a fleur de peau - le bas

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Page 1: A Fleur de Peau - Le Bas
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A fleur de peau” nous permet d'éclairer pour la première fois un pan méconnu de l'histoire de la mode,

autour du bas et de le mettre en rapport avec la création artistique. On y découvre que l'évolution du vêtement peut

profondément marquer les artistes, qui ont créé, avec le "demi-nu" aux bas, un imaginaire d'une puissance magnétique.

Renaud Donnedieu de VabresMinistre de la Culture et de la Communication

"L’industrie de la maille a profondément marqué l’histoire de Troyes. Elle a légué à notre cité un patrimoine particulièrement riche,

héritage que la Ville a su préserver et valoriser. “…” Je me réjouis que cette initiative ait obtenu le label d’exposition d’intérêt national.

C’est une première qui, associée à l’originalité des fonds historiques et la qualité exceptionnelle des collections, conforte

le dynamisme culturel de notre territoire”.

François BAROINMinistre de l’Outre-mer, Maire de Troyes

Page 3: A Fleur de Peau - Le Bas

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à f l e u r d e p e a u

sommaireEXPOSITION “A FLEUR DE PEAU”

• Le communiqué général

• L’exposition

Pourquoi Troyes, Pourquoi le bas ?

Les œuvres présentées

La muséographie

• Le bas et son histoire

Côté mode

Côté art

• Le Musée d’Art Moderne de Troyes

Un musée d’une exceptionnelle richesse

Du Palais épiscopal au Musée d’Art Moderne

La donation Levy : l’esprit d’une collection

• Troyes, une Ville à découvrir

Une ville riche de son passé

… et tournée vers l’avenir

• Informations pratiques

• Annexes

Les prêteurs

Les partenaires de l’exposition

Les expositions régionales soutenues

par le Ministère de la Culture

N.B. Toutes les œuvres qui illustrent ce document

sont présentes dans l’exposition “A Fleur de Peau”

Page 4: A Fleur de Peau - Le Bas

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T r o y e s , l e 1 5 j a n v 2 0 0 7

communiqué de presse

Pour célébrer son 25e anniversaire, le Musée d’Art Moderne de Troyes organise, du 17 mars au 30 juin 2007, une importante exposition consacrée à un

élément emblématique de l’histoire vestimentaire, intimement lié à l’image de la femme mais aussi au patrimoine industriel de la ville de Troyes : le bas.

Croisant l’univers de l’art et de la mode, l’exposition “A fleur de peau” apporte sur le thème du nu un éclairage nouveau. Elle rassemble plus de 130

œuvres signées des grands noms de l’art moderne, mais aussi une collection unique de bas et de pièces vestimentaires révélant souvent un grand

raffinement. Cette exposition, soutenue par le Ministère de la Culture et de la Communication, met pour la première fois en lumière le bas, en tant que

révélateur de l’évolution de la condition féminine et véritable fil rouge de l’art moderne depuis le milieu du XIXe siècle.

EE XX PP OO SS II TT II OO NN

11 77 MM AA RR SS -- 33 00 JJ UU II NN 22 00 00 77

E n t r e M o d e e t A r t - d e 1 8 5 0 à 2 0 0 6 - M u s é e d ’ A r t M o d e r n e d e T R O Y E Sle bas

Relations Presse : ACTUAL CONSULTANTS - Françoise LINHART - Armelle MONTAGUT 36 Ter Av. Franklin Roosevelt 77210 AVONTél : 01 60 70 00 00 • 06 81 75 51 60www.actualconsultants.fr • [email protected]

CCôôttéé AArrtt,, l’exposition présente un très bel

ensemble d’œuvres modernes en s’intéressant

particulièrement aux années 1900. Elles sont

issues de prêts exceptionnels de grands

musées français (Beaubourg, Orsay, Louvre,

Carnavalet) et européens (Angleterre, Belgique,

Allemagne...) ainsi que de nombreuses collec-

tions privées. Elles témoignent toutes de la

fascination qu’a exercé le spectacle de la

femme en bas sur l’artiste, lui permettant de

révéler de façon explicite ou allusive, la réalité

nouvelle et érotique de la femme à demi-nue

dans son intimité. Parmi les œuvres présentées,

citons en particulier : Danseuse mettant son

bas (Degas), La Femme tirant son bas

(Toulouse-Lautrec), La Jarretière (Van Dongen),

Le Nu jaune (Sonia Delaunay), Nu aux jambes

croisées (Picasso) mais aussi des toiles majeu-

res de Gromaire, Rouault, Chagall ou encore,

pour leur faire écho, des photographies de Man

Ray, Molinier ou Doisneau.

CCôôttéé MMooddee, “A Fleur de peau” présente la pre-

mière rétrospective sur le bas avec plus de 250

pièces, dont les plus remarquables, créées à la

Belle Epoque, rivalisent de luxe et de raffinement.

Délicatesse des dentelles, élégance des brode-

ries, richesse des incrustations, perles, topazes,

lapis lazuli... le bas fait alors l’objet d’une réelle

démarche artistique, que l’on retrouve

aujourd’hui chez des créateurs de mode comme

Chantal Thomass. Celle-ci propose d’ailleurs

dans le dernier volet de l’exposition, un ensem-

ble de modèles - bas, collants et robe - issu de

ses collections.

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Pour compléter ce panorama inédit, l’exposi-t ion présente également un ensemble d’affiches qui s’inscrivent aujourd’hui dans lepatrimoine culturel français tant elles ont mar-qué leur époque, exprimant l’humour d’unSavignac, la souplesse du mouvement d’unCappiel lo ou l’élégance d’un Gruau. El lesconstituent une rétrospective de l’ imageriepublicitaire autour de marques devenues mythi-ques comme DD, Chesterfield, Scandale, Dim,Exciting ou le Bourget... Autant de noms qui ont pour la plupart, prisnaissance à Troyes... La boucle est bouclée !

Pour mettre en scène cette exposition inédite eten faire ressortir l’originalité, deux jeunes créa-teurs, Élodie Cardineaud et Julien Legras, élèvesde l’ENSCI (École Nationale Supérieure deCréation Industrielle), en ont réalisé la muséogra-

phie, sous la houlette du designer Jean-FrançoisDingjian. Ensemble, ils ont imaginé un décor touten voile et transparence, qui met subtilementen résonance les 400 œuvres et pièces présen-tées.

“A fleur de peau” est aussi l’occasion pour lepublic de découvrir un remarquable musée quiprésente en exposition permanente l’une desplus r iches col lections d’art moderne enFrance. Issue de la donation Pierre et DeniseLévy, couple d’industriels et mécènes troyens,elle recèle notamment des chefs-d’œuvre dumouvement Fauve, signés Braque, Vlaminck ouDerain.

