afrikarchi magazine #3

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C’est la fin de la période estivale ! La rédaction d’AFRIKArchi Magazine souhaite à tous les professionnels une bonne reprise, pleine de projets réussis, de maîtres d’ouvrage désireux, de bureaux d’études inspirés, de chantiers sans aléas. Nous souhaitons également aux étudiants une bonne rentrée scolaire. Ambitieuse et souhaitant satisfaire ses lecteurs de plus en plus nombreux dans les quatre coins du monde, la rédaction a également décidé de publier dès 2015 votre magazine en version papier, ainsi que sur tablette et mobile. Dans ce cadre, une campagne de crowdfunding sera bientôt lancée et nous comptons sur votre soutien. Nous invitons aussi tous nos lecteurs à en parler au sein de leurs réseaux respectifs. Ensemble, nous arriverons à bâtir efficacement l’Afrique du XXIe siècle !

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Page 1: AFRIKArchi Magazine #3
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POWERED BY AFRIKARCHI

AFRICABUILDING

OF THE YEAR

2014 EDITION

Page 3: AFRIKArchi Magazine #3

Chers lecteurs,

C’est la fin de la période estivale ! La rédaction d’AFRIKArchi Magazine souhaite à tous les professionnels une bonne reprise, pleine de projets réussis, de maîtres d’ouvrage désireux, de bureaux d’études inspirés, de chantiers sans aléas. Nous souhaitons également aux étudiants une bonne rentrée scolaire. Et pour démarrer ce retour aux activités avec nouveauté, nous avons, pour notre part, complété le contenu de votre magazine afin d’être plus complet et de répondre à la forte demande de nos lecteurs. C’est ainsi que nous avons ajouté une nouvelle rubrique « Carnet d’adresses ». Celle-ci comporte une liste non exhaustive de professionnels et d’experts exerçant sur le continent africain.

Nous pensons qu’aujourd’hui sur le continent africain, certains projets urbains ou architecturaux méritent d’être mis en avant et connus, certes par les professionnels, mais aussi par le grand public. C’est ainsi que la rédaction a choisi de mettre en avant dans ce numéro le projet d’ Aménagement de la Baie de Cocody à Abidjan, de l’Agence Koffi & Diabaté. Nous vous invitons donc à découvir ce projet salutaire, résultat de regards croisés de plusieurs spécialistes et aussi des usagers, marquant par le pluralisme de ses réponses urbaines, sociales, culturelles, économiques.

AFRIKArchi Magazine se doit de tenter au maximum, non sans humilité, de relever le défi de son statut de « premier magazine d’architecture, d’urbanisme, de construction et de domaines connexes pour toute l’Afrique ». C’est aussi dans la lancée de nos actions, que l’association AFRIKArchi a récemment lancé un nouveau projet intitulé Sélection des Jeunes Professionnels Architectes et Ingénieurs Africains. Ce projet se présente comme un dispositif de promotion visant à favoriser l’accès à la commande des jeunes architectes, urbanistes, paysagistes et ingénieurs africains de moins de trente-cinq ans. Puisque, sans référence ou presque, en début de carrière, ces professionnels doivent non seulement parvenir à trouver leur premier maître d’ouvrage mais également faire en sorte que cette première commande ne reste pas sans suite.

Ambitieuse et souhaitant satisfaire ses lecteurs de plus en plus nombreux dans les quatre coins du monde, la rédaction a également décidé de publier dès 2015 votre magazine en version papier, ainsi que sur tablette et mobile. Il sera donc prochainement disponible auprès de distributeurs partenaires en Ile-de-France, dans quelques pays en Afrique puis de façon progressive à l’étranger. Dans ce cadre, une campagne de crowdfunding sera bientôt lancée et nous comptons sur votre soutien. Vous êtes une maison d’édition, une structure de distribution, ou gérant d’une structure souhaitant accueillir nos éditions, n’hésitez pas à nous contacter pour ensemble, mettre en place une collaboration durable. Nous invitons aussi tous nos lecteurs à en parler au sein de leurs réseaux respectifs.

Ensemble, nous arriverons à bâtir efficacement l’Afrique du XXIe siècle !

Romarick ATOKEPrésident d’AFRIKArchi

Directeur de Publication

EDITORIALEQUIPE REDACTIONNELLE

REDACTION

DIRECTEUR DE PUBLICATION ET DE REDACTIONRomarick ATOKE ([email protected])

DIRECTEUR ADJOINT DE PUBLICATION ET DE REDACTION Khader BERREKLA ([email protected])

REDACTEUR EN CHEF ADJOINTRoland YAO KOUASSI

REDACTEURSRomarick ATOKESenda BEN BOUHENIKhader BERREKLANoro RAVOAVAHYSerano STAHELRachidatou TCHAGBELERoland YAO KOUASSIAknaw YOHANNESCISP

ONT COLLABORE A CE NUMERO Thierry BARBAUTBerni GOLDBLATJean-Marc LALOMyriam LAMOUNIDesignboomKoffi & Diabaté

GRAPHISMEKhader BERREKLA

PUBLICATION NUMERIQUEBoris HOUSSOU (France)

ABONNEMENTSEcrivez-nous à :[email protected]

Magazine disponible en ligne sur :www.magazine.afrikarchi.com

Magazine Édité par AFRIKArchi 90, Aveunue des Acacias91800 Brunoy – FRANCETél : +33 (0)6 26 57 41 60 +33 (0)6 82 83 68 87 www.afrikarchi.com

AFRIKArchi © 2014La reproduction, même partielle, des articles publiées dans AFRIKArchi Magazine est interdite. AFRIKArchi Magazine décline toute responsabilité pour les documents remis. Les photos et illustrations avec la mention © DR sont des éléments à droits réservés. Les articles sont libres de toute publicité, y compris l’agenda. Les dessins techniques reproduits sont non-contractuels.

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Comment le gouvernement éthiopien tente de faire face à la fulgurante croissance urbaine dans la capitale, Addis-Abeba ? De quelle façon mettre en place les réseaux structurants au bon fonctionnement de la ville ? La question est posée...

ETHIOPIEQuelles infrastructures face à l’urbanisation galopante ?

Retour sur le colloque international sur l’architecture de terre qui s’est tenu en mai dernier à Niamey au Niger, et qui a réuni de nombreux acteurs de cette question autour de conférences, débats, visites et rencontres.

COLLOQUEUne industrie en développement : l’architecture de terre

PATRIMOINE La renaissance du cinéma Guimbi à Bobo-Dioulasso

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Projet d’aménagement de la baie de Cocody

Un projet ambitieux et structurant pour Abidjan et la Côte d’Ivoire : la transformation de plusieurs kilomètres de côte, en un nouveau quartier mixte et urbain.

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A LA UNE

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Projet de réouverture d’un cinéma sur l’emplacement d’une ancienne salle à Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina. Une architecture ambitieuse qui utilise des matériaux locaux de façon moderne. Un projet qui vise à créer une nouvelle centralité, à la croisée d’enjeux économiques, culturels, sociaux, urbains. A découvrir !

Page 5: AFRIKArchi Magazine #3

A LIRE AUSSI...

ARCHITECTURE

CONSTRUCTION

PATRIMOINE

URBANISME & VRD

AGENDA

www.afrikarchi.com | 5

SommaireLe pont Henri Konan Bedié

Yohannes AKNAW & Tilahun DAGMAWI, lauréats du Concours ARCHIGENIEUR AFRIQUE #2

AFRIKArchi initie la Sélection des jeunes professionnels architectes et ingénieurs africains

Quelles voies pour une reconnaissance des architectes africains ?

Appartements-containers, des logements étudiants à Johannesburg

Marchés publics, quelle place pour les entreprises locales ?

Zaghouan, un pas vers le tourisme

Pluies diluviennes en Côte-d’Ivoire

Canal du Mozambique :une résilience urbaine possible ?

L’évolution urbanistique des villes africaines

Le Rwanda, modèle de croissance pour l’Afrique centrale ?

Les prochaines dates-clés

Carnet d’adresses

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Crédits photographiques : Couverture, pages 22 à 31 © Koffi & Diabaté ; page 7 © DR ; pages 8 à 12 © AFRIKArchi ; pages 14 à 18 © CISP ; page 19 © Khader Berrekla ; page 20 © DR ; page 32 © Romarick Atoke ; pages 34 à 36 © DR ; pages 38 à 45 © Atelier Architecture Lalo ; page 47 © DR - africatime ; pages 48 à 51 © Noro Ravoavahy ; page 52 et sommaire © Giustino — http://www.flickr.com/photos/giustino/38838510. Sous licence Creative Commons Attribution 2.0 via Wikimedia Commons ; Pages 54 et 55/60 à 61 © Romarick Atoke ; pages 56 à 59 © Thierry Barbaut et DR ; Sommaire : © Koffi & Diabaté ; © Atelier Architecture Lalo et © DR.

Page 6: AFRIKArchi Magazine #3

CONSULTANT AFRIQUE

Annuaire International de consultants en externalisation de compétences (outsourcing) pour l'Afrique.

www.consultant-afrique.com

VOUS FACILITE LA REALISATION DE VOS PROJETS

EN AFRIQUE

Les consultants sont classées par secteurs d'activités et par pays.

International Directory of consultants in outsourcing competences (outsourcing) for Africa.Consultants are classified by sector and country.

Page 7: AFRIKArchi Magazine #3

www.afrikarchi.com | 7

Le pont Henri Konan BediéUn équipement majeur pour la Côte d’Ivoire

Près de quinze ans après son lancement, le vaste chantier du troisième pont d’Abidjan, capitale de la

Côte-d’Ivoire, a redémarré début septembre après une décennie d’instabilités politiques et de violences. Le retour au calme dans le pays a relancé ce projet de pont à péage et débouché sur la signature des conventions de financement. L’infrastructure dont le financement s’élève à 152 milliards de francs CFA (232 millions d’euros), est une des toutes premières concessions en Afrique de l’Ouest. Le groupe Bouygues par le biais de Bouygues Construction reste le leader du consortium et principal actionnaire de Socoprim, avec 49 % du capital, et l’État ivoirien en détient 30 %. Comme dans un Partenariat Public-Privé (PPP) classique, cette société ivoirienne de projet a remporté le rôle de concessionnaire à la fois pour le financement, la conception, la construction et l’exploitation de l’ouvrage pour trente ans.

Un projet d’importance pour la Côte-Ivoire

Il faut le dire, l’œuvre, en elle-même est impressionnante. Elle s’étend de part et d’autre de la lagune Ebrié. Le Pont Henri Konan Bédié présente ainsi une longueur de 1 500 mètres répartie en 30 travées de 50 mètres chacune. Il pèse environ 90 000 tonnes et les fondations se situent à 80 mètres de profondeur. L’ensemble s’intègre dans le site suivant un profil très horizontal, au plus près du plan d’eau de la lagune. Les piles circulaires de l’ouvrage sont traitées comme des têtes de colonnes qui émergent de la surface de l’eau. Le pont sera entièrement bétonné et comportera un parement dit en « béton ondulé » sur les murs en retour. La limite entre ce béton ondulé et le béton lisse est marquée par une ligne courbe qui dessine une ondulation à grande échelle. La qualité architecturale de cet ouvrage résulte autant de sa bonne intégration dans le site que de l’expression forte de cette structure contemporaine dans un contexte à la fois urbain et naturel.

Ce pont permet une réduction considérable du temps de trajet entre les communes de Cocody et de Marcory. Il prend en compte et cherche à anticiper l’évolution géographique de l’urbanisation avec des voies d’accès présentant une capacité suffisante. Ainsi, l’ouvrage favorise la fluidité routière et permet d’éviter les embouteillages quotidiens aux heures de pointe. Ce projet participe ainsi au désenclavement intérieur du district d’Abidjan. Ce sont environ 100 000 véhicules par jour qui emprunteront le pont et 6,7 kilomètres de voie nouvelle. C’est dire, l’importance de cette infrastructure. Par ailleurs, le gain de déplacements entre les deux rives bénéficiera à près de 18 millions d’habitants par an. Les travaux sont opérés conformément aux standards de sécurité et de respect de l’environnement, en mobilisant les techniques de financement les plus récentes.

Un atout pour le développement économique

Cette infrastructure permet également de rapprocher le port d’Abidjan de pays voisins et enclavés tels que le Burkina-Faso, le Mali et le Niger qui viennent s’approvisionner en produits alimentaires, pharmaceutiques et en matériels technologiques venant d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Par ailleurs, cet ouvrage renforcera les relations commerciales et économiques dans l’espace UEMOA dont la Côte d’Ivoire assure 60% du budget de la banque centrale (BCEAO). L’état ivoirien a fait sa part de son souhait de poursuivre l’autoroute du Nord reliant Abidjan, capitale économique et Yamoussoukro, capitale politique, ainsi que l’autoroute Monrovia-Lagos, via Abidjan. Il faut dire que ces infrastructures visent également à faciliter les échanges entre l’ensemble des pays ouest-africains, afin de tendre également vers plus de solidarité, d’écoute et de communication.

Yao Roland KOUASSI

ARCHITECTURE | Côte d’Ivoire

CONSULTANT AFRIQUE

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ARCHITECTURE | Ethiopie - Interview

Yohannes AKNAW & Tilahun DAGMAWI Lauréats du Concours ARCHIGENIEUR AFRIQUE #2 1st prize winners of the #2 ARCHIGENEER AFRICA Competition

Hello! You are the 1st prizewinners of the 2013 ARCHIGINEER AFRICA International Competition. Can you please introduce yourself?

My name is Aknaw Yohannes from Addis Ababa, Ethiopia. I am an undergraduate student of Architecture at the Ethiopian Institute of Architecture and city development.

What incited you to participate to this edition of the competition?

I saw the competition poster on facebook and become very much interested on the topic of designing an urban market in Africa. Since it has a special character and a context driven design.

Can you tell us a little bit about your project?

My project is located by design in a very vibrant and biggest fruit market in Addis Ababa, Ethiopia and in the existing situation there is a high congestions and overlapping of programs (activities.) So the design idea is to take all the components of the market activities together with the urban feature and give un appropriate way of special space and a path which could experience by the public while shopping without disturbance on movements.The façade is generated from the context (which was the existing balcony of the heritage building) and interpreted in the design as an extruded mass with same size as the balcony to display and attract the public what is selling where and what kind.

AFRIKArchi interviewed Yohannes Aknaw, one of the two 1st prizewinners of the #2 ARCHIGENEER AFRICA Competition. Let’s read that ! AFRIKArchi a interviewé Yohannes Aknaw, l’un des deux lauréats éthiopiens du 1er prix du Concours ARCHIGENIEUR AFRIQUE #2. A découvrir !

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www.afrikarchi.com | 9

What did you learn new while participating to the competition, an anecdote or something particular?

learnt much more about an urban market and the process of goods starting from the way it comes from and the way peoples are moving in it while shopping. And it teaches me how to make a market useable and at the same time very interactive.

How has been your collaboration?

The collaboration was working very great and it shows that there is a great potential in the future that something could be done in such a way.

How to you see the future of Africa in the fields of architecture and urban planning?

Currently Africa is developing under a high construction of buildings and urban infrastructure due to the demand generated at the moment. I see Africa from the current situation that the city will be very compacted with buildings and there might be a problem to be created in the future if the open spaces are not well designed and organized in the urban planning methodologies. But since at this time the focus on the alternative energy and technology is taking under consideration there might be a great opportunity for Africa to create a better society and neighborhoods.

