re_gime de l_obligation _ fiches

Post on 28-Dec-2015

23 Views

Category:

Documents

0 Downloads

Preview:

Click to see full reader

TRANSCRIPT

RÉGIME DE L’OBLIGATION – FICHES

PREMIÈRE PARTIE – LES MODALITÉS DE L’OBLIGATION

CHAPITRE 1 : LE TERME

Section 1 : La notion de terme

Définition : Le terme s’entend un événement futur et certain dont dépend l’exigibilité de l’obligation.Trois éléments caractérisent donc le terme :1. Evenement futur : exigibilité d’une obligation ne peut être antérieur au moment de formation de l’obligation2. Evenement certain : l’évenement érigé en terme surviendra forcément un jour (ex : 31 décembre 2020)

Permet distinguer terme de condition

/!/ Il existe des termes incertains : evénment dont la survenance est certaine mais la date est incertaine (Ex : décès d’une personne)

3. Terme affecte l’exigibilité de l’obligation : Permet de distinguer terme de l’obligation Terme suspensif : Exigibilité de l’obligation repoussée au moment de la survenance du terme

o Ex : Dans un contrat de bail, le paiement du loyer est dû en fin de mois Terme extinctif : La survenance de l’événement éteint le terme

o Ex: Bail conclu pour deux ans. A l’issu de ces deux ans, le bailleur n’est plus tenu de permettre au locataire de jouir paisiblement des lieux.

Section 2 : Établissement du terme suspensif

Le terme conventionnel

Le terme conventionnel peut être :

Expresse : Stipulé dans le contrat par une clause précise Tacite : résulte de la nature des choses.

o Ex: On commande à un peintre la réalisation d’un portrait. Donc on va lui laisser un certain délai pour

l’exécuter.

Les parties définissent qui est le bénéficiaire du terme, à qui il profite :

Au débiteur : le plus souvent, cas normal

Au créancier

Aux deux parties o Ex : Dans le cadre d’un prêt, l’obligation du remboursement qui pèse sur l’emprunteur est affectée d’un terme.

La banque touche des intérêts tous les mois. Elle profite du remboursement échelonné. D’ailleurs dans les contrats PREMS si on voulait rembourser l’intégralité de la somme, on doit s’acquitter d’une pénalité.

Si silence des parties ? Art. 1807 CoCi : « Le terme est toujours présumé stipulé en faveur du débiteur ». Présomption n’est pas irréfragable (=> elle est susceptible de preuve contraire). Art. 1807 prévoit qu’il peut en aller autrement : “lorsqu’il résulte de la stipulation ou des circonstances qu’il (le terme) a été aussi convenu en faveur du créancier”.

Incidence du bénéficiaire du terme ? Celui au profit de qui le terme a été prononcé peut y renoncer.

Les moratoires légaux

Il arrive que le législateur accorde des délais à une catégorie de débiteur, circonstances exceptionnelles. En pratique rare.

2

o Ex : en période de guerre, le législateur peut accorder des délais au locataire pour s’acquitter du paiement de leur

loyer. o Ex: De même les mesures d’exécution ont été suspendues pour les rapatriés d’Algérie.

Les délais de grâce judiciaire

Art. 1134 al. 1 CoCi Le juge ne devrait pouvoir accorder de délais de grâce , il est tenu à la force obligatoire du contrat.

En réalité, le législateur a toujours reconnu au juge le pouvoir d’intervenir sur le délai qui était imparti à un débiteur pour s’exécuter.

Art. 1244-1 du CoCi « compte tenu de la situation du débiteur et en considération des besoins du créancier le juge peut dans la limite de 2 années reporter ou échelonner le paiement des sommes dues. » / « Par décision spéciale et motivée le juge peut prescrire que les sommes correspondantes aux échéances reportées porteront un intérêt à un taux réduit qui ne peut être inférieur

au taux légal ou que les paiements s’imputeront d’abord sur le capital afin de diminuer le montant des intérêts versés »

Le texte été utilisé aussi en présence d’obligations de faire qui ne consistaient pas dans le paiement d’une somme due.

Art. 1244-2 CoCi La décision du juge prise en application de l’article précédent suspend les procédures d’exécution qui aurait

été engagées par le créancier. Les majorités d’intérêts ou les pénalités encourues en raison du retard cessent d’être dues pendant le délai fixé par le juge.

Lorsque le juge accorde des délais, le débiteur est à l’abri de poursuite judiciaire de son créancier, ou de mesures de saisie par huissier.

Art. 1244-3 CoCi Dispositif d’ordre Public.

Limites du pouvoir accordé aux juges :

Art. 1244-1 : les reports ou le rééchelonnement de la dette ne portait que sur 2 ans les délais de grâce sont parfois exclus dans des matières spécifiques : débiteurs d’aliments et débiteurs de salaire

Section 3 : Les effets du terme suspensif

A. PENDANT LA DURÉE DU TERME

L’obligation existe

Même si il ne serait pas tenu de s’exécuter, le débiteur est néanmoins d’ores et déjà engagé de façon certaine et définitive. C’est simplement son exécution qui est retardée. Conséquences :

Celui qui a payé avant terme ne peut pas exercer une action en répétition de l’indû (dette qui a été payée alors qu’en réalité elle n’existait pas). Ce n’est pas le cas car la dette existe mais n’est pas encore exigible.

Le créancier peut prendre des mesures conservatoires s’il estime que son droit est en péril (=> Mesures qui sont prévues afin de permettre au créancier de protéger son droit sans pour autant obliger le débiteur à s’exécuter envers le créancier). Ex: Saisie conservatoire : on oblige le débiteur à immobiliser une certaine somme

L’obligation n’est pas encore exigible

Le créancier ne peut obliger le débiteur à exécution de l’obligation avant le terme. Il ne peut pas pratiquer de saisie qui permet le paiement entre ses mains sauf dans 2 hypothèses :

1. Cas de renonciation au bénéfice du terme

3

2. Cas de déchéance du terme : Dette exigible par anticipation au regard de ce qui avait été prévu. Peuvent être prévues par le législateur ou les parties elles mêmes.

o Ex: A l’issue d’une procédure collective une mesure de liquidation judiciaire est prononcée contre le débiteur qui était soumis à la procédure, les dettes qui ne sont pas encore exigibles de ce dernier le deviennent immédiatement.

B. À L’ÉCHÉANCE DU TERME

Lorsque le terme est échu, l’obligation est simplement exigible. Le débiteur est alors tenu de s’exécuter et s’il ne le fait le fait pas le créancier pourra user des mesures d’exécution forcée.

4

CHAPITRE 2 : LA CONDITION

Section 1 : la notion de condition

Définition : Evénement futur mais incertain dont dépend l’existence même de l’obligation.

Caractéristiques :

1. Evénement futur : Comme le terme permet aux parties d’anticiper sur le futur./!/ ne pas se fier à l’Art. 1181-1 CoCi démenti pas la doctrine et la JP : « les conditions peuvent porter sur un événement qui est actuellement arrivé mais encore inconnu des parties »

2. Evénement incertain : dans sa réalisation, incertaine du point de vue de l’opinion commune = objectivement incertaine

Qu’en est-il d’un évenement objectivement incertain considéré par les parties au contrat comme devant nécessairement se réaliser ? Terme ou Condition ?

Ex: transaction au terme de laquelle les parties conviennent que l’une renonce a toute action en revendication d’un bien en contrepartie de l’engagement de l’autre à verser une partie du prix qui sera obtenu de la revente ultérieure du bien litigieux. Evénéement objectivement incertain : revente. Du point de vue des parties : terme. Objectivement : condition.

Traditionnellement la JP se plaçait du point de vue des parties : retient la qualification de terme. Permettait de sauver l’accord, sinon qualification de condition potestative qui entrainait nullité de l’obligation.

JP abandonnée, Revirement : Civ. 1, 13 Avril 1999 Cassation au VISA de l’Art. 1185 CoCi.

*Faits :une partie s’était engagée à supporter les charges relatives à l’exploitation d’un cinéma en lieu et place de l’exploitant du ciné tant que le nombre d’entrées annuels était inférieur a 380 000.C’était la partie au contrat qui supportait les charges.

*Solution : La Cour de cassation a retenu la qualification de condition se faisant, elle a donc opté pour une approche objective de la certitude de l’événement parce que la fréquentation ultérieure du cinéma. La qualification de terme a donc été exclue au profit de celle de condition : “le terme est un événement futur et certain, auquel est subordonné l’exigibilité ou l’extinction d’une obligation”

*Effets: La qualification juridique retenue emporte l’application d’un régime spécifique. Ainsi, en retenant dans cet arrêt la qualification de condition, les juges du fond ont permis a celui qui s’était obligé sous condition de se dédier de son engagement c’est-à-dire que celui qui s’était engagé à supporter les charges du cinéma alors qu’il n’était pas lui-même exploitant à se dédier de son engagement. Qualification de condition signifie que le débiteur est engagé sans durée, dispose alors d’une faculté de résiliation unilatrale qu’il n’a pas sinon.

*Portée :

-> Générale (avis majoritaire ) : l’acception objective de la certitude pour le terme ou la condition, quelque soit le type de l’engagement de l’obligation du contrat en cause.

-> Restreinte (certains auteurs : Mazo) : Restreindre la solution aux hypothèses où l’évenement objectif incertain dépendait du hasard. Dans les cas ou les parties peuvent influer sur l’évenement, c’est à elles de choisir la qualification entre Condition et Terme. Permet d’éviter que l’obligation ne soit annulée pour cause de potestativité de la condition si l’on passait du point de vue objectif.

5

Civ. 1, 13 Juillet 2004 La Cour de Cass confirme sa solution première, il s’agira d’une condition dès lors que la réalisation de l’événement est objectivement incerrtaine.

3. La condition affecte l’existence même de l’obligation : Condition suspensive : l’obligation ne naitra que si l’évenement érigé en condition survient. Courant en pratique.

o Ex : Vente immobilière assortie d’une condition suspensive tenant à l’acquisition d’un bien par l’acquéreur Condition résolutoire : l’obligation disparaîtra rétroactivement

o Ex :Un défunt peut prévoir une donation en faveur d’un proche à l’occasion que celui-ci ne se marie pas et n’ait pas d’enfants

Section 2 : La validité de la condition

Pour être valable, la condition ne doit être ni potestative, ni illicte, immorale ou impossible

A. LA CONDITION POTESTATIVE

1) Définition

On distingue 3 types de conditions :

Condition casuelle : L’art. 1169 du CoCi, condition dont la réalisation dépend du hasard et qui n’est soumise ni à la volonté du créancier ni à celle du débiteur.

o Ex: Evénement naturel

Condition mixte : L’art. 1171 du CoCi, celle dont la réalisation dépend à la fois de la volonté d’une des parties et de la volonté d’un tiers.

o Ex: l’achat d’une maison soumis à la condition de la revente préalable de la maison actuelle de l’acquéreur

Condition potestative : L’art. 1170 du CoCi, celle dont la réalisation dépend de la volonté d’une des parties.

2) Régime

l’Art. 1174 du CoCi : “Toute obligation est nulle lorsqu'elle a été contractée sous une condition potestative de la part de celui qui s'oblige”.

Les conditions qui évoquent un événement que le créancier a le pouvoir de faire arriver sont parfaitement valables Les conditions potestatives nulles touchent les conditions dont la réalisation dépend du débiteur. Mais trop sévère,

différents points de vue sur la définition de condition postestative (donc nulle) :o Doctrine classique : distingue entre deux types de conditions potestatives

Les conditions purement potestatives : supposent que le débiteur manifeste son consentement à l’engagement ne devraient pas être admises

Les conditions simplement potestatives : font intervenir un événement sur lequel le débiteur peut influer mais qui ne dépend pas exclusivement de son bon vouloir pourraient être admises.

Doctrine classique pose en plus 3 limites à la distinction proposée :

1) En présence d’un acte à titre gratuit (ex: les donations), toute condition potestative même simplement potestative devrait être prohibée.

2) En présence de condition résolutoire, pas de distinction entre condition purement potestative et simplement potestative, peu importe que le débiteur puisse influer dessus, condition valable dans tous les cas de figure.

3) Seule la condition purement potestative stipulée dans un contrat unilatéral (comme le cautionnement) devrait tomber sous le coup de la nullité. Dans les contrats synalagmatique, les parties s’obligent réciproquement. Si le débiteur en vertu d’une condition postétative empêche l’obligation de s’éxécuter, il perd aussi sa créance.

6

o Doctrine moderne : Critique de la doctrine classique, protection de la sécurité juridique. Abandonne la distinction entre condition purement potestative et condition simplement potestative.

Aujourd’hui la définition de la condition potestative (et donc nulle) Celle dont la réalisation dépend de la volonté arbitraire ou discrétionnaire du débiteur.

Jurisprudence :

Civ. 3, 22 Novembre 1995 : Faits : un bien immobilier avait été vendu sous la condition suspensive que l’acquéreur vende un autre bien

immobilier dont il était actuellement propriétaire. Un délai de vente avait été prévu donc l’acheteur avait dit qu’il s’engageait à mettre son bien en vente dans un certain délai et un mandat avait été donné à un agent immobilier pour effectuer la vente préalable du fameux bien.

Solution CA: Considère que la vente a été conclue sous condition potestative de la part des acquéreurs car après tous les acquéreurs peuvent faire obstacle à la réalisation de la condition en n’accomplissant aucune démarche pour vendre leur bien.

Solution Civ. 3: Censure l’arrêt d’appel au visa de l’Art. 1174 CoCi, la condition n’est pas potestative, CAR les circonstances de l’espèce (délai + mandat) démontrent une volonté marquée, un effort, un certain engament à vendre le bien.

Civ. 1, 16 octobre 2001 : Faits : Conclusion de plusieurs contrats entre le directeur d’une clinique et différents praticiens, avec une clause qui

prévoyait que, si la clinique venait à fermer, les contrats conclus avec les praticiens seraient rompus sans aucune indemnité. La clinique ferme, les praticiens n’ont plus d’activité et sont licenciés sans indemnité. Ils contestent la validité de la clause sur le terrain de l’article 1174 du Code Civil en invoquant la potestativité de la condition contenue dans la clause en cause.

Solution : Condition est floue et ambigüe : la fermeture de la clinique dépent-elle du bon vouloir du directeur ? Mais en l’espèce la cessation de l’activité de la clinique a été décidé sous la pression d’événements économiques qui étaient extérieurs au directeur la clause n’est pas potestative

Portée des deux Arrêts: Le critère moderne tend à favoriser la validation des conditions alors même qu’elle dépendent du débiteur. Glissement d’un contrôle au moment de la formation de l’engagement à un contrôle au moment de la réalisation de la condition: analyse des circonstances de l’espèce rétrécissement constant de la clause potestative nulle.

Exemple de Clause potestative nulle ? La seule qui fait encore école est la clause si voluero, je m’engage si je le veux bien, qui est effectivement nulle. Dans la pratique, elle se rencontre quasiment pas. En définitive, quasiment toutes les obligations conditionnelles sont validées sous l’angle de la potestativité.

3) Sanction

Art. 1174 du Code civil la condition potestative rend nulle l’obligation qui en dépend (et non pas le contrat tout entier).

Application de la théorie générale des contrats :

Si la clause est annulée n’est qu’une clause accessoire on maintiendra le contrat

Si l’obligation annulée est essentielle le contrat dans son ensemble est annulé

B. LA CONDITION IMPOSSIBLE, ILLICITE OU IMMORALE

La condition impossible : l’événement ne peut pas matériellement se réaliser. Pour que la condition soit nulle il faut que la réalisation de la condition soit impossible dès la conclusion du contrat, ab initio.

o Ex : s’il neige à paris au mois d’août, si mon fils touche du doigt le ciel

7

La condition illicite ou immorale : contraire aux bonnes mœurs ou aux règles d’ordre public. On peut dire que la condition potestative pour le débiteur n’est qu’un cas de condition illicite, car l’art 1174 du Code civ, est d’ordre public, et donc une condition qui contrevient à cet article est finalement une condition qui contrevient à la loi c’est donc une condition illicite.

