2013 - 2014 - oxfam · • nous aurons renforcé notre pouvoir d’influence par la capitalisation...
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2013 - 2014
C Contactez-nous7 FINANCEMENT
Avant-proposA
T
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6
2 3
Table des matières
Sauver des vies, aujourd’hui et demain
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À PROPOS D’OXFAM
Financement du développement et services essentiels
Droit de se faire entendre
Justice entre les femmes et les hommes
2 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
5Alimentation durable et accès aux ressources naturelles 8 DÉPENSES
8: PHOTO © Kimlong Meng | OXFAM C: PHOTO © Aubrey Wade | OXFAM
3 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
Nous avons consacré l’année écoulée,
qui fut aussi ma première en tant
que directrice générale, à livrer et
gagner des batailles importantes et
à inlassablement armer des femmes
et des hommes contre la pauvreté.
L’action d’Oxfam a touché 20,7 millions
de personnes dans 96 pays au cours de
l’exercice 2013-2014.
Je suis fière des résultats obtenus
par nos 10 000 collègues à travers le
monde, qui font campagne en faveur
de la justice, qui travaillent auprès des
communautés et de nos partenaires
locaux pour aider des personnes en
situation de pauvreté à se réaliser
pleinement, et qui sauvent des vies
et aident à restaurer les moyens de
subsistance suite à des catastrophes
naturelles et à des conflits armés.
Lorsque le typhon Haiyan s’est abattu
sur les Philippines, Oxfam a été parmi
les premières organisations à lancer
son intervention d’urgence. Nous
continuons d’y aider des femmes et des
hommes à reconstruire leur vie ravagée.
Nos opérations humanitaires se sont
heurtées à maints obstacles, que ce
soit dans le cadre de la crise lancinante
en Syrie ou du conflit qui perdure et
aggrave le dénuement au Soudan du
Sud. De Gaza à la Somalie en passant
par la République centrafricaine et le
Mali, nos services humanitaires ont été
énormément sollicités. Cela signifie,
bien évidemment, que nous avons
souvent fait appel à la générosité de
nos sympathisantes et sympathisants,
dont les dons nous permettent d’opérer
avec efficacité sur le terrain.
Cette année, nous avons mis en œuvre
notre nouveau plan stratégique de
six ans. Celui-ci définit une démarche
commune à l’ensemble d’Oxfam dans
six domaines d’action prioritaires nous
permettant de donner aux personnes
en situation de pauvreté les moyens
de déterminer leur propre avenir.
Nous travaillons à cet objectif au sein
des communautés locales, souvent
en aidant des groupes de femmes à
faire valoir leurs droits ou à adopter
des méthodes plus efficaces de
production ou de commercialisation.
Nous y travaillons également sur la
scène internationale, en amenant
les États, les multinationales et les
organismes internationaux à respecter
le point de vue des populations les
plus pauvres du monde. Cela a été une
grande victoire quand, après plusieurs
dizaines d’années, les efforts d’Oxfam
et de ses nombreux partenaires ont
finalement porté leurs fruits et abouti
à l’adoption du Traité sur le commerce
des armes. Nous avons également
marqué des points en interpellant les
géants de l’agroalimentaire pour les
inciter à améliorer leurs politiques – ce
qu’ils font ! Ces entreprises suivent les
Oxfam change le monde mais aussi sa manière de fonctionner.
A Avant-propos
avons engagé un processus ambitieux
qui vise à renforcer notre efficience et
notre pérennité. Il vise aussi à asseoir
notre légitimité et notre crédibilité en
donnant plus de poids aux acteurs
du Sud dans la formulation de nos
stratégies, à la tête de l’organisation
et à tous les échelons de notre
action. Ce processus supposera un
changement structurel et culturel,
avec une plus grande décentralisation,
une présence et un pouvoir plus
importants des pays du Sud, ainsi qu’un
partage renforcé des connaissances.
Ce travail d’introspection et les bases
posées au cours de l’année écoulée
permettront d’inscrire l’impact d’Oxfam
dans la durée.
Winnie ByanyimaDIReCTRICe GÉNÉRALe, OXFAM INTeRNATIONAL
4 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
orientations d’Oxfam sur les meilleures
pratiques en matière de promotion des
droits des femmes, de lutte contre le
changement climatique et de respect
des droits fonciers, notamment. et
nous continuerons à mener campagne
sur une série d’autres enjeux.
Toutes les activités d’Oxfam trouvent
leur source dans notre indignation face
aux inégalités dans le monde. Nous
avons donc produit un rapport et lancé
avec succès une campagne dénonçant
le fait que seulement 85 milliardaires
possèdent autant que la moitié la plus
pauvre de la population mondiale.
Attendez-vous à de nombreuses autres
actions contre ces inégalités extrêmes
au cours de l’année à venir.
Mais nous ne nous contentons pas
d’interpeller les autres ; nous avons
également lancé une grande vague
de changement pour redéfinir notre
propre organisation. Dans le cadre
de notre initiative Oxfam 2020, nous
A Avant-propos
Ci-DeSSuS À DRoite : Josephine Alad-Ad, 47 ans, vit à Sitio Martinao, sur l’île de Mindanao, aux Philippines. Membre d’un « club de femmes pour l’amélioration rurale », elle participe à un projet d’adaptation aux changements climatiques. Après avoir essuyé de mauvaises récoltes plusieurs saisons de suite, elle plante des fruitiers et des caoutchoucs qui ont besoin de moins d’eau et lui permettent de poursuivre ses cultures, même en cas de temps exceptionnellement sec. PHOTO © Tessa Bunney | OXFAM
1SeCtion
6 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
Qui nouS SommeS et Ce Que nouS faiSonS
Une personne sur trois dans le monde
vit dans la pauvreté. Oxfam est
déterminée à changer cette situation
en mobilisant le pouvoir citoyen contre
la pauvreté. À travers le monde, Oxfam
s’emploie à trouver des solutions
concrètes et innovantes pour que
chacune et chacun puisse sortir de la
pauvreté et se réaliser pleinement. en
cas de crise, nous sauvons des vies
et aidons les personnes touchées à
retrouver leurs moyens de subsistance.
Nous militons en outre pour que
les voix des populations pauvres
soient entendues et pèsent dans les
décisions locales et internationales
qui les concernent. Dans toutes ses
actions, Oxfam travaille avec des
organisations partenaires et auprès
de femmes et d’hommes vulnérables
pour mettre fin aux injustices qui
engendrent la pauvreté.
Oxfam est une confédération de 17
organisations collaborant ensemble
dans plus de 90 pays. Oxfam a plus
de 10 000 salariés et près de 50 000
stagiaires ou bénévoles à travers
le monde.
Toutes les activités d’Oxfam s’inscrivent
dans le cadre de notre engagement en
faveur de cinq droits fondamentaux :
• le droit à des moyens de
subsistance durables
• le droit aux services sociaux de base
• le droit à la vie et à la sécurité
• le droit de se faire entendre
• le droit à une identité
Les 17 affiliés Oxfam partagent une vision
et des principes communs ainsi que,
dans une large mesure, des pratiques
de travail. Nous sommes tous animés
par les valeurs d’une même marque, la
même ambition et le même engagement.
Nous nous sommes unis dans le cadre
d’une confédération internationale, car
nous avons la conviction de pouvoir
renforcer notre impact en travaillant en
collaboration étroite.
Oxfam International est enregistrée
comme fondation à La Haye, au Pays-
Bas. Chaque affilié est membre de la
fondation et souscrit à ses statuts par
un accord d’affiliation. Le secrétariat
Oxfam International assure une mission
de coordination et de soutien au sein
de la confédération. Tous les affiliés ont
adopté un plan stratégique commun
établissant un programme d’action pour
l’ensemble de la confédération, dans le
cadre duquel chaque affilié peut piocher
les approches et les thématiques qui lui
permettront d’avoir le plus d’impact
dans son contexte particulier.
Afin d’assurer la bonne mise en œuvre
de ce plan stratégique, tous les affiliés
Oxfam se sont engagés à améliorer nos
méthodes de travail collectif. en 2020 :
• notre organisation reflétera mieux
le monde, rassemblant des acteurs
du Nord et du Sud sur un pied
d’égalité, grâce à une
représentation, une influence et un
pouvoir plus importants des pays
du Sud ;
• nous aurons renforcé notre pouvoir
d’influence par la capitalisation et
le partage de connaissances au
sein et en dehors d’Oxfam ;
• nous aurons simplifié et rationalisé
nos méthodes de travail collectif,
notamment dans les programmes
pays, en réduisant la complexité
tout en gardant le souci d’une large
intégration et un esprit d’ouverture.
1SeCtion
paGe pRÉCÉDente : elisabeth Tamara, 10 ans, avec à l’arrière-plan le Nevado Huascarán, le plus haut sommet du Pérou. Les effets du retrait des glaciers se font déjà sentir dans la région. Les habitants, dont l’approvisionnement en eau repose sur les eaux de fonte, constatent que les quantités de glace et de neige diminuent. À Utupampa, la communauté a installé un système d’irrigation au goutte-à-goutte afin d’optimiser la consommation d’eau à la saison sèche. PHOTO © Gilvan Barreto | OXFAM
1 À PROPOS D’OXFAM
payS DanS leSQuelS Se tRouve un SiÈGe oxfam payS où nouS inteRvenonS
paRtout DanS le monDe, oxfam moBiliSe le pouvoiR Citoyen ContRe la pauvRetÉ
1 À PROPOS D’OXFAM
le plan StRatÉGiQue D’oxfam
Pour la période 2013-2019, tous les
affiliés Oxfam se sont engagés à
poursuivre six objectifs de changement
externe et six objectifs de changement
opérationnel, tous énoncés dans le
Plan stratégique d’Oxfam intitulé
« Le pouvoir citoyen contre la
pauvreté ». Ces objectifs constituent
le cadre d’action pour l’ensemble des
affiliés, dans l’ensemble des pays où
Oxfam est active.
oBjeCtifS De ChanGement exteRne : Six oBjeCtifS pouR ChanGeR le monDe
oBjeCtif 1CitoyennetÉ aCtive
D’ici 2019 : davantage de femmes, de
jeunes et de personnes pauvres et
marginalisées exerceront leurs droits
civils et politiques pour influencer
la prise de décisions en intervenant
auprès des pouvoirs publics et en
demandant aux gouvernements et aux
entreprises de répondre du respect de
leurs droits.
oBjeCtif 2 pRomotion De la juStiCe entRe leS
femmeS et leS hommeS
D’ici 2019 : davantage de femmes
pauvres et marginalisées
revendiqueront et promouvront leurs
droits grâce à l’engagement et au
leadership des femmes et de leurs
organisations, et les violences faites
aux femmes seront considérablement
moins répandues et moins socialement
acceptables.
oBjeCtif 3 SauveR DeS vieS, aujouRD’hui
et Demain
D’ici 2019 : le nombre d’hommes, de
femmes et d’enfants mourant ou
souffrant de maladies, d’insécurité ou
de privations diminuera grâce à une
réduction des effets des catastrophes
naturelles. Les personnes les plus
vulnérables exerceront leur droit à
une eau potable, à l’alimentation, à
l’assainissement et à la satisfaction
de leurs autres besoins fondamentaux,
ainsi que leur droit de vivre sans
violence ni coercition et de prendre leur
destin en main.
oBjeCtif 4 alimentation DuRaBle
D’ici 2019 : davantage de personnes
pauvres habitant en milieu rural
bénéficieront d’une amélioration
de leur sécurité alimentaire, de
leurs revenus et de leur résilience
grâce à des systèmes alimentaires
considérablement plus équitables
et durables.
oBjeCtif 5paRtaGe ÉQuitaBle DeS
ReSSouRCeS natuRelleS
D’ici 2019 : les populations les plus
marginalisées du monde bénéficieront
d’une prospérité et une résilience
considérablement accrues, malgré la
concurrence croissante pour l’accès
aux ressources foncières, hydriques,
alimentaires et énergétiques et les
difficultés dues aux changements
climatiques.
oBjeCtif 6finanCement Du DÉveloppement et
univeRSalitÉ DeS SeRviCeS eSSentielS
D’ici 2019 : il y aura une amélioration
de la qualité et de la quantité des flux
financiers destinés à lutter contre la
pauvreté et les inégalités et à donner
aux citoyens, notamment aux femmes,
les moyens de demander davantage de
transparence dans les recettes et les
dépenses de leur gouvernement, des
bailleurs de fonds et du secteur privé.
Davantage de femmes, d’hommes, de
filles et de garçons exerceront leur droit
d’accès universel à des services de
santé et d’éducation de qualité, ce qui
leur permettra de devenir des membres
à part entière de leurs communautés
et renforcera le tissu économique,
social et démocratique de leurs
sociétés respectives.
8 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
1 À PROPOS D’OXFAM
oBjeCtifS De ChanGement opÉRationnel : Six oBjeCtifS pouR ChanGeR notRe façon De tRavailleR
oBjeCtif 1CRÉation D’un RÉSeau monDial
D’influenCe
D’ici 2019 : des changements profonds
et durables s’opéreront dans la vie des
personnes confrontées à la pauvreté
et à l’injustice, suite à la création d’un
réseau mondial d’influence uni autour
d’une même vision du changement.
Ce réseau amplifiera notre impact de
manière tangible, accentuera notre
influence internationale et soutiendra
les mouvements progressistes à tous
les échelons.
oBjeCtif 2QualitÉ DeS pRoGRammeS et Suivi-
Évaluation-appRentiSSaGe (mel) :
D’iCi 2019 :
Oxfam pourra témoigner d’une culture
d’innovation et d’apprentissage fondé
sur des données factuelles, une
culture qui aura permis d’améliorer
progressivement la qualité des
programmes et qui aura renforcé notre
redevabilité et notre capacité d’amener
des changements profonds dans la vie
des gens.
oBjeCtif 3RenfoRCement De la ReDevaBilitÉ
D’ici 2019 : Oxfam sera en mesure de
démontrer que sa volonté de renforcer
la redevabilité contribue à accroître
son impact.
oBjeCtif 4 inveStiSSement DanS leS ReSSouRCeS
humaineS
D’ici 2019 : Oxfam sera un réseau souple
et agile d’organisations dotées d’un
personnel et de bénévoles compétents
et motivés qui s’emploient à réaliser les
objectifs de changement.
oBjeCtif 5effiCaCitÉ paR RappoRt aux CoÛtS
D’ici 2019 : pendant toute la durée du
plan stratégique, Oxfam veillera à ce
que son activité offre, dans tous ses
aspects, un excellent rapport coût-
efficacité. Les économies dégagées
grâce aux mesures d’optimisation de
l’efficacité seront réinvesties dans la
poursuite des objectifs du plan.
oBjeCtif 6StRatÉGieS De finanCement
D’ici 2019 : un changement radical
en matière d’investissement, de
collecte de fonds et de coopération
entre affiliés permettra d’obtenir 100
à 300 millions d’euros de plus que
prévu et nous permettra d’augmenter
l’envergure et l’impact de l’action
d’Oxfam.
9 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
1. Nous considérons toutes les personnes qui participent à un projet comme des bénéficiaires directs, dans la mesure où elles sont engagées dans les activités du projet et ont un accès direct aux produits ou services de ce projet. Nous incluons également les personnes qui, sans être engagées dans les activités du projet, bénéficient aussi directement des activités, produits ou services du projet, lorsque l’ensemble des trois critères suivants s’applique : 1) des personnes ne participant pas au projet ont été expressément identifiées dans le plan d’exécution comme les bénéficiaires directement visés par le projet ; 2) ces personnes ont bénéficié du projet pendant l’exercice fiscal (2013-2014). Autrement dit, au moment de la comptabilisation, le bénéfice s’est déjà concrétisé, avec l’assurance suffi sante que l’accès (le bénéfice) est direct, et non potentiel (si des doutes existent quant à la réalité de l’accès (du bénéfice), la personne n’a pas été comptée) ; 3) elles ont un lien direct avec les participantes et participants au projet (par exemple, ces personnes font partie du ménage d’un participant ou une participante).2. Ce chiffre repose sur le processus conjoint de rapport sur les résultats, mené pour la première fois cette année sur la base de définitions communes. Nous avons comptabilisé comme partenaires les relations de financement matérialisées par un accord contractuel écrit avec des organisations autonomes, indépendantes et rendant des comptes, et dans le cadre desquelles Oxfam a apporté des financements au cours de l’exercice 2013-2014 afin d’atteindre des objectifs communs précis ou de long terme. Les relations sans apport de financement n’ont été indiquées que si la relation reposait sur un accord écrit ou si la relation était établie depuis au moins un an et que le partenaire participait activement aux différentes phases du cycle de gestion du projet, y compris la planification et conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation-apprentissage. Les institutions, les fournisseurs, les consultants et les sous-traitants n’ont pas été considérés comme des partenaires.
1 À PROPOS D’OXFAM
OrganisatiOns partenaires
400OrganisatiOns partenaires
79
OrganisatiOns partenaires
725OrganisatiOns partenaires
258
OrganisatiOns partenaires
154OrganisatiOns partenaires
268
nomBRe DeS BÉnÉfiCiaiReS DiReCtS De l’aCtion D’oxfam À tRaveRS le monDe en 2013-2014
AM. LATINE ET CARAÏBES
1 300 000 BÉnÉfiCiaiReS DiReCtS
47% De femmeS et De filleS
AFRIQUE CENTRALE ET DE L’EST 1 400 000 BÉnÉfiCiaiReS DiReCtS
56% De femmeS et De filleS
AFRIQUE AUSTRALE
800 oooBÉnÉfiCiaiReS DiReCtS
66% De femmeS et De filleS
AFRIQUE DE L’OUEST
3 400 000 BÉnÉfiCiaiReS DiReCtS
52% De femmeS et De filleS
TOTAL (y compris les pays sièges des affiliés et les bureaux de plaidoyer d’OI)
20 700 0001
BÉnÉfiCiaiReS DiReCtS
52%2
De femmeS et De filleS
CORNE DE L’AFRIQUE3 700 oooBÉnÉfiCiaiReS DiReCtS
50% De femmeS et De filleS
ASIE DU SUD4 200 ooo BÉnÉfiCiaiReS DiReCtS
56% De femmeS et De filleS
ASIE DE L’EST ET PACIFIQUE2 900 ooo BÉnÉfiCiaiReS DiReCtS
50% De femmeS et De filleS
MOYEN-ORIENT, MAGHREB & EX-URSS2 800 ooo BÉnÉfiCiaiReS DiReCtS
48% De femmeS et De filleS
OrganisatiOns partenaires
2 910OrganisatiOns partenaires
192
OrganisatiOns partenaires
324
% ONG NATIONALeS, y COMPRIS LeS ORGANISATIONS De FeMMeS
% ONG INTeRNATIONALeS
% ADMINISTRATIONS eT SeCTeUR PUBLIC
% ÉTABLISSeMeNTS UNIveRSITAIReS, De FORMATION eT De ReCHeRCHe
% AUTReS (y COMPRIS LeS RÉSeAUX, LeS ORGANISATIONS De L’ONU eT Le SeCTeUR PRIvÉ)
PAyS SIÈGeS DeS AFFILIÉS OXFAM (SUR LA CARTe)
lÉGenDe
Dans le souci d’améliorer notre redevabilité vis-à-vis de nos parties prenantes, nous avons, pour la première fois cette année, rassemblé les données statistiques de l’ensemble des affiliés concernant le nombre de bénéficiaires directs d’Oxfam. Étant donné l’ampleur et l’intensité de notre action, nous
reconnaissons toute la difficulté d’établir une telle mesure. Nous avons utilisé nos propres systèmes de suivi pour compiler les données, et les chiffres ont été dûment arrondis, le cas échéant. Nous avons tout mis en œuvre pour éviter les doubles-comptabilisations. Il risque néanmoins d’exister des
chevauchements entre activités, puisque des personnes ont reçu une aide dans plus d’un de nos domaines d’action. De plus, nous ne pouvons pas garantir que, pour ce premier exercice complet de collecte des données, tous les bureaux pays ont suivi le processus d’assurance qualité des données avec
la même rigueur. Aucune donnée n’était disponible pour la France, le Japon, l’Irlande et le Soudan. Pour le Soudan du Sud, le Myanmar, le groupe des pays du Maghreb et le Guatemala, seules des données non finalisées étaient disponibles ; nous ne les avons pas incluses. D’autres données relatives à nos
programmes régionaux peuvent manquer. Autre problème de qualité des données : pour l’Australie, les chiffres reposent sur des données provisoires portant sur la période de juillet 2013 à avril 2014. Il se peut en outre que le nombre de bénéficiaires au Cambodge soit légèrement sous-estimé, car les rapports de
nos partenaires pour l’exercice 2013-2014 n’étaient pas tous disponibles au moment de l’établissement du présent rapport. enfin, les données d’Oxfam Novib portent sur une période de 15 mois, du 01/01/2013 au 31/03/2014.
noteS De BaS De paGe 1 et 2 À la paGe pRÉCÉDente
2SeCtion
2SeCtion
intRoDuCtion
Un monde sans pauvreté est un monde
dans lequel toutes les voix sont
écoutées et tous les êtres humains
sont traités sur un pied d’égalité. La
pauvreté ne se limite pas à un manque
de nourriture, d’abri, voire d’assurance
maladie. Sortir de la pauvreté signifie
devenir membre à part entière d’une
communauté et pouvoir participer aux
décisions. L’action d’Oxfam en matière
de gouvernance permet à des femmes
et des hommes de faire part de leurs
préoccupations et leurs priorités aux
personnes en situation de pouvoir. Ils
peuvent revendiquer leurs droits pleins
et entiers de citoyennes et citoyens.
L’approche du « droit de se faire
entendre » permettra à davantage de
personnes de faire valoir leurs droits à
une vie meilleure.
en 2013, avec l’aide d’Oxfam, des communautés marginalisées et des mouvements de jeunes et de femmes parvenaient déjà à surmonter les difficultés économiques, les inégalités et parfois les dangers de mort auxquels ils se trouvaient confrontés. en Inde, 1 500 familles de 15 bidonvilles ont pu s’opposer à leur expulsion lors d’un grand festival religieux, et une
communauté de chiffonniers a obtenu la gratuité de l’éducation pour leurs enfants d’âge préscolaire, après 14 années de lobbying et de soutien de la part d’Oxfam. en Arménie, grâce au programme d’Oxfam intitulé « Les femmes se font entendre » (RHv, Raising Her Voice), des femmes négocient actuellement avec les administrations locales dans le cadre de campagnes épistolaires afin d’apporter des améliorations au sein de
leurs communautés.
Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour soutenir ces mouvements de base, surtout lorsque les gouvernements restreignent le droit fondamental d’association de leurs citoyennes et citoyens. Oxfam et ses partenaires pressent les États de respecter les droits civils et politiques. Nous renforçons la capacité des organisations de la société civile à se mobiliser autour des priorités des populations pauvres, marginalisées et autochtones. Le meilleur moyen d’y parvenir est de créer les conditions permettant à ces populations d’exprimer leurs besoins, avec leurs propres mots, pour que leur voix légitime soit entendue.
en 2013, Oxfam a poursuivi quatre
grands objectifs dans le cadre de ses
programmes promouvant le droit de se
faire entendre :
expReSSion :
Les jeunes, les femmes et les autres
groupes marginalisés exerceront leur
droit de s’associer, d’accéder librement
à l’information, de participer aux
décisions publiques et de recourir à la
loi pour vaincre les injustices.
RÉaCtivitÉ :
Les États et les organisations du
secteur privé élaboreront des politiques
qui répondent aux besoins des jeunes,
des femmes et des autres groupes
marginalisés, pour que ceux-ci puissent
bénéficier de meilleurs services et d’un
niveau de vie plus élevé.
ReDevaBilitÉ (ou oBliGation De
RenDRe DeS CompteS) :
Les États et les organisations du
secteur privé rendront davantage
compte de la réalisation de leurs
promesses en faveur des pauvres
et du respect des droits légaux des
citoyennes et citoyens.
12 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
paGe pRÉCÉDente : Bhimisa, 9 ans, lit à voix haute à l’école primaire de Shree Janakalyan, dans le district de Surkhet, situé dans l’ouest du Népal. Sa maman, Tika Darlami, siège au comité de gestion de l’école et estime que sa fille a tout autant droit à une bonne éducation que son fils. Tika est également membre de l’Association de femmes pour les femmes marginalisées du Népal, l’une des nombreuses organisations participant au programme d’Oxfam intitulé Raising Her Voice (« Les femmes se font entendre »). PHOTO © Aubrey Wade | OXFAM
CitoyennetÉ aCtive :
Davantage de citoyennes et citoyens
du monde contribueront à vaincre la
pauvreté et les injustices par leurs
choix personnels de consommation
(achat de produits du commerce
équitable, par exemple), par leurs
actions de solidarité avec les
populations pauvres et marginalisées
et par l’influence qu’ils exercent sur les
gouvernements et les entreprises.
Promouvoir résolument et efficacement
le droit de se faire entendre est un
travail complexe, et Oxfam met en
œuvre toute une gamme de méthodes
pour favoriser le changement social
et politique dans un large éventail
de pays et de contextes. Ce travail
peut consister aussi bien à aider des
groupes locaux à gagner en assurance,
qu’à promouvoir l’accès à l’information
et aux technologies, former des
réseaux avec des personnes d’autres
pays ou encore engager le dialogue
avec les administrations publiques et
d’autres institutions afin de peser dans
les décisions politiques. Les exemples
ci-après illustrent la variété de cette
gamme d’interventions.
afRiQue : pRomeSSeS tenueS
Trop de gouvernements africains
manquent à leurs engagements
pris dans le cadre des Objectifs du
millénaire pour le développement à
l’horizon 2015 d’améliorer les droits et
les conditions de vie de leur population.
Le projet « État de l’Union » (SOTU,
State of the Union), soutenu par Oxfam,
effectue un suivi des engagements
pris par les États membres de
l’Union africaine (UA) et de leur état
d’avancement, et vise à permettre aux
citoyennes et citoyens de rappeler
leur gouvernement à son obligation de
rendre des comptes.
