collection la poÉsie À l'École

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COLLECTION LA POÉSIE À L’ÉCOLE Le Grand Prix de Chavigny animé par Francine Poitras et Carol Ross Grand Prix de poésie 1995 Les Éditions Bélat

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COLLECTION LA POÉSIE À L’ÉCOLELe Grand Prix de Chavigny

animé par Francine Poitras et Carol Ross

Grand Prix de poésie

1995

Les Éditions Bélat

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École ChavignyCommission scolaire Chavigny

Grand prix de poésie1995

©1995, Les Éditions Bélat, Francine Poitras et Carol Ross.

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Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Québec, 1995.Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Canada, 1995.

ISBN 2-921666-06-5

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Quelques enseignants croient en la poésie commelangage essentiel pour traverser l’adolescence. LeGrand Prix de poésie de l’école secondaire Chavignyest né de cette conviction, possède déjà neuf ansd’existence et s’inscrit dans les activités du Festivalinternational de poésie de Trois-Rivières.

En 1995, les élèves de la première à la cinquièmesecondaire ont soumis deux cent quinze poèmes.

Pour vaincre les stéréotypes de désespérance etde sans-issue greffés à l’adolescence, ne devrait-onpas accorder de plus en plus de place aux actionsporteuses et se laisser conquérir par une oeuvre « oùcoule comme rivière l’essence humaine dans laquellese reflète une poussière d’étoile qui illumine d’espoirla jeunesse qui pousse »?

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Le poète adolescentpréface

Laissez parler son coeur,Ses mots sont ceux d'une âme qui brûleSans connaître l'essence du feuSes phrases sont les premiers pas d'un imaginaireDébridé,Fragile,Qui cherche votre appuiPour mieux assurer ses découvertes.

Laissez-le vous direSon mal d'Amour,Ses espoirs démesurés.

Ecoutez son âmeQui coule à fleur de peau,Taches d'encre rose ou d'encre rougeQui dessinent une main tendue.

Une préface, c'est sérieux. C'est une ouverture pratiquéeà même la chair de l'oeuvre, une opération à coeur ouvert,une porte qui fond devant l'espoir. Je suis mal à l'aise

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devant une préface à écrire et j'ai pourtant tant de chosesà dire sur ces adolescents qui débordent de sentimentsnouvellement découverts.

J'ai toujours considéré la poésie comme un langageessentiel pour traverser l'adolescence. Tous les adolescentsécrivent. Toutes les formes d'expression y passent suivantla culture de chacun. Tantôt ce sera le journal intime, tantôtle graffiti, la lettre à un ou une amie, quand on en a, etsouvent la poésie, que je considère personnellement commela langage de l'âme.

La poésie est une forme d'expression privilégiée de cesadolescents si mystérieux parce qu'elle traduit par l'imagedes abstractions impossibles à matérialiser autrement.C'est une découverte précieuse pour l'adolescent, à un âgeoù il est confronté à la sensation étrange et à la notionabstraite des premières Amours, des premièresfrustrations. Il est important de lui offrir toutes lesoccasions possibles de s'exprimer sur ces sentiments qu'ilconnaît mal.

C'est dans cette optique qu'ont vu le jour les premièresmanifestations poétiques à l'école secondaire Chavigny il yaura bientôt neuf ans. C'est la présence du Festivalinternational de la poésie dans notre région qui en a étél'inspiration. Ce fut au départ une entreprise ardue, maiscombien gratifiante, que de convaincre nos pairs, nospatrons et les adolescents eux-mêmes de tenter l'aventure.

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Depuis ce temps les choses ont bien changé. Le Grand Prixde poésie de l'école secondaire Chavigny a vu le jour. Ouvertà tous les élèves de l'école, de la première à la cinquièmesecondaire, c'est un acte gratuit et volontaire qui estdevenu un concours prestigieux et populaire auprès des garset des filles qui fréquentent l'école. Il a été reconnu dès sacréation par le Festival international de la poésie et laFondation des Forges . Chaque niveau scolaire a son premierprix et des mentions. Le Grand Prix est attribué, nonobstantle niveau, à la meilleure oeuvre écrite, et est doté d'unebourse de la Fondation des Forges. Le lauréat de cetteannée est une élève de troisième secondaire, ce qui fait lapreuve que tous ceux des niveaux éligibles peuvent gagner leGrand Prix.

Le jury est composé de cinq membres choisis parmi lesécrivains, les libraires, les éditeurs, les journalistes, lescritiques et les enseignants de notre région; fait toujourspartie du jury le gagnant du Grand Prix de l'annéeprécédente. En 1995, deux cent quinze poèmes ont étésoumis, écrits par soixante-sept participants. Depuis cinqans, les oeuvres primées sont publiées en nombre limité,cette année, par les Éditions Bélat, ce qui nous permetd'élargir la publication à des oeuvres de qualité qui n'ont pasété sélectionnées par le jury.

Grâce au support de la Commission scolaire Chavigny, àl'implication de la direction de l'école et du personnel, le

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Grand Prix de poésie et les festivités qui l'entourent, ontune portée éducative et culturelle signifiante qui rayonne etdéborde le milieu. Je remercie madame Francine Poitras,collaboratrice précieuse, madame Marie-Josée Roy,stagiaire récréologue qui nous a permis cette année de créerun cahier des charges et d'assurer un suivi pour le futur ettous ceux qui de près ou de loin font de cet événement unsuccès .

Dans ces dernières lignes je voudrais rendre hommage àMonsieur Gaston Bellemare, le grand promoteur et le grandresponsable du Festival international de la poésie qui nous atransmis sa foi et qui nous a toujours soupportéinconditionnellement; au poète Alphonse Piché qui a semé sesvers sur les bords de notre beau fleuve et qui fut notreinspiration; à Madame Francine Gaudet, directrice de l'écolesecondaire Chavigny, qui nous a fait confiance.

Ouvrez maintenant ces pages où coule comme rivièrel'essence humaine dans laquelle se reflète une poussièred'étoile qui illumine d'espoir la jeunesse qui pousse en cejardin.

Carol Rossco-responsable du Grand Prix de poésiede l'école secondaire Chavigny,enseignant de 4e secondaire

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Éliane Ste-MarieGrand prix

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Dans ma bulleToi seul pourras entrerTu seras funambuleSur le fil de ma pensée

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S'abat sur la villeUn trop lourd silenceLà où la vie fragileY pèse son absence

Dansent les ombresSuivant un rythme irréelSur les pavés trop sombresDes étroites ruelles

Le sang dans mes veinesCoule comme un fleuve lointainPropage ma peineDans le monde qui s'éteint

Hier encoreAvant que ton corps ne se faneJe croyais que la mortNe pouvait prendre ton âme

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Jolène CossettePremier prix • 1er secondaire

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L'homme de l'humanité

À jamaisLa route de l'espoirSes pensées perduesSur l'ivoireDes souvenirs gravés

Silence

La mort murmureAu fond d'un verre briséComme l'hommeS'engouffrant dans le tunnel obscurRepartie la course contre le tempsIl erreIl flaireLes roses les roncesRuines de notre imageLa blancheur agonisante de l'hiverSur son dosDouleursIl traîneSouffrance et intolérance

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Par le froidSes mains endoloriesUn chemin de couleursIl chercheSes couleurs fondront en amour

Transpercé vidé coulé

L'homme toujours droit

Devant l'humanité.

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Martine St-PierreMention • 1er secondaire

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Rêve d'été envolé

Un vent chaud et doux soufflait dans mes cheveux.Le sable chaud et velouté chatouillait mes pieds.Les vagues bleues se roulaient et se déroulaient

sur la rive.Les oiseaux de soie blanche ondulaient le ciel.