Section 3 - La réalisation de la condition

Art. 1178 CoCi « La condition est réputée accomplie lorsque c'est le débiteur, obligé sous cette condition, qui en a empêché l'accomplissement ». Idée de loyauté, de bonne foi.

Rapprochement avec l’Art. 1174 CoCi mais deux distinctions fortes :

L’art 1178 traite de la réalisation de la condition, l’Art. 1174 traite de la validité de la condition

Sanction de l’Art. 1774 est la nullité de l’obligation qui dépend de la condition potestative nulle, la sanction de l’Art. 1178 est de réputer la condition accomplie, pour rendre l’obligation du débteur exigible.

Ex : Vente conclue sous la condition suspensive d’obtention d’un prêt. Le compromis va alors être conclu sous condition suspensive d’obtention du prêt auprès de la banque. Il suffit pour que la condition ne se réalise pas que l’acheteur ne dépose pas de demande de prêt ou alors il peut demander auprès de sa banque, un prêt pour un montant qui dépasse largement du prix de vente du bien qui dépasse tout aussi largement ses ressources de sorte qu’il est sûr que la banque lui opposera un refus. Au regard de l’Art. 1174 cette condition est acceptée comme ambigüe. Mais au regad de l’Art. 1178 comportement peut être sanctionné.

Le juge déclare la condition réalisée, la vente sera alors déclarée parfaite. On observe à nouveau le glissement précedemment évoqué, la JP favorise l’efficacité de l’accord au détriment de la nullité auquel il est exposé avec l’Art. 1174.

Section 4 - Les effets de la condition

Les effets que le droit va attacher à la condition surviennent automatiquement = les parties et le juge n’ont rien à faire.

A. LES EFFETS DE LA CONDITION SUSPENSIVE

Tant que la condition est pendante l’évenement érigé en condition n’est pas encore arrivé L’acte qui renferme l’obligation conditionnelle existe.Débiteur et créancier sont liés, le contrat était valablement formé.

Si un contrat sous condition suspensive ne prévoit pas de délai, on considère que celle-ci peut se réaliser ad vitam eternam

Ex: si la banque ne s’est pas encore prononcée sur l’obtention du prêt

Créancier : Peut prendre des mesures conservatoires en vue de protéger sa créance. Peut céder son droit conditionnel. Débiteur : Le paiement anticipé peut être répété au titre de l’indû.

La condition se réalise

Art. 1179 CoCi « la condition accomplie a un effet rétroactif au jour de l’engagement auquel il a été contracté » : crée une fiction juridique.

Le paiement versé prématurément dans le cas où la condition suspensive vient à se réaliser est dû en réalité et donc il n’est pas susceptible de répétition.

La créance sur le débiteur devient exigible.

La condition est défaillie

Art. 1176 du CoCi : « lorsqu’une obligation est contractée sous la condition qu’un événement arrivera dans un temps fixe, cette

condition est censée défaillie lorsque le temps est expiré sans que l’événement soit arrivé. S’il n’y a point de temps fixé la

8

condition peut être toujours accomplie et elle n’est censé être défaillie que lorsqu’il est devenu certain que l’événement n’arrivera pas ».

JP traditionnelle ne le suit pas à la lettre, si la condition n’est pas réalisée dans un délai raisonnable, elle est défaillie. Mais JP plus récente appliquent l’Art. 1176 à la lettre. Le débiteur obligé sous condition ne saurait être délié de son

jugement tant que la défaillance de la condition n’est pas acquise. Il arrive que la défaillance de la condition soit acquise : l’obligation sous condition est alors caduque. Défaillance fait

disparaître le contrat de façon rétroactive.

Renonciation de la condition le bénéficiaire de la condition peut y renoncer librement tant qu’elle est pendante

L’obligation devient alors pure est simple, elle est immédiatement exigible. Si la condition est stipulée au bénéfice des deux parties, il faut un accord entre elles pour y renoncer. Plus complexe si la condition à laquelle le bénéficiaire renonce est déjà défaillie :

o Quand la décision de l’acquéreur ne peut être d’aucun effet il faudra ou tout au plus que le vendeur soit d’accord pour finalement conclure un nouvel accord de volonté. Solution parfois retenue mais pas systématiquement.

o En présence d’une condition au bénéfice d’une seule partie, la Cour de Cass a parfois jugu que seul le débiteur peut se prévaloir de cette défaillance. La condition est défaillie mais le créancier ne peut pas le soulever. Si le débiteur ne le soulève pas, il peut demander l’éxécution du contrat.

B. LES EFFETS DE LA CONDITION RÉSOLUTOIRE

Les effets sont inversés par rapport à la condition suspensive.

Avant la réalisation de la condition, les parties sont obligées effectivement La réalisation de la condition efface rétroactivement l’obligation. La défaillance de la condition consolide à l’inverse définitivement tout ce qui était fait par le passé.

9

CHAPITRE 3 : LES OBLIGATIONS PLURALES

Section 1 : la pluralité d’objets

L’obligation conjonctive :o Déf Une obligation est conjonctive lorsqu’un débiteur doit cumulativement et en vertu d’une seule obligation

plusieurs prestations à un même créanicero Exempl e : Le propriètaire d’un fonds de commerce et du local l’habritant peut vendre les deux dans un unique

contrat de vente L’obligation alternative :

o Déf L’obligation porte sur deux sujets mais pour se libérer, il suffit au débiteur d’éxecuter une seule des prestation pour se libérer de son obligation

o Exemple : Un transporteur qui s’engage à transporter de la marchandise par air ou par route, il choisit le mode d’éxécution du contrat.

o Les parties peuvent déroger à cette règle en prévoyant que le choix appartiendra au créancier et non pas au débiteur.

L’obligation facultative :o Déf n’a normalement qu’un seul objet, la prestation, que le débiteur s’est engagé à accomplir, mais ce dernier

peut, s’il le préfère, se libérer en exécutant une autre prestation et l’option ne peut cette fois appartenir qu’au débiteur.

o Exemple : Code Civil : dispositions relatives à la lésion : « lorsqu’un contrat peut être rescinder pour lésion, l’acheteur peut écarter la nullité du contrat en payant un supplément de prix »

o Distinction avec obligation altérnative : Le créancier ne peut en aucun cas choisir à sa place. Si une cause de nullité affecte l’obligation qui était en principe due le débiteur est libéré sans avoir à exécuter la prestation subsidiaire sauf bien sûr si la perte de la prestation lui soit exclusivement imputable.

Section 2 : La pluralité de sujets

L’obligation conjointe Déf Dans le cas d’une pluralité de débiteurs ou de créanciers (peu courant). Chaque créancier conjoint n’a de droit de

réclamer qu’une partie de la dette et chaque débiteur conjoint n’est tenu de s’acquitter que d’une partie de la dette. CoCi Art. 1120 : « l’obligation qui est susceptible de division doit être exécutée entre le créancier et le débiteur comme si

elle était indivisible, la divisibilité n’a d’application qu’à l’égard de leurs héritiers qui ne peuvent demander la dette ou qui ne sont tenus de la payer que pour les parts dont ils sont saisis ou dont ils sont tenus comme représentants le créancier ou le débiteur ». Consacre la divisibilité de dette entre les héritiers du débiteur défunt.

Exemple : Un même vréancier à deux débiteurs, la dette s’élève à 100 euros, chaque débiteur est tenu à hauteur de 50 euros.

L’obligation conjointe est fort rare en pratique, même si elle constitue en théorie la règle de principe à défaut de dispositions contraire et en l’absence d’indivisibilité résultant la nature des choses.

1ère conséquence : chaque créancier conjoint ne peut réclamer qu’une fraction de la créance et chaque débiteur n’est tenu que d’une fraction de la dette

2ème conséquence : la division de la créance ou de la dette s’opère, sauf dispositions légales ou contraire, par part virile.

3ème conséquence : la nullité de cette obligation ne rejaillit en principe pas sur les autres créanciers ou sur les autres débiteurs (ex : dol), il n’en va autrement que si la cause de nullité atteint la substance même de l’obligation (ex : objet illicite).

4ème conséquence : En présence de codébiteurs conjoints l’insolvabilité de l’un n’a pas à être supportée par les autres.

L’obligation solidaire

Déf L’obligation solidaire exclut la division de la créance ou de la dette. Ainsi, lorsque deux débiteurs sont tenus

solidairement, le créancier peut d’adresser à l’un d’eux seulement et lui réclamer non pas uniquement une fraction de la dette mais la dette dans son integralité.

o Solidarité active : Entre les créanciers Cas rare

10

Ex: Compte joint, les deux titulaires sont créancier de la banqueo Solidarité passive : Entre les débiteurs (la très grande majorité des cas)

Le cocréancier qui n’a rien reçu dispose alors d’un recours contre celui qui a reçu ce paiement afin d’obtenir la part de la

créance à laquelle il a droit.

Solidarité passive : Sources de la solidarité :

o Appréciation souple de l’exigence de stipulation expresse dans le contrat par la JP : il n’est pas obligatoire que le mot solidarité apparaisse si la volonté des parties en ce sens est certaine.

o Deux hypothèses ou le législateur crée des cas de solidarité : Lorsqu’il existe une communauté d’intérêt entre les débiteurs

Ex : Art. 1887 CoCi les co-emprunteur de la même chose sont tenus solidairement à l’égard du prêteur à titre gratuit.

Raison d’intérêt général Ex: Art. 1384 al.4 CoCi Les pères et mères sont solidairement tenu des dommages causés par

leurs enfants mineurs

o La loin écarte parfois l’application d’une solidarité au cas ou elle aurait été prévu par les parties Ex : Art. 1220 CoCo impose la division de dette entre les successibles de celui qui était tenu

solidairement Principe de divisibilité de la dette entre cohéritiers

Princip e : La solidarité ne se présume pas (il faut une dispo législative ou dispo du contrat)o Exception : En matière commerciale la solidarité est présumée. Justification : Protection du créancier d’échanges

commerciaux jugés créateurs de richesse.

Les effets de la solidarité : o Dans les rapports entre créancier et débiteurs

Les effets principaux : L’unicité de la dette : Les codébiteurs solidaires doivent la même chose. Choix du débiteur à qui

est exigé la dette fait discrétionnairement par le créancier.o Civ. 3ème, 08.11.1995 Bail conclu avec deux colocataires, contenant une clause de

solidarité. Les deux colocataires restent solidaires jusqu’à la fin du bail. Même si l’un a quitté l’appartement, il peut toujours se voir réclamer l’intégralité du loyer.

o Civ. 3ème, 05.05.2004 Si après l’expiration du bail, l’un des colocataires se maintient dans les lieux, l’autre n’est pas tenu solidairement de payer l’indemnité d’occupation.

Une pluralité de liens entre les parties : Il y a des liens différents entre chaque personne, tous doivent la même chose, mais chacun en vertu d’un lien personnel avec le créancier.

o Si le créancier assigne tous les codébiteurs en même temps, il doit respecter la particularité de chaque créance.

Ex : Obligation affectée d’un terme alors que l’autre est directement exigibleo Exceptions opposables par le débiteur au créancier

Exceptions inhérentes à la dette ex : Terme ou condition qui profite à tous les débiteurs, prescription de la dette. Peut être invoquée par tous les codébiteurs.

Exceptions personnelles Ne peuvent être invoquées que par le débiteur bénéficiant d’un terme ou d’une condition particulière à son égard

Exceptions purement personnelles : Consentement, incapacité, terme ou condition stipulée dans l’intérêt exclusif d’un débiteur. Les autres débiteurs qui restent sont toujours tenus pour le tout

11

Exception simplement personnelles : Seul le codébiteur pour laquelle a été stipulée la condtion, le terme, peu faire un recours en exception mais celui-ci bénéficiera à tous les codébiteurs. Ex: Remise d’une dette consentie à l’un, si il l’oppose au créancier, elle libère paiement et libère les autres co-débiteur à hauteur du paiement à effectuer par ce biais.

Compensation : Hypothèse dans laquelle deux personnes sont réciproquement créancière et débitrice l’une de l’autre, la compensation permet de réequilibrer. Ex: A doit 100 à B et B doit 50 à A. On compense : A doit 50 à B.

Les effets secondaires de la solidarité : Si on met un codébiteur en demeure de nous payer, on considère que l’on a mis tout le monde en

demeure de nous payer. L’interruption de la prescription à l’égard de l’un vaut pour tous. L’autorité de chose jugée à l’égard de l’un vaut à l’égard de l’autre. JP : Vaut seulement si

l’autorité de chose jugée est en faveur des co-débiteur solidaires. Sinon, le codébiteur autre pourra se défendre en invoquant sa propre exception.

Comment expliquer les effets secondaires que l’on attache traditionnellement à la solidarité ? Ne découlent pas directement de la conception de solidarité : unicité de la dette et pluralité des liens d’obligations. Il s’agit d’une fiction : on considère que le seul codébiteur qui est en cause, représente fictivement les autres codébiteurs. Théorie très critiquée car artificielle. Proposition des auteurs d’un nouveau fondement pas encore adopté par la JP : effets secondaires sont là pour simplifier la tâche du créancier qui a eu recours à la solidarité comme garantie.

o Dans les rapports entre codébiteurs Une fois qu’il a payé, le codébiteur qui a été assigné par le créancier peut se retourner contre les autres

codébiteur et leur réclamer leur part de la dette d’après le principe de la division de la dette. Principe : répartition en parts viriles (à parts égales) mais la convention peut prévoir autre chose et le

juge peut également écarter la règle en relevant que les codébiteurs ont un inrérêt inégal dans le paiement de la dette.

Art. 1216 CoCi Si l’un des codébiteurs est une caution par rapport à l’autre qui serait une sorte de débiteur principal, celui qui est caution et qui a payé peut se retourner pour le tout contre le débiteur principal.

L’insovabilité d’un des codébiteurs sera supportée par tous les codébiteurss restant et solvables. Nature du recours exercé par celui qui a payé le crancier contre ses co-débiteurs. 2 fdmts possibles :

o Recours personnel qui appartient au propre à celui qui a payé Recours soumises aux règles qui s’appliquent en matière de mandat de gestion d’affaire.

o Recours subrogatoire : lorsqu’une personne est payée par une autre et lui transmet la suite de ces paiements : les droits. On exerce alors l’action de quelqu’un d’autre, celui qu’on a payé. Droit d’exercer les droits du créancier initial sur ses codébiteurs. Débiteur limité par l’étendue des droits du créancier mais dispose aussi des créances que celui-ci s’est fit consentir.

Les modalités de recours et leurs conséquences ne sont pas les mêmes.

L’obligation in solidum Domaine :

o Principe : Solidarité ne peut être créée que par la loi ou par une convention.o Mais il est des hypothèses dans lesquelles ni la loi ni les parties n’ont prévu quelque chose. La JP a alors créee

l’obligation in solidum = une solidarité qui n’ose pas dire son nom. C.Cass., 04.12.1939 Création JP de l’obligation in solidum dans droit de la responsabilité civile : quand

un même dommage a plusieurs causes avec plusieurs responsables, ils sont tenus chacun d’indemniser la victime de l’intégralité de son préjudice.