2 Droit de se faire entendre
L’approvisionnement alimentaire
du continent africain constitue un
exemple flagrant de pauvreté qui
pourrait être évitée. en 2003, 54 pays
africains ont décidé d’investir 10 % de
leur budget annuel dans l’amélioration
de l’agriculture, afin de renforcer leur
autonomie alimentaire. Pourtant,
aujourd’hui, l’Afrique importe un tiers de
ses besoins en céréales et les crises
alimentaires n’ont jamais été aussi
fréquentes. Plusieurs gouvernements
louent des terres fertiles à des
entreprises internationales, ce qui
exacerbe la concurrence dont les
pâturages et autres ressources trop
rares font l’objet.
en Afrique, un enfant sur huit meurt
avant l’âge de cinq ans (Unicef, 2013),
et les chefs d’État et de gouvernement
de l’UA ont promis de nouvelles
politiques et des investissements
visant à réduire la mortalité infantile.
13 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
« On peut accomplir beaucoup lorsque les promesses sont tenues, et de réels progrès ont été faits »
Mais, tandis que l’Algérie, l’Égypte et
le Rwanda ont accompli des progrès
considérables en la matière, d’autres
pays, comme le Kenya et le Cameroun,
ont reculé et enregistrent aujourd’hui
un plus grand nombre de décès
évitables d’enfants qu’il y a cinq ans.
On peut accomplir beaucoup lorsque
les promesses sont tenues, et de
réels progrès ont été faits. Bien que
de graves problèmes de corruption
persistent, l’Afrique est aujourd’hui
gouvernée de manière plus
transparente et démocratique qu’il
y a plusieurs dizaines d’années. Le
Kenya et l’Ouganda ont avancé à pas
de géants sur la voie de la gratuité de
l’éducation primaire. Les politiques
d’accès gratuit aux traitements
contre le vIH/sida et la tuberculose,
par exemple, sont de plus en plus
répandues. Les investissements de
l’Égypte dans la santé et le planning
familial ont permis de réduire de 50 %
les décès de femmes en couches.
en collaboration avec des partenaires
tels que l’Institut pour la gouvernance
démocratique (IDeG, Institute for
Democratic Governance), la coalition
SOTU a convaincu le gouvernement
ghanéen de ratifier une charte de la
jeunesse pour répondre aux priorités
des jeunes, lesquels représentent
60 % de la population du Ghana. Au
Malawi, un cadre de coordination
interministérielle a été mis en place
afin de promouvoir la transparence
dans les affaires publiques, y compris
la tenue d’élections démocratiques.
De même, suite au plaidoyer mené par
le partenaire d’Oxfam, le centre de
formation pour la société civile CeSC
(Centro de Aprendizagem e Capacitaçâo
de Sociedade Civil), le gouvernement
du Mozambique a rendu compte de la
situation des droits civils et humains
dans le pays.
À l’approche de l’année 2015, la
coalition SOTU accentue la pression
sur les gouvernements, et fournissent
aux groupes de la société civile
des plateformes nationales qui
leur permettent de donner voix à
leurs préoccupations. Une nouvelle
campagne menée sur les réseaux
sociaux, « Mon Union africaine »,
confère une dimension numérique
au projet SOTU, afin de mobiliser
la jeunesse africaine autour d’une
initiative populaire de grande ampleur
face aux défis de l’Afrique, en cette
période cruciale.
2 Droit de se faire entendre
viSion De la jeuneSSe
Le programme de partenariats
internationaux de la jeunesse (OIyP,
Oxfam International Youth Partnerships)
a constitué un réseau mondial de
jeunes partageant la même vision d’un
monde juste et s’engageant activement
en faveur d’un changement social
durable, équitable et pacifique. Tous
les trois ans, 300 jeunes hommes et
femmes porteurs de changement au
sein de leur communauté rejoignent le
réseau OIyP. L’OIyP leur apporte alors
un soutien visant à renforcer leurs
connaissances et compétences dans
les domaines des droits des personnes
handicapées, de la justice alimentaire,
de la gestion des catastrophes et des
droits humains.
Margaret Sirrengo, coordinatrice
jeunesse au sein de l’organisation
values Interdevelopmental Network
Techniques (vINeT), fait partie de la
promotion 2010-2013 du programme
OIyP au Kenya. en collaboration
avec l’association communautaire
everblazing Candles, elle s’emploie à
promouvoir l’égalité des droits entre
les femmes et les hommes. « OIYP
a tellement changé ma vie et ma
communauté. En 2010, alors jeune
femme sans beaucoup d’éducation,
j’ai quitté mon village [pour intégrer le
programme OIYP] [...] Les gens m’ont
[par après] considérée différemment.
On a commencé à vraiment s’intéresser
à mes activités et à faire preuve d’un
grand enthousiasme. J’ai pu faire
beaucoup plus que ce que je n’aurais
jamais imaginé. L’OIYP m’a formée et
a engagé ma communauté sur une
nouvelle voie ! »
en 2013, Oxfam a renforcé son soutien
au réseau OIyP avec le lancement d’un
programme visant plus particulièrement
à former les jeunes pour qu’ils puissent
assumer des rôles de premier plan,
l’idée étant de les familiariser avec
le travail d’Oxfam et de ses alliés
et partenaires. Trois programmes
pilotes seront mis sur pied au Timor-
Leste, dans les îles Salomon et dans
la région vietnamienne du Mékong.
Ils permettront aux participantes
et participants d’acquérir les
compétences nécessaires pour
remettre en question certaines valeurs,
mentalités et comportements propres à
leur communauté et leur société.
14 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
À la ReSCouSSe DeS hÉRoS Du DÉveloppement
Pour être efficace, le travail de
développement doit pleinement
prendre en compte les connaissances
et le savoir-faire des personnes les
plus directement concernées par les
activités d’intervention. Cela suppose
d’écouter pour apprendre des autres et
de nous entretenir avec les personnes
et les communautés avec lesquelles
nous travaillons, afin de vérifier l’impact
des projets et programmes d’Oxfam.
Nous traitons tout le monde sur un
pied d’égalité et estimons que les
personnes en situation de pauvreté ont
généralement les réponses à la plupart
des problèmes auxquels elles se
trouvent confrontées. elles manquent
simplement de moyens.
en 2013, Jacqueline Morette, Fatou
Doumbia et vuong Hoang Kim, qui
jouent toutes trois un rôle de premier
plan au sein de leur communauté,
ont accepté de prêter leur visage à
la campagne menée par Oxfam pour
convaincre le Congrès américain de
renoncer à de nouvelles coupes claires
dans son aide extérieure. Ce sont de
2 Droit de se faire entendre
15 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
véritables héroïnes : elles obtiennent
des résultats remarquables avec un
investissement financier minime. Nous
avions la conviction qu’en voyant leurs
résultats, les membres du Congrès
comprendraient que l’aide publique
au développement (APD) contribue
directement à sauver des vies.
Des milliers de citoyennes et citoyens
des États-Unis se sont associés à la
campagne d’Oxfam et ont signé une
pétition, s’opposant à ce que le Congrès
ampute ce qui n’était déjà qu’une infime
fraction (1 %) du budget fédéral, mais
avait tant d’impact sur des millions de
personnes à travers le monde.
en mettant en lumière le vécu de
personnes de chair et d’os, cette
campagne a fait mouche : elle a
permis de rassurer les politiques
américains sur l’efficacité de l’aide et
de les convaincre que les responsables
communautaires des pays en
développement sont des partenaires tout
à fait capables et dignes de confiance,
qui méritent d’être entendus.
La proposition du Congrès de
réduire l’APD pour la troisième année
consécutive n’a pas été ratifiée, et le
budget américain de l’aide extérieure
a pu être préservé cette année-
là. Le Congrès, les sénateurs et la
Chambre des députés ont en outre
décidé d’adopter des dispositions
législatives permettant aux organismes
d’aide américains de collaborer plus
efficacement avec les architectes
locaux du développement et
promouvant la redevabilité envers les
populations des pays partenaires.
en maRChe veRS la juStiCe fiSCale
Une gestion transparente et juste
des affaires publiques favorise une
meilleure prise en main, par les
citoyennes et citoyens, de leur propre
destin. Des politiques fiscales plus
équitables peuvent en outre accroître
les recettes de l’État, permettre de
mobiliser davantage de fonds pour
le financement des services publics
et, ainsi, améliorer les conditions de
vie de toute personne en situation de
pauvreté.
en collaboration avec le Réseau pour
la justice fiscale-Afrique (TJN-A) et
Ci-DeSSuS À DRoite : Un homme transportant des tiges de jute à vélo. Au Bangladesh, la pauvreté est profonde et répandue : près de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour. PHOTO © evelien Schotsman | OXFAM
2 Droit de se faire entendre
16 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
d’autres partenaires actifs dans les
différents pays, Oxfam a monté un
projet de renforcement des capacités
de recherche et de plaidoyer pour une
fiscalité juste, CRAFT, dans le but de
mettre en place un système fiscal
transparent et juste en Ouganda, au
Mali, au Sénégal, au Nigeria, au Niger,
en Tunisie, en Égypte, au Ghana et au
Bangladesh. Dans le cadre de ce projet,
Oxfam, avec l’aide de la direction du
réseau TJN-A, gère un consortium
d’organisations non gouvernementales
et de groupes communautaires
collaborant étroitement avec les
administrations fiscales de chaque
pays en question, afin de favoriser
le dialogue et l’échange de pratiques
exemplaires en matière de justice fiscale.
en Ouganda, l’Institut d’Afrique australe
et orientale pour l’information et les
négociations commerciales (SeATINI),
un partenaire d’Oxfam, a mené un
travail de recherche et de plaidoyer
auprès des député-e-s, afin de
convaincre le gouvernement ougandais
de geler toutes les incitations fiscales
aux particuliers. Ce programme a
bénéficié d’une campagne de publicité
également orchestrée par le SeATINI,
brochures, autocollants et banderoles
sensibilisant le public et renforçant la
visibilité et la popularité de l’idée d’un
projet de système fiscal juste
et transparent.
ouGanDa : le pouvoiR Citoyen
La transparence et l’obligation de
rendre des comptes sont essentielles
pour développer la confiance entre
la population et les personnes en
situation de pouvoir, aussi bien dans
les administrations publiques que dans
le secteur privé. Ces personnes au
pouvoir sont donc tenues responsables
de la façon dont leurs politiques
et leurs pratiques touchent les
populations pauvres, et sont incitées
à élaborer des stratégies, politiques
et pratiques de développement
inclusives et favorables aux pauvres.
en Ouganda, Citizens Watch-IT (CeW-
IT), un partenaire d’Oxfam, a mis au
point une campagne visant à rappeler
le gouvernement à son obligation
de rendre compte de ses politiques
publiques et à son engagement de
dénoncer la corruption. Son « Manifeste
citoyen » est un contrat social avec
le gouvernement et permet à toute
Ougandaise et tout Ougandais de
poser des questions, de contester les
décisions et de s’engager activement
dans le développement de son pays.
Cette campagne citoyenne a lieu dans
trente districts du pays où elle forme
des militantes et militants pour qu’ils
puissent réaliser un suivi des fonds
d’aide, depuis les bailleurs et les
administrations jusqu’aux points de
prestation des services, et ainsi déceler
et dénoncer les cas de corruption. en
2013, CeW-IT a formé 800 observateurs
communautaires, outre les 5 000
personnes qui s’étaient chargées
d’observer les élections de 2011. Des
communautés de surveillance se sont
formées dans les écoles, les centres
de santé et les comités d’usagers de
l’eau, afin de réclamer l’amélioration
des services en Ouganda. D’autres
observateurs ont mobilisé des
jeunes qui se sont unis et ont utilisé
des ressources en ligne (Uchaguzi,
Huduma, bibliothèques électriques,
portails Web et centres de données
communautaires) dans le cadre d’une
Ci-DeSSuS À DRoite : Manga, une agricultrice de Minya, en Haute-Égypte, récolte du fourrage frais pour ses animaux. elle travaille également pour notre partenaire Égyptien Better Life (« Une vie meilleure »), en tant que « formatrice » chargée d’expliquer le processus électoral dans les villages. elle a ainsi réuni les femmes de son village pour parler des candidates et candidats susceptibles de mieux représenter les besoins de leur communauté. PHOTO © Myriam Abdelaziz | OXFAM
2 Droit de se faire entendre
17 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
campagne de lutte contre la corruption, afin de mettre au jour les achats non conformes (matériaux de construction et pupitres de mauvaise qualité dans une école primaire, par exemple) résultant de détournements d’aides.
Face à cette campagne, le comportement et les pratiques des prestataires de services ont changé, comme en attestent la réduction des absences de personnel et le recouvrement de fonds
publics détournés.
ÉGypte : la loi De leuR CÔtÉ
Les discriminations, les violences et la crainte de violences constituent des obstacles majeurs à la pleine participation des femmes dans la société égyptienne et à leur jouissance des mêmes droits que les hommes. Une femme qui souhaite se faire entendre au travail ou s’exprimer au nom de sa communauté doit se sentir forte. Si elle subit des violences au sein de son foyer, elle a besoin du soutien et de la confiance nécessaires pour chercher refuge et demander réparation.
Afin de construire cette confiance, la situation personnelle et économique des femmes doit être envisagée dans le cadre plus large des politiques
et législations entravantes. C’est précisément ce type de stratégie qu’Oxfam et son partenaire, le Centre d’assistance juridique des femmes égyptiennes (CeWLA), mettent en œuvre en Égypte. Le CeWLA informe les femmes de leurs droits civils et politiques, et leur apporte toute l’aide dont elles ont besoin quand elles doivent aller en justice. Par exemple, si une femme a besoin d’un prêt social, le centre l’aidera à présenter les documents officiels nécessaires pour que sa demande puisse aboutir.
Près de 4 000 personnes ont
bénéficié de services d’aide juridique
et de médiation dans le cadre de
conflits familiaux, de divorces et de
harcèlements sexuels, ainsi que de
conseils face à la mutilation sexuelle
féminine. Les avocats du CeWLA ont
également obtenu des jugements
favorables aux mères dans des affaires
de garde d’enfants. Si le travail du
CeWLA vise principalement à permettre
aux femmes de défendre leurs droits,
son approche professionnelle et
ses succès en justice contribuent
également à combattre le problème
plus large des inégalités en Égypte,
tant dans la sphère familiale que dans
la société en général.
inDe : ConteS uRBainS
Dans les villes indiennes, trop souvent,
les investissements d’infrastructures
sont décidés à un échelon élevé, loin
de la réalité des populations pauvres
et vulnérables. Les communautés
des zones urbaines défavorisées
sont rarement consultées sur leurs
besoins en matière d’accès à l’eau,
d’installations d’assainissement et de
logement. elles ne connaissent pas
non plus le jargon bureaucratique et
ne disposent pas des informations
nécessaires pour demander
l’amélioration des installations
auprès des autorités locales, même
si elles y ont légalement droit. De leur
côté, les fonctionnaires locaux n’ont
généralement pas les compétences ni
l’expérience nécessaires pour traiter
et régler ces questions, et il leur arrive
d’interpréter les demandes de ces
communautés comme des critiques ou
des menaces.
D’origine migrante, de sexe féminin
ou faisant figure de pauvres parmi les
pauvres, les habitants démunis des
villes indiennes se trouvent souvent
confrontés à plusieurs motifs de
discrimination. Mais, dès lors qu’ils
estiment avoir le droit d’être traités
avec dignité, le seul fait de savoir qu’ils
peuvent exprimer leurs préoccupations
et améliorer leurs conditions de vie
les fortifient. Oxfam collabore avec
des partenaires pour informer ces
populations de leurs droits et identifier
les possibilités de communiquer leurs
priorités aux responsables politiques.
en prenant la parole lors d’assemblées
publiques et en organisant des
CitoyenneS et CitoyenS
aGGlomÉRationS
SanS-aBRiS aiDÉS
villeS
oRGaniSationS paRtenaiReS
2 Droit de se faire entendre
18 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
manifestations, ils font pression sur
les pouvoirs locaux pour que ceux-ci
répondent au besoin d’améliorer les
possibilités de logement, d’accès à
l’eau et d’assainissement dans les
bidonvilles.
Actuellement mis en œuvre dans sept
villes par six organisations partenaires,
le programme d’Oxfam touche
directement plus de 75 000 citoyennes
et citoyens, dans 90 agglomérations,
et aide 6 500 personnes sans-abri.
Oxfam intervient également auprès
des autorités responsables du
développement urbain au niveau
national, afin de les convaincre de
réaliser des investissements qui
bénéficient aux communautés pauvres.
Résultat remarquable, en 2013-2014,
le service de l’urbanisme de la ville
de Lucknow a accepté de consulter
la main-d’œuvre urbaine, notamment
dans les secteurs du commerce de
rue, de la construction, du transport
Ci-DeSSuS À GauChe : Apprentissage de l’alphabet à l’Apna Kendra Bridge School, une école pour enfants qui travaillent. La communauté de chiffonniers de Shanti Busti (littéralement « le bidonville de la paix ») se compose de 210 ménages. Les chiffonniers souffrent de la précarité de leur occupation des terrains. Les familles paient un loyer au propriétaire qui les protège en quelque sorte du risque d’expulsion par les pouvoirs publics. Les chiffonniers n’ont accès à aucun des droits et services dont jouissent le reste de la population indienne, y compris le droit de vote. PHOTO © Tom Pietrasik | OXFAM
en pousse-pousse et de l’aide
ménagère, afin de développer une
vision commune de la ville. Un plan
inclusif d’aménagement urbain a
permis de renforcer la sécurité, de
fournir des infrastructures de base et
de ménager un espace adéquat pour
les sans-abri et les vendeuses et
vendeurs de rue. Les campagnes et le
plaidoyer persévérants de ces derniers
et des groupes de la société civile ont
également abouti à l’adoption, en 2014,
d’une loi renforçant la protection de la
main-d’œuvre urbaine.
leS femmeS Se font entenDRe
Chacun des enjeux sur lesquels Oxfam
travaille, du changement climatique à la
justice économique, est touché d’une
façon ou d’une autre par l’absence
de représentation significative des
femmes. De 2008 à 2013, le premier
programme international d’Oxfam
visant à renforcer la participation et le
leadership des femmes, « Les femmes
se font entendre » (RHv, Raising her
voice), a considérablement contribué à
rétablir l’équilibre.
Aujourd’hui, on estime que plus d’un
million de femmes marginalisées en
ont bénéficié. Ce programme consistait
aussi bien à aider les femmes à peser
davantage dans la vie politique qu’à
renforcer leur capacité d’influencer
les décisions relatives aux services
sociaux, aux investissements en
matière de développement et aux
cadres législatifs.
en cinq ans, Oxfam, en collaboration
avec 45 partenaires locaux, 141
groupes militants communautaires
et plus de 1 000 organisations
coalisées, a contribué à la définition
de dix nouvelles lois pour protéger les
femmes contre les violences basées
sur le genre dans des pays comme
l’Ouganda, le Nigeria et le Pakistan. Les
partenaires de ce programme ont joué
un rôle actif dans l’instauration de neuf
autres lois promouvant un éventail plus
large de droits des femmes, dont l’une
vise à prévenir les violences politiques
à l’encontre des femmes candidates et
électrices en Bolivie.
2 Droit de se faire entendre
19 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
Tenir compte des voix et des
préoccupations des femmes dans
les lieux de décision, tels que les
assemblées communautaires, les
comités de gestion des ressources
ou les coalitions en faveur du
changement, permet d’obtenir des
résultats formidables. en s’attaquant
à la question des inégalités et en
encourageant les femmes à prendre
de l’assurance, ce programme a ouvert
la voie à d’importants avantages
sociaux, politiques et économiques
considérables pour les femmes
marginalisées. Une évaluation externe
du programme a confirmé que les projets
obtiennent de meilleurs résultats
lorsque toutes les parties prenantes
sont traitées sur un pied d’égalité et
que les initiatives communautaires
sont menées parallèlement à un
plaidoyer au niveau national.
Bien que le financement de ce
programme ait officiellement pris fin en
mars 2013, le militantisme individuel et
communautaire et les coalitions qu’il
avait soutenus restent très actifs dans
25 pays – un autre pas important sur la
voie du changement.
À l’aveniR
Oxfam poursuivra ses efforts pour
renforcer la voix des communautés
pauvres et vulnérables, afin que celles-
ci puissent participer pleinement
aux débats qui détermineront une
répartition plus équitable des
ressources. Nous travaillerons
également avec nos partenaires et
nos alliés à maintenir la pression sur
les États et le secteur privé, pour que
ceux-ci prennent davantage en compte
les intérêts des populations pauvres et
honorent les promesses qu’ils ont déjà
faites.
Les dernières tendances indiquent
un renforcement des restrictions
imposées à la société civile et de la
répression de la liberté de réunion,
d’expression et d’association des
citoyennes et citoyens. Dans ces
circonstances, il est essentiel
qu’Oxfam, de même que ses partenaires
et alliés, puisse réagir prestement
aux changements sociaux, aussi
rapides que complexes. Nous devons
prendre des mesures décisives pour
Ci-DeSSuS À DRoite : Tika Darlami, 45 ans, à une réunion du groupe de femmes du village de Gumi, dans le district de Surkhet, au Népal. Les « classes de discussion communautaires » sont organisées par le partenaire d’Oxfam : l’Association de femmes pour les femmes marginalisées du Népal. elles permettent aux femmes de se réunir pour partager leurs expériences et en savoir plus sur leurs droits. PHOTO © Aubrey Wade | OXFAM
sauvegarder l’espace d’expression de
la société civile. Le suivi des recettes
fiscales et des budgets publics et le
renforcement de la participation des
citoyennes et citoyens au sein de
leur société demeureront une priorité
d’Oxfam. Dans tous nos domaines
d’action, nous continuerons d’inscrire
les droits des femmes au cœur de nos
programmes, afin d’assurer la justice et
un changement généralisé et durable
dans les rapports de force entre les
femmes et les hommes.
3SeCtion
3SeCtion
21 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
intRoDuCtion
Le Plan stratégique d’Oxfam
inscrit le renforcement des droits
fondamentaux, tout particulièrement
des droits des femmes, au cœur de
tout ce que nous faisons. en plus
de faciliter l’accès des femmes et
des personnes marginalisées à des
fonctions valorisées dans l’économie
et la société, nous portons une
attention particulière à la justice
entre les femmes et les hommes et à
l’autonomisation des plus pauvres,
pour que ces personnes puissent se
faire entendre.
Nous nous soucions de la justice entre
les femmes et les hommes, car la
discrimination systématique à l’égard
des femmes et des filles est à la fois
une cause et un résultat des inégalités
à la base de la pauvreté. Cette
discrimination peut être exacerbée
par la classe sociale, l’ethnicité et
l’âge, ainsi que par des intégrismes,
notamment religieux. Souvent, les
femmes qui prennent un rôle actif
face aux catastrophes, défendent
les droits d’accès aux ressources
naturelles, luttent contre les abus
physiques et sexuels et qui promeuvent
la participation au processus
démocratique, font l’objet de violences
physiques et morales.
Il apparaît de plus en plus clairement que, là où les femmes prennent leur destin en main et s’unissent autour d’objectifs communs, des progrès et des changements profonds deviennent possibles. Oxfam aide les femmes à développer leurs propres visions et stratégies de changement et collabore avec des organisations et des mouvements affirmant que le respect des droits des femmes constitue un fondement sur lequel repose la réalisation de tous les objectifs de
développement. Tout en travaillant aux côtés d’autres groupes de pression pour amener les États et les institutions publiques à améliorer les politiques et les législations en faveur des femmes, nous avons conscience que, si nous voulons parvenir à un changement durable, nous devons avoir une vision et des aspirations autrement plus ambitieuses. Nous cherchons à induire de vastes changements, profonds et durables, dans les attitudes et les croyances concernant les rapports de force entre les femmes et les hommes et, ce faisant, à contribuer à l’avancement des droits des femmes et
de la justice entre les sexes.
paGe pRÉCÉDente : Masela Kababa, 20 ans, avec son fils de trois mois à Soola, un petit village rural de Zambie. elle s’est réfugiée là avec ses trois enfants quand les inondations ont détruit son habitation et tué ses porcs, dans le village de Namayanga, où elle habitait. Avec l’arrivée de l’hiver, elle craint que son bébé n’attrape une infection des voies respiratoires. PHOTO © James Oatway | OXFAM
| oxfam annual RepoRt 2012 - 2013
pouR Que la fRaiSe maRoCaine n’ait paS À RouGiR
Au Maroc, la culture de la fraise s’est
récemment développée de manière
spectaculaire pour approvisionner les
épiceries et supermarchés européens.
La main-d’œuvre, constituée à 80 % de
femmes, n’a cependant pas bénéficié
de « l’or rouge ». Depuis 2008, Oxfam
aide les ouvrières agricoles du secteur,
dans le nord du pays, à améliorer
leurs conditions de travail. Les
droits fondamentaux sont rarement
respectés : contrat inexistant,
non-respect du salaire minimum,
dépassement de la durée légale du
travail, et conditions de santé et
de sécurité, ainsi que de transport,
souvent déplorables. Des enfants sont
également employés à la cueillette.
Les femmes n’ont pas une bonne
connaissance de leurs droits, comme
le montre la faiblesse d’une couverture
sociale qui pourrait pourtant leur
procurer un complément de revenu.
Dans le cadre d’une série de
projets conjoints, Oxfam et ses
partenaires interviennent auprès
des différents acteurs de la chaîne
de production : les cueilleuses elles-
mêmes, les exploitations agricoles,
les administrations locales et les
acheteurs européens. C’est une
alliance d’organisations de la société
civile et d’ouvrières agricoles, appelée
« Unité », qui a coordonné et géré ces
projets, organisant des caravanes
de sensibilisation allant de village en
village pour informer les travailleuses
sur leurs droits et les aider à régler
leurs problèmes avec les employeurs
ou les pouvoirs publics.
Au niveau international, Oxfam
a travaillé avec les importateurs
européens et les distributeurs
marocains pour changer les pratiques.
en 2011, cette collaboration a abouti
à la mise en place d’un plan d’action
(2012-2015) pour améliorer les
rémunérations, assurer le respect de
l’âge minimum légal requis, permettre
l’affiliation à la sécurité sociale et
renforcer les normes de santé, de
sécurité et de transport. Ce plan
officialisait les relations de travail et
définissait des objectifs raisonnables et
progressifs. Les importateurs ont alors
mis en place des mécanismes de suivi
des progrès avec l’aide d’Oxfam.
