complet campus

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Générations QUAND LES JUNIO RS FORMENT LES SENI OR S t iers d' a venir en 2.0 DA T A CRUNCHER, E-MARKETEUR OU LINK BUILDER POUR LES LITTÉRAIRES VIE PROFESSIONNELLE Le break, un pari gagnant ? FORMATION |  RECRUTEMENT |  CARRIÈRE     S    u    p    p     l      é    m    e    n     t    a    u     M    o    n     d    e    n     °    2    1    4    1    0     d    a     t      é     d    u    1    9    n    o    v    e    m     b    r    e    2    0    1    3  .     N    e    p    e    u     t      ê     t    r    e    v    e    n     d    u    s      é    p    a    r      é    m    e    n     t Retraite LE T A UX PLEIN, UN OBJECTIF HORS DE PRIX POUR LE S JEUNES

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 1/60

GénérationsQUANDLES JUNIORS

FORMENTLES SENIORS

Métiers d'avenir en 2.0DATA CRUNCHER, E-MARKETEUR

OU LINK BUILDER POUR LES LITTÉRAIRES

VIE PROFESSIONNELLE Le break, un pari gagnant

FORMATION |  RECRUTEMENT |  CARRIÈRERetraite

LE TAUXPLEIN, UOBJECTIF HORSDE

POURLES JEUN

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ALTEN,Top employeur 2013.

Ingénierie et Conseil en Technolog

Rejoigneznoséquip

www.alten-recrute

Et découvrez ALTEN autrem

sur notre blog alten-touch

Décerné par le CRF Institute, le label Top Employeursrécompense chaque année les entreprises qui se distinguent

par leurs engagements en termes de politique RH.

Pour la deuxième année consécutive,ALTEN est labellisé Top

employeurs France, grâce, notamment, à son rôle de tremplin

professionnel pour les jeunes diplômés qui représentent 45% des

recrutements et son programme de développement des carrière

Leader européen de l’Ingénierie et du Conseil en Technologies,

le Groupe ALTEN accompagne la stratégie industrielle des plus

grandes entreprises françaises et internationales dans les domain

de l’innovation, de la R&D et des Systèmes d’Information.

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http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 3/60mardi 19 novembre 2013  Le Monde Campus

Nus n smms plus sulmnt n cis, mais n mutatin.

L chc d 2008 a masqué d pfnds changmnts liés

au délppmnt ds tchnlgis d l’infmatin t au

iillissmnt démgaphiqu. D juns diplômés l’nt

bin cmpis, qui instissnt ds pfssins nc tp nulls

pu ai un ai nm: «linkbuild» pu ls littéais, «-mak-

tu» dans l cnsil, «wbmast» dans tus ls sctus.

Cs juns patiqunt ds métis aant mêm qu’ils xistnt fml-

lmnt. C’st l cas pu la Data Scinc, dnt ls pspctis laissnt

êu. L’ff d spécialists n Big Data st stimé à 4,4 millins d

psnns dans l mnd d’ici à 2015. Ls infmatinsnuméisés, stc-kés dans ds sus distants intcnnctés (l famux nuag inf-

matiqu baptisé « Clud »), n dmandnt qu’à êt xplités pa ls

ntpiss? Ls junss fnt «Data scintists». Ls éclsélabntds

fmatins n machant.La cmpétnc pécèd la fmatin. C’st ainsi

qu, dans ls ntpiss, als qu l gunmnt cnçit ds cntats

d généatin pu qulssnis sint tutus dsplus juns, c snt

ls junis qui fmnt ls snis!

Mais l st d la plupat ds juns

n’st pas tujus niabl. L maché

d l’mpli, tus sctus cnfndus,

lu fait tujus gis min, au mins

jusqu’à 27 ans. C’st à ct âg sulmnt

qu ls juns Fançais attignnt nn

la stabilité, cmm lus aînés, ac un

taux d’mpli à pès d 80%. Ls juns n quêt d sns xplnt dnc

ds titis histiqumnt us mais étnllmnt dynamiqus

cmm l’écnmi scial, ac l’intntin d mai scial t ntabi-

lité. Ls ntpiss scials snt aujud’hui nmbuss à êt diigés

pa ds tntnais.

C n snt pas ds né-bbs égaés aux mags du maché du taail.

Nés ac ls tchnlgis d l’infmatin (NTIC), ils int ds pspc-

tis issants là ù ls statistiqus bint du ni. L’agicultu, ls

sics à la psnn t mêm l’industi cunt, à lus yux, ds

mplis d’ani, ptés ntammnt pa l’ss d la btisatin. Un

sctu qui dait cé 450000 mplis nt 2010 t 2015, dnt pèsd 100 000 n btisatin industill, sln l cabint Mta Match.

L ministè du taail stim, quant à lui, à 350000 l nmb d céa-

tins d’mplis nt 2010 t 2020, pu épnd aux nuaux b-

sins liés au iillissmnt d la ppulatin.

«Les mutations de la fortune   (..)  ôtaient la force aux uns pour la com-

muniquer aux autres», éciait Anatl Fanc, Pix Nbl d littéatu

au début du siècl dni. C sa ai n 2014. Mais ls juns qui s’in-

ntnt un méti, décidnt d i lu passin u d fai l tu du

mnd snt ntés dans un dynamiqu du changmnt.Anne RodieR

Ra

AgRicultuRe, seRvicesà lApeRsonne, industRie…lestRentenAiRes,nés

Aveclesntic,voientdespeRspectives floRissAntes

làoùlesstAtistiquesbRoientdunoiR

Président du directoire,directeur de la publication

Louis Dreyfus

Directrice du «Monde»,membre du directoire,

directrice des rédactionsNATALie NouGAyrÈDe

Secrétaire généralede la rédaction

ChrisTiNe LAGeT

Coordination rédactionnelleANNe roDier

Pierre JuLLieN

Directeur artistiqueroDoLPh BouTANquoi

EditriceAméLie DuhAmeL

IllustrateursNiCoLAs BArrome

siLio DurTmArC TArAskoff

séBAsTieN TouAChefABio VisCoGLiosi

PublicitéBriGiTTe ANToiNe

FabricationALex moNNeT

JeAN-mArC moreAu

ImprimeurseGo, TAVerNy

ILLUSTrATIoNDe CoUverTUre :Nicolas barrome

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 4/60

Libre à vous d’évoluer…

…avec un Groupqui porte vos ambition

LE GROUPE LA POSTE RECRUTE  PLUSIEURS MILLIERS DE COLLABORATEURS

En nous rejoignant, vous intégrez un grand groupe de services. L’ambition du Groupe La Poste : devenir le leader européen

services et des échanges, tout en restant dèle à ses valeurs. Le Groupe La Poste, c’est aujourd’hui plus de 250 sociétés, rassemb

260 000 collaborateurs. La force du Groupe, c’est vous !

Retrouvez toutes les informations sur : www.laposte.fr/recr

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 5/60mardi 19 novembre2013  Le Monde Campus

3 Edito

6 En bref  

26   Innovation Les chercheurs cherchent… leur place

28   Parité 3 leviers d’action en faveur de l’entrepreneuriat féminin

30   Générations Quand les juniors forment les seniors

32   Vie privée-vie professionnelle Une carrière, oui, mais pas à n’importe quel prix

34   Entrepreneuriat Les jeunes dip’ investissent l’économie sociale et solidaire

52   Recrutement La croissance poussive de la cooptation par Internet

54   Risques psychosociaux Travailler plus pour gagner… un burn-out

56   Pension La retraite à taux plein, un objectif hors de prix pour les jeunes

57   Prospective Entretien avec Arnak Dalalyan et Romain Aeberhardt

58 A lire

8 Dossier  Métiers d’aveniren2.0

12 Data cruncher, e-marketeur… les e-jobs prennent le pouvoir

14 Le numérique, une nouvelle chance pour les littéraires

16 Les « freelancers» en panne de couverture sociale

18 Le monde du sport en quête de cols blancs

20 ONG recherchent ingénieurs, logisticiens, expérience requise

22 Je travaille dans un secteur qui n’intéresse personne !

24 Entretien avec Marc Gesbert : comment tester un métier

38 Dossier  Le pari du break professionnel

38 La tentation de l’international

42 Le marché florissant du conseil aux expatriés

44 Un tour du monde sinon rien !

46 Je plaque tout pour faire de ma passion mon métier

48 Quête du sens au travail, les entreprises s’engagent

50 Le service civique détourné de ses objectifs

sommaire

Supplément au  Monde n° 21410 daté du 19 novembre 2013

    N    i    c    o    l    a    s

    b    a    r    r    o    m    e

    f    a    b    i    o

    v    i    s    c    o    g    l    i    o    s    i

    s     é    b    a    s    t    i    e    N

    t    o    u    a    c    h    e

    s    i    l    i    o

    d    u    r    t

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 6/606 /  Le Monde Campus   mardi 19 novembre 2013

La richesse mondiale a augmentéde 68% ces dix dernières années

pour atteindre 241000 milliardsde dollars (178000 milliards d’euros) etle centième de la population le plus for-tuné détient 46% du patrimoine global,montre une étude publiée le 9 octobrepar Credit Suisse.Sans surprise, la Suisse se classe en têteavec un patrimoine moyen par adultede 513000 dollars, devant l’Australie(403000 dollars), la Norvège (380000)et le Luxembourg (315000). Suivent lesEtats-Unis, la Suède, la France, Singapour,

la Belgique et le Danemark avec des patri-

moines moyens situés entre 250000 300000 dollars.

A l’opposé, deux tiers des adultes de planète disposent d’un patrimoine infrieur à 10000 dollars et ne représenteque 3% de la richesse globale.Credit Suisse précise que 98700 pesonnes dans le monde disposent d’unfortune de plus de 50 millions de dolladont plus de la moitié aux Etats-Unis un peu plus d’un quart en Europe. EChine, le nombre de milliardaires eainsi passé en dix annnées d’un à 6précise le rapport (www.credit-suis

com/fr).

A Cuba, le sport«eut» payé

Le gouvernementcubain de Raul Castro vaaugmenter le salaire dessportifs de haut niveau,selon le journal ofcielcubain  Granma. Unemesure qui entrera en

vigueur en 2014. Ainsi,un médaillé olympiquegagnera désormais60 dollars par mois(quelque 45 euros), unmédaillé panaméricain50, alors que les membresde l’équipe nationale debase-ball jouant à Cubagagneront 40 dollars,selon le quotidien.

En matière de recrutement,

les stéréotypes ont la vie dure,

avec des traits de personnalité

encore assignés «naturellement»

aux femmes, selon une étude du

Centre d’études et de recherche

sur les qualications (Céreq)

publiée le 9 octobre,

menée pour le compte du Fonds

d’expérimentation pour la

jeunesse, réalisée sur la base

d’entretiens avec des employeurs

(hommes et femmes) de la région

Paca, potentiellement recruteurs

de jeunes titulaires d’un brevet

de technicien supérieur (BTS),

dans divers secteurs d’activité.

«Seulement 2 recruteurs,

sur les 30 rencontrés, considèrent 

que le sexe des candidats n’a

eu aucune incidence sur le choix 

de la personne effectivement 

embauchée», note l’étude.

Mais les autres assignent

tout naturellement certaines

«qualités» à l’homme ou à la

femme («pédagogues, douces,

organisées, moins disponibles»)

Plus classiquement, leur charge

familiale, réelle ou potentielle,

«entrave clairement l’accès

des (jeunes) femmes à certaines

entreprises», note le Céreq.

en bref 

Riches-pauvres, version 2013

Stéréotypes de recruteurs

Quels obstaclesà l’emploi?

A la question « Quel est le

 principal obstacle que

rencontrent les jeunes dans vot

 pays lorsqu’ils cherchent un

emploi à la n de leurs études

les jeunes Français répondent

majoritairement qu’il n’y a pa

d’offres dans leur ville ou leur

région, alors que les Grecs dise

d’abord ne pas trouver d’offre

intéressante en rapport avec

leurs études. Les Français sont

les plus enclins à considérer n

pas avoir «les savoirs ou les

compétences adéquats».

La France, c’estpas le PérouSeulement 13 % des entreprisesaméricaines ayant investien France ont une «perception

 positive » du pays, selon unsondage réalisé par la chambre decommerce américaine en Franceet le cabinet de conseil Bain àpartir de 82 réponses recueilliesauprès de sociétés «représentant 

 plus de 55 000 employés et plusde 40 milliards d’euros de chiffred’affaires», et publié le 15 octobre.A titre de comparaison,

la proportion était de 22% en2012, 56% en 2011 et 46% en 2010.

France

Suède

Royaume-UniAllemagne

Pologne

Espagne

Italie

Grèce

Source : Ramses 2014

Perception chez les jeunes (15-35 ans) des difficultéspour trouver un emploi en 2011, en %

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Il y a des emplois mais ils sonttrès mal rémunérés

Pas d’offre dans la villeou dans la région

Pas les savoirs ou les compétences

Pas d’offres d’emplois intéressantesen rapport avec leurs études   Pas au courant des offres

Ne sait pas

Les apprentis enquête de mobilité

Près de 6 apprentis duBTP sur 10 (57%) se disentprêts à changer de régionpour trouver du travail, etprès de la moitié (46,5%)seraient même disposésà partir à l’étranger, selonle Baromètre de la viede l’apprenti, du réseaude l’apprentissagedans le BTP, publié le4 septembre, établi auprèsdes 63000 apprentisdu secteur, du CAP àla formation d’ingénieur.

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 7/60mardi 19novembre 2013  Le Monde Campus

Universum:lesdirigeantsidéauxdes jeunes

diplômés

P lus de 34 000 étudiants ont été

interrogés entre décembre 2012

et février 2013, dans le cadre d’un

sondage d’Universum, spécialisé dans

le milieu étudiant, sur leur définition

de l’employeur idéal. Concernant le

classement des dirigeants

charismatiques, les dirigeants d’Apple

recueillent l’unanimité, aussi bien

chez les futurs ingénieurs des

universités

3 300 eurossinon rienLe distributeur Lidl Suisse

– 90 magasins et environ 2000

employés –, filiale du groupe

allemand du même nom, a décidé

d’augmenter à 4 000 francs suisses

(3 300 euros) le salaire minimum

versé à ses employés à partir du

1er décembre 2014 dans le cadre d’un

accord conclu avec les organisations

syndicales.

Le travail, c’estle bonheur !La part des salariés du privé etagents du public qui se disentglobalement satisfaits du climadans leur entreprise ou leur

administration est en haussede 5 points par rapport à 2012, à52 %, selon une enquête publiéele 17 octobre par le cabinet deconseil Cegos, qui a interrogéen septembre 1300 actifs (750du secteur privé et 550 fonctionnaires) et 451 DRH. En outre,65 % des actifs sont satisfaitsde leur emploi actuel (+5 pointssur un an), 64% estimentpouvoir compter sur leurscollègues en cas de difficultés(+ 6 points), 71 % estiment queleur manager leur fait confiance(+5 points) et 63% considèrentleurs objectifs comme réalisteset atteignables (+ 6 points).

Les fnanciersaiment Twitter

Selon une étude d’AlbanJarry, expert en nancede l’Association françaisede la gestion nancière(AFG), menée en septembreet octobre auprès de139 professionnels françaisde la nance (gestionnairesd’actifs, prestataires de

conseil, banquiers, tradersindépendants), 59%utilisent Twitter, dont 78%chaque jour. Ils sont 45% àjuger que ce réseau socialest «professionnellementindispensable» et 50%à le trouver « utile». Aucontraire, 52% d’entreeux jugent Facebook «sansintérêt professionnel»et 26% l’estiment «utile».

1 521 €La rémunération moyenne d’un salarié non cadre – 80 % dela population active salariée, 18,7 millions en 2011, selonl’Insee – s’est élevée au premier semestre 2013 à 1521 euros

 brut (6,3% au-dessus du smic), en hausse de 1,8% sur unan, selon une étude publiée le 8 octobre par Randstad. Selonce baromètre qui s’appuie sur des salaires réels extraitsde 1,4 million de ches de paie dans tous les secteursprofessionnels, la progression a été plus faible qu’en 2012(+ 2,2%), mais reste supérieure à l’ination (+0,9%).

My english is not rich

Selon une enquête de Cadremploi et de l’organisme de formation 1to1 English, plus de

83% des cadres sont amenés à utiliser des langues étrangères, l’anglais étant de loin

la plus fréquemment utilisée (66,6 %) devant l’espagnol (12,7%), l’allemand (10,4%) et

l’italien (5,2 %). En anglais, près de la moitié des cadres (46,8%) estiment avoir un niveau

débutant ou intermédiaire. Lors des entretiens d’embauche, si plus de 6 cadres sur 10

(60,3%) rapportent avoir dû s’exprimer en anglais, seuls quelque 27% se sentent assez

préparés pour soutenir un entretien dans cette langue. Conséquence: plus de la moitié

des sondés (56,4%) conçoivent leur niveau d’anglais comme un frein à l’embauche et à

l’évolution de carrière (enquête réalisée du 18 au 21 juin par le biais de questionnaires

autoadministrés en ligne auprès d’un échantillon de 3896 personnes).

... des grandes écoles de commerce ... des grandes écoles d’ingénieurs

... des grandes écoles de commerce ... des grandes écoles d’ingénieurs

Source : Universum

Lesmeilleurs employeurs selon lesétudiants...

Lesdirigeants lespluscharismatiques selon lesétudiants...

GoogleApple

LVMH  Google

AppleMcKinsey

& Co2

  1

3  2

  1

3

LVMH   EADS

L’Oréal GoogleDassaultAviationGoogle

2   13

  2   13

et grandes écoles que chez les

étudiants en commerce-management.

Or, dans le classement des meilleurs

employeurs, Apple se retrouve en

4e position, et il ne figure pas dans le

Top 10 des étudiants ingénieurs. La

situation est similaire pour Microsoft.

Pour les étudiants en commerce-

marketing des grandes écoles, leur

employeur idéal est LVMH et ils

classent son dirigeant, Bernard

Arnault, en 3e position des dirigeants

charismatiques. Seul Google se

démarque en étant bien classé grâce

au charisme de son dirigeant,

Larry Page, mais aussi en tant

qu’employeur idéal.

Déborah Zago

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http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 8/608 /  Le Monde Campus   mardi19 novembre 2013

doss ier

    N    i    c    o    l    a    s

    b    a    r    r    o    m    e

Page 9: Complet Campus

7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 9/60mardi 19 novembre 2013  Le Monde Campus

Métiers en 2.0le grand bond

L’évolution de la société jointe aux bouleversements

technologiques donne naissance à des professions inédites,ouvertes aux jeunes diplômés comme aux salariés reconvertis.

N

ouvelles ten-dances, crise etnouvelles tech-nologies: versquel métierpeut se tour-ner un jeunediplômé en2014? 2800

suppressions de postes annoncées pour AirFrance, 900 chez Alcatel-Lucent, 850 pourl’abattoir Gad, le tout rien qu’au mois d’oc-tobre. Le ton avait été donné dès le début del’année avec le plan social de Goodyear quiconcernait 1 173 personnes. Total, Danone,IBM, Virgin, aucun secteur n’a été épargnéen 2013 par des restructurations d’enver-gure.  «Quand l’emploi est menacé, mieux 

vaut quitter rapidement l’entreprise»,   ex-pliquait le directeur duCentrede rechercheen économie et statistiques (CREST), Fran-cis Kramarz, au colloqueannuel duConseild’orientation pour l’emploi (COE) organisé

n septembre sur le changement de mé-tier. Les travauxsur la mobilité profession-nelle de l’économiste Gueorgui Kambou-rov ont en effet démontré que c’était dansl’intérêt du salarié. D’aucuns décidentmême de quitter le pays pour trouver àl’étranger les débouchés qu’ils croient per-dus en France. Le Centre d’études et de re-cherches sur les qualications (Céreq) aconstaté que, sur une période de cinq ans,de 1998 à 2003, environ trois personnessur dix avaient changéde métier.

Mais quelles sont les reconversionsprofessionnelles possibles? Quels sontles nouveaux métiers? Croupier? Le mé-tier vient en effet d’être ofcialisé, inscritdepuis le mois d’août au registre des pro-fessions reconnues par l’Etat. « Home-sta-gist »? Quasiment né de la crise pour re-looker les appartements avant de les

mettre en vente, ce nouveau métier estouvert aux professionnels de l’immobi-lier, aux architectes d’intérieur ou auxdécorateurs. On ne sait évidemment riende son avenir. Outre ces deux exemplesquelque peu anecdotiques, d’autres pro-fessions comme celle de «data scientist»sont révélateurs des mutations écono-miques. La forte croissance du volume dedonnées disponibles dans le marketing,la nance, mais aussi la génétique, les

neurosciences,marketing,financeougénétiquecréent

denouveaux emplois despécialistes formés à faire

parler lesdonnées

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http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 10/6010 /  Le Monde Campus   mardi 19 novembre 2013

d o s s i e r |  ’ 2.0

neurosciences ou la climatologie, créentde nouveaux emplois pour les jeunes di-plômés formés à analyser ou à faire par-ler les données informatiques. Le cabinetd’études de marché Gartner estime quelebesoin de tels spécialistes atteindra4,4 millions de personnes dans le monded’ici à 2015, et qu’il ne sera couvert qu’àhauteur de 40 %.

Les e-métiers sont majoritairementscientiques, mais les littérairessont aussiportés par la vague. Pour faire du «sto-rytelling» (communication narrative) ou

optimiser le référencement et l’image demarque des entreprises sur Internet, les e-littéraires se font «community mana-gers » ou « linkbuilders», les noms fran-çais de ces professions restant à inventer.

Le Conseil d’orientation pour l’emplois’est, avec le Commissariat à la stratégieet la prospective, penché sur le thèmedesreconversions possibles dans une écono-mie en changement. Certains  « facteurstels que la concurrence internationale oules évolutions technologiques restent lar-

 gement imprévisibles»,  explique Jean Pi-sani-Ferry, le commissaire général à lastratégie et la prospective. Ils ont toute-fois identié deux grands axes porteursde métiers nouveaux et de recrutements:le développement d’activités «big data»précitées (data scientist) et liées auvieillissement de la population. Le pre-mier est pourvoyeur d’emplois dans l’in-dustrie et les services associés, et lesecond   « induira nécessairement unecroissance de la demande en services à la

 personne»,  analyse M. Pisani-Ferry.Selon l’Insee, la France comptera

18,9 millions de personnes de plus de60 ans et 4,2 millions de plus de 80 ansen 2025, soit une hausse de 31,1% et de

25,3% en quinze ans. Le taux de dépen-dance (rapport entre les plus de 65 ans etles moins de 25 ans) atteindrait ainsi 46%en 2050. Ce vieillissement programmé denotre société nous « oblige à intégrer et àvaloriser les besoins spéciques (produits,technologies, services, etc.) liés à l’âge»,note la ministre chargée des personnesâgées et de l’autonomie, Michèle Delau-nay. La «silver économie» est en marche.Mutuelles, institutions de prévoyance, as-sureurs, en reçoivent déjà les fruits:  « La

main-d’œuvre de la banque, fortementqualiée, connaît un redéploiement mas-sif vers l’assurance»,   témoigne PhilippeTrainar, membre du Cercle des écono-mistes et directeur des risques du groupede réassurance Scor.

Entre la hausse du nombre de per-sonnes âgées, celle de la population sco-laire, les besoins en services profession-nels ou encore l’éclatement des familles,«les estimations de la direction de l’ani-mation de la recherche, des études et desstatistiques (Dares) tablent sur la créationde 350000 emplois dans le domaine del’aide à domicile entre 2010 et 2020», rap-pelle la Fondation Jean-Jaurès dans une

note publiée le 11 octobre. Mais contraire-ment à une idée préconçue, l’inéluctableexpansion du marché des services à lapersonne concerne aussi les jeunes diplô-més. Une nouvelle lière « silver écono-mie » a été lancée en avril, qui seraitpourvoyeuse de milliers d’emplois, as-sure le gouvernement, notamment dansl’industrie, pour produire, par exemple,des équipements de télécommunicationsadaptés ou des systèmes de domotique.«Les exportations dans le domaine des gé-rontechnologies ont déjà progressé de

 plus de 50% l’an dernier»,   indique Mi-chèle Delaunay.  «Une projection à 2020

 fait apparaître des pertes d’emploi en Eu-rope dans les professions intermédiaires,alors que les professions supérieures et les

une filière «silver économie»,pourvoyeuse de milliers

d’emplois, selonles pouvoirspublics, vientd’être lancée

moins qualiées progressent»,   rappeStefano Scarpetta, directeur de la dirtion de l’emploi, du travail et des affairsociales de l’OCDE.

Mais les moyens de changer de métiesont-ils là? Les instruments sont nobreux, du côté des formations professionelles comme de Pôle emploi. Bilan compétences, bilan professionnels, conindividuel de formation (CIF), droit indiduel de formation (DIF), tutorat, etc., cmoyens, encore trop peu utilisés, sont lativement efcaces:   « 50% des salarCIF-CDD voient leur situation professionelle se sécuriser, soit à travers une ebauche en CDI (38%), soit par une créatid’entreprise (12%)»,   assure l’Observatodes transitions professionnelles dans uétude publiée à la mi-octobre.