C.Cass., 08.01.1991 Une société avait commandée un ordinateur et un logiciel de base, à une autre société. Puis elle avait commandé à une troisième société un logiciel d’application.Insatisfait des prestations fournies, l’acquéreur demande la résiliation des deux contrats. La cour de cassation va censurer cette décision au visa des articles 1047 et 1218 du Code Civil, elle va relever que pour parler

12

d’obligation in solidum, encore faut-il que les débiteurs sont tenus d’effectuer la même prestation. Le régime :

o Principe: L’obligation in solidum produit les effets principaux de la solidarité mais pas les effets secondaires.o Réserve : La compensation peut toujours être invoquée par un co-obligé in solidumo Les recours en contribution obéissent à des règles particulières en responsabilité civile, l’idée qui domine est la

volonté de sanctionner l’auteur d’une faute. Si deux personnes sont tenus d’une obligation in solidum, l’un pour une responsabilité sans faute, l’autre pour une responsabilité pour faute, le fautif supporte le tout. Deux personnes tenus par une responsabilité de plein droit : partage par parts viriles.

Section 3 : L’indivisibilité

Déf Une obligation indivisible ne peut être exécutée qu’en entier et dès lors l’indivisibilité ne présente un intérêt qu’en présence d’une pluralité de créanciers ou de débiteurs puisqu’elle empêche le fractionnement de la dette ou de la créance.

Les sources 1) Indivisibilité objective :

Déf : Indivisibilité résultant des choses Ex : Obligation de livrer un animal vivant : on ne peut livrer d’abord la tête, ensuite le corps

2) Indivisibilité subjective : Déf : résulte de la volonté des parties Ex: Paiement d’une somme d’argent en une fois

Les effets de l’indivisibilité Principes : Effets proches des effets de l’indivisibilité. En l’absence d’une communauté d’intérêts, on écarte les effets

secondaires de la solidarité. Exception : Art. 1220 CoCi L’indivisibilité écarte le jeu de l’article 1220 du Code Civil qui prévoit, la division de plein

droit de la dette entre les héritiers. Si on a deux codébiteurs et qu’on craigne le décès de l’un d’eux parce qu’alors la dette serait retransmises aux héritiers qui sont plusieurs, on peut stipuler une clause d’indivisibilité.

13

2ÈME PARTIE – LA CIRCULATION DE L’OBLIGATION.

CHAPITRE 1 : LA CESSION DE CRÉANCE.

Déf : La cession de créance est une convention par laquelle un créancier appelé « cédant », transfère sa créance à son cocontractant appelé « cessionnaire ».

Créancier = cédant Concontractant et nouveau créancier = cessionnaire Débiteur = cédé (n’est pas partie, au contrat, pas besoin de son accord)

Historique :

Droit romain, cession de crénce n’existait pas, on considérait que la créance était un lien personnel entre deux personnes.

Première évolution : le droit romain a d’abord admis la transmission de la créance à cause de mort : héritage.

Puis droit romain emploie des procédés qui ont les mêmes conséquences que la cession de créance mais sont un peu différents : La novation par changement de créancier : on remplace un créancier par un autre mais on fait naître pour ça

une nouvelle obligation, la première est éteinte au profit de la deuxième : nouveau contrat de créance. Enfin, c’est Justinien qui a fini par reconnaître la cession de créance sur le fondement que la personne du créancier

importe peu au débiteur. Aujourd’hui, cession de créance telle que prévue par le CoCi de moins en moins utilisée : le droit commercial ayant

développé de nouvelles formes simplifiées de cession de créance.

Utilisations de la cession de créance :

La vente : transfert de propriété contre le paiement d’un prix. Permet de spéculer: achat toujours à un montant inférieur à celui de la créance. Le cessionnaire assure ainsi un risque d’insolvabilité.

La donation : Il est possible de céder une créance avec une intention libérale. Le règlement des dettes : Vous pouvez utiliser la cession de créance pour régler vos dettes. Je peux céder la créance que

j’ai contre quelqu’un à mon créancier pour le payer. Cour de Cassation a précisé que la cession de créance ainsi opérée n’emporte pas extinction de la dette dès sa conclusion mais uniquement au moment ou le cédé paye le concessionnaire.

Une forme particulière de sûreté : Forme de cession fiduciaire : On va transférer (en principe temporairement), la propriété d’une créance à quelqu’un. Cette personne va restituer la propriété de la créance si l’obligation est exécutée. En revanche, il va conserver la propriété en cas de défaillance de son débiteur.

o Ex: On vous prête de l’argent pour construire un immeuble et vous devez rembourser le prêt. Vous pouvez consentir finalement à la location de l’immeuble que vous avez fait édifier et considérer que les loyers seront

transférés en propriété, à la personne qui vous a prêté de l’argent, pour sûreté de votre dette.

Section 1 : les conditions de la cession de créance.

Les conditions tenant à la nature de la créance cédéeo Principe : En principe toute créance peut être cédée. Quelle que soit son objet, donc pas seulement une somme

d’argent. La possibilité existe de céder seulement une partie de la créance et non la créance dans son intégralité.

La cession d’une créance sont l’existence ou la validité est discutée est possible également, le prix sera souvent alors bien inférieur à la valeur nominale.

14

Civ. 1, 20.03.2001 Cession créance future ou éventuelle est possible à condition que l’objet de la créancee soit suffisamment identifié, déterminable. En l’espèce : les loyers d’un immeuble, alors que les baux n’avaient pas encore été signés.

o Exception : Les créances dites insaisissables ne peuvent être cédées : créances alimentaires ainsi qu’une fraction

du salaire. o Théoriquement les parties peuvent rendre une créance incessible par stipulation conventionnelle. Mais, peu de

temps après que cette solution ait été consacrée par la cour de cassation, le législateur est intervenu : Il a en sanctionné de telles clauses dans le monde des affaires = commerçants et artisans.

Conditions tenant à l’accomplissement de certaines formalités.

Art. 1690 CoCi : « le cessionnaire n’est saisi à l’égard des tiers, que par la signification du transport faite au débiteur. Néanmoins, le cessionnaire peut être également saisi par l’acceptation du transport faite par le débiteur dans un acte authentique ».

Art. 1690 règle les modalités d’information du cédé en imposant le respect d’une des deux formalités suivantes (l’une OU l’autre), il s’agit dans les deux cas seulement d’une information :

Soit le débiteur est solennellement averti de la cession = on lui adresse une signification par voie d’huissier

Soit, le débiteur intervient dans l’acte authentique qui constate la cession de créance

Effets relatif de la cession de créance seulement entre cédant et cessionnaire parties au contrat, l’Art. 1690 n’a pas d’incidence à leur égard. Art. 1690 CoCi ne s’applique qu’au profit des tiers que sont le cédé et les autres personnes qui prétendent avoir des droits sur la créance cédée.

o Portée à l’égard du cédé :

Principe : tant que les formalités de l’art. 1690 n’ont pas été réalisées, le cessionnaire ne peut pas poursuivre le cédé pour qu’il s’exécute à son profit.

Exceptions : JP : assimile l’assignation à la signification, à condition que cela ne porte pas atteinte au droit

acquis par des tiers par le débiteur cédé. Si le cessionnaire assigne le cédé en paiement, on considère finalement que c’est équivalent à une signification par voie d’huissier, le cédé est informé.

Civ. 3, 12.06.1985 vente avec une faculté de substitution au profit de l’acquéreur. Ssous l’angle de la cession de créance : le cédant, c’est l’acquéreur initial. Le cessionnaire est celui qui va lui être substitué. Le cédé est finalement le vendeur. Diverses conditions suspensives insérées dans le contrat de vente au profit de l’acquéreur et devaient être réalisées dans un certain délai. Le substitué (le cessionnaire), va renoncer aux bénéfices des conditions suspensives, avant le délai prévu pour leur accomplissement et il va demander la réalisation de la vente, ce que le revendeur cédé va refuser. Le cessionnaire l’assigne en justice et prétend que l’assignation vaut respect des formalités de l’art. 1690 du code civil. Mais l’assimilation de l’assignation à la signification ne vaut qu’à condition que cela ne porte pas atteinte aux droits acquis par les tiers ou par le débiteur cédé. Or, en l’espèce, c’était le cas.La Cour de Cassation va donc refuser de considérer qu’il y a assimilation de l’assignation à la signification.

L’acceptation par le débiteur cédé peut être efficace même si elle ne respecte pas les formalités de l’art. 1690 du code civil, sauf fraude au droit du cessionnaire tout du moins. Autrement dit, on remplace l’acceptation dans un acte authentique par une acceptation dans un acte sous seing privé. La jurisprudence actuelle tend à considérer que la simple connaissance par le cédé de la cession de créance suffit à établir sa mauvaise foi.

o Portée à l’égard des autres cessionnaires de la créance ou des titulaires d’un droit sur celle-ci

15

Même créance cédée deux fois : Deux personnes qui vont être en conflit en prétendant avoir des droits concurrents sur une même chose. Résolution du conflit au regard de la date à laquelle les formalités de l’art. 1690 ont été accomplies. Question alors de l’assimilation de l’assignation à la signification par huissier. Qu’en est-il ?

o l’acceptation dans un acte sous seing-privé, ou même l’acceptation tacite, ne vaut pas quand il s’agit de départager deux cessionnaires d’une même créance. Ici besoin d’une date certaine. D’où application stricte de l’Art. 1690 ici.

o Date d’information certaine : La signification par huissier ou l’acceptation d’un droit authentique = devant notaire. L’’intervention de l’officier public va vous permettre d’être sûr de la date de l’information du débiteur cédé et c’est elle qui va trancher le conflit entre les cessionnaires successifs.

o Valable sauf pour la fraude (= connaissance spéciale et personnelle de la première cession par le second cessionnaire). Spéciale et personnelle = faire tout pour nuire, spolier le premier cessionnaire en temps. Dans ce cas c’est le premier cessionnaire en temps qui sera déclaré cessionnaire même si l’autre a respecté la publicité de l’Art. 1690 avant.

Hypothèse où il y a des conflits : d’autres tiers que le deuxième cessionnaire. Mais tous les tiers ne peuvent se prévaloir du non respect de l’Art. 1690, tiers pris au sens stricte “ceux qui ont intérêt à ce que le cédant soit encore titulaire de la créance” :

C.Cass, Wendling, 04.12.1985 contrat de prêt avec affectation de garantie (au profit du prêteur) de part social, de nantissement (= sûreté réelle qui apporte un droit réel sur la chose affectée et garantit généralement une dépossession). On remet des parts sociales en garantie au créancier prêteur. Le contrat précise que la créance du prêteur est cessible, faculté que le prêteur va utiliser en cédant sa créance. Mais, il n’y aura pas de signification. Le cédé ne règle pas sa dette à temps. Le cessionnaire va l’assigner en exécution forcée et il va demander à ce que le nantissement joue à son profit. Mais, un créancier de l’emprunteur (du cédé), le Trésor public, va faire tierce opposition au jugement en faisant valoir qu’il avait fait pratiquer préalablement une saisie- arrêt que le débiteur avait affecté en garantie des parts sociales réclamées par le cessionnaire. La CA va faire droit à la demande du Trésor public au motif que c’est un tiers et qu’il a le droit de se prévaloir de l’art. 1690. La cour de cassation va censurer l’arrêt au visa de l’art. 1690 et donner la définition du tiers qui est visé par ce texte. Le tiers dit la cour de cassation « ce sont ceux qui ont intérêt à ce que le cédant soit encore titulaire de la créance ». Que ces parts sociales aient pu être appréhendées par le cédant ou par le cessionnaire, cela ne changeait rien du point de vue du Trésor public qui n’avait aucun droit sur ces parts sociales car sa saisie-arrêt était intervenue après la constitution de la sûreté.

16

CHAPITRE 2 : LA CESSION DE DETTE

Section 1 : l’interdiction de la cession de dette

Si la personne du créancier est indifférente au débiteur dans la cession de créance, il ne peut en être de même de la personne du débiteur pour le créncier. La solvabilité du débiteur notamment est essentielle pour le créancier. Ex: Dossier pour louer un logement comprend de nombreuses pièces, vise à assurer la solvabilité du futur locataire.

Aucun texte du CoCi ne prohibe formellement la cession de dette, mais il est ajd acquis que l’opération est interdite en droit français.

Section 2 : les palliatifs à l’interdiction de la cession de dette

La reprise interne de dette : L’engagement d’un tiers envers le débiteur, à payer la dette

La liberté contractuelle ne s’oppose pas à ce que le débiteur convienne avec un tiers, que ce dernier s’acquittera du paiement de la dette en ses lieux et place.C’est ce que l’on appelle une reprise interne de dette. Ceci vaut slmt en dehors des obligations intuitu personae. Ex : Vos parents peuvent payer le loyer à votre place

Un tel accord ne concerne pas le créncier, tiers au contrat. Ne produit aucun effet à l’égardd du créancier. Mais a un sens pour le créancier puisque à moins que l’obligation soit intuitu personae, il n’aura d’autre choix que d’accepter le paiement. donc ne reproduit pas parfaitement la cession de dette

La stipulation pour autrui

Il y a stipulation pour autrui lorsque dans un contrat, une des parties (appelée stipulant) obtient de l’autre (appelé promettant) l’engagement qu’elle donner ou fera quelques chose au profit d’un tiers (bénéficiaire)

o Ex: Le souscripteur d’une assurance-vie (stipulant) peut faire promettre à son assureur (promettant) de verser une

certaines somme à un proche du souscripteur tiers au contrat (bénéficiaire) à son décès. Les sommes remises par l’assureur aux proches (bénéficiaires), ne transitent pas par le patrimoine du défunt et ne font en principe pas partie de la succession.

Appliqué à la cession de dette :

Stipulant = débiteur originaire

Tiers bénéficiaire = créancier

Promettant = celui qui s’engage à payer la dette

La solution ne reproduit qu’imparfaitement la cession de dette. Certes, la stipulation pour autrui va créer un lien de droit direct entre celui qui s’engage à payer la dette et le créancier bénéficiaire. Pour autant, l’opération n’a pas pour effet, de libérer le stipulant (débiteur originaire), de son obligation à l’égard du bénéficiaire créancier. Si on a recours à la stipulation pour autruile créancier aura deux débiteurs : son débiteur originaire et le promettant, celui qui s’est engagé à son égard.

La délégation imparfaite

Engagement pris par une personne (délégué) auprès d’une autre (délégataire) qui accepte cet engagement à la demande d’une troisième personne (délégant)

17

La délégation est imparfaite lorsque le délégant est le débiteur du délégataire et n’est pas libéré à l’égard de ce dernier, du simple fait de l’engagement pris par le délégué. Dans la délégation imparfaite, le créancier bénéficie de deux débiteurs en vertu de deux liens d’obligation distinct. Il peut demander à chacun de s’exécuter puisque chacun s’est engagé à son égard.

Obstacles à la qualification de cession de dette :

La délégation requiert le consentement du créancier (délégataire). Or, dans la cession de dette, il faudrait qu’elle produise d’effet sans que le créancier cédé n’ait à donner son consentement.

la délégation créé un nouveau rapport d’obligation entre le créancier et son second débiteur alors que dans la cession de dette on devrait emporter le transfert de la dette initiale. Ce n’est pas la même dette qui circule.

Le débiteur originaire n’est pas libéré. Il ne le sera que si le délégué s’exécute au profit du délégataire.

La novation par changement de débiteur et la délégation parfaite

La délégation parfaite, comme la novation par changement de débiteur, peut sembler plus proche de la cession de dette en ce qu’elle emporte libération du premier débiteur.

Mais il reste des obstacles à la qualification de cession de dette :

Le consentement du créancier est toujours requis. Dans une délégation parfaite comme dans une novation par changement de débiteur, vous ne pouvez pas effectuer ces opérations sans l’accord du créancier.