Cette exposition, organisée par la Vil le deTroyes, participe à la valorisation du patrimoineindustriel et architectural de l’agglomération

troyenne. Une démarche engagée depuis plu-sieurs années, qui permet aujourd’hui d’offrirau visiteur une ville vivante et en plein essor,forte de ses atouts économiques et de sesrichesses historiques.

Organisation : Ville de Troyes / Musée d’Art ModerneCommissaire de l’exposition : EmmanuelCoquery, Directeur des Musées de Troyes

L’exposition, “A fleur de peau” est reconnue d’intérêtnational par le Ministère de la Culture et de laCommunication et par la Direction des Musées deFrance. Elle bénéficie à ce titre d'un soutien financierexceptionnel de l'Etat.Elle est accompagnée de la publication d’un catalogue,qui sera la première référence sur le sujet. (EditionsSOMOGY / Diffusion Flammarion 240 pages - 300 illus-trations - Prix au musée : 35 € ; en librairie : 39 €).

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communiqué de presse

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E n t r e M o d e e t A r t - d e 1 8 5 0 à 2 0 0 6 - M u s é e d ’ A r t M o d e r n e d e T R O Y E S

Relations Presse : ACTUAL CONSULTANTS - Françoise LINHART - Armelle MONTAGUT 36 Ter Av. Franklin Roosevelt 77210 AVONTél : 01 60 70 00 00 • 06 81 75 51 60www.actualconsultants.fr • [email protected]

INFOS PRATIQUES

Lieu

Musée d’Art Moderne de Troyes 14 place Saint-Pierre 10000 Troyes

Dates

17 mars - 30 juin 2007

Horaires

du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h

Tarifs

5 EurosTarif réduit : 2,5 Euros

S’y rendre

• En voiture (1h30)2 autoroutes desservent Troyes A5 (E54) depuis ParisA26 (E17) depuis Calais etReims

• En traindepuis la Gare de l’Est (1h30)La gare SNCF est située à quelques mètres de l'Officede Tourisme et à proximitéimmédiate du centre ville.

Billetterie

Visites guidées

Réservation groupes

Renseignements / Musée

0033 2255 7766 2266 8800

le bas

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à f l e u r d e p e a u

Pourquoi Troyes ? Pourquoi le Bas ?Troyes et sa région ont été, durant de nombreusesdécennies un pôle d'excel lence du texti le.Industriels innovants, ingénieurs inventifs créantde nouvelles machines ou les perfectionnant,savoir-faire des ouvriers… ont permis à la ville dèsle XIXe siècle, de s'imposer comme le centre technologique de la bonneterie française.Au siècle suivant l'industrie textile troyenne prendun véritable essor, en concentrant sur un mêmelieu, toute la fi l ière «du fi l au produit f ini».Références en la matière, de nombreuses marquesprestigieuses sortent ainsi des usines locales.Parmi elles, Lacoste, Vitos, Le Coq sportif ou bien,pour la ligne enfantine, Babygro, Absorba, PetitBateau, Tartine et Chocolat, en lingerie, Barbara,Exciting, sans oublier les marques telles que DD (ouDoré-Doré), les Bas du Dimanche devenus DIM…pour ne mentionner que les plus anciens labels.La volonté de garder cette mémoire encore vivante etde faire prendre conscience au public que cette acti-vité industrielle représente une partie du patrimoinedu XXe siècle ont été l'un des moteurs dans l'éla-boration du projet.

Cette exposition s'inscrit dans une démarche glo-bale de revalorisation du patrimoine industriel,artistique et architectural engagée par la Ville deTroyes depuis une dizaine d'années. Elle est aussiun hommage à Pierre Lévy, dont la générosité apermis au Musée d’Art Moderne de Troyes de voirle jour, il y a 25 ans.

Les œuvres présentées.L'exposition, dont le centre de gravité se situeautour de l'année 1900, rassemble près de 400

œuvres. Elle apporte sur le thème du bas et de lafemme en bas un éclairage à la fois artistique,social et historique. Ce qui en fait toute son origi-nalité : à ce jour, aucune exposition n'avait traitéce thème.

Côté art, on y trouve des peintures, sculptures,dessins ou lithographies de toutes les grandessignatures de la période moderne : Degas,Toulouse-Lautrec, van Dongen, Gromaire, Rouault,Chagall, Chabaud, Picasso... La photo y est aussireprésentée avec des Man Ray ou Doisneau.

Côté mode, l'exposition présente pour la premièrefois, une rétrospective du bas depuis le milieu duXIXe siècle, (période où il devient un accessoirevestimentaire exclusivement féminin). On y décou-vre, à travers plus de 250 pièces comment le basa suivi l'évolution de la condition féminine, reflé-tant les remous de l'histoire comme ses périodesfastes. Ainsi à la "Belle Epoque", il devient un véri-table ornement révélant luxe et raffinement. Unetendance que l'on retrouve aujourd'hui dans lacollection d'une styliste telle que Chantal Thomassqui présente plusieurs pièces dans l'exposition.Enfin, le public retrouvera avec grand plaisir, lesaffiches publicitaires vantant des marques (sou-vent nées à Troyes) qui font aujourd'hui partie denotre inconscient collectif (DD, Dim, Le Bourget etbien d'autres...).

La muséographiePour mettre en scène cette exposition inédite et enexprimer l'originalité, deux jeunes créateurs, ElodieCardinaud et Julien Legras, tous deux élèves del'ENSCI (École Nationale Supérieure de Création

Industrielle), en ont réalisé la muséographie, sousla houlette du designer Jean-François Dingjian etles indications du Commissaire de l'exposition,Emmanuel Coquery.Ensemble, ils ont imaginé un décor tout en voile ettransparence, qui met subtilement en résonanceles 400 œuvres et pièces présentées, qu'ellessoient peintures, sculptures, pièces vestimentairesou de lingerie, affiches publicitaires ou photogra-phies, établissant ainsi un lien entre la créationtextile et artistique.

Au fil du parcours de l'exposition, qui se déroulesur plus de 500m2 de salles du Musée d'ArtModerne, le visiteur découvre les œuvres présen-tées, autour de 6 grands thèmes : • De la danse au“french cancan” • La femme publique • Dans l’uni-vers intime de la femme • Le nu habillé ou les des-sous de l'art • De la terre au ciel : le bas commeattribut érotique • Au delà de l'érotisme : le nu“morcelé”.

Dans cet univers jouant avec la luminosité - mêmeles larges fenêtres du Musée, s'habillent de motifsajourés évoquant la maille - le corps se dévoilesubtilement au fil de l'exposition.Celle-ci s'achève par les très belles pièces de lin-gerie de Chantal Thomass qui prennent ici touteleur place, la styliste puisant souvent son inspira-tion dans l’Histoire de la mode.

l’exposition

présentation

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à f l e u r d e p e a u

longtemps réservé aux hommes, le bas devient

au milieu du XIXe siècle, un élément spécifique

au costume féminin. Pour autant, il reste caché

durant des décennies, furtivement aperçu à de

rares occasions, lorsque la femme relève légère-

ment sa robe pour descendre d'un trottoir ou

monter dans une voiture…

Il faut attendre les années 20 pour que la jambe,

et donc le bas, s'expose enfin. Il est le témoin

direct des étapes de l'histoire de la mode mais

aussi de l'évolution de la condition féminine et de

la libération de son corps et de son image.

