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VOL. 55, No 11 SIĂGE SOCIAL: MONTRĂAL, NOVEMBRE 1974
Avoir une attitude positive
LES MOTS POSITIF ET NĂGATIF sont des termes de portĂ©eet de sens trĂšs Ă©loignĂ©s. La distance qui les sĂ©pare estle champ clos oĂč se joue le succĂšs ou lâĂ©chec de touteentreprise commerciale et oĂč se dĂ©cide le bonheur oule malheur de la vie des hommes.
La victoire a tendance Ă favoriser les concurrentsqui joutent sous lâĂ©tendard positif. Ce sont des per-sonnes qui se sont habituĂ©es Ă penser "Quelle initiativevais-je prendre ?" au lieu de "Quâest-ce qui va mâarri-ver?"
Pour venir Ă bout des difficultĂ©s et satisfaire sesaspirations dans la vie, il importe de dĂ©terminer cequâil faut faire pour devenir ce que lâon veut ĂȘtre, puisde lâaccomplir. Il importe aussi de savoir quels sontles outils et les talents dont on dispose et comment enfaire le meilleur usage. Si le sort ne vous a pas permisde faire des Ă©tudes supĂ©rieures, ne vous croyez paspour autant exclu du tournoi des affaires ou de la viesociale: vous ferez de votre mieux avec lâinstructionque vous avez et vous vous armerez de courage pouren acquĂ©rir davantage.
Charles Darwin soutenait, Ă la fin de toute une viedâobservation critique, que les hommes diffĂšrentmoins par leur capacitĂ© que par leur zĂšle et leur dĂ©ter-mination Ă utiliser leurs aptitudes.
Lâattitude positive est un Ă©lĂ©ment constitutif delâinitiative, qui est le don de rĂ©flĂ©chir et dâinnover.Certaines personnes achoppent sur les occasions favo-rables comme si câĂ©taient des obstacles, alors que lesesprits positifs recherchent les bons cĂŽtĂ©s des choses.
La dĂ©couverte de la pĂ©nicilline nous apporte unexemple de lâavantage quâil peut y avoir Ă envisager leschoses de façon positive plutĂŽt que nĂ©gative. "Biendes bactĂ©riologistes avaient observĂ© que les cultures demicrobes sâaltĂ©raient si on les exposait aux moisis-sures, mais leur seule conclusion Ă©tait la nĂ©cessitĂ© degarder les cultures de ces moisissures. Il fallait uncoup de gĂ©nie pour dĂ©celer les possibilitĂ©s mĂ©dici-nales de lâobservation initiale." Cette citation est tirĂ©edâun ouvrage de Hans Selye sur la recherche fonda-mentale, intitulĂ© Adventures of the Mind.
Nous voyons par lĂ , dâautre part, quâil faut parfois
bien peu pour faire tourner les choses Ă son avantage.Noter les menus dĂ©tails, en observer la nature et relierles rĂ©flexions quâils suscitent aux connaissances dĂ©jĂ emmagasinĂ©es dans lâesprit, voilĂ un moyen de dĂ©cou-vrir des idĂ©es nouvelles. Shakespeare entendit parlerdâune petite Ăźle de corail, et câest Ă partir de ouĂŻ-direquâil Ă©crivit sa magnifique fĂ©erie la TempĂȘte.
Lâenthousiasme est constructif
Tous les progrĂšs de la civilisation sont attribuables Ă la pensĂ©e constructive des peuples. Les annales delâhumanitĂ© proclament les actions des hommes et desfemmes qui ont dit: "Jâen suis capable", tandis quâellessont le plus souvent muettes sur ceux qui ont dit:"Jâen suis incapable". Les esprit positifs estiment quâilvaut mieux Ă©chouer dans lâexĂ©cution dâun projet quene pas Ă©chouer pour nâavoir pas essayĂ©.
Lâenthousiasme est une qualitĂ© nĂ©cessaire pouraccomplir une tĂąche avec succĂšs. Les grandes rĂ©alisa-tions sont souvent le fruit non pas de la force mais dela persĂ©vĂ©rance. En principe, lâartiste, le scientifique,lâhomme dâaffaires, lâinventeur et lâĂ©crivain sont muspar un dĂ©sir si irrĂ©sistible de crĂ©er que loin de faire lagrĂšve pour obtenir un salaire plus Ă©levĂ© et des heuresplus courtes, ils acceptent mĂȘme de payer pour avoirla chance dâaccomplir quelque chose de nouveau.