Des producteurs ont bel et bien changé
leurs méthodes de travail. Ils ont
compris qu’améliorer les conditions de
travail de leur main-d’œuvre présentait
un intérêt financier et pouvait favoriser
le développement de leur entreprise.
Même si certains continuent de traîner
les pieds, d’autres importateurs
de différents pays se joignent au
programme et exigent désormais le
respect des droits de la main-d’œuvre.
Nous avons la conviction que ce
programme aura un retentissement
sur l’ensemble du secteur de la
fraise et que les normes de travail
continueront de s’améliorer au Maroc.
Quant aux femmes, loin de n’être
que des bénéficiaires, elles estiment
jouer un rôle de premier plan dans ce
changement. elles se sont organisées
et prennent leur avenir en main.
elles ont notamment créé leur propre
association, Al Karama (qui signifie
« dignité »), afin de défendre leurs
droits au quotidien.
3 Justice entre les femmes et les hommes
22 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
BÉnÉfiCiaiReS au total
femmeS et filleS
hommeS et GaRçonS
oRGaniSationS paRtenaiReS
| oxfam annual RepoRt 2012 - 2013
le militantiSme DanS leS payS aRaBeS
Bien qu’elles aient été au premier rang
des soulèvements dans le monde
arabe, en 2011, les femmes restent peu
écoutées. en Tunisie, au Maroc,
en Palestine et au yémen, AMAL
(« espoir » en arabe), le partenaire
d’Oxfam, collabore avec 13 associations
locales pour faire en sorte que l’élan
acquis par les femmes au cours des
dernières années ne se perde pas.
Il y a trois ans, les photos de
manifestantes et les interviews de
jeunes militantes inondaient la presse
internationale. La porte semblait alors
grande ouverte à un changement
réel, avec le renversement des
gouvernements égyptien, libyen,
tunisien et yéménite, la mise en place
de processus de transition politique et
la nomination de nouveaux dirigeants.
Dans la plupart des pays arabes,
l’époque paraissait prometteuse pour
l’avancement des droits des femmes.
Mais nombre de militantes ont
été mises de côté ou ont subi des
représailles. Le programme d’AMAL
3 Justice entre les femmes et les hommes
23 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
permet à ces femmes de devenir des
actrices de premier plan qui, avec leur
communauté, peuvent reconquérir leur
droit de participer à la vie politique et
civique pour produire un changement
positif durable. Au Maroc, tous les
partenaires d’Oxfam s’emploient à
mobiliser la société civile pour un
appel général à la mise en application
de l’article 19 de la Constitution de
2011, lequel impose de mettre fin à la
discrimination sexuelle et consacre
l’égalité entre les femmes et les hommes.
Les moyens mis en œuvre comprennent
notamment des événements de
sensibilisation, des assemblées
publiques et des activités
d’information dans le cadre de cours
d’alphabétisation dans les régions
pauvres, aussi bien urbaines que
rurales. L’Union des femmes yéménites
ménage des espaces d’expression
permettant aux femmes des zones
rurales de se réunir pour échanger
sur leurs expériences, leurs besoins
et leurs aspirations et pour acquérir
les compétences pratiques et la
confiance nécessaires pour influencer
le changement dans leur vie et au sein
de leur communauté.
Ci-DeSSuS À GauChe : environ 1 000 femmes sont incarcérées au yémen, la plupart condamnées pour adultère. elles ont entre 14 et 20 ans. Trois juristes d’Oxfam effectuent un travail de sensibilisation et de représentation des femmes à la prison d’Al Mansoura, à Aden, et apportent une assistance juridique aux détenues. PHOTO © Abbie Trayler-Smith | OXFAM
3 Justice entre les femmes et les hommes
24 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
Ces femmes n’ont pas seulement appris
à lire et à écrire. elles ont élaboré des
supports leur permettant de définir
les problèmes de leur communauté et
d’expliquer les solutions à mettre en
œuvre. Par exemple, elles ont dressé la
carte d’un district pointant les besoins
d’infrastructures, telles qu’une route,
l’électricité, une école, un hôpital et un
projet de distribution d’eau.
« Elles ont désormais acquis la
confiance nécessaire pour s’exprimer
et faire valoir leurs besoins, mais elles
ont encore besoin d’un appui pour
vaincre ce qui les empêche d’avoir
leur mot à dire sur les questions qui
les concernent. La pauvreté, les
violences domestiques et le carcan des
normes sociales et tribales font partie
de ces obstacles », explique Thikra,
coordinatrice du projet au sein de
l’Union des femmes yéménites.
Le bouche à oreille est allé très vite parmi
les femmes yéménites, et les groupes
de discussion ont été organisés en plus
grand nombre que prévu. en Tunisie,
notre partenaire, la Ligue des électrices
tunisiennes (LeT), a formé et accompagné
des femmes politiques. Résultat : pas
moins de sept femmes ont accédé à
des postes de direction au sein de leur
parti respectif, et trois ont été élues à
des fonctions à responsabilité dans des
organisations syndicales et de la société
civile. Grâce aux campagnes organisées
par nos partenaires pour sensibiliser les
jeunes et les femmes, nous avons touché
plus de 2 500 personnes dans quatre
sites d’intervention.
Dans le Territoire palestinien occupé
(TPO), notre partenaire gazaoui, le
Centre pour les affaires féminines, a
formé des femmes membres de partis
politiques et 36 responsables locaux
(15 hommes et 21 femmes) dans les
domaines du leadership, de l’égalité
entre les sexes et des droits des
femmes. Il a également enseigné à 38
journalistes (15 hommes et 23 femmes)
une approche soucieuse de l’égalité
entre les sexes dans la représentation
visuelle du rôle des femmes sur la
scène politique.
lumiÈRe SuR DeS RÉCitS inÉDitS
Ces quatre dernières années, Oxfam
a travaillé avec vingt organisations
de femmes sud-américaines, dans
le cadre d’un programme régional
visant à renforcer les compétences
et les talents de « femmes populaires
et diverses » et à diffuser leurs
témoignages et leur expérience du
changement transformateur au sein
de leur communauté. Ces témoignages
ont alimenté quatre recueils de récits
inédits ou oubliés de femmes pauvres
et autochtones, ou de descendance
africaine, jouant un rôle moteur
dans les zones rurales du Brésil, de
l’Équateur, du Pérou et de la Colombie.
Plus de 600 femmes d’organisations
partenaires ont été interrogées sur
leur vie et leur rôle de leader au sein
de leur communauté. L’équipe de
recherche a utilisé des techniques
d’entretien adaptées afin de bien
mettre en lumière le vécu personnel de
chacune de ces femmes. Beaucoup ont
grandi dans des sociétés patriarcales
considérant que les femmes ne
sauraient jamais être porteuses de
savoir ou de sagesse. Certaines des
femmes interrogées ont pu susciter
le changement en sensibilisant aux
inégalités et en mettant en place les
conditions nécessaires au sein de leur
communauté pour que les femmes
puissent satisfaire à leurs besoins
pratiques et stratégiques – points
qu’elles jugeaient également essentiels
pour faire changer les communautés
à l’échelle internationale. Le droit des
femmes de vivre à l’abri de la violence
était en outre considéré comme
un enjeu politique et social, et non
simplement un problème auquel les
femmes doivent faire face.
Les témoignages recueillis dans
le cadre de ce travail de recherche
présentent ces femmes agissantes
BÉnÉfiCiaiReS DiReCtS DanS CeS QuatRe payS
yÉmen 450
maRoC 11 250
tpo 2 800
tuniSie 3 700
De femmeS et De filleS
| oxfam annual RepoRt 2012 - 2013
3 Justice entre les femmes et les hommes
25 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
comme les instigatrices de
changements touchant des milliers
de personnes et illustrent très bien
la mesure dans laquelle les femmes
transforment les mentalités au sein
de leur communauté et de la société
en général. Pour Oxfam, renforcer le
leadership transformateur des femmes
est un moyen essentiel de lutter contre
les injustices et de bâtir des sociétés
égalitaires.
un « non » RetentiSSant aux violenCeS
Depuis 2004, Oxfam s’emploie à mettre
fin aux violences faites aux femmes
en Inde, où notre expertise en la
matière est bien considérée à l’échelle
tant communautaire que nationale.
Plusieurs viols et meurtres de femmes
ont fait grand bruit et soulevé une
profonde indignation dernièrement.
Face à cette vague de violences, nous
avons mis sur pied une campagne
très médiatisée, incitant la population
indienne à s’opposer aux inégalités et
aux violences endémiques auxquelles
les femmes se trouvent confrontées au
quotidien. Dans les médias aussi bien
traditionnels qu’en ligne et à l’aide de
créations installées sur les marchés
et dans les centres commerciaux, la
campagne Close the Gap (« Combler le
fossé ») a invité les membres du public
à se poser cette question : que ferais-
je pour améliorer la sécurité et l’égalité
dans notre société ?
Grâce au formidable travail des
partenaires d’Oxfam, dont youth Ki
Awaz, GotStaredAt, la Fondation yP,
Gram vaani et Purple Mangoes, Oxfam
a touché plus d’un demi-million de
personnes. Le public souhaitait,
en très grande majorité, voir un
changement de mentalité chez les
hommes au foyer et dans la rue. Il
pensait également que les femmes
doivent mieux connaître leurs droits et
être mieux représentées dans les lieux
de pouvoir.
Même si les violences faites aux
femmes sont profondément ancrées
dans la société indienne, la situation
peut s’améliorer. Pour cela, nous
devons absolument continuer à relayer
le message de la campagne sur tous
les fronts : réformer la loi, imposer un
changement de mentalité au sein du
gouvernement et influer sur d’autres
institutions officielles et du secteur
privé. Alors seulement les attitudes
et les croyances changeront, ce qui
transformera les normes sociales et
culturelles, et permettra, in fine, de
construire une société plus égalitaire.
Cette campagne a contribué au
développement d’un nouveau débat dans
lequel les simples citoyennes et citoyens,
de même que les personnes qui restent
habituellement en marge des débats
politiques, ont eu la possibilité d’agir et
de se faire entendre.
À l’aBRi DeS ReGaRDS
« J’étais régulièrement battue par
mon mari alcoolique parce que j’avais
eu quatre filles de suite, raconte
Minouti Naik, 25 ans. Lui et mes beaux-
parents cherchaient à me contraindre
à retomber enceinte jusqu’à ce que
je donne naissance à un garçon. Ils
voulaient un garçon pour perpétuer
leur nom. » Face à ce harcèlement
permanent, Minouti a sollicité l’aide
du Women’s Support Centre (WSC)
du district de Dhenkenal, dans l’État
d’Odisha. Le centre a alors adressé un
ferme avertissement à son mari et à
ses beaux-parents, leur faisant savoir
que les violences faites aux femmes
constituent un acte criminel puni par
la loi. « Sans leur soutien, je n’aurais
pas survécu à cette torture », ajoute
Minouti. Le WSC apporte une lueur
d’espoir à de nombreuses femmes dans
cette situation, qui n’auraient d’autre
choix que de souffrir en silence, parfois
au risque d’y perdre la vie.
Il en va de même pour nombre de
femmes en Inde. Les violences
domestiques sont monnaie courante
et considérées comme une affaire qui
ne concerne que la famille. elles ne
sont pas encore reconnues comme
une violation des droits fondamentaux
des femmes. Le rapport de la troisième
enquête nationale sur la santé
familiale (2005-2006), menée par le
gouvernement indien, indique qu’un
tiers des femmes âgées de 15 à 49 ans
ont subi des violences physiques. Au
total, 35 % de la population féminine
a fait l’objet de violences physiques
ou sexuelles, et 37,2 % des femmes
mariées ont été victimes de violences
conjugales. en 2012, le National
Crime Records Bureau (l’institut des
statistiques judiciaires en Inde) a
également établi que 43,6 % des
crimes commis contre les femmes
résultaient de la cruauté de l’époux et
des beaux-parents.
3 Justice entre les femmes et les hommes
26 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
La loi progressiste sur la protection
des femmes contre les violences
familiales, adoptée par le parlement
indien en 2005, apportait une réponse
courageuse à la situation épouvantable
des femmes en Inde. Sa mise en
application n’est toutefois pas allée
de soi. Avec l’appui du gouvernement,
Oxfam a donc monté un projet novateur
visant à aider les survivantes de
violences familiales à se rétablir
et leur offrant des services d’aide
psychosociale et juridique, un refuge,
un soutien financier et des relations
qui puissent les aider à refaire leur vie
en dehors du cadre de leur famille par
alliance. Mis en place en collaboration
avec le ministère du Développement
de la femme et de l’enfant et le
ministère de l’Intérieur, des projets de
« promotion d’une vie sans violence
pour les femmes indiennes » sont
menés depuis les locaux de 17 stations
de police dans les États de l’Andhra
Pradesh, du Gujarat, de l’Odisha et de
l’Uttar Pradesh.
Oxfam Inde a directement aidé près
de 39 000 femmes dans le cadre des
centres d’assistance et a informé et
conseillé plus de 800 000 personnes
dans le cadre d’un programme de
mobilisation communautaire mis en
œuvre à l’échelle du pays (2009-2014).
L’évaluation de ce programme a montré
que, dans les régions où un programme
d’Oxfam était actif, la bienveillance
des hommes et des garçons avait
considérablement augmenté par
rapport aux régions limitrophes et que
la connaissance de la législation en
vigueur avait nettement évolué. Armées
de cette connaissance, les femmes ont
les moyens de défendre leurs droits
et de demander réparation pour les
violences qui leur ont été infligées.
DeS femmeS DanS leS foRCeS De poliCe afGhaneS
Pour parvenir à un monde juste et sans
pauvreté, il est essentiel de réduire les
violences endémiques qui touchent
les individus comme les communautés.
en Afghanistan, les femmes sont
particulièrement vulnérables compte
tenu du conflit armé et de leur statut
inférieur dans la société. elles ne
représentent que 1 % des effectifs
de la police nationale afghane, ce qui
permet difficilement aux femmes de
porter plainte et d’accéder à la justice.
Ci-DeSSuS À DRoite : Des femmes apprenant à manier les armes. Leur formation complète dure six mois. Celle-ci comprend des enseignements généraux relatifs aux services de police et au respect de la loi, ainsi qu’une formation aux droits humains, notamment des femmes. Une fois diplômées, elles entreront en service dans l’un des postes de police de Kaboul. PHOTO © ellie Kealey | OXFAM
Souvent rejetées par leur communauté,
voire même leur famille, les agentes
de police afghanes assument
courageusement une profession qui a
déjà coûté la vie à l’une d’entre elles.
Il est essentiel de recruter davantage
de femmes dans la police et de lutter
contre cette stigmatisation afin
d’assurer la sécurité des Afghanes et
de renforcer la stabilisation du pays.
Nadia et Tuba font toutes deux partie
des effectifs de police de la province
reculée du Kondôz. Pour une population
3 Justice entre les femmes et les hommes
27 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
de plus de 820 000 habitants, cette
province emploie 22 agentes de police.
Si ce chiffre peut paraître bien maigre, il
faut savoir que les provinces du Panshir
et du Nouristan, dans le nord-est du
pays, ne comptent absolument aucune
femme dans leurs services de police.
« Quand j’ai intégré la police, j’ai
rencontré beaucoup de difficultés,
raconte Nadia. Notre société n’accepte
pas qu’une femme fasse ce métier.
Les gens ne se rendent pas compte
de l’importance des femmes dans les
forces de police ni des avantages que
leur présence apporte pour la société,
surtout pour les autres femmes.
J’ai même entendu des personnes
cultivées traiter les policières de
"femmes faciles". Ça m’a fait un choc,
mais je suis bien obligée de continuer.
La société a besoin de femmes dans
la police, tout comme elle a besoin de
femmes dans la médecine. »
en collaboration avec l’Institut de
recherche pour les femmes, la paix et la
sécurité (RIWPS, Research Institute for
Women, Peace and Security), Oxfam mène
une campagne nationale faisant valoir la
nécessité et tout l’intérêt des effectifs de
police féminins pour la communauté.
en septembre 2013, Oxfam a publié
le rapport « les femmes et la police
afghane – pourquoi un service de
police qui respecte et protège les
femmes est essentiel pour promouvoir
le progrès en afghanistan ». Celui-
ci visait à combattre les préjugés
profondément ancrés dans les
mentalités, dans le but de réduire les
risques courus par les femmes agentes
de police.
« Le meilleur moyen de rapprocher les
agentes de police de la communauté
consiste à montrer qu’elles sont
tout aussi compétentes que leurs
homologues masculins et que la morale
ne s’oppose en rien à leur exercice de
la profession, explique Wazhma Frogh,
directrice générale de RIWPS. Elles
doivent être érigées en modèles pour
les autres femmes. » Dans le Kondôz,
Tuba abonde dans ce sens : « Il faut
davantage parler des agentes de
police et encourager plus de femmes à
intégrer les rangs de la police. Je veux
être respectée par la société. »
Ci-DeSSuS À GauChe : Pour les membres de la coopérative champignonnière, c’est un plaisir d’apporter leur récolte de la matinée. Jacoba Armoed porte la veste rouge. PHOTO © Matthew Willman | OXFAM
leS aGRiCultRiCeS font valoiR leuRS DRoitS
Oxfam collabore avec Women on Farms, une organisation sud-africaine déterminée à faire en sorte que les femmes agricultrices jouissent des mêmes droits constitutionnels que les hommes. Leur action développe les connaissances des femmes et leur permet de gagner de l’assurance, afin que celles-ci puissent faire valoir leurs droits et plaider pour leur traitement juste et équitable au sein du secteur agricole. elles ont également créé le premier et l’unique syndicat agricole
dirigé par des femmes en Afrique du Sud.
Women on Farms met en contact
des femmes qui se sentaient
auparavant isolées et impuissantes.
C’est important pour développer
un esprit de solidarité et créer un
environnement favorable aux échanges
de compétences et d’expériences.
en matière de leadership, Jacoba Armoed n’avait jamais connu que le style tyrannique du propriétaire blanc de ses terres. Mais grâce à l’action de Women on Farms, la conception qu’a Jacoba du leadership a complètement changé. Lorsqu’elle se regarde dans le miroir, elle voit désormais une femme forte, qui sait mener sa barque.
3 Justice entre les femmes et les hommes
28 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
Jacoba a été présentée à d’autres femmes confrontées aux mêmes genres d’abus. Quand elles ont commencé à parler et à se raconter leur vie, elles ont rapidement discerné des problèmes récurrents : la pauvreté, les expulsions, les violences et le manque de respect étaient leur lot commun. Très vite, elles en ont également appris plus sur leurs droits et ont compris que les choses peuvent changer.
Jacoba s’est servie de ses nouvelles connaissances pour tenir tête à son propriétaire. elle a pu obtenir une injonction interdisant à son propriétaire de la harceler, et les mauvais traitements ont cessé. elle se sent à présent libre d’agir à sa guise. Son mari a également arrêté de la battre et s’enorgueillit du travail qu’elle accomplit. en privé, il a parfois encore du mal à accepter qu’elle s’absente pour assister à des réunions, mais en public, il parle de sa réussite avec fierté.
ZamBie : leS hommeS De Demain
Les violences faites aux femmes sont très répandues en Zambie : selon les estimations d’ONU Femmes (2007), 51,6 % des femmes y ont subi des violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie. en 2012, face à ce
De femmeS et De filleS
D’hommeS et De GaRçonS
15 000BÉnÉfiCiaiReS
DiReCtS
constat, Oxfam a lancé le programme I Care About Her (« Je tiens à elle »), une campagne nationale pour changer les mentalités et combattre les inégalités de pouvoir à l’origine des violences faites aux femmes. Ce programme comprend une campagne d’information dans les médias, des cercles d’éducation communautaires, au sein desquels des hommes et des garçons se mobilisent pour mettre fin aux violences faites aux femmes, ainsi que des activités de plaidoyer visant à améliorer l’application des lois en vigueur.
en collaboration avec le Réseau des hommes, une cellule de l’Association chrétienne des jeunes femmes (yWCA, Young Women’s Christian Association), cette campagne a réalisé un travail formidable de mobilisation des hommes et des garçons, pour que ceux-ci prônent le changement parmi la population locale, au moyen de groupes de discussion communautaires, notamment. Une émission de télévision, diffusée le samedi matin, a ouvert un espace de discussion sur le rôle des hommes et la masculinité non violente. Cette émission reçoit des appels de tous le pays : des femmes et des hommes témoignent de la violence qu’ils rencontrent et demandent conseil. en 2013, une « marche de 2 000 hommes », visant à attirer l’attention
sur la réalité des violences faites aux femmes dans les communautés zambiennes, a réuni plus de 2 500 hommes qui ont manifesté dans trois communautés : Lusaka, Rufunsa et Choma. De plus, 350 hommes et 200 garçons ont pris part aux événements organisés par les partenaires d’Oxfam, ZNWL et yWCA, pour fêter la Journée internationale des femmes.
Oxfam a conféré une nouvelle dimension à cette campagne en s’associant avec le Forum des éducatrices africaines en Zambie (FAWeZA), ce qui a permis d’élargir l’action aux établissements scolaires. Oxfam et ses partenaires ont ainsi pu mettre en place des groupes de discussion dans vingt écoles du pays. Dans le cadre de ces discussions, les garçons et les filles parlent des inégalités entre les sexes et de la façon dont ils pourraient être les chefs de file d’une nouvelle génération dans laquelle les violences faites aux femmes et aux filles n’ont plus cours. Chishimba Nkosha, secrétaire permanent du ministère de l’Éducation, s’est félicité de la campagne : « Il est temps que nos communautés et toutes les parties prenantes fassent preuve d’engagement pour changer leurs perceptions, leurs attitudes et leurs croyances, pas seulement dans les paroles, mais aussi dans les actes. »
Nellie Nyang’wa, directrice pays d’Oxfam en Zambie, s’est adressée aux garçons en ces termes : « Les garçons, dans dix ans, vous serez des hommes, et nous comptons sur vous pour que vous soyez des agents du changement. Nous croyons en vous et nous avons la ferme intention de vous apporter l’appui nécessaire. »
4SeCtion
30 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4SeCtion
intRoDuCtion
Nous pensons que toutes les personnes touchées par les conflits armés et les catastrophes naturelles ont des droits fondamentaux, parmi lesquels l’accès à l’eau potable, l’alimentation et l’hygiène. Ces personnes doivent également être protégées contre la violence et la coercition, mais aussi avoir la possibilité de vivre dignement et de prendre leur destin en main.
en 2013-2014, Oxfam est intervenue face à plus de cinquante crises humanitaires et a répondu aux besoins d’un nombre sans précédent de
victimes. Déterminés à protéger les droits des personnes touchées par ces crises, nous leur avons apporté une aide vitale. Nous avons aussi veillé à ce que la souffrance des populations touchées par les crises majeures en Syrie, en République centrafricaine, aux Philippines et au Soudan du Sud, ainsi que dans de nombreuses situations d’urgence de moindre ampleur, continue à être portée à l’attention du public.
L’année écoulée a été tristement marquée par un nombre effroyable de conflits. Selon l’ONU, 2014 a enregistré un nombre de déplacés et de réfugiés
qui n’avait plus été atteint depuis la
seconde guerre mondiale. Déjà fin
2013, les violences armées avaient
chassé de chez elles 51,2 millions de
personnes, soit 6 millions de plus qu’en
2012. Cette augmentation massive est
essentiellement due à la détérioration
de la situation en Syrie au cours des
trois dernières années, aux conflits en
République centrafricaine et au Soudan
du Sud, ainsi qu’aux longues crises,
souvent oubliées, que connaissent
le yémen, le Mali, la République
démocratique du Congo, la Somalie et
le Soudan.
Si les crises les plus importantes
étaient d’origine humaine, les
catastrophes naturelles ont également
été plus nombreuses cette année,
faisant des dizaines de millions de
victimes. Le super typhon Haiyan, une
des tempêtes les plus destructrices
jamais vues, a balayé les Philippines,
faisant plus de 8 000 morts et
dévastant la vie de 14 millions de
personnes. en Inde, 12 millions de
personnes ont été touchées par le
passage du cyclone Phailin. Le Mexique
a été frappé simultanément par deux
ouragans, l’un arrivant du golfe du
Mexique et l’autre du Pacifique. et
un séisme de magnitude 7 a secoué
paGe pRÉCÉDente : Des enfants jouant à San José, Tacloban, trois mois après que le typhon Haiyan, l’une des tempêtes tropicales les plus violentes jamais enregistrées, a ravagé les Philippines. Il est désormais interdit d’habiter à moins de 40 mètres de la côte, mais beaucoup ont nulle part où aller et construisent leur cabane sur le littoral. PHOTO © eleanor Farmer | OXFAM
la Chine. Oxfam est intervenue lors
de chacune de ces catastrophes, et
de nombreuses autres de moindre
envergure qui n’ont pas fait l’objet
d’une couverture médiatique
internationale. Ces catastrophes
climatiques de moindre ampleur,
qui concernent 80 % des personnes
touchées par des phénomènes
naturels, nous rappellent l’impact
de plus en plus dévastateur du
changement climatique.
Une des caractéristiques communes
à toutes ces crises est que les
personnes pauvres sont toujours les
plus durement touchées. Les femmes
sont particulièrement vulnérables,
car elles disposent de ressources
limitées pour faire face aux situations
d’urgence et s’en relever. Aujourd’hui,
la moitié des personnes pauvres se
trouvent dans des pays en proie à des
conflits (ce pourrait être les deux-
tiers d’ici 2030) et dans des zones
sujettes aux catastrophes naturelles.
Alors que les besoins humanitaires
augmentent, les budgets alloués par
les gouvernements à l’aide humanitaire
se réduisent, ce qui limite la capacité
d’intervention de la communauté
31 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
internationale. en 2013, malgré
d’importants efforts de mobilisation de
fonds internationaux, seulement 62 %
des besoins de financement de l’aide
humanitaire de l’ONU ont été pourvus,
soit le plus faible pourcentage en dix
ans. Face à ce manque de financement
et au nombre croissant de personnes
qui souffrent, Oxfam s’est fixé l’objectif
audacieux de garantir, d’ici 2019,
la reconnaissance des droits des
personnes touchées par des crises.
Pour ce faire, nous continuerons à
améliorer notre capacité d’intervention
en cas de catastrophe et travaillerons
étroitement avec les communautés
locales pour qu’elles deviennent
plus résilientes et puissent par
elles-mêmes faire face à une crise.
