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© Jonathan Pedneau, 2019
Facteurs influençant les coûts pour la production de plantules et l’implantation du système agroforestier en couloir avec l’Inga edulis par les petits producteurs au
Bélize
Mémoire
Jonathan Pedneau
Maîtrise en agroforesterie - avec mémoire
Maître ès sciences (M. Sc.)
Québec, Canada
Facteurs influençant les coûts pour la production
de plantules et l’implantation du système
agroforestier en couloir avec l’Inga edulis par les
petits producteurs au Bélize
Mémoire
Jonathan Pedneau
Sous la direction de :
Alison D. Munson, directrice de recherche
Nathalie Gravel, codirectrice de recherche
iii
Résumé
La culture en couloir avec Inga edulis est en promotion en Amérique tropicale dont
au district de Toledo, au Belize. Elle consiste à des couloirs de quatre mètres de
culture bordés de haies d’Inga edulis en densité de 2500 arbres/ha. La production
des plantules d’Inga se fait habituellement à partir de graines plantées en sacs en
pépinière. Les coûts associés à cette production de plantules et la nature des
graines d’Inga qui sont récalcitrantes sont des facteurs pouvant influencer l’adoption
de ce système agroforestier.
Le premier objectif est d’évaluer l’efficacité de la propagation végétative en
polypropagateur sans brumisation. Le deuxième est l’évaluation du temps de
production et d’implantation du système par la propagation végétative ainsi que par
les méthodes de propagation par semences en pépinière et en champs. Le troisième
objectif consiste à l’évaluation des facteurs jouant sur l’acquisition et la production
de plantules d’arbres par les petits producteurs de la région. Celle-ci a été effectuée
à l’aide de vingt entrevues semi-dirigées avec des petits producteurs de sept villages
et trois ONG du district.
Selon les résultats, la production de boutures en polypropagateur est intéressante
et montre des taux d’enracinement au-delà de 75 % pour plusieurs traitements. Les
différentes méthodes de propagation présentent des temps d’implantation du
système agroforestier de 78j.h/ha pour les semis en sac, de 72j.h/ha pour les
boutures et de 61j.h/ha pour les semences en champs. Le transport du matériel
végétal vers les sites de plantation semble être un facteur clé émanant des
entrevues et de l’évaluation des techniques d’implantation. Une distance plus élevée
privilégie l’utilisation du semis direct. La consultation de la population locale
combinée aux expérimentations sur le terrain ont permis de définir les meilleures
méthodes pour l’implantation, selon diverses situations pour la culture en couloir
avec Inga edulis.
iv
Abstract
Inga alley cropping is in promotion in tropical America, including Belize in the district
of Toledo. This approach consists of a 4 m-wide alley intermitted with row of Inga
edulis with a density of 2500 trees/ha. Inga seedling production is normally done with
seeds planted in bags at a nursery. The associate cost of this production and the
unorthodox seeds of Inga edulis are factors influencing the adoption of this
agroforestry system.
The first objective is to estimate the efficiency of vegetative propagation of Inga
edulis in a non-mist polypropagator. The second is to evaluate the time of production
of seedlings and setting-up of the system by vegetative propagation as well as by
the methods of propagation by seeds in a tree nursery and but also in direct seeding
in the fields. The third objective consists of evaluation of factors playing on the
acquisition and the production of seedlings of trees by the small producers of the
region. This objective was met by carrying out twenty semi-structured interviews with
small producers from seven villages and three NGOs of the Toledo district.
According to the results, cuttings production with a non-mist polypropagator is
interesting and shows rooting rates above 75 % for several treatments. The various
methods of propagation demonstrate times for establishment of the agroforestry
system of 78 Man-days/ha for the sowing in bag, of 72 md/ha for cuttings and of
61md/ ha for field direct sowing.
The transport of vegetal material towards the plantation sites seems to be a key
limiting factor for establishment of the system identified from interviews and from the
evaluation of establishment methods. A greater distance from fields favors the use
of direct sowing. Local consultations combined with field trials permitted definition
of the best methods in diverse situations for Inga alley cropping establishment.
v
Table des matières
Résumé ....................................................................................................................................... iii Abstract ........................................................................................................................................ iv Table des matières ...................................................................................................................... v Liste des Tableaux ...................................................................................................................... vi Liste des figures .......................................................................................................................... vii Liste des abréviations et des signes .......................................................................................... ix Introduction .................................................................................................................................. 1 Chapitre 1 : Revue bibliographique ............................................................................................ 3
1.1 L’adoptabilité des pratiques agroforestières ................................ 3
1.2 L’établissement des systèmes agroforestiers ............................... 6
1.3 La culture en couloir avec l’Inga ................................................. 8
1.4 La production de semis d’Inga .................................................. 11
1.5 Population ciblée par la promotion du système .......................... 17
Chapitre 2 : Objectifs et hypothèses de recherche ................................................................. 22 Chapitre 3 : Méthodologie ......................................................................................................... 24
3.1 Expérimentation de bouturage : ................................................ 24
3.2 Évaluation des coûts associés à l’établissement ........................ 29
3.3 Enquête sur les facteurs socioéconomiques .............................. 33
Chapitre 4 : Résultats et Discussion ........................................................................................ 36
4.1 Expérimentation de bouturage : ................................................ 36
4.2 Évaluation des coûts associés à l’établissement du système agroforestier à l’échelle de l’hectare ............................................... 54
4.3 Étude des facteurs socioéconomiques ...................................... 70
4.4 Intersection entre résultats, techniques et pratiques locales ....... 90
Conclusion ................................................................................................................................. 97 Bibliographie .............................................................................................................................. 99 Annexe 1 : Guide d’entretien pour les participants paysans ................................................ 110 Annexe 2 : Guide d’entretien pour les participants professionnels ...................................... 112 Annexe 3 : Présentation du projet pour le consentement verbal ......................................... 114 Annexe 4 : Tableau des résultats de bouturage de l’Inga edulis ......................................... 118
vi
Liste des Tableaux
Tableau 1 : Caractéristiques physiques et pH des substrats à l’essai .................................. 38 Tableau 2 : Moyennes du pourcentage d’enracinement selon les traitements .................... 39 Tableau 3 : Analyse ANOVA des effets des différents traitements à l’étude sur l’enracinement .................................................................................................................................................... 41 Tableau 4 : Qualité de l’enracinement selon les différents traitements à l’étude (r= 50/50 sable/ balle de riz, w= 50/50sable/sciure de bois, s = 100% sable) ....................................... 43 Tableau 5 : Analyse ANOVA des effets des différents traitements à l’étude sur le nombre de racines ........................................................................................................................................ 46 Tableau 6 : Analyse ANOVA des effets des différents traitements à l’étude sur la surface racinaire (RAI) ............................................................................................................................ 47 Tableau 7 : Analyse ANOVA des effets des différents traitements à l’étude sur le nombre de fourches ..................................................................................................................................... 48 Tableau 8 : Taux de survie en pourcentage des différentes méthodes de propagation ...... 54 Tableau 10 : Coûts associés au différentes techniques d’implantation ................................. 68 Tableau 11 : Résumé du corpus selon les thèmes et rubriques retenues ............................ 85 Suite Tableau 11 : Résumé du corpus selon les thèmes et rubriques retenues .................. 86 Suite Tableau 11 : Résumé du corpus selon les thèmes et rubriques retenues .................. 87 Suite Tableau 11 : Résumé du corpus selon les thèmes et rubriques retenues .................. 88 Suite Tableau 11 : Résumé du corpus selon les thèmes et rubriques retenues .................. 89
vii
Liste des figures
Figure 1 : Modèle Guama (Inga Foundation, 2016) ................................................................. 9 Figure 2 : Putréfaction des semences dans les fruits a et fruits en bon état b, Inga vera, (Jonathan Pedneau, 2015) ....................................................................................................... 12 Figure 3 : Plan d’un poly-propagateur. (Leakey et al., 1990) ................................................. 13 Figure 4 Résultats du bouturage de Inga feuillei (Brennan et Mudge, 1998) ....................... 16 Figure 5 : Distribution annuelle du labeur chez les paysans Kekshi au Belize pour la production des variétés de maïs de saison sèche, humide et des autres denrées dont le riz (Wilk, 1984) ................................................................................................................................ 18 Figure 6 : Matériaux utilisés pour la composition des substrats (Jonathan Pedneau, 2015) .................................................................................................................................................... 26 Figure 7 : Mensurations utilisées lors du prélèvement des boutures .................................... 27 Figure 8 : Schématisation des procédures de production à l’essai ....................................... 30 Figure 9 : Construction du propagateur avec des matériaux locaux (Jonathan Pedneau, 2015 .................................................................................................................................................... 31 Figure 10 : Travaux en pépinière par des travailleurs locaux (Jonathan Pedneau, 2015) .. 32 Figure 11 : Comparaison de la température interne et externe du propagateur lors d’une journée ensoleillée (16/05/2014) .............................................................................................. 37 Figure 12 : Effets sur l’enracinement de la classe de diamètre et du traitement hormonal . 40 Figure 13 : Différence de maturité entre des boutures de 3-8 mm (haut) et de 9-13 mm (bas) .................................................................................................................................................... 42 Figure 14 : Échantillons représentant la structure racinaire moyenne avec un traitement de 0% AIB à gauche et de 0.8% AIB à droite. Le carré représente la cible de calibrage pour Winrhizo. .................................................................................................................................... 45 Figure 15 : Distribution des moyennes non transformées selon les traitements (r= 50/50 sable/ balle de riz, w= 50/50 sable/ sciure de bois, s = 100% sable) ..................................... 49 Figure 16 : Relation entre la surface foliaire (LAI) et la surface racinaire (RAI) .................... 52 Figure 17 : Chrysomelidae en pépinière et cas de rouille sur un jeune arbre (Jonathan Pedneau 2015) .......................................................................................................................... 55 Figure 18 : Différences entre deux plants d’Inga edulis de 8 mois ayant subi une croissance normale (A) et un broutage en début de croissance (B) (Jonathan Pedneau 2016) ........... 56 Figure 19 : Comparaison des temps d’implantation selon le transport et le taux de mortalité (j.h/ha = jours-homme/hectare) ................................................................................................ 62 Figure 20 : Distribution du labeur en jours hommes par hectare en prenant en compte le défrichage et les entretiens de la première année d’implantation pour des distances de 220m et 2500m .................................................................................................................................... 64 Figure 21 : Distribution du labeur durant l’année en heures pour l’établissement du système, comparativement aux différentes cultures agricoles locales .................................................. 66
viii
Figure 22 : distribution des entrevues selon l’ethnie, l’âge et le village .................................. 70 Figure 23 : Distribution des thèmes selon les rubriques étudiées ......................................... 71 Figure 24 : Activités agricoles et techniques envisagées pour la production de jeunes arbres .................................................................................................................................................... 73 Figure 25 : Provenance et partage des semences utilisées .................................................. 74 Figure 26 : Schéma décisionnel pour la technique d’implantation ......................................... 95
ix
Liste des abréviations et des signes
AIB : Acide indole butyrique
CATIE : Tropical Agricultural Research and Higher Education Center
ICRAF: World Agroforestry Center
j.h/ha : Unité d’effort de travail, Jours de labeur pour un travailleur pour un hectare
LAI :Surface foliaire
MMRF : Maya Mountain Research Farm
RAI : Surface racinaire
TCGA : Toledo Cacao Growers Association
x
Remerciements
C’est avec honneur que j’ai effectué ce projet avec l’aide de ma directrice Alison
Munson et de ma codirectrice Nathalie Gravel. Je les remercie de m’avoir soutenu
dans mon projet qui s’est étalé bien plus longtemps que prévu. Je tiens à remercier
ma conjointe Julie et mes deux fils Emile et Ian pour leur soutien dans ce retour aux
études qui s’est entremêlé avec notre vie familiale. Ils ont été la lumière lors des
moments difficiles. Je remercie aussi M. Christopher Nesbitt de la Maya Mountain
Research Farm pour m’avoir accueilli pour ce projet à trois reprises. Son humour et
ses connaissances pratiques en agroforesterie ont été une aide précieuse pour mon
cheminement. Je le remercie aussi par l’étendue des sites de démonstration qu’il a
érigés au cours des vingt dernières années sur cette ferme en bordure de la réserve
forestière de Columbia et du village de San-Pedro et Columbia. Ces sites et la région
qui l’entoure m’ont apporté une meilleure connaissance de la réalité agroforestière
en milieu tropical. Je remercie aussi Mme Marie R. Coyea pour son aide au
laboratoire.
1
Introduction
L’agroforesterie est un système de gestion des ressources dynamique, écologique
et naturel qui, par l’intégration des arbres dans les fermes et le paysage, permet une
production durable et diversifiée, procurant aux paysans des avantages sociaux,
économiques et environnementaux accrus (Leakey, 1996). Cette définition de
l’agroforesterie, élaborée par l’ICRAF, découle de l’essor de l’intérêt pour cette
pratique et de la nécessité d’en établir les frontières. Elle montre aussi l’étendue et
la complexité de cette pratique.
L’agroforesterie est présente dans les pratiques ancestrales de par le monde mais
est devenue un concept qu’à la fin du vingtième siècle. Celui-ci a engendré un plus
grand effort et un plus grand intérêt pour la recherche sur ce sujet. Celle-ci a évolué
fortement durant les dernières décennies du vingtième siècle (Nair, 1998). Les
recherches dans ce domaine ont fortement augmenté dû aux déceptions vis-à-vis la
révolution verte tel que vécues par les producteurs ayant peu de moyens. Les
technologies proposées par la révolution verte étaient inappropriées pour ces
derniers, mais, de plus, ils ont été exclus de l'accès au crédit, aux informations, à
l'assistance technique et aux autres services essentiels à leur utilisation (Pingali et
al. 1997 ; Altierie, 2002). L’accélération de la mise en place des systèmes
agroforestiers pour les besoins du développement international a transformé une
recherche descriptive de systèmes ancestraux préexistants vers une recherche
appliquée sur le terrain et ce, souvent sans avoir les bases fondamentales
nécessaires à sa réussite (Sanchez, 1995). Il a pourtant été démontré que les
systèmes agroforestiers ancestraux fournissent nourriture et revenus tout en
conservant le sol et les ressources forestières (Coomes et Burt, 1997 ; Kalabisova
et Kristkova, 2010). Le développement des nouvelles technologies s’était d’abord
basé sur des aspects biophysiques découlant des observations de l’impact des
pratiques agricoles, mais la précipitation des actions sur le terrain qui en a suivi n’a
pas toujours porté fruit et a peut-être même causé préjudice à l’agroforesterie. Les
systèmes agroforestiers sont souvent plus complexes et variables que les
2
monocultures et présentent donc de plus grands défis pour la recherche et
l’implantation (Scherr, 1991).
Prenons par exemple la culture en couloir, qui a été testée sous diverses formes
avec différentes espèces et sous de nombreux climats. Celle-ci permet la culture
continue et le maintien de la fertilité des sols. Elle a été proposée pour remplacer la
culture sur brûlis, un système agricole souvent vu comme archaïque (Sumberg et
Atta-Krah, 1988). La promotion de ce système a souvent été basée sur de trop
grandes attentes, ce qui a diminué l’attrait de cette technique (Sanchez, 1995), bien
que beaucoup d’attention a été donné pour l’étudier dans les année 1980 de par le
monde. Cette situation a diminué la visibilité pour d’autres technologies en
agroforesterie à la fin des année 80 et au cours de la décennie suivante (Nair P.R.,
1998).
L’application sur le terrain des techniques a rendu possible la prise de contact entre
les chercheurs et les paysans. Ce rapprochement a permis de redécouvrir les
connaissances en agroforesterie détenue par les paysans et de voir l’avantage de
leur participation dans la recherche (Scherr, 1991). Cette prise de contact a aussi
impliqué les paysans de plus en plus en effectuant la recherche en terres
paysannes. Cette implication a fait apparaître aussi l’importance d’un autre volet de
la recherche en agroforesterie, soit le volet socioéconomique. Ce volet a pris
beaucoup plus d’ampleur, car plusieurs projets soldés par des échecs n’apportaient
pas assez de bénéfices aux paysans (Current et al., 1995). Les ratios d’adoption
des systèmes agroforestiers ont fait aussi ressortir l’importance d’intégrer les
éléments socioéconomiques dans les recherches fondamentales (Nair 1998 ;
Alavalapati et Mercer, 2004). De ce constat, l’études des facteurs socioéconomiques
est devenu un levier majeur pour tout projets en agroforesterie.
3
Chapitre 1 : Revue bibliographique
Cette section portera sur différent volet touchant l’intégration de systèmes
agroforestier dans le paysage agricole. Différents facteurs influencent la réussite de
cette intégration. Cette section portera sur ceux-ci, mais aussi plus spécifiquement
sur le système agroforestier à l’étude, le système agroforestier en couloir avec l’Inga.
1.1 L’adoptabilité des pratiques agroforestières
L’adoptabilité est perçue comme un processus dépendant d'une variété de facteurs
comme la rentabilité perçue, les coûts d'établissement, la compatibilité avec des
systèmes de valeurs et la capacité de communiquer les nouvelles connaissances et
les informations entre des adoptants et des adoptants potentiels (Boahene et al.
1999 ; Mercer, 2004). On peut considérer que le potentiel d'adoption selon le paysan
possède trois composantes : la faisabilité, la rentabilité et l’acceptabilité (Swinkels
et Franzel, 1997). Le cadre de cette étude porte majoritairement sur la faisabilité de
l’adoption. Celle-ci concerne la capacité des paysans d’utiliser la technique, et s’ils
ont accès à l’information et aux ressources pour l’accomplir. Ceci comprend les
contraintes de main-d’œuvre, l’accès au support d’une institution ou l’expérience
dans la gestion d’une pépinière (Franzel, 1999).
Les aspects de l’adoptabilité des pratiques agroforestières sont un sujet d’étude en
agroforesterie. Celle-ci porte sur la socio-économie qui est une convergence entre
les sciences économiques et la sociologie. Celle-ci devraient donc former un
important volet de la recherche en agroforesterie. Cependant entre 1982 et 1996
environ 25% de toutes les recherches en agroforesterie ont été classifiés comme
principalement socio-économique (Mercer et Miller, 1997). Pourtant beaucoup de
projets agroforestiers ont été laissés tomber parce que les avantages pour les
fermiers étaient rarement un objectif important (Current et al, 1995b). Ce
4
déséquilibre entre la recherche biophysique et la recherche socio-économique
pourrait expliquer le taux d'adoption bas de technologies d'agroforestières et
d'autres alternatives (Pollini, 2009).
Le risque a été désigné comme facteur important réduisant l’adoption mais a
rarement été adéquatement abordé dans la recherche (Marra et al., 2003). Ce risque
peut provenir de plusieurs sources et l’évaluation de celui-ci dans les recherches a
surtout été basé sur l’état de tenure des terres, de l’expérience du paysan, de la
disponibilité de formations et de programmes d’extension rurale et finalement de
l’organisation communautaire (Pattanayak et al. 2003). Les risques, dont l'incertitude
et l'impact du travail, l’évaluation des marchés et la tenure des terres ont cependant
été reconnu comme insuffisamment examinés (Mercer et Miller, 1997). Le nombre
de projets de recherche en agroforesterie portant sur ces aspects est probablement
la source de cette lacune et montre l’intérêt qui doit être porté sur ceux-ci.
On doit aussi considérer le risque sur la variabilité du revenu net attendu en
développant les systèmes agroforestiers pour qu’ils soient acceptables pour les
producteurs agraires (Reeves et Lilieholm, 1993). Ce risque est amplifié par le délai
qui est souvent d’un minimum de trois à quatre ans pour qu’un système agroforestier
offre l’ensemble de ces bénéfices, ce qui est beaucoup plus long que l’évaluation
d’un cultivar annuel (Franzel et Scherr, 2002). Cet élément augmente sensiblement
le risque à adopter un système agroforestier et augmente le degré d’incertitude des
paysans (Mercer, 2004). Dans le cas du système agroforestier dans cette étude au
Belize, le but premier de sa promotion est de remplacer la culture sur brûlis comme
culture vivrière de subsistance. Cet élément rend l’aspect pécuniaire et le labeur
nécessaire importants à étudier car une augmentation des revenus n’est pas un
élément mis de l’avant. Le retour sur l’investissement est donc plus nébuleux. Il ne
faut pas oublier que la culture sur brûlis, bien que pouvant être problématique sur
plusieurs aspects, est perçu comme une stratégie sage pour la survie par le paysan,
particulièrement dans des environnements biophysiques et économiques
chaotiques (Barrett, 1999).
5
Les programmes de promotion et d’extension reposent souvent sur les fonds de
développement ou de recherche, qui permettent l’implantation de sites de
démonstration ou de la recherche appliquée. Bien que plusieurs études touchent la
rentabilité économique de systèmes agroforestiers (Mercer et Miller, 1997), peu de
programmes d’adoption impliquent la faisabilité d’établir les systèmes agroforestiers
sans intrants monétaires extérieurs, et surtout de trouver la meilleure technique à
employer pour améliorer le potentiel d’adoption. Il est cependant reconnu que les
ressources disponibles pour investir dans de nouvelles technologies sont un facteur
critique influençant leur adoption. Les fermiers plus nantis peuvent être moins
opposé aux risques, ont un meilleur accès à l’information et au crédit, possèdent
une vision à plus long terme et ont la capacité de mobiliser plus de ressources
(Hoekstra, 1985 ; CIMMYT, 1993 ; Franzel, 1999). Ces derniers ont donc une plus
grande incidence à l’adoption et à participer aux programmes d’extension, mais
pourtant ces nouveaux systèmes agroforestiers proposés visent souvent les moins
bien nantis, ce qui est un paradoxe.
6
1.2 L’établissement des systèmes agroforestiers
L’établissement d’un système agroforestier repose sur plusieurs éléments. Les
coûts initiaux d’établissement réduisent les potentiels d’adoption chez les petits
producteurs (Vosti et al., 1998). Malheureusement, même dans le domaine de
l’agroforesterie, la production d’arbres en terres agricoles n’est pas gratuite (Hosier,
1989). Les petits producteurs utilisant l’agriculture pour subvenir à leurs besoins
familiaux n’ont pas nécessairement accès à l’argent pour l’acquisition de plantules
ou de semences. La disponibilité de graines ou de plantules de bonne qualité est
une condition préliminaire à la réussite en agroforesterie. Il est reconnu que le besoin
d'une provision soutenue ou d'une source locale de graines est une exigence
principale pour produire le matériel de plantation d'espèces particulières (Carandang
et al., 2006).