Ils savent quâil est loin dâĂȘtre aussi intĂ©ressant desuivre la voie facile de lâinaction que de sâattaquer Ă une difficultĂ© et de la vaincre. Ce que les autres dĂ©cla-rent impossible est soumis chez eux Ă un examenattentif. Peu de victoires apportent autant de satisfac-tion que celle dâorganiser un travail que tout le mondeconsidĂšre comme irrĂ©alisable, puis de se mettre Ă lâoeuvre et de lâexĂ©cuter.
Savoir oĂč lâon va
La vie ne peut ĂȘtre que terne et dĂ©nuĂ©e de senspour qui ne se fixe pas certains buts et ne sâengage pasĂ sâefforcer de les atteindre. Si lâon adopte lâattitudenĂ©gative dâenvisager la vie comme un torrent sansforme ni destination, oĂč personne nâa le moindreavenir, il ne reste aucune raison dâespĂ©rer ou detravailler.
Nous devons nous river à des buts qui nous inté-ressent vraiment et qui sont compatibles avec nostalents et nos rÚgles de conduite.
DâoĂč la nĂ©cessitĂ© de bien choisir dans la vie ce quinous servira de normes de succĂšs. Tout sera ensuiterattachĂ© Ă cette norme, du cĂŽtĂ© plus ou du cĂŽtĂ© moins,du cĂŽtĂ© positif ou du cĂŽtĂ© nĂ©gatif. Nous appliqueronsnotre effort de rĂ©flexion Ă ce qui est important etessentiel, Ă©vitant ainsi de confondre les buts secon-daires avec les valeurs primordiales.
Le dĂ©sir dâune chose est plus quâune simple disposi-tion Ă recevoir. Câest un sentiment positif, tenace,Ă©nergique et crĂ©ateur. Il est mĂ» par notre initiative,notre Ă©nergie et notre persĂ©vĂ©rance, et ce sont lĂ desforces positives. GrĂące Ă elles, on ne quitte plus desyeux la destination que lâon veut atteindre.
Le sage construit lui-mĂȘme son avenir. 11 se donnecorps et Ăąme Ă quelque chose qui dĂ©passe la satisfac-tion des besoins immĂ©diats. Il nâajoute pas foi ausort, Ă la destinĂ©e et aux mirages du futur. Ce sontlĂ des abstractions. Il Ă©tudie plutĂŽt les moyens dedĂ©cider dĂšs maintenant de sa carriĂšre. La croyance Ă la prĂ©destination est parfois une lĂąche dĂ©robadedevant la responsabilitĂ© de prendre une dĂ©cisionpĂ©remptoire et dâaccomplir un geste positif.
Elaborer ses plans avec prudence
Il est nĂ©cessaire dâavoir un plan en tĂȘte. Sinon,toutes nos petites briques de reconstruction pourraienttout aussi bien rester dans la briqueterie. LâenchaĂźne-ment des consĂ©quences ne suit pas toujours le planque nous avons tracĂ©, mais autant lâorienter audĂ©part dans la bonne direction.
Le plan a valeur de prĂ©servatif. Les personnes qui serĂ©vĂšlent les mieux Ă©quilibrĂ©es et les plus habiles dansles situations difficiles sont sans doute celles qui ontprĂ©vu le pire et ce quâil faut faire dans ce cas. Rappe-lons-nous lâexhortation de "Father Duncan" dansle roman dâElizabeth Byrd, les Fleurs de la forĂȘt:"Soyez prudents dans vos priĂšres de crainte que Dieune les exauce."
Un esprit crĂ©ateur nâobserve pas la rĂšgle servile-ment, bien quâil doive la connaĂźtre. Shakespeare etTintoretto nâont-ils pas connu un certain succĂšs ensâĂ©cartant, lâun, des rĂšgles du genre dramatique,lâautre, de celles de lâart. 11 faut parfois sauter sansvoir ce quâil y a derriĂšre le mur. Cela revient Ă dire:"Avec les lumiĂšres dont je dispose en ce moment,voici le parti que je choisis, bien que je puisse demainen savoir plus et faire un choix diffĂ©rent."
Le dĂ©sordre des idĂ©es et des actes est un obstacle auprogrĂšs, donc quelque chose de nĂ©gatif. Faites quereste simple tout ce quâil est possible de simplifier.La complexitĂ© des mĂ©thodes et du matĂ©riel est unefausse qualitĂ©, qui rend le travail plus pĂ©nible. Presquetous les hommes dâaffaires pratiques reconnaĂźtrontque la bureaucratie leur met trop de paperasserie surles bras. Il appartenait au prĂ©sident de la Roumaniede leur en indiquer le remĂšde en dĂ©crĂ©tant une rĂ©duc-
tion de 50 p. 100 des stocks de papier destinés auxbureaux.