Puis une silhouette s'avança vers moi, me prit la mainet m'entraîna avec elle.

Nous nous sommes regardés et embrasséset tout a disparu.

Je me suis retrouvée sur le bord de ma fenêtreÀ contempler les étoiles et la lune dorée,

mon rêve s'était envolé.

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Catherine LeducMention • 1er secondaire

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Le bossu

Il est mort tragiquementDans les eaux du Saint-LaurentSans personne pour l'aider,Sans personne pour l'écouter.Écoutez-le crier sa tristesse,Écoutez-le crier sa détresse.Tout au long de sa vie,Nul n'a entendu ses cris.ET en voilàLe résultat.

Il habitait une grange abandonnée,Celle que les hommes avaient délaissée.Pauvre et démuni,Seul et sans ami,Au fond de lui vivait l'ennui.Personne ne savait son nom,Mais tous lui avaient imposé ce surnom«Petit bossu» ainsi il était appelé.

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Dans son âme gisait une blessure,Une blessure que nul ne pouvait réparer,Celle de l'amour, celle d'un coeur irrité.Son coeur était déchiréCar jamais il n'avait su aimer.C'était le bossu.

Jadis il avait aiméMais tout cela n'est que passé.Aussitôt sa vie s'était retournéeAussitôt son coeur s'était effondré.Il se cachait dans les longues herbesPour la regarder, en se disantQue jamais il ne pourrait la marier.C'était le bossu.

Il fut retrouvé près des rochersEmportant avec lui ses pires ennuis,Emportant avec lui toute sa vie.

Car c'était lui,C'était le bossu...

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Désespérée

Elle ne pense qu'à mourirPour enfin tout oublier.Elle ne veut plus sourire.Elle voudrait s'effacer.

La neige lentement était tombéePour recouvrir les toits.Les vitres était givréesEt dehors il faisait froid.

Elle vagabondait dans les ruesSeule et inconnueÀ la recherche de quelqu'un pour l'aimerÀ la recherche de quelqu'un à qui parler.Sans parents, quelques amis,Elle devait elle-même faire sa vie.

Ses parents étaient morts accidentellementIl y a de cela quelques annéesLa laissant seule avec son désarroi,La laissant seule sans personne pour l'aimer.Maints soirs elle a passé à pleurer,

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Combien elle a pu se détester,Se regarder, s'observerEt se sentir déchirée, se sentir déprimée.

Dans son coeur tout était grisElle ne pensait qu'à mourirNe plus avoir à affronter ses nuitsNe plus avoir à sourire.

L'idée de se suiciderDans sa tête commençait à germerPeut-être était-ce la solutionQui mettrait fin à ce monde de questions.

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Mélanie BeaucageRetenue pour publication • 1er secondaire

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Amour perdu

Tu étais ma lumière du jour,Mon espoir, ma vie,Mon unique amour,Et ma seule envie.

Depuis que tu es parti,Je ne suis plus qu'une moitié,

une demie,Un tout dont il manque une partie.

On a beau me certifierQue plus jamais je ne t'aurai,Au fond de moi, je ne peux vouloir,Je ne peux croire,Que se termine comme cela notre histoire.

Entre l'amitié et la peineL'amour et la haine,Mon coeur balance.Je ne suis certaine que d'une chose:

je t'aime.

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Véronique ValléePremier prix • 2ème secondaire

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Douze

Devant sa huitième bouteille,La solitude l'assaille...Il ne fait qu'attendreQuelque chose qui ne viendra jamais.

Les yeux vitreux, le coeur tendre,Le désespoir l'envahit...Il cherche au plus profond de luiCe qui le garde sur terre...

Tout est suie, tout est noir...Il attend; il espère...Devant sa dixième bouteille,Il fouille encore...

Cherchant désespérément,Une raison de rester...Ses proches l'ont abandonné,Il est seul au monde...

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Rien ne le retient,Le sommeil le prend...Il part sans nous,N'ayant pu finir sa caisse de douze...

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Une mer de mots

Au bout de ma plume coulent les mots,Ceux qui font naufrage sur ma feuille,Et qui forment des phrases, comme des vagues.La feuille, semblable à la mer...

Où chaque goutte a son importance,Où chaque mot a sa place.Tout a une certaine force;Celle des mots est sans frontière.

Capables des pires tempêtes...Les mots tournoient autour de moi.Le vent s'estompe, la mer reprend son lit,Ce grand flot d'idées s'est arrêté.

Sans prévenir, la tempête recommence,Je dois noircir des pages entières.Sans aucun moment d'accalmie,J'écris toutes mes pensées d'un trait.

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Je ne sais d'où ça vient ni où ça va,Comme l'eau d'une mer qui se noie.Pourquoi les vagues sur une grève?Pourquoi les mots sur une feuille?

Tels les océans sur la Terre,Les nuages et les paroles s'envolent...La mer et les écrits restent...Le voile de brume se lève...

Je relis ce flot de pensées,Les vagues s'arrêtent une à une.Et sans pouvoir les interpréter,Je continue, sans relâche, à écrire.

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Karenne BédardMention • 2ème secondaire

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Si fragile...

Remplie d'espoir,Elle est sortie du noirEt défiant le temps,Elle est venue parmi les grands.

C'était l'hiver,Ce serait l'enfer,Mais se croyant rusée,Elle s'est avancée.

Elle a dansé,Elle a chanté,Pour tous ceux et cellesQui l'ont trouvée belle.

Pour elle,C'était le paradis,Une vraie ritournelleDe magie.

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Mais d'un seul coupLe ciel s'est assombriCouvrant toutMême la petite fleur épanouie.

Dès que la tempête s'est levée,Elle s'est mise à tourbillonner.Elle était d'une fragilité,Que nul n'osait regarder.

Pauvre petite fleur...Elle criait: «Je me meurs»Mais personne ne l'entendaitCar tous s'enfuyaient.

Avec un air attristé,La fleur s'est fanée,Son âme s'est envoléeNe laissant qu'un corps inanimé.

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Mélanie DemersMention • 2ème secondaire

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Si seulement

J'aimerais être le ventPour effacer les durs momentsPour emporter les meilleurs instantsComme le vent balaie l'ensablement.

J'aimerais être le tempsPour arrêter toutes montresPour être juste un instantDans le moins sombre.

J'aimerais être un oiseauPour voler sur les eauxPour pouvoir m'emporter au plus hautEt pour voir comme c'est beau.

Je voudrais être la rivièreQui sur les cailloux d'hierCoule jusqu'à la merJetant ses eaux claires.

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Je voudrais être un nuageQui emporte les oragesSur un très long voyageComme l'on tourne une page.

Mais je ne suis qu'une enfantQui voudrait tellementTous ces instantsPour que ma vie ne soit plus

un tourment!

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J'aimerais être...

J'aimerais être la merPour t'emporter très loin des terresEt t'étourdir dans le tourbillon de vieOu je voudrais me perdre aujourd'hui.

J'aimerais être le soleilPour caresser ton corps réelPour briller dans tes yeuxEt pour recueillir ton amour.

J'aimerais être un oiseauEt me percher sur tes doigtsDont tu suis le volPerdu et déjà oublié.

Être la lumière pour apercevoirMême l'ombre d'un instantUn sourire ou un motSur ton visage inconnu.

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Être le sable qui couleEntre tes doigtsQue tu regardes filerPoussé par le vent.

J'aimerais oh oui! j'aimeraisÊtre la libertéPour t'aimer sans jamais

me limiter.

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Marie-Claude CloutierRetenue pour publication • 2ème secondaire

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Partir

Partir c'est tout ce que je désire.Pleurer, pour oublier,C'est tout ce que je sais.