Cependant, les petits producteurs sont souvent incapables d'obtenir les arbres dont
ils ont besoin (Franzel et al., 2004 ; Walters et al., 2005). Les sources formelles de
semences sont bien souvent inaccessibles, soit par l'absence des espèces
recherchées, soit par la distance à parcourir ou l'absence de réseau régional ou par
une cessation de disponibilité selon la vitalité des programmes présents (Cornelius
et al. 2010). Les sources informelles de semences peuvent être adéquates, tant que
les espèces visées sont accessibles sur le territoire et ne sont pas surexploitées par
coupe sélective (Weber et al. 2001).
Une approche améliorant la disponibilité voudrait que les petits producteurs
deviennent impliqués dans leur production commerciale, créant ainsi d’autres
sources formelles. Mais cette option n’est pas toujours possible (Sperling et Cooper,
2003 ; David, 2004 ; Cornelius et al. 2010). Non seulement le mode d’acquisition et
de production des plantules peut être important comme facteur de disponibilité, mais
la situation foncière et monétaire et les aspects culturels peuvent aussi influencer la
disponibilité des plantules. Le type de système agroforestier influence aussi le
besoin en plantules car un système sylvopastoral impliquant que quelques arbres à
7
l’hectare ne requièrent pas du tout le même nombre de plantules et de labeur.
Planter cinquante arbres à l’hectare dans ce système est un effort beaucoup moins
important que celui requis pour les milliers nécessaires pour l’établissement d’une
culture en couloir. La réduction des coûts et du travail nécessaire pour la plantation
est donc un moyen important pour augmenter le potentiel d’adoption des jachères
améliorées et des cultures en couloir (Franzel, 2002), qui exigent une grande
quantité de plantules.
8
1.3 La culture en couloir avec l’Inga
Dans le cadre de cette étude nous nous attarderons sur la culture en couloir avec
l’Inga qui est en promotion en Amérique latine. Le chercheur en écologie tropicale
Mike Hands, ayant mis au point la technique à la fin des années 90, en fait la
promotion dans l’ensemble de l’Amérique latine par l’entremise de l’ONG Inga
Foundation. Des campagnes d’établissement de ce système existent en Bolivie
(Herencia, Darwin Initiative), au Pérou (Inga Foundation), au Guatemala (EcoLogic
Development Fund), au Honduras (Fundación Agrícola Vid, Rainforestsaver) et,
depuis récemment, au Belize (MMRF, Ya'axché Conservation Trust).
Les systèmes de culture en couloir ne sont pas infaillibles, ce qui a été observé par
plusieurs chercheurs (Nair, 1998 ; Sanchez 1995 ; Rao et al, 1992), mais aussi
ouvertement critiqué (Ong,1994). Elle représente cependant un système
agroforestier prometteur pouvant répondre à plusieurs besoins dans les tropiques
(Leblanc et McGraw, 2006 ; Kang, 1997 ; Hands, 1998;). Les limitations de ce type
de système ont été observées principalement en zone semi-aride alors que de
meilleurs résultats s’observent dans les régions humides ou subhumides (Kang,
1993). Il a été démontré que pour un système de culture en couloir soit un succès
il faut aussi le bon choix de l’espèce, l’établissement avec succès des haies et une
bonne gestion des haies et des cultures (Kang, 1993). Le système de culture en
couloir avec l’Inga est constitué de haies distancées de 4 m permettant la culture
entre les haies après l’émondage annuel. Les cultures de différentes espèces
vivrières peuvent y être pratiquer comme le maïs, les fèves, le manioc et l’ananas
(Hands, 1998). Pour l’établissement du système, les arbres sont distancés de 50 à
100 cm dépendamment de la pente. De 2500 à 5000 plants à l’hectare sont alors
nécessaires. Cette densité montre un besoin énorme en plantules lorsque l’on
considère une superficie recommandée pour une famille de deux hectares de
culture. Cette superficie est proposée selon le modèle Guama représentée sur la
figure 1, en promotion par Inga Foundation (Inga Foundation, 2016).
9
Figure 1 : Modèle Guama (Inga Foundation, 2016)
Le genre Inga est déjà sollicité dans plusieurs systèmes agroforestiers comme arbre
d'ombrage, principalement pour la culture du café et du cacao. Il existe près de 300
espèces d’Inga en Amérique tropicale (Lojka et al., 2010). Bien connue des paysans,
ils l’utilisent pour le bois de feu, les fruits, le fourrage, le contrôle des mauvaises
herbes et pour l’amélioration du sol (Lojka et al., 2005). La grande variété d'espèces
permet l'utilisation du genre Inga dans une multitude d'habitats et la présence
d’espèces locales permet d’en faciliter la promotion. Sa capacité de croître dans un
sol acide ayant de fortes teneurs en aluminium et en manganèse, lui confère des
qualités intéressantes pour l’utilisation en sols pauvres ou pour la réhabilitation de
terres devenues peu productives (Palm et al., 1992). Les caractéristiques
physicochimiques des feuilles de certaines espèces d’Inga comme Inga edulis leur
confèrent un avantage intéressant vis-à-vis d’autres espèces légumineuses comme
10
Gliricidia sepia et Leucaena leucocephala pour la production de paillis. Les feuilles
se dégradent lentement dû à leur haute teneur en composantes polyphénoliques et
fournissent une très bonne protection contre les mauvaises herbes (Leblanc et
McGraw, 2006).
La décomposition lente du paillis permet un contrôle efficace des herbacées, une
rétention de l’humidité, la protection contre l’érosion et la rétention des éléments
nutritifs dans la couche de terre arable (Lojka et al., 2005 ; Lawrence, 1993). La
fixation de l’azote atmosphérique est aussi intéressante avec des valeurs de 142kg
contenues dans le paillis produit par hectare, mesuré pour ce type de système au
Costa Rica (Leblanc et McGraw. 2006 ; Hands, 1998).
11
1.4 La production de semis d’Inga
Les différentes espèces d'Inga sont propagées habituellement à partir des graines
(Brennan et Mudge, 1998 ; Nichols, 1990). La production de plantules en sacs dans
des pépinières est la méthode proposée dans les guides d’établissement par les
promoteurs du système en couloir avec l’Inga (Valle, 2010). Pourtant des recherches
sur l’utilisation de l’Inga edulis par les petits producteurs au Pérou ont déterminé que
ceux-ci utilisaient uniquement la plantation directe des graines, laissant de côté les
sacs (Lojka et al., 2005). Il a été reconnu que l’installation d’un système en couloir
nécessite beaucoup d’effort, surtout pour les tâches reliées au remplissage des sacs
pour les pépinières, comme il a été observé au Cameroon avec Calliandra
calothyrsus (Atangana et al., 2014).
Dans le cas de l’Inga, les graines sont récalcitrantes, c'est-à-dire qu’elles ne peuvent
être séchées ou congelées. Cette caractère complique la gestion des graines, car
elles doivent être utilisées rapidement sinon elle se dégrade, comme observé sur la
figure 2. Également, elles germent très rapidement et sont parfois vivipares
(Brennan et Mudge, 1998 ; Leon J., 1966). Les graines récalcitrantes sont souvent
observées en milieux tropicaux où les conditions sont favorables à une germination
rapide. Cette caractéristique diminue sensiblement la disponibilité des graines
durant la saison, la distribution et l'utilisation domestique de ce genre (Brennan et
Mudge, 1998). En milieu naturel, la pulpe sucrée des gousses d’Inga est prisée par
les singes et autres animaux. Cette pulpe recouvre les graines riches en tanins qui
sont disséminés lors de sa consommation permettant leur croissance.
12
Figure 2 : Putréfaction des semences dans les fruits a et fruits en bon état b, Inga
vera, (Jonathan Pedneau, 2015)
La conjonction de la saison de fructification de l'Inga et du début de la saison de
production agricole rend aussi la production de plantules de ce genre plus difficile
(Brennan et Mudge, 1998). Nous pouvons voir cette situation au Belize où la
production de graines est principalement au début mars lors de la préparation des
sites de cultures, en pleine saison sèche. Les arbres produisent des fruits de
nouveau en mai en plus petite quantité. Cette fructification se déroule dans la
période de plantation du maïs dans les milpas, avant le début de la saison des pluies.
La milpa est un mode de culture multiple, d’haricots de maïs et de courge sur brûlis
avec une période de jachère arborée (Ford et Nigh, 2010).
En absence d’un nombre adéquat de graines, une des méthodes permettant
d'obtenir rapidement une grande quantité de plantules est la propagation végétative.
La propagation végétative peut être utilisée pour la multiplication à grande échelle
d’individus choisis sans avoir besoin d’attendre la floraison ou de contrecarrer des
problèmes reliés aux semences (Surendran et Seethalakshmi, 1987). Il est aussi
amplement reconnu que la propagation végétative et la sélection clonale offrent un
moyen d'augmenter grandement la qualité des produits forestiers des plantations
commerciales dans les tropiques (Leakey, 1987), en permettant d’obtenir un grand
nombre de plants offrant une qualité uniforme.
13
La propagation végétative peut être effectuée de différentes façons à partir de plants
sélectionnés pour leurs qualités. La propagation végétative est souvent dépendante
d’équipements complexes et coûteux comme les systèmes d’arrosage et de
brumisation électrique. Pour passer outre ces systèmes, il existe le poly-propagateur
sans brumisation qui est une solution peu coûteuse permettant la propagation
végétative d'une grande variété d'espèces d'arbres tropicaux (Leakey et al., 1990).
Ces propagateurs sont faciles à construire, sont très efficaces et n'ont pas besoin
d’une source d’eau canalisée ni d’électricité. Ils se résument à une structure en
forme de coffre recouverte de polypropylène transparent dont le fond étanche
permet de garder une réserve d’eau (tel que présenté sur la figure 3). Cette réserve
garantie l’humidité lorsque le système est clos, en l’alimentant par l’évaporation et
la condensation.
Figure 3 : Plan d’un poly-propagateur. (Leakey et al., 1990)
14
Plusieurs facteurs influencent l’enracinement des boutures (Leakey et Couts, 1989,
Leakey et al., 1994). Un des facteurs est la composition du substrat. Un substrat
d’enracinement est tout type de substrat qui favorise la croissance des racines. Le
substrat d’enracinement peut influencer le pourcentage d’enracinement des
boutures et le type de système racinaire développé (Long 1932, Copes, 1977).
Le choix d’un bon substrat est fondamental à une bonne gestion des pépinières et
est le fondement d’un système racinaire sain (Wilkinson et al. 2014). Les principales
fonctions du substrat comprennent la capacité de retenir l’eau et les nutriments pour
l’absorption des racines, d’assurer une aération adéquate des racines et d’assurer
un soutien structurel à la plante (Dumroese et al., 2008, Argo, 1998, Nelson, 1991).
Cependant, chaque espèce a des préférences spécifiques (Leakey et al., 1994) et
trouver le bon substrat pour une espèce nécessite d’en expérimenter plusieurs. Il ne
faut pas oublier que certains substrats peuvent être couteux et ne pas être
disponibles dans certaines régions. Souvent la recherche d’un substrat local
adéquat est une étape lors de l’érection d’une pépinière. En fait De nombreuses
pépinières tropicales mélangent elles-mêmes les milieux de culture (Wilkinson et al.,
2014). La préparation de celui-ci devient donc un facteur important pour les coûts
de production. Le choix des composants du substrat dépendra de l’emplacement
des pépinières, les ressources disponibles et les besoins en plantes (Jaenicke,
1999).
Plusieurs substrats sont donc utilisés pour la multiplication végétative. Des substrats
comme le sable, le gravier, la sciure de bois, la fibre de coco, les coques de cafés
et les balles de riz sont des substrats peu coûteux utilisés pour la propagation en
poly propagateur (Wilkinson et al., 2014) Dans le cas du site d’étude, les balles de
riz sont disponibles gratuitement à la vannerie du village et la sciure de bois d’une
entreprise de planage. Les balles de riz ont été utilisées pendant de nombreuses
années en Indonésie comme composante de substrat avec de la tourbe obtenue
localement (Miller et Jones, 1995). Le sable est l’un des matériaux les plus
facilement disponibles et est aussi l’un des plus utilisés pour l’élaboration de substrat
en pépinière (Munjuga et al., 2013). Il existe probablement autant de recettes pour
15
confectionner un substrat que de pépinières ; il n’y a donc pas de recommandations
globales (Jaenicke, 1999). L’essai de plusieurs substrats est donc nécessaire pour
un choix judicieux.
Le bouturage de l'Inga permettrait une production de nouveaux semis hors des
périodes de grands travaux agricoles, ce qui offrirait de nouvelles possibilités. Dans
le cas présent, peu de travaux ont été effectués sur le genre Inga, mais une
recherche a été concluante il y a quelques années. Celle-ci a été effectué en milieu
contrôlé pour tester le potentiel des techniques de marcottage aérien et de
bouturage. Cette étude effectuée sur Inga feuillei présenté à la figure 4, a donné de
bons résultats avec un taux d'enracinement de 73.5 % pour les boutures de 2 à 8
mm de diamètre, sans application d'auxine (Brennan et Mudge, 1998). L’auxine est
une phytohormone. Les phytohormones sont des molécules endogènes naturelles
aux des plantes a des concentrations très basses qui influencent leur
développement et leur physiologie. Au milieu des années trente, des études sur
l’action physiologique de l’auxine ont démontré qu’elle influence différentes activités
physiologiques comme la croissance de la tige et la formation de racine adventice
(Davis et Haissig, 1993). L’acide β indolbutyrique (AIB) est une auxine se retrouvant
naturellement dans les plantes qui est maintenant synthétisée artificiellement pour
faciliter les travaux de multiplication végétative (Epstein et Ludwig Müller, 1993).
Pour cette étude portant sur Inga feuilli, l'utilisation d'auxine (AIB) n'a pas donné
d'amélioration du taux d’enracinement pour les boutures de petits diamètres en poly-
propagateur sans brumisation, mais a amélioré l’enracinement avec de plus grands
diamètres. Bien que démontrant des résultats prometteurs, aucune recherche n’a
été effectuée en situation réelle de production, ce qui permettrait d'évaluer le
potentiel réel du bouturage du genre Inga par des petits producteurs.
16
Figure 4 Résultats du bouturage de Inga feuillei (Brennan et Mudge, 1998)
17
1.5 Population ciblée par la promotion du système
La région d’étude est le district de Toledo où la promotion du système de culture en
couloir avec l’Inga n’a commencé depuis moins de 5ans avant le déroulement de
cette l’étude. Le district de Toledo présente, comme le reste du Belize, des
migrations de population importantes durant son histoire. Plusieurs groupes
culturels issus de différentes régions du monde y habitent. Cependant une grande
partie de la population est issue des populations Mayas présentes en Amérique
centrale et au Mexique avant l’arrivée des conquistadores et des colons britanniques
(Medina, 1998). En raison de leur isolement, les populations Mayas sont la minorité
la plus pauvre et plus négligée du pays (Kairi Consultants, 1999b). Ceux-ci ont
majoritairement migré au Belize en quête d’emplois, mais aussi pour fuir la
conscription militaire au Guatemala et l’asservissement (Parks, 2010 ; Medina,
1998).
La population Maya Kekshi est arrivée au Belize dans les années 1870 pour
échapper à l'asservissement par les cultivateurs de café allemands dans la région
de Verapaz, au Guatemala. Ils se sont installés dans les zones de plaines le long
des rivières et des cours d'eau. Ils ont établi 30 petits villages isolés et dispersés
dans le district de Toledo. Le village le plus important est San Pedro et Columbia.
La population Maya Mopan actuelle a immigré au Belize du Petén en 1886 et fonda
le village de San Antonio. Bien qu’une population Maya Mopan ait résidé
historiquement au centre du Belize, la population endémique a été décimée par les
maladies et le refoulement par les colonies anglaises (Wilk, 1988).
Le système agricole de base est la milpa, utilisé pour la culture vivrière. Elle se
présente comme un système agroforestier sur brûlis avec jachère améliorée
permettant la production de produits forestiers non ligneux. Le système débute par
un brûlis à la fin de la saison sèche et par la plantation des semences principalement
du maïs des fèves et des courges. Après le brûlis, la première récolte s’appelle
cosecha et peut être suivie d’une deuxième récolte en saison humide après un
18
débroussaillage qui s’appelle yashking. Ce cycle est répété pour une période de
culture de 3-5 ans et ensuite la zone de culture est délaissée et mise en jachère
pendant 10-12 ans pour que la fertilité du sol se rétablisse. Cependant, la superficie
de terre utilisée la deuxième année est diminuée et parfois même abandonnée
totalement (Osborn et al.,1982). L’effort des paysans pour le maintien de ce système
est variable tout au long de l’année avec des périodes de forts labeurs suivi de
période plus paisibles comme présentées sur la figure 5. Les points culminants sont
entre mars et juin lors de la préparation avant la saison des pluies, et en novembre,
pour la récolte (Wilk, 1984).
Figure 5 : Distribution annuelle du labeur chez les paysans Kekshi au Belize pour la
production des variétés de maïs de saison sèche, humide et des autres denrées
dont le riz (Wilk, 1984)
19
Travaillant la terre souvent sous la forme de groupes familiaux dans le cas de la
milpa, la gestion des terres passe parfois par des pratiques agricoles communes et
des échanges de labours. Donc en échange d’une journée de travail, le paysan
devra en fournir une lui aussi chez son travailleur. Cette gestion est fort avantageuse
pour les fermiers qui veulent faire le travail plus rapidement et sans coûts, sauf pour
la nourriture fournie aux travailleurs (Levasseur et Olivier 2000). Il reste que le
partage de journées de travail reste un défi de coordination.
Le problème qui a surgi ces dernières années est que la croissance démographique
constante fait pression sur la surface de terre arable et la période de jachère de la
milpa n’est pas respectée, causant la dégradation des terres (Levasseur et Olivier,
2000). Un autre problème qui n'est pas rare est la présence de feux hors contrôle
issus de la milpa qui brûlent les forêts et cultures environnantes (Meerman et
Sabido, 2001). La culture en couloir avec l’Inga est perçue par les organismes
promoteurs comme une façon de contrecarrer la culture sur brûlis, prenant de plus
en plus d’espace dans les réserves forestières et surtout les feux hors contrôle dans
la région.
La diminution des cycles de jachère a influencé aussi les besoins en plantules et en
semences d’arbres par les paysans. Les périodes de jachère trop courtes
empêchent la production des produits qui en découlent comme les fruits et le bois.
Ceci diminue aussi l’abondance des semences associées à ces arbres. En fait, le
revenu disponible de l'abattage d'un verger de graines ou d’un peuplement naturel
peut être beaucoup plus séduisant à un petit cultivateur qu'une série de paiements
annuels plus petits, tirés de la vente de graines (Cornelius et al., 2010).
Approximativement 75% des terres au Belize appartiennent au gouvernement
(Marsan, 2004). Les problèmes fonciers dont fait face la population y sont
importants. Les fermiers sans droits clairs sur leur terre, les locataires, les squatters,
ou les résidents de terres qui sont sous juridiction de réserve forestière ou de
protection, se frappent à des obstacles substantiels pour l'agroforesterie (Lutz,
1998). Le développement des terres repose souvent sur l’établissement de cultures
pérennes comme le cacao (Furley et Robinson, 1983). Ceci a été une raison de la
20
création du Toledo Cocoa Growers Association (TCGA) en 1985 pour permettre
l’acquisition de terres par les fermiers des communautés mayas (Emch, 2003).
Fréquemment, le propriétaire des arbres possède les terres, ce qui cause plusieurs
problèmes dans les réserves Mayas, car cela diminue la surface utilisable pour la
milpa (Emch, 2003). La plupart des populations rurales dans des pays en voie de
développement comptent sur l’environnement local pour la subsistance (Binford
2007). Il ne faut pas oublier que la disponibilité de terres utilisable pour la culture de
subsistance diminue avec l'augmentation de densité de population et l'abus des
ressources naturelles (Barbier et Burgess 1997). Cette diminution a été observé
dans la province de Toledo au village de San Antonio ou la croissance
démographique graduelle par les naissances et l'immigration a mené à une pénurie
de terrains (Tzul 1993). La surface nécessaire à l’établissement des nouveaux
arrivants est alors défrichée dans les forêts environnantes, de plus en plus loin des
villages et bien souvent dans les réserves forestières.
La discussion gouvernementale sur la privatisation de réserves a commencé dans
les années 1940 (Emch, 2003). Après les décennies de procès dans les tribunaux
nationaux au Belize (Campbell et Anaya, 2008), le Palais de justice des Caraïbes a
réaffirmé que 38 Q'eqchi et les communautés Maya Mopan ont des droits sur les
terres qu’ils ont occupées en 2015 (CCJ, 2015). La privatisation des terres pourrait
influencer ces pratiques ancestrales par la vente pour profit, mais aussi par la perte
de contrôle de ces parcelles par la gestion communale dans les réserves mayas. De
plus, les connaissances des pratiques ancestrales de cultures s’estompent par
l’accès à de nouvelles technologies, mais aussi par le départ des jeunes des villages
où ces pratiques étaient utilisées (Zarger, 2002)
Il existe cependant des systèmes de transfert des terres au Belize, la plus commune
est la location de terres publiques. La location se fait à peu de frais et permet de
sécuriser une parcelle par l’utilisateur. Si l’utilisateur a suivi son plan d’aménagement
et d’occupation, il pourra convertir ce terrain en propriété privée avec l’accord du
‘’Lands and Survey Department’’ du ministère des ressources naturelles (Thompson
1994). Bien que ce système de legs foncier existe, l’administration est compliquée
21
et repose sur plusieurs visites à la capitale et de multiples étapes administratives
impliquant des frais. Souvent, une application de bail est faite, mais se perd dans le
processus, le demandeur renonce alors et continue à utiliser la terre. Le processus
peut aussi s'arrêter quand l'approbation pour effectuer les relevés cadastraux est
rendue et que les coûts pour l’effectuer sont trop élevés pour le demandeur (Myles,
2004). De plus, cette privatisation est parfois mal perçue par la communauté dans
les réserves et cause des frictions (Emch 2003), ce qui rend les transferts encore
plus compliqués (Clark, C., 1995).
22
Chapitre 2 : Objectifs et hypothèses de recherche
Cette étude vise à travailler à différentes échelles d’observation afin d’améliorer
l’implantation des systèmes en couloir avec l’Inga par les paysans du territoire. Les
objectifs généraux de l’étude sont : 1) évaluer les techniques de production de
plantules d’Inga selon deux méthodes (semences et propagation végétative); 2)
évaluer les coûts associés à l’établissement du système agroforestier à l’échelle de
l’hectare; et 3) identifier quels sont les facteurs influençant les petits producteurs
dans l’acquisition des matériaux nécessaires pour la production des plantules ou
leur achat à l’échelle du petit producteur pour l’établissement d’un système
agroforestier.