Nous travaillerons également aux
côtés des autorités nationales pour
renforcer leur capacité à réagir
face aux catastrophes. Mais nous
maintiendrons aussi la pression sur
les responsables politiques et les
gouvernements afin qu’ils fassent le
nécessaire pour que les citoyennes
et citoyens puissent apporter des
changements durables dans leur vie.
Dans tous ces domaines, nos actions
et nos programmes viseront à faire
progresser les droits des femmes.
Cette année, nous avons déjà réalisé
des progrès considérables à l’égard de
ces objectifs :
la CRiSe SyRienne
Le conflit en Syrie a généré la plus
grave crise de réfugiés de ces vingt
dernières années. Alors que le pays
entame sa quatrième année de conflit,
plus de 100 000 personnes ont déjà été
tuées et plus de 9 millions ont dû partir
de chez elles, soit près de la moitié
de la population. Bon nombre des
personnes qui ont fui n’ont emporté
que les vêtements qu’elles portaient.
elles sont aujourd’hui déplacées
dans le pays ou réfugiées dans les
pays voisins, où elles vivent dans des
abris provisoires, des camps ou un
logement en location. De nombreuses
familles ne peuvent plus envoyer leurs
enfants à l’école, sont endettées et
n’ont pas accès aux soins de santé
de base. Les communautés et les
gouvernements qui les accueillent ont
du mal à gérer l’afflux d’un si grand
nombre de personnes. La situation
pèse lourdement sur leurs propres
infrastructures, les services publics,
les logements et les écoles.
une aSSiStanCe Qui Sauve DeS vieS
Depuis 2012, Oxfam fournit de l’eau
potable, de l’argent pour acheter à
manger, des articles d’hygiène de base
et des abris aux réfugiés en Jordanie
et au Liban. Dans ces pays, nous
soutenons les communautés hôtes
et les familles de réfugiés qui vivent
dans des camps, des établissements
informels et des logements en location.
en 2013, nous avons commencé
à travailler sur le territoire syrien :
travaux de réparation et installation
de nouveaux points d’eau, dont des
forages, permettant à 930 000 personnes
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
Ci-DeSSuS À DRoite : Samir, 12 ans, vient d’Idleb, en Syrie. Il joue avec des amis dans le centre commercial d’Al Waha, laissé à l’abandon à Dede Al Koura, près de Tripoli, dans le nord du Liban. Quelque 90 familles syriennes y ont actuellement élu domicile. PHOTO © Sam Tarling | OXFAM
d’accéder à de l’eau potable dans les
zones administrées par le gouvernement
et celles occupées par l’opposition.
Au total, Oxfam a porté assistance
à près d’un million de personnes en
Syrie, en Jordanie et au Liban. La
situation en Syrie étant délicate et
instable, il nous est difficile d’être
aussi réactifs que nous le voudrions
dans nos interventions et d’assurer un
suivi de l’impact de nos programmes.
De multiples autorisations sont
nécessaires pour obtenir des visas
d’entrée sur le territoire et pouvoir
acheminer des fournitures dans le pays.
Avec nos partenaires humanitaires,
nous faisons pression pour la pleine
philippineS : De l’uRGenCe au RelÈvement
Le 8 novembre 2013, le typhon Haiyan
(appelé localement yolanda) a ravagé une
grande partie du centre des Philippines.
Plus de 8 000 personnes ont perdu la
vie, quatre millions ont été déplacées et
14 autres millions avaient besoin d’aide
pour survivre. Outre les effets immédiats
de la dévastation, la destruction des
cultures de riz, des cocotiers et des
bateaux de pêche a enfoncé davantage
encore des millions de personnes dans
la pauvreté et les dettes.
Nos équipes ont été confrontées à
d’énormes difficultés logistiques :
routes bloquées, aéroports fermés,
électricité coupée... Néanmoins, à
la fin de la première semaine, nous
sommes parvenus à apporter une aide
humanitaire d’urgence (eau potable,
nourriture, abris) aux personnes
vulnérables. en mars, soit quatre mois
après le passage du typhon, environ
650 000 personnes avaient reçu d’Oxfam
une aide nécessaire à leur survie.
Nous avons alors commencé à aider les familles à retrouver des moyens de subsistance pour qu’elles puissent
32 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
application des résolutions du Conseil
de sécurité, qui permettra de garantir
l’accès humanitaire.
SolutionS immÉDiateS
et À lonG teRme
Il est important de répondre aux
besoins des communautés touchées
en leur apportant des solutions à la fois
immédiates et durables. Au Liban, la
distribution d’aide en espèces à plus
de 400 000 personnes leur a permis
de payer leur loyer et d’acheter des
articles ménagers. Ce fut une bouée de
sauvetage pour les familles qui avaient
peu ou pas d’économies. Une solution
à plus long terme était nécessaire
en Jordanie, où l’arrivée de plusieurs
milliers de réfugiés a lourdement pesé
sur le pays, déjà en difficulté en raison
de la diminution de ses réserves d’eau.
Oxfam a travaillé avec les autorités
locales et nationales pour améliorer les
systèmes d’alimentation en eau et avec
des organisations locales pour aider
les communautés à gérer et à protéger
les réserves d’eau. Nous continuons
également à réclamer une réponse
internationale durable à cette crise par
le biais d’un travail soutenu de lobbying
et d’actions médiatiques.
inSCRiRe leS DRoitS DeS femmeS au
CœuR De tout Ce Que nouS faiSonS
Popular Relief for Aid and Development
(PARD) et l’association Najdeh sont
deux organisations libanaises qui
travaillent en partenariat avec Oxfam
pour rendre la vie plus supportable aux
femmes dans les camps de réfugiés
palestiniens. Les femmes ont créé des
comités et peuvent désormais donner
leur avis pour améliorer l’aménagement
des camps. Cela leur permet également
de discuter de ce qu’elles vivent en toute
sécurité et de se sentir soutenues.
Dans le camp de Za’atari en Jordanie,
grâce à l’aide d’Oxfam, les femmes
participent à l’organisation des
programmes d’aide humanitaire et
prennent des responsabilités au
nom de leur communauté. Alors que
le conflit s’intensifie, Oxfam mène
résolument campagne en faveur des
droits de toutes les communautés
touchées, ceux des femmes en
particulier, afin qu’elles puissent
bénéficier de l’aide qu’elles méritent.
une Solution paCifiQueen 2013, Oxfam a mobilisé des milliers de personnes à travers le monde dans le cadre d’une campagne réclamant la progression rapide des pourparlers
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
de paix. Oxfam est ainsi parvenue à influencer les débats parlementaires nationaux en vue d’apaiser le conflit, en limitant les transferts d’armes vers la Syrie.
en amont de la conférence « Genève 2 » en janvier 2014, nous avons fait campagne avec des organisations syriennes de femmes pour réclamer la participation de groupes de la société civile aux pourparlers de paix. Des militantes ont alors rencontré des émissaires de l’ONU et du Congrès des États-Unis pour mettre en place une feuille de route. Au mois de mars 2014, nous nous sommes associés à 130 autres organisations humanitaires pour marquer le triste anniversaire des trois ans de crise en Syrie et nous avons organisé des veillées dans plus de trente pays dans le cadre de la campagne #WithSyria. Depuis les femmes déplacées du camp d’Abu Shouk au Darfour jusqu’au rassemblement auquel Desmond Tutu a participé en Afrique du Sud, ces veillées ont constitué un mouvement d’indignation publique sans précédent
pour faire cesser le bain de sang.
33 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
reconstruire leur vie brisée. Nous étions particulièrement préoccupés par le sort des personnes les plus pauvres, qui étaient aussi les plus touchées et qui n’avaient peu, voire pas, de ressources pour se relever. Dans l’ensemble de notre travail, nous avons tout mis en œuvre pour comprendre l’impact que le typhon avait sur la vie des femmes et des hommes et répondre à leurs
besoins respectifs.
eau, aSSainiSSement et hyGiÈne Immédiatement après la catastrophe, notre priorité était d’empêcher la propagation des maladies. Nous avons donc fourni de l’eau potable, des latrines et des articles d’hygiène de base. Nous avons également distribué des seaux, du savon, des sous-vêtements propres, des moustiquaires et des nattes de couchage à 62 500 familles. 27 300 kits d’eau, contenant un jerrycan, un seau et du matériel de traitement de l’eau, ont en outre été distribués pour que les populations aient de l’eau potable. Toujours dans un souci de propreté et de prévention des maladies, nous avons aussi construit et réparé 3 300 latrines communautaires.
en collaboration avec les autorités
locales de Tacloban, nous avons réparé
des canalisations cassées, ce qui a permis à plus de 200 000 personnes
parmi les plus touchées d’avoir de l’eau potable quelques jours après le passage du typhon. Nous avons également aidé les administrations publiques à améliorer le ramassage des déchets et nous avons drainé l’eau stagnante, qui favorise la reproduction des moustiques, afin de réduire le risque de transmission des maladies.
aiDeR leS SiniStRÉS À Se nouRRiR et À GaGneR leuR vieAprès la catastrophe, les familles avaient désespérément besoin de nourriture. Pour leur permettre d’acheter ce dont elles avaient besoin sur les marchés locaux, nous avons fait des dons en espèces ou avons rémunéré, également en espèces, du travail comme le déblaiement des décombres. Le fait de remettre des espèces laisse aux gens une liberté de choix ainsi qu’un contrôle sur leur vie et fait tourner l’économie locale. Mais il ne peut s’agir que d’une mesure provisoire. Si l’on veut que les communautés sortent renforcées de la crise, les habitantes et habitants doivent recommencer à gagner leur vie pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille.
Nous avons fourni des semences de riz à plus de 6 000 agricultrices et agriculteurs de Leyte, pour qu’ils puissent remplacer les récoltes détruites
par le typhon et semer à temps pour la récolte suivante. Nous leur avons également fourni des tronçonneuses et d’autre matériel pour qu’ils puissent débarrasser les champs des cocotiers abattus et tirer un revenu de la vente du bois. Les communautés de pêcheurs ont également bénéficié d’une aide pour construire de nouveaux bateaux, réparer leurs filets et ainsi reprendre la pêche.
Nous continuerons à aider les familles le temps que leurs moyens de subsistance soient rétablis et à collaborer avec le gouvernement philippin, ainsi que la communauté internationale, pour nous assurer que les initiatives de relèvement aident en priorité les personnes les plus démunies à sortir de la pauvreté. Le travail d’Oxfam a été bien accueilli. Sur Bantayan, une des îles les plus durement touchées, une petite « stèle » a été construite pour remercier Oxfam d’avoir contribué à générer des emplois et
assurer une certaine sécurité financière.
DÉfenDRe leS DRoitS DeS
pluS pauvReS
Le typhon Haiyan a très durement
frappé les secteurs de l’agriculture
et de la pêche, détruisant plus de 33
millions de cocotiers et environ 30 000
bateaux, rendant les personnes qui en
tRajeCtoiRe Du typhon haiyan aux philippineS (Source : UNOCHA)
703 500 BÉnÉfiCiaiReS
au total
eSt De leyte - ville De taCloBan : 298 500
noRD De CeBu : 180 000
oueSt De leyte - ville D’oRmoC : 141 000
SamaR oRiental - Guiuan : 84 000
De femmeS et De filleS
34 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
vivaient tributaires de l’aide et de la
distribution alimentaire. Au cours des
premiers mois, l’aide d’urgence leur
a permis de survivre, mais au bout de
quatre mois d’efforts pour reconstruire
leur moyens de subsistance, elles ne
bénéficiaient plus des initiatives de
relèvement. Les planteurs devaient sans
attendre dégager les arbres tombés
avant que ceux-ci ne pourrissent,
mais pour cela, l’autorisation des
propriétaires fonciers leur était
nécessaire. Les communautés de
pêcheurs s’inquiétaient en outre
de devoir déménager à cause d’une
loi interdisant la construction
d’habitations à moins de 40 mètres
du littoral. Oxfam a pu soutenir ces
deux groupes de la population en
persuadant les autorités de modifier
leur approche de la réinstallation
des communautés de pêcheurs et de
garantir un revenu aux cultivateurs de
noix de coco les plus pauvres.
RÉDuiRe l’impaCt Du ChanGement ClimatiQue« Le typhon Haiyan nous montre la tournure que vont prendre les choses, estime Justin Morgan, directeur pays d’Oxfam aux Philippines. Le changement climatique risque de renforcer l’intensité
des typhons dans notre région. Nous allons avoir besoin d’une aide prolongée et de programmes durables pour nous préparer à faire face à d’autres typhons comme celui-ci. »
Oxfam œuvre à tous les niveaux pour réduire la vulnérabilité des plus démunis face à l’impact des phénomènes météorologiques extrêmes et aider les communautés à renforcer leur résilience. en mai 2013, Oxfam a publié le rapport « pas de hasard : résilience et inégalités face au risque », qui invitait les gouvernements et les organismes d’aide à prendre des mesures concrètes pour s’attaquer aux effets croissants du changement climatique, tels que l’augmentation des inégalités et de la vulnérabilité des populations aux catastrophes. Ce rapport a été bien accueilli par la communauté humanitaire, eCHO, OCHA et d’autres organismes d’aide
humanitaire et de développement.
Oxfam travaille également à l’élaboration
de politiques internationales qui mettent
davantage l’accent sur l’aide à apporter aux communautés pour que celles-ci deviennent plus résilientes face aux phénomènes météorologiques extrêmes. La réduction des risques de catastrophe,
qui vise à aider les populations à prendre des mesures pour atténuer l’impact des typhons ou de graves inondations, a fait ses preuves mais n’est pas encore considérée comme indispensable par les autorités nationales et la communauté internationale.
Oxfam poursuit ses efforts afin qu’à partir de 2015 (au terme des objectifs du Millénaire pour le développement), la réduction des risques de catastrophe devienne un élément incontournable de l’élaboration des politiques internationales. Cela impliquera de participer à la renégociation du Cadre d’action de Hyogo et de s’assurer que le renforcement de la résilience devienne un objectif prioritaire lors du Sommet
humanitaire mondial (2016).
la CRiSe au SouDan Du SuD
Oxfam travaille au Soudan du Sud
depuis 1983. Nous apportons une
aide humanitaire aux victimes des
violences armées, des sécheresses
et des inondations, ainsi qu’une
aide au développement sur le long
terme pour les communautés les plus
vulnérables. en décembre 2013, un
conflit a éclaté entre plusieurs groupes
politiques, faisant des milliers de
morts et chassant près d’un million de
personnes de chez elles. Pour échapper
aux violences, elles se sont réfugiées
dans des camps à l’intérieur du pays et
dans les pays voisins, essentiellement
l’Éthiopie et l’Ouganda.
Ci-DeSSuS À DRoite : Livraison de seaux, de dalles pour latrines et de matériel technique de circuit d’eau au Soudan du Sud. Cet équipement apporté par Oxfam permet à des centaines de milliers de personnes déplacées par les violences armées dans le pays d’accéder à une eau potable et à des installations sanitaires. PHOTO © Grace Cahill | OXFAM
35 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
Oxfam était bien préparée à répondre aux
besoins des communautés touchées
par le conflit. Trois mois à peine après
le début des affrontements, 120 000
personnes avaient bénéficié d’une aide
nécessaire à leur survie au Soudan
du Sud et en Ouganda : accès à l’eau
potable, l’assainissement et l’hygiène,
notamment. Étant donné que la
population ne pouvait plus cultiver la
terre, nous avons également fourni
une aide alimentaire d’urgence et des
produits ménagers de base.
Les personnes qui arrivent dans les
camps de réfugiés sont souvent
traumatisées et perdues. Il est
indispensable de leur parler, notamment
aux femmes et aux enfants, d’écouter
leurs préoccupations et d’y répondre
par des initiatives qui leur faciliteront
un peu la vie. Au Soudan du Sud, nous
avons installé l’éclairage solaire près
des latrines pour que les réfugiés se
sentent plus en sécurité la nuit et
pour réduire le risque d’agressions
physiques et sexuelles. Nous avons
également distribué des bons pouvant
être échangés contre des aliments et du
charbon sur les marchés locaux.
en Ouganda, plus de 32 000 réfugiés
du Soudan du Sud ont bénéficié d’eau
potable, d’installations d’assainissement
et de conseils en matière de pratiques
d’hygiène à adopter pour éviter
l’apparition de maladies. Là aussi, il
était indispensable de collaborer avec
les communautés hôtes. Avec l’aide de
nos partenaires, nous avons employé
près de 3 000 personnes pour travailler à
l’amélioration des routes et creuser des
sites d’enfouissement des déchets. Cela
a rendu un service utile et pérenne à la
communauté tout en assurant un revenu
aux réfugiés pour qu’ils et elles puissent
subvenir aux besoins de leur famille.
pRotÉGeR la population Civile
ContRe la violenCe
Depuis le début de la crise, Oxfam a, au
total, aidé plus de 120 000 personnes au
Soudan du Sud et en Ouganda. Pourtant,
la situation s’aggrave et d’autres efforts
sont nécessaires pour venir en aide aux
personnes touchées et les protéger. Près
de 5 millions de personnes ont besoin
d’une aide humanitaire, parmi lesquelles
200 000 enfants, qui souffrent de
malnutrition aiguë sévère. Le début de la
saison des pluies a fortement augmenté
les risques de maladies et entraîne
également d’importantes difficultés
logistiques pour l’acheminement de l’aide
par les organisations humanitaires.
Depuis le début du conflit, Oxfam
appelle au renforcement de l’aide et de
la protection des civils. Nous travaillons
avec d’autres ONG et des organismes
d’aide pour trouver une solution
politique à la crise et promouvoir l’unité
et la réconciliation.
RÉpuBliQue CentRafRiCaine
en décembre 2012, un violent conflit
entre groupes armés a éclaté en
République centrafricaine, entraînant
l’une des crises humanitaires les plus
graves de l’année. Des centaines de
milliers de personnes ont dû fuir pour
sauver leur vie. elles ont trouvé refuge
dans des villages moins menacés et
des camps de déplacés à l’intérieur du
pays, mais aussi dans les pays voisins.
Deux millions et demi de personnes,
soit plus de la moitié de la population,
avaient besoin d’une aide d’urgence.
De nombreuses familles ne mangeaient
qu’une fois par jour.
La situation se détériorant, la nourriture
s’est raréfiée, car les paysannes et
paysans ne pouvaient plus s’occuper
de leurs champs et la plupart des
commerçantes et commerçants avaient
Ci-DeSSuS À DRoite : en décembre 2012, un violent conflit entre groupes armés a éclaté en République centrafricaine et entraîné l’une des crises humanitaires les plus graves de l’année. Deux millions et demi de personnes avaient besoin d’une aide d’urgence, de nombreuses familles ne prenant qu’un repas par jour. Oxfam a mis en place des structures d’accueil d’urgence fournissant un abri à 40 000 personnes, dont ces enfants attroupés autour d’un puits. PHOTO © vincent Trémeau | OXFAM
36 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
fui le pays. Les personnes déplacées
qui avaient trouvé refuge dans les
camps avaient un besoin urgent d’eau
potable et d’équipements sanitaires.
Bien qu’Oxfam n’ait encore jamais
travaillé en République centrafricaine,
nous ne pouvions ignorer la gravité
de cette situation. Nous avons alors
ouvert un bureau dans la capitale,
Bangui, déchirée par le conflit. Dans ce
contexte difficile, notre équipe a fourni
de l’eau potable à 20 000 personnes en
quelques semaines seulement.
Au Tchad, pays voisin, Oxfam travaille
depuis de nombreuses années dans les
camps de réfugiés. Aujourd’hui, près de
80 000 Centrafricaines et Centrafricains
sont venus s’ajouter aux réfugiés déjà
présents et nos équipes veillent à ce
qu’ils aient accès à de l’eau potable et
à améliorer leur situation alimentaire.
Comme dans les autres situations
d’urgence similaires, il est indispensable
que la communauté internationale
s’unisse pour venir en aide à la population
civile, assurer sa protection et contribuer
à la pacification du pays. S’associant à
d’autres groupes humanitaires, Oxfam
presse la communauté internationale
d’allouer les fonds qui permettraient de
répondre aux besoins fondamentaux de
la population et aux besoins pressants
des femmes et des filles en matière
de sécurité.
afGhaniStan
Oxfam travaille depuis des dizaines
d’années aux côtés de nos partenaires
pour soutenir des projets qui ont
considérablement amélioré la vie
des communautés en Afghanistan.
Notre approche associe interventions
d’urgence et travail de développement
et de plaidoyer. elle vise notamment
à aider les femmes à gagner en
autonomie. Avec d’autres ONG et
groupes de la société civile, Oxfam
fait également campagne en faveur
de changements en Afghanistan,
s’efforçant notamment d’améliorer la
protection des citoyennes et citoyens
et contribuant à renforcer la stabilité.
en 2013, Oxfam a lancé avec l’Institut
de recherche pour les femmes, la paix
et la sécurité (RIWPS) une campagne
publique visant à améliorer les
perspectives des femmes au sein de
la police afghane. Le projet éducatif
afghan de la BBC a diffusé une série
d’émissions sur le travail des femmes
Ci-DeSSuS À DRoite : Mille élèves vont à l’école de Parwân, en Afghanistan, dont 900 filles. Celles-ci veulent devenir médecins, ingénieures, journalistes ou députées. Il arrive que des filles ayant de l’instruction et des aspirations dépassent la réprobation de leur communauté et aient même le courage d’intégrer les forces de police afghanes. PHOTO © Nick Danziger | OXFAM
agentes de police dans vingt provinces
afghanes, un moyen efficace pour
changer les perceptions et attirer
l’attention sur le formidable travail
déjà effectué. Depuis le début de la
campagne, davantage d’Afghanes sont
entrées dans la police. Il y a aujourd’hui
1 700 femmes agentes de police. en
2014, la première femme chef de police
de district a été nommée à Kaboul, et
le gouvernement afghan a promis de
former 10 000 autres femmes au cours
des prochaines années. (Consultez
notre rapport « les femmes et la
police afghane ».)
Suite à cette campagne, le ministère
de l’Intérieur afghan a qualifié Oxfam de
grand moteur de la prise de décision et
du changement de politique en matière
de droits des femmes à l’échelle
nationale. et le nombre de femmes
osant signaler les cas d’abus sexuels
a augmenté de 28 %. Cette bonne
nouvelle a néanmoins été tempérée par
le fait que seulement 2 % de ces cas
ont été jugés. Oxfam a communiqué les
résultats de cette étude à l’ONU, ce qui
a influé sur les conclusions du rapport
de la Mission d’assistance des Nations
unies en Afghanistan.
37 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
aCCRoÎtRe la poRtÉe et la RapiDitÉ De noS inteRventionS
Les phénomènes météorologiques
extrêmes vont devenir de plus en plus
violents sous l’effet du changement
climatique. Une partie des dommages
pourra être atténuée grâce à des
programmes de réduction des
risques de catastrophe, qui aident
les communautés à s’y préparer et à
renforcer leur résilience. Cependant,
avec la multiplication des phénomènes
météorologiques extrêmes, de plus
en plus de vies seront dévastées.
Cela accroît la pression sur Oxfam
et nos partenaires pour trouver des
moyens efficaces et durables de sauver
des vies et d’aider les populations à
se reconstruire.
Nous croyons que l’aide humanitaire
doit être fournie et gérée au plus près
de l’origine de la catastrophe. Il faut
pour cela s’assurer que les équipes pays
d’Oxfam qui travaillent dans des zones
vulnérables disposent de l’équipement
et des qualifications nécessaires pour
intervenir au plus vite en cas de besoin.
Le plus souvent, ces situations ne font
pas les gros titres. en plus de renforcer
notre propre capacité à répondre aux
situations d’urgence, nous travaillons
étroitement avec nos partenaires
locaux pour partager nos approches et
nos ressources, et veiller à ce que les
populations soient mieux préparées.
inteRvention RapiDe et effiCaCe en inDe
en 2013, les affrontements
communautaires et ethniques à Assam,
les inondations en Uttakarand et le
cyclone Phailin ont dévasté la vie de
millions de personnes en Inde. Les
dommages causés par le seul cyclone
Phailin ont fait 8 millions de victimes
dans l’est de l’État d’Orissa. Oxfam est
rapidement intervenue après le passage
du cyclone, fournissant de l’eau potable,
de la nourriture et des abris à plus de
110 000 personnes, ainsi que des petits
versements en espèces pour que les
personnes sinistrées puissent satisfaire
leurs besoins immédiats.
Dès les premières semaines, des
camions ont livré une eau potable
indispensable dans les villages. Nous
avons également réparé et amélioré
les installations sanitaires et nous
sommes assurés que les communautés
appliquaient les bonnes pratiques en
matière d’hygiène, afin de réduire les
risques de maladies. Des matériaux
de construction ont également été
distribués pour que les sinistrés
puissent se construire des abris
provisoires en attendant de pouvoir
reconstruire leur maison.
Nous avons ensuite commencé à
travailler avec les communautés
locales pour les aider à reconstruire.
Nous avons réparé et amélioré des
puits et des forages afin de pouvoir
rétablir l’approvisionnement en
eau pour l’usage domestique et les
cultures. Il était également important
de former les communautés pour
qu’elles puissent assurer elles-mêmes
la maintenance de leurs nouveaux
systèmes d’approvisionnement en eau.
Avant le passage du cyclone, les
familles des villages vivaient de
l’agriculture et de la pêche. Il était donc
important de les aider à redémarrer
leur petite entreprise pour qu’elles
puissent restaurer leurs moyens de
subsistance. Nous avons mis en place
des programmes de travail rémunéré
en espèces. Les participantes et
participants étaient payés chaque jour
pour nettoyer les champs, restaurer
les points d’eau et réparer les routes
et les étangs d’élevage endommagés.
Ces petites injections de liquidités les
ont aidés à retrouver une vie normale,
ce qui a profité aux familles et à
l’ensemble des communautés.
oRGaniSationS paRtenaiReS
BÉnÉfiCiaiReS au total
femmeS et filleS
hommeS et GaRçonS
Immédiatement après la catastrophe,
Oxfam a fourni des rations alimentaires
d’urgence. Dans un deuxième temps,
nous avons distribué des graines pour
que les familles puissent commencer à
semer et préparer la prochaine récolte.
