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Objet d’étude 1 Présentation de l’objet d’étude 1 4 Interrogation 1 Séquence A Le vampire 6 Séquence B Sherlock Holmes 18 ACTIVITÉS ET PROLONGEMENTS 32 Histoire des arts Füssli 34 Interrogation 2 Séquence A Ruy Blas de V. Hugo 36 Séquence B Les Miettes de P. Pinaud 47 ACTIVITÉS ET PROLONGEMENTS 60 Histoire des arts Delacroix 64 Interrogation 3 Séquence A Bouvard et Pécuchet 66 Séquence B Madame Baptiste 74 ACTIVITÉS ET PROLONGEMENTS 84 Histoire des arts Courbet 86 Étude de la langue 88 Î Î Vers le bac pro 92 Sous la direction de Chantal Delannoy-Poilvé Formatrice en Lettres, IUFM de l’académie de Créteil-Paris 12 Anissa Belhadjin Maître de conférences Université de Cergy-Pontoise, IUFM de l’académie de Versailles Nadia Gilard Professeur de lycée professionnel Lycée Jean Caillaud, Ruelle-sur-Touvre (académie de Poitiers) Alix Giraud Professeur de lycée professionnel Lycée Paul Poiret (académie de Paris) Virginie Lagrange Professeur de lycée professionnel Lycée Théodore Monod, Noisy-le-Sec (académie de Créteil) Natacha Levet Maître de conférences IUFM de l’académie de Limoges David-Camille Piétras Professeur de lycée professionnel Lycée Henri Sellier, Livry-Gargan (académie de Créteil) Sandrine Philippe Inspectrice de l’Éducation nationale en Lettres (académie de Créteil) Livre du professeur Français 2 e Bac Pro Programme 2009 Livre du professeur Français 2 e Bac Pro © Belin 2009

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Objet d’étude 1Présentation de l’objet d’étude 1 4

Interrogation 1 Séquence A Le vampire 6Séquence B Sherlock Holmes 18ACTIVITÉS ET PROLONGEMENTS 32Histoire des arts Füssli 34

Interrogation 2 Séquence A Ruy Blas de V. Hugo 36Séquence B Les Miettes de P. Pinaud 47ACTIVITÉS ET PROLONGEMENTS 60Histoire des arts Delacroix 64

Interrogation 3 Séquence A Bouvard et Pécuchet 66Séquence B Madame Baptiste 74ACTIVITÉS ET PROLONGEMENTS 84Histoire des arts Courbet 86

Étude de la langue 88 Vers le bac pro 92

Sous la direction de Chantal Delannoy-Poilvé

Formatrice en Lettres,IUFM de l’académie de Créteil-Paris 12

Anissa BelhadjinMaître de conférences

Université de Cergy-Pontoise, IUFM de l’académie de Versailles

Nadia GilardProfesseur de lycée professionnel

Lycée Jean Caillaud, Ruelle-sur-Touvre (académie de Poitiers)

Alix GiraudProfesseur de lycée professionnel

Lycée Paul Poiret (académie de Paris)

Virginie LagrangeProfesseur de lycée professionnel

Lycée Théodore Monod, Noisy-le-Sec (académie de Créteil)

Natacha LevetMaître de conférences

IUFM de l’académie de Limoges

David-Camille PiétrasProfesseur de lycée professionnel

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Sandrine PhilippeInspectrice de l’Éducation nationale

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Livre du professeurFrançais 2e Bac ProProgramme 2009

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Objet d’étude 1

Parcours de personnages Pages 10 à 65 du manuel

Présentation de l’objet d’étude

Cet objet d’étude est résolument tourné vers le personnage litté-raire. Il vise à développer des capacités et des connaissances en lien avec la construction du personnage, son statut de héros ou d’antihéros, son évolution à l’intérieur de l’œuvre, la projection qu’il reflète du projet artis-tique de l’auteur, de la réalité et de la vision de l’époque de production. À travers le champ littéraire du romantisme et du réalisme, il s’agit d’étu-dier les caractéristiques du personnage romanesque et théâtral, ses constances et ses avatars.

Les trois interrogations qui guident cet objet d’étude orientent le parcours du questionnement sur la notion de personnage et de héros, sa pérennité comme personnage type à travers les siècles. Elles conduisent aussi à s’interroger sur ce qui touche, ou non, le lecteur dans le portrait qui se construit au fil de l’œuvre ou dans le récit de ses aventures et ainsi de se questionner sur ce que l’auteur donne à voir de son époque et de son projet d’écriture.

La première interrogation, « Les héros littéraires d’hier sont-ils les héros d’aujourd’hui ? », vise à définir et clarifier la notion de héros, notamment en distinguant personnage réel et « être de papier », ainsi que les notions de vérité/vraisemblance, réalité/fiction. S’il convient de laisser les élèves exprimer ce qu’ils entendent par héros, les qualités qu’ils leur reconnais-sent, les textes, documents et activités proposés devront ensuite se cen-trer sur les héros littéraires dont les caractéristiques peuvent s’inscrire dans la durée et s’alimenter de rencontres multiples. Ainsi, les séquences sur le vampire et sur Sherlock Holmes permettent conjointement d’ana-lyser les caractéristiques d’un personnage littéraire type et d’en étudier l’évolution à travers différentes formes d’écriture et de création. En quoi le vampire appartient-il à un imaginaire collectif ? Comment le personnage de Sherlock Holmes influence-t-il ou non les multiples représentations du détective ?

La deuxième interrogation, « En quoi l’histoire du personnage étudié, ses aventures, son évolution aident-elles le lecteur à se construire ? » met en évidence le rôle joué par la littérature comme médiation avec le monde réel. Quels que soient les sujets abordés, la littérature et les per-sonnages qu’elle met en scène s’adresse au lecteur avec les codes de la vraisemblance mais non de la vérité. À la fois filtres et passeurs, les per-sonnages littéraires, leurs aventures et leurs émotions permettent au lecteur de s’identifier, de mettre à distance, d’éprouver sympathie, moquerie ou répulsion et ainsi d’interroger les grandes questions de l’hu-manité : l’amour, l’amitié, la jalousie, le respect, le bonheur, la haine, le

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Objet d’étude 1 - Parcours de personnages • �

Interrogations 1-2-3

rire et la souffrance. Comment le dilemme de Ruy Blas parle-t-il au lecteur d’aujourd’hui ? En quoi le récit filmique implique-t-il d’autres formes de construction du personnage ?

La troisième interrogation, « Les valeurs qu’incarne le personnage étudié sont-elles celles de l’auteur, celles d’une époque ? » ouvre sur les notions d’universalité des personnages littéraires et de leurs actions ainsi que sur l’enjeu visé par les auteurs. Elle favorise l’établissement d’un juge-ment critique permettant à l’élève de situer ses goûts dans une dimension d’histoire littéraire et d’interroger les valeurs défendues par l’auteur. Com-ment les personnages de Bouvard et Pécuchet s’inscrivent-ils dans une critique sociale ? Qu’enseigne Madame Baptiste sur les relations humaines ?

En fonction de son projet pédagogique, le professeur construit le parcours qui lui semble le plus cohérent pour mettre en évidence le rôle joué par la littérature comme médiation du monde. Il ne s’agit pas de dresser un inventaire de tous les personnages littéraires mais de conduire les élèves à comprendre le monde de mots et d’images qui les entoure à partir de quelques personnages types que l’on retrouve encore dans la production littéraire et cinématographique contemporaine.

Les périodes proposées doivent développer la construction de connaissances sur le personnage romantique et réaliste. Le professeur alternera des modalités de lectures variées : groupement de textes et de documents, parcours de lecture dans une œuvre, lecture d’une œuvre intégrale et lecture cursive afin d’ouvrir le champ de réflexion des élèves.

Le travail sur le champ linguistique permet, aussi bien en activités de lecture que de production, d’étudier le champ lexical du vrai, du faux, du réel et de la vraisemblance ainsi que celui du portrait et de l’action. Des activités d’expression écrite ou orale favorisent l’emploi d’un lexique précis et varié ainsi que le travail sur les modalités de reprise et la cohé-rence du récit.

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Interrogation 1

Les héros littéraires d’hier sont-ils les héros d’aujourd’hui ?

Le vAmPIre, d’hIer à AujOurd’huI Pages 12 à 17 du manuel

Introduction au travail de la séquence

Transmise pendant des siècles par une tradition orale alimentée de récits et de rumeurs, consignée au xviiie siècle dans des ouvrages d’ap-parence « scientifique », la figure du vampire fait son entrée dans la litté-rature avec le romantisme.

Apparu en 17�8 dans un poème de l’écrivain allemand Ossenfelder, le personnage du vampire devient peu après un thème majeur : on peut citer les Allemands Bürger dans son poème Lenore (1773), et Goethe dans La Fiancée de Corinthe (1797), les Anglais Coleridge, dans Christabel (181�), et Keats, dans La Belle Dame sans Merci (1818) et Lamia (1820). En 1819, Polidori, secrétaire particulier de Byron, imagine le vampire sous les traits d’un dandy séducteur, Lord Ruthven, dans une longue nouvelle, Le Vampire. Premier texte significatif en prose sur ce thème, il connaît un énorme succès : en France, Charles Nodier en écrit une version adaptée pour le théâtre (1820), de même qu’Alexandre Dumas, en 18�2. La mode du vampire touche alors toute l’Europe : Théophile Gautier, La Morte amoureuse, 183� ; Alexis Tolstoï (à ne pas confondre avec Léon Tolstoï, l’auteur de Guerre et Paix), La Famille du Vourdalak, 18�0 ; Sheridan Le Fanu, Carmilla, 1871.

En 1897, le roman de Bram Stoker, Dracula, crée le mythe littéraire du vampire tel qu’on le trouve encore de nos jours. Pour composer son personnage, l’auteur fait la synthèse des légendes du folklore : à la dif-férence des avatars qui précèdent, le personnage de Stoker présente toutes les caractéristiques du vampire d’Europe centrale. Il quitte sa tombe après le coucher du soleil, se nourrit exclusivement de sang humain, craint l’ail, le crucifix et les hosties consacrées, est capable de se transformer en toutes sortes d’animaux ou en brouillard, ne laisse aucun reflet dans les miroirs, est pratiquement invulnérable sauf si l’on parvient à percer son cœur avec un pieu en bois. Personnage démonia-que, il suscite la peur et le dégoût et doit être éliminé sans pitié.

Au xxe siècle, le cinéma contribue à l’engouement pour la figure du vampire, avec d’innombrables adaptations du mythe, parmi lesquelles : Nosferatu, de Friedrich Murnau, 1922 ; Dracula, de Ted Browning, 1932 ; Le Cauchemar de Dracula, de Terence Fisher, 19�8.

En 197�, le roman d’Anne Rice, Entretien avec un vampire (adapté au cinéma par Neil Jordan en 199�), marque un deuxième tournant dans

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l’évolution du vampire en littérature. Le récit démythifie tout ce qui a pu être dit sur la question des morts-vivants et permet au lecteur de s’iden-tifier au vampire, qui n’est plus l’autre détestable, mais un être capable d’aimer et de souffrir comme les hommes. Il inaugure un véritable âge d’or du vampire, qui devient familier du grand public. À partir de 1977, des fan-clubs sont créés dans le monde entier, une multitude de récits est publiée chaque année sur ce thème avec le records, en nombre de nouvelles et de romans publiés, des années 1991 (précédant la sortie du Dracula de Coppola) et 199� (précédant le centenaire du roman de Stoker).

Depuis 2008, on note un nouveau regain du thème du vampire, avec notamment les romans de Stephenie Meyer, Twilight series (en français : « Saga du désir interdit ») en cours d’adaptation au cinéma (Twilight, 2008, New Moon, 2009, Eclipse, 2010), et le film suédois Morse (2009), égale-ment sur ce thème.

Documentation complémentaire sur le thème du vampire

– Un ouvrage de synthèse riche en illustrations : Jean Marigny, Sang pour sang, le réveil des vampires, coll. « Découvertes » Gallimard n°1�1/�, 1993.– Une bibliographie : http://sparks.free.fr/vampires.htm

Points du programme couverts par cette séquence

Capacités Connaissances Attitudes

Analyser comment un personnage se construit à travers des mots, des attributs, des avatars.

Champ littéraire :Période : le romantismeChamp linguistique :– Lexique : vrai/faux/réel.– Lexique du portrait physique et moral, de l’action.– Procédés de la désignation et de la caractérisation.– Expansions du nom.– Connecteurs spatiaux et temporels.– Dénotation, connotation.

– Être curieux de connaître d’autres personnages, d’autres expériences, d’autres lieux, d’autres époques, à travers des œuvres de fiction.– Se laisser interroger par les valeurs incarnées dans un personnage.

Interrogation 1

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1. Quelles sont les caractéristiques d’un personnage mythique, Dracula ?

Lecture

u Étude du roman (document 1)

Bram Stoker, Dracula [1897], trad. J. Finne, Éd. Pocket, 1992. Bram Stoker raconte les aventures de Jonathan Harker, jeune clerc de notaire, envoyé dans une contrée lointaine rencontrer un client étranger, le comte Dracula, qui vient de faire l’acquisition de propriétés à Londres. Arrivé au château, Jonathan s’aperçoit qu’il est en réalité prisonnier de son hôte. La pre-mière partie du roman décrit son « parcours initiatique » dans les méandres du château. Pendant ce temps, le comte, installé en Angleterre, établit son emprise sur les autres protagonistes du roman. Lucy Westenra, sa première victime, devient malade puis démente. Mina sera la deuxième avec un destin différent de celui de son amie. Appelé en renfort par le docteur Seward qui échoue à s’expliquer les raisons de la maladie de Lucy, le professeur Van Helsing se rend vite compte qu’il s’agit de bien plus qu’une maladie. Il engage alors ses compagnons dans une lutte acharnée contre Dracula.Le style épistolaire de Bram Stoker, très efficace, permet de suivre cette aventure à travers des points de vue multiples.

1. Les principales caractéristiques physiques du comte Dracula, exprimés à l’aide de nombreux adjectifs, sont :– une allure et des traits majestueux : « un grand vieillard », « une longue moustache blanche », « vêtu de noir, des pieds à la tête », « ainsi qu’une statue au geste d’invite éternellement figé dans la pierre », « son nez fin mais aquilin », « un front haut et bombé » ;– une température, une absence de couleur et une odeur inhabituelles, dignes d’un mort : « la froi-deur glacée des chairs : on aurait juré une main de cadavre » ; oreilles « pâles », « une extraordinaire pâleur », « son haleine fétide » ; – un visage et des mains qui font penser à un animal : « des narines particulièrement larges », des sourcils « massifs, se rejoign[ant] presque à l’arête du nez et paraiss[ant] boucler tant ils étaient denses », les oreilles « en pointes », un menton « large et dur », des dents « particulièrement poin-tues », et avançant « au-dessus des lèvres […] rouge vif », des mains « grossières, larges, doigts épais », « des poils au milieu des paumes », des ongles « longs et fins, presque trop pointus ».Le vampire est décrit dans une vue d’ensemble, puis la description se concentre sur certains détails du personnage (visage, mains).

2. Le portrait moral de Dracula :– La maîtrise de l’anglais montre la culture et l’éducation du comte, tandis que son accent indique son origine (« dans un anglais excellent encore entaché d’un étrange accent ») ; mais celle-ci n’est pas situable facilement par le narrateur (« étrange ») et lui fait l’effet d’une salissure (« entaché »). Ce double aspect, insaisissable et défectueux, pourrait être l’indice d’une souillure cachée. – Le contraste entre l’exquise politesse du comte (« – Bienvenue chez moi ! Entrez librement et de votre plein gré ») et sa brusquerie une fois le visiteur entré (« il se jeta littéralement sur moi ») donne l’impression que quelque chose est dédoublé dans la personnalité de Dracula.

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– La force et l’énergie physique sont associée à la cruauté, notamment en ce qui concerne la bouche du personnage : « La bouche […] présentait quelque chose de cruel », « Avec un sourire effrayant » : le comte a l’apparence d’un être sans scrupules, d’un prédateur.

3. – L’impression produite par le comte sur le narrateur est d’abord faite d’admiration à l’égard de la prestance du personnage comme le connotent les adjectifs et adverbes « grand », « rasé de près », « excellent ». – Cette impression positive fait rapidement place à l’étonnement et la surprise, à mesure que Harker se rend compte de l’ambiguïté du comte, qui semble à la fois inerte (« figé », « ainsi qu’une statue » « froideur glacée des chairs », « main de cadavre ») et prodigieusement vivant (« puissance qui me fit grimacer », « dents éclatantes », « vitalité étonnante »).– Sa perplexité (« Etrange constatation ») fait place au dégoût et à la peur à mesure que le comte devient plus proche (« Je ne pus retenir un frisson », « une terrible nausée s’empara de moi, que je ne pus cacher », « mon dégoût », « sourire effrayant »).

u Étude du film (document 2)

Francis Ford Coppola, Bram Stoker’s Dracula [1992], avec Gary Oldman, Winona Ryder, Keanu Reeves, durée : 2h10, date de sortie en France : 13 janvier 1993, distribué par Columbia TriStar Films.En 1492, le prince Vlad Dracul, revenant de combattre les armées turques, trouve sa fiancée suicidée. Fou de douleur, il défie Dieu, et devient le comte Dracula, vampire de son état. Quatre cents ans plus tard, désireux de quitter la Transylvanie pour s’établir en Angleterre, il fait appel à Jonathan Harker, clerc de notaire et fiancé de la jolie Mina Murray. La jeune fille est le sosie d’Elisabeta, l’amour ances-tral du comte.Il serait intéressant de faire visionner la bande annonce aux élèves, par exemple à l’adresse suivante : http://www.kewego.fr/video/iLyROoaftzGu.html

4.

Traits physiques Caractéristiques vampiriques, pouvoirs

Photographie 1 Dracula vieux de quatre siècles :long manteau rouge, brocard, cheveux en coques (marque du diable), teint cadavérique, ongles longs et pointus.

La pâleur, la richesse, le rouge (connotant le sang), les marches du château.

Photographie 2 Loup-garou, dents proéminentes, poils, griffes, oreilles pointues, être ignoble.

La capacité à se métamorphoser en animal, la cruauté, la puissance.

Photographie 3 Jeune, brun, richement habillé, distingué, amoureux de Mina, bague, tendre

La séduction, la capacité à traverser les âges.

Les trois photographies ici reproduites montrent le personnage de Dracula à trois moments clés du film. Elles permettent de synthétiser les aspects les plus importants du personnage de Bram Stoker : le comte mort depuis �00 ans mais ayant fait un pacte avec le diable, le suceur de sang assurant sa survie aux dépends des vivants, le séducteur attirant sa victime.

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u Mise en relation du film et du roman

5. La photographie 1 illustre l’extrait de Stocker, comme en témoigne ce passage : « Le vieillard, de sa main droite, me pria d’entrer et me dit, dans un anglais excellent encore entaché d’un étrange accent :– Bienvenue chez moi ! Entrez librement et de votre plein gré.Il ne faisait pas le moindre mouvement pour s’avancer mais, au contraire, demeurait figé sur place, ainsi qu’une statue au geste d’invite éternellement figé dans la pierre. » (l. 3 à 9).Les points communs entre le film et le roman : le teint, la vieillesse, le geste, les ongles, les mains, la cruauté, le caractère mystérieux.Les différences : le vêtement est très coloré, il ne porte pas de moustache, ses cheveux sont abondants.

6. C’est un personnage ambivalent car il unit en lui de nombreux contraires : séduction-dégoût ; beauté-laideur ; douceur-violence ; humain-animal ; amour-mort.

u Aux origines de Dracula (document 3)

7. Stoker s’est inspiré de Vlad IV, voïvode de Valachie (sud de la Roumanie actuelle). De ce person-nage historique, il reprend de très nombreuses caractéristiques : l’appartenance à l’aristocratie (le « voïvode » est un officier de rang princier), la situation géographique (en Europe centrale), le goût pour le sang humain (« on dit qu’il buvait le sang de ses victimes ») et le surnom (« Dracula »), avec sa signification (« diable »).

Il serait intéressant de visionner, à propos de ce document, le début du film Dracula de Coppola.

8. On note beaucoup de ressemblances entre le portrait de Vlad IV et la photographie c : les mous-taches, les cheveux bruns et longs, la richesse des vêtements, la jeunesse.

écriture et oral

9. Il ne peut, bien sûr, y avoir de réponse type à la problématique de séance puisque celle-ci invite à une synthèse du travail qui aura été fait dans une classe particulière sur les documents.

En tant que synthèse, la réponse peut suivre un ordre propre et non pas forcément celui des docu-ments. On peut par exemple ici adopter un ordre historique : I. Les origines du personnage mythique (reprendre les caractéristiques de Vlad IV, prince buveur de sang diabolique), II. Sa création par Sto-ker (récapituler la figure du vampire avec ses caractéristiques ambivalentes), III. Sa popularisation par le cinéma (récapituler l’ensemble de ses métamorphoses à travers les photographies, et souli-gner leur caractère spectaculaire).

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Petit récapitulatif sur les caractéristiques du vampire– il se nourrit de sang ;

– il est déjà mort et ne peut-être tué, à nouveau, que par des pratiques spéciales : pieu dans le cœur, clou dans la tête, une décapitation ou une crémation (la tradition popu-laire réclamait les quatre à la fois) ; doit ensuite être enterré à l’angle d’un carrefour (plusieurs variantes) ;

– il est immortel (c’est-à-dire n’est pas soumis à la vieillesse) ;

– il devient plus puissant avec l’âge, c’est-à-dire qu’il résistera mieux aux lieux saints ou à l’eau bénite par exemple ;

– il a le teint pâle ou une peau d’une blancheur blafarde ;

– il a la faculté de se transformer en animal (animal quelconque ou uniquement loup, chauve-souris selon les auteurs) ou en brume. Les formes qui lui sont prêtées selon les auteurs peuvent être diverses : grenouille, araignée, parfois même légumes et autres objets inanimés. Il convient de noter que, contrairement à l’homme atteint de lycanth-ropie, qui doit ôter ses vêtements avant de prendre la forme du loup-garou, le vampire ne semble pas avoir besoin de se déshabiller pour se changer en animal ;

– il est très fort, très rapide, a une excellente vision nocturne ;

– il peut être repoussé, blessé par des symboles sacrés ;

– il ne supporte pas la lumière du soleil ; mais n’est pas tué par elle ;

– il peut lire dans les pensées ;

– il ne se reflète pas dans les miroirs ;

– il ne peut franchir un seuil ou pénétrer dans un bâtiment sans y avoir été invité ;

– il ne peut franchir l’eau courante ;

– il est indisposé par l’odeur de l’ail ;

– il a un don pour la séduction dont il se sert pour approcher certaines de ses proies, souvent des femmes.

– il ne doit pas boire le sang et manger la chair d’un humain mort, ce qui pourrait lui causer un empoisonnement très grave.

– il possède une rapidité surnaturelle

– il sait communiquer avec les animaux et les contrôler.

– il est doué de prémonitions et de perceptions extra-sensorielles.

– il a la capacité de demeurer dissimulé ou invisible, même au milieu d’une foule.

– il regard perçant, contrôle de l’esprit et mesmérisme.

– il fait preuve d’une résistance surnaturelle. Elle s’ajoute à la vigueur (résistance phy-sique) normale, et lui permet même de résister en partie au feu ou à la lumière du soleil.

– il a la possibilité de changer de forme, de faire pousser des griffes et de se mêler à la terre.

– il a la capacité de contrôler, d’attirer et d’influencer les foules.

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2. Comment apparaît le vampire au féminin ?

Lecture

u Étude de la première nouvelle (document 1)

La Morte amoureuse de Gautier, 1836.Romuald, un jeune et pauvre prêtre de campagne, vit une sorte de vie parallèle dans laquelle il est un riche seigneur à Venise. Il partage la vie de Clarimonde, une très belle femme qui l’a troublé le jour de son ordination et dont il a appris la mort par la suite. Néanmoins, dans sa deuxième vie, Clarimonde est bien vivante. Romuald se pose des questions, d’autant qu’il surprend Clarimonde en train de dro-guer son vin. L’abbé Sérapion, mentor du jeune homme, le pousse à faire la lumière sur ce qui arrive et à se libérer de l’attraction qu’exerce sur lui Clarimonde…

1. La formation du nom de Clarimonde résume ce qu’elle est – un être lumineux (« Clar » : clarté, lumière) et repoussant à la fois (« -imonde » : immonde, laideur, cruauté). Il s’agit d’un vampire raf-finé, notamment dans sa façon d’attaquer ses victimes : c’est une femme séduisante qui ne mord pas mais pique sa victime avec une aiguille d’or.

2. Les paroles situées lignes � à 13 sont prononcées par Clarimonde : partagée entre son amour pour Romuald et son besoin de sang, elle accomplit son forfait avec délicatesse, ne veut pas faire de mal à son protégé, « je ne te ferai pas de mal ». Les paroles rapportées au discours direct en faisant connaître au lecteur les sentiments de Clarimonde, instaurent une certaine connivence.

3. Le champ lexical dominant dans le texte est celui du sang, qui reflète l’obsession du personnage pour sa survie : « goutte », « petite goutte rouge », « rubis », « aiguille », « beau sang », couleur pour-pre », « veines », « jolie veine bleue », « pomper le sang », « quelques gouttes », la plaie ».

4. Clarimonde apparaît comme le summum du personnage romantique : séductrice, amoureuse, condamnée à vivre du sang de celui qu’elle aime. Elle éprouve de l’hésitation : « Je n’oserai jamais piquer cette jolie veine bleue. », de la tristesse : « elle pleurait, et je sentais pleuvoir ses larmes sur mon bras », de la compassion : « elle m’entoura avec soin le bras d’une petite bandelette après avoir frotté la plaie d’un onguent qui la cicatrisa sur-le-champ », de l’amour : « Si je ne t’aimais pas tant ».

5. L’effet produit sur le narrateur est l’attendrissement. Cela fait du vampire une créature encore plus dangereuse car le vampire paraît faible, presque sans défense à l’égard de sa passion pour le sang.

u Étude des lithographies (document 2)

6. L’impression qui se dégage des trois lithographies est une ambiance romantique, empreinte de désir et de douceur. Même la troisième image, qui représente Clarimonde voilée et nue, et dont on imagine qu’elle est sur le point de se muer en vampire, est dénuée de toute allusion à une réalité effayante.

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Interrogation 1

Objet d’étude 1 - Parcours de personnages • 13

u Étude de la seconde nouvelle (document 3)

Carmilla (1872) de J. S. Le Fanu. Dans une région reculée de Styrie (Autriche), au début du xixe siècle, vit Laura, une jeune fille solitaire et maladive. Lorsque surgit la silhouette ravissante de Carmilla, une vie nouvelle commence pour l’héroïne. Une étrange maladie se répand dans la région, tandis qu’une inquiétante torpeur s’empare de Laura qui bientôt ne peut plus résister à la séduction de Carmilla… Un amour ineffable grandit entre les deux créatures, la prédatrice et sa proie, associées à tout jamais « par la plus bizarre maladie qui eût affligé un être humain ». Métaphore implacable de l’amour interdit, Carmilla envoûte… jusqu’à la dernière goutte de sang !

7. Les caractéristiques de l’apparition qui peuvent faire penser à un vampire sont :– Sa ressemblance avec un animal : « d’un animal noir comme du charbon, pareil à un chat mons-trueux » ; « me parut avoir près d’un mètre cinquante de long » « avec l’agitation sinistre d’une bête en cage » ; « deux énormes yeux » ;– La blessure à la gorge : « une douleur perçante me traversa, comme si deux grandes aiguilles, éloi-gnées de quelques centimètres, avaient troué profondément ma gorge »– La femme figée comme un cadavre et se déplaçant comme par magie : « une forme féminine. Elle était vêtue d’une robe flottante et sombre, ses cheveux répandus lui couvraient les épaules. Un bloc de pierre n’eût pas été plus rigide. » « la silhouette parut avoir changé de place – elle était mainte-nant près de la porte… plus près encore – puis la porte s’ouvrit et elle disparut »

8. Le lecteur peut faire deux hypothèses pour expliquer cet épisode : soit la narratrice a fait un rêve, soit il s’agit de la réalité : « J’avais conscience d’être endormie dans la chambre, couchée dans mon lit, comme je l’étais en réalité. » – « Je hurlai en m’éveillant ».

9.

Lumière Obscurité

« éclairée par la lueur incertaine d’une bougie »

« il faisait très sombre » ; « dans cette pénombre » ; « noir comme du charbon » ; « l’obscurité s’épaississait de plus en plus »

La narratrice insiste sur le côté obscur de la pièce, elle utilise des verbes qui montrent que sa vision est approximative « je distinguais ». Ce champ lexical contribue à provoquer la peur du personnage et du coup du lecteur qui découvre Carmilla en même temps qu’elle.

10. « un animal noir comme du charbon » ; « un animal […] pareil à un chat monstrueux ».

écriture et oral

11. Il ne peut, bien sûr, y avoir de réponse-type à la problématique de séance puisque celle-ci invite à une synthèse du travail qui aura été fait en classe sur les documents. En tant que synthèse, la réponse peut suivre un ordre propre et non pas forcément celui des documents. Piste proposée : noter que le vampire féminin possède les mêmes caractéristiques que le vampire masculin (les récapituler avec des citations des deux textes). Souligner que l’ambivalence entre séduction et effroi est peut-être encore plus marqué que pour un vampire masculin, le document 1 insistant sur le caractère raffiné et séducteur du vampire féminin, le document 2 sur son aspect doux et romantique, le document 3 sur son caractère effrayant.

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3. Le vampire, une référence qui parle encore à tous ?

Lecture

1. La thèse de l’auteur dans le document 1 est que « l’intérêt pour les vampires est plus grand que jamais ». Trois arguments appuient cette thèse : le vampire est transformé en une marchandise ven-due sous diverses formes ; c’est une référence qui parle à tous ; son pouvoir est utilisé pour entraîner les consommateurs dans les boutiques.

2. L’auteur dit qu’ « on a l’impression que le vampire est devenu un être réel » car le personnage est présent partout.

3. D’après ce texte, on trouve la figure du vampire dans la publicité (l. 3), comme dans des ouvrages savants (l. �)

4. Il touche tous les publics, enfants, adolescents et adultes, tous sexes confondus : les bambins et les écoliers (cf. document 3 Petit vampire va à l’école), les étudiants et les femmes au foyer (cf. docu-ment 2 Vampire Host), les « distingués professeurs » (document 1, l. �)

5. Les pouvoirs légendaires du vampire (le mystère, la séduction, l’hypnose) sont récupérés pour attirer les clients, ceux des fast-foods, des boutiques aussi bien que des cinémas…

6. Le manga s’adresse plutôt aux adolescents mais aussi aux adultes ; la bd s’adresse aux enfants.

7. Les documents 2 et 3 pourraient illustrer la phrase suivante du premier texte : « le vampire est transformé en une marchandise vendue sous diverses formes ».