What advice can you give to the upcoming participants of the competition next edition?

I would have an advice that such competitions are very much helpful in developing way of thinking and exposing once idea to the world to response to it. And all African student’s should start being active in such areas and be competitive.

Last question, what do you think about this archigineer international competiton dedicated to Africa, and the AFRIKARCHI Association?

I have been talking with the director Romarick Atoke about how archigineer international competition dedicated to Africa, and the AFRIKARCHI Association is generated and it is really interesting since there is an example in the association as well that it is working in mainly collaboration with other institution and generating something good which has a meaning that we Africans should work together for good and is better that way. On the other side the competition is also great because it gives a chance for the Africans or a competition launched in Africa so that different ideas and creativities will be exposed and become a learning and exchanging environment.

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Bonjour ! Vous êtes gagnants du 1er prix du concours international ARCHIGENIEUR AFRIQUE 2013. Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Aknaw Yohannes et je viens d’Addis Abeba en Ethiopie. J’ai obtenu ma licence en Architecture de l’Institut Ethiopien d’Architecture et d’Urbanisme.

Qu’est-ce qui vous a incité à participer à cette édition de la compétition?

J’ai vu l’affiche du concours sur Facebook et j’ai été très intéressé par le sujet de concevoir un marché urbain en Afrique. C’est un programme et un contexte qui revêt un caractère particuier et qui incite à la créativité.

Pouvez-vous nous présenter votre projet?

Le projet se situe dans le très grand marché de fruits d’Addis Abeba en Ethiopie. Le site se caractérise par une forte congestion et l’entassement de plusieurs activités. L’idée a donc été de prendre ensemble tous les composants des activités du marché et leurs caractéristiques urbaines, pour en générer un espace approprié, avec une meilleure gestion des flux, pouvant être expérimentés par le public durant leurs courses.La façade est générée par le contexte (le balcon d’un bâtiment patrimonial), et interprétée dans la conception du projet comme une masse extrudée reprenant la forme de ce balcon, et permettant à la fois d’attirer le public et d’afficher les produits qui sont en vente.

Qu’est-ce que vous avez appris de nouveau en participant à la compétition, racontez-nous une anecdote ou quelque chose en particulier qui vous a marqué?

J’ai beaucoup appris sur le programme du marché en milieu urbain ainsi que le processus de transport des marchandises, et également la gestion des flux des personnes se déplaçant dans le marché. J’ai également appris comment faire en sorte qu’un marché puisse allier fontionnalité et esthétique.

Comment s’est déroulée votre collaboration?

Notre collaboration s’est très bien déroulée et m’a montré, pour l’avenir, qu’un travail accompli de cette manière revêt un fort potentiel.

Comment voyez-vous le futur de l’Afrique dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme?

Actuellement en Afrique se développe de façon de plus en plus croissante des chantiers de construction de bâtiments et d’infrastructure urbaine, compte tenu de la demande actuelle. Je crois qu’en Afrique, la ville deviendra saturée en terme de bâtiments. Et il pourrait y avoir des problèmes à l’avenir si des espaces ouverts ne sont pas planifiés et organisés de façon correcte. Mais comme maintenant, l’accent est mis sur les énergies alternatives, cela pourrait être une grande opportunité pour l’Afrique, de créer des quartiers de qualité pour une société meilleure.

Quel(s) conseil(s) pourriez vous donner aux participants de nos prochaines éditions ?

Ce genre de concours est d’une grande aide dans le développement de sa propre réflexion. Il permet d’exposer une idée au monde en réponse à une problématique. Tous les étudiants africains devraient se lancer et tenter leur chance afin de tester leur compétitivité.

Une dernière question, que pensez-vous du concours international ARCHIGENIEUR Afrique, et de l’association AFRIKARCHI ?

J’ai eu l’occasion d’échanger avec le président de l’association Romarick Atoke, à propos de la façon dont AFRIKArchi et ce concours ont été lancés. Cela m’a semblé très intéressant car l’association est en soi un exemple à suivre. Elle fonctionne de façon collaborative avec d’autres institutions, ce qui permet de générer des actions intéressantes. Cela signifie que nous africains, devons justement travailler ensemble pour le mieux.Par ailleurs, ce concours est aussi une très bonne chose puisqu’il donne la chance aux africains de pouvoir s’exprimer. Cette compétition lancée en Afrique et pour l’Afrique est donc différente. Diverses idées seront ainsi exposées et cela constitue un lieu d’apprentissage, et d’échange.

Propos recueillis par Romarick ATOKE

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Clin d’oeil

Lors du numéro 2 d’AFRIKArchi Magazine, nous vous annoncions un prochain évènement à venir

dans le cadre de notre partenariat avec l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris - La Villette. C’est désormais acté : à la rentrée, AFRIKArchi et l’ENSAPLV vous préparent un évènement sans commune mesure : la Quinzaine Africaine ! Durant deux semaines, l’Afrique sera à l’honneur à Paris, à travers son architecture mais aussi plus largement, d’autres dimensions de sa culture. Autour de l’exposition ARCHIGENIEUR AFRIQUE #2, mettant en valeur les meilleurs projets du concours

éponyme avec une scénograpgie pensée pour l’occasion, nous prévoyons pour vous de multiples évènements.

Un vernissage festif, des conférences, débats, rencontres et également des visites avec des lauréats du concours, ponctueront ces quinze jours que l’on prédit déjà comme riches en échanges et en réflexions ! Rendez-vous à la rentrée, du 6 au 17 octobre 2014 pour assister et prendre part à notre quinzaine africaine !

Khader BERREKLA

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ARCHITECTURE

AFRIKArchi innove et initie la Sélection des Jeunes Professionnels Architectes et Ingénieurs Africains en

complémentarité du Concours ARCHIGENIEUR AFRIQUE

Cela fait de nombreuses années maintenant, que de nombreux architectes fraîchement diplômés, mais également des urbanistes, paysagistes ou issus des domaines connexes, éprouvent des difficultés à se faire connaître sur le plan professionnel. En effet, comment convaincre des clients et bâtir sa réputation lorsque l’accès à la commande est difficile et semé d’embûches ?

Afin de répondre à cet enjeu majeur, AFRIKArchi initie un nouveau projet : la Sélection des Jeunes Professionnels Architectes & Ingénieurs Africains. Concrètement, il s’agit d’un dispositif de promotion visant à favoriser l’accès à la commande des jeunes architectes, urbanistes, paysagistes et ingénieurs africains de moins de trente-cinq ans.

Ce projet consiste en la sélection d’une trentaine de professionnels et d’agences d’architecture, d’urbanisme et domaines connexes, récompensés par un Jury international, pour la qualité de leurs projets et de leurs travaux. Ces lauréats seront, ensuite, accompagnés par AFRIKArchi et ses partenaires, afin de permettre la valorisation de leurs savoirs et savoirs-faire. La promotion de ces lauréats vis-à-vis du grand public sera également assurée par la large diffusion d’une publication.

Les enjeux de ce projet sont multiples et variés :• Aider ces nombreux jeunes professionnels africains à accéder à plus de commandes, mais aussi faire évoluer les comportements en faveur d’un recours plus fréquent des maîtres d’ouvrage à cette jeune génération talentueuse.

• Élargir le choix des maîtres d’œuvre en faisant connaître à chaque édition, de nouveaux architectes et ingénieurs qui auraient prouvé par la qualité de leur travail, leur compétence et savoir-faire. • Promouvoir le talent, les idées et le savoir-faire des jeunes architectes et ingénieurs. • Affirmer la qualité de projets pouvant être modestes, mais sources de référence par la pertinence de la réponse apportée aux maîtres d’ouvrage sur le plan fonctionnel et identitaire. • Créer une émulation positive au sein de ces acteurs de divers domaines, professionnels comme étudiants.

Ce nouveau projet d’AFRIKArchi, s’inscrit en pleine complémentarité avec l’un de ses autres projets phares, le Concours International ARCHIGENIEUR AFRIQUE. Celui-ci, dédié aux étudiants et jeunes professionnels, a également pour but de promouvoir les jeunes talents africains, à partir d’un projet réalisé pour l’occasion autour d’une thématique spécifique, renouvelée à chaque édition. Ce concours, dont la thématique de la dernière édition était « concevoir ou réhabiliter un marché en milieu urbain en Afrique », réunira désormais tous les deux ans, plus de 1500 étudiants et jeunes professionnels issus d’une centaine d’écoles et universités à travers le monde.

Alors, restez connectés ! Rendez-vous dans quelques mois pour le lancement officiel de la Sélection des Jeunes Professionnels Architectes et Ingénieurs Africains, et dès 2015 pour la 3ème édition du Concours ARCHIGENIEUR AFRIQUE !

Equipe AFRIKArchi

AFRIKArchi initie la Sélection des jeunes professionnels architectes et ingénieurs africains

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ARCHITECTURE

made from AFRICAN

m

aterials OR FA

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Made from African Materials or Fabrics

!! SIGNEZ LA PETITION !!

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ARCHITECTURE | Colloque

Une industrie culturelle en développement L’architecture en terre

Ce colloque international a été organisé par l’ONG comité international pour le développement des

peuples (CISP) au Niger en coproduction avec le Centre Culturel Franco Nigérien Jean Rouch et en association avec le Musée National Boubou Hama de Niamey. « La Semaine de l’Architecture en Terre » a été proposée dans le cadre d’un projet : «Une Industrie Culturelle en développement : l’architecture en terre», « PAS DE FUTUR SANS CULTURE» - Programme d’appui au secteur culturel du Groupe des États ACP cofinancé par l’Union Européenne.

Il s’agit d’un projet multi-pays. Les partenaires sont issus de la Sous Région : le Cabinet d’architecture Adobe et l’Association Nigérienne de Construction Sans bois du Niger, le Cabinet d’Architecture Architerre et les Bâtisseurs Sans Frontières du Mali, l’ONG Development Workshop du Burkina Faso et Bâtir et Développer,

Afrique Sans Frontières du Cameroun, associé à L’Agence de Promotion des Entreprises et Industries Culturelles (APEIC), L’École du Patrimoine Africain du Bénin de Porto-Novo (EPA) et au Musée National Boubou Hama de Niamey.

L’objectif de « La Semaine de l’Architecture en Terre » était de mettre en valeur les techniques constructives, les savoir-faire existants en tant qu’incontestable source d’inspiration pour la construction contemporaine car ils sont durables et représentent un véritable facteur de développement, au cœur de la diversité de l’identité culturelle africaine. Cette manifestation a présenté ce qu’il est possible de construire en terre au Niger en alliant les connaissances traditionnelles et les techniques modernes et en utilisant des matériaux locaux. C’était également l’occasion de clôturer le projet par l’inauguration des 2 prototypes d’habitat et du pavillon de l’architecture en terre construits au Musée

La Semaine de l’architecture en terre s’est tenue du 12 au 16 mai 2014 à Niamey, sur les sites du Musée National Boubou Hama (MNBH) et du Centre Culturel Franco-Nigérien (CCFN). Pendant une semaine, Niamey a été la capitale de l’architecture en terre dans la région sahélienne, accueillant l’évènement dans sa dimension interdisciplinaire en proposant des conférences, des débats, des expositions, des visites, des inaugurations de bâtiments en terre, le salon des matériaux et des ateliers-découverte à un public de professionnels, passionnés, intéressés, élèves ou fonctionnaires.

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National Boubou Hama dans le cadre du projet.La « Semaine de l’Architecture en Terre » a permis de diffuser les techniques de l’architecture en terre à un public élargi, étudiants, enfants, professionnels ou simplement aux personnes intéressées ; d’échanger les techniques et les résultats de construction entre plusieurs pays voisins pour consolider le réseau de travail entre les professionnels de la région sahélienne. Pourquoi l’architecture en terre ?

1) La préservation de notre planète et la protection de l’environnement ;2) Le respect des relations humaines et l’équité sociale, en valorisant les savoir-faire de chaque intervenant et en créant une filière «digne», tout en atteignant une efficacité économique ;3) La richesse du Patrimoine, car l’Homme déploie son inventivité avec un matériau disponible en quantité et à portée de ses mains. La semaine a commencé par la cérémonie de lancement, suivie de l’inauguration du Pavillon de l’Architecture en terre au Musée National Boubou Hama et des expositions du concours d’idées et du patrimoine architectural en terre du Niger, suivie de l’inauguration de l’exposition Francis Diébédo Kéré au CCFN en présence du Ministre de la Culture des Arts et des Loisirs, de la Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, du représentant de la Délégation de la Commission de l’Union Européenne à Niamey, du représentant de l’Ambassadeur de France et de l’Ambassadeur d’Espagne et de la presse.

Le programme s’est organisé selon trois lignes thématiques autour desquelles se développent toutes les activités : le Patrimoine, la Formation et l’Architecture contemporaine. Onze conférences ont été proposées réparties sur trois jours en matinée et dans l’après-midi, suivies d’un débat permettant au public de s’exprimer.D’autre part, deux Atelier-réseaux ont été organisés qui ont permis aux participants de créer un réseau de matériaux locaux au Niger. L’objectif général du réseau est la promotion des Eco-Matériaux en Afrique avec pour objectif particulier : > Création d’une base des données des techniques de

construction avec les Eco-Matériaux,> Faire l’inventaire de l’expertise> Assurer la formation des acteurs> Faire le plaidoyer de la promotion des Eco-Matériaux,> Faire de la Recherche-Action-Normalisation> Assistance en cas de catastrophe> Création d’un vivier des formateurs avertis> Assurer la communication> Mettre en place une carte des carrières par pays membre.En parallèle, des ateliers découverte ont été proposés aux visiteurs du pavillon de l’architecture en terre au Musée National Boubou Hama, présentant les expositions et proposant des démonstrations des tests pour le choix d’un bon banco ou encore présentant le salon des matériaux.

Le mercredi, une série de documentaires sur l’architecture en général mais aussi le film du projet ont été projetés.Le vendredi, les deux prototypes d’habitat en terre, banco et BTC ont été inaugurés au Musée National Boubou Hama en présence du Secrétaire Général du Ministère de la Culture, des Arts et des Loisirs, de l’Attaché Culturel de l’Ambassade de France et la presse, suivis de la visite de bâtiments remarquables construits en terre à Niamey.

La « Semaine de l’Architecture en Terre » s’est clôturée le vendredi soir au CCFN, et chaque participant ainsi que les autorités politiques y ont été conviés en présence de L’Ambassadeur de la Délégation de l’Union Européenne au Niger, le Secrétaire Général du Ministère de la Culture des Arts et des Loisirs, de l’Ambassadeur d’Espagne, du 1er Attaché Culturel de l’Ambassade de France et du 1er Vice Maire de la Ville de Niamey ainsi que la presse qui est venue en nombre.

Dans leur discours, le ministère de la Culture et la Délégation de l’Union Européenne ont souligné l’importance du sujet et son potentiel. Le Ministère de la Culture des Arts et des Loisirs a souhaité que cet événement puisse se reproduire annuellement à l’image du Fima ou du Fespaco.

