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Olivier Giroud, pièce maîtresse des Héraultais, aux prises avec le Parisien Thiago Motta, le 19 février. JEAN-BAPTISTE AUTISSIER/PANORAMIC T out n’a pas été simple pour Didier Drogba. L’Ivoirien, qui devrait jouer, samedi 19 mai, à la pointe de l’attaque de Chelsea contre le Bayern Munich en finale de la Ligue des cham- pions, a longtemps ciré le banc des remplaçants du Mans, avant de percer à Guingamp. Mais c’est avec l’Olympique de Marseille, où il a signé en 2003, que celui que l’on surnomme « Tito » est devenu un buteur de classe mondiale. « Dans l’histoire du football, j’ai rarement vu un joueur porter son équipe sur ses épaules autant que lui, se souvient Vincent Labrune, l’actuel président de l’Olympique de Marseille. Tout était construit autour de Didier Drogba. » Cet attachement à la cité phocéenne n’empêche pas l’attaquant de signer, contre 37 millions d’euros en 2004, à Chelsea. Avec les « Blues », il gagne trois titres de champion d’Angleterre, quatre fois la Cup et s’empare à deux reprises du titre de meilleur buteur de Premier League. Mais dans ce palmarès étoffé, il manque deux lignes : ramener la Coupe d’Afrique des nations (CAN) à Abidjan et offrir la Ligue des champions à Chelsea. p PAGE 8 La longue quête de Didier Drogba Samedi 19 mai, l’Ivoirien de Chelsea devrait disputer la finale de la Ligue des champions face au Bayern Munich Ramer pour reboiser Près de Dakar, un marigot retrouve peu à peu ses arbres. A des milliers de kilomètres, à Annecy, l’association Kayak sans frontières organise des compétitions de dragon boat pour financer cette reforestation. PAGE 6 Le cricket, c’est chouette Notre reporter a essayé le sport le plus pratiqué au monde. Très original, contrairement aux idées reçues, car il ne s’agit pas de football mais de cricket. Et dire que l’Ile-de-France ne compte que deux équipes féminines… PAGE7 Montpellier-Paris, le choc des cultures L’ultime journée de Ligue 1, dimanche 20 mai, livrera le nom du prochain champion de France. Le club héraultais n’a besoin que d’un seul point pour remporter le premier titre de son histoire, alors que le PSG place ses derniers espoirs dans une arithmétique très incertaine. Les Montpelliérains, 12 e budget de la Ligue 1, priveraient ainsi les opulents Parisiens d’une victoire qui leur semblait promise en début de saison PAGES 4-5 Sportif de haut niveau, et après ? Plusieurs athlètes disent avoir ressenti une « petite mort » à la fin de leur carrière. Une récente étude, menée auprès de sportifs d’horizons divers, met en évidence l’importance d’un double projet, mêlant carrière et formation. PAGE 3 TONY O’BRIEN/ACTION IMAGES/PANORAMIC Cahier du « Monde » N˚ 20941 daté Samedi 19 mai 2012 - Ne peut être vendu séparément

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OlivierGiroud, piècemaîtresse desHéraultais,auxprises avec le ParisienThiagoMotta, le 19février.

JEAN-BAPTISTE AUTISSIER/PANORAMIC

Tout n’a pas été simple pour Didier Drogba.L’Ivoirien, qui devrait jouer, samedi 19mai, àla pointe de l’attaque de Chelsea contre leBayernMunichenfinalede laLiguedescham-

pions, a longtemps ciré le banc des remplaçantsduMans, avant de percer à Guingamp. Mais c’estavec l’OlympiquedeMarseille, où il a signéen2003,que celui que l’on surnomme«Tito» est devenu unbuteur de classemondiale.

«Dans l’histoire du football, j’ai rarement vu unjoueur porter son équipe sur ses épaules autant quelui, se souvient Vincent Labrune, l’actuel président

de l’Olympique de Marseille. Tout était construitautour de Didier Drogba.»

Cet attachement à la cité phocéenne n’empêchepas l’attaquant de signer, contre 37millions d’eurosen 2004, à Chelsea. Avec les «Blues», il gagne troistitres de champion d’Angleterre, quatre fois la Cupet s’empare à deux reprises du titre de meilleurbuteur de Premier League.

Mais dans ce palmarès étoffé, il manque deuxlignes : ramener la Coupe d’Afrique des nations(CAN) à Abidjan et offrir la Ligue des champions àChelsea.pPAGE 8

LalonguequêtedeDidierDrogbaSamedi 19mai, l’IvoiriendeChelseadevraitdisputer la finale

de laLiguedeschampionsfaceauBayernMunich

Ramer pour reboiserPrès deDakar, unmarigot retrouvepeu àpeu ses arbres. A desmilliersde kilomètres, à Annecy, l’associationKayak sans frontières organisedes compétitions de dragonboat pourfinancer cette reforestation. PAGE 6

Le cricket, c’est chouetteNotre reporter a essayé le sport le pluspratiqué aumonde. Très original,contrairement aux idées reçues, car ilne s’agit pas de footballmais de cricket.Et dire que l’Ile-de-Francene comptequedeux équipes féminines… PAGE 7

Montpellier-Paris, lechocdesculturesL’ultime journéedeLigue 1, dimanche20mai, livrera lenomduprochainchampiondeFrance. Le clubhéraultaisn’a besoinqued’unseulpoint

pour remporter lepremier titrede sonhistoire, alorsque le PSGplace sesderniers espoirs dansunearithmétique très incertaine.LesMontpelliérains, 12ebudgetde la Ligue 1, priveraient ainsi les opulentsParisiensd’unevictoirequi leur semblaitpromiseendébutde saison

PAGES 4-5

Sportif de haut niveau, et après ?Plusieurs athlètes disent avoir ressentiune «petitemort » à la fin de leur carrière.Une récente étude,menée auprès de sportifsd’horizons divers,met en évidencel’importanced’un double projet,mêlantcarrière et formation. PAGE 3

TONYO’BRIEN/ACTION IMAGES/PANORAMIC

Cahier du «Monde »N˚ 20941 daté Samedi 19mai 2012 - Ne peut être vendu séparément

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SiMontpellier est sacré championde Fran-ce ceweek-end, ce ne sera qu’un sursisavantquenous tirionsnos années deréclusion.De réclusiondans l’attendu.

«DuPSG, on va en bouffer pendant sept ans»,a dit dans ces colonnes le présidentNicollin,hélas aussi dignede foi en l’occurrencequelorsqu’il prometune «branlette espagnole»pour fêter le titre.

L’avenirprochede la Ligue 1 est désespéré-

mentprévisible.Carburantaupétrole, le PSGsera championplusieurs fois etdonc systémati-quementqualifiépour laChampionsLeaguequ’il finirapar remporter le 23mai 2018. Cejour-là, les rues deParis serontpleinesdeklaxons. Les supporteursauront ce qu’ilssavaientqu’ils auraient.

L’argent, dans le sport commeailleurs, c’estleparti de l’ordre: il sécurise les compétitions,assurequ’elles sedéroulentdans le respect deshiérarchiesétabliespar… l’argent. En achetantlesmeilleurs joueursou l’arbitre, les écuries lesplus riches s’emploient à abolir la glorieuseincertitudequi, dit-on, appartientà l’essencedusport. En somme, ils ledénaturent.

Généralisationde la terre battuebleueà tous les sports

Puisqu’il est resté sourdànotre suggestion(voir la chroniquedu27avril)de supprimer leministèredes sports, le pouvoirdegauche, apriori du côtédesplus faibles, pourrait aumoins le requalifier enministèrede la promo-tionde l’impondérable,dont leprojet, applica-ble sinedie, tient enquelquespoints:

–Inscriptiondans laConstitution, par réu-nionduParlement, de l’interdictionde l’arbi-tragevidéo. L’erreurd’arbitrageest parfois lachancedupetit – c’est bienpourquoi le gros estunsi constantmilitant de la vidéo.

–Dans lemême esprit, suppression des for-mations d’arbitres au profit du recrutement

par tirage au sort, une statistique providen-tielle assurant qu’un désigné sur dix estalcoolique.

–Réductiondes effectifs àdeux fois lenéces-sairepour composeruneéquipe (foot: 22,hand: 14,etc.). Ainsi les blessures, que les bancsmilliardairesparviennentàpallier pardeseffectifspléthoriques, redeviendrontdesimpondérablesvraiment fâcheux.

–Interdictiondes terrains couvertsou syn-thétiques, lamétéoétantparfois lameilleureamiedupauvre.Un terrainboueuxet imprati-cable, quellemeilleure façond’embêteruneéquipepétrolière?

–Considérant la réjouissantehécatombequ’ellea provoquéechez lesmeilleursau tour-noi deMadrid, généralisons la terrebattuebleueà tous les sports. Lesnageurs réfractairesàplongerdans la terrebattuebleue seront invi-tés àmettre finà leur carrière.

