ISSN 1769 - 4000 N° 10 - SOCIAL n° 4 Sur www.fntp.fr le 24 janvier 2019 – Abonnez-vous

CONTRÔLE DES

COTISATIONS SOCIALES 2019

L’essentiel

En matière de contrôle des cotisations sociales, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019 apporte quelques aménagements :

! en fixant la durée de conservation des documents nécessaires au contrôle ;

! en instaurant une possibilité de prolongation du délai de réponse à la lettre d’observations ;

! en prévoyant la possibilité d’envoyer la mise en demeure par tout moyen ;

! et en permettant une modulation des sanctions et majorations applicables en cas de redressement prononcé dans le cadre d’un travail dissimulé.

Ces nouvelles mesures entrent en vigueur le 1er janvier 2019. Toutefois, des dispositions réglementaires (décrets et arrêté) sont attendues pour apporter des précisions pour leur mise en œuvre.

Contact : social@fntp.fr

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Durée de conservation des documents en cas de contrôle______

Depuis le 1er janvier 2019, les documents ou pièces justificatives nécessaires à l’établissement de l’assiette ou au contrôle des cotisations et contributions sociales, tels que les justificatifs de frais professionnels, doivent être conservés pendant une durée au moins égale à 6 ans à compter de la date à laquelle les documents ou pièces ont été établis ou reçus.

Lorsque ces documents ou pièces sont établis ou reçus sur support papier, ils peuvent être conservés sur support informatique. Les modalités de numérisation de ces pièces et documents seront fixées ultérieurement par un arrêté ministériel.

Prolongation possible du délai de réponse à la lettre

d’observations_____________________________________________________

Pour rappel, à l’issue d’un contrôle, les agents chargés de ce contrôle doivent communiquer au représentant légal de la personne morale contrôlée leurs observations, qu’il y ait redressement ou non. À la réception de cette lettre, la personne contrôlée peut répondre aux observations dans un délai de 30 jours.

Cette durée de la période contradictoire peut être désormais prolongée sur demande du cotisant reçue par l’organisme avant l’expiration du délai initial. Toutefois, cette possibilité n’est pas permise en cas :

! de mise en œuvre de la procédure d’abus de droit ;

! ou de constat des infractions de :

o travail dissimulé ;

o marchandage ;

o prêt de main d’œuvre illicite ;

o emploi d’étranger non autorisé à travailler.

Un décret est attendu pour fixer les modalités de la demande de prolongation, ainsi que la durée maximale de celle-ci.

IMPORTANT : à compter du 1er janvier 2019, la mise en demeure précédant le recouvrement des cotisations, majorations et pénalités faisant l’objet du redressement peut être envoyée à la personne contrôlée par tout moyen donnant date certaine à sa réception, et non seulement par lettre recommandée avec accusé de réception. De cette manière, l’URSSAF pourrait envoyer au cotisant contrôlé une mise en demeure dématérialisée.

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MODULATION DES SANCTIONS EN CAS DE TRAVAIL

DISSIMULÉ_________________________________________________________

Les mesures présentées ci-dessous s’appliquent aux opérations de contrôle engagées à compter du 1er janvier 2019.

Suppression totale ou partielle des réductions et exonérations de cotisations sociales

Adaptation de l’annulation totale des réductions et exonérations de cotisations sociales

En cas de procès-verbal constatant une infraction de travail dissimulé, de prêt de main d’œuvre illicite, de marchandage ou d’emploi d’étranger non autorisé à travailleur, l’URSSAF procède, dans la limite de la prescription applicable à l’infraction, à l’annulation des réductions et exonérations des cotisations ou contributions, telles que la réduction dite « Fillon » étendue désormais aux contributions d’assurance chômage et aux cotisations de retraite complémentaire légalement obligatoires.

La distinction de calcul de l’annulation entre les cas où les rémunérations dissimulées sont inférieures au SMIC et ceux où elles sont au moins égales est supprimée, pour être remplacée par un dispositif d’annulation partielle.