La prise de décision
Il se peut quâun homme accomplisse son sĂ©jourterrestre sans ĂȘtre confrontĂ© une seule fois avec unegrande question dont la dĂ©cision modifiera sonavenir, mais chacun est appelĂ© quotidiennement Ă trancher des problĂšmes embarrassants dans la vie.
DiffĂ©rentes options nous sont offertes. Devant unecroisĂ©e de chemins, oĂč il faut dĂ©cider quoi faire,quatre choix sont possibles: sâasseoir, sâengager danslâune ou lâautre des voies divergentes, ou encoretourner le dos au problĂšme et rentrer chez soi.
Lâimportant câest de se renseigner suffisammentsur les avantages respectifs de chaque option pourĂȘtre en mesure dâen arriver Ă une dĂ©cision intelligente.Consultez votre guide routier, les passants et lesdonnĂ©es des panneaux indicateurs. Si vous avez votrecalepin, Ă©tablissez le pour et le contre de chaquepossibilitĂ©.
En gĂ©nĂ©ral (il y a des exceptions Ă toute rĂšgle deconduite), il est plus sage de prendre ses dĂ©cisionsnettement et rapidement que de sây attarder et perdreson premier Ă©lan. Retarder une dĂ©cision en attendantde connaĂźtre les faits nĂ©cessaires pour agir avecsagacitĂ© nâest pas la mĂȘme chose que lâindĂ©cisionfondĂ©e sur la rĂ©pugnance Ă fixer son choix. Lâhommede science cherchant la solution dâun problĂšmedâimportance capitale peut fort bien suspendre sonjugement dĂ©finitif avant dâavoir toutes les preuvesentre les mains, mais il lui est permis dans lâintervallede faire connaĂźtre les conclusions provisoires aux-quelles le conduit lâĂ©tat actuel de ses renseignements.
Nul ne peut exceller dans son domaine Ă moins depenser par lui-mĂȘme, dâen arriver Ă ses dĂ©cisions, dâenvĂ©rifier lâexactitude et de leur donner suite. Ceux quihĂ©sitent entre le pour et le contre sont dans une situa-tion malheureuse. En voulant mĂ©nager la chĂšvre etle chou, ils encourent le danger de tout perdre.
Les personnes qui occupent des postes oĂč il fautprendre des dĂ©cisions judiciaires sâefforcent de trouverune rĂšgle particuliĂšre au lieu de juger les causes parti-culiĂšres en fonction de rĂšgles gĂ©nĂ©rales. Il est mal-honnĂȘte de sâen tenir aux gĂ©nĂ©ralitĂ©s lorsquâon disposede prĂ©cisions, mais la connaissance des principesgĂ©nĂ©raux permet de rĂ©soudre de façon plus construc-tive les cas particuliers.
Le premier trait caractĂ©ristique de la droiture depensĂ©e est son souci dâenvisager les faits. Câest par lafranchise dâesprit, en distinguant entre ce que lâonsait et ce que lâon tient simplement pour acquis quelâon Ă©vite la perpĂ©tuelle imprĂ©cision dans laquellerestent tant de gens.
Optimisme et discrétion
Nous ne savons jamais quand la Fortune viendrafrapper Ă notre porte, alors pourquoi ne pas vivre danslâexpectative? Comme lâa dit Norman Vincent Peale:"Nulle bonne chose nâest trop bonne pour ĂȘtre vraie."
Il faut avant tout adopter une attitude constructive.Jamais une idĂ©e lumineuse ni une ïżœuvre fĂ©conde nâestsortie dâun cerveau nĂ©gatif ou chicanier. On entendparfois la triste lamentation quâil est impossible dechanger le monde. Câest peut-ĂȘtre vrai (bien quâil soitpeut-ĂȘtre possible dâen amĂ©liorer une infime partie),mais rien ne nous oblige Ă baisser pavillon et Ă nousranger du cĂŽtĂ© des Ă©lĂ©ments de dĂ©tĂ©rioration quisây trouvent.