Mais les instruments à eux seuls peuvent assurer le succès d’un changment de métier. La première conditiénoncée par les DRH pour une reconvsion réussie est l’accompagnement dala prise de poste avec un parcours d’ingration et un référent. L’exemple mentorat conçu par la société GDBOdestination des entreprises l’illustre. Ceentreprise de «mentoring managéria(tutorat de managers) met en réseau dcadresseniors issus duCAC 40 pour lesevoyer en mission dans les grandes entprises parrainer des jeunes fraîchemenommés à des fonctions stratégiquPendant six mois, le mentor accompagle cadre en lui faisant réaliser une missiqui luipermet de prendre la dimensionposte. «Les mentors et lesentreprises endemandent», assure le PDG Bruno Dieh

Anne Rod

Une enqUête OpiniOn Way

a été menée au printemps

2013 pour mesurer si les

employeurs favorisaient

les reconversionsprofessionnelles. Elle a été

réalisée auprès de 993 chefs

d’entreprise et DRH ayant

eu un contact avec des

candidats issus d’une

reconversion ou des salariés

portant un projet. Les DRH

interrogés sont issus à 46%

du secteur des services, à

33% du commerce et des

transports et à 21% de

l’industrie. Tout secteurs

confondus, les DRH sont

plus de 60% à recevoir

des candidats qui

jusque-là exerçaient unmétier complètement

différent. Plus de 50 %

d’entre eux recrutent ce

type de prol « en mobilité»

– 70% dans le commerce.

En revanche, lorsqu’il s’agit

d’organiser la reconversion

individuelle ou collective

des salariés, ils ne sont plus

que 30% à l’avoir fait.

75% des DRH interrogés

considèrent la reconversio

comme un atout, d’une

part parce que les salariés

sont plus motivés, d’autre

part car ce type de prolapporte une diversité au

sein de l’équipe de travail

et une nouvelle vision du

métier ou du poste. Les

DRH estiment toutefois q

les salariés auront besoin

de plus de temps pour

s’approprier le poste. Mai

ils sont unanimes sur le

 bilan: c’est un succès à 74

A.

l drH

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7/18/2019 Complet Campus

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ENERGY DAY, LE 12 DÉCEMBRELA JOURNÉE DES MÉTIERS D’EDFUne journée de rencontres et d’échanges, 400 experts,9 pavillons métiers, conférences, forums, ateliers et conseils RH…Rendez-vous à la Grande Halle de la Villette à Paris.Renseignements et inscription sur

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L’énergie est notre avenir, économisons-la!

Levage et pose du dôme de l’EPR à Flaman

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7/18/2019 Complet Campus

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d o s s i e r |  métiers d’avenir en 2.0

La numérisation galopante de nos activitésnécessite des compétences nouvelles.L’offre de spécialistes en Big Data sera de4,4 millions de personnes dans le monde en2015. Elle ne devrait être couverte qu’à 40 %.

Data cruncher, e-marketeur…les e-jobs prennent le pouvoir

D  évelopper une application

pour un smartphone ou

une tablette, analyser lecomportement d’un cyber-acheteur pour lui faire une

offre entièrement personnalisée qu’il nepourra pas refuser, concevoir un site Webqui soit tout à la fois ergonomique, esthé-tique et convivial, ou animer la vie numé-rique d’une communauté qui n’existe quesur Internet sont autant de nouvelles com-pétences que la numérisation croissantede nos activités nécessite.

Alors que le commerce en ligne prendprogressivement sa place dans la consom-mation, que nos téléviseurs se connectentà Internet, que nos bureaux comme nosdocuments se dématérialisent, bref, quenotre société se digitalise, le numériquesuscite partout de nouveaux besoins qui,pour être satisfaits, font appel à de nou-veaux métiers.

Désormais, on peut se revendiquer«data cruncher», «web designer», «géo-maticien» ou «e-marketeur». En fait, cesmétiers émergent, portés par les grandsconcepts informatiques en vogue que sontle «Cloud» (stockage à distance des don-nées), le «Big Data» et la mobilité. Ces pra-tiques transforment les métiers tradition-nels de l’informatique et recomposent les

connaissanceset lescompétencesrequises.Premier vecteurde cette transformation, leBig Data. En d’autres termes, la numérisa-tion galopante génère des volumes tou-jours plus importants de données qu’ilfaut pouvoir analyser. Les comportementsdes acheteurs en ligne, les échanges télé-phoniques et leur localisation, le suivi depathologies ou d’épidémies, l’usure de nosvoitures, le suivi du budget des collectivi-tés territoriales, la mesure de la qualité del’air, les variations du trac routier sur un

cédents ne fonctionnent pas, etc. »,   eplique Hélène Gombaud-Sainton

directrice générale de Fullsix Data, la liétudes et analyses de l’agence FullSIX.

Pour atteindre ce résultat, il faut toufoisdisposer du personnel capable de « guer » un site Web, de récupérer des donées en provenance de réseaux sociaud’appels aux services clients, de SMS…, les associer aux données des bases de l’etreprise et d’y trouver de l’informatipertinente.  «Ce que l’on cherche, ce so

des gens capables de faire parler les do

nées, de concevoir les utilisations qui pe

axe donné, etc., toutes ces applications gé-nèrent des monceaux de données qui ne

servent que si l’on sait les interroger et ytrouver des réponses.

Or les technologies permettent désor-mais d’analyser nement ces données.«Aujourd’hui, on sait reconnaître sur quelle

bannière publicitaire un internaute clique,

on sait le faire pour des milliers de visites

 par jour et en temps réel,tout en préservant 

l’anonymat de l’utilisateur. Cela permet de

 piloter la stratégie média d’une entreprise

avec une grande agilité, d’adapter rapide-

mentune création ouun message siles pré-

    n    i    c    o    l    a    s

    b    a    r    r    o    m    e

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vent être faites de ces données,   précise

Yannick Lejeune, directeur Internet du

groupe Ionis, spécialisé dans l’enseigne-

ment supérieur des nouvelles technolo-

gies. A quoi servent les données sur toutesles stations Vélib de Paris ou sur le graphesocial de Facebook si vous n’avez pas déci-dé ce que vous en ferez»?

Les gens capables de faire parler les

données sont aujourd’hui une denrée

rare. Baptisés «data scientists», «data

analystes» ou data crunchers, ils conju-

guent des compétences en mathéma-

tiques et en statistiques, une certaine ap-

pétence de geek, une compréhension des

enjeux pour les entreprises, fruit d’une

formation marketing ou sociologique.

Bref, des compétences rares! «En France,on compte tout au plus une centaine d’ex-

 perts en Big Data», afrme Gilles Babinet,

«digital champion» de la France auprès

de l’Union européenne et président fon-dateur de Captain Dash, spécialiste du Big

Data pour le marketing. Le cabinet

d’études de marché Gartner estime que le

besoin de spécialistes en Big Data sera de

4,4 millions de personnes dans le monde

en 2015 et que ce besoin ne sera couvert

qu’à hauteur de 40%.

Car c’est bien le problème des nouveaux

métiers: entre l’apparition du besoin de

compétences nouvelles et la création des

cursus de formation, il peut s’écouler plu-

sieurs années. Certes, il existe des forma-

tions à l’analyse de données, mais ceux qui

les ont suivies ont préféré jusqu’à présent

s’orienter vers les métiers de la nance,

plus rémunérateurs. L’émergence du Big

Data propose désormais de nombreuses

alternatives de carrière, par exemple dans

le marketing, comme l’analyse de trac, la

recommandation, l’e-réputation, etc.

Plusieurs cursus se mettent en place.

Grenoble EM et l’Ensimag créent ainsi une

formation de « data stratège» de niveau

bac + 6, qui allie compétences techniques,

business et managériales. HEC Paris avec le

soutien d’IBM France lance un cursus Big

Data et Business Analytics, destiné à sesétudiants de MBA. Quant à l’université

Pierre-et-Marie-Curie et Supde Co,ils réé-

chissent à la création de cursus dédiés.

Sans attendre, l’éditeur de logiciels d’ana-

lyses SAS a lancé en 2013 son premier

SpringCampus,qui a permisà vingtjeunes

diplômés de suivre un mois de formation

intensive avant d’effectuer un stage de cinq

mois dans une entreprise sponsor, période

qui doit déboucher sur l’embauche du sta-

giaire. «Cettesessiona rencontréun telsuc-cès auprès des candidats et des sociétés in-

 formatiques partenaires que nous ouvronsla prochaine session aux banques, assu-rances, opérateurs télécoms, qui souhaitentrecruter des data scientists»,   indique

mardi 19 novembre 2013  Le Monde Campus  

Derrière ces appellationsnouvellesse cachentparfoisDesmétiers

existantsquiDoivents’aDapter enintégrantuneDimensionnumérique

ed B a p,dElodiE  Bongrain, 3 2  ans , voulait

faire des arts appliqués, elle est

aujourd’hui designer à l’agence

d’innovation Fabernovel. Aurélien

Pasquier, 30 ans, hésitait entre l’art et

les sciences, il est à présent designer

chez Applidium, éditeur d’applicationsmobiles, liale de Fabernovel. Leur

métier n’est pas très différent de ce

qu’ils avaient imaginé pendant leurs

études. Ce qui change vraiment, pour

Aurélien Pasquier, «c’est qu’à l’école,

nous ne pensions qu’à un seul client,

l’utilisateur nal. En entreprise, le

client est celui qui paie». « Nous devons

donc défendre le client (celui qui paie)

du client, l’utilisateur nal, et ce n’est 

 pas toujours fac ile chez les grands

industriels», ajoute Elodie Bongrain.

Tous les deux sont enthousiastes sur

l’avenir du design dans le monde

numérique.  « Une application mobile

est devenue stratégique pour les

entreprises », explique Aurélien

Pasquier, «et cela change en profondeur notre métier qui se retrouve

au centre de la stratégie», poursuit

Elodie Bongrain. Quant à savoir de

quoi leur avenir sera fait, « nous

 gardons notre liberté de découverte,

nous ne savons pas ce qui va émerger.

 Pensez que les smartphones n’existaient

 pas quand j’ai ni mes étude s, et 

c’était il n’y a pas si longtemps...»,

conclut Aurélien Pasquier.

So. C.

Ariane Liger-Belair-Siou, directrice acadé-

mique de SAS France.

Mais derrière ces appellations nouvelles,

se cachent parfois des métiers qui existent

déjà et qui s’adaptent en intégrant une di-

mension numérique. «Avant, il y avait lesacteurs traditionnels de l’ancienne écono-mie et les“pure players” de la nouvelle éco-nomie. Aujourd’hui, tous les acteurs danstous lessecteurs se mettent au numérique»,constate Emmanuel Stanislas, président

fondateur du cabinet Clémentine, spéciali-

sédans le recrutement desmétiersdu Web,

du e-commerce, etc. C’est le cas des «géo-

maticiens», qui mettent les technologies

informatiqueset graphiques au service des

métiers de la géographie et de la cartogra-

phie. C’est le cas des web designers, qui ap-

pliquent à Internet les règles du design et

de l’ergonomie.

« Le “community manager” est un bon

exemple; ce métier existe déjà en politique,en lobbying, en animation de réunionsconsommateurs… Ce qui changeavec le nu-mérique, c’est la masse de personnes qui

 peuvent interagir immédiatement et le fonctionnement en 24/7!»,  précise Yannick

Lejeune. Et quand on lui pose la question

de qui doit former à ce métier, une école

d’ingénieurs ou une faculté de sociologie, il

répond sans hésiter :   «Les deux! Toutcomme il faut former à l’ancienne écono-mie avant d’enseigner les règles de la nou-velleéconomiepour que les jeunes connais-sent l’antériorité des métiers qu’ils vont

 pratiquer et qu’ils soient capables d’évolueret d’utiliser les outils de demain.»

Sophy Caulier

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d o s s i e r |   ’ 2.0

Après avoir longtemps négligé la qualitédes contenus marketing de leurs sitesWeb, de plus en plus d’entreprises fontappel à des gens qui ont une belle plumeet savent rédiger pour Internet.

Le numérique, une nouvelle chancepour les littéraires

E  xploration de formats d’écri-

ture, “multitasking”, beaucoup

d’humour et de second degré.

Twitter par exemple, avec ses

 140 caractères, est une

contrainte digne des écrivains surréa-

listes», s’enthousiasme Lucile Gouge, uneancienne khâgneuse. Internet, syno-nyme de nouveauté et d’apprentissagepermanent, est en train de troquer geekset amoureux du codage contre des pro-ls plus littéraires.

«Internet est né comme un réseau de

communication militaire. A l’époque, il fal-

lait être un pro en informatique, maîtriser 

l’écriture binaire pour pouvoir s’y repérer.

 Mais si Internet a fait des mots, ces der-

niers ont vite pris leur revanche»,  s’amuseDavid Brunat, fondateur de Or & HConseil, une société spécialisée dans l’as-sistance aux dirigeants par l’écrit.

Il suft de se pencher sur le fonctionne-ment des moteurs de recherche pour s’enconvaincre. «Les repères verbaux sont de-

venus leur priorité numéro un comme

 pour tous ceux qui produisent sur Internet.

C’est la construction des textes, de la

 phrase, la récurrence des mots-clés qui pè-

sent dans la sélection. Il faut du contenu, et 

 pas n’importe lequel. Nous sommes passés

du langage mathématique au vrai lan-

 gage»,  poursuit David Brunat. Une révo-lution qui pourrait faire de la place aux

nelles et une ne psychologie: comprend

les attentes du client, trouver la formuqui touchera les internautes», expliquejeune femme. Même pour un premboulot dans le service marketing d’umarque,   «des qualités rédactionnel

comme savoir mettre en place une new

letter ou publier des nouvelles sont dev

nues un plus indéniable»,   conrmThierry Gillmann, président de l’agende «content marketing» Lobi.

En revanche, il ne suft pas d’avoir ubonne plume et de tenir un blog pour ggner sa vie sur la Toile.   «Savoir écr

n’implique pas forcément savoir écr

sur Internet. Sur le site de La Redoute

 faut être précis, percutant, utiliser d

verbes actifs, des images brèves. Ce

sont pas des choses que l’on apprend da

les formations littéraires»,  met en garDavid Brunat. Des formations qui s’adatentà cette réalité commencent d’ailleuà voir le jour. Ateliers d’écriture Wcours de community management, comunication 2.0… L’offre est abondanmais pas toujours adaptée.   «Souve

quand on parle d’écriture Web, il s’a

d’une écriture optimisée pour les moteu

de recherche, ce qui n’est pas forcéme

synonyme de contenus qualitatifs et cré

tifs pour le lecteur. L’écriture par moclés, par exemple, n’est pas très digest

pointe Maël Roth. Pour lui, an de devnir un bon éditeur de contenus sur Intnet, il est nécessaire «d’avoir des bases

marketing, d’établir une présence sur

Web par exemple en ouvrant un bl

mais aussi de rester ouvert à ce qui no

intéresse».   Et c’est là qu’Internet penon seulement avantager, mais aussi tisfaire, les prols littéraires.

MargheritaN

littéraires sur la Toile? Maël Roth en est

convaincu.   «Les tendances actuelles duWeb marketing avantagentles prols de ce

type, assure ce responsable des marchésinternationaux pour Rankseller Interna-tional, une plate-forme de marketing parcontenus et de «linkbuilding» (optimisa-tion du référencement). Aux pubs agres-

sives, les entreprises préfèrent désormais

des stratégies de communication qui met-

tent en avant la qualité du contenu an de

lier le consommateur à la marque.»

Fini les sites en ash qui en mettentplein les yeux tout en négligeant l’infor-mation, place au contenu! C’est un peu lenouveau leitmotiv de la Toile.  « Au début,

le Facebook des marques était l’apanage

des stagiaires. Ce n’est plus le cas au-

 jourd’hui. Une marque comme Monoprix,

 par exemple, se différencie par la qualité 

du traitement de sa page Facebook»,  es-time Laurent Cabioch, responsable desstratégies digitales chez W&Cie.

Concrètement, ce sont une multitude deprofessions qu’offre désormais le Web auxprols littéraires, de la sémiologie sur In-ternet au «community management», enpassant par l’écriture de sites ou blogs demarques, le «storytelling d’entreprise»…

C’est ainsi grâce à son prol littéraireque Lucile Gouge s’est fait repérer auprèsde l’agence en conseil et communicationSpintank.   « Les prols embauchés dans

mon agence sont pour l’essentiel litté-

raires. Il faut avoir des qualités rédaction-

Le WeboffreunemuLtitudedetravaux aux Littéraires, de

La sémioLogie surinternet aucommunauty management, en

passant par L’écriture de bLogs…

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d o s s i e r |   ’ 2.0

Des plates-formes fédérantles travailleurs indépendants du Webse multiplient, mais en matièrede chômage, de maladie ou deretraite, la précarité reste de mise.

Les «freelancers» en pannede couverture sociale

L  es plates-formes mettant en re-

lation les   freelancers  et les en-treprises se multiplient commedes petits pains sur la Toile.Pour la cohorte grossissante des

graphistes, informaticiens, traducteurs,rédacteurs, «webdesigners» et autres sepose la question du statut d’emploi et dela couverture sociale. Depuis 2008, datede la création du régime de l’autoentre-preneur, beaucoup d’entre eux lancentleur activité sous cette forme. Avantage?Les cotisations sociales sont calculées surla base d’un pourcentage du chiffre d’af-faires. Mais ce statut transitoire, du faitdes plafonds de revenus, contraint en-suite les  freelancers à créer une structureplus pérenne.

Plusieurs choix s’offrent à eux: soit l’en-treprise individuelle (EI) ou l’entreprise in-

dividuelle à responsabilité limitée (EIRL),soit l’entreprise unipersonnelle à respon-sabilité limitée (EURL) ou la société par ac-tions simpliée unipersonnelle (SASU). Ilspeuvent aussi opter pour le régime desprofessions libéralesou pour le portage sa-larial. Dans les trois premiers cas, le calculdes cotisations sociales se fait sur la basedubénéce imposable, et elles sontverséesau Régime social des indépendants (RSI),qui gèrela protection sociale obligatoiredeplus de 5,6 millions de chefs d’entreprise.

Or la particularité du régime des tra-vailleurs indépendants est qu’ils doiventverser des cotisations, même en l’absencede revenus. Et du fait du caractèreminimalde ces cotisations, elles ne valident pascomplètement certains droits, notammenten matière de retraite. Dans le cas de laSASU, le  freelancer   est considéré commeun dirigeant assimilé salarié. A revenuéquivalent, il bénécie d’une meilleurepension de retraite que les indépendants,mais en qualité de mandataire social, il nepeut prétendre à l’assurance-chômage.

C’est là le point noir pour le   freelancer.

S’il crée une entreprise individuelle ouadopte le régime de profession libérale, ilne peut percevoir ni indemnités de chô-

mage ni indemnités journalières de la Sé-curité sociale en cas de maladie. Certes, illuiest possible de souscrire une assurancepersonnelle et de cotiser à des complé-

mentaires santé ou retraite. Mais beau-coup ne le font pas. A l’instar de Céline,32 ans, consultante en communication, freelancer  depuis deux ans et demi:  «Je

n’ai pas de mutuelle car je ne suis pas ma-

lade. Je pense à bien d’autres choses qu’à

ma couverture sociale. Ma priorité, c’est de

trouver des clients et de pérenniser mon

activité.»   Parce qu’il suit un traitementmédical régulier assez lourd, Raphaël,29 ans, traducteur spécialisé dans les bre-vets industriels, n’a pas fait l’impasse sur

la mutuelle complémentaire :  « En pr pectant, j’en ai trouvé une qui propose d

tarifs moins chers pour les travailleurs

dépendants de moins de 30 ans. »

Selon Régis Granaloro, président Mouvement pour une unionnationale dconsultants en informatique (Munci),  freelancers peuvent bénécier de la mêmcouverture sociale que les salariés, s’ils font l’investissement,   «mais leurs ar

trages nanciers se font souvent en déf

veur de la protection sociale, surtout

début de carrière».   L’hiver dernier, Fraçois-Emmanuel, 34 ans, créateur de lociels a réalisé, lors d’une chutesévère à skles risques encourus. Sa mutuelle couvsesfraismédicaux, mais il n’apas pris d’surance supplémentaire pourles indemtés journalières à cause de son coût élev«Comme les salariés, nous cotisons de f

çon obligatoire pour la maladie et la

traite; alors, pourquoi ne bénécions-no

 pas des mêmes droits? » Le Cinov-it, syncat des freelancers et des très petites entprisesdes métiers du numérique, offre dférentes prestations à ses 900 adhérendont une complémentaire santé au tanégocié et le recours à la GSC, l’assuranchômage des entrepreneurs. «Cette ère

 post-salariat nécessite une meilleure strturation du monde des freelancers, y co

 pris pour améliorer leur couverture

ciale»,   estime Marie Prat, coprésidenComme aux Etats-Unis, où l’organisatiFreelancers Union créée en 2001, forte ses 150000 membres, propose sa propassurance santé, invalidité, retraite à dprix deux fois moins chers que ceux dcompagnies privées, ainsi que l’accès à centre médical à New York.

NathalieQ uér

Celui qui Crée une entrepriseindividuelle ou adopte le régime

de profession libéralene peut perCevoirni indemnités

de Chômage ni indemnitésjournalières en Casde maladie

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d o s s i e r |  métiers d’avenir en 2.0

L’essor des activités économiques liéesau sport ouvre de nouveaux débouchésaux jeunes diplômés. Le secteur seprofessionnalise, bien au-delà des stades.

Lemonde du sport en quête de cols blancs

S

  oir de match au Parc desPrinces. Zlatan Ibrahimovic etses coéquipiers font vibrer desmilliers de supporteurs qui

ont payé leur billet au moinsaussi cher qu’une place de

théâtre ou qu’un dîner au restaurant. C’estlogique: le football est un spectacle, enplus d’être un sport très populaire, prati-qué par des millions de personnes enFrance. C’est aussi un secteur économiquequi crée des emplois bien au-delà desstades. Equipementiers, sponsors, médias,agences de marketing sportif, paris enligne… tous cesacteurs s’insèrent dans uneéconomie du sport en pleine croissance.

En 2009, la dépense sportive nationales’est élevée à près de 35 milliards d’euros,soit 2% du produit intérieur brut (PIB), se-lon l’Institut national de la statistique et

des études économiques (Insee). Les mé-nages représentent près de la moitié decette dépense (16,5 milliards d’euros) de-vant l’Etat et les collectivités locales(15 milliards). Le chiffre d’affaires du com-merce d’articles de sport et loisir a doubléen volume entre 1996 et 2006, signe del’augmentation de la pratique sportive.Ainsi, avec un vélo pour 20 habitants, laFrance est le quatrième pays cycliste dumonde derrière le Japon, les Pays-Bas et leRoyaume-Uni!

Le secteur du sport est également porteen matière d’emploi, même si la crosance s’est nettement ralentie au cours la dernière décennie. En 2008 (dern

chiffre disponible), le sport employenviron 300000 personnes en Frandirectement ou indirectement, répartieparts égales entre les secteurs public etsociatif et le privé. «La croissancese trou

 plutôt aujourd’hui dans le secteur pr

marchand, même si les associations et

 fédérations sportives, en se professionna

sant, représentent des débouchés imp

tants»,   indique Nathalie Leroux, maîde conférences en sciences et techniqudes activités physiqueset sportives(Sta

    n    i    c    o    l    a    s

    b    a    r    r    o    m    e

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à l’université Paris-Ouest-Nanterre qui adirigé un récent travail de recherche surles cadres gestionnaires du sport.

En effet, si le secteur a longtemps fonc-tionné sur le bénévolat, c’est moins le casaujourd’hui.   «La proportion de diplômés

augmente dans tous les secteurs et chez

tous les acteurs du sport. Par exemple, les

associations qui sont en contact avec des

sponsors ont besoin de personnes quali-

 ées pour négocier les contrats », expliqueNathalie Leroux.Les fédérations recrutentdes cadres spécialisés dans le manage-ment des organisations sportives. Quantaux entreprises du sport, elles recher-chent des compétences de plus en pluspointues, qu’elles soient managériales,marketing ou juridiques.

Accompagnant cette professionnalisa-tion, les formations en management dusport se sont multipliées. Trente-cinq uni-versités proposent aujourd’hui des licen-

ces générales ou professionnelles en ma-nagement du sport et vingt-neuf desmasters. La moitié environ est généraliste(management du sport ou management

des organisations sportives), l’autre moitiécorrespond à des spécialités comme lemarketing du sport (universités de Paris-Sud et Strasbourg), le droit du sport (Li-moges), ou des sous-secteurs d’activité telsl’événementiel sportif (Nanterre), le tou-risme sportif (Nice et Montpellier), les col-lectivités territoriales (Toulouse) ou lesport professionnel (Rouen). «Certaines ci-

blent les besoins d’une région ou d’un bas-

sin d’emploi, tel le master ingénierie des

sports de glisse à Bayonne»,  complète Na-thalie Leroux.

Les écoles de commerce ne sont pas enreste. On compte aujourd’hui dix-septmasters spécialisés parmi lesquels ceux del’Essec, d’Audencia ou encore d’Euromed.Gurvan Heuzé fait partiede la promo 2012-

2013 du master en management des orga-nisations de sport d’Audencia. Cet ancienfootballeur en sport-études a réalisé asseztôt qu’il ne percerait pas dans le foot maisa gardé l’envie de travailler dans le secteurdu sport en général. Après une école decommerce et un premier master, il a pos-tulé au master spécialisé d’Audencia.  «Le

 premier jour, la moitiédes étudiants ont dit 

qu’ils voulaient bosser dans un club pro,  sesouvient-il. Six mois plustard, unseula fait 

son stage dans un club, à Saint-Etienne. On

mardi 19 novembre2013  Le Monde Campus  

«Aujourd’hui,LAcroissAncesetrouvepLutôtducôtédusecteurprivémArchAnd»

Nathalie leroux, maîtrede conférencesenStaps

Ama, la axabla l û… 17000 Preuve que le sport et la gestion de

projet font bon ménage, l’Université

internationale de Monaco (groupe

Inseec) a créé, il y a deux ans, un

master en paix durable par le sport. Ce

programme d’une durée de dix mois

entend former des «ingénieurs de la

 paix par le sport»  qui iront renforcer

les organisations internationales

(ONU), les gouvernements et les

associations dans leurs actions

utilisant le sport comme un outil

de développement. « Notre objectif n’est 

 pas d’envoyer nos étudiants sur des

terrains de conit pour arrêter les

 guerres. La paix, c’est aussi l’absence de

conit. L’idée est de se servir des vertus

 fédératrices du sport pour maintenir ou

renforcer la cohésion sociale dans des

 zones rendues vulnérables par la pauvreté ou par les séquelles d’anciens

conits», explique Moïse Louisy-Louis,

le responsable de la formation.

