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GénérationsQUANDLES JUNIORS
FORMENTLES SENIORS
Métiers d'avenir en 2.0DATA CRUNCHER, E-MARKETEUR
OU LINK BUILDER POUR LES LITTÉRAIRES
VIE PROFESSIONNELLE Le break, un pari gagnant
FORMATION | RECRUTEMENT | CARRIÈRERetraite
LE TAUXPLEIN, UOBJECTIF HORSDE
POURLES JEUN
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ALTEN,Top employeur 2013.
Ingénierie et Conseil en Technolog
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Et découvrez ALTEN autrem
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Décerné par le CRF Institute, le label Top Employeursrécompense chaque année les entreprises qui se distinguent
par leurs engagements en termes de politique RH.
Pour la deuxième année consécutive,ALTEN est labellisé Top
employeurs France, grâce, notamment, à son rôle de tremplin
professionnel pour les jeunes diplômés qui représentent 45% des
recrutements et son programme de développement des carrière
Leader européen de l’Ingénierie et du Conseil en Technologies,
le Groupe ALTEN accompagne la stratégie industrielle des plus
grandes entreprises françaises et internationales dans les domain
de l’innovation, de la R&D et des Systèmes d’Information.
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Nus n smms plus sulmnt n cis, mais n mutatin.
L chc d 2008 a masqué d pfnds changmnts liés
au délppmnt ds tchnlgis d l’infmatin t au
iillissmnt démgaphiqu. D juns diplômés l’nt
bin cmpis, qui instissnt ds pfssins nc tp nulls
pu ai un ai nm: «linkbuild» pu ls littéais, «-mak-
tu» dans l cnsil, «wbmast» dans tus ls sctus.
Cs juns patiqunt ds métis aant mêm qu’ils xistnt fml-
lmnt. C’st l cas pu la Data Scinc, dnt ls pspctis laissnt
êu. L’ff d spécialists n Big Data st stimé à 4,4 millins d
psnns dans l mnd d’ici à 2015. Ls infmatinsnuméisés, stc-kés dans ds sus distants intcnnctés (l famux nuag inf-
matiqu baptisé « Clud »), n dmandnt qu’à êt xplités pa ls
ntpiss? Ls junss fnt «Data scintists». Ls éclsélabntds
fmatins n machant.La cmpétnc pécèd la fmatin. C’st ainsi
qu, dans ls ntpiss, als qu l gunmnt cnçit ds cntats
d généatin pu qulssnis sint tutus dsplus juns, c snt
ls junis qui fmnt ls snis!
Mais l st d la plupat ds juns
n’st pas tujus niabl. L maché
d l’mpli, tus sctus cnfndus,
lu fait tujus gis min, au mins
jusqu’à 27 ans. C’st à ct âg sulmnt
qu ls juns Fançais attignnt nn
la stabilité, cmm lus aînés, ac un
taux d’mpli à pès d 80%. Ls juns n quêt d sns xplnt dnc
ds titis histiqumnt us mais étnllmnt dynamiqus
cmm l’écnmi scial, ac l’intntin d mai scial t ntabi-
lité. Ls ntpiss scials snt aujud’hui nmbuss à êt diigés
pa ds tntnais.
C n snt pas ds né-bbs égaés aux mags du maché du taail.
Nés ac ls tchnlgis d l’infmatin (NTIC), ils int ds pspc-
tis issants là ù ls statistiqus bint du ni. L’agicultu, ls
sics à la psnn t mêm l’industi cunt, à lus yux, ds
mplis d’ani, ptés ntammnt pa l’ss d la btisatin. Un
sctu qui dait cé 450000 mplis nt 2010 t 2015, dnt pèsd 100 000 n btisatin industill, sln l cabint Mta Match.
L ministè du taail stim, quant à lui, à 350000 l nmb d céa-
tins d’mplis nt 2010 t 2020, pu épnd aux nuaux b-
sins liés au iillissmnt d la ppulatin.
«Les mutations de la fortune (..) ôtaient la force aux uns pour la com-
muniquer aux autres», éciait Anatl Fanc, Pix Nbl d littéatu
au début du siècl dni. C sa ai n 2014. Mais ls juns qui s’in-
ntnt un méti, décidnt d i lu passin u d fai l tu du
mnd snt ntés dans un dynamiqu du changmnt.Anne RodieR
Ra
AgRicultuRe, seRvicesà lApeRsonne, industRie…lestRentenAiRes,nés
Aveclesntic,voientdespeRspectives floRissAntes
làoùlesstAtistiquesbRoientdunoiR
Président du directoire,directeur de la publication
Louis Dreyfus
Directrice du «Monde»,membre du directoire,
directrice des rédactionsNATALie NouGAyrÈDe
Secrétaire généralede la rédaction
ChrisTiNe LAGeT
Coordination rédactionnelleANNe roDier
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Directeur artistiqueroDoLPh BouTANquoi
EditriceAméLie DuhAmeL
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FabricationALex moNNeT
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ImprimeurseGo, TAVerNy
ILLUSTrATIoNDe CoUverTUre :Nicolas barrome
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Libre à vous d’évoluer…
…avec un Groupqui porte vos ambition
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services et des échanges, tout en restant dèle à ses valeurs. Le Groupe La Poste, c’est aujourd’hui plus de 250 sociétés, rassemb
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3 Edito
6 En bref
26 Innovation Les chercheurs cherchent… leur place
28 Parité 3 leviers d’action en faveur de l’entrepreneuriat féminin
30 Générations Quand les juniors forment les seniors
32 Vie privée-vie professionnelle Une carrière, oui, mais pas à n’importe quel prix
34 Entrepreneuriat Les jeunes dip’ investissent l’économie sociale et solidaire
52 Recrutement La croissance poussive de la cooptation par Internet
54 Risques psychosociaux Travailler plus pour gagner… un burn-out
56 Pension La retraite à taux plein, un objectif hors de prix pour les jeunes
57 Prospective Entretien avec Arnak Dalalyan et Romain Aeberhardt
58 A lire
8 Dossier Métiers d’aveniren2.0
12 Data cruncher, e-marketeur… les e-jobs prennent le pouvoir
14 Le numérique, une nouvelle chance pour les littéraires
16 Les « freelancers» en panne de couverture sociale
18 Le monde du sport en quête de cols blancs
20 ONG recherchent ingénieurs, logisticiens, expérience requise
22 Je travaille dans un secteur qui n’intéresse personne !
24 Entretien avec Marc Gesbert : comment tester un métier
38 Dossier Le pari du break professionnel
38 La tentation de l’international
42 Le marché florissant du conseil aux expatriés
44 Un tour du monde sinon rien !
46 Je plaque tout pour faire de ma passion mon métier
48 Quête du sens au travail, les entreprises s’engagent
50 Le service civique détourné de ses objectifs
sommaire
Supplément au Monde n° 21410 daté du 19 novembre 2013
N i c o l a s
b a r r o m e
f a b i o
v i s c o g l i o s i
s é b a s t i e N
t o u a c h e
s i l i o
d u r t
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La richesse mondiale a augmentéde 68% ces dix dernières années
pour atteindre 241000 milliardsde dollars (178000 milliards d’euros) etle centième de la population le plus for-tuné détient 46% du patrimoine global,montre une étude publiée le 9 octobrepar Credit Suisse.Sans surprise, la Suisse se classe en têteavec un patrimoine moyen par adultede 513000 dollars, devant l’Australie(403000 dollars), la Norvège (380000)et le Luxembourg (315000). Suivent lesEtats-Unis, la Suède, la France, Singapour,
la Belgique et le Danemark avec des patri-
moines moyens situés entre 250000 300000 dollars.
A l’opposé, deux tiers des adultes de planète disposent d’un patrimoine infrieur à 10000 dollars et ne représenteque 3% de la richesse globale.Credit Suisse précise que 98700 pesonnes dans le monde disposent d’unfortune de plus de 50 millions de dolladont plus de la moitié aux Etats-Unis un peu plus d’un quart en Europe. EChine, le nombre de milliardaires eainsi passé en dix annnées d’un à 6précise le rapport (www.credit-suis
com/fr).
A Cuba, le sport«eut» payé
Le gouvernementcubain de Raul Castro vaaugmenter le salaire dessportifs de haut niveau,selon le journal ofcielcubain Granma. Unemesure qui entrera en
vigueur en 2014. Ainsi,un médaillé olympiquegagnera désormais60 dollars par mois(quelque 45 euros), unmédaillé panaméricain50, alors que les membresde l’équipe nationale debase-ball jouant à Cubagagneront 40 dollars,selon le quotidien.
En matière de recrutement,
les stéréotypes ont la vie dure,
avec des traits de personnalité
encore assignés «naturellement»
aux femmes, selon une étude du
Centre d’études et de recherche
sur les qualications (Céreq)
publiée le 9 octobre,
menée pour le compte du Fonds
d’expérimentation pour la
jeunesse, réalisée sur la base
d’entretiens avec des employeurs
(hommes et femmes) de la région
Paca, potentiellement recruteurs
de jeunes titulaires d’un brevet
de technicien supérieur (BTS),
dans divers secteurs d’activité.
«Seulement 2 recruteurs,
sur les 30 rencontrés, considèrent
que le sexe des candidats n’a
eu aucune incidence sur le choix
de la personne effectivement
embauchée», note l’étude.
Mais les autres assignent
tout naturellement certaines
«qualités» à l’homme ou à la
femme («pédagogues, douces,
organisées, moins disponibles»)
Plus classiquement, leur charge
familiale, réelle ou potentielle,
«entrave clairement l’accès
des (jeunes) femmes à certaines
entreprises», note le Céreq.
en bref
Riches-pauvres, version 2013
Stéréotypes de recruteurs
Quels obstaclesà l’emploi?
A la question « Quel est le
principal obstacle que
rencontrent les jeunes dans vot
pays lorsqu’ils cherchent un
emploi à la n de leurs études
les jeunes Français répondent
majoritairement qu’il n’y a pa
d’offres dans leur ville ou leur
région, alors que les Grecs dise
d’abord ne pas trouver d’offre
intéressante en rapport avec
leurs études. Les Français sont
les plus enclins à considérer n
pas avoir «les savoirs ou les
compétences adéquats».
La France, c’estpas le PérouSeulement 13 % des entreprisesaméricaines ayant investien France ont une «perception
positive » du pays, selon unsondage réalisé par la chambre decommerce américaine en Franceet le cabinet de conseil Bain àpartir de 82 réponses recueilliesauprès de sociétés «représentant
plus de 55 000 employés et plusde 40 milliards d’euros de chiffred’affaires», et publié le 15 octobre.A titre de comparaison,
la proportion était de 22% en2012, 56% en 2011 et 46% en 2010.
France
Suède
Royaume-UniAllemagne
Pologne
Espagne
Italie
Grèce
Source : Ramses 2014
Perception chez les jeunes (15-35 ans) des difficultéspour trouver un emploi en 2011, en %
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Il y a des emplois mais ils sonttrès mal rémunérés
Pas d’offre dans la villeou dans la région
Pas les savoirs ou les compétences
Pas d’offres d’emplois intéressantesen rapport avec leurs études Pas au courant des offres
Ne sait pas
Les apprentis enquête de mobilité
Près de 6 apprentis duBTP sur 10 (57%) se disentprêts à changer de régionpour trouver du travail, etprès de la moitié (46,5%)seraient même disposésà partir à l’étranger, selonle Baromètre de la viede l’apprenti, du réseaude l’apprentissagedans le BTP, publié le4 septembre, établi auprèsdes 63000 apprentisdu secteur, du CAP àla formation d’ingénieur.
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Universum:lesdirigeantsidéauxdes jeunes
diplômés
P lus de 34 000 étudiants ont été
interrogés entre décembre 2012
et février 2013, dans le cadre d’un
sondage d’Universum, spécialisé dans
le milieu étudiant, sur leur définition
de l’employeur idéal. Concernant le
classement des dirigeants
charismatiques, les dirigeants d’Apple
recueillent l’unanimité, aussi bien
chez les futurs ingénieurs des
universités
3 300 eurossinon rienLe distributeur Lidl Suisse
– 90 magasins et environ 2000
employés –, filiale du groupe
allemand du même nom, a décidé
d’augmenter à 4 000 francs suisses
(3 300 euros) le salaire minimum
versé à ses employés à partir du
1er décembre 2014 dans le cadre d’un
accord conclu avec les organisations
syndicales.
Le travail, c’estle bonheur !La part des salariés du privé etagents du public qui se disentglobalement satisfaits du climadans leur entreprise ou leur
administration est en haussede 5 points par rapport à 2012, à52 %, selon une enquête publiéele 17 octobre par le cabinet deconseil Cegos, qui a interrogéen septembre 1300 actifs (750du secteur privé et 550 fonctionnaires) et 451 DRH. En outre,65 % des actifs sont satisfaitsde leur emploi actuel (+5 pointssur un an), 64% estimentpouvoir compter sur leurscollègues en cas de difficultés(+ 6 points), 71 % estiment queleur manager leur fait confiance(+5 points) et 63% considèrentleurs objectifs comme réalisteset atteignables (+ 6 points).
Les fnanciersaiment Twitter
Selon une étude d’AlbanJarry, expert en nancede l’Association françaisede la gestion nancière(AFG), menée en septembreet octobre auprès de139 professionnels françaisde la nance (gestionnairesd’actifs, prestataires de
conseil, banquiers, tradersindépendants), 59%utilisent Twitter, dont 78%chaque jour. Ils sont 45% àjuger que ce réseau socialest «professionnellementindispensable» et 50%à le trouver « utile». Aucontraire, 52% d’entreeux jugent Facebook «sansintérêt professionnel»et 26% l’estiment «utile».
1 521 €La rémunération moyenne d’un salarié non cadre – 80 % dela population active salariée, 18,7 millions en 2011, selonl’Insee – s’est élevée au premier semestre 2013 à 1521 euros
brut (6,3% au-dessus du smic), en hausse de 1,8% sur unan, selon une étude publiée le 8 octobre par Randstad. Selonce baromètre qui s’appuie sur des salaires réels extraitsde 1,4 million de ches de paie dans tous les secteursprofessionnels, la progression a été plus faible qu’en 2012(+ 2,2%), mais reste supérieure à l’ination (+0,9%).
My english is not rich
Selon une enquête de Cadremploi et de l’organisme de formation 1to1 English, plus de
83% des cadres sont amenés à utiliser des langues étrangères, l’anglais étant de loin
la plus fréquemment utilisée (66,6 %) devant l’espagnol (12,7%), l’allemand (10,4%) et
l’italien (5,2 %). En anglais, près de la moitié des cadres (46,8%) estiment avoir un niveau
débutant ou intermédiaire. Lors des entretiens d’embauche, si plus de 6 cadres sur 10
(60,3%) rapportent avoir dû s’exprimer en anglais, seuls quelque 27% se sentent assez
préparés pour soutenir un entretien dans cette langue. Conséquence: plus de la moitié
des sondés (56,4%) conçoivent leur niveau d’anglais comme un frein à l’embauche et à
l’évolution de carrière (enquête réalisée du 18 au 21 juin par le biais de questionnaires
autoadministrés en ligne auprès d’un échantillon de 3896 personnes).
... des grandes écoles de commerce ... des grandes écoles d’ingénieurs
... des grandes écoles de commerce ... des grandes écoles d’ingénieurs
Source : Universum
Lesmeilleurs employeurs selon lesétudiants...
Lesdirigeants lespluscharismatiques selon lesétudiants...
GoogleApple
LVMH Google
AppleMcKinsey
& Co2
1
3 2
1
3
LVMH EADS
L’Oréal GoogleDassaultAviationGoogle
2 13
2 13
et grandes écoles que chez les
étudiants en commerce-management.
Or, dans le classement des meilleurs
employeurs, Apple se retrouve en
4e position, et il ne figure pas dans le
Top 10 des étudiants ingénieurs. La
situation est similaire pour Microsoft.
Pour les étudiants en commerce-
marketing des grandes écoles, leur
employeur idéal est LVMH et ils
classent son dirigeant, Bernard
Arnault, en 3e position des dirigeants
charismatiques. Seul Google se
démarque en étant bien classé grâce
au charisme de son dirigeant,
Larry Page, mais aussi en tant
qu’employeur idéal.
Déborah Zago
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doss ier
N i c o l a s
b a r r o m e
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Métiers en 2.0le grand bond
L’évolution de la société jointe aux bouleversements
technologiques donne naissance à des professions inédites,ouvertes aux jeunes diplômés comme aux salariés reconvertis.
N
ouvelles ten-dances, crise etnouvelles tech-nologies: versquel métierpeut se tour-ner un jeunediplômé en2014? 2800
suppressions de postes annoncées pour AirFrance, 900 chez Alcatel-Lucent, 850 pourl’abattoir Gad, le tout rien qu’au mois d’oc-tobre. Le ton avait été donné dès le début del’année avec le plan social de Goodyear quiconcernait 1 173 personnes. Total, Danone,IBM, Virgin, aucun secteur n’a été épargnéen 2013 par des restructurations d’enver-gure. «Quand l’emploi est menacé, mieux
vaut quitter rapidement l’entreprise», ex-pliquait le directeur duCentrede rechercheen économie et statistiques (CREST), Fran-cis Kramarz, au colloqueannuel duConseild’orientation pour l’emploi (COE) organisé
n septembre sur le changement de mé-tier. Les travauxsur la mobilité profession-nelle de l’économiste Gueorgui Kambou-rov ont en effet démontré que c’était dansl’intérêt du salarié. D’aucuns décidentmême de quitter le pays pour trouver àl’étranger les débouchés qu’ils croient per-dus en France. Le Centre d’études et de re-cherches sur les qualications (Céreq) aconstaté que, sur une période de cinq ans,de 1998 à 2003, environ trois personnessur dix avaient changéde métier.
Mais quelles sont les reconversionsprofessionnelles possibles? Quels sontles nouveaux métiers? Croupier? Le mé-tier vient en effet d’être ofcialisé, inscritdepuis le mois d’août au registre des pro-fessions reconnues par l’Etat. « Home-sta-gist »? Quasiment né de la crise pour re-looker les appartements avant de les
mettre en vente, ce nouveau métier estouvert aux professionnels de l’immobi-lier, aux architectes d’intérieur ou auxdécorateurs. On ne sait évidemment riende son avenir. Outre ces deux exemplesquelque peu anecdotiques, d’autres pro-fessions comme celle de «data scientist»sont révélateurs des mutations écono-miques. La forte croissance du volume dedonnées disponibles dans le marketing,la nance, mais aussi la génétique, les
neurosciences,marketing,financeougénétiquecréent
denouveaux emplois despécialistes formés à faire
parler lesdonnées
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d o s s i e r | ’ 2.0
neurosciences ou la climatologie, créentde nouveaux emplois pour les jeunes di-plômés formés à analyser ou à faire par-ler les données informatiques. Le cabinetd’études de marché Gartner estime quelebesoin de tels spécialistes atteindra4,4 millions de personnes dans le monded’ici à 2015, et qu’il ne sera couvert qu’àhauteur de 40 %.
Les e-métiers sont majoritairementscientiques, mais les littérairessont aussiportés par la vague. Pour faire du «sto-rytelling» (communication narrative) ou
optimiser le référencement et l’image demarque des entreprises sur Internet, les e-littéraires se font «community mana-gers » ou « linkbuilders», les noms fran-çais de ces professions restant à inventer.
Le Conseil d’orientation pour l’emplois’est, avec le Commissariat à la stratégieet la prospective, penché sur le thèmedesreconversions possibles dans une écono-mie en changement. Certains « facteurstels que la concurrence internationale oules évolutions technologiques restent lar-
gement imprévisibles», explique Jean Pi-sani-Ferry, le commissaire général à lastratégie et la prospective. Ils ont toute-fois identié deux grands axes porteursde métiers nouveaux et de recrutements:le développement d’activités «big data»précitées (data scientist) et liées auvieillissement de la population. Le pre-mier est pourvoyeur d’emplois dans l’in-dustrie et les services associés, et lesecond « induira nécessairement unecroissance de la demande en services à la
personne», analyse M. Pisani-Ferry.Selon l’Insee, la France comptera
18,9 millions de personnes de plus de60 ans et 4,2 millions de plus de 80 ansen 2025, soit une hausse de 31,1% et de
25,3% en quinze ans. Le taux de dépen-dance (rapport entre les plus de 65 ans etles moins de 25 ans) atteindrait ainsi 46%en 2050. Ce vieillissement programmé denotre société nous « oblige à intégrer et àvaloriser les besoins spéciques (produits,technologies, services, etc.) liés à l’âge»,note la ministre chargée des personnesâgées et de l’autonomie, Michèle Delau-nay. La «silver économie» est en marche.Mutuelles, institutions de prévoyance, as-sureurs, en reçoivent déjà les fruits: « La
main-d’œuvre de la banque, fortementqualiée, connaît un redéploiement mas-sif vers l’assurance», témoigne PhilippeTrainar, membre du Cercle des écono-mistes et directeur des risques du groupede réassurance Scor.
Entre la hausse du nombre de per-sonnes âgées, celle de la population sco-laire, les besoins en services profession-nels ou encore l’éclatement des familles,«les estimations de la direction de l’ani-mation de la recherche, des études et desstatistiques (Dares) tablent sur la créationde 350000 emplois dans le domaine del’aide à domicile entre 2010 et 2020», rap-pelle la Fondation Jean-Jaurès dans une
note publiée le 11 octobre. Mais contraire-ment à une idée préconçue, l’inéluctableexpansion du marché des services à lapersonne concerne aussi les jeunes diplô-més. Une nouvelle lière « silver écono-mie » a été lancée en avril, qui seraitpourvoyeuse de milliers d’emplois, as-sure le gouvernement, notamment dansl’industrie, pour produire, par exemple,des équipements de télécommunicationsadaptés ou des systèmes de domotique.«Les exportations dans le domaine des gé-rontechnologies ont déjà progressé de
plus de 50% l’an dernier», indique Mi-chèle Delaunay. «Une projection à 2020
fait apparaître des pertes d’emploi en Eu-rope dans les professions intermédiaires,alors que les professions supérieures et les
une filière «silver économie»,pourvoyeuse de milliers
d’emplois, selonles pouvoirspublics, vientd’être lancée
moins qualiées progressent», rappeStefano Scarpetta, directeur de la dirtion de l’emploi, du travail et des affairsociales de l’OCDE.
Mais les moyens de changer de métiesont-ils là? Les instruments sont nobreux, du côté des formations professionelles comme de Pôle emploi. Bilan compétences, bilan professionnels, conindividuel de formation (CIF), droit indiduel de formation (DIF), tutorat, etc., cmoyens, encore trop peu utilisés, sont lativement efcaces: « 50% des salarCIF-CDD voient leur situation professionelle se sécuriser, soit à travers une ebauche en CDI (38%), soit par une créatid’entreprise (12%)», assure l’Observatodes transitions professionnelles dans uétude publiée à la mi-octobre.
Mais les instruments à eux seuls peuvent assurer le succès d’un changment de métier. La première conditiénoncée par les DRH pour une reconvsion réussie est l’accompagnement dala prise de poste avec un parcours d’ingration et un référent. L’exemple mentorat conçu par la société GDBOdestination des entreprises l’illustre. Ceentreprise de «mentoring managéria(tutorat de managers) met en réseau dcadresseniors issus duCAC 40 pour lesevoyer en mission dans les grandes entprises parrainer des jeunes fraîchemenommés à des fonctions stratégiquPendant six mois, le mentor accompagle cadre en lui faisant réaliser une missiqui luipermet de prendre la dimensionposte. «Les mentors et lesentreprises endemandent», assure le PDG Bruno Dieh
Anne Rod
Une enqUête OpiniOn Way
a été menée au printemps
2013 pour mesurer si les
employeurs favorisaient
les reconversionsprofessionnelles. Elle a été
réalisée auprès de 993 chefs
d’entreprise et DRH ayant
eu un contact avec des
candidats issus d’une
reconversion ou des salariés
portant un projet. Les DRH
interrogés sont issus à 46%
du secteur des services, à
33% du commerce et des
transports et à 21% de
l’industrie. Tout secteurs
confondus, les DRH sont
plus de 60% à recevoir
des candidats qui
jusque-là exerçaient unmétier complètement
différent. Plus de 50 %
d’entre eux recrutent ce
type de prol « en mobilité»
– 70% dans le commerce.
En revanche, lorsqu’il s’agit
d’organiser la reconversion
individuelle ou collective
des salariés, ils ne sont plus
que 30% à l’avoir fait.
75% des DRH interrogés
considèrent la reconversio
comme un atout, d’une
part parce que les salariés
sont plus motivés, d’autre
part car ce type de prolapporte une diversité au
sein de l’équipe de travail
et une nouvelle vision du
métier ou du poste. Les
DRH estiment toutefois q
les salariés auront besoin
de plus de temps pour
s’approprier le poste. Mai
ils sont unanimes sur le
bilan: c’est un succès à 74
A.
l drH
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ENERGY DAY, LE 12 DÉCEMBRELA JOURNÉE DES MÉTIERS D’EDFUne journée de rencontres et d’échanges, 400 experts,9 pavillons métiers, conférences, forums, ateliers et conseils RH…Rendez-vous à la Grande Halle de la Villette à Paris.Renseignements et inscription sur
energyday.edfrecrute.com
L’énergie est notre avenir, économisons-la!