–Suppressiondes postesde techniciens.Uncycliste favori crèveoudéraille au3ekilomè-tre? La course est terminéepour lui. Dix favo-ris crèvent oudéraillent?KévinBernot, del’équipeMinitel, aune chancede remporterParis-Roubaix.Qu’onne s’inquiètepaspour lespersonnels acculésau chômage technique: illeur sera immédiatementoffertundiplômed’arbitredansun sport de leur choix, en corol-lairedenotremesureno2.Onvoit quenotrepolitiquede l’impondérableest cohérente, pen-sée, systémique. Il ne tientqu’à toi, François.p

ch ron i q u e

FrançoisBégaudeau

Ecrivain

3

Paletassiégé

Pierre Lepidi

L e vainqueurde la coursequi seraorgani-séeàFeucherolles (Yvelines), samedi19etdimanche20mai,ne serapas celuiqui

aura franchi la ligned’arrivée lepremier, puis-quecelle-cin’existepas. Seraproclamécham-piondecette 2eédition le concurrentqui auraeffectué laplus longuedistance,autourd’uncir-cuit lilliputienmesurantprécisément1,286km,pendant…24heures! Ledépart seradonnésamedià 11heureset l’arrivéeproclamée le len-demain,à lamêmeheure.

Courir quasiment sur soi-mêmeaussi long-tempsne procure aucune ivresse et ne donnemêmepas le tournis. Alors pourquoi le faire?«Les participants viennent d’abord pour selancer un challenge personnel, voir à quelmoment leur corps semettra au service deleurmental, explique Jean-LucGarcia, prési-dent de l’associationUltra Passion, qui organi-se l’épreuve et reverse tous les bénéfices de lacourse à des organismes caritatifs.Ona coutu-me de dire que la réussite d’unmarathonpas-se à 80%par les jambes et à 20%par lemen-tal. Pour une compétitionde 24heures, c’estl’inverse!»

Courir touteune journée–mêmesuruncir-cuit aussi réduit – ne s’improvisedoncpas. En2011, les 76 concurrents qui avaientpris ledépart étaient tous des adeptes de coursesd’ultra-longuedistance, desmultimaratho-niens (42,195km)pour laplupart etdes«cent-bornards» (coursesde 100km).

Tourneren rondcréedes liensetde la cha-leurhumaine.«Il yadans cetteépreuveunegrandesolidarité, raconte Jean-LucGarcia.Autourde ce circuit qui compte trois rues, leschampionscôtoient lesanonymeset tout lemondes’encourage.Dans ladouleur, on sympa-thiseau fil des tours. Et s’il y auncoureurquiauncoupdepompesur le côtéde la route, unautre le ramène jusqu’à la zonemédicale.»

«Prévenez laDDE!»Unezonede ravitaillementest à ladisposi-

tiondes coureurspendant l’épreuve.Ony trou-vedesaliments sucrés et salés, des repascom-plets chaudsoufroids.Unpeuà l’écart, il y aaus-siunesallede repos.Ceuxquivisent lepodiumnes’accordentaucunrépit oupresque. Lesautresviennent fairedespausesdecinqoudixminutesavantde repartir.

En 2011, le vainqueur avait totalisé 217km.Il a couruàunevitessemoyennede9km/h, et

doncbouclé 168 tours completsducircuit!Dans lepeloton, à l’adressedesorganisateursoudes spectateurs, il existeuneblague récur-rente:«Ontournedepuis cematinetonn’a tou-jourspas trouvé la sortie! VouspouvezprévenirlaDDE?»

N’ya-t-ilpasunecertainemonotonieà cou-rir ainsi?«Pasdu tout,mêmesi c’est vrai qu’à lafinona l’impressionde connaître toutes lespla-quesd’égoutduparcours, assureBrunoLacroix,51 ans (52marathons)etparticipantaux24heu-resdeFeucherollesen2011 et en2012.A la findel’épreuve,onse faitpleinde repères eton frac-tionne les tourspour résistermentalement.Tuconnaisalors le circuitaupointde savoirqu’après tantde foulées il y aun lampadaire,plus loinunemaisonavecunepiscine…Lages-tionmentalede l’effort est totalementdifférentesurunmarathon.»

«Les toursdecircuitne se ressemblentpas, etonarrivemêmeàvoirdes chosesdifférentes àchaquepassage, jurePatrickPasquet, qui a cou-ruen2011 et reprendra ledépart en2012.Etquand lanuitarrive, l’ambianceest vraimentparticulière: toutdevient calmeetouaté…»Cetinstant siparticulier, quimarquequasiment lami-course,auraituneffetapaisant:«Maisun24heures, çane se racontepas: ça se vit…»p

Leministèredel’impondérable

Samedi 19maiFootballVous aviez prévudes tapaspour samedi soir.Remballez-tout! Car non, la finale de la Ligue des championsn’est pas le dernier acte du très clasico feuilletonde l’annéeentre le Barçaet le Real. Le championd’Europe 2012 s’appelle-ra BayernMunichouChelsea. Et comme les Bavarois reçoi-vent à lamaison (comprendre l’ultramoderneAllianzAre-na), prévoyezplutôt des saucisses: hot dog si vous supportezles Blues, currywurst si vous enpincez pourRibéry et sesfreunde (TF1, 20h45).RugbyVousn’êtespas très droite pop’mais vous aviez toutdemêmeprévuunpetit apéro-saucisson-rougeoupastaga.Remballez-tout! Cette année, pas un club français,mêmepasle Stade toulousain, n’a réussi à sehisser en finale de laH(pourHeinecken)Cup, la Couped’Europede rugby. La fauteaux Irlandais du Leinster et deUlster qui se départageront letitre en terre anglaise à Twickenham.AlorsGuinnessobliga-toire (France2, 17heures).

Dimanche20Football Il vous resteunpeude saucisses et de bièrede laveille? Très bien.Mais là, c’est plutôt du champagnequ’ilfautmettre au frais. Vous le sortirez ou le laisserez après23heures, selonque vos couleurspenchentpourMontpellierou le PSG. Car lundi, la Francen’aura plus seulementunnou-veauprésident et unnouveaupremierministre,mais aussiunnouveauchampionde France (Canal+, 21heures).

Lundi 21NatationAprès unweek-endaussi arrosé, vous avez deuxoptions: poser une journéepour récupérer ou filer à la pisci-ne. A défaut, il y a les championnatsd’Europedenatation(grandbassin, s’il vousplaît) qui débutentà Anvers, enBelgi-que. La répét’ des Jeux (Eurosport, 9h30). PHOTO : AFP

Mercredi 23Cyclisme Lemercredi, c’estpiscine! En fait, pasdutout. Lemercredi, c’est vélo. C’estbizarre,mais c’est commeça. Etonsedemandeunpeupourquoi. LesorganisateurduTourdeBelgi-queetduTourdeBavièreontdécidéde faire commencer leursépreuves lemême jour, lemercredi23, donc, etde leurdonnerlamêmearrivée, ledimanche27. Pendantce temps,unautreTour, celuid’Italie, enest à sa 17eétape (Eurosport, 13h30).

Jeudi 24TirVoilà bienun sport où il vautmieuxnepas troppicoler:le tir. Qui plus est quand il s’agit d’armes anciennes. LeMaster’s Tir Club France armes anciennes–là ona juste reco-pié– se tient àMarseille. Vu l’hécatombedemortspar armesà feudans la cité phocéennedepuis le début de l’année, il vafalloir redoubler les contrôles anti-pastaga.

Vendredi 25Rallye LesGrecs n’ont vrai-mentpas de chance.Non seu-lement l’Europe leur deman-dede se serrer la ceinture aupointde devoir surveiller detrèsprès leur consommationdeouzo.Non seulement ilsviennentde se récupérerunparti d’extrêmedroite quiferait rougir d’envieMarineLePen.Mais enplus ils doi-vent continuer à se farcir le ral-lye de l’Acropole et ses bagno-les pétaradantes… PHOTO : AFP

SPORT&FORME à v o s m a r q u e s

Leshockeyeurs finlandais ont quelques argu-ments à faire valoir. Ungardienmassif en lapersonnede Petri Vehanen (à l’œuvre sur laphoto, le 14mai, face auKazakhstan), un titremondial à défendre et l’avantagedu terrain,puisqu’ils coorganisent jusqu’audimanche

20mai, avec la Suède, le championnat dumonde. Finlande, Suède, Canada, Russie, Etats-Unis… tous les poids lourds de la patinoiresont encore dans la course. L’équipede Francea failli créer la surprise, écartée in extremisdesquarts de finale par la Slovaquie.p

C’est lenombrede fois que la préfectureduPas-de-Calaisaura examiné le «droit au séjour»deRigoberteM’Bah,footballeuse camerounaiseàHénin-Beaumont. Le tribunaladministratifde Lille a en effet annulé, lundi 14mai, unedécisionde refusprononcéepar la préfecture. La joueusesanspapiers avait été placée en centrede rétentionenfévrier2011 à la suite d’unarrêté de reconduiteà lafrontièrequi avait finalement été annulé.

L ’ H I S T O I R E

Courirpendant 24heuresautourde trois rues

Agenda

GRIGORY DUKOR/REUTERS

2 0123Samedi 19mai 2012

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E N Q U Ê T E SPORT&FORME

Pierre Lepidi

Q ue feront lenageurAlainBernard,lekayakisteTonyEstanguetet l’es-crimeuse, porte-drapeau de ladélégation française, Laura Fles-sel, après les Jeux olympiques deLondres? A la fin de l’été, ces trois

sportifsdehautniveaudevraientmettreunter-me à leur carrière, et connaître ce sentiment de«petite mort» que d’autres avant eux ontdécrit. La suite ? Il faut l’imaginer comme unnouveaudépart, unenouvelle vie. Afinde réus-sirsareconversion, il convientdemener, leplustôt possible, un double projet : sportif et de for-mation. Même si, selon leur sport, leur sexe,leur palmarès, les athlètesne disposent pas desmêmesarmes.