Il nây a nulle satisfaction pour un esprit sain Ă pestercontre les choses. Selon le prĂ©cepte de Confucius:"Mieux vaut allumer une petite chandelle que demaudire lâobscuritĂ©." Le pessimiste est celui qui se faitun plaisir de condamner ce quâil considĂšre comme peusouhaitable sans rien faire pour y remĂ©dier. Il refuseles possibilitĂ©s qui lui sont offertes, alors que lâopti-miste profite des difficultĂ©s quâil rencontre en lesmaĂźtrisant.
Bien sĂ»r, lâattitude positive ne consiste pas Ă agiravec prĂ©cipitation, dans lâespoir de voir se rĂ©aliserimmĂ©diatement tout ce qui est bon. Les personnespatientes, celles qui sondent le terrain avec soin, sontdes esprits positifs Ă condition quâelles progressent,mĂȘme si câest Ă pas lents. Le doute a ses heures:lâesprit positif entreprend alors des recherches, et lesrecherches mĂšnent Ă la vĂ©ritĂ©.
Les temps de réflexion
Au cours de sa carriÚre, tout homme doit de tempsen temps se ménager une diversion, un répit, unepause, pour tenter de comprendre sa vie, juger desfaits du moment et mesurer le chemin parcouru pourréaliser ses projets à long terme.
La rĂ©flexion a un double aspect: elle peut servir Ă stimuler un idĂ©al qui aura pour effet de transformeret dâorienter notre vie, ou tout simplement Ă nousreplier sur notre moi envisagĂ© dans la grisaille duquotidien. La tour dâivoire est lâendroit indiquĂ© oĂčse retirer pour se prĂ©parer Ă lâaction, pour aller aufond des choses, pour reprendre ses forces. Ce qui estmalheureux, câest quâelle est devenue le symboledâun repli sans retour.
La retraite dans un lieu tranquille, soustrait Ă toutes distractions visuelles et sonores, peut ĂȘtre unesource dâĂ©nergie dirigĂ©e. Que lâon nous ait parlĂ© dansnotre enfance du charme de sâasseoir devant le feupour rĂȘver et trouver des idĂ©es, cela est fort bien.Lâennui câest que les idĂ©es sont exposĂ©es Ă sâenvolerpar la cheminĂ©e et Ă se perdre. Il paraĂźt plus avanta-geux Ă notre Ă©poque de sâinstaller Ă une table, avec uncrayon et du papier, afin de fixer nos pensĂ©es pourles analyser.
Une action concrĂšte sâimpose toujours devant lesproblĂšmes. Le sens commun nous invite Ă ne pasnourrir lâespoir gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandu quâil suffit detourner le dos Ă un problĂšme pour le voir disparaĂźtre.Cela est aussi insensĂ© que de prendre une chandellepour regarder lâheure la nuit sur un cadran solaire.
Lâesprit positif est celui qui, lorsque quelque chose
ne va pas, non seulement le sent par intuition, maisa la patience et le courage de chercher la rĂ©ponseadĂ©quate du problĂšme, ou peut-ĂȘtre mĂȘme rien quâunebonne rĂ©ponse, et dây donner suite.
Nous parlons souvent de lâembarras dâĂȘtre enfermĂ©dans un dilemme. Un dilemme est le fait dâavoir Ă choisir entre deux partis Ă©galement dĂ©sagrĂ©ables. Enpareil cas, analysez la situation. Les deux Ă©ventualitĂ©ssâexcluent-elles vraiment et ~puisent-elles Ă elles deuxtoutes les possibilitĂ©s ?
Adopter une attitude nĂ©gative Ă lâĂ©gard dâun pro-blĂšme avant de lâavoir soumis Ă un examen de cegenre nâest guĂšre profitable. DĂ©finissez le problĂšme.Appliquez les mĂ©thodes et les principes connus Ă lasolution. Ne cherchez pas de contradictions oĂč il nâyen a pas. Le chaud et le froid, le pĂąle et le foncĂ©, le bonet le mauvais, le fort et le faible ne sont pas des con-traires mais des degrĂ©s et des diffĂ©rences. La clef dâunproblĂšme, la solution dâune discussion, le choix dâuneligne de conduite rĂ©sident souvent dans le juste milieu.
Il est des gens, dont beaucoup de bonne Ă©ducation,qui sont contre tout par tempĂ©rament. Ceux quiprennent une initiative nouvelle ou proposent unemaniĂšre diffĂ©rente de voir les choses sont parfois para-lysĂ©s dans leurs efforts par la crainte de ce que dirontces personnes. Il est toujours quelquâun pour se prĂ©-senter Ă une rĂ©union de comitĂ© avec des liasses depapier couvertes de notes sur les raisons pour les-quelles il est impossible de faire tel changement ou derĂ©aliser telle nouvelle idĂ©e. Ces critiques sont nĂ©ga-teurs par principe. Leur dĂ©cision est prise avant mĂȘmequâon leur expose les faits nĂ©cessaires pour en arriverĂ une conclusion intelligente.