Partir,Voyager pour retrouver le sourire.Libérée,C'est tout ce que je peux demander.

Je voudrais être aiméeSans avoir peur d'être oubliée.Mais c'est trop demander.

Je ne veux plus être malheureuse,Mais heureuse et joyeuse.Je voudrais pouvoir parlerSans risquer d'être délaissée.

Enfin,Tout ce que ie peux désirer,C'est ce résumé.

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Éliane Ste-MariePremier prix • 3ème secondaire

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S'abat sur la villeUn trop lourd silenceLà où la vie fragileY pèse son absence

Dansent les ombresSuivant un rythme irréelSur les pavés trop sombresDes étroites ruelles

Le sang dans mes veinesCoule comme un fleuve lointainPropage ma peineDans le monde qui s'éteint

Hier encoreAvant que ton corps ne se faneJe croyais que la mortNe pouvait prendre ton âme

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Mon coeur est videDe tout sentimentMon âme limpideTelle l'eau de la sourceReflète le néantCar la mort est à mes trousses

Dans mon corps maladeAux teintes fadesBat un coeur geléPareil à un glacier

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Mon coeur amerPlongé dans le gouffreA tant souffertQu'il s'est éteintEn pensant à toiTelle une bougie que l'on soufflePour une dernière fois

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Tes doigts chaudsDansent sur ma peauTes lèvres brûlantesGlissent dans mon couTon souffle rauqueEffleure ma joueDans un tourbillon d'amourUn soupir de passion

Ta voix chante des mots douxTa peau se fond à la mienneTon coeur batAu rythme du bonheurTes yeux coulentSur mon corps en sueurDans un tourbillon d'amourUn soupir de passion

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Je sens la profonde odeurDe ton parfum enivrantQui pénètre dans mon nezS'infiltre dans mes veinesTu me confies à l'oreilleQue ce moment est éternelDans un tourbillon d'amourUn soupir de passion

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Dans ma bulleToi seul pourras entrerTu seras funambuleSur le fil de ma pensée

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Marie-ClaudeDaigneault

Premier prix • 3ème secondaire

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Ombre

Le vent battant dans ses cheveux flamboyants,Auprès de montagnes aux allures mystérieuses,La tête appuyée contre ses genoux saignants,Elle essaie de se souvenir des heures rieuses.

Sous des ciels indigo parsemés d'odeurs,Elle me regarde de ses grands yeux cachottiers.Sous sa crinière de feu, s'esquivent les peurs,Nous empêchant de puiser sa douleur refoulée.

Un soir, elle fit un rêve prémonitoire.Voyant le ciel miroiter de sa couleur nacrée,L'hypocrisie ne faisant plus partie de l'histoire,

Du haut du faîte, son avenir ombragéNe peut résister à l'échappatoireDe se laisser tomber pour l'éternité.

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Le fossé

Dans l'antre mystérieux du crépuscule,Ton esprit discerne une plainte impétueuse.Perdue dans le lointain d'une péninsuleÀ l'orée d'une forêt obscure et luxueuse,

Une silhouette gémissante gisaitAu creux d'un fossé glacial et fastidieux.En dépit de l'abandon dont elle souffrait,L'hardiesse prit le dessus de ses yeux.

De son visage farouche, empreint d'une détresse,Elle regarde son ancienne prison d'un oeil perçant,Rompant le silence d'un cri strident à son adresse.

Sous un ciel azur, rempli de points scintillants,Elle rendit son dernier soupir dans l'allégresse,Qui fit de sa vie un intense désagrément.

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Duel

Seule et sans défense, je pleure en silence.Seule et sans pitié, je crie mon innocence.Une atroce solitude s'empare de moi,Sans me crier garde, elle ne me laisse aucun choix.

Auprès de la falaise, la mort me fascine.Mon instinct distingue un danger insurmontable.Son odeur m'attire mais mon âme s'échine.Il m'invite à m'abreuver dans un puits de sable.

Puis le doute scintilla avec acharnement.Une pensée abandonnique vint insipide.Elle insinua un t.emps de grand changement.

La vie m'offrait de guérir mon visage livide.Mais déjà loin, la mort m'emporta lentement;Décidant de m'abstenir de cette eau limpide.

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Douleur

Dans le tremblement d'une atroce souffrance,Mon âme dépérit de cette insistance.Une douleur qui me semblait passagèreVenait maintenant d'une source étrangère.

Un silence déchirant transperce mon coeur,Une solitude irraisonnée se fait entendre,Sur les traces de mon étouffante chaleur,Les visages se ressemblent, à s'y m'éprendre.

Une pluie fine éteignit mon courage audacieux.Une lumiere m'aveugla au lieu d'éclairer,Balayant le moindre soupçon de liberté.

N'osant plus affronter les jeux dangereux,Étant sûre de réprimandes exaspérantes,Je me couchai sur cette vie désespérante.

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L'ennemi

Sur ton visage chagriné, des larmes saléesBrûlent sur tes joues comme la froideur hivernale.Tu regardes autour de toi de tes yeux hébétés.Tu pleures ton silence devenu infernal.

Devant toi, se dresse un sourire angélique,Qui t'observe de son oeil vif et colérique.Il te tend la main d'un clignement amical,Mais tu refuses de percevoir son signal.

De tes orellles fines, de ton regard malicieux,Ta ruse taquineuse attend son ennemi,À demi dans la pénombre de son jeu.

Il décide enfin de montrer l'hypocrisie,Qui se cachait en lui dans les moments tenébreuxQui baignaient dans son âme à moitié endormie.

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Marilise DupontMention • 3ème secondaire

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Mari-Cécile

Amour de porcelaineGrand-mère joyeuseFleur de verveinePetite-fille heureuse

Taureau de signeTel un porte-bonheurSoleil en ligneAmazone de coeur

D'avril à maiPetits oiseaux virevoltentCour enchantéeGraines de pain au solCouleur blé ou neigeCheveux veloutésBerçant sur le siègeCartes envoûtées

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Désir de crème glacéePetits plats exquisTous alléchésGourmandise sourit

Oeil enjoueurFétiche de pingouinÀ l'endroit du coeurConservé avec soin

Fière, je porte son nomCécile Marilise Dupont

P.S. J'ai écrit ce poème pour le 80e anniversaire dema grand-mère.

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Vers comme la mer

Jeter l'encre sur ma feuille comme dans l'eauFaire naviguer mes phrases comme un simple bateauÉcouter toutes mes idées comme un vieux capitaineEntendre mes désirs comme la mer sereineSurveiller chaque mot comme une île rareLaisser flotter mes pensées comme un nénupharPerdre [a tête comme ils le font pour le nordDécouvrir mon poème comme un précieux trésorRiches seront mes lignes comme cet équipageIls seront heureux et moi je tourne la page

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Manipulée

Entre des images saccadées, je te voisFous-moi la paix, tu me mets hors de moiJe pleure, crie et hurle: «Fiche le camp»Tu m'harcèles sans cesse en dedansT'agrippes mon coeur sans le prendreArrache-le donc que je tombe en cendreJe suffoque, ça m'épuise toujoursCesse ceci, ça ne rime pas avec amourFais de l'air que je respire un peuVoyons l'asphyxie, ce n'est pas un jeuJe n'en peux plus moi, arrêteTu crois que je suis ta conquête?Ha non, tu te trompes, je suis futéeTu m'aimes, tu as besoin de mon doigtéGrâce à moi, tu étends tes ravagesEt sans moi, t'es rayé de la pageChaque fois, tu te manifestes violemmentJe n'ai aucun choix, j'obéis solennellementPourquoi tu me mets dans tous mes états?Je me laisse aller et voilà le résultatCe poème créé par ton emprise