L’argent n’est pas toujours une valeur sûre.Selon une enquête du magazine américainSports Illustrated, 60%desbasketteursévoluantenNBA font faillite dans les cinq annéesqui sui-ventleurretraitesportive.Parcequel’argentleurabrûlé lesdoigtsouparcequ’ils ontétévictimesd’arnaques, des dizaines de basketteurs améri-cainsontperdulafortunequ’ilsavaientamasséesous les paniers. On trouve parmi eux DennisRodman,ScottiePippen,AntoineWalker…Lecasd’Allen Iverson est emblématique. Après avoiraccumuléprèsde154millionsdedollars(119mil-lionsd’euros) durant sa carrière, l’ancienarrièredesPhiladelphia 76ers a revendusesmaillots etses chaussures d’entraînement aux enchèressur Internetpourhonorer sesdettes.

Des dizaines d’athlètes français ont connuune chute vertigineuse voire dramatique auterme de leur carrière. Champion olympiqueaux Jeux de Los Angeles (1984), le perchistePierre Quinon a cessé son activité en 1993,après une longue série de blessures. Il a tra-vaillé ensuite dans une rôtisserie sur le par-king d’un supermarché deHyères (Var), puis asombrédans la dépression. En 2011, il amis finà ses jours à l’âge de 49ans. Des footballeurscomme José Touré ou Bruno Bellone, interna-tionaux dans les années 1980, ont été ruinés àlasuitedeplacementshasardeuxavant, finale-ment, de rebondir.

Plus récemment, Raphaël Poulain, ancienjoueur de rugby du Stade français, a connu la

gloire puis la précarité. «A 20ans, j’étais l’ailiervedette du club parisien, raconte-t-il. Je prenais20000balles par mois, roulais en Audi TT, etj’avais ma gueule en 4 par 3 à chaque coin derue… Je m’achetais un téléphone par mois. Jen’avais pas la grosse tête, mais je flambais. Jen’étais pas dans la réalité, mais je n’en savaisrien.» Aux quatre coins du championnat deFrance, le «cheval fou» – qui détaille son par-cours dansQuand j’étais Superman (Robert Laf-font 2011) – se blesse et, lentement mais sûre-ment, s’éloignedes terrains.«J’ai subi six opéra-tions lourdes,confie-t-il. J’ai le corps recouvertde75cmdecicatrices,avecuneplaqued’aluminiumdanslebiceps,8visqui l’accrochentà l’osdubras,quelques écrous dans l’épaule gauche…» A25ans, son contrat au Stade français n’est pas

renouvelé et, en matière de reconversion, rienn’est prévu. Passionné de théâtre, il suit descours, décroche quelques rôles comme comé-dien,mais vit depuis trois ans avec leRSA.

Raphaël Poulain a vécu la transition entre lerugby amateur et professionnel. Dans lesannées 1980, il était assez fréquentde voir d’an-ciens rugbymen investir dans des restaurantsoudesbars. Ilsappelaientleurétablissement«leDrop»,ou«lePenalty»pourlesex-footballeurs.Les temps ont changé. Sur les 30joueurs partisdisputer laCoupedumondeenNouvelle-Zélan-de en 2011, 14 avaientdéjàune activitéparallèle,comme Lionel Nallet (qui gère une entreprise

spécialisée dans la mécanique de précision) ouImanolHarinordoquy (responsable d’une lignedevêtements).

Gwendal Peizerat, champion olympique endanse surglaceavecMarinaAnissina (2002), estaujourd’hui conseiller régional délégué auxsports en Rhône-Alpes. «J’ai toujours poursuivimesétudes,explique lepatineur,quiaprèsavoirétédiplômédel’écoledemanagementdeLyonafondé Soléus en 2003, une société qui s’occupede lamise en conformité d’installations sporti-ves.Pourréussirsareconversion,ilestindispensa-bledeconcevoirsacarrièrecommeundoublepro-jet. Il faut sedirequ’àunmomentdesavie la ten-danceentrelesportet laformationprofessionnel-le va s’inverser, va switcher! Il faut aussi du tra-vail et de l’anticipation.»

«Pendant longtemps, on a vu les athlètess’orienter vers la restauration ou les servicesmunicipaux,expliqueMaudMongellas,directri-ce de MGS Reconversion, société spécialiséedans l’après-carrière des athlètes. Il y a cinq ansenviron, lemonde du sport a pris conscience desaléasde la reconversion.»

De nombreux athlètes se tournent vers lemonde de l’entreprise, souvent le marketing,dont lesvaleurs sontassezprochesdudomainequ’ils connaissent.«Quandvousparlezdebutàatteindre à un ancien champion olympique, ilsait ce que cela signifie, expliqueMaudMongel-las,anciennesprinteuse. Il saitaussiélaborerunplan d’action cohérent, gérer son stress, animerune équipe… Les anciens athlètes ont des quali-tés qui sont recherchées dans les entreprises.»Existe-t-il des secteurs de prédilection en fonc-tiondesdisciplinespratiquées?«J’aipuconsta-ter que les anciens champions d’athlétisme setournaient souvent vers le social, qu’ils avaientenvied’êtreutiles, de servir les autres…», répondMaudMongellas.

Lesecretd’unereconversionréussiepasseparl’anticipationde sa finde carrière.Maisuneétu-demenée par Hamae Conseil – une agence quivise à rapprocher lemonde du sport et celui del’entreprise – auprès de 46sportifs issus de9sportsdifférentsmontreque les freins aupro-jet de reconversion nemanquent pas. «Le ryth-me effréné du sportif de haut niveau, le fait devivre dans unmonde clos fréquenté par d’autressportifs, l’absence de perception d’un bénéficeimmédiat et la culture dominante qui incite au

carpediem empêchent souvent les athlètes de seprojeterdans l’avenir», indique le rapport.

En dehors de toute origine sociale, commentexpliquerquecertainsathlètespensentàprépa-rer leur reconversion plus tôt que les autres?L’enquête montre qu’il s’agit de ceux dont « lesport pratiqué ne permet pas de subvenir à leursbesoins, ceux aussi qui ont été marqués par lesexpériencesde la vie (difficultés familiales, pécu-niaires…). On retrouve enfin les athlètes qui ontintégré avant les autres l’incertitude du hautniveau ou qui évoquent la nécessité d’avoir unevie en dehors du sport.» On constate aussi quepluslesportestexigeant (boxe,cyclisme…),plusla reconversionest difficile.

Lemomentd’arrêter sa carrière se révèle sou-ventdécisifpourlasuite.«Certainsrepoussentlemomentense lançantdans laquêtepermanented’un contratplus lucratif que leprécédent,expli-queYannickPuaux,directeurdeHamaeConseil.Anciens footballeurs de Ligue 1, ils cherchentuneéquipe dans des divisions inférieures, au risquede s’éloigner de leur famille et d’un bassin d’em-ploi important.Savoirstoppersacarrièreplustôtpermetparfoisdemieux se reconvertir.»

MaliaMetella a arrêté lanatationparcequ’el-le avait perdu l’envie. «Après les Mondiaux, j’airepoussé un peu lemoment de la reprise de l’en-traînement. Et finalement, j’ai décidé de ne pasrevenir, explique la médaillée d’argent aux JOd’Athènes (2004). Je ne voulais pasme dégoûterde la natation! J’avais plutôt bien réussima der-nière compétition et souhaitais passer à autrechose… On ne vit pas de ce sport, et j’avais tou-jours réfléchi à mon projet de reconversion.»Après avoirmis un terme à sa carrière en 2009,ellesuituncursusdansle journalisme,décrochesondiplômedeuxansplustardetintègreenjan-vier2012 Sportlab, une société spécialisée dansle sponsoring sportif, en tant qu’attachée depresse.«A12ans, jemelevaisà5heuresdumatinpourm’entraîner,raconte-t-elle.J’aifaitdessacri-ficespendantmacarrièremaisjeneregretterien,nidansmonchoixdereconversion.J’aichoisiuneautre voie que celles de nombreux nageurs, quideviennentprof d’EPSoukiné.»

Endixans, deuxanciensathlètes, l’escrimeurJean-François Lamour et le judoka DavidDouillet, sont devenus ministres des sports. Acroirequelesportmèneàtout,avecousanspro-jet de reconversion.p

FrançoisHollande endéplacement, en février, dans un centre sportif de Créteil. Parmi les personnalités qui l’accompagnent,l’ex-judokaThierryRey (à sa droite) et l’ancienpatineurGwendal Peizerat (2e en partant de la droite), aujourd’hui conseiller régional Rhône-Alpes. JEAN-LUC LUYSSEN/REA

«A20ans, jem’achetaisun téléphoneparmois.Jen’avais pas la grossetête,mais je flambais.