Plus de 250 pièces présentées dans l'exposition

"A Fleur de peau", retracent l'aventure du bas, en

trois périodes chronologiques significatives de

l'histoire de la mode mais aussi de la femme.

1850-1914 : les riches heures du bas A cette époque, la femme est enfermée dans sesrobes longues, ses corsets oppressants, sesjupons et ses pièces de lingerie superposées ; sesjambes ne s'offrent que rarement aux regards.Pourtant le bas, devenu un élément essentiel de latoilette féminine, est l'objet des plus riches orne-ments. Il est tout d'abord blanc, décoré de motifsajourés et brodés, souvent géométriques ou flo-raux. Il s'orne dans les années 1860 de motifscolorés sur le coup de pied ou la cheville. Dans lesannées 1870, apparaissent les "bas bottes", pré-sentant une démarcation chromatique nette entrele pied, recouvert par la bottine, et le reste de lajambe. L'exposition propose différents modèlesdatant de cette époque; le plus étonnant sans doute,réalisé par la Maison Milon, évoque … la guerre de1871 ! : il présente une muraille crénelée surmon-tée d'un casque à pointe et d'une lance(Collection du musée de la Mode et du Textile). En 1880-1890 les femmes adoptent égalementpour le jour, les bas écossais ou à rayures que l'onretrouve en grand nombre dans les cataloguescommerciaux des grands magasins parisiens.

Durant la dernière décennie du XIXe siècle, c'est lesuccès du bas noir, tant décrié jusque là dans lesmanuels de savoir-vivre, (en particulier du fait de lamauvaise qualité de la teinture qui déteignait surles jambes !). Le bas connaît son âge d'or à la Belle Epoque. S'ilreste principalement noir, il gagne toutefois enornementations et en couleurs. Ainsi peut-ondécouvrir dans la garde-robe des élégantes -notamment celle de la Duchesse de Gramont - demagnifiques exemples de bas décorés de paillet-tes, de perles, de turquoises, de broderies à l'ai-guille ou encore d'incrustations de dentelle deChantilly. Les bas en soie les plus richement ornés sont évi-demment réservés au soir, tandis que les bas plussimples en soie ou en fil sont utilisés pour les acti-vités de la journée. Témoin du raffinement des fem-mes, la déclinaison de couleurs des bas de soie dela Princesse Murat, du jaune ou brun, en passantpar de délicats tons corail ou parme, permettant deles assortir au mieux à la robe et aux chaussures.Et si Féréol Dedieu invente en 1876 le porte-jarre-telle, les femmes continuent à préférer les jarretières,

l’histoire du bas

côté Mode

1 - Bas, Soie violette, à décor de rubans entourant la jambe et se terminant parun nœud au niveau du genou, Troyes, musée de la Bonneterie, v. 1890-1900

2 - Bas de la princesse Murat, Galliera, Musée de la Mode de la Ville deParis, v. 1900

3 - Bas, Soie blanche, avec décor polychrome composé d’une tour créne-lée, d’un casque à pointe et d’une lance, Maison Milon Aîné, Paris, les Arts décoratifs, Musée de la Mode et du Textile, v. 1871

4 - Bas, Soie avec dentelle écrue de Binche, broderie de soie blanche etperles, Galliera, Musée de la Mode de la ville de Paris, v. 1900

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puis les jarretelles accrochées au corset jusqu'àl'entre-deux guerre. C'est en 1561 - soit plus de 2 siècles auparavant -que le pasteur William Lee qui, déplorant les nom-breuses heures que sa fiancée consacre à tricoterdes bas manuellement pour nourrir sa famille,inventa le premier "métier à bas", capable de pro-duire six fois plus d'articles que le meilleur destricoteurs ! Le XIXe siècle perfectionne ce système. C'est lesiècle de la mécanisation ; et l'on voit se multiplierles innovations techniques. L'Américain WilliamLamb invente quant à lui, en 1864, le métier circu-laire qui permet de tricoter à plat et en cercle pourdonner au bas une forme tubulaire. La France est,à la fin du XIXe, la troisième nation européenneproductrice de bas, avec pour principal centred'activité Troyes et sa région.

1920-1960 : le bas découvertLa Première Guerre mondiale contraint les femmesà travailler pour remplacer les hommes partis aufront. Pour des raisons de commodité, leurs jupes

remontent, laissant apparaître la jambe et le bas.Elles portent encore, le plus souvent, des bas àdécors ajourés, noirs ou dans des tons sombres. En 1922, un riche couple américain, Gérald etSarah Murphy, lance la mode des bains de soleilsur la Riviera française. Les peaux dorées, jusquelà proscrites, deviennent à la mode. Pour suivre cette tendance, les bas adoptent desteintes imitant la couleur de la chair. Si, pour lejour, les bas sont simples, décorés de baguettesbrodées ou ajourées, ils sont ornés le soir deriches motifs imprimés, peints à la main ou bro-dés, simulant des paons, des serpents, des iris,des bouquets de fleurs, ou encore des braceletsde cheville. On voit également apparaître les pre-mières résilles, les bas argentés ou dorés que l'oncoordonne à ses escarpins. Dans les années 30, les bas, restant dans desteintes se rapprochant de la couleur de la peau (dumarron au rose tendre), se distinguent par le décorgéométrique courant le long de la cheville. Aucours de cette période, apparaît sur le marché dubas un important concurrent de la soie naturelle, lasoie artificielle, présentée pour la première fois par

le Comte Hilaire de Chardonnet à l'ExpositionUniverselle de 1889. Moins coûteuse, elle ne subitpas les contraintes de l'importation. Puis vient le temps de la guerre et des restrictions.Face à la pénurie, il faut faire remailler ses bas ous'en tricoter soi-même, en laine pour l'hiver. Pourpallier au manque, les femmes font preuve d'as-tuce : elles appliquent sur leurs jambes du brou denoix et tracent au crayon la ligne si caractéristiquedu bas couture. Les parfumeurs reprennent à leurcompte cette idée, créant des lotions imitant levoile du bas sur la jambe ; parmi elles, Filpas deBienaimé ou le « Sans Mailles » de René Rambaud. Lorsque les soldats alliés débarquent en France en1944, ils apportent avec eux les fameux basNylon, matière synthétique mise au point en 1928par la société américaine Du Pont de Nemours.Importés par la suite par les fabricants américainsils inondent rapidement le marché, détrônant lebas de soie et de rayonne. Cependant, la femme apris l'habitude durant la guerre de ne plus porterde bas, el le continue ainsi à sort ir jambesnues…Les grands couturiers viennent à sonsecours, imposant aux femmes des silhouettes

l’histoire du bas

côté Mode

1 - Bas, Soie noire, décor brodé main de fleurs rouges, Troyes, MB, v. 19152 - Bas, Soie saumon, décor brodé main, pailleté, représentant un

serpent, remontant sur l’avant du pied, Troyes, MB, 19203 - Publicité pour les bas Gillier, v. 19254 - Bas, Fil couleur chair, étiquette, Troyes, MB, v. 19255 - Paire de chaussures Charles X, Galliera, MMVP, v. 1925

