cours de m. le professeur david robine

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Université Paris Nanterre Cours de M. le Professeur David ROBINE D D r r o o i i t t d d e e s s e e n n t t r r e e p p r r i i s s e e s s e e n n d d i i f f f f i i c c u u l l t t é é Travaux dirigés de Master 1 - CMA 2016-2017

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Page 1: Cours de M. le Professeur David ROBINE

Université Paris Nanterre

Cours de M. le Professeur David ROBINE

DDrrooiitt ddeess

eennttrreepprriisseess eenn ddiiffffiiccuullttéé

Travaux dirigés de Master 1 - CMA 2016-2017

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SSééaanncceess nn°° 11 PPrréésseennttaattiioonn ggéénnéérraallee dduu ddrrooiitt ddeess eennttrreepprriisseess eenn ddiiffffiiccuullttéé

NNoottiioonn ddee pprrooccéédduurree ccoolllleeccttiivvee

PPooiinnttss sseennssiibblleess ♩ Analyse des dĂ©faillances d’entreprises en France (nombre, issues
) ♩ Nature des difficultĂ©s pouvant conduire Ă  la dĂ©faillance ♩ Les fonctions du droit des entreprises en difficultĂ© ♩ L’évolution du droit des entreprises en difficultĂ© ♩ Terminologie du droit des entreprises en difficultĂ© ♩ La notion de procĂ©dure collective ♩ Le dĂ©roulement d’une procĂ©dure collective ♩ ImpĂ©rativitĂ© du droit des procĂ©dures collectives

EExxeerrcciiccee Rédigez une note de synthÚse (3 pages maximum) sur une procédure collective ayant affecté une entreprise française ou étrangÚre en vous appuyant sur des articles de presse et éventuellement des décisions de justice.

DDoocc.. nn°° 11.. RRĂ©Ă©ggiimmee dduu ccoonnttrrĂŽĂŽllee ccoonnttiinnuu - Interrogation Ă©crite lors de la 4Ăšme sĂ©ance : 15 % de la note de contrĂŽle continu ; - Galop d’essai lors de la 8Ăšme sĂ©ance (cas pratique) : 35 % de la note de contrĂŽle continu ; - Partiel de fin de semestre (cas pratique ou commentaire d’arrĂȘt) : 50 % de la note de contrĂŽle continu ; - La note de contrĂŽle continu obtenue aprĂšs application de la pondĂ©ration prĂ©citĂ©e pourra ĂȘtre modulĂ©e Ă  la hausse comme Ă  la baisse en fonction de la qualitĂ© du travail de prĂ©paration des sĂ©ances, de la participation


Le programme de chacune de ces épreuves inclura les points étudiés dans le cadre du cours magistral et ceux étudiés dans le cadre des travaux dirigés.

DDoocc.. nn°° 22.. TThhÚÚmmeess ddeess ssĂ©Ă©aanncceess ddee ttrraavvaauuxx ddiirriiggĂ©Ă©ss ‱ SĂ©ance n° 1. PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale du droit des entreprises en difficultĂ© - La notion de procĂ©dure collective. ‱ SĂ©ance n° 2. La prĂ©vention et le traitement amiable des difficultĂ©s (L’alerte. Les aides publiques. Le mandat ad hoc. La procĂ©dure de conciliation). ‱ SĂ©ances n° 3 et 4. L’ouverture de la procĂ©dure (L’entreprise. Les difficultĂ©s de l’entreprise. L’extension de procĂ©dure. Le jugement d’ouverture) - ContrĂŽle continu. ‱ SĂ©ances n° 5 et 6. La dĂ©termination du patrimoine du dĂ©biteur en difficultĂ©. ‱ SĂ©ance n° 7. La pĂ©riode d’observation. ‱ SĂ©ance n° 8. ContrĂŽle continu. ‱ SĂ©ances n° 9 et 10. La phase dĂ©finitive (Le plan de sauvegarde – Le plan de redressement – La liquidation judiciaire – Le rĂ©tablissement professionnel - La responsabilitĂ© et les sanctions). ‱ SĂ©ance n° 11. RĂ©vision.

DDoocc.. nn°° 33.. BBiibblliiooggrraapphhiiee ssoommmmaaiirree M.-L. COQUELET, Entreprises en difficulté, Instruments de paiement et de crédit, Dalloz, 5Úme éd., 2015. A. JACQUEMONT et R. VABRES, Droit des entreprises en difficulté, Litec, 9Úme éd., 2015. P.-M. LE CORRE, Droit et pratique des procédures collectives, Dalloz Action, 9Úme éd., 2016-2017. F. PEROCHON, Entreprises en difficulté, LGDJ, 10Úme éd., 2014. C. SAINT-ALARY-HOUIN, Droit des entreprises en difficulté, LGDJ, 10Úme éd., 2016. F.-X. LUCAS, Manuel de droit de la faillite, PUF, 2016.

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SSééaannccee nn°° 22

LLaa pprrĂ©Ă©vveennttiioonn eett llee ttrraaiitteemmeenntt aammiiaabbllee ddeess ddiiffffiiccuullttĂ©Ă©ss LL’’aalleerrttee –– LLeess aaiiddeess ppuubblliiqquueess –– LLee mmaannddaatt aadd hhoocc -- LLaa pprrooccĂ©Ă©dduurree ddee ccoonncciilliiaattiioonn

PPooiinnttss sseennssiibblleess ♩ L’information comptable et financiĂšre ♩ L’alerte ♩ Aides publiques et droit de la concurrence ♩ Aides publiques et responsabilitĂ© ♩ La procĂ©dure de conciliation

♩ Les conditions d’ouverture de la procĂ©dure ♩ Le dĂ©roulement et les objectifs de la conciliation ♩ L’homologation de l’accord ♩ Les effets de l’accord ♩ Le privilĂšge de la conciliation

CCoommmmeennttaaiirree dd’’aarrrrĂȘĂȘtt :: ccoommmmeenntteezz CCaassss.. ccoomm..,, 1155 ddĂ©Ă©cceemmbbrree 22001155 ((ddoocc.. nn°° 66))

DDooccuummeennttss ♩ Doc. n° 1 : Cass. com., 14 novembre 1995, Bull. civ. IV, n° 264. ♩ Doc. n° 2 : Cass. com., 15 janvier 2013, Rev. proc. coll. 2013/2 comm. 26. ♩ Doc. n° 3 : Cass. soc., 8 mars 1995, Bull. civ. V, n° 81. ♩ Doc. n° 4 : Trib. confl., 20 novembre 2006, Dr. sociĂ©tĂ©s 2007, n° 6, comm. 112. ♩ Doc. n° 5 : Cass. com., 22 septembre 2015, Act. proc. coll. 2015, n° 263. ♩ Doc. n° 6 : Cass. com., 15 dĂ©cembre 2015, Rev. sociĂ©tĂ©s 2016, p. 193. ♩ Doc. n° 7 : CA Toulouse, 10 mai 2007, JCP E 2008, 1643. ♩ Doc. n° 8 : CA Bordeaux, 24 septembre 2014, Act. proc. coll. 2015, n° 1, alerte 2.

DDoocc.. nn°° 11.. CCaassss.. ccoomm..,, 1144 nnoovveemmbbrree 11999955.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Paris, 19 fĂ©vrier 1993), rendu en matiĂšre de rĂ©fĂ©rĂ©, sur renvoi aprĂšs cassation, que M. X..., prĂ©sident du conseil d'administration de la sociĂ©tĂ© X..., a demandĂ© que M. Beaunier, commissaire aux comptes de cette sociĂ©tĂ©, soit relevĂ© de ses fonctions ; Sur le premier moyen pris en ses trois branches : Attendu que M. Beaunier reproche Ă  l'arrĂȘt d'avoir accueilli cette demande, alors, selon le pourvoi, d'une part, que le commissaire aux comptes est lĂ©galement investi d'une mission de contrĂŽle des sociĂ©tĂ©s commerciales qui comporte notamment la facultĂ© d'opĂ©rer toutes vĂ©rifications qu'il juge opportunes et celle de se faire communiquer sur place toutes les piĂšces qu'il juge utile, et ce dans l'intĂ©rĂȘt public ; qu'il ne peut ĂȘtre relevĂ© de ses fonctions qu'en cas d'empĂȘchement ou de faute ; que cette derniĂšre ne saurait ĂȘtre caractĂ©risĂ©e par le juge par voie de substitution de l'autoritĂ© judiciaire dans le pouvoir d'apprĂ©ciation du commissaire aux comptes ; qu'en dĂ©clarant qu'il avait exercĂ© ses fonctions d'une maniĂšre " impĂ©rialiste " et " intĂ©ressĂ©e " sans relever Ă  sa charge aucune violation des lois et rĂšglements gouvernant l'exercice de ses fonctions, la cour d'appel a entachĂ© sa dĂ©cision d'un excĂšs de pouvoir ainsi que d'une violation des articles 227 et 229 de la loi du 24 juillet 1966 ; alors, d'autre part, que, dans l'accomplissement d'une mission dont il est lĂ©galement investi, un agent ne saurait ĂȘtre dĂ©clarĂ© de mauvaise foi hormis l'hypothĂšse oĂč il aurait exercĂ© les pouvoirs qui lui sont attribuĂ©s dans un but Ă©tranger Ă  celui pour lequel ces pouvoirs lui ont Ă©tĂ© confĂ©rĂ©s ; qu'en se bornant Ă  dĂ©clarer qu'il aurait Ă©tĂ© animĂ© d'une volontĂ© " impĂ©rialiste " ou " intĂ©ressĂ©e " sans faire Ă©tat d'aucun fait de nature Ă  Ă©tablir qu'il aurait commis un dĂ©tournement de pouvoir la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard de l'article 227 de la loi du 24 juillet 1966 ; alors, enfin, qu'en se bornant Ă  critiquer son " comportement gĂ©nĂ©ral ", la cour d'appel qui n'a pu relever Ă  l'appui de sa dĂ©cision aucun