Jen’étais pasdans la réalité,

mais je n’en savais rien»RaphaëlPoulain

ancien rugbymanduStade français

Athlètesdehautniveau:lacoursed’obstaclesdelareconversionPourunsportifdevenuhommepolitiqueoustardelatélé,combienderecalés ?Leschampionssontsouventmalarméspourconstruireleuravenirprofessionnel,constateuneétudemenéeauprèsd’athlètesd’horizonsdivers

30123Samedi 19mai 2012

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LasaisondelaMossoncontrarielesprévisionsduPSG

Trois ans après son retour dans l’élite, leMontpellier Hérault Sport Club est sur le point de ravir au club parisienle titre de champion de France. Un pied de nez à la dérive inflationniste du footballmoderne

RémiDupré et Bruno Lesprit

Prêtàpareràtouteéventualité,Frédé-ric Thiriez a finalement attendupour rien avec son trophée sur leparking du stade de la Mosson,dimanche 13mai. Le président de laLigue de football professionnel

avaitatterridansl’Héraultunedemi-heureseu-lement avant le début du choc opposantMont-pellier à Lille, et il est reparti trop tôtpour assis-teraubutdeKarimAït-Fana,l’uniquedumatch,qui assure pratiquement aux locaux leur pre-mier titre de champion de France. Le show duBrésilienNéné au Parc des Princes, auteur d’untriplé face à Rennes, l’avait convaincu que laremisede la coupene seraitpas pour ce soir-là.

LeadersdelaLigue1àunejournéede la findela saison, lesMontpelliérains seront selon tou-

te vraisemblance sacrés en Bourgogne diman-che 20mai. Ils ont déjoué les pronostics enconservant leurs 3points d’avance sur le Paris-Saint-Germain. Une petite unité suffit à leurbonheur. Et encore: ils peuvent s’offrir le luxede perdre à Auxerre, déjà voué aux enfers de laLigue2, si lePSGéchoueàs’imposeràLorient.Adéfaut de bouleverser la hiérarchie au sommetduchampionnat, cetteultime journéepourraitdépartager les deuxmeilleurs buteurs, Néné etOlivierGiroud, et leurs 21réalisations.

«Qui aurait parié un peso en début de sai-son que nous serions là où nous sommes?», arappelé l’entraîneur de Montpellier, RenéGirard, après la victoire contre Lille. Sur lesbords de laMosson, la rivière qui a donné sonnom au stade, ce premier sacre annoncé s’ap-parente à un miracle, trois ans seulementaprès le retour du Montpellier Hérault SportClub (MHSC) dans l’élite. M.Thiriez n’aurait

jamais imaginé que le récipiendaire du tro-phée pût être Mapou Yanga-Mbiwa, issu ducentrede formationmontpelliérain, quivientd’être appelé par Laurent Blanc en présélec-tion pour l’Euro. Cet espoir de 23ans a ravi laplace qu’occupait précédemment MamadouSakho, capitaine déchu du PSG, qui semblaitdestiné à recevoir la récompense. «On doitchercher à tout remporter,déclarait auMondele défenseur parisien en décembre2011. LeBarça ne se pose pas de questions. Le PSG doitdésormais avoir cettementalité.»

Des questions, le PSG peut finalement s’enposer.Lasimple logique financièren’apas suffià ce jour à faire plierMontpellier, 12ebudget deLigue1, près de cinq fois inférieur à celui de lacapitale – 36millions d’euros contre 150mil-lions –, doublé depuis le rachat du club parQatar Sports Investments (QSI) en juin2011. Il ya neuf mois, seuls Lyon, Marseille et le tenant

SPORT&FORME R É C I T

l i g u e 1

Le groupemontpelliérain,OlivierGiroud en tête,

à l’entraînement sur la plagedu couchant à LaGrande-Motte,

le 28mars.THOMAS SYLVAIN/PRESSE SPORTS

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R É C I T SPORT&FORME

du titre, Lille, semblaient suffisamment arméspour disputer la suprématie au nouveau riche.L’arrivée des investisseurs de Doha a projeté lePSG dans une autre dimension économique,avec un modèle emprunté aux clubs les plusnantis de la Premier League anglaise.

Pourobtenirdesrésultatssportifs, il suffiraitd’injecter de l’argent frais dans un puits sansfond. Cette stratégie vient enfin de sourire aucheikhMansour, originaire d’AbouDhabi, pro-priétaire deManchester City, qui n’a pashésitédepuis quatre ans à dépenser 1milliard delivres(1,2milliardd’euros)pourravirlapremiè-re place au voisin et rival de Manchester Uni-ted. Il en va demêmeàMadrid, où le Real, qui aaccumuléunedetteglobaledeprèsde600mil-lions d’euros, est champion d’Espagne aprèsquatre annéesde disette.

Contrairement au cheikh Mansour, NasserAl-Khelaïfi,patrondeQSIetduPSG,n’aurasansdoute pas la patience d’attendre 2015 pour queson équipe remporte la Ligue1. L’objectif fixéau termede ce planquadriennal est plus ambi-tieux: une victoire en Ligue des champions, laplus prestigieuse des compétitions européen-nes. Pour y parvenir, une dépense annuelle deplus de 100millions d’euros sur lemarché destransfertsestprogrammée.Ceslendemainsquichantentne sauraientmasquer ladéceptiondece premier bilan, sans ligne de palmarès. «Sil’on ne gagne pas, c’est un échec», a répété Leo-nardo, directeur sportif du PSG. «Le titre nepeut nous échapper», était convaincue la stardu club, l’Argentin Javier Pastore.

A l’été 2011, le PSG a animé presque seul lemercato en enrôlant Pastore (pour 42millionsd’euros, record absolu dans l’histoire de laLigue1) et, en sus de ce coup de folie, douzeautres recrues, avec une préférence pour lescadors rompus aux joutes internationales.Pour éviter une reprise en main trop brutale,l’entraîneurAntoineKombouaré a étémainte-nu jusqu’aux premières heures de la trêvehivernale. Le Kanak n’a pas failli dans sa mis-sion puisque ses joueurs étaient en tête du

championnatquand il a été remercié.Mais sonCV ne correspondait pas au nouveau standingsouhaité par les dignitaires qataris. Il a fini parêtreremplacéparl’ItalienCarloAncelotti,consi-déré commeundes cinqmeilleurs dumondeàson poste depuis ses états de service auMilanAC et à Chelsea. Il a réussi à améliorerl’auradu club, à défaut de ses résultats.

L’arrivée d’Ancelotti a surtout alourdi lesdépenses du PSG: son salaire mensuel est de500000euros, dix fois plus que celui de sonhomologuemontpelliérain,RenéGirard, pour-tant désigné, lundi 14mai, «meilleur entraî-neur de la saison» par l’Union nationale desfootballeurs professionnels (UNFP). Souventappelé au chevet de clubs en difficulté, chô-meur par intermittence, Girard se comparevolontiers à saint Thomas quand il analyse lemiracle montpelliérain: « Je crois à ce que jevois, à ce que je touche.» Donc pas aux fluxfinanciers.«L’argent est importantmais ne faitpas tout, confie-t-il. En titillant les grands, ondémontre qu’il y a de la place pour tout lemon-de. C’est un chocdes cultures.»

Les valeurs duMHSC? Humilité, disciplineet solidarité. Pour étoffer l’effectif, on s’ap-puie sur un centre de formation créé en 1978dont est issuun certain LaurentBlanc.Névral-gique depuis le début des années 2000, cettestructure a mis fin à des pratiques dépensiè-res lorsqueMontpellier attirait un Carlos Val-derrama, meilleur joueur colombien desannées 1990, ou un Eric Cantona. «On contri-bue à lancer des générations talentueuses. Lesjeunes ont leurs chances. D’où ce jeu surpre-nant et créatif », constate Michel Mézy,conseiller du club. Deux anciens pensionnai-res – le Marocain Younès Belhanda, distinguécomme «meilleur espoir», et le latéral HenriBédimo – ont été retenus dans l’équipe typede l’année selon l’UNFP, avec deux autresMontpelliérains, Olivier Giroud et le vétéranbrésilien Hilton. Un seul Parisien y figure,Néné, recruté un an avant l’arrivée des Qata-ris. Dix joueurs de l’effectif montpelliérainont été formés sur place, et cinq sont titulai-res. Le PSGpossède sept éléments issus de soncentre mais, depuis la disgrâce de Sakho,aucunn’est visible sur la pelouse.

Dès lespremiers frimasd’automne, ladonnese dessine : la saison va se résumer à ce duelentre le gros et le petit. A partir de la 9e journée,lesrivauxnevontplusquitter lesdeuxpremiè-resmarchesduclassement.A laMosson, lapre-mière confrontation n’a été qu’un leurre. Télé-guidés par un Pastore en lévitation, les Pari-siens étrillent (3-0), le 24septembre 2011, desadversaires encore impressionnables. Mais labalade annoncée du PSG ne perdure guère. Le27novembre suivant, il est balayé à son tour(3-0) sur la pelouse du rival historique, l’Olym-piquedeMarseille. Ce revers scelle l’évictiondeKombouaré. Son successeur, Ancelotti, expri-me officiellement les hautes ambitions duclub: «On vise le titre en Ligue 1.»