8. Le document � relate un coup de pub autour du film Dracula de Coppola. Le vampire est utilisé pour vendre des places de cinéma et inciter les gens à donner leur sang à la Croix Rouge.

écriture

9. Dans cette écriture seront évalués la pertinence et la force de l’image choisie ou fabriquée (qui peut être un collage issu d’un catalogue ou d’un magazine, un dessin, etc.), sa mise en page, la capacité du slogan à mettre en avant les mérites de l’objet en lien avec les caractéristiques du vam-pire (couleur, texture, tenue, brillance pour le rouge à lèvres ; design, couleur, rapidité, agressivité pour une voiture par exemple), éventuellement l’invention d’une marque pour dynamiser le slogan par un jeu de mots...

10. Il ne peut, bien sûr, y avoir de réponse-type à la problématique de séance puisque celle-ci invite à une synthèse du travail qui aura été fait en classe sur les documents. Proposition de fil directeur pour cette réponse : partir de la remarque faite par les auteurs du Petit Guide à l’usage de l’amateur de vampires (document 1, l. 9-10) : « il est frappant de constater qu’un suceur de sang [peut être] utilisé pour appâter les acheteurs potentiels d’un produit bien spécifique », et travailler sur la parenté publicité/vampirisme. Comme le vampire, la publicité séduit, comme lui,

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elle hypnotise dans son propre intérêt qui n’est pas forcément celui du public ciblé mais qui le lui fait croire, et cette séduction rend le vampire proche de tous. Noter le rapprochement entre le fait de donner son sang, pour sauver la vie de personnes en danger, et celui de se faire vampiriser (document �). L’aspect négatif, criminel du vampire disparaît au profit de son caractère positif, bienfaiteur...

Documentation complémentaire pour travailler sur cette séquence– Lorsque la mode du vampire cible les enfants : on le trouve par exemple dans les déguisements ou bonbons lors de la fête d’Halloween, dans de nombreux livres de jeunesse ;

– Lorsqu’elle cible les adolescents et adultes : récemment dans la publicité, Curly à la télévision, dans des séries comme Buffy contre les vampires, dans certains jeux vidéos, au cinéma avec Blade, dans les BD telles que Le prince de la nuit, ou Les Rapaces… Des agences de voyage organisent des voyages en Transylvanie sur les traces de Dracula... Un fanzine consacré aux vampires, Vampire Dark News, propose dans ses rubriques des jeux de rôle détaillés autour du vampire, dont le plus célèbre est Masquarade.Orangina fait d’Orangina sanguine la boisson de prédilection du vampire ; Dior présente sa collection de bijoux La fiancée du vampire, en narrant une histoire… de vampire ; au Japon a été créée une glace à l’ail nommée Dracula the cool.La mode des gothiques (cf. Marilyn Manson) met ce personnage et ses particularités sous les feux de la rampe (musique, mode vestimentaire, goût pour le noir, pour le macabre…).

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évaluation des compétences de lecture 10 pointsu Document 1

Catherine Hardwicke, Twilight [2008], avec Kristen Stewart, Robert Pattinson, Billy Burke, durée : 2h10, date de sortie en France : 07 Janvier 2009, distribué par SND. Isabella Swan, 17 ans, déménage à Forks, petite ville pluvieuse dans l’État de Washington, pour vivre avec son père. Elle s’attend à ce que sa nouvelle vie soit aussi ennuyeuse que la ville elle-même. Or, au lycée, elle est terriblement intriguée par le comportement d’une étrange fratrie, deux filles et trois garçons. Bella tombe follement amoureuse de l’un d’eux, Edward Cullen. Une relation sensuelle commence alors entre les deux jeunes gens : lorsque Isabella comprend que Edward est un vampire, il est déjà trop tard.

1. Cette critique du film Twilight est positive : en effet, on y trouve des termes mélioratifs comme « un très beau film », « énorme buzz », « passionnant ». L’auteur de ce texte met en avant les qualités de ce film.

2. Twilight s’inspire du roman Fascination de Stephenie Meyer, publié en 200�. L’auteur de la critique, Hélène Frappat, met en avant le succès du livre en expliquant qu’il s’agit d’un « phénomène édito-rial », que l’auteur a vendu « 18 millions » d’exemplaires « dans le monde », que ce roman est « en tête des listes de best-seller pour la jeunesse sur le territoire américain » et qu’il pourrait concurrencer « Harry Potter » de J.K Rowling.

3. L’« ambiguïté » (l. 11) mise en avant dans le film « et immédiatement levée » est celle du désir éprouvé par le vampire, lié à la mort de la personne désirée. L’ambiguïté est levée du fait que dès le départ, le jeune homme ne cache pas ce désir du sang : il « a soif, sans aucune doute, de son sang » (l. 1�-1�).

4. Le vampire de ce film a globalement des caractéristiques semblables à celles que nous avons étudiées dans la séquence, comme d’être « sans âge » (Dracula), d’avoir « les yeux changeants » (Car-milla), une « peau que les rayons du soleil transpercent comme des lames de couteau » (pâleur de Dracula, et de Clarimonde), d’avoir « soif de son sang » (Clarimonde, Carmilla, Dracula) ; il a au moins une caractéristique différente de ses prédécesseurs : ses « dents bizarrement régulières » s’oppo-sent aux « dents particulièrement pointues » de Dracula, et aux « deux grandes aiguilles éloignées de quelques centimètres » de Carmilla.

u Document 2

5. Non, si ce n’est le teint pâle (rappelant la pâleur du vampire classique, mais ce détail est vraiment ténu). Un format plus grand de l’affiche permettrait de voir qu’il a les yeux rouges (référence au sang, à la passion).Les deux personnages ne sont pas si différents l’un de l’autre, la jeune fille (mise à part sa carnation plus soutenue) a les mêmes traits : nez fin, visage harmonieux, beau, bouche ourlée et colorée. Le parti pris du film est de montrer que le vampire se fond dans le décor, qu’il a les mêmes caractéristi-ques que les humains. C’est ce qui fait aussi son (nouveau) pouvoir de séduction et sa modernité.

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évaluation

des compétences d’écriture 10 points 6. Pour noter ces travaux d’écriture, devront être pris en compte : – Pour la nouvelle : la présence d’un titre ; la caractérisation du personnage du vampire (l’élève a-t-il réinvesti ce qu’il a appris sur ce personnage ?) ; l’utilisation des � éléments figurant dans la liste ; le registre fantastique ; la mise en scène d’un décor adapté ; l’utilisation d’un lexique correct et d’une bonne orthographe ; la longueur du texte.– Pour le texte argumentatif : la présence d’une courte introduction exprimant le thème de l’argu-mentation et la thèse défendue ; l’organisation en paragraphes, constitués chacun d’un argument et d’un ou plusieurs exemples permettant de l’étayer ; une phrase de conclusion ; l’utilisation d’un lexique correct – notamment des connecteurs soulignant la cohérence du raisonnement – et d’une bonne orthographe ; la longueur du texte.

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Interrogation 1

Les héros littéraires d’hier sont-ils les héros d’aujourd’hui ?

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Introduction au travail de la séquence

La proposition de travailler sur Sherlock Holmes est motivée par la notoriété du personnage, qui dépasse celle de l’auteur. Les élèves connaissent ce héros, même s’ils n’ont jamais lu ses aventures (toutefois certains auront peut-être lu Le Chien des Baskerville étudié parfois au collège).

La sélection des documents pour cette séquence permet de montrer la diversité des lectures faites de ce personnage, dans le genre policier et dans la littérature en général, d’une part. D’autre part, elle fait une grande place à la bande dessinée : c’est bien sûr l’occasion d’étudier la lecture de l’image, mais aussi de faire acquérir aux élèves une culture générale dans un domaine qu’ils connaissent finalement peu. La planche de Veys et de Barral est étudiée en premier parce qu’elle correspond à ce qu’ils recon-naîtront facilement, à savoir un dessin en ligne claire, traditionnelle en BD pour la jeunesse, avec une organisation des vignettes simple à lire. La planche de Cecil et Brunschwig est plus complexe et montre aux élèves les recherches visuelles contemporaines en BD.

Sites à consulter : – SSHF.com (société Sherlock Holmes de France) ;

– bedethèque.com ; scenario.com ; bdparadisio.com (auteurs de bande dessinées).

Points du programme couverts par cette séquence

Capacités Connaissances Attitudes

Analyser comment un personnage se construit à travers des mots, des attributs, des avatars.

Champ littéraire :Période : le romantismeChamp linguistique :– Lexique : vrai/faux/réel.– Lexique du portrait physique et moral, de l’action.– Procédés de la désignation et de la caractérisation.– Expansions du nom.– Connecteurs spatiaux et temporels.– Dénotation, connotation.

– Être curieux de connaître d’autres personnages, d’autres expériences, d’autres lieux, d’autres époques, à travers des œuvres de fiction.– Se laisser interroger par les valeurs incarnées dans un personnage.

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1. Comment caractériser le personnage de Sherlock Holmes ?

Lecture

Arthur Conan Doyle, Le Chien des Baskerville [1902], trad. B. Tourville, Éd. Robert Laffont, 1998.Médecin, Conan Doyle s’inspire de deux de ses anciens professeurs, Joseph Bell et Rutheford, pour créer les personnages de Sherlock Holmes et du professeur Challenger (Le Monde perdu). Les aven-tures de son héros ont rapidement un immense succès, au point que les lecteurs se persuadent de l’existence de Holmes (un musée à Baker Street reconstituant l’intérieur de Holmes, ainsi que les nom-breuses statues du détective sur les lieux supposés de ses aventures alimentent ce mythe). Cet engoue-ment se fait au détriment de Conan Doyle lui-même, à qui les lecteurs ne pardonnent pas d’avoir tenté de tuer leur héros, en 1891, en publiant Le Dernier Problème, aventure dans laquelle Sherlock Holmes disparaît dans les chutes de Reichenbach avec son ennemi mortel, Moriarty. Assailli de lettres de lec-teurs mécontents, Conan Doyle devra se résoudre à ressusciter son héros. Dans Le Chien des Basker-ville le personnage reparaît donc une première fois, en 1902, avant que ne soit reprise l’énigme de sa « fausse mort », dans Le Retour de Sherlock Holmes, en 1903.

u Les lieux et le moment de l’action (document 1)

1. Ce début d’aventure, comme beaucoup d’autres, commence le matin, au moment du petit-déjeu-ner (« ce matin-là », « assis devant son petit-déjeuner »). Il se dégage de ces choix une atmosphère paisible, intime, amicale, agréable, élégante, propre à l’époque victorienne de cette fin de xixe siècle reconstituée par C. Doyle, romancier historique.

u Les personnages (document 1)

2. Le narrateur de cette aventure est le professeur Watson. On trouve, aux lignes 33-3�, une allusion de Holmes aux récits que fait Watson des aventures de son ami.

3. Quelques informations sont données dans l’extrait :– « M. Sherlock Holmes se levait habituellement fort tard, sauf lorsqu’il ne dormait pas la nuit, ce qui lui arrivait parfois » (l. 1-2) ;– Il fume : « en allumant une cigarette » (l. 33).Ces informations laissent deviner un caractère atypique et une personnalité marginale dans cette société victorienne laborieuse (Holmes se lève tard) et moralisante (il fume tôt). On peut ici ajouter qu’il est connu pour fumer la pipe, et qu’il se laisse parfois aller à certains stupéfiants. On devine aussi qu’il est peu bavard et peu enclin aux compliments (jamais il ne m’en avait tant dit.)

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4. On peut proposer aux élèves de répondre à cette question sous forme de tableau.

Qualités Défauts

Holmes Intelligent, sincère. Prétentieux, orgueilleux, faussement modeste (« mes modestes exploits »), méprisant, (« Vous n’êtes peut-être pas une lumière par vous-même »), autoritaire (emploi nombreux des impératifs)

Watson Observateur, on devine son souci de bien faire, patient (il ne se fâche pas des propos désobligeants de Holmes), sensible et sentimental (sensible aux compliments de son ami)

5. Les liens qui unissent ces personnages sont ceux de l’amitié. A. Conan Doyle prend soin de placer ce mot dans les propos des deux hommes : Watson dit « mon ami » (l. 1�) et Holmes « mon cher ami » (l. 38).

6. L’admiration se lit dans ses propos à plusieurs reprises :– Au début de son récit, Watson parle de « Monsieur » (M.) Sherlock Holmes.– Il se met en devoir de lui plaire et de s’élever à son niveau en appliquant ses méthodes d’investigations.– Il se montre sensible à son compliment final.

u Le début de l’enquête (document 1)

7. Les méthodes d’investigations de S. Holmes, ici appliquées par Watson, sont fondées sur l’obser-vation d’indices et la déduction. Les verbes utilisés sont assez nombreux et résument bien en quoi consiste cette démarche inductive-déductive : « Je l’examine » (l. 8) ; « reconstituez l’homme d’après la canne » (l. 13).L’importance du sujet qui déduit des informations en observant des indices apparaît clairement dans les expressions suivantes : « selon moi » (l. 17) ; « Je pense » (l. 21) ; « Il me paraît évident » (l. 2�-27).

8. Seuls l’œil et l’intelligence sont ici mobilisés.

9. Les réponses aux questions précédentes permettent de répondre à cette question qui fait office de synthèse. On peut demander aux élèves d’y répondre par écrit après avoir mené l’activité collec-tivement et noté au tableau les éléments de réponse à reprendre dans ce qui devient une trace écrite synthétique.

Les aventures de S. Holmes sont des romans policiers à énigme parce que :– il y a un crime qu’il faut résoudre ;– il y a un héros chargé de mener l’enquête, ce héros est un amateur éclairé, à l’intelligence scienti-fique. C. Doyle ne crée pas un ici un nouveau type de personnage mais il le porte à l’apogée et le fixe ;– ce héros enquête et résout l’énigme par une utilisation minutieuse de l’observation, de la déduc-tion et de l’induction (selon le positivisme de l’époque) ;

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– Le crime est très vite éclipsé, ce qui devient important dans l’histoire c’est l’enquête en elle-même, la machinerie intellectuelle mise en jeu pour découvrir le secret. Le détective est peu sur le terrain du crime. Il ne se bat que très rarement. Il réfléchit souvent dans son salon (importance du salon de Holmes). La violence est souvent occultée. Le roman à énigme a souvent pour cadre les beaux quar-tiers et met en scène des personnages des classes sociales supérieures.

u Du livre au film (document 2)

10. et 11. On peut répondre à ces questions sous forme de tableau.

Doc. 2a : Affiche du film Doc. 2b : Jacquette DVD

Composition de l’image

L’affiche, vraisemblablement peinte, présente une composition simple opposant des éléments verticaux et des éléments horizontaux : – deux têtes en gros plans et opposées l’une à l’autre verticalement : une tête de chien monstrueuse, face au spectateur, domine une tête de femme placée juste en-dessous comme un reflet. – deux éléments horizontaux de part et d’autre : le paysage de la partie supérieure de l’affiche, en arrière-plan, évoque une lande déserte, recouverte de brume. Le titre en gros caractères occupe la partie inférieure.

Un photomontage superposant deux portraits d’homme et, à l’arrière-plan, en contre-jour et en contre-plongée, une colline déserte avec un arbre mort et une silhouette mystérieuse et inquiétante.

Couleur Le vert domine. Il se dégage de cette affiche une sensation cauchemardesque, nauséeuse, inquiétante et bien sûr fantastique : le « chien » annoncé dans le titre évoque tout aussi bien un loup, ou un loup-garou…

Les couleurs sont ici aussi artificielles mais la dominante est le rouge, l’orange et le noir. Ces couleurs évoquent le crépuscule, la nuit tombante.

Les expressions des personnages

Le personnage du « chien » exprime la haine, la férocité (canines menaçantes, yeux phosphorescents). En reflet à cette tête d’animal monstrueux, le personnage de femme présente une expression de terreur (bouche ouverte et yeux exorbités) ; elle semble être la victime de l’animal.

Au premier plan, S. Holmes (reconnaissable par son chapeau, son manteau, son physique aristocratique.). Il est intrigué par quelque chose, très attentif, alors que derrière lui, au second plan, un homme écarquille les yeux et semble horrifié par ce que voit Holmes. (Ce n’est pas Watson, mais Baskerville, interprété par Christopher Lee, comédien qui a l’honneur de figurer sur cette jaquette, car plus célèbre que l’interprète de Watson, André Morell.)

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Doc. 2a : Affiche du film Doc. 2b : Jacquette DVD

Quelle atmosphère se dégage de ces documents ?

Les choix qui ont été faits créent une atmosphère inquiétante, étrange, angoissante, nauséeuse, fantastique. L’imaginaire du film d’horreur est aussi mobilisé.

L’atmosphère qui se dégage de cette jaquette semble également effrayante, mais l’angoisse ici mobilisée n’est pas celle de fantastique. On a affaire ici au mystère propre au roman policier.

Quel aspect de l’enquête est mis en avant ?

L’affiche du Chien des Baskerville met l’accent sur l’aspect fantastique de cette enquête de Holmes. C’est d’ailleurs l’aventure la plus adaptée au cinéma à cause de cela. On peut préciser aux élèves que l’angoisse propre au roman fantastique est à la fin résolue par des explications rationnelles, toujours en accord avec le positivisme de l’époque.

La jaquette met en avant, revendique même la présence de S. Holmes. On insiste ici sur la dimension policière de l’histoire du Chien des Baskerville (qui n’est pas représenté). Le texte de l’affiche insiste d’ailleurs lui aussi sur le fait que c’est une adaptation du roman de Conan Doyle et que c’est « l’enquête la plus célèbre de Sherlock Holmes »

12. S. Holmes est ici reconnaissable à son chapeau (faisons remarquer aux élèves que la casquette n’était pas toujours portée. Holmes est un Londonien, urbain et élégant. Sherlock Holme met son chapeau quand il se rend en tenue « sport » sur les lieux du crime), son manteau à large col, son élé-gance naturelle.

13. La jaquette du film tente de rendre plus attrayant le film de T. Fischer au public d’aujourd’hui en ayant recours à la photographie en couleur, plutôt qu’à l’affiche peinte, qui ne se fait plus aujourd’hui et semble réservée aux films classiques. Cette jaquette s’appuie également sur les interprètes du film (Peter Cushing et surtout Christopher Lee) qui étaient des stars à l’époque et qui sont encore très appréciés par les cinéphiles d’aujourd’hui.

écriture et oral

14. La réponse à la problématique de séance s’obtient grâce aux réflexions, à l’étude des documents et à l’écriture personnelle des élèves, il ne peut donc pas y avoir de réponse type. Néanmoins on peut attendre quelques-uns des éléments suivants :Le personnage de S. Holmes est caractérisé par plusieurs aspects.– il est le produit d’une société et d’une époque : aristocrate, il appartient à une classe sociale aisée (les éléments de description de son intérieur et de son mode de vie participent donc pleinement à la caractérisation de son personnage) ;– il a une personnalité atypique, à la fois sympathique et antipathique : sa personnalité assez inquié-tante, ambiguë, s’exprime dans ses propos et sa façon de parler, à la fois autoritaires et ironiques ;– il a une très grande intelligence et possède une capacité d’abstraction hors du commun, ce qui lui permet de résoudre des enquêtes très difficiles.

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2. Comment adapter l’univers romanesque de Sherlock Holmes en bande dessinée ?

Lecture

Veys et Barral, Baker Street, Tome 2 « Sherlock Holmes et le club des sports dangereux », Éd. Delcourt, 2001.Mystérieuses disparitions sur les quais de Limehouse : À la recherche de « Jack le moustacheur », Les-trade emmène Holmes et Watson à un rendez-vous avec son indic sur les quais de Limehouse... Ils échappent à un guet-apens monstrueux... Dans une série de cinq albums dont « Sherlock Holmes et le club des sports dangereux » est le deuxième (après « Sherlock Holmes n’a peur de rien »), les auteurs Pierre Veys, scénariste et Nicolas Barral, dessinateur, mettent en scène Sherlock Holmes dans des aventures inédites et parodiques.

u L’adaptation des personnages (document 1)

1. On reconnaît S. Holmes et Watson à leurs physiques contrastés (grand et élégant pour l’un ; vieillis-sant et ventripotent pour l’autre). En ce début d’histoire, tous les personnages sont identifiés par leur nom.

2.

Nom des personnages

Comment sont-ils dessinés ?

Que disent-ils ? Comment sont-ils caractérisés ?

Holmes Grand, mince, brun, en robe de chambre verte avec des gestes élégants (vignette 5).Vignette 6 et 7 : il porte la casquette typique de son personnage

Il traite Watson de « gros nul ». Ils jouent aux dames et Holmes confond les règles avec celles échecs. Il ne cesse de revenir au jeu et sur le fait qu’il veut avoir gagné.

Sherlock Holmes apparaît comme un personnage de mauvaise foi, capricieux, colérique, obcsessionnel et autoritaire (« Plaît-il ??? » vignette 6)

Watson Petit, gros, avec un chapeau d’intérieur faisant un clin d’œil à son passé de médecin dans les colonies britanniques, costume marron. À l’extérieur chapeau melon typique des anglais.

Il essaie de faire entendre raison à Holmes en le calmant, en lui parlant comme à un enfant.

Patient, paternel, responsable. Son physique accompagne cet aspect de sa personnalité.

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Nom des personnages

Comment sont-ils dessinés ?

Que disent-ils ? Comment sont-ils caractérisés ?

Lestrade Grand brun, moustache fine, avec un costume bleu de fonctionnaire de police et un tout petit chapeau qui finit de ridiculiser cet inspecteur.

Il entre en hurlant, paniqué par une nouvelle affaire difficile. Il avoue avoir besoin de Holmes. Il pense que Holmes et Watson jouent au tric-trac. C’est lui qui introduit l’élément perturbateur en cette situation initiale.

Son physique et son attitude font de lui un imbécile, un incompétent, un peu bête, dans la lignée des Dupond et Dupont de Tintin.

Mme Hudson Petite femme, âgée, au chignon blanc, dépourvue de dents.

L’onomatopée « Hips » indique qu’elle est saoule. On comprend pourquoi dans la vignette d’après : elle prépare une lotte au whisky.

Une vieille dame aux allures respectables mais qui boit en cachette.

Synthèse La description des différents personnages met en avant le fait que le dessin est caricatural : il reprend des éléments connus de chacun d’entre eux et les détourne de façon comique.

Le relevé des expressions de chacun des personnages fait apparaître des écarts de langage que l’on n’attend pas chez des adultes responsables. Il permet aussi de relever leurs manies, leurs défauts, leurs rapports.

Il s’agit de montrer aux élèves qu’un personnage de BD est caractérisé par son dessin et aussi par ses propos (bulles).

3. Le procédé de la caricature a pour effet d’accentuer certains défauts, auxquels s’ajoutent des libertés que prennent les auteurs d la BD avec leurs modèles, ainsi :– Holmes a un langage familier et se comporte comme un enfant mal élevé et capricieux ;– Watson est présenté comme une sorte de bon grand-père ;– Lestrade comme un imbécile notoire ;– Mme Hudson comme une vieille dame alcoolique.Tout cela concourt à créer un effet comique propre à la parodie qui s’amuse à imiter de façon burles-que et caricaturale une œuvre sérieuse.

u L’adaptation du temps et des lieux de l’action (document 1)

4. On comprend que l’action se passe à Londres grâce à la première vignette qui reconstitue une rue typique de Londres (ici Baker-Street, aux façades d’immeubles identiques, rez-de-chaussée peints en blanc et étages en briques rouges) avec, au deuxième plan, un policier à l’uniforme reconnaissa-ble. La vignette 7 illustre de façon assez précise les docks londoniens de Limehouse. On devine que l’action se passe au xixe siècle grâce aux costumes des personnages de la vignette 1, et au cab qui circule. On peut aussi faire remarquer aux élèves que cette rue de Londres est très animée, et que Londres est la grande capitale européenne, et qu’elle est un grand port commercial. Ce n’est donc pas un hasard si ce cadre urbain d’une métropole est le cadre idéal pour tous les crimes (on peut rappeler l’affaire sensationnelle de Jack l’éventreur, et les histoires policières d’Edgar Poe).

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5. Le cadre des aventures de Holmes semble donc respecté : les intérieurs et les extérieurs sont des-sinés avec un souci de vraisemblance réaliste. On flatte le goût du public pour l’époque victorienne.

u L’adaptation de l’intrigue (documents 1 et 2)

6. La première vignette est la plus grande, elle est verticale. Son intérêt, comme une description dans la situation initiale, est de donner à voir le temps et le lieu de l’action. Il en va de même pour la vignette � qui est, elle aussi, de plus grande taille. Son format rectangulaire, comme la vignette 3 du document 2, rappelle le format de l’écran de cinéma.Les vignettes 2, 3, � et � sont plus petites car elles suivent les différents moments de l’action, entre autre l’arrivée surprenante de Lestrade. On peut aussi voir dans la succession des vignettes 1, 2 et 3 un effet de mouvement de caméra qui va de l’extérieur à l’intérieur en passant par la fenêtre ouverte du salon de Holmes. Cela donne de la fluidité à la lecture des vignettes. On peut également noter l’effet de gros plan sur le visage de Lestrade, comme un zoom sur ce nouveau personnage.

7. C’est le narrateur des aventures de Holmes qui parle dans les cartouches jaunes, à savoir Watson. Le niveau de langue est soutenu (phrases longues, temps du passé, comme dans les textes narra-tifs). Il s’agit d’imiter le style de Conan Doyle.Mais ce qui est dit dans les cartouches est contredit par ce que disent les personnages dans les bul-les, ou par ce qui est montré dans les vignettes. Ainsi dans la vignette 1, Watson évoque le « calme Olympien » de Holmes, alors que la bulle laisse deviner un Holmes en colère, ce que la vignette 2 confirme. Deuxième exemple, vignette 7, Watson dit : « Holmes avait l’esprit entièrement accaparé par cette nouvelle affaire » alors qu’on le voit observer une chauve-souris et qu’on lit dans la bulle : « On attend qui au fait ? Je n’ai pas tout suivi depuis le début. » Ce décalage est un procédé comique et parodique.

8. Un profanateur est quelqu’un qui ne respecte pas une chose sacrée, objet ou lieu de culte par exemple. C’est aussi celui qui fait un usage indigne de quelque chose, en violant le respect qui lui est dû.

9. Le lecteur s’attend à ce que le crime du profanateur soit très grave. Le lieu et l’époque laissent imaginer le pire (toujours sous l’influence des aventures connues de Holmes mais aussi de celles racontées par Edgar Poe ou encore des meurtres, bien réels ceux-là, de Jack l’éventreur). Or ici, l’af-faire du profanateur, puérile, est de l’ordre de la blague de potache : on se demande pourquoi la police est mobilisée. On peut remarquer que l’attitude de Holmes est étrange et le lecteur se dit que Holmes pourrait bien être ce garnement qui fait des moustaches sur les portraits de la reine et écrit sur les murs « Dieu rase la reine (God shave the Queen) », parodiant le God save the Queen de l’hymne national britannique.

10. Cette BD est une parodie des aventures de Sherlock Holmes. En effet :– elle reprend le cadre historique : Londres, fin du 19° siècle, sous le règne de la Reine Victoria. (1819-1837-1901)– elle reprend les personnages : Holmes, Watson, l’inspecteur Lestrade et la logeuse Mme Hudson ;– tous ces personnages sont caricaturés : les défauts physiques et psychologiques sont accentués et les auteurs n’hésitent pas à s’approprier les personnages en leur inventant de nouveaux traits de caractère ;

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– elle donne aux personnages un niveau de langue courant, parfois même familier, pour les rendre plus drôles.– enfin l’intrigue est une invention totale des auteurs et se moque des codes sociaux de l’époque victorienne. L’intrigue est d’ailleurs une parodie des romans policiers à énigme : le mystère à résou-dre est inintéressant, seule la succession de gags et d’anachronismes motivent le récit et fait rire le lecteur.

11. L’effet produit par l’introduction de personnages de fiction étrangers aux aventures de S. Holmes accentue les effets comique de décalages, en jouant sur la culture du lecteur et sur sa complicité.

écriture et oral

12. On peut affirmer que Holmes est encore un héros populaire dans la mesure où des auteurs de BD en font aujourd’hui leur héros. – l’éditeur espère que le nom de Holmes fera acheter le livre ; – de la part des auteurs, faire une parodie des aventures de Holmes c’est supposer que le lecteur connaît ce personnage, pour pouvoir le faire rire des écarts proposés ;– le choix de la BD – support encore très populaire – comme mode d’expression, montre bien que le personnage de Holmes est encore attractif et qu’il existe un public, plus ou moins jeune, qui aime retrouver ce personnage.

13. La réponse à la problématique de séance s’obtient grâce aux réflexions, à l’étude des documents et à l’écriture personnelle des élèves, il ne peut donc pas y avoir de réponse type. Néanmoins, on peut attendre quelques-uns des éléments suivants :– l’univers romanesque de S. Holmes est ici adapté dans un objectif parodique. Il s’agit de faire rire en créant des écarts avec ce que le lecteur sait de ce personnage et de son contexte. Ainsi :– le décor (rue de Londres, docks sur la Tamise, intérieurs cossus) est dessiné de façon précise ;– les personnages sont reconnaissables par leur costume (eux aussi fidèles à la mode de l’époque) ;– mais les propos des personnages sont transformés et modernisés, leur physique est caricaturé et la structure de la narration est bouleversée par l’apparition de personnages anachroniques ou par des événements et des péripéties burlesques.

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3. Pourquoi le personnage de Sherlock Holmes est-il encore célèbre aujourd’hui ?

