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Ateliers d'écriture 2013-2014 Association Silesmots Boëge

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Ateliers d'écriture 2013-2014Association Silesmots

Boëge

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A la Médiathèque de la Vallée Verte

Avec la participation de :

ALAIN ANNE-SOPHIE FLORE FRANÇOISE B FRANÇOISE C GERALDINE GILLES HERMAN HERVE MARIANNE MARIE MARIE-FRANCE MARIE-PIERRE PHILIPPE

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MARC

Marc est un être cynique et bagarreur.Toujours à la recherche de son plaisir égoïste, il se complaît dans un univers pervers.Retors et manipulateur, il ne se contente pas de sourires mielleux pour mieux vous attraper, mais il sait aussi bien vous planter un couteau dans le dos.Attention, vous risquez de vous brûler les ailes.Mon conseil : si vous croisez un Marc, passez votre chemin !

Je n’aime pas Marc.Il a un crâne de grenouille craintive qui aurait quitté sa mare sans avaler son tonique. Sa face couverte de verrues m’apparaît lunaire à travers mes jumelles. Comme une olive roulant dans les flaques alentour, il parvient à se hisser dans une amphore. Espèce de gueule de cachou, je suis jalouse de ton agilité ! Je te jette un caillou et tu disparais dans une mélodie de cris gutturaux.

Ce matin-là, il faisait beau. Je suis sortie pour me promener. Youpi mon chien m’accompagnait. En traversant le village, j’aperçus Marc qui venait à ma rencontre. Tiens, je me dis, il a son regard des bons jours. Il faut préciser que Marc ne passe

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pas pour un être très facile à fréquenter, mais que voulez-vous, il faut bien être charitable.

Arrivant à sa hauteur je l’interpelle. Bonjour Marc. Comment tu vas ce matin ? Où vas-tu d’un si bon pas ? Je me promène. J’ai passé une bonne nuit grâce à tous mes cachets et j’avais envie de profiter du soleil. Après tous ces longs jours obscurs et si pleins d’angoisse.

Pauvre Marc ! Ce matin, je le plaindrais presque. Après tout ce que les gens du village ont raconté sur lui. Etait-ce vraiment mérité ?

Marie-France

Onomastique28 septembre 2013

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PLAISIRS

Petit matin ou soleil déjà levéLa théière dodueAttend sagementIgnorante encoreSi je choisiraiIntense thé noir,Rare thé vert,Selon mon humeur matinale.

Françoise C

Allons ramasser des champignonSMarcher, chercher et se gargariseR

Des effluves qui montent du sous-bois transILe soleil joue à cache-cache entre les troncS

Comme un paparazzIPeut-être qu’il surprendrA

Greta Garbo se dorant au soleiLEt qu’enfin je trouverai un ceP

Françoise C

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Demain vibreront tous les cœurSIls battront à mouriR

Pour un baiser, un chant inassouvIIls trembleront sous les sanglotSD’un violoncelle et ses pizzicatI

Surpris de vous trouver lALes yeux éblouis par le soleiL

Avec la musique sur la tête comme un draP

Alain

Pour une journée réussieLancer quelques notes dans l’air neuf du matinAccueillir la lumière du jour naissantIl suffit d’un éclat pour que tout se transformeS’inscrive dans l’ivresse de la vieInévitablement le monde paraît beauRenier ce plaisir seraitSacrilège

Françoise B

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Mettre ton pas dans son paSCéder sans hésiteR

Adhérer au plaisir comme à un partIAimer sans jamais être laSQui de l’amant ou de l’amI

Saura encore être lAGuettant ton réveiL

Quand les années seront de troP

Françoise B

Pourtant je meLanguis de toiAussi bien que je m’Interroge sur tesSollicitations de chairIrrépressiblesRéjouissantes etSalutaires

Marie-France

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Je regarde dans la vitrine les croissantSPleins d’amandes et savoiR

Que je pourrais les déguster à l’envIEt me faire du bien sans souciS

Mais quand tu arriveras tout en émoIPalpables seront tes desideratA

Interloqué tu fronceras l’œiLEt tu me donneras un couP

Marie-France

Pomme, pomme d'automne ou pomme d'amourLutinée au petit matin sous un soleil pâleA la chaleur douceâtre de draps épais,Il est agréable de te croquerSous cet écrin, laissant apparaître une chairIvoire et nacrée, tendre,Rareté de moments délicieuxSublimés par un sourire coquin.