Or, Montpellier suit la cadence déliranteimprimée par le concurrent. Le 19 février, lesHéraultais arrachent un match nul (2-2) dansun Parc des Princes verglacé. Pour la premièrefois, Girard ose publiquement défier le clanparisien. «J’ai entendu beaucoup de gens direqu’on allait s’écrouler, ironise-t-il. Au plaisir delesdécevoir,onestencorelà.Et jepeuxvousassu-rer qu’on va les emmerder jusqu’au bout.» Sesjoueursont faitmêmemieuxpuisqu’ilsaurontoccupéà18repriseslaplacedeleader–contre15pour les Parisiens. Troisième, Lille a, d’une cer-tainemanière, arbitré ce duel en battant (2-1) lePSG puis en s’inclinant à la Mosson. Ancelottiintègre alors l’évidence: «A la fin, si c’est Mont-pellier qui gagne, ondevra les féliciter.»

L’avènement de Montpellier est globale-ment accueilli – à l’exception, évidemment,des supporteurs du PSG – comme une divinesurprise dans le pays, qui y voit un magistralpied de nez à la dérive inflationniste du foot-ball moderne. C’est la victoire de la sueurcontre le portefeuille. Ce sentiment se doubled’unréflexeantijacobin,provincecontreParis,terroir contre globalisation, structure familia-le contre fonds étrangers.

Unhomme symbolise presque à lui seul cet-te résistance: Louis Nicollin, doyen, à 68ans,des dirigeants du foot français et le seul pèrefondateur encore en activité. Par sa physiono-mie, sesmanières franches et brutales, son lan-gage fleuri ou ordurier, le roi du retraitement

desdéchets,courammentdécritcommeunper-sonnagemal dégrossi avec un cœur gros com-me ça (n’a-t-il pas triplé les primes des joueurset du staff montpelliérains après la victoirecontreLille?), incarne le football de jadis, pater-naliste, avant le règne des costumes-cravatescommuniquantpar téléphones cellulaires.

Leonardo représente cette dernière tendan-ce. LeBrésilienest doucereuxet roué, commu-nicant florentin tentant d’insuffler un étatd’esprit hérité des grands clubs continentaux.A l’opposé de ces lisses artifices, Nicollinoscille en permanence entre insultes et effu-sions lacrymales. Il a nommé son fils Laurentprésident délégué et successeur de ce clubqu’il compare à sa « fille, quand d’autres ontdesmaîtresses».

L’identité des people supporteurs alimentela caricature : au sud, Michel Galabru et le«Gitan»DanielGuichard;auParc,FrancisHus-ter et Patrick Bruel. Le pagnolesque contre lecoursFlorent.MaisNicollinest lepremierà tor-dre le cliché populiste. «Je ne suis pas antifric,reconnaît-il. Si demain les Qataris me donnent200ou300millionsd’euros, je veuxbienmettre“J’aime le Qatar” sur nos maillots. Cette saison,l’antiparisianisme nous confère une certainepopularité.»

Néd’unefusionentredeuxentitésfrancilien-nes, le PSG n’incorpore l’élite qu’en 1974, soitquatreannéesaprès sa fondation. Sous sespro-priétaires successifs, de Daniel Hechter(1974-1978) aux hiérarques de QSI, en passantpar Canal+, le club s’est érigé comme l’uniquereprésentant de la capitale à dimension euro-péenne, débarrassé de ses hooligansmais tou-jours en quête d’une assise populaire. L’identi-té du PSG estmatérialisée par le Parc des Prin-ces, que les dirigeants actuels envisagent dequitter au profit d’une enceinte flambant neu-ve dont QSI serait propriétaire. Quoi qu’il ensoit, avec la rénovationduParcenvuede l’Euro2016, le PSG s’installeraprovisoirementau Sta-dede France de 2013 à 2015.

La saga footballistique de la Paillade débuteégalement en 1974 dans le quartier populaireoù est établie la Mosson, une ZUP créée audébut des années 1960pour accueillir les rapa-triés d’Algérie puis des immigrés. Il s’agit ausside fusionsréaliséesautourde l’équipecorpora-tived’éboueursde lasociétéNicollin.Cetteépo-pée unique est célébrée dans des tribunes auxnoms poétiques : Larzac, Petite Camargue,Etangde Thau,Gévaudan, Canigou.

«Les Parisiens vont confisquer le titre pen-dant dix ans, autant qu’on le prenne avant»,observait un supporteurmontpelliérain aprèsle succès contre Lille. Cette idée d’une dernièrechance avant une normalisation inévitable estpartagée par Nicollin: «La saison prochaine, jeprédis que le PSG remportera le titre avec12points d’avance. Les médias vont devoir s’yhabituer. On va bouffer du PSG pendant aumoins les septprochainesannées.» Surtout si lenabab décide de s’attacher les services deGiroud,Belhanda, BedimoouYanga-Mbiwa.p

«L’argent est importantmaisne fait pas tout.En titillant les grands,

ondémontre qu’il y ade la placepour tout lemonde»

RenéGirardentraîneurdeMontpellier

NasserAl-Khelaïfi(au centre), patron

duPSGdepuisjuin2011, a confiélesrênes du club

auBrésilienLeonardo,

directeur sportif,età l’Italien

CarloAncelotti,considéré commel’un desmeilleurs

entraîneursdumonde.

LAHALLE/PRESSE SPORTS

LouisNicollin(assis), père

fondateur du clubhéraultais,

et RenéGirard,entraîneurdepuis

trois saisons(debout).

Le présidentdu club assumeune gestion

très familiale :son bras droit n’est

autre queson fils Laurent,

successeur désigné.NICOLAS GUYONNET/ICON SPORT

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p r i x « l e m o n d e » - a p e l se n r o u t e p o u r l o n d r e s

MateoHaddad

Si les techniciensde la Fédéra-tion françaisedevolley-balln’avait pas eu la bonne idéed’organiserunvoyaged’étu-

de il y aneuf ans enoutre-mer,SamueleTuiane serait sansdoutepasdevenu l’undespiliers del’équipede France.

Aussipopulaireque le rugby, levolleyest pratiquéparnombredejeunesdeWallis-et-Futunaoùestné, le 24juillet 1986, le réception-neur-attaquantdesBleus aux64sélections.«C’était l’occasiondese retrouveravec les copains et des’amuser, se rappelle Samuele.L’ambianceet l’esprit de ce sport,m’ont viteplu, et c’est là que lapas-sionest née.»Cesdébuts dans lesport, l’enfantdeMata-Utu, le chef-lieude l’archipel, les avait pourtantfaits dans l’athlétisme.Adolescent,il lançait le javelot à plusde58mètres. Repérépour ses qualitésphysiqueset sonénergiedébordan-te, on lui proposed’intégrer lepôleespoirdeBordeaux, en 2003.Unedécisionqu’il ne regrettepas: «Il yavait des fois où je pleurais toute lanuit,ma famillememanquait.Mais çam’apermisdemûrir trèsvite, de couper le cordonombilical.»

AprèsunparcoursatypiqueetunecarrièreentaméeàRennespuisCannes, il a depuisdeuxou troisans lesmoyensdevivre«convena-blement»grâce auvolley. Cettesituationqui lui permettra«d’êtrebien, à la finde [sa] carrière», estliée à sondépartpour l’étrangeretla Pologne, il y a deuxans. En Fran-ce, seulsquelques joueursont leniveaudeviede ceuxqui évoluenthorsdes frontières.

Cetteannée, SamueleTuiaarejointunclubauxantipodesdusoleilpolynésien, àKemerovo, enSibérieorientale.Undépaysementquin’apasperturbéplusqueçace gaillardde 1,95m.«Jeme suis intégré rapidement, jeparlemêmecouramment le russe. Sérieusement, c’est sûr quede30˚Cà–40˚C l’hiver, ça faitungrandchangementavecWallis!»

Passé ce choc thermique, Samuele a vécuune très belle sai-sonavec, à la clé, une finale enCoupedeRussie. Il y côtoie letrèshautniveau international, dans l’undesmeilleurs cham-pionnatsdumondeavec le polonais et l’italien. Pour lui, c’étaitle pas à franchir s’il voulait continuerde progresser, et satisfai-re ses objectifs personnels chez les Bleus. Très vite, il a vul’écart qui sépareun tel championnatavec la LigueA française.«Lesmecs, ici, ils sont tous très grands, ils sautent très haut. Cesont desmachines! Ils savent qu’ils sont là pourbosser, c’est leurtravail, leur gagne-pain.»

Amoinsde troismoisdes Jeux, l’idée d’aller à Londres trans-cende le réceptionneur-attaquantdesBleus, qui disputeront, le8juin, l’undesdeuxderniers tournoisdequalification. Seuleunevictoire leur permettrademonterdans le dernierwagon,directionSaint Pancrace.«Toutà l’heure, à l’entraînement, çacriait “JO, JO, JO!”On sent que ça travaille sérieusement!, racon-te SamueleTuia.Onaunpotentiel énorme, onaune vraie chan-cede remporter ce tournoi.»p

SamueleTuia,volleyeurglobe-trotteurJ-59OriginairedeWallis-et-Futuna, leréceptionneur-attaquantdesBleusarejointle championnat russeaprès laPologne

Adrien Larelle

Divonne-les-Bains (Ain), envoyé spécial

La pluie n’a pas refroidi lesardeurs des adeptes du dragonboat. Ce samedi 12mai, le lac deDivonne-les-Bains (Ain) est sousune pluie continue et la fortebise soulève les flots. Cela n’em-

pêche pas les 11équipes venues participerau Festival de dragon boat de prendre ledépart de la premièremanche de la CoupedeFrance de la discipline.