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nécessitant le port de lingerie, de corsets et debas. Les grands noms de la Haute-Couture, àl'image de Jacques Fath, Dior ou Schiaparelli,créent sous leur propre griffe des collections debas. Parallèlement, de nombreuses marques debonneterie, notamment troyennes, occupent lemarché : Excit ing, Chesterf ield, Le Bourget,Scandale, Vitos, Bel ou le fameux bas«Dimanche», futur «Dim». Durant ces premières décennies du XXe siècle, lesentreprises tentent de créer des bas toujours plusfins (jusqu'à 12 deniers), résistants, conforta-bles… grâce aux progrès en termes de fibres et detechniques de tissage. L'année 1958 est une dateclé, puisque c'est à cette date que le bas sanscouture, fabriqué sur métier circulaire, conquiert lemarché.

1965-2006 : le crépuscule du bas ? Les années 60 marquent une nouvelle étape del'histoire du bas. Les premiers bas aux couleursvives et à décors bariolés apparaissent dès 1959,mais ils sont encore peu nombreux. La révolutionvient d'une jeune styliste anglaise, Mary Quant, qui

lance en 1962 la minijupe, reprise par AndréCourrèges dans ses collections de 1965. Dès lors,les jambes se découvrent, les genoux et même lescuisses des jeunes fil les se laissent voir sans rete-nue. Désormais ce sont elles qui font la mode. Pour son aspect pratique et confortable, elleadoptent alors le collant, porté jusque là par lesenfants. En 1958 l'entreprise Ternie lance «Mitoufle», le bas slip qui libère la femme. Les tein-tes vives, les motifs les plus variés, gagnent leursjambes. Pour perdurer, le bas innove… Dim pro-pose «le Sl ip de Dim», Doré-Doré le bas «Sébastienne» (à lire « ses bas tiennent »), pre-mière forme de bas sans jarretelles. Les années 70 portent le coup de grâce au bas. Lamode adopte les trois longueurs, mini, midi, maxi.Les femmes s'emparent du pantalon, masculini-sent leur silhouette, et optent pour une lingeriepratique. Le bas, comme le collant, connaît un cui-sant revers. Il fallut attendre les années 80 pourvoir réapparaître une lingerie plus recherchée. Lesfemmes comme les hommes, lassés de cettemode pratique et peu sensuelle, désirent le retourdes dessous élégants.

Une nouvelle fibre conquiert à cette époque lemarché du bas, le Lycra. Cette fibre synthétiquen'est intégrée au bas qu'au cours des années1980 ; elle est couplée au Nylon pour accentuer lasouplesse et la transparence des articles chaus-sants. Jusqu'à aujourd'hui, les diverses marques n'ontcessé de proposer pour chaque saison des dizai-nes de modèles, au plus prêt des tendances de lamode : transparence ou opacité, couleurs, motifsimprimés, résilles, dentelles… la gamme est large.Pour autant, malgré les efforts des fabricants, entermes de fibres, en particulier de microfibres, detransparence (jusqu'à 8 deniers), de confort et debien-être… le marché français du bas est en criseet la production européenne est aujourd'hui large-ment dominée par l'Italie.

L'inspiration de Chantal ThomassPour conclure cette histoire du bas, comment nepas évoquer le rôle qu'a tenu Chantal Thomassdans sa renaissance… Elle, qui a commencé en1967 par des créations coutures, s'est tournéevers la lingerie à la fin des années 70.

l’histoire du bas

côté Mode

1 - Anonyme, affiche pour les bas Bel, Paris, bibliothèque Forney, 19512 - René Gruau, annonce de presse pour Le bas scandale, Paris,

collection Nuits de satin, 19523- Rop, tableau-réclame pour les bas DD, Mes bas tiennent,

Sébastienne, Collection DORÉ DORÉ 1819, v. 19704 - Scandale, affiche pour La gaine Scandale avec le bas scandale,

Paris, bibliothèque Forney, v. 1951

Page 10: A Fleur de Peau - Le Bas

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Elle commence par teindre elle-même les bas DDen coton blanc pour accompagner ses défilés cou-ture. Par la suite, elle cré elle-même ses premiersbas et collants en dentelle, avant de s'associer àl'entreprise autrichienne Wolford. Depuis, elle propose aux femmes des collectionsde bas mêlant humour, poésie et sensualité, don-nant à la femme les armes de la séduction. Elles'inspire de pièces historiques de la Belle Epoqueet des revues de mode, pour créer ses modèles.Pour cela elle se joue des laçages, des illusions(Bas-up effet porte-jarretelle), des mots d'amourqui courent le long de la jambe, des contrastes decouleurs… Dans le cadre de l'exposition A Fleur de Peau,Chantal Thomass a aimablement prêté une dizainede pièces de ses collections personnelles, permet-tant de retracer les tendances de ses créations.

Le bas dans la publicité : le bas s'expose…La publ icité du bas se développe de manière ful-gurante dans les années 20. Auparavant derares encarts dans les journaux tels que Fémina,vantaient les vertus hygiéniques de certains bas

de contention thérapeutiques. Cette multiplicationdes publicités consacrées au bas au cours del'entre-deux-guerres s'explique par l'évolution dela mode, qui donne une place plus visible au basdans la silhouette féminine. Désormais les bonnetiers n'hésitent plus à utiliserles pages des journaux de mode pour vanter leurproduction, s'adressant à la femme élégante, raffi-née, appréciant le luxe. La jambe légère gainée dubas inspire les plus grands affichistes, Savignac,Gruau, Louchel, Demachy ou Brenot… Ils évoquent sous le trait de l'humour, de la légè-reté, mais aussi de l'élégance, le voile qui recou-vre la jambe. Le regard furtif de l'homme, le félins'entourant autour de la jambe, l'oiseau symbolede légèreté, le jeu de jambes… autant de thèmesrécurrents qui marquent l ' imagerie du bas.Certaines de ces affiches sont restées mythiques,à l'exemple de la « Femme au fauteuil rouge » deDD, qui, pour l'anecdote, fut la première publicitéde bas à être exposée dans les couloirs du métro,grâce à un contrat avec la RATP. Suite à la crise du bas dans les années 70, lespublicités se font plus rares dans les journaux de

mode. Elles réapparaissent timidement dans lesannées 80. Désormais le dessin fait place à laphotographie, jouant davantage sur la sensualité,dévoilant le corps de la femme, qui offre auxregards ses bas mais également l'ensemble de salingerie coordonnée… Elle adopte des attitudessensuelles voire érotiques, sous les jeux de lumiè-res du photographe. Le bas s'expose égalementdans les films publicitaires ; le plus célèbre estsans doute celui de Dim, resté dans les mémoiresgrâce à ses six notes si caractéristiques de la mar-que troyenne, TATATATA TATA…

