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]xtÇ [tÜàã|zA `tßàÜx@TÜà|átÇ@wËTÜàA `x|ÄÄÄxâÜ bâäÜ|xÜ wx YÜtÇvx Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig 1 Du Bronze d’Art aux pâtes de verre Daum, marquées d’un SC Jean HARTWIG. Maître-Artisan d’Art. Meilleur Ouvrier de France « Extrait de notes personnelles » ©2007. Jean Hartwig « SC » L’Enigme du monogramme des pâtes de verre d’Amalric Walter Gérard Bertrand. Historien de la famille

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Du Bronze d’Art aux pâtes de verre Daum, marquées d’un SC

Jean HARTWIG. Maître-Artisan d’Art. Meilleur Ouvrier de France

« Extrait de notes personnelles » ©2007. Jean Hartwig

« SC » L’Enigme du monogramme des pâtes de verre d’Amalric Walter

Gérard Bertrand. Historien de la famille

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Qui se cache- ou a été caché volontairement ou non –derrière ce monogramme ? Moulées en creux, les signatures de nombreuses pâtes de verre d’A .Walter sont suivies de : Nancy et des lettres soit’BRG’ soit’ H.Berge’ et des deux lettres ‘SC’. Ces deux lettres, en majuscules ’SC’- toujours proches de la signature H.Bergé –elles ont parfois été traduites par = Sculpteur, or H.Bergé, malgré toutes ses immenses qualités, n’a jamais eu fonction de sculpteur. Si en latin, »sculpsit » signifie « a sculpté », il est souvent écrit en abrégé « sculpt ou sculps »et il est inscrit après le nom du graveur ou du sculpteur pour signer leur œuvre. Ex. « Dürer Sculpsit » (extrait du dictionnaire encyclopédique Quillet). Notons cependant que cette traduction latine ne se contente pas des deux lettres ‘SC’…. On peut imaginer que cette curieuse absence d’explication – et d’attribution - de ce monogramme, est due soit à une méconnaissance des experts ou de certains auteurs sur la verrerie, soit à éventuelle ’conspiration du silence’, dont l’origine pourrait remonter aux départs – très dommageables – des frères Schneider de chez Daum. Depuis une vingtaine d’années, en possession des archives familiales Schneider, j’ai mené personnellement des recherches approfondies auprès des familles E. et C. Schneider. Jusqu’en 1980...1981, rien n’avait été écrit sur l’œuvre de cette verrerie et c’est grâce à monsieur le docteur Ricke, responsable du KunstMuseum de Düsseldorf, qui organisa une remarquable exposition itinérante en Allemagne, qu’enfin des informations officielles apparurent suite aux entretiens qu’il eut avec Charles Jr. et son cousin Ernest. Ces échanges permirent de découvrir et mettre à jour l’histoire et l’activité réelles de cette verrerie, dont les œuvres étaient appréciées en Allemagne, mais peu connues en France comme dans les autres pays d’Europe. La profonde méconnaissance de cette verrerie d’Epinay s/Seine sous la direction bicéphale d’Ernest et Charles Schneider était inconnue du public, a été la cause de multiples erreurs, reprises et répétées dans les parutions ultérieures à 1982 et ce, par de nombreux auteurs et experts. Ces erreurs ne simplifient pas toujours les recherches actuelles et les craintes d’en commettre de nouvelles doivent rester présentes. Un exemple : malgré de nombreuses « relectures » une erreur s’est glissée page 65 dans l’ouvrage intitulé « Schneider, une verrerie au XX siècle », édité par « Réunion des Musées Nationaux, à l’occasion de l’exposition Schneider réalisée par le Musée des Beaux Arts de Nancy en 2003 : sur cette photo, Charles Schneider est coiffé d’un bob blanc et non d’un chapeau, lequel est le couvre chef de Mr Wolf, architecte, ami et associé des Schneider. Entre ces deux hommes se trouve Mr Enel, verrier émérite qui suivit Charles Schneider de Nancy à Epinay s/Seine. Ces erreurs font qu’une fois l’histoire de l’Art est écrite de façon convaincante par des chercheurs spécialisés, il est pour ainsi dire quasiment impossible de la corriger ou même de la compléter. Les difficultés se multiplient lorsqu’on ne dispose plus de preuves Il ne reste alors que de sérieuses hypothèses à proposer…

‘ SC’

C’est en effet de Dr Ricke, conservateur du KunstMuseum de Düsseldorf, qui dans son livre –catalogue paru en 1981 lors de l’exposition Schneider, est le premier à soulever le problème de ce monogramme. Dans la continuité de ce qui avait été écrit sur Daum, il attribue les pâtes de verre signées H.Bergé.SC à Henri Bergé définissant SC « Sculpté ou sculpteur ». Or, le Dr Ricke n’est pas sans constater également la ressemblance évidente entre les bronzes, toujours en possession de la famille Schneider, avec les pâtes de verre éditées à Nancy puis par Walter après 1918. Il en arrive même à se poser la question de savoir si toutes ces pâtes de verre, avec ou sans signatures attribuées forfaitairement à H.Bergé ne seraient pas en réalité dues à Charles Schneider. Le Dr Ricke, préparant l’exposition « Schneider » de 1981 et le livre d’accompagnement, a eu différents entretiens avec Charles Schneider Junior, lors desquels ce dernier a pu lui préciser le rôle dévolu à son père au sein de l’entreprise Daum… « Créateur modéliste designer avec un statut indépendant. Mais apparemment, le problème de la signature ‘SC’ n’avait pas été abordé et est resté en suspens…. Robert Henri Schneider, deuxième fils de Charles Schneider, Prix de Rome et verrier créateur n’a fait que confirmer à Mr Hartwig les travaux de son père, lors des multiples conversations qu’ils eurent durant une dizaine d’années, au sein de la Cristallerie Schneider à Lorris. Il est regrettable que les archives d’A. Walter, s’il y en a, ne soient pas mieux connues.

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Il faut, pour mieux comprendre l’apport de Charles Schneider dans ses œuvres verrières ou dans l’œuvre d’A.Walter, rappeler les médailles obtenues entre 1898 et 1904 à l’Ecole des Beaux Arts de Nancy 1898 Prix. Dessin professionnel (section dessin) 1900 2 ème Prix. Modelage d’Ornements (cours supérieur) 1901 3 ème Prix. Etude de la plante d’après dessin (section dessin) Prix. Modelage d’Ornements (cours supérieur) 1902 2ème Prix. Exercices Mensuels (Composition Décoration) 2 ème Prix. Modelage d’après l’Antique et d’après Nature (cours supérieur) 2 ème Prix. Perspectives et Ombres (cours élémentaire) 2 ème Prix. Etude de la plante d’après nature (cours supérieur) 1904 3 ème Prix. Dessin d’après la bosse et d’après Nature (1ère Décoration/cours supérieur) 1er Prix. Modelage d’après l’Antique (Décoration/cours Supérieur) A ce palmarès élogieux, on peut ajouter la médaille d’argent 1926 de la Sté des Artistes Français complétant celle obtenue en 1906 – médaille de 3 ème classe-présentant deux camées. 1

De son côté, son frère Ernest a obtenu en 1905 une médaille d’argent à l’exposition de Liège, en 1906 une médaille d’or à Milan, un diplôme d’honneur à Nancy en 1909 et enfin en 1910 à Bruxelles. Ces différents honneurs et récompenses étaient alloués aux cadres des entreprises primées lors de ces manifestations. Pour revenir à son œuvre personnelle, il faut mettre en valeur la pâte de verre « coupe au serpent » dédiée à son professeur Mr de Vernon. Cette pièce magnifique, acquise en 2001 par le Musée des Beaux Arts de Nancy, a été réalisée d’après un bronze resté dans la famille Schneider Jr, laquelle possède également une autre coupe identique légèrement plus colorée Une autre mise au point : avant 1980, en France, peu de spécialistes en verrerie connaissaient l’œuvre de Charles Schneider. Même en 1982, les experts ne savaient comment identifier la signature « Charder » Lors de la préparation de cette exposition, au cours des nombreux entretiens que j’eus avec Charles Schneider Jr et son cousin Ernest Schneider Jr, je retiendrai les regrets de ces derniers concernant leur père et leur oncle- Charles Schneider- qui fut toujours très avare de confidences sur son activité passée, tant chez Daum qu’à Epinay sur Seine. Ce mutisme volontaire – secret de maîtres verriers ? me fut enfin confirmé par Jean Charles Schneider Jr – petit fils du Maître-verrier. « Mon grand-père ne parlait pour ainsi dire jamais de son ancienne activité même au sein de son propre entourage familial » 1 C..Schneider fréquenta la Sté des Artistes Français jusqu’à la limite d’âge…admise.

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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L’exemple type de la description des pâtes de verre d’AmalricWalter avec la contre signature Bergé SC.

Ignorance ? Incompétence ? Toujours est-il que cette grossière erreur fut colportée durant des dizaines d’années dans toutes les études et articles concernant la « Pâte de verre » chez Daum.

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Un autre exemple.