Page 16: AFRIKArchi Magazine #3

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ARCHITECTUREARCHITECTURE

Les thèmes et les conférenciers

THÈME PATRIMOINE

> Conférence 1- Adamou DANLADI, Directeur du Patrimoine Culturel du Niger, Ministère de la Culture, des Arts et Loisirs. «Politique du Ministère en terme de valorisation, classement et restauration de l’architecture en terre au Niger et présentation du cas de la Mosquée de Yama»- Rodrigue KESSOU, Architecte-Urbaniste, École du Patrimoine Africain, (EPA, Bénin).«Problématique de la conservation de l’architecture de terre dans les villes anciennes classées sur la liste du Patrimoine mondial : Djenné (Mali) et Agadez (Niger)»> Conférence 2- Amélie ESSESSE, Architecte, Batir&Développer, Afrique Sans Frontières (Cameroun), Partenaire«Mission de catalogage des biens architecturaux en terre au Cameroun»- Yasmine TERKI, Architecte, Directrice du Centre Algérien du Patrimoine Culturel Bâti en Terre CAPTerre (Algérie).«Actions et objectif en terme de patrimoine architectural en terre en Algérie»> Conférence 3- Mariam SY MACALOU, architecte, Cabinet Architerre, partenaire du projet (Mali).«Réflexion prospective et stratégique pour une introduction de l’architecture de terre dans l’enseignement des maçons au mali»> Conférence 4- Boubacar ASSOUMANE et Omar KALILOU, maître Maçon formateur, sociologue, Association Nigérienne de Construction Sans Bois (ONG ANCSB), Partenaire du projet (Niger)«Inventaire du patrimoine architectural en terre et présentation de la monographie présentant l’architecture en terre du Niger», suite à la mission de catalogage des biens architecturaux en terre réalisée par le CISP et l’ANSCB dans le cadre du projet

THÈME FORMATION

> Conférence 5- Arsène TUINA , Ingénieur, ONG Development Workshop Burkina Faso, Partenaire du projet (Burkina Faso) et Ali SOULEYMANE Architecte, Association Nigérienne de Construction Sans Bois (ONG ANCSB), Partenaire du projet (Niger)«Les formations réalisées et à réaliser : bilan et objectifs» - Ali SOULEYMANE, Architecte, Association Nigérienne de Construction Sans Bois (ONG ANCSB), Partenaire du projet (Niger)«Présentation du projet de construction d’un prototype en banco au Musée National Boubou Hama avec un Chantier-école»> Conférence 6- Rodrigue KESSOU, Architecte-Urbaniste, École du Patrimoine Africain, (EPA, Bénin).«Programme «Patrimoine mondial en architecture de terre/World Heritage Earthen architecture» : Mise en place d’un matériel pédagogique pour l’enseignement et la sensibilisation à l’Architecture de terre en Afrique» - Abdoulaye DEYOKO, Directeur de l’Ecole Supérieure d’Ingénierie, d’Architecture et d’Urbanisme (ESIAU), Chevalier de l’Ordre National du Mali. «Présentation de ESIAU et du Centre de recherche sur les matériaux et le Développement Durable (CERMAD) et cas concret»> Conférence 7 - Emanuele CAVALLO, Architecte, étudiant de CAROLA Fabrizio, Architecte, Prix Aga Khan 1995 (Italie). «Anciennes technologies pour une nouvelle architecture : l’expérience de l’architecte Fabrizio Carola : travaux d’un architecte nomade pour une Afrique indépendante »

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THEME ARCHITECTURE CONTEMPORAINE

> Conférence 8- Emmanuelle VANDERMEERSCH (CISP) Architecte, « Présentation du nouveau pavillon de l’architecture en terre construit dans le cadre du projet au Musée National Boubou Hama suivant l’idée de l’Equipe B2, Lauréate du concours d’idées international pour le pavillon de l’architecture en terre au MNBH (Bénin - Brésil) »- Mariam SY MACALOU, architecte, Cabinet Architerre, partenaire du projet (Mali).«Présentation du prototype de salle polyvalente»> Conférence 9- Mahamoudou WADIDIE, Ingénieur, Association Bâtisseurs Sans Frontières, Partenaire du projet (Mali). et Ramatou Coulidiati AYIKA, , Architecte, (Niger). «Technique de la brique en terre stabilisée compressée et cas concrets»- Omar BEMBELLO, Architecte, Cabinet Adobe (Niger), Partenaire du projet. «Présentation du prototype d’habitat en BTC»- Souleymane ABBA MOUSSA, Architecte, Cabinet Aurbic (Niger)«Les qualités et avantages de cette technique»

> Conférence 10- Moussa ABOU, Inventeur (Niger)«Les matériaux locaux et une technique appropriée : état d’un secteur à potentiel»- Abdou LAWANE, Chercheur, Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement, Laboratoire Eco-Matériaux de Construction (Niger). et Adamah MESSAN; Enseignant-chercheur à 2iE, Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement, Laboratoire Eco-Matériaux de Construction (Burkina Faso).«Les résidus de combustion du charbon : une matière valorisable en matériaux de construction» et «Influence des adjuvants naturels sur les propriétés physico-mécaniques des BTC : cas du Néré et du Karité»- Blandine ZERBO, Présidente Acanthe (Burkina Faso).«L’utilisation de la chaux dans l’habitat»> Conférence 11- Odile DAYAK, Auto constructrice (Niger). «Djoliba Lodge : une autoconstruction tradi-moderne»> ProjectionFilm documentaire du projet : présentant les activités du projet et certaines techniques d’architecture en terre.

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ARCHITECTURE

Organisateurs et partenaires Les partenaires choisis se sont déjà engagés formellement avec le CISP pour la réalisation du projet «Une industrie culturelle en développement : l’architecture en terre». « PAS DE FUTUR SANS CULTURE» est un programme d’appui au secteur culturel du Groupe des Etats ACP financé par l’Union Européenne dans les différents objectifs et résultats exposés dans le projet. Ils se sont associés en fonction de leurs compétences spécifiques techniques dans l’architecture et la construction en Terre ainsi que dans le secteur culturel, car leurs compétences sont complémentaires. La « Semaine de l’Architecture en Terre » donnera l’occasion aux partenaires des différents pays de mettre en valeur leurs activités, renforçant ainsi leurs liens durant l’atelier réseau pour créer in fine une base de donnée sur l’expertise dans l’architecture et la construction en terre au niveau régional.

Les organisateurs de l’action sont : - Le Comitato Internationale Per Lo Sviluppo Dei Popoli (CISP), en qualité d’organisateur sera en charge de la coordination de l’ensemble du colloque. - Le Centre Culturel Franco-Nigérien (CCFN) est coproducteur de l’évènement, et accueille la « Semaine de l’Architecture en Terre » au sein de ses infrastructures ; il est spécialisé pour la programmation de nombreuses rencontres, festivals, et autres semaines thématiques ; il déploie son réseau pour faire la promotion du dialogue et des échanges culture. Le CCFN Jean Rouch met à disposition l’espace, le matériel et les personnels techniques associés, spécialisés dans l’organisation d’événements et de semaines thématiques, - Les partenaires du projet « une industrie culturelle en développement : l’architecture en terre » : - Le Musée National Boubou Hama (MNBH) est un partenaire clé pour l’organisation du Colloque. En tant qu’acteur culturel incontournable au Niger, le Musée National propose un espace de choix pour accueillir l’ensemble des activités ;- L’Association nigérienne de construction sans bois (ANCSB) est la structure nigérienne la plus expérimentée dans les techniques de construction en terre au Niger.

Pendant près de 10 années, ils ont participé au projet de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) pour la promotion de la construction sans bois dans toutes les régions du pays ;- Le cabinet d’architecture ADOBE issu du secteur privé maitrise toutes les étapes d’un projet de construction, de la conception au suivi de chantier, avec une spécialisation sur les architectures en terre ;- Au Mali, le cabinet d’architecture ARCHITERRE travaille sur la promotion de l’architecture en terre dans le secteur privé ; - Les Bâtisseurs sans frontière au Mali travaille sur l’architecture en terre dans le secteur privé ;- Au Burkina, le partenaire Development Workshop Burkina Faso promeut un programme de développement de l’habitat et des établissements humains basé sur le respect des valeurs et pratiques existantes et sur la disponibilité et le développement durable des ressources humaines, matérielles et financières locales ;- Au Cameroun, le partenaire Afrique sans Frontières / Bâtir et Développer contribue à la promotion du patrimoine culturel par le biais des échanges pédagogiques et techniques pour un développement durable. D’autre part, grâce à son dynamisme transnational, Afrique sans Frontières/B&D fait partie du réseau des acteurs de l’architecture en terre - son apport pour fédérer de nombreux adhérents au Réseau de l’Industrie Culturelle de l’Architecture en Terre est important.

Le CISP coordonne un «Comité d’Organisation et de Suivi du Colloque » avec l’implication des Ministères de la Culture, des Arts et de Loisirs ; de l’Urbanisme et du Logement ; de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ; des Enseignements Professionnels et Techniques ; de l’Environnement, de la Salubrité et du Développement Durable ; ainsi que la Ville de NiameyLe Colloque est également soutenu par le Ministère de la Culture, des Arts et des Loisirs ; la Direction Nationale du Patrimoine ; l’Agence de Promotion des Entreprises et Industries Culturelles (APEIC) ; l’Ordre des Architectes du Niger.

CISP

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ARCHITECTURE

Quelles voies pour une reconnaissance des architectes africains ?

Depuis toujours, en Afrique, ce sont des centaines de jeunes architectes qui, une fois diplômés des

écoles africaines ou à l’étranger, sont confrontés aux réels problèmes d’acquisition de marchés sur le plan professionnel. Que ce soit à l’échelle nationale, continentale mais également internationale.

Car, c’est évidemment une bonne chose d’obtenir son diplôme et ainsi de devenir professionnel. Mais une fois le diplôme en poche, il est plus que difficile pour les jeunes professionnels de pouvoir remporter des marchés, privés ou publics, et ainsi espérer s’affirmer. Surtout quand l’on sait que sur le continent africain, la population ne fait pas instinctivement recours aux architectes pour la conception et la réalisation de leurs projets. Il en est de même, pour les ingénieurs afin d’élaborer les calculs de structures, ou encore pour les paysagistes quand il s’agit de réaliser des espaces verts.

Cependant, des initiatives existent afin d’œuvrer à une reconnaissance et une promotion de ces architectes africains.Quand bien même l’on note une certaine évolution ces dernières années, bon nombre de projets sont encore attribués au gré à gré à des connaissances. Ceci même parfois, quand il s’agit de projets étatiques. Toutefois, on note un changement dans certains pays de l’Afrique, notamment ceux du Maghreb par exemple, où des concours sont de plus en plus souvent lancés à l’endroit des architectes. La notion de concours reste donc peu ancrée dans les habitudes, surtout en Afrique subsaharienne. Toutefois depuis quelques années, une nette amélioration se fait remarquer.

On note ainsi la croissante collaboration d’architectes étrangers avec des architectes africains sur des projets réalisés en Afrique. C’est le cas par exemple, de l’architecte marocain Rachid Andaloussi et de son confrère français Christian de Portzamparc, qui ont remporté le concours du nouvel espace d’art et de culture «CasArt». Cet exemple peut être le signe d’un futur plus optimiste pour les jeunes architectes africains.

Il faudrait que de telles initiatives soient multipliées dans les pays africains. Il faudrait aussi ajouter à cette dynamique, la mise en place de concours internationaux visant à cultiver la créativité auprès des architectes africains, mais aussi à les promouvoir auprès des prescripteurs. Ceci, à travers des magazines dédiés ou des expositions par exemple. Afin de mieux faire connaître le métier d’architecte auprès du grand public.Avec l’Association AFRIKArchi, nous organisons déjà un concours international, ARCHIGENIEUR AFRIQUE, ouvert aux étudiants et jeunes architectes africains et de sa diaspora. Nous organisons également des expositions en Afrique et dans le monde cherchant à promouvoir ces talents africains, en plus du magazine que nous leur dédions.

Quand bien même le nombre de concours et d’initiatives ouverts à l’Afrique reste encore peu important, il est essentiel que les architectes africains y participent. Car, être lauréat d’un concours ou voir son œuvre exposée ou publiée dans une revue est un apport non négligeable à son propre CV.

Romarick ATOKE

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ARCHITECTURE

En réponse au manque de logements pour étudiants à Johannesburg, les responsables de la ville ont

transformé des silos à grain abandonnés en une résidence étudiante abordable.« Emill Junctioni » comprend 375 appartements individuels, ainsi que des équipements de vie estudiantine : librairie, salles communes, salles informatiques…

Dans le but d’offrir une surface au sol plus importante, une série de containers ont été placés de telle façon à englober le silo, donnant lieu à une addition colorée au skyline de la ville. Atteignant une hauteur de près de 40 mètres, cette « tour silo » offre également des vues panoramiques sur le paysage environnant.

Le chantier a été achevé en janvier 2014, et le bâtiment a accueilli ses premiers étudiants le mois d’après.

Addressing the shortage of student accommodation within Johannesburg, property developers cities has

converted the city’s unused grain silos into affordable student accommodation. Emill Junctioní comprises 375 individual apartments, in addition to a host of study facilities, libraries, lounges and computer rooms. In order to provide additional floor space, a series of stacked shipping containers encompass the 11-storey silos, providing a vibrant and colorful addition to the city’s skyline.

Climbing to a height of nearly forty meters, the scheme towers above neighboring buildings is offering panoramic views across the surrounding landscape. construction on-site was completed in january 2014, with the building set to open in its doors to new students the following february.

DesignboomTraduit par Myriam LAMOUNI

Appartements-containers : Logements pour étudiants à JohannesburgContainer apartments : StudentAccommodation in Johannesburg

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> Architecture> Construction> Architecture d’intérieur> Urbanisme > Audits techniques> Gestion & suivi de chantier> Etude de projet > Permis de construire> Conseils

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DOSSIER

Projet d’aménagement de la baie de CocodyThe Cocody Bay development project

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DOSSIER

Projet d’aménagement de la baie de CocodyThe Cocody Bay development project

Cocody, Abidjan, Côte d’IvoireKoffi & Diabaté Architectes

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ARCHITECTURE | Dossier

Quels sont les enjeux qui ont donné naissance au projet d’aménagement de la baie de Cocody ?Le Projet d’Aménagement de la Baie de Cocody a été conçu en réponse au problème de pollution de la baie lagunaire, une zone qui a connu une forte dégradation au cours de ces 20 dernières années.

Quelles ont été les idées fortes du projet ?L’objectif, ici, a été celui de concevoir un projet répondant à une problématique tant environnementale qu’urbaine, et ce, via la réhabilitation de la baie de Cocody et le développement de nouveaux espaces de vie pour les populations. Le projet se décline en 2 axes principaux : l’aménagement d’une zone pédestre autour de la berge lagunaire et le développement d’une « smart city », modèle d’un écoquartier mixte, en plein cœur d’Abidjan.

Le projet est-il issu d’une commande de l’Etat ivoirien ou est-ce une initiative de l’agene Koffi & Diabaté ?Ce projet a été conçu par Koffi & Diabaté Architectes, à la demande du District d’Abidjan.

Quels sont les objectifs à court, moyen et long terme de ce projet ?Les enjeux et les objectifs sont majeurs.Il s’agira, dans un premier temps, de mener à bien les travaux d’assainissement et de réhabilitation de la baie, tout en mettant en place, du point de vue technique, un système de drainage sain et durable. A l’issue de ces premiers travaux , une surface de 50 hectares de valeur foncière sera dégagée du fond de la baie ; c’est là que nous prévoyons de développer le projet de « smart city ».Il est important de noter que les fonds générés par le foncier serviront au financement de la création de la zone pédestre, le Gouverneur du District d’Abidjan ayant souhaité un autofinancement pour ce volet du projet.Enfin, à long terme, l’objectif sera de réaliser ce modèle d’éco quartier mixte, en plein cœur d’Abidjan. Il s’agit là d’un projet ambitieux dont la réussite aura un impact majeur sur le développement de la ville.