L'exposition “A Fleur de peau” retrace l'évolutionde cette publicité consacrée au bas, témoin del'histoire du bas mais également de l'image de lafemme.

l’histoire du bas

côté Mode

1 - Anonyme, affiche pour les bas DD, Collection DORÉ DORÉ1819, v. 1985

2 - Anonyme, annonce de presse pour les bas Dim, Dim, Météo ettes bas !, Troyes, MB, 1986

3 - René Gruau, affiche pour les bas Dior, Le bas Lilion, Paris,bibliothèque Forney, 1980

Page 11: A Fleur de Peau - Le Bas

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à f l e u r d e p e a u

l’histoire du bas

côté Art

Si le bas permet d'entrevoir sous un angleintime l'histoire et l'évolution de la condition dela femme, il est également au cœur d'une évolu-tion de sa représentation dans l'art. La jambe gainée, dévoilée à de rares occasionsjusqu'aux premières décennies du XXe siècle, anourri l'imaginaire et le désir masculins, plusparticulièrement celui des peintres. Dépassantles canons antiques du nu, les artistes se sontlaissés prendre aux mailles du bas pour repré-senter la femme dans son intimité, libérée descouches de vêtements et de dessous qui habi-tuellement recouvrent son corps.L'exposition "A Fleur de Peau" tend à retracerpar le bas, l'histoire de la représentation ducorps féminin, l'évolution de son expositiondans l'art de 1860 à nos jours.

Si Boucher, au XVI I Ie s ièc le , dévo i le l ' in t imi téde sa femme de chambre occupée à nouer sonbas, cet te représentat ion de la femme en bas,rare avant 1850, appara î t vér i tab lement pourla première fo is au Sa lon de 1832, sous lest ra i t s de l 'Oda l i sque aux bas b l ancs deDelacro ix . Le "demi-nu", comme i l conv ient de le nom-mer, est né avec la modern i té du XIXe s ièc le ,à t ravers l 'a ff iche, le dess in journa l is t ique ethumor is t ique, la photographie érot ique vo i repornographique, vendue en car te posta le àpart i r de la f in du s ièc le . Le p lus souvent c i r -conscr i te au croquis et à l 'é tude, l ' imager ie dubas n'accède que tard ivement, et toutefo isassez rarement, aux tab leaux de grande ta i l leet donc au «grand» Art . Le demi-nu, issu de la moderni té, expose lafemme dans sa chai r, tantôt publ ique, dan-seuse ou f i l le de jo ie, tantôt pr ivée, dans sonint imité la p lus secrète, à sa to i let te, se désha-bi l lant , tantôt face au peintre dans son ate l ier.

De la danse au "french cancan"Au XIXe siècle, l'homme ne peut admirer le corpset plus particulièrement les jambes de la femme,de manière licite, que dans un nombre restreint delieux, revues de danse, opéra ou cirque. Ces jam-bes aperçues sur scène ou en coulisse, retiennentl'attention des plus grands, comme Degas ouSeurat, variant les angles de vue et les instantssaisis, qu'il s'agisse de la danse, de la préparationou de l'entracte. Face à ces spectacles relativement chastes, appa-raît une nouvelle danse bien plus indécente auxyeux de la morale, le "chahut" (ou "cancan"). Lesdanseuses dévoilent alors ostensiblement leursjambes gainées de bas noirs mais aussi leurs des-sous froufroutants. Jane Avril ou encore la célèbreGoulue, éveillent le désir d'hommes fascinés parces effets de jambes et cette lingerie, visible habi-tuellement dans la seule chambre conjugale. Henride Toulouse-Lautrec reste l'artiste emblématiquede cette danse polémique. Il réalise l'affiche duMoulin Rouge en 1891.

1- Henri deToulouse Lautrec, Jane Avril, Jardin de Paris, 1893 2- James Pradier, Jeune femme mettant son bas, vers 1840 3- Leonetto Cappiello, Frou frou, journal humoristique, 18994- Constantin Guys, Couple en pied, étude ,1908 (détail)

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Les affiches publicitaires illustrant le chahut semultiplient dans les dernières années du XIXe, dufait du nombre croissant de cafés-concerts qui enproposent des démonstrat ions. Jules Chéret,Choubrac ou encore Cappiello tracent sous leurplume les silhouettes des plus célèbres danseu-ses, parmi lesquelles Loïe Fuller. Leurs œuvresgraphiques doivent cependant s'accommoder dela censure.Après 1900, les artistes de la nouvelle génération,notamment les Fauves, se plaisent à user de cethème pour heurter la morale et la censure, ainsiAuguste Chabaud pour sa série de toiles sur le"French cancan".

La femme publiqueAutre image indissociable du bas, la prostituée.Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la prostitution n'apas sa place dans l'art, encore considéré commetémoin de la bonne moralité d'une civilisation.Mais à partir de 1841 et les Lorettes de Gavarni,les représentations de prostituées se multiplient

avec les journaux i l lustrés. Picasso, Gris,Duchamp ou Van Dongen y puisent leur inspira-tion. Constantin Guys (1802-1892) est véritable-ment le premier, vers 1860, à peindre ces fil les,relevant d'une main leurs jupes et jupons pourlaisser voir leurs bas blancs, le plus souvent sim-plement esquissés. Toulouse-Lautrec les repré-sente à son tour, dans les années 1890, assisesou allongées dans une maison close, habilléesd'une chemise laissant voir leurs bas. Picasso,Bonnard ou Pascin traitent le bordel par la carica-ture et l'exagération, par le jeu de contraste descouleurs, mettant au premier plan le bas et la jar-retière, symbole du statut de la prostituée. Cettefille en bas incarne le Mal et les vices d'unesociété.Les artistes déclinent ce thème de la prostitution,dans un contexte de la Belle Epoque où le corpsde la femme est contraint et enfermé. A l'exemplede Jean-Louis Forain (1852-1931) dans sa toile AuSalon, ils représentent les fil les demi-nues encompagnie d'un homme habillé voire même cha-

peauté, renforçant le caractère voyeuriste de lascène.