Le premier objectif vise à évaluer l’efficacité de la méthode de propagation
végétative. Une expérimentation terrain portant sur le bouturage d’une espèce
d’Inga effectuée en poly-propagateur sans brumisation permettra d’évaluer les
techniques en situation réelle. Une évaluation du temps et des coûts associés au
bouturage sera comparée avec la méthode de propagation classique de l’Inga par
semences en pépinière. Deuxièmement, l’étude aura comme objectif d’évaluer les
coûts de l’établissement par hectare d’un système agroforestier en couloir avec
l’Inga à partir d’une analyse des coûts en matériaux et du temps nécessaire selon
les techniques de propagation végétative, de production en pépinière par semence
et par la plantation directe en champs. Troisièmement, une étude exploratoire des
facteurs affectant l’acquisition et la production de plantules d’arbres sera effectuée à
l’aide d’entrevues avec des producteurs de communautés mayas du district de
Toledo. Des informations provenant de différents organismes locaux s’occupant de
programmes d’adoption du système agroforestier en couloir avec l’Inga seront aussi
récoltées. Les données recueillies permettront d’évaluer la perception des
producteurs quant aux facteurs socioéconomiques et techniques jugés les plus
importants pour l’accessibilité de plantules d’arbres agroforestiers.
23
Ces objectifs permettront de vérifier les hypothèses suivantes :
1 a) L'utilisation d'auxine n'améliore pas significativement la réussite de la
propagation végétative de l’Inga edulis lors de l’utilisation d’un propagateur sans
brumisation, selon le pourcentage d’enracinement, le gain en surface racinaire et le
gain en surface foliaire ;
b) Les boutures de faibles diamètres ont un meilleur pourcentage d’enracinement
que les boutures de fort diamètre avec ou sans application d’hormones AIB, et
c) Un substrat combinant matière organique et sable grossier offre le meilleur
rendement pour la propagation de l’Inga edulis comparativement à des substrats ne
comportant qu’une de ces composantes.
2) L’utilisation du bouturage en poly-propagateur sans brumisation permet une
diminution des coûts lors de l’implantation d’un système agroforestier en couloir avec
l’Inga edulis principalement pour ceux relatifs à la main d’œuvre.
Il n’y a pas d’hypothèse associée aux facteurs socioéconomiques qui seront étudiés
lors de l’étude exploratoire des facteurs affectant l’acquisition et la production de
plantules d’arbres. L’étude vise à explorer les éléments connus, mais aussi inconnus
pouvant influencer les techniques à utiliser. Il a été décidé d’éviter de se concentrer
sur certaines hypothèses par risque de mettre l’emphase que sur certaines portions
des informations disponibles découlant des entrevues.
24
Chapitre 3 : Méthodologie Cette section présentera les techniques utilisées pour atteindre les différents
objectifs de cette recherche. Elle est donc séparée en trois sous-sections
représentant chacun des objectifs. La combinaison des différentes méthodes
permettra de toucher aux différentes échelles spatiales de cette recherche, soit la
technique utilisée pour obtenir des plantules, l’établissement d’un système
agroforestier en couloir à l’aide de ces plantules et les contraintes régionales
affectant les techniques utilisées et l’établissement du système.
3.1 Expérimentation de bouturage :
L'expérimentation s’est déroulée sur le site de Maya Mountain Research Farm
(MMRF), proche de San Pedro et Columbia dans la province de Toledo au Bélize
(16º16'18.13''N, 88º57'15.02''W). L'espèce choisie est l'Inga edulis, qui est utilisée
dans les systèmes agroforestiers de la région et est produite en pépinière sur le site
d'expérimentation.
Un poly-propagateur d'une superficie de travail continue de 1,5 m² a été construit
selon des plans de la FAO. Le poly-propagateur a été ouvert seulement pour
certains suivis des caractéristiques physiques des substrats pendant les cinq
semaines de l'expérimentation. Lors de l’ouverture du propagateur, une brumisation
à l'aide d'un pulvérisateur manuel pour maintenir l’humidité relative et préserver les
boutures a été effectuée.
Un suivi continu des conditions internes du poly-propagateur avec des capteurs sans
fil enregistrant le pourcentage d'humidité et la température a été effectué à l’aide
d’enregistreur Lascar EL-USB-2. Ceux-ci ont permis de suivre les conditions
internes du propagateur ainsi que d’obtenir une alarme en cas où l'humidité relative
baisserait sous 80 % ou lorsque la température augmente au-delà de 35 degrés
25
Celsius. Une première expérimentation de bouturage en 2014 a permis de tester le
propagateur et les conditions internes.
La surface de travail de 1,5 m² est divisée en trois blocs de tailles identiques. Le
choix de procéder par bloc est pour diminuer les risques de gradient dans le sens
de la longueur du poly-propagateur. Ce risque de gradient serait causé par la
diminution de l’ensoleillement en après-midi sur certaines portions du dispositif et
par la présence de nuages plus fréquents lors de cette période de la journée. Cette
situation pourrait occasionner des différences en température, humidité et éclairage
affectant les boutures différemment d’est en ouest.
Chacun des blocs est divisé en 24 compartiments sous la forme d’un split split plot
dont le premier niveau est le traitement hormonal, le second niveau le type de
substrat et le troisième niveau le diamètre de la bouture. L’emplacement de chacun
des traitements est choisi aléatoirement. Un modèle logistique à 3 facteurs a été
utilisé afin d’étudier l’effet du traitement hormonal, du substrat et du diamètre sur
l’enracinement. Une analyse pour une distribution binomiale avec la procédure
GLIMMIX de SAS a été utilisée. Les comparaisons multiples ont été faites à l’aide
de la méthode Protected Fisher’s LSD (Least Significant Difference).
Deux traitements hormonaux ont été mis à l’essai, soit l’absence de traitement et le
traitement à l’aide d’une formulation d’auxine AIB en concentration de 0.8 %. Celle-
ci est en support pulvérulent de talc pour les avantages de préservation de ce format
qui ne requiert pas de réfrigération et est disponible sur le marché. L’auxine
commerciale utilisée est la Stim Root #3 de l’entreprise Plant Products Co. Ltd.
26
Figure 6 : Matériaux utilisés pour la composition des substrats (Jonathan Pedneau,
2015)
Trois types de substrat présentés à la figure 6 sont utilisés lors de cette étude, ceux-
ci sont issus de matériaux disponibles par les petits producteurs et présents proche
du site d’étude. Les matériaux de base sont le sable prélevé en rivière, les balles de
riz issues du moulin coopératif dans le village de San Pedro et Columbia et des
copeaux de bois vieillis provenant d’une entreprise de planage du village. Les
substrats utilisés sont le sable grossier, un mélange de sable et de bailles de riz ainsi
qu’un mélange de sable avec sciure de bois de planage. La proportion des mélanges
de substrats est mesurée par volume en parts égales. Une caractérisation de
l’évolution des substrats a été effectuée à chaque semaine tout au long de
l’expérimentation pour la température, le pH, le taux d’humidité et la tensiométrie du
sol. Un tensiomètre Irrometer (modèle : IE TT212SR) et un pH mètre Kelway
(modèle : HB-2) ont été utilisés pour ces mesures. Des échantillons ont été ramenés
au Canada et analysés en laboratoire pour leurs caractéristiques physiques selon
les protocoles proposés dans Tan (2005), pour la masse volumique apparente, la
densité apparente et la teneur en air. La capacité hydraulique saturée (WHC) a été
mesurée selon le protocole élaboré par Colin D.Campbell du Macaulay Institute.
27
Figure 7 : Mensurations utilisées lors du prélèvement des boutures
Lors de l'expérimentation, les boutures ont été prélevées sur rejets de souches de
plants de cinq ans en culture en couloir. Elles comportent un seul espace internodal
et une feuille dont le limbe pinnatiséqué sera réduit à une paire pour diminuer
l’évapotranspiration. Les ordres nodaux sont identifiés lors de la préparation. Les
boutures de 10 cm de longueur et de 3 à 12 mm de diamètre ont été divisées en
deux classes de diamètre soient 3-8 mm et 8-13 mm. Un canevas perforé fut utilisé
pour discriminer les deux classes de diamètre. Le choix des mensurations a été
effectué pour s’approcher des expérimentations de bouturage portant sur l’Inga
feuillei ayant donné de bons résultats (Brennan et Mudge, 1998).
La disposition des spécimens par unité expérimentale est aléatoire par tirage à
l’aveugle. L’identité de chaque spécimen est indiquée dans le propagateur avec
l’ajout de son bloc, son traitement et sa classe de diamètre pour le suivi après
croissance.
28
La numérisation par photographie des boutures sur un gabarit calibré pour les
logiciels Winrhizo et Winfolia avant et après la mise en propagation permet de suivre
l’évolution de la morphologie foliaire et racinaire de chacune. Les variables étudiées
sont la surface racinaire (RAI), la surface foliaire (LAI), le volume racinaire, le
nombre de racines ainsi que le nombre de fourches et de pointes. Pour l’analyse de
ces variables, la procédure MIXED de SAS a été utilisée. Une analyse résiduelle a
été effectuée pour vérifier les postulats de normalité et d’homogénéité du modèle.
Les comparaisons multiples ont été faites à l’aide de la méthode Protected Fisher’s
LSD (Least Significant Difference) ainsi qu’un ajustement du type Scheffe pour
s’assurer d’une plus grande validité des analyses.
29
3.2 Évaluation des coûts associés à l’établissement
Trois procédures de production ont été mises à l’essai pour l’évaluation des coûts
de production. Une évaluation du temps requis pour les étapes de construction des
infrastructures nécessaires a été effectué ainsi que les coûts du matériel.
L’ensemble des procédures comprend le prélèvement des boutures et des
semences, le temps de plantation et les entretiens effectués. Celles-ci sont
présentées à la figure 8. Les distances et les temps de déplacement pour les
prélèvements des boutures et les semences ont été mesurés à l'aide d'un
enregistreur GPS Holux m-241 et les méthodes de déplacement également
annotées. Les temps pour chaque procédure ont été mesurés sur six jours de
production différents en 2014 et en 2015. Le temps de défrichage par hectare a été
mesuré six fois sur le site d’étude, en 2014 et 2015. Une analyse ANOVA (analyse
de variance) utilisant la procédure MIXED de SAS avec un ajustement de type
Scheffe a été utilisée pour comparer les différentes techniques de production.
30
Figure 8 : Schématisation des procédures de production à l’essai
En propagateur, l’évaluation s’est faite à partir de la préparation de l’expérimentation
de bouturage qui s’effectua sur trois jours en 2015. Les temps de récolte, de
préparation et d’entretien ont été mesurés ainsi que le taux de survie des boutures
en propagateur. Les temps requis pour la numérisation des boutures et les
manipulations associées n’ont pas été intégrés dans les résultats. Le temps de
transport et de plantation a été mesuré à partir de la pépinière, mais aussi sur une
distance de deux kilomètres. Le taux de survie des boutures en propagateur est pour
l’ensemble des boutures de tous les traitements effectués en 2015 selon leurs blocs
respectifs.
31
Figure 9 : Construction du propagateur avec des matériaux locaux (Jonathan
Pedneau, 2015)
La production de plantules par semence en sac a été effectuée selon la méthode en
place sur la pépinière du MMRF. L’évaluation du temps s’effectua sur trois jours
choisis par tirage au sort sur une semaine de labeur des travailleurs agricoles locaux
sur la pépinière en mai 2015. Les temps mesurés ont été annotés en minutes/plants.
Le sol nécessaire pour remplir les sacs a été prélevé aux abords du site d’étude sur
un delta alluvial. Les semences ont été cueillies dans le verger à graines de la ferme
et leur préparation se fait à la pépinière juste avant la mise en sac car ce sont des
semences récalcitrantes ne survivant pas à la dessiccation. Les périodes d’arrosage
font partie du temps d’entretien ainsi que l’entretien de l’ombrière qui sont annotés
à l’aide d’un chronomètre sur place. Le temps nécessaire pour l'obtention de
plantules prêtes à la plantation est calculé à partir de la moyenne de ces trois
répétitions. Les cas de mortalité et les problèmes phytosanitaires sont notés en
pépinière avant la plantation sur trois groupes de 100 plantules attitrées au sort.
32
Figure 10 : Travaux en pépinière par des travailleurs locaux (Jonathan Pedneau,
2015)
Une plantation in-situ par graine est la troisième méthode à l’essai. Effectuée sur le
site d’étude, elle comprend l'évaluation des coûts et du temps nécessaire pour la
cueillette des semences, le transport du matériel, la plantation et le sarclage. Le taux
de germination et les problèmes phytosanitaires dans les cinq semaines après
germination de 100 graines plantées en 2014 et 2015 sont annotés.
Lors des différentes étapes d’établissement, les mesures ont été effectuées par le
suivi in-situ de travailleurs locaux. Les différentes étapes ne se déroulant pas l’une
à la suite de l’autre ainsi que le nombre de plantules manipulées par jour n’étant pas
le reflet du nombre nécessaire pour établir un hectare, les mesures ont été
effectuées selon une échelle de plantules par minute ainsi que de surface (m2) par
minute. Ces mesures ont été converties par la suite en jours personnes/hectare et
réajustées selon les taux de mortalité de chacune des étapes.
Le suivi de la mortalité après plantation a été effectué après environ un an de
plantation pour des groupes de 100 plantules pour chacune des étapes de
production et les causes de mortalité ont été annotées. Les taux de survie après
plantation ont été effectués à l’aide des plantations effectuées en juin 2014 et juin
2015 et mesurées après un an pour l’année 2014 et 8 mois pour l’année 2015.
33
3.3 Enquête sur les facteurs socioéconomiques
L’étude exploratoire a comme objectif d’évaluer les embûches et les coûts
rencontrés par les petits producteurs pour l’acquisition et la production de plantules
du genre Inga dans le cadre d’établissement de systèmes agroforestiers en couloir.
Des entrevues ont été effectuées avec des petits producteurs et des professionnels
dans le district de Toledo ainsi qu’avec un professionnel d’ONG internationale basée
au Québec. Les petits producteurs sont définis dans cette enquête comme des
propriétaires ou utilisateurs d’une terre la cultivant dans un but principal de
subsistance, bien qu’une partie des récoltes peut être vendue. L’enquête cible ces
producteurs parce qu’ils représentent la majorité des paysans en zone rurale en
Amérique centrale. Le district de Toledo contient un quart des fermes au Bélize mais
77% de celles-ci ont moins de 8 hectares (FAO, 2011). Les petits producteurs sont
aussi ceux étant majoritairement sollicités pour l’adoption du système en couloir
avec l’Inga par l’entremise d’ONG locales ou de l’ONG Inga Fondation faisant la
promotion de ce système en Amérique latine et au-delà.
Les études qualitatives sont différentes aux études quantitatives puisqu'elles visent
à tracer les modèles qualitativement différents observés dans un ensemble de
données plutôt que de quantifier l’ampleur d’un phénomène. Les données recueillies
permettront donc d’évaluer les facteurs sociaux, économiques et techniques les plus
importants pour l’accessibilité de plantules pour ce genre. L’approche utilisée lors
de cette étude est l’analyse thématique et aussi l’analyse de discours sur la base de
verbatim recueilli lors d’entrevues.
L'analyse thématique est une méthode pour identifier, analyser et définir des
schémas dans les données recueillies par des entretiens. C’est une méthode visant
donc la réduction des données (Howitt et Cramer, 2007). Pour ce faire, elle vise à
identifier des idées implicites et explicites dans les données recueillies et les codifier
pour en discerner des thèmes. Un thème représente un élément important présent
dans les données en rapport à la question de recherche. Il représente une certaine
34
structure informative ayant une signification pour l'ensemble des données.
L'interprétation de ces thèmes peut inclure la comparaison de la fréquence,
l'identification de l’occurrence, l’arborisation et la schématisation des relations entre
les différents thèmes.
L’analyse thématique comporte une procédure en six étapes (Braun et Clarke,
2006). La première implique la familiarisation avec le contenu des entrevues. La
seconde est la codification du contenu identifiant des éléments clés en rapport aux
questions de recherche. La troisième est la recherche des thèmes et fils conducteurs
principaux permettant de regrouper l’ensemble des données. La quatrième est la
révision des thèmes ; ceci permet de vérifier s’ils sont bien représentatifs de
l’information recueillie et s’il y a un besoin de faire des sous-divisions ou des retraits.
La cinquième étape est la définition et l’énoncé des thèmes permettant une analyse
détaillée de chacun. Finalement, la rédaction est la sixième étape et permet de
contextualiser l’analyse et les relations avec la littérature.
Dans cette recherche, les données sont issues d’entrevues semi-structurées. Elles
font donc appel à un guide comportant des questions bien définies sur les différents
sujets étudiés. Cependant, l’ordre de celles-ci ainsi que la forme utilisée lors de
l’entrevue, restent ouverts. Les points d’importance sont donc respectés lors de
chaque entrevue et des points supplémentaires peuvent aussi être ajoutés selon la
situation. Bref, la grille d’entrevue est préparée, mais demeure ouverte à la
spécificité des cas et à la réalité de l’acteur (Paillé, 1991).
Les questions sont donc développées pour obtenir des réponses claires sur les
méthodes utilisées et les choix effectués. Ces points sont très importants pour
permettre de catégoriser les entrevues selon les usages. Les questions ouvertes
permettent toutefois de faire ressortir les facteurs influençant les choix permettant
aussi d’approfondir les problématiques rencontrées. Le questionnaire pour les
entrevues avec les petits producteurs est présenté à l’annexe 1 et celui avec les
professionnels à l’annexe 2. Un enregistrement des entretiens a été effectué pour
faciliter l’analyse des données. Un consentement verbal fut recueilli lors des
entrevues facilitant la résolution des contraintes linguistiques et d’analphabétisme.
35
Le document de présentation du projet pour le consentement verbal est présenté
dans l’annexe 3.
La coordination avec les organisations locales a été un élément primordial au bon
déroulement de l’enquête. La rencontre de professionnels au Bélize dans le cadre
de travaux durant l’été 2014 a permis de cerner les possibilités terrains et de tisser
des liens avec l’organisme hôte au Bélize. La recherche de participants a été
effectuée avec l’aide du MMRF et de YA’AXCHÉ Conservation Trust qui ont une
connaissance du territoire et de leurs acteurs. Leurs listes de membres et
d’agriculteurs ayant participé à des formations a été la base pour trouver des
participants.
L’enquête englobe des entrevues avec des petits producteurs de plusieurs villages
pour diversifier les pratiques et les groupes ethniques. Le site central de la
campagne est le village de San Pedro et Columbia limitrophe de l’ONG Maya
Mountain Research Farm, hôte pour les autres chapitres de cet ouvrage. Ce village
est aussi le plus grand village Kekchi de la région et a été une source de participants,
les petits producteurs. Les entrevues ont été effectuées pour la plupart du temps
chez les producteurs. La visite de certaines fermes et de systèmes agroforestiers et
la connaissance des méthodes utilisées ajoutent des informations d’intérêt à l’étude.
Des entrevues avec des professionnels associés à des ONG faisant la promotion ou
non de ce système ont été effectués. Ces entretiens réalisés dans les locaux des
organisations étaient nécessaires pour permettre d’avoir un aperçu plus formel des
contraintes à l’adoption issues de la disponibilité et de la production de plantules.
Elles servent aussi à établir la perception des professionnels en regard aux facteurs
influençant l’accès et la production de plantules. Un professionnel en agroforesterie
tropicale non impliqué aux programmes d’adoption a été rencontré en entrevue. Sa
vision apporte une vue extérieure aux problématiques, ce qui permet possiblement
de vérifier des points différents que ceux issus d’une échelle locale.
36
Chapitre 4 : Résultats et Discussion
4.1 Expérimentation de bouturage :
L’expérimentation s’est déroulée sur une période de six semaines, en mai et juin
2015 en polypropagateur. Ensuite les boutures ont été implantées dans le système
agroforestier pour un suivi du taux de survie au cours de l’année 2016. La calibration
de l’ombrage sur le polypropagateur a été un élément incitant à la prudence, car une
production initiale a été perdue lors d’une trop grande augmentation de la
température interne du propagateur. L’ombrage synthétique de 50% a été augmenté
avec des feuilles de palmier Attalea cohune, pour obtenir plus de 75% d’ombrage
comme recommandé dans la littérature (Leakey et al., 1990). Avec un ombrage
adéquat, le système de production maintient un pourcentage d’humidité supérieur à
80% comme présenté dans la Figure 11, celle-ci est comparée aux données
enregistrées en pépinière durant la même journée. La température extérieure
dépassant parfois les 35º C au zénith, il a été difficile de maintenir la température
sous les 33º C. Néanmoins nous avons obtenu des taux d’enracinement intéressant
permettant une production par bouturage adéquate.
37
Figure 11 : Comparaison de la température interne et externe du propagateur lors
d’une journée ensoleillée (16/05/2014)
Les différents substrats ont tous une composante de base étant le sable grossier.
Celui-ci assurait le maintien physique des boutures lors de la propagation. Les
composantes organiques ont pourtant modifié sensiblement les caractéristiques du
substrat mais celles-ci ont restées stables durant la propagation pour l’acidité et
l’humidité. Les caractéristiques des différents substrats utilisés sont présentées
dans le Tableau 1. Pour qu’un substrat soit adéquat pour la propagation, il doit
assurer un bon support de la bouture, un degré adéquat d’humidité et un
environnement aérobique à la base de la bouture (Hartmann et al., 1997). Les
valeurs adéquates selon la littérature pour différentes caractéristiques d’un bon
substrat sont entre 4.5 et 6.5 de pH, 0.3 à 0.8g/cm3 de densité apparente, entre 15
et 40% de volume occupé par l’air et entre 20 et 60% de capacité de rétention d’eau
(Hartmann et al., 1997).
0
20
40
60
80
100
120
Température extérieure ( ⁰C) Humidité extérieure (%rh)
Température intérieure ( ⁰C) Humidité intérieure (%rh)
38
La faible densité apparente de notre sable est possiblement due au fait qu’il provient
majoritairement de roche calcaire qui est issue de voies souterraines creusées dans
celui-ci à moins de 1km et de débris de coquillages. Les trois substrats utilisés offrent
donc des caractéristiques intéressantes pour la propagation selon les résultats
obtenus, qui sont ou se rapprochent des valeurs adéquate pour la propagation.
Cependant chaque espèce a ses propres préférences et le type de substrat peut
avoir une grande influence sur la capacité d’enracinement (Hartmann et al., 1997).
Une analyse avec la procédure ANOVA (SAS) avec un ajustement du type Scheffe
de ces caractéristiques a permis de discerner plusieurs différences significatives
entre celles-ci sur la figure 13. Un résultat intéressant est la capacité du sable
grossier à maintenir un taux d’humidité élevé dans le substrat.