Page 57: COLLECTION LA POÉSIE À L'ÉCOLE

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Toi, l'imagination surpriseRegarde ce que tu m'as fait endurerÉmotions fortes à ne plus s'imaginerT'as pas de coeur et tu ronges le mienMaintenant on freine, fini cet entrainEnfin je pourrai aller me reposerJusqu'à ce que tu te repointes le nez

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Dave RichardMention • 3ème secondaire

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Sans servitude

Je voudrais voir le crépusculeSoleil se couchant sur les dunesD'un désert de poussières d'orOù l'horizon n'est qu'illusion

Je rêve de voir un jour de plaineEnfants courant parmi les herbesDe champs immenses et perpétuelsOù l'horizon semble éternel

Je rêve d'entendre la complainteTriste hymne chanté par la merQui pleure aux marins embarquésQue l'horizon est éloigné

Je rêve d'entendre le cri d'un pôlePhoque fier chantant sur sa banquiseAu ciel brumeux et constelléQue l'horizon est louangé

Page 60: COLLECTION LA POÉSIE À L'ÉCOLE

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Je souhaiterais être libre enfinHomme affranchi de servitudeS'enfuyant au rytme du ventVers l'horizon et ses beautés...

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L'Odeur De Novembre

Dans la tumulte d'OctobreSur les hauteurs du pontElle traînait son ombreAussi lourde que son blouson.La lune éclairait ses jouesMouillées par sa peineElle avait fermement décidéD'en finir avec sa haine

Son coeur ne voulait plus battreSon âme ne pouvait plus vivreComme une vieille feuille d'OctobreElle se laissa tomberComme une larme trop lourdeElle rejoignit les flotsPlongeant dans l'onde agitéeDes eaux sombres et glacées

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Pas un mot ni un gesteElle n'avait rien laisséNi lettre ni cassetteQue des pleurs affolésComme à la barre des accusésOn cherchait des coupablesLe geste qui l'avait blesséeCe qui lui avait fait mal

Enterrée en NovembreSur sa tombe fut écritEn grosses lettres sculptéesÂme douce et désespéréeOn déposa sous les motsDes jonquilles et des rosesQui donnèrent à NovembreUne odeur belle et tendre

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Sara ProvencherRetenue pour publication • 3ème secondaire

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Rêve

Toi qui m'as délaisséeSans rien dire je me suis éloignéeDans la tristesse de la pénombreNos souvenirs se sont calcinés

Seulement pour essayerHistoire de t'oublierJe me suis laissé ramasserPar un autre regard passionné

Il m'a révélé son amourSous un moment de méprisMais par la chaleur de son corpsJe me suis réveillée

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Karine RichardRetenue pour publication • 3ème secondaire

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L'homme en peine

DégringoladeDe l'âme qui fuitL'immense tornadeDu tourbillon de la vie

BousculadeDu temps qui courtVers l'embuscadeDu compte à rebours

EscapadeDe courte duréeFuyant l'escaladeD'un mur trop élevé

SérénadePour l'homme en peineQui était maladeJusque dans ses veines

Page 67: COLLECTION LA POÉSIE À L'ÉCOLE

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Éclaircie

Lumière éphémèreD'une chandelle qui meurtPar la faute d'un vent meurtrierTuant la moindre lueur.

Après une longue nuit,Le soleil revientFaisant sombrer dans l'oubliLe feu qui s'était éteint

Nuage nonchalantAssombrissant le cielPar son corps impressionnant,Engloutissant le soleil

Retour soudain de la lumièreQui s'étale sans frontièreAu crépuscule du jourQue l'obscurité avait tu.

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Introspection

Au fond de ma mémoireCachées, oubliéesSombraient des idées noiresTout simplement abandonnées

Dans mon cerveau engourdiElles voguaient, inertesPerdues, inassouviesDans mes pensées entrouvertes.

Fenêtres sur mes réflexions antérieuresEnvoûtantes, lyriquesMais parfois bourrées de terreurObsédantes, hystériques.

Invoquant une blessure éminenteUne plaie, balayée par la souffrancePar des bourrasques de haine, violentesOù déferle une pluie de démence.

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Prisonnières de mon silenceDe ma peine, mon impuissance,Elles tentent l'impossible pour s'échapperDe ma vie, de mes pensées.

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Valérie GuérinPremier prix • 4ème secondaire

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Larmes de sang de mon coeur fendu

Mon bal n'est plus romanesqueMon cavalier m'a abandonné.La douce mélodie qu'il m'a laisséeMe fait centenaire dans ce lit de roses.

Sa guerre lui fait facePartie aux champs ma belle liberté.

Il ne fécondait pas l'éternité, avec moiIl ne trouvait plus sa ténacité, en moiIl était lumière de mes nuits, les bruits de mon silence.Il me complétait, effaçait la noirceur de ma lune.

Une nuit mon âme frappa la tempête finaleDans cette mer inconnueOù hantent les souvenirs,Qui fit sombrer mon coeur au tourbillon des cieux.

Ma danse m'amènera peut-être à ouvrir mes ailesEt réussir à voler vers la beauté aurore.Je voudrais amener mon partenaire des vents célestes.

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Ciel noir à la brume de cristal

Le soleil ne se réveilla pasLe loup commença sa danse

C'est au désert qu'il butC'est sur la mer qu'il marchaC'est sur la terre qu'il flottaC'est dans le ciel qu'il s'enfonça

La lune s'est perdueLe loup hurla le vide

C'est du desert qu'il réveilla les scaphandresC'est de la mer qu'il ébranla les tombeauxC'est sur la terre que les nuages prirent placeC'est du ciel que s'écoulèrent les grains de sable

L'étoile présente au ciel obscurGuida le loup aux griffes de la pyramide de feu

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Obsessions causées par l'obsédé

Sans défenseelle se laissa marquer de cette vérité

Avec menaceelle l'enveloppa dans du velours muet

Sous le charmeelle succomba au supplice du mal

Sur les toitselle entendit résonner les rires des moutons

Avec échoelle se retourne vers le champ d'horizon

Sans paroleselle court la liberté

Sur les valléeselle s'élancera sur le dos de l'oiseau bleu

Sous l'étoile du Nilelle coulera les larmes maudites

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C'était avant

Cette larme couléeCes moments du passéMes yeux sont voilésCes images envolées

Son sourire oubliéCette soirée enflammée

Ces lèvres mouillées Nos bouches enlacées

Cette couverture déplacéeDe nos gestes brusquésNos corps bousculésNos cris refoulés

Notre belle romanceNotre plaisir immense

La sagesse Notre plus grande faiblesse

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Passion indéfinieD'un écho éternelJe te crierai: je taime.

AimerD'un champ emmargueritéJe te soufflerai les pétales de la folie.

Amour animalGriffe-moi doucementMords-moi tendrementJe t'aime follement.

AmoureuxOn ne se séparera qu'au bout de l'océan.De cette chute je glisserai sur la lune.D'un saut tu t'agripperas au soleil.Peut-être nous reverrons-nous par une éclipse

qui sera des plus tolale.

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Geneviève MoreauMention • 4ème secondaire

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Mon amour

De tes yeux verts,Et de ton sourire mystérieux,Se cache un être humainPurement désert et courageux.

Tu es racine de mes jours grisTu me fascines lors des jours de pluie.

Tu es lueur des orages,Dans un ciel orangé,Dans un immenseCarnavérageTu restes toujours comme un vieux sage.

De ta montagne élevéeTu vois le monde s'éleverPour toi, et de ta douceVoixQui te dit de ne pas crier.

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En d'autres mots,C'est toi le roi de mon coeur,Car tu es le seul à posséderLa clé de mon bonheur...