Dans l'univers intime de la femmeA la fin du XIXe siècle, alors que "les Couchersd'Yvette", premiers pas du strip-tease, apparais-sent, les artistes s'introduisent dans l'universintime des femmes, livrant ainsi au public unevision habituellement privée. Le peintre saisit alorsla femme dans son quotidien, occupée à sa toi-lette ou à s'habiller. Les peintres aiment à repré-senter cette femme enfilant son bas, le retirant oul'attachant, un geste évocateur de sensualité. Il s'agit parfois de fil les, comme la Femme tirantson bas de Lautrec ou le Grand nu à la toiletted'Auguste Chabaud. Mais cette vision intimiste luiretire alors son caractère dégradant. L'artiste qui pénétre au plus profond de cet uni-vers féminin est sans aucun doute Félicien Rops(1833-1898), artiste belge qui use largement dudemi-nu en bas. Ainsi, dans son Dernier émoi, UnDimanche à Bougival (1874), il figure deux jeunes

l’histoire du bas

côté Art

1- Constantin Guys, Fille, en pied, chapeau à bride, 1860-1870 (détail)2- Pierre Bonnard, Scène de maison close, v. 1895 (détail)3- Auguste Chabaud, French Cancan,1907 (détail)4- Kees van Dongen, Nini, danseuse aux Folies-Bergère,1908 (détail)

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femmes se déshabillant pour se baigner et dévoi-lant leurs bas à un vieillard étonné. Les sculpteurs eux-aussi évoquent par leur art cesscènes intimes. James Pradier (Femme mettantson bas, v. 1840), comme Aimé-Jules Dalou(Femme retirant son bas, vers 1870-1880) ouDegas (Danseuse mettant son bas, 1921-1931)immortalisent ces poses, si éloignées des canonsantiques, de la femme enfilant son bas ou l'attra-pant, roulé, sur la pointe de son pied.

Le nu habillé ou les dessous de l'artLes artistes, notamment ceux de l'avant-garde, nese contentent pas d'employer le demi-nu pourillustrer des scènes de la vie réelle autour de ladanse, des maisons closes, ou de la femme dansson intimité ; ils l'introduisent aussi dans les thè-mes traditionnels, détournant ainsi les codes et lesconventions artistiques du nu académique.L'atel ier du peintre, où le modèle s'expose,devient ainsi le prétexte à l'exhibition du désha-billé, de la femme en bas. Toulouse-Lautrec réalise

ainsi en 1883 une étude de nu en bas, figurant unejeune femme assise sur un divan, dans une atti-tude pudique, tandis qu'en 1904 Picasso dessineau pastel son Nu aux jambes croisées, dont lemodèle dégageant une certaine mélancolie, porteun unique bas.Une autre tradition picturale connait un semblabledétournement, l'odalisque. Cette femme allongée,endormie, image académique du nu, née de laRenaissance et des peintres vénitiens, fait ainsi lesujet de glissements vers l'érotisme et la provoca-tion. Si Matisse, Rouault ou encore le photographeBellocq développent ce thème, le tableau le plussaisissant reste sans doute celui de SoniaDelaunay, le Nu jaune (1907), figurant, sous untrait anguleux et des coloris fauves, une très jeunefille en bas. Marquet (Les Deux amies, 1912),Chagall (Divan, 1940-1941), s' inspirent de lafemme alanguie, endormie, génératrice de désir etd'érotisme par sa demi-nudité et ses poses lascives.Le demi-nu, et à travers lui le bas, s'introduit doncdans les diverses modalités de la pose, debout

pour le modèle dans l'atelier, allongée pour l'oda-lisque, ou même assise, position habituellementréservée au portrait, et qui devient alors le pré-texte à une érotisation autour de la présence dubas…

Le bas comme attribut érotiqueLa production artistique, picturale, graphique etphotographique, contribue à faire du bas, élémentcaché de la tenue vestimentaire jusqu'aux années20, un symbole d'érotisme. Il est à la fois annon-ciateur de plaisir et de danger, symbole d'unefemme fatale pour l'âme comme pour le corps.C'est ainsi que Félicien Rops (1833-1878), fonda-teur du demi-nu moderne, représente la femme,nue mais révélée par certains accessoires vesti-mentaires, accompagnée du diable et de la mort,flirtant toujours avec les limites de la pornographie. A l'opposé de Rops, les artistes de la générationsuivante, notamment les fauves, ne chercherontpas à dénoncer une hypocrisie de la morale, maisà représenter la sensualité libérée pour elle-même.

l’histoire du bas

côté Art

1 - Albert Marquet, Les Deux Amies, 1912 (détail)2 - Marc Chagall, Divan, 1940-1941 (détail)3 - Albert André, La Chemise rose, v. 1912 (détail)4 - Henri de Toulouse-Lautrec, Femme tirant son bas, vers 1894 (détail)

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A l'image de Van Dongen, qui, à travers le demi-nu, trace l'image d'une femme céleste, libre de lamorale et du péché.

Parallèlement à ces courants picturaux, se déve-loppe, dès le milieu du XIXe siècle, la photographieérotique, publiée à partir de 1880 dans des revues«spécialisées». Ainsi un exceptionnel daguerréo-type de 1850 montre-t-il une jeune femme ôtantses bas blancs, tout en fixant l'objectif. La photo-graphie devient alors un médium de l'érotisme,génératrice d'une fétichisation du bas. Progressivement on assiste à une sophisticationde cette imagerie érotique, une recherche dans lapose et la composition, tout au long du XXe siècle. L'arrivée en Europe, après la Seconde Guerremondiale, de la «pin-up» américaine, apporte unenouvelle imagerie, où le bas tient toujours uneplace centrale. Pierre-Laurent Brenot diffuse enFrance cette nouvelle image de la femme sen-suelle, dégageant un incroyable «sex-appeal»,dans les magazines et les publicités. Si les photo-graphes s'intéressent à cette pin-up ils saisissent

également le regard de celui qui la contemple,captant son émoi, à l'exemple de Robert Doisneau(Créatures de rêves,1952).