Hervé

Acrostiche / Téléstiche12 octobre 2013

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PLAISIRS MINUSCULES

la tasse de café

Garder ses mains autour de la tasse encore chaude ; la serrer doucement pendant que la chaleur s’estompe lentement. Savourer ces quelques secondes qui prolongent le plaisir du café, tandis que persiste sur les papilles le goût du macaron qui l’a accompagné. Ne penser à rien d’autre.

Françoise C

se glisser sous les couvertures

Se glisser sous les couvertures après s’être déshabillé dans la chambre trop fraîche : on peut déjà réchauffer son pyjama à côté du poêle de la cuisine, puis on va retaper deux ou trois fois son édredon et on se coule sous les couvertures. La fraîcheur saisit, mais tout doucement on se laisse envahir par cette béatitude de douceur chaude qui dénoue les muscles et fait monter d’interminables bâillements. On est prêt pour les plus beaux rêves.

Françoise C

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les giroflées sous le balcon

Elles sont là, sous le balcon, nées par erreur d’un vieux sachet égaré. Sang et or comme la vie, elles défient les roses odorantes et les iris au bleu éclatant. On les aime pourtant plus que toutes les autres fleurs du jardin. On les frôle en passant, leur caresse réveille la tendresse sucrée de l’enfance, ses peurs aussi parfois, les douces mains à jamais disparues. Leurs pétales de velours apaisent les bruits terribles de la nuit ; le jour, leurs corolles nous renvoient les baisers perdus dans les abysses de nos souvenances. Elles ont compté tant de pas lourds de tristesse, vu trébucher les espérances, soutenu les genoux blessés et bu les larmes adolescentes. Non, on ne les oublie pas, ces belles immortelles, seuls se fanent nos souvenirs. Elles sont le témoin du hasard, la volonté d’être, malgré l’ordre et la rigueur. Elles portent dans ces graviers un peu de notre anarchie… la mémoire du père surtout… Les giroflées.

Alain

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le pain frais

Déjà ça commence par l’odeur à quelques mètres de la boulangerie. On avance, reniflant la piste comme un chien de chasse. On imagine l’arrivée devant la boulangerie et tous les sens se mettent en éveil. On voit les pains dorés bien alignés sur les étagères. On entend le crissement de la croûte quand la baguette glisse dans le sachet en papier. Enfin, on l’a dans les mains. Le quignon dépasse. Pas pour longtemps. Le coup de dent est rapide et précis. Et toutes les sensations rêvées explosent dans la bouche.

Marie-France

le ronronnement du chat

Ce matin on a ouvert un œil. Pas très en forme, il était trop tôt. Parce qu’on avait entendu de petits bruits étranges. Doux, réguliers, reposants, apaisants. Ce n’était pas les bruits du dehors, vivifiants mais brutaux. Alanguie près de l’oreiller, on a aperçu une petite masse noire et compacte d’où provenaient ces petits chuintements si agréables. Encore quelques minutes de sommeil dans un cocon de zénitude.