Lorsquâon demande Ă un homme quelles sont sesconvictions, que de fois nâentend-on pas, au lieudâune rĂ©ponse affirmative, une kyrielle de choses quâilcondamne: le bilinguisme, lâunilinguisme, la fluorisa-tion, le tabac, la vitesse, le gouvernement, etc.
Il est raisonnable dâĂȘtre contre des rĂ©alitĂ©s commelâesclavage, la pollution, la maladie et le pĂ©chĂ© pourvuque lâon soit pour quelque chose qui est de nature Ă rendre ces maux impossibles ou Ă y remĂ©dier.
La peur et la frustration
Envisagez la peur de façon positive. Recherchez-enla cause: si elle est fondĂ©e, faites le nĂ©cessaire; si elleest sans fondement, chassez-la. DĂšs quâils apprirentque la terre Ă©tait ronde, les gens cessĂšrent dâavoir peurde tomber dans le vide.
Lâune des grandes victoires de la vie tient Ă lacapacitĂ© des hommes dâaffronter la peur et la frustra-tion positivement. Nous devons nous attendre Ă subirnotre bonne part de frustrations. Elles font partie ducours normal de lâexistence, comme les fosses desable sur un terrain de golf.
On ne peut sâinstruire sans commettre des erreurs,et quiconque fait quelque chose se trompe fatalementde temps en temps. Lorsquâon est dans lâerreur, il estnoble de le reconnaĂźtre et de corriger rapidement et
de bon cïżœur ce qui est de travers. Il est vain dechercher Ă sâexcuser.
"Si" est un mot nĂ©gatif. Combien de personnesnâentendons-nous pas lâemployer pour dĂ©plorer leurmanque de progrĂšs ou de bonheur: "Si jâavais unevoiture neuve; si jâavais 20 ans de moins; si jâĂ©taisplus instruit; si jâavais un bon patron; si jâavais meil-leure santĂ©." Elles espĂšrent se disculper de leur Ă©checen en dĂ©clinant la responsabilitĂ©.
Nos rapports avec les autres
Nâest-il pas beaucoup plus facile de sâentendre surune question en recherchant les similitudes plutĂŽt queles diffĂ©rences de point de vue, le positif plutĂŽt que lenĂ©gatif?
Dans la rĂ©daction des lettres dâaffaires, il y aintĂ©rĂȘt Ă donner un tour positif Ă ses idĂ©es. Faites desaffirmations prĂ©cises. Ăvitez le langage anodin, hĂ©si-tant, non compromettant. Sâil vous faut contredirevotre client ou refuser ce quâil demande, ne vouscontentez pas dâun simple "non". Vous avez lâobliga-tion de proposer une solution de rechange.
Avant dâengager un dĂ©bat, il faut se demander sâil ya intĂ©rĂȘt Ă le faire. La façon constructive dâaborderune discussion consiste Ă rĂ©flĂ©chir avec soin Ă la findĂ©sirĂ©e: Ă©coutez, concĂ©dez, soyez modĂ©rĂ©, citez vossources et laissez la porte entrouverte afin de permet-tre Ă votre adversaire de passer de votre cĂŽtĂ© sansperdre la face.
Louez lorsque la chose est possible. La reconnais-sance et les Ă©loges sont des valeurs positives quandils sont naturels et sincĂšres. Il est honorable et justede se montrer sensible au succĂšs des autres et de lesfĂ©liciter de bonne grĂące. Câest une preuve que lâonsait discerner la compĂ©tence.
Un "rĂ©alisme" tenace veut que lâon considĂšre uni-quement les rĂ©alitĂ©s de la vie, sans tenir compte desidĂ©aux ni des personnes en cause. "Câest le propre dubarbare, dit Richard Weaver, quâon le trouve Ă uneĂ©poque prĂ©culturelle ou quâil sorte de terre aux joursde dĂ©clin dâune civilisation, de tenir absolument Ă voirune chose âtelle quâelle estâ. Cette exigence tĂ©moignequâil nâa rien en lui avec quoi la spiritualiser; il sâagitdâun rapport de chose Ă chose oĂč lâimagination nâaaucune part."