Il y a un nouveau rapport d’obligation qui se crée entre le second débiteur et le créancier. Ce n’est pas la même dette qui circule.

18

CHAPITRE 3 : LA CESSION DE CONTRAT

La cession de contrat emporte transmission des obligations nées tant dans leur phase active (cession de créance) que dans leur phase passive (cession de dette). Cession de contrat = Transfert de créance, de dette et de la qualité de partie au contrat.

Section 1 : la nature de la cession de contrat synallagmatique

Deux possibilités :

L’addition d’une cession de créance et d’une cession de dette : Idée soutenue par la doctrine “classique”. La Cour de Cass a pu le laisser penser mais reste peu claire sur la question.

La transmission de la qualité de contractant : un contrat ne saurait se limiter aux obligations qu’il fait naître. On peut distinguer :

o La force obligatoire du contrato Contenu obligationnel du contrat

Le contrat ne contient pas que des obligations, la cession de la qualité de partie au contrat permet d’englober toute la réalité du contrat. Ex : Promesse unilatérale de vente : le promettant s’engage à vendre son bien au profit du bénéficiaire. Le bénéficiaire n’a qu’à lever l’option et la vente est parfaite. Quelle est l’obligation qui pèse sur le promettant? Obligation de faire (oui mais quoi?), obligation de ne pas faire (ne pas vendre à un tiers, mais n’engloba pas toute la situation du promettant), obligation de donner (une telle obligation n’existe pas en réalité car CoCi : transfert automatique de propriété qd accord des parties sur la chose et le prix : Murielle Fabre-Magnan parle de “mythe de l’obligation de donner”). Donc la situation du promettant ne peut être décrite qu’en termes d’obligation Le contrat contient plus que des obligations.

La Cour de Cassation n’a pas clairement tranché en faveur de l’une ou de l’autre des deux analyses. Problématique car selon l’analyse retenue, les conséquences juridiques d’une cession de contrat sont différentes.

Section 2 : le régime de la cession de contrat

Le régime de la cession de contrat diffère selon qu’il est prévu par la loi ou par les parties. Il rest que un contrat qui a produit son principal effet, ne saurait être cédé.

o Ex: Vente ordinaire est un contrat instantané, emporte transfère de propriété dès sa conclusion. Impossibilité donc de cession de contrat de vente. Seule revente de l’objet est possible mais alors nouveau contrat.

Le régime des cessions légales de contrat

Il arrive que le législateur intervienne pour prévoir une cession de contrat.

o Art. 1743 CoCi Prévoit une cession de bail lorsque l’immeuble sur lequel porte le bail est vendu.

o Autre exemple, le contrat d’assurance se transmet avec la chose assurée.

o Celui qui acquiert la propriété d’une entreprise se voit automatiquement transférer les contrats de travail existants.

Parce qu’elle est prévue par la loi, la cession de contrat est alors quelques peu détachée de la volonté des parties. La cession légale de contrat intervient sans qu’un accord ait été conclu entre le cédant et le cessionnaire. En outre, elle s’impose au cédé. La cour de cassation juge que le cédant est libéré de ses obligations à l’égard du cédé pour l’avenir.

Le régime des cessions conventionnelles de contrats

La licéité de l’opération

o Principe : Tous les contrats sont cessibles.

19

o Exceptions:

1) contrat conclu intuitu personae 2) lorsqu’une clause d’incessibilité a été prévue dans un contrat qui est par hypothèse dépourvu d’intuitu

personae. Le législateur n’aime pas tellement ce type de clause : l’art. L. 145-16 du code de commerce interdit d’insérer une clause d’incessibilité du bail commercial au profit du propriétaire du fonds de commerce.

Le respect de l’art. 1690 du code civil ?

Respecter les formalités de l’art. 1690 du code civil n’est pas totalement infondé puisque, dans une cession de contrat, il y a souvent une cession de créance.

La jurisprudence est partagée. Certains arrêts minoritaires ont écarté l’application de ce texte alors que la majorité des arrêts semble en imposer le respect. La doctrine est beaucoup moins partagée : estiment en effet que les formalités de l’art. 1690 du code civil n’ont pas à être accomplies dans cette matière parce que dans le cadre de la cession de créance, la cour de cassation a écarté une application à la lettre de cet article.

l’art. 1690 du code civil pris à la lettre ne s’applique que lorsqu’il s’agit de trancher un conflit de droit entre les ayant-cause du cédant dans la cession de créance. Lorsqu’il est question de droit de tiers sur une même créance. Sous cet angle, le cédé ne peut être invoqué dans la cession de contrat. Parce qu’il n’est pas un ayant-cause du cédant. Ici, il n’est pas question de conflits de droit à trancher entre des tiers totalement extérieurs à la cession, il s’agit juste de rendre la cession opposable au cédé.

Le rôle du cédé dans la cession de contrat

Le cédé doit-il donner son conentement à a cession de contrat ?

1ère Analyse : Oui car le contrat est avant tout un lien entre deux personnes (Jacques Ghestin) 2ème Analyse : Le consentement du cédé n’est pas obligatoire, contrat est avant tout une valeur (Laurent Henes)

C.Cass., 6.05.1997, Rougeot Semble consacrer la première analyse. Le cédé devait donner son consentement au changement de contractant. Souplesse en précisant que ce consentement pouvait être donné au moment de la cession de contrat ou « par avance », c’est-à-dire dans le contrat cédé.

Le débat en doctrine a alors rebondi sur la nature exacte de la manifestation de volonté qui était attendue du cédé : consentement à conclure un nouveau contrat avec le cessionnaire ou autorisation de changement de partie. Quelle diffèrence ?

D étermination du contenu de contrat : Consentement : il n’est pas certain que le contenu du nouveau contrat sera identique à celui de l’ancien.

Solutions qui sont envisageables en cas de refus du cédé à consentir à la cession : Si consentement obligatoire : on ne peut surmonter le refus du cédé.

Jusqu’à ajd, la C.Cass n’a pas tranché, la question reste ouverte.

Les effets de la cession de contrat

La cession de contrat place le cessionnaire dans la situation du cédant. Le cessionnaire recueille donc les droits et obligations du cédant. Il le remplace pour l’avenir, pas pour le passé (sauf clause contraire). Ex: impayés

En faveur de la solution retenue par la cour de cassation (qui a parfois conclu que le cédant restait tenu), la doctrine fait valoir qu’il est normal que le cédant soit garant de l’exécution du contrat par le cessionnaire dès lors que par la cession, il a imposé au cédé un changement de contractant. Ce point dépend du rôle du cédé, et donc des suites données à l’arrêt Rougeot. Le gérant reste garant de son cessionnaire si le cédé n’a pas a donner son consentement et inversement.

20

CHAPITRE 4 : LA SUBROGATION PERSONNELLE

Déf : La subrogation personnelle est l'action par laquelle un tiers solvens paie le créancier à la place du débiteur, et se substitue au créancier dans le rapport d'obligation ce qui lui permet d’exercer à son profit les droits du créancier.

Créancier initial = subrogeant Tiers solvens = subrogé Débiteur

Ex: Sécurité sociale est le tiers payeur d’une victime créancière d’indemnités. Après avoir payé les indemnités à la victime, la sécurité sociale reçoit les droits de celle-ci et peut ainsi se retourner contre le véritable responsible pour que lui supporte finalement la charge définitive de l’obligation.

Subrogation personnelle s’oppose à la subrogation réelle. Dans une subrogation personnelle on envisage un rapport entre persnnes alors que dans une subrogation réelle on envisage le remplacement d’une chose par une autre.

Section 1 : les conditions de la subrogation personnelle.

A. LA SUBROGATION CONVENTIONNELLE

En principe, la subrogation peut être consentie :

à l’intiative du débiteur : subrogation « ex parte debitoris » à l’intiative du créancier : subrogation « ex parte creditoris » bien plus répandue, seule traitée ici

4 conditions à la subrogation ex parte creditoris :

1) Il faut un accord entre le créancier et le solvens, le débiteur ne participe pas2) La subrogation doit être expresse = la volonté du créancier de subroger la personne qu’il a payé dans ses droits soit

claire et dépourvue de tout équivoque3) La subrogation doit être consentie au moment du paiement.

o Ni avant : JP assoupli la règle : on peut prévoir la subrogation dans un acte antérieur au paiement à condition de prévoir que cela ne produira effet qu’au jour de la subrigation.

o Ni après : la créance est alors éteinte. 4) Le paiement doit avoir été effectué par le subrogé : seul celui qui paye peut être subrogé. Parait évident mais il y a

des hypothèses où ça l’est moins :

o Ex: Débiteur qui emprunte auprès d’une banque pour payer l’acquisition d’un immeuble. La banque qui a la

qualité de prêteur de deniers ne peut pas être subrogée dans les droits du créancier, dès lors que ce n’est pas elle qui va avoir payé le vendeur, mais le débiteur. En conséquence, la banque ne peut pas se faire subroger dans les droits du vendeur. Possibilité de contourner le problème tout en respectant la règle posée : il va être convenu que le débiteur va payer en qualité de mandataire de la banque prêteuse. C’est alors la banque qui va avoir payé le vendeur. Elle pourra dès lors être subrogée dans les droits du vendeur. intérêt : bénéficier du priviliège du vendeur d’immeuble et de l’action résolutoire au cas où son emprunteur ne vienne pas à rembourser le prêt.

Parmi les conditions, on n’exige pas du subrogé qu’il s’acquitte d’une dette qui ne lui incombe pas mais qui incombe à autrui. Le subrogé peut s’acquitter d’une dette personnelle = qui a une cause distincte. Du moment que ce n’est pas sur lui que doit peser la charge définitive de la dette.

21

Civ. 1, 22.07.1987 détournement de fonds. L’auteur des détournements de fonds est condamné en justice.Grâce au jugement : le créancier de l’indemnisation (= la victime du détournement), a pratiqué une saisie sur des parts sociales qui appartenaient à l’auteur des faits. A la suite d’une faute professionnelle commise par son avocat, il ne parviendra pas à obtenir, dans le cadre de la vente des parts sociales saisies, une quelconque somme. Le créancier se retourne contre l’avocat. C’est alors l’assureur de l’avocat qui va indemniser la victime du détournement qui n’a donc pu, par la faute de son assuré, obtenir indemnisation. L’assureur, après avoir indemnisé la victime, va se faire subroger dans les droits de la victime et va donc se retourner contre celui qui aurait dû tout payer depuis le départ : l’auteur des détournements de fonds. La dette de l’assureur est personnelle, elle lui incombe en vertu du contrat d’assurance qu’il a conclu avec son assuré. Lorsque l’assureur paye la victime, il paye la dette qui découle du contrat d’assurance.

CA : annule la subrogation au motif que l’assureur a réglé une dette qui lui était personnelle

Cour de Cass censure l’arrêt : Celui qui paye une dette personnelle peut malgré tout faire jouer la subrogation conventionnelle à la condition qu’il ait libéré le débiteur sur qui doit peser finalement la charge de la dette.

A contrario, la subrogation conventionnelle ne peut pas être envisagée si celui qui paye est celui sur qui doit peser la charge définitive de la dette.

B. LA SUBROGATION LÉGALE

Mais, il est des hypothèses en pratique très importantes où, la loi va prévoir elle-même la subrogation qui va alors se réaliser de plein droit, c’est-à-dire, sans que les parties n’aient à convenir d’une telle opération.

Jurisprudence découvre le principe général de la subrogation dans l’Art. 1251-3 CoCi “la subrogation a lieu de plein droit au profit de celui qui, étant tenu avec d’autres, ou pour d’autres, au paiement de la dette, avait intérêt à l’acquitter”

Assouplissement de la règle relative à l’exigence du paiement préalable du subrogeant par le subrogé

Civ. 1ère, 9.10.2001 Un assureur se retournait contre les responsables d’un sinistre, avant d’avoir indemnisé la victime. Les juges du fonds rejettent l’action. La cour de cassation énonce que l’assureur peut quand même agir contre les responsables, même si, au jour de l’assignation, l’assurant n’a pas encore réglé la victime, du moment qu’au jour où les juges du fonds statuent, cette indemnité a été réglée.

Assouplissement par rapport à la définition du paiement avec et/ou pour d’autres

D’après l’Art. 1251-3 la subrogation légale bénéficie à celui qui était tenu avec ou pour d’autres. Traditionnellement on considérait que cet Article visait les cautions parcequ’elles sont tenues pour d’autres. S’engageaient avec d’autres les débiteurs solidaires ou ceux qui étaient tenu d’une obligation indivisible. L’Art. 1251 énumère les cas dans lesquels la subrogation joue de plein droit : que les cautions ou les codébiteurs solidaires, normalement, on a une certaine unicité de la dette.

Mais, la jurisprudence ne s’est finalement pas limitée à cette idée et a admis que la subrogation légale pouvait jouer en cas de pluralité de dette, au profit de celui qui avait acquitté « même une dette personnelle » . Exemple type : coobligés in solidum.

Si on peut entendre le plus largement possible l’expression « être tenu avec ou pour d’autres », il y a quand même des limites :

le subrogé ne doit pas être celui sur qui doit se porter la charge définitive de la dette.

Com, 9.05.1990 Il s’agissait d’une société qui fabriquait des marchandises sur commande de deux autres sociétés. La fabricant confie le transport de celle-ci à un tiers, le transporteur, en le

22

chargeant de ne remettre les marchandises aux sociétés qui les avaient commandées qu’après visas des lettres des voitures par les deux banques qui accordaient le crédit pour régler le montant de la commande. Le transporteur n’exécute pas cette obligation. Il livre sans plus de formalités la marchandise au destinataire et le fabricant n’est pas payé. Le transporteur fautif, va alors l’indemniser puis, va se retourner contre les destinataires de la marchandise, sur le fondement de la subrogation. Les juges du fond vont rejeter l’action au motif qu’il n’était tenu à proprement parlé, ni « pour », ni « avec » les destinataires de la marchandise. La cour de cassation va censurer cette décision au visa de l’art. 1251-3 du code civil pour elle la subrogation légale était envisageable. Vous pouvez faire jouer la subrogation légale en cas d’acquittement d’une dette personnelle. Le transporteur qui a payé la victime était personnellement tenu d’une dette de responsabilité, dette distincte du paiement du prix qui revenait normalement à ceux qui avaient commandé la marchandise. Deuxième enseignement de l’arrêt : il y a quand même une limite. La subrogation ne pourra pas jouer en faveur de celui qui est débiteur final de la dette.

Ce type de subrogation ne peut jouer selon les termes du texte, « qu’au profit de celui qui avait un intérêt au paiement de la dette ». Le législateur a voulu aider celui qui, tout en exécutant peut-être une exécution qui lui incombait (comme notre transporteur), a libéré celui sur qui devait peser le poids définitif de la dette. A contrario celui qui est totalement étranger à la dette (ex: payeur par bienveillance ou pour spéculer) ne pourra se subroger aux droits du créancier.

C. L’OPPOSABILITÉ DE LA SUBROGATION AU DÉBITEUR

La subrogation est opposable au débiteur qui en a connaissance et cette preuve peut être rapportée par tout moyen.Avantage de la subrogation sur la cession de créance. Tant que le débiteur n’a pas été informé de l’existence de la subrogation, il peut valablement se libérer entre les mains de son créancier (Art. 1240 CoCi : bonne foi contractuelle).

Section 2 : les effets de la subrogation personnelle.

A. TRANSMISSION DE LA CRÉANCE

La transmission des qualités de la créance o Principe : Transfert de la créance avec ses accessoires.

Ex : Clause de réserve de propriété, qui retarde le transfert de la propriété est transmise dans le cadre de la subrogation / clauses relatives à la compétence juridictionnelle / clauses d’indexation et d’intérêt

o Limites :

On ne transfère pas les droits exclusivement attachés à la personne du subrogeant.