Marie-France

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l’odeur des marrons chauds

C’est bientôt Noël. Il fait froid. On croise des passants bien emmitouflés dans leur manteau et leur écharpe qui couvre leur visage. On préfère aller nez au vent pour accueillir toutes les impressions olfactives du moment. La pollution, le gasoil brûlé des pots d’échappement, la senteur du café quand la porte du bar s’ouvre, la cigarette vite aspirée depuis que la rue est devenue le dernier refuge des fumeurs, les frites et la daube dont les effluves s’envolent malgré les cuisines fermées, le tout mêlé à l’air saturé de froid qui remonte si loin dans les narines et qui pique les sinus. Tout-à-coup, on le voit et on le sent : comme tous les ans, il est là le marchand de marrons. On l’a imaginé depuis des semaines ce moment où on va tenir le cornet chaud dans les mains rougies par le froid. Maladroitement, on se battra pour essayer de retirer la coque et le croquer comme une patate chaude, on en aura plein la bouche et on le laissera descendre tranquillement, avec cette sensation de brûlure bienfaisante.

Marie-France

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le silence après que l'orchestre s'est accordé

Un brouhaha, une cacophonie, des musiciens qui discutent encore. On a l'impression que le chef d'orchestre n'y arrivera pas, que ces belles partitions ne seront pas jouées de manière cohérente. Et puis, c'est le silence; profond, absolu. On sent l'excitation. On sent même la tension. Les muscles de la machine orchestrale sont tendu et n'attentent que l'imperceptible premier mouvement de baguette pour, enfin, se lâcher.

Hervé

un sourire rendu

On a assisté à un entretien de recrutement qui a laissé sur sa faim. Le poste proposé n'est pas à la hauteur de ce qui était décrit dans l'annonce. Alors on sort, l'air un peu désabusé, mais finalement content de savoir qu'il y aura d'autres opportunités. Sur le chemin du retour, on croise une femme à qui l'on adresse un sourire et qui nous le rend. Elle nous parle même. On se sent tressaillir et empli d'une étrange émotion.

Hervé

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ouvrir les volets et regarder le petit matin

On est là, à peine réveillé, les yeux gonflés par le sommeil, le corps transi par la différence de température. On n'y voit rien, bien sûr, forcément. Alors, on y va, on ouvre les fenêtres, puis les volets. Et c'est toute la nature et son air imprégné de purin qui nous explosent à la figure. On respire et on est prêt à démarrer la journée.

Hervé

Plaisirs minuscules12 octobre 2013

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A TOI QUI ES EN MOI

Tu aimes marcher sur les sentiers abrupts, ceux qui serpentent le long des mots d’espérance, qui surplombent les gouffres d’intolérance. Sur les pentes caillouteuses du monde, tu roules inlassablement le fardeau sombre des vies englouties ; à chaque pas tu en extrais une envie de bonheur, une joie d’être et de tenir debout.

Lorsque, libéré des tristesses et douleurs existentielles, ton sac t’offre enfin ses fleurs multicolores, tu t’enivres de leurs parfums et tu danses avec tes compagnons de lumière, ceux dont le cœur vermillon brille aux éclats de l’amour.

Tu refuses la bêtise et t’accommodes de la tienne avec humour, seule arme dont tu uses sans réserve sous tes airs de chien trop battu.

Te battre… contre toi-même parfois, contre l’injustice de temps en temps, avec les autres jamais, même si l’envie te vient d’affronter la cupidité, cette maîtresse pulpeuse qui attise la fureur des hommes.

La musique te prend souvent, toujours, encore et encore. La musique des mots, ceux qui éclairent les jours et caressent tes nuits quand le soleil t’a oublié derrière l’horizon. Tu ne joues pas, ton instrument est calé entre ton cœur et ton cerveau ;

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c’est lui qui t’enveloppe de ses mélodies douces, souvent amères aussi, violentes parfois… il faut bien couvrir les bruits qui agressent nos existences.

En fait tu ne souhaites pas grand-chose, si ce n’est vivre et marcher droit… Et c’est déjà beaucoup.

Alain

Louanges et auto-louanges16 novembre 2013

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QUI DE TOI OU DE MOI….