Lecture

Cecil et Brunschwig, Holmes, Livre I « L’adieu à Baker Street », Futuropolis, 2008.4 mai 1891, Sherlock Holmes disparaît aux Chutes de Reichenbach. Pour son frère, Mycroft Holmes, sa mort est un suicide déguisé. Malgré les preuves apportées par Mycroft, Watson se refuse de croire à cette version des faits. Il se lance dans une enquête qui va tout lui révéler de l’histoire de Sherlock Holmes et de sa famille.Cet album dont Cecil est le dessinateur et Luc Brunschwig le scénariste est suivi d’un Livre II, intitulé « Les liens du sang ».

u L’adaptation des personnages (document 1)

1. Le docteur Watson et Sherlock Holmes appartiennent à la bourgeoisie. Les éléments du dessin qui permettent de répondre sont les nombreux détails de l’intérieur cossu de Watson : service à thé, fauteuils confortables, guéridon, console sur laquelle sont posés des livres, des tableaux accrochés au mur, des plantes d’intérieur, papiers peints, moulures, rideaux aux fenêtres. Les vêtements des héros dénotent également l’élégance masculine : chemise blanche, boutons de manchettes, gilet cintrée, cravate. Les personnages sont parfaitement rasés, moustaches et favoris impeccablement taillés et cheveux maîtrisés. La visée descriptive de la vignette � (très grande) est évidente.

2. Watson et Holmes sont unis par des liens d’amitié. Holmes appelle Watson « vieux compagnon » et lui donne un « conseil d’ami ». Watson l’interroge sur le « genre d’amis » qu’ils sont devenus. Cette amitié que le lecteur connaît bien est dans cette BD au centre d’une réflexion menée effectivement sur le lien qui unit ces deux hommes.

u L’adaptation du temps et des lieux de l’action (document 1)

3. Le but de cette question porte sur l’essence même du travail des auteurs qui cherchent à créer une atmosphère très forte par un dessin en noir et blanc, où les nuances de gris sont aussi très utili-sées. Le décor est très présent et très riche dans l’ensemble de la planche. Les extérieurs et les inté-rieurs sont très détaillés dans un souci de recréer l’époque : le dessin est donc très réaliste et documenté, le héros est inscrit dans la réalité. Mais dans les vignettes 2 et 3 le décor disparaît et laisse Watson dans un cadre noir. Il est dans l’obscurité totale, dans un néant indéfini, où seul un trait de lumière vertical laisse comme une cicatrice lumineuse sur son visage. Ses yeux sont étran-gement clairs. L’absence de décor, de repère, signifie la volonté des auteurs de laisser une incertitude sur la réalité de ce qui est montré : Watson dort-il ? rêve-t-il ? Ces deux vignettes sombres permettent l’illusion, l’hallucination suivante : la venue de Holmes. Cette apparition surnaturelle de l’ami mort est rendue également par une absence de décor, obtenue par un effet inverse : un fond blanc, qui éblouit Watson.

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4. Les détails du décor qui permettent au dessinateur de rendre l’atmosphère des romans de Conan Doyle sont : les fauteuils massifs, le service à thé, et la présence de livres sur la table à l’arrière-plan ; ils soulignent l’aspect masculin de ce salon-bureau, l’activité intellectuelle des deux détectives, le confort et l’intimité.

u L’adaptation de l’intrigue (documents 1 et 2)

5. La première vignette fonctionne comme un plan large au cinéma. Elle n’a pas une visée descriptive des lieux et du temps de l’action mais sa taille signifie l’importance traumatique de l’événement montré : la mort de Holmes. La place de cette vignette est proportionnelle à l’importance obsession-nelle qu’elle a dans l’esprit de Watson. On peut aussi y lire la durée de la chute de Holmes, ainsi que la durée du cauchemar de Watson qui revit sans cesse cette scène traumatisante.

6. Le très gros plan de la vignette 2 permet au lecteur d’être au plus près de Watson. Le cauchemar dessiné dans la vignette 1 cesse au moment précis où Watson ouvre les yeux, mu par l’émotion sus-citée par cette vision. Les yeux sont cette ouverture qui permet au lecteur de sonder l’âme de Watson.

7. Le rai de lumière des vignettes 2 et 3 provient probablement du jour qui s’infiltre entre les doubles rideaux qui opacifient le salon. La lumière est éclatante en vignette � : Holmes a ouvert les rideaux ce qui permet au soleil d’illuminer la pièce. La lumière est ici révélation. Watson est ébloui par la blancheur, la clarté de cette lumière qui émane en fait de l’apparition de Holmes, fantôme flamboyant, incandescent.

8. Dans le document 2, on comprend que l’hallucination de Watson est finie et que le récit continue parce que les deux premières vignettes replongent Watson dans l’obscurité. Les rideaux n’ont donc jamais été tirés par Holmes et tout ce qui a suivi était donc un rêve. La continuité narrative est donc assurée par l’obscurité. Dans la vignette 3, le lecteur a confirmation du caractère hallucinatoire de la venue de Holmes puisqu’il voit le personnage de Conan Doyle tirer les rideaux, « pour de vrai » cette fois.

9. Arthur Conan Doyle est l’auteur des aventures de Sherlock Holmes. En introduisant l’auteur dans les aventures fictives de son personnage, et en lui donnant le rôle d’agent littéraire de Watson, les auteurs de la BD brouillent les limites entre réalité et fiction. Watson devient un personnage réel ; et s’il a réellement vécu, Holmes, qu’il a connu et dont il a raconté les aventures, devient lui aussi un personnage réel.

10. La BD de Cecil et Brunschwig interroge aujourd’hui de façon moderne les liens très forts qui unis-sent un des couples de détectives les plus connus. En présentant l’auteur sir Arthur Conan Doyle comme l’agent littéraire du Docteur Watson, les auteurs de la BD relancent le mythe selon lequel Holmes aurait existé. Ce mythe, qui trouve encore aujourd’hui écho dans toutes les associations des amis de Sherlock Holmes, assure aux personnages inventés par Conan Doyle beaucoup de publicité et renforce leur notoriété.

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écriture et oral

11. La réponse à la problématique de séance s’obtient grâce aux réflexions, à l’étude des documents et à l’écriture personnelle des élèves, il ne peut donc pas y avoir de réponse type. Néanmoins on peut attendre quelques-uns des éléments suivant :– le personnage de Holmes est encore célèbre aujourd’hui : cette BD prouve qu’il est encore source de nombreuses interrogations et de nombreuses lectures ;– sa personnalité complexe, inquiétante, fascine les lecteurs mais aussi les auteurs ;– il est aussi au centre de la création artistique : BD, adaptation cinématographique, dessin animé. De nombreux musées lui sont consacrés, ainsi que de nombreux essais, sites internet…

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évaluation des compétences de lecture 10 points

Thomas Day, L’Instinct de l’Equarrisseur, Éd. Mnémos, 2002.Auteur français né en 1971, Thomas Day fait d’Arthur Conan Doyle le personnage principal de ce roman : médecin dans l’Angleterre victorienne, il est en contact avec Watson, personnage encombrant d’un monde parallèle. Dans son monde, Watson est l’ami de Sherlock Holmes, assassin sans scrupule aux ordres de la Reine. Conan Doyle est sollicité par Watson et Holmes pour les aider à résoudre de sanglantes énigmes ; il doit alors passer dans ce monde parallèle. Lorsqu’il revient chez lui, ce qu’il a vécu le pousse à coucher sur le papier, sous forme romanesque, les aventures de Sherlock Holmes, dont il atténue le caractère inquiétant : c’est le Sherlock Holmes que nous connaissons…Ce roman appartient à la catégorie des romans de steampunk, genre de science-fiction non technolo-gique, qui s’ancre dans notre passé. Pour plus de détails, vous pouvez consulter le site : http://www.cafardcosmique.com/DAY-Thomas

u Document 1

1. Les sentiments du C. Doyle de Thomas Day pour le héros de ses romans sont proches de la haine, de la jalousie. L’auteur s’est trouvé pris au piège du succès de ce personnage qui a complètement envahi sa vie, et l’a empêché d’écrire ce qu’il aurait voulu écrire.– ligne �, il parle de malédiction à propos de son personnage. (1 point)– ligne 10, il rapporte les propos de Conan Doyle qui résument bien ses sentiments : « Mariez-le, assassinez-le, disposez de lui comme bon vous semble. » (1 point)

2. Pour se débarrasser de S. Holmes, Doyle écrit une aventure Le Dernier problème (1893) où son héros meurt dans un combat contre son ennemi juré : Moriarty. Mais les admirateurs et le public firent pression sur l’auteur pour le faire revivre et poursuivre ses aventures. C. Doyle ressuscite Hol-mes en 1903 dans la nouvelle La Maison Vide. (1 point)

3. Thomas Day rebondit sur les propos tenu par C. Doyle lui-même : « disposez de lui comme bon vous semble » (1 point) et se dit que cette autorisation accordée à un auteur de seconde zone peut être accordée à un bon auteur comme lui (1 point).

u Document 2

4. Les différences introduites sont (0,� point par élément de réponse) : les Worsh, peuple d’extrater-restres ; des fantômes mécontents ; autres créatures du même acabit ; un side-car (anachronisme).Les éléments auxquels Day reste fidèle sont (0,� point par élément de réponse) :– allusion à des aventures célèbres : Le Chien des Baskerville ;– Holmes enquête (ligne 1�) ;– le narrateur des aventures de Holmes est Watson (ligne 1�) ;– C. Doyle est l’auteur, il écrit et « raconte ».

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u Document 3

5. L’homme représenté sur cette couverture est S. Holmes. On le reconnaît grâce aux éléments sui-vants (0,� point) : sa pipe ; sa casquette typique ; son manteau à large col ; son élégance naturelle (Il est assis, les jambes croisées, une main nonchalamment posée sur son genou).Le sous-titre « vie et mort de S. Holmes » précise aux lecteurs qu’il s’agit bien du détective, car des éléments ont été ajoutés, qui brouillent l’image qu’on peut avoir de lui, à savoir (0,� point) :– Holmes porte une imposante paire de bottes en cuir ;– Il y a à ses côtés deux fusils automatiques, qui introduisent une notion étrangère au personnage : la violence. Ces armes sont d’ailleurs des armes modernes inconnues au xixe siècle ;– Holmes porte en bandoulière des ceintures de cartouches, à la manière des guérilleros mexicains ;– D’ailleurs, derrière lui, on distingue des fresques d’inspiration précolombienne et Holmes est assis sur un banc de pierres taillées, incrustées dans un mur, comme s’il était dans un temple Maya ou Aztèque. Le cadre de ses aventures n’est donc plus respecté. Holmes devient un aventurier, un mer-cenaire, un cow-boy armé.

évaluation

des compétences d’écriture 10 points 6. On veillera à ce que les éléments constitutifs de la lettre soient présents (expéditeur, destinataire, date, formules de politesses) et à ce que la situation d’énonciation soit respectée (Day est l’expédi-teur, le sujet de la lettre est Holmes). Le contenu de la lettre est argumentatif : son thème doit donc être annoncé et la thèse clairement exprimée. On peut attendre trois arguments, organisés à l’aide de connecteurs logiques. Selon le travail fait en classe, on peut aussi attendre des exemples.

Pistes pour l’argumentation pour et contre :C’est une bonne idée de prendre S. Holmes pour héros parce que…– tout d’abord, le lecteur aime suivre les aventures de son héros favori ;– ensuite c’est un bon argument de vente que d’utiliser un héros populaire dans ses romans ;– de plus, c’est un jeu intéressant que de reprendre un personnage connu et de le faire vivre dans d’autres situations ;– plus encore, il est intéressant de moderniser et d’adapter le contexte pour continuer de faire vivre ce personnage à la personnalité si riche.

Ce n’est pas une bonne idée de prendre S. Holmes pour héros parce que…– tout d’abord, le lecteur se lasse de lire toujours les aventures de ce héros ;– ensuite, l’univers de Holmes et ses méthodes d’investigations sont dépassés ;– de plus, les romans policiers à énigmes ne sont plus à la mode car ce sont les « polars » qui plai-sent aujourd’hui ;– plus encore, le personnage de Holmes n’est pas du tout intéressant pour les jeunes d’aujourd’hui. Il ne leur apprend rien sur le monde d’aujourd’hui, ils peuvent d’autant moins s’identifier à lui qu’il porte des valeurs négatives (il fume, se drogue, est dépressif…) ;– enfin c’est malhonnête de reprendre un personnage qui existe déjà et d’utiliser quelque chose qu’on n’a pas inventé soi-même.

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Séquence A - LeS vAmPIreS

1.a Ce qui préoccupe Edward dans sa condition de vampire, c’est de prendre conscience que, quel-que soit ses victimes, il est un « monstre ».b. Ce personnage est semblable au vampire du xixe siècle car sa condition est la même, il vit le même dilemme : comment admettre que l’on se nourrit d’humains et que l’on entraîne l’autre dans la mort, comment établir une relation amoureuse alors que l’on sait que l’on est un monstre ? Edward est un héros d’aujourd’hui par son langage, il utilise des mots de notre époque comme « dépression ».

2. Nom : Dracula.Titre : comte.Inspirateur : Vlad IV l’empaleur (1�31-1�7�).Lieu de vie : Transylvanie, château des Carpates.Signes particuliers : vampire.Pouvoirs : tous.Nourriture : sang.Caractère : ambivalence entre douceur et violence, susceptibilité.Apparitions littéraires : voir infra bibliographie complémentaire.Apparitions cinématographiques : voir réponse à la question �.

3. Pour aider les élèves, leur rappeler qu’ils peuvent utiliser des mots-clés (genres : roman, BD, cinéma ; auteurs : commencer par ceux évoqués dans cette séquence ; notions : vampire, sang, fan-tastique, etc.)

4. Des films de vampires :– Nosferatu le Vampire, 1922. Titre original : Nosferatu oder eine Symphonie des Grauenes. Un film de Friedrich Wilhelm Murnau.– Dracula, 1931. Titre original : Dracula. Un film de Tod Browning.– Le Bal des vampires, 19�7. Titre original : Dance of the Vampires. Un film de Roman Polanski.– Les Prédateurs, 1983. Titre original : The Hunger. Un film de Tony Scott.– Vampires, vous avez dit vampires? (I), 198�. Titre original : Fright Night (I). Un film de Tom Holland.– Génération perdue, 1987. Titre original : The Lost Boys. Un film de Shumacher.– Dracula, 1992. Titre original : Bram Stoker’s Dracula. Un film de Francis Ford Coppola.– Entretien avec un vampire, 199�. Titre original : Interview with the vampire. Un film de Neil Jordan.– Une Nuit en enfer, 199�. Titre original : From Dusk Till Down. Un film de Roberto Rodriguez.– Vampires, 1998. Titre original : Vampires. Un film de John Carpenter.– Blade, 1998. Titre original : Blade. Un film de Stephen Norrington.– L’Ombre du vampire, 2000. Titre original : Shadow of the vampire. Un film de E. Elias Merhige.

5. Des publicités qui utilisent le personnage de vampire :Vous pouvez consulter ce site : http://pagespro-orange.fr/morduedevampires

Objet d’étude X

Xxxxxxxxxxxxxxx Pages xx à xx du manuel

A c t I v I t é S e t P r O L O n g e m e n t S

Interrogation 1 Les héros littéraires d’hier sont-ils les héros d’aujourd’hui ?

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Séquence B - SherLOck hOLmeS

1. La réponse à cette question dépend entièrement de la culture et des connaissances de nos élèves. Il s’agit ici de mobiliser leurs connaissances et d’interroger leurs goûts.

2. Cette question peut-être adaptée en fonction de ce qu’ont lu ou ont envie de lire nos élèves. Les méthodes d’investigations des personnages d’Agatha Christie ne sont pas foncièrement différentes de celles qu’utilisent Holmes, aussi on peut modifier en ce sens la question.

3. Guy Ritchie est un réalisateur britannique dont le premier film Arnaques, crimes et botanique réa-lisé en 1998 a obtenu une trentaine de prix. C’est son film Snatch, un polar déjanté, dominé par l’hu-mour noir, qui fera énormément de bruit à sa sortie en 2000 et fera de lui un réalisateur très en vue et très « branché ». Pour son adaptation cinématographique de Sherlock Holmes, il choisit Robert Downey Jr pour interpréter Holmes et Jude Law pour incarner Watson. Ce casting rajeunit les héros de Doyle en leur donnant des visages très modernes et très en vue dans le cinéma hollywoodien. Le film est d’ailleurs présenté comme un film d’action, ce qui semble paradoxal au vu de l’univers de Conan Doyle et de la méthode de travail du détective. Il est bien sûr question pour le réalisateur et ses producteurs de s’assurer un succès public auprès du jeune public (Robert Downey Jr incarne le héros de Iron man 1 et 2). Holmes devient donc un héros tout en muscle, et Watson devient un jeune homme très séduisant après avoir été un vieux médecin barbu de l’armée britannique. La réputation de Guy Ritchie, son travail et le casting de ce nouveau film, moderniseront très certainement les héros de Conan Doyle et relanceront leur popularité.

4. Le site très sérieux de la Société Sherlock Holmes de France (sshf.com) donne �8 adaptations cinématographiques en muet (1900-1929), �� adaptations en parlant (1929-2009), �2 téléfilms, 29 séries télé, 3 fils d’animation et même � films classés X. Ces chiffres sont très intéressants dans la mesure où on voit que dès ses débuts, le cinéma a voulu mettre en scène les aventures de Holmes. De plus la SSHF donne une bibliographie très complète des livres où le héros apparaît, ainsi que des essais qui lui consacrés. L’existence même de cette société témoigne de la popularité de Holmes.

5. Ce qui est intéressant dans ce musée de Baker Street, c’est qu’en créant ce lieu fictionnel, on rend tout à fait réel le personnage de Holmes. Les élèves peuvent se rendre sur ce site très facilement et voir d’eux-mêmes le salon et les objets « personnels » du célèbre détective, nourrissant ainsi le doute sur la réalité ou pas de ce personnage littéraire. Il y a d’ailleurs d’autres musées Holmes, dont un en Suisse : le musée de Lucens. En 19�1, il y eut à Londres une exposition entièrement consacrée à Hol-mes. Y figurait notamment une reconstitution détaillée du salon du détective, tel qu’il est décrit dans l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle. Parmi les objets présentés se trouvaient de nombreuses pièces authentiques ayant appartenu à Doyle ou à l’illustrateur Sidney Paget.

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histoire des arts Page 27 du manuel

thématique : « Arts, réalités, imaginaires »

J. H. Füssli, Le cauchemar, 1790-1791, 127 x 101 cm, huile sur toile.Johann Heinrich Füssli (17�1-182�) est un peintre d’origine suisse qui a vécu l’essentiel de sa carrière en Angleterre. Füssli est célèbre pour ses ambiances surnaturelles et fan-tastiques ; il a exploré aussi les abysses du fantasme et de la folie. Le Cauchemar, dont il existe plusieurs versions, figure parmi ses tableaux les plus célèbres. Un autre de ses chefs-d’œuvre s’intitule le Silence (1799-1802). Sa production artistique, souvent tein-tée d’érotisme, a influencé fortement les peintres romantiques.

Lecture de l’image

1 Exemple de formulation pour la réponse : au premier plan, j’aperçois une femme allongée et un monstre, au second plan, je distingue une coiffeuse et des flacons ; enfin à l’arrière plan, je vois un cheval et un rideau.

2 La jeune femme semble en plein sommeil, allongée sur un lit, sa tête penche vers le sol, exposant son long cou. Elle paraît rêver et presque morte. Sa position est exagérée, son bras est tordu. La dormeuse est dans une position qui paraît encourager les cauchemars.

3 Le mot « incube » désigne un ange déchu par la luxure, devenu démon mâle et cherchant à jouir des femmes quand elles rêvent ou somnolent. Consulter le site : http://mythologica.fr/demon/incube.htmCe terme est à rapprocher de l’étymologie du mot « cauchemar » : « mare » en néerlandais est un fan-tôme malveillant qui tourmente et fait suffoquer les dormeurs. La première signification du « cau-chemar » est celle d’un dormeur ayant un poids sur le torse combiné avec une paralysie du sommeil, une dyspnée ou un sentiment de crainte. Le titre du tableau fait donc directement référence à l’in-cube posé sur la femme.

4 L’incube et le cheval semblent des menaces : le cheval surgit d’entre des rideaux, il a les yeux blancs, l’incube a une expression assimilable à un ricanement… ces personnages rendent la scène effrayante.

5 Le décor est celui, intime, d’une chambre à coucher : un lit, une coiffeuse, un flacon, un poudrier, un miroir, des rideaux ; il a des accents romantiques (les voilages, le mobilier, etc.).

6 Couleurs Thèmes Lumière

Rouges : sandalesOcres-jaunesTerre de sienne, d’ombreBlancsLes couleurs claires et brillantes de cette femme sont en opposition aux rouges foncés, jaunes et ocres du fond.

Mort/vie en sommeilMal (monstre)/bien (femme)Inconscient/visibleDésir (surgissement du cheval)/Angoisse (de la femme)Rêve (le personnages du cauchemar)/réel (le sommeil de la femme rêvant)Humain/animal

Obscurité du fond/Clarté du corps de la femme

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Réception de l’œuvre

7 Le tableau aurait pour origine la passion amoureuse de Füssli par la belle Anna Landolt dont il fit le portrait et que son père refusa de lui donner en mariage. La toile semble dépeindre simultanément une femme rêvant et le contenu de son cauchemar (l’in-cube et le cheval). Des critiques d’art ont vu également une problématique sexuelle anticipant les idées freudiennes : sublimation des instincts sexuels, le démon comme la libido masculine, avec l’acte sexuel repré-senté par l’intrusion du cheval à travers le rideau.Le tableau en est venu à personnifier une nouvelle ère, celle des Lumières et de la psychanalyse, et la fin d’une époque, celle des croyances diaboliques.

8 Cette peinture provoque des sentiments de peur, d’angoisse, de frayeur, mais aussi d’admiration par la beauté de la femme.

Écriture

9 Ce tableau, à son époque, a été jugé scandaleux du fait de la position de la femme et des conno-tations sensuelles, voire sexuelles qu’il contient.

10 Pistes pour la réponse :– cette œuvre s’inscrit dans le courant romantique, dans lequel l’homme explore les forces de la nuit dans les larmes, le rêve, la fascination pour le macabre ;– elle est en opposition au classicisme qui prône la raison, la clarté, la logique.

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Interrogation 2 En quoi l’histoire du personnage étudié, ses aventures, son évolution aident-elles le lecteur à se construire ?

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ruy BLAS, de vIctOr hugO Pages 28 à 33 du manuel

Introduction au travail sur la séquence

Dans le cadre de l’interrogation « En quoi l’histoire du personnage étudié, ses aventures, son évolution aident-elles le lecteur à se construire ? », l’étude de la pièce de Victor Hugo permet de mettre en œuvre plusieurs éléments de connaissances des programmes :– Ruy Blas est une œuvre maîtresse de la période du Romantisme ;– drame romantique, la pièce montre la construction et l’évolution d’un héros, Ruy Blas ;– la notion de personnage de théâtre sera abordée.Le parcours proposé dans l’œuvre intégrale permet d’analyser :– comment le personnage se construit à travers des mots ;– l’évolution du personnage depuis son apparition dans l’œuvre jusqu’à la fin ;– ce qu’un personnage de fiction dit de la réalité ;– en quoi le personnage porte le projet de son auteur.

Ruy Blas, le contexte littéraire

On distingue parfois deux périodes romantiques. La première concerne la prose et la poésie et commence dès les premières années du xixe siècle. René, de Chateaubriand, est publié en 1802 ; son personnage éponyme incarne la première figure de héros romantique, écartelé entre l’infinité de ses désirs et une réalité décevante. Les textes, poésie et prose, expriment avec lyrisme le désespoir d’un Moi souffrant, en proie au « mal du siècle », à un sentiment d’insatisfaction et d’ennui profond face à une réalité décevante.

La seconde période romantique correspond à une expression plus engagée dans le monde social et politique, ainsi qu’à une volonté plus affirmée de renouvellement esthétique. À partir des années 1820, le drame romantique se développe. En 182�, Stendhal publie Racine et Sha-kespeare, un essai qui expose de nouveaux principes esthétiques pour le théâtre : il prône l’ouverture du genre au réel, à la représentation de l’Histoire, et appelle à la transgression des règles classiques jugées sclérosantes.

En 1827, Victor Hugo publie Cromwell, drame réputé injouable car trop long, mais assorti d’une longue préface valant pour manifeste du Romantisme et plus précisément du drame romantique. À la suite de

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Stendhal, il affirme la nécessité d’en finir avec les règles classiques, exceptée celle de l’unité d’action, et pose les bases d’un théâtre refusant le cloisonnement entre les genres et les registres, mêlant donc comique et tragique. Victor Hugo en appelle à la fusion entre sublime et grotesque, que Ruy Blas illustrera à bien des égards.

En 1830, a lieu la « bataille d’Hernani » : après la censure de Marion Delorme, en 1829, Victor Hugo veut faire d’Hernani le drame politique par excellence, posant le problème du pouvoir et de sa légitimité. Se développe un climat d’hostilité à la pièce avant même les représentations. Cependant, la censure se contente d’émettre des réserves, n’osant pas censurer deux fois de suite Victor Hugo. L’un des censeurs, Brifaut, va mener une cabale contre la pièce, répandant dans les salons, avant la représentation, des extraits déformés de la pièce. À l’époque, dans les salles de théâtre, se trouve la claque, c’est-à-dire un groupe de person-nes payées pour réagir pendant la représentation (en applaudissant ou en sifflant) : or, la claque, très classique dans ses goûts, est hostile à Victor Hugo. Par conséquent, lors des représentations, un groupe d’amis de l’auteur va venir pour soutenir la pièce. S’affrontent donc dans le public les spectateurs qui huent et sifflent la pièce, et les amis de Victor Hugo, qui manifestent tout aussi bruyamment leur soutien : ces derniers sau-vent la pièce, remportant « la bataille d’Hernani », en dépit d’une récep-tion désastreuse dans la presse.

Si Alexandre Dumas remporte de grands succès au théâtre avec La Tour de Nesle en 1832 ou Kean en 1836, le drame romantique connaît aussi de retentissants échecs. Musset en fait l’expérience en 1830 avec La Nuit vénitienne, au point qu’il renoncera à écrire pour la scène, préfé-rant publier « Un spectacle pour un fauteuil », avec André del Sarto (1833) ou Lorenzaccio (183�), qui ne seront pas alors mis en scène.

Ruy Blas est écrit quelques années plus tard, en 1838. La pièce doit inaugurer le théâtre de la Renaissance, qui soutient les auteurs romanti-ques. La première de Ruy Blas a lieu le 8 novembre 1838, et connaît immédiatement un succès populaire, tout en étant critiquée par une par-tie de la presse : Balzac n’hésitera à parler à son sujet « d’une infamie en vers ». Synthèse des principes du drame romantique, la pièce en marque aussi le déclin sur la scène française.

Ruy Blas, un drame romantique

Stendhal appelait de ses vœux un théâtre inscrit dans l’Histoire, abordant les grands sujets politiques nationaux. Ruy Blas va restituer une époque passée, celle de l’Espagne des années 1�90, période de décadence d’une dynastie royale et de la noblesse ; mais il s’agit pour Victor Hugo de parler du présent, de la France de la Monarchie de Juillet. Il pose la question de la légitimité du pouvoir, de ses limites, il peint aussi les dérives d’un pouvoir avide de richesses, qui s’exerce au détriment du

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peuple (voir séance 2, extrait de l’acte III, scène 2). À ce titre, Ruy Blas est un drame pessimiste : le héros, qui représente le peuple, ne peut accéder au pouvoir que par une imposture qui le condamne (voir Évalua-tion, acte V, scène �).

À la suite de Stendhal encore, Victor Hugo prône un théâtre affranchi des pesanteurs des règles classiques, et utilisant toute la palette des possibilités dramatiques. De fait, dans Ruy Blas, l’auteur renonce à l’unité de lieu. Quatre actes se déroulent dans des lieux différents, répartis dans le palais royal ou dans la maison de Don Salluste. Par ailleurs, Victor Hugo s’affranchit de la règle d’unité de temps : Ruy Blas se déroule sur sept mois. Il faut en effet le temps de l’ascension de Ruy Blas, qui ne saurait accéder au pouvoir en un jour. En revanche, Victor Hugo a toujours réaf-firmé la nécessité de l’unité d’action. Dans Ruy Blas, l’intrigue amoureuse et l’intrigue politique sont liées, l’intrigue amoureuse étant en partie orchestrée par Don Salluste au profit de son projet de vengeance politique.

Le mélange des genres. Comme l’écrivit Benjamin Constant, le drame permet de mettre en valeur les héros avec « cette mobilité ondoyante qui appartient à la nature humaine et qui forme les êtres réels » (préface à la pièce de Schiller, Wallenstein). Chaque personnage se doit donc d’être contradictoire. Ruy Blas est un laquais qui aspire à la gran-deur, il est aussi « un ver de terre amoureux d’une étoile ». Don César a deux noms et deux histoires tout à fait opposées. Dans la structure même de la pièce, Hugo alterne comique et tragique : l’acte IV est dominé par le registre comique, tandis que l’acte V l’est par le registre tragique. Le réquisitoire de Ruy Blas contre les ministres illustre le sublime (voir séance 2, extrait de l’acte III, scène 2), mais devient grotesque dans la bouche de Don Salluste qui le commente ainsi : « C’est bouffon. »

Il faut noter enfin que l’intrigue et les personnages illustrent à bien des égards les thématiques romantiques du bonheur impossible, de la passion insatisfaite. Ruy Blas est d’emblée un jeune homme insatisfait, rempli d’aspirations élevées rendues impossibles par sa condition et par un réel insuffisant (voir séance 1, extrait de l’acte I, scène 3). Ses souf-frances rappellent celles des héros romantiques de la première époque du mouvement, le Mal du siècle et le « vague des passions ». La Reine elle-même est en proie à des accès de mélancolie qui en font une héroïne romantique. L’histoire d’amour entre Ruy Blas et la Reine est également typiquement romantique : passion impossible et supérieure, elle est source de souffrance autant que de joie, et condamne les deux personnages.

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1. Le lecteur peut-il se sentir proche des sentiments exprimés par le héros romantique ?

La scène 3 de l’acte I complète l’exposition (on parle d’exposition différée). Ces deux extraits ont été retenus parce qu’ils permettent de caractériser le héros par deux traits que l’on peut rattacher au romantisme : dans le premier extrait se dessine un héros en devenir, romantique par ses aspirations élevées mais vaines ; dans le second extrait est dévoilée la passion amoureuse du personnage pour la Reine, amour rendu impossible par la condition sociale de Ruy Blas. Autoportrait lucide, dévoile-ment plein d’émotion, le propos de Ruy Blas déclenche la sympathie du lecteur qui se sent proche de ce jeune homme rempli d’aspirations élevées. La photographie d’une mise en scène de la pièce permet de compléter la caractérisation du personnage.