Méconnu, ce sport à mi-chemin entrel’aviron, lekayaket le raftingtrouvesesori-gines dans la Chine ancestrale. Quelquestraditionssont restées: lapoupeet laprouede chaque embarcation représentent unequeue et une tête de dragon, dont les yeuxsont bandés jusqu’au départ afin que l’ani-malne voie pas le tracéduparcours.

Mais les participants ne sont pas seule-ment venus renouer avec le passé antiquedel’empireduMilieu.LeFestivalestorgani-séauprofitdel’associationKayaksansfron-tières (KSF). Créée en 2002 par de jeuneskayakistesannéciens,elleœuvrepourl’éco-développement. «Je voulaismontrer que lesport porte d’autres valeurs que celle d’êtrechampion à tout prix, témoigne le fonda-teur KSF, Sylvain Munier, 37ans, soit quel-ques années de plus que la majorité des55membres de l’association. Ce projet a dusens.Et ilmetenavantdesjeunesquis’impli-quent.A la fin, ils pourront se retourner et sedire “voilà ce qu’ona fait”.»

Depuis 2005, l’associationamis enplacele projet «Un arbre pour M’Bao», pour lereboisementdumarigotquibordecettevil-le, à une vingtaine de kilomètres de Dakar.Ce cours d’eau et la flore environnante, quiconstitue le poumon vert de la capitalesénégalaise, sont en passe de disparaîtresous l’effetduréchauffementclimatiqueetde l’urbanisation à tous crins de ce quin’était qu’un village de pêcheurs il n’y aencorequ’une vingtained’années.

C’est en lisant l’appel à l’aide d’un kaya-kiste sénégalais, qui alertait sur l’état dedélabrement du marigot dans une revuespécialisée, que Sylvain Munier s’est déci-dé.Avec l’appui logistiqueet financierde lasociété Dragon Boat Attitude, qu’il a luimêmecréée, et de la Fédération internatio-nale de dragonboat, il s’estmis à l’œuvre.

Lapremièreactiona étéd’apportervingtbateaux, parce que l’association est avanttout sportive. C’était en 2007. Puis les pre-miers arbres à replanter, trois ans après ledébut du projet. «On ne voulait pas fairen’importe quoi, alors on s’est appuyés surdes gens compétents. Le Service des eaux et

forêts du Sénégal mais aussi un professeurdelafacultéd’écologiedeMetz:undesesétu-diantsavaitréalisésonmémoiresur lasitua-tiondumarigot»,poursuit SylvainMunier.

Résultat, depuis 2005, 2000arbres ontdéjà été replantés. Et KSF s’est fixé commeobjectif d’en planter 3000 de plus d’ici2014. «A ce moment-là, le projet “Un arbrepour M’Bao” sera arrivé à son terme. Onrepartira sur autre chose. J’ai un projet avecl’Inde», continue de s’enthousiasmer celuiqui est aussi entraîneur du club de dragonboat d’Annecy.

Si la journée de samedi était consacréeaux épreuves qualificatives pour le cham-

pionnatdeFrance,quiaura lieuenseptem-bre à Gérardmer (Vosges), le dimanche, lescourses étaient ouvertes à tous. Desfamilles, des groupes d’amis ont constituédes équipes pour s’amuser. C’est auprèsd’euxqueKSF –dont le budget global avoi-sine les60000euros–veut faireconnaîtreses initiatives et trouver des fonds. Troismille euros ont été récoltés lors duFestivaldeDivonne-les-Bains.Dequoiplanterenco-re quelques arbres. Leur coût est de 3 à5euros l’unité.

Un groupe de Vosgiens baptisé Vieillesforêts vosgiennes était là dimanche. Origi-nairesdeGérardmer, ilsontentenduparlerde KSF lors des compétitions et se sontimpliquéspetitàpetit.Certainsd’entreeuxétaient même du voyage en mars2011 àMBao.Autotal,unequarantainedebénévo-les et d’amis de l’association s’étaient ren-dus au Sénégal. Parmi eux, Mylène, ducanoë-kayak club d’Annecy, plus d’un anaprès, elle est encore enthousiaste.«C’étaitfabuleux, on a été accueillis commedes roispar la population sénégalaise, nous avonspu rencontrerdes gens complètementdiffé-rents. C’était tellement enrichissant qu’onest fiers de faire ce qu’on fait.»

Si le prochain voyage de KSF au Sénégaln’est prévu qu’en 2014, à la fin du projet,des représentants sénégalais sont venusen France. Ils ont non seulement parléreboisementmais aussi bateau dragon carils ont créé une fédération de dragon boatdans leur pays.

Pour boucler la boucle, Sylvain Munieraimerait également créer un festival dedragonboatàMBao, sur lemarigot.Histoi-re que tout ce travail n’ait pas été vain. Ilaimerait aussi pérenniser le rendez-vousde Divonne-les-Bains et «y impliquer lesgens deMBao». Un signe prémonitoire? Al’heure des finales, le soleil est réapparusur le lac.p

Cetteassociation concourt auprix «LeMon-de»–Apels,quiviseàrécompenserunprojetpar le sport. Pour en savoir plus : Apels.org

SPORT&FORME A V I S A U X A M A T E U R S

Desbateauxdragonscontreladéforestation

AAnnecy, l’associationKayaksans frontièresorganisedescompétitionsde«dragonboat»pourreboiser lesabordsd’unmarigot,prèsdeDakar

Depuis 2005,2000arbres ont

déjà été replantés.EtKSF s’est fixé commeobjectif d’enplanter

3000deplusd’ici à 2014

Audépart de la course, il estde coutumede lancer des pétalesde fleur sur les embarcations.CHRISTOPHE CHAMMARTIN/REZO POUR «LE MONDE»

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p r a t i q u e

l ’ é q u i p em en tPas la peinede chercherdansunmagasinde sport pour s’offrir lapanoplie complèteduparfaitjoueurde cricket, vousnetrouverezpas. Il faudradonccommanderen ligne sur laboutiquede Francecricketou surles sites britanniques (Surridge,Readers, Kookaburra).Attention,1 livre =1,25euro.

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(plusde 1,68m). Lepoids –légère,médiumet lourde–variede 1,13kg(2livres et 8onces) à 1,36kg(3livres). Prix: 4£, pour enfant;de 20£à 295£ labattepro.

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Lesmots du cricketUndictionnaire anglais-français,incluant les termes techniques etla conversiondes poids et

mesures, vous sera utile. Leslongueurs sont en feet(1pied =30,48cm) et eninches (1pouce =2,54cm=1/12ede pied), les poids enlivres (1 livre = 453g) et enonces (1 ounce = 28,35g). Le

terrain, traditionnellement,est unovale de 130mètresdediamètre, soit presquedeux terrainsde foot. Lecricket se pratiqueaussisur terrain synthétique,avecdes ballesmousses, ouen indoor.

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Voir unmatchLe cricket a beau être le sport leplus pratiqué dumonde, il n’estpas inscrit aux épreuves desJeux olympiques de Londres.Pis, le Lords, le plus célèbreterrain de cricket du monde,accueillera une compétition detir à l’arc…La dernière fois que le cricket afait une apparition aux JO,c’était en 1900: l’Angleterre araflé l’or… devant la France !

Plusieursmatchs auront lieu enFranceenmai et en juin:17au 20mai: Challengede FranceDreux-Thoiry: quatre équipess’affrontent sur deux terrains àDreux (Eure-et-Loir)et à Thoiry (Yvelines), durant troisjours.

26-27mai: Coupede Franceféminineà Thoiry.16-17juin: à Thoiry, l’équipedeFrance est opposée àune sélectionbritannique, leMaryleboneCricket Club (MCC), fondéen 1787.Des initiationsenmatinée et desanimations sont prévuesdurantles deux jours.

Catherine Pacary

Quelleidéeai-jeeudevouloirquit-ter Paris un mardi soir d’avril,souslapluie,pouralleràCroissy-sur-Seine, dans les Yvelines? Dela curiosité pour un sport. Pasn’importe lequel puisqu’il s’agitdu plus pratiqué au monde. Le

football ? Perdu. Le cricket, avec 1,5milliardd’adeptes à travers la planète –merci l’Inde–mais seulement un grosmillier en France. Unediscipline tellementméconnue chez nous qu’iln’y a que deux équipes féminines dans toutel’Ile-de-France,dontune s’entraîne…àCroissy.

Direction donc l’A13, puis descente sur Saint-Germain-en-Laye.La routequimèneà laBritishSchool of Paris (en fait un collège, à la française)longe les berges de la Seine. De belles demeuress’échelonnent tout du long, bordées de largesportails en fer forgé, ouvragé et rouillé. Le soleilsortdesnuages. Je suis sous le charme!