Quand tu avances seule sur le chemin, tu reconnais qu’il est bon de t’aimer, toi qui as la curiosité de chaque instant, qui ouvre grand les bras pour le partage, qui es le ferment d’idées minuscules que tu sais faire briller dans la grisaille des jours.

Ô toi qui roules comme une boule, avide de routes nouvelles, porteuse de ce regard bleu que tant t’ont envié. Ne crois pas passer inaperçue avec ton silence qui souvent s’impose comme une invite à mieux réfléchir. Tes mots en avalanche savent emporter quand il le faut, ou s’espacer jusqu’à presque disparaître quand tu sens les émotions prendre le dessus.

Tu es la feuille qui vibre dans le couchant de l’automne, offrant ses couleurs, son éclat, sa tendre fragilité et pourtant sa présence forte, au regard des passants.

Et si tu clames ton innocence tu n’en es pas moins la créatrice de ce labyrinthe dans lequel parfois on se débat. Ah ça, il n’est pas toujours simple de te suivre, mais qui y réussit en sortira grandi.Tu aimes à pousser les autres toujours plus haut quand toi tu te caches pour rêver tes jours.

Comment te regarder sans crainte alors que tu sais te draper dans un manteau glacé les jours douloureux ; il suffit de penser que tout n’est que paraître, laisser le cœur parler et

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retrouver ta main sans dire un mot.

Le temps est passé, tes fous rires se sont un peu effacés et pourtant d’un souffle, on peut les faire renaître. Sous les rayures du temps, tu es restée la confidente des nuits écorchées, tes pas emboîteront les miens chaque fois qu’il le faudra. Tu te crois en passe d’être réduite à un vague souvenir. Secoue-toi ! Chaque instant vécu est un tatouage de plus sur la peau de ceux que tu aimes.Tu rêves, tu vibres, tu agis et chaque jour qui passe fait comme une mélodie.

Françoise B

Louanges et auto-louanges16 novembre 2013

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LA CAPE DE SES REVES

La nuit est froide et si les étoiles brillent là-haut sur la Vallée Verte, ici, à Thonon, tout n’est que brouillard. Le givre s’est accroché aux hortensias qui bordent l’entrée de la maison. A l’étage, Marie-France, pelotonnée sous son édredon, rêve. Elle rêve de bord de mer, de grands espaces ensoleillés où le temps s’étire à l’infini, où rien ne vient entraver ses envies. Elle a ostensiblement tourné le dos au réveil. Un parfum suave se glisse peu à peu sous la porte ; c’est le café qui passe tranquillement, premier signe de la journée qui commence. Elle aime à le préparer la veille pour adoucir ce moment tant redouté, celui de se lever dans le froid et dans la nuit alors que tout est encore immobile dans la ville et dans la maison.

Bientôt le chat viendra miauler au pied du lit. D’ailleurs le voilà ! Il s’approche, il saute sur l’édredon, il y fait chaud comme chaque jour, il s’appuie contre les courbes accueillantes, il se love dans l’odeur rassurante de sa maîtresse. Tout va bien. Quand la sonnerie du réveil vient perturber cette bulle de bien-être, je m’avance dans un souffle, appuie sur le bouton. Le chat a tourné son regard tranquille vers moi qui ai pénétré dans la maison hier au soir. Il m’a été facile de m’y glisser à l’heure où Marie-France a fermé ses volets. Je l’ai senti frissonner à mon entrée, mais elle a refermé sans se douter de rien. Installée dans le fauteuil du salon, j’ai attendu qu’elle s’endorme et me suis glissée à côté d’elle dans l’intimité de cette chambre. Elle n’a pas bougé. J’ai retiré cette cape qui m’enveloppait et l’ai déposée tendrement sur elle. Elle a à son tour disparu à la vue de quiconque.

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Et maintenant, il est l’heure, je passe à la cuisine, bois un petit café et sort dans la nuit finissante. Arrivée sur notre lieu de travail, je retrouve la collègue du petit matin.