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L'intrigue

Tu ne sais te déciderTu es indécise et ébouriffée.

Le temps avance dans la lune lugubreDe ce temps pluvieux,Et tu ne comprends pas ce temps impérieux.Tout au fond de toi, ton âme et tespensées sont vertigineuses et accablées dechicots.

L'atmosphère est dans tes veines,Mais pauvre toi, tu es prise entre deux temps.Tu es reine,Mais seul le temps peut tout effacer

dans un immense vent.

Tu ne sais que faire,Entre l'intrigue et le désespoir,Tu ne peux respirer l'air du pouvoir.

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L'atmosphère tourbillonne dans ta tête,Tu es l'être le plus bacille.Entre la vie et la mort monotoneTu ne peux réfléchir entre ces deux torpeurs.

Mais, grâce à ton intelligenceTu as su choisir la bonne solution.Tu as décidé de vivre, de ton plein gré, d'innocenceEt tu as su donner la bonne réflexion...

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Ta mélancolie profonde

De ta désinvolture inaudibleTu restes la cibleDe tous les regards ironiques,Pour toi, tout est pacifique.

Tu es fragile et astucieuseComme le printemps qui s'éveilleDe la torpeur, de la lumière,Tu cries ta nostalgie fricoleuseAvec tant de merveille.

Tu es modeste,Car tu as tant de victoires,Mais tu détestes le pouvoir.

Depuis l'accrochage que tu as subitrès rapidement,

Tout a fini péniblement.Tu es dans un immense silence pour la vie,Et tu es paralysée à ta chaise roulante.La frénésie t'a engloutie,Tu n'as aucun espoir enivrant.

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De ta détresse totale,Tu ne peux survivre.De ton incident fatal,Tu ne peux plus vivre.

Tu t'es reprise en main,Mais lorsque tu t'es réveilléeTu étais à l'âge des rides du lendemain,Mais il était trop tard car ton coeurN'a pas su survivreEt t'a laissée tomber.

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Toi

Toi, si seul dans cette nature intenseTu te laisses envahirPar cette nuit immense,Tu te laisses embarrasser par cette peine

à n'en plus finir.

Dans ton gouffre fatalTu es la moiteur de tes rêves traqueurs.Toi, dans ton univers de remords,Tu es soleil des jours hivernaux,Ta vie est en désaccord.

Toi qui pleures en silence,Toi qui es la cible de l'indifférenceTa nostalgie est sans pitié.Et non pardonnée.

Tu es la nuit torrideComme de vieilles ridesTu es le désespoirEt personne ne veut te croire.

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Tu es monotoneEt encore moins autonome.Les gens comme toi sont mutilésEt estomaqués sans pitié.

Tu n'aurais pas dû donnerTant de chagrinÀ cette pauvre enfant horrifiéeEt abandonnée.

Maintenant, tes remordsSont effacés de ton coeur.Mais pense à cette petite filleDont tu as blessé coeur et âme.

Maintenant, tu es emprisonnéAvec tous ces traqueursEt le mal que tu as su faireNe te sera jamais pardonné.Et ta fille ne te le pardonneraJamais même si elle n'estPlus de ce monde peiné...

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Un soir de pluie

Un soir tranquille,Dans l'amertume de tes pensées profondes,Tu te laisses morfondrePar ce plaisir des îles.

Un orage violentTe laisse indifférentAu gré de si beaux ventsDe ce village ardent.

Une source coulePour t'enrichirMais tu veux en finir.

Sous un ciel battant,De tes yeux éclatants,Tu te laisses vibrerPar l'orage si mystérieuxQui en toi fait le bonheur de ta liberté.

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Une larme au coinDe ton oeil passifTu laisses derrièreUn regard vif.

Un cheval blancT'a montré la sortie.Mais de ton cerveau violentTu n'as pas pu survivre à la vie...

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Andrée AllardMention • 4ème secondaire

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La loi ?

Une larme de verreUn coeur de pierreUne âme de brumeUne mer qui brûleUn cri muetUn soleil violetUn aigle enchaînéUn ciel ensanglantéMais où est la loi?Celle qui interdit tout ca?

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Isabelle BussièreMention • 4ème secondaire

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Seule

Lorsque c'est le moment de partirOn ne doit pas se retourner;La peine ne fait que s'aggraverPour nous laisser plus de souvenirs.

C'est sûrement ce qu'il a penséCar subitement, il est partiSans qu'elle ait la chance de lui parlerDe ce qu'ensemble, ils avaient bâti.

On n'appelle pas ça partir en gloire,Il l'a quittée sans dire au revoir,Sans même lui donner l'espoirQu'elle pourrait peut-être le revoir.

Depuis lors, elle ne fait que pleurerLa lourde peine qu'il lui a infligée.Elle se sent seule et abandonnéeJamais elle ne pourra l'oublier.

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Aujourd'hui, elle ne peut que penserÀ ces moments passés avec lui.Mais pour elle, ce n'est pas assezElle a besoin de lui dans sa vie.

Sa vie ne faisait que commencer,Il l'aidait à tracer son chemin.Maintenant, elle doit se débrouillerPour bien orienter son lendemain.

On n'appelle pas ça partir en gloire,Il l'a quittée sans crier gare,Sans prendre le temps de lui faire savoirQu'il l'attendrait quelque part.

Depuis lors, elle n'a que du chagrin.De lui, elle se sent beaucoup trop loin.Il est dans ce pays lointainOù tout est paisible et serein.

Son âme s'est laissé emporter.Il s'est abandonné dans ses brasPour toujours, ça va lui manquer,Plus jamais, elle ne lui dira: «PAPA».

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Jean-François CantinMention • 4ème secondaire

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La page

Seul devant ma page,Je sens en moi la source,Mes yeux se cristallisent,Les perles tombent sur mes joues,Glissent, meurent,Sur mes lèvres tremblantes...

... Tant de fois ai-je vu ton regard,Mystérieux, impercevable,Tant de jours l'ai-je oublié,Inconscient, intenable,Mais la page, elle,Reste blanche...

... Tant de fois ai-je vu tes cheveux,Doux, légers,Tant de jours les ai-je enviés,Intouchables, colorés,Mais la page, elle,Reste blanche...

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... Tant de fois ai-je vu tes lèvres,Invitantes, rosées,Tant de jours les ai-je désirées,Absentes, salées,Mais la page, elle,Reste blanche...

... Seul, devant ma page,La source en moi s'est éteinte,Mes yeux se sont asséchés,Ma page est blanche,Tu ne m'as pas laissé le temps,La chance de la noircir...

Ma page est blanche,Blanche cuivrée,Par le temps passé,Telle la rose oubliée,J'ai le mal de sourire,Le mal d'aimer,Je ne puis t'oublier...

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... La page, dois-je la tourner,La page, ne puis-je la tourner,Elle est trop lourde,Trop incrustée,Ma vie y est,Ma vie y reste...

Je t'aimais... je t'aime...Mais la page, blanche, est restée...