Quel est le programme défini pour la réalisation du projet ?Le premier volet du projet se focalisera sur les travaux de réhabilitation de la baie et sur la création de la zone pédestre. Ce parcours piétonnier s’étendra

Un projet ambitieux, porté par l’agence d’architecture Koffi & Diabaté, qui transformera durablement la baie de Cocody à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire. Pour le découvrir, nous sommes allés à la rencontre de l’équipe d’architectes à travers les quelques questions qui vont suivre...

Vue aérienne, zone d’intervention. Avant / Après

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tout le long de la berge lagunaire, de la Gare du Plateau jusqu’à Blockhaus, dans un premier temps, et à terme, jusqu’à l’Hôtel du Golf. Il s’agit là de « rendre la lagune aux Abidjanais » et de leur offrir, simultanément, un nouvel espace de vie et de loisirs à travers ce parcours agrémenté de points de rencontres et d’échanges tels que des espaces verts, des théâtres en plein air, des agoras et des marinas… Tout cela, sur une étendue d’une dizaine de kilomètres, tout le long de la baie de Cocody. A cela, il faut ajouter le développement des « batobus » et la mise en place de deux nouvelles gares lagunaires, permettant ainsi aux abidjanais de se réapproprier la lagune, en y voyageant…

Le second volet du projet aura pour site la surface de 50 hectares de foncier qui sera dégagée grâce à l’assainissement de la baie. Ce projet consistera en la création d’un écoquartier aux comprenant des bâtiments administratifs, un centre commercial, des maisons de ville, des immeubles de logements, un hôtel, un auditorium, un lycée et des espaces de culte. En somme, toutes les composantes d’un environnement urbain, contemporain, favorisant le développement d’un nouveau centre-ville abidjanais et de nouveaux emplois pour une population toujours croissante.Ces deux volets du Projet d’Aménagement de la Baie de Cocody visent à contribuer de façon durable au développement d’Abidjan.

Hormis l’agence Koffi & Diabaté, quels sont les acteurs impliqués dans le projet?Au-delà de la collaboration entre le District d’Abidjan et notre Agence, la bonne exécution de ce projet nécessitera une concertation et un travail de collaboration entres les différents Ministères techniques, notamment pour la première phase du projet (gestion de l’assainissement et de la réhabilitation de la baie). Par la suite, durant la phase de développement, nous verrons une plus forte implication du secteur privé, en collaboration, bien sûr, avec le secteur public.

Les usagers des quartiers avoisinant cette baie sont-ils impliqués dans le processus de projet ?La réalisation participative, ici, n’implique non pas les usagers, mais plutôt les autorités locales, à savoir le District d’Abidjan et les Ministères techniques dont la collaboration sera un facteur déterminant au succès de ce projet.

La forme du bâti émerge de quelle réflexion ?Notre volonté a été celle de concevoir des espaces alliant fonctionnalité, esthétique et modernité avec pour inspiration première, notre vision pour l’avenir de la ville d’Abidjan.

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ARCHITECTURE | Dossier

Sur le plan urbanistique, architectural et paysager, quels sont les concepts mis en oeuvre dans ce projet ?Sur le plan urbanistique et architectural, il s’agit de concevoir un projet reflet d’une vision concrète pour le développement de la ville, d’où l’intégration des notions essentielles que sont la planification et la mixité dans le concept d’aménagement. Pour ce qui est des différents bâtiments, ces-derniers seront conçus sur la base d’une architecture bioclimatique incorporant des principes environnementaux tels que la ventilation naturelle et l’usage de matériaux basse consommation, notamment.Enfin, sur le plan paysager, en qui concerne l’espace piétonnier, la création d’espaces verts et d’agoras auront pour vocation de permettre aux abidjanais de renouer avec les activités en extérieur, le tout, avec vue et accès sur la nouvelle Baie de Cocody. Quels seront les impacts sociaux et environnementaux du projet ?Sur le plan environnemental, le défi sera celui de réhabiliter une zone fortement polluée et de résorber

ce problème de sorte qu’une telle situation ne se reproduise pas à l’avenir.

Du point de vue social, ce projet aura un impact majeur sur la vie des populations, de par sa contribution directe aux activités économiques de la ville (création d’emplois, nouveaux espaces de vie et de loisirs, entre autres).Enfin, ce projet reflètera également un nouveau modèle de planification urbaine, avec pour objectif de pouvoir en appliquer les principes fondateurs au reste de la ville, renouant, ainsi, avec l’idée d’une planification urbaine maîtrisée.

Y a-t-il une identité locale ou une utilisation de matériaux locaux dans ce projet d’envergure, image de la Côte d’Ivoire?L’identité locale se reflètera tant dans l’esthétique architecturale que dans l’aménagement urbain, et plus encore dans la conception de cet écoquartier. Il sera représentatif d’un nouveau modèle d’urbanisme, spécifique à la ville d’Abidjan et à la Côte d’Ivoire.

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ARCHITECTURE

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Smart City, vue aérienne

Vue à hauteur d’homme, grand jardin

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ARCHITECTURE

Parcours piétonnier

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Fiche technique | Datasheet ProgrammeMixte – Public (espace piétonnier et aménagement paysager), Tertiaire (immeubles de bureaux, espaces commerciaux) et Résidentiel (immeubles d’appartements, maisons de ville).

Maître d’ouvrageDistrict d’Abidjan

Maître d’œuvreKoffi & Diabaté ArchitectesGuillaume KOFFI & Issa DIABATE

Superficie du terrain 58,2 hectares

Surface bâtie199 469 m²

Coût global de la réalisation (estimatif)Environ 400 Milliards de F CFA

Date de démarrage des travaux Début 2015

Livraison Phase 1, en 2020 Phase 2, en 2025

Système constructifMixte (béton armé, charpente métallique).

ProgramMixed-public (pedestrian space and landscape planning), tertiary (office and commercial buildings), and residential (flat buildings, urban houses).

Building ownerDistrict of Abidjan City

Prime contractorKoffi & Diabaté ArchitectesGuillaume KOFFI & Issa DIABATE

Land area 58,2 hectares

Built-up area199 469 m2

Overall cost of the project (approximately)Around 400 billions of F CFA

Date of work startingThe beginning of 2015

Delivery of the projectPhase 1 : 2020Phase 2 : 2025

Building systemMixed : reinforced concrete and steelwork (for roofing).

Smart City , vue de jour

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Tout d’abord, l’on peut dire qu’il y a plusieurs paramètres à aborder à ce propos.

Il s’agit dans un premier temps de la corruption qui règne au sein des Gouvernements Africains, à tous les niveaux de la hiérarchie. Mais aussi, la qualification de nos entreprises locales africaines qui parfois ne disposent pas de matériels ni d’équipements adéquats pour la mise en œuvre des projets. Toutefois, rappelons qu’il est possible qu’une entreprise locale sous-traite avec une grosse entreprise de locations de matériels, pour arriver à gagner le marché puis réaliser le projet. A cette entreprise locale donc, de bien planifier et budgétiser son avant-projet, pour éviter des pertes importantes et d’autres inconvénients.

Comme dans les pays en dehors de l’Afrique, les Marchés Publics pourraient aussi être attribués sur Concours.

Comment répondre à des marchés publics sur concours ?

1- Scruter les Annonces d’appel à candidature de Maîtrise d’œuvre.

2- Lorsque l’une vous intéresse, vous notez la forme juridique. L’architecte est mandataire de l’équipe de maîtrise d’œuvre (bureau d’étude, acousticien, paysagiste, etc…)

3- Vous constituez votre équipe en cherchant les cotraitants que vous jugez compétents pour réaliser le projet. Ensuite vous finalisez le dossier de candidature.

4- Après avoir être sélectionné, souvent avec 3 ou 4 autres concurrents, l’on vous donne un programme fonctionnel pour la conception du dit projet.

5- Vous visitez alors le site d’implantation du projet. A cette étape, vous cherchez à prendre connaissance de toutes les informations (programmatiques comme contractuelles) concernant le site.

6- Vous réalisez votre projet et validez toutes les options, du moins la plupart.

7- Vous rendez votre projet, jusque-là dans une phase esquisse. Puis a lieu une délibération d’un jury composé des représentants du maître d’ouvrage, de membres compétents, d’architectes, d’ingénieurs, d’élus locaux et autres.

Apres délibération, soit vous perdez, donc vous touchez une indemnité, ou alors vous êtes retenus et vous devenez le maître d’œuvre pour la réalisation du projet.

8- Vous négociez le contrat, on vous notifie le marché. Ensuite, vous commencez les études qui s’effectuent comme suit :- APS (Avant-Projet Sommaire) : On approfondit la faisabilité. Vous proposez votre budget et au maître d’ouvrage de valider ou non. A cette étape, l’on pourrait soumettre le projet aux futurs utilisateurs des lieux pour des modifications afin de mieux adapter le projet aux concernés.- On débute les études (sous plusieurs phases) de l’aspect financier. Et ce, jusqu’à la constitution du Dossier de Consultation des Entreprises (D.C.E).- On lance un appel d’offre dans les journaux officiels, professionnels, et autres …- Les entreprises intéressées peuvent alors retirer le dossier et soumettre une offre pour la réalisation du projet.- L’entreprise avec la proposition la mieux-disante est sélectionnée. Suite à cette sélection, les travaux peuvent débuter après validation des plans d’exécution de l’entreprise.- Un suivi rigoureux avec un contrôle fréquent, réalisé par un Bureau de Contrôle préalablement mandaté par le maître d’ouvrage permet de réceptionner enfin l’ouvrage et de livrer le projet au client.

Romarick ATOKE

CONSTRUCTION | Réglementation

Marchés Publics dans les pays d’Afrique

Quelle place pour les entreprises locales ?

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Global Archiconsult

www.globalarchiconsult.com

APPEL A COLLABORATIONBENEVOLAT

LEGRAND

COTONOU

EgrainerMise en placeEquipe

ArchitectesIngénieursUrbanistesTopographes ...

SociologuesHistoriens Anthropologues ...

Acteurs locauxConsultants ...

RecherchesEtudesArchivesCartesBibliographieEntretiens

Explication et Di�usion de la démarche sur la ville.Elaboration du cahier des charges & plan d’actions

Fédérer :

Visites de sitesPrécision des actions à mener

EchangesConférences et tables rondes occasionnelles, melant experts, usagerset acteurs de la ville.

Sensibilisation & Implication d’entreprises nationales et internationales

Activer :Workshops, Expérimentations,Construction maquette ou échelle 1Prototypage

Bouclage d’unepremière propositiondu projet

Pérenniser :Présentation duprojet à la municipalitéde CotonouRecherches d’investisseursnationaux et internationaux

Activater la première graine

1 2 3 4 5 6 7 8

2013 2014 2015

Vous êtes interessé par une collaboration internationale pour ce projet sur le Grand Cotonou. Où que vous soyez, Contactez-nous!

> Proposer des aménagements d’espaces verts paysagés durables et de qualité dans la ville.

> Privilégier les circulations routières et piétonnes sécurisées à travers la ville et rénover l’éclairage et les percées.

Les enjeux du projet> Améliorer l’accessibilité, l’assainissement et les VRD dans les quartiers de la ville.

> Désengorger la ville et proposer des solutions

> Proposer des identités architecturales, urbaines

Projet de charte architecturale, urbaine et paysagère

Call Us : +33 (0)6 26 57 41 60 [email protected]

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Zaghouan, au nord-est de la Tunisie, est implantée au cœur d’une région agricole. Située sur le versant du

Djebel Zaghouan, elle compte environ 16 000 habitants.

C’est une commune aux rues escarpées et divisées de petites places offrant des échappées sur la plaine. C’est une région réputée et désirée pour ses sources et son eau pure. Elle attire aussi bien les tunisiens que les touristes du monde arabe par ses hammams. L’un des plus connus est sans nul doute le hammam de la ville de Zriba située à environ huit kilomètres de Zaghouan. Il est réputé pour son eau de rose d’une qualité exceptionnelle. Ce cachet touristique découle, certes, de sa diversité géographique et physique en tant que petite ville encore méconnue. Mais elle possède également une richesse culturelle et historique intéressante.

Une richesse architecturale

Avec le souhait de s’orienter vers un tourisme culturel, Zaghouan se trouve confrontée à son identité : une ville accrochée à la montagne, flâneuse et propice au repos. Les spécialistes dans le domaine touristique, privés comme publics, commencent à chercher des alternatives qui enrichiraient le produit touristique de cette région à forte identité ethnologique et historique.Le patrimoine traditionnel de Zaghouan est notamment constitué de son mausolée (Sidi Tayaa). Le site idyllique est situé sur un promontoire rocheux. L’altitude permet, même en plein été, de retrouver des températures moins brûlantes qu’en plaine.

Le mausolée se trouve dans un emplacement stratégique offrant un sentier qui assure la liaison avec le Temple des Eaux. Cela peut déjà faire l’objet d’une randonnée peu difficile, pouvant être couplée à une visite du fameux site archéologique du Temple des Eaux.

Le Djebel Zaghouan est une montagne imposante, 2ème sommet le plus haut de Tunisie avec ses 1 295 m d’altitude. On y trouve de nombreuses grottes, de vieilles mines ou des sites archéologiques. Le massif est parcouru par plusieurs sentiers de randonnées, des pistes de bergers ou d’anciens chemins de mineurs.

Que la montagne est belle, vue depuis le massif de Djebel Zaghouan.

PATRIMOINE | Tunisie

Zaghouan, un pas vers le tourisme

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Le Temple des Eaux, lieu de visite apprécié par les touristes.

Le mausolée de Sidi Tayaa est l’un des nombreux mausolées à Zaghouan. Sa vocation est religieuse et résidentielle (pour les orphelins ou veuves). Il est isolé au cœur de la montagne et se situe en hauteur par rapport au centre-ville. L’association de la montagne au mausolée offre à l’observateur une forme de simplicité et de sobriété qui se lit depuis l’extérieur et qui est visible même de loin.

Implantation du mausolée, en pleine montagne. La coupole de Sidi Tayaa, quant à elle, abrite le tombeau de feu portant des gravures magnifiques. De formes géométriques variées et marquée par l’usage de la brique, elle représente la finesse d’un art architectural tunisien authentique dans sa plus grande splendeur. Elle représente ainsi un style traditionnel symbolisant la richesse du patrimoine andalou, très répandu à travers l’usage de la peinture planche à chaux et des tuiles vertes.

Le mausolée (dit «Wlli») est édifié comme témoin de l’architecture religieuse Zaghouanienne, par ses lignes simples et pures et sa fonctionnalité à l’image de la contemporanéité. Par ailleurs, il se caractérise par des choix architecturaux qui affichent qui s’inspirent des proportions, des formes et des détails de l’architecture andalouse de la région. Ainsi, les pierres sculptées sont des matériaux préparés à l’atelier de l’artisan puis utilisés pour la construction de la coupole. Une technique de construction s’est basée sur la superposition de ces pierres qui sont autoportantes. Cela reflète aussi le progrès réalisé dans l’art architectural et l’ornement.

