cagan aceter - criminology
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CriminologyTRANSCRIPT
UNIVERSITÉ GALATASARAYFaculté des Sciences Economiques et Administratives
Département de Science Politique
LA DELINQUANCE JUVENILE ET LA PERCEPTION DE LA DÉLINQUANCE JU-VÉNILE CRÉÉE PAR LA PRESSE TURQUE: L'ANALYSE DES NOUVELLES SUR
LES VOLEURS À L'ARRACHÉE
Mémoire de fin d’études
soutenu par
ÇAĞAN ACETER
Sous la direction deM. CONF. Z. VERDA İRTİŞ
MAI 2014
i
RÉSUMÉ
Ce travail a été mené afin de mettre en avant la manière dont la presse écrite reflète sa
perception de la délinquance juvénile, et l'impact de cette perception sur la société dans
laquelle se forme des réactions et des préjugés vis-à-vis des jeunes délinquants. Pour ce faire,
nous avons d'abord consacré une première partie aux concepts de délinquance et de
délinquance juvénile. Puis, nous avons présenté par le biais d'exemples les facteurs principaux
qui étaient à l'origine d'une incitation à la délinquance chez les enfants. Enfin, nous avons
étudié des nouvelles de presse des archives de l'année 2002-2006 consacrés à la délinquance
juvénile. Ces nouvelles nous ont permis de comprendre que les médias avaient eu un rôle sur
la formation des préjugés dans la société à l'égard des jeunes délinquants. En effet, nous
avons ainsi pu remarquer que même à une époque où la délinquance juvénile était en baisse,
les médias n'hésitaient pas à susciter de l'indignation dans l'opinion publique en publiant de
nombreux nouvelles sur la question.
Mots clés: Délinquance, Enfant, Délinquance Juvénile, Délinquance Juvénile dans la Presse,
Éducation, Famille
i
ÖZET
Bu çalışmada çocuk suçluların yazılı medya olan gazete haberlerinde nasıl yansıtıldığı
açıklanmış, gazete haberlerinden dolayı toplumda çocuk suçlulara karşı konulan tepkiler ve
önyargılar açığa çıkartılmıştır. Öncelikli olarak suç ve çocuk suçlu kavramları detayları olarak
incelenmiştir. Çocukları suça iten başlıca nedenler örneklerle sunulmuştur. Gazete haberleri,
arşivlerden incelenerek 2002-2006 yılında çıkan çocuk suçlu haberleri üzerine
yoğunlaşılmıştır. Bu haberlerden yola çıkarak medyanın çocuk suçlular hakkında topluma
önyargıları benimsettiği incelenmiştir. Çocuk suçluların az olduğu dönemlerde bile Türk
basınında çıkan haberlerle toplumun nasıl kışkırtıldığı açıklanmıştır.
Anahtar Kelimeler: Suç, Çocuk, Çocuk suçluluğu, Basında Çocuk Suçluluğu, Eğitim, Aile
ii
ABSTRACT
In this thesis, how the juvenile delinquency is represented in newspapers of the printed media
is explained and the prejudice and the reactions to the juvenile delinquency because of the
news in the newspapers are revealed. Firstly, crime and juvenile delinquency are examined in
detail. The reasons that push the children into crime are explained with examples. Newspapers
are examined and the news about juvenile delinquency in 2002-2006 is focused. Based on
these news that the newspapers infuse the prejudices into the society is studied. How the
society is provoked with the news of the Turkish newspapers even the ratio of juvenile
delinquency is lower than other years is studied in this paper.
Key Words: Crime, Child, Juvenile delinquency, Juvenile delinquency in the newspapers,
Education, Family.
iii
RÉSUMÉ....................................................................................................................................I
ÖZET........................................................................................................................................II
ABSTRACT............................................................................................................................III
INTRODUCTION.....................................................................................................................1
I.PARTIE : CONCEPTS ET THÉROIES..............................................................................3
1.1.Concepts.................................................................................................................................................. 31.1.1. La notion de l'enfant dans le système juridique.......................................................................................31.1.2. La notion de l'enfant dans le système juridique turc...............................................................................61.1.3. La notion de crime...................................................................................................................................7
1.2.Les théories relatives au crime................................................................................................................. 91.2.1. Les théories centrées sur l'individu........................................................................................................101.2.2. Les théories biologiques........................................................................................................................111.2.3. Les théories sociologiques.....................................................................................................................13
II. LES FACTEURS QUI INTERVIENNENT DANS LA DÉLINQUANCE JUVÉNILE...................................................................................................................................................22
1. Le réseaux familial................................................................................................................................... 22
2.Le réseaux scolaire.................................................................................................................................... 23
3.Le réseaux amical...................................................................................................................................... 24
III. PARTIE : LA PERCEPTION DE LA DÉLINQUANCE JUVÉNILE CRÉÉE PAR LA PRESSE TURQUE À TRAVERS DES NOUVELLES SUR LES VOLEURS À L'ARRACHÉE........................................................................................................................26
1.L'analyse et le délit du vol à l'arraché......................................................................................................... 26
2. La représentation des enfants dans les titres de journaux.........................................................................292.1 Méthode d'analyse des titres de journaux.................................................................................................30
2.1.1 L'exclusion de l'humanité –La dégradation de l'humanité..................................................................312.1.2 L'attribution de caractéristiques péjoratives......................................................................................312.1.3 L'exclusion sociale..............................................................................................................................322.1.4 La mise en relation avec un groupe vu comme ennemi.....................................................................322.1.5 L’exagération des propriétés numériques du groupe exclu................................................................322.1.6 L'accusation de comportements non-éthiques ou illégaux................................................................332.1.7 La représentation comme source de menace....................................................................................332.1.8 L'accusation d'être le suspect ou le coupable d'un délit....................................................................332.1.9 Le blâme par un membre du groupe..................................................................................................332.1.10 La comparaison entre les groupes....................................................................................................34
3. Les délinquants juvéniles dans les nouvelles sur les vols à l'arraché..........................................................35
iv
CONCLUSION.......................................................................................................................42
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................45
ANNEXE..................................................................................................................................49
v
INTRODUCTION
L'homme, qui est un être social, présente à chaque époque et à chaque culture des
comportements qui sont susceptibles d'être definies comme une source de danger pour l'ordre
social établi. Différents moyens de contrôle sont mis en place face à ces comportements
considérés comme des délits : les groupes restreints et non officiels ont recours à leurs propres
règles, les institutions plus larges ou officielles à des règles, des règlements et des lois et la
société privilégie quant à elle des solutions traditionnelles telles que le blâme et l'exclusion.
La société met donc en place diverses sanctions vis à vis de ceux qui outrepassent ses lois,
tout en tentant de dégager les causes de la délinquance et en cherchant des solutions pour la
prévenir.1 La perception de la délinquance quant à elle connut de nombreuses évolutions au
cours des années. La délinquance juvénile a une place à part dans la notion de délinquance et
doit être analysée séparément. En effet, la situation psychologique, sociologique et
l'environnement dans lequel se trouvent les enfants délinquants, individus n'étant pas encore
arrivés au terme de leur croissance et de leur développement, et ne possédant pas la maturité
nécessaire, représentent un phénomène véritable complexe.
La tendance à commettre des délits des enfants mineurs augmente de jour en jour, et
les facteurs ainsi que les raisons qui poussent les enfants à la délinquance sont divers. Plutôt
que le terme « délinquant juvénile », il est préférable d'employer le terme « enfant poussé au
délit ». En effet, la manière dont les médias présentent dans la presse ces enfants qui se
retrouvent mêlés au crime influencent la société et la pousse à les exclure et à requérir les
peines les plus lourdes à leur encontre. Le fait que les enfants, qui représentent les individus
les plus petits mais aussi la structure de base de la société, soient élevés correctement et
protégés des facteurs externes joue un rôle important du point de vue de l'avenir de la société.
Le développement de la société sur des bases solides passe par le développement, l'éducation
et la protection des enfants qui en sont l'essence.2
1 KANER, S., "Suçluluğu Açıklayan Yaklaşımlar", A.Ü.Eğitim Bilimleri Dergisi n° 11, Ankara, 1993, p.82 SEVÜK, H.Y., Uluslar Arası Sözleşmelerdeki İlkeler Açısından Çocuk Suçluluğu İle Mücadele, İstanbul, 1998, p.1
6
Notre travail se composera de trois parties. La première partie, théorique, présentera
les notions relatives à notre sujets et les théories relatives à la délinquance, et nous permettra
d'expliquer ces notions, notamment du point de vue de leur dimension juridique. La seconde
partie sera quant à elle consacrée aux raisons pour lesquelles les enfants commettent des
délits, dans le cadre de deux sous parties : les raisons individuelles et les raisons procédant de
l'entourage de l'enfant. Nous essayerons dans notre travail de mettre en avant les raisons
principales et les plus importantes. Enfin, la troisième partie s'intéressera à la perception par
les médias de la délinquance juvénile ainsi que leur manière de refléter leur perception à la
société. Nous utiliserons pour cela des nouvelles de presse des médias turcs relatifs à ce sujet.
7
I.PARTIE : CONCEPTS ET THÉROIES1.1.Concepts
1.1.1. La notion de l'enfant dans le système juridique
L'être humain passe de sa naissance à sa mort par différents stades définis comme
étant l'enfance, l'adolescence (la jeunesse) la maturité et la vieillesse. La période de
développement et de maturation qui s'étend de la naissance jusqu'à l'âge adulte est appelée «
stade de l'enfance ». L'enfant peut être défini comme étant un être qui n'a pas encore complété
son développement intellectuel, physique et psychique, qui est en cours d'apprentissage de son
rôle et de ses fonctions au sein de la société et qui de ce fait nécessite des soins et une
éducation.3
L'enfant, qui est défini par le dictionnaire comme étant « le petit de l'homme », n'est en
fait pas la version petite d'un adulte, mais un être à part appartenant à un autre monde. 4
L'article 1 de la Convention relative aux droits de l'enfant qui considère que « un enfant
s'entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus
tôt en vertu de la législation qui lui est applicable » donne une définition généralement admise
concernant la notion de l'enfant. Cependant, chaque pays fixe lui même à travers ses lois ce
qu'il considère comme le début de l'enfance ou de l'existence. A titre d'exemple, les lois
argentines font débuter l'enfance à l'instant même de la procréation et considèrent qu'elle
prend fin dès qu'un individu entre dans sa dix-huitième année.5 En Turquie, l'enfant est défini
comme étant l'individu n'ayant pas encore atteint sa dix-huitième année.
L'enfance représente donc un stade naturel et fondamental par lequel passe chaque
individu à partir de sa naissance jusqu'à ses dix-huit ans. Différentes définitions de ce stage
existent, et les limites d'âge peuvent varier, mais ces définitions ont toutes en commun le fait
qu'elles prennent en compte la période à partir de la naissance jusqu'à un âge défini. Il n'existe
pas de définition commune de la fin de cette période, mais un consensus sur son début.
L'enfance est par ailleurs un phénomène qui peut différer selon l'époque ou la culture dans
3 HACIOĞLU, B.Caner., “Yeni Türk Ceza Kanun Tasarısının Çocuk ve Küçük Ceza Hukukuna İlişkin Hükümleri”, Atatürk Üniversitesi Erzincan Hukuk Fakültesi Dergisi, C. 4, S. 1,Erzincan, 1998, p.1
4 SEVÜK, H.Y., Uluslar Arası Sözleşmelerdeki İlkeler Açısından Çocuk Suçluluğu İle Mücadele, İstanbul, 1998, p.3
5UNICEF, Çocuk Haklarına Dair Sözleşme, Ajans-Türk Basın ve Basım A.Ş., Ankara, 1998, p.
8
laquelle on se trouve. Le fait que les développements physique, émotionnel, social et
psychique des individus peuvent se réaliser à des moments différents est une des raisons
principales pour lesquelles il existe un débat autour des limites d'âge au sein desquelles se
définit l'enfance. Il n'en reste pas moins que l'enfant est considéré comme un être social qui
doit être protégé à tout âge, en tout lieu et dans chaque niveau économique.6
Quand on prend en compte les développement intellectuel et corporel, on peut
considérer qu'avec l'apparition des premiers signes de la puberté, un individu sort du stade de
l'enfance pour entrer dans celui de l'adolescence. Ce stade ne se déroule pas au même moment
pour tous les individus mais intervient en moyenne entre onze et quinze ans. Les pays
occidentaux fixent généralement le seuil de la quinzième année comme étant l'âge à partir
duquel un individu devient responsable pénalement et peut commencer à travailler. Du point
de vue juridique, le terme « enfant » renvoie aux adolescents entre onze et dix-huit ans n'ayant
pas encore atteint leur majorité. Que ce soit en Angleterre, dans d'autres pays européens ou en
Turquie, la frange d'âge où le plus de délits sont commis correspond à la quatorzième année.7
La notion de l'enfance, nous l'avons dit, est abordée différemment dans les sociétés
selon les limites d'âge qui lui sont fixées. Certaines sociétés ont recours à des critères
traditionnels, légaux ou biologiques pour fixer la limite d'âge au sein de laquelle est définie la
notion d'enfance. La personnalité d'un individu se développe au fil des années, à travers son
développement émotionnel et intellectuel. C'est au cours de ce processus que l'individu met de
côté ses pulsions et ses émotions pour s'adapter à la vie en société. C'est aussi à ce stade que
l'individu commence à construire son entourage. Durant la période précédant l'adolescence,
qui représente un moment clé du point de vue de la formation de la personnalité de l'enfant, la
famille joue par ailleurs un rôle très important.
Le concept de l'enfance revêt deux significations du point de vue juridique; la
première consiste en la définition de l'enfant comme étant un individu à un jeune âge, l'autre
insiste sur les liens de parenté de l'enfant avec sa mère et son père. Le système juridique
reconnaît l'existence d'un individu à partir de sa naissance. Les individus sont obligés de
respecter les lois à partir de leur naissance. Cependant, ils ne sont pas tenus pour responsables
6 KONTAS, M., “Türkiye’de Çocuk Politikası Emniyet Genel Müdürlüğü Küçükleri Koruma Hizmetleri Yönetici Semineri Notları”, Asayiş Şube Müdürlüğü, n°.3, Ankara, 1997, p.6
7 YAVUZER, H., Suç ve Çocuk, Remzi Kitapevi,10. Basım, İstanbul, 2001, p.15
9
de leurs agissements jusqu'à un certain âge, défini par les dispositions juridiques. Une fois cet
âge dépassé, les individus sont considérés comme responsables de leurs agissements et
peuvent être sanctionnées vis à vis de ceux-ci. Cela n'est en effet possible que lorsque les
individus sont conscients de leurs actes, c'est à dire quand ils sont en possession de leur
faculté de discernement.
Du point de vue du droit des enfants, il est possible de définir « l'enfance » qu'en
déterminant à partir de quel âge un individu devient responsable de ses actes. Nous avions
déjà souligné que du point de vue juridique, la notion de « l'enfant » renvoie aux individus se
trouvant entre l'âge de douze et dix-huit.
Tout individu possède de fait et dès sa naissance la capacité de jouissance, qui ne
prend en compte pour s'appliquer ni l'âge, ni le sexe, ni la nationalité. Une personne en
possession de sa capacité de jouissance mais qui ne possède pas celle d'exercer elle-même ses
droits (capacité d'exercice) peut les exercer en ayant recours à un représentant.8
Un délinquant juvénile est un enfant qui se trouve en dessous de la limite d'âge fixé
par les dispositions pénales. La limite d'âge qui fixe le seuil en dessous duquel l'enfant est
considéré comme irresponsable pénalement diffère selon les pays.