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fait susceptible de justifier lĂ©galement sa dĂ©cision de le relever de ses fonctions de commissaire aux comptes, a entachĂ© sa dĂ©cision de dĂ©faut de base lĂ©gale au regard de l'article 227 de la loi du 24 juillet 1966 ; Mais attendu, qu'ayant constatĂ© que M. Beaunier, qui n'avait pas Ă©tĂ© entravĂ© dans l'exercice de sa mission, avait, le 11 dĂ©cembre 1987, de façon concomitante, mis en Ɠuvre la procĂ©dure d'alerte prĂ©vue Ă  l'article 230-1 de la loi du 24 juillet 1966 en l'absence de faits de nature Ă  compromettre la continuitĂ© de l'exploitation de l'entreprise et avisĂ© le procureur de la RĂ©publique, lui adressant ensuite dix-neuf lettres au mĂȘme sujet, qu'il Ă©prouvait des difficultĂ©s dans l'accomplissement de sa mission et qu'une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale avait Ă©tĂ© fixĂ©e " dans le but de transformer brutalement et dans l'illĂ©galitĂ© la sociĂ©tĂ© anonyme en SARL afin d'Ă©chapper Ă  la prĂ©sence d'un commissaire aux comptes " et que, le ministĂšre public avait, aprĂšs enquĂȘte, classĂ© l'affaire sans suite, et qu'en outre, M. Beaunier s'Ă©tait refusĂ© Ă  Ă©tablir le rapport spĂ©cial nĂ©cessaire Ă  la transformation sociale envisagĂ©e, l'arrĂȘt retient que, s'abritant derriĂšre ses prĂ©rogatives lĂ©gales, M. Beaunier avait agi dans son intĂ©rĂȘt personnel plus que dans celui de la sociĂ©tĂ© ; qu'ayant ainsi caractĂ©risĂ© la mauvaise foi de M. Beaunier, Ă  partir de faits prĂ©cis, la cour d'appel, justifiant sa dĂ©cision, a pu statuer comme elle a fait ; d'oĂč il suit que le moyen n'est fondĂ© en aucune de ses trois branches ; Sur le deuxiĂšme moyen, pris en ses quatre branches : Attendu que M. Beaunier reproche Ă  l'arrĂȘt de l'avoir relevĂ© de ses fonctions de commissaire aux comptes, alors, selon le pourvoi, d'une part, que la sociĂ©tĂ© X... et M. X... n'avaient pas contestĂ© que l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire devant dĂ©libĂ©rer sur la transformation de la SA en SARL Ă©tait celle du 19 dĂ©cembre 1987 ; d'oĂč il suit qu'en Ă©cartant le moyen qu'il invoquait tirĂ© de l'irrĂ©gularitĂ© de la convocation de cette assemblĂ©e pour justifier son refus d'Ă©tablir le rapport prĂ©vu Ă  l'article 237 de la loi du 24 juillet 1966, au motif que cette assemblĂ©e du 19 dĂ©cembre 1987 n'a pas dĂ©libĂ©rĂ© sur une transformation de la sociĂ©tĂ©, la cour d'appel s'est fondĂ©e sur un fait Ă©tranger au dĂ©bat et a violĂ© l'article 4 du nouveau Code de procĂ©dure civile ; alors, d'autre part, qu'un commissaire aux comptes ne saurait Ă©tablir le rapport prĂ©vu Ă  l'article 237 de la loi du 24 juillet 1966 s'il ne dispose pas de document comptable qu'il juge fiable ; qu'en jugeant fautif son refus d'Ă©tablir le rapport prĂ©vu Ă  l'article 237 de la loi du 24 juillet 1966 en vue de la transformation de la SA en SARL sans rĂ©pondre au moyen qu'il avait soulevĂ© tirĂ© de l'absence de fiabilitĂ©, apprĂ©ciĂ©e au jour oĂč il devait se prononcer, des documents comptables dont il disposait, la cour d'appel a violĂ© l'article 455 du nouveau Code de procĂ©dure civile ; alors, en outre, que pour qualifier de fautif son refus d'Ă©tablir le rapport prĂ©vu Ă  l'article 237 de la loi du 24 juillet 1966, la cour d'appel s'est fondĂ©e sur le fait qu'un tel rapport a Ă©tĂ© Ă©tabli le 31 juillet 1989 sur la base du bilan Ă©tabli au 31 dĂ©cembre 1988 ; qu'en se fondant sur des documents Ă©tablis postĂ©rieurement Ă  son refus pour Ă©tablir le caractĂšre fautif de celui-ci, la cour d'appel a violĂ© les articles 237 et 227 de la loi du 24 juillet 1966 ; alors, enfin, que les commissaires aux comptes sont responsables du prĂ©judice causĂ© par le dĂ©faut d'une mention obligatoire dans les statuts ainsi que par l'omission ou l'accomplissement irrĂ©gulier d'une formalitĂ© prescrite par la loi et les rĂšglements pour transformation des sociĂ©tĂ©s, commis lors de la modification des statuts ; d'oĂč il suit qu'en jugeant fautif le refus qu'il a opposĂ© de dĂ©poser le rapport prĂ©vu Ă  l'article 237 de la loi du 24 juillet 1966 dans la perspective de la transformation de la SA en SARL alors que selon ses propres constatations cette transformation avait pour objet la suppression du commissariat aux comptes, la cour d'appel n'a pas tirĂ© les consĂ©quences lĂ©gales de ses propres constatations et a violĂ© l'article 7, alinĂ©a 2, de la loi du 24 juillet 1966 ensemble la rĂšgle fraus omnia corrumpit ; Mais attendu, en premier lieu, que si le dĂ©lai de convocation de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire n'avait pas Ă©tĂ© respectĂ©, il appartenait Ă  M. Beaunier, non de refuser d'Ă©tablir le rapport spĂ©cial, mais, pour permettre Ă  la sociĂ©tĂ© de statuer rĂ©guliĂšrement sur la proposition de transformation, d'Ă©tablir ce rapport et de le lui communiquer en l'avisant que la dĂ©cision envisagĂ©e ne pourrait ĂȘtre valablement prise que par une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale rĂ©unie Ă  une nouvelle date aprĂšs une convocation rĂ©guliĂšre ; que, par ce motif de pur droit, l'arrĂȘt se trouve justifiĂ© au regard du premier grief ; Attendu, ensuite, que M. Beaunier s'est bornĂ© Ă  conclure qu'ayant de bonnes raisons de penser que la comptabilitĂ© Ă©tant imparfaite il avait dĂ©clenchĂ© la procĂ©dure d'alerte sans soutenir que les irrĂ©gularitĂ©s qu'il soupçonnait l'empĂȘchaient de vĂ©rifier si les fonds propres de la sociĂ©tĂ© Ă©taient au moins Ă©gaux Ă  son capital social ; que la cour d'appel n'avait pas Ă  rĂ©pondre Ă  ces allĂ©gations imprĂ©cises qui ne constituent pas un moyen ; Attendu, enfin, que l'arrĂȘt relĂšve que la transformation en sociĂ©tĂ© Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e pouvait se justifier par la taille et l'activitĂ© de la sociĂ©tĂ© ; qu'ayant ainsi Ă©cartĂ© le grief de fraude, la cour d'appel a pu, abstraction faite du motif surabondant visĂ© Ă  la troisiĂšme branche, statuer comme elle a fait ; D'oĂč il suit que le moyen ne peut ĂȘtre accueilli en aucune de ses branches ; Sur le troisiĂšme moyen : (sans intĂ©rĂȘt) ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi.