La décoration intérieure sous la coupole de Sidi Tayaa se définit par des arcades successives du hall d’entrée orné de briques traditionnelles, offrant une ambiance chaleureuse et accueillante. On peut ainsi admirer le détail d’arc en plein cintre sans pilier, sans chapiteau ainsi que des frises simples, uniquement réalisés avec des briques artisanales et l’utilisation de la peinture à chaux. C’est ainsi que ce décor intérieur reflète notamment, la richesse de l’aspect architectural arabo-mauresque qui caractérise la ville.

L’espace a le mérite d’offrir une image pure et traditionnelle de l’architecture qui peut s’intégrer par sa simplicité et sa fonctionnalité dans le contexte de Zaghouan.La construction avec des formes architecturales diverses telles que les arcades, les niches et les coupoles, ainsi que l’usage des briques traditionnelles, reflètent le « Dialogue entre artisan et constructeur ».

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PATRIMOINE

L’essor culturel à travers les mausolées réussira-t-il ?

Malgré cette richesse architecturale du patrimoine local, matériel comme immatériel, les orientations touristiques restent encore limitées. En effet, ce genre d’édifices est relativement négligé et encore peu connu du grand public, si ce n’est par l’organisation de quelques circuits touristiques.

Tout un travail en amont semble donc nécessaire au niveau des mentalités et des habitudes pour que la valorisation de ce patrimoine entre dans les pratiques touristiques de manière réelle et profonde.

Encore aujourd’hui, cela n’est que superficiel, mais l’espoir est possible grâce à la volonté de certains qui y croient et veulent mettre en valeur ce patrimoine auprès du public.

Senda BEN BOUHENI

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THINK RENEWABLE

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PATRIMOINE | Burkina-Faso

La renaissance du cinéma Guimbi est un projet réellement emblématique. Il s’inscrit dans un pays, le Burkina, où la pratique du cinéma est toujours en vogue et très ancrée chez les populations. Le célèbre Fepasco – Festival panafricain du cinéma d’Ouagadougou – est l’événement majeur du cinéma sur le continent. Compte tenu de la situation des salles de cinéma en Afrique, cette initiative fait réellement figure de projet pilote, qui, s’il réussit, peut essaimer ailleurs sur le continent.

Monté par une équipe de cinéastes suisses et burkinabés de l’Association de Soutien au Cinéma du Burkina-Faso (ASCBF), associés à l’architecte français Jean-Marc Lalo, ce projet se compose de deux salles de cinéma, d’une salle de conférences et d’un restaurant. Équipé des dernières techniques audiovisuelles, ce bâtiment restituera sa place au cinéma dans ce pays, auprès des cinéastes et des amateurs.

Une utilisation contemporaine des matériaux locaux

Le principe architectural est un assemblage de volumes, avec des toitures-jardins, la terre apportant naturellement l’isolation nécessaire aux salles. Le tout sera recouvert d’une résille constituée par un ferraillage en fers à béton, appliquée sur une charpente donnant le gabarit général.

Cette résille apporte de l’ombre et une géométrie générale évoquant des architectures traditionnelles. Élément important de l’expression architecturale, le toit illustre le retour d’une activité culturelle au pays, et propose un référent urbain dans le quadrillage des rues de ce secteur de la ville. A terme, les plantations franchiront, s’accrocheront sur cette résille, dont

La renaissance du cinéma Guimbi à Bobo-DioulassoLe cinéma Guimbi, c’est la renaissance d’un cinéma mythique de Bobo Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso. Construit sur le site d’une ancienne salle en plein air, ce nouveau lieu public accueillera 2 salles de projection et une salle de conférences. Une des salles accueillera une scène pour des concerts et danse.

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Le site, état existant

Plan niveau RDC - Phase APS

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PATRIMOINE PATRIMOINE

le matériau est laissé brut, de manière à s’oxyder avec le temps, et rejoindre ces tonalités de la territe locale. Les murs de façade seront réalisés en pisé, en utilisant cette territe. Murs poids, structure métal, ventelles en façades pignon, contrasteront dans ces deux volumes levés vers le sud.

Plus qu’un cinéma, un véritable lieu de vie

En somme, l’objectif de Guimbi est d’être bien plus qu’une salle de cinéma. Il s’agit de créer un lieu de vie urbain. Un lieu d’échanges, de rencontres, de formation, de divertissement, qui pourra ainsi revêtir d’autres usages. Les différentes salles pourront aussi être utilisées pour des conférences, des présentations, des débats... Une salle polyvalente au dernier étage permet, là aussi, une infinité d’usages. Des passerelles se créent ainsi vers l’audiovisuel, vers les autres arts, vers l’enseignement. Le restaurant permettra également, d’accentuer le rôle social du Guimbi dans la ville.

C’est ainsi que le cinéma reprendra, naturellement, sa place d’actualité du monde urbain, en redevenant un lieu de médiation populaire, comme autrefois où des spots d’actualités y étaient projetés en ouverture. Aujourd’hui a l’ère des duplex, des projections en live des d’événements gigantesques, en réel ou sur le web, imaginez des conférences retransmises comme avec TED ou les Moocs des grandes universités, imaginez des salles connectées entre elles. Ce sera une alternative formidable à l’écran pré-programmé de la TV, condamné a rester cadré et consensuel avec la politique de l’audimat

maximum, avec des cibles de plus en plus précises. Le cinéma s’adressera donc précisément aux gens qui bougent, qui recherchent l’échange, qui aiment vivre en société, et bien heureusement, ils sont nombreux.

C’est de cette façon que le Guimbi tente de répondre au devenir des cinémas. D’un point de vue technique, il offrira des équipements de projections numériques paramétrables et permettra ainsi des retransmissions en direct, des interactions avec le public, et des événements artistiques numériques.

Une recherche de fonds originale

Ce projet est aussi particulier du point de vue de son financement. Il est participatif : chacun peut aider le projet, financièrement ou en faisant des dons de matériel. Il fédère ainsi de nombreux acteurs du monde du cinéma international, mais aussi au delà. Toute un chacun peut faire un don ou aider le projet, de diverses manières. L’association propose par exemple d’acheter un siège du futur cinéma et de le dédicacer, pour 300 €.En somme, une levée de fonds originale qui repose sur une grande chaîne de solidarité internationale, institutionnelle et privée et qui se poursuit actuellement. Si vous aimez le projet, alors vous aussi, vous pouvez y contribuer. Et puis, donnons-nous rendez-vous courant 2016 pour se faire une toile à Guimbi !

Maître d’ouvrage : Association de soutien du cinéma au Burkina-FasoMaître d’oeuvre : Atelier d’architecture LaloSurface SHON : 1 430 m²Livraison : Printemps 2016Coût prévisionnel : 1,8 M €

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Bonjour Berni, vous êtes réalisateur-producteur, installé à Bobo-Dioulasso et responsable de l’ASCBF. Pouvez-vous nous expliquer le rôle de votre association et la génèse du projet ?

Vivant à Bobo, une ville sans salle de cinéma, est née l’idée de ce projet, avec Sally Sankara. Dans une grande ville comme Bobo, capitale culturelle du Burkina et deuxième ville du pays, nous pensons qu’il est inadmissible qu’il n’y ait plus aucune salle de cinéma. Ce projet est donc né il y a 2 ans environ. A partir de là nous avons mis en place une stratégie de mobilisation, de sensibilisation. Nous avons monté un plaidoyer pour mobiliser autour de nous un réseau de solidarité, pour que renaisse une salle de cinéma à Bobo. On a d’abord fait un état des lieux, puisque Bobo était une ville de cinéma. C’était une ville qui comptait plusieurs salles du temps des colonies, et ensuite jusque dans les années 80. Pour des raisons diverses et variées, les salles ont fermé comme dans beaucoup d’autres pays, suite à la liquidation de la Société Nationale de Distribution. C’est alors que ces anciens cinémas ont été vendus et ont donné place à des commerces, des églises, ou ont eu d’autres usages.

Pouvez-vous nous raconter brièvement l’histoire de Guimbi ?

L’unique salle de cinéma sur laquelle rien n’avait été reconstruit et qui était toujours en ruine, c’était le ciné Guimbi. Ouverte en 1956, c’était la première salle de cinéma en plein air située à côté du centre ville, et non réservée aux Blancs. Il a d’abord été baptisé « Le Rio », puis s’est appelé Guimbi du nom d’une princesse très connue de Bobo : Guimbi Ouattara, qui avait vécu et défendu la ville.

La salle a fermé en 2005. Les problèmes des salles de cinéma en Afrique ont débuté autour de 1997-99, lorsque des réajustements de la bourse mondiale ont amené à se débarrasser d’entreprises non-rentables, et à faire disparaître les salles de cinéma. Et c’est à cette même période ont déferlé les CD, les DVD, la télévision...

C’était l’unique salle qui appartenait à un privé, ce qui explique aussi pourquoi elle n’a pas été liquidée avec les autres salles, propriétés de l’État. Le site était pourtant en vente, avec un prix relativement élevé. On a contacté les propriétaires, on leur a expliqué notre projet, et nous avons réussi à les convaincre malgré la forte pression sur le terrain. En décembre 2013, on a pu signer les documents et l’association de soutien du cinéma au Burkina-Faso, créée à la faveur du projet, a acquis officiellement le terrain.

Comment avez-vous découvert ce lieu et la prise de conscience qu’il serait pertinent ?

Tout simplement, quand est née cette idée avec Sally et moi, en rêvant un petit peu, on s’est mis à regarder où l’on pouvait faire cette salle de ciné. L’idéal était justement de l’installer sur une ancienne salle, parce que symboliquement c’est très fort, c’est presque un lieu sacré du 7eme art. On cherchait aussi un endroit bien placé, parce que 1400 m² en plein centre-ville de Bobo, aujourd’hui ça ne se trouve plus. Et construire une salle en périphérie, ce n’était évidemment plus la même chose. On a eu de la chance puisqu’on a trouvé ce terrain quasiment nu, en ruine. Il n’y avait plus de sièges, il n’en restait que l’écran, encore fièrement installé. La salle était restée en ruine durant ces années en attendant un acquéreur.

De quelle façon est né ce projet de réhabilitation du cinéma ? Quels en sont, pour vous, les objectifs ?

Le terrain fait 1400 m², situé en plein centre-ville, à 300 mètres de la mairie centrale de Bobo. Au cœur d’un quartier populaire, qui vit jour et nuit. Le projet comprend une petite salle de 156 places et une grande de 324 places, avec également un café, restaurant, maquis. Il y aura également une salle polyvalente dite « masterclass », qui peut accueillir 150 personnes. L’objectif c’est donc de faire bien plus qu’une salle de cinéma : créer un lieu de vie, d’échange, de formation, où l’on pourra organiser des festivals, des réunions... Tout en conservant l’audiovisuel au centre, avec une

Pour mieux comprendre l’émergence de ce projet, AFRIKArchi a posé quelques questions à Berni Goldblat, président de l’Association de Soutien du Cinéma au Burkina-Faso, qui porte ce projet de renaissance du cinéma Guimbi.

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PATRIMOINE

possibilité de location de salle à l’étage. On répond vraiment à un certain besoin dans la ville, car il n’y a pas un lieu pareil.Aussi, on voudrait vraiment développer une programmation variée. Pouvoir proposer des films en matinée pour les enfants, des films pour des femmes qui n’ont pas forcément la possibilité d’aller voir un film à 21h, par exemple. Donc tout cela a du sens.L’idée est vraiment de proposer un projet de qualité, avec des salles aux normes de sécurité, avec des technologies modernes de projection. On est en 2014 ! Ce n’est pas parce qu’on est en Afrique qu’on va lésiner là dessus !

Comment avez-vous rencontré l’architecte, Jean-Marc Lalo ?

On a rencontré Jean-Marc Lalo en mai 2013 à Cannes. On avait prévu une présentation du projet, invités par la Quinzaine des réalisateurs et l’ACID (NDLR : Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). Nous n’avions pas d’architecte et on était en train de prospecter. Et suite à une conférence de Europa Cinémas, le directeur avec qui j’avais échangé, m’a fait rencontrer M. Lalo, et là le courant est passé. Il a tout de suite saisi l’idée du projet, ça l’a branché, et quelques mois plus tard il est venu à Bobo passer quelques jours et rencontrer l’équipe. Une amitié est née entre nous. Depuis, on réfléchit ensemble au projet, il nous propose des choses, on avance. Au mois de juillet, il est revenu à Bobo, et on a lancé la plateforme du chantier de la petite salle...

Donc l’une des idées fortes c’est aussi de réintroduire cette culture cinématographique auprès de la population ?

Oui exactement, mais au final cette culture n’a pas disparu, elle est toujours là parce que les gens aiment toujours le cinéma, au point que quand certains films

sortent ils sont obligés de louer des salles, de louer du matériel... A Ouagadougou, il y a 9 salles de cinéma qui fonctionnent au quotidien, dans d’autres villes au Burkina aussi. Bobo est un peu une exception malheureuse. Contrairement à d’autres pays africains, la culture d’aller voir un cinéma en salle au Burkina n’a pas disparu. Et c’est aussi ça qui nous donne beaucoup de courage et d’espoir. On ne va pas réintroduire une habitude perdue depuis des années, pas du tout, au contraire. Aujourd’hui il y a plein de films qui sortent au Burkina, des films populaires, avec des budgets moyens, modestes, et qui plaisent beaucoup à la population. Des films dont les bandes annonces passent sur la chaîne nationale, et qui font salle comble à Ouagadougou et ailleurs, donc pourquoi pas à Bobo. Ça manque énormément... Voilà le moteur de l’histoire.

Et puis en filigrane, se dessine aussi la création d’un réseau de salles indépendantes en Afrique. On voit que ce genre d’initiative apparaît aussi au Ghana, au Maroc, au Sénégal, à Madagascar... Ce ne sont pas les mêmes instigateurs mais la finalité est similaire. L’idée c’est donc de pouvoir créer un réseau, pour travailler avec des distributeurs en Europe, réfléchir à l’exploitation future et proposer des films variés et à prix moindre. Ça montre aussi que l’on n’est pas un projet unique, seul, exceptionnel. Il y a une certaine nécessité d’ouvrir des salles en Afrique francophone, que l’on ressent de plus en plus.

Le cinéma pourra également travailler avec les télévisions, il sera un plateau de TV potentiel pour les chaînes de Bobo, on travaillera ensemble et non pas l’un contre l’autre. Il y aura aussi tout un volet sur la formation, l’éducation à l’image notamment pour les enfants de Bobo, ce qui est aussi très important. Donc ce sera aussi un lieu de création et d’inspiration. Au delà de la viabilité commerciale, il porte un objectif social et culturel de développement qui est évident.

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Plan niveau R+2 - Phase APS

Ce projet mélange donc des objectifs sociaux, culturels, éducatifs, économiques... L’objectif au final n’est-t-il pas d’en faire un lieu central dans la ville ?Oui, exactement. Avec des technologies modernes, une programmation populaire, et surtout accessible à la population. On ne crée pas un lieu pour une classe supérieure à des prix très élevés, au contraire. L’objectif est de proposer des films de qualité mais à des prix accessibles, c’est très important. Tout le long de la démarche, même dans la façon de lever des fonds, est celle-ci. On a pour 300 € la possibilité d’aider le projet en achetant un siège et en lui donnant le nom que l’on souhaite. On reste dans une démarche populaire, simple et appropriable par tous. C’est vraiment le cinéma indépendant qui essaie de se battre avec ses moyens. On travaille aussi avec l’appui des autorités du Burkina notamment le ministère de la Culture, le FESPACO, la mairie... Ce sera un lieu de projection et ça servira donc

également à leurs activités. Cela relève d’une nécessité, les autorités l’ont bien compris et suivent le projet de près.