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Valérie VilleneuveRetenue pour publication • 4ème secondaire

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Cet homme

N'eut été ce parfum qui traînait dans l'airRien ne m'aurait fait lever les yeux

Pourtant il était làDebout devant moiLe regard dur et froid

Je ne voulais pas le voirJe ne voulais pas y croire

J'aurais voulu m'enfuirCourir comme un cheval sauvageJusqu'à en prendre haleine

Il était toujours là

Au revoir, ai-je cru entendreJe ne t'oublierai pas tu sais

Mais il était trop tardJe m'étais retournéeEt j'avais de nouveauLes yeux baissés

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L'autre

Une autre nuit commenceSans que tu sois à mes côtésPourtant je sais d'avanceQue c'est à toi que je rêverai

Quand les lumières se fermentQuand les étoiles s'allumentMoi je pense à toiM'imaginant que tu es là

Je rêve du jour où je m'endormiraiEn écoutant les battements de ton coeurComme une enfant entre tes brasJe me laisserais bercer doucement

Pourtant à mon réveilJe suis encore seuleTu as disparuOù, je ne l'ai jamais su

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J'ouvre les yeuxL'autre est làOù tu devrais être toiJe me rendorsPour que tu existes quelque part

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Annie ArsenaultRetenue pour publication • 4ème secondaire

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Terre d'amour

La terre est d'amourD'amour sont les hommesQui la nourrissent et la chérissentDe mille et un labours

Veine est la rivièreQui sillonne notre champFille des hommesMère d'enfants réjouis

La vie, elle donneLe monde, elle créeCar, voyez-vousL'éternité pousseEn cette sainte terre.

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Éric FaucherRetenu pour publication • 4ème secondaire

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Devenir

On dirait que je coursChaque nuit, chaque jourContournant les détoursJe suis même plus lourd

On dirait que la prodigalité des jardinsSe noie davantage sous l'atténuante pluie.L'environnement prochain est

authentiquement détruitPar ce que l'on dit être la raison de la faim.

Que devrait insinuer l'autre réalitéDire, du passage corporel, sa beautéEn oubliant de reconnaître les apparencesQui insatisfont nos lasses différences.

Indignant cet égard qui me hanteJe me veux juste une fois, égaléÀ toute cette constante et dure réalitéQui n'est, en soi, qu'une image latente.

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Marie-Noël HénaultRetenue pour publication • 4ème secondaire

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L'inconnu

Fils ultime de l'eau et de la graineComme une herbe mauvaise subitement il a grandiEt lorsqu'enfin il fut mûrIl ne cherchait que les bras de sa mère

Jamais en lui la vie ne fut révéléeJamais ses entrailles ne furent déchiffréesPuisque sa triste présenceN'est pour les gens qu'indifférence

Il aime la vie mais celle-ci le mépriseLe Bon Dieu l'a fait mouton noirLui le naïf de la Terre

Même si son corps debout se tientSon tendre coeur est demeuré crocheSa pénible vie n'est que problèmeEt lorsque ceux-ci surgissentTous cherchent sans jamais trouver

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En lui est gravé un amour secretQue jamais personne ne décèleraLa personne qu'il a choisie d'aimerEst ancrée dans son coeur à tout jamais

Moi j'ai décidé de l'aimerChoisi de lui donner sa chanceCelle que la vie aurait dû lui laisserPourquoi nuls ne lui ont jamais dit: «Je t'aime».Pourquoi?...

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Maude Roux-PrattePremier prix • 5ème secondaire

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Réaction d'un vivant

Je me réfugieEn danger de vieD'un regard absentNe me jugeantQue dans mon imaginaireSournois, austère

Mes pensées jouentEntre ellesÀ mes dépensComme une fausse traîtriseÀ une âme éteinteOmniprésente dans le coeurDes vivants

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Pause

Des murmures se fondentEn un délire sonoreImpersonnel

Tandis que l'ombreDe ma main, indomptableDanseSur une bribe de soleil

Je baptise, soigneusementLa formeQui de mes doigts existeProjetée telle une tacheSur cette lumière, héroïneQui sans ce geste enfantinDemeurerait docilement invertébrée

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Jeter l'encreAmèrementPour égaler de motsL'émotion préciseDe l'instantPassé

Succion de l'espaceTroubleEntre la langueEt mon âmeEbouriffée

Relayer l'inconfortD'une pointe sombre;Scalpel dominéÀ l'absolu blancheurDe la pâteLisse et tendreFroissable dans son immunité

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Elle ne m'en voudraQu'à travers l'obssessionDe mon pessimisme, colère;Lame sadiqueQui la transperceEt m'atteintDerrière son insensibilité

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Observation

On se croiraitDans un aquariumPoissons gobant l'airQu'on nous catapulte

Des doigts s'écrasentDans la baie vitréeJe m'approche en éclaireur;Préposée a la vibrationDe l'eau, soumise

De petites voix aiguësPercutent notre frontière vitaleDeux cratères miniaturesSe plissentDerrière leur mire grossissantePour de là-haut s'écrierL'intolérable

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L'adulte, savantSe refuse bien d'envisagerNos couleursAutrement qu'une pâle imitationDes leurs

Ignorent-ilsQu'en fait ce sont euxQui autour de nousBarbottent?

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Brume

Les nuits passent inaperçuesComme une crevasse sans profondeurLes contrastes s'égalentComme si la lune reniait ma terre

Le réveil n'est qu'illusionLa noirceur ne m'aveugle plus:Une chandelle veille en permanenceSur mon sommeil endormi

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Michel CôtéMention • 5ème secondaire

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La résurrection d'un fou

I

J'ai navigué sur des mers furieusesDont l'astre rouge inonde l'horizonTel un réverbère noyant la ruelle silencieuseDe son clair-obscur blond

J'ai échoué sur les rivages hideuxD'une péninsule vieillieOù le bleu du ciel et celuiDe la mer se confondent peu à peu

Là, j'ai vu ce que l'homme n'a pas voulu croireJ'ai vu l'aube pâle dans la baie gigantesqueJe n'ai point permis à mon coeur, le soirDe traîner en ces berges soldatesques

II

J'ai senti les vents chastes souffler sur la grèveJe les ai suivis et ils m'ont entraînéDevant le mystère céleste où j'ai regardéD'âpres hommes plonger dans le rêve

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J'ai imaginé des songes effroyablesJ'ai converti l'athée, j'ai dansé avec la MortJ'ai rêvé de ce jour ô bel astre d'orDe vous avouer mon amour mais j'en fus incapable

J'ai découvert des trésors, j'ai succombé auxcharmesJ'ai couru comme un païen à travers les AgesJ'ai séché mes pleurs et tari mes larmesAu pays de mon enfance je revois son visage

III

J'ai parcouru la vie de par ses terresComme en témoignent les sillages de mon frontJe m'y suis trop attardé, et la merDe ses vagues fauves a noyé mes saisons

J'ai abreuvé de larmes navrantesLe cours des rivières asséchéesEt lavé de ces pluies attristantesLa souillure de mon passé

J'ai traîné aux bornes de l'imaginaireJ'ai vu l'Infini, j'ai palpé le divin ArchangeJe lui ai offert mon âme, fantôme solitaire

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Puis Il m'a tendu la main et appelé Ange

IV

Ce soir-là, étendu dans les bromesSous un ciel parsemé de braiseImmergeant le littoral tel un volcan ignivomeJe restai dans la solitude de l'edelweiss

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La dernière complainte

La vie m'est abjecte et amèreComme la pâleur d'une luneComme un sel échoué de la merSur les lèvres vermeilles d'uneFille au visage angélique et aux yeux d'émeraudeEt tout autour de mon corpsEt la douleur et la peine dans le silence qui dortJe les sens tout prêts qui maraudent

Le vent balaie mes cheveux blanchisPar les longues croisades en mer- C'est qu'un phare dans la nuitS'est éteint, laissant les récifs patibulairesÉventrer ma coque et noyer mon équipageEt sous un ciel criblé d'étoilesTel une statue sculptée à même le cristalJe restai ainsi qu'un impassible visage

Les noirs soleils ont de leurs rayons narquoisEt fouetté mon visage et crevé mes yeuxSur les falaises aux monts rocailleuxJe les vois qui descendent encore parfois

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Et la douleur dévalant des sommetsA dans mon coeur pénétréEt j'expirai devant ton portraitDe sang éclaboussé...