Civ. 2ème, 25.11.1992 la suspension de prescription dont bénéficiait un mineur lui est purement personnelle et ne se transmet donc pas par subrogation. A partir du moment où le créancier mineur est désintéressé par un subrogé (à partir du paiement) et sans aucune rétroaction, le temps va s’écouler et la prescription va courir.

La transmission des vices de la créance

La créance est transmise avec ses vices, sauf celles inhérentes à la dette ou liées à la qualité de créancier qui sont nées avant la subrogation.

Ex: Une clause exonératoire de responsabilité qui est conclue dans un contrat entre un voyageur et un transporteur est

opposable à l’assureur subrogé.

B. TRANSMISSION À HAUTEUR DU PAIEMENT

23

Le subrogé ne peut agir contre le débiteur qu’à hauteur de ce qu’il a payé. C’est une grande différence avec la cession de créance.

Faites bien attention au cas où le subrogé est tenu avec d’autres parce que dans ce cas, s’il est tenu avec d’autres, il pourra recourir pour une partie de ce qu’il a payé mais pas pour l’intégralité puisqu’en définitive, il devra supporter une partie de la charge définitive de la dette.

Le code civil consacre le principe selon lequel la subrogation ne peut pas nuire au subrogeant. La règle joue dans l’hypothèse d’une subrogation partielle. Le créancier est payé en partie seulement par le solvens. Il va donc le subroger partiellement dans ses droits et il pourra encore, lui, créancier subrogeant, recourir, pour la fraction de la dette demeurant impayée, contre le débiteur. Subrogeant et subrogé peuvent alors se retrouver en concurrence lorsqu’ils vont exercer leurs droits contre le débiteur = concours dans l’exercice des droits contre le débiteur. Le code civil, fait alors primer le subrogeant sur le subrogé.

Cependant, faites attention parce que la règle n’est pas d’ordre public. Cela signifie donc que les parties peuvent y déroger par convention et, bien conseillées, elles le font en réalité systématiquement dans le cadre d’une subrogation conventionnelle. Dès lors, la règle ne s’applique en réalité que dans le cadre de la subrogation légale.

CONCLU SUBROGATION

1) Distinction entre une action subrogatoire et action personnelle . Celui qui paye une dette qui ne lui incombe pas à titre définitif peut exercer une action contre celui qui doit supporter définitivement le poids de la dette. Cette action peut avoir deux fondements différents : action subrogatoire ou action personnelle. Les deux recours ont chacun des avantages et des inconvénients sans que l’on puisse savoir in abstracto qu’il y en a un qui doit être exercé de préférence à l’autre. Vous aurez tendance à exercer une action subrogatoire si jamais le créancier que vous avez payé a eu la bonne idée de se faire consentir des sûretés. A l’inverse, si finalement vous avez un créancier qui n’a absolument pas de sûretés et que finalement, vous avez le droit de demander en plus des dommages et intérêts ou de faire valoir des droits propres en plus de votre paiement, vous pouvez préférer exercer une action personnelle.

2) Différence entre subrogation et cession de créance : Ce n’est pas la même chose d’abord au regard de la finalité de l’opération. 1ère différence : pas la même finalité : La cession de créance, on l’a vu, a souvent un coté spéculatif. 2ème différence : les conditions de ces deux opérations ne sont pas les mêmes. Il faut l’accord du créancier pour

réaliser une cession de créance alors que la subrogation, ne requiert pas son intervention. L’art. 1690 ne s’applique pas à la subrogation.

3ème différence : effets : On l’a déjà un petit peu dit, mais la subrogation opère à hauteur du paiement alors que la cession de créance opère pour le montant nominal de la créance.Le jeu des exceptions n’est pas conditionné par le respect des formalités de l’art. 1690 du code civil.

L’affacturage : Technique particulière de la subrogation fréquemment utilisée dans le domaine commercial qui revient sur la finalité de la subrogation. Le commerçant dispose de créances contre différents clients. Il va se faire payer par quelqu’un que l’on appelle un factore à qui il va transmettre la créance par le biais de la subrogation conventionnelle. Le factore va agir par la suite contre les clients pour obtenir le paiement. Le factor n’agit pas dans un but désintéressé. Le factore libère le paiement à hauteur de la créance (ex: 100) et se fait payer par le commercant un certain montant (20), les deux sont ensuite compensés = le commerçant reçoit 80. Ainsi d’un point de vue théorique, les principes sont saufs. Permet de recourir à une cession de créance simplifié, évite les formalités de l’Art. 1690.

24

TROISIÈME PARTIE – L’EXTINCTION DE L’OBLIGATION.

TITRE 1 : LE PAIEMENT

CHAPITRE 1 : LE PAIEMENT VOLONTAIRE

Déf : Sens juridique : le paiement vise l’éxécution de toute obligation, ce qui inclut l’éxécution d’une obligation de faire ou de ne pas faire. Le paiement est l’extinction de l’obligation par son exécution. Plus large que dans le langage courant, où le paiement s’entend du versement d’une somme d’argent.

Section 1 : les parties au paiement

Le solevens : celui qui paye

L’accipiens : celui qui reçoit le paiement

A. LE SOLVENS

Principe: La personne du solvens est indifférente. Pas forcément le débiteur.

Exceptions:

o Les obligations souscrites intuitu personae.

o Les cas où le paiement effectué par un tiers nuit à l’intérêt du créancier. Ex: Lorsque la défaillance du débiteur lui

permet de demander la résolution du contrat et qu’il souhaite l’obtenir.

Pourquoi payer une dette quand on n’en est pas débiteur ?

Le tiers peut tout être animé d’une intention libérale.

o Ex: Vos parents vont vous aider et payer votre loyer à votre place.

Le solvens a un intérêt à régler la dette.

o Ex: La caution paye parce qu’elle est tenue, en vertu du contrat de cautionnement.

Le tiers solvens peut également n’avoir aucun intérêt à régler la dette d’autrui et ne pas être animé d’une intention libérale.

o Ex: Gestion d’affaire / Départ en vacances et règlement des dettes d’électricité.

La paiement fait sciemment pas autrui

Civ 1ère, 17.11.1993 Celui qui paye sciemment la dette d’autrui sans pouvoir se prévaloir de la subrogation doit rapporter la preuve qu’il ne payait pas avec une intention libérale.

Présomption simple : le paiement a été effectué avec une intention libérale. Il n’y a donc en principe pas de recours possible pour le payeur contre le débiteur initial. Mais, ce principe peut être renversé à charge pour le solvens d’établir que le paiement emporte obligation de rembourser par le débiteur définitif .

o Ex : devra prouver qu’il a payé au nom et pour le compte du débiteur : mandat

o Ex : Il devra sinon prouver que les conditions de la subrogation légale sont réunies

25

Le paiement fait par erreur

Civ 1ère, 04.04.2001 Il s’agissait d’un assureur qui avait versé des indemnités pour réparer des désordres consécutifs à un phénomène de sécheresse (une maison s’était fissurée suite à la sécheresse). Mais, ultérieurement, il va apparaître que les fissures sont dûes à un vice de construction. L’assureur va alors assigner le constructeur ainsi que l’assureur du constructeur afin d’obtenir le remboursement des sommes versées puisqu’il a payé par erreur. Les juges du fond accueillent l’action en retenant que l’assurer est subrogé dans les droits de son assuré. C.Cass souligne qu’il ne peut y avoir subrogation : il faudrait que l’assureur ait réglé une dette à laquelle il était contractuellement ou légalement tenu. Or, comme le vice était imputable à la construction et non à la sécheresse, il n’y avait aucune obligation de payer. Mais comme il a payé par erreur, le solvens va pouvoir exercer une action fondée sur l’enrichissement sans cause avec les limites de cette action contre le débiteur définitif.

La victime qui a reçu le paiement, a reçu une somme à laquelle elle n’avait pas droit venant de l’assureur. Il y a eu paiement indû et celui qui a payé indument peut normalement exercer un recours contre celui qui a reçu le paiement de façon indûe. En pratique, la JP paralyse ce recours et oblige le solvens qui a payé par erreur à recourir contre de débiteur définitif sur le fondement de l’enrichissement sans cause.

B. L’ACCIPIENS

Principe : La personne de l’accipiens est essentielle. L’art. 1239 CoCi prévoit que le paiement n’est libératoire que s’il est effectué entre les mains du créancier.

Exceptions

o Le créancier peut donner à un tiers mandat pour recevoir le paiement.

o Le jeu de l’apparence peut permettre de libérer le débiteur solvens si le débiteur a pu croire légitimement (de

bonne foi), qu’il payait la bonne personne. Ex: Le paiement fait au cédant dans la cession de créance si le cédé n’a pas été informé.

Section 2 : l’objet du paiement.

A. LES RÈGLES COMMUNES À TOUS LES PAIEMENTS

Principe de l’indivisibilité du paiement : le créancier est en droit d’exiger le paiement de l’intégralité de ce qui lui a été promis ou de ce qui lui est dû.Exceptions :

Il ne peut pas refuser un paiement partiel quand la compensation joue.

o Ex: Vous me devez 100 et je vous dois 50, vous me devez 50 et on est quitte. Je suis tenu d’accepter.

En présence d’une pluralité de débiteurs qui peuvent invoquer le bénéfice de division.

o Ex: cautionnement simple : il y a une dette avec deux cautions. Le créancier va devoir diviser ses

poursuites et demander à chacune des cautions le paiement de la moitié de la dette. La convention des parties qui prévoit que les paiements partiels sont acceptés

L’octroi de délai de grâce par le juge. Si le juge admet un rééchelonnement de la dette, on peut imposer au créancier d’accepter un paiement partiel.

Le principe de l’identité du paiement et de l’obligation

En principe le créancier doit recevoir la chose exacte qui lui est due en vertu de la loi ou qui lui était promise.

Exception : La dation en paiement

26

Déf: modalité d'extinction de l'obligation qui au débiteur de se libérer de l'obligation, en remettant au créancier une chose différente de celle prévue au contrat uniquement dans l’hypothèse ou le créancier accepte le changement de la chose.

o Exemple: Si je vous dois 100€ et que j’ai de magnifiques moutons, je peux vous proposer d’accepter un mouton à la

place des 100€ et vous pouvez accepter. En revanche, je ne peux pas vous imposer de recevoir mon mouton.

/!/ La dation en paiement ne doit pas être confondue avec l’obligation alternative qui elle est convenue ab initio

Quelle est la nature de la dation en paiement ? Nature mixte :

Forme anormale de paiement : la dation libère le débiteur et satisfait le créancier. Mais satisfaction anormale, c’est pour cela que l’accord du créancier est nécessaire.

Proximité avec la vente : le débiteur transfert la propriété de quelque chose en lieu et place de payer une somme d’argent avec ensuite une compensation entre le prix de la vente et la dette du débiteur vendeur. Mais ce n’est pas une vente, car dans la dation en paiement, l’obligation que l’on veut éteindre par ce biais doit exister et être valable parce

que sinon celui qui livre la chose peut la reprendre au titre de l’indû.

Proche Novation par changement d’objet = l’objet de l’obligation est remplacé, une obligation ancienne est éteinte et une obligation nouvelle est créée. Mais novation particulière avec dation : tient lieu de paiement, on nove immédiatement pour éteindre finalement

B. LES RÈGLES PARTICULIÈRES AU PAIEMENT DES SOMMES D’ARGENT

Le principe du nominalisme monétaire

Le principe du nominalisme commande de conférer la même valeur, du point de vue juridique à la monnaie quelle que soit son époque. Principe fait supporter la dépréciation monétaire au créancier de l’obligation.

o Ex: on prête 100 en 2011, le remboursement est prévu en 2020. Le paiement de 100 en 2020 libèrera valablement.

Principe non expréssément présent dans le Code Civil mais déduit par la JP : Art. 1895 CoCi : « l’obligation qui résulte d’un prêt en argent n’est toujours que de la somme numérique énoncée au contrat ».

Les dérogations au principe o L’indexation conventionnelle : Le législateur permet aux parties de convenir d’une indexation d’obligation

monétaire. Ainsi, les contractants peuvent choisir un indice en fonction duquel le montant de l’obligation monétaire va évoluer. Plusieurs limites :

Une obligation monétaire ne peut pas être indexée sur le SMIC ou sur le niveau général des prix des salaires. Parce que finalement, une telle indexation neutraliserait l’action des autorités monétaires (plus de prise alors sur le pouvoir d’achat)

L’indice retenu doit petre en relation directe avec l’objet du contrat ou l’activité de l’une des parties.

o La dette de valeur : fait peser le poids de la dépréciation monétaire sur les épaules du débiteur : renverse le

principe. Débiteur tenu alors d’une valeur et non d’une obligation monétaire précisément fixée. La valeur sera alors chiffrée au jour le plus proche du paiement.

Utilisé en droit de la responsabilité civile. Victime éprouve un préjudice au jour J. Le juge se prononce sur l’existence du préjudice, sur son évaluation à J+X. La préjudice est caractérisé à J (analyse du dommage, circonstances). La valeur de ce dommage est chiffrée uniquement à J+X.

Section 3 : la preuve du paiement.Art. 1315 du code civil il appartient au débiteur qui prétend être libéré de rapporter la preuve du paiement qu’il invoque.

Nature juridique du paiement ?

27

Fait juridique : Pour certains auteurs, le paiement est un simple fait juridique qui se prouve par tous moyen parce qu’il désigne finalement le simple accomplissement d’une prestation conforme à l’objet de l’obligation. La volonté n’entre pas en jeu car c’est la loi des parties qui fait produire des effets juridiques qu paiement.

Acte juridique (= manifestation de volonté destinée à produire des effets de droit) : pour certains auteurs le paiement pour objet l’extinction de l’obligation et requiert l’accord du créancier.

C.Cass, 16.09.2010 La Cour a de nouveau affirmé au visa de l’art. 1341 du code civil que « la preuve du paiement qui est un fait » peut être rapportée par tout moyen. Mais on ne peut considérer que la Cour a tranché car suite de plusieurs arrêts qui se contredisent.

CHAPITRE 2 : LE PAIMENT FORCÉ

Pour procéder à une mesure d’éxécution forcée, deux étapes :

Mise en demeure : interpellation établissant le retard du débiteur et la volonté du créancier d’obtenir l’éxécution de l’obligation

Titre éxécutoire : Document qui permet de recourir à la force publique en cas de besoin. Ex: Jugement, Acte notarié

Section 1 : les modalités de l’exécution forcée

Des obligations monétaires : Le plus simple car celui qui doit payer une somme d’argent peut aisément y être contraint. Par exemple : saisie sur son compte bancaire. Simple dans la limite de l’insaisissabilité de certains biens.

Les obligations de donner : Obligation de transférer la propriété. Obligation de donner n’existe pas en réalité. Dans une vente : le transfert de propriété est conventionnellement fixé au moment de la signature = accord des parties sur la chose et le prix (cf. Murielle Fabre-Magnan parle de “mythe de l’obligation de donner”). Le vendeur peut juste devoir mettre à disposition, livrer, mais alors c’est une obligation de faire et pas de donner.