Lecture

u Présentation du personnage (document 1)

1. Ruy Blas insiste ici sur son caractère d’idéaliste, de rêveur. Les élèves pourront repérer le champ lexical de l’idéalisme et de l’ambition : « rêveur », « je jetais mes pensées et mes vœux vers le ciel », « je ne sais quelle ambition au cœur », « un but invisible », « je croyais tout réel, tout possible », « j’es-pérais tout ».

2. On peut ici faire repérer deux procédés d’écriture :– en opposition au champ lexical précédemment relevé, le champ lexical de l’échec : « par pitié nourri dans un collège », « strophes insensées », « paresseux », « mourant de faim sur le pavé », « j’ai ramassé du pain », « fainéantise », « ignominie ».– une opposition entre deux temps verbaux : pour évoquer sa jeunesse de liberté, d’idéalisme et de bohême, Ruy Blas emploie l’imparfait de l’indicatif, doté d’une valeur durative. La rupture avec cet âge d’innocence intervient avec l’indice temporel « un jour » (vers 311), certes peu précis, mais qui est suivi de l’usage du passé composé, dont la valeur d’accompli indique qu’il évoque les consé-quences (connecteur logique « si bien que » au vers 311) de ses rêves d’idéal. Cette rupture était annoncée par l’exclamation du vers 297 : « Mais moi, quel changement ! ».

3. Ces questions appellent une lecture de l’extrait à deux niveaux.À un premier niveau, Ruy Blas explique ce changement par son propre comportement : l’oisiveté et son caractère contemplatif et rêveur (vers 307-310) le condamnent à la misère et à « l’ignominie ». Par deux fois, Ruy Blas évoque sa paresse : « À quoi bon travailler ? » (vers 30�), « paresseux » (vers 308). Le connecteur logique utilisé au vers 311, « si bien que » exprime le lien de cause à consé-quence : c’est parce qu’il est paresseux et oisif que Ruy Blas meurt de faim.À un second niveau, Ruy Blas, en tant que personnage romantique, est condamné par l’opposition entre ses aspirations élevées à une vie de bohême, de poète, et la réalité difficile de sa condition sociale. Comme il le souligne aux vers 298 à 300, son itinéraire l’élève au-dessus de sa condition, mais lui procure des aspirations qu’il ne peut réaliser, précisément parce qu’il est de condition basse. Ainsi, héros romantique, Ruy Blas est déchiré entre ses aspirations et une réalité décevante. Sublime par ses idéaux, il est condamné à l’échec et à « l’ignominie ».

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u Le secret de Ruy Blas (documents 2 et 3)

4. La réplique occupe un alexandrin et un hémistiche de l’alexandrin suivant : à deux exclamatives succèdent deux interrogatives. À l’expression de la surprise devant l’aveu amoureux de Ruy Blas qui constitue un coup de théâtre, se substituent les questions sur la possibilité même de l’avènement d’un tel sentiment. Don César est surpris que Ruy Blas, de condition modeste, ait pu tomber amou-reux de la Reine qu’il ne peut réellement approcher. Il est probable qu’un tel amour lui semble voué à l’échec et même, inconcevable. On remarquera le rythme rapide des alexandrins : le vers �19 est coupé en trois segments, voire quatre si l’on prend en compte la pause moins forte de la virgule (« Mais quelle idée !// aimer la reine !// ah ça, / pourquoi ? »), avec un rythme �/�/2/2. La réplique se poursuit sur le premier hémistiche du vers suivant, sans pause.

5. On relève des points d’exclamation dans une majorité de phrases, ainsi que de nombreux points d’interrogation. On relève un seul point, et des points de suspension. Victor Hugo use ici d’une ponc-tuation expressive. L’usage des interrogatives et des exclamatives exprime la vive émotion du per-sonnage, la force de sa passion et le sentiment d’impuissance qu’il éprouve. Certaines exclamatives soulignent en effet que Ruy Blas répond « avec emportement » (didascalie), avec colère, mais cette colère ne s’exerce pas contre Don César mais contre lui-même et contre son impuissance : Ruy Blas enrage de ne pouvoir approcher la Reine à cause de sa condition sociale (vers �22-�29). Les excla-matives expriment également la force de ses sentiments amoureux pour la Reine, en particulier à la fin de la réplique, aux vers �3�-�3� : la passion appelle la métaphore hyperbolique « mon sang bout » et l’adverbe exprimant l’intensité du sentiment amoureux, « je l’aime follement ».

6. Il est possible de ne pas considérer les seuls vers �21 à �2� comme la question y invitait mais d’étendre l’étude aux vers �21 à �29.

Jeunes seigneurs Ruy Blas

Vêtements « la plume au feutre » (v. 424) « un vêtement honteux » (v. 427) ; « livrée » (v. 429)

Sentiments « l’orgueil sur le front » (v. 424) « un vivant affront » (v. 423)

Classe sociale

« jeunes seigneurs » (v. 422)aristocratie

Il n’est pas un jeune seigneur (vers 421 à 424)C’est un « laquais » (v. 429)domesticité

Ruy Blas s’oppose aux jeunes seigneurs par sa condition sociale : de basse extraction, il est réduit, par pauvreté, à être un serviteur, un « laquais », misérable par sa tenue. Les jeunes seigneurs appar-tiennent à la noblesse, à l’aristocratie comme en témoignent leur chapeau de feutre paré d’une plume, leur orgueil lié à leur condition. Ruy Blas en ressent de la rage et de l’humiliation.

7. Les sentiments exprimés par Ruy Blas sont en partie ceux qui ont été exprimés dans l’extrait pré-cédent, mais la souffrance et le sentiment d’humiliation se sont accrus, du fait du sentiment amou-reux qu’il vient d’avouer. Le sentiment d’ « ignominie » était déjà présent, le sentiment d’ « affront » est à nouveau exprimé par Ruy Blas qui, comme son vêtement, se sent « honteux ». La souffrance est plus forte dans les vers �37 à ��0 : « Je souffre », « misérable fou ».Ruy Blas apparaît ici comme un personnage émouvant dans sa souffrance et son déchirement. En effet, c’est une nouvelle fois le déchirement du héros romantique qui est exprimé par les vers �39

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et ��0 et l’antithèse entre « valet » et « roi » : « Ce misérable fou qui porte avec effroi / Sous l’habit d’un valet les passions d’un roi ». Le registre est en outre pathétique : la souffrance de Ruy Blas émeut d’autant plus le lecteur qu’il appelle son ami Don César à le laisser seul : « va, fuis-moi » ; « abandonne ».

8. Don César est le personnage qui se trouve à gauche de la photographie, habillé d’un riche habit rose et bleu, avec des festons et des galons dorés. Ruy Blas est à droite, en livrée rouge de laquais. Les personnages semblent liés par l’amitié : ils sont assis l’un à côté de l’autre, en dépit des diffé-rences sociales, et Don César écoute avec attention Ruy Blas, tournant son visage vers lui. Ruy Blas parle et semble absorbé par sa souffrance : il ne regarde pas son interlocuteur. L’éclairage de la scène attire l’attention sur les visages ainsi que sur les costumes, laissant le reste de la scène dans l’om-bre : c’est ainsi une atmosphère intimiste qui est créée, conformément à la scène d’aveu, de confi-dences, qui se déroule.

u Mise en relation des documents

9. On peut attendre deux réactions de la part des élèves :– une première réaction, optimiste : Ruy Blas est éduqué, ami d’un noble, Don César, et à ce titre, il pourrait réussir à attirer l’attention de la Reine, et à sortir de sa condition sociale ;– une deuxième réaction consiste, à la lueur des extraits, à considérer que l’amour de Ruy Blas et de la Reine est impossible, et que le personnage ne pourra qu’échouer, condamné par sa condition sociale.

écriture et oral

10. Il est possible qu’une première réaction des élèves les conduisent à penser que Ruy Blas n’est pas digne d’admiration, précisément parce qu’il met ses défauts en avant, la paresse et l’oisiveté (vers 30�, vers 307 à 310, vers 312-313), mais aussi parce qu’il a honte de sa condition (vers �28-�29). Cependant, on peut mettre en avant sa lucidité et son honnêteté, précisément dans la manière d’analyser ces défauts. Par ailleurs, le héros est digne d’admiration pour plusieurs raisons : il est éduqué en dépit de ses difficultés familiales ; il est empli d’ambition (voir document 1) ; son amour pour la Reine le conforte dans ses ambitions (document 2). Ruy Blas est digne d’admiration par la noblesse de ses aspirations et de ses sentiments, qui s’opposent à sa condition modeste. On inci-tera les élèves à s’appuyer sur les réponses aux questions de lecture pour étayer leurs réponses.

11. En s’appuyant là aussi sur les réponses apportées précédemment, on incitera les élèves à évo-quer le « déchirement intérieur » du héros romantique à deux niveaux complémentaires : amoureux de la Reine, il n’a pas le droit de l’aimer parce qu’il est un laquais, de condition sociale inférieure ; ambitieux et idéaliste, il ne peut réaliser ses ambitions parce qu’il doit travailler pour vivre et se résoudre à un emploi qu’il juge dégradant, à l’opposé de ses ambitions. Ce déchirement est exprimé par les vers �39-��0. On peut en outre s’appuyer sur les réponses apportées aux questions 3 et 7.

12. La réponse à la problématique de séance s’obtient grâce aux réflexions, à l’étude des documents et à l’écriture personnelle des élèves, il ne peut donc pas y avoir de réponse type. Néanmoins on peut attendre quelques-uns des éléments suivants :Le lecteur peut se sentir proche du héros romantique par ses traits de caractère (reprendre questions 1, 2, 3), par la noblesse de ses sentiments et de sa conduite (qui s’oppose aux acquis des jeunes

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nobles qu’il observe : voir question �). Il peut également se sentir proche de ses souffrances, qu’il s’agisse de la souffrance liée à l’impossibilité de réussir socialement ou de la souffrance liée à son amour impossible pour la Reine. Il est important de relever des vers précis mais aussi des procédés permettant d’exprimer les sentiments et les émotions de Ruy Blas : ponctuation, syntaxe (voir ques-tions � et �), figures de style (antithèses).Document complémentaire. Marcel Maréchal met en scène Ruy Blas en 2002. Il écrit ceci : « Ce qui me touche dans cette œuvre, c’est que tous les personnages ont une faille, une fêlure. Ils sont tous étrangers au bonheur et, à leur façon, des exilés. Ruy Blas est l’exil même puisqu’il est le peuple. La reine est une étrangère qui rêve à son pays natal. […] Don César n’a plus de racines puisqu’il a renié sa classe et ne fera jamais partie du peuple dans lequel il s’est réfugié. […] Au fond, c’est peut-être cela qu’on appelle romantisme, cet exil et cette aspiration à un bonheur impossible. »Texte disponible sur http://www.treteauxdefrance.com/archives/2002/ruyblas-02-03/ruyblas.html

2. L’évolution du héros correspond-elle à l’image que s’en était forgé le lecteur précédemment ?

Cet extrait montre l’ascension sociale du héros. Contre toute attente, Ruy Blas s’est introduit à la Cour, parmi les puissants. On retrouve ici l’enthousiasme et la capacité d’indignation apparus dans les extraits précédents, mis au service de la dimension historique et politique du drame romantique.

Lecture

u Étude de l’extrait (document 1)

1. Dans cette tirade politique, Ruy Blas fait le portrait de l’Espagne agonisante et accuse les grands seigneurs de cette déchéance. Le lexique des premiers vers en atteste : « ministres », « conseillers », « l’Espagne », « votre pays ».

2. L’Espagne est un pays en pleine déchéance, en pleine déconfiture, qui perd sa puissance et sa richesse. Plusieurs vers peuvent être cités à l’appui de cette analyse : vers 10�2, vers 10��, vers 10�8-1070. Tous expriment l’idée de mort, de chute, de perte.

3. On relève l’usage abondant du pronom personnel « vous », les possessifs « votre » et « vos », qui désignent les seigneurs qui occupent les fonctions politiques de conseillers et de ministres. Cela permet à Ruy Blas d’interpeler les seigneurs et de les mettre en accusation par des apostrophes et des accusations diverses. Ruy Blas entend ainsi les couvrir de honte en mettant en valeur leur avi-dité, leur égoïsme et leur corruption, et les amener à réagir soit en se retirant du pouvoir soit en rec-tifiant leur conduite.Remarques complémentaires : on peut relever l’ironie des apostrophes du début de la tirade : « ô ministres intègres », « conseillers vertueux ». Par ailleurs, on note une gradation dans les accusations formulées dans les vers 10�9 à 10�� : par la métaphore du serviteur et de son maître agonisant, Ruy

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Blas accuse d’abord les seigneurs d’être des voleurs (« serviteurs qui pillez la maison »), puis des fuyards (« remplir votre poche et vous enfuir après »), enfin des charognards (« fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe »). Enfin, on peut signaler que le « nous » s’oppose par quatre fois à ce «vous » : la première personne du pluriel représente l’Espagne affaiblie. Cette opposition entre le « vous » et le « nous » souligne que les seigneurs ne représentent plus le pays qu’ils devraient pourtant servir, mais leurs intérêts personnels seulement.

4. Ruy Blas représente le peuple d’Espagne, victime des pillages auxquels se livrent les seigneurs. La répétition du mot « peuple » au début des vers 1092 et 109� s’accompagne d’une gradation puis-que dans la deuxième occurrence, il est accompagné de l’épithète « misérable ». On notera aussi la personnification du peuple, « portant sa charge énorme et sous laquelle il ploie », et qui « a sué qua-tre cent millions d’or » : le peuple est un corps souffrant.

u Étude de la gravure (document 2)

5. La gravure illustre le vers 10�8, lorsque Ruy Blas fait irruption et interrompt leur réunion.

6. L’effet de surprise est rendu par divers procédés graphiques. Tout d’abord, Ruy Blas se détache nettement à l’arrière-plan, dans l’encadrement de la porte qui met en valeur sur fond clair sa sil-houette ; il domine en outre le groupe puisqu’il est en haut des marches et lève le bras avec superbe. Ainsi, sa silhouette isolée se distingue du groupe de seigneurs au premier plan.Du côté des seigneurs, l’effet de surprise est restitué par le visage affolé de deux personnages sur la droite, l’un de face, l’autre de profil : sur leurs visages se lisent la stupeur et l’affolement. De même, la surprise se voit dans la posture des personnages de dos, à gauche : les personnages se sont levés brutalement, leurs jambes le montrent, ainsi que le fauteuil qui semble près de tomber. Dans leur affolement, les seigneurs font tomber des feuilles, qui s’éparpillent au premier plan.

u Mise en relation des documents

7. Le fait que Ruy Blas interrompe une réunion secrète des seigneurs montre clairement qu’il n’est plus le simple laquais de la séance 1. La didascalie signifie l’assurance de Ruy Blas (« Ruy Blas se couvre, se croise les bras, et poursuit en les regardant en face »), et la gravure le montre dans un costume d’homme de haute condition, coiffé d’un chapeau à plume (comme les jeunes seigneurs qu’il évoquait dans le document 2 de la séance 1). La façon d’interpeler les seigneurs montre l’audace de Ruy Blas et son ascension sociale : un laquais ne pourrait les invectiver et les accuser sans être taxé d’insolence. Par ailleurs, les vers 10�7 à 1090, par l’énumération des éléments politiques indi-quent au lecteur que Ruy Blas est très au courant de la vie politique de l’Espagne, qu’il connaît sa situation réelle de déchéance politique et économique. Tout cela vaut pour retournement de situa-tion et pour un coup de théâtre : le lecteur est surpris car il avait laissé Ruy Blas désespéré et simple serviteur, il le retrouve parlant d’égal à égal avec les puissants du pays.

écriture et oral

8. Le portrait de Ruy Blas conjuguera des notations physiques et morales, puisque la posture du personnage et son habit reflètent son ascension sociale (on s’aidera de la didascalie du vers 10�8). Le portrait pourra comporter des notations sur le regard de Ruy Blas, ses intonations, son ton : il

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soulignera sa détermination, son intégrité. Le personnage a évolué : il n’est plus accablé par le dou-leur de ne pouvoir progresser socialement, il a accédé à des responsabilités politiques et n’est plus un laquais.Sans aucun doute, Ruy Blas suscite l’admiration du lecteur/spectateur : d’abord parce qu’il a pro-gressé socialement en dépit des obstacles qui se dressaient devant lui, ensuite parce que son dis-cours est noble et soucieux de mettre en accusation ceux qui pillent le pays. Il est donc admirable pour sa réussite (et sa ténacité), pour son audace dans l’interpellation des seigneurs corrompus et pour la force de son discours politique.L’évolution du personnage peut aider le lecteur à se construire parce qu’il montre le triomphe (certes provisoire) du mérite et de l’ambition, triomphant des obstacles sociaux. Par sa volonté, sa pugna-cité, son mérite et son éducation, Ruy Blas a réussi à échapper à sa condition de laquais et à accéder aux hautes sphères du pouvoir.

9. Ce travail de mise en voix nécessite de respecter les rythmes de la tirade, le caractère expressif de la ponctuation et de la syntaxe.

10. La réponse à la problématique de séance s’obtient grâce aux réflexions, à l’étude des documents et à l’écriture personnelle des élèves, il ne peut donc pas y avoir de réponse type.Pour cet exercice d’écriture ou d’oral, il est important que les élèves puissent nuancer et argumenter leur réponse. On peut en effet considérer que l’évolution du héros est surprenante : rien ne laissait présager, pour ce jeune homme de basse condition, une telle ascension sociale. Alors qu’il regardait aller et venir les jeunes gens fortunés auxquels tout l’opposait, qu’il s’était résigné à n’être qu’un laquais, il a échappé à sa condition sociale et est désormais un puissant, capable de faire des ana-lyses politiques de la situation du pays et de parler avec rudesse et audace aux seigneurs ministres et conseillers. Cependant, cette évolution, pour surprenante qu’elle soit, est cohérente par rapport à l’image que s’en était forgé le lecteur : la morgue des jeunes seigneurs dégoûtait Ruy Blas comme celle des conseillers et des ministres corrompus. Son ambition et ses idéaux trouvent leur aboutis-sement logique et mérité dans cette réussite sociale. Ainsi, l’évolution du héros est inattendue mais conforme à l’image que le lecteur s’était forgé du personnage.

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évaluation des compétences de lecture 12 pointsu Document 1

1. Dès le vers 2223, la reine oscille entre vouvoiement et tutoiement : cela trahit le désordre de ses sentiments et la vive émotion qu’elle ressent en voyant Ruy Blas absorber le poison. Il est possible aussi que le vouvoiement s’adresse à ce « Ruy Blas » qu’elle ne connaissait pas tandis que le tutoie-ment s’adresse au faux Don César qui est son amant. Par ailleurs, on remarque qu’à partir du vers 222�, elle utilise uniquement le tutoiement : elle reconnaît peu à peu Ruy Blas comme son amant. Au vers 222�, elle l’appelle « César », par la suite elle l’appelle de son vrai nom, « Ruy Blas » : au fil de la scène, passant du « vous » au « tu », de « César » à « Ruy Blas », elle le reconnaît tel qu’il est vrai-ment et lui confirme son amour.

2. Le nom de Don César n’est pas son vrai nom, c’est un nom de noble qui lui a permis d’approcher la reine et d’accéder au pouvoir : c’est donc le nom de l’imposture qui ne correspond pas à ce qu’il est réellement. Il est important pour lui que la reine l’appelle de son vrai nom, parce que c’est une manière de lui redonner son identité authentique ; de la part de la reine, il attend ainsi la reconnais-sance qu’elle l’aimait pour ce qu’il est vraiment, et non pour sa condition sociale.

3. Le champ lexical du religieux est ici employé : « ô mon Dieu », « bénisse », « consolé », « crucifié ». Ruy Blas apparaît comme une figure christique, qui donne sa bénédiction et se sacrifie. Cela accroît l’effet de pathétique : figure de sacrifice, Ruy Blas émeut le spectateur par sa mort et son apaisement.

4. Ruy Blas apparaît serein, apaisé, en paix avec lui-même comme avec autrui. Il dit en effet au vers 2228 : « j’ai la joie au cœur », se dit consolé (« elle a consolé mon cœur crucifié », vers 2231). Récon-cilié avec lui-même et avec la reine, il meurt en prononçant le mot « merci », qui s’adresse à la reine qui vient de s’adresser à lui sous son vrai nom, avec amour. On voit ici l’accomplissement tragique du personnage : il n’était jamais apparu apaisé jusqu’alors, et dans les extraits précédents, appa-raissait comme un personnage désespéré, en colère, déchiré entre des sentiments contraires, exalté et en proie à de vives émotions.

u Document 2

5. Émile Zola a une opinion négative du personnage de Ruy Blas. Pour lui, ce personnage est « un débauché et un filou » : sa trajectoire repose sur un mensonge et une imposture, sur l’adultère aussi. En témoignent les termes : « mensonge », « il vole », « il trompe », « vilenies », « coupable », « adultère », « traîtrise », « ordure de sa conduite », « débauché », « filou ». On note d’ailleurs une gradation dans les termes employés : ils sont de plus en plus péjoratifs et empreints de subjectivité.

6. Émile Zola utilise de nombreuses exclamations. Elles traduisent l’indignation que ressent Zola face à ce personnage, et même le « dégoût », selon le terme qu’il emploie.

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7. Zola retient avant tout l’imposture et la traîtrise dont Ruy Blas se rend coupable. Pour lui, il s’est fait complice de Don Salluste et de sa machination contre la reine (« ce laquais a accepté la reine des mains de don Salluste ») ; il est un imposteur qui a usurpé une identité qui n’est pas la sienne (« il vole un nom qui n’est pas le sien », « il trompe une reine, une cour entière, tout un peuple », « un filou »), un homme qui est coupable d’adultère (« il s’en rend coupable pour consommer un adultère », « un débauché »).En revanche, il ne retient pas les qualités de Ruy Blas : tout d’abord la souffrance du jeune homme écartelé entre ses aspirations et la réalité de sa condition sociale, déchiré aussi par son amour pour la reine (voir les extraits de la séance 1). Ensuite, il ne retient pas davantage la grandeur et la noblesse de Ruy Blas dans son discours (et ses actions) politique : alors que Zola voit dans Ruy Blas un traître, on peut voir au contraire en lui l’homme qui dénonce la traîtrise et la corruption des seigneurs au pouvoir. Il est un homme politique lucide et informé, capable d’analyser avec justesse la situation de déchéance de l’Espagne (voir séance 2).

évaluation

des compétences d’écriture 8 points 8. Les critères d’évaluation seront les suivants :– respect des codes de l’écriture épistolaire : mention des date et lieu, adresse au destinataire, signature.– écriture argumentative : indices de l’énonciation (il s’agit d’une opinion subjective du metteur en scène), utilisation du présent de vérité générale, utilisation de termes mélioratifs pour évoquer Ruy Blas.

9. Les critères d’évaluation seront les suivants :– respect des codes de l’écriture épistolaire : mention des date et lieu, adresse au destinataire, signature.– écriture argumentative : indices de l’énonciation (il s’agit d’une opinion subjective du lecteur/spec-tateur, expression de l’émotion), utilisation du présent de vérité générale, utilisation de termes mélio-ratifs pour évoquer Ruy Blas.– utilisation du lexique de l’émotion, du lexique de la morale (en citant le document 1 de la séance 2).Document complémentaire. Sur un site dédié au théâtre (http://www.passion-theatre.org), on trouve ce témoignage d’une spectatrice de Ruy Blas :« La première action de ce personnage à l’air si triste est de refermer la fenêtre, dès lors, plus de bonheur, plus d’excitation; la fenêtre close, il n’y a plus d’arrivée d’air, je suis enfermée, prise au piège avec la détresse de Ruy Blas. Son maître me dégoûte, il me semble visqueux. […] À la fin, tout le monde ne meurt pas, les morts errant sur la réalité continuent d’errer, des vivants, deux meurent seulement, les deux autres restent enfermés. Je les hais tous, ces morts si adultes qui assassinent ou enferment les vrais vivants! Je meurs aussi petit à petit, je deviens plus adulte, je le sens car je laisse faire, je ne dis rien, je pleure mais je reste inactive. »

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Interrogation 2 En quoi l’histoire du personnage étudié, ses aventures, son évolution aident-elles le lecteur à se construire ?

étude d’un cOurt-métrAge : LeS mIetteS de PIerre PInAud Pages 34 à 41 du manuel

Introduction au travail sur la séquence

Le choix de proposer à l’étude un court-métrage répond tout d’abord aux préconisations des programmes d’enseignement du français parus en 2009 : « [L’enseignement du français en baccalauréat professionnel], en lien avec les enseignements d’histoire, de géographie, d’éducation civique, juridique et sociale, de langues vivantes, d’arts appliqués, d’his-toire des arts, participe à l’enrichissement de la culture commune par la connaissance de mouvements et d’œuvres, par la fréquentation de pro-ductions artistiques variées, par la pratique d’activités culturelles. Il donne les moyens de participer à une vie intellectuelle et citoyenne dynamique. »

Il permet de plus d’étudier une œuvre complète originale car le court-métrage a l’avantage d’être court, ce qui permet plus sérieusement d’étu-dier la narration dans sa continuité et de comprendre, sur le matériau même, les notions de plans, de séquences et de montage.

Ensuite, le choix de proposer ce court-métrage en particulier dans cet objet d’étude « Parcours de Personnages » et pour répondre à l’inter-rogation : « En quoi l’histoire du personnage étudié, ses aventures, son évolution aident-elles le lecteur à se construire ? » est entièrement motivé par les capacités mobilisées par les programmes, à savoir :– Analyser comment le personnage se construit à travers des mots, des attributs, des avatars.– Montrer comment le personnage évolue depuis son apparition dans l’œuvre jusqu’à la fin.– Rendre compte à l’oral et à l’écrit de ce que le personnage de fiction dit de la réalité.– Comprendre en quoi le personnage porte le projet de son auteur.

Enfin le choix de ce court-métrage a été motivé par l’originalité de sa forme, sa fantaisie empruntée aux films de Chaplin, mais aussi par la visée argumentative de son propos, tout cela offrant de nombreuses possibilités d’exploitation avec les élèves qui ne se cantonnent pas à la séquence ici proposée. Il serait tout à fait bien venu de travailler en paral-lèle Les Temps Modernes de Chaplin. Le scénario mis à disposition peut être aussi l’objet d’une étude approfondie dans la mesure où sa forme est également originale. En effet, le réalisateur, Pierre Pinaud, a voulu cette écriture en chapitre qui ont chacun un titre. Ceci n’est pas du

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tout caractéristique de l’écriture scénaristique mais il voulait ainsi faire référence à l’origine littéraire de l’apologue. Le professeur qui étudie les Miettes en seconde professionnelle, pourra rappeler cette étude à ses élèves en première professionnelle – s’il étudie un conte de Voltaire par exemple.

1. Comment se construit un personnage au cinéma ?

Le but de cette première séquence est de montrer que le personnage de cinéma est un artefact, comme les personnages littéraires. Il s’agit, en accord avec les programmes « d’ analyser comment le personnage se construit à travers des mots, des attributs, des avatars ». Sa création est motivée par le projet de auteur et elle obéit à des nécessités narratives – plus encore dans le film de Pierre Pinaud, ou l’aspect apologique du récit est primordial. Le personnage de l’héroïne incarne des valeurs défendues dans le film. Pour susciter l’adhésion à ses valeurs et réussir la visée argumentative, il faut que l’héroïne des Miettes soit un personnage positif, sympathique mais aussi identifiable comme type par le spectateur. C’est alors que tout le travail préparatoire entre la comédienne et le réalisa-teur est intéressant. Les références à Chaplin sont bien sûr importantes en ce sens, car en mobilisant un univers connu et apprécié, en faisant référence à un personnage mondialement connu et élevé au rang de type par Chaplin, le réalisateur s’assure un lien, une communauté de valeurs avec le public. De plus il s’agit aussi de montrer qu’un personnage n’est pas une personne, dotée d’une personna-lité originale ou de psychologie. Il semble aussi important de montrer l’évolution de ce personnage, ses doutes et ce qu’elle a gagné à la fin, ou ce qu’elle a perdu. Le personnage n’est pas fixe, ses caractéristiques ne sont pas figées, ni données telles quelles pour toute la durée du film…

Lecture

u La création du personnage (document 1)

1. Les attitudes et les expressions retenues par Serpentine Teyssier sont l’innocence, la combativité et une certaine folie. Les qualités des comédiens du cinéma muet, selon elle, sont la naïveté désopi-lante, le fait d’être enfantins et frondeurs, pas du tout corrects.

2. Le « naturel factice » de certaines séries télévisées consiste en un jeu des comédiens très stéréo-typé, où les sentiments sont exprimés par une seule et même mimique du visage. C’est un jeu codé, figé et attendu, où le comédien pleure quand il est triste, rit quand il est joyeux, crie quand il est en colère. Ce jeu artificiel est en partie lié aux modes de production de ces séries où le rythme de tour-nage est très soutenu (plusieurs épisodes en une journée) et très découpé (les scènes sont tournées par décor, sans continuité narrative) ce qui ne permet pas aux comédiens de créer un jeu personnel. La justification attendue doit tourner autour de l’idée que tous les comédiens de l’ensemble de ces séries jouent de la même façon, qu’elles soient françaises ou américaines.

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3. Le jeu des comédiens muets ne peut être naturel à cause de la nature même de ce cinéma : muet. Pour exprimer des sentiments, se faire comprendre, et faire comprendre aux spectateurs le dérou-lement de l’action, les comédiens doivent « surjouer » leur jeu, intensifier les expressions, souligner leurs gestes. Mais en même temps, le jeu peut gagner en intensité dans la mesure où, privés de la parole, c’est le corps tout entier qui devient le vecteur des sentiments. Le regard est souvent très important dans le cinéma muet.