Tiens, qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’étais pourtant pas du matin aujourd’hui. Marie-France est malade ?

Non, non, on a juste échangé nos rêves !

Françoise B

Pouvoirs magiques14 décembre 2013

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DU CÔTE DE CHEZ NOUSPetite fricassée de pissenlitsDouce pintade en son jusFenouil confitTomme, tamié et chevrotinGourmandises, grolle

A LA GITANEPattes de hérisson en geléePoulet à la dérobéeEtouffé de pommes de terrePommes acides trouvées sur le chemin

PLUTÔT PIQUANT Queues de scorpion rôtiesSteaks de cactusQueue de chameau en croûte de selEcrasé de figues de Barbarie

PLUS EXOTIQUEŒil de cochon sur lit de boudin noirPatates douces à la cannelleOreille d’éléphant marinée à la girofleBeignets de fleurs de bananier

Françoise B

Menus18 janvier 2014

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LES LANGUES DU MONUMENT

Jean Dubois, Pierre Dubois, puis Léon, Jules… et les Morel : Adrien, Auguste, Louis, ils sont tous là en enfilade, pour l’éternité, figés dans le marbre. D’autres leur tiennent compagnie, la camarde les a tous réunis là, les gars du village. Veille sur eux un soldat tout de bronze vêtu, l’air sévère et le fusil prêt à faire feu.

En ce matin glacial de novembre, emmitouflé dans mon anorak, sous l’autorité du maître planté au garde à vous et l’œil attendri de vieux messieurs, je balbutie l’hymne national.Lentement, je glisse la main droite au fond de ma poche. Ouf ! Me voilà rassuré : elles sont bien là dans leur sachet entre-ouvert, mes langues de chat.

J’oublie le sang impur dans les sillons et me concentre sur le paquet que je caresse doucement. Je vais en prendre une, ça c’est pas compliqué, mais attention… il faudra vite la sortir de ma poche et la porter à ma bouche… choisir le moment où le maître tournera la tête pour saluer monsieur le maire.

Hop ! Je la sors, vite je baisse le front et la voilà sur ma langue.

Hum ! Tout de suite un petit parfum sucré m’envahit le palais, la salive, peu à peu, fait fondre le biscuit. J’aimerais pouvoir mieux contrôler la désagrégation de ce petit délice, mais c’est difficile.

Déjà ma main se pose sur le sachet et je déguste la deuxième

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langue. Surtout ne pas croquer mais laisser fondre, la petite pâte doit occuper tout l’espace buccal, toutes les papilles doivent pouvoir s’enivrer.

Il y a certainement de la vanille, du sucre bien sûr et puis d’autres parfums indéfinissables. Tous contribuent à cette sensation de bien-être qui enlarme les yeux et fait chanter le ventre.

Je tâte le sachet : plus que deux, j’aurais dû en prendre plus… c’est qu’il reste le défilé au cimetière, un discours, peut-être même deux, ça va être long !

Allez, n’y touche plus jusqu’à la tombe des anciens combattants. La prochaine pendant le discours et la dernière pour le retour à la maison. Tiens bon… et pense aux morts pour la France !

Alain

Le goût des lieux18 janvier 2014

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AH ! LE BROUFADO….

Il fait un temps doux de vacances, les Alpilles sont comme à l’accoutumée magnifiques, accueillantes et parfumées. Mes pieds ont foulé dès l’aube les chemins de garrigue et l’auberge est la bienvenue.