Obligations de faire et de ne pas faire : 1) Art. 1142 CoCi : « toute obligation de faire ou de ne pas faire se résout en dommages et intérêts en cas d’inexécution de la

part du débiteur » = pas d’exécution forcée en nature 2) JP ne comprend pas l’Art. 1142 à la lettre : En principe, exécution forcée. Exception : mise en cause de la liberté

personnelle du débiteur . Liberté personnelle du débiteur ? Ne peut pas contraindre physiquement. Ex: On ne peut forcer une chanteuse à chanter

3) Quelles possibilités quand liberté personnelle du débiteur est engagé ?a. Prononcer une astreinte : amendes monétaire qui incite la personne à s’éxécuter. b. Art. 1143 CoCi : prévoit par exemple la destruction de l’obligation de ne pas faire. Ex: Possibilité de faire

démolir l’ouvrage qui a été construit sur une servitude alors que la personne n’en avait pas le droit.c. Art. 1144 CoCi : faculté de remplacement. Le créancier fait exécuter par un tiers, au frais du débiteur. Le

créancier peut faire éxécuter par un tiers, aux frais du débiteur.

d. Autre possibilité : Constatation judiciaire d’un acte juridique.

i. En matière de promesse de vente : JP, Cour de Cass, 1993, Consorts Cruz “Tant que les bénéficiaires n’ont pas déclaré acquérir, l’obligation de la promettante ne constitue qu’une obligation de faire et la levée d’option, postérieure à la rétractation de la promettante, exclut toute rencontre des volontés réciproques de vendre et d’acquérir” = application à la lettre de l’art. 1142 à la lettre.

ii. En matière de pacte de préférence : on admet la substitution dans les droits du tiers même si conditions strictes. Mais, sur le principe, on peut imaginer une exécution forcée avec une décision de justice qui permettra de parfaire le contrat.

Section 2 : l’assiette de l’exécution forcée, le droit de gage général

Source : Art. 2284 CoCi : « quiconque s’est obligé personnellement, est tenu de remplir son engagement sur tous ses biens mobiliers et immobiliers, présents et à venir » et Art. 2285 CoCi : « les biens du débiteur sont le gage commun des créanciers » = votre patrimoine répond de vos dettes. Existence d’un droit de gage général

28

Déf: le droit qu’a chacun de vos créanciers de faire exécuter sur l’ensemble des biens qui vous appartiennent, qui sont dans votre patrimoine au moment de l’exécution forcée.

/!/ Gage au sens technique Sureté qui permet de remettre un objet au créancier pour lui garantir le paiement de la dette. Si la dette n’est pas remboursée, le créancier garde le bien reçu en gage.

2 types de créanciers : Le créancier chirographaire : qui peut se valoir du droit de gage général. N’a pas de priorité, est en concours avec les

autres créanciers chirographaires = le droit de gage général ne confére pas de droit réel ni de droit de préférence le créancier gagiste : créancier privilégié, possède une sureté réelle

Limite du droit de gage général biens insaisissables. Donc en principe : l’assiette de l’exécution forcée = ensemble du patrimoine du débiteur.

Section 3 : L’assiette de l’exécution forcée, l’action paulienne

Déf : Action qui permet au créancier qui est victime d’une fraude et qui voit son débiteur s’appauvrir de ne pas se voir opposer l’acte frauduleux.

3 éléments importants dans l’action paulienne : A. La fraude

B. L’appauvrissement du débiteur au préjudice du créancier

C. Résultat de l’action : inopposabilité de l’acte frauduleux à l’égard du créancier

Fondement textuel : Art. 1167 CoCi : “ Ils peuvent aussi, en leur nom personnel, attaquer les actes faits par leur débiteur en fraude de leurs droits ”

Domaine o Principe : Tous les actes juridiques du débiteur peuvent être attaqués par la voie de l’action paulienneo Exceptions:

Actes relatifs à des droits extrapatrimoniaux Partage consécutif à une succession, ou une dissolution de régime matrimonial. Sauf si celui –ci est fictif.

Le paiement fait dans des conditions normales et avec des moyens habituels à un créancier ne peut être attaqué par un autre. Sauf si l’on paye de façon anormale ou de façon suspecte Ex: paiement avant le terme ou de façon suspecte comme dation en paiement.

Le jugement de fait : si vous estimez que le jugement a été rendu en fraude de vos droits il existe un recours spécial : la tierce opposition. Comme il existe ce recours spécifique, la voie paulienne n’est pas ouverte dans ce domaine.

Conditions d’exercice : o Créancier :

L’action paulienne peut être exercée par tout créancier n’ayant pas part à l’acte frauduleux. Les ayants-cause universels ou à titre universel sont considérés comme ayant part à l’acte frauduleux.

Principe : Créancier doit prouver qu’il dispose d’une créance qui est née avant l’acte frauduleux.

A daptation JP : Il faut uniquement aujourd’hui que le créancier dispose d’un principe certain de créance au moment de la fraude

Civ. 1ère, 17.01.1984 un dirigeant s’était porté caution de sa société auprès d’une banque. Apprenant que le compte courant de la société est débiteur, il fait une donation de la nue-propriété de sa maison à sa femme. Banque exerce action Paulienne. Juges accueillent l’action alors même que la créance de la banque n’était pas certaine au moment de l’acte argué de fraude. Princeipe certain de créance : parce qu’elle avait un cautionnement, et au moment des faits, la situation financière de la société débitrice principale était déjà quelque peu obérée.

Cour de Cassation abandonne la référence à la situation du débiteur principal, elle va regarder uniquement la date de la conclusion du contrat de cautionnement. Le contrat de cautionnement

29

fait naître un principe certain de créance au profit de la banque même si le débiteur principal est en bonne santé financière au moment de l’acte argué de fraude.

Au moment de l’exercice de l’action, il faut que le créancier prouve que sa créance est certaine. o Préjudice subi par le créancier :

Un acte d’appauvrissement : Le créancier doit prouver que l’acte frauduleux a appuvri le débiteur = que l’acte a fait sortir du

patrimoine du débiteur une valeur ou un bien sans contrepartie ou sans contrepartie suffisante. Ex: Donation

Des actes à titre onéreux conclues à des conditions normales, peuvent malgré tout être jugés préjudiciables pour le créancier. Appauvrissement apprécié in concreto par rapport à la personne su créancier. On va autoriser l’exercice de l’action paulienne chaque fois que le créancier voit ses chances d’être payé diminuées.

L’appauvrissement a provoqué ou aggravé l’insolvabilité du débiteur : Doit être vérifié au moment de l’acte frauduleux et au moment de l’exercice de l’action.

Civ. 1è, 18.07.1995 Le débiteur avait conclu un bail de longue durée sur des biens hypothéqués, le créancier hypothécaire a alors agi sur le fondement de l’action paulienne parce que un bail de longue durée, bien évidemment ça rend bien évidemment l’hypothèque beaucoup plus difficile à réaliser, vous allez avoir plus du mal à vendre le bien. Et dans ce cas, l’action paulienne va être autorisée quand bien même, il ne sera pas question d’insolvabilité.

o Conditions tenant au débiteur : la fraude : Il faut que le débiteur ait tenté de frauder les droits de son créancier.

: intention de nuire, vouloir nuire au créancier cad vouloir lui causer un dommage mais la JP a assoupli le principe en se contentant de la connaissance ou de la conscience du débiteur de causer un préjudice à son créancier.

o Conditions tenant au défendeur , le complice dans la fraude : L’action paulienne n’est pas exercée contre le débiteur mais contre le tiers complice de la fraude.

Actes à titre onéreux : Créancier doit apporter la preuve de la complicité du tiers, càd la conscience que le tiers avait participé à un acte, qui allait porter préjudice au créancier.

Actes à titre gratuit : Preuve n’est pas nécessaire.

Les effets de l’action paulienne : L’action paulienne a pour effet de rendre l’acte frauduleux innopposable au créancier qui a agit. Pour le créancier, l’acte n’a jamais existé et le bien regagne le patrimoine du débiteur. Mais entre les parties, l’acte frauduleux demeure. Action individuelle du point de vue des créanciers : seul celui qui exerce l’action en bénéficie.

Section 4 : L’assiette de l’exécution forcée: l’action oblique

Déf : L'action oblique est une voie de droit qui permet à un créancier dont la créance est certaine, liquide et exigible d'exercer, au nom de son débiteur, les droits et actions de celui-ci, lorsque le débiteur, au préjudice du créancier, refuse ou néglige de les exercer.

Source : Art. 1166 CoCi : « Les créanciers peuvent exercer tous les droits et actions de leur débiteur, à l'exception de ceux qui sont exclusivement attachés à la personne»

A. LE DOMAINE DE L’ACTION OBLIQUE

Les droits et actions du débiteur pouvant être exercées par la voie oblique : o Toutes les actions ouvertes au créancier : les actions en nullité d’un contrat, les actions en résolution, les actions

tendant à l’exécution forcée, les actions tendant à l’obtention de dommages et intérêts. o Droits : mesures de sauvegarde comme une interruption de prescription, une déclaration de créance dans une

procédure collective. L’action oblique peut permettre au créancier d’exercer les droits de son débiteur aussi à condition que ces droits soient déjà nées dans le patrimoine du débiteur.

Ex: Droit d’option contrat aux termes duquel une personne appelée promettant s’engage d’ores et déjà à vendre son bien à une personne (bénéficiaire) au moment où ce dernier lèvera l’option. Action oblique ? JP est incertaine et la doctrine divisée, en faveur de l’exercice de ces droits par le créancier en lieu et place de son débiteur, on fait remarquer que son droit d’option est un droit déjà né dans le patrimoine du

30

débiteur.Mais à l’inverse, on souligne que l’exercice de ce droit dépend beaucoup de l’appréciation personnelle de son titulaire.

/!/ Les droits et actions exclusivement attachés à la personne du débiteur ne peuvent pas être exercés par la voie oblique. Ex : droit extra-patrimonial, comme l’action en divorce.

Question de la levée de la clause d’inaliénabilité qui aurait été imposée par l’auteur d’une libéralité : Le code civil prévoit une hypothèse dans laquelle le donataire pourrait exercer une action afin d’obtenir la levée de cette clause d’inaliénabilité pour finalement pouvoir vendre le bien et disposer librement du bien qui lui a été donné. Evolution JP qur ce point :

Civ 1, 03.06.1998 : La Cour exclu l’action oblique

Civ 1, 11.01.2000 : La Cour laisse entendre que l’action oblique peut être exercée

Civ 1, 25.05.2004 : l’action oblique ne peut pas être exercée pour obtenir la levée d’une clause d’inaliénabilité insérée dans une donation parce qu’il s’agit là d’un droit patrimonial de nature personnelle.Pertinence de la solution discutée en doctrine encore.

B. LES CONDITIONS DE L’ACTION OBLIQUE

Conditions tenant au créancier : o Les qualités de la créance ( créance de celui qui agit par la voie oblique contre le débiteur négligeant) :

Principe: Toute créance de toute nature peut ouvrir la coie de l’action oblique. Il faut que cette créance soit certaine, liquide et exigible mais elle n’est pas forcément une somme d’argent. Vérifié au jour ou le juge statue.

Civ 3, 14.11.1985 un syndic de copropriété pouvait exercer une action oblique contre le locataire d’un des propriétaires, dans le but d’obtenir la résiliation du bail

o L’intérêt à agir: Le créancier doit apporter la preuve qu’il existe des doutes ou des menaces par rapport à la solvabilité du débiteur pour les obligations monétaires. Pour les obligations de faire ou de ne pas faire, pas de preuve à apporter car n’aurait pas de sens.

Conditions tenant au débiteur : o Négligence ou carence : Pas nécessairement fautive. Par ommission par ex mais un simple retad dans l’exercice de

poursuites n’est pas suffisant, il faut une véritable inaction du débiteur.

C. LES EFFETS

Le créancier n’obtient pas le paiement de sa créance, tout ce qu’il fait c’est enrichir son débiteur, à charge pour lui ensuite, généralement dans le même temps, d’exercer une action en paiement versé contre son débiteur.

Pour le tiers poursuivi (débiteur de notre débiteur) : pas d’originalité, c’est comme si son propre créancier agissait. Le débiteur négligent n’est pas déssasi, il peut reprendre la main à tout moment. L’action oblique peut permettre au autres créanciers du débiteurs de voir leur créance remplie grâce à l’action oblique

d’un autre créancier qu’eux-même.

Section 5 : L’assiette de l’exécution forcée : l’action directe

Déf : Action du créancier qui va agir contre le débiteur de son débiteur.

Différences avec Action oblique : Le bien en cause ou l’argent ne transite pas par le patrimoine du débiteur. Créancier fait jouer un droit qui

lui est propre, personnel.31

Plusieurs actions directes : nécessitent de rentrer dans un des cas spécifiquement précu par la loiApplication pratique : JP sur la transmission de l’action en responsabilité contractuelle dans les chaînes de contrat translatives de propriété / Matière d’assurances : action directe de la victime contre l’assureur de responsable.

Régime : le régime de l’action varie selon les dispositions législatives ou JP en cause. Actions directes parfaites : hypothèse où la créance du débiteur contre le sous débiteur est affectée au paiement du

créancier sans que celui-ci n’ait à exercer l’action, c’est le cas de l’assurance de responsabilité civile Actions directes imparfaites : l’immobilisation de la créance contre le sous débiteur ne s’opère qu’au moment de

l’exercice de l’action, avant la créance est dans le patrimoine du débiteur intermédiaire. Elle peut donc être saisie ou s’éteindre. Ex: le cas des actions directes dans les chaînes de contrat.

TITRE 2 – L’EXTINCTION PAR SATISFACTION INDIRECTE DU CRÉANCIER

CHAPITRE 1 : LA CONFUSION

Déf : la réunion sur une même tête de deux qualités, celle de débiteur et celle de créancier, pour une même dette. Qqn qui avait antérieurement un créancier, devient à la suite d’un événement son propre créancier. La confusion de l’obligation peut être seulement partielle.

Art. 1300 CoCi : “Lorsque les qualités de créancier et de débiteur se réunissent dans la même personne, il se fait une confusion de droit qui éteint les deux créances”

Exemples:

fusion entre sociétés, une société était créancière d’une autre et, en définitive, une seule et même personne morale est créancière et débitrice d’elle-même.

débiteur qui hérite de son créancier : dans le cas d’un héritier qui était débiteur du défunt, mais qui n’hérite pas seul du défunt, on va inclure sa dette dans l’actif successoral et ensuite on partagera cet actif.

Même si l’intégralité de l’obligation est concernée par la confusion, l’obligation ne s’éteint pas réellement : dans la confusion l’obligation « est éteinte » par confusion, survit à l’état latent, cela signifie concrètement que les tiers peuvent invoquer les avantages qui leur ont été conféré par le droit éteint.

Ex: confusion réalisé avec un bail, le bailleur hérite d’un locataire défunt, si le locataire avait consenti une sous-location, le bailleur devenu locataire doit respecter l’engagement consenti au profit du sous-locataire, le sous locataire est un tiers par rapport au rapport d’obligation qui est né du bail principal.

32

CHAPITRE 2 : LA COMPENSATION

Déf : lorsque deux parties sont respectivement créancières l’une de l’autre et que leurs dettes respectives s’éteignent à concurrence de la plus faible.

Avantages :

1) Permet d’effectuer un paiment simplifié

2) On évite tout risque d’insolvabilité du débiteur et en outre on est payé par préférence à tous les autres au créanciers.

Section 1 : La compensation légale

A. CONDITIONS

Conditions positives : 1) Il faut des dettes et des créances réciproques, mais interdiction des relations triangulaires.2) La compensation ne peut opérer qu’entre des choses fongibles. Donc on ne peut compenser un cheval avec un bœuf3) la compensation légale ne joue que lorsque les dettes et créances réciproques sont certaines.

4) ces dettes ou créances doivent être liquides, c’est-à-dire déterminées dans leur montant.

5) il faut que les dettes et créances en cause soient exigibles.

Conditions négatives : Art. 1293-3 du Code Civil exclut la compensation pour des créances alimentaires et insaisissables. JP étend l’exclusion à la créance de salaire même pour la fraction saisissable.