Presse papier « lièvre » Longueur 13 cm environ2

Une pâte de verre avec les signatures Walter Nancy d’une part et Bergé. SC d’autre part Pièce réalisée par Amalric Walter après 1918

2 Pâte de verre que j’ai restauré. Collection privée.

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Jean Hartwig. Avant propos. L’étude suivante est extraite de ‘notes personnelles’ concernant la verrerie Schneider C’est après avoir participé à l’élaboration du catalogue du Musée des Beaux Arts de Nancy pour « Schneider une verrerie au XX ème siècle », et au cours de restaurations /réparations de quelques pâtes de verre « animalières » Daum et contresignées Walter, H.Bergé et SC que je me suis intéressé à ce sujet. Ce monogramme SC dont personne ne semblait connaître la signification m’interpella sur le champ. Les biographies et ouvrages sur la « vieille Dame de Nancy » ont été prolixes aux cours des dernières années. Si on y découvre souvent des informations inconnues et nouvelles sur la verrerie Daum, ce dont on se réjouit, on y discerne également les traditionnels recoupements, les copies de copies d’une copie…. qui colportent comme souvent cela est le cas, les erreurs et les non sens issus d’auteurs non « professionnels » sur des sujets souvent méconnus fautes d’archives. Quand je dis « non professionnels » ce n’est pas dans le sens péjoratif. Mais il faut toujours faire la part des choses entre une description colportée, et les réalités techniques de ces métiers d’art de haut niveau… Subtilités techniques très souvent ignorées des auteurs, mais n’échappant pas à l’œil exercé du professionnel œuvrant dans la fabrication du verre. Ne voit on pas de nos jours et un peu partout, le terme « pâte de verre » désigner la moindre pièce de verre colorée….et ce même par des « professionnels » des antiquités et autres revendeurs d’art…y compris d’auteurs experts…. Les arcanes de la méconnaissance et de la désinformation sont malheureusement très vastes…. colportées elles ont la vie très dure et tenace hélas. C’est en tant que technicien professionnel, lorrain et verrier d’art avant tout, ayant passé et travaillé une décennie avec les fils de Charles Schneider dont j’ai eu des affirmations verbales entre autres anecdotes, que je vais essayer d’apporter quelques éclaircissements, voir de rétablir quelques vérités. Etant assez cartésien dans ce domaine, je laisserai de coté tout « envols» littéraires chers aux auteurs. Je prends d’ailleurs leurs écrits sur le sujet avec une certaine parcimonie due à des dizaines d’années de pratique de cet Art. C’est en me basant principalement sur le travail du verre et l’expérience acquise que je vais appuyer cette étude. Car toute création en verre ne déroge pas aux technologies de mise en œuvre de ce matériau si admirable, mais oh combien capricieux et difficile à maîtriser. Il est assez pénible pour le professionnel de voir fleurir des erreurs aberrantes, des non- sens grossiers et qui de plus est, d’auteurs qui se veulent être ou devenir la « référence » en ce domaine. Pour étayer cette étude, et pour principe de base, une simple comparaison des dessins d’archives Schneider avec des modèles de pièces signées Daum va suffire à établir des corrélations certaines et irréfutables. Bon nombre de « pâtes de verre » sont signées ‘Walter/ Daum Nancy’, voir ‘Daum Walter Nancy’. Elles datent de la période nancéienne de Walter entre 1904 et 1914. Après le conflit de 14-18, il n’est pas rare de voir les réalisations signées ‘Walter – Nancy’ suivi d’initiales différentes. Mais surtout des pièces en pâte de verre contresignées« A.Walter, H.Bergé, SC » qui sont les plus nombreuses et les plus réussies techniquement. Si Amalric Walter et H. Bergé nous sont bien connus à travers livres et articles divers, ce SC reste pratiquement sans définition et rares sont les explications vraiment objectives. Le premier à avoir soulevé cette question du monogramme SC est le Dr. Helmut Ricke, Conservateur du KunstMuseum de Düsseldorf en RFA. Instigateur de la première exposition Schneider, le Dr. Ricke en avait déduit « sculpté » par H.Bergé. C’est une erreur, mais elle aura eu l’effet de soulever le problème des pièces en pâte de verre marquées du SC. Il est assez extraordinaire que pour les initiales diverses et rares qui apparaissent à la suite de Walter sur les pâtes de verre, on ait trouvé leur signification > qui correspond à l’auteur/ modeleur de la pièce : AH pour André Houillon, PG (P Geno), AF (Alfred Finot), JC (Jules Chéret) etc... mais que pour SC, les plus nombreuses, aucun auteur ne puisse donner une explication. Et pourtant pour l’œil exercé du professionnel, derrière ce SC, c’est bien de Charles Schneider qu’il s’agit. Cet artiste fut un brillant élève de l’Ecole de Nancy. Ce créateur verrier hors du commun passa plus d’une décennie comme collaborateur et directeur artistique de Daum. Ses créations chez Daum s’étalant de 1904/5 à 1913, voir même au-delà si l’on se réfère aux pâtes de verre éditées par Walter dans les années vingt…. Des « Pâtes de verre » bizarrement contresignées avec H.Bergé… Pour aborder le problème de ces pâtes de verre aux multiples signatures, il faut dans un premier temps cerner le rôle exact exercé par chacun des artistes en présence dans le contexte particulier de l’époque. Puis en second lieu, se pencher sur la « technique » de la fabrication de ces fameuses pâtes de verre. Quelle est la participation de chacun de ses artistes ? Juger sur les signatures, est très difficile, car la création finale, propriété légitime de Daum, sort tout naturellement avec l’estampille Daum. L’exception étant les pâtes de verre, ou Amalric Walter obtient d’y appliquer son nom. Les pièces signées « Walter » suivit de H.Bergé et autres monogrammes, n’apparaissent qu’après 1918.

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La structure d’ateliers divers regroupés dans une section « création » mis en place par Antonin Daum est calquée sur ce que fit Emile Gallé. Regrouper des artistes « indépendants » fortement spécialisés, pour les amener à travailler et créer sur des nouvelles technologies permettant de faire évoluer l’art du verre au-delà de l’Art Nouveau qui s’essoufflait déjà…..

La connaissance de cette technique millénaire qu’est la pâte de verre, permet déjà de lever le voile d’une manière objective.

Vase aux « insectes » en pâte de verre signé Walter.H Bergé et SC

Les principaux artistes impliqués dans les pâtes de verre signées Daum sont : Amalric Walter . Charles Schneider. Jacques Gruber. Henri Bergé.

Les biographies de ces artistes nous donnent une première approche en ce qui est de la création de ces pâtes de verre. Au vu de leurs spécialités, il est assez facile de cerner quels furent leurs rôles respectifs.

Gruber : dessinateur, peintre et vitrailliste

Bergé : dessinateur, peintre aquarelliste

Schneider : graveur sur verre et pierres fines, dessinateur, modeleur, sculpteur, créateur.

Walter : peintre sur porcelaine et céramiste

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Jacques GRUBER Sundhausen 1870 - Paris 1936 Décorateur et peintre verrier Jacques Grüber, artiste plastique et maître verrier, est né le 25 janvier 1870 à Sundhouse et mort le 15 décembre 1936 à Paris. Après avoir commencé son parcours artistique à l'École des Beaux-Arts de Nancy, C'est une bourse de la ville de Nancy qui lui permet, à partir de 1889, d’étudier à Paris à l'Ecole des Arts Décoratifs puis à l'Ecole des Beaux-Arts où il fréquente l'atelier du peintre Gustave Moreau. Revenu à Nancy En 1893, il entre chez Daum comme chef décorateur et enseigne à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy jusqu'en 1916. Il réalise des décorations de vases pour Daum, des meubles pour Majorelle et des couvertures de livres pour René Wiener. Après deux années chez Daum, en 1895 il cèdera sa place de chef décorateur à Henri Bergé, faute de temps. Il monte son propre atelier en 1897 et se spécialise rapidement dans le verre et le vitrail Il fut, en 1901, l'un des fondateurs de l'École de Nancy et appartenant au comité directeur. De nos jours, il est considéré comme le maître verrier le plus prolifique en vitraux de style Art Nouveau. Ses diverses créations : > Les vitraux de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Nancy, la Villa Majorelle ou une partie de ceux de la Villa Bergeret, la verrière des Galeries Lafayette de Paris. Etc…

C’est à Jacques Gruber que s'adressent les Louis Majorelle, Eugène Corbin, Albert Bergeret, mais également la Chambre de Commerce, la brasserie Excelsior, le Crédit Lyonnais, les Magasins Réunis, etc. Son oeuvre, d'une grande qualité graphique et parfois picturale, aux inspirations naturalistes typiques de l’Art Nouveau, mais aussi symbolistes, est une véritable synthèse des techniques verrières de l'époque.

Jacques Gruber s'installe à Paris à partir de 1914 et connaît une période prospère de renouvellement artistique pendant la période Art Déco. Charles Schneider3 l’impliquera dans la mise en œuvre des vitraux géants créés pour les quatre grandes tours, lors de la grande exposition universelle de 1925. Pour les pâtes de verre chez Daum, J.Gruber n’intervient que pour les panneaux « incrustés et sertis » dans la structure des meubles. Modèles de panneaux plats en paravents pour éclairages tamisés qu’il dessine, et dont le modelage est exécuté par un modeleur/sculpteur/graveur (Schneider en l’occurrence). La réalisation étant confiée à Amalric Walter, seul à pouvoir matérialiser ces créations en pâte de verre. 3 C.Schneider à toujours exprimé sa reconnaissance envers ses différents professeurs.

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Dessin projet d’une affiche signé Jacques Gruber

Avant qu'il ne possède son propre atelier de vitrail en 1904, Jacques Gruber fait réaliser ses projets chez le verrier Charles Gauvillé. Bien que s'intéressant principalement à cette technique, Jacques Gruber ne délaisse pas les autres modes concernant les arts décoratifs. Il travaille en association avec plusieurs industriels et artisans nancéiens. Il leur fournit des modèles et des décors de mobilier, de reliure, d'objets en grès flammé. Il dessine également des affiches, des menus et des programmes pour les imprimeurs nancéiens. Mais le vitrail restera son cadre de création favori. Ses dessins, il les matérialise en vitraux.

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Henri BERGÉ Diarville 1870 - Nancy 1937 Décorateur, illustrateur. Après ses études à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy, Henri Bergé entre comme décorateur chez Daum en 1895. Parallèlement à ses activités artistiques, Henri Bergé enseigne le dessin à l'Ecole professionnelle de l’Est (école Loritz). Il est membre du Comité directeur de l'Ecole de Nancy4 dès 1901.Ecole dont le vice président et trésorier est Antonin Daum.Dessinateur, illustrateur /aquarelliste, Henri Bergé n’a jamais été sculpteur, ni modeleur, ni créateur de formes. Les indications "dessins artistiques Peinture décorative" portées sur sa carte de visite personnelle indiquent les axes principaux d'une activité essentiellement donnée aux arts graphiques ! Engagé comme peintre décorateur, ce dessinateur / illustrateur, deviendra chef de l’atelier « décors ». Henri Bergé, seconde dans les premières années, Jacques Gruber qui est le responsable de l’atelier « décors ». A Nancy,c’est toute la panoplie des décors « nature » que l’on doit peindre avec des émaux, d’autres au bitume sur les pièces devant être gravées à l’acide qu’ Henri Bergé enseigne aux apprentis de l’atelier décors dont il est devenu responsable. Des décors que l’on retrouve dans toutes les collections des verreries Lorraines s’adonnant à l’Art Nouveau. Embauché en 1895 ce fidèle collaborateur restera salarié chez Daum jusqu’à sa retraite. Et dans l’entreprise « paternaliste » d’Antonin Daum la fidélité était reconnue. Devenu responsable de l’apprentissage de l’atelier de « décors » peints, divers auteurs lui attribueront pratiquement toutes les créations Daum ce qui est une erreur très regrettable mais hélas, colportée jusqu’à nos jours….