Instauration d’une annulation partielle des réductions et exonérations de cotisations sociales

En dehors des cas de travail dissimulé commis en bande organisée ou à l’égard de mineurs, de plusieurs personnes ou d’une personne vulnérable, l’annulation des réductions et exonérations de cotisations de sécurité sociale ou de contributions est partielle lorsque la dissimulation d’activité ou de salarié :

! résulte uniquement de la requalification des prestations fournies à un donneur d’ordre en contrat de travail ;

! ou représente une proportion limitée de l’activité. Un décret est attendu pour déterminer les conditions dans lesquelles la dissimulation peut être considérée comme limitée, sans que la proportion de l’activité dissimulée puisse excéder 10 % de l’activité.

La proportion des réductions et exonérations annulées est alors égale au rapport entre le double des rémunérations éludées et le montant des rémunérations, soumises à cotisations de sécurité sociale, versées à l’ensemble du personnel par l’employeur, sur la période concernée, dans la limite de 100 % :

𝑚𝑜𝑛𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑟é𝑚𝑢𝑛é𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 é𝑙𝑢𝑑é𝑒𝑠 ×2𝑟é𝑚𝑢𝑛é𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑠é𝑒 𝑎𝑢 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑜𝑛𝑛𝑒𝑙 𝑝𝑒𝑛𝑑𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑝é𝑟𝑖𝑜𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑒𝑟𝑛é𝑒

= 𝑡𝑎𝑢𝑥 𝑑′𝑎𝑛𝑛𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 ≤ 100 %

IMPORTANT : les dispositions relatives à l’annulation partielle s’appliquent également aux procédures de contrôles en cours au 1er janvier 2019, ainsi qu’à toute annulation de réductions ou d’exonérations de cotisations de sécurité sociale ou de contributions n’ayant pas donné lieu à une décision de justice ayant un caractère irrévocable. Cette dérogation ne s’applique pas en cas de travail dissimulé concernant des mineurs, des personnes vulnérables ou commis en bande organisée.

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Augmentation ou réduction des majorations en cas de redressement

Pour rappel, le montant du redressement mis en recouvrement à l’issue d’un contrôle des cotisations sociales est majoré de 25 % en cas de constat d’une infraction de travail dissimulé.

Cette majoration portée à 40 % si cette infraction est commise en bande organisée, par l’emploi dissimulé d’un mineur soumis à l’obligation scolaire, à l’égard de plusieurs personnes ou d’une personne dont la vulnérabilité ou l’état de dépendance sont apparents ou connus de l’auteur.

Réduction des majorations de redressement

La personne contrôlée peut bénéficier d’une réduction de 10 points du taux de ces majorations de redressement si, dans un délai de 30 jours à compter de la notification de la mise en demeure, elle :

! procède au règlement intégral des cotisations, pénalités et majorations de retard notifiées ;

! ou a présenté un plan d’échelonnement du paiement au directeur de l’URSSAF et que ce dernier l’a accepté.

Cette réduction est notifiée par le directeur de cet organisme une fois le paiement intégral constaté, soit un taux de majoration ramené à 15 ou 30 % selon le type d’infraction de travail dissimulé commis.

Augmentation des majorations de redressement

En cas de nouvelle constatation de travail dissimulé dans les 5 ans suivant la notification d’une première constatation pour travail dissimulé ayant donné lieu à redressement auprès de la même personne morale ou physique contrôlée, la majoration de redressement est portée à :

! 45 %, lorsque la majoration de redressement prononcée lors de la constatation de la première infraction était de 25 % ;

! 60 %, lorsque la majoration de redressement prononcée lors de la constatation de la première infraction était de 40 %.

______________________________________________________________________________________ TEXTES DE REFERENCE : Loi n° 2018-1203 du 22 décembre 2018 de financement de la sécurité sociale pour 2019, JO du 23 décembre 2018

IMPORTANT : les dispositions relatives à la réduction des majorations de redressement s’appliquent aussi aux procédures de contrôles en cours au 1er janvier 2019, ainsi qu’à toute annulation de réductions ou d’exonérations de cotisations de sécurité sociale ou de contributions n’ayant pas donné lieu à une décision de justice ayant un caractère irrévocable.