Le master s’appuie sur le réseau de

Peace for Sport, une organisation

fondée en 2007 par l’ancien champion

du monde de pentathlon Joël Bouzou,

qui accompagne des projets locaux de

développement par le sport.

L’organisation, parrainée par le prince

Albert II, est active dans sept pays

(Burundi, Colombie, Côte d’Ivoire,

Haïti, Israël, République démocratique

du Congo, Timor).

Le coût du master, 17000 euros, peut

paraître rédhibitoire. De fait, depuis sa

création en 2011, il n’a formé qu’une

dizaine de jeunes gens. Les cours,

dispensés en anglais compte tenu du

public international de l’université en

général et de ce master en particulier,

passent en revue l’histoire du sport et

de l’olympisme. Mais la formation se

veut aussi opérationnelle avec des

cours de gestion, nance, marketing et

communication. Les étudiants ont

ensuite le choix entre la rédaction

d’une thèse ou un stage sur le terrain.

Après plusieurs stages dans différentes

agences onusiennes, Lin Cherurbai

Sambili a choisi «ce master unique enson genre parce qu’il correspond tout 

à fait à ce que je souhaite faire en tant 

qu’ambassadrice du sport dans mon

 pays (le Kenya). Ce sont nos coureurs,

les meilleurs du monde, qui ont permis

au Kenya d’émerger sur la scène

internationale. Mais il reste beaucoup à

 faire pour institutionnaliser l’éducation

 par le sport. C’est un domaine nouveau,

mais je suis sûre que ça va marcher»,

explique-t-elle.   F. Sc.

s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup

d’autres débouchés avec peut-être plus de

liberté et de responsabilités sur certains

 postes.»  Lui a effectué un stage à l’associa-tion sportive de la Banque de France entant que consultant. «J’ai pris en charge la

refonte des outilsde communication et l’or-

 ganisation d’un tournoi de foot à La Ro-

chelle pour les salariés de grandes banques

centrales européennes!»   Les personnesrencontrées lors de ce stage lui ont permisd’enchaîner sur un CDI à la Fédérationfrançaise du sport d’entreprise.  «Avoir un

réseau est essentiel pour trouver un poste

dans le secteur du sport. C’est pourquoi

nous faisons intervenir de nombreux an-

ciens du masterspécialisé et plus largement 

d’Audencia auprès de nos étudiants»,  sou-ligne Stéphane Maisonnas, le responsablede la formation.

Le master n’est cependant pas obliga-toire pour travailler dans le monde du

sport. Certaines entreprises comme Dé-cathlon recrutent à tous les niveaux dediplôme, notamment des jeunes ayantsuivi une formation en sciences et tech-

nique des activités physiques et sportives(Staps). La plupart d’entre eux commen-cent comme vendeurs ou responsables derayon, mais le groupe promet une évolu-tion rapide vers des responsabilités. Acoups de formations internes, le chef derayon devient ainsi responsable d’exploi-tation puisdirecteur de magasin, avant deprendre en charge le développement d’unproduit ou d’une marque. Une seulecondition: être sportif et aimer la compé-tition. « Les distributeurs d’articles sportifs

comme Décathlon jouent beaucoup sur le

côté passion du sport, auprès de leurs

clients comme de leurs salariés, alors qu’en

 fait les métiers y sont assez éloignés du

sport. Dans lesmétiers plus proches du ter-

rain comme les clubs professionnels, l’ac-

cent est mis au contraire sur la qualica-

tion et les compétences gestionnaires

requisesdans toute entreprise. Dans ce cas,

afcher sa passion peut être un handicap

 pour décrocher un job», souligne NathalieLeroux. Autrement dit, pour travailler auPSG, mieux vaut ne pas porter le maillot.

FraNçoiS Schott

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d o s s i e r |   ’ 2.0

Finie l’époque des baroudeurs au grandcœur. L’humanitaire s’est professionnaliséet embauche aujourd’hui des techniciens etdes prols hautement qualiés.

ONG recherchent ingénieurs,logisticiens, expérience requise…

D  istribuer de l’eau potable aux

1,3 million de réfugiés sy-riens au Liban, limiter la pro-pagation d’une épidémie decholéra au Sierra Leone ou

assurer un approvisionnement en vivresaprès le passage d’un typhon aux Philip-pines,voilàautant de projets quemènentles organisations de solidarité internatio-nales – plus de 3300 organisations nongouvernementales (ONG) en France se-lon le Comité interministériel de la coo-pération internationale et du développe-ment – et qui nécessitent l’envoi de mil-liers de travailleurs humanitaires enmission chaque année. En 2012, la seuleONG Action contre la faim comptait308 expatriés sous contrat.

Pour de nombreux jeunes qui vou-draient donner du sens à leur vie profes-sionnelle, ces métiers exercent un attrait

incontestable.   «Mais attention, ce n’est  pas à 18 ans que l’on va vous envoyer en

mission,   prévient Marie Perroudon, deBioforce, un organisme de formationaux métiers de l’humanitaire.   C’est un

 projet qui se construit, qui nécessite de

s’informer, de se projeter et de bien réé-

chir. On ne se rend souvent pas bien

compte qu’à 30 ans, avec une famille, ce

sera moins facile, ou que si l’on souhaite

revenir s’établir en France, c’est compliqué 

avec une expérience acquise uniquement 

dans l’humanitaire. » Et même quand onest sûr de son choix, mieux vaut être pré-venu : depuis quarante ans qu’elles sontdans le paysage, les ONG se sont profes-sionnalisées et recherchent avant toutdes candidats dotés de sérieuses quali-cations. «Il y a vraiment longtemps que

l’on n’envoie plus personne pour porter 

des cartons», sourit Caroline Paoli, char-gée de ressources humaines expatriées àPremière urgence - Aide médicale inter-nationale. Il ne suft donc plus de vou-loir s’engager, encore faut-il pouvoir of-frir des compétences utiles.

Les prols recherchés peuvent se clas-ser en deux catégories. Tout d’abord lesprols plus techniques. Outre les méde-cins, de nombreuses professions médi-

cales comme les inrmières ou les phar-maciens sont très demandées. Lesingénieurs, que ce soit sur des probléma-

tiques d’agronomie, de traitement deseaux ou de réhabilitation, par exemple,sont également très prisés par les recru-teurs. A noter que, même pour ces prols,des formations spéciques existent quipeuvent valoriser encore plus une candi-dature, comme des certicats en méde-cine d’urgence ou des masters spécialiséscomme, par exemple, celui d’urgentistebâtiment et infrastructures, créé parl’Ecole supérieure des travaux publics.Pour des jeunes ayant suivi un cursus uni-

versitaire plus généraliste, certaines fmations, notamment des masters santé publique, sont accessibles par pserelles et permettent de se construune expertise technique sans reprendun cycle complet d’études.

Ensuite, une partie importante des fectifs dans l’humanitaire est constitude fonctions supports, c’est-à-dire des gisticiens qui gèrent les questions transport, d’achats, de mécanique, etc.,des administrateurs qui s’occupent degestion nancière, des ressources hmaines. «Il existe de nombreux maste

universitaires généralistes très bons,  eplique Pauline Cartery, chargée du recrtement et du suivi des expatriés chez Slidarités international, même si l’école

référence reste Bioforce.»  Cet organismbasé à Lyon forme quelque 250 psonnes chaque année, dont les deux tieont déjà une expérience professionnepréalable. Et les 90 jeunes qui l’intègreen post-bac n’en sortent pas pour paren mission. Ils sont orientés vers les mtiers des services généraux dans des etreprises pour se forger une expérienprofessionnelle indispensable au candat au départ.

«Les ONG exigent généralement deans d’expérience professionnelle au mi

mum»,   constate Marie Perroudon.   «

n’est pas simplement une question d’â

même si, dans certains pays, manager d

équipes locales plus âgées peut être comp

qué, explique Caroline Paoli. Ce qui est ré

lement important, ce sont les compétenc

transposables comme la gestion de proje

Un candidat qui a dirigé des colonies de

cances, par exemple, peut m’intéresser.»

SébaStienDumou

Les ong recherchent descandidatsdotésde sérieuses quaLifications.

«iL y a Longtemps queL’on n’envoie pLus personnepour porter descartons»

CarolinePaoli, chargéedu recrutementà Premièreurgence

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d o s s i e r |  d’ 2.0

Dxk l’-lC’est Ce qu’on appelle être à

contre-courant. Alors que le

secteur agricole fait souvent

gure de repoussoir dans

les rangs étudiants, deux

d’entre eux ont décidé

de partir à sa conquête.

Fraîchement diplômés dumaster HEC-Entrepreneurs,

Paolin Pascot et Clément

Le Fournis lancent leur

entreprise, Agriconomie,

autour d’une offre de service

à destination des

agriculteurs. « C’est une place

de marché en ligne

spécialisée dans le matériel

agricole neuf, les intrants

comme les semences ou les

engrais, et l’alimentation

 pour bétail, explique Paolin

Pascot. L’idée est de créer 

un pont plus rapide et plus

équitable entre l’offre et la

demande. C’est un secteur 

que l’e-commerce n’a pas

encore totalement investi.»A la clé, promettent-ils, «des

réductions importantes sur 

l’ensemble des achats liés à

l’exploitation. » Détectant un

potentiel de développement

économique, les associés ne

se sont toutefois pas lancés

au hasard. Clément Le

Fournis est ls d’exploitant,

lui-même titulaire d’un bac

agricole. Un point essentiel

pour cerner un secteur trè

technique et gagner en

crédibilité auprès

d’agriculteurs ayant pour

habitude de travailler avec

des acteurs bien identiés

Le challenge est donc élev

pour les nouveaux entran« Il est compliqué de se

 faire une place dans ce

monde, reconnaît Paolin

Pascot. Le marché est plutô

verrouillé, assez immobile.

Mais il se veut optimiste,

assurant qu’il a déjà appri

au contact des agriculteur

une qualité essentielle : «l

persévérance.»

F. D

Ils sont ingénieurs dans un groupe minier,conçoivent des stations d’épuration ou gèrentdes rayons de grandes surfaces… Ces jeunesdiplômés se lancent bravement dans desdomaines peu prisés où ils découvrent leur voie.

Je travaille dans un secteurqui n’intéresse personne!

C  e fut unerévélation: j’ai compris

ce que je voulais faire.»   Pour

Ondine Bonhomme, le déclicest venu lors de son stage d’as-sistante chef de rayon chez Au-

chan. Diplômée de l’Edhec en 2013, elleavait trouvé sa voie: le commerce.  «Avoir 

en charge un rayon, c’est gérer un centre de

 prot,  explique-t-elle.  On est responsable

de tout, d’une équipe, des chiffres réalisés...

 Il faut également savoir se projeter: com-

ment voit-on son rayon à cinq ans, dix 

ans...» Avant même de sortir de son école,elle avait signé un contrat avec Leroy Mer-lin. Elle est aujourd’hui chef de secteurdans le magasin de Caen (Calvados). Unebelle entrée en matière qui n’est pas tou-jours comprise de son entourage. «Le com-

merce de détail n’est pas, à première vue,

unsecteur qui fait rêver,  dit-elle.  Les gens

ont des a priori sur mon métier car on tra-

vaille avec la tenue de l’entreprise et qu’on

 peut être amené à faire de la vente. Cette

 fonction est perçue comme ingrate, sa ri-

chesse est méconnue».   Qu’importe pourelle. A 23 ans, son   «plan de carrière»  estdéjà xé : «Je veux, à terme, devenir direc-

trice de magasin.»

Contre les vents dominants, certainsjeunes diplômés tentent chaque annéel’aventure dans des secteurs et des mé-tiers délaissés, bien loin des sociétés quigurent en tête des classements des en-treprises préférées des étudiants. Face au

traditionnel plébiscite de LVMH, EADS,L’Oréal ou Google, ils répondent industrie

minière ou agriculture.   «Les diplôméssont logiquement intéressés par ce qu’ils

connaissent,  analyse Manuelle Malot, di-rectrice Carrière et prospective à l’Edhec. Mais leur vision peut réellement évoluer 

quand desentreprisesviennent surle cam-

 pus leur présenter leurs métiers. C’est 

d’ailleurs une tendance: certaines sociétés

ont besoin de manageurs, de nanciers et 

 font des efforts croissants en direction de

nos étudiants.»

Pour les séduire, des industriels ont pumettre en place des «graduate programs»,dispositifs à travers lesquels l’entreprisedénit pour le jeune diplômé un parcoursprofessionnel attractif. Le volontariat in-ternational en entreprise (VIE) peut aussi

êtreégalement un outil de séduction. «C

tains noms de sociétés ne font pas rêv

mais lorsque le premier poste proposé setue en Australie, les perceptions peuve

évoluer,  souligne Mme Malot. De façon p

simple, le stage peut être une excellen

 porte d’entrée.»   En témoigne la «révétion» qu’a reçue Ondine Bonhomme dales rayons d’une grande surface.

Les envies professionnelles atypiqugerment parfois au l du cursus. Ainles étudiants en école d’ingénieurs seblent souvent faire preuve d’une certaisouplesse d’esprit. Lorsque des opportnités se présentent, ils peuvent acceptde s’engager dans des secteurs à l’imapeu porteuse. «Ils sont très attirés par

technique au sens général,   expliqAlexis Méténier, directeur des relatio

«Les DipLôméssontintéressésparcequ’iLs

connaissent.maisLeurvisionpeutchangerquanDLes

entreprisesviennentLeurprésenterLeursmétiers»

ManuelleMalot, directrice Carrières (Edhec)

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7/18/2019 Complet Campus

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avec les entreprises à l’Institut nationaldes sciences appliquées (Insa) de Lyon.C’est leur moteur principal. Ce qu’on de-

mande à un ingénieur ne change pas:

être capable de mettre en équation des

 problématiques. »

L’objet d’étude peut donc passer au se-cond plan lorsque le challenge scientiquese révèle attractif.   «Les étudiants perçoi-

vent bien l’aspect innovant et la contribu-

tion qu’on attendra d’eux pour faire évoluer 

un secteur», relève Mireille Jacomino, vice-présidente formation de l’école d’ingé-nieurs INP Grenoble. C’est précisément ladémarche qu’a suivie Camille Delabarrelorsqu’il s’est engagé dans un groupe mi-nier. Ce centralien, diplômé en 2009, re-connaît bienvolontiers qu’ilne s’imaginait«pas du tout travailler dans un tel secteur.

 Lorsqu’on est étudiant, ce n’est pas considé-

ré comme un domaine très “sexy’’»,   ré-sume-t-il. Pourtant, quand l’opportunités’est présentée d’intégrer le centre de re-cherche d’Eramet, spécialiste des métauxd’alliages, il a dit oui et assure aujourd’huine rien regretter: «C’est très riche intellec-

tuellement. On nous présente une nouvelle problématique, en l’occurrence un nouveau

 gisement, et on doit concevoir toutes les

étapes pour mener à bien l’exploitation.»

Caroline Bitton n’était pas, elle nonplus, destinée au secteur dans lequel elletravaille actuellement. Diplômée en 2012de l’Institut supérieur de gestion, elle a re-joint le monde agricole en devenantconsultante pour le spécialiste des courset marchés Agritel. «Pendant mes études,

on s’intéressait aux actions, obligations,

devises... Tout cela ne me parlait pas beau-

coup, je recherchais des choses concrètes»,

explique-t-elle. Le hasard des rencontresl’a fait s’intéresser aux marchés des ma-tières premières, puis plus spécique-ment à ceux de la production agricole.«C’est un univers très complet. Pour com-

 prendre pourquoi les cours varient, il faut 

 prendre en compte le contexte géopoli-

tique, l’environnement, etc. »   En expan-

sion, ce secteur pouvait par ailleurs offrirdes perspectives d’emploi. Toute Pari-sienne qu’elle est, Caroline Bitton a doncsuivi cette voie. «Ça a parfois surpris mon

entourage!»,   reconnaît-t-elle. Et commetous ceux qui empruntent des cheminsprofessionnels peu fréquentés, la jeunediplômée doit régulièrement expliquer

en quoi consiste son travail. «Les anciensde mon école croient que je suis dans les

champs», s’amuse-t-elle.Les orientations hors des sentiers bat-

tus peuvent aussi être liées à une pas-sion. C’est le cas pour Mathilde Freyssi-nier. A la n de son cursus à l’INPGrenoble, en 2009, elle s’est tout naturel-lement tournée vers l’industrie lourde.«J’ai toujours été attirée par les usines et 

leur univers, les grandes chaînes de pro-

duction, le savoir-faire ouvrier... Ce sec-

teur a une identité culturelle très mar-

quée»,   relève-t-elle. Ses six mois passéschez le spécialiste de l’aluminium RioTinto Alcan n’auront toutefois pas desuite, l’entreprise n’étant pas en mesurede lui proposer un contrat.  «Mais si ça

avait été le cas, j’aurais signé des deux 

mains»,   indique-t-elle. Les aléas de laconjoncture économique l’éloignerontde ce secteur. Elle fabrique aujourd’huides capteurs physico-chimiques pour lescentrales nucléaires.

C’est aussi l’intérêt marqué pour unsecteur qui a orienté les choix de ClaireBabaud, diplômée de l’Ecole centrale Pa-ris en 2011. «J’ai toujours eu pour objectif 

de travailler dans l’environnement »,   ex-plique-t-elle. Quitte à se retrouver dansun domaine peu couru: la conception destations d’épuration. Elle a intégré unesociété d’une quarantaine de salariés,Epur Nature, qui réalise des installationsen ltres plantés de roseaux. Rien n’a étélaissé au hasard dans ses choix profes-sionnels, pas même la taille de l’entre-prise. « Quand j’ai commencé mes études

supérieures, j’avais en tête de travaillerdans des sociétés qui polluent pour faire

changer les choses de l’intérieur. Mais j’ai

compris, par la suite, qu’on n’avait pas du

tout le poids nécessaire quand on n’était

qu’un pion dans une grande société.» Ellel’assure, sonposteactuel lui apporte à cetégard pleine satisfaction:  «C’est une en-

treprise à taille humaine. Aujourd’hui, je

 peux voir tous les jours la portée de mes

actions sur l’environnement.»

François Desnoyers

26

68

4

11

Seuls 47 % de ces jeunes travaillentfinalement dans l’agriculture

41 % travaillentdans les services

6 % dans le commerce

6 % dans l’industrie

Ils voulaienttravailler dans l’agriculture, oùtravaillent-ils ? Oùtravaillent ceux qui voulaient travailler…

Secteur d’activité dans lequeltravaillent les jeunesdiplômés selon le secteur de leur projetprofessionnel, en %

… dans l’industrie

… dansla constructionet leBTP … dansle commerce

… dans les services

25

965

1

23

10

4

63

6

6

47

90

4   5

1

Industrie

41

Services Construction, BTP AgricultureCommerce

     s     o     u

     r     c     e    :      A     p     e     c     2     0     1     3

Base : jeunes diplômés en emploi qui avaient un projet professionnel

CarolineBittontravailledanslesmarChésagriColes.«lesanCiensdemonéColeCroientquejesuisdanslesChamps», s’amuse-t-elle

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d o s s i e r |  me ’e e 2.0

Dans le monde du travail,

commetout au long duparcours profes-

sionnel, chacun cherche sa place. Mais

que l’on ait 30, 40 ou 50 ans, changer de

métier ne s’improvise pas. Vous en avez

fait vous-même l’expérience...

En tant que salarié d’une grosse entreprise,je m’interrogeais sur mon avenir profes-sionnel. J’avais des collègues qui souhai-taient changer de métier mais qui avaientune représentation faussée de ce qu’allaitêtre leur quotidien. Je pense par exemple àun collègue qui se voyait euriste: il s’agitde se lever à 4 heures du matin pour aller àRungis, travailleren chambre froide, passerparfoisdes journées entières sansqu’aucunclient n’entre dans le magasin… Si les étu-diants peuvent faire un stage an de décou-vrir un métier, ce n’est pas possible pourune personne qui a déjà une première ex-

périenceprofessionnelle. C’estde ce constatqu’est né Viamétiers en 2008.

Comment tester un métier?

Sous forme de ministages de formationcompris entre deux et quatre jours, avecune séance de préparation, une expé-rience sur le terrain et une synthèse pourétablirun plan d’action. Les clients de Via-métiers sont suivis avant et après le stagepar des consultants en ressources hu-maines. Nous rencontrons un peu de tout,

MGee est fondateuret gérant de Viamétiers,organisme de formationspécialisé dans l’organisationde stages d’immersion envue de reconversionprofessionnelle.

Eee eM Gee Pour changer de profession,

c’est la préparationqui fait la différence »

de la consultante en informatique deve-

nue chocolatière, au chef de productiondans une grosse entreprise qui se redé-couvre photographe. Nous avons des per-sonnes autour de la quarantaine, desjeunes ayant pratiqué un premier métieret qui veulent changer, ou encore des per-sonnes plus âgées qui souhaitent prépa-rer une retraite active.En moyenne quand on regarde ce qu’ilssont devenus six mois après le stage, 70%sont en reconversion effective, soit dansun nouveau métier, soit en formation. Lecoût varie entre plus de 500 euros etquelque 2000 euros, mais la plupart desstages sont nancés dans le cadredu droitindividuel à la formation (DIF).

Trois jours pour découvrir un métier,

n’est-ce pas un peu court?

C’est volontaire, car les personnes quiveulent changer de métier et qui sont enposte ne peuvent pas s’absenter long-temps de leurtravail. Certes, il fautdavan-

tage qu’une seule journée pour prendredurecul. A la n de la première journée, le«stagiaire» se pose des questions qu’ilpourra formuler le lendemain.Rappelons que ces ministages ne sont pasdestinés à former à un métier. Trois joursne permettent pas de voir toutes les fa-cettes d’un emploi, même si c’est plus fa-cile pour certaines professions que pourd’autres. Un boulanger répète toujours les

mêmes gestes, alors qu’une professi

comme architecte est beaucoup plus versiée.

Faut-il dire à son employeur qu’on so

haite découvrir un autre métier?

En général on ne risque pas grand-choen parlant de ses envies. D’autant plque quand on en est à ce stade, les autrs’en aperçoivent et c’est une situation qn’est saine pour personne. Enn légament, rien n’empêche un salarié de testautre chose.

Etes-vous les premiers à vous être la

cés sur ce créneau?

Le principe n’est pas nouveau. Tester métier, c’est ce que propose aussi l’EM(Evaluation en milieu du travail), un dpositif de Pôle emploi qui permet au dmandeur d’emploi de passer quelqujours en entreprisepour découvrir un mtier. C’est gratuit, mais c’est au demadeur d’emploi de trouver celle qui va l’cueillir. Or justement, trouver la bonentreprise d’accueil peut se révéler difcile. Dans la restauration par exempvous serez facilement accueillis, mvous allez vous retrouver à faire la plonou à éplucher des patates. Certaines ent

prises protent de ce dispositif pour avde la main-d’œuvre gratuite.On trouve aussi des consultants qui fodu reclassement et qui vont se débrouilpour organiser eux-mêmes des stages reconversion pour les salariés. Mais cereste marginal. Les candidats au changment souhaitent vraiment être accompgnés car ils savent que c’est la préparatiqui fait la différence.

ProPos recueil

Par Margherita N

«PourtEstErunMétiEr, nosMinistaGEs PrévoiEnt unEséancEdEPréParation, unEExPériEncE surlE tErrain EtunE synthèsEPourétablir

un Pland’action»

      d

      r

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 25/60

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Page 26: Complet Campus

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F

Malgré un très haut niveau d’études et decompétences, les titulaires d’un doctorat viventsouvent un début de carrière cahotique. Encause: la baisse des débouchés dans la recherchepublique et la frilosité des entreprises.

aut-il ou non faire undoctorat? Il y a trois ans, la ques-tion s’était posée à l’occasion dela publication d’une note duCentre d’analyse stratégiquemon-trant que les docteurs (bac + 8)avaient plus de chances de se re-trouver au chômage après leurthèse que les titulaires d’un mas-ter. Faisant écho à cette étude, lerapport sur l’état de l’emploi

scientique en France, publié cetété par le ministère de l’ensei-gnement supérieur et de la re-cherche, souligne la réticencedes étudiants à continuer dans lavoie de la recherche, réputée lon-gue et difcile. Le taux de pour-suite en doctorat après un mas-ter (hors master recherche) estainsi passé de 11% en 2007 à 5%en 2010. Quant au nombre dedoctorants, après avoir culminé

à 70400 en 2007, il se situe au-jourd’hui autour de 66 000.

La baisse du nombre de docto-rants s’explique notamment parleurs difcultés d’insertion sur lemarché du travail, selon JulienCalmand, chargé d’études au dé-partement entrées et évolutionsdans la vie active (Deeva) duCentre d’études et de recherchessur les qualications (Céreq).«Depuis une dizaine d’années, le

taux de chômage des docteurs se

situe autour de 10%, trois ans

après la soutenance de la thèse.

 Pour le diplôme le plus presti-

 gieux de l’université, c’est beau-

coup. Par ailleurs, 30% de ceux 

qui travaillent sont en CDD»,  in-dique-t-il.

L’accès à un emploi stable dansla recherche publique – à laquellese destinent 70% des docteurs –semble de plus en plus difcile.«On observe une diminution bru-

tale du nombre de départs à la

retraite dans le secteur de l’ensei- gnement supérieur et de la re-

cherche, qui va s’accentuer dans

les années à venir. Ce sont autant 

de recrutements de jeunes diplô-

més en moins»,  explique BrunoChaudret, président du conseilscientique du CNRS. A celas’ajoutent les difcultés nan-cières d’un certain nombre d’uni-versités qui ne parviennent pas àremplir le plafond d’emplois xé

 Les chercheurs cherchent…leur place

par le ministère. Ces difcultésconduiront à une baisse du nom-bre de recrutements de cher-cheurs et d’enseignants-cher-cheurs en 2014, qui pourraitatteindre 40%, d’après le conseilscientique du CNRS. «Une géné-

ration entière de docteurs va se

retrouver devant une situation

véritablement compliquée»,   pré-vient M. Chaudret.