Aquarelles de Bergé. Sur une forme stéréotypée. Projets de vase et de coupe (veilleuse)(1905) pour être peints, ou gravés à l’acide, dans la pure ligne Art Nouveau en vogue de 1891 à 1900 que l’on retrouve dans toutes les verreries lorraines à cette époque. Du point de vue technique….nous avons à faire à des « suggestions » de motifs peints.

4 ) Alliance provinciale des industries et artisans d’art dite « Ecole de Nancy ».

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Le statut de collaborateur « indépendant » fort justement attribué d’ailleurs aux différents intervenants , ne le fut pour H.Bergé qu’à titre honorifique5, bien longtemps après le départ des Gruber,Walter,Schneider et autres artistes (appointés eux, en tant qu’artistes indépendants). Ces derniers ne sont pas restés à Nancy. Encore faut-il se poser la question « d’indépendant » en ce qui concerne H Bergé. Il fut salarié chez Daum dès son entrée jusqu’à sa retraite. Aucune diffusion/fabrication personnelle de verreries d’art ne pouvant lui être attribuée en dehors de dessins et motifs floraux peints pour l’entreprise Daum. Par contre, on peut lui attribuer, des affiches, des motifs pour des céramiques, des verreries peintes et décorées, de nombreuses aquarelles et illustrations graphiques. C’était là sa véritable spécialité. Quelques fausses vérités et vraies désinformations colportées : dans un ouvrage : Amalric Walter associé à Henri Bergé, seraient partis après 1930 fonder les verreries de Goetzenbruck (près de Lemberg en Moselle/Lorraine….. ) D’une part Bergé est resté chez Daum durant toute sa carrière, et d’autre part les Verreries de Goetzenbruck existaient, et ce depuis 1721 ! Sous la raison sociale de Verreries de Goetzenbruck. Walter, Berger et Cie. Avec 6 millions de francs de capital. En 1936 les administrateurs étaient Mrs Maxime Walter et Berger. Des patronymes sans aucuns liens de parenté. A Goetzenbruck, la fabrication était axée sur de la verrerie de laboratoire et sur des verres spéciaux techniques. D’autres lectures nous disent que les bronzes de Charles Schneider seraient des modèles d’Henri Bergé…

Atelier Daum aux environs de 1897/1898 . Henri Bergé en face d’Antonin Daum dans l’atelier décors On distingue nettement les pièces de verres aux décors floraux. Certaines pièces tenues par les apprentis sont encore enduites d’une couche de bitume noir pour un traitement par l’acide. Avec le chapeau monsieur Dammann père6, dont un fils fera les Beaux Art de Paris en compagnie de Charles Schneider. Le jeune Charles Schneider qui se trouve sur cette photo, à gauche de Bergé, tenant fusain et couteau de sculpteur/modeleur. Le chef d’atelier « modelage » se tenant derrière lui (même tablier gris sale). Cette image nous indique un peu quel rôle était celui de Bergé… plus celui d’un cadre « gestionnaire ». Chef de l’atelier -décors, il est souvent cité comme le responsable7 de la formation des jeunes apprentis « Peintres décorateurs ».

5 Ceci reste à prouver. H Bergé fut salarié chez Daum dès son embauche et jusqu’à sa retraite. Et il n’y a pas d’atelier propre connu. 6 Un de ses fils fréquentera L’Ecole Nationale des Beaux Arts avec Charles Schneider. 7 En réalité c’est Mr Dammann qui est le chef d’atelier et formateur des apprentis.

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Amalric WALTER. Sèvres 10.5.1870 - Lury-sur-Arnon 9.11.1959.(Cher) Son père Adolphe Joseph Walter, était décorateur sur porcelaine à la Manufacture Royale de Sèvres. Amalric Walter, élève de M.Coutant, entre comme apprenti à la Manufacture dès 1885. Puis confirmé comme peintre décorateur de 1887 à 1892. En 1895 il produit des « émaux cloisonnés » sur faïences dans son atelier situé à Sèvres au 39, rue des Binelles. En 1900 on le retrouve dans un atelier au 9, rue des Ecoles où il a comme associé son professeur Gabriel Levy. Il présente dès le salon 1903 quelques ébauches de petites pâtes de verre en collaboration avec les artistes Eugène Delagrange et Denys Puech (modeleurs). Il signe un contrat8 le 10 Novembre 1903 et arrive à Nancy le 1er février 1905, il débute à 35 ans à la verrerie Daum. Selon ses propres indications dans le catalogue du Salon de Nancy en 1920, il avait été élève à la Manufacture de Sèvres. A cette date, installé à son compte, il expose faïences décorées et des petits objets en pâte de verre. Un texte officiel de 1926 à Nancy le déclare "créateur du procédé des pâtes de verre". Diplôme d'honneur à l'Exposition universelle de 1900, diplôme et médaille d'or aux Expositions de Nancy en 1909, de Bruxelles en 1910. C’est à Amalric Walter que l’on doit de voir des signatures conjointes avec Daum. Ce technicien était déjà indépendant avec son propre atelier lorsqu’il fut contacté par Antonin Daum. Il obtient donc, après négociations, de pouvoir apposer sa signature sur les pièces en pâtes de verre, et ce malgré qu’il ne créé aucune pièce… Amalric Walter apporte une nouvelle technologie…une méthode de fabrication/décoration qui innove par rapport aux traditionnels décors peints et gravés à l’acide que l’on trouve dans toutes les verreries lorraines…. Walter est le seul chez Daum qui connaisse ce mode de fabrication… Assez solitaire, s’étant fait installer l’atelier « pâte de verre »sur ses directives, il ne se mélange pas avec les autres membres de la verrerie… Le seul auquel il a à faire et dont il dépend, étant certainement Charles Schneider, pour rectifier les modelages des pièces « maîtresses » en vue de l’élaboration des moules réfractaires. Walter quitte Daum dans des conditions amiables, juste avant la « grande Guerre » en emportant tout le matériel de son atelier, avec l’accord de la direction Daum…Les neveux d’Antonin Daum, pressés de se libérer d’un atelier qui finalement n’est pas tellement rentable…. On pourrait comparer cela avec une « prime de départ » actuelle… Il faut dire que pour quelques centaines de pâtes de verre fabriquées en dix années … le but d’une production rentable recherché par Daum est très très loin…d’être atteint. De plus, le « département » pâte de verre devenait une charge…à partir du moment où Charles Schneider n’était plus là pour fournir des modèles … ce qui confirme que : Si H. Bergé avait été le modeleur créateur, ce problème ne se serait pas posé chez Daum ! Après le conflit de 14 -18, installé à son compte Walter réédite des pâtes de verre « animalières » aux environs de 1920 …Il sait que ce sont des créations Schneider pour Daum, mais il signe ses pièces en y incluant une contre signature Bergé SC. sur une probable indication de ce dernier, et certainement avec l’aval de Daum bien entendu. Ce qui a amené nombres d’auteurs de colporter la même erreur : puisqu’il y a Bergé dans la signature…c’est donc Bergé qui a crée les modèles pour Walter… Sachant que toutes les créations, dessins projets, matrices et modelages de Charles Schneider créés de 1905 à 1913/1914 sont la propriété légitime de Daum, issus de la « section création » hormis les créations en bronze, Amalric Walter se dote ainsi d’une sorte de visa d’édition légitimé… une autorisation officielle de fabrication sous le label qui lui est fourni. L’exemple type se trouve déjà dans un article de la revue « le verre » de 1925...signé J.L Vallières. Article truffé d’invraisemblables et grossières erreurs…on y apprend entre autres, que Walter invente la pâte de verre…, qu’il abandonne son « usine » (alors qu’il exerce une activité d’artisan…avec apparemment des difficultés…) et rencontre un modeleur habile en la personne de Bergé… plus loin et en conclusion de son article, cet auteur nous prédit le glas du vitrail au vu des travaux de Walter….ni plus ni moins ! Nombres d’auteurs se sont servi de cet article…. Néanmoins il a le mérite de montrer des plâtres issus des modelages originaux avec les contre-signatures appliquées. Cinq de ces plâtres nous ramènent à des créations d’origine Schneider

8 En vérité le contrat (de dix ans) est signé pour Walter et son associé G.Levy.(ce dernier rompra son contrat dès 1905)

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Charles SCHNEIDER 23.2.1881 .Château-Thierry (Aisne)-7.1.1953 (Epinay S/Seine) Dessinateur, sculpteur-modeleur, graveur sur verre et sur pierres fines. Créateur et maître verrier. Placé Hors Concours à l’exposition Universelle de 1925. Membre du jury. Décoré de la Légion d’Honneur pour services rendus à l’industrie de la verrerie d’art. Si Charles Schneider nous est connu comme maître Verrier créateur et chef de file de l’Art Déco avec ses Verreries flamboyantes dans sa verrerie d’Epinay sur Seine, ses débuts et sa collaboration avec Daum à Nancy sont assez vagues fautes de témoignages et autres archives.. Charles Schneider, artiste hors du commun passa plus d’une décennie chez Daum en compagnie de son frère aîné Ernest. Ce dernier qui sera un des principaux collaborateurs (agent commercial) de l’entreprise Nancéenne. Entré ( au plus tard en 1897) apprenti graveur à la roue, le jeune « protégé » d’Antonin Daum suivra les cours de dessin de l’école « intra-muros » chez Daum , sous la direction de Jacques Gruber la première année. Sur appréciation d’Antonin Daum les meilleurs élèves sont autorisés à suivre des cours « hors Manufacture », à l’Ecole des Beaux Arts de Nancy. Il y retrouve Jacques Gruber9, qui est directeur/professeur de dessin. Mais rue du Pont cassé chez Daum, c’est vraisemblablement avec le chef d’atelier de gravure à la roue, qu’il passe toutes ses premières années.