Certains pays fixent l'âge de responsabilité pénale à sept ans, ce sont l'Australie (l'état de
Tasmanie), le Bangladesh, la Chypre, le Ghana, l'Irlande, la Jordanie, le Koweït, le Liban, le
Pakistan, le Soudan et la Syrie.
D'autres fixent cet âge à huit ans : le Sri Lanka ainsi que l'Écosse.
Cet âge est fixé à neuf ans pour l'Irak et les Philippines.
Les pays ayant fixé cet âge à dix ans sont l'Australie (la plupart des états) le Népal, la
Nouvelle-Zélande, le Nicaragua, et l'Angleterre.
Les pays ayant fixé cet âge à douze ans sont le Canada, la Corée et l'Ouganda.
Les pays ayant fixé cet âge à treize ans sont l'Algérie, le Tchad, la France, la Pologne et la
Tunisie.
Les pays ayant fixé cet âge à quatorze ans sont la Bulgarie, la Chine, l'Allemagne, la Hongrie,
l'Italie, le Japon, la Libye, la Roumanie, la Russie et le Vietnam.
Cet âge est fixé à quinze ans par le Danemark, l’Égypte, la Finlande, la Norvège, l'Islande, le
Soudan et la Suède.
8 ÇOGAN, O., Çocuk Suçluluğunun Nedenleri ve Edirne Ceza Mahkemelerinde Açılan Davaların Bu Yönde İncelenmesi, Disiplinler arası Adli Tıp Yüksek Lisans Tezi, Ankara, 2006, p.13
10
Il est fixé à seize ans par l'Argentine, l'Azerbaïdjan, la Bolivie, le Chili, Cuba, le Portugal,
l'Espagne et l'Ukraine.
Enfin, quatre pays fixent l'âge de responsabilité à dix-huit ans, ce sont la Belgique, la
Colombie, le Panama et le Pérou. 9
1.1.2. La notion de l'enfant dans le système juridique turc
Les dispositions relatives à la notion de « l'enfant » se trouvent dans les articles n°6 et
n°31 du code pénal turc. L'article n°6/1-b du code pénal turc présente la définition suivante
« L'expression « enfant » revoie à l'individu n'ayant pas encore atteint sa dix-huitième
année » . L'article n°31 distingue trois groupes : l'article 31/1 est consacré au groupe se
trouvant entre 0-12 ans, l'article 31/2 le groupe entre 12-15 ans et l'article31/3 au groupe 15-
18 ans. Les enfants qui n'ont pas encore atteint l'âge douze ans au moment du délit ne peuvent
être tenus comme pénalement responsables. Seules des mesures de sécurité propres aux
enfants peuvent être prises prises à l'encontre des enfants appartenant à ce groupe d'âge.
Les enfants ayant plus de douze ans mais n'ayant pas encore atteint leur quinzième
année ne sont pas tenus comme pénalement responsables de leurs acts dans le cas où ils ne
sont pas en mesure de comprendre la portée et les conséquences de leurs actes. Les mesures
de sécurité propres aux enfants sont cependant applicables et prises à l'encontre de ces
enfants. Dans le cas où l'enfant est considéré comme étant en mesure de discerner la portée
juridique et la conséquence de son acte et comme étant capable d'orienter son comportement
dans l'accomplissement de celui-ci on considère que la responsabilité pénale existe, mais les
peines encourues sont inférieures à celles des adultes. En effet, dans le cas où le crime
commis est passable d'une peine de prison à perpétuité, la peine se voit réduire à une peine de
prison durant entre 11 et 15 ans. Les autres peines sont réduites de moitié et ne peuvent
dépasser 7 ans d'emprisonnement pour chaque délit commis.
Les enfants ayant plus de quinze ans mais n'ayant pas encore atteint leur majorité sont
protégés par des mesures de réduction de peine. Cette réduction est plus élevée lorsque le
mineur a moins de 15 ans. Pour la tranche d'âge se trouvant entre 15 et 18 ans, la peine, à part
celle de perpétuité, est réduite d'un tiers, et ne peut dépasser 12 années d'emprisonnement
pour chaque délit commis.
9 UNİCEF, İnternational Child Development, Centre, Juvenile Justice, Florence, USA.
11
Le code pénal a par ailleurs une autre disposition visant à protéger les enfants
handicapés sourds et muets. Les limites d'âges sont en effet différentes : les enfants sourds et
muets de moins de 15 ans se voient passibles des mêmes sanctions que les enfants de moins
de 12 ans, et dans le cas où ils ont moins de 18 ans, ils sont passibles des mêmes sanctions
que les enfants de moins de 15 ans. Quant aux personnes sourdes et muettes de moins de 21
ans, elles se voient appliquer les dispositions relatives aux enfants mineurs de plus de quinze
ans. La loi a par ailleurs relevé le seuil de responsabilité pénale des personnes sourdes et
muettes à 21 ans.
1.1.3. La notion de crime
La notion de crime est aussi vieille que l'histoire de l'humanité, et l'on peut considérer
qu'elle perdurera tant que l'humanité sera sur terre. Si elle semble du premier abord être un
phénomène relevant uniquement de la police et des tribunaux, il ne faut pas oublier qu'elle
procède en fait d’événements sociaux en arrière plan et qu'elle est un phénomène important
qui relève de la société dans son ensemble.
Deux attentes se sont formées dès l'apparition du concept d'état au sein des sociétés : la
justice et la sécurité. Les individus qui composent la société attendent de l'état qu'il permette
la consolidation de ces deux attentes. Un état ne pouvant procurer la sécurité et la justice aux
individus est un état défaillant. La notion de crime est une problématique qui a un impact
direct sur la justice et la sécurité.
De nombreuses définitions du crime, qui divergent selon les cultures, existent, mais la
notion de crime est une notion universelle. Une des définitions les plus largement admises du
crime est qu'il est un acte considéré et fixé par les législateurs comme étant dangereux ou
ayant un impact négatif sur la société.10 Le crime signifie l’outre-passement des règles
juridiques et morales. Il est interdit par les lois du fait qu'il remette en cause l'ordre social
établi.11
D'après le code pénal, le crime est un agissement qui est réprimé par la loi.
Parallèlement à cette définition, Paul Lutz considère le délinquant juvénile comme étant
10 DÖNMEZER, S., Kriminoloji, Gözden Geçirilmiş 8. Baskı, Beta Yayınları, İstanbul, 1994, p.207
11 KULAKSIZOGLU, A. Ergenlik Psikolojisi, Remzi Kitabevi, İstanbul, 1998, p.196
12
« D'après le code pénal, un individu qui commet une faute à l'origine d'un crime »12. Cette
définition simple du point de vue juridique englobe des phénomènes différents du point de
vue qualitatif et quantitatif. En effet, à titre d'exemple, une personne affamée qui n'a pas
d'argent pour se nourrir et qui se voit obligée de voler de la nourriture commet un crime au
même titre qu'une personne qui vole de force le téléphone d'une autre puis la tue en la
poussant sous un train.13
Le crime est un phénomène qui concerne de nombreux domaines sociaux et
scientifiques. La notion de crime contient des dimensions juridiques, criminologiques,
sociologiques, psychologiques, religieuses et morales.
Le crime est une notion qui est :
a. Juridique du point de vue de la violation des lois
b. Criminologique du point de vue de la détermination des comportements pouvant être
considérés comme criminels
c. Sociologique du point de vue de son caractère préjudiciable à la société
d. Psychologique du fait qu'elle relève d'un comportement individuel
e. Religieuse du fait qu'elle disconvient aux lois religieuses
f. Morale du fait qu'elle remet en cause les normes morales 14
La notion de crime a pris forme selon les besoins des sociétés au cours du processus
historique. La perception des crimes s'est elle aussi formée en réponse aux besoins de la
société à une période donnée. Du point de vue juridique, le crime est l'acte qui a pour
conséquence d'être sanctionné par une peine prévue par l'ordre juridique au sein de l'État. Le
crime ne représente donc pas une infraction à une loi pénale, mais l'infraction à des règles
justement protégées par ces lois pénales.
Quand les conditions dans lesquelles le crime est commis et ses éléments sont pris en
compte, le crime est considéré comme étant commis par une personne possédant la faculté de
discernement mais dont la volonté défectueuse est à l'origine d'un agissement passif ou actif
contrevenant aux lois et qui est passible d'une sanction pénale prévue par les dispositions 12 Pauıl Lutz cité par Yavuzer, op.cit., 1996, p.27
13 YAVUZER, H., Çocuk ve Suç, Remzi Kitabevi, Sekizinci Basım, İstanbul, 1996, p.27
14 TUFAN, B., Sosyal Sorunlar- Ders Notları, Hacettepe Üniversitesi Sosyal Hizmetler Yüksekokulu, Ankara, 2001, p.6
13
juridiques. Le crime est un phénomène universel, général et social qui, naturellement, possède
certaines caractéristiques liées aux conditions de la société dans laquelle il est commis ainsi
qu'à l'époque. Les criminels sont façonnés par les conditions sociales, économiques et
morales des sociétés dans lesquelles ils se trouvent. C'est pour cette raison que le crime doit
être envisagé d'un point de vue qui comprend des dimensions psychologique, sociologique,
économique et juridique.15
La notion de crime est une notion aussi bien sociale que juridique. Le crime est en
effet un phénomène qui découle de milieux sociaux illégitimes apparus du fait de différents
facteurs. À titre d'exemple, un agissement qui peut être considéré comme un crime du point
de vue d'une société peut ne pas l'être dans une autre.
1.2.Les théories relatives au crime
Le crime est toujours défini comme étant en lien avec la justice. Ce qui n'était pas,
dans une société, considéré comme juste, ou comme respectant les lois de la justice a été
qualifié de « crime ». Il existe un grand nombres de théories relatives au phénomène du crime
et qui définissent les notions de la criminalité, mais la plupart de ces théories se regroupent
généralement en deux blocs, l'un prenant en compte les bases individuelles, l'autre les bases
sociologiques. Les théories privilégiant les bases sociologiques considèrent notamment le
crime comme découlant des conditions sociales, alors que les théories à bases individuelles
mettent davantage en avant la personnalité et l'intelligence de l'individu.16 Il est par ailleurs
possible de diviser en trois catégories les facteurs qui poussent à commettre un crime, en
distinguant les causes individuelles, biologiques et sociales.
1.2.1. Les théories centrées sur l'individu
Les théories centrées sur l'individu, qui sont les premières à avoir été développées afin
d'analyser les comportements criminels, peuvent être étudiées sous quatre sous-parties :
l'école classique, l'école néoclassique, l'école positive et l'école géographique. L'école
15 BALO,Y.S. Suç Mağduru ve Suç Faili Olan Çocuklar Açısında Çocuk Suçluluğu ve Çocuk Mahkemeleri, Yüksek Lisans Tezi, Ankara Üniversitesi Hukuk Fakültesi, Ankara, 1995, p.18
16 ERKAN, R., Bağlı, M., Sümer, F., et Ünver M., Sosyal Çevrenin Sokak Çocukluğuna Ve Çocuk Suçluluğuna Etkisi, 1.Ulusal Çocuk ve Suç: Nedenler ve Önleme Çalışmaları Sempozyumu, Türkiye Çocukları Yeniden Özgürlük Vakfı, Ankara, 2002, p.54
14
classique, ou autrement dit l'école utilitariste, est la première, vers le milieu du 18ème siècle,
à avoir mis en avant une approche scientifique face au phénomène criminel. L'école classique
repose sur l'hypothèse selon laquelle les individus commettent un crime après avoir pesé les
conséquences de leurs agissements. Cesare Beccaria et Jeremy Bentham sont les représentants
les plus connus de cette école.17
D'après cette approche, les individus sont en mesure de mener toute sorte d'activités,
dont le fait de commettre un crime. Elle défend donc l'idée que la seule chose qui peut retenir
les individus est la peur de la peine encourue. Selon les criminologues de l'école classique, les
individus sont libres de recourir à n'importe quel moyen, légal ou non, pour obtenir ce qu'ils
désirent. Bentham a toujours considéré le crime comme un concept abstrait; il souligne par
ailleurs que la sanction pénale est un moyen qui cause un préjudice à l'individu, mais que
l'existence de cette sanction est un moyen d'empêcher les hommes de faire pire. Toujours
selon Bentham, la sanction pénale a quatre objectifs principaux : premièrement d'empêcher le
crime, deuxièmement, dans le cas où cela n'empêche pas le criminel de commettre un crime,
de le convaincre de commettre un crime moins grave, troisièmement de garantir le fait qu'un
criminel n'utilise pas la force plus que nécessaire, et quatrièmement de contrôler le crime pour
un moindre coût.18
D'après l'école néoclassique, la sanction pénale doit être adapté non pas au criminel
mais au crime commis. De ce fait, les théoriciens néoclassiques ont lourdement critiqué ceux
de l'école classique, notamment sur le fait qu'ils soient, selon eux, bien trop inflexibles. Ces
théoriciens ont notamment mis en avant le fait qu'un enfant de moins de sept ans ne doit pas
être sanctionné pour ses actes, du fait qu'il n'ait pas encore l'intelligence nécessaire pour
comprendre ses actes, ainsi que du fait de son irresponsabilité pénale. De même, les personnes
ayant un handicap mental ne devraient pas, selon eux, être tenues comme responsables
pénalement de leurs actes pour les mêmes raisons.19
L'école positiviste a quant à elle mis en avant l'approche selon laquelle les activités
humaines sont déterminées par des forces extérieures au contrôle des individus et d'après quoi
les comportements criminels sont la conséquence de facteurs biologiques, psychologies et
17 İÇLİ, T., Kriminoloji, 8. Baskı , Ankara, Seçkin Yayıncılık, 2007, p.68
18 Ibid p.69-70
19 Ibid, p.70
15
sociaux. Cette approche est apparue au milieu du 19ème siècle quand les scientifiques ont
décidé d'appliquer une approche positiviste aux facteurs du crime. Les positivistes,
contrairement aux écoles précédentes ont donc analysé les comportements criminels en les
considérant comme découlant de raisons biologiques, psychologies et sociaux, et ont appuyé
leur théorie sur de nombreuses recherches expérimentales. De ce fait, selon eux, la sanction
pénale doit être adaptée non pas au criminel mais au crime commis. Ils représentent un
tournant du point de vue de la criminologie du fait qu'ils aient permis que le criminel soit
étudié pour la première fois d'une manière scientifique. L'école positiviste a par ailleurs mis
en avant l'importance de la mise en place de mesures préventives pour empêcher le crime.20
L'approche de l'école géographique repose quant à elle sur l'hypothèse que les facteurs
géographiques et les conditions sociales ont une influence importante sur les comportements
criminels. Ses théoriciens ont par ailleurs défendu leur opinion selon laquelle les conditions
météorologiques telles que le changement de climat, la température ou la pluie pouvaient
aussi être dans un rapport de causalité avec le crime. Ils ont donc mené des analyses sur les
phénomènes naturels et météorologiques en essayant de mettre en avant l'influence de ces
derniers sur la psychologie humaine.21
1.2.2. Les théories biologiques
Il était très fréquent de rencontrer au cours de l'histoire une opinion selon laquelle des
personnes ayant des caractéristiques physiques différentes ou des difformités physiques
avaient des caractéristiques diaboliques ou maléfiques. Les lois du moyen-âge reprenaient
cette croyance en considérant que parmi des personnes suspectées d'avoir commis un crime, la
probabilité que celle étant la plus laide était coupable était élevée. Cette croyance selon
laquelle on naît criminel et que les criminels sont affublés de diverses difformités physiques
se retrouve non seulement dans les textes scientifiques mais aussi dans les textes littéraires.