B. LES EFFETS DE LA COMPENSATION LÉGALE

La compensation emporte extinction de la dette et de tous ses accessoires à concurrence de la dette la plus faible.

Opère rétroactivement : au jour où les cinq conditions sont réunies. Conséquence : la compensation légale peut être invoquée après le jugement d’ouverture de procédure collective si les conditions étaient réunies avant le jugement d’ouverture. Normalement, un jugement d’ouverture de procédure collective emporte interdiction de paiement des dettes antérieures. Mais tous ces principes sont neutralisés en cas de compensation légale. Si les conditions de la compensation légale ne sont réunies qu’après le jugement d’ouverture, le partenaire du failli devra alors régler sa dette et déclarer sa créance pour espérer être payé sauf en cas de connexité.

Pour produire effet la compensation légale doit être invoquée mais une fois qu’elle est invoquée si les conditions sont remplies elle produit effet rétroactivement. Le juge ne peut pas soulever la compensation légale.

Section 2 : La compensation judiciaire

La compensation est judiciaire lorsqu’elle est prononcée par le juge. Issue des Art. 70 et 564 CPC : compensation évoquée mais sous forme d’une simple possibilité laissée au juge. Or, la compensation légale est de droit lorsque ces conditions sont réunies. Compensation judiciaire considérée comme voie de sauvetage lorsque les conditions de la compensation légale ne sont pas réunies.

33

Conditions indispensables: 1) Créances et des dettes certaines et réciproques2) Créances et dettes fongibles parce que le juge ne peut pas décider à la place des parties d’échanger l’objet des

obligations

Lorsque les conditions sont réunies, le juge a un pouvoir d’appréciation pour accorder ou refuser la compensation. A quelle date la compensation judiciaire prend alors effet ? Désaccord entre les auteurs : dans la compensation judiciaire c’est le juge qui va rendre les dettes et créances liquides et exigibles, par conséquent il n’y a aucune raison de faire rétroagir parce qu’il suffit de reprendre la solution qu’on a vu pour la compensation légale, la compensation produira effet au jour où les conditions seront réunies. Solution incertaine.

Section 3 : La compensation des dettes connexes

Hypothèses dans lesquelles il y a des dettes certaines, réciproques et fongibles.

A. LA NOTION DE CONNEXITÉ

La connexité repose sur l’idée de cause, un lien étroit entre des créances réciproques. Cela concerne bien souvent cela concerne des créances issues d’un même rapport contractuel.

o Ex: compensation entre une créance de loyer et une dette liée à la restitution du dépôt de garantie

Mais la JP va parfois plus loin en admettant la compensation entre des créances nées de contrats distincts mais entre lesquels il existera malgré tout un lien économique assez étroit dans ce cas, on se trouve en présence d’un ensemble contractuel.

MAIS pas de connexité entre des créances de nature différente.

o Ex: créance de nature contractuelle et une créance de nature délictuelle

B. RÉGIME DE LA COMPENSATION POUR CONNEXITÉ

Quant il y a connexité, le juge doit prononcer la compensation des dettes connexes même si celles-ci ne sont ni liquides ni exigibles.

La compensation pour connexité permet de contourner l’obstacle de l’ouverture d’une procédure collective, lorsque vous pouvez invoquer une compensation pour une dette connexe, peu importe la date du jugement de l’ouverture, la compensation marchera toujours, c’est une différence avec la compensation légale. JP : la compensation peut rétroagir au jour de l’exigibilité de la première dette ou de créance donc c’est important.

Section 4 : La compensation conventionnelle

Les parties peuvent par convention décider de compenser leur dette et créance d’après le principe de liberté contractuel du droit français. Pas de rétroaction en la matière, la compensation opère au jour de l’accord des parties, qui fait naître des droits.

o Ex: Les parties peuvent décider de compenser des choses qui ne sont pas fongibles

Section 5 : La compensation et les autres mécanismes

A. LA CESSION DE LA CRÉANCE

Dans le cas d’une cession de créance :o Si le cédé accepte la cession (acte authentique ou sous seing privé) : il ne peut pas opposer la compensation antérieure qui

aurait eu lieu avec le cédant au cessionnaire. o En cas de notification la solution est différente et le cédé peut donc opposer la compensation légale au cessionnaire si les

conditions étaient réunies avant la notification. Justification : avant la notification, si les conditions de la compensation légale sont réunies, il y a extinction et finalement il n’y aura pas de cession de créance.

34

Si les conditions de la compensation légale avec le cédant sont réunies après la notification : pas de compensation posible. Justification : à la suite de la notification le cédant n’est plus le créancier du cédé (exception faite des dettes connexes).

B. LA SUBROGATION

La compensation légale entre la dette du débiteur et la dette du subrogeant ne peut être opposée ou subrogée que si les conditions sont réunies avant le paiement subrogatoire. On retrouve l’exception pour la compensation des dettes connexes.

CHAPITRE 3 : LA NOVATION

Déf : opération aux termes de laquelle les parties conviennent de l’extinction d’une obligation ancienne par la création d’une

obligation nouvelle qui la remplace.

Section 1 : Les conditions de la novation

L’existence d’une obligation ancienne valable o Si nullité absolue obligation nouvelle également nulle car dépourvue de causeo Si nullité relative la novation faite en connaissance de cause sera perçue comme une confirmation et sera donc

valable. Création d’une obligation nouvelle valable

o Si obligation nouvelle est nulle l’obligation ancienne subsiste

o Si l’obligation nouvelle est valable, il faut qu’elle soit suffisamment diffèrente de l’ancienne :

Changement de partie au contrat : débiteur ou créancier (plus rarement)

C hangement d’objet de l’obligation : le créancier va accepter que le débiteur se libère en fournissant autre chose que la prestation initialement prévue. JP: Il faut un changement assez important = qui ne porte pas sur un élement accessoire.

Quelle différence avec la dation en paiement ? Dans le cadre de la dation en paiement, au moment du paiement, le créancier accepte de changer l’objet de l’obligation qui s’éteint immédiatement. S’agissant d’une novation par changement d’objet de l’obligation, l créancier accepte de recevoir autre chose mais il ne le recevra pas tout de suite.

JP relative à la modification des modalités de l’obligation On considère qu’il n’y a pas de novation si les modalités qui sont changées n’affectent pas l’existence même de l’obligation. Si vous supprimez une condition pour rendre une obligation pure et simple cette fois-ci il n’y a pas forcément de novation :

Civ 1, 21.01.1959 Il s’agissait dans cette affaire d’une vente qui avait été consentie en contrepartie d’un bail à nourriture, donc une personne nous vend son bien et au lieu de payer le prix, les acheteurs vont s’engager à nourrir leur vendeur. Il y avait une clause dans ce contrat de vente qui prévoyait la résolution du contrat en cas d’inexécution imputable à l’acquéreur donc, si l’acquéreur ne nourrit pas bien son vendeur, le vendeur pourra exercer une action résolutoire et finalement récupérer la propriété de son bien, par la suite le bail à nourriture est transformé en rente viagère donc finalement l’acheteur n’a plus à nourrir le vendeur tous les mois il se contente de lui verser une somme fixe par mois sa vie durant.La clause résolutoire n’est pas reprise, l’acquéreur cesse de servir la rente viagère, le bailleur va alors chercher à faire jouer la clause résolutoire mais cocontractant afforme qu’il y a eu novation : comme on n’a pas repris la clause résolutoire et bien pas d’action possible sur le fondement de cette clause. La cour de cassation va juger qu’il n’y a pas eu de novation, elle va estimer qu’il y a eu uniquement un changement des modalités d’exécution du contrat et en conséquence la clause résolutoire va continuer à jouer

35

Civ 1, 2.12.1997 deux personnes qui avaient obtenu un prêt à un taux préférentiel parce que l’un des deux emprunteurs était salarié de l’établissement prêteur, le contrat de prêt stipulait que le taux du prêt sera ramené à ce qui était normalement pratiqué pour tous les clients si la partie qui travaillait chez elle cessait d’y travailler. Cette hypothèse arrive et la banque modifie le taux qui grimpe de quatre points environ. La CA va considérer qu’il y ait novation car modifications d’élements touchant au coeur du contrat : taux, durée du prêt. Ccass va rejeter cette aux visas des articles 1134 et 1271 du Code Civil. Pour elle, ça n’est pas suffisant pour caractériser une novation, en raccourcissant la durée d’un prêt, vous augmentez considérablement son taux.

Changement de cause de l’obligation :

o Ex: bailleur qui accepte que le locataire qui rencontre des difficultés ne le paye pas à l’échéance =

délais de paiements. Locataire doit toujours les loyers mais sur un fondement différent, il le devra au titre d’un prêt et non plus du bail.

o Ex: l’inscription au compte courant des associés vont inscrire des opérations l’un envers l’autre

par exemple l’un prend de l’avance sur la distribution de dividendes sur un compte unique, il y a alors novation parce qu’en définitive on va retenir une créance unique, récapitulant toutes les opérations entre associés lorsque l’on va arrêter le compte et qu’un solde va apparaître créditeur ou négatif. En conséquence, c’est là tout l’enjeu de la question, les sûretés qui garantissaient l’une des opérations disparaissent dès lors que l’on passe l’opération en compte courant on change complètement la cause de l’obligation et donc les sûretés disparaissent.

L’intention de nover: animus novandi : intention ne se présume pas. Pour autant, aucun formalisme n’est requis vous ne devez pas lorsque vous instrumentez une novation, expressément indiquer qu’il y a novation mais il faut clairement indiquer que l’obligation ancienne est éteinte qu’en considération de la naissance de l’obligation nouvelle.

Section 2 : Effets

1) Inopposabilité des exceptions : on ne peut pas invoquer dans le cadre de l’obligation nouvelle des exceptions tirées du rapport d’obligation ancien éteint.

2) Les sûretés attachées à l’obligation ancienne disparaissent avec elle , sauf stipulation contraire au moment de la novation.

La novation est rarement utilisée en pratique parce qu’elle est concurrencée par d’autres mécanismes plus souples ou plus

sécurisant. Ex: Cession de créance garantie transfert des sûretés. Le seul intérêt de la novation, c’est la novation par changement des modalités de l’obligation, on fait un changement mais dans la continuité, on lie alors opportunément les deux opérations mais comme on l’a vu la Ccass n’admet rarement.

36

CHAPITRE 4 : LA DÉLÉGATION

Déf : C’est une opération par laquelle une personne que l’on appelle le délégant donne l’ordre à une autre que l’on appelle le

délégué de s’engager envers une troisième un délégataire qu’il accepte.

Délégant : donne les ordres

Délégué : celui qui éxécute les ordres

Délégataire : celui envers lequel le délégué éxécute la prestation convenue

2 Conséquences :1) Le délégant n’est pas partie à la délégation, accord entre le délégataire et le délégué, le déléguant se contente de

donner un ordre.

2) La délégation crée une obligation nouvelle entre le délégué et le délégataire. Régit par Art. 1275 CoCi :” La délégation par laquelle un débiteur donne au créancier un autre débiteur qui s'oblige envers le créancier, n'opère point de novation, si le créancier n'a expressément déclaré qu'il entendait décharger son débiteur qui a fait la délégation”

Utilisation ?

- Générallement utilisée lorsque le délégant est le créancier du délégué. Ex: Donation faites par délégation. Délégant demande à un de ses débiteur, qui devient délégué de s’engager à l’égard d’un autre : le délégataire à lui donner une somme d’argent.

- Délégation permet de réaliser un paiement simplifié. Ex: Achat et crédit d’un immeuble, qqn achète un immeuble à crédit, et le met en location, il va se servir du montant des loyers pour rembourser son prêt. Délégant (propriétaire bailleur) donne l’ordre à son débiteur (locataire), le délégué, de s’engager envers la banque délégataire (créancier prêteur) à payer ses loyers. Il y a satisfaction indirecte de la créance initiale : le délégataire créancier du délégant va être payé par le délégué et non pas par son débiteur originaire.

- Rapports plus originaux possibles : délégation sans rapports préexistants entre les trois parties . Ex: Le cas d’un banquier français qui donne l’ordre à un autre banquier allemand par exemple de prêter des fonds à un client qui voyage beaucoup.

Section 1 : Présentation des différents types de délégation

Délégation parfaite / Délégation imparfaite o Délégation imparfaite ou simple : hypothèse où il y a un rapport d’obligation préexistant entre le délégant et le

délégataire et où le délégant n’est pas libéré du seul fait que le délégué s’est engagé auprès du délégataire. Le délégataire a maintenant deux débiteurs, il a le délégant qui était son premier débiteur, il a le délégué qui vient s’ajouter et qui s’engage sur ordre du déléguant à son profit. Si le délégué ne s’exécute pas, ça sera au déléguant de s’exécuter puisque son rapport d’obligation à l’égard du délégataire ne sera pas éteint avant que le délégué ne s’éxécute : délégation procure une garantie au créancier, il a plus de chance d’être payé.

o Délégation parfaite ou novatoire : Dans cette hypothèse le délégant est déchargé de ses obligations envers de son délégataire du seul fait de son engagement de son délégué, libérant de fait le déléguant.

Délégation certaine / Délégation incertaine :o Délégation certaine : l’objet de l’obligation qui pèse sur le délégué est déterminé sans aucune référence à une

obligation qui préexisterait dans les rapports entre les parties. Autonomie totale qui lie délégué au délégataire. 37

o Délégation incertaine : l’objet de l’obligation qui pèse sur le délégant est calqué sur les rapports préexistants entre le délégué et le délégant ou entre le délégant et le délégataire. Ex: délégué s’engage à régler au délégataire ce qu’il doit au délégant. Le délégué s’engage à régler au délégataire ce que le délégant doit à ce dernier.

Section 2 : La règle de l’inopposabilité des exceptions

Principe : Délégation créée un rapport d’obligation nouveau entre délégué et délégataire. On ne peut invoquer des exceptions tirées des rapports que le délégué a avec le délégant ou le délégant avec le délégataire. Mais il faut préciser.

Exceptions nées des rapports du délégué avec le délégant: o Principe : Inopposabilité des exceptions car engagement entre délégué et délégataire est autonome du rapport

d’obligation entre délégant et délégué.o Limites :

Si le délégataire est de mauvaise foi = s’il accepte l’engagement du délégué en connaissant les vices qui affectent cet engagement, la règle de l’inopposabilité des exceptions ne s’applique pas.

Délégation incertaine car obligations du délégué à l’égard du délégataire calquée sur les obligations du délégué à l’égard du délégant. La délégation est valide uniquement parce que le délégant à une créance sur le délégué au moment de la conclusion de la délégation. Le délégué peut opposer une exception tirée de ses rapports au délégataire.

Exceptions nées des rapports du délégant avec le délégataire: o Principe : l’inopposabilité des exceptions. o JP incertaine sur la portée exacte du principe :

La première Chambre Civile neutralise le principe de l’inopposabilité des exceptions si délégation incertaine :

Civ. 1ère, 17.03.1992 Vente de fonds de commerce, l’acquéreur s’était engagé à reprendre une partie des dettes contractées par le vendeur envers un tiers. Délégation : Vendeur (délégant) donne ordre à l’acquéreur (délégué) de payer une partie des dettes qu’il avait contracté à de son créancier (délégataire). Le délégataire assigne le délégué en paiement mais ce dernier lui oppose la prescription décennale. Délégué prend comme point de départ la date de la naissance de la créance du délégataire envers le délégant = il se place dans les rapports délégant-délégataire. La Ccass va admettre la possibilité d’opposer une telle exception parce que l’on est en présence d’une délégation incertaine calquée sur les rapports délégant-délégataire.