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DDoocc.. nn°° 22.. CCaassss.. ccoomm..,, 1155 jjaannvviieerr 22001133.. Attendu que la question transmise est ainsi formulĂ©e dans le mĂ©moire aux fins de transmission du 18 septembre 2012 : les dispositions de l'article L. 611-2 (II) du code de commerce, dans sa rĂ©daction issue de la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises, sont-elles conformes aux principes de libertĂ© du commerce et de l'industrie, de libre concurrence et de libertĂ© d'entreprendre qui dĂ©coulent de l'article 4 de la DĂ©claration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, ainsi qu'Ă  ceux d'Ă©galitĂ© devant la loi et de sĂ©paration des pouvoirs garantis par les articles 6 et 16 de cette dĂ©claration ? Attendu que la rĂ©daction de l'article L. 611-2 (II) du code de commerce, dans la mĂȘme rĂ©daction, est la suivante : "Lorsque les dirigeants d'une sociĂ©tĂ© commerciale ne procĂšdent pas au dĂ©pĂŽt des comptes annuels dans les dĂ©lais prĂ©vus par les textes applicables, le prĂ©sident du tribunal peut leur adresser une injonction de le faire Ă  bref dĂ©lai sous astreinte. Si cette injonction n'est pas suivie d'effet dans un dĂ©lai fixĂ© par dĂ©cret en Conseil d'Etat, le prĂ©sident du tribunal peut Ă©galement faire application Ă  leur Ă©gard des dispositions du deuxiĂšme alinĂ©a du I." ; Attendu que cette disposition est applicable au litige ou Ă  la procĂ©dure, en ce que le texte critiquĂ© constitue le fondement de l'instance (RG n° 2012/004661) ouverte Ă  l'encontre des sociĂ©tĂ©s ID Bio, ID Bio dĂ©veloppement et Human Biological Banks en injonction de dĂ©poser les comptes sociaux Ă  bref dĂ©lai sous peine d'ĂȘtre condamnĂ©es Ă  payer une astreinte ; Attendu que cette disposition n'a pas dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e conforme Ă  la Constitution dans les motifs et le dispositif d'une dĂ©cision du Conseil constitutionnel ; Attendu que la question, ne portant pas sur une disposition constitutionnelle dont le Conseil constitutionnel n'aurait pas encore eu l'occasion de faire application, n'est pas nouvelle ; Et attendu que la procĂ©dure prĂ©vue par les dispositions de l'article L. 611-2 (II) du code de commerce, qui tend Ă  assurer une bonne information du prĂ©sident du tribunal de commerce, l'autorise Ă  adresser aux dirigeants d'une sociĂ©tĂ© commerciale, qui ne procĂšdent pas au dĂ©pĂŽt des comptes annuels dans les dĂ©lais prĂ©vus par les textes applicables, une injonction de le faire Ă  bref dĂ©lai sous astreinte ; que les restrictions aux principes de la libertĂ© d'entreprendre et d'Ă©galitĂ© devant la loi, qui peuvent rĂ©sulter de ce texte, rĂ©pondent Ă  un motif d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral de transparence Ă©conomique poursuivi par le lĂ©gislateur et ne portent pas une atteinte disproportionnĂ©e Ă  ces principes qui aurait pour effet d'en dĂ©naturer la portĂ©e ; qu'en outre, le texte contestĂ© offre aux dirigeants sociaux un recours en rĂ©formation ou en cassation, selon le montant de l'astreinte prononcĂ©e, Ă  l'encontre de la dĂ©cision de liquidation de celle-ci de nature Ă  garantir le respect du principe de sĂ©paration des pouvoirs ; que la question posĂ©e ne prĂ©sente donc pas de caractĂšre sĂ©rieux au regard des exigences qui s'attachent Ă  la disposition et aux principes de valeur constitutionnelle invoquĂ©s ; D'oĂč il suit qu'il n'y a pas lieu de la renvoyer au Conseil constitutionnel ; PAR CES MOTIFS : DIT N'Y AVOIR LIEU A RENVOYER au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalitĂ©

DDoocc.. nn°° 33.. CCaassss.. ssoocc..,, 88 mmaarrss 11999955.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que la sociĂ©tĂ© Brodard et Taupin a saisi le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s pour s'opposer Ă  l'engagement, par le comitĂ© d'entreprise de cette sociĂ©tĂ©, de la procĂ©dure d'alerte sur le fondement de l'article L. 432-5, alinĂ©a 1er, du Code du travail ; que la cour d'appel a dit que l'engagement par le comitĂ© d'entreprise de cette procĂ©dure d'alerte constituait un trouble manifestement illicite qu'il y avait lieu de faire cesser ; Sur le moyen unique, pris en sa premiĂšre branche : Attendu que le comitĂ© d'entreprise fait grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir ainsi statuĂ©, alors que, selon le moyen, la sociĂ©tĂ© Brodard et Taupin demandait au juge des rĂ©fĂ©rĂ©s de dire que l'engagement de la procĂ©dure d'alerte par le comitĂ© d'entreprise sur le fondement de l'article L. 432-5 du Code du travail Ă©tait infondĂ© ; qu'en dĂ©clarant y avoir lieu de faire cesser un trouble manifestement illicite, la cour d'appel a mĂ©connu les termes du litige et violĂ© l'article 4 du nouveau Code de procĂ©dure civile ; Mais attendu que la cour d'appel n'a pas excĂ©dĂ© les limites de sa saisine dĂšs lors que la sociĂ©tĂ© Brodard et Taupin avait soutenu dans ses conclusions que l'engagement par le comitĂ© d'entreprise de la procĂ©dure d'alerte constituait un trouble manifestement illicite ; que le moyen ne saurait ĂȘtre accueilli ; Mais sur le moyen unique, pris en sa derniĂšre branche : Vu l'article L. 432-5, alinĂ©a 1er, du Code du travail ; Attendu qu'aux termes de ce texte, lorsque le comitĂ© d'entreprise a connaissance de faits de nature Ă  affecter de maniĂšre prĂ©occupante la situation Ă©conomique de l'entreprise, il peut demander Ă  l'employeur de lui fournir des explications ; Attendu que, pour dire que l'engagement par le comitĂ© d'entreprise de la procĂ©dure d'alerte constituait un trouble manifestement illicite, la cour d'appel, aprĂšs avoir relevĂ© que, lors de la rĂ©union du comitĂ© d'entreprise, le prĂ©sident de celui-ci avait dĂ©clarĂ© refuser de se placer dans le cadre de l'article L. 432-5 du Code du travail, a Ă©noncĂ© d'une part, que

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la seule situation de l'atelier de composition n'Ă©tait pas de nature Ă  affecter la situation de l'entreprise, que son activitĂ© ne constituait qu'une faible partie de celle de l'entreprise et que la situation Ă©conomique de cette derniĂšre Ă©tait saine et bĂ©nĂ©ficiaire et que, d'autre part, l'engagement de la procĂ©dure d'alerte Ă©tait susceptible de nuire Ă  la rĂ©putation de l'entreprise en donnant Ă  penser qu'elle se trouvait en difficultĂ© ; Qu'en statuant ainsi, alors, qu'elle a constatĂ© que l'employeur avait refusĂ© de fournir des explications au comitĂ© d'entreprise, qui invoquait des faits qu'il estimait ĂȘtre de nature Ă  affecter de maniĂšre prĂ©occupante la situation de l'entreprise, la cour d'appel a violĂ© le texte susvisĂ© ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres branches du moyen : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 8 avril 1991, entre les parties, par la cour d'appel d'Angers ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Rennes.

DDoocc.. nn°° 44.. TTrriibb.. ccoonnffll..,, 2200 nnoovveemmbbrree 22000066 Vu la lettre par laquelle le garde des sceaux, ministre de la justice, a transmis au Tribunal le dossier de la procĂ©dure opposant MaĂźtre X..., Ăšs qualitĂ©s de liquidateur de la SEM Olympique d'AlĂšs en CĂ©vennes Ă  la commune d'AlĂšs devant le tribunal de commerce d'AlĂšs ; Vu le dĂ©clinatoire prĂ©sentĂ© le 9 juin 2005 par le prĂ©fet du Gard, tendant Ă  voir dĂ©clarer la juridiction de l'ordre judiciaire incompĂ©tente par les motifs que la qualitĂ© de gestionnaire de fait de la commune d'AlĂšs suppose une apprĂ©ciation du comportement de la collectivitĂ© locale, dont seule la juridiction administrative peut-ĂȘtre saisie ; Vu le jugement du 29 novembre 2005 par lequel le tribunal de commerce d'AlĂšs a rejetĂ© le dĂ©clinatoire de compĂ©tence ; Vu l'arrĂȘtĂ© du 22 dĂ©cembre 2005 par lequel le prĂ©fet a Ă©levĂ© le conflit ; Vu le mĂ©moire prĂ©sentĂ© pour la commune d'AlĂšs, tendant Ă  la confirmation de l'arrĂȘtĂ© de conflit ; Vu les observations prĂ©sentĂ©es par le ministre de l'intĂ©rieur, tendant Ă  l'annulation de l'arrĂȘtĂ© de conflit, pour le motif que la SEM Olympique d'AlĂšs en CĂ©vennes exerce des missions de nature industrielle et commerciale ; Vu les autres piĂšces du dossier ; Vu la loi des 16-24 aoĂ»t 1790 et le dĂ©cret du 16 fructidor an III ; Vu la loi du 24 mai 1872 ; Vu l'ordonnance du 1er juin 1828 ; Vu l'ordonnance des 12-21 mars 1831 modifiĂ©e ; Vu le dĂ©cret du 26 octobre 1849 modifiĂ© ; ConsidĂ©rant que la SociĂ©tĂ© d'Ă©conomie mixte Olympique d'AlĂšs en CĂ©vennes a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e, le 1er avril 1993, sous forme de sociĂ©tĂ© anonyme Ă  directoire et conseil de surveillance, pour gĂ©rer les activitĂ©s professionnelles et commerciales de l'association Olympique d'AlĂšs en CĂ©vennes ; que la prĂ©sidence du conseil de surveillance Ă©tait assurĂ©e par le maire de la commune d'AlĂšs, Ăšs qualitĂ©s ; que la SEM Olympique d'AlĂšs en CĂ©vennes a Ă©tĂ© placĂ©e en redressement judiciaire, le 1er avril 2003, puis en liquidation judiciaire, le 3 juin 2003 ; que la procĂ©dure collective ayant fait apparaĂźtre un passif dĂ©clarĂ© de 1 392 026,96 euros et une importante insuffisance d'actif, le liquidateur judiciaire a assignĂ© devant le tribunal de commerce les membres du directoire et la commune d'AlĂšs, demandant la condamnation solidaire de cette derniĂšre Ă  combler la totalitĂ© de l'insuffisance d'actif de la SEM Olympique d'AlĂšs en CĂ©vennes, en qualitĂ© de dirigeant de fait et en raison d'un manquement Ă  son obligation de surveillance ; ConsidĂ©rant que si la recherche de la responsabilitĂ© civile de l'Etat ou d'autres personnes morales de droit public au titre de l'exercice d'une mission de service administratif relĂšve de la compĂ©tence des tribunaux de l'ordre administratif, une telle action relĂšve de la compĂ©tence des tribunaux de l'ordre judiciaire lorsque la responsabilitĂ© de l'Etat ou de la personne morale de droit public est recherchĂ©e au titre d'une activitĂ© Ă  caractĂšre industriel ou commercial sans qu'il y ait lieu de distinguer si la collectivitĂ© publique concernĂ©e a agi en qualitĂ© de dirigeant de fait ou de droit ; ConsidĂ©rant que la SEM Olympique d'AlĂšs en CĂ©vennes, dont l'objet social comprend notamment l'organisation de manifestations sportives payantes, le recrutement et la formation des joueurs et la promotion, par tous moyens, de l'Ă©quipe professionnelle de la ville, disposait de produits d'exploitation provenant pour une large part des droits d'entrĂ©e des spectateurs, de la publicitĂ©, du " sponsoring " et des subventions de la ligue nationale de football ainsi que celles de la fĂ©dĂ©ration française de football ; que dans ces conditions cette sociĂ©tĂ© ne gĂšre pas un service public administratif ; qu'il rĂ©sulte de ce qui prĂ©cĂšde que la juridiction judiciaire est compĂ©tente pour connaĂźtre de l'action intentĂ©e par le liquidateur de la SEM Olympique d'AlĂšs en CĂ©vennes contre la commune d'AlĂšs ; qu'il y a lieu d'annuler l'arrĂȘtĂ© de conflit du prĂ©fet du Gard ;