Les premiers bio-criminologues se sont intéressés à la forme de la tête et du corps. Des
physionomistes tels que Lavater ont essayé, à travers des analyses menées sur les
caractéristiques faciales des criminels, de déterminer si la forme et la place du nez, des
oreilles et des yeux pouvaient avoir un lien avec des comportements antisociaux. Les
phrénologistes tels que Gall ou Spurzheim ont analysé la forme des squelettes et les bosses
20 İÇLİ, T., Kriminoloji, 8. Baskı , Ankara, Seçkin Yayıncılık, 2007, p.68
21 Ibid, p.75
16
des criminels afin d'essayer de comprendre si ces caractéristiques physiques étaient en rapport
avec des comportements criminels. Les théories biologiques mettent en avant la thèse selon
laquelle les criminels auraient des caractéristiques différentes du point de vue biologique et
génétiques, et que ces caractéristiques les prédisposeraient à commettre des crimes.22
Les théories biologiques considèrent que la structure organique héréditaire des
criminels serait différente de la norme, et que ce sont ces troubles biologiques de leurs
organismes qui les pousseraient à commettre des crimes. Un grand nombre de recherches
biologiques ont été menées jusqu'à nos jours, certaines portant sur les lignes de la main,
d'autres sur les courbes des oreilles, ou encore sur les visages ou les bosses de la tête en
rapport avec divers comportements humains. Ces travaux, considérés comme du
déterminisme biologique en criminologie, ont posé les bases de la criminologie positiviste.
Le premier nom qui vient à l'esprit quand il s'agit des théories du crime biologiques est
celui de Lombroso. Cesara Lombroso a mené une recherche sur 300 prisonniers et soldats
« délinquants » en mesurant la longueur de leurs membres. À partir de celle-ci, il a avancé la
thèse selon laquelle les membres des criminels seraient différents comparés à ces des autres
personnes. Selon Lombroso, un criminel a une apparence plus primitive; les personnes ayant
commis des crimes auraient une plus grande force physique, des canines plus solides et une
pilosité plus importante. Il qualifiera par la suite ce type de personne comme étant « l'homme
atavique », et considérera que ces personnes ne sont pas parvenues à compléter leur évolution.
En effet, selon lui, une personne ayant complété son évolution n'aurait aucune raison de
commettre un crime.
Les théories de Lombroso ont longtemps été acceptées et accueillies respectueusement
en Europe pendant de longues années. Selon Lambroso, il existerait quatre types de
criminels : les criminels-nés, les fous criminels, les criminels d'occasion ainsi que les
criminels qui agissent du fait de l'ambition. Lombroso a réalisé des travaux aussi bien
biologiques que psychologiques. D'après lui, un criminel est un être dépourvu de moral et de
conscience. Certains criminels peuvent commettre un assassinat juste pour tuer une personne
et peuvent même y prendre du plaisir et s'acharner sur la dépouille.
22 İÇLİ, T., Kriminoloji, 8. Baskı , Ankara, Seçkin Yayıncılık, 2007, p.82-95
17
Parmi les théories biologiques, les plus connues sont celles de E. et S. Glueck. Ses
travaux mettent en avant le fait que dans un groupe d'enfants délinquants, l'homme de type
mésomorphique, athlétique et musclé se rencontre davantage que parmi les autres enfants.
Parmi les délinquants, 60,1 % présentaient un type mésomorphique, alors que seuls 30,7 %
de ceux n'ayant pas commis de crime présentaient ce même type.23
L'étude de 12 ans de criminologue britannique Charles Goring, menée sur 3000
criminels, a montré qu'il n'y a pas de grande différence physique entre les criminels et non
criminels. Approches biologiques sont insuffisantes pour expliquer le crime et elle
contiennent des qualités de manipulation parce que l'on mène les recherches souvent sur les
condamnés comme sujets. Une autre projection de cette approche est, anomalies physiques
qui sont visibles sur les criminels proviennent de causes héréditaires. Toutefois, ces anomalies
sont en réalité liées à des conditions telles que la malnutrition et la pauvreté .24
1.2.3. Les théories sociologiques
Les théories sociologiques tentent d'expliquer le phénomène du crime à travers la
société, les structures sociales liées à l'environnement, ainsi que les processus et les conflits
sociaux.
Les théories de structure sociale
Les théories de structure sociale considère le crime du point de vue socio-économique
de l'adaptation des individus des classes sociales inférieures à l'environnement dans lequel ils
se trouvent. Ces théories qui ont de nos jours pour objectif de mettre en avant des explications
quant à la criminalité des classes supérieures et moyennes avaient été avancées la première
fois relativement aux gangs des classes inférieures.25
Emile Durkheim, qui est un des fondateurs de la discipline sociologique, a par ailleurs
été à l'origine de contributions importantes à la criminologie. Ses travaux ont commencé à
23 SARAN, N., “İstanbul Şehrinde Polisle İlgisi Olan On sekiz Yaşından Küçük Çocukların Sosyo-Kültürel Özellikleri Hakkında Bir Araştırma”, İstanbul Üniversitesi Edebiyat Fakültesi Yayınları, n°1362, İstanbul, 1968, p.18
24 GÖLBASI S. , Kentleşme ve Suç: İstanbul'un Kentleşme Süreci ile Suçluluk Arasındaki İlişkinin Kuramsal Değerlendirmesi , İstanbul, XII Levha, 2009
25 İÇLİ, T., Kriminoloji, 8. Baskı , Ankara, Seçkin Yayıncılık, 2007, p.38
18
être utilisés pour permettre de répondre à certaines questions telles que l’apparition du crime
et son lien avec le fonctionnement de la société. Durkheim est en effet le penseur ayant le
plus influencé les chercheurs du 19ème siècle s'intéressant à la relation de causalité entre le
crime et les facteurs sociaux et par conséquent a eu impact important sur la criminologie
moderne.
Selon Durkheim, pour qu'un acte soit considéré comme un crime, il faut qu'il ait pour
conséquence la réaction de la sanction. Presque la majorité des criminologues considéraient
alors le crime comme un phénomène pathologique. Durkheim, qui ne partageait pas cette
opinion, considère le crime comme un phénomène universel. Il souligne que le crime est
nécessaire au changement fonctionnel et social, et qu'il est le produit des normes en vigueur.26
Selon Durkheim, le crime est considéré comme un fait social normal et régulier, donc
il doit y avoir une raison de sa persistance. La criminalité peut être fonctionnel pour amener
un changement social où les normes sociales sont incompatibles avec les conditions de vie.
Par exemple, le criminel d'hier est le philosophe de demain.
Un taux élevé de criminalité est une indication d'un système social qui n'a pas réussi à
s'adapter au changement. Déviance agit comme un dispositif d'avertissement, indiquant qu'un
aspect de la société ne fonctionne pas correctement. Déviance peut aussi agir comme une
soupape de sécurité - une expression relativement inoffensif de mécontentement.
Le crime est donc nécessaire : il est lié aux conditions fondamentales de toute vie
sociale, mais, par cela même, il est utile ; car ces conditions dont il est solidaire sont elles-
mêmes indispensables à l'évolution normale de la morale et du droit.27
Albert Cohen publie en 1955 « Delinquent boys » (ou Jeunes Délinquants en français),
un travail de recherche qui a permis au sujet, en mettant en avant la sous-culture de la
délinquance juvénile, d'acquérir une nouvelle perspective scientifique. Selon Albert Cohen, le
comportement d'un délinquant juvénile est considéré comme correct selon sa sous-culture,
mais est qualifié comme étant fautif du point de vue des valeurs de la culture générale.28
26 İçli, Ibid p.23
27 DURKHEİM, Emile, Le crime, phénomène normal, Denis Szabo avec la collaboration d'André Normandeau, pp. 76-82. Paris: Librairie Armand Colin, 1970,
28 İÇLİ, T., Kriminoloji, 8. Baskı , Ankara, Seçkin Yayıncılık, 2007, p.107
19
Ces sous-cultures qui sont en contradiction avec la culture générale dominante ont
pour origine la différence des standards scolaires, les comportements différents des parents
concernant l'éducation de leurs enfants ainsi que les attentes de ces derniers vis à vis de leurs
enfants qui peuvent diverger. Selon Cohen, la classe sociale dans laquelle se trouve la famille
d'un enfant détermine toutes les difficultés qu'il aura à affronter au cours de sa vie. Un enfant
qui appartient à la classe inférieure doit, pour accéder à la classe moyenne, s'y faire accepter.
Si, du fait de la classe sociale de sa famille, il n'y parvient pas, il tentera d'accéder à la classe
moyenne à travers le système de gangs qu'il intègrera.29
La théorie des « techniques de neutralisation » relatives à la délinquance juvénile de
David Matza et Gresham Sykes peut dans une certaine mesure être considérée comme une
théorie du processus social, mais, du fait qu'elle intègre une analyse de la structure sociale, on
considère que les thèses mises en avant dans cette théorie appartiennent à la catégorie des
théories de la structure sociale. D'après celles-ci, les criminels, plutôt que d'apprendre les
techniques efficaces pour commettre des délits, les valeurs et les comportements, apprennent
en fait à aller et venir tranquillement entre des cadres non légaux. En effet, la sous-culture
permettrait de mettre en avant toutes les possibilités afin qu'un délinquant puisse rationaliser
son crime. Autrement dit, les techniques de neutralisation permettent aux personnes de
s'éloigner des comportements conformes à la norme pour s'orienter de temps en temps vers
des comportements déviants. Les criminels ressentent parfois de la culpabilité du fait des
crimes qu'ils ont commis, mais si le système de valeur créé par la sous-culture délinquante est
venu remplacer le système de valeurs générales, il se peut que ce sentiment de culpabilité
n'apparaisse même pas.30
Théorie de l'association différentielle
La théorie de l'association différentielle a été mise en avant par Edwin H.Sutherland en
1947, qui l'a développée après avoir constaté que les approches multifactorielles étaient
insuffisantes pour expliquer le crime car elles n'avaient pas recours à des explications
scientifiques et systématiques. Il souligne qu'il est nécessaire d'analyser de manière
scientifique les situations existantes dans les situations où il y a un crime, et les
situations non existantes quand il n'y a pas de crime. Des facteurs comme l'âge, le sexe
29 Ibid p.99
30 İÇLİ, T., Kriminoloji, 8. Baskı , Ankara, Seçkin Yayıncılık, 2007, p.110
20
ou la race sont insuffisants pour expliquer le crime parce que les groupes évoqués sont
composés de membres qui commettent des crimes et d'autres qui n'en commettent pas. Il
privilégie donc une explication sociologique qui prenne en compte ces facteurs.31
Sutherland défend l'idée selon laquelle le comportement criminel s'apprend dans
l'environnement social et, en refusant de considérer que la prédisposition aux
comportements criminels est héréditaire, il s'éloigne des théories biologiques du crime.
La théorie de l'association différentielle est résumée en neuf points par Sutherland :
1. Le comportement criminel fait l'objet d'un apprentissage
2. Le comportement criminel s'apprend au cours de l'interaction avec les pairs, au
cours du processus de communication
3. Le comportement criminel se réalise avec des groupes auxquels l'individu se sent
proche
4. L'apprentissage du crime se fait à travers a) l'apprentissage de techniques de réalisation
du crime parfois compliquées et parfois simples, b) l'orientation des instincts, des
pulsions, des rationalisations et des attitudes.
5. Les orientations des instincts et des pulsions s'apprennent à travers les définitions
qui approuvent ou non les règles juridiques
6. L'individu commet des crimes ou a des comportements déviants si ses définitions
qui approuvent l'infraction aux lois sont plus nombreuses que ses définitions qui
la désapprouvent
7. Les associations différentielles se distinguent dans leur fréquence, leur
continuité, leur priorité et leur intensité.
8. Tous les mécanismes utilisés dans l'apprentissage de n'importe quel
comportement sont valables dans le processus d'apprentissage du crime.
9. Le comportement criminel ne peut être expliqué comme étant l'expression des
besoins et des valeurs générales parce que les autres comportements approuvés
par la société en sont aussi l'expression. Par exemple, les objectifs du fait de
voler et du fait de travailler sont d'obtenir assez d'argent pour subvenir aux
31 ÜNAL, Halime, Neden Çocuklar ve Gençler Suç İşler? Ayırıcı Birleşimler ve Sosyal Kontrol Teorileri, Toplum Bilim 23, İstanbul, Bağlam Yayınları 2008, p.52
21
besoins nécessaires pour vivre. C'est pourquoi on peut dire que les objectifs des
comportement criminels et de ceux qui ne le sont pas, sont les mêmes, mais que
les moyens pour mener à bien ces objectifs sont différents. 32
Selon Sutherland, le crime n'est ni lié aux caractéristiques personnelles, ni aux
situations socio-économiques. Le crime est la conséquence d'un processus d'apprentissage
capable d'influencer n'importe qui dans n'importe quelle culture. Le comportement d'un
individu qui va commettre un crime passe par les processus suivants : 33
a. On apprend avant tout un comportement criminel
b. Le comportement criminel s'apprend dans un processus d'interaction où on entre en
communication avec les autres individus
c. Le comportement criminel s'apprend surtout dans des groupes primaires. C'est
pourquoi les vecteurs de communication tels que le cinéma, la télévision ou la presse
ne sont pas très importants à ce niveau.
d. L'apprentissage du comportement criminel passe par l'apprentissage par l'individu de
techniques d'infraction parfois très compliquées et parfois très simples. Un
apprentissage des pulsions, des comportements et des attitudes est nécessaire par
ailleurs pour permettre l'infraction.
e. L'apprentissage de l'orientation des instincts et des pulsions ainsi que l'interprétation
favorable ou non que fait l'individu des dispositions légales se font par le biais
d'exemples.
Les criminologues Robert L. Burgess et Ronald L. Akers ont voulu développer le
processus de l'apprentissage en mettant en avant une théorie qu'ils ont appelée «Théorie du
renforcement différentiel ». Leur objectif était de rassembler la théorie de Sutherland et celle
de B.F.Skinner, qui traite plus généralement du comportement. Ils ont pris pour point de
départ l'hypothèse selon laquelle cette théorie pourrait ainsi devenir plus facilement testable,
et que le processus d'apprentissage pourrait être analysé en détail. Selon les tenants de cette
théorie, les personnes apprendraient les comportements sociaux à travers un conditionnement
opérant, et ce comportement serait contrôlé par un stimulant qui le suit. Le comportement
32 ÜNAL, Halime, Neden Çocuklar ve Gençler Suç İşler? Ayırıcı Birleşimler ve Sosyal Kontrol Teorileri, Toplum Bilim 23, İstanbul, Bağlam Yayınları, 2008, p.53
33 DÖNMEZER, S., Kriminoloji, Gözden Geçirilmiş 8. Baskı, İstanbul, Beta Yayınları, 1994, p.431
22
social se réalise quand les pairs sont pris pour modèle, et à travers un conditionnement direct.