Levage et pose du dôme de l’EPR à Flaman
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d o s s i e r | métiers d’avenir en 2.0
La numérisation galopante de nos activitésnécessite des compétences nouvelles.L’offre de spécialistes en Big Data sera de4,4 millions de personnes dans le monde en2015. Elle ne devrait être couverte qu’à 40 %.
Data cruncher, e-marketeur…les e-jobs prennent le pouvoir
D évelopper une application
pour un smartphone ou
une tablette, analyser lecomportement d’un cyber-acheteur pour lui faire une
offre entièrement personnalisée qu’il nepourra pas refuser, concevoir un site Webqui soit tout à la fois ergonomique, esthé-tique et convivial, ou animer la vie numé-rique d’une communauté qui n’existe quesur Internet sont autant de nouvelles com-pétences que la numérisation croissantede nos activités nécessite.
Alors que le commerce en ligne prendprogressivement sa place dans la consom-mation, que nos téléviseurs se connectentà Internet, que nos bureaux comme nosdocuments se dématérialisent, bref, quenotre société se digitalise, le numériquesuscite partout de nouveaux besoins qui,pour être satisfaits, font appel à de nou-veaux métiers.
Désormais, on peut se revendiquer«data cruncher», «web designer», «géo-maticien» ou «e-marketeur». En fait, cesmétiers émergent, portés par les grandsconcepts informatiques en vogue que sontle «Cloud» (stockage à distance des don-nées), le «Big Data» et la mobilité. Ces pra-tiques transforment les métiers tradition-nels de l’informatique et recomposent les
connaissanceset lescompétencesrequises.Premier vecteurde cette transformation, leBig Data. En d’autres termes, la numérisa-tion galopante génère des volumes tou-jours plus importants de données qu’ilfaut pouvoir analyser. Les comportementsdes acheteurs en ligne, les échanges télé-phoniques et leur localisation, le suivi depathologies ou d’épidémies, l’usure de nosvoitures, le suivi du budget des collectivi-tés territoriales, la mesure de la qualité del’air, les variations du trac routier sur un
cédents ne fonctionnent pas, etc. », eplique Hélène Gombaud-Sainton
directrice générale de Fullsix Data, la liétudes et analyses de l’agence FullSIX.
Pour atteindre ce résultat, il faut toufoisdisposer du personnel capable de « guer » un site Web, de récupérer des donées en provenance de réseaux sociaud’appels aux services clients, de SMS…, les associer aux données des bases de l’etreprise et d’y trouver de l’informatipertinente. «Ce que l’on cherche, ce so
des gens capables de faire parler les do
nées, de concevoir les utilisations qui pe
axe donné, etc., toutes ces applications gé-nèrent des monceaux de données qui ne
servent que si l’on sait les interroger et ytrouver des réponses.
Or les technologies permettent désor-mais d’analyser nement ces données.«Aujourd’hui, on sait reconnaître sur quelle
bannière publicitaire un internaute clique,
on sait le faire pour des milliers de visites
par jour et en temps réel,tout en préservant
l’anonymat de l’utilisateur. Cela permet de
piloter la stratégie média d’une entreprise
avec une grande agilité, d’adapter rapide-
mentune création ouun message siles pré-
n i c o l a s
b a r r o m e
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vent être faites de ces données, précise
Yannick Lejeune, directeur Internet du
groupe Ionis, spécialisé dans l’enseigne-
ment supérieur des nouvelles technolo-
gies. A quoi servent les données sur toutesles stations Vélib de Paris ou sur le graphesocial de Facebook si vous n’avez pas déci-dé ce que vous en ferez»?
Les gens capables de faire parler les
données sont aujourd’hui une denrée
rare. Baptisés «data scientists», «data
analystes» ou data crunchers, ils conju-
guent des compétences en mathéma-
tiques et en statistiques, une certaine ap-
pétence de geek, une compréhension des
enjeux pour les entreprises, fruit d’une
formation marketing ou sociologique.
Bref, des compétences rares! «En France,on compte tout au plus une centaine d’ex-
perts en Big Data», afrme Gilles Babinet,
«digital champion» de la France auprès
de l’Union européenne et président fon-dateur de Captain Dash, spécialiste du Big
Data pour le marketing. Le cabinet
d’études de marché Gartner estime que le
besoin de spécialistes en Big Data sera de
4,4 millions de personnes dans le monde
en 2015 et que ce besoin ne sera couvert
qu’à hauteur de 40%.
Car c’est bien le problème des nouveaux
métiers: entre l’apparition du besoin de
compétences nouvelles et la création des
cursus de formation, il peut s’écouler plu-
sieurs années. Certes, il existe des forma-
tions à l’analyse de données, mais ceux qui
les ont suivies ont préféré jusqu’à présent
s’orienter vers les métiers de la nance,
plus rémunérateurs. L’émergence du Big
Data propose désormais de nombreuses
alternatives de carrière, par exemple dans
le marketing, comme l’analyse de trac, la
recommandation, l’e-réputation, etc.
Plusieurs cursus se mettent en place.
Grenoble EM et l’Ensimag créent ainsi une
formation de « data stratège» de niveau
bac + 6, qui allie compétences techniques,
business et managériales. HEC Paris avec le
soutien d’IBM France lance un cursus Big
Data et Business Analytics, destiné à sesétudiants de MBA. Quant à l’université
Pierre-et-Marie-Curie et Supde Co,ils réé-
chissent à la création de cursus dédiés.
Sans attendre, l’éditeur de logiciels d’ana-
lyses SAS a lancé en 2013 son premier
SpringCampus,qui a permisà vingtjeunes
diplômés de suivre un mois de formation
intensive avant d’effectuer un stage de cinq
mois dans une entreprise sponsor, période
qui doit déboucher sur l’embauche du sta-
giaire. «Cettesessiona rencontréun telsuc-cès auprès des candidats et des sociétés in-
formatiques partenaires que nous ouvronsla prochaine session aux banques, assu-rances, opérateurs télécoms, qui souhaitentrecruter des data scientists», indique
mardi 19 novembre 2013 Le Monde Campus
Derrière ces appellationsnouvellesse cachentparfoisDesmétiers
existantsquiDoivents’aDapter enintégrantuneDimensionnumérique
ed B a p,dElodiE Bongrain, 3 2 ans , voulait
faire des arts appliqués, elle est
aujourd’hui designer à l’agence
d’innovation Fabernovel. Aurélien
Pasquier, 30 ans, hésitait entre l’art et
les sciences, il est à présent designer
chez Applidium, éditeur d’applicationsmobiles, liale de Fabernovel. Leur
métier n’est pas très différent de ce
qu’ils avaient imaginé pendant leurs
études. Ce qui change vraiment, pour
Aurélien Pasquier, «c’est qu’à l’école,
nous ne pensions qu’à un seul client,
l’utilisateur nal. En entreprise, le
client est celui qui paie». « Nous devons
donc défendre le client (celui qui paie)
du client, l’utilisateur nal, et ce n’est
pas toujours fac ile chez les grands
industriels», ajoute Elodie Bongrain.
Tous les deux sont enthousiastes sur
l’avenir du design dans le monde
numérique. « Une application mobile
est devenue stratégique pour les
entreprises », explique Aurélien
Pasquier, «et cela change en profondeur notre métier qui se retrouve
au centre de la stratégie», poursuit
Elodie Bongrain. Quant à savoir de
quoi leur avenir sera fait, « nous
gardons notre liberté de découverte,
nous ne savons pas ce qui va émerger.
Pensez que les smartphones n’existaient
pas quand j’ai ni mes étude s, et
c’était il n’y a pas si longtemps...»,
conclut Aurélien Pasquier.
So. C.
Ariane Liger-Belair-Siou, directrice acadé-
mique de SAS France.
Mais derrière ces appellations nouvelles,
se cachent parfois des métiers qui existent
déjà et qui s’adaptent en intégrant une di-
mension numérique. «Avant, il y avait lesacteurs traditionnels de l’ancienne écono-mie et les“pure players” de la nouvelle éco-nomie. Aujourd’hui, tous les acteurs danstous lessecteurs se mettent au numérique»,constate Emmanuel Stanislas, président
fondateur du cabinet Clémentine, spéciali-
sédans le recrutement desmétiersdu Web,
du e-commerce, etc. C’est le cas des «géo-
maticiens», qui mettent les technologies
informatiqueset graphiques au service des
métiers de la géographie et de la cartogra-
phie. C’est le cas des web designers, qui ap-
pliquent à Internet les règles du design et
de l’ergonomie.
« Le “community manager” est un bon
exemple; ce métier existe déjà en politique,en lobbying, en animation de réunionsconsommateurs… Ce qui changeavec le nu-mérique, c’est la masse de personnes qui
peuvent interagir immédiatement et le fonctionnement en 24/7!», précise Yannick
Lejeune. Et quand on lui pose la question
de qui doit former à ce métier, une école
d’ingénieurs ou une faculté de sociologie, il
répond sans hésiter : «Les deux! Toutcomme il faut former à l’ancienne écono-mie avant d’enseigner les règles de la nou-velleéconomiepour que les jeunes connais-sent l’antériorité des métiers qu’ils vont
pratiquer et qu’ils soient capables d’évolueret d’utiliser les outils de demain.»
Sophy Caulier
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Après avoir longtemps négligé la qualitédes contenus marketing de leurs sitesWeb, de plus en plus d’entreprises fontappel à des gens qui ont une belle plumeet savent rédiger pour Internet.
Le numérique, une nouvelle chancepour les littéraires
E xploration de formats d’écri-
ture, “multitasking”, beaucoup
d’humour et de second degré.
Twitter par exemple, avec ses
140 caractères, est une
contrainte digne des écrivains surréa-
listes», s’enthousiasme Lucile Gouge, uneancienne khâgneuse. Internet, syno-nyme de nouveauté et d’apprentissagepermanent, est en train de troquer geekset amoureux du codage contre des pro-ls plus littéraires.
«Internet est né comme un réseau de
communication militaire. A l’époque, il fal-
lait être un pro en informatique, maîtriser
l’écriture binaire pour pouvoir s’y repérer.
Mais si Internet a fait des mots, ces der-
niers ont vite pris leur revanche», s’amuseDavid Brunat, fondateur de Or & HConseil, une société spécialisée dans l’as-sistance aux dirigeants par l’écrit.
Il suft de se pencher sur le fonctionne-ment des moteurs de recherche pour s’enconvaincre. «Les repères verbaux sont de-
venus leur priorité numéro un comme
pour tous ceux qui produisent sur Internet.
C’est la construction des textes, de la
phrase, la récurrence des mots-clés qui pè-
sent dans la sélection. Il faut du contenu, et
pas n’importe lequel. Nous sommes passés
du langage mathématique au vrai lan-
gage», poursuit David Brunat. Une révo-lution qui pourrait faire de la place aux
nelles et une ne psychologie: comprend
les attentes du client, trouver la formuqui touchera les internautes», expliquejeune femme. Même pour un premboulot dans le service marketing d’umarque, «des qualités rédactionnel
comme savoir mettre en place une new
letter ou publier des nouvelles sont dev
nues un plus indéniable», conrmThierry Gillmann, président de l’agende «content marketing» Lobi.
En revanche, il ne suft pas d’avoir ubonne plume et de tenir un blog pour ggner sa vie sur la Toile. «Savoir écr
n’implique pas forcément savoir écr
sur Internet. Sur le site de La Redoute
faut être précis, percutant, utiliser d
verbes actifs, des images brèves. Ce
sont pas des choses que l’on apprend da
les formations littéraires», met en garDavid Brunat. Des formations qui s’adatentà cette réalité commencent d’ailleuà voir le jour. Ateliers d’écriture Wcours de community management, comunication 2.0… L’offre est abondanmais pas toujours adaptée. «Souve
quand on parle d’écriture Web, il s’a
d’une écriture optimisée pour les moteu
de recherche, ce qui n’est pas forcéme
synonyme de contenus qualitatifs et cré
tifs pour le lecteur. L’écriture par moclés, par exemple, n’est pas très digest
pointe Maël Roth. Pour lui, an de devnir un bon éditeur de contenus sur Intnet, il est nécessaire «d’avoir des bases
marketing, d’établir une présence sur
Web par exemple en ouvrant un bl
mais aussi de rester ouvert à ce qui no
intéresse». Et c’est là qu’Internet penon seulement avantager, mais aussi tisfaire, les prols littéraires.
MargheritaN
littéraires sur la Toile? Maël Roth en est
convaincu. «Les tendances actuelles duWeb marketing avantagentles prols de ce
type, assure ce responsable des marchésinternationaux pour Rankseller Interna-tional, une plate-forme de marketing parcontenus et de «linkbuilding» (optimisa-tion du référencement). Aux pubs agres-
sives, les entreprises préfèrent désormais
des stratégies de communication qui met-
tent en avant la qualité du contenu an de
lier le consommateur à la marque.»
Fini les sites en ash qui en mettentplein les yeux tout en négligeant l’infor-mation, place au contenu! C’est un peu lenouveau leitmotiv de la Toile. « Au début,
le Facebook des marques était l’apanage
des stagiaires. Ce n’est plus le cas au-
jourd’hui. Une marque comme Monoprix,
par exemple, se différencie par la qualité
du traitement de sa page Facebook», es-time Laurent Cabioch, responsable desstratégies digitales chez W&Cie.
Concrètement, ce sont une multitude deprofessions qu’offre désormais le Web auxprols littéraires, de la sémiologie sur In-ternet au «community management», enpassant par l’écriture de sites ou blogs demarques, le «storytelling d’entreprise»…
C’est ainsi grâce à son prol littéraireque Lucile Gouge s’est fait repérer auprèsde l’agence en conseil et communicationSpintank. « Les prols embauchés dans
mon agence sont pour l’essentiel litté-
raires. Il faut avoir des qualités rédaction-
Le WeboffreunemuLtitudedetravaux aux Littéraires, de
La sémioLogie surinternet aucommunauty management, en
passant par L’écriture de bLogs…
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Des plates-formes fédérantles travailleurs indépendants du Webse multiplient, mais en matièrede chômage, de maladie ou deretraite, la précarité reste de mise.
Les «freelancers» en pannede couverture sociale
L es plates-formes mettant en re-
lation les freelancers et les en-treprises se multiplient commedes petits pains sur la Toile.Pour la cohorte grossissante des
graphistes, informaticiens, traducteurs,rédacteurs, «webdesigners» et autres sepose la question du statut d’emploi et dela couverture sociale. Depuis 2008, datede la création du régime de l’autoentre-preneur, beaucoup d’entre eux lancentleur activité sous cette forme. Avantage?Les cotisations sociales sont calculées surla base d’un pourcentage du chiffre d’af-faires. Mais ce statut transitoire, du faitdes plafonds de revenus, contraint en-suite les freelancers à créer une structureplus pérenne.
Plusieurs choix s’offrent à eux: soit l’en-treprise individuelle (EI) ou l’entreprise in-
dividuelle à responsabilité limitée (EIRL),soit l’entreprise unipersonnelle à respon-sabilité limitée (EURL) ou la société par ac-tions simpliée unipersonnelle (SASU). Ilspeuvent aussi opter pour le régime desprofessions libéralesou pour le portage sa-larial. Dans les trois premiers cas, le calculdes cotisations sociales se fait sur la basedubénéce imposable, et elles sontverséesau Régime social des indépendants (RSI),qui gèrela protection sociale obligatoiredeplus de 5,6 millions de chefs d’entreprise.
Or la particularité du régime des tra-vailleurs indépendants est qu’ils doiventverser des cotisations, même en l’absencede revenus. Et du fait du caractèreminimalde ces cotisations, elles ne valident pascomplètement certains droits, notammenten matière de retraite. Dans le cas de laSASU, le freelancer est considéré commeun dirigeant assimilé salarié. A revenuéquivalent, il bénécie d’une meilleurepension de retraite que les indépendants,mais en qualité de mandataire social, il nepeut prétendre à l’assurance-chômage.
C’est là le point noir pour le freelancer.
S’il crée une entreprise individuelle ouadopte le régime de profession libérale, ilne peut percevoir ni indemnités de chô-
mage ni indemnités journalières de la Sé-curité sociale en cas de maladie. Certes, illuiest possible de souscrire une assurancepersonnelle et de cotiser à des complé-
mentaires santé ou retraite. Mais beau-coup ne le font pas. A l’instar de Céline,32 ans, consultante en communication, freelancer depuis deux ans et demi: «Je
n’ai pas de mutuelle car je ne suis pas ma-
lade. Je pense à bien d’autres choses qu’à
ma couverture sociale. Ma priorité, c’est de
trouver des clients et de pérenniser mon
activité.» Parce qu’il suit un traitementmédical régulier assez lourd, Raphaël,29 ans, traducteur spécialisé dans les bre-vets industriels, n’a pas fait l’impasse sur
la mutuelle complémentaire : « En pr pectant, j’en ai trouvé une qui propose d
tarifs moins chers pour les travailleurs
dépendants de moins de 30 ans. »
Selon Régis Granaloro, président Mouvement pour une unionnationale dconsultants en informatique (Munci), freelancers peuvent bénécier de la mêmcouverture sociale que les salariés, s’ils font l’investissement, «mais leurs ar
trages nanciers se font souvent en déf
veur de la protection sociale, surtout
début de carrière». L’hiver dernier, Fraçois-Emmanuel, 34 ans, créateur de lociels a réalisé, lors d’une chutesévère à skles risques encourus. Sa mutuelle couvsesfraismédicaux, mais il n’apas pris d’surance supplémentaire pourles indemtés journalières à cause de son coût élev«Comme les salariés, nous cotisons de f
çon obligatoire pour la maladie et la
traite; alors, pourquoi ne bénécions-no
pas des mêmes droits? » Le Cinov-it, syncat des freelancers et des très petites entprisesdes métiers du numérique, offre dférentes prestations à ses 900 adhérendont une complémentaire santé au tanégocié et le recours à la GSC, l’assuranchômage des entrepreneurs. «Cette ère
post-salariat nécessite une meilleure strturation du monde des freelancers, y co
pris pour améliorer leur couverture
ciale», estime Marie Prat, coprésidenComme aux Etats-Unis, où l’organisatiFreelancers Union créée en 2001, forte ses 150000 membres, propose sa propassurance santé, invalidité, retraite à dprix deux fois moins chers que ceux dcompagnies privées, ainsi que l’accès à centre médical à New York.
NathalieQ uér
Celui qui Crée une entrepriseindividuelle ou adopte le régime
de profession libéralene peut perCevoirni indemnités
de Chômage ni indemnitésjournalières en Casde maladie
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d o s s i e r | métiers d’avenir en 2.0
L’essor des activités économiques liéesau sport ouvre de nouveaux débouchésaux jeunes diplômés. Le secteur seprofessionnalise, bien au-delà des stades.
Lemonde du sport en quête de cols blancs
S
oir de match au Parc desPrinces. Zlatan Ibrahimovic etses coéquipiers font vibrer desmilliers de supporteurs qui
ont payé leur billet au moinsaussi cher qu’une place de
théâtre ou qu’un dîner au restaurant. C’estlogique: le football est un spectacle, enplus d’être un sport très populaire, prati-qué par des millions de personnes enFrance. C’est aussi un secteur économiquequi crée des emplois bien au-delà desstades. Equipementiers, sponsors, médias,agences de marketing sportif, paris enligne… tous cesacteurs s’insèrent dans uneéconomie du sport en pleine croissance.
En 2009, la dépense sportive nationales’est élevée à près de 35 milliards d’euros,soit 2% du produit intérieur brut (PIB), se-lon l’Institut national de la statistique et
des études économiques (Insee). Les mé-nages représentent près de la moitié decette dépense (16,5 milliards d’euros) de-vant l’Etat et les collectivités locales(15 milliards). Le chiffre d’affaires du com-merce d’articles de sport et loisir a doubléen volume entre 1996 et 2006, signe del’augmentation de la pratique sportive.Ainsi, avec un vélo pour 20 habitants, laFrance est le quatrième pays cycliste dumonde derrière le Japon, les Pays-Bas et leRoyaume-Uni!
Le secteur du sport est également porteen matière d’emploi, même si la crosance s’est nettement ralentie au cours la dernière décennie. En 2008 (dern
chiffre disponible), le sport employenviron 300000 personnes en Frandirectement ou indirectement, répartieparts égales entre les secteurs public etsociatif et le privé. «La croissancese trou
plutôt aujourd’hui dans le secteur pr
marchand, même si les associations et
fédérations sportives, en se professionna
sant, représentent des débouchés imp
tants», indique Nathalie Leroux, maîde conférences en sciences et techniqudes activités physiqueset sportives(Sta
n i c o l a s
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à l’université Paris-Ouest-Nanterre qui adirigé un récent travail de recherche surles cadres gestionnaires du sport.
En effet, si le secteur a longtemps fonc-tionné sur le bénévolat, c’est moins le casaujourd’hui. «La proportion de diplômés
augmente dans tous les secteurs et chez
tous les acteurs du sport. Par exemple, les
associations qui sont en contact avec des
sponsors ont besoin de personnes quali-
ées pour négocier les contrats », expliqueNathalie Leroux.Les fédérations recrutentdes cadres spécialisés dans le manage-ment des organisations sportives. Quantaux entreprises du sport, elles recher-chent des compétences de plus en pluspointues, qu’elles soient managériales,marketing ou juridiques.
Accompagnant cette professionnalisa-tion, les formations en management dusport se sont multipliées. Trente-cinq uni-versités proposent aujourd’hui des licen-
ces générales ou professionnelles en ma-nagement du sport et vingt-neuf desmasters. La moitié environ est généraliste(management du sport ou management
des organisations sportives), l’autre moitiécorrespond à des spécialités comme lemarketing du sport (universités de Paris-Sud et Strasbourg), le droit du sport (Li-moges), ou des sous-secteurs d’activité telsl’événementiel sportif (Nanterre), le tou-risme sportif (Nice et Montpellier), les col-lectivités territoriales (Toulouse) ou lesport professionnel (Rouen). «Certaines ci-
blent les besoins d’une région ou d’un bas-
sin d’emploi, tel le master ingénierie des
sports de glisse à Bayonne», complète Na-thalie Leroux.
Les écoles de commerce ne sont pas enreste. On compte aujourd’hui dix-septmasters spécialisés parmi lesquels ceux del’Essec, d’Audencia ou encore d’Euromed.Gurvan Heuzé fait partiede la promo 2012-
2013 du master en management des orga-nisations de sport d’Audencia. Cet ancienfootballeur en sport-études a réalisé asseztôt qu’il ne percerait pas dans le foot maisa gardé l’envie de travailler dans le secteurdu sport en général. Après une école decommerce et un premier master, il a pos-tulé au master spécialisé d’Audencia. «Le
premier jour, la moitiédes étudiants ont dit
qu’ils voulaient bosser dans un club pro, sesouvient-il. Six mois plustard, unseula fait
son stage dans un club, à Saint-Etienne. On
mardi 19 novembre2013 Le Monde Campus
«Aujourd’hui,LAcroissAncesetrouvepLutôtducôtédusecteurprivémArchAnd»
Nathalie leroux, maîtrede conférencesenStaps
Ama, la axabla l û… 17000 Preuve que le sport et la gestion de
projet font bon ménage, l’Université
internationale de Monaco (groupe
Inseec) a créé, il y a deux ans, un
master en paix durable par le sport. Ce
programme d’une durée de dix mois
entend former des «ingénieurs de la
paix par le sport» qui iront renforcer
les organisations internationales
(ONU), les gouvernements et les
associations dans leurs actions
utilisant le sport comme un outil
de développement. « Notre objectif n’est
pas d’envoyer nos étudiants sur des
terrains de conit pour arrêter les
guerres. La paix, c’est aussi l’absence de
conit. L’idée est de se servir des vertus
fédératrices du sport pour maintenir ou
renforcer la cohésion sociale dans des
zones rendues vulnérables par la pauvreté ou par les séquelles d’anciens
conits», explique Moïse Louisy-Louis,
le responsable de la formation.
Le master s’appuie sur le réseau de
Peace for Sport, une organisation
fondée en 2007 par l’ancien champion
du monde de pentathlon Joël Bouzou,
qui accompagne des projets locaux de
développement par le sport.
L’organisation, parrainée par le prince
Albert II, est active dans sept pays
(Burundi, Colombie, Côte d’Ivoire,
Haïti, Israël, République démocratique
du Congo, Timor).
Le coût du master, 17000 euros, peut
paraître rédhibitoire. De fait, depuis sa
création en 2011, il n’a formé qu’une
dizaine de jeunes gens. Les cours,
dispensés en anglais compte tenu du
public international de l’université en
général et de ce master en particulier,
passent en revue l’histoire du sport et
de l’olympisme. Mais la formation se
veut aussi opérationnelle avec des
cours de gestion, nance, marketing et
communication. Les étudiants ont
ensuite le choix entre la rédaction
d’une thèse ou un stage sur le terrain.