Vase opale rose « doublé » gris verdâtre gravé en intailles. La couche « chemisée /doublée » verdâtre est entièrement striée à la roue, et représente le milieu aquatique, dans lequel les poissons rouges apparaissent par gravure en creux. Peut être un travail de Charles Schneider lui-même. Le renflement du vase juste avant le pied est une caractéristique que l’on retrouve sur de nombreux dessins de Charles Schneider. Le trou visible sur le pied n’est autre qu’une bulle percée apparente après le traitement de la surface. La gravure à la roue étant une discipline très « pointue » En verrerie d’art, c’est la formation la plus difficile. Elle demande un don inné pour le dessin et le modelage. En général le maître graveur est le collaborateur le mieux rétribué dans une cristallerie/verrerie mais parallèlement cette spécialisation est celle qui demande la formation la plus longue dans l’art du verre. Très vite, Charles Schneider, fréquentera l’école des Beaux Arts de Nancy dont il sera un des meilleurs élèves, et enchaînera en parallèle, une formation de Graveur sur pierres fines à l’école Nationale des Beaux Arts de Paris. On voit ici la filiation entre gravure du verre à la roue et gravure sur pierre fine. C’est une suite logique et complémentaire. Le graveur sur verre travaillant généralement en « intailles » (motif creusé) le graveur sur pierres fines travaillant en « ronde bosse » > camées et motifs en reliefs. On sait que la gravure à la roue sur verre est une discipline issue de la gravure sur pierres fines de l’antiquité considérée comme un art majeur.

9 Chez Daum ,Gruber faute de temps, laisse la place à H Bergé en 1898, préférant se consacrer à son atelier et à l’Ecole de Nancy.

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Pour arriver à ce stade, il faut une dextérité innée, couplée à une maîtrise parfaite du dessin et du modelage…

La gravure à la roue de cuivre… l’apprentissage du jeune Charles Schneider chez Daum

Dessin d’étude type pour gravure à la roue Tout graveur à la roue devait être capable de dessiner et graver sur verre un corps humain vu sous l’angle « anatomique » avec tous ses détails. Au court de la gravure à la roue en intaille(en creux) le graveur « prend de temps à autre une empreinte » en pâte à modeler, argile plastique etc… pour visionner les détails en ronde bosse « relief » de son travail. Cela lui permettait de remédier et de rectifier sa ciselure. Un bon maître graveur à la roue était en mesure de graver un motif ayant un centimètre de profondeur dans l’épaisseur du support en verre. Cette remarquable technique fut portée à son apogée en Bohême aux XVI ème et XVII ème siècles et essaima vers l’Ouest dans toutes les grandes Cristalleries. C’est tout naturellement que Charles Schneider continuera sa formation à L’Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris et qu’en ce sens, Antonin Daum interviendra personnellement pour appuyer sa demande de bourse. Là, ses professeurs seront Léon Alphonse Bonnat pour le dessin, puis Alphonse-Emile Lechevrel, Jules-Clément Chaplain et Frédéric de Vernon …pour la gravure en pierres fines… ces professeurs sont tous des « pointures » à la renommée bien établie dans le monde des beaux Arts.

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En 1905 ne pouvant se « partager » entre Paris et Nancy, et jugeant sa Bourse insuffisante pour vivre à Paris, et ce malgré l’avis « appuyé » d’Antonin Daum, Charles Schneider optera de rester à Nancy chez Daum au « département / section » créations. Dès son retour, et vu de ses capacités, il sera promu, directeur artistique par Antonin Daum. Il donnera, à cette époque, la mesure de son art, oeuvrant dans la cour des « grands ». Il remerciera son professeur et ami Frédéric de Vernon en lui dédicaçant la fameuse ‘coupe au serpent’ fabriquée et Signée Schneider Daum. Une pâte de verre dont la réalisation est une pure merveille technique en regard de l’année de sa réalisation… aux environs de 1908. Une bonne partie des nouvelles créations de Daum sortiront de ce département/ section ‘créations’. Elles marqueront la coupure avec l’Art Nouveau qui s’essoufflait partout déjà... Parallèlement et en alternance, Charles Schneider s’occupera de son atelier /magasin d’objets d’art, sis Rue du Montet à Nancy10. Il y éditera la plupart de ses bronzes et autres médailles. Une activité parallèle qu’il maintiendra longtemps en dilettante. Son statut chez Daum ne lui impose aucun horaire fixe sinon de passer une heure minimum dans l’atelier pour superviser, voir donner ses directives11. Ceci expliquant cela…..

Facture « à en -tête » Schneider Dans les Archives Schneider, de nombreux croquis et dessins / brouillons ont été dessinés sur des feuilles à en tête Schneider…. démontrant que les études de Charles Schneider pour Daum, ne furent pas toutes conçues dans l’entreprise mais probablement et souvent dans son atelier Rue du Montet12. On peut même supposer qu’une grande partie, voir la plus grande partie des créations/dessins ont vu le jour dans cet atelier. Son statut ’ « d’indépendant » lui permettait de gérer librement son temps comme bon lui semblait. Il est d’ailleurs un des seuls ‘indépendants’, avec Gruber, à posséder un atelier « hors de l’entreprise Daum » et ceci expliquerait peut être le manque de dessins ‘Schneider’ dans les archives Daum 10 Activité annexe située entre 1904..1912/1913… 11 Charles Schneider se suffisant à lui-même a toujours travaillé en solitaire…y compris dans sa propre Verrerie d’Epinay. 12 La rue du Montet a été rebaptisée depuis.

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Les bronzes de Charles Schneider

Vide poche au serpent et insecte. Bronze 1904….1908 Ce bronze a certainement donné quelques tirages en pâte de verre ….à retrouver.

Faisant partie d’une série de créations ayant abouti à la fameuse coupe au serpent… L’insecte « fixé » par la vipère sur ce bronze rappelant toutes les pièces Daum ainsi dotées

La signature Schneider est bien souvent incluse dans la face avant des bronzes. La même façon de signer se retrouve sur les pâtes de verre Daum / Walter

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Signatures. Au début elles sont « frappées ou gravées » sur le fond. Telles que sur ces quelques bronzes de Charles Schneider

Bronzes d’art, de style typiquement « Art Nouveau »

Papillons, escargots, hannetons, fleurs, bronzes sous forme de vide poche, coupes, porte couteau, etc..

Tous ces bronzes sont de style Art Nouveau typique

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Autres réalisations en Bronze d’Art

Pour tous ces bronzes d’art, il a été crée une pièce « maîtresse » grandeur nature modelée en argile, en plâtre, ou en cire.

Vide poche ou cendrier avec décor floral

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Autre superbe bronze de S.Chneider

Cette belette n’est pas sans suggérer une autre pâte de verre de Walter. Dans les deux cas il s’agit d’un « porte bague »

Sur le modèle de pâte de verre, on y retrouve d’ailleurs les mêmes détails… œuf, emplacement creux, etc.

La technique de fabrication des pâtes de verre est la même que celle des bronzes d’art. Le processus fastidieux de mise en œuvre en est le même jusqu’à la fusion, qui devient à ce stade beaucoup plus

compliquée en ce qui concerne le verre. Autant dire que ce sont pratiquement des pièces uniques. Des objets d’art en tirages unitaires, limités et destinés à un cercle restreint d’amateurs d’art ou de collectionneurs avertis.

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Les pâtes de verre Walter avec SC dans la signature

1ère hypothèse > la plus logique SC signifie tout simplement Schneider Charles. L’interprétation SC en tant qu’initiales de Schneider Charles ou comme le début de Schneider, n’est pas un problème en soi. Personnellement, ayant parcouru les archives de la verrerie d’Epinay, les notes parafées par Charles Schneider l’étaient par un « SC » caractéristique et bien particulier. Son frère Ernest Schneider annotait également par un ES sur les cahiers de fabrication d’Epinay. Plus loin Charles Schneider junior signait également par un SC tous ses documents. Robert Henri Schneider ne dérogeait pas à la tradition familiale en signant ses créations par RS….. On le voit une continuité qui semble traditionnelle…. J’opterai donc pour Schneider Charles... ou Schneider…peu importe car finalement le résultat de l’attribution s’avère la même !

Plusieurs exemples de pâtes de verre Walter avec SC

Pâtes de verre marquées du SC issues d’un modèle bronze de Charles Schneider ci dessous

Pour pouvoir « démouler » il a fallu modifier et adapter l’aspect du modelage pour la fabrication des pâtes de verre. Toutes les pâtes de verre « animalières » sont dotées d’une base assez

massive. C’est ce qu’on appelle en terme technique« la réserve » car il faut tenir compte du volume du verre en poudre/granulé mis dans le moule qui est d’environ 30 % supérieur à celui du verre fondu.

C’est le caméléon pris seul qui donnera la « matrice » pour de nombreuses pâtes de verre Walter. On trouve le vide poche au caméléon signé Walter- Daum Nancy + croix de Lorraine

fabriqué entre 1905 et 1914. Puis contresigné Walter.H.bergé.SC pour les éditions après 1914/18.

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Autres pâtes de verre contre-signées Walter Bergé SC

Batraciens et mollusques…..

Insectes divers….

Se servant des bronzes de Charles Schneider comme « matrices », Walter peut reproduire à volonté insectes et autres animaux en les adaptant à la pâte de verre > base / socle modifiés et faisant fonction de « réserve à verre » dans la conception du moule réfractaire.

Le gros de ce travail, techniquement très ardu, étant de pouvoir « démouler » lors de la prise d’empreinte du sujet

animalier et d’en faire un moule « ouvrant » en plusieurs parties.