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DDoocc.. nn°° 55.. CCaassss.. ccoomm..,, 2222 sseepptteemmbbrree 22001155.. Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Paris, 6 mars 2014), que, par ordonnance du 20 avril 2007, le prĂ©sident d'un tribunal de commerce a dĂ©signĂ© M. Y..., administrateur judiciaire, en qualitĂ© de mandataire ad hoc avec mission de nĂ©gocier des dĂ©lais de paiement entre la sociĂ©tĂ© Multiples et ses Ă©tablissements de crĂ©dit, dont la sociĂ©tĂ© CrĂ©dit du Nord (la banque) qui lui avait consenti un dĂ©couvert, garanti par le cautionnement de M. X...; qu'une procĂ©dure de redressement judiciaire ayant Ă©tĂ© ouverte Ă  l'Ă©gard de la sociĂ©tĂ© Multiples le 8 septembre 2009, puis convertie en liquidation judiciaire le 12 mars 2011, la banque a assignĂ© M. X...en paiement ; Attendu que M. X...fait grief Ă  l'arrĂȘt de rejeter des dĂ©bats l'attestation Ă©tablie par M. Y...et de le condamner Ă  payer Ă  la banque une certaine somme alors, selon le moyen : 1°/ que toute personne qui est appelĂ©e Ă  la procĂ©dure de conciliation ou Ă  un mandat ad hoc ou qui, par ses fonctions, en a connaissance est tenue Ă  la confidentialitĂ© sans qu'elle soit astreinte Ă  un secret professionnel ; qu'il s'ensuit que la confidentialitĂ© Ă  laquelle est tenue le mandataire ad hoc peut ĂȘtre levĂ©e Ă  la demande de l'entreprise bĂ©nĂ©ficiaire ou de la caution sans que le crĂ©ancier puisse s'opposer Ă  la production d'une attestation du mandataire ad hoc Ă©tablie dans l'intĂ©rĂȘt du dĂ©biteur principal et de la caution Ă  l'occasion du litige qui l'oppose Ă  une banque ; qu'en Ă©cartant des dĂ©bats l'attestation que M. Y...avait Ă©tablie dans l'accomplissement de son mandat ad hoc afin de rapporter la preuve que le CrĂ©dit du Nord s'Ă©tait opposĂ© Ă  tort au moratoire qu'il avait proposĂ© afin de permettre Ă  la sociĂ©tĂ© Multiples d'apurer son passif, tandis que tous ses autres crĂ©anciers y avaient donnĂ© leur accord, et qu'il avait ainsi prĂ©cipitĂ© la dĂ©confiture de la sociĂ©tĂ© Multiples, aprĂšs avoir affirmĂ© que M. Y..., en agissant de la sorte, aurait enfreint tant la confidentialitĂ© attachĂ©e Ă  la procĂ©dure de mandat ad hoc, et de conciliation Ă©noncĂ©e par l'article L. 611-15 du code de commerce, que le secret professionnel auquel il Ă©tait tenu, ainsi que le CrĂ©dit du Nord l'avait soutenu, la cour d'appel a violĂ© la disposition prĂ©citĂ©e ; 2°/ que le crĂ©ancier est tenu envers la caution d'un devoir de loyautĂ© ; qu'en dĂ©cidant, abstraction faite de l'attestation de M. Y...qu'elle avait Ă©cartĂ©e des dĂ©bats, qu'aucune faute n'Ă©tait imputable au CrĂ©dit du Nord qui Ă©tait libre de refuser les propositions de M. Y...en vue du rĂšglement du passif de la sociĂ©tĂ© Multiples dĂšs lors qu'elles ne prĂ©sentaient aucun caractĂšre coercitif, sans rechercher si, en l'Ă©tat de la proposition du mandataire ad hoc d'apurer le passif bancaire de la sociĂ©tĂ© Multiples par un premier acompte de 50 % de la crĂ©ance assorti d'un moratoire sur le solde, la sociĂ©tĂ© CrĂ©dit du Nord n'avait pas fait dĂ©gĂ©nĂ©rer en abus son droit de refuser la renĂ©gociation du crĂ©dit consenti Ă  la sociĂ©tĂ© cautionnĂ©e sous la forme d'une autorisation de dĂ©couvert dĂšs lors que les 17 autres crĂ©anciers de la sociĂ©tĂ© Multiples y avaient donnĂ© leur accord, en l'absence de tout abandon de crĂ©ance, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard des articles 1143, alinĂ©a 3, et 1147 du code civil ; Mais attendu, d'une part, que c'est Ă  bon droit que la cour d'appel a Ă©cartĂ© des dĂ©bats l'attestation remise Ă  la caution de la sociĂ©tĂ© dĂ©bitrice par le mandataire ad hoc de celle-ci, dans laquelle, au mĂ©pris de l'obligation de confidentialitĂ© qui le liait par application de l'article L. 611-15 du code de commerce, il stigmatisait l'attitude de la banque lors des nĂ©gociations ; Et attendu, d'autre part, qu'un crĂ©ancier appelĂ© Ă  nĂ©gocier dans le cadre d'une procĂ©dure de mandat ad hoc n'est pas tenu d'accepter les propositions du mandataire ad hoc ; qu'en retenant que la banque pouvait, sans faute de sa part, refuser son accord, la cour d'appel, qui n'avait pas Ă  effectuer la recherche inopĂ©rante invoquĂ©e par la seconde branche, a lĂ©galement justifiĂ© sa dĂ©cision ; D'oĂč il suit que le moyen n'est pas fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 66.. CCaassss.. ccoomm..,, 1155 ddĂ©Ă©cceemmbbrree 22001155.. Attendu, selon l’arrĂȘt attaquĂ©, rendu en matiĂšre de rĂ©fĂ©rĂ©, et les productions, que par ordonnances des 11 juillet et 26 septembre 2012, la Selarl FHB, prise en la personne de Mme X..., a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e mandataire ad hoc puis conciliateur des sociĂ©tĂ©s du groupe Consolis sur le fondement des articles L. 611-3 et L. 611-5 du code de commerce ; que le 18 juillet 2012, la sociĂ©tĂ© Mergermarket Limited, Ă©ditrice du site d’informations financiĂšres en ligne Debtwire, spĂ©cialisĂ© dans le suivi de l’endettement des entreprises, a publiĂ© un article commentant l’ouverture de la procĂ©dure de mandat ad hoc ; qu’elle a, par la suite, diffusĂ© divers articles rendant compte de l’évolution des procĂ©dures en cours et des nĂ©gociations engagĂ©es ; que les 23 et 24 octobre 2012, plusieurs sociĂ©tĂ©s du groupe ainsi que la Selarl FHB ont assignĂ© la sociĂ©tĂ© Mergermarket Limited devant le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s pour obtenir le retrait de l’ensemble des articles contenant des informations confidentielles les concernant, ainsi que l’interdiction de publier d’autres articles ; Sur les deuxiĂšmes moyens des pourvois, pris en leur premiĂšre branche, rĂ©digĂ©s en termes identiques, rĂ©unis : Vu l’article 10 § 2 de la Convention de sauvegarde des droits l’homme et des libertĂ©s fondamentales et l’article L. 611-15 du code de commerce ;