Nous avons plus spécifiquement ciblé
les associations de femmes, leur
fournissant des semences, des outils
et leur dispensant des formations pour
qu’elles puissent créer des potagers.
À Puri et Ganjam, où les étangs
assuraient auparavant un moyen
38 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
de subsistance à de nombreuses
communautés, de petites subventions
ont aidé les femmes à relancer l’activité
de séchage du poisson destiné à la
vente sur les marchés locaux.
l’hiStoiRe De Ranjani
« Il était environ 9 heures du matin
lorsque le vent s’est mis à souffler
très fort. La température a soudain
chuté. Le vent et la pluie semblaient
venir de tous les côtés », se souvient
Ranjani. Avec sa famille, Ranjani s’est
abritée dans une école voisine où 400
personnes ont trouvé refuge. L’eau leur
arrivait déjà aux genoux. Le vent n’a
commencé à faiblir que vers 4 heures
du matin le lendemain. L’eau a alors
commencé à se retirer.
Ranjani et sa famille sont restés confinés
dans les locaux de l’école pendant quatre
jours. Lorsqu’ils sont rentrés chez eux, un
spectacle de dévastation les attendait :
les maisons étaient effondrées, remplies
de vase, d’eau et de débris. « Nous étions
mentalement et physiquement épuisés et
sous le choc. Plusieurs d’entre nous sont
tombés malades et ont eu de la fièvre. »
Le gouvernement a fourni une aide
alimentaire immédiate, et Oxfam et
son partenaire local ont fourni de la
nourriture, des bâches de protection,
des tapis de sol, des couvertures, du
savon, des seaux et des comprimés
purificateurs d’eau. Il s’est alors remis
à pleuvoir abondamment, ce qui a
provoqué de nouvelles inondations et
aggravé la situation de celles et ceux
qui avaient déjà subi tant de pertes.
Ranjani participe à un programme
« argent contre travail » d’Oxfam, qui
consiste à améliorer les systèmes
d’irrigation de son village. « Nous
creusons un canal qui sera utilisé pour
l’irrigation et abreuver le bétail, mais
surtout, le canal dérivera l’eau loin du
village et de nos maisons en cas de
nouvelle inondation. » L’argent que
gagne Ranjani lui permet d’assurer
l’intendance du ménage mais aussi
de couvrir les frais scolaires de ses
enfants. « Oui, nous avons perdu notre
maison, mais au moins nous sommes
vivants, sains et saufs. Et Oxfam nous a
aidés à reconstruire notre vie. »
Ci-DeSSuS À DRoite : Le 20 avril 2013, un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter a secoué la province du Sichuan, en Chine, faisant 700 000 personnes déplacées. Notre équipe a rapidement acheminé une aide d’urgence dans la région touchée : lait en briques (vu ici lors d’une distribution antérieure), kits de cuisine, moustiquaires, bâches et matelas. PHOTO © Keith Wong | OXFAM
RÉponDRe et Se pRÉpaReR aux futuRS ÉvÈnementS ClimatiQueS en Chine
Le 20 avril 2013, un tremblement de
terre de magnitude 7.0 sur l’échelle
de Richter a secoué la province de
Sichuan en Chine, faisant près de
200 victimes et obligeant 700 000
personnes à quitter leur maison.
Plus de 200 000 maisons ont été
détruites. L’équipe d’Oxfam à
Sichuan a pu rapidement accéder à
la zone sinistrée pour venir en aide
aux communautés touchées. Nous
avons fourni du matériel de première
nécessité, tel que des ustensiles
de cuisine, des moustiquaires, des
bâches de protection et des nattes de
couchage aux personnes qui avaient
perdu leur maison. Nous avons
également réparé des systèmes
d’approvisionnement en eau,
construit des latrines durables et
des cabines de douche, et distribué
des kits d’hygiène personnelle pour
réduire les risques de maladies.
Une fois les besoins immédiats
satisfaits, Oxfam a commencé à
travailler aux côtés des communautés
pauvres dans certaines régions
39 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
isolées pour les aider à mieux se
préparer à l’impact d’un nouveau
séisme. Pour cela, nous avons
proposé diverses activités
communautaires : cartographie des
endroits susceptibles d’être touchés,
élaboration de plans d’évacuation et
conseils en matière de construction
d’abris d’urgence. Dans le cadre de ce
programme, nous avons également
reconstruit les routes qui avaient été
détruites par le séisme afin que les
gens puissent à nouveau se rendre
dans les villes voisines, gagner de
l’argent et ainsi reconstruire plus
rapidement leur vie.
Il était indispensable que les
organisations locales (l’Association
de volontaires de la communauté
de Beichuan, le Comté autonome
de la minorité ethnique de Qiang et
l’ONG Service Park de Chengdu) aient
les compétences nécessaires pour
aider les communautés à mieux faire
face aux situations d’urgence dans
les zones à haut risque. Oxfam a pris
soin d’associer ces organisations à
nos programmes d’intervention pour
qu’elles puissent continuer à travailler
avec ces communautés.
DouBle CataStRophe au mexiQue
Au mois de septembre 2013, deux tempêtes tropicales, Manuel et Ingrid, ont simultanément frappé les côtes ouest et est du Mexique. Cette double catastrophe a frappé 22 des 32 États mexicains, fait 157 victimes et obligé des milliers de personnes à abandonner leur maison. Les routes, les maisons et les ponts ont été détruits, ainsi
que des milliers d’hectares de cultures.
L’intervention d’Oxfam s’est concentrée sur l’État de Guerrero, sur la côte Pacifique, une zone qui n’était pas prise en charge par l’aide gouvernementale ou les autres organisations humanitaires. Sur une période de trois mois, avec nos partenaires, nous sommes venus en aide à 5 500 personnes dans 25 communautés qui étaient déjà la proie de nombreux actes de violence et d’une
pauvreté endémique.
Nous avons réparé les systèmes
d’approvisionnement en eau pour
reconstituer les ressources d’eau
potable, distribué des outils pour
déblayer les décombres et animé des
ateliers de promotion de l’hygiène pour
sensibiliser la population aux risques
de maladies. Nous avons également
fourni des aliments pour le bétail et
avons vérifié que les vaches étaient
vaccinées. Nous nous sommes assurés
que les communautés comprenaient
leurs droits en matière d’accès à
l’aide d’urgence du gouvernement et
avons exhorté les autorités locales et
nationales à mieux se préparer en cas
de nouvelle catastrophe.
Cette région du Mexique est déjà
confrontée à de nombreuses difficultés
et le changement climatique risque
de provoquer des phénomènes
météorologiques de plus en plus
extrêmes. Nous continuerons à veiller
à ce que les personnes les plus
vulnérables bénéficient du soutien
auquel elles ont droit, et à ce qu’elles
deviennent plus résilientes et capables
de faire face aux crises.
LE CONFLIT PLONGE LE MALI DANS LA CRISE
Dans la région aride du Sahel, en
Afrique, le Mali et les pays voisins
devaient non seulement faire face à
l’impact d’une crise alimentaire majeure
touchant 18,7 millions de personnes,
mais aussi aux conséquences
humanitaires du conflit dans le nord du
Mali. Début 2013, des affrontements
entre des groupes insurgés et
l’intervention de l’armée qui s’en est
suivie ont entraîné le déplacement de
plus de 350 000 personnes au Mali et
obligé 175 000 autres à chercher refuge
dans les pays voisins.
Oxfam a alors mis en place un
programme humanitaire répondant aux
besoins fondamentaux des personnes
déplacées au Mali même et à l’afflux de
réfugiés en Mauritanie, au Burkina Faso
et au Niger. Avec ses partenaires locaux,
Oxfam a fourni un approvisionnement
d’urgence en eau potable, une aide
alimentaire et des installations sanitaires
à 240 000 personnes. Nous avons
également travaillé avec les réfugiés pour
les aider à se sentir moins vulnérables et
leur permettre d’affronter de nouvelles
situations difficiles. Les programmes
d’épargne et les banques de graines
peuvent renforcer la capacité des éleveurs
ou des agriculteurs à faire face aux
périodes de crise, en rendant leur moyen
de subsistance viable et plus durable.
Nous avons veillé à ce que les
communautés puissent avoir accès
à de l’eau potable en toute saison
et que le maintien des équipements
et des services soit facile à assurer.
Dans toutes ces activités, nous avons
tenu compte des besoins spécifiques
40 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
des femmes, des hommes et des
enfants, et nous nous sommes efforcés
d’assurer la protection des personnes
les plus exposées aux risques de
violations des droits humains et de
violences sexuelles.
aGGRavation De la
Situation alimentaiRe
Les personnes qui avaient fui de l’autre
côté de la frontière vers la Mauritanie,
le Burkina Faso et le Niger commencent
à revenir au Mali. Oxfam est en train de
réduire progressivement son aide et
de passer le relais à ses partenaires
dans ces pays pour les activités en
cours. La situation humanitaire au
Mali n’est pas encore stabilisée et la
sécurité alimentaire, en particulier
dans la région instable du nord, est très
alarmante. Au mois de mars 2014, plus
de 1,5 million de personnes avaient
encore besoin d’aide pour subvenir à
leurs besoins alimentaires quotidiens.
Oxfam concentre désormais ses
efforts dans le nord du Mali et prévoit
de fournir une aide d’urgence à
200 000 personnes au cours de l’année
à venir, tout en aidant la population à
améliorer ses moyens de subsistance
et ses ressources face à l’avenir. Nous
travaillerons très étroitement aux côtés
des femmes vulnérables pour renforcer
leur pouvoir d’action et leur capacité
de générer leurs propres revenus. Dans
cette optique, 200 femmes victimes de
violences participent à un projet qui
leur permettra de gagner leur vie.
paix, RÉConCiliation
et pRoteCtion DeS CivilS
Depuis le début du conflit en 2012,
Oxfam n’a eu de cesse de militer pour
la protection des populations civiles.
Nous avons mené des activités de
lobbying auprès des gouvernements
et des institutions internationales,
les exhortant à répondre aux besoins
des personnes victimes de violences.
Oxfam est convaincue qu’une solution
pérenne au conflit du Mali ne pourra
être trouvée que lorsque les causes
profondes de l’insurrection seront
comprises. Au mois de juin 2013,
nous avons interviewé des personnes
impliquées dans le conflit. Nous
avons constaté que la plupart d’entre
elles étaient disposées à entamer
un dialogue et à envisager une
réconciliation. en donnant aux gens
les moyens de faire entendre leur voix,
Oxfam a favorisé un environnement
Ci-DeSSuS À DRoite : Début 2013, des affrontements entre des groupes insurgés et l’intervention de l’armée ont entraîné le déplacement de plus de 350 000 personnes au Mali et poussé 175 000 autres à chercher refuge dans les pays voisins. Nanaï Touré et sa famille étaient à Konna quand des hommes en arme ont fait irruption dans son village. elle a pu s’enfuir avec le plus jeune de ses enfants, mais n’a retrouvé les deux autres qu’une semaine plus tard, à son retour. PHOTO © Habibatou Gologo | OXFAM
41 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
dans lequel les institutions nationales
et internationales puissent envisager
différentes manières d’établir une
paix durable. Cette disposition était
évidente lors d’une importante
conférence de donateurs pour le
développement qui a eu lieu au Mali en
mai 2013.
Oxfam a également participé à une
campagne internationale visant à
sensibiliser l’opinion publique aux
violences faites aux femmes. Dans
le cadre d’une campagne nationale
intitulée « 16 jours d’activisme contre la
violence sexiste », nous avons présenté
des photos de femmes et d’hommes qui
avaient souffert de violences sexistes
et sexuelles dans les villes de Gao,
Tombouctou et Bamako, entre autres.
Cette approche a permis de briser le
silence qui entoure ces crimes, de
manière à ce que leur incidence sur
le tissu social du Mali ne passe pas
inaperçue.
Somalie
aiDeR leS SomalienneS et SomalienS
DanS le payS et À l’ÉtRanGeR
Les deux décennies d’affrontements et
d’instabilité en Somalie ont gravement
porté atteinte aux infrastructures et à
la prospérité du pays. La population fait
difficilement face à la situation, surtout
lors des périodes de sécheresses ou
d’inondations. Bien que les conditions
de vie soient meilleures que les années
précédentes, plus de 3 millions de
personnes ont encore besoin d’aide
humanitaire, 1,1 million de personnes
sont encore déplacées et 1 million sont
réfugiées dans d’autres pays. Le taux
de mortalité maternelle est le deuxième
le plus élevé au monde, et le taux de
mortinatalité, le plus élevé au monde.
humanitaiRe
Soixante-dix pour cent de la population
n’a pas accès à l’eau potable et moins
d’une personne sur quatre dispose
d’installations sanitaires adéquates et
de services de santé de base. L’approche
d’Oxfam a consisté à répondre aux
besoins fondamentaux des personnes les
plus vulnérables, notamment à ceux des
enfants sous-alimentés et des femmes
enceintes. Nous avons également mis
en place des programmes alimentaires
et fourni des aides en espèces pour que
les bénéficiaires puissent s’acheter à
manger sur les marchés locaux, au lieu
de dépendre de l’aide alimentaire.
entre janvier et mars 2014, plus de
360 000 personnes ont bénéficié de l’aide
humanitaire d’Oxfam, ce qui porte le total
à plus d’un million de personnes depuis
janvier 2013. Nos partenaires locaux ont
joué un rôle déterminant dans la réussite
de nos actions, en facilitant notre accès
à un large éventail de communautés et
en nous aidant à comprendre comment
répondre au mieux à leurs besoins. Nous
avons également fait bon usage de la
technologie numérique pour cibler le plus
efficacement possible les bénéficiaires.
Nous avons par exemple utilisé la
téléphonie mobile pour envoyer de
l’argent en toute sécurité aux personnes
les plus démunies.
RenfoRCeR la RÉSilienCe
aux SÉCheReSSeS
La Somalie est un pays aride. Bien
que les agricultrices et agriculteurs
parviennent habilement à tirer le
meilleur de leurs terres, celles et ceux
qui sont encore déplacés ou rentrés
depuis peu dans leur village auraient
besoin de plus de soutien pour
relancer leur activité. Cette année la
récolte était inférieure à la moyenne.
Les réserves alimentaires seraient
donc insuffisantes et il n’y aurait pas
assez de semences pour replanter à la
saison suivante.
Avec ses partenaires, Oxfam a aidé ces
personnes à réinvestir dans leurs terres
et à renforcer leur sécurité pour pouvoir
surmonter les périodes d’austérité et
de conflit. Aujourd’hui, les programmes
de plantation d’arbres permettent
d’améliorer la fertilité du sol, les
systèmes d’approvisionnement en eau
ont été réparés pour pouvoir irriguer
les champs, les semences et les outils
fournis sont utilisés pour planter
des cultures vivrières et fourragères,
et les programmes de vaccination
protègent la population des risques de
maladies. Oxfam a également dispensé
des formations et des fonds aux
communautés vulnérables pour qu’elles
puissent créer de petites entreprises.
aux CÔtÉS DeS femmeS
en Somalie, Oxfam a collaboré avec
des organisations partenaires pour
permettre aux femmes et aux hommes
de mieux se faire entendre pour influer
sur les décisions qui les concernent.
Nous avons travaillé avec des groupes
et des organisations locales afin de
les aider à mieux comprendre leurs
droits fondamentaux et à exprimer
leurs préoccupations auprès des
autorités, ainsi que par le biais des
médias nationaux et internationaux.
Nous avons dispensé une formation
42 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
aux porte-parole et aux militantes
et militants locaux pour qu’ils soient
mieux préparés à faire pression pour
le respect du quota de femmes au
Parlement du Somaliland. Les droits
civils et politiques des femmes ont fait
l’objet de débats lors d’émissions de
radio, touchant une audience de plus
de 10 000 personnes. La situation en
Somalie reste difficile pour les femmes,
mais les choses évoluent.
le succÈs Des envois De fonDs
À l’heure actuelle, il n’existe pas de
secteur bancaire classique en Somalie.
Plus de 40 % des familles dépendent
d’envois de fonds qui leur parviennent
opérateurs de transfert de fonds en
Somalie de trouver ensemble une
solution à ce problème.
Dans un premier temps, Oxfam a
recueilli les réactions des Somaliennes
et Somaliens qui vivaient dans
le pays sur l’impact potentiel de
l’arrêt des transferts d’argent. Puis
nous avons produit un document
d’information conjoint (signé par 13
autres organisations) expliquant dans
quelle mesure les envois de fonds du
Royaume-Uni étaient indispensables
pour satisfaire les besoins
fondamentaux de la population. Nous
avons organisé des tables rondes avec
les principaux ministères concernés
du Royaume-Uni et des États-Unis.
Nous avons informé les responsables
politiques en amont d’un débat au
Parlement britannique. Nous avons
planifié une rencontre à Nairobi avec
l’Institut de la vallée du Rift, auquel
plus de 300 personnes ont assisté.
Nous avons rencontré les banques et
les sociétés somaliennes concernées.
Nous avons organisé un débat d’experts
sur cette question à l’occasion du
Festival de la Semaine de la Somalie à
Londres, et nous avons soutenu une
excellente campagne menée par des
Somaliennes et Somaliens vivant au
Royaume-Uni, qui a permis de recueillir
100 000 signatures en l’espace d’une
semaine.
Notre travail assidu, conjugué aux
divers efforts de campagne, a suscité
une couverture médiatique importante
et permis de souligner l’importance
des envois de fonds pour la population
somalienne. Le gouvernement
britannique a mis en place un groupe de
travail pour s’attaquer à ce problème.
La campagne a également contribué à
la décision du groupe bancaire Barclays
de reporter la clôture des comptes.
souDan : l’appRoche paRtenaRiale
La reprise des violences au Darfour
en 2013 et début 2014 a fait fuir des
centaines de milliers de personnes.
Plus de 200 000 hommes, femmes et
enfants ont quitté leur maison pour
chercher refuge dans des camps et
des villages moins menacés, n’ayant
pratiquement rien emporté, que les
ci-Dessus À Gauche : Malgré l’amélioration des conditions de vie en Somalie, un million de personnes sont encore réfugiées à l’étranger. La vie est difficile dans les camps comme celui de Dadaab, dans le nord du Kenya, mais les enfants ont la capacité naturelle de s’amuser dès que l’occasion leur en est donnée. PHOTO © Petterik Wiggers | OXFAM
de parents partis travailler à l’étranger.
Ces transferts d’argent représentent
un tiers de l’économie de la Somalie
et de nombreuses personnes en
dépendent pour satisfaire leurs besoins
fondamentaux.
Dans leurs efforts de lutte contre le
terrorisme et le blanchiment d’argent,
les banques et les régulateurs
financiers risquaient involontairement
de saper ce moyen de subsistance
et de le marginaliser. En travaillant
étroitement avec ses partenaires,
Oxfam s’est efforcée de convaincre
les gouvernements britannique
et américain, les banques et les
43 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
vêtements qu’ils portaient. Oxfam
travaillait déjà avec des partenaires
dans cette région. Nous avons alors
lancé de nouveaux programmes pour
faire face à la gravité de la situation.
Nous nous sommes rendus dans de
nombreux endroits pour livrer de l’eau
potable, des installations sanitaires,
des produits d’hygiène et d’autres
biens de première nécessité à 90 000
personnes nouvellement déplacées
dans l’ensemble du Darfour. Nous les
avons également tenues informées des
conditions de sécurité dans la région.
Au Soudan, notre ambition est de
fournir une aide d’urgence de grande
qualité et de renforcer la capacité
de nos partenaires locaux dans ce
domaine. Il s’agit de notre priorité
immédiate à chaque nouvelle flambée
de violence. Sur place, nous travaillons
étroitement avec l’organisation locale
Kebkabiya Smallholders Charitable
Society (KSCS), qui « a accès à tous
les villages de la région et qui peut
atteindre et mobiliser tout le monde,
même en période de conflit », explique
Mohamed Abdel Rahaman, qui travaille
pour KSCS.
Au mois de mars 2014, de violents
affrontements ont éclaté dans une
grande ville du nord du Darfour. Malgré
les problèmes de sécurité, KSCS a pu
rapidement apporter de l’eau potable
aux dizaines de milliers de personnes
déplacées par les violences. Lorsque les
habitantes et habitants ont regagné ce
qu’il restait de leur maison, KSCS a remis
en état tous les points d’eau de la ville et
a entrepris des démarches en vue d’une
amélioration durable de la qualité de
l’eau et de la santé publique. Le principal
défi que doivent relever Oxfam et ses
partenaires au Soudan est d’aider les
communautés vulnérables à se relever
de la crise et des violences menaçant les
vies, mais aussi à devenir plus fortes et
résilientes, et à préparer le terrain pour le
développement à l’avenir.
faiRe entenDRe leS voix SouDanaiSeS
DanS leS nÉGoCiationS De paix
Au cours de l’année écoulée, Oxfam
a veillé à ce que la voix et les
préoccupations de ses partenaires
soudanais soient entendues lors
des discussions élargies sur le
rétablissement de la paix dans les pays
de la région touchés par le conflit,
c’est-à-dire au Soudan, au Soudan du
Sud, en République démocratique du
Congo, en Somalie et au Mali. en avril
2013, à l’occasion de la célébration
du 50e anniversaire de la création de
l’Union africaine, nous avons, avec
d’autres organisations, recueilli le
témoignage de personnes originaires
de ces pays afin de mieux comprendre
leurs espoirs et leurs aspirations à
la paix.
leS BeSoinS SpÉCifiQueS DeS femmeS au yÉmen
Le yémen est le pays le plus pauvre du
monde arabe et l’une des régions où la
population est plus particulièrement
exposée aux pénuries alimentaires.
L’incapacité du gouvernement à mettre
un terme aux violences et à juguler les
prix élevés des denrées alimentaires et
du carburant a aggravé une situation
humanitaire déjà désastreuse. en 2014,
Ci-DeSSuS À DRoite : Le yémen est le pays le plus pauvre du monde arabe, et sa population est fortement exposée au risque de pénurie alimentaire. Cette année, Oxfam a porté assistance à plus d’un demi-million de personnes avec des petits dons en espèces leur permettant de répondre à leurs besoins de base. Nagat, neuf ans, travaille dans les champs du village d’Al Fash, dans le district de Hays, dont la population vit avec un dollar par jour en moyenne. PHOTO © Abbie Trayler-Smith | OXFAM
44 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
4 Sauver des vies, aujourd’hui et demain
le nombre de yéménites qui manquaient
d’eau, de nourriture et de biens de
première nécessité était estimé à
14,7 millions, soit plus de la moitié de
la population du pays.
Oxfam travaille au yémen depuis 29 ans.
Cette année, nous avons répondu aux
besoins fondamentaux de plus d’un
demi-million de personnes. Nous avons
distribué de petits dons en espèces aux
ménages pour qu’ils puissent subvenir
à leurs besoins essentiels, mais aussi
investir dans des activités qui leur
permettraient de générer un revenu
durable. Nous avons également poursuivi
notre programme mené en collaboration
avec les compagnies publiques des
eaux et les communautés pour améliorer
l’approvisionnement en eau potable dans
l’ensemble du yémen.
Notre programme au yémen a pu être
optimisé grâce à une étude qui visait
à améliorer notre connaissance des
rôles spécifiques des femmes et des
hommes au sein de la société yéménite.
Nous avons ainsi mieux compris les
dynamiques à l’œuvre au sein des
communautés et peaufiné notre
programme de manière à pouvoir mieux
gérer certains problèmes auxquels les
personnes vulnérables sont confrontées.
Oxfam est convaincue que les femmes
peuvent jouer un rôle plus important
dans la stabilisation et la promotion du
développement au yémen. Pour cela,
nous avons commencé à travailler avec
certains partenaires, comme le groupe
des « Amis du yémen », afin de créer
ensemble de nouvelles opportunités
pour les femmes. Le fait de connaître
le rôle des femmes dans les économies
locales, comme par exemple le
commerce de vêtements, nous permet
de mieux savoir comment les soutenir
et les faire participer aux programmes
qui visent à assurer au yémen un avenir
de stabilité à long terme.
tRaitÉ SuR le CommeRCe DeS aRmeS
« Le commerce des armes échappe
à tout contrôle. C’est un problème
d’envergure mondiale qui a des
conséquences terribles au niveau
local. Et encore une fois, ce sont les
plus pauvres qui en souffrent le plus.
Un traité sur le commerce des armes
est absolument indispensable si l’on
veut endiguer l’afflux d’armes et rendre
nos sociétés plus sûres », a affirmé
Barbara Stocking, ancienne directrice
générale d’Oxfam Grande-Bretagne.
C’est sur ces mots que le 9 octobre
2003, Oxfam a participé au lancement
de la campagne Contrôlez les Armes,
avec le Réseau international d’action
contre les armes légères (IANSA) et
Amnesty International. Il s’en est suivi
dix ans de campagne et de plaidoyer
pour parvenir à la ratification du Traité
sur le commerce des armes (TCA).
À l’époque, Oxfam contribuait déjà
depuis six ans au développement
d’idées pour le TCA au sein d’un groupe
d’ONG et de prix Nobel de la paix. Ce
groupe avait en effet déjà promu l’idée
d’un code de conduite international
pour le commerce des armes, qui avait
pris effet en 1997.
La campagne Contrôlez les Armes a
été lancée au mois d’octobre 2003
dans une cinquantaine de pays. entre
2003 et 2006, le projet de TCA a été
communiqué aux gouvernements et
débattu avec leurs experts, et l’idée de
la faisabilité de ce projet s’est peu à
peu imposée.
Dans le cadre de Contrôlez les Armes,
Oxfam et ses partenaires ont lancé la
pétition visuelle « Un million de visages »,
qui permettait aux citoyennes et
citoyens de soutenir le projet de TCA
en accompagnant leur signature d’une
photo de leur visage. Plus d’un million
de « visages » ont ainsi été recueillis,
à une époque où les smartphones
et les selfies n’existaient pas et où
les réseaux sociaux étaient encore
peu développés (Facebook n’a été
accessible au grand public qu’à partir
de septembre 2006).
en octobre 2013, le secrétaire général
des Nations unies, Kofi Annan, a
rencontré Julius Arile, originaire du
Kenya, le « millionième visage » de la
pétition. Julius était un ancien voleur
de bétail qui a commencé à militer
contre la violence armée et pour le
contrôle des armes après que son
meilleur ami a été tué. Cette rencontre
a été organisée dans le cadre d’une
campagne orchestrée par Contrôlez
les Armes, qui compte aujourd’hui des
membres dans plus de 100 pays. elle
s’est déroulée lors de l’Assemblée
générale de l’ONU cet automne-là. Suite
à la campagne, 153 pays ont voté pour
le lancement du processus officiel. Le
TCA a ensuite été ratifié par l’Assemblée
générale de l’ONU le 2 avril 2013.