Bien souvent ce moule était constitué de plusieurs morceaux qui devaient s’emboîter les uns dans les autres en prenant compte des joints de jonctions obligatoires. Technique bien connue des fondeurs de bronze et céramistes

« statuaires ». Walter maîtrisait cette technique de moulage apprise lors de sa formation dans les ateliers de la Manufacture Royale de Sèvres. Les fameux « biscuits » de cette Manufacture réputée, sont issus de cette technique

très pointue.

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Boite en Pâte de verre certainement dérivée du dessin (archives Schneider) L’annotation « insecte » pour en doter le couvercle donne une indication sur de nombreux modèles Daum ainsi pourvus.

Un « clin d’œil », une marque distinctive, de l’artiste sur des réalisations estampillées « Daum »…. ?

Un vase Daum à « insecte » sur le pied…. Et il existe dans la collection Daum bon nombre de pièces ainsi dotées d’un insecte.

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Détails des « contre-signatures ».

Pâtes de verre signées Walter Nancy Bergé SC (après 1918)

Ces signatures peuvent se trouver en ’ creux’ ou en ‘ relief ’ sur les pâtes de verre. C’est selon la préparation du moule et de la cire ; parfois la signature est gravée à la roue après réalisation de la pièce. On remarque également « Walter d’un coté, puis Berge.SC » placé à part sur certaines pièces.

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2 ème hypothèse concernant la signature Bergé avec SC

La plus ambigüe. Ce monogramme apparaît dans la signature, uniquement sur des pâtes de verre de Walter éditées après le conflit de 1914/18. Or il faut bien le constater, aucune pâte de verre créée entre 1904 et 1913 chez Daum ne porte H Bergé dans la signature. Les successeurs d’Antonin Daum, donneront l’aval à Walter pour que ce dernier emporte tout le matériel de son atelier lors de son départ, qui fut négocié à «l’amiable » en 1913/1914. Mais les modèles, les matrices et les modelages de C. Schneider sont restés dans l’atelier « création ». Après 1914/18 Daum autorise Walter à produire des modèles créés par Charles Schneider à Nancy. Les modelages restés à Nancy, et d’où sont tirées les pâtes de verre, sont la propriété artistique de Daum. Ceci reste à prouver, notamment en ce qui concerne les bronzes et modelages qui ont servi de « matrices » pour les modèles « animaliers » en pâte de verre. Schneider, en 1918, avait certainement d’autres occupations dans sa verrerie d’Epinay……créant déjà avec quelques longueurs d’avance sur toutes les verreries lorraines…..L’Art Nouveau était dépassé…l’Art Déco arrivait en puissance…. On peut donc se poser la question pourquoi la signature Bergé n’apparaît que sur les pâtes de verre de Walter éditées après 1918…. Longtemps après les départs de Schneider et Walter. Il semblerait qu’ H. Bergé, après le départ de Schneider…ai prit une certaine liberté calculée, en faisant obligation à Walter pour les réalisations ultérieures à 1914, d’y inclure son nom (Bergé + SC) sur les pâtes de verre issues des modelages et matrices de C.Schneider restés à Nancy. Les successeurs d’Antonin Daum se rendant peut être compte de leur erreur (abandon de la pâte de verre) et ne voulant surtout pas voir apparaître le nom Schneider collé au leur, ont certainement approuvé et peut être imposé l’initiative de Bergé qui était toujours employé comme cadre à Nancy13. D’autre part le SC pouvant être l’initiative toute personnelle de Walter. Ce dernier savait fort bien qui était à l’origine des modelages et matrices…ayant travaillé sous les directives de C.Schneider de 1904 à 1913 dans les ateliers de Nancy. Ses pâtes de verres, après 1918 ne portent-elles pas à chaque fois le monogramme des différents modeleurs ayant fourni les matrices… SC pouvant aussi désigner « Section Création » tout simplement. Ceci donnant une certaine légitimité …et de quoi se prémunir en cas de besoin juridique par exemple. C’est plausible mais équivoque, car dans cet atelier « création » Charles Schneider était pratiquement seul. Directeur/responsable artistique et en même temps créateur/modeleur et sculpteur. « Vouloir attribuer ces créations à H. Bergé s’avère être une affirmation erronée dénuée de toute preuve matérielle. Et ce ne sont pas les réponses embarrassées et évasives de Noël Daum en 1984 quand un journaliste l’interrogeait sur le nom du créateur des pâtes de verres fabriquées entre 1904 et 1914 qui apportent une quelconque réponse : …….sic > « En fait, la signature aurait pu être Daum Walter et même Daum-Walter- Bergé….Sans doute jugée un peu longue, elle aurait soulevé la grande question du concours des divers collaborateurs à une même œuvre, question qui mène assez loin…. (sic)» Dans le même registre, à la question du pourquoi sur le départ de Walter …Mr Noël Daum répond :……sic > « Le four Boetius, au pied duquel était placé son petit four, est vieux et périmé ; celui qui va le remplacer nécessite qu’on le réinstalle ailleurs ….. (sic)». Faut –il rappeler que la technique de la pâte de verre n’a rien à voir avec le travail du verre en fusion à la canne, et que pour la cuisson il est utilisé un four (moufle). L’atelier de Walter n’était pas dans la halle de verrerie….mais dans un local à part ! Le « mutisme » des maîtres verriers sans doute…. Forfaiture ? Tour de passe- passe ? Voir un imbroglio volontairement entretenu ? Ces contre signatures sont elles légitimes ? Juridiquement cela restera une énigme….mais cela ressemble étrangement à une usurpation, un détournement volontaire et déguisé sur l’origine d’œuvres… Toujours est- il qu’à partir de là, et ce jusqu’à ce jour, nombre d’auteurs induits en erreur, attribuent ces pièces à H.Bergé. Mais finalement, du point de vue professionnel, on en revient à la même et irréfutable conclusion, derrière ce SC, apparaît le créateur de ces pièces en pâte de verre …. En l’occurrence, Charles Schneider.

13 On peut toutefois se demander si ce n’est pas là une initiative personnelle de Bergé….

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Etudes et Pâtes de verre « aux lézards »

Fragments de croquis d’archives Schneider Dessins de Charles Schneider sur les positions de lézards. Ces dessins lui ont servi aux modelages pour

les pâtes de verre dites « au lézard » »

Vide poche signé Walter Bergé SC (1920)

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Les pâtes de verre « au lézard »

Autre vide poche au lézard (Walter Bergé SC / après 1914 )

Vide poche ayant subit une cassure (Walter Bergé SC/ après 1914)

Il en ressort que ces de pâtes de verre ont été éditées avec différentes signatures selon la date de fabrication. Avant 1914 signées Daum Nancy, Walter Nancy avec ou non une croix de Lorraine. Puis dans les années vingt, elles réapparaissent contresignées Walter Bergé SC… ce qui soulève une interrogation…un imbroglio déontologique. …

Mais il faut être aveugle, ou vraiment faire preuve d’une mauvaise volonté pour ne pas « saisir » le style bien marqué, le « coup de main » propre de l’artiste dans tous ces modelages… Cette caractéristique équivaut pratiquement à une signature….

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Autres réalisations d’après un dessin (d’archives) de Charles Schneider

Ces deux pièces sont des « Schneider » mais la coupe ci-dessous soulève une interrogation….

Coupe14 en pâte de verre Walter, Bergé avec SC donnée pour une fabrication en 1920... La création de Charles Schneider et la réalisation par Walter sont avérées…

Mais quel est le rôle de Bergé ? Sinon que d’être le responsable de l’atelier décors à Nancy et qui n’a jamais été ni

modeleur, ni sculpteur, contrairement à ce qui est narré un peu partout

14 Cette pièce est à l’origine dotée d’un couvercle.

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Superbe vase signé Daum 15

Vase signé Daum.

Et le dessin (d’archives) de Charles Schneider. On y voit déjà l’annotation pour une « forme rectangulaire »…..dont le vase plus haut fait partie

Le décor « roses » qui certainement, a dut être décliné sur une série d’autres pièces chez Daum…..

15 Ce vase a atteint un record lors de la vente via satellite entre Paris/Tokyo/New York en 1979 : 3 490 000 Francs).

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Ci dessous une autre flagrante similitude… Dessin original de C. Schneider et vase signé Daum

Libellule à ailes jaunes sur fond azur volant au dessus de l'eau L'annotation sur le dessin " modifier la forme à l'exécution» sous entend des pièces de forme différentes....

mais s'applique également aux positions et formes des libellules..... On remarquera sur ce dessin la signature typique et stylisée SC .....

Le vase" libellules" atteignant un record lors de l'innovante vente aux enchères via satellite entre Paris, New York et Tokyo... Tout comme décrit plus haut, le fameux vase" à la rose" qui lui, a atteint la fabuleuse cote de 3 465 000 Francs en 1992.....

Croquis sur les positions de libellules (archives Schneider)

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Autres comparaisons révélatrices

Hannetons, sauterelles etc…

Créations de bronzes de Charles Schneider et reprises des sujets en pâte de verre

Divers bronzes Schneider et pâtes de verre Walter avec SC… Tous les insectes et la flore tant prisés dans l’Art Nouveau ont été battus en brèche. Charles Schneider

n’a pas dérogé à cette formation. Il les a représentés dans ses bronzes, qui ont donné les matrices (souvent modifiées en raison de la technique de mise en œuvre spécifique) pour les pâtes de verre de Walter chez Daum. Puis pour les

éditions de Walter post Nancy et contresignées Bergé .SC. C’est bien souvent l’animal / l’insecte qui est reproduit et décliné dans ces pâtes de verre.

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Flacon signé Daum et dessin de Schneider (archives familiales)

Création ayant fait l’objet d’une série de pièces

Dessin (archives Schneider) d’une jardinière au même décor

Le motif d’origine « Prunelles »... rebaptisé « myrtilles » par quelques auteurs….. 3195 étant certainement le référencement chez Daum

L’annotation de C. Schneider « tirée en dedans » nous désigne également d’autres modèles et créations Daum ayant subi cette déformation du rebord

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Dans la même série « prunelles » un superbe vase signé Daum et son dessin original (archives Schneider)

Superbe vase signé « Daum » Dessin de Charles Schneider (archives)

Ce vase « prunelles » ne fait pas partie des « Pâtes de verre ». Il s’agit d’une pièce « doublée/poudrée16 et

applications »multicouches et dont le décor est dégagé par attaque à l’acide.