Pour résumer, un comportement déviant est issu de l'imitation des pairs et renforcé par un
soutien social. Conklin fait partie des théoriciens de l'apprentissage social qui considèrent que
le comportement criminel s'apprend. Selon lui, le criminel apprend les techniques pour
enfreindre la loi à travers des sources diverses telles que son entourage, son groupe d'amis, à
travers la culture générale ou l'opinion publique, en pratiquant le sport, par le biais de la
pornographie ou dans des centres de redressement.34
Les théories du conflit social
Les théories du conflit social rejettent l'idée selon laquelle la société serait un
ensemble homogène et harmonieux, mais considèrent au contraire qu'elle se compose
d'éléments et d'unités qui entrent en conflit les uns avec les autres. Les modifications de la
société résultent de la force de propulsion de ces éléments contradictoires. L'homogénéité de
la société ne serait donc pas le résultat d'une solidarité et d'une harmonie entre ces éléments,
mais plutôt le produit d'un équilibre dans le rapport entre des forces contradictoires.35
Marx n'a pas vraiment abordé la question du crime et n'a pas produit de théorie de la
déviance. Mais ses travaux ont influencé les recherches sur la déviances sur deux points en
particulier36:
a. Les travaux de Marx sont devenus la base des approches qui considèrent que la
déviance résulte d'un conflit social. Selon Marx, la déviance ne peut être supprimée en
s'adaptant à la société capitaliste, au contraire, la déviance est le produit du système
capitaliste, il faudrait supprimer les infrastructures économiques dans leur ensemble
pour permettre une solution au problème. Selon lui, la déviance est l'expression de la
lutte de ceux qui sont faibles du point de vue économique contre leur exploitation et
leur misère.
b. Marx a par ailleurs attiré attention sur la relation qu'entretiennent la part de la société
qui est déviante et celle qui ne l'est pas. Il s'est interrogé sur la manière par laquelle la 34 İÇLİ, T., Kriminoloji, 8. Baskı , Ankara, Seçkin Yayıncılık, 2007, p.106-107
35 KONGAR, E., Toplumsal Değişme Kuramları ve Türkiye Gerçeği, İstanbul, Geliştirilmiş ve Genişletilmiş Yeni Basım, Remzi Kitabevi, 1995, p.185
36 İÇLİ, T., Kriminoloji, 8. Baskı , Ankara, Seçkin Yayıncılık, 2007, p.143-150
23
déviance sert l'existence de la société. Selon lui, si la déviance n'existait pas dans la
société, les procureurs, les avocats et les professeurs de droit seraient au chômage.
Selon les théories du conflit social, la déviance est le reflet des inégalités qui existent
au sein de la société. Cette déviance prend forme selon la situation des classes dominantes de
la société. La théorie du conflit social lie la déviance de trois manières au concept de
puissance sociale.
Premièrement, les normes et les lois au sein de la société sont détenues par les riches et
les puissants et fonctionnent selon leur bon vouloir. Deuxièmement, les puissants, même s'ils
ont des comportements problématiques et s'ils enfreignent les valeurs et les normes sociales,
ont les moyens d'empêcher que leur soit apposée l'étiquette de déviants. Troisièmement, il
existe une croyance répandue sur le bien fondé des lois et des normes. Les individus qui
parfois considèrent que les lois et les normes sont appliquées de manière injuste, ne remettent
pourtant jamais en cause le bien fondé de ces dernières.37
D'après les théoriciens du conflit social, les inégalités sociales et la domination sont
des caractéristiques communes à toutes les sociétés. Les inégalités et injustices sociales créées
par la classe sociale dominante et riche sont considérées comme la raison majeure de la
déviance et de la criminalité. De ce fait, le système capitaliste est considéré comme
responsable, du fait qu'il permette aux dominants de conserver leur position privilégié et qu'il
utilise les lois comme un moyen de faire pression sur la société.38
Les théories de la désignation
Ces théories ne s'intéressent pas aux raisons pour lesquelles un individu commet un
délit, mais à la problématique concernant les moyens, officiels ou non, auxquels la force
sociale a recours face à un individu délinquant, ainsi que le type de réaction qu'elle met en
avant selon le moment. Selon la théorie de l'étiquetage, l'étiquetage d'un individu joue un rôle
essentiel dans le fait qu'il commette un délit. En effet, les étiquettes que l'on appose à un
individu ont une influence sur la manière dont les gens se comportent avec lui, et les
37 DURMAZ, Ş., Bilişim Suçlarının Sosyolojik Analizi, Gazi Üniversitesi Sosyal Bilimler Enstitüsü Kamu Yönetim Ana Bilim Dalı Yayımlanmamış Yüksek Lisans Tezi, Ankara, 2005, p.53
38 Ibid p.54
24
interactions avec les autres de cet individu portent les traces de cet étiquetage. Selon
Tannebaum :
« Le processus de création d'un délinquant est un processus d'étiquetage, de
définition, de diagnostic, de distinction, de description, d'accentuation,
d'avertissement, et de remise en place ; ce processus devient un moyen de
provoquer, d'encourager, de souligner et de rappeler les caractéristiques
dénoncées » 39
Selon Lemert, l'un des pionniers de ces théories, il existe deux types de déviance.
La première, la déviance primaire correspond au comportement d'un individu qui diffère
de ceux qu'il a d’ordinaire. Cette situation, quand elle est comparée aux caractéristiques
générales de la personne ainsi qu'aux jugements des autres relativement à elle, est
considérée comme exceptionnelle. Cette personne n'est généralement pas associée à ce
type de comportements par les autres. (impression positive)
La déviance secondaire, qui est le deuxième type de déviance, correspond à la
situation où les autres personnes sont convaincues du caractère généralement déviant
d'une personne. Le fait qu'un acte déviant soit réalisé par cette personne ne crée donc
pas de surprise chez les gens et n'est pas considéré comme une situation
exceptionnelle.40
Becker, concernant le comportement déviant, considère que que les gens
s'accordent d'abord sur le fait qu'une personne dévie des comportements acceptés
comme normaux par la société, ce qui mène ensuite à une conclusion commune selon
laquelle seule une personne qui ne s'adapte pas à la norme peut remettre en cause une
règle aussi importante.
Dans la société, règne une opinion selon laquelle une personne qui a un
comportement déviant, du fait qu'elle a déjà franchi les règles morales générales, ne se
comportera pas à l'avenir comme une personne ayant une morale et enfreindra d'autres
règles importantes. De cette manière, le comportement déviant est contrôlé en faisant
l'objet d'un étiquetage. Becker met en avant le fait que les règles sociales sont appliquées
39 DURSUN, Hasan, Türkiye Barolar Birliği Dergisi, 1997/3-4, p.309
40 Ibid, p.313
25
différemment par ceux qui étiquettent à ceux qui sont étiquetés selon leur classe sociale,
leur métier, leur sexe ou leur âge.41
II. LES FACTEURS QUI INTERVIENNENT DANS LA DÉLINQUANCE JUVÉNILE
1. Le réseaux familial
Dans la littératıre, on constate qu'il est attribué un rôle important à l'entourage
familial.D'après cette littérature, la présence dans sa famille de personnes ayant déjà commis
des délits peut inciter un enfant à la délinquance sans pour autant représenter une cause
certaine de la délinquance. En effet, des recherches menées sur le sujet ont démontré que
l'enfant ne fait pas directement l'apprentissage de la délinquance au sein de sa famille. On
reconnaît cependant que la présence d'un individu criminel au sein d'une famille, peut, du fait
de la tendance à l'imitation, inciter un enfant à poursuivre la même voie.
Le fait que l'un des parents ait déjà commis une infraction à la loi peut influencer de
deux manière différentes les relations entre l'enfant et ses parents. En effet, premièrement, le
fait qu'un des parents se retrouvent en prison du fait de son activité criminelle est à l'origine
de l'explosion du cadre de la famille. Deuxièmement, du fait du rôle de modèles que se voient
attribuer les parents, leur comportement peut avoir une incidence sur celui de l'enfant qui peut
de cette manière se voir inciter à la délinquance. Les résultats des recherches qui ont été
menées sur ce sujet démontrent un fort rapport existant entre la délinquance juvénile et le fait
qu'un ou les deux parents aient commis des actes criminels.42
41 OGIEN, Albert, Sociologie de la déviance, Armand Colin, Paris,1995, p.112
42 ULUĞTEKIN, S., Hükümlü Çocuk ve Yeniden Toplumsallaşma, Ankara, Bizim Büro Basımevi, 1991, p.13
26
Les résultats des recherches menées laissent par ailleurs entendre qu'il est fréquent de
rencontrer dans les familles des délinquants juvéniles des problèmes d'alcoolisme ou de
violence familiale. Est-il nécessaire de rappeler que l'environnement familial joue un rôle clé
dans le développement psychique de l'enfant ? Les problèmes de violence ou d'addictions
dans certaines familles sont à l'origine chez les enfants de traumatismes psychologiques dès
leur plus jeune âge, ce qui semble avoir un impact important sur l'augmentation de leur
propension à la délinquance.
La cellule familiale a une fonction primordiale dans l'éducation et le développement
d'un enfant. Les enfants qui rencontrent des problèmes au sein de leur famille, qui sont sujets
à des violences physiques ou sexuelles à l'intérieur de celle-ci ont tendance à vouloir s'en
éloigner le plus tôt possible, ce qui a pour conséquence que ces enfants quittent très tôt le
domicile familial. Les enfants qui sont en fuite de leur domicile recherchent le soutien d'autres
personnes pour pouvoir survivre. Dans ce contexte, les enfants qui se retrouvent face à des
individus qui n'hésitent pas à les utiliser pour parvenir à leurs fins se voient souvent obligés
d'envisager la délinquance comme un moyen de survivre ou de montrer leur attachement à ces
individus.43
2.Le réseaux scolaire
L'entourage scolaire, qui représente le premier pas du processus de socialisation de
l'enfant, est de ce fait des plus importants. À ce stade, l'enfant participe aux groupes de jeux
qui sont des groupes naturels et primaires dans lesquels il construit des relations hors du
cercle familial. Les groupes de jeux sont un outil de socialisation pour l'enfant et lui
permettent de développer sa personnalité.44 Après la famille, l'école est l'institution ayant un
rôle le plus important sur le développement de l'enfant, et c'est pourquoi elle représente un
élément clé de sa vie.
43 DURSUN, Hasan, Aile Yapısının Suç Üzerindeki Etkileri, Ankara Barosu Dergisi, 1997/4
44 SARPDAĞ, M., Çocuk Suçluluğu ve Polis, Ankara, Ahsen Matbaacılık, 2005, p.39
27
Une analyse menée sur les niveaux d'éducation des enfants délinquants au moment où
ils entrent dans un centre de détention permet de souligner que le niveau d'éducation est un
facteur important et déterminant de la délinquance juvénile.45
Le fait qu'un élève ne profite pas de l'effet bénéfique de l'école peut le mener à
commettre des délits au sein même de l'institution scolaire. L'école joue un grand rôle dans le
fait qu'un enfant puisse passer sans encombres la période la plus difficile et la plus sensible de
sa vie que représente l'adolescence et c'est pour cela qu'il est très important qu'il existe entre
l'élève et le professeur une relation de communication basée sur l'affection et le respect, mais
aussi, en particulier au niveau du collège et du lycée qu'une équipe scolaire composée du
personnel de l'orientation scolaire, des assistants sociaux et des psychologues accompagne
l'élève tout au long de cette période.46
3.Le réseaux amical
Les groupe d'amis ont une influence sur les enfants à tout âge, mais acquièrent une
importance capitale à l'adolescence. En effet, durant cette période et comparé à un plus jeune
âge, les enfants consacrent davantage de temps à leurs amis qu'à leur famille. Le partage des
émotions et des opinions est plus important à cette période et les temps libres sont moins
sujets au contrôle de la famille et sont de plus en plus consacrés aux activités communes avec
les amis.47
L'entourage amical devient, surtout à partir de l'adolescence, le cadre où les enfants
passent la majorité de leur temps. L'enfant commence à s'éloigner de sa famille pour
consacrer son temps à des jeunes de son âge. C'est pour ces raisons que l'entourage amical est
le groupe qui a le plus d'influence sur l'enfant. C'est au sein de ce groupe qu'il développe sa
personnalité et que ses goûts commencent à évoluer.
Les rapports amicaux ont un rôle important du point de vue du développement
intellectuel et émotionnel de l'enfant et pour lui permettre d'acquérir des aptitudes sociales. Ils
45 SEVÜK, H.Y., Uluslar Arası Sözleşmelerdeki İlkeler Açısından Çocuk Suçluluğu İle Mücadele, İstanbul, 1998, p.47
46 AYANOĞLU, H., Çocuk Suçluluğu ve Nedenleri İle Uluslar Arası Ve Ulusal Hukukta Çocuğun Haklan, Anadolu Üniversitesi Sosyal Bilimler Enstitüsü Kamu Hukuku Anabilimdalı Yüksek Lisans Tezi, Eskişehir, 2002, p.61
47 TÜFEKÇI, T., Ankara Jandarma Çocuk Merkezine Suç İsnadıyla Getirilen Çocuklar Üzerine Sosyo-Kültürel Bir Araştırma, Yüksek Lisans Tezi, Kara Harp Okulu Savunma Bilimleri Enstitüsü, 2005, p.62
28
ont une influence sur sa capacité à s'adapter à la réalité, à connaître ses qualités et ses défauts,
à développer ses émotions et ses pensées. Il est fréquent qu'un enfant renonce à ses propres
habitudes ou encore aux vérités qu'il a adopté pour appartenir à un groupe d'amis. C'est
pourquoi le groupe d'amis d'un enfant représente un élément important de la formation de sa
personnalité.48
Le groupe d'ami dans lequel évolue un enfant a donc une influence directe sur la
formation de sa personnalité. Les amitiés risquées qui se nouent à l'adolescence ont un impact
sur l'ensemble de la vie à venir d'un enfant. En effet, si le groupe dans lequel il se trouve à un
potentiel pour commettre des délits, il y a des grandes choses qu'un enfant, pour ne pas s'en
trouver écarté puisse en commettre à son tour ou du moins qu'il considère ces comportements
comme étant normaux. Si les individus qui composent le groupe d'un enfant présentent des
comportements de nature délinquante, sa perception vis à vis de ces comportements se mettra
à évoluer jusqu'à ce qu'il arrive à adopter les valeurs de ses amis comme étant les siennes pour
parvenir à la fin à produire ces mêmes comportements.
Certains enfants ayant des difficultés de communication avec leur entourage se
tournent vers ces milieux en pensant y trouver leur place et acquérir un certain statut. En
Turquie, les travaux menés sur la délinquance juvénile démontrent que, en particulier dans la
délinquance relative aux biens, le pourcentage de délinquance en groupe dépasse les 50 %. Ce
pourcentage s'élève à 60 % quand il s'agit d'enfants analphabètes. En effet, l'adaptation des
enfants analphabètes à leur milieu est plus difficile est de ce fait ils ont davantage besoin de se
retrouver dans ce type de groupes où règne une certaine solidarité, ce qui a pour conséquence
que leur propension à la délinquance est plus élevée que la moyenne.
Concernant les enfants ayant migré de petites localités vers des zones urbaines, et du
fait du besoin accru de la solidarité sociale, le taux de délinquance réalisée en groupe est plus
important.49 Un enfant qui a dans son entourage amical des individus toxicomanes a plus de
chance de devenir toxicomane à son tour et de tomber dans la délinquance, car il est reconnu
que l'addiction aux drogues est un facteur qui influence directement la propension à la
délinquance.
48 SARPDAĞ, M., Çocuk Suçluluğu ve Polis, Ankara ,Ahsen Matbaacılık, 2005, p.43
49 HANCI, İ. Hamit et EGE, B., İzmir de Suç İşleyen Çocukların Sosyolojik Özellikleri, Adli Tıp Dergisi, C.9, 1993, p.2
29
III. PARTIE : LA PERCEPTION DE LA DÉLINQUANCE JUVÉNILE CRÉÉE PAR LA PRESSE TURQUE À TRAVERS DES NOUVELLES SUR LES VOLEURS À L'ARRACHÉE
1.L'analyse et le délit du vol à l'arraché
Comme nous l'avions déjà mentionné supra, ce travail a pour objectif d'analyser, à partir
des nouvelles de presse traitant du délit de vol à l'arrachée, la perception de la délinquance
que les médias écrits veulent créer dans la société. Nous avons essayé de démontrer que le
langage employé dans ces nouvelles étaient d'une telle nature aliénante qu'il rejoignait « le
discours de la haine ».