C’estdans le gymnaseducollègeques’entraî-ne l’équipe des filles de Thoiry, ville internatio-nalementconnue,maisplutôtpoursonchâteauet sa réserve africaine. Ici, tout le monde parleanglais. Normal, le cricket, comme chacun sait,est né en Angleterre avant de se diffuser au gréde la géopolitiquede l’ex-empire colonial: Inde(1,2milliard de fans), Pakistan, Bangladesh, SriLanka, mais aussi Australie, Nouvelle-ZélandeouencoreAfriqueduSud.AuxEtats-Unis, il s’estmuéenbase-ball.

Leslie est arrivée en avance. Enseignante aucollège depuis plusieurs années, elle s’est déci-dée,enseptembre,à intégrer leclub.«Je suisunemordue maintenant», dit-elle avec un légeraccent. Pour preuve, elle montre la batte flam-bant neuve qu’elle vient d’acquérir, lors de sondernier séjour à Londres.«Une folie», commen-te Mark Moodley, le capitaine de l’équipe deThoiry. De taille moyenne, souriant, casquetterivée sur la tête, pull sansmanches aux armoi-ries du château de Thoiry (trois têtes de cor-beau…), Mark Moodley est également le direc-teurgénéralde FranceCricket, l’associationaffi-liée à la Fédération française qui regroupe aussile base-ball et le softball.

Mark a quitté son Angleterre natale pour laFrance il y a vingt-trois ans. La quarantainesportive, il a un enthousiasme communicatifet un accent délicieusement british. C’est lui,avec les membres de l’association, qui porte àboutdebraslecricketenFrance: 1200licenciésplus quelques clubs rebelles, non affiliés. «Sur66millions de Français, c’est peanuts», admet-il, fair-play.

PetitàpetitarriventSharon,Maggie,Myriam,Elaine ou encore Zuzie. Femme de diplomate,Zuzie est venue avec son fils de 9ans. Elaine,grande mince aux cheveux frisés, est aussiaccompagnée de son fils, Christian, 16ans, quivient de passer son «niveau1» de coach. Man-quentDalila etMarwa. «Elles viennent de la citéuniversitaire [à Paris]. Il faut donc aller les cher-cher à la gare.» On se met à courir autour dugymnase,en faisantdesmoulinetsavec lesbras.Important, lesmoulinets.

Traditionnellement,lecricketse joued’avrilàoctobre, pour le climat (il ne faut pas de pluie),maisaussiparcequ’il s’agità l’origined’unsportd’aristocrates,«quinepartaientpasenvacancesl’été, puisqu’ils étaient en vacances toute l’an-née», commeme l’avait expliqué Vincent Buis-son, letrésorierdeFranceCricket,quiestincolla-ble sur sonsport.

Les temps changent, la météo aussi. Malgrél’éclaircie, l’entraînement se poursuit en salle.La première partie sera consacrée au test dunouveaumatériel reçude la Cricket Factory. Il ya des sortes de Tmétalliques (drill points), com-me desmini-cages de foot avec un trou dans lemilieu (target tunnels), des petits filets inclinés(mini-slips nets), des cibles carrées rouges oubleues, les fameuses action targets. La prochai-ne fois, il faudra que je pense à venir avec undicod’anglais.

«Action!» Nous prenons chacune une balled’entraînementenplastique, répliquede la bal-lede cuirutilisée lorsdesmatchs. La couture, en

relief,donneuncôtéaléatoireaurebonddeladi-te balle, une fantaisie appréciée des Anglais –n’ont-ils pas eu aussi la drôle d’idée d’«inven-ter» leballonovale? Encoreplus fort, la balle«àréaction», qui ressemble à quatre balles colléeslesunesauxautres, commeune représentationen 3D des électrons tournant autour d’un neu-tron.Onla lanceetelle rebondit…n’importeoù!

Paréquipesdedeux, ils’agitdeprojeterlabal-le à réaction dans unpetit filet, on la fait roulerle longdesdrillpointsavantde s’accroupirpours’en saisir dansunmouvement inversede celuide la pétanque, et on renvoie… Vous voyez ceque je veux dire? Mark a le geste juste. Il mon-tre,corrige.Sharon,l’Australienne,estlacapitai-nedel’équipe.Sesmouvementsontuneélégan-ce naturelle. En ce qui me concerne, courir, çava. Rattraper la balle, c’est aussi dans mes cor-des.Mais lancer…

«Le lancer s’effectue en cinq phases, professeMark. Tu prends la balle dans unemain, tu pliesl’autrebras, tu balances le tout enarrière, tu lan-

ces en avant, et tu plonges.»Mêmepas simple àdire, alors à faire… Par un effet de balancier, lejeter de balle s’effectue aumoment où le bras apris leplusdevitesse.Mais, attention, sansplierle bras. Vousmesuivez toujours? Là est toute ladifficulté, toute la particularité également ducricket. C’est ce qui le différencie (avec la formedelabatteet l’angledejeusurleterrain)dubase-ball. Lancer le bras plié est d’ailleurs éliminatoi-re. Jeme concentre. J’exécuteunedizainede cesva-et-vient.Maballe se rapprocheducœurde lacible. Les filles s’encouragent, se félicitent. Deséclats de rire fusent, aussi.

Pause! Lematch peut commencer. Normale-ment, commeau foot (encoreune inventiondenosamisanglais),deuxéquipesdeonze joueurss’affrontent, mais, à Croissy, nous ne sommespas assez nombreuses. Seules deux joueuses de

l’équipeenattaqueparticipent, lesdeuxbatteu-ses, qui se font face, chacune postée devant son«guichet» – comprendre trois bâtonsverticauxsurplombés d’un bâton horizontal. Elles doi-vent marquer des points en renvoyant le plusloin possible, à l’aide de la batte, la balle lancéepar l’équipe adverse. Lorsque l’une des batteu-ses est éliminée, elle est remplacéepar un autremembre de l’équipe, cela jusqu’à ce que toutesles joueuses d’attaque soient passées. Pendantque l’équipe adverse récupère la balle, les deuxbatteusescourentd’unebaseàl’autre.Vousêtestoujoursavecmoi?

«Allez, les filles, il fautaccélérer,onyva!»Cha-quetrajetmarquedespoints.L’équipeendéfen-se est positionnéeautourdesdeuxbatteuses. Sila lanceuse touche le guichetsansque labatteu-se ait repris la balle, c’est l’éliminationde la bat-teuse. «Nous avons énormément simplifié lesrègles.» So lucky!Mon tour arrive. Premier lan-cer: raté.Deuxième lancer: encore raté. Troisiè-me lancer… Yes ! La balle part loin. Je cours jus-qu’àlabased’enface.Jefrappelesolavecmabat-te. Ai-je le tempsde refaireune course? Je tente.Nous nous croisons avec ma partenaire. Leshourras crépitent!

Qui a gagné? Les points n’ont pas vraimentété comptabilisés. «Ce serait bien si on pouvaitfinir à 20h30, avait dit James à son père, parceque ce soir il y a Barça-Milan.» C’est raté, il est21heures. James a oublié le foot, tout à son jeu.On range lematériel. Jemepenchepour ramas-serlesballes.Aïe,mesépaules!«Jesuisenperma-nence en recherche de joueuses», m’avait glisséMark,l’airderien.Moi, jereviendrai.Andyou? p

À M O I D E J O U E R SPORT&FORME

J’exécuteunedizainede ces va-et-vient.Maballe serapprochedu cœurde la cible.

Les filles s’encouragent,se félicitent.

Des éclats de rire fusent aussi

Lecricket?«Sogood!»Petitedevinette.C’est lesport lepluspratiquéaumondeet il aété inventépar lesAnglais…Lefootball?Perdu.C’est le cricket.Mais,pour lepratiquerenFrance,passimple.Notre reporteradéniché l’unedesdeuxéquipesfémininesd’Ile-de-France

70123Samedi 19mai 2012

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Trajectoireascendantef o o t b a l l |DidierDrogbaadébutésacarrièreauManspuisàGuingamp,avantd’êtreaduléàMarseille.AttaquantdeChelsea, ildevrait jouersamedi19mailafinaledelaLiguedeschampionsfaceauBayern

MustaphaKessous

Vendredi 25 juin 2010. La Côte d’Ivoirevientd’étriller laCoréeduNord3à0.Mal-grécettevictoire, lesEléphantssontélimi-nésde justesse de laCoupedumonde.Ungrand bonhomme de 1,88m s’attardedans la zonemixte du stade deNelspruit,

en Afrique du Sud. Il prend le temps de répondre auxquestions de tous les journalistes présents. Poli, DidierDrogba, le capitaine, sert lamain. Il n’élude aucune criti-que et de sa voix grave assume ses responsabilités.«Nous aurions pu être un petit peu plus ambitieux»,lâche l’attaquant ivoirien,qui a joué laprestigieuse com-pétitionavec une fracture du cubitus.

L’anecdote en dit long sur la personnalité de DidierDrogba. Loinduclichébling-blingdu footballeur, «Tito»(son surnom)ne fuit pas lapresse, encoremoins ses obli-gations et reste, quelles que soient les circonstances, lepatron en dehors du terrain, sur les pelouses et dans lesvestiaires. Des défaites lors des plus grandes épreuves,comme au Mondial 2010, il en a connu beaucoup aucours de sa riche carrière. La finale 2012 de la Ligue deschampions (C1), samedi 19mai – qu’il devrait disputeravec Chelsea face au Bayern Munich dans son stade del’AllianzArena –, aura aussi un goût de revanche.