Après plusieurs stages dans différentes
agences onusiennes, Lin Cherurbai
Sambili a choisi «ce master unique enson genre parce qu’il correspond tout
à fait à ce que je souhaite faire en tant
qu’ambassadrice du sport dans mon
pays (le Kenya). Ce sont nos coureurs,
les meilleurs du monde, qui ont permis
au Kenya d’émerger sur la scène
internationale. Mais il reste beaucoup à
faire pour institutionnaliser l’éducation
par le sport. C’est un domaine nouveau,
mais je suis sûre que ça va marcher»,
explique-t-elle. F. Sc.
s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup
d’autres débouchés avec peut-être plus de
liberté et de responsabilités sur certains
postes.» Lui a effectué un stage à l’associa-tion sportive de la Banque de France entant que consultant. «J’ai pris en charge la
refonte des outilsde communication et l’or-
ganisation d’un tournoi de foot à La Ro-
chelle pour les salariés de grandes banques
centrales européennes!» Les personnesrencontrées lors de ce stage lui ont permisd’enchaîner sur un CDI à la Fédérationfrançaise du sport d’entreprise. «Avoir un
réseau est essentiel pour trouver un poste
dans le secteur du sport. C’est pourquoi
nous faisons intervenir de nombreux an-
ciens du masterspécialisé et plus largement
d’Audencia auprès de nos étudiants», sou-ligne Stéphane Maisonnas, le responsablede la formation.
Le master n’est cependant pas obliga-toire pour travailler dans le monde du
sport. Certaines entreprises comme Dé-cathlon recrutent à tous les niveaux dediplôme, notamment des jeunes ayantsuivi une formation en sciences et tech-
nique des activités physiques et sportives(Staps). La plupart d’entre eux commen-cent comme vendeurs ou responsables derayon, mais le groupe promet une évolu-tion rapide vers des responsabilités. Acoups de formations internes, le chef derayon devient ainsi responsable d’exploi-tation puisdirecteur de magasin, avant deprendre en charge le développement d’unproduit ou d’une marque. Une seulecondition: être sportif et aimer la compé-tition. « Les distributeurs d’articles sportifs
comme Décathlon jouent beaucoup sur le
côté passion du sport, auprès de leurs
clients comme de leurs salariés, alors qu’en
fait les métiers y sont assez éloignés du
sport. Dans lesmétiers plus proches du ter-
rain comme les clubs professionnels, l’ac-
cent est mis au contraire sur la qualica-
tion et les compétences gestionnaires
requisesdans toute entreprise. Dans ce cas,
afcher sa passion peut être un handicap
pour décrocher un job», souligne NathalieLeroux. Autrement dit, pour travailler auPSG, mieux vaut ne pas porter le maillot.
FraNçoiS Schott
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d o s s i e r | ’ 2.0
Finie l’époque des baroudeurs au grandcœur. L’humanitaire s’est professionnaliséet embauche aujourd’hui des techniciens etdes prols hautement qualiés.
ONG recherchent ingénieurs,logisticiens, expérience requise…
D istribuer de l’eau potable aux
1,3 million de réfugiés sy-riens au Liban, limiter la pro-pagation d’une épidémie decholéra au Sierra Leone ou
assurer un approvisionnement en vivresaprès le passage d’un typhon aux Philip-pines,voilàautant de projets quemènentles organisations de solidarité internatio-nales – plus de 3300 organisations nongouvernementales (ONG) en France se-lon le Comité interministériel de la coo-pération internationale et du développe-ment – et qui nécessitent l’envoi de mil-liers de travailleurs humanitaires enmission chaque année. En 2012, la seuleONG Action contre la faim comptait308 expatriés sous contrat.
Pour de nombreux jeunes qui vou-draient donner du sens à leur vie profes-sionnelle, ces métiers exercent un attrait
incontestable. «Mais attention, ce n’est pas à 18 ans que l’on va vous envoyer en
mission, prévient Marie Perroudon, deBioforce, un organisme de formationaux métiers de l’humanitaire. C’est un
projet qui se construit, qui nécessite de
s’informer, de se projeter et de bien réé-
chir. On ne se rend souvent pas bien
compte qu’à 30 ans, avec une famille, ce
sera moins facile, ou que si l’on souhaite
revenir s’établir en France, c’est compliqué
avec une expérience acquise uniquement
dans l’humanitaire. » Et même quand onest sûr de son choix, mieux vaut être pré-venu : depuis quarante ans qu’elles sontdans le paysage, les ONG se sont profes-sionnalisées et recherchent avant toutdes candidats dotés de sérieuses quali-cations. «Il y a vraiment longtemps que
l’on n’envoie plus personne pour porter
des cartons», sourit Caroline Paoli, char-gée de ressources humaines expatriées àPremière urgence - Aide médicale inter-nationale. Il ne suft donc plus de vou-loir s’engager, encore faut-il pouvoir of-frir des compétences utiles.
Les prols recherchés peuvent se clas-ser en deux catégories. Tout d’abord lesprols plus techniques. Outre les méde-cins, de nombreuses professions médi-
cales comme les inrmières ou les phar-maciens sont très demandées. Lesingénieurs, que ce soit sur des probléma-
tiques d’agronomie, de traitement deseaux ou de réhabilitation, par exemple,sont également très prisés par les recru-teurs. A noter que, même pour ces prols,des formations spéciques existent quipeuvent valoriser encore plus une candi-dature, comme des certicats en méde-cine d’urgence ou des masters spécialiséscomme, par exemple, celui d’urgentistebâtiment et infrastructures, créé parl’Ecole supérieure des travaux publics.Pour des jeunes ayant suivi un cursus uni-
versitaire plus généraliste, certaines fmations, notamment des masters santé publique, sont accessibles par pserelles et permettent de se construune expertise technique sans reprendun cycle complet d’études.
Ensuite, une partie importante des fectifs dans l’humanitaire est constitude fonctions supports, c’est-à-dire des gisticiens qui gèrent les questions transport, d’achats, de mécanique, etc.,des administrateurs qui s’occupent degestion nancière, des ressources hmaines. «Il existe de nombreux maste
universitaires généralistes très bons, eplique Pauline Cartery, chargée du recrtement et du suivi des expatriés chez Slidarités international, même si l’école
référence reste Bioforce.» Cet organismbasé à Lyon forme quelque 250 psonnes chaque année, dont les deux tieont déjà une expérience professionnepréalable. Et les 90 jeunes qui l’intègreen post-bac n’en sortent pas pour paren mission. Ils sont orientés vers les mtiers des services généraux dans des etreprises pour se forger une expérienprofessionnelle indispensable au candat au départ.
«Les ONG exigent généralement deans d’expérience professionnelle au mi
mum», constate Marie Perroudon. «
n’est pas simplement une question d’â
même si, dans certains pays, manager d
équipes locales plus âgées peut être comp
qué, explique Caroline Paoli. Ce qui est ré
lement important, ce sont les compétenc
transposables comme la gestion de proje
Un candidat qui a dirigé des colonies de
cances, par exemple, peut m’intéresser.»
SébaStienDumou
Les ong recherchent descandidatsdotésde sérieuses quaLifications.
«iL y a Longtemps queL’on n’envoie pLus personnepour porter descartons»
CarolinePaoli, chargéedu recrutementà Premièreurgence
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d o s s i e r | d’ 2.0
Dxk l’-lC’est Ce qu’on appelle être à
contre-courant. Alors que le
secteur agricole fait souvent
gure de repoussoir dans
les rangs étudiants, deux
d’entre eux ont décidé
de partir à sa conquête.
Fraîchement diplômés dumaster HEC-Entrepreneurs,
Paolin Pascot et Clément
Le Fournis lancent leur
entreprise, Agriconomie,
autour d’une offre de service
à destination des
agriculteurs. « C’est une place
de marché en ligne
spécialisée dans le matériel
agricole neuf, les intrants
comme les semences ou les
engrais, et l’alimentation
pour bétail, explique Paolin
Pascot. L’idée est de créer
un pont plus rapide et plus
équitable entre l’offre et la
demande. C’est un secteur
que l’e-commerce n’a pas
encore totalement investi.»A la clé, promettent-ils, «des
réductions importantes sur
l’ensemble des achats liés à
l’exploitation. » Détectant un
potentiel de développement
économique, les associés ne
se sont toutefois pas lancés
au hasard. Clément Le
Fournis est ls d’exploitant,
lui-même titulaire d’un bac
agricole. Un point essentiel
pour cerner un secteur trè
technique et gagner en
crédibilité auprès
d’agriculteurs ayant pour
habitude de travailler avec
des acteurs bien identiés
Le challenge est donc élev
pour les nouveaux entran« Il est compliqué de se
faire une place dans ce
monde, reconnaît Paolin
Pascot. Le marché est plutô
verrouillé, assez immobile.
Mais il se veut optimiste,
assurant qu’il a déjà appri
au contact des agriculteur
une qualité essentielle : «l
persévérance.»
F. D
Ils sont ingénieurs dans un groupe minier,conçoivent des stations d’épuration ou gèrentdes rayons de grandes surfaces… Ces jeunesdiplômés se lancent bravement dans desdomaines peu prisés où ils découvrent leur voie.
Je travaille dans un secteurqui n’intéresse personne!
C e fut unerévélation: j’ai compris
ce que je voulais faire.» Pour
Ondine Bonhomme, le déclicest venu lors de son stage d’as-sistante chef de rayon chez Au-
chan. Diplômée de l’Edhec en 2013, elleavait trouvé sa voie: le commerce. «Avoir
en charge un rayon, c’est gérer un centre de
prot, explique-t-elle. On est responsable
de tout, d’une équipe, des chiffres réalisés...
Il faut également savoir se projeter: com-
ment voit-on son rayon à cinq ans, dix
ans...» Avant même de sortir de son école,elle avait signé un contrat avec Leroy Mer-lin. Elle est aujourd’hui chef de secteurdans le magasin de Caen (Calvados). Unebelle entrée en matière qui n’est pas tou-jours comprise de son entourage. «Le com-
merce de détail n’est pas, à première vue,
unsecteur qui fait rêver, dit-elle. Les gens
ont des a priori sur mon métier car on tra-
vaille avec la tenue de l’entreprise et qu’on
peut être amené à faire de la vente. Cette
fonction est perçue comme ingrate, sa ri-
chesse est méconnue». Qu’importe pourelle. A 23 ans, son «plan de carrière» estdéjà xé : «Je veux, à terme, devenir direc-
trice de magasin.»
Contre les vents dominants, certainsjeunes diplômés tentent chaque annéel’aventure dans des secteurs et des mé-tiers délaissés, bien loin des sociétés quigurent en tête des classements des en-treprises préférées des étudiants. Face au
traditionnel plébiscite de LVMH, EADS,L’Oréal ou Google, ils répondent industrie
minière ou agriculture. «Les diplôméssont logiquement intéressés par ce qu’ils
connaissent, analyse Manuelle Malot, di-rectrice Carrière et prospective à l’Edhec. Mais leur vision peut réellement évoluer
quand desentreprisesviennent surle cam-
pus leur présenter leurs métiers. C’est
d’ailleurs une tendance: certaines sociétés
ont besoin de manageurs, de nanciers et
font des efforts croissants en direction de
nos étudiants.»
Pour les séduire, des industriels ont pumettre en place des «graduate programs»,dispositifs à travers lesquels l’entreprisedénit pour le jeune diplômé un parcoursprofessionnel attractif. Le volontariat in-ternational en entreprise (VIE) peut aussi
êtreégalement un outil de séduction. «C
tains noms de sociétés ne font pas rêv
mais lorsque le premier poste proposé setue en Australie, les perceptions peuve
évoluer, souligne Mme Malot. De façon p
simple, le stage peut être une excellen
porte d’entrée.» En témoigne la «révétion» qu’a reçue Ondine Bonhomme dales rayons d’une grande surface.
Les envies professionnelles atypiqugerment parfois au l du cursus. Ainles étudiants en école d’ingénieurs seblent souvent faire preuve d’une certaisouplesse d’esprit. Lorsque des opportnités se présentent, ils peuvent acceptde s’engager dans des secteurs à l’imapeu porteuse. «Ils sont très attirés par
technique au sens général, expliqAlexis Méténier, directeur des relatio
«Les DipLôméssontintéressésparcequ’iLs
connaissent.maisLeurvisionpeutchangerquanDLes
entreprisesviennentLeurprésenterLeursmétiers»
ManuelleMalot, directrice Carrières (Edhec)
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avec les entreprises à l’Institut nationaldes sciences appliquées (Insa) de Lyon.C’est leur moteur principal. Ce qu’on de-
mande à un ingénieur ne change pas:
être capable de mettre en équation des
problématiques. »
L’objet d’étude peut donc passer au se-cond plan lorsque le challenge scientiquese révèle attractif. «Les étudiants perçoi-
vent bien l’aspect innovant et la contribu-
tion qu’on attendra d’eux pour faire évoluer
un secteur», relève Mireille Jacomino, vice-présidente formation de l’école d’ingé-nieurs INP Grenoble. C’est précisément ladémarche qu’a suivie Camille Delabarrelorsqu’il s’est engagé dans un groupe mi-nier. Ce centralien, diplômé en 2009, re-connaît bienvolontiers qu’ilne s’imaginait«pas du tout travailler dans un tel secteur.
Lorsqu’on est étudiant, ce n’est pas considé-
ré comme un domaine très “sexy’’», ré-sume-t-il. Pourtant, quand l’opportunités’est présentée d’intégrer le centre de re-cherche d’Eramet, spécialiste des métauxd’alliages, il a dit oui et assure aujourd’huine rien regretter: «C’est très riche intellec-
tuellement. On nous présente une nouvelle problématique, en l’occurrence un nouveau
gisement, et on doit concevoir toutes les
étapes pour mener à bien l’exploitation.»
Caroline Bitton n’était pas, elle nonplus, destinée au secteur dans lequel elletravaille actuellement. Diplômée en 2012de l’Institut supérieur de gestion, elle a re-joint le monde agricole en devenantconsultante pour le spécialiste des courset marchés Agritel. «Pendant mes études,
on s’intéressait aux actions, obligations,
devises... Tout cela ne me parlait pas beau-
coup, je recherchais des choses concrètes»,
explique-t-elle. Le hasard des rencontresl’a fait s’intéresser aux marchés des ma-tières premières, puis plus spécique-ment à ceux de la production agricole.«C’est un univers très complet. Pour com-
prendre pourquoi les cours varient, il faut
prendre en compte le contexte géopoli-
tique, l’environnement, etc. » En expan-
sion, ce secteur pouvait par ailleurs offrirdes perspectives d’emploi. Toute Pari-sienne qu’elle est, Caroline Bitton a doncsuivi cette voie. «Ça a parfois surpris mon
entourage!», reconnaît-t-elle. Et commetous ceux qui empruntent des cheminsprofessionnels peu fréquentés, la jeunediplômée doit régulièrement expliquer
en quoi consiste son travail. «Les anciensde mon école croient que je suis dans les
champs», s’amuse-t-elle.Les orientations hors des sentiers bat-
tus peuvent aussi être liées à une pas-sion. C’est le cas pour Mathilde Freyssi-nier. A la n de son cursus à l’INPGrenoble, en 2009, elle s’est tout naturel-lement tournée vers l’industrie lourde.«J’ai toujours été attirée par les usines et
leur univers, les grandes chaînes de pro-
duction, le savoir-faire ouvrier... Ce sec-
teur a une identité culturelle très mar-
quée», relève-t-elle. Ses six mois passéschez le spécialiste de l’aluminium RioTinto Alcan n’auront toutefois pas desuite, l’entreprise n’étant pas en mesurede lui proposer un contrat. «Mais si ça
avait été le cas, j’aurais signé des deux
mains», indique-t-elle. Les aléas de laconjoncture économique l’éloignerontde ce secteur. Elle fabrique aujourd’huides capteurs physico-chimiques pour lescentrales nucléaires.
C’est aussi l’intérêt marqué pour unsecteur qui a orienté les choix de ClaireBabaud, diplômée de l’Ecole centrale Pa-ris en 2011. «J’ai toujours eu pour objectif
de travailler dans l’environnement », ex-plique-t-elle. Quitte à se retrouver dansun domaine peu couru: la conception destations d’épuration. Elle a intégré unesociété d’une quarantaine de salariés,Epur Nature, qui réalise des installationsen ltres plantés de roseaux. Rien n’a étélaissé au hasard dans ses choix profes-sionnels, pas même la taille de l’entre-prise. « Quand j’ai commencé mes études
supérieures, j’avais en tête de travaillerdans des sociétés qui polluent pour faire
changer les choses de l’intérieur. Mais j’ai
compris, par la suite, qu’on n’avait pas du
tout le poids nécessaire quand on n’était
qu’un pion dans une grande société.» Ellel’assure, sonposteactuel lui apporte à cetégard pleine satisfaction: «C’est une en-
treprise à taille humaine. Aujourd’hui, je
peux voir tous les jours la portée de mes
actions sur l’environnement.»
François Desnoyers
26
68
4
11
Seuls 47 % de ces jeunes travaillentfinalement dans l’agriculture
41 % travaillentdans les services
6 % dans le commerce
6 % dans l’industrie
Ils voulaienttravailler dans l’agriculture, oùtravaillent-ils ? Oùtravaillent ceux qui voulaient travailler…
Secteur d’activité dans lequeltravaillent les jeunesdiplômés selon le secteur de leur projetprofessionnel, en %
… dans l’industrie
… dansla constructionet leBTP … dansle commerce
… dans les services
25
965
1
23
10
4
63
6
6
47
90
4 5
1
Industrie
41
Services Construction, BTP AgricultureCommerce
s o u
r c e : A p e c 2 0 1 3
Base : jeunes diplômés en emploi qui avaient un projet professionnel
CarolineBittontravailledanslesmarChésagriColes.«lesanCiensdemonéColeCroientquejesuisdanslesChamps», s’amuse-t-elle
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d o s s i e r | me ’e e 2.0
Dans le monde du travail,
commetout au long duparcours profes-
sionnel, chacun cherche sa place. Mais
que l’on ait 30, 40 ou 50 ans, changer de
métier ne s’improvise pas. Vous en avez
fait vous-même l’expérience...
En tant que salarié d’une grosse entreprise,je m’interrogeais sur mon avenir profes-sionnel. J’avais des collègues qui souhai-taient changer de métier mais qui avaientune représentation faussée de ce qu’allaitêtre leur quotidien. Je pense par exemple àun collègue qui se voyait euriste: il s’agitde se lever à 4 heures du matin pour aller àRungis, travailleren chambre froide, passerparfoisdes journées entières sansqu’aucunclient n’entre dans le magasin… Si les étu-diants peuvent faire un stage an de décou-vrir un métier, ce n’est pas possible pourune personne qui a déjà une première ex-
périenceprofessionnelle. C’estde ce constatqu’est né Viamétiers en 2008.
Comment tester un métier?
Sous forme de ministages de formationcompris entre deux et quatre jours, avecune séance de préparation, une expé-rience sur le terrain et une synthèse pourétablirun plan d’action. Les clients de Via-métiers sont suivis avant et après le stagepar des consultants en ressources hu-maines. Nous rencontrons un peu de tout,
MGee est fondateuret gérant de Viamétiers,organisme de formationspécialisé dans l’organisationde stages d’immersion envue de reconversionprofessionnelle.
Eee eM Gee Pour changer de profession,
c’est la préparationqui fait la différence »
de la consultante en informatique deve-
nue chocolatière, au chef de productiondans une grosse entreprise qui se redé-couvre photographe. Nous avons des per-sonnes autour de la quarantaine, desjeunes ayant pratiqué un premier métieret qui veulent changer, ou encore des per-sonnes plus âgées qui souhaitent prépa-rer une retraite active.En moyenne quand on regarde ce qu’ilssont devenus six mois après le stage, 70%sont en reconversion effective, soit dansun nouveau métier, soit en formation. Lecoût varie entre plus de 500 euros etquelque 2000 euros, mais la plupart desstages sont nancés dans le cadredu droitindividuel à la formation (DIF).
Trois jours pour découvrir un métier,
n’est-ce pas un peu court?
C’est volontaire, car les personnes quiveulent changer de métier et qui sont enposte ne peuvent pas s’absenter long-temps de leurtravail. Certes, il fautdavan-
tage qu’une seule journée pour prendredurecul. A la n de la première journée, le«stagiaire» se pose des questions qu’ilpourra formuler le lendemain.Rappelons que ces ministages ne sont pasdestinés à former à un métier. Trois joursne permettent pas de voir toutes les fa-cettes d’un emploi, même si c’est plus fa-cile pour certaines professions que pourd’autres. Un boulanger répète toujours les
mêmes gestes, alors qu’une professi
comme architecte est beaucoup plus versiée.
Faut-il dire à son employeur qu’on so
haite découvrir un autre métier?
En général on ne risque pas grand-choen parlant de ses envies. D’autant plque quand on en est à ce stade, les autrs’en aperçoivent et c’est une situation qn’est saine pour personne. Enn légament, rien n’empêche un salarié de testautre chose.
Etes-vous les premiers à vous être la
cés sur ce créneau?
Le principe n’est pas nouveau. Tester métier, c’est ce que propose aussi l’EM(Evaluation en milieu du travail), un dpositif de Pôle emploi qui permet au dmandeur d’emploi de passer quelqujours en entreprisepour découvrir un mtier. C’est gratuit, mais c’est au demadeur d’emploi de trouver celle qui va l’cueillir. Or justement, trouver la bonentreprise d’accueil peut se révéler difcile. Dans la restauration par exempvous serez facilement accueillis, mvous allez vous retrouver à faire la plonou à éplucher des patates. Certaines ent
prises protent de ce dispositif pour avde la main-d’œuvre gratuite.On trouve aussi des consultants qui fodu reclassement et qui vont se débrouilpour organiser eux-mêmes des stages reconversion pour les salariés. Mais cereste marginal. Les candidats au changment souhaitent vraiment être accompgnés car ils savent que c’est la préparatiqui fait la différence.
ProPos recueil
Par Margherita N
«PourtEstErunMétiEr, nosMinistaGEs PrévoiEnt unEséancEdEPréParation, unEExPériEncE surlE tErrain EtunE synthèsEPourétablir
un Pland’action»
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F
Malgré un très haut niveau d’études et decompétences, les titulaires d’un doctorat viventsouvent un début de carrière cahotique. Encause: la baisse des débouchés dans la recherchepublique et la frilosité des entreprises.
aut-il ou non faire undoctorat? Il y a trois ans, la ques-tion s’était posée à l’occasion dela publication d’une note duCentre d’analyse stratégiquemon-trant que les docteurs (bac + 8)avaient plus de chances de se re-trouver au chômage après leurthèse que les titulaires d’un mas-ter. Faisant écho à cette étude, lerapport sur l’état de l’emploi
scientique en France, publié cetété par le ministère de l’ensei-gnement supérieur et de la re-cherche, souligne la réticencedes étudiants à continuer dans lavoie de la recherche, réputée lon-gue et difcile. Le taux de pour-suite en doctorat après un mas-ter (hors master recherche) estainsi passé de 11% en 2007 à 5%en 2010. Quant au nombre dedoctorants, après avoir culminé
à 70400 en 2007, il se situe au-jourd’hui autour de 66 000.
La baisse du nombre de docto-rants s’explique notamment parleurs difcultés d’insertion sur lemarché du travail, selon JulienCalmand, chargé d’études au dé-partement entrées et évolutionsdans la vie active (Deeva) duCentre d’études et de recherchessur les qualications (Céreq).«Depuis une dizaine d’années, le
taux de chômage des docteurs se
situe autour de 10%, trois ans
après la soutenance de la thèse.
Pour le diplôme le plus presti-
gieux de l’université, c’est beau-
coup. Par ailleurs, 30% de ceux
qui travaillent sont en CDD», in-dique-t-il.
L’accès à un emploi stable dansla recherche publique – à laquellese destinent 70% des docteurs –semble de plus en plus difcile.«On observe une diminution bru-
tale du nombre de départs à la
retraite dans le secteur de l’ensei- gnement supérieur et de la re-
cherche, qui va s’accentuer dans
les années à venir. Ce sont autant
de recrutements de jeunes diplô-
més en moins», explique BrunoChaudret, président du conseilscientique du CNRS. A celas’ajoutent les difcultés nan-cières d’un certain nombre d’uni-versités qui ne parviennent pas àremplir le plafond d’emplois xé
Les chercheurs cherchent…leur place
par le ministère. Ces difcultésconduiront à une baisse du nom-bre de recrutements de cher-cheurs et d’enseignants-cher-cheurs en 2014, qui pourraitatteindre 40%, d’après le conseilscientique du CNRS. «Une géné-
ration entière de docteurs va se
retrouver devant une situation
véritablement compliquée», pré-vient M. Chaudret.
Cette réduction des débouchésesten partiemasquée par le déve-loppement des postes non per-manents au sein des organismesde recherche et d’enseignementsupérieur. A l’issue de leur thèse,de nombreux docteurs sont en ef-fet engagés comme postdocto-rants pour contribuer à des pro-jets de recherche limités dans le
temps. Malheureusement, ces«postdoc» débouchent très rare-ment sur un emploi stable. Enjuin 2013, une pétition de direc-teurs de recherche du CNRS et del’Inserm dénonçait les effets per-vers du recours à ce type decontrats: «La loi Sauvadet stipule
que toute personne ayant été e
ployée six ans dans la fonction p
blique au cours des huit derniè
années est en droit d’obtenir
contrat à durée indéterminée. L
établissements publics de
cherche, ne disposant pas des r
sources nécessaires pour créer
tels contrats, ont réagi par des m
sures très restrictives. Ils limite
la durée possible d’emploi des p
tdoctorants à trois ans ou moi
avec de rares extensions possib
à cinq ans. Cela crée des situatio
dramatiques dans nos labo
toires: des jeunes chercheurs co
pétents sont privés d’emploi qu
siment du jour au lendema
même si leur équipe dispose d
fonds nécessaires pour les rém
nérer... Il devient difcile à
jeunes chercheurs de trouver
autre emploi.»