Mesures Sable grossier Sable - Balle de riz Sable – Sciure de
bois N Moyenne ± σ N Moyenne ± σ N Moyenne ± σ
Densité apparente g/cm3 3 1,11 a ±0,02 3 0,58 b ±0,03 3 0,59 b ±0,02
WHC %V/V 3 31,28 a ±2,34 3 38,44 b ±1,74 3 50,05 c ±1,34
Porosité %V/V 3 58,39 b ±0,59 3 73,78 a ±0,69 3 76,17 a ±0,93
Densité particulaire g/ml 3 2,72 a ±0,03 3 2,58 ab ±0,04 3 2,51 b ±0,05
Volume occupé par l’air à saturation %V/V 3 27,11 ab ±3,03 3 35,33 a ±3,36 3 26,12 b ±3,12
pH* 9 6,09 a ±0,12 9 6,92 c ±0,1 9 6,58 b ±0,11 Humidité %* 9 71.89 c ±4,39 9 37.22 a ±8,97 9 57.33 b ±2,35
*Mesures effectuées lors du déroulement de l’expérimentation en polypropagateur.
Tableau 1 : Caractéristiques physiques et pH des substrats à l’essai
39
Les résultats d’enracinement que nous pouvons observer dans le Tableau 2 nous
présentent les taux d’enracinement moyens selon les traitements. Sur 144 boutures,
103 se sont enracinées pour un taux global de 72,5%. Les taux sont généralement
plus élevés pour les boutures de faibles diamètres. Il est à noter qu’il y a une
persistance du feuillage sur les boutures enracinées et le développement de
nouvelles feuilles n’est observé que sur peu d’entre elles. La persistance du feuillage
a aussi été observé pour les boutures s’étant enracinées lors du bouturage d’Inga
Feuillei (Brennan et Mudge, 1998) et d’autres espèces comme Simmondsia
chinensis (Houar et al., 2014).
Traitements Hormonaux
Substrats
Classes de diamètres
1(3-8mm) 2(8-12mm)
N Moyenne % ± σ N Moyenne % ± σ
AIB 0 % 50% Balle de riz 12 0.83 ±0.39 12 0.25 ±0.45
Sable 12 0.92 ±0.29 12 0.50 ±0.52
50% Sciure de bois 12 1.00 ±0.00 12 0.58 ±0.51
AIB 0.8% 50% Balle de riz 12 0.83 ±0.39 12 0.67 ±0.49
Sable 12 0.75 ±0.45 12 0.75 ±0.45
50% Sciure de bois 12 0.75 ±0.45 12 0.83 ±0.39
Tableau 2 : Moyennes du pourcentage d’enracinement selon les traitements
L’analyse des résultats a permis de discerner des effets significatifs de certains
traitements sur la réussite de l’enracinement. L’analyse présentée à la Figure 12
indique que la classe de diamètre des boutures influence l’enracinement lorsqu’il y
a combinaison avec le traitement hormonal de 0.8% d’acide indole butyrique. Le
taux d’enracinement augmente significativement (P˂0.05) lors d’application d’auxine
sur les boutures de diamètre de plus de 8mm alors qu’il n’a pas d’impact important
40
dans le cas des boutures de faibles diamètres, voir un effet négatif non significatif.
Nous pouvons observer la réaction sur le Tableau 3. Dans le cas d’une autre
recherche sur ce genre, il a été noté que l’ajout d’hormone AIB chez Inga feuillei a
un impact négatif sur les boutures de faibles diamètres et positif sur celles de plus
grands diamètres en polypropagateur (Brennan et Mudge, 1998). L’application
d’hormone AIB dans l’étude sur l’enracinement d’autres Fabacées a donné de très
bons résultats surtout en suspension de poudre de talc (Nowakowska et Pacholczak,
2015).
Figure 12 : Effets sur l’enracinement de la classe de diamètre et du traitement
hormonal
41
Tests de Type III pour l’enracinement
Traitements Num DF Den DF F Value Pr > F
Traitements hormonal 1 2 0.01 0.9196
Substrats 2 8 1.02 0.4029
Traitements hormonal x Substrats 2 8 0.64 0.5521
Classes diamètre 1 14 9.26 0.0088
Traitements hormonal x Classes diamètre 1 14 7.58 0.0156
Substrats x Classes diamètre 2 14 0.18 0.8379
Tests de Fisher
Traitements Num DF Den DF F Value Pr > F
Diamètre (3-8mm) * Traitements Hormonal 1 14 2.44 0.1404
Diamètre (8-12 mm) * Traitements hormonal 1 14 5.36 0.0364
AIB 0% * Classes de diamètre 1 14 13.34 0.0026
AIB 0.8% * Classes de diamètre 1 14 0.06 0.8043
Tableau 3 : Analyse ANOVA des effets des différents traitements à l’étude sur
l’enracinement
Il est reconnu est souvent plus important d’appliquer de l’auxine lorsque les boutures
prélevées sont plus matures, ce qui a été observé chez d’autres espèces tropicales
comme Eucalyptus grandis et Corymbia torelliana (Bryant et Trueman, 2015 ;
Wendling et al. 2015). Lors du prélèvement, les boutures de plus de 8 mm et d’ordres
nodaux plus élevés étaient en phase de lignification, ce qui peut être observé sur la
Figure 13. Le taux d’enracinement pour ces boutures sans l’application d’auxine ne
permettrait pas une production adéquate et indique qu’en absence de ce traitement
il serait préférable de n’utiliser que des boutures de diamètre inférieur à 8mm pour
42
Inga edulis. Dans le cas de celle-ci, l’application d’auxine ne semble pas nécessaire
pour améliorer le démarrage de l’enracinement. Il n’y a pas de différences
significatives mesurées entre les différents substrats testés. L’ajout des deux
matériaux organiques disponibles ne semble donc pas avoir eu un effet sur la
capacité des boutures d’Inga edulis à démarrer le processus d’enracinement.
Figure 13 : Différence de maturité entre des boutures de 3-8 mm (haut) et de 9-13
mm (bas)
Un élément important lors de la production de semis est la qualité de ceux-ci et
implicitement l’état morphologique des racines. Les différents traitements effectués
lors de cette expérimentation peuvent tous influencer la qualité de l’enracinement
comme le nombre de racines, la surface racinaire et le nombre de fourches. Les 103
boutures s’étant enracinées ont donc été étudiées pour déterminer quel seraient les
traitements les plus favorables pour obtenir des boutures ayant une meilleure
chance de survie.
43
Traitement Hormonal Substrat
3-8mm 8-13mm
N Moyenne σ N Moyenne σ
Nombre de racines
AIB 0.8%
r 10 14,1 6,5 8,0 8,3 5,9
s 9 28,6 13,6 9,0 20,1 14,6
w 9 21,3 11,0 10,0 14,9 11,9
AIB 0%
r 10 2,3 1,1 3,0 8,0 1,7
s 10 4,5 2,1 6,0 4,8 1,2
w 12 3,9 1,8 7,0 3,6 1,7
Longueur racinaire (cm)
AIB 0.8%
r 10 99,4 52,3 8,0 59,5 44,3
s 9 179,1 74,5 9,0 154,8 138,3
w 9 136,2 76,1 10,0 104,9 110,7
AIB 0%
r 10 18,6 22,5 3,0 72,6 21,5
s 10 65,3 32,6 6,0 89,9 34,8
w 12 55,3 27,5 7,0 39,8 37,1
Surface racinaire, RAI (cm2)
AIB 0.8%
r 10 35,4 17,0 8,0 20,1 14,2
s 9 51,8 20,8 9,0 46,7 36,4
w 9 37,7 20,3 10,0 38,7 37,3
AIB 0%
r 10 6,8 8,0 3,0 29,8 1,8
s 10 26,6 14,2 6,0 28,8 12,9
w 12 19,6 10,4 7,0 12,8 10,2
Nombre de fourche
AIB 0.8%
r 10 55,9 44,0 8,0 36,3 35,7
s 9 119,0 88,5 9,0 102,0 124,5
w 9 106,1 87,3 10,0 54,7 74,7
AIB 0%
r 10 12,5 17,2 3,0 48,0 17,4
s 10 49,6 25,4 6,0 74,8 25,9
w 12 53,5 32,3 7,0 31,3 40,7
Tableau 4 : Qualité de l’enracinement selon les différents traitements à l’étude (r=
50/50 sable/ balle de riz, w= 50/50sable/sciure de bois, s = 100% sable)
Nous pouvons observer sur la Tableau 4 la moyenne de différentes variables
mesurées pour déterminer la viabilité des boutures. À partir des moyennes
obtenues, il peut être observé que certains paramètres de propagation étudiés
influencent l’ampleur de l’enracinement des boutures. Bien que d’autres variables
aient été mesurées, une étude de la corrélation entre les variables morphométriques
44
a indiqué des valeurs significatives entre certaines, comme la surface racinaire (RAI)
et le volume racinaire ainsi que le nombre de pointes et le nombre de fourches. Pour
ne pas analyser en double certains résultats, la RAI, le nombre de racines et le
nombre de fourches ont été choisies pour les analyses et les autres variables ne
sont pas présentées dans les résultats mais leurs valeurs sont disponibles en
annexe.
Les analyses statistiques ont permis de confirmer cette tendance avec une
différence significative du nombre de racines et aussi de la surface racinaire lors de
l’application de l’AIB 0.8% et également selon le substrat de propagation. Ceci est
présenté dans les Tableaux 5,6 et 7. Dans le cas du diamètre des boutures, aucune
influence significative simple n’a été observée bien que les boutures de plus fort
diamètre possèdent des réserves de carbohydrates plus élevées favorisant un
meilleur enracinement (Hartmann et al., 1997). Ce résultat est différent de celui
observé pour Inga feuillei (Brennan et Mudge, 1998) où le nombre de racines a été
significativement plus important sur les boutures de plus fort diamètre lors de
l’application d’auxine.
45
Figure 14 : Échantillons représentant la structure racinaire moyenne avec un
traitement de 0% AIB à gauche et de 0.8% AIB à droite. Le carré représente la cible
de calibrage pour Winrhizo.
L’application d’hormone AIB est utilisée pour plusieurs espèces d’arbres pour
augmenter le pourcentage d’enracinement, la rapidité de l’enracinement mais aussi
le nombre de racines adventives ainsi que l’uniformité et la qualité du système
racinaire (Leakey, 2004 ; Hunt et al., 2011 ; Husen, 2012). La qualité du système
racinaire est définie par diverses variables dont le rapport racines/ tige, le poids
racinaire, la longueur racinaire, la surface racinaire, le volume racinaire et la
complexité. Il a été observé que l’application d’hormone AIB améliore l’enracinement
de plusieurs espèces de Fabacées (Nowakowska et Pacholczak, 2015) dont l’Inga
feuillei. (Brennan et Mudge, 1998), mais aussi d’autres espèces d’arbres tropicaux.
Lors de l’enracinement des boutures d’Inga edulis, il est observé qu’elle augmente
significativement la moyenne du nombre de racines (4.0 à 17.9) et de la surface
racinaire (19.2 à 38.7cm2). La différence d’enracinement est bien visible comme
présentée sur la Figure 14 alors que l’analyse statistique des résultats est présentée
sur le Tableau 5. Ces différences sont importantes pour l’implantation car une
46
augmentation du nombre de racines et de la surface racinaire peut améliorer la
capacité des plantules à survivre par une diminution du stress hydrique après
plantation (Nambiar, 1984 ; Grossnickle, 2012).
Tests de Type 3 pour le nombre de racine
Effets Num DF Den DF F Value Pr > F
Traitement Hormonal 1 43.9 73.62 <.0001
Substrat 2 50.9 5.69 0.0059
Traitement hormonal *Substrat 2 50.9 6.74 0.0025
Classe diamètre 1 51 2.81 0.0997
Traitement Hormonal * Classe diamètre
1 51 8.35 0.0056
Substrat * Classe diamètre 2 50.9 0.64 0.5334
Traitement Hormonal * Classe diamètre * Substrat
2 50.9 0.27 0.7630
Tests de Fisher pour le nombre de racine
Effets t Value Pr > |t| Adjustment Adj P
IBA 0.8% * 0% 8.58 ˂.0001 Scheffe <.0001
50% Balle de riz vs 100% Sable -3.36 0.0015 Scheffe 0.0061
50% Balle de riz vs 50% Sciure de bois -1.49 0.1415 Scheffe 0.3357
100% Sable vs 50% Sciure de bois 1.93 0.0594 Scheffe 0.1661
Tableau 5 : Analyse ANOVA des effets des différents traitements à l’étude sur le
nombre de racines
47
Tests de Type 3 pour RAI
Effets Num DF Den DF F Value Pr > F
Traitement Hormonal 1 8.61 15.75 0.0036
Substrat 2 45.6 4.95 0.0114
Traitement hormonal *Substrat 2 45.6 1.10 0.3425
Classe diamètre 1 46.3 0.00 0.9457
Traitement Hormonal * Classe diamètre
1 46.3 2.55 0.1174
Substrat* Classe diamètre 2 45 0.26 0.7751
Traitement Hormonal * Classe diamètre * Substrat
2 45 2.79 0.0722
Tests de Fisher pour RAI
Effets t Value Pr > |t| Adjustment Adj P
IBA 0.8% vs 0% 3.97 0.0036 Scheffe 0.0036
50% Balle de riz vs 100% Sable -3.01 0.0042 Scheffe 0.0161
50% Balle de riz vs 50% Sciure de bois -0.84 0.4077 Scheffe 0.7071
100% Sable vs 50% Sciure de bois 2.29 0.0272 Scheffe 0.0842
Tableau 6 : Analyse ANOVA des effets des différents traitements à l’étude sur la
surface racinaire (RAI)
48
Tests de Type 3 pour le nombre de fourche
Effets Num DF Den DF F Value Pr > F
Traitement Hormonal 1 2.85 4.64 0.1251
Substrat 2 46.8 5.13 0.0097
Traitement hormonal *Substrat 2 46.8 0.66 0.5208
Classe diamètre 1 47.5 0.72 0.3989
Traitement Hormonal * Classe diamètre
1 47.5 3.13 0.0835
Substrat* Classe diamètre 2 46.2 1.41 0.2540
Traitement Hormonal * Classe diamètre * Substrat
2 46.2 0.11 0.8972
Tests de Fisher pour le nombre de fourche
Effets t Value Pr > |t| Adjustment Adj P
50% Balle de riz vs 100% Sable -3.20 0.0024 Scheffe 0.0097
50% Balle de riz vs 50% Sciure de bois -1.63 0.1101 Scheffe 0.2754
100% Sable vs 50% Sciure de bois 1.66 0.1047 Scheffe 0.2640
Tableau 7 : Analyse ANOVA des effets des différents traitements à l’étude sur le
nombre de fourches
49
Figure 15 : Distribution des moyennes non transformées selon les traitements
(r= 50/50 sable/ balle de riz, w= 50/50 sable/ sciure de bois, s = 100% sable)
Selon l’analyse statistique des résultats, la nature du substrat a une influence sur la
RAI, le nombre de racines, mais aussi sur le nombre de fourches. Dans les différents
substrats à l’étude, le sable présente les meilleures valeurs et est significativement
différent du mélange comportant des balles de riz. Le substrat comportant de la
50
sciure de bois se situe entre les deux. Dans le cas des balles de riz, d’autres études
ont montré des résultats mitigés comme lors du bouturage de Cola acuminata
(Paluku et al., 2017) et de Triplochiton scleroxylon (Verhaegen, D., 1992). Chaque
espèce possède des préférences en matière de substrat, mais le sable grossier offre
souvent de bons résultats comme il a été noté pour d’autres espèces d’arbres
tropicaux comme Cola acuminata (Paluku et al., 2017), Milicia excelsa, (Ofori et
al.,1996), Baillonella toxisperma (Ngo Mpeck et Atangana, 2007), Azadirachta indica
(Reddy et al., 2007) et Cordia alliodora (Mesén et al., 1997).
Il a été reconnu qu’un équilibre entre l’aération et la capacité de rétention d’eau est
nécessaire pour un bon enracinement et cet équilibre dépend des affinités de
l’espèce (Ofori et al., 1996 ; Loach, 1986). Dans le cas présent, le ratio entre le
volume occupé par l’eau à saturation et celui par l’air est relativement semblable
entre le substrat comportant des balles de riz (1.09) et celui par le sable (1.15), mais
le substrat comportant des balles de riz présente un pourcentage du volume occupé
par l’air beaucoup plus élevé. Ce fort pourcentage diminue possiblement la surface
de contact de la bouture avec le substrat, mais aussi l’accessibilité aux ressources
en eau. Ceci a été observé lors de la mesure du niveau d’humidité dans le substrat
au cours de l’expérimentation, le plus faible niveau a été observé dans le substrat
comportant des balles de riz. Ce manque de contact augmente les chances
d’assécher la base de la bouture, mais diminue aussi le soutien de la bouture dans
le substrat, un élément important pour la qualité d’un substrat (Hartman et al, 1997).
Le pH plus élevé lors de l’utilisation du substrat comportant du riz peut avoir aussi
influencé la croissance des racines, ce qui a été observé chez la propagation du
pommier, Malus domestica (Harbage et Stimart,1996 ; Magesa et al., 2018) et le
thé, Camellia sinensis, provoquant une surcroissance de la calle, ralentissant
l’enracinement (Hamid et al., 1991).
51
Cette augmentation du nombre de fourches est intéressante. Une amélioration de
l’arborescence racinaire pour les plantules à racines à nu a été reliée à une plus
grande capacité de croissance racinaire et pour certaines espèces de la survie des
plantules (Grossnickle, 2012). Théoriquement, ceci implique une meilleure chance
de s’établir lorsqu’elles sont plantées. De meilleurs résultats avec l’utilisation de
sable comme substrat implique aussi une diminution de la complexité du substrat à
obtenir pour la propagation.
Un autre paramètre a été mesuré sur les boutures avant leur mise en propagateur,
soit la surface foliaire (LAI). Il a été reconnu dans plusieurs études que celle-ci peut
influencer l’initiation de la formation des racines (Hartman et al, 1997). Cette
influence est bien connue pour plusieurs espèces tropicales (Leakey et Coutts, 1989
; Tchoundjeu et al., 2002). Selon les mesures effectuées sur Winfolia, nous avons
noté une corrélation positive entre la surface foliaire (LAI) et la surface racinaire
(RAI) à partir d’une analyse ANOVA utilisant la procédure MIXED de SAS. Cette
corrélation est présentée sur la Figure 16.
52
Solution de la corrélation Effets Estimate Standard
Error DF t Value Pr > |t|
Intercept 9.2848 6.5608 16.7 1.42 0.1754 LAI 0.1754 0.03929 0.03929 0.03929 0.03929
Tests de Type 3 Effets Num DF Den DF F Value Pr > F
LAI 1 97.5 19.45 <.0001
Figure 16 : Relation entre la surface foliaire (LAI) et la surface racinaire (RAI)
0,00
20,00
40,00
60,00
80,00
100,00
120,00
140,00
0,00 50,00 100,00 150,00 200,00 250,00 300,00
RAI (
cm2 )
LAI (cm2)
53
Il est important de prendre en considération que plusieurs espèces présentent une
surface foliaire optimale pour l’enracinement des boutures et celle-ci est basée sur
la balance entre les processus d’évapotranspiration et des gains par la
photosynthèse (Leakey et Coutts, 1989). Par exemple pour Khaya ivorensis, la
surface adéquate est de 10-30 cm2 (Leakey., 1985) alors que pour Terminalia
ivorensis est de 100 cm2 (Tchoundjeu, 1989). Dans le cas présent, on ne peut
déterminer une surface foliaire optimale. Il semble cependant que la réduction des
feuilles jusqu’à obtenir qu’une seule paire de folioles pourrait être trop excessive
pour certaines boutures.
54
4.2 Évaluation des coûts associés à l’établissement du système
agroforestier à l’échelle de l’hectare
L’évaluation de l’établissement du système agroforestier s’est bien déroulée et les
trois techniques utilisées ont été éprouvées sur le terrain. Un élément des plus
importants lors de l’établissement est le taux de survie du matériel végétal implanté
selon les différentes méthodes. Celui-ci indique combien de plants supplémentaires
doivent être mis en terre pour atteindre notre densité désirée de 2500 plants/ha. La
mortalité avant plantation indique aussi combien de semis doivent être préparés
pour en obtenir le nombre adéquat pour la plantation.
Méthodes Avant plantation Après
plantation* Total Causes principales de mortalité
n* Moyenne ± σ n Moyenne ± σ Moyenne ± σ Semis en sac 6 0,97 ± 0,01 6 0,94 ± 0,02 0,90 ± 0,02 Gauphres (Orthogeomys sp.) ;
rouille du feuillage Semis direct 6 - 6 0,83 ± 0,02 0,83 ± 0,02 Agoutis(Dasyprocta punctata);
compétition végétale Bouturage 3 0,66 ± 0,05 6 0,81 ± 0,03 0,53 ± 0,06 Déshydratation
(n= nbre de groupes de 100 boutures, sauf pour la mortalité avant plantation lors du bouturage)
Tableau 8 : Taux de survie en pourcentage des différentes méthodes de propagation
Il est évident que l’utilisation de plantules ayant été produites en pépinière augmente
sensiblement le taux de survie. Cependant, il est intéressant que les autres
méthodes obtiennent des taux de survie convenables. Les graines ont un excellent
taux de germination avoisinant 100% quel que soit le lieu de plantation, en pépinière
ou en champs. Un des éléments observés est que les causes de mortalité
principales ne sont pas les mêmes selon les méthodes utilisées et ne surviennent
pas non plus au même moment lors de l’établissement.
55
La plantation de plantules en sac provenant de la pépinière montre un taux de survie
élevé en pépinière avec quelque cas de broutage par des ravageurs comme l’agouti
(Dasyprocta punctata), un rongeur des Antilles et de l'Amérique du Sud. Ceci est
observé pour les plants en lisière dans la pépinière alors que le broutage par des
insectes phytophages est présent dans les rangs, mais en faibles quantités. À la
suite de la plantation, quelques cas de mortalité sont observés dû à la compétition,
mais plus souvent dû à la perte de racine par les gaufres (Orthogeomys hispidus).
Des cas de rouille sont aussi observés suite à la plantation comme présenté sur la
figure 17.
Figure 17 : Chrysomelidae en pépinière et cas de rouille sur un jeune arbre
(Jonathan Pedneau 2015)
En plantation par semis direct en champs, le broutage des nouvelles pousses par
l’agouti est la cause principale de mortalité. Le broutage retarde la croissance et
change la morphologie du plant, ce qui rend la nouvelle pousse susceptible à la
compétition par les herbacées et par les autres plantules d’Inga. Il y a perte de
dominance apicale et la repousse est issue généralement d’une fourche au collet si
le broutage survient juste après la germination comme observé sur la figure 18. La
plupart des plantules survivent cependant au broutage.