4. S. Teyssier qualifie son personnage de combattante, de vraie rebelle. Elle a de l’énergie, elle ne peut se permettre de baisser la garde ni de se soumettre. On apprend également que le personnage qu’elle interprète est une ouvrière, très généreuse ou altruiste puisqu’elle aide un vagabond jusqu’à se mettre en danger.– Le photogramme 1 illustre la qualité d’ouvrière du personnage.– Le photogramme 2 peut illustrer ce en quoi tout est une question de survie pour cette femme qui vit modestement.– Le photogramme 3 illustre sa combativité, son énergie, sa force.– Le photogramme � illustre la détermination, une certaine fierté dans son regard, l’insoumission du personnage.

u Les références cinématographiques (document 2)

5. Pour répondre à cette question il est possible d’envisager plusieurs types d’activités et de réponses.– soit on demande une réponse synthétique sur l’ensemble des 8 photos et l’on attend des obser-vations sur le costume, la coiffure, le décor, les gestes.– soit on demande un rapprochement pour chacune des images issues du film de Pierre Pinaud et l’on attend :un rapprochement entre les photogrammes 3.1 et 2.1 à cause du geste bien sûr mais aussi à cause du costume de chacune des comédiennes qui dénotent le statut social de leur personnage. (ouvrière pour l’héroïne des Miettes, paysanne pour l’héroïne du Vent.)3.2 et 2.3 : on l’on voit clairement que les décors se ressemblent et que les personnages sont aussi qualifiés au cinéma par le lieu dans lequel ils vivent : une maison en bois, modeste, à la pièce uni-que, peu décorée et fonctionnelle.3.3 et 2.2 : à cause du côté combatif, revanchard, bravache des deux personnages. Cette posture de défi, d’agressivité, ou défense est bien sûr naïve et humoristique. Les moulinets, inspirés des jeux d’enfants, semblent plutôt montrer le fond du personnage essentiellement bon, généreux et pacifi-que, incapable de violence.3.4 et 2.4 : le cadrage en gros plan permet aussi d’associer ces deux images où, selon les sensibili-tés, on peut lire dans les yeux des deux héroïnes la détermination, la fierté, l’inquiétude, la tristesse.Le but de cette question est de mettre en avant les diverses sources d’inspiration du réalisateur dans la création de son personnage : Les héroïnes des films muets du début du cinéma, le cinéma de Cha-plin et son personnage de Charlot, le cinéma soviétique des années 30.

6. Charlot est un personnage récurrent dans le cinéma de Charles Chaplin. Charlot n’est d’ailleurs pas le seul personnage que Chaplin interprète dans ses films (M. Verdoux, un vieux comédien, un dictateur, un petit coiffeur juif…) mais c’est celui qui a marqué le public et qui est devenu indissocia-ble de son auteur.

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Qui est Charlot ? Un vagabond, un déclassé, dont on ignore le passé. Le personnage de Charlot va très vite être fixé sous les traits que l’on connaît aujourd’hui. Un vagabond roublard, qui se donne des grands airs et du panache, au costume trop grand, visiblement récupéré (canne, redingote, cha-peau melon, gilet, œillet à la boutonnière). Certains critiques voient en lui l’héritage de la Commedia dell’arte : un personnage inspiré d’Arlequin (débrouillard, roublard, agile, malin) et de Matamore (poltron). Malgré la grande précarité dans laquelle il vit, Charlot ne s’apitoie jamais sur lui-même, et donne toujours le change avec beaucoup de dignité. Mais c’est surtout en adjoignant à ces caracté-ristiques poésie, sensibilité, altruisme, que Chaplin fait de Charlot un personnage original et très attachant.

7. L’héroïne du personnage des Miettes est inspirée directement de Charlot ; ses traits caractéristi-ques sont empruntés au cinéma burlesque (photogrammes 3.2 et 3.3) mais peu à peu son person-nage va s’enrichir de caractéristiques issues du cinéma soviétique, plus réaliste et moderne (photogrammes 3.1 et 3.�).

u L’histoire du personnage (document 3)

8. Photogramme 3.1 : une femme en blouse de travail, se coiffe d’une charlotte, en la mettant de façon coquette en béret. En arrière plan le décor est nu : un mur, des tuyaux horizontaux et deux lampes allumées l’encadrent de façon très géométrique. L’ouvrière est au centre de l’image – comme elle est au centre du processus industriel. Elle est aussi à sa place. Peu d’indices sur son travail, on suppose qu’elle travaille dans une usine agro-alimentaire ou dans une cantine industrielle (charlotte).Photogramme 3.2 : la femme est dans son intérieur. Le plan large permet de voir un angle de la pièce dans laquelle elle vit. C’est donc une cabane en bois, meublée du minimum : table, chaise, étagère avec peu de vaisselle, une cuisinière à bois, source de chauffage et point de cuisson. Du linge sèche. Une image de boucher est affichée au mur de planches. La femme est habillée modestement, avec un gros gilet (fait-il froid chez elle ?). Elle semble triste, inquiète, malheureuse…Photogramme 3.3 : la femme à l’extérieur. Elle serre les poings de façon menaçante mais comique. Son visage se veut également menaçant et agressif. Elle semble répondre à une agression hors champs.Photogramme 3.4 : un très gros plan sur le visage de la femme sur lequel on peut lire de nombreux changement par rapport aux photogrammes 2 et 3 : elle est décoiffée, il y a une marque sous son œil gauche (peinture ? terre ? blessure ?) On peut penser également aux peintures de guerre indien-nes). Elle semble moins bien vêtue ; sur son visage on peut lire de la détermination, de la menace, de la volonté, de l’inquiétude ; pourquoi pas de la folie ? Ses cheveux sont agités par le vent, marche-t-elle ?De tout cela on peut attendre des élèves des hypothèses variées. Toutes sont bien sûr acceptables à ce stade ; il doit cependant y avoir des interrogations sur le fait qu’il s’agisse d’une femme seule, qui a un travail, une maison, même modeste. Elle est coquette. Un événement extérieur doit boule-verser sa vie au point de la menacer physiquement puisqu’elle est amenée à se battre. On peut atten-dre aussi l’idée qu’elle doit quitter sa maison puisque les derniers photogrammes sont à l’extérieur.

9. Photogramme 3.1 : le plan taille souligne la symétrie et la stabilité des lignes horizontales, on devine l’application de l’ouvrière. Ce plan frontal exprime également la rigueur de son travail.

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Photogramme 3.2 : le plan demi-ensemble, (dans un plan large on verrait ses pieds) accentue le sen-timent de solitude, de dénuement en la mettant au cœur d’un monde modeste.Photogramme 3.3 : le plan rapproché poitrine se focalise sur le visage et sur les poings de l’héroïne où se lit toute l’énergie qu’elle déploie dans ses moulinets de bras.Photogramme 3.4 : le gros plan sur son visage permet d’y lire la détermination, la menace, la volonté, l’inquiétude, pourquoi pas la folie.

10. Cette réponse est obtenue à la suite des réflexions, de l’étude des documents et d’une écriture personnelle des élèves, il ne peut donc pas y avoir de réponse type. Néanmoins on attend que soient pris en compte un certain nombre de ces éléments :– un personnage de cinéma se construit en fonction du projet artistique de l’auteur et des nécessités narratives ;– il s’alimente aussi de nombreuses références culturelles, d’emprunts à d’autres personnages (du cinéma, de la littérature, du théâtre et pourquoi pas de la peinture), de clins d’œil à d’autres films.

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2. Comment l’histoire du personnage suscite-t-elle l’émotion ?

Cette séquence a pour but de « Montrer comment le personnage évolue depuis son apparition dans l’œuvre jusqu’à la fin ». Le choix d’étudier cette séquence de départ de l’usine est motivé par le fait que cet événement est le moment fort du film, à la fois parce que c’est un choc visuel, mais aussi parce que c’est l’élément perturbateur. Rien ne sera plus pareil dans la vie de l’héroïne. C’est aussi l’idée de départ du film. C’est la puissance de cette image qui est à l’origine de l’écriture du scénario, c’est cette image qui donne au film son ton, sa poésie mais aussi l’universalité du propos. Les délo-calisations économiques sont montrées pour ce qu’elles sont vraiment, loin des discours et des jus-tifications : un déplacement des unités de production vers un ailleurs indéfini, qui laisse à eux-mêmes, sans rien, dans un espace déserté, en friche, les anciens employés.

Lecture

u Un événement perturbateur (document 1)

1. L’événement qui survient dans la vie du personnage est le départ de l’usine. Le spectateur voit l’usine sortir du champ (espace géographique et espace visuel). C’est une métaphore pour les délocalisations.

2. Les sentiments qu’éprouve l’héroïne sont nombreux :– Photogramme � : elle est d’abord incrédule. Elle doute, s’inquiète. Le plan taille montre l’héroïne au moment où son univers bascule, elle est encore au centre du cadre, mais il est vide (espace der-rière elle).– Photogramme 8 : décidée et volontaire, elle décide de rattraper l’usine. Le plan rapproché permet au spectateur de la suivre dans cette course. Il se focalise également sur l’énergie volontaire de cette femme.– Photogramme 12 : les mains tendues, elle exprime son impuissance, sa capitulation, son échec. Le plan large nous montre son dénuement, sa petitesse, dans un monde devenu vide et qui se révèle vaste et désert.– Photogramme 1� : un dernier sursaut de colère, de rage. Elle menace l’ouvrière de l’autre pays qui entre dans l’usine à sa place. Le plan rapproché se focalise également sur l’énergie volontaire de cette femme, sur son visage où se lit sa colère.– Photogramme 1� : elle part, seule, les mains ballantes, vaincue. Le plan large nous laisse deviner le vide et le dénuement qui attend cette femme qui vient de perdre son travail. Il exprime aussi la faiblesse de l’héroïne, son désespoir.

3. Le spectateur peut se sentir concerné par cet événement parce que le réalisateur alterne les plans serrés sur son héroïne, pour qu’on puisse l’accompagner dans son aventure et saisir les différents sentiments sur son visage, et les plans d’ensemble, qui expriment de façon métaphorique le vide, le dénuement qu’entraîne la perte de son travail.

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u Une vie bouleversée (document 2)

4. Les réponses sont ici multiples, les élèves peuvent y voir beaucoup de choses, le but est qu’ils interprètent, créent du sens, et justifient leurs réponses.Le globe terrestre revêt une importance particulière dans la mesure où c’est le seul objet que l’hé-roïne ramasse et emporte avec elle. Il peut dès lors être le symbole de quelque chose de personnel et d’intime, tel un souvenir d’enfance, de sa famille, de l’école. Un rêve de voyage, un désir d’éva-sion, de découvrir le monde, rêve brisé par la perte du travail.Il peut aussi être le symbole de valeurs universelles (liberté, solidarité, respect…) qui ne sont pas respectées, tels que les droits de l’homme, les droits de la femme, les droits de l’enfant.– Il peut être le symbole plus politique du monde bafoué, piétiné par les politiques économiques libérales des grandes puissances économiques ou des grandes entreprises multinationales. On peut faire un rapprochement avec le slogan des associations alter mondialistes « Le monde n’est pas une marchandise ».Le choix entre l’orange et le pistolet peut également être interprété par les élèves de différentes façons. C’est d’ailleurs la volonté du réalisateur de faire une fin ouverte où le sens est à construire par le spectateur.L’orange symbolise le partage (quartiers), la vie (nourriture). Elle peut être aussi l’image du fruit de ce combat, d’une promesse d’un monde meilleur. La présence du vagabond aux côtés de l’héroïne suppose une vie à deux. L’orange est du côté de la paix, de l’équilibre revenu. Elle rassure, elle est porteuse de valeurs positives.Le pistolet est au contraire le symbole de quelque chose de négatif. Il inquiète. C’est le choix de la violence, potentiellement de la mort. Que va faire la femme de cette arme ? Poursuivre son combat pour la justice ? Le tourner vers les autres ? De victime va-t-elle devenir agresseur ? Va-t-elle tourner son arme vers elle en un acte désespéré ? Ou l’arme ne peut-elle pas représenter tout simplement la force de caractère, la puissance acquise, la volonté ?

5. La caméra recule devant les personnages en un travelling arrière.

6. Le « nous » est bien sûr le spectateur qui se trouve ainsi directement impliqué. C’est donc le spec-tateur qui recule devant l’avancée des deux personnages. La menace est donc tournée vers nous, comme si le spectateur devait prendre position face à l’histoire de cet homme et de cette femme. Qu’en pense-t-il ? Que peut-il faire ? C’est aussi la volonté du réalisateur de rappeler par ce procédé cinématographique que les ouvriers et les salariés, victimes de restructurations et de délocalisations sont parmi nous, qu’ils vivent à nos côtés (que c’est peut-être le spectateur lui-même) et qu’il est impossible de ne pas leur porter attention, de faire comme s’ils n’existaient pas. Leur présence silen-cieuse peut être une menace pour la société qui les bafouent et les ignorent (le bruit de l’avion qui passe à ce moment, qui n’était pas prévu dans le scénario original et qui a été rajouté au montage son, accentue cette menace).

7. Là aussi les interprétations sont multiples. Les miettes sont ce qui reste de la vie de cette femme (on peut faire relever aux élèves les synonymes très nombreux dans cet extrait du scénario : débris, morceaux, fragments écrasés). Elles ont aussi le symbole du monde mis en miettes par les politiques libérales. Si les élèves ont vu le film, on peut rappeler qu’elles sont aussi le fruit du travail de l’ouvrière (on peut rappeler aux élèves s’ils ne les connaissent pas les expressions qui sont à l’origine de cette idée scénaristique : n’avoir que les miettes, se partager le gâteau). L’héroïne ne récupère effective-ment que les miettes des richesses qu’elle produit. Les miettes sont la monnaie d’échange dans ce monde allégorique.

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8. Cette réponse est obtenue à la suite des réflexions, de l’étude des documents et d’une écriture personnelle des élèves, il ne peut donc pas y avoir de réponse type. Néanmoins on attend que soient pris en compte un certain nombre de ces éléments :– L’histoire du personnage suscite l’émotion parce que le réalisateur a le souci de rendre proche du spectateur son héroïne. Dans les moments les plus intenses et les plus dramatiques, il fait souvent le choix du plan taille ou du plan resserré, plus rarement du gros plan (dans un souci de pudeur et de respect pour son héroïne il n’écrase jamais sa caméra sur son visage quand elle pleure, ou quand elle est troublée).– Pierre Pinaud fait de l’expérience individuelle de ce personnage une expérience collective où le spectateur peut se retrouver. La stylisation des lieux de l’action (un pays non reconnaissable, un concept universel de maison, d’usine), les symboles, la fin ouverte et mystérieuse, sont autant d’in-vitation à s’approprier cette histoire en lui donnant le sens que l’on croit être le bon.

9. En visionnant la première journée de travail et la matinée qui suit, le spectateur comprend que la vie de cette ouvrière est répétitive et très encadrée. Son quotidien et les gestes qu’elle fait sont tout à fait banals. Ce qui ne l’est pas, c’est le traitement stylisé des gestes, qui ont été chorégraphiés par un danseur. La musique a été composée après le montage image et suit donc parfaitement le rythme impulsé par la comédienne. Ce qu’elle fait dans l’ordre :– se lève, en poussant du pied son lit qui devient étagère.– s’habille, en se passant un gant sur le visage : toilette de chat.– se coiffe devant une glace cachée dans le petit placard au dessus de l’évier de cuisine qui devient lavabo de salle de bains.– se retourne et se lave les dents, en se versant du café dans un bol– se retourne et tourne le café en se lavant une oreille– change d’oreille et boit son café– va de l’autre côté de la table pour prendre son manteau et son sac– sort du champ.Au cours de la deuxième matinée, elle fera les mêmes gestes, dans le même ordre, montrant le poids de l’habitude dans cette situation initiale où tout va bien. Ce qui changera, c’est le point de vue, puisque le réalisateur la filmera de l’extérieur, en ombre chinoise sur la fenêtre de maison.Les gestes à l’usine sont eux aussi chorégraphiés et stylisés mais pour exprimer un peu autre chose. Il est, bien sûr, question de montrer que l’ouvrière connaît son travail et a l’habitude de reproduire ces gestes (son air détaché le montre bien) mais c’est surtout la nature du travail en usine qui est montré : répétitif, haché, parcellaire. (On peut mobiliser les connaissances des élèves pour parler du fordisme, du taylorisme et de la nature du travail à la chaîne.) La réalisation montre par des procédés cinématographiques que l’automatisation des gestes est telle que l’esprit de l’ouvrière vagabonde alors que ses mains font seules la tâche qui lui est attribuée : remplir des fonds de tarte : soit on voit la tête de l’ouvrière, soit on voit ses mains : jamais les deux en même temps. Il y a donc bien une coupure nette entre les deux parties du corps.Ce début décrit donc des habitudes, donne à voir l’intérieur de la maison de façon élégante et dyna-mique (la table ronde au centre, sur laquelle on voit déjà le globe terrestre, la femme tourne autour de cette table, la caméra la suit pour que le spectateur voie l’ensemble de l’intérieur modeste : pièce unique) ainsi que le tempérament de cette femme qui est déjà perçue comme étant dynamique, active, positive. La suite de la matinée la montre travaillant à l’usine, faisant ses courses, étendant son linge sans que jamais elle semble souffrir de sa condition : pas de larmoiement, pas de vision misérabiliste. La femme n’est pas malheureuse de sa condition d’ouvrière, ni de sa vie modeste mais

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confortable (elle a un travail, une maison, elle est coquette, propre, jolie, elle peut se nourrir et même aider les autres en réelle difficulté). La musique va dans ce sens car elle très enjouée, légère (même à l’usine, dans le commerce, la musique reprend des rythmes de Bossa-Nova). Tout est à sa place : même l’ouvrière, qui a le poste 82�.Ceci est une première lecture de l’image et montre que tout va bien.On peut attirer maintenant l’attention des élèves sur ce qui relève pleinement du langage cinémato-graphique et qui permet aussi de créer un monde où tout va bien, un monde qui tourne bien.Quand l’ouvrière sort de sa maison, elle va à gauche de l’image.Dans le plan suivant, elle entre dans l’image par la gauche et traverse l’image vers la droite.Dans l’usine elle entre dans le plan par la gauche et va vers son poste de travail qui est à droite.Quand elle quitte l’usine, on retrouve exactement le même cadrage qu’à son arrivée, et l’ouvrière se dirige alors vers la droite.Au plan suivant (un vaste plan d’ensemble) elle entre dans le plan par la gauche et traverse l’image vers la droite. Elle entre ensuite dans le supermarché par la gauche.Plus que le respect d’une convention lors du montage image qui veut que la continuité du mouve-ment soit respecté d’un plan à l’autre, il s’agit ici pour le réalisateur de montrer que le monde dans lequel vit l’ouvrière est un monde circulaire, où la vie de femme tourne autour de trois postes clés : sa maison, son usine, son supermarché. La femme circule ainsi de l’un à l’autre, toujours dans la même sens. (il y avait dans le scénario un panneau « sens interdit » qui imposait un sens de circula-tion, toujours le même, et qui était en plus surveillé par un policier assurant le respect de ce sens giratoire et maintenant l’ordre ainsi établi.)La vie de cette femme est donc parfaitement équilibrée, mais aussi cadrée et contrôlée. « Ça tourne bien » . Une certaine critique politique de la société est ainsi exprimée. En effet, la vie de l’ouvrière se réduit à aller travailler à l’usine, pour gagner des miettes, qu’elle doit ensuite aller dépenser dans le supermarché, des miettes de travail qu’elle doit rendre en quelque sorte puisqu’elle achète les tartes qu’elle a fabriquées dans sa journée. Le policier protège d’ailleurs les intérêts du commerçant.Le départ de l’usine est donc un choc, d’abord visuel pour le spectateur qui la voit quitter le champ de l’image, comme le champ espace géographique. C’est ensuite un choc pour l’héroïne qui décou-vre un espace vide. La musique souligne se vide en hésitant, en vacillant, en disparaissant presque pour laisser place au silence, avant de rebondir, à l’image de l’héroïne qui se jette dans une folle et vaine course poursuite. L’usine était tellement présente dans le vie de l’ouvrière qu’elle lui bouchait même l’horizon et qu’au début du film on la confondait avec un ciel gris.L’émotion de ce départ surprenant repose en grande partie sur ce contraste très fort entre la des-cription minutieuse d’une vie rangée et le vide, le désert, que laisse l’usine après son départ. Tout est déséquilibré : les déplacements de l’ouvrière qui ne tourne plus en rond, la musique qui vacille, les habitudes et très vite le mode de vie de la femme qui sera lui aussi bouleversé.

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3. Comment l’histoire du personnage peut-elle participer à la propre construction du spectateur ?

Cette dernière séquence a pour but de mobiliser les connaissances des élèves à propos du monde qui les entoure. Il s’agit aussi, toujours en accord avec les programmes, de permettre à nos élèves de :– rendre compte à l’oral et à l’écrit de ce que le personnage de fiction dit de la réalité ;– comprendre en quoi le personnage porte le projet de son auteur.C’est ici que la dimension apologique du film est abordée. C’est ici aussi que l’exploitation de la note d’intention du réalisateur ainsi que l’étude du scénario permettrait d’approfondir la visée argumen-tative du film.

Lecture

u Une comédie sociale

1. Les sources d’inspirations du réalisateur sont les faits divers, et entre autre la fermeture en 2003 d’une usine Flodor.

2. Le choix du noir et blanc permet au réalisateur de donner à voir le « retour en arrière social », la régression sociale que représente les délocalisations dans la vie des ouvriers et des salariés victi-mes de ces fermetures d’usines, mais aussi à l’échelle régionale, nationale, du droit du travail sou-vent menacé. Faire référence au cinéma de Chaplin, c’est aussi faire allusions aux combats politiques de ses personnages et du réalisateur. (On voit dans les temps modernes des manifestations de chô-meurs sévèrement réprimées par la police. L’uniforme du policier dans le film est un clin d’œil)

3. La comédie en France, sous l’influence de Molière, a pour but de divertir en représentant les ridi-cules des caractères et des mœurs d’une société. La comédie sociale est pour Pierre Pinaud le moyen d’aborder des sujets graves de façon drôle, « décalée », afin d’intéresser un plus grand public. C’est ainsi que son premier court métrage Gellée Précoce aborde le sujet le l’homosexualité par le biais de l’histoire d’une petite fille qui découvre que son lapin domestique est homosexuel.

u Du comique au pathétique

4. L’ellipse est un raccourci qui permet un saut en avant dans le récit des aventures. L’ellipse permet ici un effet de surprise. Le spectateur hésite sur ce que va faire le commerçant, sur ce qu’il va deman-der à la femme qui le supplie de lui donner du travail.

5. Le spectateur ne peut s’attendre à ce que la femme soit ici transformée en escabeau humain. Cette idée burlesque est un exemple de décalage revendiqué par le réalisateur pour faire rire. Mais la réa-lité évoquée derrière cette image cesse de faire rire et met mal à l’aise le spectateur quand il com-prend que l’image montrée est une métaphore du respect bafoué de la femme, piétiné, traité comme un objet. L’image de la femme exploitée sexuellement est sous-jacente.

6. Les impressions ressenties devant cette image peuvent être très nombreuses : dégoût, colère, révolte… Toutes les justifications sont possibles quand elles s’appuient sur le film ou sur des connais-sances personnelles, des rapprochements avec d’autres œuvres, des faits divers…

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7. P. Pinaud dénonce par ce détournement la soumission contrainte, la perte de la dignité humaine et l’exploitation des hommes, des femmes, des enfants à des fins matérielles, commerciales...

écriture et oral

8. Apologue » désigne un court récit exposé sous forme allégorique, et qui renferme un enseigne-ment, une leçon de morale pratique. La visée argumentative de l’apologue est très importante.Le film de Pierre Pinaud est un apologue parce que le récit des aventures de cette femme a un double sens. La situation, les personnages et les péripéties sont le fruit d’une comparaison implicite pro-posée par le réalisateur, et développée tout au long du récit. Le spectateur est censé comprendre le comparé.Ce film est aussi un apologue parce qu’il y a un jeu avec le spectateur incité à déchiffrer le sens de ce qui est montré ; les activités menées dans cette page vont en ce sens. En déchiffrant, le specta-teur est amené à tirer la morale du récit qu’il vient de voir. La dimension allégorique, le jeu de déca-lage avec la réalité ordinaire, le jeu de décryptage proposé au spectateur font de l’apologue sur sorte de rébus moral, d’où le plaisir à comprendre.L’apologue se propose d’instruire. Il est porteur d’un enseignement d’ordre moral au sens large et même d’un savoir. La Fontaine disait de ses fables : « elles ne sont pas seulement morales, elles donnent encore d’autres connaissances. »Le moyen privilégié de cette didactique est un récit, plein de fantaisie et d’agréments, susceptible de retenir l’attention et d’intéresser. La narration frappe le spectateur par des situations concrètes, vivantes et familières.L’apologue peut aussi rester sans explication. Comme à la fin des Miettes, c’est au spectateur de suppléer cette absence. L’apologue proposé par Pierre Pinaud se veut d’avantage une mise en garde et une incitation à la réflexion.C’est en ce sens, en fonction de ces remarques, que l’on peut dire que l’histoire de l’héroïne des Miettes participe pleinement à la construction du spectateur qui en décodant le récit est amené à réfléchir au monde qui l’entoure.La suite de la réponse est obtenue grâce aux réflexions, à l’étude des documents et à l’écriture per-sonnelle des élèves, il ne peut donc pas y avoir de réponse type.

9. La taille de la cabane diminue au fur et à mesure que l’héroïne se sert des planches pour sa chauf-fer, ayant déjà tout brûlé à l’intérieur. Mais au delà du gag et de l’aspect amusant, c’est la précarisa-tion de cette femme sans revenu et abandonnée qui est dénoncée. Cette précarisation va très loin, puisqu’elle menace les liens que la femme et le vagabond tissent ensemble peu à peu. La cabane est le symbole du partage, du lieu convivial, de l’abri, de la générosité. Même quand elle perd ses revenus et qu’elle ne peut plus se nourrir, l’héroïne laisse une place à l’autre, plus pauvre, plus démuni qu’elle. Même quand elle n’aura plus rien, que sa cabane aura la taille d’un placard, d’un cercueil, elle n’abandonnera pas le vagabond et prendra même le risque de voler, pour aider celui qui n’a plus rien, même plus l’espoir ou le désir de vivre.Ce récit fantaisiste dénonce les conséquences des délocalisations et de la paupérisation des victi-mes des redéploiements industriels. Mais c’est surtout aux liens de solidarité, d’entraide mis à mal que Pierre Pinaud pense. Il alerte le spectateur sur ce qui lui semble grave, à savoir le repli sur soi, la jalousie, la haine de l’autre accusé à tort. C’est bien un système économique qui est ici accusé de créer des inégalités sociales, sources d’injustes et de concurrence entre les peuples.

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évaluation des compétences de lecture 10 pointsu Document 1

1. Les indices qui montrent le dénuement des deux personnages sont : « petite maison, moins bien coiffée, un peu fripés, moins bien tenue, vide deux fois), plus misérable, encore plus désespéré, une seule part de gâteau et un orange. » (1 point)Le partage de ce repas devient un don précieux car la femme n’hésite pas à partager sa dernière part de gâteau et sa dernière orange. L’idée de sacrifice est très importante. Le pathétique de cette scène repose sur le fait que l’homme mange avidement ce que la femme lui sert, sans connaître l’impor-tance particulière de ce repas. (1 point)

u Document 2

2. Les deux personnages échangent un sourire qui revêt plusieurs significations : remerciements, reconnaissance, encouragement. (1 point).Les sentiments qui unissent les personnages sont l’amitié, la complicité, l’amitié et, pourquoi pas, l’amour naissant. (1/2 point)

3. Il est écrit dans le scénario : « elle s’assoit à sa table. En face d’elle, la petite mappemonde et à l’autre bout la seconde chaise vide. » La mappemonde a donc bien une importance dans la décision de la femme d’aider le vagabond, alors qu’elle n’a presque plus rien à manger, à offrir. C’est donc bien au nom de valeurs universelles que la femme se bat, mais aussi pour ce monde qu’elle veut maintenir entier, uni. À l’image, le globe terrestre est particulièrement mis en avant :– il est au centre de l’image (au croisement des diagonales) ;– au centre de la table entre les personnages, comme un lien entre eux, quelque chose en partage ;– il est éclairé par la lumière qui vient de la fenêtre à gauche (comme dans les tableaux de Vermeer, peintre de l’intimité et des intérieurs riches de sentiments et de spiritualité) ;– l’héroïne tend sa main devant pour donner un morceau de gâteau à l’homme, et attire ainsi le regard du spectateur sur cette partie de la table. (1 point)La mappemonde, image de la terre, est donc ce bien que les deux personnages ont en commun, ce bien qu’ils se partagent, qui peut les nourrir. Les valeurs universelles de solidarité et de respect sont ce qui doit unir les personnes. La scène intime que le spectateur observe est une métaphore de ce qui doit être à l’échelle des peuples et des nations. On peut aussi avoir une lecture plus politique de ce partage, y voir une illustration de L’Internationale. (1/2 point)

u Document 3

4. Le phénomène de délocalisation selon Pierre Pinaud :– « suscite la désunion, le repli sur soi, l’individualisme, la concurrence » (1 point)– entraîne « la rivalité, le rejet, la haine » signifiés par le jet de pierre. (1 point)

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5. L’héroïne de Pierre Pinaud est (au choix) généreuse, altruiste, solidaire, respectueuse, attention-née, courageuse, persévérante…(1 point)Cette qualité est importante parce que c’est elle qui rend l’héroïne sympathique et qui permet au spectateur de s’identifier à elle, ou du moins de se sentir proche d’elle. Cette condition est néces-saire pour que l’apologue fonctionne et que la morale de l’histoire et le sens secret du récit soit compris et partagé. (1 point)Cette qualité est nécessaire pour garantir la paix entre les hommes, pour maintenir l’union entre les peuples. (1 point)

évaluation

des compétences d’écriture 10 points La forme de la lettre est ici attendue. On veillera à ce que les éléments constitutifs de la lettre soient présents (expéditeur, destinataire, date, formules de politesses) et on veillera également à ce que la situation d’énonciation soit respectée (écrire au réalisateur, à propos de son film Les Miettes).

Le contenu de la lettre est donc argumentatif. On veillera à ce que le thème de la lettre soit annoncé ainsi que la thèse clairement exprimée également. On peut attendre au moins trois arguments, intro-duits et organisés selon des connecteurs logiques. Selon le travail fait en classe, on peut aussi attendre des exemples concrets.