Chambre commerciale semble l’appliquer dans tous les cas même pour une délégation incertaine :

Com, 07.12.2004 Question d’un contrat de bail qui avait été résilié. Condamnation du bailleur à verser une provision sur le préjudice subi par le preneur. Par la suite, le bailleur vend l’immeuble et l’acquéreur de l’immeuble s’engage à prendre en charge le règlement de l’indemnité due par le vendeur au preneur. Délégation incertaine calquée sur les rapports délégant-délégataire, le délégué c’est l’acquéreur celui qui s’engage, le délégataire ce sont les preneurs à qui on doit régler l’indemnité. Finalement, les délégataires vont assigner l’acquéreur en paiement de la créance de DI. Le délégué soutient que la créance du délégataire sur le délégant est éteinte à la suite du défaut de déclaration de créance dans le cadre de procédure collective (déclaration nécessaire avant 2005). La Chambre Commerciale retient que l’exception est sans effet en se retranchant derrière principe de l’innopposabilité des exceptions.

Certains auteurs proposent une voie médiane : distinguer selon la nature de l’exception ainsi, le délégué pourrait seulement opposer les exceptions inhérentes à l’obligation ( à prescription le paiement la remise de dette etc... ) mais pas les exceptions fondées sur les rapports qui unissent le délégataire au délégant (l’incapacité du délégant…)

38

Section 3 : Le rapprochement de la délégation et des mécanismes voisins

Délégation et cession de créance o Dans la cession de créance, le débiteur cédé a un rôle passif alors que dans la délégation il doit consentir pour être

tenu à l’égard du délégataire.o Le cédé peut en principe opposer au cessionnaire les exceptions tirées de ses rapports avec le cédant.

o Pour les tiers comme les autres cessionnaires dans la cession de créance, l’acte de cession ne leur est opposable

qu’après l’accomplissement des formalités de l’Art. 1690. La délégation produit effet au jour où le délégataire accepte l’engagement du délégué. Tant que la délégation est pendante (=le délégataire n’a pas encore dit si il accepte l’engagement du délégué à son égard), le délégué ne peut se voir repprocher la non éxécution de son engagement.

Délégation parfaite et novation :

Généralement on assimile les deux, d’ailleurs on parle de délégation parfaite novatoire ce qui montre bien qu’il existe un lien fort entre la délégation parfaite et la novation et la loi semble établir ce lien : Art. 1275 et 1279 CoCi.

Quand même des différence :

o La novation crée une obligation nouvelle pour éteindre une obligation ancienne alors que dans la délégation, le délégué ne

s’engage pas forcément pour éteindre la dette du délégant à l’égard du délégataire qui ne peut exister, il s’engage souvent pour éteindre sa propre dette à l’égard du délégant ou pour lui faire une donation.

Distinction à faire donc entre délégation parfaite et novation. Quelles conséquences ?

1) Consentement du créancier peut être tacite dans la novation. Au contraire dans la délégation, la volonté de libérer le délégant doit être expresse car il s’agit alors de renoncer un droit (Art. 1275 CoCi). JP part du principe que la délégation est normalement imparfaite et qu’il faut une stipulation expresse pour qu’elle soit parfaite.

2) L’inopposabilité des exceptions, dans la novation la nullité de l’obligation ancienne emporte nullité de l’obligation nouvelle qui n’a plus de cause alors que dans la délégation on part du principe que les exceptions sont normalement inopposables lorsqu’elles ne proviennent pas du rapport existant entre le délégué et le délégataire.

39

TITRE 3 : L’EXTINCTION SANS SATISFACTION DU CRÉANCIER

CHAPITRE 1 : LA REMISE DE DETTE

Déf : Par la remise de dette, le créancier renonce en tout ou partie à ce qui lui était dû. Ce n’est pas un acte unilatéral : requiert l’accord du débiteur pour produire effet même si c’est le créancier qui renonce à sa créance.

Comment prouve-t-on une remise de dette ? Art. 1341 CoCi, la remise de dette doit être prouvée par un écrit lorsqu’elle porte sur une somme supérieure à 1500€. Art. 1282 et 1283 CoCi présomption de libération du débiteur lorsque le créancier lui a volontairement remis le titre constatant la créance. Présomption dépend de la nature du titre en cause :

o Si la créance a été constatée par acte authentique, le titre dont la remise rend applicable la présomption est la

copie exécutoire : c’est une copie que le notaire va vous délivrer Présomption de libération simpleo Si la créance a été constatée par un acte sous seing-privé, le titre que vous remet le créancier est l’original

Présomption de libération irréfragable

40

CHAPITRE 2 : LA PRESCRIPTION EXTINCTIVE

Loi du 17 Juin 2008 réforme en profondeu ce domaine, dans un but de simplification qui n’est finalement pas atteint : il y a toujours un droit commun et une multitude de régimes particuliers. Les délais de prescriptions étaient généralement considérés comme trop longs, prescription de droit commun avt la réforme : 30 ans.

Section 1 : La durée de la prescription

A. LES DÉLAIS

Droit commun : Sauf disposition légale spécifique, la durée de prescription est d’une durée de 5 ans. Plus de diffèrence entre :

o Actions en nullité relative et actions en nullité absolueo Entre responsabilité contractuelle et responsabilité délictuelleo Matière civile et matière commerciale

Les délais spéciaux: Quelques exemples :

o Deux ans pour l’action des professionnels pour les biens et services qu’ils fournissent au consommateur

o Trente ans pour la réparation des dommages causés à l’environnement

o Dix ans pour la prescription d’une action tendant à la réparation d’un dommage corporel

o Vingt ans lorsque le préjudice a été causé par des actes de torture ou de barbarie ou par des violences ou

agressions sexuelles contre des mineurso Trois mois pour la diffamation d’injure par voie de presse

o Trente ans pour les actions réelles immobilières

o Trente ans pour l’action en nullité absolue du mariage.

B. LE POUVOIR DES PARTIES SUR LE DÉLAI DE LA PRESCRIPTION

La renonciation à la prescription : On ne peut pas renoncer d’avance au bénéfice de la prescription = pas avant que la prescription soit acquise. Mais, on peut renoncer, même tacitement à l’invoquer, une fois qu’elle est acquise.

o Ex: Vous concluez un contrat. En principe, la prescription est de 5 ans. Au moment de la conclusion du contrat, vous ne pouvez pas renoncer à la prescription quinquennalle alors qu’elle n’a pas commencé à courir. En revanche, une fois qu’elle est acquise, vous êtes débiteur et vous pourriez opposer à votre créancier la prescription de la créance : vous pouvez alors renoncer à invoquer cette prescription.

Les aménagements conventionnels: o Raccourcissement : Les parties peuvent conventionnellement abréger les délais de prescription si aucune

prescription contraire de la loi ne l’interdit. Condition : que ce raccourcissement du délai ne soit pas tel qu’il reviendrait en pratique à interdire au créancier d’agir = pas en dessous d’un an.

Com., 12.07.2004 La faute lourde du débiteur de l’obligation, ne faisait pas obstacle au jeu de la prescription conventionnellement abrégée. Parce que les clauses relatives à la prescription, lorsqu’elles

41

abrègent des presciptions, poursuivent et renforcent l’objet assigné à la prescription par la loi = protéger le débiteur.

o Allongement du délai de prescription : Depuis 2008, allongement du délai de prescription possible, mais limite fixée à 10 ans. Les parties peuvent augmenter les causes légales de suspension ou d’interruption de la prescription, ce qui allonge indirectement d’autant la prescription.

o La neutralisation de tout aménagement conventionnel de la prescription : Il est des hypothèses ou les parties ne peuvent pas toucher à la prescription : actions en paiement de dette périodique comme les salaires, arrérages de rentes, pension alimentaire, les contrats conclus entre professionnels et consommateurs.

C. POINT DE DÉPART DE LA PRESCRIPTION

On calcule la prescription par jour et non pas par heure.

L’idée de la réforme de 2008, c’était de compenser le raccourcissement de la prescription (de 30 ans à 5 ans) par un certain retardement dans le point de départ du délai de la prescription. Elle a consacré un point de départ glissant et a ajouté un délai butoir :

Point de départ glissant : On va s’adapter en fonction des situations. La prescription commencera à courir plus ou moins tôt. Ex: Vice du consentement : 5 ans à partir de la découverte du vice : Art. 1304 CoCi. Art. 2224 CoCi : le point de départ de tout délai de prescription (sauf disposition contraire), c’est le jour où “le titulaire du droit a connu ou aurait du connaître les faits lui permettant de l’exercer “Comment la C.Cass apprécie la connaissance supposé du créancier ? Appréciation in abstracto : “ou aurait dû connaitre” Souplesse ou fermeté de la Cour en la matière reste encore incertaine.

Délai butoir : de vingt ans. Au delà de 20 ans quoi qu’il se passe on ne peut plus agir. Délai butoir consacré par Art. 223 CoCi . Vingt ans à partir de quand ? à compter « du jour de la naissance du droit ». Le jour où le droit est né, même si le créancier ne savait pas. A partir de quand un droit est-il né ? La doctrine n’a pas répondu à cette question.Délai butoir neutralisé dans certaines hypothèses :

o en présence d’une action de réparation d’un dommage corporel

o en présence d’une action tendant à la réparation des dommages causés par des actes de torture, de barbarie

ou des violences, des agressions sexuelles contre les mineurso en présence d’une action réelle immobilière

o dans une action entre époux

o actions relatives à l’état des personnes (filiation et autres)

o les actions relatives au paiement des dettes périodiques

o en présence d’une interruption de la prescription par une demande en justice

o etc.

Section 2 : Interruption et suspension de prescription

A. L’INTERRUPTION

Peut émaner du créancier : Ce sont des actes qui démontrent de façon certaine, que le créancier n’entend pas abandonner son droit. Ex: Action en justice, commandement, saisie (cf. liste limitative CoCi). Il n’est pas nécessaire que le débiteur ait connaissance de cet acte.

Une reconnaissance de dette de la part du débiteur interrompt la prescription au profit du créancier: reconnaissance de dette entendue au sens large : peut être une demande d’un délai pour payer ou réglement d’un accompte.

42

Com., 30.03.2005 Effet interruptif de la compensation en matière de prescription. Il était question d’une société de transport qui assignait en paiement le débiteur du prix du transport pour des transports qui avaient déjà été effectué entre octobre 1999 et juin 2000. Le débiteur du prix du transport à qui on demande le paiement répond dans des conclusions en date du 26 avril 2001 que, la dette qu’il a à l’égard de celui qui l’assigne, se compense avec une propre créance qu’il aurait sur ce même transporteur, pour des transports qui auraient été effectués entre aout 1999 et juin 2000. Réponse du premier transporteur : pas possible car la prescription annale du Code de Commerce a commencé à jouer. La Cour de Cassation approuve les juges du fond d’avoir fait jouer la compensation à hauteur de la dette la plus faible et d’avoir condamné le demandeur (premier transporteur) à régler le surplus.Deux points :

* Incidence = effet extinctif de la compensation La seule chose qui compte pour que la compensation produise un effet extinctif, c’est qu’au moment ou on envisage de situer la compensation, aucune des créances ne soit prescrite.

* La compensation opère interruption de la prescription pour le reliquat de la dette qui reste et situe le moment de cette interruption au jour où les conditions de la compensation sont réunies. La compensation ayant produit effet le 15 juin 2000, le reliquat de la dette était prescrit le 15 juin 2001 or les conclusions dans lesquelles le créancier a demandé le règlement du reliquat date d’avant (26 avril 2001) donc pas de prescription pour le reliquat.

Pour les prescriptions conventionnellement abrégées, on exclut toute possibilité d’interruption par le créancier comme par le débiteur. Puisque les parties ont voulu raccourcir conventionnellement le délai prévu par la loi, il n’y a pas d’interruption possible.

Effets : Normalement, l’interruption entraine la remise à 0 du compteur temps. Une nouvelle prescription commence donc à courir étant précisé qu’elle aura la même durée que l’ancienne.

B. LA SUSPENSION DE LA PRESCRIPTION

Effet : On arrête le calcul du temps pendant la période de la suspension.

Les causes spécifiques : La loi prévoit des cas de suspension de la prescription: o L’incapacitéo Les actions des époux : tant que vous êtes marié, la prescription de coure pas.

/!/ La suspension de la prescription ne s’applique pas en présence d’un délai préfixe (= délais assez brefs et qui, parce qu’ils visent à protéger des intérêts particuliers, ne doivent pas être suspendus). Définition peu précise, JP détermine ces délais au cas par cas.

Adage “contrat non valentem”: cas où le créancier n’a pas pu agir à la suite d’un événement de force majeure. Création JP consacrée par la réforme de 2008 à l’Art. 2234 CoCi : « la prescription ne court pas où est suspendue contre celui qui est dans l’impossibilité d’agir par suite d’un empêchement résultant de la loi, de la convention ou de la force majeure ».Celui qui ne peut pas agir ne voit pas la prescription courir à son encontre. Elle recommence à courir uniquement quand il peut agir. L’ignorance de ses droits par le créancier peut être constitutive d’un cas de force majeure, mais pas l’ignorance de la loi. En pratique, la doctrine remarque que les tribunaux ont tendance à appliquer plus facilement la règle en présenced’une courte prescription qu’en présence d’une prescription lourde. Cette règle joue même en présence d’un délai préfixe.

o Conditions d’applications : tant que le créancier dispose encore d’un temps suffisant pour pouvoir agir contre son débiteur, c’est-à-dire tant que la prescription n’est pas acquise, on ne peut pas invoquer l’adage = Cet adage n’entraine pas une véritable suspension de la prescription. Cet adage joue uniquement quand la prescription est acquise comme une mesure d’équité qui permet de neutraliser l’effet extinctif de la prescription.

o Exemple : Si la prescription commence à courir en 2010, et qu’à partir de 2010, vous ne pouvez pas agir par suite

43

d’un événement de force majeure. Prescription de cinq ans donc on prescrit cinq ans plus tard (2015). L’événement force majeure cesse de produire effet en 2013. Il vous reste deux ans pour agir. Vous devrez agir dans les deux ans. On ne va pas, à partir de 2013, refaire courir un délai de cinq ans. En revanche, si le cas de force majeure dure jusqu’en 2016, cette fois-ci, on va considérer que vous n’avez jamais pu agir (pendant toute la durée de la prescription) donc on va appliquer contra non valentem et à partir de 2016 vous aurez un nouveau délai de cinq ans qui va s’ouvrir pour commencer à agir.

C. LES EFFETS DE LA PRESCRIPTION

Deux thèses doctrinales sur la nature de la prescription :

Thèse substantialiste : La prescription comme cause d’extinction de l’obligation : touche le fond du droit.

Thèse processialiste : prescription n’atteindrait pas l’existence même de l’obligation mais paralyserait seulement l’action en justice prévue pour en obtenir l’exécution.

o Civ. 2, 09.07.2009 Cour de Cass se prononce pour la thèse processialiste. Considère que droit de créance n’est

pas éteint et déduit en l’espèce que l’on pouvait invoquer la compensation avec une dette exigible même si l’action en recouvrement était quant à elle prescrite. Faits : femme qui demandait le paiement d’une pension alimentaire d’un homme qui avait été condamné à payer cette pension alimentaire par une décision de justice. Monsieur qui revendique que sa femme devait aussi antérieurement lui verser une pension, mais son action en paiement de était prescrite. Pour autant, la cour de cassation a jugé que cette prescription de l’action ne faisait pas disparaitre le droit de monsieur qui subsistait de sorte que monsieur pouvait déduire des sommes à verser à madame, celles que madame aurait préalablement dû lui verser et qu’elle n’avait pas fait.

Pour produire effet, la prescription doit être invoquée par le débiteur. Le juge ne peut donc pas la soulever d’office sauf en droit de la consommation.

44

top related