Cette réduction des débouchésesten partiemasquée par le déve-loppement des postes non per-manents au sein des organismesde recherche et d’enseignementsupérieur. A l’issue de leur thèse,de nombreux docteurs sont en ef-fet engagés comme postdocto-rants pour contribuer à des pro-jets de recherche limités dans le

temps. Malheureusement, ces«postdoc» débouchent très rare-ment sur un emploi stable. Enjuin 2013, une pétition de direc-teurs de recherche du CNRS et del’Inserm dénonçait les effets per-vers du recours à ce type decontrats: «La loi Sauvadet stipule

que toute personne ayant été e

 ployée six ans dans la fonction p

blique au cours des huit derniè

années est en droit d’obtenir

contrat à durée indéterminée. L

établissements publics de

cherche, ne disposant pas des r

sources nécessaires pour créer

tels contrats, ont réagi par des m

sures très restrictives. Ils limite

la durée possible d’emploi des p

tdoctorants à trois ans ou moi

avec de rares extensions possib

à cinq ans. Cela crée des situatio

dramatiques dans nos labo

toires: des jeunes chercheurs co

 pétents sont privés d’emploi qu

siment du jour au lendema

même si leur équipe dispose d

 fonds nécessaires pour les rém

nérer... Il devient difcile à

 jeunes chercheurs de trouver

autre emploi.»

Face à cette situation, le governement a promis de titulaser quelque 8000 chercheurs

enseignants-chercheurs d’icin du quinquennat. Une mesuinsufsante, d’après les syncats de l’enseignement surieur. Selon leurs estimationsy aurait 50000 travailleurs pcaires dans les universitésl’heure actuelle (y compris personnel administratif).

Doctorante en sociologiel’université de Toulouse-Le MirElsa Pibou se destine à une c

laréductiondesdébouchésdanslarechercheet

l’universitéestenpartiemasquéeparledéveloppementdespostesnonpermanents

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Secteur privé   Secteur public

Source : Rapport 2013 « L’état de l’emploi scientifique en France », ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche

Effectifsdechercheurs dans lessecteurspublicet privé,en france, en équivalent tempsplein

Effectifs dechercheurs parpays, en 2010,enmilliers d’équivalenttempsplein

Etats-Unis

Chine

Japon

Féd. de Russie

Allemagne

Corée du Sud

Royaume-Uni

France

Canada

Espagne

Taïwan

Italie

Australie

Pologne

TurquiePays-Bas

Suède

Argentine

Portugal

150000

140000

130000

120000

110000

100000

90000

80000

70000

0 2 00 4 00 6 00 8 00 1 0 00 1 200 1 400

Changementdeméthodologie

1997 1999 2001 2003 2005 2007 2010

rière d’enseignant-chercheur. Elleconnaît les difcultés qui l’atten-dent mais demeure optimiste.«Jusqu’à présent j’ai eu de lachance. J’ai bénécié d’un contratdoctoral unique, ce qui m’a permisd’être rémunérée pendant mathèse, en échange des cours que je

donnais à l’université.»   Grâce àcettepremière expérienceprofes-sionnelle, elle a obtenu un posted’attachéetemporaired’enseigne-ment supérieur (Ater) pour l’an-née en cours. Mais pour l’annéeprochaine, c’est encore l’incon-nue.   « Tous les docteurs doivent

avoir un plan B. Pour ma part, siça n’aboutit pas à l’université, jechercherai un emploi dans le sec-teur associatif, en lien avec mondomaine d’expertise, l’économiesolidaire en milieu rural»,   ex-plique-t-elle.

Comme elle, beaucoup de doc-teurs n’excluent plus une carrièreen dehors de la recherche acadé-mique.   «Trois ans après leur thèse, 50% desdocteurs travaillentdans la recherche publique, 20%dans la recherche privée et 30%dans desactivités hors recherche»,

souligne Julien Calmand duCéreq. Les entreprises françaisesont longtemps été très frileuses àl’idée d’embaucher des bac+ 8,

leur préférant les prols d’ingé-nieurs. Mais la nécessité d’inno-ver dansun monde oùles techno-logies changent très vite pousseun nombre croissant d’entre ellesà s’ouvrir aux chercheurs.   «Les

 petites et moyennes entreprises(PME) abritent plus de la moitié des effectifs de docteurs du secteur 

 privé»,   souligne Amandine Bu-gnicourt, directeur d’Adoc TalentManagement, un cabinet de

La Loi  F ioraso sur l’enseignement

supérieur et la recherche, adoptée

cet été, a apporté quelques

améliorations au statut de

doctorant. Elle facilite l’accès

des docteurs aux concours de

catégorie A de la fonction publique.Ainsi les docteurs ayant bénécié

d’un contrat doctoral (nancement

de la thèse) pourront se présenter

au concours interne de l’Ecole

nationale d’administration (ENA).

Les autres auront un meilleur accès

au troisième concours de l’ENA

grâce à la comptabilisation des

années de thèse dans l’expérience

professionnelle. Ces années seront

également considérées comme une

période de service effectif lors

de la titularisation à un poste de

chargé de recherche ou de maître

de conférence. Par ailleurs, les

titulaires d’un doctorat peuvent

désormais faire usage du titre

du docteur, en mentionnant sadiscipline, « dans tout emploi et 

toute circonstance professionnelle

qui le justient». Pour Alexandra

Collin, de la Confédération

des jeunes chercheurs, ces points

sont positifs mais la loi ne règle

pas le problème de la précarité

des jeunes chercheurs ni celui

de la reconnaissance du doctorat

dans le secteur privé.

F.Sc.

Uu uqu

conseil spécialisé dans le recrute-ment de bac +8.  «Ces PME appré-cient la capacité des docteurs àtravailler en réseau, à faire de laveille technologique, à cerner les

 problèmes rapidement et surtoutàgérerunprojetdeboutenbout.»

Signe de l’importance des cher-cheurs pour le monde écono-mique, le nombre de chargés derecherche et développement(R&D) a augmenté de 72% entre2000 et 2010 dans les entreprisesfrançaises, alors que le nombredechercheurs du secteur public n’aprogressé que de 13,7%. Mais lesemplois sont encore concentrésdans un petit nombre de secteursparmi lesquelsl’automobile(12 %),

les services informatiques (11%),les activités scientiques et tech-niques (9%), la construction aéro-nautique et spatiale (8%), l’indus-trie pharmaceutique (7%), ouencore le conseil en stratégie eten organisation.  «La R &D est la

 porte d’entrée des docteurs dansles entreprises. Ensuite, beaucoups’orientent vers d’autres fonctionscomme lagestionde projet,le ma-nagement ou même des fonctionscommerciales», souligne Mme Bu-

gnicourt. D’après les enquêtesmenées par le cabinet auprès deses clients, 8% des docteurs occu-pent un poste de direction.

Même si leur insertion sur lemarché du travail est parfois déli-

cate, le marché de l’emploi desdocteurs n’est pas si gé qu’il en al’air. Cinq ans après leur thèse, ilsne sont plus que 4% à connaîtrele chômage. Du reste, les dé-penses de recherche devraientcontinuer à augmenter dans lesprochaines années en France etpartout ailleurs, offrant des dé-bouchés aux nouveaux entrants.A condition de savoir s’adapter.

FrançoiS Schott

lesdocteUrsentrentpar laporterecherche et

développement.ensUite, beaUcoUps’oriententvers

d’aUtres fonctions

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7/18/2019 Complet Campus

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L

40 % de femmes chefs ou créatricesd’entreprise en 2017, tel est l’objectif duplan gouvernemental lancé le 30 novembre.Au programme: sensibilisation,accompagnement, accès au nancement.

e plan du gou-vernement en faveur de l’entre-preneuriat féminin prévoit 40%de femmes en 2017. Mis enœuvre dès le 30 novembre, ils’attachera, entre autres, à déve-lopper des réseaux féminins pro-fessionnels, à favoriser le mento-rat et à créer dans certainesrégions un fonds expérimentalpour doter des projets d’un -

nancement complémentaire.Aujourd’hui,   «les femmes ont

une place trop marginale dansnotre économie. Elles représentent

 30% des créateurs d’entreprise, 27% des dirigeants de petite et très petite entreprise (PME-TPE) et cetaux stagne depuis plusieurs an-nées»,  détaille Geneviève Bel. Laprésidente de la délégation auxdroitsdes femmeset à l’égalité duConseil économique, social et en-

vironnemental (CESE) a présenté,en 2009, un rapport sur l’entre-preneuriat féminin listant lesobstacles auxquels se heurtentles femmes entrepreneures, etsuggérant plusieurs pistes d’ac-tion. Pour résumer, il faut  «agir en amont d’une part, accompa-

 gner et soutenir d’autre part».Le premier axe duplan, quis’ins-pire des recommandations duCESE, repose sur la sensibilisa-tion, l’orientation et l’informa-tion.  «Il faut lutter tout au longdu parcourséducatifcontre les re-

 présentations stéréotypées desrôlesrespectifsdes hommeset des

 femmes, favoriser la diversica-tion des cursus, développer les ca-

 pacités de management et créer un esprit d’entreprise, avec une vi-

 gilance particulière en directiondes jeunes lles»,   expliqueMme Bel. An de stimuler préco-cement l’envie d’entreprendredes femmes, l’entrepreneuriat fé-minin fera ainsi partie du pro-gramme scolaire dès la classe desixième.

 3 leviers d’action en faveur de l’entrepreneuriat féminin

« La friLosité dusecteur bancaire

à L’égard des femmesest patente»

GenevièveBel, présidentede la délégationauxdroitsdes femmesetà l’égalitédu Conseiléconomique,

socialet environnemental

    M    a    r    c

    T    a    r    a    s    k    o    f    f

Un programme de sensibilisationd’autant plus important que lesfreins à l’entrepreneuriat fémininsont d’abord dans les têtes deshommes comme des femmes,«qui ont intériorisé certains préju-

 gés et hésitent à prendre des res- ponsabilités»,   estime AndréMarcon, président de CCI France,le réseau des chambres de com-merce et d’industrie.

Le deuxième axe du plan pourl’entrepreneuriat féminin pro-

pose de renforcer l’accompagnment des créatrices. « Apparteà un réseau renforce la conanen soi, l’accès à des moyens, pmet la transmission d’expriences et l’échange d’idées. Bén

 cier des conseils d’une créatrou d’une repreneuse d’entreprqui a connu et surmonté mêmes embûches, s’est posé mêmes questions, constitue irremplaçable soutien», souligMme Bel. D’autant plus quand

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7/18/2019 Complet Campus

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âgée de 22 ans, a beau proposer

aux dirigeants de les aider à se re-

lancer, ils refusent. Elle décide

alors de créer sa propre entre-

prise... à Nantes. Son mari tient

une brasserie dans la région. Elle

emmène dans ses bagages Cédric

Guinoiseau, 27 ans et ingénieur,

avec qui elle a travaillé à 8Mo-

tions, et Yann Borissoff, designer

qu’elle a rencontré à S3G. Agé de

37 ans, Yann, qui a construit sa vie

à Bordeaux, décide d’y rester.

Qu’à cela ne tienne, la future so-ciété aura deux implantations.

Anaïs Vivion afrme qu’elle a

toujours su qu’elle créerait sa so-

ciété.  «Pour moi, c’est synonyme

de liberté. Ça veut dire qu’on crée

avec des gens que l’on choisit, et 

 j’aime travailler en équipe.»   Au

collège déjà, elles se racontaient

avec une amie qu’elles travaille-

raient d’abord dans des grandes

sociétés, qu’après, elles auraient

chacune leur boîte et qu’elles se

croiseraient dans des aéroports,

entre deux rendez-vous… Son

amie a aujourd’hui son studio

photo et Anaïs Vivion a créé

BeApp à tout juste 23ans.

«Lorsque nous avons créé l’en-

treprise avec Yann et Cédric, j’étais

la plus jeune, mais aussi la plusentrepreneuse!»,   rappelle-t-elle.

Elle était aussi consciente qu’elle

avait tout à apprendre. Le par-

cours a démarré à l’incubateur

d’Atlanpôle en juillet 2011, avec un

local, une formation pour savoir

faire un business plan, et un prêt

d’honneurde 23000eurosqu’elle

doit compléter par un prêt com-

plémentaire auprès de banques

pour donner naissance à BeApp,

sait que, pour la seule Ile-de-

France, 250000 entreprises se-

ront en principe transmissibles

d’ici à 2020.

Dernier levier d’action: faciliter

l’accès des créatrices au nance-

ment. «La frilosité du secteurban-

caire à l’égard des femmes chefs

d’entreprise est patente,   déplore

Geneviève Bel. Or l’accès au nan-

cement est un point névralgique:

un investissement nancier suf-

sant au démarrage constitue une

 garantie de pérennité.»  Des aides

spéciques favoriseront donc la

réalisation de projets de création

d’entreprises, et l’entrepreneuriat

féminin sera promu dans les

principaux réseaux bancaires.

« Ce n’est pas une révolution,

résume M. Marcon. Il s’agit d’un

 plan qui s’appuie sur des moyenssimples pour faire avancer les

choses. Je crois que l’inversion a

bien démarré, il ne faut pas relâ-

cher cette pression et il faut que

chacun y mette du sien. Au ni-

veau de notre institution, nous

nous sommes par exemple don-

né l’objectif de la parité au ni-

veau des élus dès la prochaine

mandature. En espérant que tous

ceux qui se penchent sur cette

cause apportent leur pierre et ne

se contentent pas de dire aux 

autres ce qu’il faut faire.»

MargheritaNasi

«LorsquenousavonscrééBeapp

avecYannetcédric,j’étais LapLus jeunemaisaussi LapLusentrepreneuse!»

aNaïs ViVioN

 AnaïsVivion: «Etreune femme , jeune, dansun secteur innovant, est plutôtun atout»

naïs Vivion, 25 ans,

est tout à fait représentative de

cettenouvelle génération d’entre-

preneures qui n’ont plus à mener

les combats de leurs mères et se

sont affranchies de bien des

contraintes. Eduquées dans des

environnements totalement

mixtes, elles ne voient pas leur

féminité comme un handicap,mais n’en font pas pour autant

un atout. «Pour moi, c’est plutôt 

un avantage, mais comme l’est le

 fait d’être jeune dans un secteur 

innovant. Ça me rend plus vi-

sible!», reconnaît-elle.

Rapide plutôt que pressée,

même quand elle parle, cette

Bourguignonne a quitté Dijon

pour Bordeaux après un BTS de

communication des entreprises,

pour faire une licence puis un

master en management et straté-

gie des entreprises, le tout en al-

ternance. Pendant sa licence, elle

s’occupe de la communication in-

terne du centre d’appel de S3G,

société du groupe Sud-Ouest qui

publie des journaux d’annonces

gratuits. Elle enchaîne pour le

master avec la société 8Motions,

qui développe des applications

pour mobile en réalité augmen-

téeà l’intention declientscomme

Decathlon, Mappy, etc.

«La société, c’était 4 personnes,

que deshommes et que desgeeks,

raconte-t-elle,   mais ça m’a pas-

sionnée, j’ai vu comment naissait un produit. » L’expérience est tel-

lement concluante que 8Motions

lui propose de l’embaucher dès la

n de sa première année de mas-

ter. Enthousiaste, elle accepte,

sans renoncer à son diplôme

qu’elle passe en candidate libre.

Le premier accroc dans ce par-

cours presque parfait vient de

8Motions qui va mal et doit se

restructurer. Anaïs Vivion, alors

A  en septembre 2011. Elle détient

70% du capital aux côtés de ses

deux cofondateurs. Après avoir

essuyé plusieurs refus, elle trouve

une banquière chez BNP-Paribas

qui accepte de la suivre à condi-

tion de modier son projet, le-

quel prévoyait de développer des

applications mobiles pour les en-

treprises et de mettre au point

une plate-forme de développe-

ment en ligne. En octobre 2011, la

banquière lui accorde 70000 eu-

ros de prêt si elle se concentre surle premier point, plus susceptible

de générer du chiffre d’affaires.

«Le même mois, on signait nos

 premiers contrats»,   se réjouit

Anaïs Vivion.

Elle reconnaît qu’être une

femme, jeune et dans un secteur

innovant la sert… sauf lorsqu’il

s’agit de nancer son projet. Mais

aucun de ses clients n’a jamais

abordé le sujet.  «Je suis passion-

née et dans mon domaine d’exper-

tise, ils me font conance. De plus,

c’est mieux d’être jeune quand on

 propose des innovations destinées

aux jeunes! » dit-elle. Seuleombre

au tableau, lorsqu’elle est sur le

stand de BeApp dans un salon

professionnel, certains ont du

mal à croirequ’elleestà la têtede

la société…

Elle a maintenant trouvé son

rythme de croisière: BeApp de-

vrait réaliser un chiffre d’affaires

de 250000 euros en 2013,   «et 

nous sommes à l’équilibre!»,   in-

siste-t-elle. L’effectif devrait pas-

ser de 9 à 15 personnes d’ici à n

2014. Et malgré les ateliers derecrutement qu’elle a suivis lors-

qu’elle était à l’incubateur, elle

avoue qu’elle ne recrute que des

passionnés: « Même si ce n’est pas

très orthodoxe, c’est à eux que je

 préfère donner leur chance! » Elle

a ainsi coné le développement

sous iOS et celui sous Androïd à

un ex-luthier et à un ex-journa-

liste. Avec succès jusque-là!

sophyCaulier

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7/18/2019 Complet Campus

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N

Dans certains domaines, comme les réseauxsociaux, les jeunes en savent parfois bienplus long que leurs aînés. Et ne demandentqu’à partager leurs connaissances. Premiersretours d’expériences des entreprises qui

pratiquent déjà le mentorat inversé.

é avec la

deuxième génération d’ordina-

teurs, Michel, 58 ans, directeur gé-

néraldes partenariats à la division

médicale de Danone, a laissé ler

sous ses yeux le train du digital.

«LinkedIn, encore, j’arrivais à m’en

sortir, mais sur le reste, je me sen-

tais complètement perdu», recon-

naît-il. An de mettre ses salariés

seniors au parfum des tweets,

hashtags et autres ux RSS, Da-

none a mis au point, il y a trois

ans, un programme de mentorat

inversé dont Michel a tout lieu de

se féliciter.

Le concept a été créé, en 1999,aux Etats-Unis par l’ancien PDG

de General Electric Jack Welch.

«Pour poursuivre notre croissance

et répondre aux évolutions de la

société, nous devions sensibiliser 

nos managers à la pratique des ré-

seaux sociaux et créer une vraie

culture du digital au sein de l’en-

treprise, explique Nicolas Rolland,

directeur de la formation et de la

transformation digitale.   Or qui

mieux que les jeunes pouvaient se

 faire les ambassadeurs de cette

mutation numérique? »

A 31 ans, Gwenaëlle Goeler, ju-

riste spécialisée dans la propriété

intellectuelleet les médias, se sent

comme un poisson dans l’eau

dans l’univers du Web 2.0.   «Je

baigne dedans toute la journée,

explique la jeune femme, titulaire

d’un double master 2 en droit sa-

nitaire et social et droit des af-

faires, mention propriété intellec-

tuelles et en droit des nouvelles

technologies. Ayant été nommée

référente sur ces problématiques

au sein de mon équipe, j’ai l’habi-

tude de partager mes compétences

en transversal.»   Comme elle,

130 juniors ont accepté de se

mettredans la peau du mentor.

En trois ans, ils ont déjà formé

1800 collaborateurs, répartis sur

quarante entités du groupe.

Même les membres des comités

Quand les juniors forment les seniors

de direction dans les différent

divisions y sont passés.  «L’obj

tif n’était évidemment pas d

 faire des geeks mais plutôt de le

expliquer les opportunités q

 pouvait leur offrir le digital po

le développement de leurs acti

tés,   précise Nicolas Rolland.   A

 prendre à recenser l’informati

 pertinente disponible sur Int

net, contribuer à l’alimentati

des réseaux sociaux des comm

nautés de Danone…» Le tout so

la forme la plus ludique possib

«Ce n’était pas un cours sur

bleau noir, relève Michel. Chac

apportait son ordinateur et

travaillait en interactivité.»

Au terme de ses douze heur

d’initiation, le dynamique qu

qua semble bel et bien réconci

avec les nouvelles technologi

«Cette session n’a pas changé m

vie, tempère-t-il, mais elle m’a f

découvrir de nouvelles façons travailler. Aujourd’hui, je me s

des réseaux sociaux pour élar

mon réseau, suivre des personn

qui tweettent sur les sujets q

m’intéressent.»   Gwenaëlle au

en tire un bilan très posi

«Cette expérience m’a perm

non seulement d’échanger a

des gens de tous niveaux hiér

chiques, mais aussi de valori

l’expertise que j’ai acquise.»

«notreinconscientest imprégné parl’idée quece sont

lesaînés quisavent.l’avènementdu

Web 2.0 tendà fairebougerles lignes»

Maurice casper, consultantà l’institut InterGe

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Dans les pays anglo-saxons,

on appelait «coach»

le répétiteur qui aidaitun étudiant en vue

d’une épreuve. Par extension,

le mot a ensuite désigné

la personne chargée

de l’entraînement sportif 

d’une équipe. Ce terme est

aujourd’hui utilisé dans le

monde de l’entreprise pour

évoquer l’accompagnement

dont bénécient des salariés

ou des équipes pour

développer potentiels et

savoir-faire professionnels.

A l’inverse du coaching,le mentorat n’est pas orienté

vers les résultats. Cette

pratique d’accompagnement

de carrière d’un collaborateur

expérimenté auprès

d’un autre qui l’est moins

vise avant tout à améliorer

le fonctionnement

de l’entreprise et le bien-être

des collaborateurs.

Enn, la revue Recherche et 

 Formation dénit le tutorat

comme «l’ensemble des

activités mises en œuvre par des professionnels en

situation de travail en vue

de contribuer à la production

ou à la transformation de

compétences professionnelles

de leur environnement».

En clair, il s’agit d’aider

l’apprenant à surmonter

par lui-même les obstacles

qu’il rencontre au travail.

E.C.

Coaching, tutorat, mentorat: quelles différences?

Une reconnaissance que beau-

coup de patrons rechignent à ac-

corder à leurs jeunes pousses.

«Notre inconscient est encore très

imprégné par l’idée que ce sont les

aînés qui savent, constate Maurice

Casper, consultant à l’institut

InterGe.   L’avènement du Web 2.0

tend à faire bouger les lignes.»

Tout doucement, on commence à

prendre conscience que les moins

de 30 ans ont eux aussi aussi des

talents à partager.

Dans le chapitre qu’il consacre

au contrat de génération sur son

site Internet, le ministère du tra-

vail, de l’emploi, de la formation

professionnelle et du dialogue

social précise ainsi que «les com-

 pétences utiles à transmettre

 peuvent également se trouver du

côté des jeunes salariés formés

aux techniques et savoirs les plusrécents dans leur domaine. Il

 peut être intéressant de les mobi-

liser pour qu’ils forment d’autres

salariés».

«La plupart des jeunes qui arri-

vent aujourd’hui sur le marché 

du travail ont non seulement des

diplômes, mais aussi très souvent 

des expériences professionnelles à

 faire valoir,   insiste Nathalie La-

franchise, professeure au dépar-

tement de communication so-

ciale et publique de l’université

du Québec, à Montréal, et prési-

dente de l’organisme Mentorat

Québec. Il n’est donc plus question

d’organiser la transmission des

savoirs sur la base d’une relation

à sens unique comme autrefois.»

Au diable la relation maître-

élève traditionnelle! Place à la

collaboration participative. Le

groupe informatique IBM la pra-

tique déjà depuis belle lurette.«Dans certaines entreprises, on

cultive l’idée selon laquelle ne pas

 partager le savoir, c’est garder le

 pouvoir,  constate Jean-Louis Car-

vès, responsable du programme

diversité. Chez nous, on est plutôt 

 persuadé que partager ses com-

 pétences, c’est grandir.»  Suivant

leurs besoins et les étapes de leur

carrière, seniors et juniors peu-

vent tantôt jouer le rôle du men-

tor, tantôt celui du mentoré.

Pour faciliter la mise en rela-

tion, une plate-forme Intranet

dédiée a été mise en place, avec

des petites annonces et des outils

pédagogiques sur les méthodes

de mentorat. Grâce à ce système,

François Bothorel, 55 ans, et Mat-

thieu Wong-Hang, 24 ans, tra-

vaillent depuis un an en parfaite

synergie.  «Pendant son stage de

 n d’études au centre technique

de Montpellier, Matthieu avait  planché sur un nouvel accéléra-

teur destiné à améliorer la vitesse

d’exécution des applications, ra-

conte François.   Lui me transmet 

donc les connaissances qu’il a ac-

quises sur cette nouvelle technolo-

 gie, et moi je l’aide à se familiari-

ser avec le contexte de la vente.»

Une relation gagnant-gagnant

qui suppose que chacun recon-

naisse ses limites et se laisse

conduire par l’autre.

An de faciliter le dialogue et

la cohabitation des générations

dans l’entreprise, Danone a mis

en place, en 2012, le programme

Octave, en partenariat avec

L’Oréal, GDF Suez et Orange.