Face à cette situation, le governement a promis de titulaser quelque 8000 chercheurs
enseignants-chercheurs d’icin du quinquennat. Une mesuinsufsante, d’après les syncats de l’enseignement surieur. Selon leurs estimationsy aurait 50000 travailleurs pcaires dans les universitésl’heure actuelle (y compris personnel administratif).
Doctorante en sociologiel’université de Toulouse-Le MirElsa Pibou se destine à une c
laréductiondesdébouchésdanslarechercheet
l’universitéestenpartiemasquéeparledéveloppementdespostesnonpermanents
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Secteur privé Secteur public
Source : Rapport 2013 « L’état de l’emploi scientifique en France », ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche
Effectifsdechercheurs dans lessecteurspublicet privé,en france, en équivalent tempsplein
Effectifs dechercheurs parpays, en 2010,enmilliers d’équivalenttempsplein
Etats-Unis
Chine
Japon
Féd. de Russie
Allemagne
Corée du Sud
Royaume-Uni
France
Canada
Espagne
Taïwan
Italie
Australie
Pologne
TurquiePays-Bas
Suède
Argentine
Portugal
150000
140000
130000
120000
110000
100000
90000
80000
70000
0 2 00 4 00 6 00 8 00 1 0 00 1 200 1 400
Changementdeméthodologie
1997 1999 2001 2003 2005 2007 2010
rière d’enseignant-chercheur. Elleconnaît les difcultés qui l’atten-dent mais demeure optimiste.«Jusqu’à présent j’ai eu de lachance. J’ai bénécié d’un contratdoctoral unique, ce qui m’a permisd’être rémunérée pendant mathèse, en échange des cours que je
donnais à l’université.» Grâce àcettepremière expérienceprofes-sionnelle, elle a obtenu un posted’attachéetemporaired’enseigne-ment supérieur (Ater) pour l’an-née en cours. Mais pour l’annéeprochaine, c’est encore l’incon-nue. « Tous les docteurs doivent
avoir un plan B. Pour ma part, siça n’aboutit pas à l’université, jechercherai un emploi dans le sec-teur associatif, en lien avec mondomaine d’expertise, l’économiesolidaire en milieu rural», ex-plique-t-elle.
Comme elle, beaucoup de doc-teurs n’excluent plus une carrièreen dehors de la recherche acadé-mique. «Trois ans après leur thèse, 50% desdocteurs travaillentdans la recherche publique, 20%dans la recherche privée et 30%dans desactivités hors recherche»,
souligne Julien Calmand duCéreq. Les entreprises françaisesont longtemps été très frileuses àl’idée d’embaucher des bac+ 8,
leur préférant les prols d’ingé-nieurs. Mais la nécessité d’inno-ver dansun monde oùles techno-logies changent très vite pousseun nombre croissant d’entre ellesà s’ouvrir aux chercheurs. «Les
petites et moyennes entreprises(PME) abritent plus de la moitié des effectifs de docteurs du secteur
privé», souligne Amandine Bu-gnicourt, directeur d’Adoc TalentManagement, un cabinet de
La Loi F ioraso sur l’enseignement
supérieur et la recherche, adoptée
cet été, a apporté quelques
améliorations au statut de
doctorant. Elle facilite l’accès
des docteurs aux concours de
catégorie A de la fonction publique.Ainsi les docteurs ayant bénécié
d’un contrat doctoral (nancement
de la thèse) pourront se présenter
au concours interne de l’Ecole
nationale d’administration (ENA).
Les autres auront un meilleur accès
au troisième concours de l’ENA
grâce à la comptabilisation des
années de thèse dans l’expérience
professionnelle. Ces années seront
également considérées comme une
période de service effectif lors
de la titularisation à un poste de
chargé de recherche ou de maître
de conférence. Par ailleurs, les
titulaires d’un doctorat peuvent
désormais faire usage du titre
du docteur, en mentionnant sadiscipline, « dans tout emploi et
toute circonstance professionnelle
qui le justient». Pour Alexandra
Collin, de la Confédération
des jeunes chercheurs, ces points
sont positifs mais la loi ne règle
pas le problème de la précarité
des jeunes chercheurs ni celui
de la reconnaissance du doctorat
dans le secteur privé.
F.Sc.
Uu uqu
conseil spécialisé dans le recrute-ment de bac +8. «Ces PME appré-cient la capacité des docteurs àtravailler en réseau, à faire de laveille technologique, à cerner les
problèmes rapidement et surtoutàgérerunprojetdeboutenbout.»
Signe de l’importance des cher-cheurs pour le monde écono-mique, le nombre de chargés derecherche et développement(R&D) a augmenté de 72% entre2000 et 2010 dans les entreprisesfrançaises, alors que le nombredechercheurs du secteur public n’aprogressé que de 13,7%. Mais lesemplois sont encore concentrésdans un petit nombre de secteursparmi lesquelsl’automobile(12 %),
les services informatiques (11%),les activités scientiques et tech-niques (9%), la construction aéro-nautique et spatiale (8%), l’indus-trie pharmaceutique (7%), ouencore le conseil en stratégie eten organisation. «La R &D est la
porte d’entrée des docteurs dansles entreprises. Ensuite, beaucoups’orientent vers d’autres fonctionscomme lagestionde projet,le ma-nagement ou même des fonctionscommerciales», souligne Mme Bu-
gnicourt. D’après les enquêtesmenées par le cabinet auprès deses clients, 8% des docteurs occu-pent un poste de direction.
Même si leur insertion sur lemarché du travail est parfois déli-
cate, le marché de l’emploi desdocteurs n’est pas si gé qu’il en al’air. Cinq ans après leur thèse, ilsne sont plus que 4% à connaîtrele chômage. Du reste, les dé-penses de recherche devraientcontinuer à augmenter dans lesprochaines années en France etpartout ailleurs, offrant des dé-bouchés aux nouveaux entrants.A condition de savoir s’adapter.
FrançoiS Schott
lesdocteUrsentrentpar laporterecherche et
développement.ensUite, beaUcoUps’oriententvers
d’aUtres fonctions
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L
40 % de femmes chefs ou créatricesd’entreprise en 2017, tel est l’objectif duplan gouvernemental lancé le 30 novembre.Au programme: sensibilisation,accompagnement, accès au nancement.
e plan du gou-vernement en faveur de l’entre-preneuriat féminin prévoit 40%de femmes en 2017. Mis enœuvre dès le 30 novembre, ils’attachera, entre autres, à déve-lopper des réseaux féminins pro-fessionnels, à favoriser le mento-rat et à créer dans certainesrégions un fonds expérimentalpour doter des projets d’un -
nancement complémentaire.Aujourd’hui, «les femmes ont
une place trop marginale dansnotre économie. Elles représentent
30% des créateurs d’entreprise, 27% des dirigeants de petite et très petite entreprise (PME-TPE) et cetaux stagne depuis plusieurs an-nées», détaille Geneviève Bel. Laprésidente de la délégation auxdroitsdes femmeset à l’égalité duConseil économique, social et en-
vironnemental (CESE) a présenté,en 2009, un rapport sur l’entre-preneuriat féminin listant lesobstacles auxquels se heurtentles femmes entrepreneures, etsuggérant plusieurs pistes d’ac-tion. Pour résumer, il faut «agir en amont d’une part, accompa-
gner et soutenir d’autre part».Le premier axe duplan, quis’ins-pire des recommandations duCESE, repose sur la sensibilisa-tion, l’orientation et l’informa-tion. «Il faut lutter tout au longdu parcourséducatifcontre les re-
présentations stéréotypées desrôlesrespectifsdes hommeset des
femmes, favoriser la diversica-tion des cursus, développer les ca-
pacités de management et créer un esprit d’entreprise, avec une vi-
gilance particulière en directiondes jeunes lles», expliqueMme Bel. An de stimuler préco-cement l’envie d’entreprendredes femmes, l’entrepreneuriat fé-minin fera ainsi partie du pro-gramme scolaire dès la classe desixième.
3 leviers d’action en faveur de l’entrepreneuriat féminin
« La friLosité dusecteur bancaire
à L’égard des femmesest patente»
GenevièveBel, présidentede la délégationauxdroitsdes femmesetà l’égalitédu Conseiléconomique,
socialet environnemental
M a r c
T a r a s k o f f
Un programme de sensibilisationd’autant plus important que lesfreins à l’entrepreneuriat fémininsont d’abord dans les têtes deshommes comme des femmes,«qui ont intériorisé certains préju-
gés et hésitent à prendre des res- ponsabilités», estime AndréMarcon, président de CCI France,le réseau des chambres de com-merce et d’industrie.
Le deuxième axe du plan pourl’entrepreneuriat féminin pro-
pose de renforcer l’accompagnment des créatrices. « Apparteà un réseau renforce la conanen soi, l’accès à des moyens, pmet la transmission d’expriences et l’échange d’idées. Bén
cier des conseils d’une créatrou d’une repreneuse d’entreprqui a connu et surmonté mêmes embûches, s’est posé mêmes questions, constitue irremplaçable soutien», souligMme Bel. D’autant plus quand
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âgée de 22 ans, a beau proposer
aux dirigeants de les aider à se re-
lancer, ils refusent. Elle décide
alors de créer sa propre entre-
prise... à Nantes. Son mari tient
une brasserie dans la région. Elle
emmène dans ses bagages Cédric
Guinoiseau, 27 ans et ingénieur,
avec qui elle a travaillé à 8Mo-
tions, et Yann Borissoff, designer
qu’elle a rencontré à S3G. Agé de
37 ans, Yann, qui a construit sa vie
à Bordeaux, décide d’y rester.
Qu’à cela ne tienne, la future so-ciété aura deux implantations.
Anaïs Vivion afrme qu’elle a
toujours su qu’elle créerait sa so-
ciété. «Pour moi, c’est synonyme
de liberté. Ça veut dire qu’on crée
avec des gens que l’on choisit, et
j’aime travailler en équipe.» Au
collège déjà, elles se racontaient
avec une amie qu’elles travaille-
raient d’abord dans des grandes
sociétés, qu’après, elles auraient
chacune leur boîte et qu’elles se
croiseraient dans des aéroports,
entre deux rendez-vous… Son
amie a aujourd’hui son studio
photo et Anaïs Vivion a créé
BeApp à tout juste 23ans.
«Lorsque nous avons créé l’en-
treprise avec Yann et Cédric, j’étais
la plus jeune, mais aussi la plusentrepreneuse!», rappelle-t-elle.
Elle était aussi consciente qu’elle
avait tout à apprendre. Le par-
cours a démarré à l’incubateur
d’Atlanpôle en juillet 2011, avec un
local, une formation pour savoir
faire un business plan, et un prêt
d’honneurde 23000eurosqu’elle
doit compléter par un prêt com-
plémentaire auprès de banques
pour donner naissance à BeApp,
sait que, pour la seule Ile-de-
France, 250000 entreprises se-
ront en principe transmissibles
d’ici à 2020.
Dernier levier d’action: faciliter
l’accès des créatrices au nance-
ment. «La frilosité du secteurban-
caire à l’égard des femmes chefs
d’entreprise est patente, déplore
Geneviève Bel. Or l’accès au nan-
cement est un point névralgique:
un investissement nancier suf-
sant au démarrage constitue une
garantie de pérennité.» Des aides
spéciques favoriseront donc la
réalisation de projets de création
d’entreprises, et l’entrepreneuriat
féminin sera promu dans les
principaux réseaux bancaires.
« Ce n’est pas une révolution,
résume M. Marcon. Il s’agit d’un
plan qui s’appuie sur des moyenssimples pour faire avancer les
choses. Je crois que l’inversion a
bien démarré, il ne faut pas relâ-
cher cette pression et il faut que
chacun y mette du sien. Au ni-
veau de notre institution, nous
nous sommes par exemple don-
né l’objectif de la parité au ni-
veau des élus dès la prochaine
mandature. En espérant que tous
ceux qui se penchent sur cette
cause apportent leur pierre et ne
se contentent pas de dire aux
autres ce qu’il faut faire.»
MargheritaNasi
«LorsquenousavonscrééBeapp
avecYannetcédric,j’étais LapLus jeunemaisaussi LapLusentrepreneuse!»
aNaïs ViVioN
AnaïsVivion: «Etreune femme , jeune, dansun secteur innovant, est plutôtun atout»
naïs Vivion, 25 ans,
est tout à fait représentative de
cettenouvelle génération d’entre-
preneures qui n’ont plus à mener
les combats de leurs mères et se
sont affranchies de bien des
contraintes. Eduquées dans des
environnements totalement
mixtes, elles ne voient pas leur
féminité comme un handicap,mais n’en font pas pour autant
un atout. «Pour moi, c’est plutôt
un avantage, mais comme l’est le
fait d’être jeune dans un secteur
innovant. Ça me rend plus vi-
sible!», reconnaît-elle.
Rapide plutôt que pressée,
même quand elle parle, cette
Bourguignonne a quitté Dijon
pour Bordeaux après un BTS de
communication des entreprises,
pour faire une licence puis un
master en management et straté-
gie des entreprises, le tout en al-
ternance. Pendant sa licence, elle
s’occupe de la communication in-
terne du centre d’appel de S3G,
société du groupe Sud-Ouest qui
publie des journaux d’annonces
gratuits. Elle enchaîne pour le
master avec la société 8Motions,
qui développe des applications
pour mobile en réalité augmen-
téeà l’intention declientscomme
Decathlon, Mappy, etc.
«La société, c’était 4 personnes,
que deshommes et que desgeeks,
raconte-t-elle, mais ça m’a pas-
sionnée, j’ai vu comment naissait un produit. » L’expérience est tel-
lement concluante que 8Motions
lui propose de l’embaucher dès la
n de sa première année de mas-
ter. Enthousiaste, elle accepte,
sans renoncer à son diplôme
qu’elle passe en candidate libre.
Le premier accroc dans ce par-
cours presque parfait vient de
8Motions qui va mal et doit se
restructurer. Anaïs Vivion, alors
A en septembre 2011. Elle détient
70% du capital aux côtés de ses
deux cofondateurs. Après avoir
essuyé plusieurs refus, elle trouve
une banquière chez BNP-Paribas
qui accepte de la suivre à condi-
tion de modier son projet, le-
quel prévoyait de développer des
applications mobiles pour les en-
treprises et de mettre au point
une plate-forme de développe-
ment en ligne. En octobre 2011, la
banquière lui accorde 70000 eu-
ros de prêt si elle se concentre surle premier point, plus susceptible
de générer du chiffre d’affaires.
«Le même mois, on signait nos
premiers contrats», se réjouit
Anaïs Vivion.
Elle reconnaît qu’être une
femme, jeune et dans un secteur
innovant la sert… sauf lorsqu’il
s’agit de nancer son projet. Mais
aucun de ses clients n’a jamais
abordé le sujet. «Je suis passion-
née et dans mon domaine d’exper-
tise, ils me font conance. De plus,
c’est mieux d’être jeune quand on
propose des innovations destinées
aux jeunes! » dit-elle. Seuleombre
au tableau, lorsqu’elle est sur le
stand de BeApp dans un salon
professionnel, certains ont du
mal à croirequ’elleestà la têtede
la société…
Elle a maintenant trouvé son
rythme de croisière: BeApp de-
vrait réaliser un chiffre d’affaires
de 250000 euros en 2013, «et
nous sommes à l’équilibre!», in-
siste-t-elle. L’effectif devrait pas-
ser de 9 à 15 personnes d’ici à n
2014. Et malgré les ateliers derecrutement qu’elle a suivis lors-
qu’elle était à l’incubateur, elle
avoue qu’elle ne recrute que des
passionnés: « Même si ce n’est pas
très orthodoxe, c’est à eux que je
préfère donner leur chance! » Elle
a ainsi coné le développement
sous iOS et celui sous Androïd à
un ex-luthier et à un ex-journa-
liste. Avec succès jusque-là!
sophyCaulier
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N
Dans certains domaines, comme les réseauxsociaux, les jeunes en savent parfois bienplus long que leurs aînés. Et ne demandentqu’à partager leurs connaissances. Premiersretours d’expériences des entreprises qui
pratiquent déjà le mentorat inversé.
é avec la
deuxième génération d’ordina-
teurs, Michel, 58 ans, directeur gé-
néraldes partenariats à la division
médicale de Danone, a laissé ler
sous ses yeux le train du digital.
«LinkedIn, encore, j’arrivais à m’en
sortir, mais sur le reste, je me sen-
tais complètement perdu», recon-
naît-il. An de mettre ses salariés
seniors au parfum des tweets,
hashtags et autres ux RSS, Da-
none a mis au point, il y a trois
ans, un programme de mentorat
inversé dont Michel a tout lieu de
se féliciter.
Le concept a été créé, en 1999,aux Etats-Unis par l’ancien PDG
de General Electric Jack Welch.
«Pour poursuivre notre croissance
et répondre aux évolutions de la
société, nous devions sensibiliser
nos managers à la pratique des ré-
seaux sociaux et créer une vraie
culture du digital au sein de l’en-
treprise, explique Nicolas Rolland,
directeur de la formation et de la
transformation digitale. Or qui
mieux que les jeunes pouvaient se
faire les ambassadeurs de cette
mutation numérique? »
A 31 ans, Gwenaëlle Goeler, ju-
riste spécialisée dans la propriété
intellectuelleet les médias, se sent
comme un poisson dans l’eau
dans l’univers du Web 2.0. «Je
baigne dedans toute la journée,
explique la jeune femme, titulaire
d’un double master 2 en droit sa-
nitaire et social et droit des af-
faires, mention propriété intellec-
tuelles et en droit des nouvelles
technologies. Ayant été nommée
référente sur ces problématiques
au sein de mon équipe, j’ai l’habi-
tude de partager mes compétences
en transversal.» Comme elle,
130 juniors ont accepté de se
mettredans la peau du mentor.
En trois ans, ils ont déjà formé
1800 collaborateurs, répartis sur
quarante entités du groupe.
Même les membres des comités
Quand les juniors forment les seniors
de direction dans les différent
divisions y sont passés. «L’obj
tif n’était évidemment pas d
faire des geeks mais plutôt de le
expliquer les opportunités q
pouvait leur offrir le digital po
le développement de leurs acti
tés, précise Nicolas Rolland. A
prendre à recenser l’informati
pertinente disponible sur Int
net, contribuer à l’alimentati
des réseaux sociaux des comm
nautés de Danone…» Le tout so
la forme la plus ludique possib
«Ce n’était pas un cours sur
bleau noir, relève Michel. Chac
apportait son ordinateur et
travaillait en interactivité.»
Au terme de ses douze heur
d’initiation, le dynamique qu
qua semble bel et bien réconci
avec les nouvelles technologi
«Cette session n’a pas changé m
vie, tempère-t-il, mais elle m’a f
découvrir de nouvelles façons travailler. Aujourd’hui, je me s
des réseaux sociaux pour élar
mon réseau, suivre des personn
qui tweettent sur les sujets q
m’intéressent.» Gwenaëlle au
en tire un bilan très posi
«Cette expérience m’a perm
non seulement d’échanger a
des gens de tous niveaux hiér
chiques, mais aussi de valori
l’expertise que j’ai acquise.»
«notreinconscientest imprégné parl’idée quece sont
lesaînés quisavent.l’avènementdu
Web 2.0 tendà fairebougerles lignes»
Maurice casper, consultantà l’institut InterGe
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Dans les pays anglo-saxons,
on appelait «coach»
le répétiteur qui aidaitun étudiant en vue
d’une épreuve. Par extension,
le mot a ensuite désigné
la personne chargée
de l’entraînement sportif
d’une équipe. Ce terme est
aujourd’hui utilisé dans le
monde de l’entreprise pour
évoquer l’accompagnement
dont bénécient des salariés
ou des équipes pour
développer potentiels et
savoir-faire professionnels.
A l’inverse du coaching,le mentorat n’est pas orienté
vers les résultats. Cette
pratique d’accompagnement
de carrière d’un collaborateur
expérimenté auprès
d’un autre qui l’est moins
vise avant tout à améliorer
le fonctionnement
de l’entreprise et le bien-être
des collaborateurs.
Enn, la revue Recherche et
Formation dénit le tutorat
comme «l’ensemble des
activités mises en œuvre par des professionnels en
situation de travail en vue
de contribuer à la production
ou à la transformation de
compétences professionnelles
de leur environnement».
En clair, il s’agit d’aider
l’apprenant à surmonter
par lui-même les obstacles
qu’il rencontre au travail.
E.C.
Coaching, tutorat, mentorat: quelles différences?
Une reconnaissance que beau-
coup de patrons rechignent à ac-
corder à leurs jeunes pousses.
«Notre inconscient est encore très
imprégné par l’idée que ce sont les
aînés qui savent, constate Maurice
Casper, consultant à l’institut
InterGe. L’avènement du Web 2.0
tend à faire bouger les lignes.»
Tout doucement, on commence à
prendre conscience que les moins
de 30 ans ont eux aussi aussi des
talents à partager.
Dans le chapitre qu’il consacre
au contrat de génération sur son
site Internet, le ministère du tra-
vail, de l’emploi, de la formation
professionnelle et du dialogue
social précise ainsi que «les com-
pétences utiles à transmettre
peuvent également se trouver du
côté des jeunes salariés formés
aux techniques et savoirs les plusrécents dans leur domaine. Il
peut être intéressant de les mobi-
liser pour qu’ils forment d’autres
salariés».
«La plupart des jeunes qui arri-
vent aujourd’hui sur le marché
du travail ont non seulement des
diplômes, mais aussi très souvent
des expériences professionnelles à
faire valoir, insiste Nathalie La-
franchise, professeure au dépar-
tement de communication so-
ciale et publique de l’université
du Québec, à Montréal, et prési-
dente de l’organisme Mentorat
Québec. Il n’est donc plus question
d’organiser la transmission des
savoirs sur la base d’une relation
à sens unique comme autrefois.»
Au diable la relation maître-
élève traditionnelle! Place à la
collaboration participative. Le
groupe informatique IBM la pra-
tique déjà depuis belle lurette.«Dans certaines entreprises, on
cultive l’idée selon laquelle ne pas
partager le savoir, c’est garder le
pouvoir, constate Jean-Louis Car-
vès, responsable du programme
diversité. Chez nous, on est plutôt
persuadé que partager ses com-
pétences, c’est grandir.» Suivant
leurs besoins et les étapes de leur
carrière, seniors et juniors peu-
vent tantôt jouer le rôle du men-
tor, tantôt celui du mentoré.
Pour faciliter la mise en rela-
tion, une plate-forme Intranet
dédiée a été mise en place, avec
des petites annonces et des outils
pédagogiques sur les méthodes
de mentorat. Grâce à ce système,
François Bothorel, 55 ans, et Mat-
thieu Wong-Hang, 24 ans, tra-
vaillent depuis un an en parfaite
synergie. «Pendant son stage de
n d’études au centre technique
de Montpellier, Matthieu avait planché sur un nouvel accéléra-
teur destiné à améliorer la vitesse
d’exécution des applications, ra-
conte François. Lui me transmet
donc les connaissances qu’il a ac-
quises sur cette nouvelle technolo-
gie, et moi je l’aide à se familiari-
ser avec le contexte de la vente.»
Une relation gagnant-gagnant
qui suppose que chacun recon-
naisse ses limites et se laisse
conduire par l’autre.
An de faciliter le dialogue et
la cohabitation des générations
dans l’entreprise, Danone a mis
en place, en 2012, le programme
Octave, en partenariat avec
L’Oréal, GDF Suez et Orange.
L’idée? Convoquer une fois par
an toutes les générations autour
d’une table et les aider à prendre
conscience de leurs différences
de fonctionnement pour mieux
les dépasser. «Aujourd’hui, l’en-
treprise est comme un piano sur
lequel on ne jouerait que sur les
deux octaves centrales, compare
Anne Thévenet-Abitbol, direc-
trice prospective et nouveauxconcepts. En négligeant d’un côté
les plus de 50 ans, les octaves gra-
ves, et de l’autre les moins de
30 ans, qui correspondent aux oc-
taves aiguës, les 30-45 ans, qui dé-
tiennent le pouvoir, se privent de
beaucoup de ressources. Les entre-
prises gagneraient beaucoup en
efcacité si elles se plaçaient à la
croisée des générations.»
ElodiE ChErmann
15-19
Classes d’âge
20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64
Australie, Canada,Roy.-Uni, Danemark,Pays-Bas, Norvège
Groupe 1
Autriche, Finlande,Allemagne, Japon, Suède,Irlande, Etats-Unis
Groupe 2
Belgique, Luxembourg,Pologne, Slovénie, Grèce,Espagne, Italie, France,Portugal
Groupe 3
Moyenne 2005-2011, en % de la population par classe d’âge
Taux d’emploi pargroupe d’âge
Source : OCDE
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90 27 ans 52 ans
France
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- f
N’y voyez surtout pas, de leurpart, un désengagement dans letravail. «La nouvelle génération
accorde toujours beaucoup d’im-
portance à la réussite profession-
nelle mais pas à n’importe quel
prix, explique Karen Demaison,fondatrice du cabinet de conseilen ressources humaines Critèresde choix. Elle a tellement vu ses
aînés malmenés par le monde de
l’entreprise qu’elle est devenue
beaucoup plus méante.» Dansun sondage CSA de février 2013,60% des jeunes diplômés asso-ciaient d’abord la réussite profes-sionnelle à un travail épanouis-sant, mais 43% se disaientnéanmoins soucieux de conser-ver un bon équilibre entre le bu-reau et la vie privée. Cette préoc-cupation est particulièrementprégnante chez les femmes.