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Attendu qu’il rĂ©sulte du premier de ces textes que des restrictions peuvent ĂȘtre apportĂ©es par la loi Ă  la libertĂ© d’expression, dans la mesure de ce qui est nĂ©cessaire dans une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique pour protĂ©ger les droits d’autrui et empĂȘcher la divulgation d’informations confidentielles tant par la personne soumise Ă  un devoir de confidentialitĂ© que par un tiers ; que tel est le cas des informations relatives aux procĂ©dures visĂ©es par le second texte ; Attendu que pour rejeter la demande des sociĂ©tĂ©s du groupe Consolis, l’arrĂȘt retient que le fait pour la sociĂ©tĂ© Mergermarket Limited d’avoir publiĂ© des informations soumises Ă  la confidentialitĂ© par application de l’article L. 611-15 du code de commerce, qui ne crĂ©e aucune obligation Ă  son Ă©gard, ne saurait constituer, au regard des droits essentiels Ă  la libertĂ© d’informer du journaliste, une violation Ă©vidente de la loi susceptible d’ĂȘtre sanctionnĂ©e par la juridiction des rĂ©fĂ©rĂ©s ; Qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; Sur ces moyens, pris en leur deuxiĂšme branche, rĂ©digĂ©s en termes identiques, rĂ©unis : Vu l’article 10 § 2 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertĂ©s fondamentales et l’article L. 611-15 du code de commerce ; Attendu qu’il rĂ©sulte du premier de ces textes que des restrictions Ă  la libertĂ© d’expression peuvent ĂȘtre prĂ©vues par la loi, dans la mesure de ce qui est nĂ©cessaire dans une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique, pour protĂ©ger les droits d’autrui et empĂȘcher la divulgation d’informations confidentielles ; qu’il en rĂ©sulte que le caractĂšre confidentiel des procĂ©dures de prĂ©vention des difficultĂ©s des entreprises, imposĂ© par le second de ces textes pour protĂ©ger, notamment, les droits et libertĂ©s des entreprises recourant Ă  ces procĂ©dures, fait obstacle Ă  leur diffusion par voie de presse, Ă  moins qu’elle ne contribue Ă  la nĂ©cessitĂ© d’informer le public sur une question d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral ; Attendu que pour rejeter les demandes des sociĂ©tĂ©s du groupe Consolis, l’arrĂȘt retient encore que le fait pour la sociĂ©tĂ© Mergermarket Limited d’avoir publiĂ©, comme d’autres journaux spĂ©cialisĂ©s, des informations confidentielles, par application de l’article L. 611-15 du code de commerce, ne constitue pas un trouble manifestement illicite au regard de la libertĂ© d’informer du journaliste ; Qu’en se dĂ©terminant ainsi, sans rechercher si les informations diffusĂ©es, relatives Ă  la prĂ©vention des difficultĂ©s des sociĂ©tĂ©s du groupe Consolis et couvertes par la confidentialitĂ©, relevaient d’un dĂ©bat d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, la cour d’appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale ; Et sur ces moyens pris en leur troisiĂšme branche, rĂ©digĂ©s en termes identiques, rĂ©unis : Vu les articles 10 § 2 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertĂ©s fondamentales et L. 611-15 du code de commerce, ensemble l’article 873, alinĂ©a 1er, du code de procĂ©dure civile ; Attendu que pour rejeter les demandes des sociĂ©tĂ©s du groupe Consolis, l’arrĂȘt retient enfin que celles-ci ne prĂ©sentent aucune demande de rĂ©paration pĂ©cuniaire et que la procĂ©dure de mandat ad hoc s’est terminĂ©e par une conciliation courant mars 2013, de sorte qu’il n’est pas justifiĂ© d’un prĂ©judice rĂ©sultant de la diffusion des informations litigieuses et que n’est pas ainsi caractĂ©risĂ©e une violation Ă©vidente de la loi susceptible d’ĂȘtre sanctionnĂ©e par la juridiction des rĂ©fĂ©rĂ©s ; Qu’en statuant ainsi, alors que la diffusion d’informations relatives Ă  une procĂ©dure de prĂ©vention des difficultĂ©s des entreprises, couvertes par la confidentialitĂ©, sans qu’il soit Ă©tabli qu’elles contribuent Ă  l’information lĂ©gitime du public sur un dĂ©bat d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, constitue Ă  elle seule un trouble manifestement illicite, la cour d’appel, qui a ajoutĂ© Ă  la loi une condition qu’elle ne prĂ©voit pas, a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu’il rejette les exceptions d’incompĂ©tence et les fins de non-recevoir soulevĂ©es par la sociĂ©tĂ© Mergermarket Limited, l’arrĂȘt rendu le 27 novembre 2013, entre les parties, par la cour d’appel de Versailles ; remet, en consĂ©quence, sur les autres points, la cause et les parties dans l’état oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Paris ;

DDoocc.. nn°° 77.. CCAA TToouulloouussee,, 1100 mmaaii 22000077.. La SAS EBF a dĂ©posĂ© le 21 mars 2006 une dĂ©claration de TVA au titre du mois de fĂ©vrier 2006 et d'une rĂ©gularisation de l'annĂ©e passĂ©e pour un montant de 938.413 euro en joignant seulement un acompte de 8.413 euro. AprĂšs ouverture d'une procĂ©dure de conciliation, le mandataire ad'hoc de la SAS EBF a prĂ©venu le 9 mars 2006 le comptable du TrĂ©sor que toute voie d'exĂ©cution grĂšverait la trĂ©sorerie disponible et ne permettrait pas la poursuite de l'activitĂ©. Le 10 mai 2006, le comptable du TrĂ©sor a dĂ©livrĂ© prĂšs de dix avis Ă  tiers dĂ©tenteur pour obtenir le paiement de la crĂ©ance due au titre de la TVA, apprĂ©hendant ainsi une somme de 422.300, 75 euro portĂ©e sur un compte de la SOCIETE GENERALE. Par jugement du 9 juin 2006, le tribunal de commerce de Toulouse a ouvert une procĂ©dure de redressement judiciaire Ă  l'encontre de la SAS EBF et par jugement du 22 janvier 2002 ce mĂȘme tribunal a prononcĂ© la nullitĂ© des avis Ă  tiers dĂ©tenteurs dĂ©livrĂ©s par le TrĂ©sor Public postĂ©rieurement au 9 mai 2006 et condamnĂ© le comptable des impĂŽts Ă  payer Ă  la SAS EBF la somme de 5.000 euro au titre de l'article 700 du nouveau code de procĂ©dure civile et Ă  supporter les entiers dĂ©pens comprenant ceux exposĂ©s pour l'introduction de la procĂ©dure en rĂ©fĂ©rĂ©.

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Suivant dĂ©claration du 26 fĂ©vrier 2007 , le comptable de la direction gĂ©nĂ©rale des impĂŽts de Toulouse-Ouest a relevĂ© appel du jugement du tribunal de commerce du 22 janvier 2007 dont il sollicite la rĂ©formation par conclusions du 5 avril 2007 en demandant Ă  la cour de valider les avis Ă  tiers dĂ©tenteurs dĂ©livrĂ©s le 10 mai 2006 aux motifs que ne connaissant pas l'Ă©tat de cessation des paiements - qui n'Ă©tait pas avĂ©rĂ© et n'Ă©tait pas en toute hypothĂšse irrĂ©versible, le passif fiscal n'Ă©tant pas exigĂ© et l'entreprise ayant pu demander Ă  bĂ©nĂ©ficier de deux ans de dĂ©lai - il avait le droit d'engager des poursuites individuelles. Par conclusions du 14 mars 2007, la SAS EBF et Me MEQUINION, administrateur au redressement judiciaire de cette sociĂ©tĂ©, rappelant la chronologie de la procĂ©dure et soutenant que le comptable du TrĂ©sor connaissait l'Ă©tat de cessation des paiements, sollicitent la confirmation de l'ordonnance entreprise et la condamnation de l'appelant au paiement de 5.000 euro en application de l'article 700 du nouveau code de procĂ©dure civile. Par conclusions du 19 mars 2007, Me DUTOT est intervenue volontairement en faisant Ă©tat d'un jugement du 12 mars 2007 plaçant la SAS EBF en liquidation judiciaire et en approuvant les conclusions prĂ©cĂ©demment dĂ©posĂ©es par les intimĂ©s. La procĂ©dure a Ă©tĂ© communiquĂ©e au ministĂšre public. L'ordonnance de clĂŽture a Ă©tĂ© rendue le 17 avril 2007. SUR QUOI : Attendu, selon l'alinĂ©a 2 de l' article L 632-2 du code de commerce dans sa rĂ©daction issue de la loi du 26 juillet 2005 applicable Ă  la prĂ©sente espĂšce que 'tout avis Ă  tiers dĂ©tenteur, toute saisie-attribution ou toute opposition peut Ă©galement ĂȘtre annulĂ© lorsqu'il a Ă©tĂ© dĂ©livrĂ© ou pratiquĂ© par un crĂ©ancier aprĂšs la date de cessation des paiements et en connaissance de celle-ci' ; Qu'en l'espĂšce, alors que les avis Ă  tiers dĂ©tenteurs litigieux ont Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©s le 10 mai 2006, que le tribunal de commerce de Toulouse a, par jugement du 9 juin 0206, ouvert une procĂ©dure de redressement judiciaire Ă  l'encontre de la SAS EBF en fixant la date de cessation des paiements au 24 mars 2006 ; Que l'Ă©tat de cessation des paiements de la SAS EBF Ă©tait avĂ©rĂ© au plus tard le 9 mai 2006, plus de vingt jours aprĂšs l'envoi le 11 avril 2006 Ă  la SAS EBF par le comptable des impĂŽts d'une mise en demeure d'avoir Ă  rĂ©gler la somme de 930.000 euro, solde dĂ» au titre de la TVA aprĂšs Ă©mission de l'avis de mise en recouvrement de cette somme en date du 30 mars 2006 - l'actif disponible Ă©tant infĂ©rieur Ă  500.000 euro et le passif exigible et exigĂ© Ă©tant supĂ©rieur Ă  900.000 euro - ; Que selon le rapport de Me MEQUINION, mandataire ad'hoc, du 29 mai 2006 soumis au tribunal de commerce 'cette chute d'activitĂ© au cours du second semestre 2005 n'a pas permis Ă  l'entreprise de faire face Ă  ses Ă©chĂ©ances. Ainsi, un passif de 1.300.000 euro s'est crĂ©Ă© dont 930.000 euro de crĂ©ance fiscale' ; Que par lettre du 9 mai 2006, Me MEQUINION, mandataire ad'hoc, informait le comptable des impĂŽts que toutes voies d'exĂ©cution conduiraient Ă  grever la trĂ©sorerie disponible de l'entreprise et ne permettrait pas la poursuite de l'activitĂ©, l'entreprise Ă©tant alors contrainte de procĂ©der au dĂ©pĂŽt immĂ©diat d'une dĂ©claration de cessation des paiements ; Attendu que le fait que la SAS EBF ait prĂ©sentĂ© le 23 mars 2006 une requĂȘte au prĂ©sident du tribunal de commerce pour solliciter l'ouverture d'une procĂ©dure de conciliation en prĂ©cisant qu'elle n'Ă©tait pas en Ă©tat de cessation des paiements est sans incidence dĂšs lors que le tribunal de commerce a fixĂ© la date de cessation des paiements au 24 mars 2006 et que la procĂ©dure de conciliation peut ĂȘtre ouverte au bĂ©nĂ©fice d'une entreprise qui Ă©prouve des difficultĂ©s financiĂšres mais ne se trouve pas en Ă©tat de cessation des paiements depuis plus de quarante-cinq jours ; Que pareillement le fait que la SAS EBF aurait pu solliciter auprĂšs du prĂ©sident du tribunal de commerce des dĂ©lais de paiement pour apurer la dette fiscale est sans influence dans la mesure oĂč l'Ă©tat de cessation des paiements prĂ©existait Ă  la dĂ©livrance des avis Ă  tiers dĂ©tenteurs et a Ă©tĂ© constatĂ© par un jugement intervenu avant l'octroi de tout dĂ©lai, que ces avis ont Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©s alors mĂȘme qu'une demande de dĂ©lais de paiement avait Ă©tĂ© formĂ©e, selon l'accusĂ© de rĂ©ception du 25 avril 2006, devant la commission des chefs des services financiers qui l'a ultĂ©rieurement rejetĂ©e, que le passif fiscal Ă©tait exigĂ© depuis la mise en demeure du 11 avril 2006 ; Attendu que le comptable des impĂŽts qui avait Ă©tĂ© informĂ© du dĂ©pĂŽt de la requĂȘte du 23 mars 2006 aux fins d'ouverture de la procĂ©dure de conciliation, qui avait reçu avec le chĂšque d'acompte de 8.413 la lettre de la sociĂ©tĂ© EBF du 21 mars 2006 lui indiquant ne pouvoir rĂ©gler la somme de 938.413 euro et sollicitant un Ă©chĂ©ancier, qui s'Ă©tait dĂ©placĂ© dans l'entreprise le 31 mars 2006 suite Ă  un avis de passage du 22 mars 2006 en sollicitant la communication des documents relatifs Ă  la trĂ©sorerie et aux clients en mars 2006 ne pouvait ignorer lors de la dĂ©livrance des avis Ă  tiers dĂ©tenteurs que la SAS EBF Ă©tait dĂ©jĂ  en Ă©tat de cessation de paiement alors qu'il avait Ă©tĂ© informĂ© la veille par le mandataire ad'hoc que toute voie d'exĂ©cution entraĂźnerait un dĂ©pĂŽt de bilan immĂ©diat ; Qu'il convient dĂšs lors de confirmer le jugement entrepris, observation Ă©tant faite que le jugement d'ouverture du redressement judiciaire mentionne que le montant du passif dĂ©clarĂ© est de 4.379.699, 10 euro se dĂ©composant comme suit : dettes fournisseurs : 3.173.787 euro, dettes sociales : 269.958 euro, dettes fiscales 930.000 euro, dĂ©couvert bancaire