Dans la même série « prunelles » une coupe/jardinière ovale. (Archives Schneider)

16 Application à chaud d’une ou plusieurs couches de verre coloré sur la pièce en verre clair. (poudre,chemise, morceaux etc…)

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Quelques comparaisons assez « parlantes »

Dessin(Archives) de Charles Schneider Vase signé Daum de 1904 Ayant passé en revue les bribes des dessins (quatre à six cent environs) restant dans les archives Schneider17 il en ressort que ceux ne correspondant pas à une fabrication Schneider, se trouvent être souvent des dessins que l’on peut attribuer à des créations / fabrications pour Daum. Les exemples plus haut et ci-dessous en corroborent la véracité.

17 Non compris les deux mallettes pleines de dessin que Robert Henri Schneider possédait…et disparues hélas….

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Deux vases d’une série de dessins au crayon de Charles Schneider (1904...1914 /archives Schneider)

et deux petits Vases18 déclinés en pâte de verre signé Walter, Bergé avec SC. (1919..25) Ceux-ci attestent que Charles Schneider avait fourni à Walter des modèles autres que les motifs animaliers

Lorsque l’on visionne les quelques restes, environ six cents dessins de Charles Schneider, on y trouve également des dessins de vitraux, des croquis de meubles, des esquisses de fer forgé, des luminaires….. Des ébauches pour pierres fines et camée, des modelages pour bronze etc….prouvant l’étendue créatrice tous azimuts de cet artiste. Pour l’œil exercé d’un professionnel ces dessins reflètent une maîtrise parfaite de l’art du verre et du dessin technique appliqué. Les annotations sont nettes et précises, donnant et soulignant toujours les points précis et particuliers du processus de mise en œuvre pour l’exécutant, précisant d’une manière détaillée les couleurs à appliquer, donnant des vues sous différents angles et les dimensions finales des pièces. 18) Photos. Société Quittenbaum

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Etude (dessin d’archives Schneider) d’un porte couteau et pièces en bronze et pâte de verre dérivées

Vide poche et porte couteau en bronze signés Schneider (1905..1912). Pâte de verre signée Walter Bergé avec SC après 1918. Ceci infirme un autre non sens écrit..

«…… Partant de cette pâte de verre à l’escargot, soit disant créé par Bergé pour Walter en 1920…… Charles Schneider s’en serait inspiré en 1905...1912 à Nancy… pour créer le bronze ! 19 En général pour les pâtes de verre, Walter « tirait » une gamme complète, une série de pièces, d’après les créations et modelages que Charles Schneider lui soumettait pour la fabrication.

19 » (Page 18. dans Schneider, une verrerie au XXème siècle.

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Souvenirs rapportés…. Robert Henri Schneider avait en sa possession deux mallettes pleines de centaines dessins de son père où il puisait lorsqu’il fréquentait à son tour l’Ecole Nationale des Beaux Arts du Quai Malaquais. Il affirmait que ces dessins lui apportaient plus que tous les cours de dessin des Beaux Arts réunis….. et lui permettaient de dégager un précieux temps pour les autres disciplines En ce qui concerne la création verrière….ceci n’était certainement pas une boutade… ! Une affirmation de Robert Henri non moins surprenante…. Qui en dit long sur les énormes capacités de son père… Je le cite « mon père disait-il : « À lui seul, c’était un bureau d’architecte designer, d’artiste peintre/portraitiste, décorateur/coloriste, un atelier de gravure, et un atelier de sculpture/ modelage…réunis » …il travaillait toujours seul et de ce fait, pouvait paraître assez « renfermé »…mais ce n’était qu’une déformation professionnelle… bien connue chez les artistes. Robert Henri m’avait également affirmé que les pièces Daum dites « intercalaires » étaient dues à son père qui les avait mises en œuvre à Nancy et continué à en produire plus tard aux Verreries Schneider d’Epinay sur Seine. Lors des discussions que j’ai eues entre 1962 et 1973, les deux fils de Charles Schneider ont toujours affirmé que leur père était « directeur Artistique et de création » chez Daum et à l’origine d’innombrables modelages et modèles. Charles junior, en 1965 m’avait parlé la coupe « à la vipère » et son bronze qu’il possédait chez lui… la discussion était partie sur les couleurs dans les verres et s’était portée sur la « pâte de verre ». Cette technique disparue était pratiquement devenue inconnue dans le monde verrier de cette époque20. C’est précisément le souvenir de cette conversation qui me permit d’indiquer à Mr Bertrand de retourner voir Mme Schneider, car je supposai fortement, que le bronze « au serpent » était encore en sa possession. Ceci s’avéra exact. Et une autre confidence de Charles junior… « Si avec Robert Henri nous devions réaliser ce que notre père créa en une quinzaine d’années… il nous faudrait à nous deux réunis, plusieurs vies ….. » D’autre part, sur la rivalité Daum-Schneider, celle –ci n’était certainement plus de mise avec la génération Jacques Daum / Charles Schneider junior durant les années soixante… Je me rappelle également d’une visite de Jacques Daum à Lorris. Ce dernier demandait à Charles Junior s’il possédait encore des archives ou annotations de son père concernant la technique de la pâte de verre…. car à Nancy on voulait renouer avec cette admirable technique….et comme Amalric Walter n’avait rien laissé… Les cristalleries Schneider et Daum avaient des relations commerciales et des collaborations réciproques soutenues.21 J’ai pu le constater personnellement car les ayant vécues. 20 Je parle ici du monde verrier des « entreprises ». Il y avait par contre quelques artisans qui produisaient de la « Pâte de verre » 21 Daum et Schneider travaillant réciproquement les uns pour les autres sur certaines productions.

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Un « Grand » verrier issu de l’Ecole de Nancy

Charles Schneider

Le portrait, et la gravure sur médailles

1907. Une des esquisses représentant sa sœur Ernestine, et médaille gravée. Démontrant une autre facette de la maîtrise du dessin : celui de portraitiste.

Non seulement Charles Schneider était un remarquable et prolifique dessinateur…mais il était capable de matérialiser ses dessins dans plusieurs matières : argile, plâtre métal et verre ; et en utilisant différentes disciplines : gravure sur verre, sur pierres fines, camées en « intailles » ou en « rondes bosses », modelage et sculpture

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Et puis il y a cette coupe, un chef-d’œuvre nous confirmant le rôle de créateur / modeleur de Charles Schneider chez Daum. J’ai toujours affirmé que pour cette pâte de verre, il devait exister un bronze de Charles Schneider. Ce bronze qui avait servit de« matrice ». Or comme je le supposai, ce bronze est toujours en possession de la famille Schneider.

Modèle acquis par le MDBA de Nancy en 2001. Cette coupe « à la vipère » signée Daum-Charles Schneider (1906…1908) a été fabriquée en plusieurs exemplaires. Différentes dans les teintes, elles prouvent néanmoins l’utilisation d’une « pièce maîtresse » pour obtenir les moules réfractaires nécessaires à la fabrication des pâtes de verre identiques en taille. … Issues d’une création / modelage de Charles Schneider, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. En voici la preuve

Le bronze original de Charles Schneider, qui a servi de matrice à Amalric Walter pour les coupes en pâte de verre…..

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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La preuve et l’épreuve…

Le bronze d’origine avec un exemplaire en pâte de verre. Pour la coupe qui se trouve au MBA de Nancy, Walter, lors de la fabrication du moule réfractaire pour la pâte de verre, y a inclus la signature Schneider-Daum (visible également derrière la tête du reptile sur cette coupe). La dédicace de C. Schneider pour son professeur Mr. De Vernon, se trouvant gravée (après coup et à la roue) sur le fond de la pièce en pâte de verre. Il y manque néanmoins et logiquement une signature : celle d’Amalric Walter qui a mis en œuvre la fabrication. Le Musée des Beaux Arts de Nancy a d’ailleurs acquis un des rares exemplaires lors d’une vente de prestige en 2001, usant de son droit de préemption. Une seconde coupe est encore dans la famille Schneider. Elle est fêlée. Cassée ou fissurée par défaut technique de recuit/dilatation/ incompatibilité des couleurs…. Ces remarquables et exceptionnelles coupes sont parmi les plus » grandes pâtes de verre, avec la rare signature « Schneider-Daum » connues de cette époque et dont la réalisation est pratiquement parfaite. Chefs- d’œuvres dus à la création/modelage de Charles Schneider et la non moins remarquable mise en œuvre et technicité d’Amalric Walter. Dans ce cas : Daum signifiant simplement le lieu de mise en œuvre, mais en aucun cas une création Daum ! Ce que d’aucuns auraient bien vite affirmé et attribué à H.Bergé si la signature Schneider n’était pas présente…. Pièces rares et personnelles, mais qui nous montrent la perfection atteinte par ces deux collaborateurs de Daum. Avec Schneider et Walter, Daum possédait le « binôme » parfait pour la fabrication de la pâte de verre. L’artiste créateur/sculpteur/modeleur exceptionnel et le technicien de mise en œuvre idéal. Il est regrettable que les neveux d’Antonin Daum n’aient pas saisis la valeur de ces deux artistes …. Après le dernier conflit mondial, l’entreprise nancéienne mettra des dizaines d’années pour retrouver la technologie des pâtes de verre …. La seule fabrication qui persiste d’ailleurs à ce jour sous le sigle Daum. Revenons à Nancy…. C’est à partir de 1901 que naît chez Antonin Daum l’idée d’installer des « départements spécifiques et indépendants, à l’exemple d’Emile Gallé qui sur la place de Nancy fut le premier à mettre un tel dispositif en place.