«Avant 30 ans, elles se persua-
dent qu’elles peuvent être à la foisde bonnes collaboratrices, de
bonnes épouses et de bonnes
mères, souligne Christine Nas-chberger, professeure associée àl’école de management AudenciaNantes. Ce n’est en règle générale
qu’après 40 ans qu’elles acquiè-
rent le sens desréalités. » A 27ans,Julie n’a pas encore renoncé à sesidéaux. Ingénieure en aéronau-tiqueà la Snecma à Melun (Seine-
U
Les jeunes diplômés aimeraient pouvoirconcilier un travail épanouissant et unevie personnelle accomplie. Utopie? Pas toutà fait. De plus en plus d’employeurs tentent
de faciliter cette harmonisation des temps.
n mari? Desenfants? Oui, mais pas tout desuite. A bientôt 27 ans, Nathalieest déterminée: «Ma carrière
d’abord.» Pour se tailler sa réputa-tion dans le petit monde des avo-cats d’affaires parisiens, elle en-chaîne les semaines de travail àsoixante heures. Et consacre le
plus clair de son temps libre à bû-cher sur ses dossiers. «J’adore
mon métier! En m’engageant dans
cette voie, je savais ce qui m’atten-
dait. J’assume», assure-t-elle. Vou-loir s’investir corps et âme dansson travail, rien de surprenant dela part d’une jeune femme, fraî-chement sortie de l’université.
«La plupart des hauts diplômés
qui débutent sont dans une lo-
gique de carrière, constate Gaëtan
Flocco, enseignant-chercheur ensociologie du travail au centrePierre-Naville à Evry (Essonne). Ils
ne comptent pasleurs heures, sont
prêtsà tout sacrier... Jusqu’au jour
où ils ressentent le besoin de réa-
juster, de reprendre le contrôle.»
C’est l’expérience qu’ont vécueDelphine et Pierre, responsablesdes ressources humaines dansdeux grands groupes du CAC 40.«Les premières années, nous
étions comme tous les jeunes qui
ont fait des études et qui nourris-
sent un minimum d’ambition:
nous nous donnions à fond dans le
boulot», se souvient Pierre. Etpuis, à l’approche de la trentaine,l’envie de fonder une famille les a
soudain titillés. «Si nous avions
tenu un raisonnement tactique,
nous aurions attendu d’être tous
les deux DRHavant de faire un en-
fant. Mais nous sommes des purs
produits de la génération Y. Nous
ne tenions absolument pas à lais-
ser nos carrières guider nos vies.»
Une carrière, oui,mais pas à n’importe
quel prix !
et-Marne), elle préfère supportrois heures de transport par joplutôt que de partir s’exiler banlieue. «Je suis parisien
jusqu’au bout des ongles, moigne-t-elle. Autant je
m’imagine pas exercer un mét
qui me déplaît, autant je ne m
sens pas prête à faire une cro
sur mes amis et mes loisirs.» plus de ses séances de sport et ses sorties au théâtre ou au cin
ma, Julie suit, tous les marsoirs, des cours d’histoire de l’en auditrice libre au Louvre. Popouvoir s’ouvrir ainsi à d’autrhorizons, encore faut-il avoir faire à une hiérarchie concilian
«J’ai la chance d’évoluer da
une entreprise qui accorde u
place importante à la famille,
félicite Julie. Quand ma mère
décédée l’an dernier, j’ai déc
d’ouvrir des gîtes dans notre m
ModulationduteMpsdetravailetdes
horaires,télétravail,conciergerie…
diversessolutionssontMisesenplace
f a b i o
v i s c o
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7/18/2019 Complet Campus
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11 h 30, ce vendredi matin. Le ballet
des cadresaffamésdébutedans le
hall de Schneider Electric, à
Rueil-Malmaison, dans les
Hauts-de-Seine.Tailleurnoir et
chemisier blanc,SylvieMirilovic,
une trentenaire à lunettes, prend
place derrière songrand comptoir
blancà l’entréedurestaurant
d’entreprise.«Bonjour M. Thooris»,lance-t-elle, toutsourire, à l’attention
d’unesilhouettepressée qui s’éloigne
vers l’ascenseur. Unegrandeblonde
se plantealors devant elle.«C’est pour
de la cordonnerie», annonce-t-elle.
Elleplonge lamaindans son sac eten
extirpe une paire debottes en cuir
marron, avec la semellecoupéeen
deux. «J’espère vraiment que vous
allez pouvoir faire quelque chose. Ce
sont mes préférées.» A côtéd’elle, un
costume-cravate lorgne
les orchidéesqui trônent
aumilieudescompositionsorales.
«C’est combien?», demande-t-il.
« 18 euros le pot.» Pressing,
repassage, retouche, entretien
automobile,démarches
administratives… Plusbesoinde
courirà droiteà gauchepour régler
les tracasseriesduquotidien.Sylvie et les équipes deZen & bien
conciergerie d’entreprises’occupent
de tout. «Nous avons lancé ce projet
en décembre 2008, dans le but de
faciliter la vie de nos collaborateurs et
de renforcer leur bien-être au travail»,
expliqueCarole Ginfray, responsable
desservices et de l’animation chez
SchneiderElectric. Le succèsa été
tel que le service a très vite été étendu
dedeuxà quatre jours par semaine.
En dehorsdesheuresd’ouverture,
les salariés peuvent se rendresur
l’extranet pour réserver un panierde
fruitset légumes bio, prendre rendez-
vous pour un contrôle technique ou
formuler unedemande d’aide
à domicile. Unvrai pluspour Jimmy
Dansou,responsable commercial.
«Le soir, quand je rentre à la maison,
tout est fermé, explique-t-il. Alors dèsque j’ai un ourlet à faire, un costume
à nettoyer ou des chaussures à réparer,
je les apporte ici. Les prestations
sont de qualité et coûtent moins cher
que dans mon quartier.»
Chaque semaine, Etienne Bellière
y laisse toutdemêmeune dizaine
d’euros. C’est le prix à payer pour
gagneren temps,en tranquillitéet en
liberté. «Je pars en déplacement une
fois tous les quinze jours en moyenne,
explique ce vendeur de28 ans.
Plutôt que de m’imposer la corvée
du repassage chaque veille de départ,
je dépose 5 ou 6 chemises ici et
je les récupère quarante-huit heures
après, prêtes à porter.» En 2012,
6748demandes ontainsi été
enregistréesà la conciergeriepour
22012 articles traités et 480lavages
auto oumoto effectués.«En plusdu complément de chiffre d’affaires
généré par les commerçants locaux
qui assurent les prestations, cela
représente 36 864 kilomètres évités
et 3936 heures gagnées pour nos
utilisateurs», se félicite Christophe
Faelens, ledirecteur deZen & bien.
Autantde tempssupplémentaire
qu’ilsontpu consacrer à leur travail…
ouà leurvie privée.
E. C.
P, h, , ’py ’p
son de famille en Auvergne pour
éviterde vendre. Pendant tout l’été,
j’ai assuré moi-même la gestion
des contrats de location, la remise
des clés, le ménage… C’était très
lourd à porter. Ma chef m’a alors
gentiment proposé de me déchar-
ger d’une partie de mes dossiers le
temps que je puisse m’organiser.»
Face au développement descouples à deux carrières, à la pré-sence massive des femmes sur lemarché du travail, à l’augmenta-tion du nombre de famillesmonoparentales et de jeunes pa-
rents, de plus en plus d’entre-prises commencent à assouplirleur mode de management pourfaciliter l’articulation des tempsde travail et de vie privée. Depuis2007, aux Etats-Unis, et 2008, enFrance, le cabinet Deloitte per-met ainsi à ses collaborateurs demoduler leurs horaires, leurtemps de travail, la fréquence deleurs déplacements et la com-plexité de leurs missions tout aulong de leur vie professionnelle.«Ce sont eux qui décident de leur
carrière», résume le responsabledes ressources humaines Jean-Marc Mickeler. De son côté, IMATechnologies, une liale dugroupe Inter Mutuelles Assis-tance (IMA) basée à Nantes, auto-rise le télétravail à raison de deuxjours par semaine. Le bilan desopérations se révèle très positif.«Les salariés gagnent en frais
d’essence et en tranquillité. Quant
à l’entreprise, elle s’y retrouve
aussi en termes d’attractivité, de
turnover et d’absentéisme», re-marque la DRH, ValentineTuloup.
Chargée de mission au sein del’association Français du monde,Mélina, une jeune maman de28 ans, ne bénécie pas de ces pe-tits coups de pouce. «Nous ne
sommes que 3 salariées à l’associa-
tion, explique-t-elle. Je n’ai donc ni
convention collective ni jour en- fant malade.» Pour concilier sesobligations professionnelles et fa-miliales, Mélina doit se livrerchaque semaine à un subtil jeud’équilibriste. «Le vendredi, la
crèche ferme à 17h15 et même
15h 15 le premier vendredi du mois,
raconte-t-elle. Pour pouvoir récu-
pérer ma lle à l’heure, je dois ac-
complir toute ma chargede travail
sur quatre jours et demi. Même en
mettant les bouchées doubles, ce
n’est pasévident. Imaginez si je dé-
cidais d’avoir un second enfant!»
ElodiE ChErmann
«les salariés gagnenten frais d’essence
et en tranquillité,l’entrePrise en
attractivité, turnoveret absentéisme
ValEntinE tuloup, DRHd’IMA
Technologies
7/18/2019 Complet Campus
http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 34/6034 / Le Monde Campus mardi 19 novembre 2013
L
Attachés au retour de l’humain dans l’économie,prêts à échanger hauts salaires contre projetsd’entreprises motivants, de plus en plusd’étudiants se tournent vers la planète sociale.
a discussion estanimée. Yoann Kassi-Vivier, Emi-lie Vuillequez et Antoine Colonnad’Istria reviennent sur leur par-cours depuis qu’ils ont choisi lavoie de l’économie sociale. Lestrois jeunes entrepreneurs sontencore étudiants à HEC lorsqu’ilsse rencontrent grâce au milieu as-sociatif. C’est un déclic. Ensembleils créent l’association Pro-BonoLab en 2011, aujourd’hui une desprincipales structures de promo-tion du bénévolat et du mécénatde compétences en France. L’idéeest de mettre à contribution dessalariés, chacun selon sa spéciali-té, pour soutenir le développe-
ment des associations.Si l’économie sociale et soli-
daire (ESS) a longtemps été exclu-sivement associée aux travail-leurs sociaux et au bénévolat, lestemps changent. Le trio de Pro-Bono Lab illustre ce vent nouveaude jeunes diplômés souhaitant leretour de l’humain dans l’écono-mie. Cette tendance a projetél’ESS dans le monde traditionnel-lement lucratif de l’entrepreneu-
riat. «Les étudiants cherchent desapproches alternatives aux mo-dèles “mainstream” (dominants)habituellement proposés à la sor-tie des écoles», explique HervéGouil, professeur à HEC de ges-tion des entreprises sociales etsolidaires. Et ils sont de plus enplus nombreux, comme en té-moigne le nombregrandissant decandidaturesà la chairede l’entre-preneuriat social de l’Essec, fon-dée en 2003 par Thierry Sibieude.La chaire accepte 25 étudiantsparan. Un choix de carrière qui restetoutefois globalement marginal:5% à 10% des élèves de grandesécoles font chaque année le choix
de l’entrepreneuriat, et ils ne sontqu’une petite partie à se consa-crer au social.
Arnaud Mispolet est l’un d’eux.Entré à l’Essec au début de sesétudes, ce sont les stages au Viet-nam et en Chine, puis en entre-preneuriat à New York quilui don-nent l’envie de monter unestructure. Il intègre le cursus etélabore le business plan de son
Les jeunes dip’ investissent l’économie sociale et solidaire
«les étudiantscherchent
des approchesalternativesaux modèles
“mainstream”»Hervé Gouil, professeurà HEC
de gestion desESS
projet Cric-Croc. «Ce cursus a vraicontenu face à l’enseignem
plus classique des autres liè parfois un peu creux», expliqueil. L’objectif de Cric-Croc est d’ingrer la consommation d’inseccomestibles dans notre alimention sous forme de barres énergtiques ou de steaks pour lutcontre la crise alimentaire.
A destination des entrepneurs sociaux en herbe, desstrtures d’aide et d’accompagnment voient progressivementjour dans toute la France. La ppart sont en région parisiencomme l’incubateur La Rucheplus médiatisée, ou encore Antpia, structure gratuite adossél’Essec. Enactus (anciennemeSIFE), une ONG américaine arvée en France en 2002, est doyenne et la plus réputée. mission est d’accompagner étudiants dans la mise en œuvde leurs projets à travers des év
nements, des formations et dconcours. Elle mobilise près d’millier d’étudiants en Francontre 62 000 à travers le mon
«En 2002, 90% des étudianimpliqués dans Enactus étaientsus d’écoles de commerce et management. Les étudiants pvenant d’universités ou d’écod’ingénieurs représentent désmais la moitié du programmsoit 15 établissements sur30 au
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7/18/2019 Complet Campus
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36 / Le Monde Campus mardi 19 novembre 2013
sume M. Gouil. Outre la questionde la rémunération, cet expert dusecteur met également en gardeles jeunes entrepreneurslorsqu’ils décident des statuts deleur structure. Outre les clas-siques société à responsabilité li-mitée (SARL) et société par actionsimpliée (SAS), les entrepre-neurs sociaux peuvent choisir
l’association, la mutuelle, la coo-
pérative ou encore la fondation.«Les statuts juridiques dans ce cas
sont importants car ils permet-
tent de protéger la promesse so-
ciale de l’entreprise», expliqueHervé Gouil, qui milite pour lestatut associatif, dont la sou-plesse permet aux projets d’évo-luer dans le temps.
Le troisième dé est celui detrouver sa place dans un milieutraditionnellement suspicieux àl’égard des diplômes. «La profes-
sionnalisation actuelle du secteur
joue en notre faveur, mon cursus
à l’Essec me donne de la crédibili-
té. Cela montre que tout le monde
n’est pas vendu au grand capi-
tal», plaisante Arnaud Mispolet.Même situation pour les fonda-
tal», note Aymeric Marmorat, di-recteur exécutif d’Enactus France.D’autres incubateurs voient lejour, comme celui de 3A à Lyon.«L’objectif est d’ouvrir deux struc-
tures par an», explique Julie Re-battet, directrice d’Antropia. Cedernier, lancé en 2008, accom-pagne actuellement 50 entre-prises, dont 10% créées par des
étudiants ou diplômés de l’Essec.« L’entreprise sociale répond à
des critères spéciques, avec des
modèles économiques hybrides et
des statuts juridiques différents
de l’économie classique», ex-plique-t-elle. L’incubateur testeaussi la viabilité des projets. « La
rentabilité est importante: c’est
en étant rentable que les objectifs
sociaux sont atteints.» C’est l’ex-périence que sont en train devivre Shéhrazade Schneider etElodie Le Boucher, fondatrices deRobin Food. Fraîchement sortiesde l’ESCP-Europe, elles ontrejointAntropia en juillet 2013 pourdonner vie à leur projet antigas-pillage alimentaire. L’idée estd’ouvrir un restaurant proposantdes plats élaborés à base de fruitset légumes mal calibrés, et doncdédaignés par le circuit de distri-bution classique.
Robin Food est né de débats lorsd’un Start-up weekend organisépar l’ESCP, et les deux étudiantesde 22 et 24 ans s’y consacrent au-jourd’hui à temps plein avec l’ob-
jectif de lancer leur restaurant auprintemps 2014. «Nous voulons
un projet à vocation sociale qui fa-
vorise également des opportunités
business», note Mme Schneider. Amoyen terme, elles souhaitentfonder une chaîne. Pour ceux quiont déjà lancé leur projet, l’asso-ciation Make Sense, créée par desanciens de l’ESCP, propose son ré-seau d’entraide et d’échange decompétences.
trices de Robin Food, qui sont lées rencontrer tous les acteudu secteur avant de se lanc«Cette démarche a été imp
tante pournous positionner en
une association et une entrepr
et ne pas froisser les différen
parties prenantes», explique Edie Le Boucher.
Le dernier dé pour les jeunqui créent une entreprise sociest… leur jeunesse. «La créati
d’entreprise exige une certa
maturité, note Julie Rebattd’Antropia. Il faut à la fois maît
ser la gestion, les aides des po
voirs publics et les exigences
monde de l’ESS.» Un bontestpomettre à l’épreuve la ténacité d
candidats… qui considèrent lejeunesse comme un ato«L’échec est moins cuisant qua
on n’a rien à perdre, à part s
temps», remarque Yoann KasVivier, de Pro-Bono Lab, qui siste sur l’importance de l’équidans la réussite d’un projet. Uavis partagé par M. Sibieude. «L
étudiants et les jeunes diplôm
ont le prol parfait pour ent
prendre, ils sont dans un univ
apprenant, n’ont pas de famill
charge et sont entourés pardes
perts.» Pour l’enseignant, la cléla réussite est de trouver l’éqlibre entre les motivations émtionnelles et le rationnel duproet de bien identier sa nalité.
Camille Févr
Ce mariage du social et de larentabilité revient danstouteslesbouches de ces jeunes entrepre-neurs. Car, même s’ils revendi-quent leur différence, ils restentissus du moule des grandesécoles, et peinent à trouver unevia media. A l’inverse d’un cer-tain nombre de leurs camarades,leur chemin est loin d’être touttracé: par ce choix, ils sacrientune carrière dans un grandgroupe et une rémunérationconfortable. «Les enjeux des reve-
nus et du patrimoine sont impor-
tants, insiste Thierry Sibieude, del’Essec. Ces questions doivent être
abordées de manière transpa-
rente, c’est une réalité mais pas
une fatalité.»Une réalité pourtant sonnante
et trébuchante: dans l’économiedite classique, l’échelle de salairespeut atteindre 1 à 900, dans lesentreprises sociales elle se rap-proche de 1 à 9. «Les jeunes ne
doivent pas être dans une posi-
tion sacricielle. En échange de
cette rigueur, il leur faut des pro-
jets motivants», explique HervéGouil, d’HEC. Un discours parta-gé par les intéressés. «Ce n’est pas
un sacrice, car l’on sait que c’est
pour notre bien», note Shéhra-zade Schneider.
Le trio de Pro-Bono Lab a ainsitravaillé près de deux ans sans serémunérer, mais ne regrette rien.«La nalité est plus large», ré-
«la rentabilitéestimportante: c’estenétantrentablequelesobjectifssociauxsontatteints»
Julierebattet, directrice d’Antropia
De nombreux événements locaux
et internationaux rythment
laplanète sociale. Undes plus
incontournables est la WorldCup
de l’ONG Enactus, où 35 équipesde différents pays présentent leurs
projets sociauxà despoids
lourds de l’économie classique.
Le concours Global SocialVenture
Competition (GSVC)est également
organisépar l’université
américaine de Berkeley depuis
quatorze ans. Descentainesde
projets d’entrepreneuriatsocial
portéspar desétudiantsdumonde
entier sont misen compétition
pour un enjeude 20000 dollars,
avec un accompagnement
médiatique et une formation.
Lesprojets issus despays
francophones, une vingtaineen tout, sont pilotés parl’Essec,
quiclôt les inscriptions le
1er décembre. C’est d’ailleurs une
école d’ingénieurs burkinabés
qui a remportéla mise en2012,
avec leprojetdusavon
antimoustiques FasoSoap.
Nouveauté cette année, l’Essec
va organisersa propre compétition
avec certains dossiers retoqués
parBerkeley, dont les critères
deviabilitéet demise enœuvre
sont stricts. Autre initiative,plus
locale, prévue auprintemps
2014, le Campus Pro-Bono, piloté
par l’associationPro-BonoLab,quipropose aux étudiantset
professionnels de consacrer
une journée à aiderune
association.Néeen 2012 à HEC
avec 4 associations, l’initiativea
réuni, en 2013,6 établissements
160 étudiants, 110professionnel
et 25 associations. Le Campus
s’ouvre l’anprochain auxécoles
d’ingénieurs et universités.
C.
D d
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7/18/2019 Complet Campus
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d o s s i e r | bk f
La tentation
de l’international
Assoiffés d’aventure ou lassés de la crise, les jeunesFrançais se disent nombreux à vouloir tenter unepremière expérience professionnelle à l’étranger.
Au retour, l’impact sur la carrière reste nuancé.
J ’adore la France, mais
parfois elle peut être
étouffante pour un
jeune diplômé avec des
rêves», soupire Christi-na, 26 ans. Depuis mai,cette jeune lle issue dela promotion 2012 del’ESC-Grenoble est donc
partieprendre l’air au Togo, où elle essaiede décrocher un poste dans un service
marketing ou commercial. Comme sou-vent dans ce type de situation, l’expé-rience ne se veut pas dénitive: «Je pars
minimum deux ans, peut-être cinq. Mais
après, je rentrerai en France», dit-elle.Comme Christina, les jeunes diplô-
més français sont de plus en plus nom-breux à imaginer une partie de leur car-rière professionnelle à l’étranger. Selonle deuxième «Baromètre de l’humeurdes jeunes diplômés» Deloitte/Ifop defévrier 2013, un quart d’entre eux envi-
s é b a s t i e n
t o
u a c h
e
sagent ainsi une partie de leur avenirhors de France. Soit deux fois plus quelors du premier baromètre il y a un an !
Aussi diverses que les histoires, les rai-sons qui les poussent à s’en aller s’entre-mêlent. Certains sont motivés par l’aven-ture et la quête de sens. CommeChristina: «La vision métro, boulot, dodo
et RTT ne me faisait pas rêver! J’avais en-
vie de rencontrer une autre culture, dans
un pays plus optimiste. » De son côté,Roman de Rafael, 25 ans, consultant éner-gie climat, « voulait barouder en pays
émergents». Après sept mois enThaïlande, il rentre. « La nourriture, la
langue, le climat, la sécurité sociale, ma
famille, la campagne, beaucoup de choses
27% des jeunes diplômésenvisagentunepartie deleuravenirhorsdeFrance
BaromètreDeloitte/ifop (2013)
7/18/2019 Complet Campus
http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 39/60mardi 19 novembre 2013 Le Monde Campus /
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d o s s i e r | p k p
me manquaient. Et puis quand on est
payé en contrat local, comme c’est de plus
en plus souvent le cas, la vie n’est pas
meilleure qu’en France», se souvient-il.La plupart imaginent aussi pouvoir
proter de meilleures conditions d’em-ploi loin de la morosité économiquefrançaise. «Ceux qui se lancent sont les
mieux formés et ont les moyens de nan-
cer une telle aventure. Ils ne partent pas
parce qu’ils ne trouvent pas d’emploi,
mais pour des raisons d’opportunités en
termes de niveaux de poste et de salaire»,
conrme Julien Calmand, chargé d’étu-des au département Entrées et évolu-tions dans la vieactivedu Centred’études
et de recherches sur les qualications(Céreq). Selon lui, le taux de chômage àtrois ans des ingénieurs n’esten effet que
de5 % etde 9% pour les managers, contre19% pour la génération 2007.
Des opportunités qu’Alexandre VanEeckhout a pu apprécier à Shanghaï, oùce diplômé en marketing de l’universitéde Paris-Dauphine a travaillé un an etdemi dans une agence de communica-tion. «Un mois après mon arrivée, j’avais
dix offres fermes pour des postes d’un ni-
veau de responsabilité que je n’aurais pas
pu espérer en France avant plusieurs an-
nées», raconte le jeune homme. Après
son séjour en Chine, il est revenu dansl’Hexagone avec la certitude que cetteexpérience lui ferait prendre de l’avancesur ses homologues jeunes salariés.
Mais attention aux idées reçues: au re-tour, ce type d’expérience à l’étranger estsurtout positif pour se distinguer au mo-ment de l’embauche. «C’est un avantage
sur un CV car cela montre la maîtrise
d’une langue étrangère, la capacité à
s’adapter et à ne pas céder à la facilité»,
estime Jean-Marc Mickeler, associé direc-teur des ressources humaines du cabinetDeloitte. Dans certaines grandes entre-prises qui se développent sur des mar-chés à l’international, c’est même un pré-requis indispensable. En revanche, « ça
ne fonctionne que si vous avez occupé un
poste qui correspond à votre parcours. Si
vous avez papillonné en terme d’emploi,
cela sera difcile à valoriser et vous de-
vrez redémarrer à zéro», prévient JérômeGras, directeur exécutif du cabinet Pagepersonnel.
D’autant plus qu’une ligne d’expé-rience à l’étranger sur le CV n’est plusune rareté, notamment via les stages.« Généralement, cela ne permet pas de
faire un bond qualitatif en termes de ni-
veau de responsabilité et de salaire au re-
tour», nuance Jérôme Gras. Une réalitédont Alexandre Van Eeckhout a d’ailleursfait l’amère expérience : «Je pensais que
ça allait me permettre de prendre
quelques années d’avance en revenant en
France, autant de temps gagné pour ma
carrière à long terme. En fait, pas du tout.