56
Figure 18 : Différences entre deux plants d’Inga edulis de 8 mois ayant subi une
croissance normale (A) et un broutage en début de croissance (B) (Jonathan
Pedneau 2016)
L’utilisation de boutures implique une mortalité importante lors de la production des
plantules en propagateur. Il est à noter que le taux de mortalité utilisé est celui de
l’ensemble des traitements étudiés dans la section 4.1. Il est probablement possible
de diminuer la mortalité en propagation avec des choix plus adéquats de substrat et
de diamètre. Lors de la plantation, c’est la dessiccation qui diminue le taux de
réussite avec les boutures. Les racines à nu sont plus fragiles lors de la plantation
et celle-ci doit être effectuée rapidement pour diminuer le stress et espérer un taux
de réussite adéquat (Girard et al, 1997). Il est connu que les plants produits en sac
peuvent mieux tolérer les stress de la plantation et s’adapter à des sols pauvres que
les plants à racines à nu (McKay et Morgan, 2001). Des problèmes de morphologie
sont observés avec les boutures lors de l’expérimentation comme une dominance
apicale moins définie, les rendant plus susceptibles à la compétition. Pourtant aucun
cas de mortalité n’a été observé dû à ce problème. Le début de la saison des pluies
au Bélize offre amplement de précipitations, mais des périodes sèches peuvent
57
réduire grandement la survie si elles surviennent rapidement suite à la plantation.
Dans le cas échéant, un arrosage serait probablement requis.
Dans tous les cas, un désherbage après plantation est requis pour permettre aux
plantules de se libérer des herbacées. L’entretien est même nécessaire selon les
petits producteurs dans le cas de l’Inga (Lojka et al., 2005). Il est recommandé de le
faire de 3 à 4 fois lors de l’implantation (Valle, 2010). Celui-ci est effectué à la
machette et la perte de quelques plants peut être causée par des erreurs de
sarclage. Les temps étudiés dans le Tableau 9 et sur la Figure 19 n’incluent pas le
défrichage du lieu de plantation ni le sarclage récurrent de la première année
d’installation. Ceux-ci étant identiques pour chacune des méthodes après six
semaines, seulement les temps d’entretien lors de la propagation et à la suite de six
semaines de plantation sont étudiés. Les temps complets d’implantation en prenant
en compte ces facteurs et leur distribution dans le temps sont discutés plus tard
dans cette section.
Le temps des différentes étapes d’implantation du système fluctue beaucoup selon
la méthode de propagation. Les résultats présentés dans les tableaux du Tableau 9
montrent des disparités significatives dans pratiquement toutes les étapes. La
mortalité influence les temps observés, augmentant sensiblement les temps lors de
l’utilisation des boutures. Cependant la mortalité ne change pas l’ordre établi,
plaçant l’utilisation de sacs en pépinière comme étant la méthode la plus lente, et
l’utilisation de semis direct comme la plus rapide.
58
Mét
hode
s
Sacs
en
Pépi
nièr
e26
,5±
0,2
a1,
8±
0,1
a6,
3±
1,1
a6,
6±
0,7
a94
,3±
2,4
a33
,0±
0,9
a41
,2±
0,1
a12
8,9±
2,0
a67
,5±
0,7
a
Sem
is d
irect
6,7
±0,
7 b
17,6
±2,
2 b
2,7
±0,
2 b
0,0
±0,
0 b
0,4
±0,
0 b
0,4
±0,
0 b
27,0
±2,
7 b
27,4
±2,
7 b
27,4
±2,
7 b
Bou
ture
s16
,1±
0,4
c1,
0±
0,1
a10
,5±
1,5
c2,
6±
0,2
c17
,5±
0,4
c7,
7±
0,3
c30
,2±
1,0
b45
,1±
0,8
c35
,3±
1,0
c
Mét
hode
s
Sacs
en
Pépi
nièr
e30
,6±
0,3
a2,
1±
0,2
a6,
7±
1,2
a7,
1±
0,8
a10
0,7
±2,
6 a
35,2
±1,
0 a
46,5
±0,
1 a
140,
1±
2,2
a74
,6±
0,7
a
Sem
is d
irect
8,0
±0,
9 b
17,6
±2,
2 b
3,2
±0,
3 b
0,0
±0,
0 b
0,4
±0,
0 b
0,5
±0,
0 b
28,9
±2,
8 b
29,3
±2,
8 b
29,4
±2,
8 b
Bou
ture
s21
,5±
0,8
c2,
4±
0,1
a13
,0±
1,9
c3,
2±
0,3
c21
,7±
0,5
c9,
6±
0,3
c40
,2±
0,9
c58
,6±
0,8
c46
,5±
1,0
c
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enne
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omis
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ou
non
du ta
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orta
lité
59
La récolte et la préparation du matériel végétal pour la propagation n’ont pas du tout
les mêmes coûts en temps. Il faut comprendre que l’effort pour la préparation des
sacs et du terreau est une lourde tâche lors de la propagation en sac. L’utilisation
de sacs est pourtant avantageuse étant donné la rétention de l’eau et la protection
des racines lors du transport et leur manipulation (Muriuki et al, 2014), facilitant ainsi
l’obtention d’un bon taux de survie après la plantation. Le terreau est récolté sur les
abords de la rivière Columbia où le sol alluvial est moins argileux et plus riche en
matière organique. Il est important d’avoir un sol aéré, nutritif et ayant un bon
drainage pour une bonne croissance des racines (Mbora et al, 2008). Le transport
de celui-ci vers la pépinière prend du temps, mais est représentatif de la distance à
parcourir pour trouver un bon terreau. Dans le cas présent, la majorité des villages
mayas sont aux abords de cours d’eau, qui étaient les axes d’accès au territoire lors
des différentes immigrations (Wilk, 1988).
La récolte des fruits indéhiscents peut être longue, surtout sur des arbres non taillés
qui ont un port des fruits à la cime. La préparation des semences par la suite est
facile mais peut être décevante si les fruits sont trop mûrs ou ont été parasités. Il a
été observé que les fruits ne se conservent pas longtemps, pouvant exacerber ce
problème (Lojka et al., 2005). Les fruits sont plus sollicités par la faune et en moins
grande quantité lors la fructification en saison sèche, soit en en mai. La récolte de
fruits est donc beaucoup plus facile à la fin février dans la région. En comparaison
avec l’utilisation de semences, les boutures sur rejet de souches sont très
rapidement préparées, elles sont cependant beaucoup plus fragiles et doivent être
plantées immédiatement en propagateur. Il ne faut pas oublier qu’il faut préparer un
système de propagation pour produire les boutures, mais aussi une ombrière pour
la pépinière. Dans le cas du polypropagateur, six jours de travail sont nécessaires
et deux dispositifs seraient recommandés pour un hectare complet. Ceux-ci seraient
utilisés deux fois durant l’année pour obtenir le nombre adéquat pour un hectare.
Quatre jours ont été nécessaires pour ériger l’ombrière de la pépinière avec des
pieux vivants de Gliricidia sepia supportant une toiture en bambou et en feuilles de
palmiers cohune (Attalea cohune).
60
Le temps pour protéger les jeunes semis de la compétition est important dans le cas
de la plantation des semences en champ, surtout en début de croissance. L’entretien
par sarclage est donc le facteur prenant le plus de temps lors de la plantation directe
en champ. Dans le cas présent, il n’y a pas eu d’utilisation de brûlis lors du
défrichage. Celui-ci pourrait fort probablement diminuer ce temps de sarclage initial,
mais aussi celui au cours de l’année d’établissement (Ketterings et al., 1999). Par
ailleurs, étant donné que le système agroforestier est en promotion au Bélize pour
contrecarrer cette pratique, il était mal vu de l’utiliser. Le taux de mortalité plus élevé
de la plantation directe implique aussi un plus grand nombre de semences pour
atteindre la densité adéquate. Il faut cependant prendre en compte que la plantation
directe des graines est très rapide et se fait à l’aide d’une machette, l’outil le plus
utilisé sur le territoire.
Pour les plants issus de la pépinière, le poids et la taille des plantules en sac
augmentent le labeur lors de la plantation. Celles-ci ont besoin d’un trou plus grand
et nécessitent une pelle comme dans le cas des boutures. Cependant la plantation
des boutures avec racines nues est plus complexe due à la fragilité des semis et au
risque de dessiccation. Tant pour les plants en sac que les boutures, un léger travail
du sol autour du plant est nécessaire et peut être difficile en sol argileux, surtout en
temps plus sec. Un sol compact et sec rend très difficile de planter les boutures.
Un aspect important à souligner est le temps de transport. Lors de l’expérimentation,
la distance à parcourir n’était que de 220 m car la pépinière était proche du site de
plantation. D’autres distances ont été ajoutées à la suite des entrevues faites avec
les producteurs locaux tel que discuté dans la section 4.3 de cet ouvrage. Les plants
ont été transportés des villages de San Pedro et de Columbia vers la zone de
plantation qui est à 2,5 km. Cette distance est représentative de la distance
parcourue pour atteindre les zones de culture du maïs dans la région. Celles-ci se
trouvent parfois à plusieurs kilomètres de distance des villages, découlant de
l’augmentation démographique, mais aussi de la culture du cacao qui occupe les
terres proches des villages, diminuant par ce fait la disponibilité des terres pour le
maïs. L’absence de routes et de moyens de transport implique l’utilisation de
61
chaudières. Celle-ci sont amplement utilisées et peuvent transporter de quatre à
cinq plants en sac par chaudière ou cinquante boutures. L’utilisation d’une pirogue
a permis de réduire les temps de transport comme observé dans le Tableau 9, mais
ce moyen de transport n’est pas toujours applicable en cas de plantation loin des
cours d’eau et est accompagné de frais si le fermier n’en possède pas une.
62
Établissement du système en omettant les taux de mortalité
(j.h/ha )
Établissement du système avec correction pour les taux de mortalité
(j.h/ha)
A
B B
A
B B
A
B
C
A
B
C
A
B
C
A
B
C
Figure 19 : Comparaison des temps d’implantation selon le transport et le taux de
mortalité (j.h/ha = jours-homme/hectare)
63
L’importance du transport est soulignée sur la Figure 19 car il augmente
sensiblement les écarts entre les méthodes. Nous pouvons observer que si nous ne
prenons pas en compte la mortalité, le temps d’implantation sans le transport est
statistiquement semblable pour le bouturage et le semis direct. Ceci se répète pour
une distance de 220 m, mais nous voyons rapidement que les temps d’implantation
deviennent fortement avantageux dans le cas du semis direct, plus que la distance
de transport augmente. Si nous prenons en compte la mortalité le semis direct se
démarque fortement sur une longue distance. L’écart entre l’utilisation des semis en
sacs et le bouturage est faible si nous ne prenons pas en compte la mortalité et est
semblable sans le transport. Ce rapprochement en labeur entre les boutures et les
semis en sacs est dû à la perte de boutures causée par la mortalité plus élevée lors
du bouturage mais aussi après plantation comme vue dans le Tableau 8.
Si nous ajoutons les temps de défrichage et de sarclage pour la première année
d’implantation, nous obtenons sur la Figure 20 des écarts proportionnellement moins
imposants entre les différentes techniques pour une distance de 220 m. Ceci est
principalement causé par le sarclage qui doit être effectué trois fois pendant la
première année d’implantation nécessitant du labeur. Ceci ajoute 5.7 j.h
(jour.homme) /ha par période de sarclage pour un total de 17 j.h/ha par année. La
valeur mesurée est semblable à celle reportée pour l’érection d’un hectare de culture
de café soit 6.9 j.h/ha pour un total de 20,6 j.h/ha par année (Boer, 1998). En
comparaison, le premier sarclage en milpa s’évalue à 12 j.h/ha (Collier, 2012), mais
est probablement plus difficile dû aux semis plus petits. Il ne faut pas oublier que
dans le cas du semis direct avec des graines, notre temps de sarclage est doublé et
atteint 35 j.h/ha pour l’ensemble de l’année d’implantation dû à des périodes de
sarclage supplémentaires en début de croissance. Le sarclage est donc la tâche la
plus importante pour le semis direct alors que le défrichage est pour toutes les
techniques une part importante du labeur. Le temps de défrichage sur le site a été
mesuré à 14 j.h/ha. Cette valeur est semblable aux temps observés pour la
préparation des terres pour la milpa au Chiapas variant entre 10 à 20 j.h/ha (Collier,
2012).
64
Figure 20 : Distribution du labeur en jours hommes par hectare en prenant en
compte le défrichage et les entretiens de la première année d’implantation pour des
distances de 220m et 2500m
Comme vu précédemment, le bouturage et la plantation directe se démarquent de
la plantation de semis en sac lorsque la distance augmente. Pour une distance de
220 m, le temps obtenu pour les semis en sac est 29% plus élevé que le semis
direct, mais seulement 9% que l’utilisation du bouturage. Lors du transport sur une
plus longue distance, les plants en sac sont un fardeau impressionnant et la
technique est 181% plus élevée en temps que le semis direct et 90% plus que le
bouturage. Le transport devient rapidement le plus grand labeur pour cette technique
alors qu’il était l’un des plus petits pour une distance de 220 m. Dans le cas du semis
65
direct, le sarclage demeure ce qui prend le plus de temps ; le labeur n’est pas
vraiment influencé par le transport avec une augmentation de moins de 1% du
labeur. Ces résultats sont intéressants et démontrent que le bouturage de l’Inga
pourrait être avantageux par rapport à l’utilisation de sacs, mais surtout que
l’utilisation du semis direct est une option rapide et efficace. L’utilisation de sacs
semble encore plus dérisoire sur de longues distances. Cet élément nous rappelle
que le semis direct est la seule méthode privilégiée pour la propagation de l’Inga
edulis par les producteurs péruviens (Lojka et al., 2005), ce qui est logique dans
notre cas car les graines peuvent être transportées en un aller-retour. Dans le cas
des boutures, elles sont plus facilement transportables, mais le risque de
dessiccation est grand, ce qui peut diminuer le taux de survie.
Un des aspects que l’on peut oublier en regardant ces résultats est que la quantité
de labeur n’est pas distribuée également dans le temps pour les différentes
techniques. Celle-ci s’échelonne sur une année entière et l’importance du labeur
n’est pas pondérée avec d’autres tâches. L’implantation du système agroforestier
par un petit producteur est en compétition avec les autres tâches qu’il doit accomplir
pour subvenir à ces besoins familiaux. Bien que les trois techniques comportent des
composantes semblables comme la préparation du matériel végétal, le transport, la
plantation et le sarclage, elles diffèrent fortement dans leur étalement annuel du
labeur. La Figure 21 présente l’étalement annuel de l’implantation du système sur
une distance de transport de 220 m, mais aussi celle des principales cultures
vivrières de la région pour un petit producteur maya Kekshi (Wilk, 1984).
66
Figure 21 : Distribution du labeur durant l’année en heures pour l’établissement du
système, comparativement aux différentes cultures agricoles locales (Wilk, 1984)
67
Il est intéressant de voir que la plantation par semence en champ est en compétition
directe avec la culture du maïs alors que l’utilisation du bouturage se retrouve plutôt
en compétition avec la culture du riz. Le maïs est cependant la denrée la plus
importante de la région et il ne faut pas oublier que le système agroforestier étudié
a été conçu entre autres pour la culture de celui-ci (Hands, 1998). Si le producteur
cultive le maïs tout en établissant le système en couloir avec le semis direct nous
obtenons un labeur culminant à 282 heures au mois de mai. Ceci serait difficile sans
aides extérieures importantes pour le petit producteur. Une diminution du labeur
pourrait être effectuée en plantant le maïs et l’Inga au même moment et au même
endroit, ce qui diminuerait le temps de préparation du site et les déplacements.
Cependant il est fortement recommandé de ne pas le faire dû à la compétition pour
la lumière par le maïs qui nuirait fortement à l’Inga (Valle, 2010 ; Hands, 1998).
Des semences sont produites en quantité en février, mais cette fructification se situe
au début de la saison sèche. Cette période n’est pas adéquate pour le semis direct
en champs qui souffrirait fortement de la sécheresse avec le retrait du couvert
végétal exacerbant l’évaporation. Cette disponibilité concorde aussi avec des
travaux pour la culture du maïs. L’établissement du système agroforestier avec des
plants en sacs utilise cette période pour la récolte des semences mais aussi
l’ensachage du substrat et la plantation des graines en pépinière. La surcharge de
travail est cependant plus faible avec un maximum de 188 heures de labeur
survenant en mars si le producteur cultive le maïs.
Le décalage de la production des plantules par bouturage en juin et juillet permet
une moins grande compétition avec les différentes cultures au printemps et en hiver.
Celle-ci demande un temps de labeur maximal ne dépassant pas 163 heures en mai
combiné avec la culture du maïs. Ceci est facilité par la production des boutures en
deux phases consécutives, étalant la période de plantation et de transport. La
production en deux phases successives de propagation permet aussi de diminuer le
nombre de propagateurs et de réduire les coûts. Si nous regardons le bouturage
combiné à la culture du riz, nous obtenons une demande en temps maximale durant
le mois de juillet de 142 heures de labeur. Il ne faut pas oublier que les petits
68
producteurs de la région ont souvent des emplois secondaires au cours de l’année
(Wilk, 1984). La distribution du labeur dans l’année a encore une fois une importance
primordiale si un paysan veut accéder à ces sources monétaires secondaires.
Le labeur est une partie importante de l’implantation mais il ne faut pas oublier que
chaque technique à un coût monétaire pour l’acquisition de matériel. Le coût en
matériaux des différentes techniques à l’essai présenté dans le Tableau 10 a été
calculé à partir de l’achat dans les magasins de distribution agricole et quincailleries
de Punta Gorda en 2015. Les coûts peuvent être facilement ramené en dollars US
en divisant par deux.
Matériel végétal Prix unitaire $BZE (2015) Coût $BZE/Ha
Graines 0.1 250Semis achetés en pépinière 1-1,5 2500-3750
Matériaux de production en pépinière de semis
en sacs Prix unitaire $BZE (2015) Coût $BZE/Ha
Sacs 1l 0.12 300Chaudières 5 10 Total: 310
Matériaux pour production de boutures en polypropagateur
Prix unitaire $BZE (2015) Coût $BZE/Ha
Toile de pvc 0.8mm 10 (1m2) 120Quincallerie (Clous, pentures, joints de coutures) 20Bois 60Tuyau 10Chaudières 5 10Tamis 10 Total: 230
Tableau 10 : Coûts associés au différentes techniques d’implantation
69
La production de semis en sacs se heurte rapidement au coût élevé d’acquisition
des sacs. Il est possible d’utiliser des sacs usagés ou d’autres contenants pour la
production mais la quantité nécessaire pour la culture en couloir est importante et
une diversité de format augmenterait rapidement la complexité de la gestion et du
transport. Le coût d’acquisition d’un plant en sac se situe entre 1$ à 1,5 $BZE.
L’acquisition de plus de 2500 plants est un fardeau indéniable pour un petit
producteur de la région. La fabrication d’un polypropagateur bien que jugée peu
coûteuse se situe tout de même au-delà de 200$BZE. La construction nécessite
aussi des outils comme une scie, un marteau et une perceuse due au bois tropical
très dense. Ceux-ci peuvent être empruntés à d’autres citoyens du village en cas de
besoin. L’implantation par semis direct se heurte au manque de semences dans la
région. Si aucune source informelle est disponible, comme la cueillette, le coût des
grains pourrait se situer autour de 0.1 $BZE. Ce coût a été mesuré par l’acquisition
de gousses d'Inga jinicuil au marché local. Celles-ci se vendent 1,5 $BZE contenant
15 graines, un nombre semblable aux gousses d’Inga edulis utilisées lors des
expérimentations terrains. Inga jinicuil se vend pour la consommation de la pulpe
comme Inga edulis dans la région où il est commun. Cette espèce n'est
malheureusement pas recommandée pour la culture en couloir par sa fragilité à
l'élagage. Il reste que l’achat des semences serait un coût important et montre
l’attrait de la cueillette en milieu naturel et l’importance d’arbres semenciers
disponibles pour les petits producteurs.
70
4.3 Étude des facteurs socioéconomiques
L’échantillonnage s’est déroulé entre le 10 juin et le 10 juillet 2015. Bien que
certaines contraintes provoquées par des inondations ainsi que des tumultes
sociaux aient restreint les déplacements, des petits producteurs de sept villages ont
été rencontrés en entrevue. Les entrevues de forme semi-structurée suivies de
discussions libres ont permis aussi la visite de huit sites de production agricole de
nos participants. Trois ONG locales ont été rencontrées ainsi qu’une rencontre d’un
professionnel avec une ONG internationale basée au Québec. La distribution des
entrevues a permis de couvrir une grande partie du territoire maya de Toledo et la
distribution des entrevues selon les villages est présentée sur la Figure 22. Nous
pouvons y voir aussi les différentes proportions des entrevues selon les groupes
d’âge et les groupes ethniques. Nous avons eu une seule répondante. Ceci reflète
la division des tâches dans la communauté maya où les hommes ont la majorité des
tâches décisionnelles en rapport à l’agriculture.
Figure 22 : distribution des entrevues selon l’ethnie, l’âge et le village
Le contenu des entrevues a été analysé selon quatre rubriques, celles-ci bien que
reliées par la relation entre différents thèmes, sont bien définies. La distribution des
rubriques selon les thèmes est présentée à la Figure 23. La disponibilité du matériel
71
végétal est d’une importance capitale pour la propagation d’une espèce. Cette
rubrique présente la perception des petits producteurs rencontrés quant à leur
facilité à obtenir ce matériel, mais aussi à la disponibilité de sources formelles pour
pourvoir en cas de besoin les graines ou les plants nécessaires. La rubrique
« gestion et tenure des terres » permet d’obtenir un portrait des conflits en temps et
en espace qui pourraient survenir lors de l’implantation du système agroforestier.
La volonté du producteur est plus subtile et découle, entre autres, de ses pratiques
agricoles, mais aussi de la connaissance et de la compréhension de nouvelles
pratiques proposées. Cette rubrique est en forte interrelation avec celle de la
confiance du producteur. Celle-ci est variable vis-à-vis de nouvelles pratiques, mais
aussi des organisations locales qui en font la promotion.