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5.954, 10 euro, les avis à tiers détenteurs ayant permis au Trésor Public de rompre l'égalité des créanciers aprÚs cessation des paiements ; Qu'au titre des frais irrépétibles exposés par la SAS EBF, Me MEQUINION es qualités et Me DUTOT, liquidateur judiciaire, il convient de condamner le comptable de la direction générale des impÎts de Toulouse-Ouest à régler 2.000 euro au titre des frais irrépétibles de premiÚre instance et 2.000 euro au titre des frais irrépétibles d'appel ; Que la partie qui succombe doit supporter les dépens ; PAR CES MOTIFS LA COUR : Donne acte à Me DUTOT, liquidateur à la liquidation judiciaire de la SAS EBF, de son intervention, Confirme le jugement entrepris à l'exception de ses dispositions relatives à l'application de l'article 700 du nouveau code de procédure civile et réformant sur ce point et y ajoutant, Condamne le Comptable de la direction générale des impÎts de Toulouse à payer à la SELARL MEQUINION es qualités et à Me DUTOT, es qualités, les sommes de 2.000 euroau titre des frais irrépétibles de premiÚre instance et celle de 2.000 euro au titre des frais irrépétibles d'appel sur le fondement de l'article 700 du nouveau code de procédure civile, Condamne le Comptable de la direction générale des impÎts de Toulouse-Ouest aux dépens, avec pour ceux d'appel, distraction au profit de la SCP MALET, avoués.

DDoocc.. nn°° 88.. CCAA BBoorrddeeaauuxx,, 2244 sseepptteemmbbrree 22001144.. Vu la procĂ©dure de liquidation judiciaire ouverte le 9 janvier 2013 par le Tribunal de commerce de Bordeaux Ă  l'encontre de la SA SOCIETE DE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX, Vu la dĂ©claration de crĂ©ance de la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale faite pour la somme de 1.232.921,93 euro au passif de la liquidation judiciaire de la SA SOCIETE DE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX par lettre du 14 janvier 2013, Vu l'ordonnance rendue le 25 mars 2013, par laquelle le juge commissaire du Tribunal de commerce de Bordeaux chargĂ© de la liquidation judiciaire de la SA SOCIETE DE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX a admis Ă  hauteur de 1.198.399,85 euro Ă  titre nantie et 3.761,04 euro Ă  titre chirographaire les crĂ©ances dĂ©clarĂ©es par la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale, Vu l'ordonnance du 25 mars 2013 du juge commissaire prĂšs le Tribunal de commerce de BORDEAUX de la liquidation judiciaire de la SA SOCIETE DE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX, Vu l'appel interjetĂ© le 5 avril 2013 par la SA SOCIETE DE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX, Vu les conclusions avec bordereau de communication de piĂšces signifiĂ©es et dĂ©posĂ©es le 29 Janvier 2014 par la SA SOCIETE DE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX, Vu les conclusions avec bordereau de communication de piĂšces signifiĂ©es et dĂ©posĂ©es le 3 fĂ©vrier 2014 par la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale, Vu la dĂ©nonciation et la signification des conclusions avec bordereau de communication Ă  la SELARL Christophe MANDON en sa qualitĂ© de liquidateur de la SA SOCIETE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX en date du 30 janvier 2014, MOTIFS DE LA DÉCISION : Sur la crĂ©ance dĂ©clarĂ©e et les pouvoirs du juge commissaire : En vertu de l'article L.624-2 du code de commerce : 'Au vu des propositions du mandataire judiciaire le juge commissaire dĂ©cide de l'admission ou du rejet des crĂ©ances ou constate soit qu'une instance est en cours, soit que la contestation ne relĂšve pas de sa compĂ©tence'. En effet, la procĂ©dure de vĂ©rification des crĂ©ances tend uniquement Ă  dĂ©terminer l'existence, le montant ou la nature de la crĂ©ance dĂ©clarĂ©e. Il s'en dĂ©duit que le juge de la vĂ©rification des crĂ©ances n'a pas le pouvoir de statuer en dehors de cette dĂ©termination. La SOCIETE DE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX (SDGB), crĂ©Ă©e en 1992, exploite sous l'enseigne ALICE MEDIA STORE des espaces dĂ©diĂ©s aux loisirs culturels (livres, beaux arts, musique et films), Ă  la vente d'articles de papeterie, et Ă  la vente de vin. ConfrontĂ©e Ă  de nouvelles difficultĂ©s financiĂšres, la SA SOCIETE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX (SDGB) se trouvait dans l'impossibilitĂ© d'honorer ses engagements consacrĂ©es par la conclusion d'une premiĂšre procĂ©dure de conciliation le 30 juin 2006 matĂ©rialisĂ©e par la signature d'un accord de conciliation homologuĂ© par le Tribunal de commerce de Paris le 3 octobre 2006. Elle Ă©tait donc conduite Ă  recourir Ă  une nouvelle conciliation, ouverte par le Tribunal de commerce de Bordeaux le 14 septembre 2007 puis prolongĂ©e par une ordonnance du 21 fĂ©vrier 2008. Le conciliateur Ă©tait M. Jean François AUBY.