Quand je disais aux recruteurs que j’avais
acquis des responsabilités plus vite qu’un
junior en Chine, ils me répondaient qu’ici
le marché n’avait rien à voir et que s’ils
avaient à payer plus, il préféraient em-
baucher un senior», explique le jeunehomme. Déçu des postes qu’on lui pro-pose en France, le jeune homme hésited’ailleurs à repartir en Chine.
«Pour qu’il y ait des retombées posi-
tives en termes de salaire ou de niveau de
poste, il faut trouver une entreprise qui
mette en valeur la compétence apprise à
l’étranger», souligne Rosa Rossignol, fon-datrice du cabinet de conseil Carnetd’adresses RH. Pour elle, la condition estde «chercher une société où existent des
passerelles avec ce qu’on a fait à l’interna-
tional. Par exemple un marché développé
dans le pays où l’on a vécu son expé-
rience». Dès lors, le fait de connaître lesmanières de travailler, d’entrer encontact, de négocier ou de parler cou-ramment la langue est une plus-valuequi pourra se traduire dans le salaire et le
niveau de responsabilités accordé. Bisûr, plus la compétence est rare, pl’atout sera valorisé, à condition de voir négocier.
Une spécialité géographique qui poura perdurer au cours de la carrière et qufaut donc avoir à l’esprit. «En rentrant
France, je garderai probablement l’é
quette “Afrique” durant une bonne par
de mon parcours professionnel, mais
ne posera pas de problème», expliqChristina, qui pense avoir fait un bpari en choisissant une zone en deven
L’expérience sera aussi plus ou moivalorisée selon le type d’entreprise ingrée à l’étranger. «Avoir travaillé dans
groupe du CAC 40 est forcément un ava
tage et agit comme une accélérateur
carrière au retour en France ou en cas
changement de pays. En revanche, si l’e
périence s’est déroulée dans une toute p
tite entreprise à l’autre bout du mon
cela n’aura pas d’impact. Sauf, à la limi
si l’entreprise fait une partie de sonchiff
d’affaires dans l’Hexagone et y est do
connue», détaille Rosa Rossignol.Et chez ceux qui ont fait durer l’exp
rience, la particularité peut perdre devaleur au l des années. «Après cinq
six ans d’expérience professionnelle, no
cherchons avant tout de l’expertise. Do
le fait que cette dernière ait été dévelo
pée à l’étranger ou en France n’est pas
facteur déclenchant pour le recruteme
et ne donne pas automatiquement u
position plus avantageuse», souligJean-Marc Mickeler.
Et si l’on ne revient pas? « Attention
syndrome de l’expatrié pour ceux qui tr
vaillent dans une entreprise française in
tallée à l’étranger, prévient M. Mickel
Le risque est d’évoluer géographiquemeavant d’évoluer fonctionnellement si l’
s’éloigne du centre de décision.» A chcun, donc, de trouver les autres bonnraisons pour aller tenter sa chance hode nos frontières. Une chose est sûpour ceux qui envisagent l’expériencomme une parenthèse , pour avoir impact positif sur la carrière professionelle, le retour se prépare autant, voplus, que le départ.
Léonor Lumine
«Pourqu’il y ait desretombéesPositives enfrance, il fauttrouveruneentrePrisequimetteenvaleur la comPétenceaPPriseà l’étranger»
rosa rossignoL, cabinetCarnetd’adressesRH
«Je PensaisquemonexPérienceacquise horsdefrancemePermettrait
dePrendrequelquesannéesd’avance. en fait,
Pasdutout»aLexandreVan eeckhout, diplômé enmarketing à l’universitéParis-Dauphine
7/18/2019 Complet Campus
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d o s s i e r | k
E st-ce le goût de l’aventure ou
plus prosaïquement la mau-
vaise situation du marché de
l’emploi? Toujours est-il que
les jeunes diplômés sont nom-
breux à partir. Sur les 1,6 million de Fran-
çais présents à l’étranger, un sur dix a
entre 18 et 25 ans. L’expatriation est un
phénomène en hausse constante. Sur les
dix dernières années, la population des
Français de l’étranger a augmenté de
50%. Et la tendance ne faiblit pas. Selon
Le Baromètre de l’humeur des jeunes di-
plômés publié en février, une étude me-
née par Deloitte et l’Ifop, 27% des jeunes
diplômés en recherche d’emploi situent
leur avenir professionnel à l’étranger.Face à ce mouvement, de nombreux
entrepreneurs se sont décidés à lancer
des services à destination des candidats à
l’expatriation. Bien sûr, il existe déjà des
structures publiques qui orientent et in-
forment les futurs expatriés. C’est le cas
entre autres de la Maison des Français de
l’étranger. «Mais ily a également Pôleem-
ploi international ou les chambres de
commerce et d’industrie à l’étranger,
ajoute Renaud Alquier, directeur de
l’agence marketing LaNouvelle-R qui gère
également le site France-expatries.com. La Chambre de commerce et d’industrie
franco-australienne, par exemple, fait un
gros travail pour lister les entreprises fran-
çaises installées en Australie ou y exerçant
une activité – ce qui est très utile pour en-
voyer des candidatures.» C’est le genre
d’informations que ce chef d’entreprise
compile dans des brochures pays acces-
sibles gratuitement sur le site.
De l’altruisme? Pas complètement,
puisque le trac du site Web estmonétisé
auprès d’annonceurs promouvant des
offres de location de voitures à l’interna-
tional ou des cours de langue. Et surtout,
parmi les visiteurs du site, certains re-
viendront peut-être un jour proter des
prestations de France-expatriés desti-
nées aux cadres en mobilité. «Pour
quelques centaines d’euros, nous leur pro-
posons d’analyser leur contrat de travail
et de faire le tour des questions scales,
juridiques et de santé qui peuvent se po-ser dans leur pays de destination», ex-
pliqueRenaud Alquier. Ce modèle de gra-
tuité des informations et de services
payants est assez courant.
Dans le paysage foisonnant des sites
d’aide à l’expatriation, deux acteurs tirent
particulièrement leur épingle du jeu. Le
premier, lepetitjournal.com, est un site
d’informations en français qui compte
42 déclinaisons locales dans le monde en-
tier. En plus d’un suivi de l’actualité, d’un
agenda culturel local et de bons plans,
site propose des articles plus généracomme un guidedes quartiers où se lo
à Berlin, des conseils pratiques sur les e
tretiens d’embauche en Espagne ou e
core un panorama des différents vis
pour le Brésil.
La réunion des blogsL’autre site très consulté par les can
dats au départ est davantage une pla
forme d’échanges entre anciens et futu
expatriés. Expat-blog.com est né en 20
de la volonté d’un ancien expatrié, Juli
Faliu, de réunir en un même endroit d
blogs d’expatriés des quatre coins
monde. Huit ans plus tard, le site emplo
17 personnes, compte 850000 membr
et recense 12 000 blogs. Aux témoignag
sont venus au fur et à mesure s’ajout
des forums thématiques, un espace de p
tites annonces, ou encore des guides pa
disponibles en cinq langues.
«Le site permet aussi à des communa
tés de se constituer localement. De ce
façon, les nouveaux expatriés ont déjà
petit réseau en arrivant. Nous avons mêm
été à l’origine d’unmariage », sourit le fo
dateur, pour qui il est important que
service reste gratuit et se nance exclu
vement par la publicité.D’autres sites, comme Australiance
qui conseille plus spéciquement les
turs expatriés en Australie, mettent g
tuitement à disposition les informatio
générales, tout en commercialisant
propres services de coaching ou les s
vices d’entreprises partenaires, qu
s’agisse de démarches scales et admin
tratives, d’aide à la recherche de logeme
ou de cours d’anglais.
SébaStienDumou
Gratuitédes informations– financéespar lapublicité –et servicespayants, unmodèle
deplus enplusrépandu
Alors que denombreux jeunesveulent tenter leur
chance à l’étranger,de plus en plusde sites leur proposentconseils et bonsplans pour préparerleur départ.
Le marché forissantdu conseil aux expatriés
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7/18/2019 Complet Campus
http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 44/6044 / Le Monde Campus mardi19 novembre 2013
doss i er le par du break profess onnel
I ls en avaient rêvé, ils l’ont fait. Le
23 janvier 2011, Marc Beaumont et
Camille Sandoz, alors âgés de 26 et
28 ans, abandonnent Paris, leurs
CDI dansle marketing et les autres
pesanteurs du quotidien pour enfourcher
deux bicyclettes.
Leur programme de voyage est simple:
faire le tour de la Terre. Baptisée La Cara-
vane à pédales, leur équipée part vers l’est,
traverse la France, puis l’Allemagne, conti-
nue vers la Russie, parcourt les steppes ka-
zakhes et la Chine pour arriver au Japon,
s’envole pour la Californie, pédale jusqu’à
la côte Est et revient nalement à Paris en
passant par l’Espagne. 20300kilomètres
avalés, des températures comprises entre–15°C et +45°C, 110crevaisons en quelque
quatorze mois et pas l’ombre d’un regret.
«Les réactions au retour ont été très posi-
tives», assure le couple qui, pour éviter de
revenir à son point de départ, a déménagé
à Bordeaux et retrouvé du travail après
respectivement six semaines et six mois
de recherche.
Cela paraît trop facile? Que l’on ne s’y
trompe pas. Comme tous ceux qui déci-
dent de s’accorder quelques mois pour le-
ver l’ancre, les aventuriers se sont d’abord
heurtés à la difculté de convaincre leurentourage, aux réactions contrastées. « Les
parents ont été les plus réticents… au début,
se souvient Marc Beaumont. Pourquoi
quitter son travail? Quel était le projet à
long terme? Quels étaient les dangers? »
Contrairement aux pays de l’Europe du
Nord comme le Danemark, où l’année de
break après le lycée est bien établie, les
jeunes Français sont très peu nombreux à
décaler leur entrée dans l’enseignement
supérieur. «Mes professeurs de lycée ont
tous essayé de me décourager, raconte
Charlotte, qui est partie un an après s
baccalauréat, avant de revenir passer concours de Science-Po Lille. J’ai passé
mois à travailler dans un hôtel en Ang
terre et enchaîné avec six mois de serv
volontaire européen en Allemagne da
une association», raconte-t-elle. Dans
cadre de ce programme, les jeunes Eur
péens de 18 à 30 ans peuvent travailler
névolement– letransport, le gîteet leco
vert sont assurés – dans un autre pays
l’Union. «En terminale, à 17 ans, mon
un tel projet, aller voir les différentes as
ciations, ça responsabilise beaucoup. On
En France, l’idée de prendre un congé sabbatiquepour mener à bien un projet apparaît souvent risquéeou farfelue. Pourtant, un congé bien préparé et uneexpérience adroitement valorisée séduisent des DRH,surtout avec un diplôme de grande école en poche.
Un tour dumonde sinon rien!
s é b a s t i e n
t o
u a c h
e
7/18/2019 Complet Campus
http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 45/60mardi 19 novembre2013 Le Monde Campus
TouT salarié peut
demander un congé
sabbatique à son
employeur, à
condition d’avoir
cumulé six ans
d’expérience
professionnelle,
dont au moins trois
dans l’entreprise
en question – pas
nécessairement
consécutifs, et de ne
pas avoir bénécié au
cours des six
dernières annéesd’un autre congé
sabbatique, d’un
congé individuel
de formation (CIF)
de six mois ou plus
ou d’un congé de
création d’entreprise.
Ces conditions
réunies, le salarié
doit s implement
notier sa demande
à son employeur par
lettre recommandée
au moins trois mois à
l’avance, en précisant
la date de départ et
la durée du congé.
Il n’est pas tenu
de préciser ses
motivations.
L’employeur a ensuite
trente jours pour
donner sa réponse
– accord, report
ou refus. Un refus,
lorsque les trois
conditions préalables
sont respectées, n’est
possible que dans lesentreprises de moins
de 200 salariés, si
l’employeur estime,
après avis du comité
d’entreprise ou
des délégués
du personnel,
que le congé portera
préjudice à
la bonne marche
de l’entreprise. Cette
décision peut être
contestée devant les
prud’hommes dans
les quinze jours
suivant réception
de la lettre de
l’employeur. Plus
souvent, il demande
à décaler le départ.
La durée du congé
sabbatique peut
varier entre six et
onze mois, durant
lesquels le contrat de
travail sera suspendu.
Cela signienotamment que
le salarié n’est plus
rémunéré. Il lui est
possible en revanche
d’utiliser les droits
acquis sur son
compte épargne
temps (CET) pour
nancer son congé.
Pendant les six ans
précédant celui-ci,
il peut reporter sa
cinquième semaine
de congés payés
annuels et toucher
la somme
correspondante
au moment
de son départ.
Travailler est aussi
autorisé pendant
un congé sabbatique
– dans une autre
entreprise ou pour
monter sa propre
activité –, à condition
de ne pas se trouver
en concurrence avec
son entreprise.A la n du congé,
le salarié retrouve
sa place dans
l’entreprise, au
même poste ou
à un poste équivalent
et avec une
rémunération au
moins égale à celle
qu’il avait en partant.
S. Du.
U l u l
«L’essentieL, c’estd’avoir denoUveaUx projets. MêMe si L’on
retoUrne dans son entreprise,Lesgens ne noUs ont pas attendUs»
Jean-BaptiSte LaLot, ingénieur
le nez dans la vraie vie, assure Charlotte.
Tout le monde a peur que l’on ne reprenne
pas les études après cette expérience, mais
je dirais que c’est plutôt l’inverse. Non seu-
lement c’est beaucoup plus intelligent
qu’une première année de fac ratée, mais
cela motive pour suivre des études.»
Pour les candidats au congé sabbatique
déjà insérés dans la vie professionnelle, la
pression ne se relâche pas. N’est-ce pas
une folie d’abandonnerson travail dansla
crise actuelle? Pourtant, un projet de
break bien valorisé peut susciter la com-
préhension et l’intérêt du monde profes-
sionnel. «Je sens que cela séduit. Parfois ça
impressionne», raconte Gregory Zigrand,
lui-même rentré d’un périple à vélo d’un
an autour du monde avec un ami il y a
tout juste deux ans: «Cela nécessite une
certaine force mentale, plus que physique. Et une bonne capacité d’adaptation », au-
tant de qualités susceptibles d’intéresser
un recruteur.
Organiser un tel périple requiert aussi
des capacités d’organisation. Rien que
l’itinérairedoit être mûrement rééchi en
fonction des saisons, de la situation poli-
tique des pays traversés et des contraintes
de temps. La préparation comprend aussi
un volet nancier conséquent. Même
pour les plus économes, partir un an né-
cessite quelques milliers d’euros de tréso-
rerie. Enn, certaines compétences de
communication peuvent souvent être dé-
veloppées et mises en avant: conception
d’un site Web, relation avec les médias lo-
caux, réalisation de contenus et constitu-
tion d’une communauté. Florent et Ju-
liette, 37 et 30 ans, qui partiront en
novembre pour un an et ont baptisé leur
projet «OTDM, Projets créatifs autour du
monde», prévoient ainsi de réaliser un
livre, une exposition et des conférences à
leur retour. Ils ont déjà créé leur site et les
comptes Facebook, Twitter et Instagram
pour suivre leur aventure.
«Un voyage peut être valorisé, renchérit
Jean-Baptiste Lalot, qui a aussi sillonné le
globe à deux pendant un an. Dans une en-
treprise où il faut parler anglais, qui se dé-
veloppe dans des pays culturellement très
différents, cette année d’expérience pen-
dant laquelle on se sera adapté à toutesles
situations représente un atout, assure ce
jeune ingénieur, qui a retrouvé du travail
en quelques mois à son retour. L’essentiel,
c’est d’avoir de nouveaux projets. Même si
l’on retourne dans la même entreprise, les
gens ne nous ont pas attendus.»
Plus facile à dire avec un diplôme de
grande école en poche qu’avec un simple
certicat de baroudeur. Gregory Zigrand,
qui n’était titulaire que d’une licence en
gestion de l’environnement, n’a pour sa
part jamais reçu de réponses aux candida-
tures qu’il a déposées à son retour. « Je
comptais mettre le voyage en avant pour
avoir un CV plus attrayant, mais ça n’a ja-
mais mordu, constate-t-il, un peu amer.
Soit il fallait une expérience profession-
nelle que je n’avais pas, soit un diplôme
supérieur. Alors je me suis décidé à m’ins-
crire en master.» Rétrospectivement, il
n’est pas certain que le choix de partir enn de licence, sans avoir lesmoyens nan-
ciers d’unsalariéni la possibilité de s’insé-
rer facilement sur le marché du travail en
rentrant, ait été judicieux. Mais « l’oppor-
tunité de partir s’est présentée à ce mo-
ment-là», relativise-t-il. Et loin de lui l’idée
de regretter son choix, au contraire. Pour
tous les voyageurs de retour, le plus com-
pliqué est souvent au contraire de ne pas
succomber au désir de repartir.
SéBaStienDumouLin
7/18/2019 Complet Campus
http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 46/6046 / Le Monde Campus mardi 19 novembre 2013
doss i er k
J ’hésite… Est-ce que je franchis le
pas ou est-ce que je choisis unevoie moins risquée?», se demandeAnne-Catherine. A 26 ans, la jeunefemme a quitté un contrat à durée
indéterminé (CDI) bien payé dans leconseil en management. «Je ne pouvais
pas continuer car j’ai besoin de trouver dusens à ce que je fais», se justie-t-elle. Au-jourd’hui, elle voudrait se reconvertirdans l’illustration et la bande dessinée, sapassion. Mais la démarche est osée et ellehésite entre trouver un emploi proche desa formation initiale en maison d’édition– «plus raisonnable» – et se lancer carré-ment comme dessinatrice.
Parier sur sa passion paraît exaltant.Mais à long terme, tout plaquer peut s’avé-rer risqué car les circonstances peuventobliger à effectuer un retour en arrière. «Amoins d’avoir doublé l’expérience d’uneaventure entrepreneuriale, il est compliqué de justier ce qui peut apparaître comme
une rupture dans le CV», estime Jean-MarcMickeler, associé directeur des ressourceshumaines du cabinet Deloitte. Et lorsqu’onest jeune, comment expliquer l’abandond’une place obtenue après de longues an-nées d’études? Du coup, l’idée reste sou-vent à l’état de fantasme.
Pour ceux qui envisagent de sauter lepas, il existe quelques bonnes vérités àconnaître pour que le pari vaille le coup.D’abord, «les projets qui échouent sontsouventceux quin’ont pas été assezprépa-
rés. Vouloir vivre de sa passion n’est pas ir-
raisonnable, mais il faut prendre le tempsde mûrir le projet, de l’écrire étape par étape, si besoin de se former et d’en parler autour de soi», explique Claire Lelièvre,directrice adjointe de Village magazine,une publication destinée aux urbains dé-sireux de s’inventer une nouvelle vie à lacampagne. Pour elle, l’idéal est de prendreau moins un an et demi de réexion.
Un cheminement facilité par certainsoutils. «Il existe des formules qui permet-tent de commencer en douceur tout en
gardant son ancien emploi à côté, commenégocier un temps partiel, faire un stage
de découverte du métier, demander uncongé pour création d’entreprise ou uncongé individuel de formation (CIF) pou-vant aller jusqu’à un an ou 1200 heures»,détaille-t-elle. Une fois que vous êtes lan-cé, les coopératives d’activité et d’emploipermettent de se tester tout en béné-
ciant d’un statut salarié.Un temps de réexion qui doit aussi
servir à créer des liens. «Le secret d’unereconversion réussie réside souvent dansla capacité à transposer les compétencesacquises auparavant», ajoute Claire Le-lièvre. Christophe Vasseur, ancien com-mercial reconverti en boulanger avecsuccès – Meilleur boulanger de Paris2008 – après quatre ans d’expérienceprofessionnelle, conrme: « Mon avan-tage par rapport aux autres a été d’avoir
«il faut prendre le temps demûrirle projet, de l’écrire étape par étape,
si besoin se former, et en parlerautour de soi»
Claire lelièvre, de VillageMagazine,unmagazinedestinéaux «rurbains»
Lâcher son travail pour se lancerdans ce que l’on aime le plus… Un rêve,dont le chemin est parfois seméd’embûches et les résultats pas toujoursà la hauteur des espérances. Encore que…
Je plaque tout pour fairedema passionmonmétier
7/18/2019 Complet Campus
http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 47/60mardi 19 novembre 2013 Le Monde Campus
En 1999, Christophe Vasseur est
passé des accessoires de mode
aux petits pains. Sans aucun
regret, bien au contraire. A
l’époque, il est jeune commercial.
Fils de médecin, passé par une
classe préparatoire, puis par une
école de commerce, rien ne
laissait supposer qu’il opérerait
une reconversion aussi brutale.
Bon poste, bon salaire, stabilité, il
a pourtant tout envoyé promener.
Tout est parti d’une désillusion.
« J’avais 30 ans, et les quatre
années de vie professionnelle que
j’avais derrière moi m’ont suf
pour comprendre que je n’étais
pas heureux au travail.
Je faisais partie de cette
génération de jeunes, éduqués
pour faire partie d’une élite,
à qui l’on disait qu’ils ne
connaîtraient jamais le chômage,
que l’entreprise c’était le rêve, et
qui, à son entrée dans le monde
du travail, a ressenti beaucoup de
désillusion», se souvient-il.
Sans notion de boulangerieaucune, mais avec « un rêve de
gamin en tête », il décide donc de
se lancer dans ce métier d’artisan.
Il passe alors un CAP de
boulanger et effectue un stage de
deux mois chez un professionnel.
Puis il ouvre sa boulangerie après
avoir racheté un vieil
établissement en faillite,
à quelques pas du canal
Saint-Martin, dans le
10e arrondissement de Paris.
Les débuts sont difciles.
La première année, Christophe
Vasseur ne se verse pas de salaire.
La deuxième, ce sera à peine
un smic. « Il faut être conscient
de cet aspect nancier quand
on se reconvertit et s’accrocher
pour ne pas jeter l’éponge.
Surtout que je travaillais comme
une bête », souligne-t-il. Sans
parler « du regard négatif de
l’entourage, qui ne comprend pas
toujours ce choix ».
Reconverti oui, mais pas pour
autant amnésique, ChristopheVasseur utilise ses anciennes
compétences de cadre manageur
pour faire de son projet une
entreprise rentable. Résultat:
les affaires tournent plutôt bien
pour cet artisan aujourd’hui âgé
de 48 ans, qui avoue gagner
plus que dans son ancien métier.
Aujourd’hui, il est même
fournisseur du grand chef
Alain Ducasse.
Une issue à laquelle il n’a jamais
cessé de croire dur comme fer.
« Quand on exerce une activité
qui nous passionne, on donne le
meilleur de soi-même, ça ne peut
que marcher, assure-t-il sans
hésiter. Cela fait aujourd’hui
quatorze ans que j’ai tout plaqué,
raccroché mon costard-cravate,
remisé mes chaussures bien cirées,
et j’y prends toujours autant de
plaisir. Ce choix, je le referais mille
fois ! De toute façon, la seule
manière de savoir si c’était une
bonne idée était d’aller jusqu’au
bout », conclut-il. Un messageque Christophe Vasseur ne cesse
de marteler. En octobre 2011, il
s’est même rendu à l’occasion de
la Semaine du goût à l’université
Panthéon-Assas an de
convaincre les étudiants qu’un
parcours brillant dans
l’enseignement secondaire ne
devait pas empêcher de
s’intéresser à l’artisanat.
L. Lu.
CV : « J c cx»
des connaissances en marketing et de sa-
voir gérer une entreprise.»
Pour éviter les déceptions, mieux vauten être conscient, les difcultés sont lé-gion. Bruno Jarry, ancien cadre dans la -nance et créateur de l’Epicerie de Bruno,à Paris, en 2006, en sait quelque chose:«Je ne me suis pas payé pendant deux ans
et je ne récupérerai jamais ce que je ga-
gnais avant. Il y a de gros moments de
doute. Il faut avoir le courage de faire le
gros dos et pouvoir s’appuyer sur son en-
tourage pour ne pas s’isoler.» Un soutiend’autant plus important que la décisionde changer de vie touche à la dénitionqu’on a de soi-même. «Quand on quitte
un statut reconnu, certains se mettent à
vous regarder de haut. Il faut être capable
de se réinventer une identité profession-
nelle», ajoute Bruno Jarry. Car se recon-vertir dans un métier passion supposeaussi de supporter de sortir des grilles delecture habituelles. Une capacité quin’estpas donnéeà tous et quipeut rendreun projet intenable.
Philippe Curt, aujourd’hui âgé de43 ans, en a fait l’expérience. Une fois sondiplôme de l’Ecole nationale supérieure
des arts et métiers (Ensam) en poche, ilavait tout plaqué pour se consacrer aupiano. «Tous mes amis se casaient dans
des postes prestigieux, mais je voulais me
réaliser en tant que concertiste. Finale-
ment, j’ai tout arrêté au bout de deux ans
car je ne supportais plus de ne pas être
“comme les autres”», explique cet associéfondateur du cabinet de conseil en straté-gie Performance Manager Partner (PMP).
Mais si l’on accepte ces inconvénients,assure Christophe Vasseur, «l’expérience
est forcément positive, même si elle se
solde par un échec, car il n’existe rien de
pire que les regrets de n’avoir pas osé ».«De fait, la société accepte mieux ce type
de parcours, explique Catherine Negroni,maître de conférences en sociologie àLille-I et auteure de Reconversion profes-
sionnelle volontaire. Changer d’emploi,
changer de vie. Un regard sociologique
sur les bifurcations (Armand Colin, 2007).