Figure 23 : Distribution des thèmes selon les rubriques étudiées
72
4.3.1 Répondants étant petits producteurs
Un des aspects importants lors de ces entrevues était d’établir les capacités de
production de plantules d’arbres par les petits producteurs. La disponibilité des
plantules pour la plantation passe soit par leur propagation ou soit par leur
acquisition. La majorité des répondants, soit 88%, a déjà fait la production et la
plantation d’arbres et arbustes. Certains l’ont observé et pratiqué uniquement dans
leur famille lorsqu’ils étaient jeunes. Ils sont confiants de leur capacité de produire
des jeunes arbres à l’aide de graines. Ceci implique des connaissances dans le
maintien d’une pépinière artisanale. Le cacaoyer est l’espèce la plus produite par
les producteurs rencontrés, mais plusieurs ont aussi produit des arbres d’ombrage
et d’accompagnement comme l’acajou (Swietenia macrophylla) et le cocotier (Cocos
nucifera). Les arbres pour la production de bois semblent privilégiés alors que les
fruitiers autres que le cacaoyer sont rarement mentionnés. La culture du cacao est
en plein essor dans la province de Toledo et principalement dans les communautés
mayas (Emch, 2003). La majorité a désigné la production de jeunes arbres à l’aide
de sacs comme étant la technique à utiliser comme observé sur la Figure 24. Selon
eux, ils peuvent mieux s’occuper des jeunes arbres et aussi les protéger des
ravageurs comme l’agouti. Cependant, plusieurs ont spécifié qu’ils utilisent aussi la
plantation directe avec des semences. Cela est plus rapide selon eux et la plantation
de plus d’une graine permet ensuite de sélectionner les meilleures pousses.
73
Figure 24 : Activités agricoles et techniques envisagées pour la production de jeunes
arbres
La principale source de semences est différente selon les pratiques agricoles. Pour
les cultures vivrières, la source des semences repose sur l’autosuffisance du petit
producteur qui garde une partie de sa récolte. Dans le cas du maïs au Bélize, il a
été observé que 87% des producteurs utilisant leurs propres semences ont utilisé la
même lignée sur une période de 16,5 ans en moyenne (Bernstein et Herdt, 1977).
En cas de surplus ou de besoin, 76% des producteurs semblent enclins à échanger
ou partager leurs semences, surtout au sein de leur communauté. Dans le cas de la
production d’arbres, la récolte de semences en milieu naturel est commune et
presque tous vont chercher des semences ‘’in the bush’’, soit dans les forêts
environnantes, comme présenté sur la Figure 25. Ces résultats concordent bien
avec ce qui est observé dans divers ouvrages, soit que les sources informelles de
semences sont beaucoup plus privilégiées chez les petits producteurs (Cornelius et
al., 2010). La présence d’un bon couvert forestier et d’une grande réserve forestière
dans la province de Toledo permet, comme dans la province de Cayo, d’obtenir un
couvert forestier au-delà de 70% en 2010 (Cherrington et Ek, 2010). Ce couvert
forestier permet encore la récolte en territoire naturel de la majorité des espèces
74
recherchées par les petits producteurs. Selon les répondants, les petits producteurs
ont accès à un nombre adéquat de semences et n’ont donc pas besoin de s’en
procurer ailleurs.
Figure 25 : Provenance et partage des semences utilisées
Cependant, l’attrait des plants améliorés pour la production de cacao est bien
présent surtout chez les producteurs associés à la coopérative TCGA. Ceux-ci font
l’achat de plants greffés et de semences améliorées à l’aide de prêts par la
coopérative. Ceci est beaucoup plus important dans les cas des entrevues avec des
producteurs cultivant majoritairement du cacao. Dans le cas de ceux récoltant eux-
mêmes leurs semences de cacaoyer, ceux-ci semblent moins enclins à partager
leurs semences et préfèrent protéger la capacité de leurs meilleurs arbres
producteurs.
Peu de répondants connaissent des sources de semences et de plants formelles,
bien que des pépinières et certaines ONG locales en produisent dans la province.
Un aspect intéressant est que l’un des participants a mentionné qu’avant
l’indépendance du Belize en 1981, il y avait une meilleure disponibilités d’essences
dû à la présence de pépinières gérées par l’État. Il reste que des pépinières
75
commerciales existent à Toledo dont l’une offrant une grande variété à Hellgate,
mais aussi à Stan Creek et Springfield, dans les provinces voisines. Elles ne sont
pas mentionnées ou connues par les répondants. Elles ne sont cependant pas
accessibles sans un moyen de transport motorisé.
Les pratiques agricoles de nos différents participants sont variées. La majorité
d’entre eux cultivent le maïs, mais aussi le cacao. Peu de répondants ont des
activités agricoles reposant sur une seule espèce, mais certains se sont spécialisés
ou favorisent fortement un type de culture, principalement vivrière. Le maïs est
cultivé en majorité sur brûlis et l’utilisation de légumineuses arborées ou herbacées
a été mentionnée par trois des participants pour l’amélioration des rendements. Le
cacao semble être l’activité principale pour l’obtention de revenus. Cependant,
d’autres denrées comme la noix de coco pour la production d’huile, les courges à
graines nommées localement ‘’Pepitos’’ ainsi que le café sont aussi cultivés pour la
vente. La culture du maïs, du riz, des fèves et des courges est majoritairement de
subsistance et n’est pas pour la vente. Ceci reflète bien les pratiques régionales
dans la littérature (Wilk, 1984). Il reste que la distribution dans le temps de ces
pratiques peut se mettre en conflit avec l’implantation du système agroforestier en
couloir comme il a été observé dans la section 4.2.
L’aspect le plus important ressortant des entrevues est que bien que les répondants
aient désigné la production de plantules en sac comme étant la meilleure technique
pour obtenir des plants vigoureux d’arbres, ils ont en majorité désigné la plantation
directe de semences comme la technique qu’ils utiliseraient pour l’érection de ce
système. Cette polarisation a été drastique dans certains cas, indiquant que cela
serait impossible à effectuer en utilisant des sacs. La raison stipulée est la distance
à parcourir pour arriver aux endroits propices à la culture du maïs. La distance
associée à l’absence de moyens de transport pour se déplacer, autres que la
marche à pied ou la pirogue dans certain cas, rend le transport des semis en sacs
très ardu. Une réponse résumant ce fait par un de nos participants étant : ‘’ Cela me
prend deux heures de marche pour me rendre à ma parcelle de culture de maïs‘’,
implique que le transport de plants d’Inga en sacs serait fort difficile, voire
76
improbable pour la plupart de nos répondants. L’augmentation de la distance des
champs de maïs a été influencée par la démographie nécessitant une augmentation
des superficies agraires, mais aussi la transformation de champs adjacents aux
villages pour la culture du cacao ou les pâturages. La transformation des terres
avoisinant les villages est la principale source de déforestation des zones naturelles
dans la région (Emch et al, 2005). Les petits producteurs rencontrés ont en fait une
maison dans le village et un lieu de culture à l’extérieur de celui-ci. Un répondant
ayant des terres cultivées avoisinant sa maison indique qu’il ferait la propagation
dans des sacs comme il le fait avec le cacao. Ce répondant avait plus de mille plants
de cacaoyer en pépinière pour implanter proche de sa maison. Ceci démontre la
capacité de certains répondants de produire une grande quantité de plants.
Dans le cas d’un système comme la culture en couloir avec l’Inga, certains
répondants sont au courant du système et de sa promotion par certaines ONG
locales. Quelques-uns d’entre eux ont visité le site de démonstration présent au
MMRF ou ont participé à une rencontre d’information avec Ya’axche faisant un projet
pilote bordant des aires protégées. La réception du système par les producteurs
ayant connaissance de celui-ci est diverse, passant d’un intérêt vis-à-vis les sites de
démonstration pour en voir les résultats, de l’expérimentation personnelle avec une
espèce locale ou le déni de la technique la qualifiant de folie. Il est reconnu que
l'ouverture individuelle du fermier à l'agroforesterie est cruciale au succès de projets
d'agroforesterie (Lutz, 1998). Bien que la majorité des petits producteurs rencontrés
cultivent des systèmes agroforestiers, une appréhension vis-à-vis du système
découle de la quantité d’arbres à l’hectare. Une seconde appréhension est la
présence de techniques efficaces d’amélioration de la production du maïs ayant déjà
été en promotion auprès d’eux, comme l’utilisation de rotation de légumineuses
comme Mucuna pruriens. Le fait de changer une pratique qui vient d’être améliorée
peut-être un élément dissuasif évident. Surtout que la rotation avec Mucuna pruriens
est une solution moins coûteuse et moins compliquée pour améliorer la récolte de
maïs. Cela montre que bien que la capacité technique de produire des plantules
d’arbres semble acquise chez les répondants, l’effort supplémentaire pour l’érection
du système en couloir semble être un effet dissuasif.
77
Il est intéressant d’observer que sur les sites agricoles visités, la morphologie des
plantations est différente de la vision occidentale de l’agriculture qui est beaucoup
plus géométrique et ordonnée. La plantation en rangs est presque inexistante, la
densité fluctue selon la topographie et les parcelles sont de formes diverses. La
plantation s’effectue par la création de petite dépression à l’aide d’un bâton où une
demi-douzaine de semences sont déposées (Bernsteain et Herdt, 1977). Ceci
découle de la pratique de l’agriculture sur des terres marginales ou sur des pentes
abruptes. Cependant, cela n’empêche pas certains producteurs rencontrés d’utiliser
des techniques semblables à la culture en couloir.
À la suite d’une session d’information quelques années auparavant, l’un des
répondants a décidé de faire la taille d’une espèce d’Inga locale sur une plaine
alluviale et d’y faire sa production de maïs. Dans ce cas, les Ingas étaient déjà
présents sur le site, mais il en a favorisé la propagation en protégeant les nouvelles
pousses pour produire ensuite plus de paillis. Un second producteur rencontré fait
la culture du maïs en combinaison avec Gliricidia sepia dû au fait qu’il a remarqué
que la production était meilleure le long de ces haies vives de cette espèce qu’il taille
à chaque année. Il a ensuite ajouté des arbres par pieux vivants issues de ses haies
pour améliorer sa production et en fait la taille précédant le semis du maïs. Il ne
pense pas y planter des Ingas car Gliricidia sepia se propage facilement avec des
pieux vivants. Le fait de se tourner vers des espèces locales est intéressant, mais
reflète aussi que les sources de semences disponibles sont principalement les
territoires naturels de la région. Une plus grande confiance envers les espèces
locales est courante et facilite souvent l’acceptation d’un nouveau système
agroforestier. Les sources informelles de semences peuvent pourtant être
adéquates, tant que les espèces visées sont accessibles sur le territoire et non
surexploitées par coupe sélective (Weber et al. 2001). Dans le cas de l’espèce Inga
edulis, cette espèce est absente du territoire. Pourtant le genre Inga est présent sur
le territoire et est connu pour ses qualités de bois de feu (Lemckert et Campos,
1981). Les espèces locales sont exploitées dans ce sens au Belize. La recherche
d’espèces locales d’Inga compatibles pourrait en améliorer la disponibilité informelle
pour pourvoir à l’érection du système par les petits producteurs dans la région.
78
Les organisations locales connues par les petits producteurs sont principalement
celles ayant le plus d’activités dans leurs communautés respectives. La TCGA ayant
une plus grande importance dans les communautés Mopan alors qu’un organisme
comme Ya’axche y est peu connu, car plus actif à l’est dans les communautés
kekchi. Ceci démontre la portée restreinte des organisations sur le territoire et près
de 35% des répondants ne connaissaient pas d’organisation active sur leur territoire
autre que le TCGA. Pourtant, plusieurs répondants estiment que des formations sont
des services importants offerts par les ONG locales et une augmentation de la
disponibilité de formation serait appréciée. Dans la littérature, l’apport des ONG peut
exister sous diverses formes, mais une aide sur le long terme semble d’être une
importance majeure sur la pérennité des systèmes agroforestiers issus d’un
programme d’adoption. Souvent les suivis des programmes lorsqu’ils existent, sont
légers et principalement axés sur les préoccupation opérationnelles (Scherr et
Muller, 1991b ; Current et al., 1994; Lutz et Scherr,1995). On accorde trop souvent
une faible priorité à l'extension avec peu d'investissement réel et une mise en œuvre
avec un personnel non formé dans des techniques de communication (Glendinning
et al., 2001). Pourtant dans plusieurs projets, beaucoup de fermiers ont estimé que
l'aide technique et la formation étaient insuffisantes et qu'ils auraient profité de plus
de visites de contrôle (Fisher et al. 2002). Il reste que la méfiance envers de
nouveaux programmes est stipulée dans quelques entrevues, qualifiant parfois
ceux-ci de ‘’false talking ‘’. L’impression existe aussi que de participer à de nouveaux
programmes n’est pas nécessairement avantageux. Dans le cas de la culture en
couloir, la nécessité de preuves concrètes d’amélioration est stipulée par la plupart
des répondants et la démonstration du système en promotion est recommandée
avant toute chose.
79
4.3.2 Répondants professionnels
Dans le cas des entrevues avec des professionnels, soit d’organismes locaux ou
international, certaines disparités existent. Les professionnels rencontrés étaient
issus d’organisations bien différentes. L’une œuvrant pour la conservation (Ya’axche
conservation trust), l’une dans la promotion de la permaculture (MMRF), la troisième
est un regroupement de producteurs (TCGA) et la dernière, une ONG internationale
œuvrant avec les producteurs agricoles (SOCODEVI).
Dans le cas des organismes locaux, selon un professionnel d’une organisation de
producteurs comme le TCGA, l’optique économique est plus importante alors que
pour une organisation de conservation comme Ya’axche, les pratiques agricoles
sont plus axées sur la protection des territoires naturels par la création de zones
tampons. La culture en couloir avec l’Inga edulis devient alors un outil pour la
conservation, mais qu’en est-il du petit producteur à l’extérieur des zones visées par
celle-ci ? La protection contre les feux hors contrôle lors des brûlis est un point
important apporté par le MMRF et Ya’axche pour la raison d’adopter ce système. De
nombreuses plantations de cacao ont été détruites au cours de la dernière décennie
par ce fléau et les zones de conservations sont menacées par les feux égarés. Ceci
devient alors un intérêt pouvant rassembler toutes les organisations sur le territoire.
Toutes les organisations locales rencontrées possèdent aussi une pépinière
desservant leurs membres participants. Celles-ci opèrent soit par la vente de plants,
soit par la distribution gratuite lors de programmes d’extension rurale ou de
conservation. L’échange de semences entre différentes sources informelles semble
être le moyen d’obtenir la majorité des essences produites dans les ONG.
L’acquisition de semences d’arbres élites chez des producteurs est aussi pratiquée.
Cependant pour les organisations de producteurs de cacao comme le TCGA, le
CATIE est une source de plants améliorés et ceux-ci peuvent être vendus aux petits
producteurs par des prêts Kiva remboursés ensuite par la production de cacao. Cela
s’applique que dans le cas des cacaotiers pour l’instant.
80
Dans le cas de l’Inga edulis, la disponibilité des semences est plus problématique
car lors des entrevues, la seule source de graines d’espèces compatibles connue
pour la culture en couloir était le verger à graine du MMRF qui ne possède que
quelques arbres matures. Cependant, la recherche d’espèces locales compatibles
était en cours en 2016 pour la production de plants en pépinière par l’une des
organisations faisant la promotion. Cette absence de sources formelles adéquates
ou informelles de graines d’Inga edulis ne semblait pas concerner outre mesure les
promoteurs du programme. La promotion se faisait en partie par des fonds obtenus
par subventions et la production des plants dans ce cas était gratuite ainsi que leur
distribution.
Divergeant sur cette question, certains professionnels rencontrés sont en désaccord
avec la distribution gratuite car cela ne permet pas un investissement personnel du
producteur obtenant les plants. Ce manque d’investissements risque à court ou à
long terme de donner lieu à un laisser-aller et au dépérissement de la plantation ou
même à l’abandon des plants avant leur plantation. Ceci est aussi observé
largement dans la littérature lorsque la culture en couloir et des haies vives sont
mises en œuvre avec des subventions de projet. Souvent, les structures établies ne
sont pas correctement gérées quand les fonds de projet sont terminés (Pierre et al.,
1995). Le travail avec un regroupement de producteurs ou une communauté serait
un avantage inhérent pour augmenter la volonté et les capacités des participants
selon nos répondants professionnels. Bien souvent les petits producteurs n’utilisent
uniquement que les ressources disponibles dans leur communauté et ne peuvent
ou ne cherchent pas de ressources extérieures. L’installation de pépinières dans
certaines communautés est une option intéressante et est déjà en essor.
Il est certain que la capacité de produire des plantules est différente dans le cas
d’une organisation où la présence de salariés et de moyens de transport transforme
certaines tâches difficiles en quelque chose d’accessible et rapide. Prenons par
exemple le transport des plants sur un site de plantation. Dans le cas de
l’organisation, des salariés avec un camion transportent les plants alors que si l’on
demande ce que ferait un petit producteur, l’outil proposé devient un seau, une
81
brouette ou peut être un cheval. Certains ont proposé l’autobus comme moyen
possible de transport. L’autobus pourrait être utile lors de l’achat de plants ou de
semences dans une pépinière. Il ne serait pas nécessairement utile lors du transport
sur le site de la plantation qui est rarement accessible par véhicule.
La présence de différentes pépinières sur le territoire autres que celles gérées par
leurs organisations est mentionnée, comme celle de Springfield gérée par les
Mennonites de Stan Creek ou certaines pépinières communautaires dans plusieurs
villages. La promotion de pépinières gérées par les petites communautés est perçue
comme une solution pour la production de plants par les répondants et semble être
la solution envisagée à plus long terme. Cependant, les efforts individuels semblent
être beaucoup plus difficiles selon eux dans le cas d’une grande quantité d’arbres.
Dans le cas échéant, la vente d’arbres pour environ 1,5$BZE est une option
envisagée. Ceci donnerait un coût d’érection de 3750$BZE par hectare dans le cas
de la culture en couloir, quelque chose de très lourd sans financement pour les petits
producteurs.
82
4.3.3 Résumé des similarités et divergences
Il est certain que pour les rubriques et leurs thèmes associés, certaines
ressemblances et disparités dans les réponses ont été observées selon la nature
des répondants. Le Tableau 11 présente un résumé des points de vues sur les
différents thèmes découlant des entrevues.
Pour la majorité des répondants professionnels et producteurs, les petits
producteurs ont la capacité de produire des plants d’arbres par eux-mêmes. La
plupart d’entre eux ont produit des plants en sac ou planté des arbres sur leurs terres
ou celles de leurs pères. Cet aspect très important implique que la capacité de
produire des plants par les petits producteurs existe et peut-être mise à profit pour
l’érection d’un système comme la culture en couloir. Des visions optimistes et
pessimistes de la question sont véhiculées, mais tout semble passer par la volonté
du producteur à choisir ce système. De la part des répondants professionnels, la
distribution de plants semble importante dans tous les cas, qu’elle soit gratuite ou
non. Ceci diverge des besoins émis par les répondants producteurs qui demandent
beaucoup plus de soutien technique alors qu’ils se disent aptes à obtenir les
semences et produire les plants dont ils ont besoin. Cependant, le nombre de plants
nécessaires pour l’érection de la culture en couloir peut rendre la tâche plus difficile.
Le temps pour effectuer cette production serait cependant moins élevé pour le
producteur si elle est accomplie à l’aide d’une pépinière communautaire. L’érection
d’une telle pépinière engendre cependant une gestion et des coûts qui doivent être
prise par la communauté.
La confiance envers les organisations locales est bonne, surtout lorsqu’elles
apportent des avantages évidents comme pour le cacao avec la collecte chez
l’agriculteur effectué par le TCGA, ou la disponibilité de semences améliorées et de
plants greffés. Dans le cas de la promotion de nouvelles pratiques, les différentes
ONG devront être plus active car l’information divulguée ne semble pas être
homogène ou connu sur l’ensemble du territoire. Comme vu précédemment, la
démonstration que le système agroforestier fonctionne est un facteur clé et presque
83
inévitable. Pour que de petits cultivateurs dans les pays en voie de développement
adoptent des techniques d'agroforesterie, ils doivent être convaincus que les
avantages de telles innovations excèdent les coûts (Hosier, 1989). Dans le cas des
organisations présentes, la perception plus large et l’accès à des sources
extérieures permet d’accéder à ce type d’information. Dans le cas des petits
producteurs, une vision directe du fonctionnement du système est nécessaire et ce,
dans leur communauté ou lors d’une formation sur un site adéquat. Le choix par
Ya’axche de la promotion in situ chez certains petits producteurs du système ou la
promotion à l’aide d’un site de démonstration extérieur par le MMRF montre que les
organisations locales comprennent cette situation.
Le côté financier est faiblement divulgué car la plupart des répondants producteurs
ne penseraient pas payer pour un si grand nombre de plants alors que certaines
organisations voient l’utilisation de subvention pour leur production comme un
besoin, du moins au début de la promotion du système. Le dosage des coûts
d’investissement semble être un facteur à double tranchant. Bien qu’il ait été observé
que les incitations financières et des subventions ne puissent pas, en fait, être
nécessaires pour l'adoption (Lutz, 1998) et que le fait d’investir montre un intérêt
pour la continuité, les petits producteurs devraient prendre part à l’investissement.
En conséquence de leurs contraintes financières, plusieurs fermiers ne voulaient
pas prendre des risques sur une activité exigeant un investissement à long terme
avec les avantages qui leur sont toujours non prouvés (Fisher et al., 2002).
L’investissement semble donc être un aspect important et la présence de dons n’est
pas garant de réussite. La précarité rurale implique une insécurité alimentaire et
financière. Il est observé dans la littérature que le maintien de pratiques non
adéquates, mais permettant la survie, est bien souvent retenu par crainte de ne pas
obtenir le strict minimum pour la famille. Ainsi, pour que l'agroforesterie s’étende
avec succès, cela doit être économiquement rentable aux petits cultivateurs qui la
pratiquent (Hosier, 1989). Dans le cas présent, plusieurs de nos petits producteurs
travaillent pour subvenir à leurs besoins diminuant la capacité de s’investir en temps
et montre une précarité monétaire. Un revenu de base ne peut pas être fourni par la
culture de subsistance, ce qui est probablement un facteur de l’émergence
84
importante de la culture du cacao comme culture commerciale par les petits
producteurs de la région.
La situation foncière est un thème pratiquement omniprésent en milieu tropical dans
les pays en développement. Bien que peu de commentaires ressortent des
entrevues sur ce point chez les petits producteurs, les problèmes découlant de la
tenure des terres forment un élément dissuasif selon les professionnels rencontrés
sur le terrain. Ceux-ci indiquent que l’absence de droit clair est un frein pour
plusieurs petits producteurs pour investir sur leurs terres. Les fermiers sans droit
clair sur leur terre, les locataires, les squatters ou les résidents de terres qui sont
sous juridiction de réserve forestière ou de protection, se frappent à des obstacles
substantiels pour l'agroforesterie (Lutz, 1998). L’investissement à long terme sur des
terres ne leur appartenant pas peut donc être un frein beaucoup plus important que
la capacité de produire les plants. L’insécurité foncière fait en sorte que l’agriculture
à court terme sur brûlis est le choix le plus logique dans la région, dû au fait qu’elle
offre un rendement rapide sur l’investissement en temps (Steinberg, 2010). Pour
plusieurs répondants, les cultures sont pratiquées sur le territoire agricole de leur
père, ce qui peut être un problème à long terme avec une augmentation
démographique mettant de plus en plus de pression agricole sur un territoire
restreint. La transformation des pratiques passerait probablement par un processus
familial et communautaire.