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Dans le cadre de ces nouveaux ateliers mis en place par Antonin Daum, ce n’est qu’en 1905 avec la venue d’Amalric Walter que la pâte de verre est mise en fabrication dans les ateliers de Nancy. Walter, est le technicien de la mise en œuvre. Céramiste issu de la Manufacture Royale de Sèvres, A.Walter est un fin technicien qui connait les arcanes du moulage en trois dimensions. Les « biscuits » en porcelaine de la Manufacture Royale de Sèvres en sont un exemple type. C’est ce mode de mise en œuvre qu’il adapte à la pâte de verre….un transfert de la technologie du moulage céramique adapté à la fabrication des pâtes de verre tri dimensionnelles. Cette technique implique les objets modelés en grandeur réelle. Le modèle dit « pièce maîtresse » servant de « matrice » pour fabriquer les moules. La base de la pâte de verre est donc le modelage / sculpture associés aux techniques de moulages complexes avec multiples « dépouilles ». Les premiers « jets » acceptables au point de vue qualité sortant de la Cristallerie Daum devant se situer vers 1906 Chez Daum, « les nouveaux ateliers ‘Création et Pâte de verre’ seront mis en place en 1903/1904 Leurs responsables respectifs seront Charles Schneider pour la création et Amalric Walter pour la pâte de verre. Ateliers autonomes et indépendants, mais étroitement liés pour la fabrication des pâtes de verre. C. Schneider dessinant, créant, modelant….Walter mettant en œuvre ces réalisations. A cette date le directeur artistique de l’atelier « créations » est Charles Schneider. Ceci m’a toujours été attesté par Charles Schneider junior et son frère Robert Henri, que j’ai côtoyés pendant les dix années passées aux cristalleries Schneider à Lorris. Cette affirmation me fut confirmée bien avant, mais je n’y avais pas prêté attention….. Un jour, que jeune apprenti aux Cristalleries Schneider, j’incinérai des vieilles « paperasses » (parmi les nombreux feuillets, des archives d’Epinay jugées inutiles…par Charles Junior..) j’y ai aperçu et lu parmi les liasses de documents, des lettres à en tête où figuraient les mentions concernant Charles Schneider : Artiste créateur, Bronzier d’art et Directeur de création Artistique Daum. Le Statut de Charles Schneider chez Daum : Collaborateur artistique indépendant. Son salaire est calqué sur ceux de son frère Ernest Schneider (collaborateur le mieux rémunéré chez Daum), d’Eugène Gall, verrier responsable de la halle de soufflage, et d’Henri Bergé responsable de l’atelier « décors peints ». Il faut savoir que dans toutes les verreries d’art en général, était regroupé sous le terme « décors » l’ensemble des ateliers de parachèvements permettant de décorer les pièces brutes sortant de la halle de soufflage : décors peints, taille, gravure à la roue, dorure, gravure à l’acide, émaillage, etc. tous des ateliers bien spécifiques avec leurs artistes et sous la directive d’un chef d’atelier. Ceci change avec la mise en place de la Section « Créations » en 1904. C’est cette section qui doit donner l’impulsion novatrice dans l’entreprise Nancéienne … L’atelier « décors peint » devient logiquement« subalterne » de la section « Création » octroyée à Charles Schneider… Dans les quelques restes des archives Schneider, la présence de dessins de Gruber et Bergé ne peut que confirmer cette position…. De vives tensions on certainement vue le jour à partir de cet état de faits22…. Entre Bergé et C. Schneider. Si Walter à un aide dans son atelier (un nomméThiriet, Thincelin ?), Charles Schneider est seul et se suffit à lui-même. Ce dessinateur /créateur /modeleur prolifique est capable d’un travail énorme…comme il le prouvera plus tard dans sa verrerie d’Epinay, créant (à lui seul) et fabriquant plus que les verreries Daum, Gallé et Muller réunis ! Le Docteur Helmut Ricke soulignait déjà ce cas rare et phénoménal dans la création verrière : que la destinée artistique d’une verrerie d’Art de près de 500 ouvriers (Schneider à Epinay) reposait sur la capacité créatrice d’un seul homme : Charles Schneider….. Or cette extraordinaire capacité créatrice, C. Schneider l’avait déjà dès son retour des Beaux Arts…en 1904/1905. A Nancy dès 1904, il fournira nombres de dessins, modelages, créations de nouvelles formes et décors inédits. On peut même le comparer à une sorte de « locomotive », tirant la « création » vers de nouveaux horizons…. Et il est à noter que c’est à partir de la mise en place de ces départements que la création Daum connaît une prolifération de modèles s’éloignant de plus en plus et franchement de l’Art Nouveau en bout de souffle… pure coïncidence ? Je ne le pense pas. La pâte de verre …. Un balbutiement de cette technique chez Daum. Du travail de pionnier. Un laboratoire de recherche à vocation artistique…..un atelier de prototypes…….une fabrication de pièces uniques Il n’est pas question de « production » en série dans ce domaine. Cette technique fastidieuse peut être comparée à l’édition des bronzes d’art élaborés sur la base de la fonte à la cire perdue, avec l’inconvénient supplémentaire… le verre ou cristal n’a pas de point de solidification fixe et sa courbe de « recuisson » ( refroidissement lent) est un problème technique de haute volée, difficilement maîtrisé, et ce… encore de nos jours. De surcroît une « pâte de

22 H.Ricke en 1991 fait également cette remarque dans ses livres.

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verre » est composée d’un amalgame de plusieurs verres de couleurs différentes, ce qui multiplie la complexité de la mise en œuvre…..et les pièces cassées, fêlées à la sortie du four étaient et sont encore légion……. Daum en ce domaine, devenait la verrerie à la pointe de l’innovation…. La firme de Nancy remettait au jour une technique millénaire (Les égyptiens connaissaient cette technique23) pratiquement perdue et tombée dans l’oubli général. En 1905/1906, les « pâtes de verre » sont pratiquement des pièces uniques…..des pièces de musée … un fleuron technico-artistique « non lucratif » mais permettant à une manufacture, lors de salons internationaux prestigieux, d’afficher des pièces remarquables issues une technologie de haut niveau et se démarquant nettement des autres fabrications de l’époque. Daum (Walter + Schneider) fabriquera entre 1905 et 1913...environ un millier de pièces en pâte de verre dont il restera 150 à 300 pièces au grand maximum. Les rebus par « casse » ou défauts de recuisson, devant atteindre un pourcentage énorme dès les débuts …. Néanmoins, le but « in fine » recherché par Daum était de diffuser une fabrication suivie en partant de cette technologie difficile mais si remarquable. La complexité de mise en œuvre et les problèmes techniques pour une fabrication en série n’ont pas permis d’atteindre ce stade. Par contre les pâtes de verre, surtout les « animalières » sorties de Nancy, sont techniquement parlant, pratiquement parfaites, surpassant allègrement ce qui est fabriqué de nos jours…. Ces pâtes de verre, peuvent être considérées comme les pièces les plus rares éditées par Daum. Quand Walter et Schneider furent partis…La Pâte de verre retomba totalement dans l’oubli chez Daum. Si bien que les héritiers d’Antonin Daum, essaieront dès les années soixante, de retrouver cette technique en proposant une collaboration à F.Decorchemont, lequel négocie une rente à vie pour lui et son épouse. Le but final étant d’introduire de nouveau la pâte de verre à Nancy .Toutes ces négociations n’aboutiront pas. Le rendement productif des pâtes de verre n’étant pas, voir loin même, d’être résolu. Techniquement, F. Decorchemont était même loin d’égaler les pièces de Walter / Schneider…. Les successeurs d’Antonin Daum, réitéreront leur quête dans les années 70 avec comme interlocuteur Mr Cheval, bras droit et ex collaborateur de F. Decorchemont. Une association qui malheureusement tournera au « scandale » des pâtes de verre sur la place de Nancy…amenant la condamnation de Mr Cheval, le suicide d’un directeur chez Daum…et entraînant dans la tourmente nombres d’antiquaires réputés ayant pignon sur rue.24 La « vieille dame de Nancy », réussira le pari « pâte de verre » seulement quatre vingt ans après le départ des Schneider et Walter….aux environs des années 1990 avec l’arrivée des élastomères qui permettent de multiplier les cires de fusion avec une cadence semi industrielle. Il faut tout de même savoir qu’une fournée de pâte de verre actuellement, c’est 20 à 30 jours dans le four de cuisson avant de voir les pièces brutes réussies ou non, et que la finesse d’exécution actuelle n’a pas atteint le niveau technico-artistique obtenu par le tandem Walter – Schneider …

23 Personne ne peut donc se targuer d’avoir « inventé » la pâte de verre … sinon que de « redécouvrir ». 24 A cette époque, je me rendais souvent à Nancy, où ma sœur (tailleur sur cristaux) et son époux (verrier) habitaient St Max et travaillaient chez Daum. La presse locale a relaté ce scandale dans ses pages….

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L’art de la sculpture et du modelage

Archives Schneider (photo)

Charles Schneider….. Panneau en plâtre modelé dit « au vieil homme » exécuté en ronde bosse »de type camée … Ensuite une sculpture en terre argileuse…. Quelques unes des nombreuses facettes de cet artiste, dessinateur, modeleur, sculpteur, graveur …et maître verrier. En conclusion il ressort que la participation de Charles Schneider en tant que créateur a été très significative mais anonyme. Ses réalisations pour « Daum » sont bien cadrées entre 1904/1906... et... 1913. Ceci correspond bien avec le « tournant » amorcé dans l’art du verre en général. Si les verreries d’art lorraines exposent toujours les « sacro- saints » décors stéréotypés de type Art Nouveau gravés à l’acide (il fallait bien faire tourner les entreprises)… Charles Schneider avait très vite orienté la « création » chez Daum vers de nouvelles formes et décors… Les quelques exemples décrits suffisent déjà à cerner le rôle important de cet artiste au sein de « la Vieille Dame de Nancy »

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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La vision « avant- guardiste » Cet extraordinaire dessin de 1904 souligne le génie créatif de C. Schneider….