5SeCtion
46 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
5SeCtion
intRoDuCtion
Dans un monde bouleversé par
l’imprévisibilité des saisons et la
hausse considérable du prix des
produits de première nécessité, les
personnes pauvres et marginalisées
sont les plus vulnérables et les
plus touchées. elles doivent relever
plusieurs défis de taille : parvenir à
cultiver et à acheter de quoi se nourrir,
et obtenir un accès équitable à la terre,
à l’eau et aux ressources énergétiques
dont elles ont besoin pour survivre.
Ces deux grands objectifs sont étroitement liés, et ils sont tous deux inclus, par certains aspects, dans nombre de nos programmes. Mais nous les considérons comme des objectifs stratégiques distincts afin d’accorder à chacun d’eux l’attention qu’il mérite. en traitant la sécurité alimentaire comme une problématique à part, nous renforçons la résilience des personnes pauvres pour qu’elles puissent assurer leur propre subsistance dans un contexte mondial de plus en plus instable. Nos campagnes locales, nationales et internationales permettent à ces agricultrices et agriculteurs de s’exprimer. Cela suscite
une vague de soutien et permet à
Oxfam ainsi qu’à d’autres de faire
pression sur les gouvernements et
les institutions internationales pour
qu’ils reconnaissent la contribution de
l’agriculture paysanne ou familiale à
leur économie, et lui fournissent l’appui
nécessaire.
Pour pouvoir atteindre notre objectif
d’aider les communautés pauvres à
bénéficier d’un accès équitable aux
ressources naturelles, nous nous
appuyons sur notre expérience et
celle de nos partenaires et alliés en
matière de programmes. Nous aidons
les gens à comprendre leurs droits
pour qu’ils puissent acquérir et cultiver
leurs propres terres. Les personnes
pauvres se trouvent en concurrence
croissante avec de puissants intérêts
qui cherchent à prendre le contrôle
des ressources foncières, hydriques
et énergétiques. Oxfam donne une voix
à ces communautés pour qu’elles ne
se laissent pas intimider ou manipuler.
Nous défendons leurs droits, en
dénonçant l’accaparement injuste des
terres ou l’exploitation des ressources
naturelles par les multinationales au
détriment des communautés pauvres.
paGe pRÉCÉDente : Jawed, 20 ans, utilise des bœufs pour labourer son champ à Sala Khan Khel, en Afghanistan. Dans la province de Parwân, près de Kaboul, Oxfam a collaboré avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires à la création de centres de formation agricole dans lesquels les agricultrices et agriculteurs peuvent apprendre des techniques pour optimiser leurs rendements. PHOTO © Jason P. Howe | OXFAM
47 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
alimentation DuRaBle
Dans un monde où la production
alimentaire suffirait à nourrir toute la
planète, il est inacceptable que près
de 900 millions de personnes souffrent
chaque année de la faim. Les chiffres
de l’Organisation des Nations unies
pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
semblent indiquer que chaque jour
dans le monde, une personne sur huit
souffre de faim chronique.
Nous savons que l’agriculture paysanne
et familiale permettrait potentiellement
de réduire la pauvreté de deux milliards
des personnes les plus pauvres et de
répondre aux besoins alimentaires
croissants de la population mondiale.
De vastes superficies de terres arables
sont ainsi cultivées, bien souvent par
des femmes, et fournissent 80 % des
aliments consommés par les habitants
des pays en développement. Nous
savons qu’il est possible de créer des
modèles de commerce agricole plus
équitables en donnant davantage de
pouvoir aux petites productrices et
petits producteurs sur les marchés,
en appuyant le développement de
petites entreprises et en demandant
aux entreprises agroalimentaires de se
comporter de façon responsable.
Les prix des denrées alimentaires
augmentent, mais leur qualité diminue.
Près d’un milliard des personnes
les plus pauvres du monde (qui ont
le moins contribué au changement
climatique) ont de plus en plus de
difficultés à nourrir leur famille. Bientôt,
le changement climatique aura une
incidence sur notre alimentation à
tous. Dans les pays pauvres, la lutte
contre le changement climatique
est axée sur la survie et le droit au
développement. Les pays riches, eux,
ont l’ambition de modifier leur mode de
vie et leurs niveaux de consommation.
Il y a là une profonde inégalité. Nous
devons donc impérativement aider les
pays en développement à s’adapter au
changement climatique, et pour cela,
commencer par l’agriculture familiale
et paysanne.
en 2013, nous avons réalisé des
avancées considérables, en
collaboration avec nos partenaires
et alliés, les gouvernements et les
institutions internationales, ainsi que
les millions de personnes qui vivent
dans la pauvreté.
CultivonS, la CampaGne D’oxfam pouR la juStiCe alimentaiRe
La campagne CULTIvONS d’Oxfam vise
à proposer des solutions concrètes
face aux défaillances du système
alimentaire mondial complexe qui laisse
tant de personnes dans le besoin et
la faim. Cette campagne couvre tous
les aspects de la justice alimentaire,
qu’il s’agisse de l’accaparement illégal
des terres ou des pratiques agricoles,
de la volatilité des prix alimentaires ou
de l’impact croissant du changement
climatique. Dans ce rapport, elle sera
donc mentionnée à la fois dans la partie
consacrée à l’alimentation et celle sur
les ressources naturelles.
CULTIvONS se fonde sur des
programmes de développement
de grande qualité qui bénéficient
directement aux petits agriculteurs, et
en particulier aux femmes. Nous avons
la conviction de pouvoir concrétiser
notre ambition de voir toujours plus
d’agricultrices et d’agriculteurs assurer
une production alimentaire suffisante
et s’adapter aux chocs et aux
contraintes du changement climatique.
C’est grâce à des programmes solides
et à notre relation étroite avec nos
5 Alimentation durable et accès aux ressources naturelles
partenaires et alliés que la campagne
et les activités de plaidoyer d’Oxfam ont
été efficaces, à l’échelle locale
et internationale.
Cette campagne est menée dans plus
de 50 pays. Les paysannes et paysans,
les groupes de femmes et d’autres
organisations locales soutiennent la
cause de CULTIvONS et sont nombreux à
revendiquer leur droit à bénéficier d’un
soutien et d’investissements, faisant
partie d’une solution durable à la crise
alimentaire mondiale. Dans le cadre de
la campagne, ces pays ont pu aborder
certaines questions pressantes
pour leur pays, parmi lesquelles
l’investissement dans l’agriculture,
les droits fonciers, l’adaptation au
changement climatique ou le rôle des
femmes dans l’agriculture.
Dix ans après le sommet de Maputo
(en 2003), lors duquel les chefs d’État
africains ont promis d’allouer au
moins 10 % de leur budget national
à l’agriculture, seulement huit
pays avaient respecté cet objectif.
CULTIvONS, en collaboration avec
One et d’autres alliés, a lancé une
campagne à travers toute l’Afrique
de l’Ouest pour sensibiliser l’opinion
48 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
publique à cette promesse et réclamer
d’importants investissements dans
l’agriculture familiale et paysanne.
Plus de deux millions de personnes
ont adhéré à la campagne soutenue
par plusieurs célébrités. Une pétition
a été présentée aux ministres et
chefs d’État africains lors du sommet
de l’Union africaine (UA) tenu en
juillet 2014 à Malabo. 2014 ayant été
déclarée « Année de l’agriculture et de
la sécurité alimentaire », les membres
de l’UA ont réaffirmé leur engagement
de consacrer 10 % de leurs budgets
au développement de l’agriculture. Ils
ont également convenu d’un certain
nombre d’autres objectifs, notamment
le doublement de la production agricole
et la réduction de moitié des pertes
après récolte.
Les campagnes nationales en Tanzanie
et au Ghana (voir les récits ci-après) ont
également mobilisé un très grand nombre
de personnes. Les gouvernements les
ont écoutées et ont tenu compte de
leur opinion. en Tanzanie, la campagne
« Female Food Heroes » (les héroïnes de
l’alimentation) a œuvré en partenariat
avec une société nationale de télévision
pour porter à l’attention du public la vie,
les luttes et les victoires des productrices
de denrées alimentaires. et la campagne
« Oil4Food » au Ghana a permis de
mobiliser les paysannes et paysans, ce
qui a incité le gouvernement ghanéen
à répondre largement aux demandes
d’augmentation des investissements
dans l’agriculture familiale et paysanne.
Au plan international, nos efforts de
campagne se sont concentrés sur les
droits fonciers et le rôle crucial du
secteur privé. en 2013, nous avons
influencé les politiques des plus
grandes entreprises agroalimentaires du
monde, ainsi que celles de la Banque
mondiale. en trois ans, la campagne
« La face cachée des marques » a
permis de mobiliser des centaines de
milliers de personnes pour demander
aux entreprises agroalimentaires de
mieux faire. À mesure que, dans le
monde entier, de nouvelles personnes
apportent leur soutien à la campagne, un
mouvement d’envergure internationale
se développe, tant et si bien que les
États, le secteur privé et les institutions
internationales pourraient difficilement
l’ignorer et qu’il parvient à susciter des
changements à l’échelle mondiale.
S’aDapteR au ChanGement ClimatiQue en ouGanDa
Oxfam travaille aux côtés de millions
de personnes dans le monde qui
prennent déjà des mesures positives
pour réduire l’impact des dérèglements
météorologiques et du changement
climatique. Il s’agit d’agricultrices
et d’agriculteurs qui, par exemple,
construisent des canaux d’irrigation
pour leurs cultures résistantes à la
sécheresse et aux saisons des pluies
en Thaïlande, pratiquent la rotation des
5 Alimentation durable et accès aux ressources naturelles
cultures en fonction des différentes
conditions météorologiques au Malawi
ou plantent des mangroves pour
protéger leurs terres des tempêtes
tropicales au vietnam.
en Ouganda, l’ACCRA (Africa Climate
Change Resilience Alliance), une
coalition dont fait partie Oxfam
avec quatre autres organisations, a
persuadé le gouvernement de fournir
des prévisions météorologiques dans
les langues locales. Les nouveaux
bulletins météorologiques ont pu être
Ci-DeSSuS À DRoite : Face aux défrichages de plus en plus importants au profit de grandes plantations, la communauté de Caarapó, au Brésil, a planté un « chiru », une structure sacrée faite de croix et de bâtons de bois, pour signifier que la population ne permettra plus aucun défrichage de ses terres ancestrales. PHOTO © Tatiana Cardeal | OXFAM
49 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
compris et, désormais, près de 200 000
agricultrices et agriculteurs de Kitgum
(l’une des régions les plus pauvres
et les plus arides de l’Ouganda)
reçoivent les informations dont ils ont
besoin pour prendre des décisions
importantes pour leur exploitation.
Ils peuvent ainsi décider d’adopter
des variétés de cultures à maturation
rapide pour tirer profit des brèves
périodes de précipitations, ou de
planter des arbres qui apporteront de
l’ombre et retiendront l’humidité en cas
de prévision de sécheresse prolongée.
Mais surtout, le fait d’avoir accès
aux prévisions météorologiques
renforce l’autonomie des agricultrices
et agriculteurs et leur donne des
informations qui leur permettent
de planifier l’avenir et de prendre
de bonnes décisions. Ce subtil
renforcement de leur pouvoir a
en réalité des conséquences
considérables. Non seulement parce
qu’ils se sentent moins vulnérables,
mais aussi parce qu’ils ont le choix,
souvent pour la toute première fois.
« Pour la première fois, nous avons
reçu les prévisions météorologiques
dans notre langue locale. Ce n’était
encore jamais arrivé. Comme je ne
sais pas écrire, j’ai demandé à mon
fils de noter les points importants.
Ça m’a aidée à planifier et jusqu’ici,
les prévisions ont été justes. » Akello
Lucia, petite agricultrice du sous-
comté d’Amida, dans le district
de Kitgum.
Une aide financière importante de
5,3 millions de dollars a été accordée
à l’ACCRA pour mener un programme
de recherche de six ans, visant à
déterminer dans quelle mesure
l’ensemble des projets entrepris en
Ouganda, au Mozambique et en Éthiopie
aident les agricultrices et agriculteurs
à s’adapter aux changements
climatiques. Dans ces trois pays, onze
projets ont été retenus pour cette
étude, en association nos partenaires
locaux. Les membres de l’ACCRA ont
également efficacement collaboré avec
les services ministériels pour diffuser
les enseignements tirés et répliquer les
initiatives à l’échelle nationale.
5 Alimentation durable et accès aux ressources naturelles
miCRo-laiteRieS en ColomBie
Oxfam a aidé des millions de petits
producteurs agricoles, essentiellement
des femmes, à mener à bien leur projet.
Ceux-ci travaillent généralement chez
eux, le plus souvent avec d’autres
membres de la communauté. Ils
cultivent leurs terres, élèvent du bétail
et confectionnent des produits qu’ils
vendent sur les marchés locaux. Avec
les revenus tirés de ces activités, ils
peuvent scolariser leurs enfants, payer
les services de santé et s’acheter des
articles ménagers, complétant ainsi les
revenus familiaux.
en Colombie, les familles pauvres
possèdent parfois une ou deux vaches
qui servent généralement à fournir
du lait et des produits laitiers pour
la famille. Si la production de lait
est mise en commun et qu’elle peut
être efficacement collectée, elle peut
devenir une source de revenus pour les
familles. voilà comment ces familles
peuvent devenir de petits producteurs.
en Colombie, Oxfam travaille avec
Alpina, un transformateur laitier qui
a mis en place des micro-laiteries
pour la collecte du lait. Lorsque les
productrices et producteurs amènent
leur lait à la laiterie, ils reçoivent
une rémunération équitable et
bénéficient d’une formation en soins
vétérinaires, en gestion financière
ou aux techniques d’amélioration de
la production. La production laitière
n’est plus seulement réservée à la
consommation familiale. elle permet
de créer une petite entreprise et les
résultats sont prometteurs. Une
augmentation de 87 % de la qualité du
lait et de 26 % du rendement du cheptel
laitier a été enregistrée. Les productrices
et producteurs apportent de plus grandes
quantités de lait, de meilleure qualité, et
le prix qu’ils en obtiennent aujourd’hui a
augmenté de 15 %.
Suite à un rapport important produit
par Alpina et Oxfam, le gouvernement
a amélioré l’accès aux crédits pour
les petites entreprises rurales, et le
modèle de micro-laiteries est soutenu
par un fonds public de l’ordre de
15 millions de dollars. La structure de
micro-laiterie est aujourd’hui répliquée
dans 14 municipalités et bénéficie à
7 800 autres personnes.
50 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
RevenuS Du pÉtRole pouR l’aGRiCultuRe Du Ghana
Au Ghana, l’agriculture familiale et
paysanne représente 60 % de la
population. Pourtant, le secteur ne
bénéficie que de 8,5 % des dépenses
publiques. La campagne « Oil4Food »
est née du fait que la voix de la main-
d’œuvre agricole n’était que trop
5 Alimentation durable et accès aux ressources naturelles
rarement entendue lors des prises de
décisions importantes. Tout cela dans
un contexte de richesse potentielle
considérable liée aux revenus pétroliers
du Ghana et aux exportations censées
générer en moyenne un milliard de
dollars par an au cours des vingt
prochaines années.
Cette campagne d’Oxfam a mobilisé les
agricultrices et agriculteurs ghanéens
afin qu’ils exigent des autorités une
distribution plus équitable des revenus
pétroliers dans le budget national.
en novembre 2013, l’Association des
paysans du Ghana (PFAG), le Centre
africain pour la politique énergétique
(ACeP), ainsi que d’autres alliés de la
campagne CULTIvONS, ont fait pression
sur le Parlement pour qu’il soutienne en
priorité l’agriculture paysanne. Dans le
cadre de la campagne, plus de 20 000
agricultrices et agriculteurs avaient
déjà signé une pétition réclamant
l’augmentation des investissements
dans l’agriculture. Oil4Food a
également ciblé les jeunes citadins
du Ghana au moyen de Facebook, de
Twitter, d’Instagram et de textos pour
qu’ils exhortent le gouvernement à
utiliser l’argent du pétrole pour nourrir
la population ghanéenne.
Au mois de novembre 2013, le gouvernement du Ghana a annoncé qu’il donnerait en grande partie satisfaction à ces revendications. Désormais, 15 % des revenus pétroliers (soit 62 millions de dollars) devraient être alloués à la modernisation de l’agriculture, avec un accent sur la pêche et l’alimentation. 94,5 % de ces fonds seront consacrés à des initiatives visant à réduire la pauvreté dans le secteur de
l’agriculture paysanne.
l’euRope, leS aGRoCaRBuRantS et leS pRix ÉlevÉS DeS DenRÉeS alimentaiReS
en europe, les politiques favorisant les agrocarburants ont été bien accueillies car elles ont permis de proposer des énergies alternatives et ainsi de réduire la dépendance au pétrole et l’utilisation des combustibles fossiles. Cette approche s’est toutefois révélée coûteuse et totalement inefficace, certains agrocarburants dégageant plus de gaz à effet de serre que les combustibles fossiles. D’ici 2020, les objectifs européens d’incorporation d’agrocarburants dans les carburants traditionnels pourraient à eux seuls provoquer une hausse du prix de certains produits alimentaires de base de près de 36 %.
Tout au long de l’année 2013, l’équipe de plaidoyer d’Oxfam a continué à protester contre les politiques de soutien aux agrocarburants adoptées par l’Union européenne dans le but d’atteindre l’objectif de 10 % d’énergies renouvelables dans le secteur des transports à l’horizon 2020. Nous avons été témoins des conséquences des accaparements de terres et des expulsions pour faire place aux cultures destinées aux agrocarburants. et nous savons que ces cultures réduisent la production alimentaire et font grimper les prix des produits alimentaires à l’échelle mondiale, ce qui aggrave la faim et la malnutrition dans les pays pauvres. en collaboration avec d’autres organisations, nous avons fait pression sur les autorités nationales et les institutions européennes pour changer les législations existantes et orienter les futures politiques de l’Ue en matière d’agrocarburants.
Nous avons en partie réussi. Le Parlement européen a voté en faveur de la réforme de la réglementation actuelle de l’Ue, afin de limiter l’utilisation des cultures alimentaires pour produire du carburant et de prendre en compte la véritable empreinte carbone des agrocarburants.
DeS fonDS pouR RÉDuiRe la pauvRetÉ DeS paySanS
DeS DÉpenSeS puBliQueS pouR l’aGRiCultulRe paySanne
DeS RevenuS Du pÉtRole DÉSoRmaiS allouÉS À la moDeRniSation De l’aGRiCultuRe
De la population vit De l’aGRiCultuRe
51 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
La Commission européenne a proposé de mettre un terme au financement des agrocarburants produits à base de matières premières alimentaires après 2020, en supprimant les objectifs relatifs au secteur des transports de son ébauche de politique en matière d’énergies renouvelables à l’horizon 2030. La clé de la réforme est dans les mains des gouvernements européens, mais ceux-ci continuent à la freiner et à plaider en faveur du maintien après 2020 de la politique inadéquate actuellement en vigueur. Oxfam continuera, avec ses partenaires de même sensibilité, à exhorter les gouvernements européens à mettre un terme à l’utilisation des cultures alimentaires pour la production de carburant, en veillant à ce que les voix des pays en développement se fassent clairement entendre.
5 Alimentation durable et accès aux ressources naturelles
Oxfam et ses alliés ont également fait pression sur l’Ue pour une réglementation qui restreigne véritablement la capacité des banques et des autres acteurs financiers à spéculer sur les prix alimentaires. Les fonds permettant de spéculer sur les matières premières agricoles gonflent artificiellement le prix des produits alimentaires, les rendant inabordables pour des millions de personnes. en 2012-2013, certaines banques européennes ont fermé leurs fonds indexés sur les matières premières agricoles et d’autres évolutions positives ont eu lieu, avec la réforme de la législation régulant les marchés financiers européens (Directive MiFID sur les marchés d’instruments financiers).
Malgré l’opposition farouche du secteur financier et d’autres lobbys puissants, cette nouvelle législation donne aux
organismes de régulation le pouvoir de poser des limites strictes au montant que les acteurs financiers peuvent miser sur les futurs prix de certains produits de base, comme le blé ou le maïs. Étant donné que la majorité des personnes les plus pauvres du monde consacrent jusqu’à 80 % de leurs revenus à l’alimentation, ces nouvelles mesures devraient permettre de réduire la volatilité des prix des produits de base et d’augmenter la sécurité alimentaire des pays en développement. Oxfam continuera à faire pression sur l’Ue pour veiller à la
bonne application de la directive MiFID.
pouR un paRtaGe ÉQuitaBle DeS ReSSouRCeS natuRelleS
Oxfam s’efforce d’assurer la protection
des communautés vulnérables qui
risquent de perdre leurs ressources
foncières, hydriques et énergétiques
face à de puissants intérêts cherchant
à s’approprier la terre à d’autres fins.
Bien souvent, les femmes et les filles (soit
plus de la moitié des agriculteurs et des
producteurs alimentaires dans le monde)
en subissent les conséquences de
manière démesurée. Bon nombre d’entre
elles se voient contraintes, souvent par
la violence, d’abandonner leur maison et
leur ferme, sont dépossédées de leurs
moyens de subsistance et réduites à
vivre dans le dénuement.
La ruée mondiale sur les terres est due à
de nombreux facteurs, dont l’explosion de
la demande d’aliments pour la population
et les animaux, d’agrocarburant, et
de fibres. La consommation mondiale
de ressources continuant à dépasser
la demande, les cas d’expulsions de
communautés se multiplient. La terre
est devenue un bien très recherché, qui
oppose les intérêts des multinationales
à ceux des gens ordinaires, les pays
riches aux pays pauvres.
en septembre 2011, Oxfam a publié un
rapport intitulé « terres et pouvoirs :
le scandale grandissant qui entoure
la nouvelle vague d’investissements
fonciers ». Celui-ci démontrait que la
crise des prix alimentaires de 2008 avait
accéléré les acquisitions de terres par
les investisseurs étrangers dans les pays
en développement. Jusqu’à deux-tiers
des acquisitions de grandes superficies
se sont faites en Afrique, la majorité
des investisseurs prévoyant d’exporter
tout ce qui y serait cultivé. Cela dans un
Ci-DeSSuS À DRoite : À Bruxelles, en septembre 2013, des militantes et militants d’Oxfam ont essayé de faire entrer un maximum de personnes dans une Mini, afin d’illustrer la folie que représente l’utilisation de denrées alimentaires pour remplir les réservoirs d’essence au lieu de nourrir les populations. PHOTO © Lode Saidane | OXFAM
52 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
contexte où, selon la Banque mondiale,
plus de 90 % des terres d’Afrique
subsaharienne ne figurent pas dans
un cadastre foncier. Les communautés
qui n’ont que des droits coutumiers ou
communaux sur leurs terres peuvent
donc être facilement dépossédées.
la CampaGne « CultivonS » et l’aCCÈS À la teRRe
Face à cette menace, la campagne
CULTIvONS a visé à renforcer les
moyens d’action des communautés
concernées et à remettre en question
les « règles du jeu » qui régissent
l’accès à la terre. en Afrique et en Asie,
Oxfam a contribué à l’organisation
d’audiences sur les droits fonciers,
réunissant des communautés qui
avaient été expulsées de leurs terres,
pour qu’elles puissent témoigner et
expliquer leurs démarches pour obtenir
justice. Dans le même temps, Oxfam
milite pour l’établissement de règles
internationales plus rigoureuses
qui protégeront les communautés
des accaparements de terres et
renforceront leur droit à la terre et aux
ressources sur lesquelles repose leur
sécurité alimentaire.
5 Alimentation durable et accès aux ressources naturelles
en collaboration avec ses partenaires et
ses alliés, Oxfam cible les entreprises, les
gouvernements, les investisseurs et les
bailleurs de fonds. Pour cela, elle travaille
depuis la base, avec les communautés
touchées à travers le monde, jusqu’au
niveau international, avec des institutions
comme la Banque mondiale, le Comité
de la sécurité alimentaire mondiale de
l’ONU et le G8. Au niveau national, nous
avons forgé de solides alliances avec
nos partenaires et les communautés, et
nous avons réclamé justice pour les
communautés touchées, du Guatemala à
l’Ouganda, du Darfour au Honduras.
Ce travail porte ses fruits. Travaux
de recherche du plus haut niveau,
couverture médiatique, mobilisation
du public, publications, activités de
lobbying, étroite collaboration avec nos
partenaires et les communautés :
tout cela a contribué à donner une
envergure internationale à notre
action. L’engagement de Coca-Cola
en faveur d’une politique de tolérance
zéro des accaparements de terres (voir
l’article ci-après sur « La face cachée
des marques ») n’est qu’une victoire
parmi de nombreuses autres. Oxfam
est aujourd’hui une voix respectée
et néanmoins radicale, qui milite
avec force en faveur des droits des
communautés pauvres et vulnérables
aux terres et aux ressources dont elles
tirent leur subsistance.
la faCe CaChÉe DeS maRQueS
Au mois de février 2013, la campagne
CULTIvONS a lancé l’initiative la face
cachée des marques afin d’améliorer
le rôle du secteur privé dans le
système alimentaire mondial. Nous
avons ciblé les dix géants mondiaux
de l’agroalimentaire : Nestlé, PepsiCo,
Unilever, Mondelēz, Coca-Cola, Mars,
Danone, Associated British Foods
(ABF), General Mills et Kellogg’s, qui
représentent un chiffre d’affaires
total de 418 milliards de dollars
(2010) et possèdent une influence
considérable sur leurs vastes chaînes
d’approvisionnement à travers le monde.