La période que couvre notre étude est celle pendant laquelle les nouvelles sur les vols
à l'arrachée et les délits commis par des délinquants juvéniles sont les plus nombreuses dans
la presse écrite, c'est à dire la période qui s'étend de 2002 à 2006. Les journaux principaux
auxquels nous avons eu recours sont les quotidiens turcs Zaman, Hürriyet et Milliyet. Les
raisons de ce choix sont tout d'abord le fait que les quotidiens Zaman et Hürriyet soient parmi
les journaux ayant le tirage le plus important sur la période donnée. Le choix relatif au journal
Milliyet est dû quant à lui au fait que le site internet du quotidien possède l'archive la plus
complète et la plus organisée comparée aux autres journaux, et que son tirage soit lui aussi
important. La période sur laquelle s'étend notre recherche étant large, et le nombre de
nouvelles important, nous avons choisi d'avoir recours pour nos sources aux archives
numérisées.
30
Pour mieux comprendre la perception du délinquant juvénile que la presse turque
reflète à travers les nouvelles relatives à la question, nous commencerons par relever les
expressions aliénantes que l'on retrouve dans les titres des nouvelles, avant de trouver des
exemples de même nature dans le contenu de la nouvelle.
Tableau 1 : Répartition du nombres des nouvelles relatives aux vols à l'arrachée selon les
journaux et l'année (1999-2006)
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006Milliyet 39 34 192 143 166 130 137 77Zaman 6 11 103 179 384 78 386 369Hürriyet 55 109 158 130 195 285 457 421Total 100 154 453 452 745 493 980 867
Une partie des nouvelles relatives aux vols à l'arrachée de la période 2002-2006
concerne les délinquants juvéniles. Le tableau suivant démontre qu'une part importante des
nouvelles sur les vols à l'arrachée présentent les enfants comme des « délinquants »
Tableau 2 : Nombre de nouvelles qui présentent les enfants comme suspects ou délinquants parmi les nouvelles relatifs aux vols à l'arrachée publiés entre 2002-2006
2002 2003 2004 2005 2006Hürriyet 12 15 30 21 20Milliyet 15 19 21 12 17Zaman 7 12 20 43 39Total 34 48 71 76 76
La grande majorité des enfants jugés en Turquie le sont pour des délits contre les
biens. Les enfants sont présentés comme des acteurs principaux parmi les délinquants ayant
commis des vols à l'arrachée qui ont trouvé écho dans la presse entre les années 2001-2006.
Le nombre important de nouvelles relatives aux vols à l'arrachée ont créé une fausse
impression selon laquelle les délits de vols commis par les enfants auraient connu une
augmentation soudaine.
Tableau 3: Nombre d'enfants reçus dans les unités de sécurité selon le type de délit 1998-2006
(27 Villes)
31
Délit 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006Vol 7130 6543 7180 8150 10292 11097 12147 11791 12064Vol à l’arraché depuis la voiture
1078 938 955 1089 1320 1708 1741 1480 1395Extorsion 439 464 540 706 828 1042 1649 1913 2032Vol à l’arraché 682 769 931 1254 1878 2101 2631 2469 1905Total 9329 8714 9606 11199 14318 15948 18168 17653 17396Source : Statistiques de l'administration pénitentiaire, 1998-2006
Le délit de vol à l'arrachée, considéré comme un délit contre les biens renvoie au vol
d'un bien qui se trouve sur une personne effectué par surprise et brusquement. Le fait de tirer
à l'arrachée le bien de la personne et de fuir par la suite nécessitent l'usage de la force, ce qui
peut affecter la victime. C'est pourquoi on considère que le vol à l'arraché est un délit proche
de celui de l'extorsion.
Le recours à la force lors du vol à l'arrachée aggrave le délit et le catégorise comme
délit d'extorsion. Les dispositions relatives à ce délit, qui n'existe pas dans l'ancien droit pénal
turc se trouvaient dans les articles 491 et 492. Il était considéré comme un délit de vol non
qualifié passible d'une peine allant de six mois à trois ans de prison..50
Le nouveau code pénal turc, promulgué le 26 Septembre 2004 et mis en application le
1er Juin 2005 le considère, au sein des délits contre les biens comme un délit de « vol
qualifié » et le déclare passible d'une peine allant de trois à 7 ans de prison.
Le nouveau code pénal turc a alourdi la peine à laquelle le délit de vol à l'arraché est
passible et a introduit des dispositions considérant certains cas de vols à l'arrachée comme des
délits d'extorsion dont la peine est encore plus lourde. Le vol à l'arrachée est connu pour être
généralement commis par plus d'une personne, ce qui a pour résultat que ce délit soit
considéré comme un délit organisé passible d'une peine plus lourde.
On remarque que la période où le nombre de nouvelles publiés sur le vol à l'arrachée est le
plus élevé dans la presse correspond à la période entre la promulgation du nouveau code pénal
(26 Septembre 2004) qui requière des peines plus lourdes pour ces délits et l'entrée en vigueur
de ce dernier (1er Juin 2005).
50 TCK 2005
32
Le centre des nouvelles relatifs aux vols à l'arrachée est généralement la ville
d'Istanbul et les autres grandes métropoles de Turquie, dans lesquelles le nombre de migrants
est le plus élevé.
Le tableau qui suit montre la distribution des cas de vols à l'arrachée à Istanbul selon les années, comme ci-dessus nous dit, la table révèle que les crimes n'ont pas augmenté soudainement.
Tableau 4: La distribution des délits de vols à l'arrachée selon l'année dans la ville d’Istanbul51
Résolus(Faili Belli)
Non résolus(Faili Meçhul)
Total (Toplam)
Jugés(Yakalanan)
En fuite(Firar)
1994 366 621 987 489 38
1995 369 1124 1493 423 69
1996 723 2745 3468 820 84
1997 942 4216 5158 1049 165
1998 1053 4396 5449 1011 117
1999 869 3233 4102 857 68
2000 682 3125 3807 965 85
2001 873 4660 5533 1145 149
2002 524 2040 2564 718 89
2003 669 2020 2689 895 196
2004 650 1624 2274 661 201
2005 564 2161 2725 525 212Source: Direction de la sûreté nationale, 2007
2. La représentation des enfants dans les titres de journaux
Notre analyse des nouvelles de journaux nous a conduit à constater que le procédé
utilisé dans la rédaction des nouvelles de la troisième page des quotidiens était celui de la
« violence ». Les enfants, dans des faits divers concernant la violence sexuelle ou la
51ÇIFCI, Gökçearslan, Elif, Kapkaç Suçundan Hüküm Giyenlerin, Sosyo-Demografik Özellikleri, Sosyal Dışlanma Süreçleri, Suç Ve Diğer Sapma Davranışlar Açısından İncelenmesi, Ankara, 2008
33
maltraitance, sont représentés comme des victimes de la violence et utilisés comme des objets
de rédaction journalistique permettant de provoquer de l'émotion chez le lecteur. Par contre,
les enfants incités à la délinquance sont quant à eux représentés comme ceux qui commettent
la violence à travers un traitement de l'information particulier visant à attirer davantage
l'attention qu'un fait divers ordinaire pour en souligner le caractère inhabituel.
Le tableau suivant représente les titres de journaux relatifs aux délits de vols à
l'arrachée commis par des enfants entre les années 2002-2006. Le tableau présente les termes
les plus souvent utilisés pour qualifier les délinquants juvéniles et leur distribution par rapport
aux journaux.
Tableau 5 : Termes les plus fréquemment utilisés pour qualifier les délinquants juvéniles dans les titres de journaux
EnfantVoleur à l'arrachée Voleur Délinquant Fille
Hürriyet 28 21 6 1 10Milliyet 20 9 7 1 2Zaman 65 9 4 4 4Total 113 39 17 6 16
Le terme qui est le plus fréquemment employé dans les titres de journaux, « enfant »
est utilisé avec des qualifications péjoratives tels que « voleur à l'arraché », « voleur » ou
« délinquant ». Quand les nouvelles n'ont pas recours à ces qualifications péjoratives dans leur
titre, ils insistent sur le délit en décrivant l'action commise. L'utilisation de qualifications
péjoratives est aussi valable pour le terme « fille ». À part pour ces nouvelles, aucun titre n'a
eu recours à une expression soulignant le sexe des enfants.
Le tableau qui suit présente les termes les plus fréquemment utilisés dans les titres de
journaux publiés entre 2002-2006 et pris en compte dans notre analyse qui présentent les
enfants comme des délinquants dans leur description des événements.
Tableau 6: Termes les plus utilisés dans la description des événements des titres de journaux
Vol à l'arrachée Délit Vol
Hürriyet 16 6 2Milliyet 6 3 2
34
Zaman 31 21 11Total 53 30 15
2.1 Méthode d'analyse des titres de journaux
Les nouvelles analysées contiennent dans leur titre et leur contenu des expressions
aliénantes relatives aux enfants incités à la violence ou suspectés de délits. Les nouvelles qui
visent à établir un groupe exclu ont recours à des expressions choisies pour apposer une
étiquette particulière à ce groupe. Les expressions pour qualifier ce groupe distinct sont
utilisées pour souligner que les sujets ont moins de valeurs humaines et qu'ils ont des
caractéristiques non-éthiques. Nous avons eu recours pour notre analyse des expressions
énonciatives visant l’aliénation, aux trois procédés dégagés par Bar-Tal52, au procédé de
Volpato et Cantone53 ainsi qu'aux six autres procédés qu'Arar et Bilgin54 ont mis en avant dans
leur étude.
2.1.1 L'exclusion de l'humanité –La dégradation de l'humanité
Les procédés d'expression utilisés ont pour but de présenter les individus du groupe
comme des êtres inhumains ou comme des sous-hommes. Les comportements inhumains à
l'encontre du groupe ou des personnes extérieurs du groupe sont fréquemment soulignés. Par
exemple ;
“Que faire de ces enfants ? Les jeter à la mer ?” (Milliyet, 06.08.2006)
“La machine aux crimes de 17 ans a été arrêtée “ (Zaman, 24.11.2006)
2.1.2 L'attribution de caractéristiques péjoratives
52 BAR-TAL, Daniel “Delegitimization: The Extreme Case of Streotyping.” Streotypingand Prejudice. Daniel Bar-Tal, New York: Springer-Verlag., 1989, p.169-188
53 VOLPATO, Chiara et CANTONE Ambra Un Tout-Autre: Le Colonisé. Une Étude deDelégitimation dans la Presse Fasciste. L'Autre: Regards Psycho-Sociaux. MargaritaSanchez-Mazas et Laurens Licata ,Grenoble: PUG. , 2005, p.211- 240
54 ARAR ,Yurdagül et BEZIRGAN, Bilgin ,Nuri: "Gazete Haber Başlıklarında Öteki'nin İnşası", Kültür ve İletişim Dergisi, 2009
35
Avec ce procédé, les journaux attribuent à des personnes ou des groupes des
caractéristiques hautement péjoratives et rejetées par la société. Le but est de catégoriser avec
un style condamnatoire. Exemple :
“Les 4 plaies de la police ” (Milliyet, 28.02.2005)
“Ce voleur à l'arraché est un cauchemar” (Milliyet, 13.09.2006)
2.1.3 L'exclusion sociale
Ces expressions ont pour but de catégoriser comme exclues de la société les personnes
qui en ont enfreint les normes. Elles soulignent que les personnes qui ne se comportent pas de
manière conforme à la structure morale de la société doivent en être exclues. Exemple :
" Il ne manquait plus que les voleurs en tabliers d'écoliers " (Milliyet, 03.10.2002)
" Il lui est interdit de se promener dans la foule " (Zaman, 16.02.2004)
" Il y avait foule de délinquants juvéniles dans le quartier d' Hacıhüsrev, où la police a fait un assaut " ( Zaman, 19.3.2006)
"Vous êtes pour le planning familial" ?(Hürriyet, 19.10.2002)
“Nous ne voulons pas des dealers” (Hürriyet, 01.11.2004)
"Envoyons les récidivistes sur l'île de Kardak" (Hürriyet, 08.11.2004)
2.1.4 La mise en relation avec un groupe vu comme ennemi
Ce procédé expressif a pour but de créer un lien organique entre le groupe actuel et un groupe dont le caractère négatif est déjà reconnu par la société. De cette manière, on crée une perception selon laquelle le groupe est aussi négatif que l'autre groupe. Exemple :
"Le PKK est derrière le gang des voleurs à l'arrachée" (Zaman, 30.11.2005)"Le PKK est derrière le vol à l'arrachée" (Zaman, 22.04.2005
36
2.1.5 L’exagération des propriétés numériques du groupe exclu
Ce procédé vise à insister sur le nombre important des membres ou des activités de
groupes qui ne représentent pas en fait un risque aussi important qu'on le prétend, afin d'en
faire un élément représentant un grande menace.
"À Izmir, il y a 500 enfants qui commettent des crimes constamment " (Milliyet,21.04.2006)
"Le vol à l'arraché a dépassé le chômage à Istanbul" (Hürriyet, 9.11.2005 )
"Le barreau de Diyarbakır: ce sont les enfants qui commettent le plus délits" (Zaman, 5.8.2006)
2.1.6 L'accusation de comportements non-éthiques ou illégaux
Ce procédé énonciatif est utilisé pour dissocier un groupe du reste de la société comme
étant non éthique du fait de son comportement qui contrevient à l'ordre juridique. On insiste
premièrement sur les comportements illégaux avant de souligner que ces agissements
contreviennent aussi à l'éthique.
"Le gang des petits à la main longue" (Milliyet, 06.04.2002)
"Il a choisi le vol plutôt que les jeux d'enfants" (Hürriyet, 22.11.2005)
"Deux enfants voleurs ont été arrêtés à Şişli" ( Zaman, 20.11.2005 )
2.1.7 La représentation comme source de menace
C'est un procédé qui vise à montrer les personnes qui ont déjà commis des délits
comme une menace permanente. Ce procédé insiste sur le fait que des personnes ayant déjà
enfreint les lois et les règles sociaux continueront dans cette voie à l'avenir et qu'elles doivent
être exclues de la société.
"Le danger menace" (Milliyet 01.12.2002 )
"Envoyons les récidivistes sur l'île de Kardak" ( Hürriyet, 08.11.2004 )
"Le nombre des délinquants juvéniles augmente sensiblement" (Zaman, 30.01.2006 )
37
2.1.8 L'accusation d'être le suspect ou le coupable d'un délit
Ce procédé permet de renforcer la catégorisation en évoquant une personne à travers le
délit qu'il a commis ou celui qu'il est suspecté d'avoir commis.
"Le voleur à l'arrachée qui a arraché une jambe a été relâché" (Hürriyet, 19.11.2002)
"Des voleurs à l'arrachée ont poignardé un enfant de douze ans" (Zaman, 08.11.2004)
2.1.9 Le blâme par un membre du groupe
Ce procédé peut être défini comme le recours au blâme d'un ancien membre ou d'un
membre potentiel du groupe. L'analyse des nouvelles que nous avons choisis démontre que ce
sont les enfants présentés comme pouvant potentiellement devenir des voleurs à l'arrachée et
les enfants qu'on associent au crime qui sont choisis pour blâmer le groupe ciblé.
"Le vendeur de mouchoirs : Qu'ils travaillent eux aussi comme moi, qu'ils ne prennent pas
l'argent qu'ils n'ont pas mérité." (Zaman, 09.11.2004)
"Qu'ils travaillent comme moi, eux aussi !" (Milliyet, 9.11.2004)
2.1.10 La comparaison entre les groupes
C'est un procédé qui permet de créer des relations de ressemblances et de
dissemblances avec des groupes qui ont déjà été définis comme des ennemis par le pouvoir
dans l'histoire sociopolitique du pays.