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L'enfant des cathédrales

En des lieux plus saints qu'un GraalComme un voilier tanguant sur l'ondeIl s'en allait d'une voix profondePercer le silence aphasique des cathédrales

Son chant plus vrai qu'un lointain échoDrainé d'une volupté acerbePuisant son inspiration superbeDe la lumière tamisée des vitraux

J'aime à entendre le choeur des églisesDe qui, comme d'un cru réputé, mon corps se griseUn choeur mystique et puissant

Portant à la foule en ces lieux assembléeComme les paroles d'un prophète, un semblantD'espoir et un goût de liberté

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Mer

I

S'étend entre le crépuscule et l'auroreGardée des étoiles la blanche nuitMais ce soir je ne puisCaresser vos cheveux d'orNoire

C'est qu'un mal terrible et inconnuFrappe sur ma poitrinePlus fort qu'une angineTel un amour que l'on a perduUn soir

Jeune demoiselle, douce comme la soiePlus pâle que la neigeJe t'aime? Qu'en sais-je?Mon coeur se givre de ne pasSavoir

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II

L'amour vint entre le crépuscule et l'auroreDans un grand déploiement de tambourFrappé sur mon coeur de troubadourComme une brise sur vos cheveux d'orNoire

Et toujours ce mal terrible et inconnuFrappant sur ma poitrinePlus fort qu'une angineTel un regard posé vers l'étendueD'un soir

Frêle inconnue, au puissant regard bleutéPlus envoûtant qu'un sortilègeJe t'aime? Qu'en sais-je?Mon coeur se gerce d'avoir aiméSans savoir

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III

S'éteint entre le crépuscule et l'auroreGardée des étoiles l'ardente nuitCar ce soir je ne puisCaresser vos cheveux d'orNoire

C'est ce mal terrible et inconnuNoyant mon coeur dans l'éternel azur-Écumes amères de l'implacable usure-Alors que je crus retrouver cet amour perduUn soir

Belle demoiselle, d'une beauté dont on ne se lassePeintre de mes saisonsDentellière de mes passionsMon coeur est mort, hélas,Sans savoir...

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Les yeux de mer

Ils portent en eux tout l'éclat du soleilEt la fougue d'une tempête réfractaireFontaine de larmes au goût amerS'écoulant jusqu'aux recoins de lèvres vermeilles

Fardés de poussière d'or et de diamantIl est de ces regards mystiquesPlus vifs plus clairs et plus brillantsQue le soleil des tropiques

Je sais des yeux plus bleus qu'un ciel de ProvenceEt des larmes plus douces que la délicate fragranceD'une fleur polynésienne

Je sais un regard diaphaneComme une pluie dans la nuit africaineEnivrant comme la beaute des musulmanes

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Élisabeth GrenierMention • 5ème secondaire

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Amour de Printemps

Bourgeons impétueux éclatant au soleilDans la fougue d'un feu ardent de véritéIls rêvent, naïfs, à l'amour.

Ils frémissent de passion dès le premier contactLa sève pétille, elle danse, elle craqueEt les bourgeons, naïfs, rêvent à l'amour.

Ils flirtent avec les oiseaux, les papillons, lesfleursAvec un sourire dégageant la fraîcheurIls découvrent peu à peu le bonheur.

Et quand, malgré tout, ils ont peurIls confient aux nuages leurs coeurs brisésPour diluer sous la pluie les pleurs cachés...

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Oiseau

O, bel Oiseau,Flottent dans l'air tes notes,Bat ton coeur la mesure,Retenant à ses artèresTes plumes d 'arc-en-cielQui suivent le rythme.

Toi, Oiseau,Au soleil tu brillesInspirant les poètesPar tes ballades éternelles,Ta liberté sans cage,Ton voltige avec le vent.

Siffle petitTu règnes sur le mondeEt même si, par les jours tristesTu voudrais ne plus voir,Si triste sois-tu,Siffle, vole.

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Du temps des quatre lunes

Nous sommes les anges déchusD'une époque radieuse,D'une ère lointaineOù amoureux, rêveursDanseurs, magiciens,Acrobates et géniesVivaient pour créer,Et créaient pour vivre.L'azur pourpréOrné de quatre lunesÉgayait doucementNos soirées de banquet.Et les oiseaux, par milliers,Guidaient nos chants divins.Les fleurs dans nos yeuxNe se fanaient jamais;Éveillés comme des enfants fous,Nous rêvions à la Vi e.Nous étions, oh, si bien,Avant d'être tombés...Transpiraient Fraîcheur,Musique et Poésie;

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Régnaient Chaleur,Ivresse et Folie.

Mais, nous voilà,Tristes anges déchus,Las des malheursQu'on ne sait supporter,Pleurons en choeurEn souvenir des ailesQu'on nous a jadis arrachées.

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Conte sans princesse

Un chevalierSorti tout droit du Moyen ÂgePortait, inquiet mais fier,Une épée.

Il traversaitÀ grandes chevauchéesLes bois immenses de la contrée,Tristement.

Il erraitDéçu par ses rêves brisésIl cherchait quelconque aventurePour le griser.

Un jour,Alors qu'il allait abandonner,Un être étrange vint lier conversationAvec lui.

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Ce gnômePour le consoler de sa peineLui offrit pipe et rafraîchissementsSans façon.

Cette amitiéFut preuve que sa quêteN'était point inutileMalgré tout.

ChevalierSongeur, verre levé au ciel:

«Que cette vie me paraît belle, Je suis...!»

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Rage Rouge

Le soleil est rouge ce soirComme le breuvage sacréQue tu te forces à ingurgiterQui te brûle la gorgeEt bouillonne dans ton sang

Le soleil est rouge ce soirCherchant à sortir vainqueurDe son combat contre les heuresIl veut régner sur la nuitAssécher toute forme de vie

Et toi, tu le regardesEt tu ris(Ton sang qui pétille)Et... tu pleures,Sachant très bienQue toi aussiTu sors perdant

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De cette lutte continuelleContre le tempsRage rouge,Rouge rage.Vivement l'ivressePour oublier le temps, le soleilSa détresse.

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Geneviève TurgeonMention • 5ème secondaire

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Lestat

Mon AmourMon Inespéré,Mon passionné Troubadour,Mon désir inavoué.

Ton sourire, ta voix rauque,Ton regard enjôleur,Mon Prince et mon Hôte,Mon immortel Voleur.

Mon Poète ténébreux,Ma raison de vivre,Quand tu fermes les yeux,Quand dans tes bras, je m'enivre...

Du jardin sauvageDans la nuit j'attendraiD'entrevoir ton mirage,Mon Éternel, mon Aimé.

Page 137: COLLECTION LA POÉSIE À L'ÉCOLE

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Quand la cité brilleSous les feux du soleil,De chagrin, je m'habille,En attendant ton réveil.

Mon âme n'aura d'éternel reposQue ma peine assouvie.À jamais je chercherai les motsPour apaiser mes cris.

Au matin, le chant d'un oiseau blessé,J'erre dans l'ombre du jourAvec le souvenir d'un dernier baiserLestat, mon Amour...

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L'amour

Comme un dernier soupirDoucement fait faiblir

Il s'accroche à l'homme:Où il ira, il le talonne.

Le nourrissant de fantasmes oubliés,Il fait souvent souffrir l'être aimé.

Se nourrir d'amour et d'eau fraîche,Ne pas avoir froid quand il neige.

Il ne faut pas vivre de rêves trop vraisLorsque l'amour se conjugue à l'imparfait.

Quand l'espoir chavire,Quand coule le navire,

Se laisser aller aux tourments,Laisser le chagrin devenir obsédant.

Loin des yeux, loin du coeur,On ne croit plus au bonheur.