Car la reconversion est au croisement de
plusieurs phénomènes que sont le chô-
mage structurel, la n de l’emploi à vie et
les fortes attentes créées par l’idée que le
travail doit être épanouissant.»
La quête de soi se trouve d’ailleurs aucentre des discours de ceux qui ontfranchi le cap. «Je rêvais d’être inrmière,
mais j’ai choisi de faire du droit car c’était
plus valorisant que ce métier que je croyais
manuel. Mais je découvre aujourd’hui
qu’il est aussi très intellectuel», ajoute Na-thalie Eypert, qui a repris des études à30 ans après avoir quitté un CDI de char-gée de mission dans une association.
De son côté, Anne-Catherine a imaginéun plan B qui lui permettra de sauter le
pas plus tranquillement: si son projetdans l’illustration ne se concrétise pasdans le délai de quelques mois qu’elles’est xé pour réussir, elle rechercheraun poste moins éloigné de sa formationinitiale, mais à l’étranger, ou un contratdans un cabinet de conseil spécialisédans l’édition.
Léonor Lumineau
«QuandonQuitteunstatutreConnu, Certains semettent
à Vousregarderdehaut. il fautêtre Capable de seréinVenterune identitéprofessionnelle»
Bruno Jarry, créateur de l’Epicerie Bruno
d
r
7/18/2019 Complet Campus
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estimé à 1,9 milliard d’euros en France en
2012. Il y a quelques années, il s’agissait
majoritairement de mécénat culturel. Au-
jourd’hui, le social et la solidarité ont pris
la première place. »
Des salariés mis à dispositionLes modes d’intervention mêmes des
entreprises ont changé. Si le mécénat -
nancier reste la forme de soutien la plus
courante, deux autres progressent, à sa-
voir le mécénat en nature – les dons de
produits ou la mise à disposition de
moyens matériels et techniques – et le
mécénat de compétences – la mise à dis-
position de salariés. Dans le cadre de ce
dernier, les entreprises acceptent de libé-
rer du temps de travail de leurs employés
an qu’ils le consacrent à des projets as-
sociatifs et de solidarité déterminés. Ain-
si, par exemple, depuis 2006, les salariés
de l’opérateur SFR peuvent bénécier de
Services Commerce, distributio
Industrénerg
Agriculture, agroalimenta
ConstructioBT
De 20 à 99 salariés
De 100 à 199 salariés
200 salariés et plus
Source : Admical-Baromètre de mécénat d’entreprise en France en 20
Proportiond’entreprises
mécènes selonla taille, en%
Secteur d’activitédes entreprise
mécènes, en%
58 % 19%
11%
9 %
3%
18 1826 26 27 27
32
25
43
2008 2010 2012
d o s s i e r | bk
D ans le sud de l’Inde, un cin-
quième de la population ap-
partient à la caste la plus
basse, les dalits ou intou-
chables, un groupe particu-
lièrement discriminé et touché par le
chômage. Rachel Allard, une jeune Fran-
çaise, s’est rendue sur place l’an dernier
pour donner des cours de bureautique et
essayer d’améliorer leur insertion. La
jeune femme n’est pourtant ni profes-
seure d’informatique ni professionnelle
de l’humanitaire, loin de là. Elle est audi-
trice junior pour la liale française de
PwC, un des plus gros cabinets d’audit
mondiaux. Partie avec une association
appelée Planète urgence, Rachel Allard a
effectuéun «congé solidaire», c’est-à-dire
que son engagement s’est fait sur ses
congés personnels, mais que l’intégralité
des frais de la mission ont été pris en
charge par son employeur.
« Les pratiques du mécénat d’entreprise
ont changé, explique Sarah Digonnet
d’Admical. Cette association, qui compte
180 adhérents, promeut depuis trente
ans le mécénat d’entreprise, un budget
Congé solidaire, méCénaten nature,méCénat de CompétenCes…
les modes d’interventionprennent des formes
de plus en plus diverses
Face à la demande de leurs salariés,surtout les plus jeunes, les DRHdéveloppent des actions sociales quipermettent de répondre aux aspirationsles plus profondes de leur personnel.
La quête de sens au travail,les entreprises s’engagent
7/18/2019 Complet Campus
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six à quinze jours par an pour s’engagerdans une association sur leur temps detravail dans le cadre d’une mission pré-cise, en lien ou non avec leurs compé-tences professionnelles. «C’est une pra-tique quise développe, assure Jean-MichelPasquier, de Koeo, une plate-forme demise en relation des entreprises et desassociations, qui travaille avec 60 entre-prises et 2 000 structures associatives.Cela va d’un responsable d’agence Web,qui consacre quatre heures de son tempsà expliquer aux responsables de l’associa-tion Accueil des villes de France (AVF)comment fonctionnent Facebook et Twee-ter, au DRH d’une liale d’un grand
groupe, détaché pendant neuf mois au- près d’une association. »
Parmi les raisons qui expliquent le dé-veloppement de ces pratiques, il y a laprise de conscience des entreprises de
leur rôle social et l’obligation, règlemen-taire pour les sociétés cotées, éthiquepour les autres, d’avoir une réelle poli-tique de RSE (responsabilité sociale et en-vironnementale). Il y a aussi un volet res-sources humaines. «Les entreprisesrépondent à une demande de sens formu-
lée par les salariés», estime Sarah Digon-net. Développer l’attachement à l’entre-prise est devenu un objectif de premièreimportance pour les ressources hu-maines, qui doivent tenir compte du be-soin d’ethique exprimé en particulier parles jeunes diplômés.
«L’impact du développement d’actionssociales par l’employeur est difcile à me-surer, reconnaît Jean-Michel Pasquier,mais cela peut être tout à fait discrimi-nant.» C’est-à-dire qu’à choisir entre deuxentreprises, le candidat va aujourd’huidonner sa préférence à celle qui lui per-mettra de s’impliquer, de donner du sens,
que cesoit sur son temps detravail ousurson temps libre.
La solidarité organiséeJusqu’où celapeut-il aller? «Il arrive que
certaines expertises techniques se transpo-sent bien et puissentdonner lieu à desmis-sions courtes avec des organisations non
gouvernementales (ONG). Par exemple, dessalariés de Veolia ont récemment accom-
pagné une mission comme consultantssur un projet touchant à l’eau et à l’assai-
nissement», explique Marie Perroudon, deBioforce, organisme de formation spécia-lisé dans les métiers de l’humanitaire.Mais en règle générale, les entreprises selimitent soit à des actions sociales locales,comme les systèmes de parrainages d’étu-diants de quartiers défavorisés par des sa-lariés de la Société générale, soit à des mis-sions ponctuelles à l’étranger dansle cadrede congés solidaires.
«Il s’agit de solidarité, ce qui est très dif- férent de l’humanitaire», précise HelenaCardona, de Planète Urgence. Pas ques-tion, par exemple, d’intervenir sur unezone de conits, ce qui serait compliqué àgérer en termes de responsabilité pour
des entreprises. Aucun besoin d’ailleursd’aller si loin pour donner au salarié lapossibilité de trouver du sens au sein deson entreprise. Une des initiatives les plusremarquables a ainsi été lancée en 2010 etconcerne aujourd’hui une vingtaine d’en-treprises en France et 21000 salariés. Ils’agit de l’arrondi sur salaire, développépar exemple par la société MicroDON, quiconsiste à reverser à une associationquelquescentimesà quelques euros préle-vés sur sa feuille de paie et abondés à100% par l’entreprise. Les petits ruisseauxd’argent pour les associations font lesgrandes rivières de sens pour les salariés.
SébaStienDumoulin
C’est une teChnologie
potentiellement
révolutionnaire. Nom de
code: eGo. Actuellement
développée par le géant
français de la carte à puce
Gemalto, il s’agit d’une puce
électronique qu’il ne sera
plus nécessaire d’insérer dans
un lecteur ou de faire biper,
mais qu’il faudra simplement
placer à proximité de la peau,
dans une poche de chemise
par exemple, pour que le
corps tout entier véhicule
l’information qu’elle contient.
Il sera ainsi possible de
déverrouiller la portière
de sa voiture par exemple
simplement en la touchant
avec la main. Et le plus
étonnant de cette technologie
est que son inventeur n’est
pas une des 1 800 blouses
blanches que Gemalto
emploie à travers le monde,
mais un simple salarié de
La Ciotat qui a déposé sonidée sur BIG (pour Business
Innovation Garage), la plate-
forme du groupe sur laquelle
les 11000 salariés peuvent
proposer leurs projets
les plus fous.
Chaque année, sur
300 propositions, l’entreprise
en sélectionne trois ou
quatre. Le salarié à l’origine
de l’idée se voit alors
proposer de travailler six
mois sur son projet pour
prouver sa viabilité, dans
un incubateur interne, une
structure de développement
de start-up comme l’on peut
en trouver ailleurs, mais
spécialement conçue pour les
salariés de l’entreprise.
Inspirés des projets temps
libre très médiatisés des
grandes rmes américaines
comme Google ou Pixar,
les incubateurs internes y
ajoutent une dimension
entrepreneuriale.
Pour Gemalto, l’objectif est
double. Il s’agit, bien sûr,
de donner naissance à des
produits commercialisables
et rentables en stimulant
l’innovation, mais aussi
de donner à ses salariés
l’opportunité d’exprimer leur
créativité et de reconnaître
leur potentiel innovant.
Sur ce point, il reste d’ailleurs
des progrès à faire. Selon la20e édition de l’Observatoire
du travail réalisé par BVA en
mars 2012, 9 % des salariés
français estiment que
l’innovation fait partie de ce
que l’entreprise attend d’eux.
Les incubateurs internes sont
loin de s’être généralisés,
mais on observe un intérêt
croissant. Ainsi, depuis
trois ans, chez le fabricant
toulousain de biscuits
Poult, les idées innovantes
des salariés, cadres et
ouvriers, sont également
accueillies avec une oreille
plus qu’attentive puisqu’ils
peuvent consacrer la moitié
de leur temps de travail à
son développement. Même
principe chez Renault, où le
dispositif d’appel à idées créé
cette année – Renault Creative
People Lab – est accessible
depuis l’intranet du groupe et
que des espaces d’incubation
sont ouverts aux porteurs de
projet. Par ailleurs, d’autres
entreprises permettent à
leurs salariés de ressentir les
frissons de l’entrepreneuriat
en accompagnant des
créateurs de start-up
extérieurs à la société.
Là aussi, l’intérêt est avant
tout de repérer et lancer
des projets rentables, mais
les experts qui coachent les
jeunes pousses sont bienmis à disposition par leur
entreprise. L’exemple le
plus récent est la mise en
place il y a quelques mois,
par Microsoft, de Spark,
un incubateur parisien
accueillant actuellement
treize start-up qui bénécient
d’un accompagnement
des équipes Microsoft.
S. Du.
Dp-
Pas question, Par exemPle,D’intervenirsurunezone
Deconflit carce seraittroPcomPliquéà gérerentermes
De resPonsabilité
7/18/2019 Complet Campus
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doss i er l k f l
D es études dans le management
du secteur associatif, six moisde service civil, et ensuite uncontrat à durée indéterminée(CDI) dans une association...
Malgré son engagement dans le secteur as-sociatif, Vincent Laurent ne voit pas d’unbonœil le service civique.
Dèsle lancement de cedispositif en2010,les critiques au sein du syndicat Action dessalariés du secteur associatif (Asso), dont ilest membre, fusent. «On voyait dans le ser-
vice civique une menace: en 2010, le secteur
associatif est en pleine crise, les embauches
se raréent, les contrats précaires se multi-
plient, ainsi que les suppressions de poste»,
raconte-t-il.Pour lui, c’est simple: lancerundispositif qui offre aux associations la pos-sibilité de disposer d’une main-d’œuvre àdes prix imbattables en temps de crise estdangereux. «Nous continuons de recevoir
des témoignages de déçus de ce dispositif»:
aucun contrôle sur les heures, offres quis’apparententàdeschesdeposte,manquede mixitésociale…
Moinsvirulentes,lesassociationsreconnais-sent que les risques de glissement vers desformesde stage ou d’emploi déguiséexistent.StephenCazade,directeurnationald’Unis-Cité,quirecrute desjeunesdésireux departiciperà
des missions d’intérêt général, pointe lemanque de culture du service civique enFrance: «Cela demeure méconnu. On a ten-
danceà seréférerà cequ’onconnaît,c’est-à-dire
aubénévolat,austage ouà l’emploi.»
Valérie Becquet, maître de conférenceen sociologie à l’université de Cergy-Pon-toise (Val-d’Oise), accuse, elle, le dévelop-pement massif du dispositif qui, dit-elle,«entraînedesdérives. Ce risque estd’ailleurs
inscrit dans la loi: le législateur a bien pré-
cisé queles missions ne devaient pasconsti-
tuer un substitut à l’emploi. Il savait que
c’était un risque inhérent au dispositif».En2011,à peineunanaprèssonlancement,
un rapport parlementaire vient conforter cescrainteset conseillederenforcerle contrôleetle suivi de ces missions en invoquant un glis-sement vers de l’emploi déguisé. «Ce rapport
n’a donné lieu à aucune application concrète.
Au contraire, dénonce Vincent Laurent. De-
puis un an et demi, l’autorisation d’avoir re-
cours au service civique a étéétendue aux col-
lectivités territoriales, des organismes qui
embauchentgénéralement souscontrat.»
L’Agence du service civique (ASC) se veutrassurante. «Le rapport de 2011 évoquait cette
dérive sans donner d’exemples ni de chiffres.
Elle est plus l’expression d’une crainte que
d’une réalité», estime Patrick Chanson, res-ponsable de la communication de l’ASC. Etl’Agence dispose de moyens pour limiter lesdérives. «De nombreuses missions s’effectuent
dans de grandsréseaux associatifs quisont at-
tachés aux valeurs du service civique et aux-
quels nous faisons conance», poursuit-il. A
l’issue de leur service civique, les volontairesrépondent à un questionnaire dans lequel laquestion d’un éventuel emploi déguisé leurest posée. «Nous ne voyons pas remonter de
signaux d’inquiétudeparticuliers», indiqueM.Chanson, qui souligne «un taux de satisfac-
tiondes jeunesde 90%cetteannée».Prune en fait partie. Après cinq années
d’étudessanctionnées parun masteren com-munication, elle s’engage auprès de l’Associa-tion de la fondation étudiante pour la ville(Afev).«Je bossais surlespartenariatsculturels
«Le LégisLateur a bien précisé que Lesmissions ne devaient pas constituer
un substitut à L’empLoi »Valérie Becquet, sociologue
Conçu en 2010 pour aider ceux quidécrochent à s’intégrer dans la vie active,le dispositif de volontariat citoyendérive, selon les professionnels du secteurassociatif, vers l’emploi déguisé.
Le service civique détournéde ses objectifs
s é b a s t i e n
t o
u a c h
e
7/18/2019 Complet Campus
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et je devais négocier des tarifs avantageux
pour les enfants. Lors du recrutement, ils ont
étésélectifsdansle choixdelapersonnequi de-
vait occuper ce poste. C’est commepour le tra-
vail de chargé de communication, ils ont be-
soin de gens qualiés. Ce sont clairement des
fonctions qui devraient être occupées par des
salariés,mais çane me choquepas. Est-cehon-
nêted’embaucherquelqu’uncommemoi?», sedemande Prune. En tout cas, la jeune lle y atrouvé son compte: «J’ai travaillé neuf mois
sur une mission dont j’avais la responsabilité.
C’est valorisant dans un CV. Et vu le contexte
économique difcile, c’est aussi une façon de
s’occuper et de connaîtrelesecteurassociatif.»
Pourles plusdiplômés, le service civiquereprésente un plus en matière d’insertion
professionnelle. Ce n’est pas forcément lecas pour les moins qualiés. C’est ce qu’es-time Maud Simonet, auteure du Travail
bénévole. Engagement citoyen ou travail
gratuit? (La Dispute, 2010). «Le risque, c’est
que le service civique, loin d’effacer les diffé-
rences sociales, ne vienne les renforcer. La
présence de différentes populations sous un
même statut ne signie pas nécessairement
qu’elles en tirent une expérience commune
et un apport semblable», explique-t-elle.Certaines associations rééchissent à la
meilleure façon d’éviter ces dérives. Unis-Cité est ainsi engagée dans la formationdes tuteurs qui vont ensuiteaccompagnerces jeunes. Mais il faut aussi «être clairsur
les offres de recrutement qui ne doivent
pas exiger de qualications ou de forma-
tions particulières», estime Stéphane Ca-zade. Le directeur d’Unis-Cité préconiseaussi des missions en binôme «an de
garantir la mixité sociale et de rendre plus
accessibles certaines missions à des jeunes
moins autonomes». Retranscrire les Mé-moires de personnes âgées, par exemple,implique des capacités rédactionnellesque n’aura pas forcément un jeune enéchec scolaire. A moins qu’il ne soit en bi-nôme avec un jeune plus à l’aise avecl’écriture.
Surtout, il ne faut pas hésiter à arrêter sile service civique se passe mal. C’est ce queconseilleValérie Becquet: «Sion voitquece
qui est indiqué sur la che de poste ne cor-
respond pas à la réalité, s’il n’existe aucun
tutorat, un volontaire est en droit de casser
son contrat. Il vaut mieux abandonner sonservice civique plutôt que de vivre une espé-
rience négative», conclut-elle.Margherita Nasi
Après trois Ans de droit,
Valentine arrête ses études
en cours de route. Ne
souhaitant pas rester
inactive, elle décide
d’effectuer son service
civique dans un foyer
de vie pour personnes
handicapées. Sur le contrat,
il s’agit de 45 heures par
semaine, 48 heures
maximum. Mais la jeune
lle découvre une tout
autre réalité. «Je travaillais
de 7h30 à 22 heures tous les
jours, avec un seul jour de
repos hebdomadaire, et
deux heures de repos par
jour, raconte Valentine. On
nous faisait avaler nos
84 heures par semaine en
nous disant qu’en tant quevolontaires, nous étions
soumis au forfait jour et
non à un volume horaire,
que travailler avec des
personnes handicapées, ce
n’était pas juste un job.»
Mais pour Valentine, il
s’agit bien d’un emploi, et
d’un emploi déguisé. « Ce
travail requiert des
spécialistes. Lever, faire
manger, entretenir la
maison, laver et coucher des
personnes handicapées ne
sont pas desgestes anodins»,
observe la jeune lle.
Sur une équipe de quatre
ou cinq, presque tous sont
des volontaires en service
civique. «Financièrement,
c’est très avantageux pour
l’association: on ne leur
coûte pas un rond.» Dans
ces conditions, beaucoup
partent. Valentine, elle,
reste. «J’en avais besoin
pour vivre, et je savais que
mon directeur envisageait
de m’embaucher.» La jeune
lle hésite pourtant à
déclencher un contrôle de
l’Agence du service civique.
Puis elle nit par signer uncontrat d’avenir dans la
même association. «Ça fait
un mois, et je n’en peux
déjà plus.» Les conditions
de travail sont identiques.
«L’association continue de
reposer sur les volontaires
du service civique.
Sans eux, elle ne pourrait
pas tourner.»
M. Na.
«Onne leurcoûtepasunrond»
7/18/2019 Complet Campus
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J
Dans un marché du travail déprimé,la technique du parrainage à traversles réseaux sociaux est appelée à sedévelopper, malgré une certaine apathiedes entreprises dans ce domaine.
amais les jeunes diplômésn’ont eu à leur disposition au-tant d’outils de recherche d’em-ploi et rarement il leur a étéaussi difcile de décrocher leurpremier job. La faute à un mar-ché du travail qui reste morose.
Parmi ces moyens, la coopta-tion prendrait-elle de l’ampleur,grâce au développement des ré-seaux sociaux, sur lesquels la gé-nération des moins de 30 anspartage abondamment informa-tions et contenus? Rien n’est
moins sûr. Publiée en octobre, ladernière enquête de l’Associa-tion pour l’emploi des cadres(Apec) sur l’insertion profession-nelle de la promotion 2012 nemontre guère d’évolution.
Le recours au réseau person-nel (relations, cooptation horsInternet) a permis à 18% desjeunes diplômés d’obtenir leuremploi actuel, tandis que les ré-seaux sociaux et professionnels
nage serait ainsi dépoussiérée parle Web, voire débarrassée de sestravers – consanguinité, népo-tisme – : «En élargissant le champ
des possibles, le réseau social lui
donne un côté plus universel et
plus neutre», estime Olivier Fé-cherolle, directeur de la stratégiesur Viadeo.
La rencontre et l’entraide entrejeunes, tel est le principe au cœurde Wizbii, un réseau social profes-sionnel consacré aux étudiants etdiplômés, en ligne depuis sep-tembre 2011. Avec l’idée derépondre à leurs besoins spéci-ques: «Si on cherche un premier
emploi chez Schneider par
exemple, la fonction Carrière pro-
pose des annonces mais aussi des
contacts avec des jeunes, anciens
de l’école qui y ont fait un stage ou
y sont employés, qui peuvent aider
à s’introduire dans cette entre-
prise, indique Benjamin Ducous-so, son président. Le but est de les
guider dans la construction de leur
réseau en rassemblant une com-
munauté qui partage les mêmes
préoccupations et avec laquelle il
leur est plus facile d’échanger.»
Du côté desentreprises, la coop-tation grâce aux réseaux sociauxdes collaborateurs n’est pas forcé-ment très organisée. La Sociétégénérale n’a pas déployé de pro-
sur le Web y ont contribué à hau-teur de 1%. Soit les mêmeschiffres qu’en… 2008.
Pourtant, surla Toile,les chosesbougent. Lancé il y a deux ans,MyJobCompany parie sur le re-crutement participatif. Avec d’uncôté 600 entreprises clientes etde l’autre 45 000 « coopteurs»,qui peuvent toucher des primesentre 250 et 1000 euros, selon leprol recherché. Or deux sites dece type, créés au milieu des an-nées 2000, ont connu l’échec:«Un des problèmes des recruteurs
est d’accéder à différentes com-
munautés, explique Grégory Her-bé, le fondateur. Les personnes
quicooptent leur permettent de le
faire. Il y a six ans, Facebook ve-
nait d’arriver en France, les ré-
seaux sociaux professionnels en
étaient à leur début. Aujourd’hui
qu’ils rassemblent des millions
d’utilisateurs, la cooptation peut
opérer d’une façon beaucoupplus
rapide et efcace.» La vieille tech-nique de recrutement par parrai-
La croissance poussivede la cooptation par Internet
avec 600 clientset environ
45000 coopteurs,myjobcompany.com
parie sur la toile
7/18/2019 Complet Campus
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Offres d’emploi Jeunes
diplômésen recherche*
En recherchedu premier
emploi
En recherched’un nouvel
emploi
Approche directe
Candidatures spontanéespar courrier
Approchedirecte 92 93 90
90 90 88
54 56 51
7 7 7
- - -
4 3 5
Jeunesdiplômés
en emploi**
24
37
21
1
7
10
Offresd’emploi
Réseaux
Concours
A lasuited’un stage
Autres
Sur Internet
Affichées dansun organismepour l’emploi
Transmises parl’établissementde formation
Hors Internet
Sur Internet Candidatures spontanéessur Internet
Dépôts de CV sur Internet
Salon,forum de recrutement
Relations, réseaux,cooptation
A la suited’un stage
Autres*Concours
en %en %
Source : Apec*Cabinets de recrutement ou d’intérim, création d’entreprise, autres
*Plusieurs réponses possibles : les moyens utilisés dans la recherche d’emploi
**Une seule réponse possible : le moyen ayant permis l’accès à l’emploi
Moyensayant permis aux jeunes diplômésd’obtenir
leurpremieremploi
Moyende rechercheet d’accèsà l’emploides jeunesdiplômés
9
18
8
2
19
1 7
7
1
28
24
20
20
7
1
faveur de ces derniers, hormispour les compétences rares.
Selon Thibaut Gemignani, di-recteur général de Cadremploi, laforce des réseaux sociaux est in-contestable: «Ils organisent et vir-
tualisent les informations qui se
transmettaient auparavant orale-
ment, rendant plus puissant le ré-
seau traditionnel. Toutefois, pour
les étudiants fraîchement diplô-
més, l’effet cooptation peut s’avé-rer limité par défaut d’environne-
ment professionnel. Le risque, c’est
qu’ils en attendent trop et s’enfer-
ment dans une démarche pas-
sive.» Un point de vuepartagé parHymane Ben Aoun, membre duconseil d’administration du Syn-tec conseil en recrutement qui or-ganise le 14 novembre une opéra-
gramme formalisé: «Il n’est pas
demandé aux opérationnels d’être
ou de se substituer à des recru-
teurs, relate Franck La Pinta, res-ponsable marketing Web. Mais un
certain nombre d’entre eux contri-
buent à des groupes de discussion
sur les médias sociaux, comme
d’autres participent à nos ren-
contres avec les écoles, jouant un
rôle d’ambassadeur de notre
marque employeur, qui complète
la communication des ressources
humaines.»
Une pratique spontanéeChez Spartoo, spécialiste de la
vente de chaussures sur Internet,qui prévoit d’embaucher une
quarantaine de personnes en2014, on laisse faire la spontanéi-té: «Nos offres d’emploi peuvent
être diffusées par les collabora-
teurs sur les réseaux où ils sont
présents, mais cela se fait naturel-
lement, sans incitation particu-
lière de notre part, assure MarielleLapeyre, chargée de recrutement.Cela tient à la culture Web des sa-
lariés de Spartoo qui sont jeunes,
notre cœur de cible étant les diplô-
més entre 20 et 30 ans, ayant un
prol international.»