On sent que ce projet fédère de nombreux acteurs, quels en sont les partenaires ?

On a eu des soutiens d’argent public de la Suisse et de la Belgique, nous sommes également en négociation avec le secteur privé au Burkina. On bénéficie également d’un réseau de festivals de film qui permet de faire du bruit autour du projet : tels que la quinzaine des réalisateurs, le festival de Cannes, le festival des cinémas d’Afrique de Lausanne, le FESPACO au Burkina... Ils nous permettent de porter loin la voix du projet. La base de notre démarche, les fondations, sont le milieu du 7eme art auquel on appartient et qui sont convaincus de l’importance de ce projet. Même si par ailleurs on

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PATRIMOINE

entend souvent qu’il y a des tas d’autres problèmes en Afrique, on touche ici à la culture, et c’est l’identité d’un peuple. C’est aussi ce qui contribue à son développement, donc c’est fondamental.

Désormais comment envisagez-vous la suite, jusqu’à la construction, et à partir de quand pourrons-nous profiter de cette salle ?

C’est une très bonne question... Stratégiquement, on a opté pour commencer la construction de la petite salle, petit à petit. Pour que les fonds que l’on a déjà soient utiles et visibles plus vite. On va donc commencer les fondations de la petite salle, puis la monter. Et elle pourra déjà fonctionner puisqu’il y aura également le café-restaurant et les bureaux. De cette manière, l’on sait que l’argent envoyé sur le projet se transforme directement en concret. Ça permettra de montrer que les choses ont commencé. De toute façon, on a toujours travaillé par échelons.Et pour le reste, on est convaincus qu’on pourra aller jusqu’au bout et l’objectif d’ouverture complète qu’on s’était fixés est fin 2015. Après, l’argent est le nerf de la guerre... et c’est ce qui déterminera la rapidité d’ouverture.

Et si l’on a envie de soutenir ce projet ambitieux, de quelle façon peut-t-on vous aider ?

Nous avons un site internet sur lequel on explique le projet, les objectifs, les partenaires... Il est possible de nous aider financièrement : nous disposons d’un compte en banque au Burkina et aussi en Suisse. On présente aussi une liste de matériel de cinéma, que l’on recherche. Il est également possible, en plus des dons, d’acheter des sièges numérotés, d’offrir des équipements... par exemple, un camion-benne pour le chantier, ou encore des projecteurs... Il y a toutes sortes de manières d’aider ! C’est vraiment illimité et toute aide nous est précieuse. Le moindre euro, franc CFA ou dollar sera utile au projet. Nous avons une page Facebook, Twitter et bientôt un compte PayPal sera mis en ligne. Nous sommes très présents sur internet. Donc n’hésitez pas à nous contacter. Nous voulons construire un projet qui rassemble, et qui a vocation à être là pour longtemps. Le Ciné Guimbi s’il est construit, sera là pour 80 ans voire plus. C’est important pour la ville, c’est important pour le pays, et aussi une source d’inspiration pour d’autres initiatives. Pour une Afrique qui bouge, une Afrique positive. L’Afrique a tellement à donner au monde, qu’il est désormais temps de le montrer.

Propos recueillis par Khader BERREKLA

Comment soutenir le projet du ciné Guimbi ?

Si vous aussi, vous souhaitez contribuer et aider ce projet de renaissance du cinéma à Bobo-Dioulasso ? C’est très simple !

> Faire un don (pécunier ou matériel)http://www.cineguimbi.org > Support

> Acheter un siège personnalisablehttp://www.cineguimbi.org > Support

> Contacter l’associationSite web : www.cineguimbi.orgFacebook : «Ciné Guimbi» www.facebook.com/cine.guimbiTwitter : www.twitter.com/CineGuimbi

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URBANISME & VRD | Côte d’Ivoire

Cet intense épisode pluvieux a provoqué des dommages, tout aussi bien matériels qu’en terme

de pertes humaines. Les communes les plus touchées ont été Abobo, Attécoubé et Cocody au nord d’Abidjan.

C’est ainsi que 39 personnes qui ont péri dans les inondations et glissements de terrain liés aux fortes pluies qui s’abattent sur la Côte d’Ivoire, selon un bilan annoncé de source officielle. Des bâtiments R+4 se sont effondrés, des routes et des ponts ont été coupés par des eaux de ruissellement.

Les quartiers précaires sont les plus touchés

Les victimes sont essentiellement des habitants des quartiers précaires, pauvres en infrastructures et vivant sur des escarpements des collines instables en cas de fortes pluies.

A l’intérieur du pays, cinq personnes ont péri dans des inondations qui ont frappé des villages de la ville Grand Lahou, située à une centaine de kilomètres de la capitale économique ivoirienne.

Cette ville est le lieu de confluence d’une lagune, d’un fleuve (le Bandama) et de la mer (le golfe de Guinée).Aussi, la ville de San-Pédro, qui abrite le 2e port du pays, est coupée du reste du monde. Cet enclavement est dû à l’endommagement de la route internationale dénommée «la Côtière» qui relie la Côte d’Ivoire au Nigéria en passant par le Ghana, le Togo et le Bénin. Il faut dire que les pluies causent chaque année ou presque des pertes en vie humaine à Abidjan. En juin 2009, ce sont 21 personnes décédées qui y ont été enregistrées. Et en 2008, il a été enregistré 7 décès pour 11 en 2011.

Face à cette situation, le Ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme et l’ONPC (Office National de la Protection Civile) ont déployé le plan Orsec (Organisation des Secours en cas de catastrophes naturelles : inondations, feux de brousse, etc.) depuis le 10 juillet 2014. Des maisons implantées sur des sites à risques ont été détruites, les populations dédommagées et des sites de recasement prévus.

Yao Roland KOUASSI

Les pluies diluviennes en Côte-d’IvoireEtat des lieux, après l’orageJuin et juillet 2014 : Abidjan est sous les eaux. Les grosses pluies qui s’abattent sur la capitale économique du pays ont causé d’énormes dégâts aux populations.

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URBANISME & VRD | Mozambique

La première décennie de ce 21ème siècle atteste la fréquence de catastrophes naturelles dans une

dimension espace-temps exponentielle.L’année 2010, charnière et spectaculaire par la fréquence et l’intensité des phénomènes dits « naturels », confirme la réalisation sans frontière d’effets cumulés et inattendus. La deuxième décennie du 21ème siècle, quant à elle, semble annoncer des événements bien plus prégnants, humainement inconcevables et scientifiquement imprévisibles.

Les territoires insulaires, plus vulnérables que les territoires continentaux, sont généralement exposés à plus de cinq aléas naturels. A cette caractéristique s’ajoutent les aléas technologiques et sanitaires attribuant la maxime «petites îles, grands problèmes» au monde insulaire.

Au regard de leurs superficies, les petits territoires insulaires (superficies inférieures à 500km²) sont les premiers à devoir éprouver leurs résilience sociale,

urbaine et environnementale face aux risques naturels classiques (séisme, volcan, inondation....); les tous premiers étant les territoires micro-insulaires (superficies inférieures à 50km²) en tant qu’indicateurs des réalisations des risques émergents (risque littoral, submersion, tsunami...) à travers les migrations climatiques subies par leurs populations.Ainsi pour les typologies insulaires du canal de Mozambique (Madagascar, l’archipel des Comores, l’archipel de Bazaruto et les Iles Eparses), l’aménagement du territoire nécessite d‘être appréhendé au sens le plus large dans sa dimension environnementale.

“Petites Îles, grands problèmes“La plaque tectonique africaine est composée de deux plaques secondaires : la plaque nubienne et la plaque somalienne qui se séparent progressivement de près d‘un centimètre par an. Cette instabilité tectonique engendre une activité sismique importante sur le continent africain où 38% des séismes mondiaux se

Canal du Mozambique :Une résilience urbaine possible ?

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sont produits sur une période de référence de 1900 à 1942. Le canal de Mozambique, situé sur la microplaque somalienne, est traversé par la Ride de Davie de la région Sud et Sud-Est de Madagascar à la Tanzanie. Sa sismicité, d’une magnitude comprise entre 5,0 et 7,0 + sur l‘échelle de Richter3, enregistre le séisme du 22 février 2006 survenu dans la région de Manica au Mozambique, de magnitude M = 7,0 avec un épicentre situé à plus de 150km de la côte, et le séisme du 13 décembre 1910 à Rukwa (ou Kasanga) au sud de la Tanzanie, observé comme le plus fort du continent africain d‘une magnitude M = 7,4 sur l‘échelle de Richter.

L’archipel des Comores, Anjouan (Nzwani, Ndzouani), La Grande Comore (Njazidja, N’gazidja), Mayotte (Maoré) et Mohéli (Mwali), présente quatre îles de genèse et d’activité volcanique diverses dont le volcan Karthala de La Grande Comore demeure l’un des volcans actifs le plus surveillé au monde. Cependant, ses éruptions sont moins meurtrières que les cyclones tropicaux.

Au vu de l‘aléa cyclonique, le canal de Mozambique correspond à la fin de parcours des cyclones; mais sa frange littorale n’est pas pour autant protégée par Madagascar, l‘île continent, puisque les cyclones qui s‘y produisent peuvent induire des aléas redoutables.

L’instance internationale du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) classe l’archipel des Comores parmi les dix premières régions

vulnérables aux cyclones. Et le Groupe d‘Experts Intergouvernemental sur l‘Evolution du Climat (GIEC) reconnaît le rallongement de la saison cyclonique qui était de cinq mois dans le canal de Mozambique et qui, à présent, débute deux mois avant et se prolonge d’un mois après la saison habituelle. En ce 21ème siècle, la saison cyclonique du canal de Mozambique s‘étend donc sur huit mois et confirme le caractère durable de la probabilité d’occurrence de cet aléa.

Au large du littoral de la province d’Inhambane (Mozambique), la population de l’archipel micro-insulaire de Bazaruto se répartit majoritairement sur les îles Bazaruto et Benguerra et les îles Magaruque et Sala qui totalisent près de 200 habitants. En dix ans, une grande partie de la population a déserté l’archipel et la population âgée de plus de 70 ans ayant fait le choix de rester sur place, a déjà connu cinq migrations climatiques en raison d’une submersion lente. Paradoxalement dans ces îles mozambicaines, le tourisme destiné à une clientèle huppée sud-africaine s’y développe.

Remarquablement visible au Mozambique et à Mayotte, l’île Hippocampe, où le remblaiement des mangroves exprime la priorité donnée à l’extension urbaine; excepté qu’à ce jour, ces zones remblayées sont régulièrement impactées par des inondations. La fonction de la mangrove qui résiste à l’érosion et permet l’extension naturelle des côtes tropicales par le phénomène de sédimentation, a été hypothéquée pour des

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Sismicité du canal de Mozambique et localisation des ZEE françaises

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URBANISME & VRD

raisons économiques et a favorisé l’érosion des littoraux exposés aux cyclones et à la montée des eaux océanes.

Aujourd’hui, le remblaiement des mangroves a accentué le phénomène du risque littoral qui oblige les acteurs de l’aménagement à réfléchir, à présent, au repli progressif de l’urbanisation des littoraux vers l’intérieur des terres.

Comment imaginer ce repli progressif de l’urbanisation

sur un petit territoire insulaire sans le spectre d’une migration

climatique programmée ?

Les événements extrêmes récents révèlent que la notion de probabilité d’occurrence devrait éveiller les consciences : ces évènements multialéas ne sont plus de l’ordre du cas particulier négligeable car exceptionnel mais devraient représenter des scenarii de référence pour une gouvernance soutenable et responsable.

De nos jours, la tendance est à l’effet cumulatif de mécanismes induits aux scenarii improbables qui frappent souvent les territoires insulaires et génèrent des effets exponentiels qui se traduisent par des villes côtières englouties et des déplacements massifs de populations sinistrées. Cette évolution des phénomènes à effet domino ne peut plus être ignorée, les exemples probants du tsunami (Indonésie) en 2004, du volcan Eyjafjallajökull (Island) en 2010, de l‘épidémie du choléra et de l‘ouragan Sandy qui ont suivi le séisme de Haïti de 2010 à 2012, de Fukushima (Japon) en 2011 et les super-typhons Haiyan (2013) et Lingling (2014) aux Philippines ne peuvent que confirmer cette tendance d’un enchaînement récurrent de risques majeurs durables.

Pour les acteurs de l‘aménagement, il devient urgent de concevoir l’agrégation des risques majeurs durables et de l‘inscrire dans l‘élaboration des schémas directeurs insulaires en tant que composante fondamentale. En s’imposant donc dans les domaines du social, de la géographie, de l’économie, de la construction et de l’environnement, la cindynique (science du danger) serait considérée non plus comme une thématique singulière car anxiogène. Elle émergerait en discipline capable d’exposer et de rendre acceptable l’agrégation des risques majeurs en tant que normalité contemporaine environnementale qui permet d’appréhender les interactions extensives du développement durable insulaire.

Risques majeurs et développement durable insulaire

« If there could be such a thing as sustainable development, disasters would represent a major threat to it, or a sign of its failure.”(Hewitt, 1995, p155)

Le développement durable admet difficilement l’agrégation des risques majeurs des territoires insulaires et inclut rarement la cindynique dans son processus régi par une logique économique attractive et compétitive mondialisée. Toutefois, lorsque l’évaluation des risques est effectuée à l’initiative des pouvoirs publics, celle-ci est motivée par la vulnérabilité économique générée par le risque financier pour un développement urbain maîtrisé, sans la concertation des citoyens.Par conséquent, la gouvernance économique semble placer la vulnérabilité sociale et le risque environnemental au second plan au point de se déresponsabiliser à travers une orchestration de Fondations, d’Organisations Non Gouvernementales (ONG) et d’Associations qui sollicitent l’élan participatif et solidaire des citoyens lorsque la catastrophe se présente.

Les enjeux économiques prévalent sur les enjeux socio-environnementaux. Si bien que déconcertée par les événements extrêmes et l’impact d’une crise climatique sur l’économie, cette gouvernance semble reléguer durablement la complexité de la cindynique au domaine de la science pour s’accommoder d’une réponse apportée à la catastrophe plutôt que d’investir, avec des mesures de soutien mondiales, dans une gestion de qualité et un vaste processus de prise en compte des risques durables.

La dissimilation entre le développement durable et le développement soutenable s’établit alors selon les priorités : le premier relevant d’enjeux économiques régentés par les industriels face aux risques financiers et le second se basant sur la sauvegarde d’établissements humains face aux risques environnementaux ; soient deux logiques de développement urbain aux enjeux divergents destinées à des bénéficiaires distincts.

Et pourtant, cette dissimilation est lourde de conséquences. La prééminence de la rentabilité économique du développement urbain participe à la préparation des futurs dommages résultant des catastrophes naturelles ; puisque les catastrophes ont une incidence sur l’urbanisme et inversement, l’urbanisme ne demeure pas neutre dans la réalisation des catastrophes.

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A titre d’exemple, la zone économique exclusive (ZEE) des Îles Éparses (Juan de Nova, Bassas de India et Europa) permettrait à la France d’envisager des projets pétroliers et gaziers aux enjeux économiques mondiaux. Néanmoins, les prospections d’hydrocarbures liquides ou gazeux du sous-sol marin représentent des actions anthropiques polluantes. De même que le long de la Ride de Davie, la prospection sismique des géologues de compagnies pétrolières constitue une menace pour la faune marine.