Pistes d’argumentaires :Oui, il est possible, à l’aide d’un film, ou d’autres moyens d’expression artistiques de faire prendre conscience au gens des problèmes politiques, économiques ou sociaux :– tout d’abord, parce que l’expression artistique peut être plus facile à aborder qu’un documentaire, un livre, un essai (par exemple les comédies de Molière, les comédies sociales anglaises de S. Frears, les dessins animés satiriques : les Simpsons, South Park, Rap, Slam, etc.) ;– ensuite certains artistes grâce à la médiatisation de leur travail peuvent faire passer des messages auprès de leur vaste public. Ils peuvent s’investir dans des causes politiques, humanitaires qui seront à leur tour exposées dans les médias. (En effet, l’engagement de U2, Sting, Lady Di, Les Enfoirés, etc.) ;– enfin l’art, par l’universalité de son langage, peut être compris par tous.Non, il n’est pas possible, à l’aide d’un film, ou d’autres moyens d’expression artistiques de faire prendre conscience aux gens des problèmes politiques, économiques ou sociaux parce que :– tout d’abord, l’art ne touche qu’une petite partie de la population mondiale. Trop de gens dans le monde n’ont pas accès à la culture, ne savent ni lire, ni écrire ;– ensuite beaucoup de gens se désintéressent aussi de la création artistique dans nos sociétés libé-rales, individualistes et consuméristes ;– de plus, certaines œuvres d’art ne sont pas compréhensibles par le grand public, qui ne comprend pas leur message – si il y en a un ;– enfin, on peut se demander si l’engagement artistique est de nature à changer les choses.

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Objet d’étude X

Xxxxxxxxxxxxxxx Pages xx à xx du manuel

A c t I v I t é S e t P r O L O n g e m e n t S

Interrogation 2 En quoi l’histoire du personnage étudié, ses aventures, son évolution aident-elles le lecteur à se construire ?

Page 42 du manuel

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Répondre à l’interrogation 2. Si les élèves répondent oui, on veillera à ce qu’ils précisent les noms des personnages et les titres d’œuvres littéraires ou cinématographiques. Ils devront expliquer et argumenter leur réponse. Dans le cas d’une réponse négative, on veillera à leur faire préciser quelles sont les personnes ou personnages qui les aident à se construire : famille, amis, autres adultes, c’est-à-dire des personnes réelles faisant partie de leur entourage ; d’autres personnes réelles qu’ils ne connaissent pas personnellement (artistes, sportifs, etc.).

Séquence A - ruy BLAS

1. La présentation de l’œuvre devra rappeler les conditions de son écriture et de sa mise en scène originelle (voir introduction ci-dessus). En outre, l’élève devra résumer l’œuvre, en structurant son résumé à partir des actes.Résumé : Ruy Blas expose l’ascension sociale d’un jeune homme de condition modeste, amoureux de la Reine. Cette ascension n’est permise que par une imposture – Ruy Blas, avec l’aide de son maî-tre, Don Salluste, va prendre l’identité de Don César, gagner l’amour de la Reine et accéder au pou-voir. Mais Don Salluste entend ainsi se venger de la Reine qui l’a disgracié, en la forçant à renoncer au pouvoir sous peine de scandale (elle commet un adultère, qui plus est avec un laquais). Ruy Blas préfère s’empoisonner pour sauver la Reine et empêcher la vengeance de Salluste : la reine, d’abord outragée par la révélation de la véritable identité de Ruy Blas, lui pardonne.L’acte I se déroule dans un salon du palais du roi à Madrid dans l’Espagne des années 1�90. Don Salluste vient d’être exilé de la cour par la reine, doña Maria de Neubourg, parce qu’il a eu un enfant avec une des suivantes de la reine et refuse de l’épouser. Fou de rage, il cherche un moyen de se venger. Il a un cousin, Don César, jeune seigneur dévoyé, qu’il sollicite pour sa vengeance : comme il refuse, il le fait enlever et le vend à des corsaires d’Afrique. Ruy Blas, valet de Salluste, a avoué à Don César, ami de jeunesse, son amour insensé pour la reine : Salluste a entendu cette conversation et y voit un moyen de se venger. Après avoir éloigné Don César, il fait endosser à Ruy Blas son iden-tité, afin de lui permettre de s’introduire à la cour en tant que seigneur et de gagner l’amour de la reine. Il lui fait toutefois signer une lettre dans laquelle il reconnaît n’être que Ruy Blas, valet de Don Salluste. L’acte se clôt sur l’ordre de Salluste à Ruy Blas, au vers �8� : « De plaire à cette femme et d’être son amant ».L’acte II se déroule dans un salon proche de la chambre de la reine. Cette dernière est délaissée par le roi Charles II et a du mal à s’habituer à la rigidité de l’étiquette espagnole. Elle s’ennuie. Chaque nuit, un inconnu dépose pour elle un bouquet de fleurs : un soir, il y joint une lettre d’amour. Un jour, Ruy Blas, transformé en écuyer, lui apporte un billet laconique dicté par le roi. Avec émotion, la reine reconnaît l’écriture : Ruy Blas est donc l’auteur de la lettre d’amour. Don Guritan est un vieux seigneur amoureux de la reine : il devine cette histoire d’amour naissante et provoque Ruy Blas en duel. Pour le sauver, la reine exige que Don Guritan parte sur le champ pour l’Allemagne, afin de remettre à son père un coffret. Don Guritan n’est pas vraiment dupe de la supercherie mais il part, faisant dire à la Reine au dernier vers de la pièce : « Il ne le tuera pas ! ».

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Six mois plus tard, à l’acte III, nous retrouvons Ruy Blas, sous le nom de Don César, devenu premier ministre. L’acte débute dans la salle de gouvernement du palais royal. Au conseil du gouvernement, Ruy Blas surprend les ministres en train de faire de tirer profit malhonnêtement des richesses du royaume, et il les met violemment en accusation. La reine, cachée dans un cabinet, entend cela, et avoue à Ruy Blas son amour. Don Salluste arrive alors, déguisé en valet, humiliant Ruy Blas en lui rappelant qu’il n’est que son laquais, et qu’il a en sa possession une lettre compromettante. Il ordonne à Ruy Blas de se rendre dans une maison secrète pour y attendre ses ordres. S’il n’obéit pas, sa liaison avec la reine sera rendue publique, provoquant la perte de la reine (et de Ruy Blas). L’acte se clôt sur les mots de Don Salluste déguisé en valet : « Monsieur le Duc, je suis votre valet ».L’acte IV commence dans une petite chambre, dans la maison secrète où s’est rendu Ruy Blas. Ruy Blas a fait prévenir la Reine afin qu’elle ne quitte pas le palais, puis il sort prier Dieu. Dans la maison, un homme tombe par la cheminée : c’est Don César, de retour à Madrid. Un laquais lui apporte une sacoche pleine d’argent, destiné à Ruy Blas. Une duègne vient lui confirmer la venue de la Reine : c’est qu’en effet, Don Salluste a organisé un rendez-vous avec Ruy Blas, pour perdre la Reine. Sur ces entrefaites, surgit Don Guritan, qui veut son duel avec Ruy Blas : Don César, le vrai, le tue. Don Salluste arrive et voit que ses projets sont compromis : il fait arrêter Don César en le faisant passer pour un célèbre voleur, Matalobos, ce qui fait dire à Don César au dernier vers: « Vous êtes un fier gueux ».L’acte V s’ouvre dans les mêmes lieux, la nuit. Ruy Blas veut s’empoisonner. Il est persuadé d’avoir réussi à sauver la reine en la prévenant. Mais celle-ci, appelée par une autre lettre dictée à Ruy Blas par don Salluste, arrive. Don Salluste savoure sa vengeance et pose un ultimatum à la reine : soit elle abdique et fuit avec Ruy Blas, soit elle s’expose au scandale par la révélation de l’adultère. Elle s’apprête à abdiquer, mais Ruy Blas l’arrête et lui avoue sa véritable identité, et donc, son statut social. Il tue Don Salluste, boit le poison et meurt dans les bras de la reine, qui a le temps de lui par-donner, de lui confirmer son amour et de l’appeler de son vrai nom, Ruy Blas : la pièce se clôt sur le « Merci ! » de Ruy Blas à la reine.

2. Le choix du personnage est laissé aux élèves. On insiste sur la présentation en paragraphes organi-sés, qui pourrait par exemple suivre l’organisation suivante : présentation du personnage, de son iden-tité, de sa fonction sociale, de son lien avec Ruy Blas ; présentation de son rôle dans la pièce, en particulier par rapport à Ruy Blas (on peut utiliser des éléments du schéma actantiel, afin de détermi-ner si le personnage est un adjuvant, un opposant à Ruy Blas, ou dans le cas de la reine, l’objet même de la quête du personnage), et par rapport à l’action ; présentation enfin des caractéristiques physiques et surtout morales du personnage. En expliquant pourquoi le personnage a été choisi, l’élève veillera à argumenter, en précisant quels sont ses sentiments envers ce personnage.

3. Pour mener cette activité, on peut se contenter du texte reproduit dans le manuel, ou proposer aux élèves de se reporter au texte intégral pour répondre à la question.Les élèves pourront chercher dans le texte intégral les indications de mise en scène pour le décor : la didascalie qui ouvre l’acte est riche de précisions (les éléments utilisables dans un plan sont surlignés) : « Le salon de Danaé dans le palais du roi, à Madrid. Ameublement magnifique dans le goût demi-fla-mand du temps de Philippe IV. À gauche, une grande fenêtre à châssis dorés et à petits carreaux. Des deux côtés, sur un pan coupé, une porte basse donnant dans quelque appartement intérieur. Au fond, une grande cloison vitrée à châssis dorés s’ouvrant par une large porte également vitrée sur une lon-gue galerie. Cette galerie, qui traverse tout le théâtre, est masquée par d’immenses rideaux qui tom-bent du haut en bas de la cloison vitrée. Une table, un fauteuil, et ce qu’il faut pour écrire. »

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Dans la scène 3 de l’acte I, l’auteur donne des indications de mise en scène, qui permettent de cer-ner les déplacements des deux personnages. Il peut être nécessaire d’examiner la dernière didascalie de la scène précédente : « Sitôt qu’il est sorti, don César et Ruy Blas vont vivement l’un à l’autre ». Dans le document 2 (deuxième extrait de la scène 3 de l’acte I), on relèvera la didascalie « Se rap-prochant de don César », ainsi que « tombant épuisé et pâle sur le fauteuil ». Cette dernière didasca-lie, pour les élèves qui n’auraient pas repéré la didascalie ouvrant l’acte, permet d’établir que la scène requiert un fauteuil. L’étude de la ponctuation permet de voir que Ruy Blas est exalté, et par conséquent, les élèves peuvent imaginer qu’il se déplace vivement sur la scène, autour de Don César. Ce dernier, en prononçant les mots « Là, ne te fâche pas » au vers �37, peut s’être approché de Ruy Blas et lui avoir posé une main sur l’épaule pour l’apaiser.Sur le site de la Société des Amis de Victor Hugo, on trouve un dessin de Victor Hugo imaginant le décor de l’acte I de Ruy Blas, qui peut être proposé en fin d’activité aux élèves (http://www.victo-rhugo.asso.fr/echo/echo2ruyblas.htm)

4. Afin de compléter les propositions des élèves, ou de les aider dans leur travail, on pourra se repor-ter aux propositions de metteurs en scène. Les extraits qui suivent ne concernent pas spécifiquement la scène que les élèves doivent mettre en scène, mais les indications fournies peuvent les aider.

Jean Vilar met en scène Ruy Blas en 1954 ; dans sa Note pour les comédiens, le 22 février 19��, il écrit : « Ruy Blas est aussi une pièce où l’accessoire est un tyran. […] Je vous ferai grâce ici du relevé de la régie de scène et de la régie-construction concernant les multiples objets nécessaires, les bou-teilles, les coffrets, les fenêtres, les portes, les rideaux, la cheminée, etc. Mais ne les oubliez pas. Dès que nous aurons fini le montage des quatre décors, je vous conseille d’aller prendre contact avec toutes ces fenêtres et ces portes. Et tâtez en coulisses vos accessoires. »

Brigitte Jacques-Wajeman met en scène la pièce en 2001 à la Comédie-Française. Son Propos sur Ruy Blas est intéressant parce qu’il montre que la mise en scène, si elle obéit aux indications du texte, est aussi le reflet d’une vision plus personnelle, y compris dans les choix de décors : « La pièce m’est apparue comme un immense rêve. Un conte, un cauchemar. Où affleure l’inconscient. Des por-tes dérobées, des cabinets secrets inassignables, peut surgir à tout moment « la chose », ange ou démon, qui arrive d’un autre univers informe, effrayant. Ombre et lumière s’échangent constamment, l’espace n’est pas sûr, non plus que les personnes, qui ne savent pas même qui elles sont. Aussi avais-je envie d’un décor aux murs mouvants, presque organiques – des images de gens attrapés par des chauve-souris, pris dans des filets – un monde à la Goya […] »

5. Séance 1 : Ruy Blas veut accéder à une condition supérieure, quitter sa condition de valet, notam-ment pour approcher la reine et s’en faire aimer. À cette ambition s’oppose sa condition sociale et le poids de l’étiquette et de l’argent dans la société de l’époque.

Séance 2 : Ruy Blas veut que les ministres et les conseillers cessent d’être corrompus et de se par-tager les richesses de l’Espagne. Il agit au nom de la grandeur de son pays mais aussi au nom du peuple espagnol, aux dépens duquel les seigneurs s’enrichissent. Bien entendu, ce sont les seigneurs auxquels il s’adresse qui sont son principal obstacle, puisqu’ils sont corrompus et cupides. Même si cela n’est pas perceptible dans cet extrait, la reine l’aide dans cette entreprise.

Évaluation : Ruy Blas veut d’une part sauver la reine, par sa mort, et d’autre part obtenir son pardon et son amour en dépit de sa condition sociale inférieure et de l’usurpation d’identité dont il s’est rendu coupable. Il s’agit pour lui, avant de mourir, de retrouver sa dignité en quittant le mensonge dans lequel il vivait et de garder l’amour de la reine.

ActIvItéS et PrOLOngementS Page 42 du manuel

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6. On se reportera à l’introduction ci-dessus (page 37).Le professeur trouvera des éléments intéressants dans l’article de Myriam Roman et Agnès Spiquel, « Hernani, récits de bataille », publié en ligne sur le site du Groupe Hugo, de l’Université de Jussieu :http://groupugo.div.jussieu.fr/Groupugo/0�-12-1�RomanSpiquel.htm.

Séquence B - LeS mIetteS

1. Pour la présentation du film, on attend que les élèves reprennent l’ensemble des questions de cette séquence. Il conviendrait donc de faire avec eux un relevé préparatoire des éléments de répon-ses intéressants dans lequel ils pourraient retenir ceux qu’ils leur semblent les plus pertinents.

Ces éléments attendus sont : Court métrage, noir et blanc, césarisé, inspiré des films de C. Chaplin, des films du cinéma muet, une fable ou un apologue, l’histoire d’une ouvrière victime de la fermeture de son usine, délocalisation, combat contre la pauvreté, la précarisation…Les arguments attendus pour convaincre les camarades de voir ce film peuvent être : un film court, drôle et émouvant, un film qui aborde de façon surprenante et amusante un problème grave, des thèmes sérieux. On peut aussi attendre des arguments sur le jeu et le travail de la comédienne, qui joue deux rôles. On attend également des arguments sur les questions, la réflexion que suscite ce film, et enfin sur l’implication du spectateur dans ce film, où le sens est à construire.

2. Les élèves peuvent écrire une lettre au réalisateur ou à un courrier des lecteurs d’une revue de cinéma. Ils peuvent reprendre une partie des arguments donnés ci-dessus. De plus, on peut ici atti-rer leur attention sur le travail que représentent les décors et les trucages. Il est rare dans l’économie du court-métrage de voir un tel souci porté sur ces deux points. On peut mettre en avant également l’intérêt de l’auteur pour un sujet contemporain peu traité cette année dans les autres courts-métra-ges. Pierre Pinaud a d’ailleurs dédié son César aux personnes qui souffrent, comme son héroïne, des effets d’une économie libérale.

3. Au personnage de Charlot, on associe souvent des qualités de cœur : générosité, solidarité, poé-sie, sensibilité, espoir, courage mais aussi force de caractère, inventivité, dignité, respect, bravoure. Il est aussi malin, coquin, débrouillard, futé… Les valeurs qu’il défend sont bien sûr encore d’actua-lité même si elles sont parfois mises à mal. Là encore, c’est le débat avec nos élèves qui est important.

4. Certains critiques de cinéma voient en Charlot un avatar de Frontin de Marivaux, de Scapin de Molière et bien sûr d’Arlequin, le personnage de valet, roublard, débrouillard, au grand cœur et non sans humour de la Commedia Dell’Arte.

5. et 6. Pour ces deux dernières questions, aucune réponse précise n’est attendue. La parole est aux élèves.

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thématique : « Arts, goûts, esthétiques»

E. Delacroix, La Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi, 1826. Ferdinand Victor Eugène Delacroix, né le 2� avril 1798 à Charenton-Saint-Maurice (Seine), mort le 13 août 18�3 à Paris, est un peintre français majeur du mouvement romantique, apparu, en peinture, au début du xixe siècle.

Première impression

1 On acceptera toute réponse justifiée par des références précises. Exemple de réponse possible :L’impression produite par ce tableau est la compassion devant le désarroi de la femme (ses mains ouvertes montrent ce désarroi et son sentiment d’impuissance) et l’horreur devant les ruines et le cadavre en partie enseveli.

Analyse du tableau

2 Les personnages présents dans ce tableau sont :– une femme, mains ouvertes, visage fermé, au milieu des ruines, au second plan ;– une main et un avant-bras de cadavre, un homme sous les ruines, au premier plan (qui peut sug-gérer « Le radeau de la Méduse » de Géricault) ;– un ottoman, un turc en costume oriental richement orné, à la peau noire, semblant dominer la situation, triomphant, la lance à la main comme un porte-drapeau, le visage haut et fier, à l’arrière-plan.

3 On peut tracer une ligne coupant le tableau en deux dans sa largeur et une ligne coupant en deux le tableau dans sa longueur, on remarque ainsi une croix (rappel de la connotation religieuse, la femme représentée comme la Vierge).

Le ciel est noir, bleu foncé, nuageux, ténébreux, (fumée ? explosion ?), c’est un climat d’angoisse, de mort, tout comme la terre jonchée de ruines. Les pierres font référence aux tombes. Le constat de la jeune femme se fait vers le terrestre, elle est centrée dans le tableau. C’est une construction pyramidale.

4 La jeune femme est au centre du tableau et symbolise l’accablement d’un peuple de manière allé-gorique. Son vêtement, blanc et bleu, sa position, à demi agenouillée sur des pierres tâchées de sang, la lumière, qui éclaire la jeune femme et se concentre sur son visage, font écho aux représen-tations de la Vierge Marie – symbole d’une souffrance imméritée, d’une figure sans tache. Ses mains ouvertes rappellent le Christ, qui est souvent représenté les mains ainsi ouvertes, vers le bas. Cette allégorie évoque le martyre de la Grèce et sa survie.Cette jeune femme a les cheveux détachés, son manteau ouvert laisse apercevoir la naissance de ses seins (ce qui peut évoquer la mère nourricière), ses vêtements, les drapés, sont froissés, tout ceci connote le désastre, la désolation. L’orient est suggéré par les sandales rouges, la ceinture jaune, la coiffe.

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thématique : « Arts, goûts, esthétiques»

Interrogation 2

Le fait de représenter un pays sous les traits d’une femme rend la scène plus évocatrice, le peintre met en lumière l’émotion et le malheur ressentis par la population et cherche à susciter la compas-sion et l’engagement au côté de la Grèce.

5 La Grèce semble éprouver de l’accablement, du désespoir, du malheur, mais aussi une forme de supplication… Son corps met en valeur ses sentiments à travers sa posture, les mains ouvertes vers le bas, son regard en oblique, son corps dénudé.

6 les couleurs principales utilisées par Delacroix sont : le rouge (terreur, sang, violence, guerre, orient), couleur qui fait circuler le regard dans les 3 plans du tableau, les ocres, les bruns, les bleus… Les couleurs révèlent l’atmosphère du thème traité.

7 La violence est connotée par les armes, le cadavre, les ruines, le rouge, la souffrance, l’accable-ment ; elle est représentée par un guerrier vainqueur ; alors que la femme représente l’espoir, le renouveau (capable d’enfanter).

Un contexte historique et esthétique

8 Le courant artistique dans lequel s’inscrit ce tableau est le courant romantique. Les éléments du tableau qui réfèrent à ce mouvement :– le nom même de l’artiste : Delacroix est en effet le chef de file du romantisme pictural ;– le sujet : la lutte de libération d’un peuple s’inscrit dans les sujets chers aux romantiques ;– la jeune femme : héroïne romantique, en proie au malheur, égarée dans un monde violent ;– le traitement du sujet : l’exacerbation des sentiments représentée par l’opposition entre les trois personnages : le vainqueur relégué à l’arrière plan, le vaincu pitoyable sous les décombres au pre-mier plan, la jeune femme apparemment démunie mais non résignée au centre du tableau ;– l’invitation par le peintre à un engagement personnel de l’observateur du tableau en faveur de la cause ainsi illustrée.

9 L’épisode historique qui a servi de support à ce tableau s’inscrit dans la lutte de la Grèce pour son indépendance, contre l’occupant ottoman. Missolonghi, en raison de sa position à l’entrée du golfe de Corinthe, occupe une position stratégique et symbolique dans l’insurrection du peuple grec et va connaître quatre siéges à partir de 1821.La scène représentée se situe à la fin du quatrième siège : en 182�, l’armée turco-égyptienne assiège la ville, davantage défendue par sa lagune que par ses remparts de terre battue. Dans la nuit du 23 avril 182�, sans espoir et sans vivres, les assiégés tentent une ultime sortie mais la plupart des habitants sont massacrés.Les derniers défenseurs de la citadelle rassemblent ce qui reste de poudre et de munitions et font sauter la ville et ses habitants, avec femmes et enfants, ensevelissant sous les ruines une partie de leurs assaillants.Lord Byron avait grandement contribué au financement de la défense de la ville dès 182�. Sa mort, de la fièvre des marais, en fait un martyr de la cause philhellène et contribue à la sympathie des cercles libéraux et des artistes (dont Chateaubriand, Delacroix, Victor Hugo...) qui organisent une propagande active pour cette cause.La prise de Missolonghi a joué un rôle non négligeable dans l’intervention des puissances européen-nes pour la libération finale de la Grèce.

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Interrogation 3 Les valeurs qu’incarne le personnage étudié sont-elles celles de l’auteur, celles d’une époque ?

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FLAuBert et SOn éPOque dAnS BOuvArd et Pécuchet Pages 44 à 49 du manuel

Introduction au travail sur la séquence

La troisième interrogation de l’objet d’étude « Parcours de person-nages », dont le champ littéraire préconisé est « réalisme et romantisme » semble imposer d’emblée le choix de Flaubert lequel, à travers son œuvre, n’a cessé d’interroger les valeurs de son époque.

On donnera à ce terme de « valeurs », au pluriel, un sens différent de celui qui est usité au singulier. C’est la première difficulté pour faire comprendre le sens de cette interrogation aux élèves. Ainsi :– valeur : jugement porté sur une personne en fonction de son mérite, de ses qualités. « C’est un homme/une femme d’une très grande valeur ».– valeurs : ensemble des croyances, convictions, opinions d’une per-sonne, et qui définissent son comportement et son attitude dans la vie. On agit en fonction de ses valeurs.

Les extraits choisis permettent de faire un parcours dans l’œuvre, afin de travailler avec les élèves sur le conflit des valeurs : précisément entre celles des personnages, qui sont celles que Flaubert impute à son époque, et celles de Flaubert lui-même.

1. Comment la présentation de Bouvard et Pécuchet nous permet-t-elle d’imaginer leurs valeurs ?

Lecture

u L’organisation du passage (document 1)

1. La première partie va du début de l’extrait – qui est aussi le début du roman – à la ligne 10 : ainsi, le roman commence par une description de ce quartier de Paris, qui va de la Bastille à la Seine en longeant le canal St-Martin, sous la chaleur.La description des lieux est exacte : le roman décrit le réel. Cela contribue à donner plus de force à l’apparition des personnages qui bénéficient ainsi de cet « effet de réel ».

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La deuxième partie va de la ligne 11 à la fin de l’extrait. La phrase qui l’introduit est « deux hommes parurent ». Cette phrase constitue un paragraphe à elle seule et permet ainsi de marquer l’articula-tion entre la description du quartier « absolument désert » et l’apparition des deux hommes ; elle souligne alors l’étrangeté de cette apparition.

2. La chaleur, exceptionnelle, endort complètement Paris et transforme cette ville en lieu à part. Les termes qui l’indiquent sont :« Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. » La chaleur est la cause de la disparition des hommes.« Au-delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers, le grand ciel pur se découpait en plaques d’outremer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les toits d’ardoises, les quais de granit éblouissaient. Une rumeur confuse montait du loin dans l’atmosphère tiède ; et tout semblait engourdi par le désœuvrement du dimanche et la tristesse des jours d’été. » La ville semble hostile aux hommes à cause de la force du soleil.

3. Nous avons vu que la première partie de l’extrait raconte la chaleur qui règne sur la ville, et la deuxième partie l’apparition de deux hommes qui se révèlent être Bouvard et Pécuchet. Ils se met-tent assis sur le même temps et commencent à discuter, faisant plus ample connaissance.Cet événement raconté est en fait ce que l’on pourrait appeler un non-événement. En ce sens, il y a comme une rupture entre l’apparition des deux hommes, qui s’apparente dans ces conditions clima-tiques à un événement exceptionnel, et ce qui se passe ensuite : une discussion entre deux employés de bureau, qui ne parlent que par clichés, stéréotypes, lieux communs : crainte d’un vol de chapeau, banlieue « assommante », Paris fatigant…

u L’apparition des personnages (document 1 et 2)

4.

Bouvard Pécuchet

Profession Employé de bureau Employé de bureau

Allure générale Grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main

Petit, corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue

Caractère apparent

Aimable Sérieux

Description du visage

Yeux bleuâtres, toujours entreclos ; cheveux blonds, frisés d’eux-mêmes en boucles légères, lui donnaient quelque chose d’enfantin.

A l’air de porter une perruque, crâne élevé, mèches plates et noires. Sa figure semblait tout en profil, à cause du nez qui descendait très bas.

Vêtements Pantalon à grand pont, qui godait par le bas sur des souliers de castor, moulait son ventre, faisait bouffer sa chemise à la ceinture

Ses jambes prises dans des tuyaux de lasting manquaient de proportion avec la longueur du buste

Signe particulier Espèce de sifflement continu Une voix forte, caverneuse

Interrogation 3

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Ils exercent le même métier, ce qui les rapproche ; c’est d’ailleurs l’aveu mutuel de leur profession qui entraîne un nouvel intérêt réciproque, comme l’indique « alors ils se considérèrent ». Ils ont aussi les mêmes opinions, comme l’indique par deux fois le narrateur : « Pécuchet pensait de même », « Bouvard aussi ». C’est donc, entre les deux hommes, un accord immédiat.Mais du point de vue physique, tout oppose Bouvard et Pécuchet : Bouvard est aimable, blond et enfantin, Pécuchet sérieux, brun et plus guindé ; l’un est grand, l’autre petit.

5. Bertall est un illustrateur français, contemporain de Flaubert. Etant donné que sa gravure n’est pas une illustration de Bouvard et Pécuchet, elle ne représente pas les deux hommes. Ainsi, si les vêtements de Bouvard et de Pécuchet ont beaucoup à voir avec ceux des hommes dessinés par Ber-tall, puisque c’est la même époque qui est représentée, Bouvard et Pécuchet sont physiquement bien différents, opposés l’un à l’autre. Ils sont décrits si précisément que le lecteur pourrait d’ailleurs, à son tour, les dessiner.

6. Succession des points de vue adoptés :– Point de vue du narrateur qui décrit les deux hommes et les circonstances de leur rencontre. Ils sont très différents d’apparence mais agissent de même. (l. 11-19)– Point de vue de Pécuchet puis de Bouvard, qui constatent chacun que son voisin a eu la même idée. (l. 19-2�)– Point de vue de Pécuchet, à qui Bouvard plaît tout de suite ; description de Bouvard vue par Pécu-chet. (l. 27-32)– Point de vue de Bouvard sur Pécuchet, qui produit sur lui grande impression. Description de Pécu-chet vue par Bouvard. (l. 33-38)– Point de vue du narrateur, qui souligne la communauté des idées entre les deux hommes. (l. 39-�2)Conclusion : deux hommes très différents mais dont la proximité immédiate se ressent jusque dans les symétrie des procédés narratifs utilisés.

7. Le lecteur sait que Bouvard et Pécuchet sont les personnages principaux du roman de Flaubert pour deux raisons :– le nom de chacun d’entre eux fournit le titre du roman ;– ils apparaissent au tout début du roman.Le lecteur apprend leur nom à cette occasion, et il a l’impression que cette rencontre de hasard va aboutir à une solide amitié, comme le titre le laisse d’ailleurs présumer.Ils ne semblent pas avoir, pour l’instant, de caractéristiques héroïques : ils sont employés de bureau, ont une discussion très ordinaire ; leur apparence physique est un peu ridicule : l’un parce qu’il est mal habillé, l’autre parce qu’il est mal coiffé et qu’il a de petites jambes. Ils n’ont donc pas les quali-tés physiques et morales des héros.

écriture et oral

8. À cause de la chaleur extrême qui a pour résultat que le boulevard Bourdon se trouve « absolument désert », et que tout est « engourdi par le désoeuvrement du dimanche et la tristesse des jours d’été », l’apparition des deux hommes apparaît comme un événement exceptionnel, propice à exprimer une valeur héroïque.Mais ces deux hommes, parfaitement opposés du point de vue physique, sont un peu ridicules et surtout, ont les mêmes idées très banales.

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Interrogation 3

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L’ironie de Flaubert consiste à transformer tout de suite les deux hommes, dont l’apparition est exceptionnelle, en personnages terriblement banals.Leurs valeurs vont probablement être très communes, les mêmes que celles de tout le monde, de la même façon que tous deux ont eu l’idée de marquer leur chapeau, pensent que la banlieue est assom-mante et Paris fatigant.

9. Ces deux personnages principaux du roman apparaissent dans l’histoire de manière héroïque : les seuls qui osent se risquer dans Paris un jour de canicule. Mais leurs propos démentent aussitôt leur apparition ; ils ont une conversation tout à fait banale. On imagine que leurs valeurs ne vont pas être héroïques, et qu’ils sont plutôt des anti-héros.

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2. À travers les aventures de Bouvard et Pécuchet, que nous dit l’auteur sur leurs valeurs ?

u Document 1

1. Les boites de conserve sont avariées, et toute la nourriture qu’elles contiennent a tourné (l. 7 à 11). Puis l’alambic explose (l. 12) ; car Bouvard et Pécuchet cessent de surveiller leur alambic pour ouvrir leurs boîtes de conserve : la vapeur fait exploser l’appareil.