Avoir un idéal
LâidĂ©al est la plus noble crĂ©ation de lâimagination.MĂȘme sâil est parfois hors de portĂ©e, il nâen demeurepas moins un point de visĂ©e nĂ©cessaire. Ce conseil dâunadministrateur en tĂ©moigne: "Soyez ce quâun cadredevrait ĂȘtre selon vous avant de parvenir Ă ce rang."
Qui que nous soyons, notre sentiment de ce qui estbon, important et souhaitable doit tenir compte denotre milieu de vie et du caractĂšre individuel de notrenature humaine. Le sens des valeurs est une forcemotrice positive. Il est vrai quâil nous impose beau-coup dâefforts dans la vie, mais sans lui nous retombe-rions dans le nĂ©gativisme des espĂšces infĂ©rieures quiont reçu le droit de vivre sans rien dĂ©sirer de plus.
pUBLIĂ AUSSI EN ANGLAIS ET EN BRAILLE
Parler des "droits" câest parler nĂ©gativement puisqueles droits ne peuvent mener quâĂ lâorganisation de larĂ©sistance. Le devoir est positif. Au nombre des obli-gations positives auxquelles nous devons porterattention figurent notamment celles de nous mainte-nir, nous et notre famille, en santĂ© et dans lâaisance;de payer nos dettes; dâaccroĂźtre notre prospĂ©ritĂ© enaugmentant notre rendement.
Pratiquer cette maniĂšre de vivre positive ce nâestpas sâaccommoder des maux de la sociĂ©tĂ© en essayantde se tirer dâaffaire le mieux possible, mais Ă©difier savie sur un sens des valeurs qui place les banalitĂ©s delâexistence quotidienne dans une perspective pratique.
Pensée et action
La rĂ©flexion est une nĂ©cessitĂ©. Lâintelligence vautmieux que la voyance. Il est plus sensĂ© de se laisserguider par son esprit que par les astres.
Seule la rĂ©flexion nous permet de mettre notretalent au jour et de lâutiliser. Un homme Ă qui lâondemandait sâil savait jouer du piano rĂ©pondit trĂšsfranchement: "Je lâignore, je nâai jamais essayĂ©."
LâactivitĂ© positive jointe Ă la luciditĂ© de vue peutproduire des rĂ©sultats marquĂ©s au coin du gĂ©nie,câest-Ă -dire de lâaptitude Ă concevoir des idĂ©es et deschoses de haute qualitĂ©.
Lorsque la pensĂ©e a Ă©laborĂ© un plan rationnel, ilconvient de le mettre en pratique. Les hommes et lesfemmes ne sauraient conserver leur caractĂšre vraimenthumain ni contribuer au progrĂšs de la civilisation ense contentant dâexister comme spectateurs nonengagĂ©s de la vie. La passivitĂ© est quelque chosede nĂ©gatif.
Une dĂ©cision ou un projet qui reste sans suite est unvain effort. LâhĂ©sitation, voilĂ le vice de fabricationcapital de bien des hommes et des femmes. NapolĂ©onnous dit que la raison de lâĂ©chec de certains gĂ©nĂ©rauxexcellents par ailleurs fut leur incapacitĂ© de saisir lebon moment pour agir. Un dĂ©part si modeste soit-ilest quelque chose de positivement profitable.
Lâun des fondateurs du pragmatisme, le psychologueWilliam James, Ă©crit que "pour vaincre les tendancesĂ©motionnelles peu dĂ©sirables quâil y a en nous, nousdevons assidĂ»ment, et surtout de sang-froid, exĂ©cuterles mouvements extĂ©rieurs des dispositions contrairesque nous voulons acquĂ©rir."
Etre positif câest dĂ©tourner ses pensĂ©es des chosesqui nous sont adverses et les fixer sur la multitude decelles qui nous sont favorables. Puis, ayant dĂ©cidĂ©dâaccomplir quelque chose de positif, ne pas mĂ©nagersa peine: le faire bien et jusquâau bout. Câest lâusageque nous faisons de nos aptitudes qui dĂ©cide du succĂšsde nos efforts.
Sachez donner de la vitalitĂ© Ă vos idĂ©es positives.Devant sa propre vie, chacun de nous est comme lechef dâorchestre devant ses musiciens: il anime, guide,contient, coordonne, interprĂšte les multiples qualitĂ©sde son ĂȘtre. Il doit avoir de lâenvergure et de lâassu-rance.
LA BANQUE ROYALE DU CANADA 1974/IMPRIMĂ AU CANADA