"Un gang de voleurs à l'arrachée qui ressemble à Hizbullah" (Hürriyet, 03.11.2003)
Procédés énonciatifs d’aliénation Fréquence %L'exclusion de l'humanité –La dégradation de l'humanité 2 0,7%
38
a. L'attribution de caractéristiques péjoratives 3 1,1%b. L'exclusion sociale 7 2,6%c. La mise en relation avec un groupe vu comme ennemi 3 1,1%d. L’exagération des propriétés numériques du groupe exclu 11 4,0%e. L'accusation de comportements non-éthiques ou illégaux 162 59,6%f. La représentation comme source de menace 48 17,6%g. L'accusation d'être le suspect ou le coupable d'un délit 5 1,8%h. Le blâme par un membre du groupe 5 1,8%i. La comparaison entre les groupes 1 0,4%Autres 25 9,2%Total 272 -
Sur les 305 titres que nous avons soumis à notre analyse, 272 expressions d'aliénation
ont été rencontrées. Les procédés les plus fréquents sont l'accusation de comportements non-
éthiques ou illégaux ainsi que la représentation comme source de menace. Dans la plupart de
ces titres de journaux, les personnes suspectées d'être coupables ou celles incitées au délit
n'ont été présentées qu'à travers ces activités illégales sans que ne soit jamais évoqués ou
examinés d'autres éléments.
3. Les délinquants juvéniles dans les nouvelles sur les vols à l'arraché
Quand on ouvre un journal, on trouve à la troisième page des faits divers violents
relatifs à des meurtres, des cambriolages, des viols, à des vengeances ou sur des événements
semblables. Ces nouvelles sont limités à quelques faits divers par jour mais des centaines
d'événements semblables sont vécus chaque jour en Turquie sans qu'ils ne soient sus ou qu'ils
fassent l'objet d'un article. Alors que la responsabilité d'un délit commis repose entièrement
sur l'enfant, les journaux présentent les choses de deux manières : soit ils présentent les
enfants incités au délit comme des objets pathétiques, soit ils les condamnent sans détour.
Voici un nouvelle paru dans le quotidien Zaman Gazetesi en 2004 :
« La multiplication des affaires de vol auxquelles se trouvent mêlés des enfants de la
rue et des « tinercis » de moins de quinze ans inquiète la population et met le préfet de police
39
de Van dans l'embarras. Les représentants de la préfecture de police qui soulignent que les
cas de vol ont augmenté en particulier dans les quartiers d'Iskele et de Bahçivan,
déclarent « Le fait que les gens riches habitent dans le coin est un facteur. Ceux que nous
avons arrêtés ont moins de quinze ans et comparaissent librement. C'est pourquoi ils
continuent à faire ce qu'ils font » et ajoutent : «Il y en a qui causent des problèmes en ayant
recours à différentes méthodes basées sur la violence comme l'extorsion d'argent sous la
menace d'un couteau, l'extorsion d'argent aux personnes âgées.. ». Selon Fatih Gültepe, l'un
des commerçants de Van, qui explique que la plupart des agresseurs sont des enfants ou des
jeunes drogués : « Ils dévalisent facilement ceux qui sortent seuls le soir dehors. Ils recourent
à des nouvelles tactiques de vol chaque jour. Certains forment des petits enfants au vol pour
les utiliser » Il ajoute : « La dernière fois, une femme bien habillée est venue dans notre
magasin, nous avons cru que c'était une cliente. Pendant que nous lui montrions des tenues,
un enfant de 14 a dévalisé la caisse et s'est enfui ».55
Comme on peut le voir dansla nouvelle de Zaman, les enfants sont montrés comme
des personnes qu'il faut écarter de la société. La nouvelle considère qu'il est nécessaire
d'infliger des peines de prison à des délinquants de moins de quinze ans, et la perception
basée sur « la crainte » des enfants est clairement visible ici.
“Ankara est agité ces derniers jours à cause de multiples affaires d'extorsions et de
vols à l'arrachée auxquels prennent part des petites filles. Les fillettes, bien habillées se
rendent dans des banques, des bijouteries ou des magasins de luxe pour voler de l'argent, de
l'or ou des porte-feuilles. Bien que la police ait arrêté ces enfants à cinq reprises, ils
continuent à voler car les enfants de moins de onze ans ne reçoivent pas de sanction pénale.
Le dernier cas de vol à l'arraché a eu lieu devant l'agence de la banque Ziraat à Kizilay. Trois
fillettes ont dérobé 4 milliard de lires au guichet et se sont enfuies, poursuivies par l'agent de
sécurité. La police a réussi à les arrêter et à trouvé sur elles deux liasses de billets de 20
millions. Les enfants ont été emmenés au poste mais n'avaient pas de papiers d'identité sur
elles. Elles ont refusé de répondre aux policiers qui leur demandaient leur adresse en disant
que seule la police chargée des enfants pouvaient les interroger, et ont déclaré dans leur
procès-verbal « Notre famille vient de déménager d'Istanbul. Nous ne nous rappelons pas de
notre adresse. Nous étions en train de jouer à Kizilay. Nous ne voulions pas voler. Nous
voulions acheter du chocolat ». Le juge du tribunal où elles ont comparu et à qui elles ont 55“Tinerci ve Başıboş Çocuklar Vatandaşları Tedirgin Ediyor”, Zaman Gazetesi, 12.05.2004http://www.zaman.com.tr/sehir_tinerci-ve-basibos-cocuklar-vatandaslari-tedirgin-ediyor_47100.html
40
déclaré « Nous ne faisions que jouer », les a renvoyé chez elles en leur donnant un conseil
« La prochaine fois, jouez avec vos poupées. Allez, rentrez chez vous. » 56
Comme on le voit dans ces deux différentes nouvelles parus la même année mais issus
de deux différents journaux, les raisons pour lesquelles les enfants peuvent être incités à
commettre des délits ne sont jamais prises en considération dans ces nouvelles qui expliquent
seulement quels sont les délits commis par les enfants, quelle sanction ils reçoivent ou
pourquoi ils n'en reçoivent pas. Le style du journaliste fait oublier au lecteur que c'est d'un
enfant dont il est question et lui fait ressentir la nécessité de punir le plus sévèrement possible
un délinquant juvénile, quelque soit la raison. Cette situation a pour conséquence de faire
accroître les préjugés de la société vis à vis des délinquants juvéniles et de faire accepter l'idée
qu'ils doivent être punis même s'ils sont des enfants.
« Une personne suspectée d'avoir mystifié des enfants à Diyarbakir et de les avoir
amenés à Istanbul pour leur faire commettre des vols à l'arrachée a été arrêtée par la police.
La famille Yavuz, qui a contacté la police à Diyarbakir accuse Özkan Yılmaz d'avoir enlevé
leur fils Behçet Yavuz (13 ans) et de l'avoir emmené à Istanbul. La situation a été
communiquée à la police d'Istanbul quand la famille a déclaré que Yılmaz avait enlevé
d'autres enfants et qu'ils les emmenaient à Istanbul en train pour les faire voler. La police a
pris les mesures nécessaires à la gare d'Haydarpasa et Ozkan Yilmaz a été appréhendé à sa
descente du train. La police, qui a confié Behcet Yavuz à sa famille qui l'attendait à la gare, a
placé sous protection les cinq autres enfants. »57
La situation décrite par la nouvelle du quotidien Zaman est typiquement représentative
des atrocités de tinerci (personnes qui se droguent aux solvants). Des parents qui craignent
pour leur propre sécurité et celle de leurs enfants, demandent que soient durcies les mesures
de sécurité à l'encontre des enfants qu'on appelle tinerci, qui sont enclins à la délinquance ou
qui ont déjà commis des délits.
« Un nouvelle « atrocité de tinerci » a eu lieu dans une école du quartier de
Gumuspala à Izmir et s'est achevé avec la blessure d'un employé de la cafétéria. Les parents
d'élèves qui se sont réunis dès le matin dans le jardin de l'école ont demandé à ce que les
56“Bu Kız Çocukları Banka Soydu" Hürriyet Gazetesi, 10 Şubat 2004 http://hurarsiv.hurriyet.com.tr/goster/haber.aspx?id=201610
57“Haydarpaşa Garı'nda Kapkaççı Operasyonu” Hürriyet Gazetesi, 07.12.2004http://hurarsiv.hurriyet.com.tr/goster/haber.aspx?id=279293
41
mesures de sécurité soient renforcées. Les parents des élèves de l'école primaire Vali Namık
Kemal Şentürk de Gumuspala ont protesté après l'événement qui a lieu hier. Venus dès le
matin à l'école avec leurs enfants, les parents ont dénoncé les mesures insuffisantes pour
assurer la sécurité des élèves au sein de l'établissement. Galip Güçlü, directeur de la section
du syndicat Egitim-Sen, venu avec les élèves à l'école à déclaré : « Les familles ne devraient
pas s'inquiéter concernant la sécurité de leurs enfants. C'est aux unités de la sécurité que
revient une grande responsabilité dans cette situation.» Les parents d'élèves, qui ont stationné
un certain temps dans la cour de l'école ont fini par se disperser sans provoquer de
problèmes ».58
Comme nous l'avons évoqué au début de ce travail, il existe de nombreuses
raisons pour lesquelles un enfant peut se retrouver à commettre un délit. Les enfants
mentionnés dans la nouvelle titré « Une opération contre des voleurs à l'arrachée dans la gare
d'Haydarpasa » n'ont pas été incités mais forcés à commettre un délit. Le fait que la police ait
arrêté la personne ayant enlevé les enfants est présentée comme un événement positif, mais on
remarque les enfants se voient attribués l'étiquette de « voleurs à l'arrachée » parce qu'ils ont
été enlevés pour être incités à ce délit.
« Les affaires de vols à l'arrachée ont augmenté de 23 % comparé à l'année dernière
dans l'ensemble de la Turquie. Alors que l'année dernière, sur les neuf premiers mois de
l'année, 9 700 cas de vols à l'arrache avaient été recensés sur l'ensemble de la Turquie, ce
chiffre est monté à 11 886 cas pour les neufs premiers mois de cette année. Les cas de vols à
l'arrache ont connu une augmentation de 60 % à Istanbul, mais ils ont baissé de 7 % à Izmir
et de 8 % à Ankara. Le directeur adjoint et porte parole de la Direction de la Sûreté Nationale
Ramazan Er a déclaré « L'augmentation des affaires de vols à l'arrachée est désormais
devenu un problème dérangeant au niveau de la société ». Er a affirmé qu'en plus des agents
de sécurité, des policiers seraient chargés d'assurer la sécurité en particulier dans les trains.
Au cours de sa conférence de presse hebdomadaire, il a indiqué que de nombreuses mesures
avaient été prises pour remédier au problème de l'augmentation des vols à l'arrachée. Il a par
ailleurs souligné que les profils des voleurs à l'arrachée mettaient en avant le fait qu'il se
trouvait surtout parmi eux des enfants des familles ayant quitté la campagne pour la ville, qui
vivent dans des très mauvaises conditions économiques et qui ont beaucoup d'enfants. Il a
aussi indiqué qu'outre les conditions économiques difficiles, un facteur important était le fait
58“Veliler Okulda Güvenlik Önlemlerinin Arttırılmasını İstiyor”, Zaman Gazetesi, 17.10.2004http://www.zaman.com.tr/sehir_veliler-okulda-guvenlik-onlemlerinin-arttirilmasini-istiyor_102541.html
42
que les parents soient séparés. Il a ajouté « Ces enfants, incités a commettre des délits, en
profitant des dispositions en faveur des enfants des lois en vigueur, se sont orientés vers le vol
à l'arrachée. Le nouveau code pénal turc, qui entrera en vigueur le 1 Juin 2005, rendra
passible le vol à l'arrachée de 3 à 7 ans de prison». Il a affirmé que des réunions avaient été
organisées à plusieurs reprises entre la TCDD et la direction de la sécurité relativement aux
affaires de vols à l'arrachée récurrents dans les trains : «Les directions d'exploitations et la
police vont collaborer ensemble. Des renforts policiers seront envoyés dans les unités
concernées selon les demandes et l'état des routes et des événements. Outre les agents de
sécurité de la TCDD, des policiers seront chargés d'assurer la sécurité dans les trains. La
circulaire concernant ce sujet a été envoyée à toutes les régions hier».59
Dans la plupart des nouvelles, le délit de vol à l'arrachée est traité conjointement avec
le problème des enfants de rue, qui sont présentés comme l'un de ses raisons principales de ce
phénomène. Selon les nouvelles de la presse écrite sur le sujet, la majorité des voleurs à
l'arrachée sont des enfants de rue ou des jeunes toxicomanes. La perception de la
« délinquance juvénile » qui veut être créée par la presse écrite turque, s'associe à celles des
enfants vivant dans la rue, ce qui forme un préjugé dans la société selon lequel les enfants de
rue seraient enclins à commettre des délits.
De ce fait, les délits de vols à l'arrachée et le problème des enfants de rue sont
présentés comme un ensemble au lecteur auquel on indique que la source du problème sont
les enfants de l'est qui ont migré avec l'exode rural.
La nouvelle suivante fait le portrait-robot de l'enfant voleur à l'arrachée et établit un
profil de délinquant aux contours très précis. Des analyses hâtives et catégoriques sur le
niveau d'études, les origines et les préférences des délinquants juvéniles permettent au lecteur
de se représenter un prototype précis.
« Deux sur trois des voleurs à l'arrachée à Istanbul viennent de l'est et du sud est de
l'Anatolie. Leur âge varie entre 15 et 17 ans. Ils sont diplômés de l'école primaire ou ont
quitté le collège avant d'être diplômés. La famille au village est pauvre, au chômage et sans
éducation. Ils pensent que leur fils a un travail normal à Istanbul. Il y a très peu de personnes
qui viennent de leurs régions en se disant « Je vais aller dans une grande ville pour entrer
dans un gang de voleurs à l'arrachée. » Mais s'ils ont des relations avec des parents ou des
gens du même village qui sont voleurs à l'arrachée, ils tombent entre les mains des gangs. Les 59“Kapkaç Olayları Yüzde 23 Arttı,” Hürriyet Gazetesi, 13.11.2004http://hurarsiv.hurriyet.com.tr/goster/haber.aspx?id=272787
43
gangs préfèrent généralement les mineurs de moins de 18 ans, parce qu'ils sont relâchés par
le tribunal quand ils sont arrêtés. Même si la police confie les enfants à leur famille, ceux-ci
se remettent à voler. Il y a très peu de filles parmi eux. Ce sont les plus expérimentés qui leur
apprennent les ficelles du métier aux novices. En une semaine, ils apprennent comment voler
à l'arrachée, agir rapidement, neutraliser la victime, fuir, ainsi que les avenues et les rues les
plus adaptées à l'activité.
Contrairement à ce que l'on pense, ils ne sniffent pas de solvants, mais avant d'aller
« travailler » ils prennent des comprimés vendus sur ordonnance qu'ils achètent de manière
illégale à Dolapdere ou Tarlabasi.
Un voleur à l'arrachée issu d'un gang va dans des établissements pour écouter de la musique
traditionnelle quand il veut s'amuser. Ils jouent beaucoup aux jeux d'argent entre eux. Il lui
suffit de mettre des chaussures Puma pour être bien habillé. S'il vient du sud-ouest, il a
forcément une chaîne en or. Il aime ouvrir les boutons de sa chemise.