L’idée? Convoquer une fois par

an toutes les générations autour

d’une table et les aider à prendre

conscience de leurs différences

de fonctionnement pour mieux

les dépasser.   «Aujourd’hui, l’en-

treprise est comme un piano sur 

lequel on ne jouerait que sur les

deux octaves centrales,   compare

Anne Thévenet-Abitbol, direc-

trice prospective et nouveauxconcepts. En négligeant d’un côté 

les plus de 50 ans, les octaves gra-

ves, et de l’autre les moins de

 30 ans, qui correspondent aux oc-

taves aiguës, les 30-45 ans, qui dé-

tiennent le pouvoir, se privent de

beaucoup de ressources. Les entre-

 prises gagneraient beaucoup en

efcacité si elles se plaçaient à la

croisée des générations.»

ElodiE ChErmann

15-19

Classes d’âge

20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64

Australie, Canada,Roy.-Uni, Danemark,Pays-Bas, Norvège

Groupe 1

Autriche, Finlande,Allemagne, Japon, Suède,Irlande, Etats-Unis

Groupe 2

Belgique, Luxembourg,Pologne, Slovénie, Grèce,Espagne, Italie, France,Portugal

Groupe 3

Moyenne 2005-2011, en % de la population par classe d’âge

Taux d’emploi pargroupe d’âge

Source : OCDE

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90 27 ans   52 ans

France

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7/18/2019 Complet Campus

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- f

N’y voyez surtout pas, de leurpart, un désengagement dans letravail.   «La nouvelle génération

accorde toujours beaucoup d’im-

 portance à la réussite profession-

nelle mais pas à n’importe quel

 prix,   explique Karen Demaison,fondatrice du cabinet de conseilen ressources humaines Critèresde choix.  Elle a tellement vu ses

aînés malmenés par le monde de

l’entreprise qu’elle est devenue

beaucoup plus méante.»   Dansun sondage CSA de février 2013,60% des jeunes diplômés asso-ciaient d’abord la réussite profes-sionnelle à un travail épanouis-sant, mais 43% se disaientnéanmoins soucieux de conser-ver un bon équilibre entre le bu-reau et la vie privée. Cette préoc-cupation est particulièrementprégnante chez les femmes.

«Avant 30 ans, elles se persua-

dent qu’elles peuvent être à la foisde bonnes collaboratrices, de

bonnes épouses et de bonnes

mères,   souligne Christine Nas-chberger, professeure associée àl’école de management AudenciaNantes. Ce n’est en règle générale

qu’après 40 ans qu’elles acquiè-

rent le sens desréalités. » A 27ans,Julie n’a pas encore renoncé à sesidéaux. Ingénieure en aéronau-tiqueà la Snecma à Melun (Seine-

U

Les jeunes diplômés aimeraient pouvoirconcilier un travail épanouissant et unevie personnelle accomplie. Utopie? Pas toutà fait. De plus en plus d’employeurs tentent

de faciliter cette harmonisation des temps.

n mari? Desenfants? Oui, mais pas tout desuite. A bientôt 27 ans, Nathalieest déterminée:   «Ma carrière

d’abord.» Pour se tailler sa réputa-tion dans le petit monde des avo-cats d’affaires parisiens, elle en-chaîne les semaines de travail àsoixante heures. Et consacre le

plus clair de son temps libre à bû-cher sur ses dossiers.   «J’adore

mon métier! En m’engageant dans

cette voie, je savais ce qui m’atten-

dait. J’assume», assure-t-elle. Vou-loir s’investir corps et âme dansson travail, rien de surprenant dela part d’une jeune femme, fraî-chement sortie de l’université.

«La plupart des hauts diplômés

qui débutent sont dans une lo-

 gique de carrière, constate Gaëtan

Flocco, enseignant-chercheur ensociologie du travail au centrePierre-Naville à Evry (Essonne). Ils

ne comptent pasleurs heures, sont 

 prêtsà tout sacrier... Jusqu’au jour 

où ils ressentent le besoin de réa-

 juster, de reprendre le contrôle.»

C’est l’expérience qu’ont vécueDelphine et Pierre, responsablesdes ressources humaines dansdeux grands groupes du CAC 40.«Les premières années, nous

étions comme tous les jeunes qui

ont fait des études et qui nourris-

sent un minimum d’ambition:

nous nous donnions à fond dans le

boulot»,   se souvient Pierre. Etpuis, à l’approche de la trentaine,l’envie de fonder une famille les a

soudain titillés.   «Si nous avions

tenu un raisonnement tactique,

nous aurions attendu d’être tous

les deux DRHavant de faire un en-

 fant. Mais nous sommes des purs

 produits de la génération Y. Nous

ne tenions absolument pas à lais-

ser nos carrières guider nos vies.»

Une carrière, oui,mais pas à n’importe

quel prix ! 

et-Marne), elle préfère supportrois heures de transport par joplutôt que de partir s’exiler banlieue.   «Je suis parisien

 jusqu’au bout des ongles,  moigne-t-elle.   Autant je

m’imagine pas exercer un mét

qui me déplaît, autant je ne m

sens pas prête à faire une cro

sur mes amis et mes loisirs.»  plus de ses séances de sport et ses sorties au théâtre ou au cin

ma, Julie suit, tous les marsoirs, des cours d’histoire de l’en auditrice libre au Louvre. Popouvoir s’ouvrir ainsi à d’autrhorizons, encore faut-il avoir faire à une hiérarchie concilian

«J’ai la chance d’évoluer da

une entreprise qui accorde u

 place importante à la famille,

félicite Julie.  Quand ma mère

décédée l’an dernier, j’ai déc

d’ouvrir des gîtes dans notre m

ModulationduteMpsdetravailetdes

horaires,télétravail,conciergerie…

diversessolutionssontMisesenplace

      f      a      b      i      o

      v      i      s      c      o

      g

      l      i      o

      s      i

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http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 33/60mardi 19 novembre 2013  Le Monde Campus  

11 h 30,  ce vendredi matin. Le ballet

des cadresaffamésdébutedans le

hall de Schneider Electric, à

Rueil-Malmaison, dans les

Hauts-de-Seine.Tailleurnoir et

chemisier blanc,SylvieMirilovic,

une trentenaire à lunettes, prend

place derrière songrand comptoir

 blancà l’entréedurestaurant

d’entreprise.«Bonjour M. Thooris»,lance-t-elle, toutsourire, à l’attention

d’unesilhouettepressée qui s’éloigne

vers l’ascenseur. Unegrandeblonde

se plantealors devant elle.«C’est pour 

de la cordonnerie», annonce-t-elle.

Elleplonge lamaindans son sac eten

extirpe une paire debottes en cuir

marron, avec la semellecoupéeen

deux. «J’espère vraiment que vous

allez pouvoir faire quelque chose. Ce

sont mes préférées.» A côtéd’elle, un

costume-cravate lorgne

les orchidéesqui trônent

aumilieudescompositionsorales.

«C’est combien?», demande-t-il.

« 18 euros le pot.» Pressing,

repassage, retouche, entretien

automobile,démarches

administratives… Plusbesoinde

courirà droiteà gauchepour régler

les tracasseriesduquotidien.Sylvie et les équipes deZen & bien

conciergerie d’entreprises’occupent

de tout. «Nous avons lancé ce projet 

en décembre 2008, dans le but de

 faciliter la vie de nos collaborateurs et 

de renforcer leur bien-être au travail»,

expliqueCarole Ginfray, responsable

desservices et de l’animation chez

SchneiderElectric. Le succèsa été

tel que le service a très vite été étendu

dedeuxà quatre jours par semaine.

En dehorsdesheuresd’ouverture,

les salariés peuvent se rendresur

l’extranet pour réserver un panierde

fruitset légumes bio, prendre rendez-

vous pour un contrôle technique ou

formuler unedemande d’aide

à domicile. Unvrai pluspour Jimmy

Dansou,responsable commercial.

«Le soir, quand je rentre à la maison,

tout est fermé, explique-t-il. Alors dèsque j’ai un ourlet à faire, un costume

à nettoyer ou des chaussures à réparer,

 je les apporte ici. Les prestations

sont de qualité et coûtent moins cher 

que dans mon quartier.»

Chaque semaine, Etienne Bellière

y laisse toutdemêmeune dizaine

d’euros. C’est le prix à payer pour

gagneren temps,en tranquillitéet en

liberté. «Je pars en déplacement une

 fois tous les quinze jours en moyenne,

explique ce vendeur de28 ans.

 Plutôt que de m’imposer la corvée

du repassage chaque veille de départ,

 je dépose 5 ou 6 chemises ici et 

 je les récupère quarante-huit heures

après, prêtes à porter.» En 2012,

6748demandes ontainsi été

enregistréesà la conciergeriepour

22012 articles traités et 480lavages

auto oumoto effectués.«En plusdu complément de chiffre d’affaires

 généré par les commerçants locaux 

qui assurent les prestations, cela

représente 36 864 kilomètres évités

et 3936 heures gagnées pour nos

utilisateurs», se félicite Christophe

Faelens, ledirecteur deZen & bien.

Autantde tempssupplémentaire

qu’ilsontpu consacrer à leur travail…

ouà leurvie privée.

E. C.

P, h, , ’py ’p

son de famille en Auvergne pour 

éviterde vendre. Pendant tout l’été,

 j’ai assuré moi-même la gestion

des contrats de location, la remise

des clés, le ménage… C’était très

lourd à porter. Ma chef m’a alors

 gentiment proposé de me déchar-

 ger d’une partie de mes dossiers le

temps que je puisse m’organiser.»

Face au développement descouples à deux carrières, à la pré-sence massive des femmes sur lemarché du travail, à l’augmenta-tion du nombre de famillesmonoparentales et de jeunes pa-

rents, de plus en plus d’entre-prises commencent à assouplirleur mode de management pourfaciliter l’articulation des tempsde travail et de vie privée. Depuis2007, aux Etats-Unis, et 2008, enFrance, le cabinet Deloitte per-met ainsi à ses collaborateurs demoduler leurs horaires, leurtemps de travail, la fréquence deleurs déplacements et la com-plexité de leurs missions tout aulong de leur vie professionnelle.«Ce sont eux qui décident de leur 

carrière»,  résume le responsabledes ressources humaines Jean-Marc Mickeler. De son côté, IMATechnologies, une liale dugroupe Inter Mutuelles Assis-tance (IMA) basée à Nantes, auto-rise le télétravail à raison de deuxjours par semaine. Le bilan desopérations se révèle très positif.«Les salariés gagnent en frais

d’essence et en tranquillité. Quant 

à l’entreprise, elle s’y retrouve

aussi en termes d’attractivité, de

turnover et d’absentéisme»,   re-marque la DRH, ValentineTuloup.

Chargée de mission au sein del’association Français du monde,Mélina, une jeune maman de28 ans, ne bénécie pas de ces pe-tits coups de pouce.   «Nous ne

sommes que 3 salariées à l’associa-

tion, explique-t-elle. Je n’ai donc ni

convention collective ni jour en- fant malade.»  Pour concilier sesobligations professionnelles et fa-miliales, Mélina doit se livrerchaque semaine à un subtil jeud’équilibriste.   «Le vendredi, la

crèche ferme à 17h15 et même

 15h 15 le premier vendredi du mois,

raconte-t-elle. Pour pouvoir récu-

 pérer ma lle à l’heure, je dois ac-

complir toute ma chargede travail

sur quatre jours et demi. Même en

mettant les bouchées doubles, ce

n’est pasévident. Imaginez si je dé-

cidais d’avoir un second enfant!»

ElodiE ChErmann

«les salariés gagnenten frais d’essence

et en tranquillité,l’entrePrise en

attractivité, turnoveret absentéisme

ValEntinE tuloup, DRHd’IMA

Technologies

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 34/6034 /  Le Monde Campus   mardi 19 novembre 2013

L

Attachés au retour de l’humain dans l’économie,prêts à échanger hauts salaires contre projetsd’entreprises motivants, de plus en plusd’étudiants se tournent vers la planète sociale.

a discussion estanimée. Yoann Kassi-Vivier, Emi-lie Vuillequez et Antoine Colonnad’Istria reviennent sur leur par-cours depuis qu’ils ont choisi lavoie de l’économie sociale. Lestrois jeunes entrepreneurs sontencore étudiants à HEC lorsqu’ilsse rencontrent grâce au milieu as-sociatif. C’est un déclic. Ensembleils créent l’association Pro-BonoLab en 2011, aujourd’hui une desprincipales structures de promo-tion du bénévolat et du mécénatde compétences en France. L’idéeest de mettre à contribution dessalariés, chacun selon sa spéciali-té, pour soutenir le développe-

ment des associations.Si l’économie sociale et soli-

daire (ESS) a longtemps été exclu-sivement associée aux travail-leurs sociaux et au bénévolat, lestemps changent. Le trio de Pro-Bono Lab illustre ce vent nouveaude jeunes diplômés souhaitant leretour de l’humain dans l’écono-mie. Cette tendance a projetél’ESS dans le monde traditionnel-lement lucratif de l’entrepreneu-

riat. «Les étudiants cherchent desapproches alternatives aux mo-dèles “mainstream” (dominants)habituellement proposés à la sor-tie des écoles»,   explique HervéGouil, professeur à HEC de ges-tion des entreprises sociales etsolidaires. Et ils sont de plus enplus nombreux, comme en té-moigne le nombregrandissant decandidaturesà la chairede l’entre-preneuriat social de l’Essec, fon-dée en 2003 par Thierry Sibieude.La chaire accepte 25 étudiantsparan. Un choix de carrière qui restetoutefois globalement marginal:5% à 10% des élèves de grandesécoles font chaque année le choix

de l’entrepreneuriat, et ils ne sontqu’une petite partie à se consa-crer au social.

Arnaud Mispolet est l’un d’eux.Entré à l’Essec au début de sesétudes, ce sont les stages au Viet-nam et en Chine, puis en entre-preneuriat à New York quilui don-nent l’envie de monter unestructure. Il intègre le cursus etélabore le business plan de son

 Les jeunes dip’ investissent l’économie sociale et solidaire

«les étudiantscherchent

des approchesalternativesaux modèles

“mainstream”»Hervé Gouil, professeurà HEC

de gestion desESS

projet Cric-Croc. «Ce cursus a vraicontenu face à l’enseignem

 plus classique des autres liè parfois un peu creux», expliqueil. L’objectif de Cric-Croc est d’ingrer la consommation d’inseccomestibles dans notre alimention sous forme de barres énergtiques ou de steaks pour lutcontre la crise alimentaire.

A destination des entrepneurs sociaux en herbe, desstrtures d’aide et d’accompagnment voient progressivementjour dans toute la France. La ppart sont en région parisiencomme l’incubateur La Rucheplus médiatisée, ou encore Antpia, structure gratuite adossél’Essec. Enactus (anciennemeSIFE), une ONG américaine arvée en France en 2002, est doyenne et la plus réputée. mission est d’accompagner étudiants dans la mise en œuvde leurs projets à travers des év

nements, des formations et dconcours. Elle mobilise près d’millier d’étudiants en Francontre 62 000 à travers le mon

«En 2002, 90% des étudianimpliqués dans Enactus étaientsus d’écoles de commerce et management. Les étudiants pvenant d’universités ou d’écod’ingénieurs représentent désmais la moitié du programmsoit 15 établissements sur30 au

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7/18/2019 Complet Campus

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AUDIT, CONSEIL,

EXPERTISE COMPTABLE

Rendez-vous sur et kpmgrecrute.fr 

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36 / Le Monde Campus  mardi 19 novembre 2013

sume M. Gouil. Outre la questionde la rémunération, cet expert dusecteur met également en gardeles jeunes entrepreneurslorsqu’ils décident des statuts deleur structure. Outre les clas-siques société à responsabilité li-mitée (SARL) et société par actionsimpliée (SAS), les entrepre-neurs sociaux peuvent choisir

l’association, la mutuelle, la coo-

pérative ou encore la fondation.«Les statuts juridiques dans ce cas

sont importants car ils permet-

tent de protéger la promesse so-

ciale de l’entreprise»,   expliqueHervé Gouil, qui milite pour lestatut associatif, dont la sou-plesse permet aux projets d’évo-luer dans le temps.

Le troisième dé est celui detrouver sa place dans un milieutraditionnellement suspicieux àl’égard des diplômes. «La profes-

sionnalisation actuelle du secteur 

 joue en notre faveur, mon cursus

à l’Essec me donne de la crédibili-

té. Cela montre que tout le monde

n’est pas vendu au grand capi-

tal»,  plaisante Arnaud Mispolet.Même situation pour les fonda-

tal», note Aymeric Marmorat, di-recteur exécutif d’Enactus France.D’autres incubateurs voient lejour, comme celui de 3A à Lyon.«L’objectif est d’ouvrir deux struc-

tures par an»,  explique Julie Re-battet, directrice d’Antropia. Cedernier, lancé en 2008, accom-pagne actuellement 50 entre-prises, dont 10% créées par des

étudiants ou diplômés de l’Essec.« L’entreprise sociale répond à

des critères spéciques, avec des

modèles économiques hybrides et 

des statuts juridiques différents

de l’économie classique»,   ex-plique-t-elle. L’incubateur testeaussi la viabilité des projets.  « La

rentabilité est importante: c’est 

en étant rentable que les objectifs

sociaux sont atteints.» C’est l’ex-périence que sont en train devivre Shéhrazade Schneider etElodie Le Boucher, fondatrices deRobin Food. Fraîchement sortiesde l’ESCP-Europe, elles ontrejointAntropia en juillet 2013 pourdonner vie à leur projet antigas-pillage alimentaire. L’idée estd’ouvrir un restaurant proposantdes plats élaborés à base de fruitset légumes mal calibrés, et doncdédaignés par le circuit de distri-bution classique.

Robin Food est né de débats lorsd’un Start-up weekend organisépar l’ESCP, et les deux étudiantesde 22 et 24 ans s’y consacrent au-jourd’hui à temps plein avec l’ob-

jectif de lancer leur restaurant auprintemps 2014.   «Nous voulons

un projet à vocation sociale qui fa-

vorise également des opportunités

business»,  note Mme Schneider. Amoyen terme, elles souhaitentfonder une chaîne. Pour ceux quiont déjà lancé leur projet, l’asso-ciation Make Sense, créée par desanciens de l’ESCP, propose son ré-seau d’entraide et d’échange decompétences.

trices de Robin Food, qui sont lées rencontrer tous les acteudu secteur avant de se lanc«Cette démarche a été imp

tante pournous positionner en

une association et une entrepr

et ne pas froisser les différen

 parties prenantes»,  explique Edie Le Boucher.

Le dernier dé pour les jeunqui créent une entreprise sociest… leur jeunesse.   «La créati

d’entreprise exige une certa

maturité,   note Julie Rebattd’Antropia. Il faut à la fois maît

ser la gestion, les aides des po

voirs publics et les exigences

monde de l’ESS.» Un bontestpomettre à l’épreuve la ténacité d

candidats… qui considèrent lejeunesse comme un ato«L’échec est moins cuisant qua

on n’a rien à perdre, à part s

temps»,   remarque Yoann KasVivier, de Pro-Bono Lab, qui siste sur l’importance de l’équidans la réussite d’un projet. Uavis partagé par M. Sibieude. «L

étudiants et les jeunes diplôm

ont le prol parfait pour ent

 prendre, ils sont dans un univ

apprenant, n’ont pas de famill

charge et sont entourés pardes

 perts.» Pour l’enseignant, la cléla réussite est de trouver l’éqlibre entre les motivations émtionnelles et le rationnel duproet de bien identier sa nalité.

Camille Févr

Ce mariage du social et de larentabilité revient danstouteslesbouches de ces jeunes entrepre-neurs. Car, même s’ils revendi-quent leur différence, ils restentissus du moule des grandesécoles, et peinent à trouver unevia media.  A l’inverse d’un cer-tain nombre de leurs camarades,leur chemin est loin d’être touttracé: par ce choix, ils sacrientune carrière dans un grandgroupe et une rémunérationconfortable. «Les enjeux des reve-

nus et du patrimoine sont impor-

tants, insiste Thierry Sibieude, del’Essec. Ces questions doivent être

abordées de manière transpa-

rente, c’est une réalité mais pas

une fatalité.»Une réalité pourtant sonnante

et trébuchante: dans l’économiedite classique, l’échelle de salairespeut atteindre 1 à 900, dans lesentreprises sociales elle se rap-proche de 1 à 9.   «Les jeunes ne

doivent pas être dans une posi-

tion sacricielle. En échange de

cette rigueur, il leur faut des pro-

 jets motivants»,  explique HervéGouil, d’HEC. Un discours parta-gé par les intéressés. «Ce n’est pas

un sacrice, car l’on sait que c’est 

 pour notre bien»,   note Shéhra-zade Schneider.

Le trio de Pro-Bono Lab a ainsitravaillé près de deux ans sans serémunérer, mais ne regrette rien.«La nalité est plus large»,   ré-

«la rentabilitéestimportante: c’estenétantrentablequelesobjectifssociauxsontatteints»

Julierebattet, directrice d’Antropia

De nombreux événements locaux

et internationaux rythment

laplanète sociale. Undes plus

incontournables est la WorldCup

de l’ONG Enactus, où 35 équipesde différents pays présentent leurs

projets sociauxà despoids

lourds de l’économie classique.

Le concours Global SocialVenture

Competition (GSVC)est également

organisépar l’université

américaine de Berkeley depuis

quatorze ans. Descentainesde

projets d’entrepreneuriatsocial

portéspar desétudiantsdumonde

entier sont misen compétition

pour un enjeude 20000 dollars,

avec un accompagnement

médiatique et une formation.

Lesprojets issus despays

francophones, une vingtaineen tout, sont pilotés parl’Essec,

quiclôt les inscriptions le

1er décembre. C’est d’ailleurs une

école d’ingénieurs burkinabés

qui a remportéla mise en2012,

avec leprojetdusavon

antimoustiques FasoSoap.

Nouveauté cette année, l’Essec

va organisersa propre compétition

avec certains dossiers retoqués

parBerkeley, dont les critères

deviabilitéet demise enœuvre

sont stricts. Autre initiative,plus

locale, prévue auprintemps

2014, le Campus Pro-Bono, piloté

par l’associationPro-BonoLab,quipropose aux étudiantset

professionnels de consacrer

une journée à aiderune

association.Néeen 2012 à HEC

avec 4 associations, l’initiativea

réuni, en 2013,6 établissements

160 étudiants, 110professionnel

et 25 associations. Le Campus

s’ouvre l’anprochain auxécoles

d’ingénieurs et universités.

C.

D d

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 37/60

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 38/6038 /  Le Monde Campus   mardi 19 novembre 2013

d o s s i e r |  bk f

La tentation

de l’international

Assoiffés d’aventure ou lassés de la crise, les jeunesFrançais se disent nombreux à vouloir tenter unepremière expérience professionnelle à l’étranger.

Au retour, l’impact sur la carrière reste nuancé.

J  ’adore la France, mais

 parfois elle peut être

étouffante pour un

 jeune diplômé avec des

rêves»,   soupire Christi-na, 26 ans. Depuis mai,cette jeune lle issue dela promotion 2012 del’ESC-Grenoble est donc

partieprendre l’air au Togo, où elle essaiede décrocher un poste dans un service

marketing ou commercial. Comme sou-vent dans ce type de situation, l’expé-rience ne se veut pas dénitive: «Je pars

minimum deux ans, peut-être cinq. Mais

après, je rentrerai en France», dit-elle.Comme Christina, les jeunes diplô-

més français sont de plus en plus nom-breux à imaginer une partie de leur car-rière professionnelle à l’étranger. Selonle deuxième «Baromètre de l’humeurdes jeunes diplômés» Deloitte/Ifop defévrier 2013, un quart d’entre eux envi-

     s      é     b     a     s     t     i     e     n

     t     o

     u     a     c     h

     e

sagent ainsi une partie de leur avenirhors de France. Soit deux fois plus quelors du premier baromètre il y a un an !

Aussi diverses que les histoires, les rai-sons qui les poussent à s’en aller s’entre-mêlent. Certains sont motivés par l’aven-ture et la quête de sens. CommeChristina: «La vision métro, boulot, dodo

et RTT ne me faisait pas rêver! J’avais en-

vie de rencontrer une autre culture, dans

un pays plus optimiste. »   De son côté,Roman de Rafael, 25 ans, consultant éner-gie climat,   « voulait barouder en pays

émergents».   Après sept mois enThaïlande, il rentre.   « La nourriture, la

langue, le climat, la sécurité sociale, ma

 famille, la campagne, beaucoup de choses

27% des jeunes diplômésenvisagentunepartie deleuravenirhorsdeFrance

BaromètreDeloitte/ifop (2013)

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http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 39/60mardi 19 novembre 2013  Le Monde Campus   /

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 40/6040 /  Le Monde Campus   mardi 19 novembre 2013

d o s s i e r |  p k p

me manquaient. Et puis quand on est 

 payé en contrat local, comme c’est de plus

en plus souvent le cas, la vie n’est pas

meilleure qu’en France», se souvient-il.La plupart imaginent aussi pouvoir

proter de meilleures conditions d’em-ploi loin de la morosité économiquefrançaise.  «Ceux qui se lancent sont les

mieux formés et ont les moyens de nan-

cer une telle aventure. Ils ne partent pas

 parce qu’ils ne trouvent pas d’emploi,

mais pour des raisons d’opportunités en

termes de niveaux de poste et de salaire»,

conrme Julien Calmand, chargé d’étu-des au département Entrées et évolu-tions dans la vieactivedu Centred’études

et de recherches sur les qualications(Céreq). Selon lui, le taux de chômage àtrois ans des ingénieurs n’esten effet que

de5 % etde 9% pour les managers, contre19% pour la génération 2007.

Des opportunités qu’Alexandre VanEeckhout a pu apprécier à Shanghaï, oùce diplômé en marketing de l’universitéde Paris-Dauphine a travaillé un an etdemi dans une agence de communica-tion. «Un mois après mon arrivée, j’avais

dix offres fermes pour des postes d’un ni-

veau de responsabilité que je n’aurais pas

 pu espérer en France avant plusieurs an-

nées»,   raconte le jeune homme. Après

son séjour en Chine, il est revenu dansl’Hexagone avec la certitude que cetteexpérience lui ferait prendre de l’avancesur ses homologues jeunes salariés.