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Un accord de conciliation Ă©tait signĂ© le 22 avril 2008, et homologuĂ© par le Tribunal de commerce de Bordeaux le 18 juin 2008 au terme duquel les crĂ©anciers dont la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale consentait Ă  la sociĂ©tĂ© dĂ©bitrice des abandons de crĂ©ances. Face Ă  la dĂ©gradation du marchĂ©, la SA SOCIETE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX (SDGB) sollicitait une troisiĂšme conciliation qui ne pouvait aboutir favorablement la sociĂ©tĂ© se trouvant en Ă©tat de cessation des paiements en janvier 2012. La SA SOCIETE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX (SDGB) Ă©tait donc placĂ©e en redressement judiciaire le 18 janvier 2012 par le Tribunal de commerce de Bordeaux puis en liquidation judiciaire le 9 janvier 2013. La SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale dĂ©clarait alors une crĂ©ance Ă  hauteur de 1.232.921,93 euro contestĂ©e par la sociĂ©tĂ© dĂ©bitrice en raison selon elle de la non prise en compte des remises de dettes consenties lors de la signature de la conciliation le 28 avril 2008 mais Ă©galement de nouveaux avenants signĂ©s par les parties le 15 juin 2013 qui entĂ©rinent les abandons de crĂ©ance consentis lors de la conclusion de la conciliation. En l'espĂšce, la Cour constatera que l'accord de conciliation du 28 avril 2008 homologuĂ© par jugement du Tribunal de commerce par jugement en date du 18 juin 2008 portait sur des abandons de crĂ©ance consentis par les banques crĂ©anciĂšres de la sociĂ©tĂ© SDGB dont la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale Ă  hauteur de 50% avec un taux d'intĂ©rĂȘt sur le solde restant dĂ» de 5% l'an, le solde Ă©tant remboursable en 7 ans (article 3 de l'accord de conciliation). L'accord prĂ©voit notamment au titre des causes d'exigibilitĂ© anticipĂ©e le dĂ©faut de paiement Ă  bonne date d'une Ă©chĂ©ance de tout montant en principal, intĂ©rĂȘts, frais et commissions dans son article 11. En consĂ©quence, en cas de dĂ©faut de paiement l'accord prĂ©voit l'exigibilitĂ© de plein droit sans mise en demeure prĂ©alable « de toutes les sommes dues par SDGB au titre du prĂ©sent protocole » (article 12 de l'accord). Dans son annexe 4, l'accord mentionne les crĂ©ances de la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale concernĂ©es par les abandons de crĂ©ances : prĂȘt EQUIPEA Ă  hauteur de 650.837 euro CrĂ©dit Moyen terme Ă  hauteur de 280.000 euro CrĂ©dit de trĂ©sorerie Ă  hauteur de 200.000 euro Compte courant Ă  hauteur de 84 605 euro En consĂ©quence le dĂ©faut de paiement intervenu et non contestĂ© par les parties Ă  Ă©chĂ©ance des crĂ©ances visĂ©es par l'accord de conciliation telles que mentionnĂ©es plus haut rendait lĂ©gitime celle-ci Ă  revendiquer via sa dĂ©claration de crĂ©ances du 14 janvier 2013 le paiement de la totalitĂ© des crĂ©ances du fait de la caducitĂ© des abandons de crĂ©ances. Les deux avenants du 15 juin 2008 passĂ©s entre la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale et la la SGBD (piĂšces n°12 et 13 du dossier de l'appelante) ont bien Ă©tĂ© pris en compte dans la dĂ©claration du 14 janvier 2013 (piĂšce n° 26 du dossier de l'intimĂ©e) et la sociĂ©tĂ© appelante ne rapporte pas la preuve que la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale a sur dĂ©clarĂ© ses crĂ©ances. La Cour confirmera donc la dĂ©cision dĂ©fĂ©rĂ©e sauf en ce qui concerne la crĂ©ance de la sociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale admise Ă  hauteur de 136.676,68 euro, montant manifestement erronĂ© au vu des piĂšces justificatives produites par la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale dans sa dĂ©claration du 14 janvier 2013. La demande de dĂ©signation d'un expert pour Ă©tablir un nouveau dĂ©compte des crĂ©ances de la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale formulĂ©e par l'appelante sera rejetĂ©e car sans objet. Sur l'article 700 du Code de procĂ©dure civile et les dĂ©pens : L'Ă©quitĂ© ne commande nullement d'allouer Ă  la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale comme Ă  la SA SOCIETE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX (SDGB) la moindre somme au titre de l'article 700 du Code de ProcĂ©dure Civile. Alors que SA SOCIETE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX (SDGB) succombe, les dĂ©pens constitueront des frais privilĂ©giĂ©s de procĂ©dure collective. PAR CES MOTIFS LA COUR : Statuant publiquement, Contradictoirement, Confirme la dĂ©cision dĂ©fĂ©rĂ©e sauf en ce qu'elle a fixĂ© la crĂ©ance de la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale Ă  hauteur de 136.676,68 euro Ă  titre nantie ET STATUANT A NOUVEAU : Fixe Ă  hauteur de 163.676,68 euro Ă  titre nantie la crĂ©ance de la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale Y AJOUTANT : DÉBOUTE les parties de leurs demandes d'indemnitĂ© au titre de l'article 700 du code de procĂ©dure civile, DĂ©boute la SA SOCIETE DISTRIBUTION DU GRAND BORDEAUX (SDGB) de sa demande d'expertise. DIT que les dĂ©pens constitueront des frais privilĂ©giĂ©s de procĂ©dure collective.

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SSééaanncceess nn°° 33 eett 44

LL’’oouuvveerrttuurree ddee llaa pprrooccĂ©Ă©dduurree // CCoonnttrrĂŽĂŽllee ccoonnttiinnuu LL’’eennttrreepprriissee –– LLeess ddiiffffiiccuullttĂ©Ă©ss ddee ll’’eennttrreepprriissee –– LL’’eexxtteennssiioonn ddee pprrooccĂ©Ă©dduurree –– LLee jjuuggeemmeenntt dd’’oouuvveerrttuurree

PPooiinnttss sseennssiibblleess ♩ La notion d’entreprise ♩ L’entrepreneur individuel Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e ♩ L’entrepreneur dĂ©cĂ©dĂ© ♩ L’entrepreneur retirĂ©

♩ Les difficultĂ©s insurmontables (procĂ©dure de sauvegarde) ♩ Les conditions spĂ©cifiques Ă  la sauvegarde accĂ©lĂ©rĂ©e et Ă  la sauvegarde financiĂšre accĂ©lĂ©rĂ©e ♩ La notion de cessation des paiements ♩ La preuve des difficultĂ©s Ă©prouvĂ©es

♩ La fictivitĂ© de la personne morale ♩ La confusion des patrimoines

♩ La dĂ©claration par le dĂ©biteur ♩ L’assignation par un crĂ©ancier ♩ Le tribunal compĂ©tent (y compris dans une situation internationale) ♩ Les organes de la procĂ©dure ♩ PublicitĂ© du jugement d’ouverture et voies de recours

CCaass pprraattiiqquuee La SA POLLUX, dont l’activitĂ© consiste Ă  traiter les dĂ©chets des industries polluantes de la rĂ©gion rouennaise, dĂ©cide, en juillet 2013, de crĂ©er une filiale chargĂ©e du traitement de dĂ©chets hospitaliers. Cela suppose cependant un investissement important et sa situation financiĂšre n’est pas des plus florissantes. Les dirigeants de cette sociĂ©tĂ© dĂ©cident dĂšs lors de prendre contact avec la sociĂ©tĂ© PRONET dont le siĂšge social de situe Ă  Stuttgart en Allemagne (mais dont une grande partie de la clientĂšle se trouve dans la rĂ©gion de Strasbourg) en vue de crĂ©er une « filiale commune ». Ces deux sociĂ©tĂ©s parviennent Ă  un accord sur ce projet en mai 2014. Une SAS dĂ©nommĂ©e POLLUX-MEDIC, et dont le siĂšge social se situe Ă  Strasbourg, est constituĂ©e le 5 juin suivant. Son capital est ainsi rĂ©parti : SA POLLUX : 40 % ; sociĂ©tĂ© PRONET : 40 % ; autres actionnaires 20 %. Par ailleurs, une banque, le CREDIT DE NANTERRE (le CDN) a octroyĂ© Ă  la SAS un prĂȘt de 175 000 € dont la sociĂ©tĂ© PRONET a garanti le remboursement en se portant garant Ă  premiĂšre demande. L’activitĂ© de la SAS POLLUX-MEDIC se dĂ©veloppe de façon satisfaisante jusqu’à ce que, en mai 2016, une association rĂ©vĂšle que cette sociĂ©tĂ© a choisi, pour pratiquer des tarifs particuliĂšrement bas, d’exporter des dĂ©chets qu’elle traite dans un Etat peu soucieux des normes environnementales. L’affaire fait grand bruit et les clients de cette sociĂ©tĂ© s’en dĂ©tournent peu Ă  peu. A compter de ce moment la situation financiĂšre de la SAS POLLUX-MEDIC se dĂ©grade et elle ne peut payer tous ses crĂ©anciers au cours de l’étĂ© suivant. Son prĂ©sident, M. LEBOS, cherche alors Ă  obtenir l’aide des actionnaires. La SA POLLUX ne peut cependant lui ĂȘtre d’aucun secours car elle connait de graves difficultĂ©s financiĂšres et elle a dĂ©jĂ  mis plusieurs de ses salariĂ©s Ă  la disposition de sa filiale. M. LEBOS se tourne alors vers la sociĂ©tĂ© PRONET qui accepte de lui accorder un prĂȘt sans intĂ©rĂȘt de 300 000 €. Un remboursement sur 30 mois est initialement prĂ©vu mais, dans les jours qui suivent la remise des fonds, la sociĂ©tĂ© prĂȘteuse renonce finalement Ă  tout remboursement. M. LEBOS dĂ©cide d’employer une partie de ces fonds dans une campagne publicitaire. Malheureusement, cette campagne n’a aucun effet et n’amĂ©liore, ni les relations de la SAS avec ses clients, ni sa situation financiĂšre. La SAS POLLUX-MEDIC s’est nĂ©anmoins acquittĂ©e, grĂące au concours de la sociĂ©tĂ© PRONET, de l’ensemble des Ă©chĂ©ances de remboursement de son emprunt envers le CDN de juin Ă  dĂ©cembre 2016 inclus. En revanche elle n’a pas rĂ©pondu au courrier de la banque en date du 20 janvier dernier lui rĂ©clamant le paiement de l’échĂ©ance du 10 de ce mois. Les difficultĂ©s de la SA POLLUX se sont Ă©galement aggravĂ©es. Elle est en Ă©tat de cessation des paiements depuis deux mois et son activitĂ© est aujourd’hui trĂšs rĂ©duite. Qu’auriez-vous conseillĂ© Ă  M. LEBOS s’il Ă©tait venu vous consulter au dĂ©but du mois de juin 2016 sur les moyens de remĂ©dier aux difficultĂ©s de l’entreprise (Ă©tant prĂ©cisĂ© que M. LEBOS se soucie Ă©galement du sort de la sociĂ©tĂ© PRONET en tant que garant) ? Analysez les situations aujourd’hui des sociĂ©tĂ©s POLLUX, POLLUX-MEDIC et PRONET et indiquez si ces sociĂ©tĂ©s doivent/peuvent faire l’objet d’une procĂ©dure collective en tentant de dĂ©terminer, le cas Ă©chĂ©ant, la procĂ©dure susceptible d’ĂȘtre ouverte et le tribunal compĂ©tent.