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Avoir mal plus que tout,Pour un amour que l'on croyait sincère, surtout.

Comme un dernier soupirSe laisser doucement mourir...

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Adieu

J'ai envie de mourir.Ça vous étonne?J'ai perdu le goût de vivre.Avouez que ça ne fait pleurer personne.

J'ai la folie dans le coeur,Un jour de pluie au fond des yeux,Et j'entends la comptine des heuresQui fait chanter les malheureux.

Dites-moi combien de mots m'ont fait malEt je vous dirai à quoi ressemble la mort.Un amour de trop, et c'est fatal.Il y a des jours où je voudrais avoir tort...

J'ai mal, je vous le dirai encore.Partir est une douce idée.Éloigner la vision du fardeau qu'est ce corps,Prenez ma main, ne me laissez pas tomber.

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Enfin, je voudrais vous laisserEn mémoire, un sourire;Mais je vous en prie, oubliezQue je n'ai fait que mourir...

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Poète mon ami

Poète sans motsN'est-ce pas là que sottises?Puisses-tu ainsi feindre la hantiseQui te fait mourir à nouveau!

S'il existe un chagrinSemblable à la mort désolée,Inséparable à cette voluptéQui t'habite en chemin.

S'il existe un amourQui tremble sous ta plume indifférente,Rend fébrile le désir qui te hante,T'enivre de nostalgie un peu plus chaque jour...

Immortel, n'est-ce pas là que mensonges?Insensible tourment?Toi l'esclave, toi l'enfant,Toi qui soupires en songe.

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Poète, mon ami,Habite mes mots, guide ma plume ce soir,Laisse-moi regarder au delà du miroir.Raconte-moi encore la Vie.

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Marie-Andrée LeducMention • 5ème secondaire

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Le Poète

Ils ont ri de luiLentement il s'est effacéSeul sous son arbre, il écritIl joue avec les motsTel un enfant pieds nus dans l'eau

Je le cherche, il me manqueJ'ai besoin de le lireJ'ai besoin de l'entendreJe sais qu'il est là non loinCherchant à écrireCe que personne n'ose dire

Écoutez bien,Tendez l'oreille et vous verrezLe vent nous soufflera ses motsDes mots qui résonneront dans nos oreillesComme l'écho dans la montagne

Écoutez bienIl nous soufflera des mots,Ceux qui unissent le mondeFrancs et doux

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Des mots d'une richesse et d'une forceexemplairesComme en cherchent tous les poètes de la terre

Il est là non loin,Mais je sais très bien que bientôtIl s'en iraNe laissant que pour nous hanterUne partie de ses écrits qui envoûterontPour l'éternité

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Incontrôlable dérision...

Ton visage le jourTon image la nuitTelle est la folie qui me poursuit

Incontrôlable dérisionLes doigts de ton sourireMe chatouillent et me chavirent

Conte de fée ou authentique imaginé réalité

Seul sur la berge j'ai marchéL'horizon je l'ai scrutéMais jamais rien à signaler

Puis tu es venuPetit navire fier et ingénuEn moi tu as tout basculé

Depuis ta venueMa raison n'est plus

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Tout feu tout flamme

Brûle, brûle passion ardenteBrûle-moi jusqu'à la déraison troublanteMon coeur n'est que brumeQui petit à petit se consumeFais de lui une poussière nocturne.

S'il pouvait encore m'apaiser de son reqardMe sentirais-je moins à l'écart?

La flamme de notre amour tranquillement s'éteintL'état de braise n'est pas bien loinFais qu'il redevienne feu brûlantQui à tout jamais sera d'amour enivrant.

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Mélodie

Tourmentée par cette musiqueJe ne peux composerAvec véhémence je cherche

Je cherche son origineQui du bout de ses racinesEst venue m'enivrerSa douceur... Sa délicatesse...Je veux me souvenir pour pouvoir me rappeler

Mon esprit vagabonde entre ces effluves d'imagesRamenant des souvenirs à la surfaceAfin que jamais ils ne s'effacent

Cette mélodie m'a transpercée m'a foudroyéeÀ tout jamais me voilà enchantée

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PhanthavongInthalangson

Retenue pour publication • 5ème secondaire

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Acropole

Ruines de pierresGigantesque manoir d'hierComme tu devais être beauImmensément haut

Mais le temps t'as rongéTu t'es écrouléAujourd'hui tu n'es que caillouxDemain que seras-tu, rien du tout?

En ton ventre,Des souvenirs d'autrefois te hantentChaque parcelle de tes murs, chague briqueMe transporte vers un monde magique

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Sylvain ComeauRetenu pour publication • 5ème secondaire

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Le sens des mots

J'écris le mot «patates»Et je pense aux frites,Aux frites dorées et croustillantesQue faisait ma mèreLorsqu'elle revenait de l'ouvrageEt qu'elle voulait nous dire à sa manièreQu'elle nous aimait.

J'écris le mots «soleil»Et voilà que surgit en moiLa mer où je me suis baignéLe sable fin, les coquillagesEt toutes les merveilles de la plage...

Ces mots et tous les autres que j'écrisFont naître en moi mille et une images,Des souvenirs joyeux ou tristesQui sont emprisonnés dans ma mémoire.

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J'en rature quelques-unsEn ajoute un autre plus joli,Soudain comme par miracleMon écrit devient vivantMes mots deviennent poème.

Les mots que l'on écrit avec amourSont de mystérieux coffres à trésorsQu'il suffit d'entrouvrirPour les entendre raconterLes histoires merveilleuses qui s'y cachent.

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Fantasme sans fin

Je nous imagine dans la rivièreTout près, l'eau frappe les rochersLe courant est aussi fort que notre désirUn désir enflammé, brûlant

L'eau boue.

Une seule idée acharne notre espritJe m'approche, les lèvres entrouvertesJ'effleure ta peau transparente, elle est froideDe mon souffle je la réchauffe,

Tu frissonnes.

J'aperçois une veine qui gonfle à chaque battementElles sont rapides ces pulsationsElles me donnent des palpitationsDes papillons volent au dessus de l'eau

Et dans mon estomac.

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Mon homme cherche sa caverneCelle qui est humide et chaudeTu veux l'accueillir, tu lui tends la mainSa maison est à proximité, il cogne avant d'entrer

Patience...

À l'arrière je me dirigeTout en te touchant du bout des doigts, tourne,Une surface douce et merveilleusePerle au soleil, sûrement due à la fièvre de l'amour

Température?...

De mes mains trempées je tente de l'essuyerImpossible...

Rêve impossible.

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Table des auteurs

Éliane Ste-Marie.................................................................9Jolène Cossette ................................................................ 12Martine St-Pierre ............................................................ 15Catherine Leduc................................................................ 17Mélanie Beaucage .............................................................22Véronique Vallée ...............................................................24Karenne Bédard.................................................................29Mélanie Demers ................................................................32Marie-Claude Cloutier .....................................................37Éliane Ste-Marie...............................................................39Marie-Claude Daigneault.................................................46Marilise Dupont.................................................................52Dave Richard......................................................................58Sara Provencher ...............................................................63Karine Richard...................................................................65Valérie Guérin....................................................................70Geneviève Moreau.............................................................76Andrée Allard....................................................................87Isabelle Bussière..............................................................89Jean-François Cantin.......................................................92Valérie Villeneuve .............................................................96Annie Arsenault ..............................................................100

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Éric Faucher ....................................................................102Marie-Noël Hénault .......................................................104Maude Roux-Pratte ........................................................107Michel Côté ...................................................................... 115Élisabeth Grenier ...........................................................126Geneviève Turgeon .........................................................135Marie-Andrée Leduc......................................................144Phanthavong Inthalangson............................................150Sylvain Comeau................................................................152

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