La tonnelle ombragée qui jouxte la cuisine offre quelques tables en métal recouvertes de nappes en tissu imprimé : olives, lavande, cigales, un décor bien banal en somme, mais qui ne manque pas de charme. L'ombre y est fraîche, les pichets déposés sur les tables recouverts d’une légère buée. Le cuisinier en bras de chemise s’affaire tout près de nous. Une jatte d’olivettes côtoie un énorme bouquet de thym frais, sur le bar trône une bouteille où l’huile des Baux dorée, lourde, attend. De sa grande cuillère en bois d’olivier, je le vois soulever le couvercle de la cocotte en fonte, des effluves nouvelles pour moi s’en échappent. Une seule table reste vacante, je m’y installe, discrète. L'accent méridional qui agrémente les conversations des ouvriers venus manger l’aïoli ou le chevreau rôti m’intimide. Ils sont là avec leur tenue de travail, l’un tout blanc de plâtre séché, un autre le contour des ongles noirci par le cambouis. Ils s’interpellent de table en table et je prends ma place comme quelqu’un qui irait au spectacle.

« Bienvenue à Maussanne, on voit que vous n’êtes pas d’ici la petite dame. Té, je vous proposerais bien, pour fêter ça, de goûter un broufado, histoire de découvrir toute la Provence en

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un seul plat; vous m’en direz des nouvelles !

Moi , le « broufado », je ne connais pas, mais les odeurs qui s’échappent de la grande cocotte m’attirent malgré moi : romarin, oignons, olives et d’autres encore que j’ai du mal à identifier. J’accepte et commande un peu de ce rosé de Provence choisi par le patron. Quelques picholines viennent accompagner mon verre. Je me surprends à essayer d’imiter intérieurement l’accent de mes voisins.

Et voilà mon plat qui arrive, une large assiette fumante ; je reconnais un morceau de bœuf, des olives noires et vertes, une feuille de laurier, quelques pommes de terre rôties au milieu d’une sauce brune onctueuse. Celui-ci s’accompagne d’effluves dans lesquels je plonge aussitôt. Cette pointe de piquant ne serait-ce pas le thym de la garrigue ? A moins que ce ne soit le romarin sauvage ou la sarriette ?

Après avoir humé avec délectation, je goûte. Chaque bouchée apporte des saveurs nouvelles. J’ai du mal à démêler tous ces parfums. La sauce est à la fois piquante et suave, on y retrouve la rondeur de l’huile, l’âcreté des olives vertes, le confit des olives noires ; mais aussi la douceur sucrée de l’oignon, la chaleur des grains de poivre. Les pommes de terre ont perdu de leur fadeur, dorées et salées, elles éclatent sous la dent ; quant aux tomates, petites, allongées, leur acidité est exactement celle qu’il faut pour mettre en valeur la chair tendre et parfumée de ce bœuf qui, je l’imagine, s’est nourri des herbes folle de Camargue et du foin de la Crau.

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Je mange sans rien dire, le patron me lance un clin d’œil complice, sûr de lui, de sa cuisine.

Dites-moi, comment l’appelez vous déjà votre plat ? Le broufado té ! c’est le plat de chez nous, vous n’en

mangerez pas de meilleur ailleurs qu’à Maussanne !

Françoise B

Le goût des lieux18 janvier 2014

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LA FRÉNETTE DE MA GRAND-MÈRE

On est quelque part au début des années 70 au milieu des collines d'Artois. « Colline » est un bien grand mot ; ce ne sont, tout au plus, que de mornes monticules que des ruisseaux creusent lentement pour finir en affluents des quelques fleuves côtiers du coin : l'Authie, la Scarpe ou la Canche. Dans cet espace l'œil porte loin; très loin, et quand il fait beau – ce qui arrive tout de même – on a une impression d'infini. Les couleurs sont un mélange de bleu pâle, celui du ciel des peintres flamands, de verts ; non celui des forêts, ce pays en contient très peu; mais celui des pâtures ou des champs de betteraves. Il y a aussi le blond des champs de céréales arrivées à maturité et le rouge des briques qui constituent le matériau principal des maisons. En 70, la vie est restée essentiellement rurale, les habitants sont cultivateurs (là-bas on dit « cinsiers ») ou alors retraités. Autour, gravitent quelques artisans qui apportent le service nécessaire.