85
Disponibilité du matériel Thèmes Petits producteurs Professionnels Méthode de plantation
La meilleure façon de produire est d’utiliser des sacs pour faire croître les plants avant de les transférer en champ. Pourtant cette technique est vite mise de côté dû au transport et de l’effort nécessaire lors de la plantation d’un grand nombre de plants pour la culture du maïs. Dans ce cas le semis direct serait ce qu’ils utiliseraient en majorité.
L’utilisation de plants en sac est privilégiée dû au meilleur taux de succès et la présence de pépinières gérées par une ONG. Des détails parfois simples passent inaperçus comme le labeur plus élevé dans le cas de l’utilisation de plants en sacs par les répondants locaux. Le répondant de l’ONG internationale a un avis différent que bien que les plants en sac sont plus endurants, le fait de creuser des trous plus gros que pour des graines ou transporter les plants peut être problématique.
Disponibilité d’une source formelle
Les petits producteurs se sentent autosuffisants en semences et en trouver un nombre adéquat ne semble pas un problème. Il y a un aspect économique aussi à ne pas avoir besoin d’acheter les semences et plusieurs ne semblent pas enclins à rechercher des sources formelles. Une exception est l’attrait de semences améliorées pour le cacao. L‘accès à des micro-prêts auprès d’associations comme le TCGA, facilite l’achat de semences améliorés surtout avec la promesse d’un potentiel de production de plus grande.
Les ONG locales veulent devenir la source formelle pour l’Inga edulis. Ils sont en fait les seuls dans la région produisant cette espèce lors de cette étude. La production en pépinière et la vente de plants est l’avenue principale mentionnée, soit pour diminuer le labeur des petits producteurs, soit pour s’assurer de la qualité des plants. Les coûts des plants pour les producteurs seraient diminués soit par la présence de subventions ou par un don de l’ONG pour un petit nombre de plants dans le but de faire un verger à graines. Pour la disponibilité à grande échelle suivant le programme initial, ils prévoyaient de trouver des variétés compatibles dans d’autres régions du Belize et y recueillir les graines. Ces graines seraient alors disponibles pour produire des plants dans leur pépinière pour la vente ou la distribution. Le répondant de l’ONG internationale indique que même si ces sources sont présentes, elles ne sont pas nécessairement accessibles par le petit producteur. Dans chaque région, ces thèmes ne peuvent être pondérés de la même façon et même si le matériel végétal est disponible, d’autres contraintes matérielles peuvent freiner le petit producteur.
Tableau 11 : Résumé du corpus selon les thèmes et rubriques retenues
86
Disponibilité du matériel Thèmes Petits producteurs Professionnels Établissement et maintien d’une pépinière
Les participants se sentent aptes à produire des plants eux-mêmes dans une pépinière de petite échelle. Plusieurs ont déjà produit des plants.
La création de pépinières coopératives serait une option selon un répondant pour diminuer le poids sur les petits producteurs. Toutefois, une gestion communautaire si elle n’est pas régie par une structure n’est pas vouée au succès selon lui. Le TCGA est un bon exemple dans la région et construisait une pépinière communautaire pour la production de plants de cacao dans la région lors de cette étude. Le fait que les producteurs pourraient prendre eux-mêmes en charge la production des plants ne fait pas l’unanimité chez nos répondants.
Distance à parcourir pour obtenir le matériel végétal
Les semences utilisées par les petits producteurs semblent faciles d’accès, soit dans les boisés proches ou tout simplement chez leurs voisins. Dans le cas de l’Inga, les variétés locales semblent bien connues et disponibles. Les sources formelles étant à l’extérieur des communautés, elles semblent beaucoup moins accessibles et méconnues par les répondants. La présence de pépinières dans la région et l’absence de petits producteurs les utilisant en est la preuve.
Les ONG visent la distribution des graines soit par visite sur leurs sites de démonstration, soit par la participation à un programme ou par la vente. Le fait que les répondants doivent se déplacer peut engendrer des difficultés selon un répondant. Rares sont les producteurs qui possèdent un moyen de transport pouvant convenir au déplacement d’un grand nombre de plants. Une option proposée est la distribution de quelques graines permettant aux petits producteurs d’avoir leurs propres productions de semences. Mais il n’y a pas de consensus entre les répondants.
Suite Tableau 11 : Résumé du corpus selon les thèmes et rubriques retenues
87
Gestion et tenure des terres Thèmes Petits producteurs Professionnels Disponibilité de la main d’œuvre
Une partie des répondants ont indiqué qu’ils travaillaient à plein temps au village ou à l’extérieur de celui-ci. Ils reviennent en fait faire la cueillette du cacao ou la préparation des champs lors de la période de l’année le requérant. La disponibilité semble donc restreinte pour plusieurs. Certains émettent qu’ils n’auraient pas le temps d’ériger un tel système. Certains voient la possibilité de faire le système avec l’aide d’autres producteurs sous la forme de ‘’Host working’’, où les heures sont rendues par la suite aux participants au cours de l’année.
Ce sera aux producteurs de trouver les moyens nécessaires si les fonds des subventions s’épuisent. Des secteurs subventionnés sont donc priorisés et la promotion s’effectuera par les résultats obtenus par les premiers participants. Ayant des buts précis pour l’utilisation de ce système, l’érection de celui-ci est donc un moyen pour certaines ONG d’accomplir leur mission. Soit pour la conservation de milieux naturels ou pour une amélioration nécessaire due au problème démographique arrivant à l’horizon diminuant la disponibilité de nouvelles terres.
Problématiques foncières
L’expansion de leurs fermes ou l’accessibilité de nouvelles terres ne semble pas problématique par nos répondants. Plusieurs utilisent la terre de leur père. La privatisation sur le territoire Maya était cependant un sujet chaud en 2015 amenant nombreux questionnements et débats.
La situation foncière est un thème pratiquement omniprésent en milieu tropical. Les professionnels indiquent qu’il n’a pas de gestion foncière proprement dite dans plusieurs communautés. Selon certains, beaucoup de questions foncières pourraient limiter l’adoption sur un terrain ne les appartenant pas et où ils pourraient se faire évincer dû aux investissements nécessaires.
Aides en agronomie d’une ONG
L’aide attendue est formative et technique. Les répondants n’ont pas stipulé vouloir en premier lieu du matériel ou des plants gratuits. Une facilitation pour la vente de leurs produits comme le cacao est un avantage véhiculé par plusieurs d’entre eux. Le fait qu’ils n’ont pas à se déplacer en raison du fait que leurs organisations de producteurs respectives viennent chercher leur production est énoncé par plusieurs. Ceci démontre les difficultés de transport dans la région.
L’aide offerte est diverse, comme la facilitation pour la mise en marché, la formation technique et la disponibilité de sites de démonstration. Un aspect qui revient est l’accès à des subventions pour des programmes visant les communautés. Bien que certaines subventions visent plus d’autres missions que celle d’aider les petits producteurs, la promotion de l’agroforesterie est omniprésente car elle conjugue des besoins respectifs. Le temps d’établissement d’un système agroforestier qui se passe sur plusieurs années avant de faire ses preuves, implique cependant une aide à long terme.
Suite Tableau 11 : Résumé du corpus selon les thèmes et rubriques retenues
88
Besoins familiaux
Faire de l’argent est un point important découlant des types de cultures rencontrées. Le cacao est la production commerciale principale de nos répondants. Certains travaillent aussi pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Le système est proposé comme une solution à long terme améliorant la vie des petits producteurs l’utilisant par l’accès au bois de feu et à une production stable. Toutefois il est perçu par d’autres comme un outil de protection des zones de conservation agissant comme zone tampon stable et non anarchique comme la culture sur brûlis largement utilisée. Dans tous les cas il est reconnu que pour que le système s’étende avec succès, cela doit être économiquement rentable aux petits cultivateurs qui le pratiquent.
Volonté du producteur Thèmes Petits producteurs Professionnels Changement des habitudes agricoles
Les changements de pratiques agricoles semblent basés sur la croissance de la culture du cacao et la vision d’expansion de cette culture dû à l’accès au marché et la possibilité de vendre facilement sa production. Dans le cas du maïs, quelques-uns se questionnent à savoir pourquoi il faudrait changer ce qui fonctionne déjà selon eux.
Le fait de travailler avec des écoles et dans les communautés apporte confiance aux différentes ONG qu’il est possible de changer les habitudes. Les ONG voient cependant un besoin de plus en plus pressant que la culture sur brûlis soit mise de côté, certains parlent même de forcer des législations.
Investissement monétaire
Peu de producteurs rencontrés semblent enclins à débourser pour la production de plants ou leur acquisition. L’achat de semence de cacao amélioré est énoncé mais la prise d’un prêt d’environ 20$ pour l’acquisition d’une vingtaine de semence de cacao indique la précarité financière dans la région. Certains répondants attendent la production de semences de quelques plants améliorés achetés pour en produire d’autres. Les sources informelles et la production de plants sur leur ferme sont privilégiées. Et même dans ce cas, certains ont pointé le coût des sacs pour produire les plants.
Différentes visions s’affrontent entre le besoin que les petits producteurs investissent pour que les changements s’opèrent et que l’action doit être entreprise avec l’aide de subvention extérieure. La disponibilité de micro prêt est véhiculé par l’ensemble des répondants montrant que ceci pourrait être une avenue intéressante. Il reste que l’étendue des coûts pourrait être imposante dans le cas de l’acquisition de milliers de plants des ONG pour une agriculture du maïs axée pour la subsistance.
Suite Tableau 11 : Résumé du corpus selon les thèmes et rubriques retenues
89
Confiance du producteur Thèmes Petits producteurs Professionnels Confiance vis-à-vis le promoteur d’un programme
La confiance semble établie avec les coopératives de producteurs comme le TCGA qui possède des officiers d’extension dans la plupart des villages. Cependant, les ONG ne faisant pas partie intégrante des activités agricoles des producteurs, elles semblent détachées selon eux de leur réalité. Certains ont appris l’existence du projet par le bouche-à-oreille, d’autres par la radio supposant que l’accessibilité de l’information n’est pas du tout égale sur le territoire étudié.
La promotion se fait par public cible selon le territoire à protéger ou par la participation à des formations souvent sur le site de l’organisation. L’accessibilité est donc hétérogène mais il y a un accent important sur le fait de travailler avec les communautés et non d’instaurer unilatéralement des directives.
Confiance au système de production
Bien que certains aient commencé à expérimenter la technique, la plupart attendent des résultats concrets et palpables de celui-ci avant de se prononcer sur le bienfait du système en couloir avec l’Inga. Peu de temps avant la promotion du système en couloir, des solutions alternatives avaient déjà été proposées pour améliorer la culture du maïs par le ministère de l’agriculture. Certains répondants se posaient des questions au sujet de qui croire exactement.
Les sites de démonstration sont une approche intéressante pour permettre de visualiser les étapes à suivre, les avantages, le labeur et l’aspect pécuniaire d’un système agroforestier. Le fait que ces sites existent sur le territoire et d’autres étaient en érection chez des producteurs peut donc à court ou moyen terme qu’augmenter la confiance vis-à-vis le système. L’importance de la démonstration est un lien commun avec l’ensemble de nos répondants.
Suite Tableau 11 : Résumé du corpus selon les thèmes et rubriques retenues
90
4.4 Intersection entre résultats, techniques et pratiques locales
Les trois dernières portions des résultats ont porté sur différentes facettes des
facteurs influençant l’établissement du système de culture en couloir avec l’Inga
edulis par les petits producteurs du Bélize. Celles-ci qui reposent principalement sur
l’accessibilité et la capacité de production des plantules nécessaires à son
établissement. Plusieurs techniques de production de plantules d’Inga ont été
testées ainsi que l’établissement du système avec ces différentes sources de
plantules. Les interactions de ces procédures avec le milieu physique et humain a
aussi été abordé.
Différentes hypothèses ont été émises sur les techniques de production de
plantules, mais surtout sur la possibilité de produire des plantules d’Inga edulis par
bouturage. Celle-ci était basée sur le fait que l’Inga edulis pourrait se comporter de
la même façon qu’une autre espèce du même genre, Inga feuillei. Les résultats
obtenus confirment qu’Inga edulis possède une bonne capacité pour le bouturage
semi-ligneux avec des taux fort satisfaisants pour la majorité des traitements.
Dans le cas des différents traitements à l’étude, il a été observé que l’auxine
améliore sensiblement le gain en surface racinaire, le nombre de racines, mais aussi
la ramification de celle-ci. La nature de l’enracinement ne diffère pas
significativement selon le diamètre, mais principalement par la présence ou
l’absence d’application d’auxine.
Son effet est cependant différent dans le cas du pourcentage d’enracinement où elle
influence significativement la réussite de l’enracinement des boutures de plus grand
diamètre, mais pas celle de faible diamètre. Les boutures de plus faible diamètre
présentent une meilleure moyenne d’enracinement pour l’ensemble des traitements
et sont donc à privilégier en cas d’absence d’auxine. Ces résultats impliquent que
même si Inga edulis montre de bonnes capacités pour le bouturage, l’application
d’auxine est un avantage pour obtenir une plus grande quantité de plants de qualité.
Ceci contredit les hypothèses stipulant que l'utilisation d'auxine n'améliore pas
91
significativement la réussite de la propagation végétative de l’Inga edulis lors de
l’utilisation d’un propagateur sans brumisation, selon le pourcentage
d’enracinement, et le gain en surface racinaire.
Dans le cas des substrats à l’étude, il fut observé que le taux d’enracinement d’Inga
edulis est semblable dans le sable grossier pur qu’avec du sable et du matériel
organique comme les balles de riz ou la sciure de bois. Ceci contredit l’hypothèse
qu’un substrat combinant matière organique et sable grossier offre le meilleur
rendement pour la propagation de l’Inga edulis. Qui plus est, le sable grossier permet
d’obtenir des caractéristiques racinaires égales ou significativement supérieures aux
mélanges comportant une composante organique pour la surface racinaire, le
nombre de racines et le nombre de fourches. Ceci diminue la complexité du substrat
et permet d’avoir un substrat ayant des caractéristiques plus stables vu sont
imputrescibilité.
L’utilisation du bouturage en poly-propagateur sans brumisation permet une
diminution des coûts lors de l’implantation d’un système agroforestier en couloir avec
l’Inga edulis vis-à-vis de l’utilisation de sacs en pépinière, principalement pour ceux
relatifs à la main d’œuvre. Ceci valide en partie l’hypothèse énoncée, mais les coûts
engendrés par l’achat du matériel nécessaire à sa construction et la complexité
associée à la production sèment un doute sur son application chez les petits
producteurs. De plus, le temps et le coût sont plus élevés que l’utilisation des
semences en plantation directe. Il est certain qu’une bonification des pratiques en
propagateur pourrait diminuer les taux de mortalité lors du bouturage ce qui pourrait
rendre la technique plus proche de l’utilisation du semis direct comme observé lors
de l’analyse des résultats en faisant fi de la mortalité. Des plans et formations
seraient probablement nécessaires et pourraient être offertes par les ONG locales
comme le MMRF ou Ya'axché qui font la promotion du système agroforestier le cas
échéant.
92
Cependant, des trois méthodes utilisées, celle utilisant la plantation directe des
semences d’Inga montre la meilleure capacité d’adaptation aux fluctuations
physiques du territoire de par la facilité du transport des graines. Le temps
d’implantation augmente très peu lorsque la distance à parcourir vers le site de
plantation est plus élevée. Le matériel nécessaire est minime et la technique plus
facile avec une trouaison plus petite. Le taux de survie est plus faible et les risques
de perdre les semis plus grands que pour l’utilisation de plants plus vigoureux ayant
poussé en pépinière.
Un fait important est que la promotion de la production des semis en sac dans une
pépinière ne semble pas adaptée pour le transport non mécanisé, elle est onéreuse
et nécessite beaucoup plus de labeur. L’établissement de pépinières sur les sites de
plantation avec l’utilisation du travail collectif pourrait remédier partiellement à cette
situation, mais cela nécessite un effort beaucoup plus grand qu’une plantation
directe comme les petits producteurs entreprennent chaque année avec le maïs ou
le riz.
La capacité des paysans à entreprendre l’établissement d’un tel système se frappe
à plusieurs difficultés. Comme vu précédemment, la majorité des répondants
semblent avoir les connaissances nécessaires pour produire des plantules selon
différentes techniques, comme l’utilisation de sac ou la plantation directe de graines.
La contrainte principale semble beaucoup plus sur l’ampleur de la tâche pour
produire des milliers de plantules. L’étendue de l’ouvrage nécessaire et la
concurrence des plages de labeur au cours de l’année avec les cultures de
subsistance peuvent diminuer la faisabilité d’établir un tel système. Le labeur lors de
l’établissement du système est aussi en concurrence avec les emplois occupés par
les paysans pour subvenir aux besoins monétaires de leurs familles. Pour
l’établissement du système en couloir, les temps d’établissement mesurés se
rapprochent sensiblement des temps requis pour la première année d’établissement
d’une plantation de café étant de 48-79 j.h/ha (Boer, 1998) ou d’une plantation
d’eucalyptus étant de 106-129 j.h/ha (CATIE, 1979). Une milpa en comparaison
prend environ 15-21 j.h/ha à défricher, planter et sarcler pour une année (Bernsten
93
et Herdt, 1977). Le temps d’établissement aura certainement une grande influence
sur la capacité du petit producteur à effectuer d’autres activités. Ceci est important
car il a été reconnu que les familles Kekshi délaissent leurs fermes lorsqu’une
opportunité d’emploi est disponible et y retourne lorsque l’opportunité s’estompe
(Downey, 2015). Ceci est en contradiction avec la culture en couloir qui nécessite
un entretien régulier alors qu’un système sur brûlis comme la milpa peut être mis de
côté sans perdre de productivité (Wilk, 1997).
Il a été reconnu par plusieurs auteurs que la disponibilité des semences tant en
qualité qu’en quantité est nécessaire pour la culture des arbres (Place et Dewees,
1999 ; Bohringer et al., 2003 ; Roshetko et al., 2008; Andeasen et Boland, 2008;
Lilleso et al., 2011; Degrande et al., 2012), mais aussi à proximité des producteurs
et à un prix adéquat. La situation observée lors des entrevues effectuées dans cette
étude est que les petits producteurs de la région utilisent les semences disponibles
dans leur environnement avant tout ; malheureusement Inga edulis est pratiquement
absente de cet environnement, donc peu accessible. Cette tendance vers la collecte
locale a aussi été observée ailleurs comme au Malawi ou 90% des semences
d’arbres utilisés en agroforesterie ont été produites par de petits producteurs et
cueillies dans des arbres épars sur les terres environnantes (Nyoka et al., 2011). Ce
facteur influence grandement les coûts d’implantation du système agroforestier en
couloir avec l’Inga edulis par les petits producteurs au Bélize car si les semences ne
sont pas disponibles, il faut soit les acheter ou soit les remplacer par celle d’une
autre espèce locale d’Inga qui n’a pas été testée dans ce système agroforestier. Un
moyen pour remédier à ce problème serait un distribution d’Inga edulis dans la
région comme arbre d’ombrage pour le cacao pour permettre l’accessibilité aux
semences sur le territoire. Le genre Inga a un long historique comme arbre
d’ombrage et est le genre le plus populaire dans la plupart des pays des régions
néotropicales (Escalante et al., 1987 ; Lemckert et Campos, 1981 ; Williams, 1981 ;
Lojka et al., 2005). Il reste que la disponibilité des graines n’en serait retardée que
de quelques années, vue que cette espèce prend environ 2 années pour commencer
à produire des fruits (Martin et al., 1987).
94
Bien que la production et la distribution de plantules par les ONG locales pour des
sites de démonstration s’effectuaient lors de cette recherche, la disponibilité du
matériel végétal de base est problématique dans le cas du Bélize. Une centralisation
de la production par un promoteur apporte aussi une problématique majeure car il a
déjà été observé que la distribution de plantules vers des sites de plantation éloignés
est coûteuse, mais diminue aussi le taux de survie des plantules (Degrande et al.,
2012). Les moyens de transport des petits producteurs vers les sites de plantation
sont restreints pour plusieurs avec de longues distances parcourues en sentier
pédestre.
Ceci apporte la prise en compte des facteurs fonciers des terres agricoles. Souvent
un frein à l’adoption de la part des petits producteurs dû à la crainte de perdre le
droit de culture sur une terre ne leur appartenant pas, l’aspect foncier influence aussi
la technique de production des plantules. Si le petit producteur détient des droits
clairs sur une terre peu éloignée, ceci pourrait avantager l’utilisation de semis en sac
et peut être l’acquisition de ceux-ci car l’investissement lui reviendrait de droit. Si le
petit producteur ne détient pas les droits sur sa terre et qu’elle est éloignée,
l’investissement monétaire est très incertain et la distance à parcourir restreint
probablement la technique utilisée au semis direct.
Le semis direct est dans tous les cas fort intéressant si les semences sont
disponibles en quantité adéquate. Il a été reconnu que le semis direct représente
une alternative à la plantation de plantules en sacs ou à racines à nues étant plus
facile à effectuer et avec un coût beaucoup plus bas (Engel et Parotta, 2001,
Camargo et al., 2002). Avec cette technique, le sarclage est impératif car la pousse
sera en compétition dès la germination avec les herbacées. Ceci a été observé sur
les terres dégradées, comme les pâturages (Hooper et al., 2002 ; García-Orth et
Martinéz-Ramos, 2011 ; Pereira et al., 2013). Le sarclage est donc une composante
importante pour la survie des plantules et le labeur associé à celui-ci est une grande
partie du temps d’implantation. La proportion passée pour le sarclage atteint 58%
du labeur pour le semis direct et 82% en prenant en compte le défrichage. Le temps
d’implantation pourrait être réduit de plusieurs jours par un brûlis de la zone dédiée
95
à l’implantation de la culture en couloir. Les fermiers passent beaucoup moins de
temps pour sarcler une milpa après le brûlis, soit de 5 à 8 j.h/ha seulement (Bernsten
et Herdt,1977). Ceci serait un paradoxe vu que l’un des principaux avantages de ce
système est le retrait de l’utilisation du brûlis dans les pratiques locales.
Plusieurs facteurs influencent donc la production, mais aussi l’établissement des
plantules. Les trois méthodes restent pourtant intéressantes selon la fluctuation de
certaines contraintes comme l’utilisation du temps, la distance de la plantation mais
aussi la disponibilité des semences. Le bouturage serait un atout en absence d’un
nombre de semences adéquat, mais aussi pour utiliser des plages annuelles de
labeurs moins chargées pour la production de plantules. La figure 26 schématise le
choix de la technique selon les contraintes et facteurs principaux observés.