Mais attention aux idées reçues: au re-tour, ce type d’expérience à l’étranger estsurtout positif pour se distinguer au mo-ment de l’embauche. «C’est un avantage

sur un CV car cela montre la maîtrise

d’une langue étrangère, la capacité à

s’adapter et à ne pas céder à la facilité»,

estime Jean-Marc Mickeler, associé direc-teur des ressources humaines du cabinetDeloitte. Dans certaines grandes entre-prises qui se développent sur des mar-chés à l’international, c’est même un pré-requis indispensable. En revanche,   « ça

ne fonctionne que si vous avez occupé un

 poste qui correspond à votre parcours. Si

vous avez papillonné en terme d’emploi,

cela sera difcile à valoriser et vous de-

vrez redémarrer à zéro», prévient JérômeGras, directeur exécutif du cabinet Pagepersonnel.

D’autant plus qu’une ligne d’expé-rience à l’étranger sur le CV n’est plusune rareté, notamment via les stages.« Généralement, cela ne permet pas de

 faire un bond qualitatif en termes de ni-

veau de responsabilité et de salaire au re-

tour»,  nuance Jérôme Gras. Une réalitédont Alexandre Van Eeckhout a d’ailleursfait l’amère expérience :  «Je pensais que

ça allait me permettre de prendre

quelques années d’avance en revenant en

 France, autant de temps gagné pour ma

carrière à long terme. En fait, pas du tout.

Quand je disais aux recruteurs que j’avais

acquis des responsabilités plus vite qu’un

 junior en Chine, ils me répondaient qu’ici

le marché n’avait rien à voir et que s’ils

avaient à payer plus, il préféraient em-

baucher un senior»,   explique le jeunehomme. Déçu des postes qu’on lui pro-pose en France, le jeune homme hésited’ailleurs à repartir en Chine.

«Pour qu’il y ait des retombées posi-

tives en termes de salaire ou de niveau de

 poste, il faut trouver une entreprise qui

mette en valeur la compétence apprise à

l’étranger», souligne Rosa Rossignol, fon-datrice du cabinet de conseil Carnetd’adresses RH. Pour elle, la condition estde  «chercher une société où existent des

 passerelles avec ce qu’on a fait à l’interna-

tional. Par exemple un marché développé 

dans le pays où l’on a vécu son expé-

rience».  Dès lors, le fait de connaître lesmanières de travailler, d’entrer encontact, de négocier ou de parler cou-ramment la langue est une plus-valuequi pourra se traduire dans le salaire et le

niveau de responsabilités accordé. Bisûr, plus la compétence est rare, pl’atout sera valorisé, à condition de voir négocier.

Une spécialité géographique qui poura perdurer au cours de la carrière et qufaut donc avoir à l’esprit. «En rentrant

 France, je garderai probablement l’é

quette “Afrique” durant une bonne par

de mon parcours professionnel, mais

ne posera pas de problème»,   expliqChristina, qui pense avoir fait un bpari en choisissant une zone en deven

L’expérience sera aussi plus ou moivalorisée selon le type d’entreprise ingrée à l’étranger. «Avoir travaillé dans

 groupe du CAC 40 est forcément un ava

tage et agit comme une accélérateur

carrière au retour en France ou en cas

changement de pays. En revanche, si l’e

 périence s’est déroulée dans une toute p

tite entreprise à l’autre bout du mon

cela n’aura pas d’impact. Sauf, à la limi

si l’entreprise fait une partie de sonchiff

d’affaires dans l’Hexagone et y est do

connue», détaille Rosa Rossignol.Et chez ceux qui ont fait durer l’exp

rience, la particularité peut perdre devaleur au l des années.  «Après cinq

six ans d’expérience professionnelle, no

cherchons avant tout de l’expertise. Do

le fait que cette dernière ait été dévelo

 pée à l’étranger ou en France n’est pas

 facteur déclenchant pour le recruteme

et ne donne pas automatiquement u

 position plus avantageuse», souligJean-Marc Mickeler.

Et si l’on ne revient pas? « Attention

syndrome de l’expatrié pour ceux qui tr

vaillent dans une entreprise française in

tallée à l’étranger,  prévient M. Mickel

 Le risque est d’évoluer géographiquemeavant d’évoluer fonctionnellement si l’

s’éloigne du centre de décision.»   A chcun, donc, de trouver les autres bonnraisons pour aller tenter sa chance hode nos frontières. Une chose est sûpour ceux qui envisagent l’expériencomme une parenthèse ,   pour avoir impact positif sur la carrière professionelle, le retour se prépare autant, voplus, que le départ.

Léonor Lumine

«Pourqu’il y ait desretombéesPositives enfrance, il fauttrouveruneentrePrisequimetteenvaleur la comPétenceaPPriseà l’étranger»

rosa rossignoL, cabinetCarnetd’adressesRH

«Je PensaisquemonexPérienceacquise horsdefrancemePermettrait

dePrendrequelquesannéesd’avance. en fait,

Pasdutout»aLexandreVan eeckhout, diplômé enmarketing à l’universitéParis-Dauphine

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7/18/2019 Complet Campus

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d o s s i e r |  k

E  st-ce le goût de l’aventure ou

plus prosaïquement la mau-

vaise situation du marché de

l’emploi? Toujours est-il que

les jeunes diplômés sont nom-

breux à partir. Sur les 1,6 million de Fran-

çais présents à l’étranger, un sur dix a

entre 18 et 25 ans. L’expatriation est un

phénomène en hausse constante. Sur les

dix dernières années, la population des

Français de l’étranger a augmenté de

50%. Et la tendance ne faiblit pas. Selon

Le Baromètre de l’humeur des jeunes di-

plômés publié en février, une étude me-

née par Deloitte et l’Ifop, 27% des jeunes

diplômés en recherche d’emploi situent

leur avenir professionnel à l’étranger.Face à ce mouvement, de nombreux

entrepreneurs se sont décidés à lancer

des services à destination des candidats à

l’expatriation. Bien sûr, il existe déjà des

structures publiques qui orientent et in-

forment les futurs expatriés. C’est le cas

entre autres de la Maison des Français de

l’étranger. «Mais ily a également Pôleem-

 ploi international ou les chambres de

commerce et d’industrie à l’étranger,

ajoute Renaud Alquier, directeur de

l’agence marketing LaNouvelle-R qui gère

également le site France-expatries.com. La Chambre de commerce et d’industrie

 franco-australienne, par exemple, fait un

 gros travail pour lister les entreprises fran-

çaises installées en Australie ou y exerçant 

une activité – ce qui est très utile pour en-

voyer des candidatures.»   C’est le genre

d’informations que ce chef d’entreprise

compile dans des brochures pays acces-

sibles gratuitement sur le site.

De l’altruisme? Pas complètement,

puisque le trac du site Web estmonétisé

auprès d’annonceurs promouvant des

offres de location de voitures à l’interna-

tional ou des cours de langue. Et surtout,

parmi les visiteurs du site, certains re-

viendront peut-être un jour proter des

prestations de France-expatriés desti-

nées aux cadres en mobilité.   «Pour 

quelques centaines d’euros, nous leur pro-

 posons d’analyser leur contrat de travail

et de faire le tour des questions scales,

 juridiques et de santé qui peuvent se po-ser dans leur pays de destination»,   ex-

pliqueRenaud Alquier. Ce modèle de gra-

tuité des informations et de services

payants est assez courant.

Dans le paysage foisonnant des sites

d’aide à l’expatriation, deux acteurs tirent

particulièrement leur épingle du jeu. Le

premier, lepetitjournal.com, est un site

d’informations en français qui compte

42 déclinaisons locales dans le monde en-

tier. En plus d’un suivi de l’actualité, d’un

agenda culturel local et de bons plans,

site propose des articles plus généracomme un guidedes quartiers où se lo

à Berlin, des conseils pratiques sur les e

tretiens d’embauche en Espagne ou e

core un panorama des différents vis

pour le Brésil.

La réunion des blogsL’autre site très consulté par les can

dats au départ est davantage une pla

forme d’échanges entre anciens et futu

expatriés. Expat-blog.com est né en 20

de la volonté d’un ancien expatrié, Juli

Faliu, de réunir en un même endroit d

blogs d’expatriés des quatre coins

monde. Huit ans plus tard, le site emplo

17 personnes, compte 850000 membr

et recense 12 000 blogs. Aux témoignag

sont venus au fur et à mesure s’ajout

des forums thématiques, un espace de p

tites annonces, ou encore des guides pa

disponibles en cinq langues.

«Le site permet aussi à des communa

tés de se constituer localement. De ce

 façon, les nouveaux expatriés ont déjà

 petit réseau en arrivant. Nous avons mêm

été à l’origine d’unmariage », sourit le fo

dateur, pour qui il est important que

service reste gratuit et se nance exclu

vement par la publicité.D’autres sites, comme Australiance

qui conseille plus spéciquement les

turs expatriés en Australie, mettent g

tuitement à disposition les informatio

générales, tout en commercialisant

propres services de coaching ou les s

vices d’entreprises partenaires, qu

s’agisse de démarches scales et admin

tratives, d’aide à la recherche de logeme

ou de cours d’anglais.

SébaStienDumou

Gratuitédes informations– financéespar lapublicité –et servicespayants, unmodèle

deplus enplusrépandu

Alors que denombreux jeunesveulent tenter leur

chance à l’étranger,de plus en plusde sites leur proposentconseils et bonsplans pour préparerleur départ.

Le marché forissantdu conseil aux expatriés

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doss i er   le par du break profess onnel

I  ls en avaient rêvé, ils l’ont fait. Le

23 janvier 2011, Marc Beaumont et

Camille Sandoz, alors âgés de 26 et

28 ans, abandonnent Paris, leurs

CDI dansle marketing et les autres

pesanteurs du quotidien pour enfourcher

deux bicyclettes.

Leur programme de voyage est simple:

faire le tour de la Terre. Baptisée La Cara-

vane à pédales, leur équipée part vers l’est,

traverse la France, puis l’Allemagne, conti-

nue vers la Russie, parcourt les steppes ka-

zakhes et la Chine pour arriver au Japon,

s’envole pour la Californie, pédale jusqu’à

la côte Est et revient nalement à Paris en

passant par l’Espagne. 20300kilomètres

avalés, des températures comprises entre–15°C et +45°C, 110crevaisons en quelque

quatorze mois et pas l’ombre d’un regret.

«Les réactions au retour ont été très posi-

tives», assure le couple qui, pour éviter de

revenir à son point de départ, a déménagé

à Bordeaux et retrouvé du travail après

respectivement six semaines et six mois

de recherche.

Cela paraît trop facile? Que l’on ne s’y

trompe pas. Comme tous ceux qui déci-

dent de s’accorder quelques mois pour le-

ver l’ancre, les aventuriers se sont d’abord

heurtés à la difculté de convaincre leurentourage, aux réactions contrastées. « Les

 parents ont été les plus réticents… au début,

se souvient Marc Beaumont.   Pourquoi

quitter son travail? Quel était le projet à

long terme? Quels étaient les dangers? »

Contrairement aux pays de l’Europe du

Nord comme le Danemark, où l’année de

break après le lycée est bien établie, les

jeunes Français sont très peu nombreux à

décaler leur entrée dans l’enseignement

supérieur.  «Mes professeurs de lycée ont 

tous essayé de me décourager,   raconte

Charlotte, qui est partie un an après s

baccalauréat, avant de revenir passer concours de Science-Po Lille.  J’ai passé

mois à travailler dans un hôtel en Ang

terre et enchaîné avec six mois de serv

volontaire européen en Allemagne da

une association»,   raconte-t-elle. Dans

cadre de ce programme, les jeunes Eur

péens de 18 à 30 ans peuvent travailler

névolement– letransport, le gîteet leco

vert sont assurés – dans un autre pays

l’Union.  «En terminale, à 17 ans, mon

un tel projet, aller voir les différentes as

ciations, ça responsabilise beaucoup. On

En France, l’idée de prendre un congé sabbatiquepour mener à bien un projet apparaît souvent risquéeou farfelue. Pourtant, un congé bien préparé et uneexpérience adroitement valorisée séduisent des DRH,surtout avec un diplôme de grande école en poche.

Un tour dumonde sinon rien!

     s      é     b     a     s     t     i     e     n

     t     o

     u     a     c     h

     e

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 45/60mardi 19 novembre2013  Le Monde Campus  

TouT salarié peut

demander un congé

sabbatique à son

employeur, à

condition d’avoir

cumulé six ans

d’expérience

professionnelle,

dont au moins trois

dans l’entreprise

en question – pas

nécessairement

consécutifs, et de ne

pas avoir bénécié au

cours des six

dernières annéesd’un autre congé

sabbatique, d’un

congé individuel

de formation (CIF)

de six mois ou plus

ou d’un congé de

création d’entreprise.

Ces conditions

réunies, le salarié

doit s implement

notier sa demande

à son employeur par

lettre recommandée

au moins trois mois à

l’avance, en précisant

la date de départ et

la durée du congé.

Il n’est pas tenu

de préciser ses

motivations.

L’employeur a ensuite

trente jours pour

donner sa réponse

– accord, report

ou refus. Un refus,

lorsque les trois

conditions préalables

sont respectées, n’est

possible que dans lesentreprises de moins

de 200 salariés, si

l’employeur estime,

après avis du comité

d’entreprise ou

des délégués

du personnel,

que le congé portera

préjudice à

la bonne marche

de l’entreprise. Cette

décision peut être

contestée devant les

prud’hommes dans

les quinze jours

suivant réception

de la lettre de

l’employeur. Plus

souvent, il demande

à décaler le départ.

La durée du congé

sabbatique peut

varier entre six et

onze mois, durant

lesquels le contrat de

travail sera suspendu.

Cela signienotamment que

le salarié n’est plus

rémunéré. Il lui est

possible en revanche

d’utiliser les droits

acquis sur son

compte épargne

temps (CET) pour

nancer son congé.

Pendant les six ans

précédant celui-ci,

il peut reporter sa

cinquième semaine

de congés payés

annuels et toucher

la somme

correspondante

au moment

de son départ.

Travailler est aussi

autorisé pendant

un congé sabbatique

– dans une autre

entreprise ou pour

monter sa propre

activité –, à condition

de ne pas se trouver

en concurrence avec

son entreprise.A la n du congé,

le salarié retrouve

sa place dans

l’entreprise, au

même poste ou

à un poste équivalent

et avec une

rémunération au

moins égale à celle

qu’il avait en partant.

S. Du.

U l u l

«L’essentieL, c’estd’avoir denoUveaUx projets. MêMe si L’on

retoUrne dans son entreprise,Lesgens ne noUs ont pas attendUs»

Jean-BaptiSte LaLot, ingénieur

le nez dans la vraie vie,   assure Charlotte.

Tout le monde a peur que l’on ne reprenne

 pas les études après cette expérience, mais

 je dirais que c’est plutôt l’inverse. Non seu-

lement c’est beaucoup plus intelligent 

qu’une première année de fac ratée, mais

cela motive pour suivre des études.»

Pour les candidats au congé sabbatique

déjà insérés dans la vie professionnelle, la

pression ne se relâche pas. N’est-ce pas

une folie d’abandonnerson travail dansla

crise actuelle? Pourtant, un projet de

break bien valorisé peut susciter la com-

préhension et l’intérêt du monde profes-

sionnel. «Je sens que cela séduit. Parfois ça

impressionne», raconte Gregory Zigrand,

lui-même rentré d’un périple à vélo d’un

an autour du monde avec un ami il y a

tout juste deux ans:   «Cela nécessite une

certaine force mentale, plus que physique. Et une bonne capacité d’adaptation », au-

tant de qualités susceptibles d’intéresser

un recruteur.

Organiser un tel périple requiert aussi

des capacités d’organisation. Rien que

l’itinérairedoit être mûrement rééchi en

fonction des saisons, de la situation poli-

tique des pays traversés et des contraintes

de temps. La préparation comprend aussi

un volet nancier conséquent. Même

pour les plus économes, partir un an né-

cessite quelques milliers d’euros de tréso-

rerie. Enn, certaines compétences de

communication peuvent souvent être dé-

veloppées et mises en avant: conception

d’un site Web, relation avec les médias lo-

caux, réalisation de contenus et constitu-

tion d’une communauté. Florent et Ju-

liette, 37 et 30 ans, qui partiront en

novembre pour un an et ont baptisé leur

projet «OTDM, Projets créatifs autour du

monde», prévoient ainsi de réaliser un

livre, une exposition et des conférences à

leur retour. Ils ont déjà créé leur site et les

comptes Facebook, Twitter et Instagram

pour suivre leur aventure.

«Un voyage peut être valorisé, renchérit

Jean-Baptiste Lalot, qui a aussi sillonné le

globe à deux pendant un an. Dans une en-

treprise où il faut parler anglais, qui se dé-

veloppe dans des pays culturellement très

différents, cette année d’expérience pen-

dant laquelle on se sera adapté à toutesles

situations représente un atout,  assure ce

jeune ingénieur, qui a retrouvé du travail

en quelques mois à son retour. L’essentiel,

c’est d’avoir de nouveaux projets. Même si

l’on retourne dans la même entreprise, les

 gens ne nous ont pas attendus.»

Plus facile à dire avec un diplôme de

grande école en poche qu’avec un simple

certicat de baroudeur. Gregory Zigrand,

qui n’était titulaire que d’une licence en

gestion de l’environnement, n’a pour sa

part jamais reçu de réponses aux candida-

tures qu’il a déposées à son retour.   « Je

comptais mettre le voyage en avant pour 

avoir un CV plus attrayant, mais ça n’a ja-

mais mordu,   constate-t-il, un peu amer.

Soit il fallait une expérience profession-

nelle que je n’avais pas, soit un diplôme

supérieur. Alors je me suis décidé à m’ins-

crire en master.»   Rétrospectivement, il

n’est pas certain que le choix de partir enn de licence, sans avoir lesmoyens nan-

ciers d’unsalariéni la possibilité de s’insé-

rer facilement sur le marché du travail en

rentrant, ait été judicieux. Mais  « l’oppor-

tunité de partir s’est présentée à ce mo-

ment-là», relativise-t-il. Et loin de lui l’idée

de regretter son choix, au contraire. Pour

tous les voyageurs de retour, le plus com-

pliqué est souvent au contraire de ne pas

succomber au désir de repartir.

SéBaStienDumouLin

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doss i er   k

J  ’hésite… Est-ce que je franchis le

 pas ou est-ce que je choisis unevoie moins risquée?», se demandeAnne-Catherine. A 26 ans, la jeunefemme a quitté un contrat à durée

indéterminé (CDI) bien payé dans leconseil en management.   «Je ne pouvais

 pas continuer car j’ai besoin de trouver dusens à ce que je fais», se justie-t-elle. Au-jourd’hui, elle voudrait se reconvertirdans l’illustration et la bande dessinée, sapassion. Mais la démarche est osée et ellehésite entre trouver un emploi proche desa formation initiale en maison d’édition– «plus raisonnable» – et se lancer carré-ment comme dessinatrice.

Parier sur sa passion paraît exaltant.Mais à long terme, tout plaquer peut s’avé-rer risqué car les circonstances peuventobliger à effectuer un retour en arrière. «Amoins d’avoir doublé l’expérience d’uneaventure entrepreneuriale, il est compliqué de justier ce qui peut apparaître comme

une rupture dans le CV», estime Jean-MarcMickeler, associé directeur des ressourceshumaines du cabinet Deloitte. Et lorsqu’onest jeune, comment expliquer l’abandond’une place obtenue après de longues an-nées d’études? Du coup, l’idée reste sou-vent à l’état de fantasme.

Pour ceux qui envisagent de sauter lepas, il existe quelques bonnes vérités àconnaître pour que le pari vaille le coup.D’abord,   «les projets qui échouent sontsouventceux quin’ont pas été assezprépa-

rés. Vouloir vivre de sa passion n’est pas ir-

raisonnable, mais il faut prendre le tempsde mûrir le projet, de l’écrire étape par étape, si besoin de se former et d’en parler autour de soi»,  explique Claire Lelièvre,directrice adjointe de  Village magazine,une publication destinée aux urbains dé-sireux de s’inventer une nouvelle vie à lacampagne. Pour elle, l’idéal est de prendreau moins un an et demi de réexion.

Un cheminement facilité par certainsoutils. «Il existe des formules qui permet-tent de commencer en douceur tout en

 gardant son ancien emploi à côté, commenégocier un temps partiel, faire un stage

de découverte du métier, demander uncongé pour création d’entreprise ou uncongé individuel de formation (CIF) pou-vant aller jusqu’à un an ou 1200 heures»,détaille-t-elle. Une fois que vous êtes lan-cé, les coopératives d’activité et d’emploipermettent de se tester tout en béné-

ciant d’un statut salarié.Un temps de réexion qui doit aussi

servir à créer des liens.  «Le secret d’unereconversion réussie réside souvent dansla capacité à transposer les compétencesacquises auparavant»,   ajoute Claire Le-lièvre. Christophe Vasseur, ancien com-mercial reconverti en boulanger avecsuccès – Meilleur boulanger de Paris2008 – après quatre ans d’expérienceprofessionnelle, conrme:   « Mon avan-tage par rapport aux autres a été d’avoir 

«il faut prendre le temps demûrirle projet, de l’écrire étape par étape,

si besoin se former, et en parlerautour de soi»

Claire lelièvre, de VillageMagazine,unmagazinedestinéaux «rurbains»

Lâcher son travail pour se lancerdans ce que l’on aime le plus… Un rêve,dont le chemin est parfois seméd’embûches et les résultats pas toujoursà la hauteur des espérances. Encore que…

Je plaque tout pour fairedema passionmonmétier

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7/18/2019 Complet Campus

http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 47/60mardi 19 novembre 2013  Le Monde Campus  

En 1999, Christophe Vasseur est

passé des accessoires de mode

aux petits pains. Sans aucun

regret, bien au contraire. A

l’époque, il est jeune commercial.

Fils de médecin, passé par une

classe préparatoire, puis par une

école de commerce, rien ne

laissait supposer qu’il opérerait

une reconversion aussi brutale.

Bon poste, bon salaire, stabilité, il

a pourtant tout envoyé promener.

Tout est parti d’une désillusion.

« J’avais 30 ans, et les quatre

années de vie professionnelle que

 j’avais derrière moi m’ont suf

 pour comprendre que je n’étais

 pas heureux au travail.

 Je faisais partie de cette

 génération de jeunes, éduqués

 pour faire partie d’une élite,

à qui l’on disait qu’ils ne

connaîtraient jamais le chômage,

que l’entreprise c’était le rêve, et 

qui, à son entrée dans le monde

du travail, a ressenti beaucoup de

désillusion»,  se souvient-il.

Sans notion de boulangerieaucune, mais avec « un rêve de

 gamin en tête », il décide donc de

se lancer dans ce métier d’artisan.

Il passe alors un CAP de

 boulanger et effectue un stage de

deux mois chez un professionnel.

Puis il ouvre sa boulangerie après

avoir racheté un vieil

établissement en faillite,

à quelques pas du canal

Saint-Martin, dans le

10e arrondissement de Paris.

Les débuts sont difciles.

La première année, Christophe

Vasseur ne se verse pas de salaire.

La deuxième, ce sera à peine

un smic. « Il faut être conscient 

de cet aspect nancier quand

on se reconvertit et s’accrocher 

 pour ne pas jeter l’éponge.

Surtout que je travaillais comme

une bête », souligne-t-il. Sans

parler « du regard négatif de

l’entourage, qui ne comprend pas

toujours ce choix ».

Reconverti oui, mais pas pour

autant amnésique, ChristopheVasseur utilise ses anciennes

compétences de cadre manageur

pour faire de son projet une

entreprise rentable. Résultat:

les affaires tournent plutôt bien

pour cet artisan aujourd’hui âgé

de 48 ans, qui avoue gagner

plus que dans son ancien métier.

Aujourd’hui, il est même

fournisseur du grand chef 

Alain Ducasse.

Une issue à laquelle il n’a jamais

cessé de croire dur comme fer.

« Quand on exerce une activité 

qui nous passionne, on donne le

meilleur de soi-même, ça ne peut 

que marcher, assure-t-il sans

hésiter. Cela fait aujourd’hui

quatorze ans que j’ai tout plaqué,

raccroché mon costard-cravate,

remisé mes chaussures bien cirées,

et j’y prends toujours autant de

 plaisir. Ce choix, je le referais mille

 fois ! De toute façon, la seule

manière de savoir si c’était une

bonne idée était d’aller jusqu’au

bout », conclut-il. Un messageque Christophe Vasseur ne cesse

de marteler. En octobre 2011, il

s’est même rendu à l’occasion de

la Semaine du goût à l’université

Panthéon-Assas an de

convaincre les étudiants qu’un

parcours brillant dans

l’enseignement secondaire ne

devait pas empêcher de

s’intéresser à l’artisanat.

L. Lu.

CV : « J c cx»

des connaissances en marketing et de sa-

voir gérer une entreprise.»

Pour éviter les déceptions, mieux vauten être conscient, les difcultés sont lé-gion. Bruno Jarry, ancien cadre dans la -nance et créateur de l’Epicerie de Bruno,à Paris, en 2006, en sait quelque chose:«Je ne me suis pas payé pendant deux ans

et je ne récupérerai jamais ce que je ga-

 gnais avant. Il y a de gros moments de

doute. Il faut avoir le courage de faire le

 gros dos et pouvoir s’appuyer sur son en-

tourage pour ne pas s’isoler.» Un soutiend’autant plus important que la décisionde changer de vie touche à la dénitionqu’on a de soi-même.  «Quand on quitte

un statut reconnu, certains se mettent à

vous regarder de haut. Il faut être capable

de se réinventer une identité profession-

nelle»,  ajoute Bruno Jarry. Car se recon-vertir dans un métier passion supposeaussi de supporter de sortir des grilles delecture habituelles. Une capacité quin’estpas donnéeà tous et quipeut rendreun projet intenable.