C'est là-bas que je passais une partie de mes vacances; je venais en famille aider au travail des moissons. Pendant quelques semaines, j'étais plongé dans un univers d'autarcie où presque chaque nourriture était issue de la ferme. Les boissons ne faisaient pas exception. Ma grand-mère faisait de la bière et une boisson particulièrement savoureuse : la « frénette ».

Elle achetait une préparation à base de frêne dans une épicerie ambulante qui proposait toute sorte de choses rangées tant bien que mal dans un fourgon Citroën orange et vert. Elle faisait chauffer de l'eau, la mélangeait avec cette préparation, rectifiait le goût et laissait mariner l'ensemble dans une bassine. Après filtrage, elle versait le liquide dans des

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bouteilles à ouverture mécanique. Par une alchimie particulière, le liquide se gazéifiait dans les bouteilles ; le mélange devenait frénette.

Durant les travaux des champs, nous ouvrions les bouteilles. La frénette jaune et pétillante se déversait dans les gobelets. Alors, un mélange d'arôme de cidre, de bière et de je-ne-sais-quoi de vert et végétal venait étancher notre soif.

Je devais avoir 12 ou 13 ans, les alouettes chantaient aux alentours. C'était bien. J'étais presque heureux.

Hervé

Le goût des lieux18 janvier 2014

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SOUVENIRS DOULOUREUX

Une petite rade tranquille et sombre du côté de la rue de Poissy ; j’ai pris des pâtes au jambon et une salade. Elle, le plat du jour, du gigot ; je déteste le gigot, le goût du mouton. Elle a commandé du vin. J’ai dit que j’en prendrais un verre, pas plus.

Les pâtes étaient trop cuites et ça m’a mis de mauvaise humeur. Moi, j’aime les pâtes « al dente ». Alors, j’ai bu mon verre de vin mais je ne me suis pas tenu au « pas plus ». Son assiette de gigot sentait bon et je me suis demandé pourquoi je détestais le gigot. J’ai repris un verre de vin tandis que des scènes de repas dominical me revenaient en mémoire.

Elle m’a raconté quelque chose mais je n’ai pas réussi à suivre l’histoire, car ma mère me susurrait à l’oreille « manges ta viande mon petit Jean, sinon ton père va encore s’énerver ».

Je devais faire une drôle de tête, car je crois qu’à un moment, elle m’a secoué énergiquement le bras en me demandant si ça allait. Alors mon père s’est mis en colère et j’ai repris un verre de vin ; il a détaché sa ceinture et s’est mis à cingler mes jambes nues – je n’avais pas encore atteint l’âge du droit à porter des pantalons. Une sensation de brûlure et de honte m’a envahi et j’ai regardé les pâtes au jambon qui refroidissaient dans mon assiette.

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Sa voix inquiète a traversé le brouillard qui m’entourait. Alors, je me suis sauvé du restaurant. Derrière moi, comme un parfum, un horrible cri de douleur.

Françoise C

Début et fin imposésJean Bernard Pouy, « Un »in La chasse au tatou dans la pampa argentine

15 février 2014

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ET VIVRE ?

Un petit rade tranquille et sombre du côté de la rue de Poissy, j’ai pris des pâtes au jambon et une salade. Elle, le plat du jour, du gigot, je déteste le mouton, le goût du mouton. Elle a commandé du vin. J’ai dit que j’en prendrais un verre, un seul. Une bougie allumée entre nous deux a déjà répandu sa cire rouge sur la nappe à carreaux. J’ai cherché dans le décor un élément qui puisse me surprendre, faire que ce repas ait quelque chose de moins attendu. Mais rien ! Au dessus du bar, une pendule publicitaire, sur le zinc, un sucrier en inox, près de la porte un perroquet teinté noyer et deux silhouettes fin du 19e sur une plaque ovale guidant les clients vers les toilettes.