Au delà de l'érotisme : le nu “morcelé”Les artistes modernes ne cessent de détruire l'in-tégrité du corps, de disloquer l'harmonie du nu.L'érotisation par le dévoilement du bas aboutit audétachement de la jambe du reste du corps, à ladécomposition de l'unité organique. La jambedevient alors un objet indépendant du corps,comme la partie d'une poupée. Cette rechercheérotique par le morcellement concerne le travail denombreux photographes liés au surréalisme, telsque Man Ray (1890-1976), qui se livrent à des jeuxvisuels autour de la jambe gainée d'un bas.Brassaï (1889-1984), dans les années 30, retra-vaille ainsi la plaque des clichés verre d'une sériede nus intitulés Transmutations, en grattant la sur-face sensible ou en dessinant dessus. Il remodeleainsi le corps féminin en fruit, en amphore ou eninstrument de musique, cherchant à «révéler lafigure latente qui gît dans chaque image» de

femme nue ou légèrement vêtues de bas. MarcelGromaire, quant à lui, dans ses carnets de dessinsconservés à la Bibliothèque nationale de France,découpe le nu dans des cadrages très serrés mettant au premier plan la jambe et le bassin.

l’histoire du bas

côté Art

1 - Pierre-Ambroise Richebourg, le Bas enlevé, 1855 (détail)2 - Affiche Pub Gadoud, Bas DD, v. 1950 (détail)3 - Affiche Pub Brenot, Privilège, v. 1912 (détail)4 - Marcel Gromaire, Etude de nu au manteau, 1929 (détail)

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Un Musée d'une exceptionnelle richesseOccupant l'ancien Palais épiscopal remarquable-ment restauré en 1982 pour accueillir la donationLévy, le musée d’Art Moderne de Troyes, quijouxte la cathédrale gothique Saint-Pierre-SaintPaul, abrite l’une des plus belles collections d’artmoderne de France : plus de 2 000 œuvres de1850 à 1960, présentant à la fois peintures, des-sins, sculptures, céramiques, verreries, tapisserieet objets.De Gustave Courbet à Nicolas de Staël, la collec-tion propose un panorama unique de l’art modernefrançais, où se distinguent notamment des chefs-d’œuvre du mouvement "fauve" d’André Derain ( le plus représenté), mais aussi de Vlaminck,Marquet, Friesz, Braque ou Van Dongen… A leurs côtés, des peintures ou sculptures deDaumier, Bonnard, Degas, Rodin, Dufy, Picasso,Modigliani, Soutine, Balthus …ainsi que des verre-ries «art déco» de Maurice Marinot, peintre-verriertroyen ou encore une belle collection d'art africainet océanien.

Du Palais épiscopal au Musée d'Art ModerneC'est sur l'emplacement d'un premier "Palais épisco-pal" bâti au XIIe siècle que l'actuel édifice est érigé au

XVIe puis complété d'une aile droite et de nombreuxembellissements au XVIIe siècle. .Devenu propriété de l’État à la Révolution, puis duDépartement de l’Aube en 1905, l'édifice est fina-lement acquis en 1980, par la Ville de Troyes. Elleprévoit d'y installer en effet la collection Lévy,léguée à l'Etat en novembre 1976. Car le coupled'industriels et mécènes troyens souhaite que lacollection prenne place dans sa ville d'adoption.Après une restauration de grande ampleur qui vadurer 18 mois, le Musée d'Art Moderne de Troyesest inauguré le 20 octobre 1982, révélant au publicl'extraordinaire richesse de la collection qu'il abrite.

La donation Pierre Lévy : l'esprit d'une collectionL’ensemble de la collection Lévy réunit 338 peintures,1277 dessins, 104 sculptures, 1 tapisserie, 13céramiques, 144 verreries et 81 objets d’art primitif,ce qui représente, à l’époque, l’une des plusimportantes donations reçues par les muséesnationaux…Pierre Lévy s’est toujours intéressé à la vie desartistes de son temps : leur quotidien, l’évolutionde leur œuvre, leur environnement …Une proximité qui lui a notamment permis de rassembler,outre des oeuvres majeures, de nombreuses esquisses

et dessins préparatoires de grande qualité.«Mais l’intérêt de la collection Lévy ne réside passeulement dans la présence de tableaux célèbres,ni même dans celle de quelques découvertescomme les deux grands Vuillard, "La Couturière",l’une des réussites les plus raffinées de Vallottonou le saisissant "Masque" de Maillol. Cette dona-tion vaut en tant que collection, c’est-à-dire en tantque rassemblement voulu, qui implique un choix».*

Au fil des 25 années qui ont suivi l'ouverture duMusée, la collection initiale s'est encore enrichiede plus de 130 œuvres grâce à de nombreux donset aux acquisitions réalisées notamment par LesAmis du Musée d'Art Moderne, permettant ainside compléter l'œuvre d'artistes déjà bien repré-sentés dans le fonds Lévy.

* Michel Hoog, le petit journal des grandes expositions, (Éd. Réunion des Musées Nationaux, nouvelle série n° 56)

un lieu historique

1 - Vue de la cour du musée2 - L’escalier d’honneur3 - La salle de la cheminée

le musée

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Une ville riche de son passé …• Cité des Tricasses au IIe siècle avant Jésus Christ,

devenue Augustobona à l'époque gallo-romaine,• Capitale du Comté de Champagne et carrefour

marchand de toute l'Europe médiévale, • Centre religieux influent dont le rayonnement

dépasse les frontières de la France du XVIe siècle,• Premier pôle de l'industrie textile et de la maille

entre 1850 et 1950…

…Troyes a gardé de cette longue et riche histoireun exceptionnel patrimoine culturel, architecturalet industriel.Un patrimoine qu'elle s'attache depuis plusieursannées à revaloriser grâce à d'importants program-mes de restauration et de réhabilitation menés parla ville pour offrir à ses habitants et aux visiteurs depassage une cité aux innombrables attraits.

Ainsi son centre historique – "le Bouchon deChampagne" - classé en secteur sauvegardé, abritedes trésors artistiques et architecturaux : ruelles pitto-resques, maisons à pans de bois, édifices religieux(9 églises et une cathédrale, classées, où s'exprime laflamboyance de l'école troyenne du vitrail du XVIe sié-cle). Mais aussi un ensemble de musées aussi diversi-fié que spécifique : Musée d'Art Moderne, MuséeSaint Loup, Musée de l'outil et de la pensée ouvrière,Musée de la Champagne Historique, Musée Di Marco,ou encore la Médiathèque de l’Agglomération

Troyenne avec sa collection exceptionnelle de manus-crits anciens et d'incunables…

… et tournée vers l’avenirAprès la suprématie de Troyes dans le domaine del’industrie bonnetière, est arrivé le déclin dans lesannées 1960 (concurrence étrangère, changementdans les habitudes vestimentaires…) Troyes a dû alors engager une nécessaire reconver-sion. Elle a pour cela déployé son inventivité, sonsavoir- faire et son talent.Aujourd'hui, en 2007, soit une quarantaine d'annéesplus tard, Troyes est une ville en plein essor, qui affi-che ses atouts et son dynamisme. Dans le domaine du textile, elle est devenue le 1er

centre européen des marques de l’habillement avecses 80 000m2 de "Magasins d'usines" qui attirent plusde 3,8 millions de visiteurs par an. Elle se positionneégalement avec une réelle expertise dans les textiles“intelligents” à haute technicité (notamment le textilemédical), en liaison bien souvent avec le centre derecherche fondamentale basé à Troyes, l’IFTH (InstitutFrançais Textile Habillement). Troyes est aussi une référence dans la confectionavec des groupes et marques mondialement connustels que Devanlay (partenaire de l’Exposition «A fleurde peau» ), Lacoste ou Petit Bateau.