Quant à la géologie économique des Comores, le rapport iranien7 confirme l’existence de ressources minérales importantes dont l’exploitation développerait l’économie de l’Union des Comores et enrayerait le phénomène du kwassa kwassa8. Mais ce fort potentiel d’exploitations minières multi sites est le garant d’un accroissement des vulnérabilités de l’Archipel qui pourraient s’étendre bien au-delà de la région du canal de Mozambique.La corrélation entre l’urbanisme minier et la réalisation des catastrophes naturelles est manifeste, a fortiori lorsqu’il est reconnu que tous les séismes de l’Afrique du Sud ont pour origine les activités minières implantées à proximité des foyers sismiques .

De ce fait, le canal de Mozambique est un axe géopolitique stratégique au potentiel exceptionnel et aux contraintes spécifiques fortes qui fait émerger la prospective d’une gestion soutenable des risques durables pour un urbanisme insulaire résilient.

Or aujourd’hui, la gestion des risques majeurs se concentre essentiellement sur un cadre analytique « platonique » où seul le risque unique se réalise. Par cette approche simplifiée, elle décompose l’agrégation de risques majeurs en se focalisant sur l’événement à l’origine des effets associés, sans considérer ces derniers. Cette simplification de la gestion des risques habitue la conscience collective à la réalisation du risque

unique et induit une dissolution de l’information pour finalement, réduire l’impact durable de l’agrégation des risques majeurs. Cette méthode ordinaire n’est pas adaptée au monde insulaire pour évaluer ses événements extraordinaires qui positionne la tendance contemporaine à un seuil d’acceptabilité sociale exceptionnel.

Et pourtant, la normalité contemporaine environnementale de l’agrégation des risques majeurs pourrait conditionner les pratiques, les choix et les décisions d’aménagements durables en réponse à une résilience urbaine insulaire. Mais pour contribuer à la mitigation des événements exceptionnels de ce 21ème siècle, l’approche multialéas suppose un certain degré d’acceptabilité d’une exposition aux risques durables. La complexité de l’intégration des risques majeurs dans le développement durable insulaire n’exclut en rien une vigilance rigoureuse dans les processus de mitigation à travers les enjeux des projets économiques cités en exemple. La volonté de trouver un équilibre entre une économie attractive et compétitive et le maintien des établissements humains des petits territoires insulaires requiert un partage pluridisciplinaire et extensif des données et des connaissances afin de définir les dommages acceptables et acceptés pour la sécurité de tous.

Cela pose ainsi pour conditions l’acceptabilité et la reconnaissance des risques durables dans les choix et les décisions de l’aménagement urbain. Celle-ci viseraient, en priorité, à ne pas réduire le seuil actuel des résiliences urbaines et sociales et à éviter les bouleversements socio-économiques liés à une migration climatique forcée et programmée des petits territoires insulaires du canal de Mozambique.

Noro RAVOAVAHY

Séismes tectoniques dans l’océan Indien au 21ème siècle

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URBANISME & VRD | Ethiopie

The modern city was founded in 1887 at the site of a hot springs by Emperor Menelik II and given the name

Addis Ababa, Amharic for “new flower.” It became the national capital in 1889. The city’s somewhat haphazard and unplanned growth was spurred by the completion in 1917 of the railroad to Djibouti. It is now the seat of the African union, capital city of Africa as well.

At this time there is an incredible boom of construction of buildings in Addis Ababa for redevelopment and beside roads for connecting the different regions to give an advanced benefit of city structures with an integration of a new rail way system. It is being constructed by demolishing the existing road system to connect the East and West side of Addis and the north and south side of Addis via demolishing houses and buildings located with 7 meter offset to be demolished from the existing road for an expansion. And it is planned to be finished within 3 years in which currently the construction is heading very fast forward. This could be analyzed in two ways.

First, it has an advantage of increasing people’s movement in the city. Where else in the second point, it is creating a segregation of areas where people and cars could not pass from one side to another. But in the other side, the fact that the leveled up high train system leaves the openness at the main surface area giving a grace and good urban fabric for the city, while in the big market

“Mercato” it goes on the ground surface blocking the permeability of the site from one side to the other side. Currently, it is now creating a mess in the car traffic system since it distracts the major routes during the construction period.

The long term developmental urban planning is being now implemented and based on this the construction of buildings is very amazingly being built in a fast period through demolishing the existing low class areas where it is called ‘Kebele Houses’ and even some G+4/5 height buildings are being demolished. This is mainly involved in the central city of Addis Ababa with a construction of buildings ranging from G+5-40 for mixed use, apartment, and offices, while on the border of the city housing is very highly dominating the area.

In all an average of 15-20 building is being built and finished every year which gives a glue how Addis Ababa is running fast with the construction and is very dangerous in the future because of the quality and need of infrastructures likes sanitary lines and drainage systems. To conclude Addis is now being built again with a high speed and there is a bold intervention of rail way system inside the city which completely changes the character of the city and it will be seen in the future the effects that it has and the value that will add.

Yohannes AKNAW

Rapid urbanization in Addis Ababa

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URBANISME & VRD

Les grosses agglomérations d’alors, les plus accessibles, furent celles qui possédaient des façades maritimes.

Celles-ci étaient bâties sur des hauteurs, des collines ou des plateaux, postures stratégiques pour voir l’ennemi venir de loin. L’île de Gorée au Sénégal, en est une illustration.

Dès la fin de la seconde guerre mondiale (1939-1945), les agglomérations rurales ont vu leur topographie changer avec l’arrivée des Européens et des anciens combattants. Le quartier des colons, appelé Plateau -construit en damier-, possède des rues rectilignes goudronnées à angles droits et des rues bordées d’arbustes aux troncs chaulés. Des habitations s’adossent les unes contre les autres et s’élancent en hauteur pour mieux dominer. Les Européens ont créé et développé des villes, carrefours de contacts entre colonisateurs et colonisés où ceux-ci ont été utilisés comme des personnages de ménage.

De leurs balcons fleuris, les colons voyaient le quartier indigène prendre forme selon les règles de l’urbanisation occidentale. Quartiers précaires construits avec des matériaux de fortune : terre cuite, bois et vieilles tôles ondulées, des ruelles boueuses ou sablonneuses, situés

sur l’ubac et l’adret du plateau, jusqu’aux versants avec des habitations précaires. Ces faubourgs se voulaient la réplique de quartiers Européens. Ici, des gargotes, des bistrots et des dancings et là, des salons de coiffure, des ateliers de couture et des ateliers de garage.

Une évolution qui débute dans l’entre-deux guerres

Entre les deux guerres mondiales, les relations commerciales se développent entre l’Europe et l’Afrique. L’on assiste à la création de nombreux ponts, gares ferroviaires et routières. Après la guerre, on enregistre une poussée urbaine en Afrique occidentale française, avec les indépendances des anciennes colonies française et anglaise. L’État et les entreprises développent de nouveaux organismes qui attirent dans les villes les populations rurales.

Avec l’indépendance, les villes ouest-africaines se situaient autour des cités habitées par des Européens et des quartiers africains. La distinction entre les deux foyers, entre les deux communautés, est remarquable

L’évolution urbanistique des villes ouest-africainesJadis, moignon des capitales africaines au sud du Sahara qui donna naissance, aux grandes métropoles africaines, le quartier Plateau est un héritage colonial français. On le trouve à Abidjan, à Brazzaville, à Dakar, à Ouagadougou.

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dans la topographie urbaine ainsi que dans l’agencement des maisons et la nature des matériaux de construction.La cité des « blancs » se composait de lotissements à l’intérieur desquels se trouvent des rues orthogonales. Autour du port et de la gare, se greffent les entrepôts, les marchés de produits, des commerces et des administrations. En s’éloignant du port et de la gare, le grand négoce se dégrade progressivement pour aboutir sur des installations de détaillants.

Un impact certain de l’époque coloniale

Par ailleurs, les noms des rues, des places et édifices témoignent du lien colonial. Ce sont le monument aux Morts, la place de la République, la place de l’Indépendance ; ensuite l’école William Ponty, le camp Gallieni, le pont Faidherbe etc.

Cependant, l’on assiste aujourd’hui à l’africanisation des noms de ces différents sites ; ce sont les avenues Blaise Diagne à Dakar et Nangui Abrogoua à Abidjan, par exemple. Quant au quartier indigène, il est très distinct de l’ancien quartier européen, avec un plan grossier semblable à celui de la cité résidentielle. Les maisons sont sommaires et souvent provisoires, les systèmes de voiries et de transport sont presque inexistants. Aussi, leur composition ethnique varie et les populations se regroupent par affinités ethniques, régionales et tribales. Pourtant, aujourd’hui tout tend à se niveler avec l’occidentalisation de nos modes de vie, et à converger vers l’universel, vers un destin commun qui est la cité moderne et modèle où l’on est censés trouver confort et épanouissement.

Roland Yao KOUASSI

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Un reportage « terrain » proposant une vision actuelle sur le Rwanda et du Burundi au travers de la visite de leurs villes et villages, à la rencontre des populations. Thierry Barbaut nous livre sa vision du développement de ces pays, au travers de différents thèmes : croissance, architecture, nouvelles technologies, mais aussi plus largement, sur la vie et les cultures locales.

URBANISME & VRD | Focus

Thierry Barbaut : le Rwanda, modèle de croissance pour l’Afrique centrale ?

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Thierry Barbaut, qui êtes-vous ?

Je suis autodidacte, je gère 3 médias sur l’Afrique : www.Info-afrique.com, www.financeafrique.com et www.afriquetechnologie.com avec pour objectif de promouvoir l’Afrique de manière positive, en mettant en avant les projets, les entreprises et les personnes qui favorisent le développement de ce continent. Je suis également responsable des stratégies Internet et communication de l’Agence Française des Micro Projets, un dispositif d’appui et de financement de micro-projets de solidarité internationale, dont 70% sont réalisés en Afrique.Je suis un passionné de l’Afrique, et je reste un « aventurier » dans l’âme ; je pense que l’aventure est un mot-clef de la vie et que son sens va bien au-delà de sa simple définition. Pour moi, l’aventure c’est rechercher systématiquement comment vivre et voyager hors des sentiers battus et découvrir ce qui se cache derrière les apparences.

Vous étiez au Togo en Janvier et vous revenez du Rwanda et du Burundi !

Effectivement, je voyage toute l’année en Afrique, mais toujours avec l’objectif d’être au contact de la population, donc souvent dans de petites villes ou « en brousse ». Je passe en moyenne la moitié de mon temps dans les petits villages éloignés de tout, afin de bien comprendre les modes de vie, de pouvoir communiquer avec les populations locales et d’en ressentir les besoins. Ce fut le cas au Rwanda et au Burundi, avec à chaque fois des rencontres fabuleuses au cœur des populations rurales.

Thierry, vous intéressez-vous aux architectures « africaines » ?

Je les côtoie au quotidien au travers des micro-projets de l’agence pour laquelle je travaille. Nous apportons

régulièrement un soutien à des projets innovants en rapport avec l’architecture. Ainsi, récemment, nous avons soutenu un projet d’adduction d’eau pour la construction d’un centre culturel au Mali, une œuvre très contemporaine réalisée par des architectes Africains et Français. Un magnifique projet collaboratif et solidaire. J’ai également eu la chance de découvrir l’Architecture en travaillant sur des projets liés aux nouvelles technologies, avec la numérisation de l’œuvre de Le Corbusier par exemple. Le célèbre architecte s’est en effet fréquemment rendu en Afrique, avec des projets qui, dans les années 1930, semblaient scandaleux, mais qui se sont avérés être de grands succès. Il fut le pionnier des « unités d’habitations » à l’image de celle de Marseille ou de Firminy. Pour moi, il a été le seul à comprendre comment construire un habitat social et intelligent. J’ai retrouvé ce type de bâtiment en Afrique justement, et plus particulièrement à Madagascar. J’ai été particulièrement séduit par les « unités d’habitations » construites au nord de l’île à Anstiranana (Diégo-Suarez). Les habitants qui y vivent les plébiscitent. Ces structures sont particulièrement adaptées aux différents climats et spécificités des villes moyennes africaines.

Nous devrions nous aussi en Europe nous inspirer des traditions africaines d’agencement de certaines habitations et de l’utilisation des matériaux. Quand je vois les erreurs que nous faisons, comme l’utilisation inadéquate du verre - qui peut être vecteur de froid comme de grande chaleur s’il est mal exploité, il serait plus judicieux de s’inspirer des matériaux traditionnels. Le bois, la terre bien sûr, mais aussi la pierre, sont les socles des différentes architectures et civilisations. Nous pouvons aussi utiliser intelligemment le béton et l’acier. Une fois encore, il est surprenant de voir comment il est possible en Afrique d’exploiter ces matériaux, coûteux et parfois rares, de manière optimale.

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URBANISME & VRD

Pour donner un autre exemple, je prends souvent celui des toits, chez nous inexploités, alors que les africains les utilisent comme terrasses, comme lieu de stockage, comme lieux de rencontre ou de jardins privatifs.Je travaille pour ma part au développement d’un habitat mêlant innovation et respect des traditions et cultures africaines. Je citerais par exemple l’Association Voute Nubienne, qui permet de construire des habitations solides et confortables uniquement à base de terre crue. L’AVN a déjà 12 ans d’existence, 200 maçons formés, plus de 850 voûtes nubiennes bâties et 9 000 bénéficiaires.

Qu’en est-il au Rwanda et au Burundi dont vous revenez ? Un regard d’abord sur le Rwanda…

Pour le Rwanda et le Burundi ce fut une véritable surprise lors de mon voyage, tant au regard de l’utilisation des matériaux locaux que de l’amélioration consécutive des conditions de vie. Pour commencer, le Rwanda, au-delà des clichés réducteurs qui tendent à assimiler le pays à sa terrible histoire, est un pays en forte croissance, voire en implosion ! Et si, dans de nombreux pays qui se développent, il y a d’ordinaire de nombreux laissés-pour-compte, au Rwanda, je peux vous garantir que la population, même rurale et parfois isolée, tire les bénéfices de ce développement fulgurant : accès routiers, téléphonie mobile, denrées disponibles, développement substantiel de l’accès aux soins et au système éducatif, etc. La liste est longue et tous en bénéficient un minimum. Ainsi par exemple, dans le cas de l’éducation, payante - comme dans la majeure partie de l’Afrique - si une famille ne peut se permettre d’envoyer les enfants à l’école, c’est l’État qui en supportera le coût.

Pour ce qui est de l’architecture, de l’immobilier ou des infrastructures, là aussi nous voyons un pays qui prend

son destin en main. L’État propose ainsi, à tous ceux qui ne disposent pas de logement décent, de leur fournir en premier lieu un toit en « tôle ». Des programmes de construction de maisons « en dur » sont légion, et pas seulement en périphérie de la capitale, mais aussi en pleine brousse à des centaines de kilomètres de là. La population investit avec plaisir ces nouvelles structures, d’autant plus qu’elles sont pensées pour et avec la population, que ce soit au niveau des jardins privatifs comme des matériaux. La fameuse brique rouge de latérite, matériau connu et apprécié des populations, est préconisée. Cela offre par ailleurs la possibilité de créer des emplois.