Les réseaux sociaux demeu-rent encore un canal de sourcing
(recherche de candidat) limité.Les entreprises les utilisent sur-tout comme un moyen de com-munication décalé, notammentavec les jeunes diplômés. A l’ins-tar de L’Oréal Opérations, quicherche des prols techniquespour ses sites de production: « A
cause de la concurrence de sec-
teurs industriels prestigieux
comme l’aérospatiale, nous de-
vons combler la méconnaissance
de nos métiers auprès des ingé-
nieurs, an d’attirer les meilleurstalents», souligne Grégory Ga-nier, responsable du recrute-ment. Si le marketing viral(bouche-à-oreille propre aux ré-seaux sociaux) joue son rôle, lacooptation reste sur un sillonétroit. D’autant que le rapport deforce entre recruteurs et jeunesdiplômés ne balancent guère en
tion «Coup de pouce» pour lesjeunes diplômés en recherched’emploi. Il redoute qu’avec «ces
outils gratuits et faciles d’accès,
qui correspondent à leurs pra-
tiques collaboratives», certainspensent qu’une partie du cheminest fait et n’investiguent pas àfond le marchédu travail.
Mais les réseaux sociaux pro-fessionnels demandent tout au-tant d’être proactifspour être «vi-sibles», comme l’assure LaurenceBret, directrice marketing Emeade LinkedIn : « Faire remonter son
prol dans le l d’actualité néces-
site de partager des articles et de
participer à des groupes de discus-
sions techniques.» Or bien sou-
vent, ces derniers estiment avoirpeu à dire, vu leur manque depratiqueprofessionnelle,constateFranck La Pinta, lorsqu’il se rendsur les campus. «Mais ils peuvent
apporter au débat une approche
différente qui n’a rien à voir avec
l’expérience mais qui est suscep-
tible de révéler des potentialités.»
NathalieQ uéruel
Les entreprisesutiLisent surtoutLesréseauxsociauxcommeunmoyende communication
décaLé
7/18/2019 Complet Campus
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C
Une carrière, c’est comme un marathon.Pour aller au bout sans heurt, il faut savoirménager ses forces. Beaucoup de jeunespousses l’oublient et y laissent leur santé.
ela commence
par des signes d’épuisement phy-
sique et émotionnel: on dort
mal, on n’a plus d’énergie, on
perd l’appétit. Parfois, on subit
même des pertes de mémoire et
de concentration, explique le
Dr Christophe Bagot, psychiatre
spécialisé dans le stress profes-
sionnel. Puis vient une phase de
déshumanisation qui se traduit
par un désintérêt soudain pour
les autres, une froideur, voire un
certain cynisme. Le risque alors,
c’est de se culpabiliser, de se dé-
précier, et de souffrir d’un pro-
fond sentiment d’échec. »Ce mal, qui touche, selon les
études, entre 5% et 20% de la po-
pulation au travail, n’a rien à voir
avec la dépression. Il s’agit du
burn-out. Un terme emprunté à
l’industrie spatiale où il désigne
la désintégration par surchauffe
d’un engin à court de carburant.
Décrit pour la première fois, en
1974, par le psychanalyste améri-
cain Herbert J. Freudenberger, le
sur place nous obligeait à quitter
l’aéroport en convoi, escortés par
des hommes en armes. Une fois
arrivés au camp de vie, nous ne
pouvions plus sortir. C’était d’au-
tant plus éprouvant qu’il fallait,
en même temps, gérer les habi-
tudes de travail africaines: là-bas,
tout prend du temps, rien ne
marche comme on voudrait. Mais
je voulais tellement montrer à
mon chef que je pouvais y arriver
que j’ai continué. » Sauf qu’à force
de tirer sur la corde, Benjamin a
ni parcraquer. Il a perdu 6 kilos,
s’est détourné progressivement
de tous ses amis. «J’avais une
boule au ventre qui me rongeait
de l’intérieur, je n’arrivais même
plus à sortir acheter du pain à la
boulangerie. Ma copine n’en pou-
vait plus. Au bout de quelques
mois, elle m’a quitté… Et moi, je
me suis acharné», soupire-t-il. Un
mois, deux mois, sixmois jusqu’àvraiment toucher le fond, à Noël
2009. Il lui faudra plus d’un an
ensuite pour remonter la pente.
Des histoires comme celles-là,
la psychologue Catherine Vasey
en entend tous les joursdans son
cabinet à Lausanne. «On serine
tellement aux élèves qu’ils ne
réussiront que s’ils travaillent
bien à l’école, que beaucoup res-
tent dans la même logique quand
syndrome d’épuisement profes-
sionnel a longtemps été associé
aux métiers d’aide et d’écoute:
enseignants, travailleurs sociaux
et surtout personnels soignants.
On sait aujourd’hui qu’il touche
tous les secteurs d’activité et
toutes les catégories socio-pro-
fessionnelles, de l’ouvrier au chef
d’entreprise.
Les jeunes diplômés ne sont
pas épargnés. Benjamin, un
brillant ingénieur de 29 ans, en
est la preuve. «A l’issue d’un stage
de sixmoisà Bornéoen Indonésie,
Total m’a proposé, en janvier
2008, d’intégrer son “graduate
program”», raconte cet ancien
élève de l’Ecole centrale Paris. Le
principe? Exercer trois postes
différents dans plusieurs pays
pendant six ans. «Moi qui rêvais
d’aventure, j’ai sauté sur l’occa-
sion, reprend-il. Mon premier
poste consistait à assurer des mis-
sions de trois semaines au Nige-
ria. L’insécurité qui régnait alors
Travailler plus pour gagner…un burn-out
«Les victimessonttoujours
des personnesdynamiques,consciencieuses
etpLeines debonnevoLonté»
Cynthia Fleury, psychanalyste
x
ils arrivent sur le marché du t
vail», analyse cette experte
burn-out.
Julien a payé au prix fort s
comportement « scolaire». Do
leurs dorsales, pleurs, insomni
idées noires… cet ingénieur
mécanique a connu, il y a ci
ans, une véritable descente a
enfers. «Après trois ans de bons
loyaux services chez Renau
j’avais de bonnes évaluatio
mais j’en attendais toujours pl
explique-t-il. Je pensais que pl
je travaillerais, plus j’évoluer
vite.» Résultat: il s’est brûlé ailes. Avec, à la clé, trois m
d’arrêt maladie, une hospitali
tion, puisun mi-temps thérap
tique d’un mois et demi.
«Le burn-out atteint toujo
des personnes dynamiqu
consciencieuses et pleines
bonne volonté, constate la p
chanalyste Cynthia Fleury, p
fesseur de philosophie à l’U
versité américaine de Paris
surchargede travaiL
moyens insuffisantspour rempLirLesobjectifs,manquede reconnaissance…autantde situations
à risques
7/18/2019 Complet Campus
http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 55/60mardi 19 novembre2013 Le Monde Campus
mer les temps de pause, regretteMarie Pezé, docteur en psycholo-gie et responsable du réseau deconsultations Souffrance et tra-vail. Ces méthodes de manage-
ment permettent certes à la
France d’afcher une productivité
horaire parmi les plus élevées des
pays industrialisés, mais aussi la
plus forte consommation de psy-
chotropes au monde.»
burn-out, basé à Bruxelles (Bel-gique). Et d’énumérer toute unelistede situations à risque: la sur-charge de travail, des moyens in-sufsants pour remplir les objec-tifs xés dans le délai imparti, lemanque de reconnaissance, l’ab-sence de valeurs… «Aujourd’hui,
les managersne pensent plus qu’à
mettre les salariés en concurrence,
à densier les tâches et à suppri-
Signe d’un début de prise deconscience, patronat et syndi-cats ont signé, le 19 juin, un ac-cord national interprofessionnelsur la qualité de vie au travail.Mais de là à inscrire le burn-outsur la liste des maladies profes-sionnelles, comme c’est le casdepuis 1970 au Japon, il y a ungouffre.
ElodiE ChErmann
volontaire à la cellule d’urgencemédico-psychologique de Paris. Elles ont tellement à cœur de bien
faire qu’elles ont tendance à tout
accepter sans rechigner.»
La personnalité de l’individun’est cependant jamais seule encause. «Il faut aussi interroger le
contexte de travail», insiste Pa-trick Mesters, directeur de l’Insti-tut européen de recherches sur le
7/18/2019 Complet Campus
http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 56/6056 / Le Monde Campus mardi19 novembre 2013
A
Dans le projet de réforme qui devrait êtreadopté avant 2014, le rachat de trimestresde cotisation pourrait être facilité pourles étudiants, les apprentis et les stagiaires.Mais à un prix qui reste dissuasif.
près la
réforme, la perspective d’une re-
traite paisible s’autodétruira...
pour les jeunes. Selon toute vrai-
semblance, la réforme des re-
traites examinée par le Sénat le
28 octobre sera votée avant Noël.
Et selon toute vraisemblance
également, les jeunes ne seront
pas à la fête.
En effet, pour toutes les per-
sonnes nées après 1973, la durée
de cotisation sera portée à qua-
rante-trois annnées. Les jeunes ne
sontdoncpas prêts de se la couler
douce, sachant qu’en plus, ils
commencent en moyenne à coti-
ser bien plus tard que leurs aînés.
Selon le rapport de Mme Yannick
Moreau, remis en juin au premier
ministre, etqui a servi debaseà laréexion du gouvernement et des
partenaires sociaux,les personnes
nées en 1978 avaient cotisé à l’âge
de 30 ans en moyenne trente et
un trimestres, contre quarante-
deux au même âge pour la géné-
ration née en 1950, soit près de
trois ans de différence. «Alors que
l’âge moyen d’accès au premier
emploi stable est actuellement de
27 ans, et que la majorité des
trés chaque année concerne des
salariés de moins de 40 ans. Pour
inciter les jeunes à en proter,
l’actuelle réforme prévoit d’ins-
taurer une réduction de 1000 eu-
rospar trimestreracheté, à condi-
tion que le rachatse fasse dans les
cinq ans suivant la n des études
et dans la limite de quatre tri-
mestres au total.
Une année: 4 000 euros
Cela dit, le rachat restera cher.
Par exemple, un étudiant qui a
terminé son master à 23 ans
pourra proter de ce tarif préfé-
rentiel jusqu’à ses 27 ans. Même
en tenant compte des 1000 eu-
ros de rabais, un trimestre luicoûterait alors entre 900 et
1615 euros. «Ce dispositif est une
fausse bonne idée car il faudrait
tout de même que les jeunes dé-
boursent près de 4000 euros
pour racheter une seule année:
un montant impossible à réunir
pour des moins de 30 ans dont le
taux d’épargne est quasi nul! »,
dénonce ainsi l’Unef. Sans comp-
ter queles incertitudes sur ce que
jeunes n’est aujourd’hui pas en
emploi, cet allongement signie
que nous devrons attendre l’âge de
67 ans pour bénécier d’une re-
traite à taux plein», s’insurge le
syndicat étudiant Unef, qui dé-
nonce une «double peine».
Le gouvernement, conscient de
ces difcultés, a imaginé deux
mesures pour les amoindrir. La
première concerne la possibilité
de racheter des trimestres au titre
des années d’études supérieures,
qui existe en réalité depuis la ré-
forme des retraites menée par
François Fillon en 2003. Les étu-
diants peuvent aujourd’hui ra-
cheter jusqu’à douze trimestres
passés sur les bancs de la fac, d’un
établissement d’enseignement
supérieur, d’une école technique
supérieure, d’une grandeécole ou
en classe préparatoire, à condi-
tion que ces périodes d’études
aient débouché sur un diplôme.
Le tarif de rachat des trimestres
d’étudesvarieen fonction de l’âge
et du niveau de revenus. Par
exemple, racheter un trimestreen 2013 coûte entre 1564 et
2085 euros à 20 ans, entre 2204
et 2938 euros à 30 ans et entre
4854 et 6472 euros à 60 ans. Ces
montants élevés expliquent sans
doute que le dispositif demeure
jusqu’à présent très peu utilisé,
en particulier par les jeunes.
L’âge moyen au momentdu ra-
chat est actuellement de 55 ans et
seul 1% des 2500 rachats enregis-
Retraite à taux plein, objectif hors de prix… pour les jeunes
Lespersonnes nées en1978 avaientcotisé31 trimestres enmoyenne à 30ans,
contre42aumêmeâgepourLa génération
née en 1950
sera devenu le système de
traites par répartition dans qu
rante ans sont énormes et qu
est impossible de garantir q
l’opération sera gagnante.
La deuxième mesure concer
plus spéciquement les appre
tis, soit 400000 jeunes actuel
ment, qui ne cotisent pas plein
ment et ne valident donc p
aujourd’hui autant de trimestr
pour leur retraite qu’ils o
cumulé de trimestres d’appre
tissage. Ce décalage sera corrigé
les apprentis pourront bénéc
d’autant de trimestres de retra
que d’apprentissage.
Enn, le gouvernement a
cemment annoncé qu’il amend
raitson textepour mieuxprend
en compte les périodes de sta
Actuellement, seuls les stages
munérés plus de 1008 euros p
mois – soit 4 % des stagiaire
peuvent valider un trimest
alors que la gratication mi
male est de 436 euros par mo
Selon l’amendement envisa
chaque trimestre de stage donnra droit à un trimestre de coti
tion, dans la limite de deux t
mestres au total. En revanche
cotisation – 300 euros par t
mestre – sera à la charge de l’é
diant. Et, comme pour les t
mestres d’apprentissage,
mesure ne sera pas rétroactive
ne concernera donc pas les stag
déjà effectués.
SébaStienDumou
7/18/2019 Complet Campus
http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 57/60mardi 19 novembre2013 Le Monde Campus
prospective
De plus en plus de Français cher-chent à donner du sens à leur parcoursprofessionnel. L’Ecole nationale de la sta-tistique et de l’administration écono-mique (Ensae) ouvre cette année une voieoriginale consacrée à la profession de«Data scientist».A qui est destinée cetteformation?
Arnak Dalalyan Les étudiants attirés parla «Data science» cherchent des métiersqui exigent des compétencestechniques etdemandent d’imaginer l’avenir, d’être créa-tifs, de chercher des applications origina-les. C’està euxde proposer auxentrepriseslestâches qui peuvent leur être utiles, et ilsont de très bonnes idées! Par ailleurs, pourceux intéressés par la recherche acadé-mique, la Data science est un domainescientique en pleine explosion. La Franceest compétitive sur ces sujets, et de nom-breuses offres de thèses sont disponibles.
Romain Aeberhardt A l’inverse des do-maines où les problèmes sont bien bor-dés, un enjeupourle Data scientist sera deréussir à les dénir! Nous sommes trèsconants dans le potentiel de ce métier,mais son avenir repose sur ce qu’en feront
les élèves. L’Ensae propose un large éven-tail de cours techniques en informatiqueet en statistique, mais aussi des coursappliqués en économie ou en bio-statisti-que. L’idée, c’est que les étudiants expor-tent ces connaissances diverses dans lesentreprises qui n’ont pas encore cetteculture de « faire parler les données ».Comment dénir les termes
«Datascience» et«Big Data»?
AD La Data science est un domaine scien-tique interdisciplinaire qui regroupe
Arnak Dalalyanestmathématicien et professeurà l’Ensae ParisTech. Spécialistede la statistique engrandedimension, il évoqueavecRomain Aeberhardt, directeurdesétudesde l’Ensae, le futurdumétierdeData Scientist.
Arnak Dalalyan et
Romain Aeberhardt LaDatascienceregroupedesmétiers pour
imaginer l’avenir»
toute la chaîne depuis la production et le
stockage des données jusqu’à leur ana-lyse. Il rassemble les acteurs qui récoltentles données, les informaticiens qui gèrentleur stockage, et les statisticiens qui lesanalysent et essaient d’en extraire l’infor-mation utile de la meilleure façon pos-sible. La notion de Big Data regroupe,quant à elle, une grande diversité de tech-niques et de thématiques qui s’imposentquand les méthodes conventionnelles detraitement de l’information ne marchentplus en raison de l’importance du volumedes données.Quels sont les secteurs quibénécient
de la démocratisationdes technologies
issuesduBig Data?
AD On pense naturellement à des entre-prises comme Google ou Yahoo!, qui dis-posent de grands volumes d’informa-tion, etqui ont mis en place des systèmesde stockage et des algorithmes très spé-cialisés an de faciliter l’accès aux don-nées et leur analyse. Les entreprises quisollicitent les compétences de DataScientists sont nombreuses dans le sec-teur du e-marketing: l’objectif est de ci-bler des offres promotionnelles et d’iden-tierdes clusters au sein de leur clientèle.Typiquement, ces sociétés bénécient de
l’explosion d’informations qu’elles récol-tent à travers le Web.Unepart importante desdonnées
provient d’Internet,maisexiste-t-il
d’autres sources d’information?
RA La prise de conscience s’est faite enpremier lieu par les données issues d’In-ternet. Cela ne veut pas dire que ce sontles seules données dont l’exploitation gé-nèrera de la valeur ajoutée! Les secteursde la banque et de l’assurance sont aussitrès intéressés par cette révolution. Dans
le secteur public, l’Institut national de la
statistique et des études économiques(Insee) utilise de plus en plus de donnéesstockées, là où par le passé il pouvait yavoir des sondages. Par exemple, les in-dices de prix à la consommation étaienthistoriquement réalisés par des enquê-teurs. Il y a, depuis quelques années, unprogramme d’utilisation des données is-sues de la numérisation des passages encaisse des produits.AD Il y a aussi l’exemple de la biologie.Lesdonnées génétiques constituent des basesmassives qui nécessitent des traitementsparticuliers. Ou encore celui des télécom-munications: en avril, SFR a été récom-pensé au Salon du Big Data, à Paris, pourson projet portant sur la création d’unebase de données à partir des communica-tions téléphoniques géolocalisées.Dansquelles directions s’orientent
les innovations, et pour quelles
applications?
RA Les questions de mise en œuvre in-dustrielle sont désormais essentiellespour innover à partir des résultats scien-tiques. De nombreuses applications surInternet nécessitent une quasi-instanta-néité et privilégient donc les procéduresqui donnent des résultats dans un temps
court.AD En effet, jusqu’à récemment, les statis-ticiens travaillaient principalement surcertains aspects théoriques de leurs mo-dèles, indépendamment des possibilitésde mise en œuvre pratique. Aujourd’hui,l’accent est mis sur la vitesse d’exécutiondes modèles, grâce, notamment, aux tech-niques de parallélisation, dont l’objectifest de répartir le travail sur plusieurs ma-chines an de gagner du temps.
ProPos recueillis Par Nicolas saleille
d
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7/18/2019 Complet Campus
http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 58/6058 / Le Monde Campus mardi19 novembre 2013
A vecun budgetserré, un planning minuté, uneminicuisineet un équipement plus quesommaire, cuisiner de bons
petits platsne relève pas de la mission impossible», expliqueAlix Leef-Delcourt,rédactrice en chef de Aujourd’hui.com.Aprèsune description dela cuisine idéale de3 m2, l’auteurdétailleson «top 12des ingrédients économiques» avant dedonnerses idéesde menus: crumble jambon-brocoli, vacherinexpress, petitssuisses auxfruits rougespour lesplusrétifsauxquels on demanderasimplementde savoir ouvrir un petitsuisse, de laver, d’équeuteret de couperdes fraises en quatre!
La Cuisine deL’étudiantmaLin, d’Alix Leef-Delcourt, éditions
Quotidien Malin,208 pages, 6 euros.
Cuisinière émérite, auteur de livres réalisés avec des chefscélèbres, Sylvia Gabet proposeun livre de recettes de
cuisine où elle cherche «à maximiserla promesse de plaisir et à minimiserle temps,le prix,et lesdifcultéstechniquesd’approvisionnement et d’ustensiles ». A l’arrivée,cela donneun joli orilège de recettesaux «temps de préparationécourtés» à base d’œufs, «l’ingrédient idéaldes fauchés», depâtes, depoisson, des salades oudes «desserts quituent»mêlant corn-akes ou Nutella d’où n’est pas absentl’artd’accommoder les restes. P. J.
FauChé gourmand. spéCiaLétudiant. 80 reCettes, de SylviaGabet,éditions de La Martinière, 224pages,19,90euros.
L’l-l lbl?
Les économistesne cessent de montrer
que les délocalisationset la mondialisationdes entreprises n’expliquenqu’une part marginaledes destructions d’emploisconstate l’auteur, professed’économie à l’universitéParis-Dauphine, qui dirigele groupement de recherchinternational du CNRS-Dre(Développement desrecherches économiqueseuro-européennes). Force de constater «le divorce enles analyses optimistes des
économistes et la réalité perçue par les populationspoursuit-il. L’ouvrages’efforce de présenterles différentes logiquesde la mondialisation, sesmécanismes et son ampleses paradoxes et ses effetssur le commerceinternational, l’emploiet l’innovation. Il analyseles réponses que lespolitiques publiquesapportent et les récentesrelocalisations industriellL’auteur conclut surune « hétérogénéité des
pratiques de délocalisation
phénomène qui touche aules emplois qualiés derecherche & développemeoù domine «une relation dcomplémentarité plutôt qude substitution».
P
mondiaLisationet déLoCaLisationdes entreprises,de El-MouhoubMouhoud,La
Découverte (4e édition, 1re éditioen 2005), Coll. Repèresn°413,
128 pages,9,50 euros.
Etre jeune en 2014
Un personnage virtuel sur le site Internet Second Life consomme
1752 kilowattheures par an, soit dix fois plus qu’un Camerounais,deux fois plus qu’un Algérien et presque autant qu’un Brésilien,
explique Cécile Maisonneuse, directrice du Centre Energie de l’Institutfrançais des relations internationales (Ifri). Cet exemple souligne leparadoxe entre l’investissement de la jeunesse dans les technologies del’information (près de deux tiers des jeunes dorment avec leur portable),leur préoccupation revendiquée des enjeux environnementaux et laréalité de l’impact de l’industrie des TIC sur l’environnement. Peut-onêtre jeune, «vert» et «branché»? C’est une des multiples questionsauxquelles répond le très sérieux panorama détaillé de la jeunesse qu’aréalisé l’Ifri dans son Rapport annuel mondial sur le système économique
et les stratégies ( Ramses 2014) titré Les Jeunes : vers l’explosion?
L’ifri y aborde pour chaque continent les questions macroéconomiquesdéterminantes pour la vie des jeunes: l’emploi, la réglementationnancière, la bulle de l’endettement étudiant aux Etats-Unis, la crise dela zone euro, les promesses de l’Asie du Sud-Est, etc. Ramses 2014 apporteaussi des réponses concrètes sur la course des talents, en analysant quelssont les Etats qui recherchent des jeunes. Enn, cet ouvrage collectif estune invitation à la réexion sur des problématiques plus sociétales,voire philosophiques comme « Les modèles d’ascension sociale enAfrique » ou « Y a-t-il davantage de conits dans un monde jeune? »Un plaisir de lecture.
Anne RodieR
ramsès 2014, rapport annuel de l’Institut français des relations internationales. « Les jeunes : versl’explosion?», sous la direction de Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges, édition Dunod,
352 pages, 32 euros.
dx lv « b c »
Cbl Dansles pays développés, le stress
au travailprend des proportionsépidémiques», constate MichaelChaskalson, chercheur attaché
à l’université de Bangor (Pays deGalles), qui assure des programmesde formation à la méditationauprès d’entreprises et d’écolesde commerce. Considérant qu’ilexisteun bonet un mauvaisstress,il a développé uneméthodedeméditation «de pleineconscience»d’inspiration bouddhiste,«une
forme d’attention soutenue dansl’instantprésent,à soi-même,aux autreset aumondequi nousentoure». Lesbienfaits delaméthode seraient innombrables:moins de détressepsychologique;individus plus extravertis, acceptantleurs émotions, lâchant leurs«pensées négatives» ; capacitéà
percevoir le point de vue d’autrui…Une liste miraculeuse qui« représente un solide argumentdansle mondedu travail», car, rappelleM. Chaskalson, au Royaume-Uni, parexemple, la dépression auraitentraînéen 2007-2008 «la perte de
13,5 millions de journées de travail».Le livre propose des exercices surl’attention ou la respiration, quipermettent de favoriser la pleineconscience, an de «se libérer delatyrannie de l’autocritique»,synonyme de perte de conance. « Ilexiste une pratique méditative trèsefcace qui dure exactement uneminute, explique-t-il, quipeut êtreappliquée presque partout,même
auxtoilettes si vous n’avez pasd’autres possibilités: au lieud’observer les cyclesrespiratoires,vous lescomptez pour savoircombiende fois vous respirez en uneminute. Enle réalisantplusieursfoisdans la
journée, les chosesse passeront mieux.» Au l des chapitres, l’auteurinciteà apprendre à ne pasréagirsans rééchir,à cultiver l’empathieet la bienveillance envers soi.
PieRRe Jullien
Méditerautravailpourconcilier
sérénité etefficacité , de MichaelChaskalson. LesArènes,272 pages,25 euros.
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7/18/2019 Complet Campus
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De qui les entreprises ont-elles besoin ?D’experts qui leur ressemblent
7/18/2019 Complet Campus
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