Elle avait mis une tenue confortable, j’aurais préféré sexy. Moi, j’avais hésité et finalement opté pour le polo de rugby. Jean, qui m’avait poussé à aller à cette soirée, m’avait dit que j’avais l’air plus viril comme ça. Après avoir parlé de son travail, de sa vie de secrétaire, de ses voyages, elle a souri légèrement et demandé : « et vous ? » Alors, j’ai essayé de rendre ma vie intéressante, de lui parler de mes attentes, et volontairement omis d’aborder le passé.

Quand son gigot est arrivé, j’ai eu un haut le cœur que je lui ai caché. Il aurait fallu expliquer l’Algérie, les moutons égorgés, le couteau encore ensanglanté qui a servi à perpétuer ces horreurs dans le village, toute la bile que j’ai déversée depuis, tous les cauchemars accrochés à mes nuits. J’ai tenté de me concentrer sur mes pâtes au jambon insipides. Elle mangeait de bon cœur et nous avons continué à échanger sur nos vies.

Nos plats terminés, elle a raconté que son père était boucher

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et, qu’enfant, elle jouait souvent près de lui, qu’un jour même, elle s’était maquillée avec le sang d’un mouton, et elle a ri. Mon estomac s’est serré, j’ai senti le goût amer de la bile dans ma bouche, je me suis levé chancelant et je me suis sauvé du restaurant. Derrière moi comme un parfum, un horrible cri de douleur.

Françoise B

Début et fin imposésJean Bernard Pouy, « Un »in La chasse au tatou dans la pampa argentine

15 février 2014

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BLEU NÉON

Tout au bout de la rue du Docteur Coquand, un néon bleu délavé me fait signe. Dans la froideur de la nuit, de ma nuit, je me sens happé par ce clin d’œil triste et rassurant à la fois. Je pousse la vieille porte du bar aux lumières blafardes et pose mes douleurs devant une table en formica. Les trois piliers de comptoir me toisent d’un regard torve.

- Et pour monsieur ce sera ?- Une demie de rouge, s’il vous plaît.

La première gorgée m’irrite les papilles. Perdu dans mes pensées, je saisis la bouteille sans étiquette et contemple les reflets des lampes sur le bordeaux du vin. C’est incroyable ce que peut raconter ce liquide tiédasse. Tous les messages de détresse de l’espèce humaine sont noyés là, derrière cette vitre de souffrance, grille d’un confessionnal païen.Dès le deuxième verre, je vois défiler les visages de Zola ; ces hommes et femmes perdus dans la noirceur des corons ; tous ces pauvres bougres abrutis par un travail exténuant ou bien rongés par l’inactivité, ces mégères en guenilles portant le litron et le pain, avec les mioches accrochés à la jupe, bouée illusoire.Au fil des minutes, la bouteille révèle sa transparence, son discours, un peu plus confus, gagne en confidentialité, du goulot remonte les vérités bouleversantes. Au fond, là où la lie tapisse le cul, je retrouve Verlaine et sa petite musique, « plus léger et plus soluble dans l’air » ; et oui, au troisième verre, je me sens porté par quelque elfe généreux vers des cieux où les bleus se mêlent au sang du crépuscule.

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Même si la vision tremble un peu, à l’intérieur, au fond de l’âme, les histoires s’embrouillent. C’est à une bataille rangée que se livrent les souvenirs, les plus récents, sombres comme la nuit, poignardent les plus vieux, ceux qui nous portent encore lorsque l’espoir titube.Je tourne la bouteille dans mes mains, à travers elle j’aperçois au comptoir trois danseuses qui vacillent dans un ballet improbable.

Et puis mon verre glisse sur le formica ; son éclat sur le carrelage, l’engueulade de la tôlière me ramènent un peu à la réalité.

Allez, sacrée bouteille, laisse-moi tranquille, la route est longue et ma nuit s’obscurcit.

Alain

Message in a bottle22 mars 2014