La ville a développé parallèlement une importanteactivité tertiaire orientée notamment vers la relation-

client et est devenue un pôle logistique d'envergureinternationale grâce à sa situation stratégique (1h30de Paris et à la croisée de 2 autoroutes européennes :A5 et A26). Elle a également diversifié ses industriesen privilégiant les secteurs à forte valeur ajoutée(mécatronique, agro-alimentaire...).Celles-ci occupent bien souvent d'anciennes usinestextiles transformées en loft et hôtels d'entreprisesultra-modernes.Ville universitaire, Troyes propose une grande diversitéde formations post-bac au sein de ses différents éta-blissements (tels que l'Université de Technologie deTroyes - UTT ou l'Ecole Supérieure de Commerce - ESC) et compte plus de 7000 étudiants.

Depuis une dizaine d'années, Troyes est partie à lareconquête de son patrimoine et mène parallèlementune vaste opération de requalification urbaine. Elle amis en œuvre d'importants programmes de rénova-tion, encouragé et accompagné les initiatives privéesde restauration des maisons et immeubles, posé lesrègles de la réhabilitation de ses bâtiments industriels... Autant d'initiatives qui permettent de sauvegarderet de mettre en valeur ce passé exceptionnel maisaussi de garder vivante la mémoire collective.

L’exposition "A fleur de peau" voulue par la Ville deTroyes, entre elle aussi dans le cadre de cette revalo-risation.

Une ville à (re)découvrir

1 - Médiathèque de l’Agglomération Troyenne2 - Maisons à pans de bois

TROYES

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Lieu

Musée d’Art moderne de Troyes

14 place Saint-Pierre / 10000 TROYES

Dates

17 mars - 30 juin 2007

Heures d’ouverture

Musée ouvert du mardi au dimanche

de 10 h à 13 h et de 14 h à 18h

Accessible aux handicapés

Tarifs

Entrée : 5 Euro s

Tarif réduit : 2,5 Euros

S’y rendre

• En voiture (1h30) 2 autoroutes desservent Troyes

- A5 (E54) depuis Paris

- A26 (E17) depuis Calais et Reims

• En train : depuis la Gare de l’Est (1h30)

La gare SNCF est située à quelques mètres de

l'Office de Tourisme et à proximité immédiate du

centre ville.

Organisation :

Ville de Troyes, Musée d'Art Moderne

Tel : 03 25 76 26 80

Fax : 03 25 76 95 02

[email protected]

www.ville-troyes.fr

Commissaire de l'exposition :

M. Emmanuel Coquery,

Directeur des Musées de Troyes

Renseignements / Musée

Billetterie, Visites guidées, Réservation groupes

Tel : 03 25 76 26 80

Informations pratiques

P

Entrée du Musée d’Art Moderne de Troyes

P

Contacts Presse : ACTUAL CONSULTANTS - Françoise LINHART - Armelle MONTAGUT 36 Ter Av. Franklin Roosevelt 77210 AVONTél : 01 60 70 00 00 • 06 81 75 51 60www.actualconsultants.fr • [email protected]

situation du musée

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Annexes

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Paris, les Arts décoratifs, Musée de la Mode et du textile

Paris, les Arts décoratifs/musée de la Publicité,

Paris, BnF, département des Estampes et de la

Photographie

Paris, galerie Bernard Bouche

Paris, musée Carnavalet-Histoire de Paris,

Paris, Comédie-Française, bibliothèque-musée,

Paris, Jeu de Paume

Paris, collection Gérard Lévy

Paris, musée du Louvre

Paris, musée d'Art moderne de la Ville de Paris

Paris, musée de Montmartre

Paris, musée d'Orsay

Paris, musée du Petit Palais

Paris, Centre Pompidou, musée national d'Art moderne

Paris, Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris

Paris, Collection Nuits de satin

Paris, Collection Didier Ludot

Paris, Collection Barbara Sieff

Paris, Collection Chantal Thomass

Albi, musée Toulouse-Lautrec

Besançon, musée des Beaux-Arts

Calais, musée des Beaux-Arts et de la Dentelle

Chaumont, maison du Livre et de l'Affiche

Atelier Robert Doisneau

Collection du FRAC Île-de-France

Gravelines, musée municipal

Graveson, collection J. Grassi

Issoudun, musée de l'Hospice Saint-Roch

Association des Amis de Lartigue

Marseille, musée des Beaux-Arts

Marseille, musée Cantini

Montargis, musée Girodet

Nantes, musée des Beaux-Arts

Saint-Tropez, musée de l'Annonciade

Saint-Denis, musée d'Art et d'Histoire

Senlis, musée d'Art et d'Archéologie

Troyes, musée d'Art moderne

Troyes, musée de la Bonneterie

Namur (Belgique), musée Félicien Rops

Londres, galerie Victor Arwas

“ A Fleur de peau” bénéficie également

de la générosité de nombreux collectionneurs privés

les prêteurs

Ils ont contribué à l’exposition

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à f l e u r d e p e a u

1er partenaire privé dans la région, la Caisse d'Epargne Champagne-Ardenne apporte son soutien aux initiatives qui concourent au rayonnementet à la diffusion de la culture pour tous dans la Région.

Dans le cadre du financement des Missions d'Intérêt Général, axe fort deson positionnement, elle montre son attachement aux valeurs sociétales, età la sauvegarde du patrimoine. Elle a d’ailleurs créé un lieu de mémoireretraçant près de 200 ans d’histoire des Caisses d’Epargne de la Région, àla Villa Viardot, à Troyes.

L’économie troyenne est en grande partie liée à la tradition textile qui conti-nue de porter l’image de la Ville au-delà des frontières régionales.En mettant en valeur ce patrimoine, l’exposition « A fleur de peau, entremode et art, le bas autour de la donation Lévy » rend hommage aux indus-triels locaux et à leur sens de l’innovation et de la création.

La Caisse d’Epargne Champagne-Ardenne est heureuse et fière de s’asso-cier à cet événement qui met en avant un savoir-faire régional.

- Devanlay SA : licencié mondial pour les vêtements Lacoste(création, fabrication, distribution). L’entreprise compte près

de 6000 salariés avec des sites de fabrication en France, en Chine, auPérou, au Salvador, en Tunisie, au Maroc, en Roumanie. Et des sociétés dedistribution en France, en Allemagne, en Suisse, aux USA et au Canada.

Ses activités s’articulent autour de trois grands pôles de production : laMaille(tee-shirt, polos… soit 55 % de sa production), la Chaîne et Trame(chemises, parkas, jupes, robes… soit 30% de sa production) et enfin lePull (15% sa production).

Avec 20 000 000 pièces fabriquées en 2005, 1000 modèles par an, 800boutiques dans le monde : Devanlay SA, dont les origines sont troyennes,confirme son rang de tout premier plan dans l’ industr ie Texti le -Habillement.

les partenaires

Ils ont contribué à l’exposition

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