscours.Lesparticipantsserontainsiplusàmêmesd’analyserlasituationetderecourirauxargumentslesplusadaptéspourpromouvoirlesvaleursdelaRépubliqueetlesrèglesdevieencommun.
SITUATIONLaséquences’appuiesurlessituationsrencontrées
parlesparticipantsdansuncontextedegestiondel’espacepublic;silesparticipantsn’ontpasdesituationsàproposer,vouspourrezvousappuyersurlesétudesdecasquevousn’aurezpasencoreutilisées.
Lessituationssurlesquellessouhaitenttravaillerlesparticipantssontprésentéessuccinctementparleurporteur.
Vousdemandezensuitedesvolontairespourlesmettreenscènedanslecadredejeuxderôles;desbinômessontalorsconstitués:l’uninterprétantlerôleduprofessionnel,l’autreceluidesoninterlocuteur.Chaquebinômeprendunrapidetempsdepréparationafind’imaginerlafaçondefairevivrelasituation(arguments,posture…).Aubesoin,vouspouvezdonnerdesconsignesauparticipantinterprétantlerôledel’interlocuteursurlesargumentsàinvoquer,lecomportementàadopter…
Silesparticipantssonthésitantsàinterpréterlesjeuxderôlesenraisondeladifficultédelasituationàtraiter,vouspouvezvousmontrerrassurantensoulignantlefaitquel’intérêtdececasestjustementsacomplexitéetsadélicatesseàgérer,quetoussontconscientsdecelaetquelaformationestl’occasiondel’aborderdansuncadresécuriséetd’identifierdemanièrecollectivelafaçondegéreraumieuxlarelationavecl’interlocuteur.
105mind’exerciceetdedébriefing
Ficheformateurn° 12UsagedesespacespublicsJeuxderôles
Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 109
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Avantdecommencerlasimulation,vousénoncezlesrèglesdujeu:attitudeconstructiveetbienveillantedetouslesparticipants,ladiscrétionrequisedesobservateurslorsdelasimulation,lesmodalitésdudébrief.Lorsdelasimulationquisedérouleenplénière,lesautresparticipantsoccupentunefonctiond’observateur;àcetitre,ilsdoiventrestersilencieuxetnepasintervenirpendantlasimulation.
Lesobservateursdoiventrepérerlesbonnespratiquesàréinvestiretlespointsdevigilancesurlesplansdudiscours(vocabulaire,expressionorale,arguments),ducomportement(regard,posture,voix)etdelagestiondelarelation(reformulation,écouteactive,participation).
Lorsquelasimulationestterminée,ledébriefing
s’organiseentroistemps.•Point de vue du professionnelsursaperception
delafaçondonts’estdérouléelasimulation(ressenti,cequiluiasembléfacileoudifficile,interrogationsquecelaasoulevées…).
•Point de vue de l’interlocuteur(ressenti,attitudedesoninterlocuteur…).
•Point de vue des observateurs.
Àl’issuedeséchanges,vousprésentezvotrepointdevueetapportezdesélémentsdecadragesurlafaçondegérerlasituation.Vousmettezégalementenévidencelanaturedesargumentsquiontétéutilisés(réglementation,rappeldesrôlesetmissionsdechacun,valeursrépublicaines…).
Autermedessimulationsvouslistezaupaperboardlesbonnespratiquesetlespointsdevigilanceàprendreenconsidérationdanslagestiondel’espacepublic.
FICHE ASSOCIÉE•Fichesynthèsen°11:laïcitéetespacepublic.
Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »
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MISE EN CONTEXTEL’objectifdelaséquenceestd’ancrerlesacquisde
laformationentermesdeconnaissancesjuridiques,relationnellesetcomportementalesetdelesreplacerdanslessituationsprofessionnellesconcrètesdesparticipants.Ils’agitd’apporterunfocussurlaspécificitédesrelationssocio-éducativesetdebienencomprendrelesressortsafind’adopterunepostureprofessionnelleentouttemps.Laséquenceviseégalementàidentifierlecadrederéférencedesoninterlocuteurafindefairepreuved’empathieetdeparlerlemêmelangagepourportersondiscours.Lesparticipantsserontainsiplusàmêmesd’analyserlasituationetderecourirauxargumentslesplusadaptés(respectdurèglementintérieur…)pourpromouvoirlesvaleursdelaRépubliqueetlesrèglesdevieencommun.
SITUATIONLaséquences’appuiesurlessituationsrencontrées
parlesparticipantsdansuncontextesocio-éducatif.Silesparticipantsn’ontpasdesituationsàproposer,vouspourrezvousappuyersurlesétudesdecasquevousn’aurezpasencoreutilisées.
Lessituationssurlesquellessouhaitenttravaillerlesparticipantssontprésentéessuccinctementparleurporteur.
Vousdemandezensuitedesvolontairespourlesmettreenscènedanslecadredejeuxderôles;desbinômessontalorsconstitués:l’uninterprétantlerôleduprofessionnel,l’autreceluidesoninterlocuteur.Chaquebinômeprendunrapidetempsdepréparationafind’imaginerlafaçondefairevivrelasituation(arguments,posture…).Aubesoin,vouspouvezdonnerdesconsignesauparticipantinterprétantlerôledel’interlocuteursurlesargumentsàinvoquer,lecomportementàadopter…
Silesparticipantssonthésitantsàinterpréterlesjeuxderôlesenraisondeladifficultédelasituationàtraiter,vouspouvezvousmontrerrassurantensoulignantlefaitquel’intérêtdececasestjustementsacomplexitéetsadélicatesseàgérer,quetoussontconscientsdecelaetquelaformationestl’occasiondel’aborderdansuncadresécuriséetd’identifierdemanièrecollectivelafaçondegéreraumieuxlarelationavecl’interlocuteur.