Nous nous sommes appuyés sur
de solides études pour analyser les
politiques et les comportements de
chaque entreprise et évaluer leurs
performances dans les domaines
suivants : le foncier, les droits des
femmes, les petits agriculteurs, la
main-d’œuvre agricole, le climat, la
transparence et l’eau. À l’aide d’une
« fiche d’évaluation », nous avons
Ci-DeSSuS À GauChe : La fiche d’évaluation « La face cachée des marques » note les politiques d’approvisionnement agricole des dix plus grandes entreprises du secteur agroalimentaire. elle repose exclusivement sur les informations accessibles au public concernant les chaînes d’approvisionnement de ces entreprises dans les pays en développement. PHOTO © OXFAM
53 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
objectivement noté chacune des dix
multinationales dans tous ces domaines.
Aucune ne satisfaisait aux normes
que nous avions fixées, la mieux notée
obtenant une note de 38 sur 70.
Nous avons commencé par nous attaquer
au problème du foncier en ciblant
Coca-Cola, PepsiCo et Associated
British Foods (ABF), en raison du rôle que
toutes trois ont joué dans le défrichage
de terres paysannes pour la production
de sucre. en novembre 2013, 225 000
signatures avaient été recueillies par
une pétition en ligne. Coca-Cola s’est
engagée à adopter une politique de
« tolérance zéro des accaparements de
terres » et a exigé de ses embouteilleurs
et franchiseurs qu’ils fassent de même.
Coca-Cola s’est également engagée
à effectuer des évaluations socio-
environnementales de l’ensemble de
ses chaînes d’approvisionnement en
Colombie, au Guatemala, au Brésil, en Inde
et en Afrique du Sud, notamment. De plus,
l’entreprise a accepté de rendre publique
l’identité de ses principaux fournisseurs de
canne à sucre.
en mars 2014, PepsiCo a suivi le
mouvement et pris des engagements
similaires. Ce sont là des engagements
historiques sans précédent et des
victoires majeures pour Oxfam. Aucune
5 Alimentation durable et accès aux ressources naturelles
autre entreprise n’avait encore accepté de s’engager à examiner et contrôler ainsi ses chaînes d’approvisionnement. Notre capacité à influencer ces leaders de l’agroalimentaire a été applaudie par l’USAID, la FAO et la Banque mondiale et a ouvert un nouvel espace de dialogue entre la société civile et le secteur privé. elle a également poussé Coca-Cola et PepsiCo à procéder à un examen général de leurs pratiques à long terme. Oxfam sera présente à chaque étape pour dialoguer avec ces entreprises et évaluer leurs progrès.
Aujourd’hui, neuf des dix entreprises
ciblées par cette campagne ont amélioré
leurs politiques relatives au foncier, huit
d’entre elles ayant adopté des politiques
décisives qui donnent le droit aux
communautés de décider de ce qui se
passe sur leurs terres. Des centaines de
milliers de clients ont également soutenu
une initiative qui invitait la société mère
de certaines marques (parmi lesquelles
Twinings, Frosties, Häagen Daaz, Pringles
et Coca-Cola) à améliorer un certain
nombre de leurs politiques, suscitant
une « course vers le sommet » dans ce
secteur. Nestlé, Mars et Mondelēz se
sont également engagées à améliorer
les conditions de travail des femmes
dans la chaîne d’approvisionnement en
cacao. Ces trois entreprises ont signé
Les réunions de printemps de la Banque
mondiale à Washington, en avril 2013,
ont marqué le point d’orgue de notre
campagne publique. Pendant deux jours,
un camion d’Oxfam a circulé autour du
bâtiment de la Banque mondiale, portant
une immense affiche qui réclamait des
mesures énergiques, et nous avons
transmis les signatures de 50 000
personnes exprimant leur préoccupation.
Dans le même temps, « in my place », un
projet vidéo participatif innovant, a été
réalisé avec la contribution du groupe
Coldplay. Nous avons reçu près de 7 000
photos et vidéos de sympathisantes et
sympathisants d’Oxfam de 55 pays,
dans lesquelles ils se mettaient en
scène avec leurs affaires personnelles
dans un lieu incongru pour dénoncer les
accaparements de terres. Ces séquences
ont ensuite été montées pour créer un
clip vidéo de la version acoustique du
morceau « In my place », diffusé sur les
réseaux sociaux.
Cette campagne a permis de remporter
de belles victoires, telles qu’une
déclaration du président du Groupe
de la Banque mondiale, Jim yong Kim,
affirmant : « Des efforts doivent être
faits pour renforcer les capacités et
les garanties en matière de droits
les 7 principes des Wep (Women’s
Empowerment Principles), qui définissent
les meilleures pratiques en matière de
droit des femmes sur leur lieu de travail.
La fiche d’évaluation de « La face
cachée des marques » a été mise à
jour trois fois depuis le lancement de
la campagne et nous continuerons
à l’adapter au fil des changements de
politiques. Notre prochaine initiative
mettra l’accent sur les émissions de
gaz à effet de serre dans les chaînes
d’approvisionnement. Le système
alimentaire est responsable d’un quart
des émissions mondiales, et ces dix
leaders de l’agroalimentaire produisent
plus d’émissions que la Finlande, la
Suède, le Danemark et la Norvège réunis.
la BanQue monDiale et la QueStion DeS teRReS
en 2013, Oxfam a demandé à la
Banque mondiale, qui fixe les normes
internationales en la matière et est un
grand investisseur foncier, de balayer
devant sa porte. Notre étude indiquait
que 60 % des plaintes formulées par les
communautés à l’encontre de la Banque
mondiale concernaient des conflits
fonciers, et que les garanties mises en
place par la Banque ne suffisaient pas à
protéger les droits des communautés.
54 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
fonciers ». La Banque mondiale s’est
engagée à tout faire pour que ses
activités soient régies par les Directives
volontaires pour une gouvernance
responsable des régimes fonciers
applicables aux terres, seules normes
internationales en matière de régime
et de droits fonciers. Elle a également
convenu que la révision de ses politiques
de sauvegarde devait aborder les
questions foncières. Grâce aux activités
de plaidoyer d’Oxfam, le premier projet
d’un nouveau cadre environnemental et
social, présenté en avril 2014, inclut la
protection des communautés contre les
acquisitions de terres à grande échelle.
Des titRes De pRopRiÉtÉ pouR les familles expulsÉes
Dans les pays en développement, près
de 227 millions d’hectares de terres,
soit la superficie de l’Europe de l’Ouest,
ont été vendus ou loués depuis 2001.
La majeure partie de ces acquisitions
foncières ont eu lieu au cours des deux
dernières années. Le plus souvent, les
habitants perdent la partie face aux élites
locales et aux investisseurs nationaux
ou étrangers, parce qu’ils ne sont pas en
mesure de faire valoir leurs droits.
5 Alimentation durable et accès aux ressources naturelles
Le monde entier s’est tourné vers
le Guatemala pour la production
d’agrocarburants, à la fois pour l’éthanol
(canne à sucre) et le biodiesel (huile de
palme). Cet engouement a engendré
une nouvelle vague d’accaparements de
terres, prenant pour cible les quelques
rares terres que possédaient encore
les communautés autochtones et
paysannes. Au Guatemala, la superficie
plantée en canne à sucre est passée de
3,4 % de la superficie agricole totale en
1980, à 14 % en 2008.
La région de la Vallée du Polochic,
dans le nord-ouest du pays, est l’une
des zones ciblées pour la culture à
grande échelle de la canne à sucre. En
2005, grâce à un prêt de 26 millions de
dollars de la Banque centraméricaine
d’intégration économique (BCIE), la
famille Widmann a déplacé sa raffinerie
de canne à sucre de la côte sud à la
Vallée du Polochic, la rebaptisant Chawil
Utz’aj (« Bonne canne » en dialecte
q’eqchi’). En 2008, Chawil Utz’aj avait
planté 5 000 hectares de canne à sucre.
Les familles qui cultivaient ces terres
n’ont eu d’autre choix que de partir
s’installer sur les terres arides et
infertiles de la Sierra de las Minas.
Selon la presse, en 2010, Chawil Utz’aj
avait des difficultés à rembourser le
prêt et ses terres ont été mises aux
enchères publiques. Les familles
qui avaient quitté la vallée quelques
années auparavant ont alors décidé de
revenir habiter et cultiver ces terres.
Mais en mars 2011, des services de
sécurité privée ont expulsé de force
769 familles de 14 communautés de la
vallée. Trois personnes sont mortes au
cours des violences.
Avec les familles concernées, les
mouvements paysans guatémaltèques,
les ONG et les sympathisantes et
sympathisants d’Oxfam, nous avons
attiré l’attention de la planète sur le
déplacement forcé de ces familles.
Avec une pétition signée par plus de
100 000 personnes d’une cinquantaine
de pays, nous avons fait pression sur
le gouvernement du Guatemala pour
qu’il accorde une juste compensation
financière à ces familles.
En octobre 2013, les communautés
indigènes ont organisé des
réjouissances lorsque le président du
Guatemala, Otto Pérez Molina, a remis
de nouveaux titres de propriété aux
140 premières familles. La déclaration de
Molina a été énergique : « Je ne relâcherai
pas mes efforts tant que toutes les
familles n’auront pas retrouvé un toit
et reçu des terres. Nous continuerons
à nous battre. Ce n’est pas qu’une
promesse. C’est un engagement envers
les 769 familles de la Vallée du
Polochic ». Depuis, les progrès ont été
lents, mais il y a lieu d’être optimiste et
de croire qu’une solution finira par être
trouvée pour toutes les familles. Nous
continuerons à surveiller la situation
et à rappeler le gouvernement à sa
promesse.
Des communautÉs paYsannes contRe la multinationale Dinant
En janvier 2014, suite à un rapport
d’audit accablant portant sur un prêt
de 30 millions de dollars octroyé par la
Banque mondiale à la société Dinant
(une entreprise productrice d’huile
de palme qui s’accapare de vastes
étendues de terres au Honduras),
Oxfam, en collaboration avec 70 ONG
internationales et alliés locaux, a
demandé à la Banque mondiale de
geler les financements accordés à
Dinant et de faire en sorte que de telles
situations ne se reproduisent pas.
55 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
L’expansion des plantations de palmiers
à huile dans la vallée de l’Aguán a été à
l’origine d’exactions importantes, dont
le meurtre, l’enlèvement et l’expulsion
forcée de communautés paysannes.
L’avocat des communautés a été
assassiné après avoir obtenu gain de
cause pour que les terres leurs soient
rendues aux personnes déplacées par
le projet de plantation de la société
Dinant. Oxfam a contribué à ce que la
responsabilité de la Société financière
internationale (SFI), membre du Groupe de
la Banque mondiale, soit exposée dans
le new york times, le Washington Post
et le Financial Times. Bien que dans
un premier temps la SFI n’ait pas tenu
compte des résultats de ses propres
mécanismes de contrôle, la pression de
la société civile, des médias et de son
conseil d’administration l’ont obligée
à reconsidérer sa position et proposer
de nouvelles solutions concrètes. en
avril 2014, la SFI a publié un mea culpa
en promettant de tirer les leçons de ses
erreurs, non seulement par rapport à
l’affaire Dinant mais aussi dans d’autres
cas de conflits fonciers. elle a également
élaboré un plan d’action pour réduire
l’impact des activités de Dinant dans la
vallée de l’Aguán.
5 Alimentation durable et accès aux ressources naturelles
noS voix ont ÉtÉ entenDueS
en septembre 2011, Oxfam braquait
les projecteurs sur deux transactions
foncières qui ont eu lieu en Ouganda
et dans le cadre desquelles des
communautés ont été expulsées pour
laisser place à des plantations de
bois d’œuvre. en 2013, après quinze
mois de négociations menées par
le Bureau du conseiller-médiateur
(CAO) de la SFI, la communauté de
Mubende a signé un accord définitif
avec la New Forests Company (NFC).
Le CAO est l’organisme chargé de
traiter les plaintes des communautés
souffrant des conséquences des
investissements de la SFI.
Oxfam a soutenu les communautés tout
au long du processus en leur fournissant
des conseils juridiques et en renforçant
leurs capacités. en décembre 2013, la
communauté de Mubende a pu acquérir
500 acres où construire des habitations
et cultiver les terres. Un membre de la
communauté a confié au CAO :
« Aujourd’hui, nous rêvons... nous rêvons
d’avoir un avenir, nous rêvons d’un
nouveau départ, sur nos terres. Je suis
très heureux. » Un autre s’est réjoui
que « même si nous sommes petits et
vulnérables, nos voix ont été entendues
et on nous a écoutés ». Depuis, la
deuxième communauté touchée dans
le district voisin de Kiboga a également
conclu un accord définitif avec la NFC et
est en passe d’acquérir des terres.
l’aveniR
Nous savons qu’il est possible de nourrir toute la planète. Oxfam continuera à travailler aux côtés des millions de personnes à travers le monde qui renforcent leurs capacités à produire des aliments dans un contexte mondial de plus en plus instable. Grâce à notre campagne CULTIvONS, nous continuerons également à maintenir la pression sur les gouvernements, le secteur privé et les institutions internationales, afin d’assurer que les politiques sont équitables et prennent en compte les besoins de l’agriculture familiale et
paysanne.
en 2014-2015, la campagne CULTIvONS mettra l’accent sur les effets du changement climatique sur la production alimentaire. Mais face aux phénomènes météorologiques extrêmes et à l’imprévisibilité des saisons, la production des agricultrices et agriculteurs change déjà. Avec le réchauffement de la planète, l’intensité et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes augmentent. Nous continuerons à exiger des multinationales et des États qu’ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre, afin d’aider les agricultrices et agriculteurs à faire face aux changements climatiques et de veiller à ce que nous puissions toutes et tous manger à notre faim. Nous devrons travailler étroitement avec nos alliés, notamment avec les gouvernements progressistes, afin d’orienter le processus de négociations sur les changements climatiques sous l’égide de l’ONU.
Ci-DeSSuS À DRoite : Oxfam assure la protection des communautés vulnérables risquant de perdre leurs ressources foncières, hydriques et énergétiques face à de puissants intérêts qui cherchent à changer l’affectation des sols. Dans le cadre de cette action médiatique appelant à mettre fin aux accaparements de terres dans les pays en développement, des panneaux SOLD (« vendu ») ont été posés sur des monuments emblématiques du Royaume-Uni. PHOTO © Kieran Doherty | OXFAM
6SeCtion
6SeCtion
57 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
Personne ne devrait se trouver dans
l’obligation d’y réfléchir à deux fois
avant de consulter un médecin.
Pourtant, chaque seconde, trois
personnes sont confrontées à ce
dilemme : décider de faire soigner
un membre de leur famille mais pas
un autre, choisir entre aller chez
le médecin et acheter à manger ou
payer les frais de scolarité. voilà la
dure réalité de la pauvreté. L’accès
gratuit à des services publics de
qualité en matière de santé, mais aussi
d’éducation, transformerait pourtant la
vie de millions de personnes.
Le droit fondamental à l’égalité d’accès
à la santé et à l’éducation est trop
souvent négligé et considéré comme
un luxe insoutenable pour les caisses
de l’État. Le principal obstacle à l’offre
de services publics vient du coût
financier, mais aussi de la difficulté
jugée périlleuse de s’engager à assurer
des soins de santé et un enseignement
de qualité pour toutes et tous. Un fossé
grandissant sépare les riches et les
pauvres partout dans le monde, et les
systèmes politiques tendent de plus en
plus à privilégier les grandes fortunes.
D’où des sociétés fracturées.
Mais ce n’est pas une fatalité. Il est
possible d’enrayer la montée des
inégalités pour bâtir un monde plus
égalitaire et plus fertile. Des services
publics gratuits et de qualité en matière
de santé et d’éducation constituent
des armes puissantes dans la lutte
contre les inégalités et pourraient
devenir réalité dans tous les pays, si
les gouvernements instauraient une
fiscalité progressive et plus juste. Pour
être juste, un système fiscal doit être
transparent et donner les moyens aux
citoyennes et citoyens de demander
des comptes à leur gouvernement et
aux institutions publiques sur leurs
dépenses de santé et d’éducation.
Les pratiques fiscales internationales
peuvent en outre nuire aux pays
les plus pauvres. Les États doivent
conjuguer leurs efforts pour veiller à
ce que les entreprises multinationales
paient leur juste part. L’aide publique
au développement (APD) peut jouer
là un rôle important et aider les pays
en développement à améliorer leur
système de perception de l’impôt
et à renforcer les infrastructures
et les dispositifs nécessaires pour
offrir des services publics de qualité.
Les mesures d’austérité continuent
d’assécher les budgets de l’aide,
mais quelques États, dont le Royaume-
Uni qui a réitéré son engagement de
consacrer 0,7 % de son RNB à l’aide
en 2015, s’efforcent de préserver ces
fonds. Cela doit être la règle et non
l’exception.
Nous travaillons aux côtés de
personnes qui font entendre leur voix,
des personnes qui exigent plus de
justice fiscale et revendiquent leurs
droits à la santé et à l’éducation.
en conjuguant nos efforts, avec les
communautés, les collectifs locaux,
la société civile et les bailleurs de
fonds, nous pouvons faire en sorte
que les États disposent des fonds
nécessaires pour offrir des services
de santé et d’éducation à l’ensemble
de leur population.
paGe pRÉCÉDente : Lucy Chilinda (35 ans) s’occupe d’edith, trois semaines, à l’hôpital Bwalia de Lilongwe, au Malawi. elle a déjà assuré trois services de 24 heures cette semaine. Son salaire a augmenté, mais reste insuffisant. elle adore son travail d’infirmière et espère que les choses vont s’améliorer. PHOTO © Abbie Trayler-Smith | OXFAM
58 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
DÉnonCeR leS inÉGalitÉS
en finiR aveC leS
inÉGalitÉS extRÊmeS
Le fossé entre riches et pauvres se
creuse dans les pays du monde entier.
Nombre d’organisations de premier plan
voient dans la montée des inégalités
économiques un risque majeur pour
le développement humain, gage d’un
plus grand bonheur et de plus de
sécurité pour toutes et tous. Le Forum
économique mondial, notamment, a
souligné que ces disparités croissantes
risquent de compromettre la stabilité
sociale et la sécurité dans le monde.
Une étude d’Oxfam, dont le rapport
s’intitule « en finir avec les inégalités
extrêmes », a établi que les 85
personnes les plus riches du monde
possèdent autant que la moitié la plus
pauvre de la population mondiale.
6 Financement du développement et services essentiels
Cette concentration massive de
ressources économiques entre les
mains d’un petit nombre met en péril
les systèmes politiques inclusifs. elle
permet aux plus riches de fragiliser
les processus démocratiques et de
dicter les politiques qui, comme le
secret bancaire et les paradis fiscaux,
favorisent leurs intérêts aux dépens
du reste de la population. Selon des
sondages réalisés dans six pays
(Afrique du Sud, Brésil, espagne, États-
Unis, Inde et Royaume-Uni), la majeure
partie de la population estime que les
lois sont faussées en faveur des riches.
Oxfam a dominé les débats dans les
médias et sur les réseaux sociaux lors
du Forum économique mondial qui se
tenait à Davos, en janvier 2014. Depuis,
ce chiffre continue d’être cité à travers le
monde, et nous continuons de dénoncer
le creusement des inégalités extrêmes.
« Oxfam a dominé les débats dans les médias et sur les réseaux sociaux lors du Forum économique mondial »
au SeRviCe De la majoRitÉ
Le rapport « en finir avec les inégalités
extrêmes » soulignait que les inégalités
croissantes peuvent fausser les
systèmes politiques en faveur des plus
riches, mais expliquait aussi que les
inégalités ne sont pas une fatalité et
qu’il est possible de les combattre avec
des politiques qui bénéficient à tout le
monde. Faisant suite à cela, un autre
rapport d’Oxfam, « au service de la
majorité », a analysé les services publics,
tels que la santé et l’éducation, et établi
qu’ils constituent l’une des meilleures
armes dans ce combat. Ces services
bénéficient à toutes et tous, surtout aux
personnes les plus démunies.
le piÈGe De l’auStÉRitÉ
Face à la généralisation des mesures
d’austérité en europe, Oxfam a étudié
l’impact de la pauvreté et des inégalités
dans la région. Notre rapport « le
piège de l’austérité » présente des
perspectives accablantes pour l’avenir
de l’europe : il prédit que la poursuite
des mesures d’austérité pourrait plonger
jusqu’à 25 millions d’européennes et
européens dans la pauvreté d’ici 2025.
Les personnes en situation de pauvreté
représenteraient alors plus du quart de la
population européenne.
Sur la base d’une analyse comparative
des politiques imposées à l’Amérique
latine, à l’Asie du sud-est et à l’Afrique
subsaharienne dans les années 1980
et 1990 et de son expérience concrète
dans ces régions, Oxfam a mis en
garde les responsables européens
contre les lourdes conséquences
d’une austérité rigoureuse. estimant
qu’il existe d’autres choix, Oxfam a
appelé les gouvernements européens
à favoriser une croissance inclusive qui
améliorerait le sort de leur population
et de l’environnement.
Les responsables politiques pourraient
notamment instaurer des systèmes
fiscaux plus équitables, garantissant
que les plus riches paient leur juste
part et resserrant les mailles du filet sur
les multinationales et les particuliers
qui continuent de se soustraire à
l’impôt. Cette approche permettrait de
mobiliser davantage de fonds en faveur
de services de base, tels que la santé
et l’éducation, dont les citoyennes
et citoyens les plus vulnérables en
europe se voient de plus en plus
refuser le bénéfice.
59 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
la SantÉ pouR touteS et touS
Le Lesotho est un petit pays enclavé
dans l’Afrique du Sud. C’est l’un des
pays les plus pauvres et inégalitaires
au monde, et il fait face à de nombreux
défis en matière de santé, avec
notamment le troisième taux d’infection
au vIH/sida dans le monde. Le Queen
Mamohato Memorial Hospital a été
construit pour remplacer l’ancien
hôpital public principal du Lesotho,
le Queen elizabeth II, dans la capitale
Maseru. Il s’agit du premier projet
du genre sur le continent africain et
dans un pays à faible revenu : toutes
les installations ont été conçues,
construites, financées et gérées
dans le cadre d’un partenariat public-
privé (PPP) englobant l’ensemble des
services cliniques. Ce PPP a été monté
sur les conseils de la Société financière
internationale (SFI), l’organisme
d’investissement dans le secteur privé
du Groupe de la Banque mondiale.
Il promettait de considérablement
améliorer la qualité des services de
santé pour le même coût annuel que
l’ancien hôpital public.
La réalité est tout autre. Le ministère
lesothan de la Santé se retrouve à
présent lié par un contrat de 18 ans
qui absorbe déjà plus de la moitié de son
budget. Pire, les maigres fonds publics
qui étaient consacrés aux services de
santé primaires dans les régions rurales,
où vit la majeure partie de la population,
ont été détournés au profit de cet hôpital.
L’expérience du Lesotho ne fait que
conforter ce qui a déjà été démontré
dans d’autres pays, à savoir que ce type
de partenariat public-privé est très risqué
et onéreux, et ne permet pas de parvenir
à la couverture santé universelle.
Dans le rapport « une dangereuse
diversion », Oxfam et l’Association
de protection des consommateurs
du Lesotho font valoir que la SFI doit
répondre de la médiocrité des conseils
qu’elle a dispensés au gouvernement
du Lesotho et du fait qu’elle a promu
ce type de PPP, le présentant comme
un succès international, en dépit de
coûts manifestement exorbitants.
Oxfam demande également à la SFI de
réévaluer le projet pour pouvoir en tirer
les leçons sur le bien-fondé des PPP
dans le secteur de la santé, dans les
pays à faible revenu.
6 Financement du développement et services essentiels
Ci-DeSSuS À GauChe : Au Lesotho, Oxfam critique un hôpital construit en partenariat public-privé, car il prive les régions rurales et pauvres de financements essentiels. À lui seul, le consortium qui gère le Queen Mamohato Memorial Hospital, initialement conçu pour améliorer les soins de santé, engloutit 51 % du budget national de la santé. Les autres pays d’Afrique sont mis en garde : surtout ne pas répéter l’erreur du Lesotho. PHOTO © Sandhya Suri | OXFAM
60 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
Ce rapport a été lancé en avril 2014, en
amont des réunions de printemps de la
Banque mondiale et du Fonds monétaire
international (FMI) à Washington, et
s’inscrivait dans le cadre des activités
de plaidoyer que mène Oxfam auprès des
institutions financières internationales,
telles que la SFI. Interpellé à propos du
PPP au Lesotho lors d’un événement
public qui se tenait pendant ces
réunions, le président du Groupe de
la Banque mondiale a répondu qu’il
examinera le cas « très attentivement »
afin d’établir si la banque maintient un
bon équilibre entre les services de santé
publics et privés. De son côté, le ministre
lesothan de la Santé a admis que son
gouvernement avait été mal conseillé,
tandis que son homologue sud-africain
rappelait qu’il avait émis des mises en
garde contre un tel projet.
Après ces premières excellentes
avancées, Oxfam et l’Association de
protection des consommateurs du
Lesotho attendent encore une réaction
officielle du Groupe de la Banque
mondiale à leur rapport et appellent
la SFI à adopter un plan d’action
précis permettant d’éviter qu’une telle
situation ne se reproduise.
CouveRtuRe SantÉ univeRSelle
Riches ou pauvres, nous devrions toutes
et tous avoir accès aux services de santé
et aux médicaments dont nous avons
besoin, sans risquer de nous retrouver
en difficulté financière. Pourtant, chaque
seconde, trois personnes basculent dans
la pauvreté, car elles doivent trouver le
moyen de payer leurs soins médicaux.
en permettant à celles et ceux qui en
ont le plus besoin de bénéficier de soins
de santé vitaux, la couverture santé
universelle (CSU) pourrait changer la vie
de millions de personnes.
Malheureusement, prétendant soutenir
la CSU, certains bailleurs et pays en
développement favorisent des régimes
d’assurance maladie qui risquent de
creuser les inégalités en ne couvrant
qu’une petite partie de la population :
celles et ceux qui ont un emploi dans
le secteur formel. Les personnes les plus
pauvres et marginalisées, qui n’ont pas les
moyens de payer les primes d’assurance,
restent trop souvent exclues.
Le rapport d’Oxfam intitulé « Couverture
santé universelle : pourquoi les
personnes en situation de pauvreté
sont les laissés-pour-compte des
6 Financement du développement et services essentiels
régimes d’assurance maladie » attire
l’attention sur ce problème et présente
des exemples de pays ayant privilégié
les dépenses publiques pour la santé
afin d’élargir la couverture santé.