Ils vit dans des pensions de jeunes célibataires. Ils sont 15 à 20 personnes à être entassés
dans les deux chambres d'une maison décrépite. Sur les murs, des posters de Yilmaz Guney,
d'Ahmet Kaya, de Dogus et parfois de Che Guevara. Mais il n'a pas d'intérêt pour les
événements ou pour les opinions politiques. Il n'a pas idée d'économiser ou d'investir l'argent
qu'il vole. Il n'a aucune espoir concernant son avenir.
La mode en ce moment parmi les voleurs à l'arrachée est de se faire tatouer trois points (je
n'ai rien vu, rien entendu, je ne sais pas). Le point commun entre le chef et le voleur à
l'arrachée ordinaire est qu'ils ont tous les deux des traces de lames de rasoir sur le corps. Ils
se scarifient au raisoir pour donner le message « Je suis un psychopathe » et faire peur à leur
interlocuteur.
D'où ils viennent :
Diyarbakır
Bingöl
Siirt
Muş
Mardin
Bingöl
Adıyaman
Malatya »
44
La plupart des nouvelles relatives à la délinquance juvénile sont à teneur négative.
Mais il arrive, rarement, que des nouvelles soient rédigés sur les difficultés sociales et
économiques des enfants qui ont été incités au délit. Un exemple est celui d'un sujet publié
par le journal Milliyet en 2004.
“Les enfants, qui brûlaient les tables des pêcheurs pour se réchauffer nous ont
dit : « Demain on va encore se faire taper. Les pêcheurs s'énervent beaucoup quand on les
brûle ». Nous avons passé une nuit dehors à Istanbul, par -6° avec les enfants de la rue..
Nous les avons trouvé en dessous du pont de Galata, autour d'un feu. Nous avons eu du mal à
nous asseoir près d'eux. Ils y ont mis une condition : « Vous n'écrirez pas que nous sommes
des « tinerci » ! » Ismail nous a dit « Nous avons vu passer beaucoup de nuits froides mais
nous n'en sommes pas morts ». Ahmet, de Diyarbakir, nous a lu comme un speaker des info
imaginaires sur la richesse, et nous avons ri. L'une commençait ainsi « Chers téléspectateurs,
nous venons d'apprendre que le père de Kadir (l'un des garçons) a trouvé en seau plein de
pièces d'or en labourant son champ » 60
Comment on le comprend dans cet nouvelle, les enfants qui vivent dans la rue
craignent de recevoir l'étiquette de « tinerci », et l'un d'eux demande au journaliste ne pas
écrire ce terme. En effet, en Turquie, la perception des enfants toxicomanes enclins à la
délinquance à laquelle les médias participent est très répandue.
La revue de presse des journaux nous permet de constater qu'il existe très peu
d'nouvelles qui qualifient de manière « positive » les délinquants juvéniles. Presque tous les
autres représentent les délinquants juvéniles comme des « monstres » qu'ils excluent de la
société par la dureté de leurs propos. Ils ont recours aux expressions les plus sévères pour que
la société les considère comme des individus très dangereux. Le fait est que les médias, sur
des sujets aussi sensibles, devraient tempérer leurs propos et voir en ces enfants non pas des
coupables éventuels, mais des enfants qui devraient être réintégrer à la société. Réintégrer la
société permettrait aux enfants d'avoir une manière qualité de vie et de s'extirper de conditions
dans lesquelles ils ont obligés de vivre.
60Gece, Soğuk ve Bizim Çocuklar, Milliyet Gazetesi, 09.01.2004http://gazetearsivi.milliyet.com.tr/Ara.aspx?araKelime=çocuk%20tinerci&isAdv=false
45
CONCLUSION
Il faudrait souligner que ces représentations sociales (englobant les stéréotypes et les
préjugés) circulées à travers les médias assument une fonction identitaire qui "donne une
place primordiales aux représentations dans les processus de comparaison sociale et de
catégorisation [en assurant] à la fois le maintien de l'identité d'un groupe et la discrimination
des autres.". A cela il faudrait aussi rajouter la fonction de justification. C'est-à-dire que "les
représentations sociales permettent de justifier a posteriori les comportements et les prises de
position. En effet, si elles jouent un rôle essentiel dans la détermination de l'action, elle
interviennent aussi après celle-ci, en permettant aux acteurs d'expliquer et de justifier leurs
conduites. (...) Cette fonction est importante car c'est elle qui, pour une large part, permet de
maintenir ou de renforcer la différenciation sociale en la justifiant.61
L'incitation des enfants au délit est un problème qui concerne l'ensemble de la société
et qui a de nombreuses raisons. Il est clair que ces enfants n'ont pas découvert le délit d'eux-
mêmes. L'éducation, la famille, et beaucoup d'autres facteurs tels que le cadre dans lequel vit
un enfant dans la société peuvent avoir un rôle dans la délinquance des enfants. Les enfants
apprennent le délits, et les travaux dans ce domaine ont démontré qu'ils ne se retrouvaient pas
sans raisons mêlés à la délinquance. Au contraire, les enfants délinquants ont généralement
des conditions de vie beaucoup plus difficiles que les autres, ce qui augmentent leurs chances
d'être enclins à la délinquance.
Le fait d'avoir recours pour résoudre le problème de la délinquance juvénile à des
peines de prison sévères ou à une exclusion des enfants de la société n'est pas une solution et a
61 PETARD, Jean-Pierre, Les représentations sociales in Psychologie Sociale, J.-P. Pétard (sous la dir. de), Paris, Bréal, 1999, pp. 161-187
46
un même un effet contraire sur le problème. Il serait plus juste d'avoir recours dans ce
domaine à des notions de prévention et de socialisation comme c'est le cas dans les pays
développés.
Les nouvelles de la presse turque relatives à la délinquance juvénile sont pour la
plupart du temps négatifs du point de vue de la société. Au lieu de vouloir essayer de
réintégrer ces enfants qui sont sans cesse aliénés à la société, les nouvelles exagérées de la
presse écrite ont pour effet de renforcer chez les gens les préjugés qu'ils ont vis à vis des
délinquants et qui veulent que ceux-ci soient enfermés dans des centres de redressement. Les
enfants délinquants sont généralement présentés sous des titres exagérés et provocateurs tels
que «les atrocités des tinerci », « les enfants cambrioleurs » ou « cet enfant a tué quelqu'un ».
Et cela, encore une fois, ne fait que renforcer les à-priori de la société vis à vis de ces
individus qui se trouvent mêlés à la délinquance dès leur plus jeune âge.
Nous avons analysé les archives des années 2002-2006 desquelles ont été extraits des
échantillons de nouvelles. Celles-ci nous ont permis de comprendre que même à des périodes
où les taux de délinquance juvénile étaient bas, les médias n'hésitaient pas à exagérer et à
provoquer des réactions dans la société. Du fait des préjugés formés par certains des journaux,
les délinquants juvéniles sont considérés comme des monstres, et l'on ne se pose jamais la
question de la raison pour laquelle les enfants se retrouvent à commettre un crime, alors qu'il
est prouvé qu'un enfant ne peut pas apprendre à commettre des délits tout seul.
Le fait que les chiffres avancés par les journaux et ceux des vrais cas ne correspondent
pas et que les nouvelles sur les vols à l'arrachée soient surtout fréquents et exagérés entre
2004 et 2005, laisse penser à la volonté de former un soutien public au nouveau code pénal
turc alors en voie d'application. En effet, depuis l'entrée en vigueur ce code pénal, les enfants
qui commettent des vols à l'arrachée se voient infliger des peines plus sévères.
Les enfants incités au crime ont grandi dans des conditions difficiles et, notamment du
fait du langage exagéré des médias à leur égard, sont exclus de la société. Un grand nombre
d'organismes médiatiques donnent place dans leurs nouvelles aux discours hégémoniques du
pouvoir. Le pouvoir en place, à travers les vecteurs de communication ainsi que sa politique
sociale qui présuppose que ces enfants sont toxicomanes, impose son approche dans la
société.
Le fait que les valeurs et les idées de l'autorité soient maniées et reproduites dans la
presse écrite ne va pas sans conséquence. Les nouvelles sur les vols à l'arrachée dans les
47
médias sont de nature à provoquer des réactions sur la société dans laquelle des préjugés se
forment.
On voit un effort pour consolider l'ordre établi et les normes en vigueur dans la
société. Chomsky soutient que, plutôt que les médias ont un impact clair et convaincante, elle
diffuse des informations et des codes sociaux sélectionnés. Cette notion a un effet de la
standardisation, grâce à sa qualité couverte les spectateurs ne peuvent pas appliquer une
censure et ils le rejoindre volontairement. Ce processus est nommé la fabrication d'un
consentement.62
Si l'on envisage la chose du point de vue du pouvoir et des médias, on se rend compte
que même quand les nouvelles sont sans fond et exagérées, il est question d'un bénéfice pour
les deux parties : la politique de valeurs menée par le pouvoir est renforcée, et les tirages de la
presse augmentent.
62 CHOMSKY, N, Medya Gerçeği, Everest Yayınları, 1993, Istanbul
48
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“Haydarpaşa Garı'nda Kapkaççı Operasyonu” Hürriyet Gazetesi, 07.12.2004
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52
ANNEXE
LES TITRES DES NOUVELLES ANALYSEES
HÜRRİYET
Kapkaccılardan son taktikler 05.01.200213'lük kapkaççıyı transfer kavgası 31.03.2002Çocuklar ve suçlar 08.05.20024 yaşında suçla tanışıyorlar 05.06.2002Kapkaççı, Koreli turisti sürükledi 09.06.2002Yargıtay bisiklet hırsızını affetmedi 13.06.2002Kız çocuklarda cesaret hiperaktivite belirtisi 12.08.2002Gurbetçi ailenin çanta savaşı 31.08.2002Aile planlamasından yana mısınız? 19.10.2002Bacak kopartan kapkaççı serbest 19.11.2002Kendi bekçini kendin tut dönemi başladı 30.11.2002Servisle kapkaça çıkıyorlardı 23.12.2002Kirlenmiş (!) kızlar 21.02.2003Diyarbakır’dan kaçırdığı çocuklarla kapkaç çetesi kurmuş 25.03.2003Maskeli Çocuklar Haftası 24.05.2003Kavun karpuz satar gibi döviz bozuyorlar 26.07.2003Çocuk çetesi yakalandı 05.08.200313’lük kapkaççı hákimi çarptı 10.08.2003Kapkaççıyı linçten kurtaran polisin burnunu kırdılar 05.09.2003Çocukları kapkaççı yapan çete basıldı 28.09.2003Boncuklu çete evinde basıldı 12.10.2003İstanbul'un 9 aylık emniyet bilançosu 13.10.2003Emniyet’te Harlem operasyonu 30.10.2003Beyoğlu Çetesi'ne 17 tutuklama 31.10.2003Harlem Çetesi'nde el bombası bile çıktı 02.11.2003Hizbullah gibi kapkaç çetesi 03.11.2003Harlem'in Eminönü şubesi de basıldı 06.11.2003Bu kız çocukları banka soydu 09.02.2004
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İçişleri Bakanı: İnşallah kapkaçı önleyeceğiz 23.03.2004Çocuk çetesi basıldı 29.03.2004Suç işleme yaşı 4'e düştü 05.04.200423 Nisan'da kara tablo 22.04.2004Diyarbakır’da kapkaç çetesine ceza yağdı 29.04.2004Çocuklar yazın daha çok suç işliyor 27.07.2004Kadın polisi çarpınca yakalandılar 01.08.2004Kötürüm kapkaççı, polisi 15 km peşinden koşturdu 06.09.2004Her 4 kapkaçcıdan biri çocuk 16.09.2004‘Harlem’ operasyonu 29.10.2004Uyuşturucu satanları istemiyoruz 01.11.20042 milyon lira için gasp 06.11.2004Trenden ben atmadım Tolun ve Çiğdem attı 07.11.2004Trenden ben atmadım Emin ve Ümit attı 07.11.2004'Kapkaç zanlısı'nı teşhis edemedi 07.11.2004Sabıkalıları Kardak’a yerleştirelim 08.11.2004Diyarbakır'daki kapkaç zanlısı yakalandı 08.11.2004Trende pişmaniye satmaktan kapkaça 09.11.2004Kapkaç olayları yüzde 23 arttı 12.11.200499 kapkaççıdan 40'ı yakalandı 12.11.2004'Kentlerde getto ekonomisi oluştu' 14.11.2004Güneydoğu’dan büyük kentlere çocuk çeteleri 15.11.2004Kızlar daha az suç işliyor 17.11.2004Gasp değil kapkaç yapın 17.11.2004Üç noktalı dövme Puma spor pabuç Altın zincir 27.11.2004Hırsızların yeni hedefi otolar 29.11.20048 yaşındaki çocuk banka soydu 29.11.2004Haydarpaşa Garı'nda kapkaççı operasyonu 06.12.2004"Sokak çocukları kapkaççı değil" 15.12.2004Hükümetten sokak çocuklarını kurtarma modeli 12.01.2005İstanbul, bir güneydoğu sorunu 13.02.2005Hırsız anatomisi 14.02.2005Çocukların ev sahibi ‘İstanbul sokakları' 24.02.200510 yaşında üç gün içinde üç oto çaldı 25.02.2005Mafya, özellikle kız çocuklarını kullanıyor 25.02.2005İşte İstanbul’un kapkaç sultanı 16.03.2005Babasının otomobiliyle kapkaç yaptı 17.03.2005"Suçla uğraşan kişiler çocukları kullanıyor" 21.04.20051 saatte 5 kapkaç 15.06.2005Mezarlıkta kapkaç 04.11.200510 yaşında denilen kapkaççı 18’inde çıktı ve anne oldu 19.11.200585’inci kez yakalandı 21.11.2005Oyunu değil hırsızlığı seçti 22.11.2005Çocuk kapkaççılar sorununa örnek çözüm 23.11.2005Kapkaç, İstanbul’da işsizliğin önüne geçti 29.11.2005