Au final, la nécessité de « reconstruire » le pays s’avère un atout. Le Rwanda se reconstruit aussi bien moralement que physiquement, dans un élan positif et motivant pour les Rwandais, qui l’évoquent avec fierté.La capitale, Kigali est en effervescence ; les buildings y poussent plus vite qu’ailleurs, mais avec des chantiers maîtrises, protégés, et des investisseurs fiers d’avoir un ancrage en Afrique centrale dans un des pays les plus sûrs au monde. Les bâtiments sont intelligemment répartis entre des habitations plus simples, mais réalisées avec soin et laissant toujours une place importante aux espaces verts. Une ville moderne donc, et connectée. Il n’y a qu’à voir les « bars lounge » où d’aucuns peut surfer sur le net avec un Wifi de qualité, tout en mangeant local ou moderne - selon ses goûts - le tout dans une ambiance unique associant modernité et culture Africaine. Pour clôturer sur le Rwanda, j’ajouterais que le pays est un modèle de propreté. Les sacs plastiques y sont interdits depuis 5 ans et pas un déchet ne traîne, là aussi que ce soit dans la capitale ou dans un village de brousse. J’insiste – rien ne traîne ! Un atout encore pour des populations locales qui, par exemple, pratiquent le compost, ou pour les voyageurs, touristes ou businessmen, qui enfin, n’associent plus Afrique et saleté !

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Après le Rwanda, vous avez ensuite passé la frontière vers le Burundi… Racontez-nous !

Après avoir été à Kigali, je suis parti longer la frontière tanzanienne le long de la réserve de l’Akagera ou de nombreux animaux sont protégés. J’ai ensuite longé les lacs qui forment une partie des sources du Nil puis rejoint le lac Kivu. Région sublime avec vue sur la ville de Goma en RDC et le volcan Niaragongo.Je suis ensuite descendu par les pistes - parmi les pires que je n’ai jamais pratiquées, le long du lac Kivu en direction du Sud. Les pistes sont à flanc de collines, entre les cultures de thé. Elles aboutissent à la ravissante ville de Kibuye. De là, j’ai rejoint Butare pour ensuite partir au Sud vers l’un des passages praticables pour la frontière en direction du Burundi.Le Burundi est, pour ce qui est de sa culture, sa taille et ses paysages, très semblable au Rwanda. Mais la comparaison s’arrête là… Le pays est francophone. S’il a subi le génocide de 1994 de manière moins forte, il s’en est par contre suivi une terrible guerre civile, dont le pays peine à se relever, les dernières milices rebelles ayant été désarmées en 2009.

Au niveau de l’architecture et du développement urbain, c’est le jour et la nuit ! C’est bien simple, dès que vous passez la frontière, la route se désagrège et le bitume lisse et entretenu du Rwanda laisse place à une route de piètre qualité. Or toute personne avertie sait qu’en Afrique, une bonne piste est préférable à une mauvaise route ! Les détritus de toutes sortes refont leur apparition et ce n’est d’ailleurs pas sans une certaine lassitude que les Burundais évoquent le sujet, alors qu’ils côtoient ce voisin, tellement similaire, qui devient un modèle en termes d’aménagement du territoire et d’environnement, et qu’ils s’engagent de leur côté sur un chemin inverse.

Les mauvaises infrastructures routières du Burundi reflètent le triste niveau de l’urbanisme. Que ce soit à Ngozi au nord, à Bujumbura dans la capitale ou au sud à Nyanza Lac, le constat est sans équivoque. Parpaings et ciment bas de gamme tentent de grappiller les derniers terrains non exploités. Les décharges

remplacent les jardins privatifs. Heureusement, le pays demeure relativement vierge sur de nombreux points.Les matériaux nobles et naturels ne sont pas ou peu utilisés. Nous sommes loin de la culture burundaise et de son architecture adaptées aux zones rurales et aux cultivateurs de thé, café, sorgo, mil et blé. Les villages aussi sont bien plus abandonnés qu’au Rwanda, et les populations désabusées par le manque d’aide de l’Etat. De fortes migrations s’en suivent et provoquent là aussi la perte d’un précieux capital humain.

Il est vraiment intéressant, bien qu’aussi douloureux, de comparer ces pays si proches et pourtant si différents…

En effet, le Rwanda se développe à grande vitesse : l’impressionnant « masterplan de Kigali » ne l’est pas que sur le papier ; il se concrétise devant les yeux des Rwandais qui semblent surpris eux-mêmes. Le pays dispose du meilleur réseau routier que je n’ai jamais pu voir en Afrique, et la propreté l’érige en modèle africain. Le Burundi est, au contraire, semble-t-il, dans une certaine léthargie… mais avec plus d’ambiance, plus de sourires. Les gens sont moins méfiants.Les deux pays ont une position géographique similaire, avec des pays voisins complexes comme la RDC à l’Ouest et la Tanzanie à l’Est - des pays bloqués dans des systèmes conflictuels pour la RDC et en plein développement pour la Tanzanie. Mais la croissance est bien là : 8% en 2013 pour le Rwanda et une moyenne de 7% pour l’Afrique. Si le Rwanda continue son développement, il entraînera ses voisins et permettra probablement à l’Afrique des Grands lacs de bénéficier d’un modèle de croissance. Cette région, j’en suis convaincu, à le pouvoir d’être cette locomotive de la croissance africaine, voire mondiale.Les défis sont différents. La croissance africaine suscite des besoins énormes dans différents domaines, l’agriculture, le développement des infrastructures, mais aussi l’amélioration de l’habitat - avec le gigantesque défi de loger dignement ces deux milliards d’habitants que comptera l’Afrique en 2050.

Propos recueillis par Romarick ATOKE

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URBANISME & VRD

L’Eglise Biet Giyorgis «Jérusalem Noire»

Située dans le village de Lalibéla en Ethiopie, l’église Bet Giyorgis encore appelée église Saint Georges est l’une des onze églises rupestres se trouvant dans le village, toutes classées au patrimoine mondial « Eglises creusées dans le roc de Lalibéla » par l’UNESCO. Taillée dans la roche au début du XIIIe siècle, elle est la plus récente mais aussi la plus célèbre. Haute de ses 30 m et réalisée sur un plan cruciforme de 25 m, l’église est reliée à un groupe de quatre églises par une succession de tunnels.

Une des merveilles architecturales dont regorge l’Afrique !

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CARNET D’ADRESSES

Agence Andaloussi Angle Bd d’anfa, 1 rue mozart,Casablanca, MarocTél : +212 5223-62239E-mail : [email protected] : www.rachidandaloussi.com

Global Archiconsult 90, Avenue des acacias91800 Brunoy, FranceTél : +33 6 26 57 41 60 / 01 80 37 19 95E-mail : [email protected] : www.globalarchiconsult.com

Groupe 3 Architectes9 rue Gafsa 10 000Rabat, MarocTél : 0648507878 / Fax : 0537260608E-mail : [email protected] : www.groupe3architectes.com

Avant Projet81 BP : 7078 Missèbo, P. 57KCotonou, BéninE-mail : [email protected]él : +229 21 31 15 91 / Fax : +229 21 31 15 92

SAOTA109 Hatfield Street - GardensCape town, South AfricaTél : +27 21 468 4400 / Fax: +27 21 461 5408E-mail : [email protected] : www.saota.com

KERE ArchitectureArndtstraße 34 10965 Berlin, GermanyTél : +49 30 78952391 / Fax: +49 30 78952398 E-mail : [email protected] : www.kerearchitecture.com

Agence Perspective140, rue 30-88 / 04 BP 8489 Ouagadougou 04, Burkina Faso Tél : + 226 50 37 83 31 E-mail : [email protected] : http://agenceperspectivebf.wordpress.com

Atelier Denis TARGOWLA47, avenue Reille75014 PARIS, FranceTél : +33 1 45 89 83 16 / +33 6 07 86 26 64E-mail : [email protected] Website : www.targowla.com

KELDI Architectes 21 rue Voltaire 75011 Paris, FranceTél : +33 1 71 18 38 25 / Fax : +33 1 71 18 38 27E-mail : [email protected] : www.keldi-architectes.com

ADJAYE AssociatesThe Edison 223-231 Old Marylebone RdLondon NW1 5QTTél : +44 20 7258 6140 / Fax : +44 20 7258 6148E-mail : [email protected] : www.adjaye.com

Atelier d’Architecture Lalo145, rue de Beleville75019 Paris, FranceTél : +33 1 40 40 77 20 / Fax : +33 1 40 40 06 49E-mail : [email protected] : www.atelierlalo.com

Koffi & DiabatéBld Latrille, Cocody, Danga Nord17 BP 59 Abidjan, Rép de Côte d’IvoireTél : +225 22 48 33 33 / Fax : +225 22 48 33 34E-mail : [email protected] : www. koffi-diabate.com

Retrouvez dans chaque publication de votre magazine un carnet d’adresses de professionnels exerçant en Afrique. Cette liste non exhaustive a été composée par la rédaction et à partir des informations transmises par les architectes ou receuillis sur leurs plateformes de communication.

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Inspired DesignLot 459 – Villa Sayo, Haie vive08 BP 0897, Cotonou, BéninTél : +229 96 97 41 80 / 96 75 23 23E-mail : [email protected]

George PericlesRue de masaka – The Office RwBP 5507 Kigali, RwandaTél : +250 7 25 527 432E-mail : [email protected] : www.georgepericles.com

Sara ConsultRue Kiwdjoi, Tokoin TameBP 30254 – Lomé, TogoTél : +228 22 26 84 86E-mail : [email protected] : www.sara-consult.com

Atlas Architecture 05 Bp 2484 Akpakpa LénineCotonou, BéninTél : +229 97 69 66 63E-mail : [email protected] : www.atlas-architecture.com

El Moumni ArchitectesTél : + 212 6512 15256 / +212 6792 51835Email: [email protected] Website : www.lahbibworks.c.la

NLE [email protected] : www.nleworks.com

Cof Archi31 Rue de Rosignano Marittimo94500 Champigny sur marne, FranceTél : +33 6 04 50 30 45 E-mail : [email protected] : www.cof-archi.com

NLE [email protected] : www.nleworks.com

AUTRES PROFESSIONNELS :

Franck HOUNDEGLA – Muséographe

Francis SESSOU – Architecte freelance

Monica CORALLI – Architecte Urbaniste Géographe

Emmanuel AMOUGOU – Sociologue Professeur

Patrick EFFIBOLEY – Docteur Muséologue

Amélie ESSESSE – Experte en Architecture de terre

Mohamed BOUSSALEH – Expert Patrimoine architectural africain

Jean-Louis FULCRAND – Architecte

Sénamé KOFFI – Architecte & Anthropologue

Vincent LAUREAU – Architecte Docteur en urbanisme

Jean Joel MEBALEY – Architecte

Jean-Paul HOUNDEFFO – Architecte

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AGENDA

Ce magazine est aussi le vôtre !- Vous souhaitez contribuer à cette aventure par vos articles, vos photos, vos compétences ?

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EVENEMENTS & CONCOURSLes rendez-vous du Global Award : Francis Kéré

Le mardi 23 septembre à 19h | Cité de l’Architecture et du Patrimoine, 1 place du Trocadéro, 75016 Paris, France

Périodiquement, la Cité de l’architecture et et du patrimoine en collaboration avec ses partenaires invite les architectes lauréats du prestigieux prix Global Award for Sustainable Architecture. Pour le mois de septembre, c’est avec l’architecte Francis Kéré que le rendez-vous a été pris. L’architecte africain est connu pour l’école de Gando qu’il a réalisé pendant qu’il était toujours étudiant. Ce projet qui n’est plus à présenter, lui a valu plusieurs prix dont l’Aga Khan Award for Architecture en 2004. Ne ratez pas cette occasion d’échanger avec l’homme que l’on surnomme « l’architecte du Sahel ».

Inscriptions : http://www.citechaillot.fr/fr/auditorium/conferences_et_debats/les_rdv_du_global_award_for_sustainable_architecture/25544-diebedo_francis_kere.html

Quinzaine Africaine

Du 6 au 17 octobre 2014 | Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette, 144 avenue de Flandre, 75019 Paris, FranceVernissage le mercredi 8 octobre à 18h

Exposition Archigenieur Afrique #2

Du 22 octobre au 5 novembre 2014 | Médiathèque François Mauriac, 20 rue Robert Peltier, 95190 Goussainville, France. Vernissage le mercredi 22 octobre à 18h15

« Liaisons urbaines » et l’espace public en question,N’Djamena

Le 3 octobre de 14H30 dans l’auditorium de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine - Palais de Chaillot- 7 avenue Albert de Mun, 75016 Paris, France

Cet évenement porte sur la question de l’espace public à N’Djaména, en s’appuyant sur des projets artistiques et urbains contemporains : le réaménagement de la place de Chagoua. En présence de plusieurs personnalités telles que Valérie Lesbros, Patrick Giraudo, Franck Houndégla.

Inscriptions : http://www.citechaillot.fr/fr/auditorium/conferences_et_debats/autres_rencontres/25637-ndjamena_liaisons_urbaines_et_lespace_public_en_question.html

Snapping cities - Photo competition

Submissions deadline on 10 October 2014

Snapping Cities is an opportunity for photographers of all abilities and ages, to capture through their own lenses, urban life in Africa. The organizer is seeking images that capture inspiring ways of tackling urban challenges in African cities. This may be modern innovation or a basic adaptation of day-to-day life. The theme is open to personal interpretation. A selection of the best photographs will be displayed at the 2014 Mo Ibrahim Forum on African Cities in Accra, Ghana, in November, with prizes for the top three entries.

Prizes : US$500 | US$200 | US$100

+ info : http://www.moibrahimfoundation.org/snapping-cities/

Page 65: AFRIKArchi Magazine #3

APPEL A DONATIONS

AFRIKArchien collaboration avec

Lauréats du 1er Prix Concours ARCHIGENIEUR AFRIQUE 2012Youssouf Sawadogo & Zied Hattab

BAOBAB URBAINbibliothèque - espace public - infirmerie

lancent un

pour la réalisation du

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AFRIKArchi M A G A Z I N E

CITÉ INTERNATIONALEDE DAKAR1,2ha pour booster le secteur tertiaire

MOHAMED BOUSSALEHConservation et réhabilitation du patrimoine architectural

INTERVIEW

CRITIQUE ARCHITECTURALE

ADJAYEtecture | KEREtecture

Octobre - Décembre 2013 | #1

Architectural criticism

Conservation and rehabilitation of the architectural heritage

1.2 ha to boost the tertiary sector

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AFRIKArchi M A G A Z I N E

VILLAGE OPERADE LAONGOUne architecture hors pairdans le sahel africain

LA VILLE AFRICAINE DU XXI SIECLETribunes d’acteurs qui imaginent l’avenir des villes africaines

URBANISME

CRITIQUE ARCHITECTURALE

#2

LE MONUMENT DE LA RENAISSANCE AFRICAINEUn caprice de Président Africain

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AFRIKArchi M A G A Z I N E

PROJET D’AMÉNAGEMENT DE LA BAIE DE COCODYUn projet catalyseur pour le développement de la Côte d’Ivoire

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URBANSIME

ARCHITECTURE

ETHIOPIEQuelles infrastructures face à l’urbanisation galopante ?

BURKINA-FASOLa renaissance du cinéma Guimbi à Bobo-Dioulasso

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AFRIKArchi M A G A Z I N E

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#3

URBANSIME

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