Selon les estimations, améliorer la
perception de l’impôt dans 52 pays
en développement pourrait permettre
d’accroître les recettes fiscales de 457
milliards de dollars, soit de quoi doubler
les budgets de la santé dans ces pays.
Ce rapport a été présenté en avant-
première en Zambie, dans le cadre d’un
événement qui a réuni le ministère
zambien de la Santé, des économistes du
Ghana et de Tanzanie spécialisés dans
le secteur de la santé, ainsi qu’Oxfam
Zambie, afin d’examiner les moyens
d’améliorer la couverture maladie. À
l’époque, le gouvernement de la Zambie
étudiait la possibilité de mettre en
place un régime d’assurance maladie
pour les personnes travaillant dans le
secteur formel afin d’accroître les fonds
disponibles pour le budget de la santé.
Mais depuis cet événement, il a collaboré
plus étroitement avec les organisations
de la société civile à l’élaboration d’une
stratégie complète de financement de la
santé visant à répondre aux besoins de
l’ensemble de la population zambienne.
RoBin DeS BoiS – finanCeR le DÉveloppement
Avec de nombreuses autres
organisations, Oxfam mène
campagne depuis 2010 pour que les
gouvernements européens instaurent
une taxe sur les transactions
financières (TTF). Cette « taxe Robin des
bois » consiste en une taxe minuscule
qui, appliquée au secteur bancaire,
pourrait générer des milliards de dollars
pour lutter contre la pauvreté et le
changement climatique dans le monde.
Sa mise en œuvre historique par onze
États européens étant désormais plus
proche que jamais, Oxfam a continué
à faire pression pour qu’une partie
des recettes serve les intérêts des
citoyennes et citoyens et de la planète.
Cette cause a recueilli un large soutien
du public. Plus de 750 000 personnes
ont déjà signé la pétition, visant le
million de signatures, pour montrer aux
responsables politiques la popularité de
cette toute petite taxe. La sensibilisation
aux enjeux de la taxe Robin des bois
était au cœur de la stratégie d’Oxfam.
Cette année, l’acteur Bill Nighy a donc
de nouveau endossé le rôle du Banquier
61 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
dans un court-métrage au casting
prestigieux : « le jt du futur ». De
nombreuses manifestations organisées
à travers l’europe, dans le cadre de
la coalition Taxe Robin des bois, ont
également porté la question à l’attention
des médias, à des moments décisifs.
Les lobbies financiers n’ont eu
de cesse de faire pression sur la
proposition de TTF européenne afin
d’en limiter le champ d’application.
Le Royaume-Uni avait même déposé
un recours auprès de la Cour de
justice européenne, qui l’a cependant
rapidement rejeté en mars 2014.
Bien que la proposition initiale soit
loin d’arriver aux 37 milliards d’euros
de recettes potentielles, Oxfam
continuera de se mobiliser pour qu’une
part non négligeable des recettes
générées serve à financer les services
publics et des projets de lutte contre
le changement climatique en europe
et dans les pays en développement.
l’aRt pouR DÉfenDRe l’apD
Le gouvernement espagnol actuel renie
ses engagements en matière d’aide
et de coopération au développement.
Oxfam a donc mis au point une
stratégie innovante pour informer et
mobiliser les citoyennes et citoyens. Il
a fallu notamment trouver des moyens
de toucher de nouveaux publics pour
sensibiliser à l’impact qu’aurait une
réduction du budget espagnol de l’aide
publique au développement (APD).
Dans le cadre d’un projet, quinze artistes
espagnols très en vue se sont rendus
dans des pays bénéficiaires de l’aide
humanitaire et au développement
6 Financement du développement et services essentiels
de l’espagne. À leur retour, ils ont
exprimé dans leur art leurs nouvelles
connaissances et leur sentiment sur
l’utilité de cette aide. Cela a abouti à la
création et à l’exposition de plusieurs
bandes dessinées (accessibles à l’aide
d’une appli BD) et d’œuvres d’art dans le
cadre de Comic Cons et de foires d’art,
visitées par environ 8 000 personnes.
Sur Internet, le lancement d’une
initiative originale d’action en ligne
(#DaTactic), au début du mois
« ils ont exprimé dans leur art leurs nouvelles connaissances et leur sentiment sur l’utilité de l’aide au développement »
d’avril 2014, a également permis
de toucher de nouveaux publics et
d’attirer l’attention sur l’amputation
des budgets de l’espagne alloués à
l’aide au développement. À l’occasion
de la publication des statistiques
officielles de l’aide en 2013 par
l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDe),
ce site Web a réuni un large éventail
d’ONG, d’associations et de collectifs
citoyens, ainsi que des journalistes
et des « ambassadrices et ambas-
sadeurs » des réseaux sociaux. Le
hashtag #LaAyudaImporta (« l’aide est
importante ») a fait le buzz pendant
plusieurs heures dans toute l’espagne,
et des personnalités politiques et
des journalistes influents ont déclaré
soutenir l’APD sur Twitter. Plusieurs
quotidiens et des blogs ont également
couvert le sujet, et la plupart des
ONG ont publié des messages pour
défendre l’APD.
juStiCe fiSCale et union euRopÉenne
Les pays pauvres perdent environ 700
milliards d’euros par an dans des flux
financiers illicites. Face à ce constat,
Oxfam a continué de faire pression
sur les institutions européennes et
les États membres de l’Union sur une
série de questions fiscales. Malgré des
avancées importantes, les politiques
fiscales européennes s’appliquant
aux multinationales sont encore loin
d’assurer l’équité et la transparence.
Sachant que les deux tiers des 18 500
milliards de dollars cachés offshore par
des particuliers se trouvent dans des
paradis fiscaux liés aux pays européens,
l’Ue a indubitablement un rôle central à
jouer dans ce combat contre un manque
à gagner fiscal qui prive les plus démunis
de financements essentiels, en europe
comme dans les pays en développement.
en mars 2014, après cinq ans
d’obstruction de la part du Luxembourg
et de l’Autriche, l’Ue a enfin décidé
d’augmenter la quantité d’informations
partagées automatiquement par
les autorités fiscales nationales. Ce
nouveau mécanisme permettra de
62 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
mieux comprendre ce qu’il advient des
850 milliards d’euros qui échappent
chaque année à l’impôt, en europe, à
cause de la fraude fiscale. L’Ue obligera
bientôt les banques européennes à
indiquer les pays dans lesquels elles
ont des filiales, y compris les paradis
fiscaux, ce qui permettra d’établir si
elles paient leur juste part d’impôt.
elle a également décidé d’imposer aux
entreprises extractives de déclarer les
montants qu’elles paient dans les pays
riches en ressources naturelles. C’est
une étape essentielle dans la lutte
contre la corruption et l’évasion fiscale,
qui permettra aux populations des pays
en développement de bénéficier de la
richesse du sous-sol de leur pays et de
sortir de la pauvreté.
Oxfam continuera à mener campagne
pour que ces normes d’information
financière soient également
appliquées dans d’autres secteurs,
tels que la construction et les
télécommunications. Ces changements
législatifs montrent que l’Ue prend
conscience de l’état de crise de notre
système fiscal. Oxfam doit poursuivre
sur cette lancée pour atteindre
l’objectif d’un système parfaitement
transparent, qui ne défavorise pas les
plus pauvres, tant en europe que dans
les pays en développement.
puBlieZ Ce Que vouS payeZ
Le Niger est l’un des pays les plus
pauvres du continent africain, alors
qu’il fournit l’uranium permettant
d’éclairer une ampoule sur trois en
France. Le Niger est un fournisseur
stratégique d’Areva, leader français de
l’énergie nucléaire. Les filiales d’Areva
basées dans le pays bénéficient
d’avantages fiscaux considérables,
tandis que la population nigérienne
bénéficie trop peu de l’exploitation
du minerai et se voit privée de fonds
essentiels qui pourraient permettre
d’améliorer les services publics.
Le contrat entre la multinationale
française et le gouvernement du Niger
expirait en décembre 2013. Pendant la
négociation de son renouvellement,
Oxfam et l’association nigérienne
Rotab, toutes deux membres de la
coalition publiez ce que vous payez,
se sont associées pour effectuer
une analyse approfondie du contrat
d’exploitation d’uranium liant Areva et
6 Financement du développement et services essentiels
Ci-DeSSuS À DRoite : Oxfam a mené campagne avec succès pour qu’Areva, qui exploite des mines d’uranium au Niger, contribue davantage à l’économie nigérienne en payant sa juste part d’impôt. Ces recettes fiscales permettront de financer les services publics dont la population a tant besoin, notamment les pasteurs nomades (ici sur un marché de bétail à Kundumawa) en période de grave pénurie alimentaire. PHOTO © Aubrey Wade | OXFAM
63 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
6 Financement du développement et services essentiels
le Niger. Une pression ciblée dans les
médias et sur Internet en ont fait un
enjeu d’intérêt public, et la question a
été abordée par de nombreux journalistes
dans leurs interviews, notamment du
président du Niger en visite en France.
Il était désormais impossible d’ignorer
la voix de la population nigérienne, et
des négociations qui se déroulaient
auparavant en toute discrétion se sont
retrouvées sous le feu des médias.
Résultat : le gouvernement français a
dû officiellement prendre position et
soutenir les exigences « légitimes » du
Niger à l’égard d’Areva.
Le Niger et la multinationale française
ont finalement conclu un nouvel accord,
et cette dernière s’est engagée à
respecter la loi minière nigérienne de
2006. Les droits qu’elle paie sur l’uranium
extrait passeront progressivement
de 5,5 % à 12 %, ce qui signifie que
l’entreprise ne devrait plus bénéficier
de privilèges fiscaux, même si le détail
des conventions avec les filiales d’Areva
n’est pas encore connu. Ce résultat, fruit
d’un plaidoyer tenace auprès des États
et d’Areva, au Niger comme en France,
montre tout l’intérêt d’unir ses forces et
de mener campagne en partenariat.
aCCÈS À l’ÉDuCation : meS DRoitS, ma voix
Les jeunes ont le pouvoir et l’énergie
de susciter le changement dans
leur vie et au sein de leur famille,
leur communauté et leur pays. Le
programme « Mes droits, ma voix »
vise à les mobiliser et à les aider à
faire valoir leurs droits à la santé et
à l’éducation. Près de la moitié de la
population mondiale est âgée de moins
de 25 ans, et 85 % de ces jeunes vivent
dans un pays en développement. Nous
Ci-DeSSuS À GauChe : Des jeunes de la communauté donnent une représentation culturelle dans le cadre d’un programme de sensibilisation sanitaire dans le district de Banke, au Népal. PHOTO © Bal Krishna Kattel | OXFAM
adaptons le programme à la situation
et aux besoins particuliers des jeunes
dans chacun des pays où il est mis en
œuvre : l’Afghanistan, la Géorgie, le
Mali, le Népal, le Niger, le Pakistan, la
Tanzanie et le vietnam.
en Afghanistan, des conseils de la
jeunesse ont été mis sur pied dans
180 communautés afin de développer
des réseaux et de donner les moyens
aux jeunes de réaliser certains des
changements qu’ils souhaitent voir
dans la société. Parmi ces conseils
constitués de représentants élus,
88 sont présidés par des femmes.
Une journée d’apprentissage a été
organisée à Kaboul pour permettre
aux participants de tout l’Afghanistan
d’échanger des idées et de définir
un objectif commun pour l’ensemble
des conseils. Cette journée a
également offert aux jeunes un espace
d’interaction avec des ministres,
des parlementaires, l’ONU et des
organisations de la société civile, dans
le cadre duquel ils ont fait entendre
leurs points de vue.
Selon Samera, 18 ans, représentante
de l’un des conseils de la jeunesse,
faire partie d’un groupe leur a permis de
« donner de la voix et de voir des suites
concrètes à leurs revendications ». Le
groupe de Samera a déjà enregistré
des succès, dont la résolution d’un
problème de pénurie de livres dans
les écoles locales. elle estime que
les jeunes « pourraient apporter des
changements positifs dans la politique
et jouer un rôle dans la stabilisation de
notre pays ».
7SeCtion
65 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
7SeCtion
intRoDuCtion
Oxfam ne peut changer des vies que
grâce aux millions de sympathisantes
et sympathisants qui font partie
de son mouvement mondial.
Leur soutien financier prend de
nombreuses formes : dons mensuels
ou ponctuels dans le cadre d’appels
à la générosité du public en cas de
situation d’urgence, organisation et
participation à des événements, dont
l’Oxfam Trailwalker, cadeaux « Oxfam
s’emballe », achats dans les 1 200
magasins Oxfam à travers le monde,
ou encore legs testamentaires.
Les partenariats avec des bailleurs
institutionnels constituent un autre
volet important des activités de
recherche de financements d’Oxfam.
Nous nous efforçons de renforcer
le caractère stratégique de ces
partenariats et de les inscrire dans le
long terme, chaque fois que possible.
Nous continuons en outre d’enrichir
notre expérience des grands
appels à projets internationaux
pour notre travail humanitaire, de
développement et de campagne.
oxfam italie : aCtion hello Kitty
en septembre 2013, Hello Kitty s’est
faite le héraut de la lutte contre la
pauvreté et les injustices avec le
lancement d’un t-shirt en édition limitée,
inspiré de la top-modèle, photographe
et ambassadrice d’Oxfam : Helena
Christensen. en association avec Sanrio
(la société qui détient les droits d’Hello
Kitty), le fabricant de t-shirts Fashion
Lab et l’enseigne italienne de grands
magasins Coin, 1 600 t-shirts ont été
réalisés et vendus au profit d’Oxfam dans
50 magasins Coin, en Italie. Swarovski
elements a également rejoint l’équipe
et fait don des pierres qui ornaient
les t-shirts, ajoutant une touche
supplémentaire d’exclusivité.
Lors de la conférence de presse qui
s’est tenue dans le magasin phare de
Coin à Milan, le t-shirt a été dévoilé en
grande pompe, avec un discours d’Helena
Christensen évoquant son premier
voyage avec Oxfam dans le pays natal de
sa mère, le Pérou. Helena a ainsi raconté
son ascension à plus de 4 500 mètres
d’altitude, dans les Andes, pour voir le
glacier Ausangate, qui fond à une vitesse
alarmante. Depuis des milliers d’années,
paGe pRÉCÉDente : Au Royaume-Uni, le défi annuel au profit d’Oxfam et du Gurkha Welfare Trust consiste à marcher cent kilomètres à travers les South Downs en équipe. PHOTO © Karen Robinson | OXFAM
FINANCEMENT
66 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
7ce glacier permet aux populations
établies au pied des montagnes de
subvenir à leurs besoins. Helena
avait pu constater que les rivières
s’assèchent et évoquer le manque de
précipitations avec des agricultrices et
agriculteurs de la région.
Grâce à l’énorme couverture médiatique
des t-shirts Hello Kitty, cette initiative
a largement contribué à mieux faire
connaître le nom d’Oxfam en Italie. La
vente des t-shirts a également permis
de réunir 15 000 euros.
ColleCte De fonDS D’uRGenCe
Au cours de l’année écoulée, Oxfam est
intervenue dans près de 50 situations
d’urgence à travers le monde, dont
12 crises majeures. Mais c’est grâce à
nos sympathisantes et sympathisants
remarquables que nous avons pu
apporter aux communautés vulnérables
une aide essentielle, qui a sauvé des
vies. Dans le monde entier, ils ont
réagi avec générosité et créativité à
nos appels de fonds humanitaires lors
de situations d’urgence telles que
le typhon Haiyan aux Philippines et
la crise en Syrie. Des communautés
entières se sont mobilisées pour lancer
des collectes, parrainer des marches et
organiser des ventes aux enchères, par
exemple. Des hommes et des femmes
ont repoussé leurs limites, escaladant
même des montagnes, pour réunir des
fonds au profit d’Oxfam. Cet esprit et
cette générosité ont permis à Oxfam
d’apporter une aide vitale à plus de
730 000 personnes aux Philippines et à
près d’un million de personnes en Syrie,
en Jordanie et au Liban.
À sept ans, Mungo Sweeny, de
Melbourne en Australie, est l’un des
plus jeunes sympathisants d’Oxfam.
Après avoir vu des images des ravages
causés par le typhon Haiyan, il a
absolument tenu à faire quelque chose
pour les sinistrés. « Pendant son
goûter, nous parlions de cette terrible
nouvelle et de ce que ça lui ferait de
perdre tous ses jouets, a expliqué son
père, Dave, au journal The Herald Sun.
Il lui est alors venu à l’esprit que tout le
monde peut faire sa part. » Armé de son
ukulélé, Mungo a fait la manche devant
chez lui et a collecté 1 200 dollars.
Ci-DeSSuS À DRoite : À sept ans, il joue du ukulélé dans la rue pour collecter des fonds au profit des personnes sinistrées par le typhon Haiyan. PHOTO © David Smith | OXFAM
Au Royaume-Uni, Ben Ansell a créé
une boutique électronique pour vendre
du café à ses amis au prix de 2,50
livres sterling la tasse. Sur sa page
de financement participatif, Ben avait
affiché le message suivant : « Tout
le café proposé est bio, équitable et
100 % virtuel. L’intégralité de l’argent
que vous versez servira à financer les
opérations d’approvisionnement en
eau et d’assainissement menées
par Oxfam en aide aux personnes
touchées par le typhon Haiyan. » Ben
a ainsi réuni 630 livres.
FINANCEMENT
67 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
7
Ci-DeSSuS À GauChe : Helena Christensen a collaboré à un nouveau t-shirt Hello Kitty pour Oxfam. en association avec Sanrio, qui détient les droits Hello Kitty, le fabricant de t-shirts Fashion Lab et l’enseigne italienne de grands magasins Coin, 1 600 t-shirts ont été réalisés et vendus au profit d’Oxfam dans 50 magasins Coin, en Italie. PHOTO © OXFAM
ReSSouRCeS De la ConfÉDÉRation oxfam
exercice : du 1er avril 2013 au 31 mars 2014
Tous les chiffres sont exprimés en millions d’euros.
Ces chiffres représentent les ressources financières consolidées de l’ensemble de
la confédération (15* affiliés plus le secrétariat Oxfam International), hors transferts
entre affiliés. Ces données sont fournies à titre indicatif et ne correspondent pas aux
chiffres définitifs et audités des différents affiliés. Pour des informations précises, il
convient de s’adresser directement aux affiliés.
Les Standards financiers d’Oxfam constituent des normes minimales que les affiliés
doivent respecter dans des domaines tels que le contrôle interne. La conformité
aux normes minimales est contrôlée par un système d’examens par les pairs, dont
le prochain cycle doit avoir lieu en 2015. Il incombe à chaque affilié d’instaurer et
d’actualiser ses propres mécanismes d’allocation des ressources et de décider de
l’emploi des fonds.
*Oxfam Japon et Oxfam Mexique non compris
FINANCEMENT
68 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
7valeuR monÉtaiRe totale DeS fonDS ReçuS paR SouRCe
exercice : du 1er avril 2013 au 31 mars 2014. en millions d’euros.
Sources de financement millions € %
Fonds institutionnels 397,7 M€ 42,0 %
ONU et institutions des Nations unies 47,4 M€ 5,0 %
Ue et institutions européennes 75,3 M€ 8,0 %
Autres institutions supranationales 4,0 M€ 0,4 %
Bailleurs publics nationaux 204,2 M€ 21,6 %
Autres bailleurs publics 41,0 M€ 4,3 %
ONG et autres 25,5 M€ 2,7 %
Organismes associés 0,3 M€ 0,0 %
Fonds privés 346,7 M€ 36,5 %
Événements de collecte 18,4 M€ 1,9 %
Appels humanitaires 41,1 M€ 4,3 %
Dons réguliers 145,3 M€ 15,3 %
Dons ponctuels 55,0 M€ 5,8 %
Legs 26,5 M€ 2,8 %
Loteries 13,6 M€ 1,4 %
Autres dons d’entreprises et de fondations 28,2 M€ 3,0 %
Autres fonds privés 18,6 M€ 2,0 %
Intérêts et revenus des investissements 8,1 M€ 0,9 %
ventes* 181,4 M€ 19,2 %
Autres ressources 13,2 M€ 1,4 %
total des ressources 947,1 m€ 100 %
* Chiffres bruts. Les frais n’ont pas été retranchés.
leS Six pRinCipaleS SouRCeS De finanCement et leuR valeuR monÉtaiReexercice : du 1er avril 2013 au 31 mars 2014. en millions d’euros.
millions €
Bailleurs publics nationaux 204,2 M€
ventes* 181,4 M€
Dons réguliers (Fonds privés) 145,3 M€
Ue et institutions européennes (Fonds institutionnels) 75,3 M€
Dons ponctuels 55,0 M€
ONU et institutions des Nations unies (Fonds institutionnels) 47,4 M€
total des six principales sources de financement 708,6 m€
produit net des ventes : millions €
ventes 181,4 M€
Dépenses liées aux ventes 143,7 M€
produit net des ventes 37,7 m€
Ressources et dépenses millions €
Total des ressources 947 M€
Total des dépenses 922 M€
excédent 25 m€
Bilan millions €
Total de l’actif 616 M€
Total des dettes 296 M€
actif net 320 m€
69 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
DÉpenSeS De la ConfÉDÉRation oxfam*
Ces données sont fournies à titre indicatif et ne correspondent pas aux chiffres
définitifs et audités des différents affiliés. Pour des informations précises, il convient
de s’adresser directement aux affiliés.
exercice : du 1er avril 2013 au 31 mars 2014. en millions d’euros.
Catégorie millions € %
programmes 631 m€ 69 %
Mise en œuvre des programmes 529 M€ 58 %
Développement et humanitaire 473 M€ 52 %
Influence 56 M€ 6 %
Gestion des programmes 102 M€ 11 %
hors programme 284 m€ 31 %
Gestion et administration 60 M€ 7 %
Collecte de fonds/marketing 80 M€ 9 %
Fonds institutionnels 5 M€ 1 %
Collecte de fonds auprès du public/marketing 75 M€ 8 %
Dépenses liées aux ventes 144 M€ 16 %
total des dépenses 915 m€ 100 %
* Ces chiffres ne tiennent pas compte d’une perte de 7 millions d’euros.
8SeCtion
70 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
DÉpenSeS De la ConfÉDÉRation oxfam DÉpenSeS De pRoGRamme
exercice : du 1er avril 2013 au 31 mars 2014. en millions d’euros.
Régions millions m€ %
Fonds alloués au niveau mondial 116,8 M€ 18,5 %
Afrique centrale et de l’est 57,7 M€ 9,1 %
Corne de l’Afrique 53,6 M€ 8,5 %
Afrique de l’Ouest 79,3 M€ 12,6 %
Afrique australe 36,5 M€ 5,8 %
Maghreb et Moyen-Orient 68,3 M€ 10,8 %
Asie de l’est 74,5 M€ 11,8 %
Asie du Sud 47,3 M€ 7,5 %
europe de l’est et ancienne Union soviétique 12,8 M€ 2,0 %
Amérique centrale, Mexique et Caraïbes 35,4 M€ 5,6 %
Amérique du Sud 20,8 M€ 3,3 %
Pacifique 10,4 M€ 1,6 %
Autres* 17,9 M€ 2,8 %
total 631,3 m€ 100 %
objectifs millions € %
Moyens de subsistance 192,7 M€ 30,5 %
Services sociaux de base 68,2 M€ 10,8 %
vie et sécurité 199,1 M€ 31,5 %
Droit de se faire entendre 90,4 M€ 14,3 %
Identité 80,9 M€ 12,8 %
total 631,3 m€ 100 % * La catégorie « Autres » couvre les fonds alloués au niveau régional pour 1) la Corne de l’Afrique et l’Afrique
centrale et de l’est et 2) l’Amérique latine et les Caraïbes, ainsi que les dépenses de programme en europe
occidentale et en Amérique du Nord.
12,8 %IDeNTITÉ
14,3 % DROIT De Se
FAIRe eNTeNDRe
31,5 %vIe eT SÉCURITÉ
30,5 %MOyeNS De SUBSISTANCe
10,8 %SeRvICeS SOCIAUX De BASe
2,0 % eUROPe De L’eST eT
ANCIeNNe UNION SOvIÉTIQUe
7,5 %ASIe DU SUD
18,5 %FONDS ALLOUÉS AU NIveAU MONDIAL
9,1 %AFRIQUe CeNTRALe eT De L’eST
8,5 % CORNe De L’AFRIQUe
12,6 % AFRIQUe De L’OUeST
5,8 %AFRIQUe AUSTRALe
10,8 % MAGHReB eT
MOyeN-ORIeNT
2,8 %AUTReS*
1,6 %PACIFIQUe
3,3 %AMÉRIQUe DU SUD
11,8 %ASIe De L’eST
5,6 %AMÉRIQUe CeNTRALe, MeXIQUe eT CARAïBeS
DÉpenSeS paR RÉGion
DÉpenSeS paR oBjeCtif StRatÉGiQue
8DÉPENSES
71 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
DÉpenSeS De la ConfÉDÉRation oxfam
leS DÉpenSeS De pRoGRamme pouR leS 20 pRinCipaux payS BÉnÉfiCiaiReS S’ÉlÈvent À 262,2 millionS D’euRoS, Soit 42 % Du total
exercice : du 1er avril 2013 au 31 mars 2014. en millions d’euros.
les 20 principaux pays bénéficiaires millions €
Congo, République démocratique du 23,3 M€
Philippines 20,6 M€
Soudan du Sud 19,4 M€
Territoire palestinien occupé 19,0 M€
Niger 16,5 M€
Éthiopie 15,6 M€
yémen 15,2 M€
Mali 13,4 M€
Pakistan 13,0 M€
Somalie 11,7 M€
Mozambique 10,7 M€
Chine 10,6 M€
Haïti 10,1 M€
Kenya 10,1 M€
Afghanistan 9,9 M€
Myanmar 9,4 M€
Tchad 9,0 M€
Ouganda 8,8 M€
Liban 8,1 M€
Bangladesh 7,7 M€
total des 20 principaux pays bénéficiaires 262,2 m€
5 10 15 20 25
8DÉPENSES
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72 | RappoRt annuel D’oxfam 2013 - 2014
Oxfam est une organisation internationale de développement qui mobilise le pouvoir citoyen contre la pauvreté. nous sommes une confédération de 17 organisations travaillant ensemble dans plus de 90 pays.
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