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Kapkaççı yaptıkları çocuklar yakalattı 03.12.2005Kapkaççıya suçüstü 04.12.2005Taksim’de G.Koreli turistlere kapkaç 19.12.20053 kız çocuğuna kapkaçtan suçüstü 03.01.2006Kapkaça zorlanan 300 çocuğa merkez 23.01.2006Çocuk çetesi şehir değiştirdi 05.03.200613 yaşında kapkaç yapan çocuk yakalandı 19.03.2006Kapkaçcı çocuklar serbest 09.04.2006Çocuk hırsızların 5 yıldızlı düğünü 02.05.2006En organize kapkaç çetesi yakalandı 06.05.200615 yaşındaki çocuk 140 suçtan tutuklandı 12.05.2006Hırsız kız, 8 saat farkıyla tutuklanmaktan kurtuldu 07.06.2006Yankesicilik yapmak için Milas'a gelen 2 kız çocuğu suçüstü yakalandı 07.06.2006Oğlunu kaçkaç çetesinden kurtardı 02.07.2006TESEV'in göç raporu: Göç edenler PKK ile devlet arasında kaldı 07.07.200630’luk hırsız 10 yaşında çıktı 31.07.2006Kapkaççı küçük damat teslim oldu 17.08.2006Emniyet: Kırk günde 5 bin 280 suç aydınlatıldı 21.09.2006Türkiye’de 6 bin çocuk sokaklarda yaşıyor 17.10.2006Cep telefonunu çalmak isteyenlere kurşun yağdırdı 30.10.2006Sosyete pazarı’nın kapkaççı kızlar 02.11.2006Kapkaççı kadının şaşırtan numarası 06.11.2006Şaşırtan taktik 07.11.2006Şaşırtan taktik 07.11.2006
MİLLİYET
Profesörün otosunu eşiyle birlikte çaldılar 17.01.2002Baklavadan sonra çokokrem çetesi 20.01.2002Bagajda hırsız var 09.02.2002Yumurcak Çetesi 06.04.2002Eli Uzun Boyu Kısalar Çetesi 06.04.2002Kapkaççıların büyük vurgunu 09.04.2002İzmir'de soygundan sonra patenle kaçmaya çalışan 4 genç yakalandı 24.04.2002İki Afacan Bankadan 8bin 400 Euro Çaldı 05.06.2002Tatbikat Değil Resmen Ayıp 16.09.2002Bir mavi önlük hırsızları eksikti 03.10.2002Kapkaççı çocuklar suçüstü yakalandı 14.11.2002Tehlike büyüdü 01.12.2002Tahliye oldu gasp yaptı 15.12.2002Kapkaç Servisi 24.12.2002Çocukları kaçırıp hırsızlık öğrettiler 29.12.2002Suç Çocukları 05.02.2003Kapkaça senaryo karıştı 06.02.2003Banka soyan çocuk hırsızlar yakalandı 26.02.2003
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Çocuk Soyguncu YUVA’dan kaçtı 28.02.2003Semtine göre giyiniyorlar 28.02.2003Kapkaç Çetesi Hatıra Fotoğrafına Yakalandı 31.03.2003Jandarma Çocuklar için seferber oldu 18.06.2003SUNROOF KAPKAÇI 19.06.2003Çocuk vekil' tutuklu 21.06.2003Beykoz'da kapkaççı operasyonu 16.07.2003Boyu kısa,eli uzunlar havuza transfer oldu 17.07.2003Emniyete göre Kapkaççılar Örgütlü 22.07.2003Çocukları kaçırıp hırsızlık yaptırdılar 06.08.2003Çocukları kullanan çete çökertild 08.08.2003Eldeki Kapkaç Nüfusa Uymadı 16.08.2003Aile Boyu Çete 29.09.2003Alışmış bir kere 21.10.2003Küçük Hırsızların Yuvası işte bu ev 24.10.2003Çok para dediler,dayakla karşılaştık' 24.10.2003Bizi babamızın elinden kurtarın 08.01.2004Altı yaşında banka hırsızı 10.02.2004Kalabalıkta dolaşması yasak 16.02.2004Akmerkez önünde kapkaç 31.03.2004Küçücük çocukları kapkaççı yaptılar 05.04.2004‘Sayın Yolcular Bu Köşeye Dikkat!” 05.04.2004Çanta kapmayıp kâğıt topluyor... 15.04.2004Bu noktala 22.05.200410 Yaşındaki Çocuğa işkence davası 11.06.2004Çanta yı kaptı ama yakalandı 27.07.2004Çocuklarımızı kaybediyoruz 19.09.200411 yaşında banka soydu 19.09.2004Kapkaççı sevgiliyi vatandaşlar yakaladı 22.09.2004Maçka korku parkı! 30.10.2004Onlar da benim gibi çalışsın! 09.11.2004Kapkaççılar birbirini suçladı 11.11.2004Cezaevinden abi tavsiyesi 18.11.2004Kapkaççılara müebbet istemi 20.11.2004Baba, beni bu bataktan kurtar 20.11.2004Kaptılar ama kaçamadılar! 22.11.2004Telefonu sattık yiyecek aldık 30.12.2004Çocuklara hâlâ kelepçe takılıyor 09.02.2005Ah şu röportaj... 11.02.2005Polisin 4 belalısı 28.02.2005Çocuklara hapis yolu 02.03.2005Artık sistem sorgulanmalı 15.05.2005'Sokakta çalışıyor ama yaşamıyorlar' 19.06.2005En çok işlenen çocuk suçu gasp 24.10.20052 çocuk, komutan eşini mezar ziyaretinde soydu 04.11.2005
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Komutandan kapkaç tespiti 19.11.2005Gençlik bu kadar kolay harcanamaz 26.11.2005Eylemlerin figüranları! 29.11.2005Suç örgütünü işkence çökertti 03.12.2005Polis, 2 bin 526 kişiyi 'Buldozer'le yakaladı 18.02.2006Çeteler vadisi 15.03.2006Hacıhüsrev'e baskın 18.03.2006Çocuk suçluların bıçaklı kapkaç terörü 21.03.2006Şiddete yönelmede sorumlu aileler' 27.03.2006Güvensizlik öğrenciyi okulundan soğutuyor 30.03.2006İzmir'de, sürekli suç işleyen 500 çocuk var 21.04.2006AKP'liler polisi Aksu'ya şikâyet etti 27.04.2006'Sorguç Çetesi'ni çökerten operasyon 05.05.200618'ine 8 saat kala çaldı, hapisten kurtuldu 07.06.2006Diyarbakır yuvalarında kalan 34 çocuk kayıp! 08.06.200634 kayıp çocuktan biri kapkaçtan cezaevinde 10.06.2006Diyarbakır'da çocuklardan 13'ü bulundu 13.06.2006Tam saha pres uygulayacağız 02.07.2006Aylak bir dergi... 16.07.2006Bu çocukları ne yapalım? Denize mi atalım? 06.08.2006Bu kapkaççı kabus oldu 13.09.2006
ZAMAN
Tinerci genç Tantan'ın yakınını öldürdü 19.03.2002Mahallede çete war 06.05.200210 yaşında iki çocuk bankadan para alıp kaçtı 05.06.2002Polisin vurduğu kapkaççıya mağdur ‘yardım’ sözü verdi 21.06.2002Polis, üç kapkaççıyı kıskıvrak yakalandı 09.08.20023 ilköğretim öğrencisine haraçtan 63 yıl hapis verildi 26.09.2002Çocukların terbiyesi erken yaşlarda ele alınmalı 26.11.2002Televizyondan etkilenip kapkaççılık yapmış 18.03.200312 yaşındaki çocuğu kapkaçta kullanmışlar 19.03.2003Çocuklara kapkaç yaptırdığı iddiasıyla gözaltına alındı 26.03.2003Cerrah, kapkaççılar için ıslahevi kurulmasını istedi 03.04.2003Kapkaççı olduğu iddia edilen aile, araçları kaza yapınca yakalandı 03.04.2003Kapkaççılar ailelerini suçladı 10.04.20034’ü çocuk 16 kişilik yankesicilik çetesi yakalandı 13.04.2003Karakoldan Mercedes’le tinerci çocuk götürenler var 11.07.2003Çocuklara zorla kapkaç yaptıran 2 çete çökertildi 13.10.2003Kapkaça büyük darbe: 110 zanlı gözaltına alındı 29.10.2003Kapkaç çetesinin liderini eski polis koruyormuş! 30.10.2003Emniyet raporuna göre çocuk çetelerinin sorumlusu aileler 15.11.2003Acılı baba Demirtaş her yerde kayıp oğlunu arıyor 05.02.2004
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Sabıkalı hırsızlar şebeke kurup çocuklara hırsızlık yaptırıyor 09.08.2004Er: 18 yaşından küçüklerin suç işleme oranları yüzde 25'den fazla 17.09.2004Çocuk suçlarındaki artışa karşı seferberlik başlatıldı 01.10.2004Liseli Özgür davasında 5 polise beraat kararı 05.11.2004Trendeki kapkaç olayı sanıklarından biri daha yakalandı 07.11.2004Kapkaççılar bu kez 12 yaşındaki çocuğu bıçakladı 08.11.2004Trendeki kapkaç olayı kapsamında yakalanan 2 kişi tutuklandı 09.11.2004Mendilci çocuk: Onlar da benim gibi çalışsın, hak etmediği parayı almasın 09.11.2004Mahkeme bırakıyor polis yakalıyor 09.11.2004İstanbul'da kapkaççı operasyonunda 4 kişi yakalandı 10.11.2004Trendeki kapkaç olayının 3. zanlısı da yakalandı 12.11.2004Polis, çocuklara korsan kaset izletiyor! 15.11.2004Mahkum çocukların üçte biri hırsızlık suçundan yatıyor 17.11.2004Kapkaç operasyonunda 6 kişi gözaltına alındı 05.12.2004Diyarbakır’dan kapkaç yaptırmak için kaçırılan çocukları polis kurtardı 08.12.2004Çocukları babalarınız sizi çağırıyor diye kaçırmışlar 09.12.2004İşadamları da sokaktaki çocuklara çözüm arıyor 14.12.2004Polis, çocukları kapkaça zorlayan şebekeyi çökertti 24.12.2004Kapkaç için kaçırılan çocuklar üç gün özel sopayla dövülmüş 25.12.2004Meclis komisyonu, sokak çocukları sorununda muhatap bulamıyor 06.01.2005Gençlerin çoğu geleceğinden ümitsiz 11.01.2005Sokağa terk edilen çocukların velayeti ailelerinden alınacak 12.01.2005Diyarbakırda uçucu madde kullanma yaşı 10a düştü � � 15.01.2005Kapkaç kurbanları: Cezalar caydırıcı hale getirilsin 28.01.2005Sokak ligi projesi 11 takımla başlıyor 03.02.2005Suça itilen çocuk sayısı 2004 yılında 3 bini aştı. 06.02.2005Burası İstanbul mu? 20.02.2005Altındağda kapkaç ve hırsızlık yapan 3 kişi göz altına alındı � 22.02.2005Sokak çocukları sorununa uluslararası çözüm aranıyor 22.02.200516 yaşında 107 kez yankesicilikten yakalanmış 25.02.2005Kapkaç için çocuklara kimlik çıkarmıyorlar 26.02.2005Polis, suç örgütlerinin önüne sporcu gençlerle baraj kurdu � � 27.02.2005Çocuklara zincir ve kelepçe takılamayacak 28.02.2005Kurumlar arası diyalogsuzluk sokak çocukları sorununu çıkmaza itiyor 02.03.2005Çocuklara hırsızlık yaptıran 3 kişi yakalandı 06.03.2005Hukukçular endişeli: Çocuklara ceza indirimi çetelerin işine yarayacak 07.03.2005Gençlerin hırsızlık, kapkaç ve yankesicilik suçlarına karışma oranı artıyor 18.03.2005Çocuk mahkemeleri yeni döneme hazırlanamadı 20.03.2005Çocukken işledikleri suçun davası baba oldukları halde hâlâ sürüyor 21.03.2005Polis teşkilatı, sokak çocukları için yemek programı düzenledi 22.03.2005Çiçek: 1 Nisan ne kara gün, ne de her türlü derdin biteceği tarih 29.03.2005Evlere gidip dert dinleyecek vatandaş polisi timi kuruluyor 05.04.2005Kontrolsüz İnternet kullanımı gençleri suç işlemeye hazırlıyor 13.04.2005Kapkaçın ardında PKK var � 22.04.2005Belediye, eğitip meslek sahibi yapacak sokak çocuğu bulamıyor 24.04.2005
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Çocuklara ceza indiriminden çeteye yarar diye vazgeçiliyor� � 05.05.2005Çeteler çocukları kiralayıp hırsızlık ve gaspta kullanıyor 10.05.2005Kapkaç çetesi hücre tipinde örgütlenmiş � � 12.05.2005Çocukları Koruma Kanunu Tasarısına uzlaşma uyarısı � � � 06.06.2005Devlet, sokakta yaşayan çocuklara sahip çıkacak 17.06.2005Kapkaç yapması için işkence edildiği iddia edilen çocuk, hırsızlıktan sabıkalı çıktı. 20.06.2005Suça karışan çocuklar yurtlarda ıslah edilecek. 02.07.2005Eminönü'nde kapkaççı operasyonu 28.07.2005Diyarbakırda valilik Kapkaç Rehabilitasyon Merkezi kurdu � � � 03.08.2005Kapkaçta yakalanan küçük çocuğun 25 suç kaydı var 15.11.2005Şişli'de 2 çocuk hırsız yakalandı 20.11.200516 yaşındaki genç kıza, polisten 85. kez gözaltı 21.11.2005Suç örgütlerinin çocukları kullanması önlenemedi � 23.11.2005Kapkaç çetesinin ardında PKK çıktı 30.11.2005Çalışkan: Toplum bütün örgütlere karşı duyarlı olmalı 02.12.2005İstanbul'da suç örgütü operasyonunda 17 kişiye gözaltı 02.12.2005Silvan'da kaçırdıkları çocuklara kapkaç yaptıran 3 kişi yakalandı 26.12.2005Kapkaççı kızlar yine yuvadan kaçtı 04.01.2006'Gaspa çıkarken uyuşturucu veriyorlardı' 05.01.2006Gasp çetesinden babaya haber geldi: Oğlun Bayrampaşa Cezaevinde yatıyor � 06.01.2006Kapkaçta kullanılan çocuklar DSM ile çetelerden kurtarılacak 08.01.2006Çocuk mahkemelerinde davalar bitmediği için ıslahevleri boş duruyor 15.01.2006Hırsızlıkla suçlanan her 100 kişiden 34'ü çocuk 29.01.2006Çocukların en çok hırsızlık suçu işlediği ortaya çıktı 29.01.2006Çocuk suçluların sayısı hızla artıyor 30.01.2006Gerçek yaşları kemik testiyle ortaya çıkınca ceza yemekten kaçamadılar 02.02.2006Suça karışan çocuklar çetelerin elinden kurtarılacak 21.02.2006Cerraha söz verdi, üç ay sonra, hırsızlıktan yakalandı � 22.02.2006Çocuklara kapkaç yaptıran çete üyeleriden 2si serbest � 28.02.2006Kapkaçtan hapse giren çocuk tahliye olduğu gün gasp yaptı 04.03.2006Şaşmazlar Çetesine yönelik baskında 1’i çocuk 7 kişi yakalandı� 05.03.2006Silahsız ve telsizsiz polis timi hırsızların korkulu rüyası oldu 13.03.2006Kadın bankaya gidiyor; yaşı ufak sporcu genç lazım � 14.03.2006Sokak çeteleri çökertiliyor 18.03.2006Polisin baskın yaptığı Hacıhüsrev Mahallesi çocuk suçlu kaynıyormuş 19.03.2006Kapkaç çetesinin yeni hedefi okullar 22.03.2006Her gün 24 çocuk yeni suça karışıyor 23.03.2006Sokakların kâbusu kapkaç örgütü Bataklık operasyonuyla çökertildi 05.05.2006140 suç dosyası bulunan 15 yaşındaki çocuk tutuklandı 12.05.200617 yaşında 73. Gözaltı 07.06.2006Çocuk simsarları ve çeteler karne tatilini fırsat biliyor 16.06.2006Çocuklara hırsızlık yaptıran çeteye 250 yıl hapis talebi 16.06.2006Polis, suçlu çocukları sevgiyle ıslah ediyor 26.06.2006Oğlunu kapkaç çetesinin elinden kurtardı . 02.07.2006
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Çete, kaçırdığı genç için ailesiyle pazarlığa girişti: 20 gün sizde kalsın, 20 gün bizde 03.07.2006Suça karışan çocuklar meslek edinecek 17.07.2006Diyarbakır Barosu: En fazla çocuklar suç işliyor 05.08.2006Diyarbakır Barosuna göre en fazla çocuklar suç işliyor� 06.08.2006Kap-kaç olayını polis kamerası saniye saniye görüntüledi 08.08.200689 yıl hapsi istenen kapkaç çetesi liderine sürpriz tahliye 14.09.2006Çocuk şubeleri nezarethaneye döndü, emniyet çare arıyor 02.10.2006Suçlular az hapis yatmak için yaşlarını küçültüyor 26.10.200617 yaşındaki hırsız 13 suç işledi 23.11.200617 yaşındaki suç makinası yakalandı 24.11.2006Cevahir'de dayak yiyen kızın ablası kapkaçtan yakalandı 22.12.2006Dayakçı güvenlikçiler serbest, küçük kızın annesi kapkaçtan gözaltında 23.12.2006
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