105mind’exerciceetdedébriefing
Ficheformateurn° 13Gestiondelarelationsocio-éducativeJeuxderôles
Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »
KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 111
Avantdecommencerlasimulation,vousénoncezlesrèglesdujeu:attitudeconstructiveetbienveillantedetouslesparticipants,ladiscrétionrequisedesobservateurslorsdelasimulation,lesmodalitésdudébrief.Lorsdelasimulationquisedérouleenplénière,lesautresparticipantsoccupentunefonctiond’observateur;àcetitre,ilsdoiventrestersilencieuxetnepasintervenirpendantlasimulation.
Lesobservateursdoiventrepérerlesbonnespratiquesàréinvestiretlespointsdevigilancesurlesplansdudiscours(vocabulaire,expressionorale,arguments),ducomportement (regard,posture,voix)etdelagestion delarelation(reformulation,écouteactive,participation).
Lorsquelasimulationestterminée,ledébrief
s’organiseentroistemps:•Point de vue du professionnelsursaperception
delafaçondonts’estdérouléelasimulation(ressenti,cequiluiasembléfacileoudifficile,interrogationsquecelaasoulevées…).
•Point de vue de l’interlocuteur(ressenti,attitudedesoninterlocuteur…).
•Point de vue des observateurs.Àl’issuedeséchanges,vousprésentezvotrepoint
devueetapportezdesélémentsdecadragesurlafaçondegérerlasituation.Vousmettezégalementenévidencelanaturedesargumentsquiontétéutilisés(réglementation,rappeldesrôlesetmissionsdechacun,valeursrépublicaines…).
Autermedessimulationsvouslistezaupaperboardlesbonnespratiquesetlespointsdevigilanceàprendreenconsidérationdansunerelationsocio-éducative.
FICHE ASSOCIÉE•Fichesynthèsen°12:laïcitéetrelationsocio-
éducative.
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KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 113
Séquence11Clôture de la formation
1130 min
P. 114 Fiche formateur n° 14
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VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION114
MISE EN CONTEXTECetteséquencevientclôturerlasessionetvise
àprendredureculparrapportauxdifférentsaspectsabordésdurantlaformation.L’objectifestdesynthétiserlespointsàretenirsurlaquestiondelalaïcitéetd’identifiercequiaétéimportantpourlesparticipants.Laséquencedoitamenerchacunàseprojeterdanssonenvironnementprofessionnelenfaisantlelienentrelesélémentsvusdefaçonthéoriqueetsapratiqueprofessionnelle.Réfléchirauxélémentsréinvestissablessursonpostedetravailpermetauxparticipantsdeseprojeterafindecapitaliserlesacquisdelaformationetdefaciliterleurappropriation.
SITUATIONEnplénière,vousinterrogezlesparticipantssurce
qu’ilsontretenudelaformation,cequileurasembléparticulièrementintéressant(pointsspécifiquessurl’historique,laclarificationdelaterminologie,lecadreréglementaire,lesgrillesdelecture,lesélémentscommunicationnelsetrelationnels…),cequ’ilspensentpouvoirréutiliserdansleurpratiqueprofessionnelleetcequileursembledifficiledemettreenapplication.Vouspouvezénoncerdespistespourleverlesdifficultéset/ouvousappuyersurlesconseilsdesautresparticipants,maisvotrerôleestsurtoutdefairecirculerlaparole.
Au-delàdesélémentsréinvestissables,vousquestionnezlesparticipantssurlespointsquileursemblentencoreobscurs,cecivousdonnel’occasiond’apporterlesdernièresexplicationsetprécisionssurlesconceptsoupratiquesquin’auraientpasétéparfaitementassimilées.
Vouslesinterrogezégalementsurleurregardsurlaquestiondelalaïcitéafindesavoirenquoiilapuévoluerdurantcesdeuxjours.Vousinvitezlesparticipantsàressortirlespost-itsurlesquelsilsontinscritlestermesquileursemblaientcaractériserlalaïcité.Sansdemanderàchacuncequ’ilavaitpersonnellementécrit,vousleurdemandezs’ilsécriraientlesmêmesmots,etsinon,quelssontlesmotsqu’ilsinscriraientàprésent.Vousanimerezledébatenrecourantàdesquestionssemi-ouvertesetàdesquestionsorientées.Cecivouspermetd’estimerl’évolutiondurapportdesparticipantsàlalaïcité,d’apporteraubesoindeséclairagescomplémentairesetd’insistersurlesmessagesclés.
Àl’issuedecettephaseconclusive,vouslaissezlaplaceàl’évaluationàchaud.
FICHES ASSOCIÉES•Ensembledesfichesdesynthèse
30 mind’échangesenplénière
Ficheformateurn° 14Prisedereculsurlaformation
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Cet ouvrage pédagogique est édité par le CGET5, rue Pleyel 93283 Saint-Denis Cedex.
Contact : pôle animation territoriale de la direction de la Ville et de la Cohésion urbaine [email protected]
Conception réalisation : Impression : Baudelaire.Date de parution : avril 2016.
Kit pédagogique de formation
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ
MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR
MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE, DE
L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE
LA RECHERCHE
MINISTÈRE DES AFFAIRES
SOCIALES ET DE LA SANTÉ
MINISTÈRE DES FAMILLES, DE L’ENFANCE ET DES DROITS
DES FEMMES
MINISTÈRE DE LA FONCTION
PUBLIQUE