Philippe Curt, aujourd’hui âgé de43 ans, en a fait l’expérience. Une fois sondiplôme de l’Ecole nationale supérieure

des arts et métiers (Ensam) en poche, ilavait tout plaqué pour se consacrer aupiano.  «Tous mes amis se casaient dans

des postes prestigieux, mais je voulais me

réaliser en tant que concertiste. Finale-

ment, j’ai tout arrêté au bout de deux ans

car je ne supportais plus de ne pas être

“comme les autres”», explique cet associéfondateur du cabinet de conseil en straté-gie Performance Manager Partner (PMP).

Mais si l’on accepte ces inconvénients,assure Christophe Vasseur,  «l’expérience

est forcément positive, même si elle se

solde par un échec, car il n’existe rien de

 pire que les regrets de n’avoir pas osé ».«De fait, la société accepte mieux ce type

de parcours, explique Catherine Negroni,maître de conférences en sociologie àLille-I et auteure de  Reconversion profes-

sionnelle volontaire. Changer d’emploi,

changer de vie. Un regard sociologique

sur les bifurcations (Armand Colin, 2007).

Car la reconversion est au croisement de

 plusieurs phénomènes que sont le chô-

mage structurel, la n de l’emploi à vie et 

les fortes attentes créées par l’idée que le

travail doit être épanouissant.»

La quête de soi se trouve d’ailleurs aucentre des discours de ceux qui ontfranchi le cap.  «Je rêvais d’être inrmière,

mais j’ai choisi de faire du droit car c’était 

 plus valorisant que ce métier que je croyais

manuel. Mais je découvre aujourd’hui

qu’il est aussi très intellectuel»,  ajoute Na-thalie Eypert, qui a repris des études à30 ans après avoir quitté un CDI de char-gée de mission dans une association.

De son côté, Anne-Catherine a imaginéun plan B qui lui permettra de sauter le

pas plus tranquillement: si son projetdans l’illustration ne se concrétise pasdans le délai de quelques mois qu’elles’est xé pour réussir, elle rechercheraun poste moins éloigné de sa formationinitiale, mais à l’étranger, ou un contratdans un cabinet de conseil spécialisédans l’édition.

Léonor Lumineau

«QuandonQuitteunstatutreConnu, Certains semettent

à Vousregarderdehaut. il fautêtre Capable de seréinVenterune identitéprofessionnelle»

Bruno Jarry, créateur de l’Epicerie Bruno

      d

      r

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estimé à 1,9 milliard d’euros en France en

2012.   Il y a quelques années, il s’agissait 

majoritairement de mécénat culturel. Au-

 jourd’hui, le social et la solidarité ont pris

la première place. »

Des salariés mis à dispositionLes modes d’intervention mêmes des

entreprises ont changé. Si le mécénat -

nancier reste la forme de soutien la plus

courante, deux autres progressent, à sa-

voir le mécénat en nature – les dons de

produits ou la mise à disposition de

moyens matériels et techniques – et le

mécénat de compétences – la mise à dis-

position de salariés. Dans le cadre de ce

dernier, les entreprises acceptent de libé-

rer du temps de travail de leurs employés

an qu’ils le consacrent à des projets as-

sociatifs et de solidarité déterminés. Ain-

si, par exemple, depuis 2006, les salariés

de l’opérateur SFR peuvent bénécier de

Services Commerce, distributio

Industrénerg

Agriculture, agroalimenta

ConstructioBT

De 20 à 99 salariés

De 100 à 199 salariés

200 salariés et plus

Source : Admical-Baromètre de mécénat d’entreprise en France en 20

Proportiond’entreprises

mécènes selonla taille, en%

Secteur d’activitédes entreprise

mécènes, en%

58 % 19%

11%

9 %

3%

18 1826 26   27 27

32

25

43

2008 2010 2012

d o s s i e r |  bk

D  ans le sud de l’Inde, un cin-

quième de la population ap-

partient à la caste la plus

basse, les dalits ou intou-

chables, un groupe particu-

lièrement discriminé et touché par le

chômage. Rachel Allard, une jeune Fran-

çaise, s’est rendue sur place l’an dernier

pour donner des cours de bureautique et

essayer d’améliorer leur insertion. La

jeune femme n’est pourtant ni profes-

seure d’informatique ni professionnelle

de l’humanitaire, loin de là. Elle est audi-

trice junior pour la liale française de

PwC, un des plus gros cabinets d’audit

mondiaux. Partie avec une association

appelée Planète urgence, Rachel Allard a

effectuéun «congé solidaire», c’est-à-dire

que son engagement s’est fait sur ses

congés personnels, mais que l’intégralité

des frais de la mission ont été pris en

charge par son employeur.

« Les pratiques du mécénat d’entreprise

ont changé,   explique Sarah Digonnet

d’Admical. Cette association, qui compte

180 adhérents, promeut depuis trente

ans le mécénat d’entreprise, un budget

Congé solidaire, méCénaten nature,méCénat de CompétenCes…

les modes d’interventionprennent des formes

de plus en plus diverses

Face à la demande de leurs salariés,surtout les plus jeunes, les DRHdéveloppent des actions sociales quipermettent de répondre aux aspirationsles plus profondes de leur personnel.

La quête de sens au travail,les entreprises s’engagent

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six à quinze jours par an pour s’engagerdans une association sur leur temps detravail dans le cadre d’une mission pré-cise, en lien ou non avec leurs compé-tences professionnelles.   «C’est une pra-tique quise développe, assure Jean-MichelPasquier, de Koeo, une plate-forme demise en relation des entreprises et desassociations, qui travaille avec 60 entre-prises et 2 000 structures associatives.Cela va d’un responsable d’agence Web,qui consacre quatre heures de son tempsà expliquer aux responsables de l’associa-tion Accueil des villes de France (AVF)comment fonctionnent Facebook et Twee-ter, au DRH d’une liale d’un grand

 groupe, détaché pendant neuf mois au- près d’une association. »

Parmi les raisons qui expliquent le dé-veloppement de ces pratiques, il y a laprise de conscience des entreprises de

leur rôle social et l’obligation, règlemen-taire pour les sociétés cotées, éthiquepour les autres, d’avoir une réelle poli-tique de RSE (responsabilité sociale et en-vironnementale). Il y a aussi un volet res-sources humaines.   «Les entreprisesrépondent à une demande de sens formu-

lée par les salariés»,  estime Sarah Digon-net. Développer l’attachement à l’entre-prise est devenu un objectif de premièreimportance pour les ressources hu-maines, qui doivent tenir compte du be-soin d’ethique exprimé en particulier parles jeunes diplômés.

«L’impact du développement d’actionssociales par l’employeur est difcile à me-surer,   reconnaît Jean-Michel Pasquier,mais cela peut être tout à fait discrimi-nant.» C’est-à-dire qu’à choisir entre deuxentreprises, le candidat va aujourd’huidonner sa préférence à celle qui lui per-mettra de s’impliquer, de donner du sens,

que cesoit sur son temps detravail ousurson temps libre.

La solidarité organiséeJusqu’où celapeut-il aller? «Il arrive que

certaines expertises techniques se transpo-sent bien et puissentdonner lieu à desmis-sions courtes avec des organisations non

 gouvernementales (ONG). Par exemple, dessalariés de Veolia ont récemment accom-

 pagné une mission comme consultantssur un projet touchant à l’eau et à l’assai-

nissement», explique Marie Perroudon, deBioforce, organisme de formation spécia-lisé dans les métiers de l’humanitaire.Mais en règle générale, les entreprises selimitent soit à des actions sociales locales,comme les systèmes de parrainages d’étu-diants de quartiers défavorisés par des sa-lariés de la Société générale, soit à des mis-sions ponctuelles à l’étranger dansle cadrede congés solidaires.

«Il s’agit de solidarité, ce qui est très dif- férent de l’humanitaire»,  précise HelenaCardona, de Planète Urgence. Pas ques-tion, par exemple, d’intervenir sur unezone de conits, ce qui serait compliqué àgérer en termes de responsabilité pour

des entreprises. Aucun besoin d’ailleursd’aller si loin pour donner au salarié lapossibilité de trouver du sens au sein deson entreprise. Une des initiatives les plusremarquables a ainsi été lancée en 2010 etconcerne aujourd’hui une vingtaine d’en-treprises en France et 21000 salariés. Ils’agit de l’arrondi sur salaire, développépar exemple par la société MicroDON, quiconsiste à reverser à une associationquelquescentimesà quelques euros préle-vés sur sa feuille de paie et abondés à100% par l’entreprise. Les petits ruisseauxd’argent pour les associations font lesgrandes rivières de sens pour les salariés.

SébaStienDumoulin

C’est une teChnologie

potentiellement

révolutionnaire. Nom de

code: eGo. Actuellement

développée par le géant

français de la carte à puce

Gemalto, il s’agit d’une puce

électronique qu’il ne sera

plus nécessaire d’insérer dans

un lecteur ou de faire biper,

mais qu’il faudra simplement

placer à proximité de la peau,

dans une poche de chemise

par exemple, pour que le

corps tout entier véhicule

l’information qu’elle contient.

Il sera ainsi possible de

déverrouiller la portière

de sa voiture par exemple

simplement en la touchant

avec la main. Et le plus

étonnant de cette technologie

est que son inventeur n’est

pas une des 1 800 blouses

 blanches que Gemalto

emploie à travers le monde,

mais un simple salarié de

La Ciotat qui a déposé sonidée sur BIG (pour Business

Innovation Garage), la plate-

forme du groupe sur laquelle

les 11000 salariés peuvent

proposer leurs projets

les plus fous.

Chaque année, sur

300 propositions, l’entreprise

en sélectionne trois ou

quatre. Le salarié à l’origine

de l’idée se voit alors

proposer de travailler six

mois sur son projet pour

prouver sa viabilité, dans

un incubateur interne, une

structure de développement

de start-up comme l’on peut

en trouver ailleurs, mais

spécialement conçue pour les

salariés de l’entreprise.

Inspirés des projets temps

libre très médiatisés des

grandes rmes américaines

comme Google ou Pixar,

les incubateurs internes y

ajoutent une dimension

entrepreneuriale.

Pour Gemalto, l’objectif est

double. Il s’agit, bien sûr,

de donner naissance à des

produits commercialisables

et rentables en stimulant

l’innovation, mais aussi

de donner à ses salariés

l’opportunité d’exprimer leur

créativité et de reconnaître

leur potentiel innovant.

Sur ce point, il reste d’ailleurs

des progrès à faire. Selon la20e édition de l’Observatoire

du travail réalisé par BVA en

mars 2012, 9 % des salariés

français estiment que

l’innovation fait partie de ce

que l’entreprise attend d’eux.

Les incubateurs internes sont

loin de s’être généralisés,

mais on observe un intérêt

croissant. Ainsi, depuis

trois ans, chez le fabricant

toulousain de biscuits

Poult, les idées innovantes

des salariés, cadres et

ouvriers, sont également

accueillies avec une oreille

plus qu’attentive puisqu’ils

peuvent consacrer la moitié

de leur temps de travail à

son développement. Même

principe chez Renault, où le

dispositif d’appel à idées créé

cette année – Renault Creative

People Lab – est accessible

depuis l’intranet du groupe et

que des espaces d’incubation

sont ouverts aux porteurs de

projet. Par ailleurs, d’autres

entreprises permettent à

leurs salariés de ressentir les

frissons de l’entrepreneuriat

en accompagnant des

créateurs de start-up

extérieurs à la société.

Là aussi, l’intérêt est avant

tout de repérer et lancer

des projets rentables, mais

les experts qui coachent les

jeunes pousses sont bienmis à disposition par leur

entreprise. L’exemple le

plus récent est la mise en

place il y a quelques mois,

par Microsoft, de Spark,

un incubateur parisien

accueillant actuellement

treize start-up qui bénécient

d’un accompagnement

des équipes Microsoft.

S. Du.

Dp-

Pas question, Par exemPle,D’intervenirsurunezone

Deconflit carce seraittroPcomPliquéà gérerentermes

De resPonsabilité

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doss i er   l k f l

D  es études dans le management

du secteur associatif, six moisde service civil, et ensuite uncontrat à durée indéterminée(CDI) dans une association...

Malgré son engagement dans le secteur as-sociatif, Vincent Laurent ne voit pas d’unbonœil le service civique.

Dèsle lancement de cedispositif en2010,les critiques au sein du syndicat Action dessalariés du secteur associatif (Asso), dont ilest membre, fusent. «On voyait dans le ser-

vice civique une menace: en 2010, le secteur 

associatif est en pleine crise, les embauches

se raréent, les contrats précaires se multi-

 plient, ainsi que les suppressions de poste»,

raconte-t-il.Pour lui, c’est simple: lancerundispositif qui offre aux associations la pos-sibilité de disposer d’une main-d’œuvre àdes prix imbattables en temps de crise estdangereux.   «Nous continuons de recevoir 

des témoignages de déçus de ce dispositif»:

aucun contrôle sur les heures, offres quis’apparententàdeschesdeposte,manquede mixitésociale…

Moinsvirulentes,lesassociationsreconnais-sent que les risques de glissement vers desformesde stage ou d’emploi déguiséexistent.StephenCazade,directeurnationald’Unis-Cité,quirecrute desjeunesdésireux departiciperà

des missions d’intérêt général, pointe lemanque de culture du service civique enFrance: «Cela demeure méconnu. On a ten-

danceà seréférerà cequ’onconnaît,c’est-à-dire

aubénévolat,austage ouà l’emploi.»

Valérie Becquet, maître de conférenceen sociologie à l’université de Cergy-Pon-toise (Val-d’Oise), accuse, elle, le dévelop-pement massif du dispositif qui, dit-elle,«entraînedesdérives. Ce risque estd’ailleurs

inscrit dans la loi: le législateur a bien pré-

cisé queles missions ne devaient pasconsti-

tuer un substitut à l’emploi. Il savait que

c’était un risque inhérent au dispositif».En2011,à peineunanaprèssonlancement,

un rapport parlementaire vient conforter cescrainteset conseillederenforcerle contrôleetle suivi de ces missions en invoquant un glis-sement vers de l’emploi déguisé. «Ce rapport 

n’a donné lieu à aucune application concrète.

 Au contraire,  dénonce Vincent Laurent. De-

 puis un an et demi, l’autorisation d’avoir re-

cours au service civique a étéétendue aux col-

lectivités territoriales, des organismes qui

embauchentgénéralement souscontrat.»

L’Agence du service civique (ASC) se veutrassurante. «Le rapport de 2011 évoquait cette

dérive sans donner d’exemples ni de chiffres.

 Elle est plus l’expression d’une crainte que

d’une réalité»,  estime Patrick Chanson, res-ponsable de la communication de l’ASC. Etl’Agence dispose de moyens pour limiter lesdérives. «De nombreuses missions s’effectuent 

dans de grandsréseaux associatifs quisont at-

tachés aux valeurs du service civique et aux-

quels nous faisons conance»,   poursuit-il. A

l’issue de leur service civique, les volontairesrépondent à un questionnaire dans lequel laquestion d’un éventuel emploi déguisé leurest posée. «Nous ne voyons pas remonter de

signaux d’inquiétudeparticuliers», indiqueM.Chanson, qui souligne «un taux de satisfac-

tiondes jeunesde 90%cetteannée».Prune en fait partie. Après cinq années

d’étudessanctionnées parun masteren com-munication, elle s’engage auprès de l’Associa-tion de la fondation étudiante pour la ville(Afev).«Je bossais surlespartenariatsculturels

«Le LégisLateur a bien précisé que Lesmissions ne devaient pas constituer

un substitut à L’empLoi »Valérie Becquet, sociologue

Conçu en 2010 pour aider ceux quidécrochent à s’intégrer dans la vie active,le dispositif de volontariat citoyendérive, selon les professionnels du secteurassociatif, vers l’emploi déguisé.

Le service civique détournéde ses objectifs

     s      é     b     a     s     t     i     e     n

     t     o

     u     a     c     h

     e

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et je devais négocier des tarifs avantageux 

 pour les enfants. Lors du recrutement, ils ont 

étésélectifsdansle choixdelapersonnequi de-

vait occuper ce poste. C’est commepour le tra-

vail de chargé de communication, ils ont be-

soin de gens qualiés. Ce sont clairement des

 fonctions qui devraient être occupées par des

salariés,mais çane me choquepas. Est-cehon-

nêted’embaucherquelqu’uncommemoi?», sedemande Prune. En tout cas, la jeune lle y atrouvé son compte:  «J’ai travaillé neuf mois

sur une mission dont j’avais la responsabilité.

C’est valorisant dans un CV. Et vu le contexte

économique difcile, c’est aussi une façon de

s’occuper et de connaîtrelesecteurassociatif.»

Pourles plusdiplômés, le service civiquereprésente un plus en matière d’insertion

professionnelle. Ce n’est pas forcément lecas pour les moins qualiés. C’est ce qu’es-time Maud Simonet, auteure du   Travail

bénévole. Engagement citoyen ou travail

 gratuit?  (La Dispute, 2010). «Le risque, c’est 

que le service civique, loin d’effacer les diffé-

rences sociales, ne vienne les renforcer. La

 présence de différentes populations sous un

même statut ne signie pas nécessairement 

qu’elles en tirent une expérience commune

et un apport semblable», explique-t-elle.Certaines associations rééchissent à la

meilleure façon d’éviter ces dérives. Unis-Cité est ainsi engagée dans la formationdes tuteurs qui vont ensuiteaccompagnerces jeunes. Mais il faut aussi «être clairsur 

les offres de recrutement qui ne doivent 

 pas exiger de qualications ou de forma-

tions particulières»,  estime Stéphane Ca-zade. Le directeur d’Unis-Cité préconiseaussi des missions en binôme   «an de

 garantir la mixité sociale et de rendre plus

accessibles certaines missions à des jeunes

moins autonomes».  Retranscrire les Mé-moires de personnes âgées, par exemple,implique des capacités rédactionnellesque n’aura pas forcément un jeune enéchec scolaire. A moins qu’il ne soit en bi-nôme avec un jeune plus à l’aise avecl’écriture.

Surtout, il ne faut pas hésiter à arrêter sile service civique se passe mal. C’est ce queconseilleValérie Becquet: «Sion voitquece

qui est indiqué sur la che de poste ne cor-

respond pas à la réalité, s’il n’existe aucun

tutorat, un volontaire est en droit de casser 

son contrat. Il vaut mieux abandonner sonservice civique plutôt que de vivre une espé-

rience négative», conclut-elle.Margherita Nasi

Après trois Ans de droit,

Valentine arrête ses études

en cours de route. Ne

souhaitant pas rester

inactive, elle décide

d’effectuer son service

civique dans un foyer

de vie pour personnes

handicapées. Sur le contrat,

il s’agit de 45 heures par

semaine, 48 heures

maximum. Mais la jeune

lle découvre une tout

autre réalité. «Je travaillais

de 7h30 à 22 heures tous les

 jours, avec un seul jour de

repos hebdomadaire, et 

deux heures de repos par 

 jour, raconte Valentine. On

nous faisait avaler nos

84 heures par semaine en

nous disant qu’en tant quevolontaires, nous étions

soumis au forfait jour et 

non à un volume horaire,

que travailler avec des

 personnes handicapées, ce

n’était pas juste un job.»

Mais pour Valentine, il

s’agit bien d’un emploi, et

d’un emploi déguisé. « Ce

travail requiert des

spécialistes. Lever, faire

manger, entretenir la

maison, laver et coucher des

 personnes handicapées ne

sont pas desgestes anodins»,

observe la jeune lle.

Sur une équipe de quatre

ou cinq, presque tous sont

des volontaires en service

civique.  «Financièrement,

c’est très avantageux pour 

l’association: on ne leur 

coûte pas un rond.» Dans

ces conditions, beaucoup

partent. Valentine, elle,

reste. «J’en avais besoin

 pour vivre, et je savais que

mon directeur envisageait 

de m’embaucher.» La jeune

lle hésite pourtant à

déclencher un contrôle de

l’Agence du service civique.

Puis elle nit par signer uncontrat d’avenir dans la

même association. «Ça fait 

un mois, et je n’en peux 

déjà plus.» Les conditions

de travail sont identiques.

«L’association continue de

reposer sur les volontaires

du service civique.

Sans eux, elle ne pourrait 

 pas tourner.»

M. Na.

«Onne leurcoûtepasunrond»

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http://slidepdf.com/reader/full/complet-campus-56d6ae5ca3805 52/6052 /  Le Monde Campus   mardi19 novembre 2013

J

Dans un marché du travail déprimé,la technique du parrainage à traversles réseaux sociaux est appelée à sedévelopper, malgré une certaine apathiedes entreprises dans ce domaine.

amais les jeunes diplômésn’ont eu à leur disposition au-tant d’outils de recherche d’em-ploi et rarement il leur a étéaussi difcile de décrocher leurpremier job. La faute à un mar-ché du travail qui reste morose.

Parmi ces moyens, la coopta-tion prendrait-elle de l’ampleur,grâce au développement des ré-seaux sociaux, sur lesquels la gé-nération des moins de 30 anspartage abondamment informa-tions et contenus? Rien n’est

moins sûr. Publiée en octobre, ladernière enquête de l’Associa-tion pour l’emploi des cadres(Apec) sur l’insertion profession-nelle de la promotion 2012 nemontre guère d’évolution.

Le recours au réseau person-nel (relations, cooptation horsInternet) a permis à 18% desjeunes diplômés d’obtenir leuremploi actuel, tandis que les ré-seaux sociaux et professionnels

nage serait ainsi dépoussiérée parle Web, voire débarrassée de sestravers – consanguinité, népo-tisme – : «En élargissant le champ

des possibles, le réseau social lui

donne un côté plus universel et 

 plus neutre»,   estime Olivier Fé-cherolle, directeur de la stratégiesur Viadeo.

La rencontre et l’entraide entrejeunes, tel est le principe au cœurde Wizbii, un réseau social profes-sionnel consacré aux étudiants etdiplômés, en ligne depuis sep-tembre 2011. Avec l’idée derépondre à leurs besoins spéci-ques: «Si on cherche un premier 

emploi chez Schneider par 

exemple, la fonction Carrière pro-

 pose des annonces mais aussi des

contacts avec des jeunes, anciens

de l’école qui y ont fait un stage ou

 y sont employés, qui peuvent aider 

à s’introduire dans cette entre-

 prise,   indique Benjamin Ducous-so, son président. Le but est de les

 guider dans la construction de leur 

réseau en rassemblant une com-

munauté qui partage les mêmes

 préoccupations et avec laquelle il

leur est plus facile d’échanger.»

Du côté desentreprises, la coop-tation grâce aux réseaux sociauxdes collaborateurs n’est pas forcé-ment très organisée. La Sociétégénérale n’a pas déployé de pro-

sur le Web y ont contribué à hau-teur de 1%. Soit les mêmeschiffres qu’en… 2008.

Pourtant, surla Toile,les chosesbougent. Lancé il y a deux ans,MyJobCompany parie sur le re-crutement participatif. Avec d’uncôté 600 entreprises clientes etde l’autre 45 000 « coopteurs»,qui peuvent toucher des primesentre 250 et 1000 euros, selon leprol recherché. Or deux sites dece type, créés au milieu des an-nées 2000, ont connu l’échec:«Un des problèmes des recruteurs

est d’accéder à différentes com-

munautés, explique Grégory Her-bé, le fondateur.   Les personnes

quicooptent leur permettent de le

 faire. Il y a six ans, Facebook ve-

nait d’arriver en France, les ré-

seaux sociaux professionnels en

étaient à leur début. Aujourd’hui

qu’ils rassemblent des millions

d’utilisateurs, la cooptation peut 

opérer d’une façon beaucoupplus

rapide et efcace.» La vieille tech-nique de recrutement par parrai-

 La croissance poussivede la cooptation par Internet 

avec 600 clientset environ

45000 coopteurs,myjobcompany.com

parie sur la toile

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Offres d’emploi  Jeunes

diplômésen recherche*

En recherchedu premier

emploi

En recherched’un nouvel

emploi

Approche directe

Candidatures spontanéespar courrier

Approchedirecte   92 93 90

90 90 88

54 56 51

7 7 7

- - -

4 3 5

Jeunesdiplômés

en emploi**

24

37

21

1

7

10

Offresd’emploi

Réseaux

Concours

A lasuited’un stage

Autres

Sur Internet

Affichées dansun organismepour l’emploi

Transmises parl’établissementde formation

Hors Internet

Sur Internet   Candidatures spontanéessur Internet

Dépôts de CV sur Internet

Salon,forum de recrutement

Relations, réseaux,cooptation

A la suited’un stage

Autres*Concours

en %en %

Source : Apec*Cabinets de recrutement ou d’intérim, création d’entreprise, autres

*Plusieurs réponses possibles : les moyens utilisés dans la recherche d’emploi

**Une seule réponse possible : le moyen ayant permis l’accès à l’emploi

Moyensayant permis aux jeunes diplômésd’obtenir

leurpremieremploi

Moyende rechercheet d’accèsà l’emploides jeunesdiplômés

9

18

8

2

19

1   7

7

1

28

24

20

20

7

1

faveur de ces derniers, hormispour les compétences rares.

Selon Thibaut Gemignani, di-recteur général de Cadremploi, laforce des réseaux sociaux est in-contestable: «Ils organisent et vir-

tualisent les informations qui se

transmettaient auparavant orale-

ment, rendant plus puissant le ré-

seau traditionnel. Toutefois, pour 

les étudiants fraîchement diplô-

més, l’effet cooptation peut s’avé-rer limité par défaut d’environne-

ment professionnel. Le risque, c’est 

qu’ils en attendent trop et s’enfer-

ment dans une démarche pas-

sive.» Un point de vuepartagé parHymane Ben Aoun, membre duconseil d’administration du Syn-tec conseil en recrutement qui or-ganise le 14 novembre une opéra-

gramme formalisé:   «Il n’est pas

demandé aux opérationnels d’être

ou de se substituer à des recru-

teurs,  relate Franck La Pinta, res-ponsable marketing Web. Mais un

certain nombre d’entre eux contri-

buent à des groupes de discussion

sur les médias sociaux, comme

d’autres participent à nos ren-

contres avec les écoles, jouant un

rôle d’ambassadeur de notre

marque employeur, qui complète

la communication des ressources

humaines.»