2. Les boites auraient dû contenir : des tranches de veau ; du homard ; de la matelote ; du potage. À la place, elles présentent : des semelles bouillies ; un liquide fangeux ; une matelote méconnaissa-ble ; des champignons sur le potage.

3. – À propos de l’ouverture des boîtes de conserves : Pécuchet fit sauter le couvercle « de la pre-mière, puis de la seconde, de la troisième ».– À propos du contenu de ces boîtes de conserves : « Les tranches de veau ressemblaient à des semelles bouillies. Un liquide fangeux remplaçait le homard. On ne reconnaissait plus la matelote. Des champignons avaient poussé sur le potage ».– Au sujet de l’explosion de l’alambic : les morceaux bondirent, « crevant les marmites, aplatissant les écumoires, fracassant les verres » ; « le charbon s’éparpilla, le fourneau fut démoli ».Ces énumérations créent un comique de répétition : les catastrophes s’accumulent et cette surcharge d’événements fait rire aux dépends des deux hommes.

4. Bouvard et Pécuchet « n’y comprenaient rien » : mais que comprend le lecteur ?Le lecteur comprend que Bouvard et Pécuchet ignorent les règles les plus élémentaires : des conser-ves mal préparées pourrissent, la vapeur peut faire exploser un récipient… Si l’alambic explose, c’est qu’ils n’ont pas fait attention ; ils n’ont pas beaucoup d’expérience, et n’ont pas beaucoup réfléchi.

5. Le décalage entre ce que le lecteur comprend et que les personnages ne comprennent pas produit un effet comique ; les personnages sont ridicules : furieux parce que leurs conserves sont avariées ; terrorisés par l’explosion, alors que tout est dû à leur inexpérience ou à leur distraction.

u Document 2

6. Bouvard et Pécuchet essaient de composer une pièce de théâtre à l’aide des moyens suivants : en déjeunant, puis en buvant du café, puis de l’alcool ; en se reposant ; en se promenant ; en sortant dans la campagne ; en s’enfermant : Bouvard s’assied avec une plume, Pécuchet se met dans un fauteuil : en prenant un titre au hasard pour trouver une histoire ; en développant un proverbe ; en imaginant des aventures ; en lisant des livres. Aucun de ces moyens n’est efficace, parce que les histoires ne s’écrivent pas d’une manière mécanique, il faut avoir de l’inspiration.

7. Les temps verbaux sont surtout l’imparfait et le présent. L’imparfait marque l’action non bornée dans le temps et donc, répétitive ; de fait, l’emploi de l’imparfait marque bien que les deux hommes recourent à tous ces procédés plusieurs fois. On peut faire manipuler le texte aux élèves pour leur demander quelle différence de sens naît de l’emploi de l’imparfait par rapport au passé simple : au passé simple, l’action se produit 1 fois (singulatif), à l’imparfait, elle se produit plusieurs fois (itératif). Le présent (l. 13-1�) est de vérité générale : cela s’accorde bien aux « méthodes » utilisées par les deux hommes.

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8. L’action se déroule pendant une à plusieurs semaines. Cela nous indique que Bouvard et Pécuchet sont opiniâtres, insistants… mais pourtant incapables d’écrire une pièce de théâtre.

9. Bouvard et Pécuchet n’arrivent à rien : seulement à boire, manger, dormir, se promener et rester dans leur fauteuil en prenant des poses ridicules : « Bouvard […] restait les yeux au plafond, pendant que Pécuchet, dans le fauteuil, méditait, les jambes droites et la tête basse ».On peut mettre en relation ce document 2 avec le document 1 : Bouvard et Pécuchet, mourant de peur après l’explosion : Pécuchet […] s’était accroupi derrière la cuve, et Bouvard, comme écroulé sur un tabouret. Pendant dix minutes, ils demeurèrent dans cette posture » ; là non plus, ils n’ont pas un comportement héroïque.De véritables héros auraient triomphé de toutes les difficultés : ils auraient fait une excellente liqueur, auraient écrit une pièce de théâtre qui serait devenue célèbre.

u Documents 1 et 2 :

10. Définition du mot Ridicule (adj) : Qui est de nature à provoquer involontairement le rire, la moque-rie, la dérision. Synon. grotesque, risible.Bouvard et Pécuchet sont ridicules car :– ils se lancent dans la confection de liqueurs et de conserves, sans rien y connaître ; ils rêvent d’être célèbres par tous les moyens. Ils inventent le nom de leur liqueur avant même de l’avoir faite ;– Ils ne comprennent pas pourquoi leurs conserves sont avariées ;– Ils oublient de surveiller leur alambic ;– Leur peur lors de l’explosion (ils restent dix minutes immobiles) est exagérée ; preuve encore une fois qu’ils ne comprennent pas ce qui s’est passé ;– Ils pensent être victimes « d’infortunes » alors qu’ils sont seulement ignorants ;– Ils cherchent par tous les moyens (mais surtout par des moyens prosaïques : boire, manger, dor-mir…) à écrire une pièce de théâtre ;– Ils rêvent de célébrité avant d’avoir écrit leur pièce, et sont sûrs d’avoir raté leur vocation d’auteur alors même qu’ils n’arrivent pas à écrire.Ils donc ridicules parce qu’ils veulent atteindre la célébrité et ne se rendent pas compte de leur bêtise.

11. Dans ces deux extraits, les personnages connaissent les mêmes problèmes : décision de faire quelque chose qui les rendra célèbres ; essai, puis échec ; et seulement à la fin, constat d’ignorance alors que c’est de cette ignorance qu’ils auraient dû partir pour y remédier.

écriture et oral

12. On attend des élèves qu’ils reprennent les réponses aux questions en leur donnant sens du point de vue de la bêtise des personnages, de leur manque de discernement. Même après leur échec, ils n’en comprennent pas les causes : ils pensent que s’ils ont échoué à faire de la liqueur, c’est parce qu’ils ne connaissent pas la chimie (alors que c’est à cause de leur distraction) ; ou que s’ils ne peu-vent écrire une pièce de théâtre, c’est parce qu’ils n’en connaissent pas les règles (alors qu’ils n’ont rien à dire).

13. Bouvard et Pécuchet cherchent à devenir célèbres. Flaubert se moque des bourgeois qui ont de l’argent, mais qui ne se donnent pas les moyens adéquats d’en faire quelque chose de valable.

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3. Comment Flaubert prend-il position par rapport aux valeurs de son époque ?

1. Entre les premiers extraits et celui de cette séance, Bouvard et Pécuchet évoluent : ils ne suppor-tent plus la bêtise…Roman de la bêtise, Bouvard et Pécuchet commence en présentant deux bourgeois qui ont de l’argent mais n’arrivent pas à en tirer quoi que ce soit, tant ils sont bêtes ; mais Flaubert ne s’arrête pas là ; c’est la bêtise de toute la société de son époque qu’il veut condamner. L’évolution de Bouvard et Pécuchet correspond donc à une nécessité de l’histoire : ils doivent évoluer « percevoir la bêtise et ne plus la tolérer » pour servir la démonstration de Flaubert.

2. Flaubert justifie son livre comme un moyen de survivre dans une époque dont il ne peut partager aucune valeur : c’est un exutoire à sa colère (l. 1 : « j’exhalerai ma colère », l. 8 : « je tâcherai de cra-cher ma bile »), au dégoût (l. 2 : « Je vomirai sur mes contemporains le dégoût qu’ils m’inspirent ») ; c’est un moyen de lutter contre le désespoir (l ; 9-11 : « Si je ne travaillais pas, je n’aurais plus qu’à piquer une tête dans la rivière avec une pierre au cou »), et de se consoler (l. 12-1� : « Et vous voulez que je ne remarque pas la Sottise humaine ! et que je me prive du plaisir de la peindre ! Mais le comi-que est la seule consolation de la Vertu. »).

écriture et oral

4. Écœuré par la bêtise de ses contemporains, Flaubert décide d’écrire un roman, dans lequel il va, de manière exagérée, comique, peindre tous leurs ridicules. C’est une sorte de vengeance sur son époque. Flaubert s’oppose aux valeurs de son époque : recherche de célébrité, ignorance.Ainsi, il commence par narrer la rencontre des deux employés de bureau, tout à fait banals (cf. séance 1) qui, une fois qu’ils ont de l’argent, ne rêvent que de célébrité. Ils échouent pourtant en tout (cf. séance 2). Le texte de la séance 3 semble plus proche de Flaubert lui-même : ne plus sortir, ne plus recevoir personne.En complément de cette séance, on peut citer ce que les Goncourt ont écrit dans leur journal à pro-pos de Bouvard et Pécuchet et amener les élèves à dire ce qu’ils en pensent :« Bouvard et Pécuchet : la singulière conception ! chercher laborieusement, pendant cinq, six ans, tout ce qu’il y a de bête dans les livres pour en faire le sien. » ( Journal des Goncourt, mardi 16 mars 1881).

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Objet d’étude 1 - Parcours de personnages • 73

Interrogation 3

évaluation des compétences de lecture 10 points

u Document 1

1. Flaubert prend des thèmes de discussion de son époque (1 point) et en donne la définition que tout le monde en donne (1 point).

2. Une « idée reçue » est une idée partagée par tous, sans que l’on s’interroge sur son bien-fondé ou sa vérité : 1 point

3. Flaubert dénonce la bêtise dans Bouvard et Pécuchet : 1 pointLe dictionnaire montre des idées reçues, qui sont bêtes parce qu’elles ne sont pas discutées : 1 point

u Document 2

4. Les deux hommes imaginent un futur pour l’humanité ; ils s’opposent sur ce futur : 1 point

5. L’opposition entre les deux personnages est de plus en plus visible ( 1 point) et leur vision de l’avenir s’oppose en tout : Pécuchet voit l’avenir en noir et Bouvard en beau (1 point)

6. Pour Pécuchet, le mal vient du besoin : un homme vole, tue, commet des crimes, à cause de besoins qu’il ne peut satisfaire autrement. Si les besoins des hommes diminuent ou disparaissent, le mal disparaîtra aussi, car les hommes ne le commettent pas volontairement. (2 points)

évaluation

des compétences d’écriture 10 points On demande aux élèves de prendre un exemple précis de la « bêtise de notre époque » : thèmes très généraux, ou plus particuliers, mais pris dans le monde (pas de charge personnelle). Cela peut être le gaspillage des ressources, la persistance des frontières, certains problèmes politiques ou sociaux…

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Interrogation 3 Les valeurs qu’incarne le personnage étudié sont-elles celles de l’auteur, celles d’une époque ?

étude de mAdAme BAPtISte : mAuPASSAnt et Le cOnFLIt deS vALeurS Pages 50 à 57 du manuel

Introduction au travail de la séquence

Cette nouvelle de Guy de Maupassant est parue le 28 novembre 1882 dans le journal Gil Blas, puis reprise, en 1883, dans le recueil Made-moiselle Fifi.

Elle permet lire un récit dans lequel s’affrontent, avec violence, des valeurs opposées et de s’interroger sur la façon dont la société française regardait la sexualité féminine – même non consentie.

Maupassant, dans cette nouvelle, s’appuie sur son intérêt pour les faits divers et développe deux de ses thèmes récurrents : le suicide et l’enfance martyre. Il y manifeste aussi sa liberté de penser, et de compa-tir, face aux préjugés et à « la morale imbécile » du plus grand nombre.

Points du programme couverts par cette séquence

Capacités Connaissances Attitudes

– Analyser comment un personnage se construit à travers des mots, des attributs.– Rendre compte à l’oral et à l’écrit de ce qu’un personnage de fiction dit de la réalité.– Comprendre en quoi un personnage porte le projet de son auteur

Champ littéraire :

– Notion de personnage de roman

Champ linguistique :

– Lexique du portrait physique et moral, de l’action.– Procédés de la désignation et de la caractérisation.– Connecteurs spatiaux et temporels.– Énonciation dans le récit : point de vue, discours rapportés.

– Être curieux de connaître d’autres personnages, d’autres expériences, d’autres lieux, d’autres époques, à travers des œuvres de fiction.– Se laisser interroger par les valeurs incarnées dans un personnage.

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Interrogation 3

1. Comment se noue l’intrigue ?

Lecture

u L’organisation du passage

1. Le début de cette nouvelle est raconté par un narrateur qui s’exprime à la première personne : « Quand j’entrai dans la salle des voyageurs de la gare de Loubain ».

2.

En attente d’une correspondance dans la gare de Loubain, le narrateur, plein d’ennui, attend avec impatience de repartir.

« Quand j’entrai dans la salle des voyageurs de la gare de Loubain » ligne 1« mon premier regard fut pour l’horloge » l. 1-2« Je me sentis las soudain comme après dix lieues à pied » ligne 4« Un morne découragement m’envahit » l. 15

La phrase qui introduit un changement dans ce début de récit le fait au moyen d’un connecteur temporel qui introduit une rupture dans le récit.

« quand j’aperçus un convoi funèbre qui tournait une rue latérale pour s’engager dans celle où je me trouvais » ligne 17 à 18On peut accepter comme réponse : « Mais soudain mon attention redoubla » ligne 22

Le lieu de l’action est le convoi funéraire auquel le narrateur s’est mêlé. La curiosité du personnage est éveillée.

« Ma curiosité désœuvrée se jeta dans les hypothèses les plus compliquées ; mais, comme la voiture funèbre passait devant moi, une idée baroque me vint : c’était de suivre avec les huit messieurs » lignes 29 à 31

Il demande qu’on lui raconte l’histoire de cette jeune femme. Son interlocuteur accepte et donc reprend la régie de la narration.

« Vous m’étonnez et vous m’intéressez beaucoup, monsieur. Serait-il indiscret de vous demander de me conter cette histoire ? Si je vous importune, mettez que je n’ai rien dit ».« Mais pas du tout, pas du tout »

u L’intrigue

3. Les enterrements civils sont à cette époque peu nombreux et sont, d’après le narrateur, suivis par tous les « libres penseurs » qui se font à cette occasion « un devoir de manifester ». Ce qui attire son attention c’est que cet enterrement civil est très peu par seulement « huit messieurs ».

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4.

Éléments du paysage (lignes 8 à 13)

« La rue, sorte de boulevard » La modalisation introduit l’idée d’imprécision dépréciative

L’ennui qu’éprouve le narrateur se trouve confronté à l’observation d’un paysage qu’il juge sans aucune complaisance et dans lequel il ne voit ni intérêt ni beauté.

« planté d’acacias maigres » La végétation est pauvre

« entre deux rangs de maisons inégales et différentes »

Les maisons manquent d’harmonie

« des maisons de petite ville » La précision semble indiquer l’absence de qualité, de beauté.

« montait une sorte de colline » De nouveau la modalisation introduit l’idée d’imprécision dépréciative (même les collines ne sont pas de vraies collines)

« un chat traversait la chaussée, enjambant les ruisseaux d’une manière délicate. Un roquet pressé. »

Les seuls habitants sont des animaux sans qualité particulière

« Je n’apercevais aucun homme. »

La vile semble désertée et sans vie.

Sentiments du narrateur

« Je me sentis las soudain comme après dix lieues à pied »

Le narrateur est envahi par un seul sentiment : un ennui immense.

« je regardai autour de moi comme si j’allais découvrir sur les murs un moyen de tuer le temps »

« l’esprit travaillé par le désir d’inventer quelque chose à faire ».

« Un morne découragement m’envahit ».

5. Les paroles rapportées au discours direct sont nombreuses :« Voilà un enterrement civil », l. 2� (pensée du narrateur) ;« Je vous demande bien pardon, messieurs, si j’interromps votre conversation. Mais, apercevant un enterrement civil, je me suis empressé de le suivre sans connaître, d’ailleurs, le mort que vous accom-pagnez », l. 7 à �0 ;« C’est une morte. », l. �0 ;« Cependant c’est bien un enterrement civil, n’est-ce pas ? », l. �1 ;« Oui et non. Le clergé nous a refusé l’entrée de l’église. » « Ah ! », l. �2 à �� ;« Oh ! c’est toute une histoire. Cette jeune femme s’est tuée, et voilà pourquoi on n’a pas pu la faire enterrer religieusement. C’est son mari que vous voyez là, le premier, celui qui pleure », l. �� à �8 ;

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« Vous m’étonnez et vous m’intéressez beaucoup, monsieur. Serait-il indiscret de vous demander de me conter cette histoire ? Si je vous importune, mettez que je n’ai rien dit », l. �9 à �1 ;« Mais pas du tout, pas du tout. Tenez, restons un peu derrière. Je vais vous dire ça, c’est fort triste. Nous avons le temps, avant d’arriver au cimetière, dont vous voyez les arbres là-haut ; car la côte est rude. » l. �3 à �7 ;Le discours direct permet de mettre en place l’intrigue de façon explicite. Il est utilisé pour rapporter le dialogue entre les deux personnages sauf à la ligne 2� où il indique les pensées du narrateur.Le discours indirect libre : « Que faire ? Que faire ? » (l. 1�), « Alors, quoi ? » (l. 2�) indique l’importance des sentiments qu’ils accompagnent (l’ennui ou la curiosité).Mais la plupart des pensées du personnage se font sans paroles rapportées.

6. L’intérêt du lecteur s’éveille en même temps que celui du narrateur. Le lecteur est intrigué par l’histoire de la morte. Histoire triste et sans doute originale puisqu’elle lui vaut l’absence à ses obsè-ques des habitants d’une ville jugée par le narrateur comme sans intérêt.

7. La réponse à la problématique de séance s’obtient grâce aux réflexions, à l’étude des documents et à l’écriture personnelle des élèves, il ne peut donc pas y avoir de réponse type. Néanmoins on peut attendre quelques-uns des éléments suivants :– les sentiments du narrateur ;– la description de la petite ville ;– l’annonce du début de l’histoire de la morte, venant rompre le sentiment d’ennui éprouvé par le narrateur.

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2. Existe-t-il de bonnes et de mauvaises valeurs ?

Lecture

1. Le récit est effectué par le second narrateur qui raconte l’histoire de la morte, madame Hamot au narrateur premier.

2. On peut imaginer que l’histoire racontée se déroule sur une dizaine d’années. On sait que l’enfant avait onze ans lors du viol « Elle eut, étant tout enfant, à l’âge de onze ans, une aventure terrible » ; on sait que l’arrivée de Paul Hamot dans la ville est récente « Or, quand nous avons eu un nouveau sous-préfet, voici maintenant dix-huit mois, il amena avec lui son secrétaire particulier, un drôle de garçon qui avait mené la vie dans le Quartier latin, paraît-il ». Le mariage a sans doute été rapide : « Il vit Mlle Fontanelle et en devint amoureux », « Il fit sa cour, la demanda en mariage et l’épousa », suivi par la grossesse de la jeune femme : « Elle devint enceinte ».

3.

Histoire de Étapes de la vie de… Réactions des gens du village

Commentaires du narrateur sur l’histoire qu’il raconte

Mlle Fontanelle 1) Viol.Procès.2) Elle grandit…Elle joue…3) Elle grandit.quand elle passe dans la rue…elle était jolie

… tout le monde s’écarte d’elle.… au parc on la laisse seule.… on ne la regarde pas.

Aventure terrible, misérable, épouvantable, pauvre martyre. Marquée d’infamie, devenue un monstre ; comme si elle était contagieuseC’est pitiéC’est pire encore, comme une pestiféréeCrainte incessante de quelque nouvelle et terrible aventureElle m’aurait plu

Mme Paul Hamot Mariage. Elle adore son mari.Elle devient enceinte.

Des gens hésitent.Elle est acceptée.

Avec un drôle de garçon ayant du toupetIl lui avait rendu l’honneur Purifiée par la maternité. C’est drôle, mais c’est comme ça.

Elle est seule, et normale malgré ce qui lui est arrivé. Son mariage le prouve.

Les gens la trouvent sale, coupable.

Il fait comme tout le monde

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Les habitants de la petite ville jugent l’enfant salie par ce qui lui est arrivée – voire coupable. Selon eux, une enfant, une jeune fille est censée n’avoir aucune connaissance sexuelle jusqu’à son mariage : « Songez donc que cette jeune personne n’avait plus rien à apprendre, rien ; qu’elle n’avait plus droit à la symbolique fleur d’oranger ; qu’elle avait pénétré, presque avant de savoir lire, le redoutable mystère que les mères laissent à peine deviner, en tremblant, le soir seulement du mariage » (l. 30-3�). Ils assimilent le viol à une pratique sexuelle et estime que l’enfant a bravé un tabou. Le narra-teur, tout en la plaignant et en l’admirant n’ose pas affronter l’opinion publique.

4. Paul Hamot change la situation de Mademoiselle Fontenelle. Selon le narrateur, son passé de noceur explique ses réactions : « son secrétaire particulier, un drôle de garçon qui avait mené la vie dans le Quartier latin, paraît-il », ainsi que le caractère même du jeune homme : « Alors, ayant du toupet, il fit des visites de noce comme si rien n’était ».

5. Cet extrait présente l’héroïne en utilisant le registre pathétique :« en faillit mourir, estropiée », l. 3 et � ;« pauvre martyre était victime », l. � et � ;« C’était pitié de voir cette pauvre petite », l. 17 ;« Elle restait toute seule, […] regardant d’un air triste », l. 18 et 19 ;« elle s’avançait timidement avec des gestes craintifs et entrait dans un groupe d’un pas furtif », l. 20 à 22 ;« La petite Fontanelle demeurait isolée, éperdue, sans comprendre ; et elle se mettait à pleurer, le cœur crevant de chagrin », l. 2� à 27 ;« Personne ne connaissait les tortures secrètes de son âme; car elle ne parlait guère et ne riait jamais. », l. �� et ��.

écriture et oral

6. Pour répondre à cette question, il convient de distinguer les valeurs des différents personnages de cette histoire, à savoir :– tout d’abord Baptiste, criminel ;– la petite ville (dont les parents de l’enfant) qui la considèrent avec honte et dégoût ;– le narrateur, compatissant mais pas courageux ;– Paul Hamot, aimant, courageux et exempt des préjugés qui altèrent le jugement et les sentiments des autres habitants.

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3. Quels personnages représentent les valeurs de l’auteur ? celles de l’époque ?

Lecture

u Le déroulement de l’histoire

1. C’est la phrase prononcée par le chef de musique du bourg de Mormillon : « Tu peux la garder pour Baptiste, ta médaille. Tu lui en dois même une de première classe aussi bien qu’à moi. » (l. 18 à 21), qui déclenche le drame. Elle est injurieuse pour Paul Hamot en ce qu’elle semble lui dire : si Baptiste n’avait pas violée made-moiselle Fontanelle (fille d’un riche commerçant, décrite comme jolie et distinguée), tu n’aurais jamais été assez bien l’épouser : tu l’as eue au rabais, en deuxième choix. Cette phrase est également injurieuse à l’égard de Mme Hamot, qu’elle assimile à ce viol qu’elle n’a pas voulu, dont elle a été victime. Elle est aggravée par la réaction de la foule, faite de méchanceté, d’indiscrétion, de voyeurisme.

2. Les différents personnages sont en proies à de très fortes réactions : Paul Hamot se jette sur l’insulteur, Madame Hamot est submergée par ses sentiments (éperdue, elle cède progressivement à la folie). Les spectateurs envoient quolibets et moqueries à la jeune femme (l’appelant « madame Baptiste », comme si elle était la femme de son violeur). Cette exacerbation fait une scène d’une grande intensité dramatique.

3. Le second narrateur compatit à l’histoire qu’il a raconté – les termes de son témoignage et sa pré-sence à l’enterrement en témoigne – néanmoins il continue à se situer dans le cadre des valeurs majoritaires de cette ville : « Le conteur se tut. Puis il ajouta : «C’est peut-être ce qu’elle avait de mieux à faire dans sa position. Il y a des choses qu’on n’efface pas.» » (l. �2 à �3).

4. Le premier narrateur est profondément touché par l’histoire qui vient de lui être contée et il va manifester sa sympathie et son soutien à Paul Hamot : « Et j’attendis, très ému, qu’on eût descendu la bière dans la fosse pour m’approcher du pauvre garçon qui sanglotait et lui serrer énergiquement la main » (l. �9 à �1).Les derniers sentiments qu’il exprime sont contraires à l’ennui qu’il manifestait au début du récit : « Et je ne regrettai pas d’avoir suivi ce convoi ». (l. �1 et �2).

u La portée du récit

5. La colère de Monsieur Hamot (« M. Hamot avait saisi à la gorge ce grossier personnage, et ils se roulaient par terre au milieu d’un tumulte effroyable. ») témoigne d’au moins deux valeurs fortes : son sens de l’honneur et son amour pour sa femme.La réaction de Madame Hamot (paralysée par la douleur et la honte, comme prise de folie) témoigne de sa propre honte : elle en est réduite à reprendre le système de valeurs dominant qui l’estime cou-pable au même titre que son bourreau, qui ne fait pas la différence entre une victime et un tortionnaire.

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Les gens de la région se moquent de Madame Hamot et la regardent comme un phénomène de foire : leur système de valeurs exclut la compassion mais inclut le plaisir malsain du spectacle de la souf-france d’autrui.Le narrateur du récit est compatissant : « Ça fendait le cœur de la voir », mais dans le système de valeurs dominant, qu’il reconnaît comme sien, ceux qui causent du scandale, même en tant que vic-times, n’ont pas le droit de vivre : « C’est peut-être ce qu’elle avait de mieux à faire dans sa position. Il y a des choses qu’on n’efface pas. » lignes �2 à �3

6. Ce récit est écrit de telle façon qu’il permet une certaine identification entre les sentiments expri-més par le narrateur premier et l’auteur.Il n’est pas certain que les sentiments du narrateur étaient très partagés, en témoignent dans la fic-tion, les réactions de tous les habitants.

écriture et oral

7. Maupassant dénonce les préjugés et la morale courante fondés sur des usages et des croyances – notamment religieuses. Le résultat du système de pensée de la société lui paraît : « stupide(s), « imbécile(s), honteu(ses)x », « monstrueux ». Ces qualificatifs semblent appropriés pour qualifier les habitants de la petite ville tels qu’ils sont peints dans cette nouvelle.

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L’intégralité du texte de la nouvelle est reproduite sur le site compagnon lié au manuel http://www.belin-francais-bacpro.com/ : cf. ressource supplémentaire « Boitelle ».

évaluation des compétences de lecture 12 pointsu Document 1

1.

Idées toutes faites de Boitelle

« Un jour enfin il entra, et fut tout surpris de constater qu’elle parlait français comme tout le monde » lignes 6 et 7.« Boitelle, après le premier étonnement de voir que les idées de cette négresse étaient pareilles aux bonnes idées des filles du pays, qu’elle respectait l’économie, le travail, la religion et la conduite » lignes 15 à 18

Les termes qui évoquent son sentiment à l’égard de la femme

« Boitelle se sentait le cœur remué » ligne 5« C’était pour lui une fête, un bonheur auquel il pensait sans cesse » ligne 12« Au bout de deux mois de fréquentation, ils devinrent tout à fait bons amis » ligne 14 et 15«(il) l’en aima davantage, s’éprit d’elle au point de vouloir l’épouser » ligne 18

2. Boitelle commence par la condition de la jeune femme : « C’était une bonne », énumère ses quali-tés – qu’il sait conforme à ce que ses parents attendent : « vaillante, économe, propre, de conduite et de bon conseil », il continue par l’annonce de la dot, d’origine honnête : « Elle avait quelques sous d’ailleurs, laissés par une femme qui l’avait élevée, quelques gros sous, presque une petite dot, quinze cents francs à la caisse d’épargne ».Il termine par ce qu’il n’a osé dire auparavant : « Il n’y a qu’une chose, dit-il, qui pourra vous contra-rier. Elle n’est point blanche. »Boitelle a présenté à ses parents un portait de la bru idéale ; il montre qu’elle correspond en tout point aux attentes de ses parents. Il espère ainsi leur faire accepter les origines de la jeune femme, dont il sait bien qu’elles risquent de constituer un obstacle.

3. Les parents sont tout d’abord méfiants (L. 29-30), puis semblent conquis par l’ensemble des qua-lités de la promise (l. 3�-3�) ; ils sont ensuite incrédules devant une réalité qu’ils ont bien du mal à se représenter (l. �0-�2).

u Document 2

4. La population réagit avec une curiosité extrême et blessante : « tout le monde se précipitait au chemin pour voir passer la «noire» que le fils Boitelle avait ramenée. On apercevait au loin des gens qui couraient à travers les champs comme on accourt quand bat le tambour des annonces de phé-

S é q u e n c e B

évALuAtIOn

étude de mAdAme BAPtISte : mAuPASSAnt et Le cOnFLIt deS vALeurS

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étude de mAdAme BAPtISte : mAuPASSAnt et Le cOnFLIt deS vALeurS Interrogation 3

Objet d’étude 1 - Parcours de personnages • 83

nomènes vivants ». Le passage de la jeune femme est pour eux un spectacle ; ils ne manifestent aucune empathie et ne s’interrogent pas sur les sentiments qu’elle peut éprouver devant ce déferle-ment de curiosité.

5. Boitelle éprouve de la colère et le besoin d’afficher sa fierté : « qu’Antoine soulevé de colère, sa bonne amie au bras, s’avançait avec majesté sous les yeux élargis par l’ébahissement » ; tous les deux éprouvent un profond chagrin : « ils se mirent à pleurer tous les deux en approchant de la ferme ».

6. Boitelle et son ami ne se marieront pas. Nous savons, par le début de la nouvelle, que Boitelle deviendra « ordureux » spécialiste des « des besognes malpropres », mécontent de son métier et de sa vie mais désireux, lui, de respecter les choix de ses propres enfants

u Documents 1 et 2

7. Maupassant dénonce les préjugés et la bêtise, ce qu’on nommerait de nos jours le racisme, d’un groupe d’individus incapables de comprendre ce que les deux jeunes gens ont en commun pour ne s’arrêter qu’à une couleur de peau, jugée par eux exotique.

évaluation

des compétences d’écriture 8 points 8. On pourra aider les élèves à faire émerger collectivements la ou les valeurs sur lesquels ils sou-haitent écrire, avant d’entreprendre leur travail d’écriture individuel.

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Objet d’étude X

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A c t I v I t é S e t P r O L O n g e m e n t S

Interrogation 3 Les valeurs qu’incarne le personnage étudié sont-elles celles de l’auteur, celles d’une époque ?