L’annotation en haut de page « ce vase après avoir été gravé, devra être réchauffé et métallisé »25 confirme irréfutablement sa parfaite maîtrise des techniques verrières et infirme encore une autre erreur trop longtemps colportée en cascade d’auteurs en auteurs.. Combien de fois peut-on lire dans différents ouvrages… « Charles Schneider copiant dans sa verrerie à Epinay les techniques apprises chez Daum… » La réalité serait plutôt de d’écrire … « Charles Schneider appliquant à Epinay les techniques qu’il mettait déjà en œuvre chez Daum…. en pensant particulièrement aux pièces dites « intercalaires » et autres pièces poudrées/roulées…. Ce dessin de 1904 nous indique qu’il fut peut être le premier à insuffler un style nouveau à Nancy… Une bonne partie des formes et créations s’éloignant de l’Art Nouveau qui émergent chez Daum entre 1903..1913, sont certainement l’œuvre de Charles Schneider…

25 On entend ici pour métallisé > le poudrage à chaud, ou l’enduit par des couleurs (émaux) qui sont fortement réchauffés

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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« Les Algues » dessins d’archives Schneider

Dessin faisant partie d’une série de diverses pièces. On y retrouve les caractéristiques propres à Charles Schneider Renflement du bas du vase avec « ajouts » en reliefs (ici mollusques divers) appliqués. Les bords « déchiquetés et étirés » à chaud des vases et autres pièces sont également une spécialité bien présente sur de nombreux dessins.

Extraordinaire vase « algues » (dessin archives Schneider)

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Dans la série « algues » coupe en bronze (1905…1910)

Forme rectangulaire que C. Schneider avait conçue pour des plateaux en bronze dont celui-ci-dessous

Pour ce bronze… « Algues » … la pâte de verre ……. reste à être retrouvée

Et en dernier cette superbe coupe rectangulaire de 33 x 17 cm signée d’un coté A.Walter Nancy et de l’autre H.Bergé.Sc. Ce qui nous confirme sa fabrication après 1918. Reste le bronze …à retrouver quelque part…

Superbe coupe rectangulaire « aux papillons »26

26 Vente du 6 Juillet 2008. Etude de Maître Baron. Commissaire priseur à Montargis

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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Quelle fut la cause du départ des Schneider…. peut- être l’incompréhension doublée d’une certaine incompétence des neveux d’Antonin Daum fraîchement promus, de promesses octroyées par ce dernier et non tenues par ceux-ci… une conjoncture difficile avant la Grande Guerre… ou tout simplement le désir d’affranchissement des Schneider se sentant vraiment trop à l’étroit au sein de l’entreprise Daum . Toujours est-il que pour l’Art du verre, cette rupture fut hautement bénéfique, et, certainement très dommageable pour Daum par le suite. L’ancienne et amère rancœur d’Antonin Daum vis-à-vis de ses ex collaborateurs, reflète très bien la qualité créatrice exceptionnelle de Charles Schneider et surtout, la prise de conscience chez Daum d’avoir perdu de tels collaborateurs. Les termes virulents d’Antonin Daum en 1925 vis- à- vis de la participation de Charles Schneider à l’exposition universelle, sont tout à fait déplacés et non avenus. A cette date, plus de dix années après son départ de Nancy, la verrerie Schneider d’Epinay est déjà en passe de devenir la plus grande verrerie d’Art de France fabricant plus que toutes les verreries de Nancy réunies27…. En cette même année, lors de cette exposition Universelle, Antonin Daum, président du Jury ne peut que s’incliner et approuver la mise hors Concours ainsi que l’énorme succès de son ex collaborateur qui devient membre de ce jury. Charles Schneider est décoré de la Légion d’Honneur pour services rendus à l’Industrie du Verre. L’Art Déco avait supplanté l’Art Nouveau dans les verreries d’Art et c’est Charles Schneider qui en était le chef de file…. Mais il est surtout regrettable de voir le lot de désinformations colportées concernant un des plus grands créateurs verrier issu de l’Ecole de Nancy… Heureusement les œuvres et les quelques archives sont là pour nous rafraîchir la mémoire et rectifier toutes les fausses vérités « Omettre de parler de Charles Schneider en faisant allusion à la création chez Daum, c’est passer sous silence la période allant de 1904 à 1913…. La plus fertile en créations …. Ni plus ni moins. De même, on ne peut pas parler de Charles Schneider sans mentionner Daum. Car pour la postérité, l’histoire du verre a lié ces deux familles...Schneider et Daum…et ce, malgré leurs divergences et leurs diverses péripéties. » Mais de là à recopier/ coller en cascade des fausses vérités, on en arrive à falsifier la réalité historique… Entretenir une telle désinformation, tient le plus souvent de l’incompétence en la matière ….sinon de la mauvaise foi… Il est dommage que les deux mallettes pleines de dessins que possédait Robert Henri Schneider, son fils, aient été perdues. Car il est certain que cela aurait levé le voile nébuleux des fausses assertions, des erreurs trop longtemps colportées (qu’elles soient volontaires ou non) et mis en lumière l’énorme part créatrice chez Daum de cet exceptionnel créateur que fut Charles Schneider. Ce sont les verriers qui font l’histoire du verre…non les auteurs. Le rôle de ces auteurs, c’est de respecter et de retranscrire l’histoire vraie dans la mesure du possible…en toute impartialité et pour le bien de l’art du verre. Il serait de bon ton pour certains d’entre eux d’appliquer le vieil adage…dans le doute, il vaut mieux s’abstenir Voilà, par ces quelques lignes accompagnées de dessins et croquis de Charles Schneider…il était bon de replacer les choses à leur réelle place et de rétablir des vérités trop longtemps cachées ou forfaitairement détournées … Et que se taisent une fois pour toutes, les lamentables allusions déplacées, « de traîtrise, de plagiat, de copieur et autre débaucheur etc…» à l’encontre d’un des plus grands créateur verrier issu de l’Ecole de Nancy….. Là où le chauvinisme primaire local et aveugle prend le pas sur la réalité… L’Histoire de l’art locale, y perd toute sa crédibilité. Quand à la légion d’auteurs et experts en mal de notoriété, ils s’y sont fourvoyés royalement, en colportant toutes ces fausses assertions depuis des lustres…. Le verre est une matière transparente….son histoire doit être à son image…claire et limpide….

27 Jean Hartwig « Schneider une verrerie au XXème Siècle. RMN. Nancy. 2003 pages 53..67.

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Du Bronze d’Art aux « pâtes de verre » signées Daum avec Sc © Jean Hartwig

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L’usine Daum « la vieille dame de Nancy » aux environs de 1900.

Charles Schneider y fut présent de …1897…à 1913…

Je me devais d’écrire ces quelques pages…ne serait ce qu’en souvenir des années passées dans la Cristallerie Schneider avec Robert Henri et Charles Schneider junior….mais surtout, par déontologie professionnelle liée à mon métier de technicien verrier lorrain, et de part mon attachement à l’art du verre en Lorraine, ma terre natale.

Jean HARTWIG.

Toute utilisation et copie, sont soumises aux droits d’auteurs légaux

©

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Photos : familles Schneider, G. Bertrand. J.Hartwig, archives Schneider, catalogues de ventes, musées et domaine public.

Remerciements Aux « familles » Schneider

A Mr.Barlach Heuer A la société Quittenbaum de Munich

A Mme Foupart. Bibliothèque Royale de Belgique Maître Baron .commissaire priseur à Montargis

Ouvrages consultés : 1970 R.et L.Grover European Art Glass 1971 C.Mosel Kunsthandwerk im Umbruch 1973 Glassamlung / Heinrich Kunstmuseum Düsseldorf 1974 Mme Bloch-Dermant L’Art du Verre en France 1860-1914 1980 N.Daum Daum.Maîtres Verriers 1981/82 Hemuth Ricke Schneider. Glas des Art Deco 1983 Mme Bloch-Dermant Le Verre en France 1984 Exposition Schneider Catalogue Louvre des Antiquaires 1985 H.Hilschenz-Mlynek et H. Ricke Glas Historismus Jugendstil und Art Deco: p.456 > 16 signatures avec SC. 1987 R.Arwas Glass .Art Nouveau to Art Deco 1987 Mme E.Mannoni Mystérieuses Pâtes de Verre 1991 G. Cappa L’Europe de l’Art Verrier. 1850 -1990 1991 Dr.H.Ricke Glas Jungenstil und Art Deco 1992 Mme Mannoni Schneider 1995 Dr H.Ricke Glaskunst- Reflex der Jahrunderte 1998 G.Cappa Le Génie Verrier de l’Europe 2000 « Daum » Catalogue du Musée des Beaux Arts de Nancy 2003 « Schneider » Une verrerie au XX ème Siècle > Catalogue du Musée des Beaux Arts Nancy 2004 Les origines de l’Art Nouveau- La Maison Bing.

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Jean Hartwig Né à Baccarat, issu d’une famille de Maîtres verriers et tailleurs/graveurs, dont les origines depuis plusieurs générations se situent en Bohême, haut lieu et célèbre creuset du monde verrier. Un ancêtre est même à l’origine de l’une des premières verreries aux Etats Unis en 1752 dans le Maryland Famille qui oeuvra dans toutes les grandes cristalleries françaises de renom telles que : Baccarat, Daum, Cristalleries Royales de Champagne, Sèvres, Cristalleries Schneider, etc.… Formé dans le giron familial Jean Hartwig devient Artisan dès ses dix huit ans, ce qui en fait un un plus jeune Artisan de France. Une solide formation scientifique et artistique complète le cursus. Le titre prestigieux de Meilleur Ouvrier de France est acquis dès ses 24 ans, suivit de la médaille d’or de la chambre des métiers ainsi que du diplôme de Maître-Artisan d’Art. S’y ajoute un Grand Prix Départemental des Métiers d’Art 1986. La restauration de tous les vieux cristaux et verres anciens est une des spécialités de son atelier consacré par un deuxième Grand Prix Départemental des Métiers d’Art 2001 (Restauration Conservation). Jean Hartwig se consacre également à la formation, à l’archéologie et l’histoire du verre. La recherche et la création sont des activités permanentes. Il développe en 1995 un programme de modélisation verrier qui permet de travailler sur les compositions des verres antiques (reconstitutions) verres récents (aide à l’élaboration) et futurs (verres spéciaux et techniques) permettant de visualiser/modéliser un nombre important de propriétés physico- chimiques découlant de ces mélanges vitrifiables.

Membre de l’AFAV (Association Française pour l’Archéologie du Verre) de l’AIHV (Association Internationale pour l’Histoire du Verre).

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