Une pratique spontanéeChez Spartoo, spécialiste de la

vente de chaussures sur Internet,qui prévoit d’embaucher une

quarantaine de personnes en2014, on laisse faire la spontanéi-té:  «Nos offres d’emploi peuvent 

être diffusées par les collabora-

teurs sur les réseaux où ils sont 

 présents, mais cela se fait naturel-

lement, sans incitation particu-

lière de notre part, assure MarielleLapeyre, chargée de recrutement.Cela tient à la culture Web des sa-

lariés de Spartoo qui sont jeunes,

notre cœur de cible étant les diplô-

més entre 20 et 30 ans, ayant un

 prol international.»

Les réseaux sociaux demeu-rent encore un canal de  sourcing

(recherche de candidat) limité.Les entreprises les utilisent sur-tout comme un moyen de com-munication décalé, notammentavec les jeunes diplômés. A l’ins-tar de L’Oréal Opérations, quicherche des prols techniquespour ses sites de production:  « A

cause de la concurrence de sec-

teurs industriels prestigieux 

comme l’aérospatiale, nous de-

vons combler la méconnaissance

de nos métiers auprès des ingé-

nieurs, an d’attirer les meilleurstalents»,   souligne Grégory Ga-nier, responsable du recrute-ment. Si le marketing viral(bouche-à-oreille propre aux ré-seaux sociaux) joue son rôle, lacooptation reste sur un sillonétroit. D’autant que le rapport deforce entre recruteurs et jeunesdiplômés ne balancent guère en

tion «Coup de pouce» pour lesjeunes diplômés en recherched’emploi. Il redoute qu’avec  «ces

outils gratuits et faciles d’accès,

qui correspondent à leurs pra-

tiques collaboratives»,   certainspensent qu’une partie du cheminest fait et n’investiguent pas àfond le marchédu travail.

Mais les réseaux sociaux pro-fessionnels demandent tout au-tant d’être proactifspour être «vi-sibles», comme l’assure LaurenceBret, directrice marketing Emeade LinkedIn : « Faire remonter son

 prol dans le l d’actualité néces-

site de partager des articles et de

 participer à des groupes de discus-

sions techniques.»   Or bien sou-

vent, ces derniers estiment avoirpeu à dire, vu leur manque depratiqueprofessionnelle,constateFranck La Pinta, lorsqu’il se rendsur les campus. «Mais ils peuvent 

apporter au débat une approche

différente qui n’a rien à voir avec

l’expérience mais qui est suscep-

tible de révéler des potentialités.»

NathalieQ uéruel

Les entreprisesutiLisent surtoutLesréseauxsociauxcommeunmoyende communication

décaLé

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C

Une carrière, c’est comme un marathon.Pour aller au bout sans heurt, il faut savoirménager ses forces. Beaucoup de jeunespousses l’oublient et y laissent leur santé.

ela commence

 par des signes d’épuisement phy-

sique et émotionnel: on dort 

mal, on n’a plus d’énergie, on

 perd l’appétit. Parfois, on subit 

même des pertes de mémoire et 

de concentration,   explique le

Dr Christophe Bagot, psychiatre

spécialisé dans le stress profes-

sionnel. Puis vient une phase de

déshumanisation qui se traduit 

 par un désintérêt soudain pour 

les autres, une froideur, voire un

certain cynisme. Le risque alors,

c’est de se culpabiliser, de se dé-

 précier, et de souffrir d’un pro-

 fond sentiment d’échec. »Ce mal, qui touche, selon les

études, entre 5% et 20% de la po-

pulation au travail, n’a rien à voir

avec la dépression. Il s’agit du

burn-out. Un terme emprunté à

l’industrie spatiale où il désigne

la désintégration par surchauffe

d’un engin à court de carburant.

Décrit pour la première fois, en

1974, par le psychanalyste améri-

cain Herbert J. Freudenberger, le

sur place nous obligeait à quitter 

l’aéroport en convoi, escortés par 

des hommes en armes. Une fois

arrivés au camp de vie, nous ne

 pouvions plus sortir. C’était d’au-

tant plus éprouvant qu’il fallait,

en même temps, gérer les habi-

tudes de travail africaines: là-bas,

tout prend du temps, rien ne

marche comme on voudrait. Mais

 je voulais tellement montrer à

mon chef que je pouvais y arriver 

que j’ai continué. » Sauf qu’à force

de tirer sur la corde, Benjamin a

ni parcraquer. Il a perdu 6 kilos,

s’est détourné progressivement

de tous ses amis.   «J’avais une

boule au ventre qui me rongeait 

de l’intérieur, je n’arrivais même

 plus à sortir acheter du pain à la

boulangerie. Ma copine n’en pou-

vait plus. Au bout de quelques

mois, elle m’a quitté… Et moi, je

me suis acharné», soupire-t-il. Un

mois, deux mois, sixmois jusqu’àvraiment toucher le fond, à Noël

2009. Il lui faudra plus d’un an

ensuite pour remonter la pente.

Des histoires comme celles-là,

la psychologue Catherine Vasey

en entend tous les joursdans son

cabinet à Lausanne.   «On serine

tellement aux élèves qu’ils ne

réussiront que s’ils travaillent 

bien à l’école, que beaucoup res-

tent dans la même logique quand

syndrome d’épuisement profes-

sionnel a longtemps été associé

aux métiers d’aide et d’écoute:

enseignants, travailleurs sociaux

et surtout personnels soignants.

On sait aujourd’hui qu’il touche

tous les secteurs d’activité et

toutes les catégories socio-pro-

fessionnelles, de l’ouvrier au chef 

d’entreprise.

Les jeunes diplômés ne sont

pas épargnés. Benjamin, un

brillant ingénieur de 29 ans, en

est la preuve. «A l’issue d’un stage

de sixmoisà Bornéoen Indonésie,

Total m’a proposé, en janvier 

 2008, d’intégrer son “graduate

 program”»,   raconte cet ancien

élève de l’Ecole centrale Paris. Le

principe? Exercer trois postes

différents dans plusieurs pays

pendant six ans. «Moi qui rêvais

d’aventure, j’ai sauté sur l’occa-

sion,   reprend-il.   Mon premier 

 poste consistait à assurer des mis-

sions de trois semaines au Nige-

ria. L’insécurité qui régnait alors

Travailler plus pour  gagner…un burn-out 

«Les victimessonttoujours

des personnesdynamiques,consciencieuses

etpLeines debonnevoLonté»

Cynthia Fleury, psychanalyste

x

ils arrivent sur le marché du t

vail»,   analyse cette experte

burn-out.

Julien a payé au prix fort s

comportement « scolaire». Do

leurs dorsales, pleurs, insomni

idées noires… cet ingénieur

mécanique a connu, il y a ci

ans, une véritable descente a

enfers. «Après trois ans de bons

loyaux services chez Renau

 j’avais de bonnes évaluatio

mais j’en attendais toujours pl

explique-t-il.  Je pensais que pl

 je travaillerais, plus j’évoluer

vite.»  Résultat: il s’est brûlé ailes. Avec, à la clé, trois m

d’arrêt maladie, une hospitali

tion, puisun mi-temps thérap

tique d’un mois et demi.

«Le burn-out atteint toujo

des personnes dynamiqu

consciencieuses et pleines

bonne volonté,   constate la p

chanalyste Cynthia Fleury, p

fesseur de philosophie à l’U

versité américaine de Paris

surchargede travaiL

moyens insuffisantspour rempLirLesobjectifs,manquede reconnaissance…autantde situations

à risques

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mer les temps de pause,  regretteMarie Pezé, docteur en psycholo-gie et responsable du réseau deconsultations Souffrance et tra-vail.   Ces méthodes de manage-

ment permettent certes à la

 France d’afcher une productivité 

horaire parmi les plus élevées des

 pays industrialisés, mais aussi la

 plus forte consommation de psy-

chotropes au monde.»

burn-out, basé à Bruxelles (Bel-gique). Et d’énumérer toute unelistede situations à risque: la sur-charge de travail, des moyens in-sufsants pour remplir les objec-tifs xés dans le délai imparti, lemanque de reconnaissance, l’ab-sence de valeurs…  «Aujourd’hui,

les managersne pensent plus qu’à

mettre les salariés en concurrence,

à densier les tâches et à suppri-

Signe d’un début de prise deconscience, patronat et syndi-cats ont signé, le 19 juin, un ac-cord national interprofessionnelsur la qualité de vie au travail.Mais de là à inscrire le burn-outsur la liste des maladies profes-sionnelles, comme c’est le casdepuis 1970 au Japon, il y a ungouffre.

ElodiE ChErmann

volontaire à la cellule d’urgencemédico-psychologique de Paris. Elles ont tellement à cœur de bien

 faire qu’elles ont tendance à tout 

accepter sans rechigner.»

La personnalité de l’individun’est cependant jamais seule encause. «Il faut aussi interroger le

contexte de travail»,   insiste Pa-trick Mesters, directeur de l’Insti-tut européen de recherches sur le

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A

Dans le projet de réforme qui devrait êtreadopté avant 2014, le rachat de trimestresde cotisation pourrait être facilité pourles étudiants, les apprentis et les stagiaires.Mais à un prix qui reste dissuasif.

près la

réforme, la perspective d’une re-

traite paisible s’autodétruira...

pour les jeunes. Selon toute vrai-

semblance, la réforme des re-

traites examinée par le Sénat le

28 octobre sera votée avant Noël.

Et selon toute vraisemblance

également, les jeunes ne seront

pas à la fête.

En effet, pour toutes les per-

sonnes nées après 1973, la durée

de cotisation sera portée à qua-

rante-trois annnées. Les jeunes ne

sontdoncpas prêts de se la couler

douce, sachant qu’en plus, ils

commencent en moyenne à coti-

ser bien plus tard que leurs aînés.

Selon le rapport de Mme Yannick

Moreau, remis en juin au premier

ministre, etqui a servi debaseà laréexion du gouvernement et des

partenaires sociaux,les personnes

nées en 1978 avaient cotisé à l’âge

de 30 ans en moyenne trente et

un trimestres, contre quarante-

deux au même âge pour la géné-

ration née en 1950, soit près de

trois ans de différence.  «Alors que

l’âge moyen d’accès au premier 

emploi stable est actuellement de

 27 ans, et que la majorité des

trés chaque année concerne des

salariés de moins de 40 ans. Pour

inciter les jeunes à en proter,

l’actuelle réforme prévoit d’ins-

taurer une réduction de 1000 eu-

rospar trimestreracheté, à condi-

tion que le rachatse fasse dans les

cinq ans suivant la n des études

et dans la limite de quatre tri-

mestres au total.

Une année: 4 000 euros

Cela dit, le rachat restera cher.

Par exemple, un étudiant qui a

terminé son master à 23 ans

pourra proter de ce tarif préfé-

rentiel jusqu’à ses 27 ans. Même

en tenant compte des 1000 eu-

ros de rabais, un trimestre luicoûterait alors entre 900 et

1615 euros. «Ce dispositif est une

 fausse bonne idée car il faudrait 

tout de même que les jeunes dé-

boursent près de 4000 euros

 pour racheter une seule année:

un montant impossible à réunir 

 pour des moins de 30 ans dont le

taux d’épargne est quasi nul! »,

dénonce ainsi l’Unef. Sans comp-

ter queles incertitudes sur ce que

 jeunes n’est aujourd’hui pas en

emploi, cet allongement signie

que nous devrons attendre l’âge de

67 ans pour bénécier d’une re-

traite à taux plein»,   s’insurge le

syndicat étudiant Unef, qui dé-

nonce une «double peine».

Le gouvernement, conscient de

ces difcultés, a imaginé deux

mesures pour les amoindrir. La

première concerne la possibilité

de racheter des trimestres au titre

des années d’études supérieures,

qui existe en réalité depuis la ré-

forme des retraites menée par

François Fillon en 2003. Les étu-

diants peuvent aujourd’hui ra-

cheter jusqu’à douze trimestres

passés sur les bancs de la fac, d’un

établissement d’enseignement

supérieur, d’une école technique

supérieure, d’une grandeécole ou

en classe préparatoire, à condi-

tion que ces périodes d’études

aient débouché sur un diplôme.

Le tarif de rachat des trimestres

d’étudesvarieen fonction de l’âge

et du niveau de revenus. Par

exemple, racheter un trimestreen 2013 coûte entre 1564 et

2085 euros à 20 ans, entre 2204

et 2938 euros à 30 ans et entre

4854 et 6472 euros à 60 ans. Ces

montants élevés expliquent sans

doute que le dispositif demeure

jusqu’à présent très peu utilisé,

en particulier par les jeunes.

L’âge moyen au momentdu ra-

chat est actuellement de 55 ans et

seul 1% des 2500 rachats enregis-

 Retraite à taux plein, objectif hors de prix… pour les jeunes

Lespersonnes nées en1978 avaientcotisé31 trimestres enmoyenne à 30ans,

contre42aumêmeâgepourLa génération

née en 1950

sera devenu le système de

traites par répartition dans qu

rante ans sont énormes et qu

est impossible de garantir q

l’opération sera gagnante.

La deuxième mesure concer

plus spéciquement les appre

tis, soit 400000 jeunes actuel

ment, qui ne cotisent pas plein

ment et ne valident donc p

aujourd’hui autant de trimestr

pour leur retraite qu’ils o

cumulé de trimestres d’appre

tissage. Ce décalage sera corrigé

les apprentis pourront bénéc

d’autant de trimestres de retra

que d’apprentissage.

Enn, le gouvernement a

cemment annoncé qu’il amend

raitson textepour mieuxprend

en compte les périodes de sta

Actuellement, seuls les stages

munérés plus de 1008 euros p

mois – soit 4 % des stagiaire

peuvent valider un trimest

alors que la gratication mi

male est de 436 euros par mo

Selon l’amendement envisa

chaque trimestre de stage donnra droit à un trimestre de coti

tion, dans la limite de deux t

mestres au total. En revanche

cotisation – 300 euros par t

mestre – sera à la charge de l’é

diant. Et, comme pour les t

mestres d’apprentissage,

mesure ne sera pas rétroactive

ne concernera donc pas les stag

déjà effectués.

SébaStienDumou

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prospective

De plus en plus de Français cher-chent à donner du sens à leur parcoursprofessionnel. L’Ecole nationale de la sta-tistique et de l’administration écono-mique (Ensae) ouvre cette année une voieoriginale consacrée à la profession de«Data scientist».A qui est destinée cetteformation?

Arnak Dalalyan Les étudiants attirés parla «Data science» cherchent des métiersqui exigent des compétencestechniques etdemandent d’imaginer l’avenir, d’être créa-tifs, de chercher des applications origina-les. C’està euxde proposer auxentrepriseslestâches qui peuvent leur être utiles, et ilsont de très bonnes idées! Par ailleurs, pourceux intéressés par la recherche acadé-mique, la Data science est un domainescientique en pleine explosion. La Franceest compétitive sur ces sujets, et de nom-breuses offres de thèses sont disponibles.

Romain Aeberhardt  A l’inverse des do-maines où les problèmes sont bien bor-dés, un enjeupourle Data scientist sera deréussir à les dénir! Nous sommes trèsconants dans le potentiel de ce métier,mais son avenir repose sur ce qu’en feront

les élèves. L’Ensae propose un large éven-tail de cours techniques en informatiqueet en statistique, mais aussi des coursappliqués en économie ou en bio-statisti-que. L’idée, c’est que les étudiants expor-tent ces connaissances diverses dans lesentreprises qui n’ont pas encore cetteculture de « faire parler les données ».Comment dénir les termes

«Datascience» et«Big Data»?

AD La Data science est un domaine scien-tique interdisciplinaire qui regroupe

Arnak Dalalyanestmathématicien et professeurà l’Ensae ParisTech. Spécialistede la statistique engrandedimension, il évoqueavecRomain Aeberhardt, directeurdesétudesde l’Ensae, le futurdumétierdeData Scientist.

Arnak Dalalyan et

Romain Aeberhardt LaDatascienceregroupedesmétiers pour 

imaginer l’avenir»

toute la chaîne depuis la production et le

stockage des données jusqu’à leur ana-lyse. Il rassemble les acteurs qui récoltentles données, les informaticiens qui gèrentleur stockage, et les statisticiens qui lesanalysent et essaient d’en extraire l’infor-mation utile de la meilleure façon pos-sible. La notion de Big Data regroupe,quant à elle, une grande diversité de tech-niques et de thématiques qui s’imposentquand les méthodes conventionnelles detraitement de l’information ne marchentplus en raison de l’importance du volumedes données.Quels sont les secteurs quibénécient

de la démocratisationdes technologies

issuesduBig Data?

AD On pense naturellement à des entre-prises comme Google ou Yahoo!, qui dis-posent de grands volumes d’informa-tion, etqui ont mis en place des systèmesde stockage et des algorithmes très spé-cialisés an de faciliter l’accès aux don-nées et leur analyse. Les entreprises quisollicitent les compétences de DataScientists sont nombreuses dans le sec-teur du e-marketing: l’objectif est de ci-bler des offres promotionnelles et d’iden-tierdes clusters  au sein de leur clientèle.Typiquement, ces sociétés bénécient de

l’explosion d’informations qu’elles récol-tent à travers le Web.Unepart importante desdonnées

provient d’Internet,maisexiste-t-il

d’autres sources d’information?

RA  La prise de conscience s’est faite enpremier lieu par les données issues d’In-ternet. Cela ne veut pas dire que ce sontles seules données dont l’exploitation gé-nèrera de la valeur ajoutée! Les secteursde la banque et de l’assurance sont aussitrès intéressés par cette révolution. Dans

le secteur public, l’Institut national de la

statistique et des études économiques(Insee) utilise de plus en plus de donnéesstockées, là où par le passé il pouvait yavoir des sondages. Par exemple, les in-dices de prix à la consommation étaienthistoriquement réalisés par des enquê-teurs. Il y a, depuis quelques années, unprogramme d’utilisation des données is-sues de la numérisation des passages encaisse des produits.AD Il y a aussi l’exemple de la biologie.Lesdonnées génétiques constituent des basesmassives qui nécessitent des traitementsparticuliers. Ou encore celui des télécom-munications: en avril, SFR a été récom-pensé au Salon du Big Data, à Paris, pourson projet portant sur la création d’unebase de données à partir des communica-tions téléphoniques géolocalisées.Dansquelles directions s’orientent

les innovations, et pour quelles

applications?

RA  Les questions de mise en œuvre in-dustrielle sont désormais essentiellespour innover à partir des résultats scien-tiques. De nombreuses applications surInternet nécessitent une quasi-instanta-néité et privilégient donc les procéduresqui donnent des résultats dans un temps

court.AD En effet, jusqu’à récemment, les statis-ticiens travaillaient principalement surcertains aspects théoriques de leurs mo-dèles, indépendamment des possibilitésde mise en œuvre pratique. Aujourd’hui,l’accent est mis sur la vitesse d’exécutiondes modèles, grâce, notamment, aux tech-niques de parallélisation, dont l’objectifest de répartir le travail sur plusieurs ma-chines an de gagner du temps.

ProPos recueillis Par Nicolas saleille

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A vecun budgetserré, un planning minuté, uneminicuisineet un équipement plus quesommaire, cuisiner de bons

 petits platsne relève pas de la mission impossible», expliqueAlix Leef-Delcourt,rédactrice en chef de Aujourd’hui.com.Aprèsune description dela cuisine idéale de3 m2, l’auteurdétailleson «top 12des ingrédients économiques» avant dedonnerses idéesde menus: crumble jambon-brocoli, vacherinexpress, petitssuisses auxfruits rougespour lesplusrétifsauxquels on demanderasimplementde savoir ouvrir un petitsuisse, de laver, d’équeuteret de couperdes fraises en quatre!

La Cuisine deL’étudiantmaLin, d’Alix Leef-Delcourt, éditions

Quotidien Malin,208 pages, 6 euros.

Cuisinière émérite, auteur de livres réalisés avec des chefscélèbres, Sylvia Gabet proposeun livre de recettes de

cuisine où elle cherche «à maximiserla promesse de plaisir et à minimiserle temps,le prix,et lesdifcultéstechniquesd’approvisionnement et d’ustensiles ». A l’arrivée,cela donneun joli orilège de recettesaux «temps de préparationécourtés» à base d’œufs, «l’ingrédient idéaldes fauchés», depâtes, depoisson, des salades oudes «desserts quituent»mêlant corn-akes ou Nutella d’où n’est pas absentl’artd’accommoder les restes.   P. J.

FauChé gourmand. spéCiaLétudiant. 80 reCettes, de SylviaGabet,éditions de La Martinière, 224pages,19,90euros.

L’l-l lbl?

Les économistesne cessent de montrer 

que les délocalisationset la mondialisationdes entreprises n’expliquenqu’une part marginaledes destructions d’emploisconstate l’auteur, professed’économie à l’universitéParis-Dauphine, qui dirigele groupement de recherchinternational du CNRS-Dre(Développement desrecherches économiqueseuro-européennes). Force de constater «le divorce enles analyses optimistes des

économistes et la réalité  perçue par les populationspoursuit-il. L’ouvrages’efforce de présenterles différentes logiquesde la mondialisation, sesmécanismes et son ampleses paradoxes et ses effetssur le commerceinternational, l’emploiet l’innovation. Il analyseles réponses que lespolitiques publiquesapportent et les récentesrelocalisations industriellL’auteur conclut surune « hétérogénéité des

 pratiques de délocalisation

phénomène qui touche aules emplois qualiés derecherche & développemeoù domine «une relation dcomplémentarité plutôt qude substitution».

P

mondiaLisationet déLoCaLisationdes entreprises,de El-MouhoubMouhoud,La

 Découverte (4e édition, 1re éditioen 2005), Coll. Repèresn°413,

 128 pages,9,50 euros.

Etre jeune en 2014

Un personnage virtuel sur le site Internet Second Life consomme

1752 kilowattheures par an, soit dix fois plus qu’un Camerounais,deux fois plus qu’un Algérien et presque autant qu’un Brésilien,

explique Cécile Maisonneuse, directrice du Centre Energie de l’Institutfrançais des relations internationales (Ifri). Cet exemple souligne leparadoxe entre l’investissement de la jeunesse dans les technologies del’information (près de deux tiers des jeunes dorment avec leur portable),leur préoccupation revendiquée des enjeux environnementaux et laréalité de l’impact de l’industrie des TIC sur l’environnement. Peut-onêtre jeune, «vert» et «branché»? C’est une des multiples questionsauxquelles répond le très sérieux panorama détaillé de la jeunesse qu’aréalisé l’Ifri dans son Rapport annuel mondial sur le système économique

et les stratégies ( Ramses 2014) titré Les Jeunes : vers l’explosion?

L’ifri y aborde pour chaque continent les questions macroéconomiquesdéterminantes pour la vie des jeunes: l’emploi, la réglementationnancière, la bulle de l’endettement étudiant aux Etats-Unis, la crise dela zone euro, les promesses de l’Asie du Sud-Est, etc.  Ramses 2014 apporteaussi des réponses concrètes sur la course des talents, en analysant quelssont les Etats qui recherchent des jeunes. Enn, cet ouvrage collectif estune invitation à la réexion sur des problématiques plus sociétales,voire philosophiques comme « Les modèles d’ascension sociale enAfrique » ou « Y a-t-il davantage de conits dans un monde jeune? »Un plaisir de lecture.

Anne RodieR

ramsès 2014, rapport annuel de l’Institut français des relations internationales. « Les jeunes : versl’explosion?», sous la direction de Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges, édition Dunod,

 352 pages, 32 euros.

dx lv « b c »

Cbl Dansles pays développés, le stress

au travailprend des proportionsépidémiques», constate MichaelChaskalson, chercheur attaché

à l’université de Bangor (Pays deGalles), qui assure des programmesde formation à la méditationauprès d’entreprises et d’écolesde commerce. Considérant qu’ilexisteun bonet un mauvaisstress,il a développé uneméthodedeméditation «de pleineconscience»d’inspiration bouddhiste,«une

 forme d’attention soutenue dansl’instantprésent,à soi-même,aux autreset aumondequi nousentoure». Lesbienfaits delaméthode seraient innombrables:moins de détressepsychologique;individus plus extravertis, acceptantleurs émotions, lâchant leurs«pensées négatives» ; capacitéà

percevoir le point de vue d’autrui…Une liste miraculeuse qui« représente un solide argumentdansle mondedu travail», car, rappelleM. Chaskalson, au Royaume-Uni, parexemple, la dépression auraitentraînéen 2007-2008 «la perte de

 13,5 millions de journées de travail».Le livre propose des exercices surl’attention ou la respiration, quipermettent de favoriser la pleineconscience, an de «se libérer delatyrannie de l’autocritique»,synonyme de perte de conance. « Ilexiste une pratique méditative trèsefcace qui dure exactement uneminute, explique-t-il, quipeut êtreappliquée presque partout,même

auxtoilettes si vous n’avez pasd’autres possibilités: au lieud’observer les cyclesrespiratoires,vous lescomptez pour savoircombiende fois vous respirez en uneminute. Enle réalisantplusieursfoisdans la

 journée, les chosesse passeront mieux.» Au l des chapitres, l’auteurinciteà apprendre à ne pasréagirsans rééchir,à cultiver l’empathieet la bienveillance envers soi.

PieRRe Jullien

Méditerautravailpourconcilier

sérénité etefficacité , de MichaelChaskalson. LesArènes,272 pages,25 euros.

à l

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