Figure 26 : Schéma décisionnel pour la technique d’implantation
96
D’autres aspects plus sociaux influençant l’adoption du système agroforestier
pourrait être facilement soulevés, mais ils ne touchent pas la faisabilité de
l’établissement, mais plutôt l’acceptation du système agroforestier qui sort des
mandats de cette étude. D’une vision extérieure, le système en couloir avec Inga
edulis remplit plusieurs besoins pour les paysans comme leur production vivrière,
mais aussi l’approvisionnement en bois. Une rotation de légumineuse comme
Mucuna pruriens utilisé dans la province ne peut fournir ce bois qui est
majoritairement prélevé dans les réserves forestières. Pourtant les aspects fonciers,
l’effort à fournir pour installer le système agroforestier, la facilité du brûlis et la
présence de terres à défricher peuvent limiter l’attrait de s’investir et l’acceptation du
système par la population locale. Dans le cas des facteurs influençant la production
des plantules et l’implantation du système, l’absence de source informelle de
semence, la façon privilégiée par les petits producteurs est certainement un élément
prédominant influençant la technique de production des plantules. La technique
proposée de production avec des sacs en pépinière est possiblement la plus fiable
en matière de survivabilité mais elle est aussi plus onéreuse tant en labeur qu’en
espèce.
97
Conclusion
L’étude des facteurs influençant les coûts pour la production de plantules et
l’implantation du système agroforestier en couloir avec Inga edulis par les petits
producteurs au Bélize a apporté plusieurs points importants pour la promotion de
tels systèmes agroforestiers. Un aspect intéressant de cette étude est qu’elle s’est
déroulée entièrement in situ avec les matériaux et moyens disponibles sur place. La
construction de la pépinière et de la tente de propagation a été effectuée avec du
bois provenant de la ferme et de la toile de polyéthylène achetée à la ville la plus
proche, Punta Gorda, par autobus local. Les temps ont aussi été mesurés lors du
labeur de travailleurs locaux avec des outils locaux.
Les différents objectifs de cette étude ont été accomplis, soit premièrement d’évaluer
l’efficacité de la méthode de propagation végétative de l’Inga edulis, deuxièmement
d’évaluer les coûts de l’établissement par hectare d’un système agroforestier en
couloir avec l’Inga edulis selon trois méthodes d’implantation et troisièmement
d’étudier les facteurs affectant l’acquisition et la production de plantules d’arbres
dans la région à l’aide d’entrevues avec les petits producteurs et ONG locaux. Les
objectifs ont permis de valider plusieurs hypothèses mais aussi des facteurs
importants qui proviennent directement des techniques d’implantation utilisées, mais
aussi qui proviennent des pratiques locales et d’éléments sociogéographiques.
L’évaluation des différentes techniques de propagation a permis d’évaluer le
bouturage de l’Inga edulis. Celui-ci est intéressant par le fait qu’il est possible de
produire des plants hors saison, mais aussi que cette méthode permettrait la
multiplication de plants ayant de meilleures caractéristiques dans le cas d’une
sélection de plants améliorés. Cette méthode de production est plus rapide que la
plantation de semences dans des sacs en pépinière et donne une autre option pour
cette espèce en contournant les problèmes d’approvisionnement en semences.
L’évaluation des techniques d’implantation du système agroforestier a aussi
démontré des particularités intrinsèques aux différentes méthodes de propagation.
98
Tant l’utilisation de semis en sac produit en pépinière que le semis direct en champs
ou l’utilisation de boutures présentent des avantages et désavantages. En général
l’utilisation du semis direct en champs est plus rapide que les autres techniques, elle
est aussi la plus facile et est la moins onéreuse. Cependant, comme les semis
plantés en sacs dans une pépinière, elle repose sur une grande disponibilité des
semences.
Les facteurs principaux influençant le choix d’une des techniques sont l’accès au
site de plantation, l’aspect monétaire de la méthode de propagation, les pratiques
agraires des producteurs mais aussi le déficit en semence d’Inga edulis au Bélize.
Ce déficit est dû à son absence autochtone dans la région. La diversité de ces
facteurs implique l’importance d’une approche plus holistique lors de programmes
de promotion et d’extension en agroforesterie. La promotion de plants issus de
pépinières est probablement irréaliste tant en coût qu’en transport pour les petits
producteurs. Le fait que les petits producteurs se fient à l’autosuffisance en semence
pour les autres espèces d’arbres et pour la culture vivrière est certainement un frein
à l’établissement de sources formelles. Cependant l’implantation de telles sources
semble obligatoire, du moins pour permettre l’implantation d’arbres semenciers dans
les divers villages de la province de Toledo.
Il est important de soulever que cette étude est régionale et représente la situation
dans le sud du Bélize. Les facteurs socio-économiques varient selon la population,
son occupation en temps et celle du territoire. Les facteurs sont aussi influencés par
les programmes gouvernementaux et des organisations présents sur le territoire.
Cependant les temps d’implantations mesurés sont applicables dans d’autres
régions en prenant en compte que le transport des plantules est fortement influencé
par les moyens des petits producteurs mais aussi par l’étendue des infrastructures
de transport. Cette étude prouve sans aucun doute qu’une approche holistique est
nécessaire avant de promouvoir un système pour établir les besoins intrinsèques à
la région et les méthodes les plus aptes à réussir.
99
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110
Annexe 1 : Guide d’entretien pour les participants paysans
NB: - After presentation and verbal consent, stop the audio recording and start
another file.
- The interview and consent will be codified by the date, the locality and the type of
participant (ex: 462015SanPedrofarmer)
1) For how many years have you harvested on your land? What are your main crops?
2) Have you planted trees or shrubs on your land? What kind?
3) Did you use seeds or seedlings to plant them?
a) Why did you choose this mode of plantation?
b) Where did you find the seeds or seedlings?
c) Have you produced or are producing three seedlings on your farm?
4) In your opinion, what is the best way to obtain seedlings or seeds of trees in your
region?
5) What are the means of transportation you used to access the seeds or seedlings
or the materials to produce them?
6) There would be a way to facilitate the availability of the tree seedlings you need?
Can you tell me about it?
7) Do you know sources to obtain seeds or seedlings in your region?
8) Do you think if it is possible to have access and obtain sufficient seedlings? What
can prevent you to obtain what you need?
111
9) In your opinion, it’s easy to produce sufficient number of seedlings by yourself on
your farm?
10) What are the difficulties you can encounter to produce them?
11) Do you have specific trees to produce seeds? Do you have them on your farm?
12) In your community, do you share seeds with your neighbors and relatives?
13) In your opinion, your community is self-sufficiency in seeds and seedlings or you
need an exterior source.
14) In your opinion, what is the best help that could offer a NGO to help the adoption
of agroforestry system like the alley cropping with the Inga (Bribri)?
15) In your opinion, a farmer will keep a system promoted by a promotion program
in the long-term if the actions of the NGO promoting it stop? Do you promote your
way of farming to your friends and relatives?
112
Annexe 2 : Guide d’entretien pour les participants professionnels
NB: - After presentation and verbal consent, stop the audio recording and start
another file.
- The interview and consent will be codified by the date, the locality and the type of
participant (ex: 462015SanPedrofarmer)
1) For how many years have you worked in the region? What are your main actions
on the ground?
2) What is the context of promoting agroforestry systems in the region and why do
you propose them? What kinds of systems do you propose? Is alley cropping with
the Inga considered to be an interesting option?
3) If both options offer a good potential of survival, would you propose seeds or
seedlings to implant an agroforestry system?
a) Why would you choose this mode of plantation?
b) Where are the sources of the seeds or seedlings?
c) What proportion of the species that you use is produced in your tree
nursery?
4) In your opinion, what is the geographical coverage of your agroforestry promotion
program in the region?
5) In your opinion, what is the best way to obtain seeds or seedlings of trees in your
region?
113
6) What are the means of transportation used by the farmers to access their seeds
or seedlings? Could you suggest a way to facilitate their access to this resource?
7) Do you know what sources of seeds or seedlings are used by the farmers in your
region?
8) Is it possible for the farmers to have access and obtain sufficient numbers of
required seedlings? What factors prevent them from accomplishing that?
9) In your opinion, would the farmers be able to produce sufficient numbers of
seedlings by themselves on their farm?
10) What could limit this production by the farmers?
11) Does your organization possess an orchard with seeds? Can you speak to me
about its establishment?
a) For how many years do you plan to supply or sell seeds?
b) In your opinion, will farmers be self-sufficient in seeds and seedlings
in the community if your production stops?
12) What is the best help that a NGO could offer to help the adoption of agroforestry
systems like the alley cropping with Inga (local name: Bribri)?
13) In your opinion, will the producers who participated in a promotion program
maintain their agroforestry system in the long-term if the actions of the NGO stop?
14) Do you know if producers promote their agroforestry system to their friends and
relatives, in order to increase this type of land use?
114
Annexe 3 : Présentation du projet pour le consentement verbal
Before asking you if you grant the authorization to participate in this research project,
I am going to present you some information and on what is expected of your
participation. I invite you to ask me all the questions which you will consider useful
to understand well this information.
Researcher presentation:
The project ‘’Factors influencing the costs for the production of seedlings and
establishment of agroforestry system by the small producers in Central America, the
case of the Inga in Belize’’ is realized by Jonathan Pedneau, student from the Laval
University of Canada. He is working under the supervision of Dr. Alison Munson of
the same University. He is a student for a master's degree in agroforestry and his
research is approved by the Ethics Committee for research with human beings of
the University Laval. It’s his second stay in the district of Toledo and is working also
on Inga tree propagation by cuttings in the district.
Nature and objectives of the project:
The objective of the study is to draw a better understanding of the various factors
influencing the availability of seedlings of trees which have an impact on the adoption
of agroforestry practices. The availability of seeds or seedlings of good quality is a
preliminary condition for success in the establishment of trees necessary in
agroforestry systems. Numerous trees are used by the communities of your region
in your forests, fields and plantations. Agroforestry practices are common in your
ancestral uses of the land. From the collected information from your communities,
concretes solutions will be researched for a better accessibility or to facilitate home
production of seedlings in the region. These conclusions of the studies will be shared
with the local organizations of Ya'axché Conservation Trust and Maya Mountain
Research Farm.
115
Structure of the project:
We are in search of 20 familial producers to discuss availability, capacities of
productions and needs for trees seeds and seedlings in the region of Toledo. The
interviews of 30 to 45 minutes will take place in the villages of the participants to
decrease the inconveniences of transport. The individual interview will consist of
fifteen questions concerning availability and production of tree seedlings at your
home, village and in the region of Toledo. A Cacao tree seedling will be gifted to
participants.
Advantages and possible inconveniences of participating:
The participation to the study will be an opportunity to share your expertise and talk
about your needs for trees seedlings on your farm and in your village. We also hope
that it can help increase the availability of tree seeds and seedlings in the future.
If some questions, make you fell uncomfortable you can refuse to answer without
justification. We also know that your time is precious in this season. We will work
hard to diminish the inconvenient you can have when participating to this research.
Voluntary participation and right of withdrawal:
You are free to participate in this research project and to withdraw at any time without
negative consequence and without having to justify your decision. If you end your
participation, your interview data and audio recording will be erased, unless you
authorized me to use them for the research, in spite of your withdrawal.
Confidentiality:
Because in research, the researchers have to protect the private life of their
participants, here are the measures that will be applied to insure the confidentiality
of the data taken in the interview:
116
During the research:
- Your name will be replaced by a code identifying the region of the interview and
your category of participant, producers or professional. This one will not thus be a
part of recorded data at the end of the interview.
- All research material, including recordings and consent, will be kept in a locked
compartment.
- The data in digital format will be kept in encrypted files protected by a password;
During the release of the research results:
- The names of the participants will not appear in any report nor published text;
- The results of the research will be presented under a global shape and the
individual results will never be communicated;
After the end of the research:
- All interview materials will be destroyed, at the latest in September, 2016
Verbal certificate of consent:
Did you understand well the project and the implications of your participation?
Do you agree to confirm, on this audio recording, that you grant to participate in it?
Do you accept that this interview is recorded?
Thanks:
Thank you for time and the attention which you agree to dedicate to your
participation.
117
Additional information:
To allow you to communicate with me if you consider it necessary or to withdraw of
the project, I will give you a copy of the document that I am presenting you and which
contains my address and phone number. You can also contact the MMRF or the
Ya’axché Conservation Trust who can communicate with me.
Jonathan Pedneau, [email protected] Phone number:
Complaints or criticisms
I wish to inform you that any complaint or critics on this research project can be sent
to the Ombudsman office of the University Laval. The address and phone number
are also written on the present document of which a copy will be given to you at the
moment.
Pavillon Alphonse-Desjardins, office 3320 2325, rue de l’Université Laval University Québec (Québec) G1V 0A6 Information - Secretariat: (418) 656-3081 Toll-free line: 1-866-323-2271 Email : [email protected]
118
Annexe 4 : Tableau des résultats de bouturage de l’Inga edulis B
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1 1 s 0,8 2 4 1,18 68,97 1 1 0,99 0,08 0,05 0,25 1 0 0 1 2 s 0,8 1 1 0,60 72,21 1 15 120,16 46,86 1,45 1,24 61 46 1 1 3 w 0,8 2 3 0,98 124,67 1 13 127,91 64,36 2,58 1,60 52 39 1 1 4 w 0,8 1 1 0,49 75,54 1 23 145,68 43,67 1,04 0,95 189 166 1 1 5 r 0,8 2 3 1,07 169,80 1 8 75,09 32,49 1,12 1,38 51 43 1 1 6 r 0,8 1 2 0,61 70,77 1 12 71,70 32,17 1,15 1,43 28 16 1 1 7 s 0,8 2 4 1,02 68,84 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 8 s 0,8 1 2 0,54 134,03 1 25 157,48 55,58 1,56 1,12 72 47 1 1 9 r 0,8 2 2 0,83 103,25 1 2 15,29 6,11 0,20 1,27 7 5 1 1 10 r 0,8 1 1 0,52 52,35 1 28 107,13 40,82 1,24 1,21 44 16 1 1 11 w 0,8 2 3 0,96 33,08 1 4 11,46 4,20 0,12 1,17 8 4 0 1 12 w 0,8 1 1 0,68 51,32 1 16 86,79 29,35 0,79 1,08 48 32 1 1 13 w 0,8 2 4 1,00 108,77 1 15 48,61 24,24 0,96 1,59 21 6 1 1 14 w 0,8 1 2 0,68 112,96 1 33 135,07 38,87 0,89 0,92 54 21 1 1 15 s 0,8 2 4 1,11 146,27 1 16 109,10 37,90 1,05 1,11 78 62 1 1 16 s 0,8 1 1 0,56 79,09 1 56 217,66 56,01 1,15 0,82 168 112 1 1 17 r 0,8 2 4 1,17 167,99 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 18 r 0,8 1 2 0,71 56,21 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 19 r 0,8 2 3 0,92 94,23 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 20 r 0,8 1 1 0,45 79,30 1 14 134,92 46,12 1,26 1,09 96 82 1 1 21 s 0,8 2 3 0,90 25,78 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 22 s 0,8 1 1 0,56 57,67 1 15 103,44 29,08 0,65 0,90 95 80 1 1 23 w 0,8 2 4 1,00 103,08 1 9 96,97 28,68 0,68 0,94 63 54 1 1 24 w 0,8 1 2 0,72 122,28 1 2 0,30 0,02 0,02 0,25 2 0 1 1 25 r 0 2 3 0,89 45,75 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 26 r 0 1 2 0,74 74,53 1 3 0,46 0,04 0,02 0,25 3 0 1 1 27 s 0 2 3 0,88 44,00 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 28 s 0 1 2 0,59 95,01 1 6 41,73 18,19 0,63 1,39 47 41 1 1 29 w 0 2 3 0,90 34,13 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 30 w 0 1 2 0,76 102,57 1 4 73,13 38,48 1,61 1,68 59 55 1 1 31 w 0 2 4 0,93 130,91 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 32 w 0 1 2 0,63 46,46 1 1 31,52 9,02 0,21 0,91 55 54 1 1 33 r 0 2 4 0,92 39,25 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 34 r 0 1 2 0,66 111,14 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 35 s 0 2 3 0,97 254,65 1 4 43,17 13,55 0,34 1,00 49 45 1 1 36 s 0 1 2 0,78 134,91 1 3 102,37 46,29 1,67 1,44 59 56 1 1 37 w 0 2 4 1,04 203,12 1 6 64,16 18,36 0,42 0,91 36 30 1 1 38 w 0 1 2 0,78 179,28 1 5 73,80 27,22 0,80 1,17 42 37 1 1 39 s 0 2 4 1,09 263,64 1 6 127,05 49,96 1,56 1,25 73 67 1 1 40 s 0 1 2 0,73 201,06 1 5 94,97 43,52 1,59 1,46 95 90 1 1 41 r 0 2 3 0,95 69,61 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 42 r 0 1 1 0,47 59,36 1 2 10,05 5,30 0,22 1,68 6 4 1 1 43 r 0 2 3 0,84 30,64 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 44 r 0 1 1 0,48 71,90 1 3 24,40 11,81 0,46 1,54 14 11 1 1 45 w 0 2 5 1,22 110,94 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 1 46 w 0 1 1 0,43 77,82 1 5 112,35 33,48 0,79 0,95 147 142 1
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1 47 s 0 2 4 1,12 116,23 1 3 54,82 17,41 0,44 1,01 55 52 1 1 48 s 0 1 2 0,65 67,38 1 6 70,49 25,71 0,75 1,16 78 72 1 2 49 w 0 2 2 0,84 49,23 1 1 0,28 0,02 0,01 0,25 1 0 1 2 50 w 0 1 1 0,49 35,42 1 5 37,66 10,65 0,24 0,90 50 45 1 2 51 s 0 2 3 0,93 168,83 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 52 s 0 1 2 0,65 127,30 1 2 58,73 25,38 0,87 1,38 30 28 1 2 53 r 0 2 3 1,06 149,72 1 7 49,04 29,69 1,43 1,93 36 29 1 2 54 r 0 1 2 0,74 84,01 1 2 7,96 0,63 0,00 0,25 5 3 1 2 55 w 0 2 3 1,03 123,13 1 3 17,49 8,64 0,34 1,57 14 11 1 2 56 w 0 1 2 0,79 132,77 1 2 42,35 19,23 0,70 1,45 36 34 1 2 57 r 0 2 5 1,04 174,69 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 58 r 0 1 2 0,65 136,64 1 1 0,28 0,02 0,01 0,25 1 0 1 2 59 s 0 2 5 1,21 49,27 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 60 s 0 1 1 0,46 47,33 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 61 s 0 2 4 1,30 193,52 1 5 85,37 31,68 0,94 1,18 80 75 1 2 62 s 0 1 2 0,74 54,39 1 2 0,22 0,02 0,01 0,25 2 0 1 2 63 w 0 2 4 1,17 67,29 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 64 w 0 1 2 0,77 106,13 1 5 65,46 23,78 0,69 1,16 58 53 1 2 65 r 0 2 3 0,88 38,09 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 66 r 0 1 1 0,64 25,72 1 1 2,92 0,45 0,57 0,25 1 1 0 2 67 r 0 2 3 0,90 59,42 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 68 r 0 1 1 0,61 101,86 1 3 0,34 0,03 0,02 0,25 3 0 0 2 69 s 0 2 4 1,13 77,34 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 70 s 0 1 2 0,79 166,17 1 5 92,38 35,31 1,07 1,22 75 70 1 2 71 w 0 2 4 1,09 61,41 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 72 w 0 1 1 0,54 54,18 1 5 81,08 25,36 0,63 1,00 92 87 1 2 73 r 0,8 2 3 1,23 83,92 1 20 110,03 30,33 0,67 0,88 80 60 1 2 74 r 0,8 1 2 0,64 64,69 1 17 132,23 36,01 0,78 0,87 94 77 1 2 75 s 0,8 2 4 1,22 94,20 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 76 s 0,8 1 1 0,60 78,12 1 34 157,38 42,34 0,91 0,86 131 97 1 2 77 w 0,8 2 4 1,24 76,66 1 26 157,72 43,50 0,96 0,88 154 128 1 2 78 w 0,8 1 2 0,79 27,12 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 79 w 0,8 2 3 1,05 144,00 1 42 378,47 122,24 3,14 1,03 275 233 1 2 80 w 0,8 1 2 0,65 77,51 1 39 151,44 35,61 0,67 0,75 155 116 1 2 81 s 0,8 2 3 1,06 70,90 1 22 159,79 54,76 1,49 1,09 79 57 1 2 82 s 0,8 1 2 0,63 46,00 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 83 r 0,8 2 3 1,03 115,49 1 9 110,47 34,11 0,84 0,98 95 86 1 2 84 r 0,8 1 1 0,56 121,94 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 85 w 0,8 2 4 1,01 167,77 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 86 w 0,8 1 2 0,63 86,35 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 87 r 0,8 2 3 0,95 94,21 1 11 95,09 32,05 0,86 1,07 91 80 1 2 88 r 0,8 1 2 0,70 217,37 1 8 17,18 7,37 0,25 1,37 18 10 0 2 89 s 0,8 2 4 0,93 83,43 1 20 81,28 24,59 0,59 0,96 75 55 1 2 90 s 0,8 1 2 0,79 171,60 1 36 224,69 75,57 2,02 1,07 163 127 1 2 91 s 0,8 2 3 0,87 148,63 1 47 195,08 53,14 1,15 0,87 171 124 1 2 92 s 0,8 1 3 0,75 145,97 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0 2 93 w 0,8 2 4 1,22 124,00 1 19 24,05 6,92 0,16 0,92 21 2 1 2 94 w 0,8 1 1 0,46 66,35 1 27 173,58 37,67 0,65 0,69 227 200 1 2 95 r 0,8 2 4 1,07 123,58 1 7 20,99 5,59 0,12 0,85 11 4 1 2 96 r 0,8 1 3 0,71 168,29 1 15 193,60 67,70 1,88 1,11 149 134 1 3 97 r 0 2 3 0,91 96,34 1 10 91,08 31,66 0,88 1,11 62 52 1 3 98 r 0 1 2 0,72 105,91 1 3 68,16 21,62 0,55 1,01 50 47 1 3 99 w 0 2 4 1,08 77,89 1 4 100,98 25,53 0,51 0,80 116 112 1 3 100 w 0 1 2 0,71 105,17 1 2 32,69 11,34 0,31 1,10 37 35 1 3 101 s 0 2 3 1,08 129,31 1 5 112,35 28,39 0,57 0,80 105 100 1 3 102 s 0 1 3 0,79 34,39 1 3 0,10 0,01 0,00 0,25 3 0 1 3 103 s 0 2 4 1,01 141,23 0 0 0,00 0,00 0,00 0,00 0 0 0
120
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*Substrat : s = 100% sable grossier, r = 50% sable grossier 50% bale de riz, w = 50% sable 50% brin de scie