C’est sa deuxième finale en C1 avec les «Blues» : il enavaitperdueuneauxtirsaubut,en2008,faceàManches-terUnited (1-1, 5-6). «C’est un rêvemais c’est aussi la réali-té, nous voulions absolument aller en finale. La Ligue deschampionsestuneobsessionpourtoutes lesgrandeséqui-pes en Europe», avait-il déclaré après avoir éliminé endemi-finale, le 25avril, le fabuleux Barcelone de LionelMessi. Obsession? Didier Drogba, 34ans, pèse ses mots.«Il a une soif de gagner, il est obsédé par le but, c’est unvrai mec et ça n’a rien de péjoratif», lance Noël Le Graët,président de la Fédération française, qui avait fait venir«DD» en janvier2002avant qu’il reprenne les comman-des de l’En Avant Guingamp. Car avant les honneurs, lestitres et l’argent, l’Ivoirien a galéré de nombreusesannées dans les divisions inférieures à Vannes, à Leval-lois ou auMans avant de s’imposer comme l’un desmeilleurs attaquants du monde. Pour comprendre lejoueur d’aujourd’hui, il faut connaître son parcours enFrance, il y a dix ans déjà.

En janvier 2002, le club breton lui offre une belleopportunitédedécouvrir la 1reDivision (qui deviendra laLigue1 à l’été 2002). Pour 100000euros,Guingamps’of-fre un attaquant pour éviter la relégation. Pourtant, iln’estpas connupourêtreunsauveur, et aucunclubnesel’arrache. Jusque-là, Didier Drogba a surtout usé sesshorts sur le banc des remplaçants duMans, en D2. « Ilentrait sur la pelouse pour jouer le dernier quart d’heure,sesouvientBertrandMarchand,sonanciencoachàGuin-gamp. Je l’ai découvert en 2001.»

A cette époque, Bertrand Marchand s’occupait de laréserveet supervisaitdes joueurspour le comptedeRen-nes.«J’allais beaucoupvoir jouer les divisions inférieures,raconte-t-il.Et j’attendais la fin desmatchs duManspourvoir Drogba. Je trouvais bizarre qu’il ne joue pas plus sou-vent.» En novembre2001, BertrandMarchand rédige unrapport dans lequel il note que l’Ivoirien «montre l’éten-duede sontalent. Il yaen luiun joueurdehautniveauquisommeille». « Je voulais que Rennes le recrute», expli-que-t-il.Çatombebien:LeMansabesoind’argentetcher-che à vendre pour 100000euros un de ses attaquants.Soit le titulaire Daniel Cousin, soit son remplaçant,Didier Drogba. « J’ai dit : “Je prends le remplaçant.”LeMansm’a répondu: “Pourquoipas le titulaire?”, racon-te Bertrand Marchand. Finalement, Rennes a pris pour1,5million d’euros Toifilou Maoulida qui venait de Mont-pellier. Mais avant d’arriver à Guingamp, j’ai conseillé àLeGraët de prendreDrogba, et il l’a fait.»

C’est aussi à cette période que Tito rencontre sonfuturagentPapeDiouf.«Undemesassociés,ThiernoSey-di [aujourd’hui l’agent de Didier Drogba], vient me voirpour me dire qu’un jeune garçon veut travailler avecnous, raconte-t-il. Je le vois jouer, vois son potentiel. C’estle plus fort sur le terrain alors qu’il n’est que remplaçantauMans. » C’est à Guingamp, lors de la saison2002-2003que le joueur va prendreune autre envergu-re. Lors de cette saison, Didier Drogba n’est pas encoreen mesure de jouer un match entier : il a la techniquemais pas le physique. «Sa chance, c’est qu’il se blesse enoctobre. Il est au repos pour unmois et demi, se souvientBertrandMarchand.Ondécide alors de le faire travaillerphysiquement.»

Lejoueurenchaînedeskilomètresetdeskilomètresdejogging sur l’île de Bréhat, dans les Côtes-d’Armor. Il pes-te en lançant des « je ne suis pas là pour faire le mara-thon»mais enchaîne les fractionnés… L’endurance doitdevenir son nouvel allié. «Et les quatre derniers mois decette saison sont les meilleures de sa carrière, » affirme

Noël Le Graët. Il survole le championnat et ses qualitésphysiques impressionnent. La suiteest connue: il débar-que l’année suivante sur la Canebière, et fait le bonheurdessupporteursde l’OlympiquedeMarseille.Enune sai-son, il devient une icône – encore adulée aujourd’hui –mêmesi l’OMperd la finale de la Coupede l’UEFA contreValence (0-2). «Dans l’histoire du football, j’ai rarementvuun joueurporter son équipe sur ses épaulesautantqueDidier Drogba, analyse Vincent Labrune, l’actuel prési-dent du club phocéen. Tout était construit autour de lui.Ahsi ! avant lui, il n’yaeuqueMaradonaàNaplesdans lesannées 1980…»

DidierDrogbaveut rester àMarseille. Encoreplus lors-qu’il apprendque son agentvadevenir le directeur spor-tif du club. «Il a fait partie des gens qui ont compté dansma décision d’arrêterma profession d’agent pour rejoin-dre l’OM», avoue Pape Diouf. «Si tu viens, je reste. On vafaire de grandes choses», lui assure le joueur. Mais com-mentrésisteràunchèquede37millionsd’euros?Depuisl’arrivée dumilliardaire russe RomanAbramovitch, l’ar-gentcouleàflotsàChelsea.L’oligarqueveuts’offrir l’atta-quant et ainsi faire plaisir à son nouvel entraîneur JoséMourinho,quiveutabsolumentl’Ivoiriendanssoneffec-tif. Son intelligence sur le terrain l’avait séduit lorsqu’ilentraînait Porto. Depuis, Didier Drogba a enchaîné lesbuts–plusde 150–et les titres : trois fois championd’An-gleterre, quatre fois vainqueurs de la Coupe d’Angleter-re… Il termine deux fois meilleur buteur du champion-nat en 2007 (20buts) et en 2010 (29). A Londres, il retrou-ve son coéquipier deGuingamp, FlorentMalouda.

Il lui reste à ajouter quelques lignes à son palmarèsavec la sélection ivoirienne. Didier Drogba n’a jamaisramené la Coupe d’Afrique des nations (CAN) à Abidjan:deux fois finaliste, en2006 et 2012, deux fois battu auxtirs au but. « J’aurais tellement voulu qu’il gagne uneCAN», soufflePapeDiouf.«C’estquelquechosequi l’atou-ché, ajoute Henri Michel, ancien sélectionneur des Elé-phants.Maismalgré tout, enCôted’Ivoire, il y aDrogbaetlesautres. Il est adulé.»Onle jalouseaussiunpeu:mêmes’il estnéàAbidjan, il a été forméenFrance (il y est arrivédèsl’âgede5ans).«Ilyaunerivalitéentre luiet les joueursplus jeunes formés enCôte d’Ivoire», argueHenriMichel.

Depuis quelque temps, Chelsea cherche un rempla-çantà l’attaquantquiprendde l’âge. L’arrivée– ratée–deFernando Torres, en 2011, n’a pas découragé l’Ivoirien,bienaucontraire.Mêmesicetteannée, ilamoinsmarqué– 5 buts en 24matchs – il a été décisif en Ligue des cham-pions avec 5buts en 7rencontres et devrait être à la poin-tede l’attaquefaceauBayern.Cettefinalepourraitêtresadernière apparition sous les couleurs des «Blues». Il estannoncéenChineau ShanghaIShenhuachezsonanciencoéquipier – et aussi entraîneur! – Nicolas Anelka, maiségalement aux Etats-Unis…

«Et dire qu’un entraîneur dont je tairais le nom, confieNoëlLeGraët,m’avaitdit un jour: “GardeDrogbaàGuin-gamp, il ne vaut pas plus!”»p

SPORT&FORME P O R T R A I T

Le but de l’attaquant ivoiriena permis aux «Blues» de

remporterun premier titrecette saison, la Couped’Angleterre, le 5mai.

EDDIE KEOGH/REUTERS

«Dans l’histoire du football,j’ai rarement vuun joueur

porter son équipesur ses épaules autant que lui.A l’OM, tout était construit

autourdeDrogba»VincentLabrune

présidentde l’OlympiquedeMarseille

Dates

1978Naissance le 11mars àAbidjan,Côted’Ivoire.

1983Arrive en France.

1999Signe sonpremier contratprofessionnelavec LeMans.

2002Rejoint l’EnAvantGuingamp.Fait ses débuts avecles Eléphants, l’équipenationaleivoirienne.

2004En juillet, rejoint Chelsea.

2006Perd la finalede la Couped’Afriquedes nations (CAN),face à l’Egypte (0-0; 4 t-a-b à 2).

2010EluBallond’or africain 2009,devant le Camerounais SamuelEto’o.

2012Le 12février, il rate unpenalty enfinaledeCAN, face à la Zambiequi remporte le trophée aprèsune séancede tirs aubut.Le 10mars,marque son 100e butenPremier LeagueavecChelsea.

8 0123Samedi 19mai 2012