Page 58 du manuel

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Séquence A - BOuvArd et Pécuchet

1. Le discours direct doit être employé. Bouvard et Pécuchet sont du même avis.Exemple :– La banlieue, je trouve qu’elle est assommante avec le tapage des guinguettes ! s’exclama Bouvard.– Vous avez bien raison, c’est tout à fait vrai, renchérit Pécuchet. Mais, vous savez, d’un autre côté, Paris me fatigue ; j’ai beaucoup de mal à supporter cette ville, parfois.– C’est la même chose pour moi, soupira Bouvard. Souvent, je me dis qu’il serait agréable d’habiter une petite ville, une petite ville de province. Une ville à la campagne, en somme.

2. Flaubert est désespéré par la bêtise, qui lui devient insupportable. Il en devient misanthrope et la solitude lui convient mieux. On comprend qu’il a envie de se venger de cette exaspération que la bêtise lui fait subir, par le biais de son métier : l’écriture.

3. Les élèves choisissent des mots après concertation : dans leur environnement proche, dans notre société ou dans le monde en général.

4. Les personnages doivent s’opposer dans leur vision de l’avenir, telle qu’ils l’imaginent selon Flaubert. Attention à respecter la forme du dialogue (tirets, incises, ponctuation…).Pour plus de réalisme, penser à mettre les personnages en situation : promenade dans la campagne " allusions à la campagne et à la marche ; déjeuner ou dîner " allusions à ce qu’ils mangent, etc.Pour prolonger la séquence, on peut également communiquer aux élèves l’article de Philippe Sol-lers écrit à l’occasion de la parution du cinquième tome de la correspondance de Flaubert en Pléiade, présent sur le site compagnon lié au manuel http://www.belin-francais-bacpro.com/ : cf. ressource supplémentaire « La bêtise ». On peut travailler à cette occasion sur la représentation que Sollers a de Flaubert : positive ou négative ?Il est ensuite possible d’étudier le chapeau de l’article : « la médiocrité de son temps… et du nôtre » : selon Sollers, en quoi ce que dit Flaubert peut-il s’appliquer à notre époque ?

Voici d’autres extraits de la correspondance de Flaubert, et qui évoquent la genèse de Bouvard et Pécuchet. On peut les soumettre aux élèves afin de travailler plus en profondeur sur les valeurs de Flaubert et celles de son époque :

A. Lettre à Edma Roger des Genettes, 19 août 1872 :Je vais commencer un livre qui va m’occuper pendant plusieurs années. […] C’est l’histoire de ces deux bonhommes qui copient, une espèce d’encyclopédie critique en farce. Vous devez en avoir une idée ? Pour cela, il va me falloir étudier beaucoup de choses que j’ignore : la chimie, la médecine, l’agriculture. Je suis maintenant dans la médecine. – Mais il faut être fou et triplement frénétique pour entreprendre un pareil bouquin ! Tant pis, à la grâce de Dieu !

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B. Lettre à Edma Roger des Genettes, (avril 187�) :Bouvard et Pécuchet m’emplissent à un tel point que je suis devenu eux ! leur bêtise est mienne et j’en crève. Voilà peut-être l’explication.Il faut être maudit pour avoir l’idée de pareils bouquins ! J’ai enfin terminé le premier chapitre et pré-pare le second, qui comprendra la Chimie, la Médecine et le Géologie, tout cela devant tenir en 30 pages ! et avec des personnages secondaires, car il faut un semblant d’action, une espèce d’histoire continue pour que la chose n’ait pas l’air d’une dissertation philosophique. Ce qui me désespère, c’est que je ne crois plus à mon livre. La perspective de ses difficultés m’écrase d’avance. Il est devenu pour moi un pensum.

C. Lettre à Ivan Tourgueneff, Croisset, jeudi 19 juillet 1977 :Puis je reviendrai ici écrire la fin de ce terrible chapitre II, dont j’aurai manqué mourir. – Et quand il sera fini (vers le jour de l’an ?), j’en serai, à peu près, au quart ! – Il faut être fou pour entreprendre des œuvres pareilles ! Celle-là, d’ailleurs, pourrait bien être idiote ? – En tout cas, elle ne sera pas banale.

D. Lettre à Léonie Braine, 30 décembre 1878 :D’ailleurs c’est mon but (secret) : ahurir tellement le lecteur qu’il en devienne fou. Mais mon but ne sera pas atteint, par la raison que le lecteur ne me lira pas. Il se sera endormi dès le commencement.

Séquence B - mAdAme BAPtISte

3. Le narrateur (question 1) a dû exprimer à Paul Hamot sa compassion et son indignation devant le drame, offrant une image d’humanité et de sensibilité. Le scripteur de la seconde lettre (question 2), uniquement préoccupé de bienséance, et s’indignant davantage du sujet de la nouvelle que de la violence dont Madame Hamot a été victime, offre une image de raideur et d’absence de cœur.

5. Ma femme raconte, sur un ton plaisant, l’histoire d’un mariage organisé pour respecter des conve-nances entre deux personnes qui ne se connaissaient pas. Le papa de Simon est l’histoire d’un petit garçon élevé par un mère célibataire. Dans cette nouvelle s’opposent les villageois, pour qui la mère de Simon est déshonorée parce qu’elle a fauté, et le groupe des forgerons qui énonce une morale fondée sur l’indulgence et le courage.

6. Les trois nouvelles montrent la façon dont, quelque soit le milieu social, la société de l’époque ordonne aux femmes une ignorance totale de la sexualité avant le mariage, sous peine d’un déshon-neur et d’une mise à l’écart – quand bien même la transgression de cette règle serait involontaire et subie (Madame Baptiste) ou ne serait que supposée (Ma femme).

7. De nombreux habitants sont présents aux funérailles peintes par Courbet. Ils indiquent par leur présence l’appartenance du mort (ou de la morte) à leur communauté. Appartenance renforcée par la présence des représentant du culte. Madame Hamot, l’héroïne de la nouvelle de Maupassant, est enterrée lors d’une cérémonie simplement civile. Son enterrement n’est pas même suivi par les « libres penseurs » de la ville.

Interrogation 3

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thématique : « Arts, sociétés, cultures »

G. Courbet, Un enterrement à Ornans, 1849-1850.Gustave Courbet est né en 1819 à Ornans, dans une famille aisée avec laquelle il entre-tiendra des rapports affectueux toute sa vie. Il fera des portraits des membres de sa famille (notamment dans Un enterrement à Ornans).Courbet s’installe à Paris pour y faire des études de droit, et se forme parallèlement à la peinture, en atelier, et en allant au Louvre, où il copie les grands maîtres. La recon-naissance du public lui vient tout d’abord de la dizaine de toiles qu’il expose au Salon de 18�8. Puis, un riche collectionneur, Alfred Bruyas (1821-1877), lui achète Les Bai-gneuses et devient son mécène : Courbet peut, grâce à lui, vivre de sa peinture. Pendant une quinzaine d’années Courbet connaît une période faste, durant laquelle il peint scène de chasse, paysages, natures mortes florales… mais aussi un certain nom-bre de tableaux dont le sujet scandalise. La vie de Courbet prend une direction nouvelle lors de la Commune. Contrairement à beaucoup, il reste dans Paris assiégée par les Allemands. En avril 1871, il est chargé par le Conseil de la Commune de rouvrir les musées parisiens et d’organiser le Salon.Après la semaine sanglante, qui oppose Communards, partisans d’un régime issu du peuple et d’une poursuite de la guerre avec la Prusse, et Versaillais, partisans d’un retour à l’ordre et d’une paix rapide, s’ensuit une répression féroce de la part des vain-queurs versaillais. Courbet est condamné, le 7 juin, alors qu’il n’a pas participé à la guerre civile, à � mois de prison et �00 francs d’amende auxquels s’ajoutent � 8�0 francs de frais de procédure. Il perd une grande partie de sa fortune, ses biens sont saisis par l’État, son atelier dispersé. Courbet part s’installer en Suisse pour éviter la prison. Il y meurt en 1877. Cézanne, Manet, Whistler, ou encore Monet lui rendront hommage.

Un enterrement à Ornans. À la fin de l’été 18�9, Courbet s’attaque à son premier tableau monumental. Il souhaite en faire son «exposé de principe» et exprime son ambition en intitulant l’œuvre Tableau de figures humaines, historique d’un enterrement à Ornans. Le tableau est présenté au Salon 18�0-18�1 et choque par l’opposition entre la monu-mentalité de la toile et la trivialité du sujet représenté : « la laideur » des personnages peints est dénoncée par certains.Il a choisi sa ville natale, Ornans, dont on reconnaît les falaises calcaires, pour cadre de ce tableau.

Le sujet du tableau et les personnages

1 Cette scène représente un enterrement. En témoignent le cercueil, la tombe déjà creusée, les nombreux assistants vêtus de noir et les signes religieux d’un enterrement catholique.

2 On attend des élèves qu’ils relèvent la présence du crucifix ; il est possible qu’ils indiquent aussi la croix sur le drap entourant le cercueil (voir, pour son analyse, la réponse à la question 8).Au milieu du xixe siècle, les enterrements civils des athées, nommés à cette époque très souvent « libres penseurs », ou de ceux à qui les églises refusent une cérémonie religieuse, sont rares (voir le début de la nouvelle Madame Baptiste page �0, publiée en 1882).

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thématique : « Arts, sociétés, cultures »

Interrogation 3

3 Les présents sont assemblés selon trois groupes : à gauche, autour du cercueil, les officiants, au centre du tableau, à l’aplomb de la tombe, les hommes, à droite les femmes, dont certaines sem-blent davantage s’intéresser à un point, à droite, situé hors cadre du tableau.

4 Les 27 personnages se différencient tout d’abord par le rôle que Courbet leur a imparti (groupe des officiants, groupe des hommes, groupes des femmes) ; par les traits de leurs visages, les détails des coiffes ou des capuches des femmes, leurs mouchoirs, les costumes ou chapeaux des hommes, leur pilosité. Une projection du tableau à partir de l’exemplaire vidéoprojectable du manuel permet-tra cette différenciation.

La composition et les couleurs

5 La toile inscrit son motif entre les lignes presque parallèles du sommet des têtes et des pieds ou bas de vêtements des personnages. Cette double parallèle est renforcée par la ligne des falaises calcaires se détachant à l’arrière-plan.

6 Le noir, de rigueur pour les vêtements, à cette époque en France lors des obsèques, prédomine. Les touches de blanc, ou de teintes très claires s’y opposent (vêtements de l’enfant de chœur, gants des porteurs, chemise du fossoyeur, surplis du porte-croix, coiffes et mouchoirs des femmes, pré-sence incongrue du chien) auxquelles il faut ajouter le blanc bleuté du drap entourant le cercueil.Quelques touches de couleurs sont à noter : rouge des vêtements des bedeaux, bas bleus d’un des révolutionnaires. Les oppositions de couleurs nuancent l’importance du noir et éclairent le tableau.

7 Courbet se veut le chef de file du réalisme auquel il consacre un bâtiment en 18��. Loin de l’Aca-démisme en vigueur, et de ses règles communément admises, il choisit de représenter les choses telles qu’elles se présentent et d’utiliser le format des tableaux monumentaux, jusque-là réservé à des sujets historiques – genre «noble», pour représenter un sujet banal, composé de personnages appartenant au peuple.

L’engagement de Gustave Courbet

8 Courbet réclame le droit de représenter « des choses réelles et existantes » ; il déclare : « Je n’ai jamais eu d’autres maîtres en peinture que la nature et la tradition, que le public et le travail. »Par ailleurs une lecture de l’article consacré au tableau sur le site Wikipédia permettra de compren-dre l’étrangeté du costume des deux républicains ou la présence d’une croix, sur le drap, plus maçon-nique que chrétienne. Ce tableau est donc un manifeste artistique par son sujet, le choix de ses dimensions, le souci du réalisme du portrait des 27 personnages mais c’est aussi un tableau qui inscrit la République et la franc-maçonnerie face à la religion catholique majoritairement admise à cette époque, dans un dialogue sur la mort.

Écriture

9 On attend des élèves des opinions référées à l’analyse précise qu’ils ont effectuée du tableau ainsi qu’à leurs recherches complémentaires.

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étude de la langue Pages 60-61 du manuel

g r a m m a i r e

Dénotations, connotation, expansions du nom

1 Chaleur, subst. fém. A. Température plus ou moins élevée d’un corps, d’un lieu, perceptible par l’homme. Chaleur de serre ; source de cha-leur ; se plaindre de la chaleur.[…] Spécialement 1. Température dispensé par le soleil, répandue dans l’atmosphère, plus ou moins forte suivant le moment et le lieu.(source : TLF http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv�/showps.exe?p=combi.htm ;java=no)

2 a. La chaleur est difficile à supporter ; elle rend Paris hostile à l’homme, comme l’indiquent les termes suivants : absolument désert, éblouis-saient, engourdi, tristesse, désœuvrement.b. Ce sont dans les expansions du nom que sont contenus les termes associant chaleur et pénibi-lité : « Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. […] Au-delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers, le grand ciel pur se découpait en plaques d’outremer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les toits d’ardoises, les quais de granit éblouissaient. Une rumeur confuse montait du loin dans l’at-mosphère tiède ; et tout semblait engourdi par le désœuvrement du dimanche et la tristesse des jours d’été. »c. Dans le texte suivant, la chaleur est présentée comme agréable :« Comme il faisait une chaleur estivale, le boule-vard Bourdon se trouvait très fréquenté. […] Au-delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers, le grand ciel pur était limpide, et sous la réverbération du soleil, les façades blan-ches, les toits d’ardoises, les quais de granit étaient très lumineux. Une rumeur gaie montait du loin dans l’atmosphère tiède ; et tout semblait vivifié par le repos du dimanche et la joie des jours d’été. »

Procédés de la désignation et de la caractérisation

3 a. Procédés de la désignation : noms propres, pronoms, périphrases…« Deux hommes parurent.L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cra-vate à la main. Le plus petit, dont le corps dispa-raissait dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue.Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent, à la même minute, sur le même banc.Pour s’essuyer le front, ils retirèrent leurs coiffu-res, que chacun posa près de soi ; et le petit homme aperçut écrit dans le chapeau de son voi-sin : Bouvard ; pendant que celui-ci distinguait aisément dans la casquette du particulier en redingote le mot : Pécuchet. »Procédés de la caractérisation :« Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus petit, dont le corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue. »Justification : il faut décrire les deux hommes, dont c’est la première apparition, en évitant les répéti-tions ; d’où l’emploi de périphrases, etc. Mais il faut aussi être le plus précis possible pour, tout de suite, donner une idée de leur caractère.b. « Deux hommes parurent.L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes. Bouvard, l’air à l’aise, marchait vêtu en campagnard. Pécuchet, habillé comme en hiver, avait gardé sa cravate.Quand le grand blond et le petit brun au même endroit, ils s’assirent ensemble.Pour s’essuyer le front, ils retirèrent leurs coiffu-res, que chacun posa près de soi ; et l’homme

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InterrOgAtIOnS 1-2-3

sérieux aperçut écrit dans le chapeau de son voi-sin : Bouvard ; pendant que celui à l’air aimable distinguait aisément dans la casquette de son voisin au long nez le mot : Pécuchet. »

Connecteurs spatiaux et temporels

4 « Enfin, ils résolurent de composer une pièce.Le difficile, c’était le sujet.Ils le cherchaient en déjeunant, et buvaient du café, liqueur indispensable au cerveau, puis deux ou trois petits verres. Ensuite, ils allaient dormir sur leur lit ; après quoi, ils descendaient dans le verger, s’y promenaient, enfin sortaient pour trouver dehors l’inspiration, cheminaient côte à côte, et rentraient exténués. »Les connecteurs employés donnent l’impression au lecteur que les journées de Bouvard et Pécu-chet ne sont qu’une succession de tentatives pour trouver l’inspiration qui s’enchaînent les unes aux autres.

5 Reprenez l’extrait de Bouvard et Pécuchet cité plus haut (exercice 2), relevez les connecteurs spatiaux. Quelle est leur fonction dans l’extrait ?Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le bou-levard Bourdon se trouvait absolument désert.Plus bas, le canal Saint-Martin, fermé par les deux écluses, étalait en ligne droite son eau cou-leur d’encre. Il y avait au milieu un bateau plein de bois, et sur la berge deux rangs de barriques.Au-delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers, le grand ciel pur se découpait en plaques d’outremer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les toits d’ardoises, les quais de granit éblouissaient. Une rumeur confuse montait du loin dans l’atmosphère tiède ; et tout semblait engourdi par le désœuvrement du dimanche et la tristesse des jours d’été.

Énonciation dans le récit : points de vue, discours rapportés

7 Vignette 1 – Un jour que nous jouions aux dames, il me dit que j’étais nul, qu’il m’avait mis échec et mat et qu’il avait gagné. Je lui fis remar-quer que nous étions en train de jouer aux dames…Vignette 2 – Il se fâcha et dit que j’étais un mau-vais perdant. Comme je n’osais pas rétorquer, je lui fis remarquer que Madame Hudson frappait à la porte.Vignette 3 – Pendant que Madame Hudson grom-melait quelque chose, l’inspecteur Lestrade se précipita dans la pièce. Je lui demandai ce qui se passait.Vignette � – L’inspecteur Lestrade regarda notre jeu ; il était curieux de savoir si nous jouions au tric-trac. Madame Hudson retourna dans sa cui-sine, toujours en grommelant.

8 Les modifications du passage :– suppression de la ponctuation propre au dis-cours direct : ! et ? ;– suppression des marques de l’oralité : haha ! euh… tiens, hips. ;– suppression du vocabulaire propre à l’expres-sion des sentiments : gros nul, Holmes, Watson, vite ! ;– passage à l’interrogation indirecte : verbe intro-ducteur de parole + complétive + passage du pré-sent à l’imparfait ou au passé simple + changement de marque de la personne (de la 1re à la 3e personne).

9 « Bouvard ferma le robinet du serpentin pour se précipiter vers les conserves. La désillusion fut complète. Les tranches de veau ressemblaient à des semelles bouillies. Un liquide fangeux rem-plaçait le homard. On ne reconnaissait plus la matelote. Des champignons avaient poussé sur le potage, – et une intolérable odeur empestait le laboratoire. ». Ce premier paragraphe présente le point de vue du personnage qui vit l’action,

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Vrai, faux, réel

1 Dans la vie réelle : quelque chose (une action, une situation, une personne) issue de la vie de tous les jours, en opposition à la fiction.Avoir le sens des réalités : être responsable.Prendre ses désirs pour des réalités : se faire des illusions.La réalité dépasse la fiction : ce qui arrive va au-delà de ce qu’on a imaginé.

2 « Vrai » : véridique, sincère, exact, juste, cor-rect, réel, conforme, naturel, authentique, conforme, senti, vécu…Le texte attendu peut avoir plusieurs formes, on attend cependant des remarques sur les couleurs (le rendu des couleurs est naturel, authentique, fidèles à la réalité), le dessin (les traits sont conformes au modèle, c’est ressemblant, détaillé, respecté) la lumière ( naturelle)…

3 « Faux » : du latin fallere, falsus (participe passé adjectif) : tromper. Mots de même origine latine : fallacieux, fausset, faussaire, falsifier. Synony-mes : Inexact, incorrect, approximatif, infidèle, erroné, inventé, mensonger, fabriqué, inauthen-tique, imaginaire, supposé, fictif, suspect, feint, chimérique…

Là aussi le texte est libre mais on peut attendre des remarques sur le sujet (fabriqué, forcé, inventé), sur les informations (fausses, incom-plètes, erronées, incomplètes) sur les témoins (suspects, douteux), les témoignages (truqués, mensongers…), etc.

4 L’auteur d’une œuvre romanesque est souvent comparé à un démiurge omnipotent et omniscient qui, à la manière du Dieu de la Bible façonnant l’homme dans de l’argile, crée un univers où il a tout pouvoir et sur ses personnages et sur les situations qu’il invente. On peut citer Hugo, Bal-zac, Zola.

Portrait physique et moral

5 « Héros », du grec hêrôs : demi-dieu. Par ana-logie, « héros » deviendra au xve siècle un homme légendaire qui se distingue par un courage remar-quable. Il deviendra enfin celui qui se distingue par des faits d’armes.

6 Portrait moral : un air triste, timidement, gestes craintifs, furtif, consciente de son indignité, éper-due, pleurer, cœur crevant de chagrin.portrait physique : petite.

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Bouvard, qui examine ses conserves avec attention.« Tout à coup, avec un bruit d’obus, l’alambic éclata en vingt morceaux, qui bondirent jusqu’au plafond, crevant les marmites, aplatissant les écumoires, fracassant les verres ; le charbon s’éparpilla, le fourneau fut démoli – et le lende-main, Germaine retrouva une spatule dans la cour. ». Ce deuxième paragraphe ne présente pas de focalisateur saillant, donc est attribuable au

point de vue du narrateur. Le narrateur est beau-coup plus objectif que le personnage et détaille la situation avec précision.Le changement de point de vue correspond donc au passage à une vision plus objective de la situa-tion. On passe de l’incompréhension du person-nage (qui ne fait que décrire ses conserves sans en tirer de conséquences : elles sont pourries) à la description de la situation globale par le narrateur.

étude de LA LAngue

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Le portrait physique et moral d’un de ces enfants peut être écrit en opposition aux caractéristiques de la petite Fontanelle, qui semble fascinée et envieuse du groupe des enfants. (grand, beau, fort, vif, extraverti, à l’aise, adroit, éclatant, radieux, etc.)

7 – taille : belle, grande, élancée, petite, impo-sante, moyenne , ordinaire, nabot, nain…– front : haut, élevé, large, bombé, fuyant…– yeux : de couleurs, en amande, bridés, grands, larges, strabisme, borgne, verrons…– cheveux : fins, secs, gras, ternes, brillants, plats, raides, souples, frisés, crépus, ondulés, blonds, bruns, châtains, décolorés, gris, poivre et sel, blancs, fillasse, rares, abondants, clairse-més, courts, longs, rasés, nattés, torsadés, en chignons…– bouche : grande, large, fine, pulpeuse, dédai-gneuse, boudeuse, en cul de poule…– dents : blanches, éclatantes, petites, quenot-tes, crocs, creuses, gâtées, tachées, déchaus-sées, du bonheur …– menton : avancé, en galoche, pointu, rond, fuyant,, peu saillant, double, triple…– nez : long, aquilin, grecque, busqué, croche, en bec d’aigle, écrasé, épaté, en trompette, pointu…– teint : clair, basané, livide, blafard, éblouissant, bilieux, cireux, rougeaud, brouillé, frais, cuivré…

8 On pense ici au célèbre Dorian Gray, au gentil Quasimodo, au ténébreux Lorenzacio…

9 – Emma Bovary est l’héroïne de Mme Bovary de G. Flaubert. Le « bovarisme » est devenu synonyme de mélancolie, d’ennui accompagné d’une forte propension à la rêverie, et teinté d’insatisfaction. La presse a par exemple utilisé ce terme pour évo-quer le sort de la Princesse de Galles, Lady Di.

– Gavroche est l’un des personnages rencontrés dans Les Misérables de V. Hugo. Il est devenu l’emblème de tous les gamins des rues, orphe-lins, débrouillards, roublards mais au grand cœur. Son image se confond avec les populaires images de Poulbot, et on croit le voir aux côtés de la Liberté guidant le peuple de Delacroix.– Nana, est l’héroïne du roman éponyme de Zola. Fille de Gervaise et Coupeau les personnages de L’Assommoir, Nana est une figure de femme fatale qui met à ses pieds les plus hauts dignitaires du Second Empire. Elle est devenue le symbole d’un érotisme débridé révélateur des turpitudes d’une société et d’un régime politique.– L’Arlésienne est l’héroïne de la nouvelle épo-nyme de Daudet, et de la pièce de théâtre qui en a été tirée. Un jeune homme de la campagne tombe follement amoureux d’une jeune fille ren-contrée à Arles ; au centre de l’intrigue, celle-ci n’apparaît jamais sur scène : « L’arlésienne » est devenu synonyme de quelque chose dont on se préoccupe beaucoup mais qu’on ne voit jamais.

L’action

10 Les verbes d’action sont apposés et le passé simple accentue l’effet de succession et de rapi-dité dans le déroulement des actions. L’effet pro-duit ainsi est celui de la précipitation et donne à voir la fureur des personnages.

11 Les verbes d’action relevés dans les extraits du scénario sont bien sûr nombreux cars ils indi-quent le jeu des comédiens. Ils sont écrits au présent, et non au passé simple, ce temps propre aux textes narratifs. (cf. l’extrait précédent) : en effet, ils donnent à voir l’action qui sera vue à l’écran, et en ce sens ils sont proches des didas-calies du texte théâtral.

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Cette évaluation permet de confronter le discours sur l’amour de deux héroïnes de Musset : Camille et Marianne – et de comparer leur portrait à travers les propos tenus. Les deux extraits ont été choisis afin de permettre de resituer ces œuvres dans le contexte du théâ-tre romantique, si le professeur le désire.

Cette évaluation propose également d’observer une photographie de plateau d’une adaptation contemporaine des Caprices de Marianne, de s’interroger sur la persistance – ou non – d’un même discours amoureux, de nos jours, et donc de s’interroger sur la modernité des deux héroïnes.

Lecture et écriture 20 pointsu Document 1

On ne badine pas avec l’amour, résumé.Perdican, revient chez son père accompagné de son précepteur, maître Blazius. Sa cousine Camille, accompagnée de sa gouvernante, dame Pluche, revient également au château. Les retrouvailles entre les deux cousins ne sont pas aussi cordiales que le souhaiterait le baron, père de Perdican, qui rêve de les marier. Perdican, devant la froideur de Camille, courtise alors une paysanne, Rosette, sœur de lait de Camille. Camille décide d’entrer au convent et donne rendez-vous à Perdican pour le lui annon-cer ; ils confrontent tous deux leur vision de l’amour. Perdican, mécontent d’une lettre de Camille, qu’il a interceptée, continue à courtiser Rosette, qui croit à l’amour de Perdican. Confrontée aux réels sen-timents de Perdican pour Camille, Rosette meurt. Camille et Perdican se séparent définitivement.

1 Camille exprime son indignation pour la conduite volage de Perdican ; elle est révoltée par la suc-cession de ses amours : « Vous voilà courbé près de moi avec des genoux qui se sont usés sur les tapis de vos maîtresses, et vous n’en savez plus le nom ». Elle lui reproche d’accepter la fugacité de l’amour : « Vous avez pleuré des larmes de joie et des larmes de désespoir ; mais vous saviez que l’eau des sources est plus constante que vos larmes […] ».

2 Camille semble considérer que la conduite des jeunes gens est toujours identique. Ce « métier », terme méprisant puisqu’il suggère une rétribution, consistant, selon elle, à séduire puis oublier cel-les qui ont aimé en retour.

3 Camille fait de Perdican un portrait à charge : séducteur, volage, infidèle. Pourtant, elle sort du couvent et ne connaît rien de la conduite réelle de Perdican. Elle imagine donc qu’il se conduit comme les reli-gieuses, qui l’ont éduquée, lui ont appris que se conduisent tous les hommes. La comparaison qu’elle énonce présente Perdican comme un dilettante de l’amour, qui passe sans s’attacher (l. 11-13).

u Document 2

Les caprices de Marianne, résumé.Coelio, timide et amoureux de Marianne, demande à son ami Octave, bohème et libertin, de plaider pour lui. Mais Marianne s’intéresse plus à Octave qu’à Coelio. Elle offre un rendez-vous à Octave sans savoir que son mari jaloux a tendu un guet-apens. Octave a laissé son ami Coelio venir à sa place au rendez-vous et c’est ce dernier qui meurt en maudissant Octave.

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4 Marianne est indignée du sort fait aux femmes en amour : « Mon cher cousin, est-ce que vous ne plaignez pas le sort des femmes ? ». Elle décrit le parcours de la rumeur dont elle est la victime : « il est décrété par le sort que Coelio m’aime, ou qu’il croit m’aimer, lequel Coelio le dit à ses amis, lesquels amis décrètent à leur tour que, sous peine de mort, je serai sa maîtresse. La jeunesse napolitaine dai-gne m’envoyer en votre personne un digne représentant chargé de me faire savoir que j’ai à aimer ledit seigneur Coelio d’ici à une huitaine de jours » ; rumeur qui lui enjoint un comportement qu’elle n’a pas choisi : « voyez un peu ce qui m’arrive ». Elle fait le tableau d’une comédie amoureuse où les femmes ne peuvent avoir le beau rôle et sont soumises aux hommes, à l’expression de leurs désirs et aux com-mérages qui, de toute façon, les condamneront. Elle est révoltée par la façon dont, selon elle, les hom-mes considèrent les femmes comme « l’occupation d’un moment ». Son discours est emprunt d’une colère qu’Octave essaie vainement de calmer : « Cousine, cousine, ne vous fâchez pas ».

5 Il s’agit d’interrogations rhétoriques, chargées de ponctuer son discours et de retenir l’attention d’Octave en l’obligeant à un assentiment attendu (l. 9-12). Elles interdisent à Octave une autre réponse qu’une brève dénégation peu développée : « Vous vous méprenez sur mon compte et sur celui de Coelio ». Elles permettent aussi que le spectateur se sente pris à partie et formule une réponse pour lui-même.

6 Selon Marianne, une femme n’a le choix qu’entre deux possibilités : obéir à qui la désire et perdre sa réputation (l. �-11) ou bien refuser d’obéir et subir les médisances (l. 11-12). Elle ne peut donc choisir qu’entre l’abjection ou la monstruosité.

u Document 3

7 Marianne et Octave sont représentés de façon très moderne : leurs vêtements, leur coiffure, leur silhouette sont contemporains. Cette impression est renforcée par le décor dans lequel ils évoluent. La pièce est ainsi actualisée et prend un sens intemporel.

u Mise en relation des documents

8 Plutôt qu’un corrigé, nous proposons une liste de critères d’évaluation possibles à faire émerger préalablement lors d’une discussion collective avec les élèves à qui on demanderait, par exemple, de répondre à la question suivante : « Que dois-je faire pour que ma rédaction soit réussie ? »Il est vraisemblable que les élèves énoncent d’abord le respect de la longueur demandée pour le texte ainsi qu’une correction orthographique et grammaticale. Il sera intéressant de faire émerger d’autres critères de réussite, notamment :– l’implication du scripteur dans son énoncé ;– l’annonce et explicitation de la thèse défendue appuyée sur le portrait des deux héroïnes, tel qu’il apparaît dans ces extraits ;– les arguments en relation avec cette thèse ;– les exemples précis pris à l’intérieur des documents textuels et photographique ;– les exemples contemporains confrontés aux portraits de Camille et de Marianne ;– la structure du texte.Critères auxquels il n’est pas interdit d’ajouter le plaisir de lire éprouvé – ou non – par le destinataire du texte.

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