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DDooccuummeennttss ♩ Doc. n° 1 : Cass. com., 19 fĂ©vrier 2002, D. 2002, p. 2523. ♩ Doc. n° 2 : Cass. civ. 2Ăšme, 13 octobre 2016, D. 2016 p. 2602. ♩ Doc. n° 3 : Cass. civ. 2Ăšme, 5 dĂ©cembre 2013, JCP G 2014, 96. ♩ Doc. n° 4 : Cass. com., 9 fĂ©vrier 2010, D. 2010, p. 434. ♩ Doc. n° 5 : CA Riom, 8 octobre 2014, Act. proc. coll. 2014, n° 20, alerte 346. ♩ Doc. n° 6 : Cass. com., 12 juillet 2016, Rev. sociĂ©tĂ©s 2016, p. 553. ♩ Doc. n° 7 : Cass. com., 8 mars 2011, JCP E 2011, 1215. ♩ Doc. n° 8 : Cass. com., 27 fĂ©vrier 2007, D. 2007, p. 872. ♩ Doc. n° 9 : Cass. com., 25 fĂ©vrier 1997, D. aff., 1997, n° 15, p. 485. ♩ Doc. n° 10 : Cass. com., 19 fĂ©vrier 2002, JCP G 2002, I, n° 174. ♩ Doc. n° 11 : Cass. com., 16 juin 2015, D. 2015, p. 1366. ♩ Doc. n° 12 : Cass. com., 28 septembre 2004, Rev. sociĂ©tĂ©s 2005, p. 459. ♩ Doc. n° 13 : Cass. com., 19 avril 2005, Rev. sociĂ©tĂ©s 2005, p. 897. ♩ Doc. n° 14 : Cass. civ. 1Ăšre, 19 novembre 2002, JCP G 2002, II, 10201. ♩ Doc. n° 15 : CJUE, 15 dĂ©cembre 2011, D. 2012, p. 403. ♩ Doc. n° 16 : Cass. com., 1er octobre 1997, JCP E 1998, 469. ♩ Doc. n° 17 : Cass. com., 15 novembre 2016, D. 2016, p. 2333.

DDoocc.. nn°° 11.. CCaassss.. ccoomm..,, 1199 ffĂ©Ă©vvrriieerr 22000022.. Sur le moyen relevĂ© d'office aprĂšs avertissement donnĂ© aux parties : Vu l'article 6 de la loi du 13 juillet 1967 et les articles 2 et 3 de la loi du 25 janvier 1985, devenus les articles L. 620-2 et L. 621-1 du Code de commerce ; Attendu que le principe d'unitĂ© du patrimoine des personnes juridiques interdit l'ouverture de deux procĂ©dures collectives contre un seul dĂ©biteur, mĂȘme si celui-ci exerce des activitĂ©s distinctes ou exploite plusieurs fonds ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que M. X..., entrepreneur de travaux publics et de parcs et jardins, a Ă©tĂ© mis en rĂšglement judiciaire le 26 octobre 1973, cette procĂ©dure n'ayant pas Ă©tĂ© clĂŽturĂ©e ; que le 20 mars 1987, il a Ă©tĂ© mis en redressement judiciaire pour des activitĂ©s commerciales exercĂ©es postĂ©rieurement Ă  sa mise en rĂšglement judiciaire, cette procĂ©dure Ă©tant Ă©tendue Ă  diffĂ©rentes sociĂ©tĂ©s puis convertie le 29 juillet 1988 en liquidation judiciaire ; que sur demande de la Caisse de mutualitĂ© sociale agricole des Bouches-du-RhĂŽne, le tribunal a prononcĂ©, par jugement du 22 mars 1993, le redressement judiciaire de M. Y..., pris en qualitĂ© d'exploitant agricole ; que la cour d'appel a confirmĂ© cette dĂ©cision ; Attendu que pour ouvrir le second redressement judiciaire de M. Y..., l'arrĂȘt retient que dans leurs Ă©critures les parties admettent implicitement que le principe de l'unicitĂ© du patrimoine d'une personne physique ne fait pas obstacle Ă  l'ouverture d'une procĂ©dure collective distincte Ă  l'encontre de M. Y... pour ses activitĂ©s agricoles soumises Ă  un rĂ©gime d'apurement collectif du passif en partie spĂ©cifique et ce alors mĂȘme que de telles activitĂ©s agricoles sont postĂ©rieures aux activitĂ©s commerciales de l'appelant qui ont donnĂ© lieu aux deux prĂ©cĂ©dentes procĂ©dures collectives ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'elle constatait que la procĂ©dure de rĂšglement judiciaire ouverte contre M. Y... Ă©tait toujours en cours, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; Et attendu qu'en application de l'article 627, alinĂ©a 2, du nouveau Code de procĂ©dure civile, la Cour est en mesure, en cassant sans renvoi, de mettre fin au litige par application de la rĂšgle de droit appropriĂ©e ; Par ces motifs, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les moyens du pourvoi : CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il a dĂ©clarĂ© recevable l'appel de M. Y..., l'arrĂȘt rendu le 3 octobre 1996, entre les parties, par la cour d'appel d'Aix-en-Provence ; DIT n'y avoir lieu Ă  renvoi ;

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DDoocc.. nn°° 22.. CCaassss.. cciivv.. 22ÚÚmmee,, 1133 ooccttoobbrree 22001166.. Sur le moyen unique : Vu l'article L. 333-3 du code de la consommation, ensemble les articles L. 223-1, L. 631-2 et L. 640-2 du code de commerce ; Attendu, selon le jugement attaquĂ©, rendu en dernier ressort, que M. X... a saisi une commission de surendettement des particuliers d'une demande de traitement de sa situation financiĂšre ; que la sociĂ©tĂ© CrĂ©dit mutuel Sud-Est (la banque) a formĂ© un recours contre la dĂ©cision de la commission qui a dĂ©clarĂ© sa demande recevable ; Attendu que, pour dĂ©clarer irrecevable la demande de traitement formĂ©e par M. X..., le juge du tribunal d'instance retient que M. X... exploite directement une EURL et, qu'Ă©tant associĂ© unique et dirigeant de fait de cette sociĂ©tĂ© commerciale inscrite au registre du commerce et des sociĂ©tĂ©s, il rĂ©alise des actes de commerce ; Qu'en statuant ainsi, alors que la seule qualitĂ© d'associĂ© unique et de gĂ©rant d'une entreprise unipersonnelle Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e ne suffit pas Ă  faire relever la personne concernĂ©e du rĂ©gime des procĂ©dures collectives et Ă  l'exclure du champ d'application des dispositions du code de la consommation relatives au surendettement des particuliers, le jugement a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, le jugement rendu le 7 juillet 2015, entre les parties, par le juge du tribunal d'instance de Belley ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit jugement et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant le juge du tribunal d'instance de Bourg-en-Bresse ; DDoocc.. nn°° 33.. CCaassss.. cciivv.. 22ÚÚmmee 55 ddĂ©Ă©cceemmbbrree 22001133.. Sur le moyen unique, aprĂšs avis de la chambre commerciale en application de l'article 1015-1 du code de procĂ©dure civile : Attendu, selon le jugement attaquĂ© rendu en dernier ressort (juge de l'exĂ©cution, tribunal d'instance de Bayonne, 17 juin 2011), que M. et Mme X..., qui se sont portĂ©s cautions solidaires d'un prĂȘt consenti Ă  la sociĂ©tĂ© en nom collectif dont ils Ă©taient les associĂ©s gĂ©rants, ont saisi une commission de surendettement d'une demande de traitement de leur situation de surendettement ; qu'un crĂ©ancier a contestĂ© la dĂ©cision de la commission ayant dĂ©clarĂ© leur demande recevable ; Attendu que M. et Mme X... font grief au jugement de les dĂ©clarer irrecevables Ă  saisir la commission de surendettement alors, selon le moyen, que la procĂ©dure de traitement du surendettement bĂ©nĂ©ficie sans restriction Ă  la caution personne physique dont l'engagement garantit le paiement de dettes professionnelles, nĂ©es notamment de l'activitĂ© d'une sociĂ©tĂ© ; qu'en l'espĂšce, pour dĂ©clarer irrecevable la demande des dĂ©biteurs tendant au bĂ©nĂ©fice du traitement de leur surendettement, le jugement attaquĂ© a retenu que leur engagement de caution souscrit au profit d'une sociĂ©tĂ© Ă©tait affĂ©rent Ă  une opĂ©ration professionnelle ; qu'en statuant de la sorte, le juge de l'exĂ©cution a violĂ© l'article L. 330-1 du code de la consommation dans sa rĂ©daction issue de la loi n° 2008-776 du 4 aoĂ»t 2008 ; Mais attendu que les associĂ©s gĂ©rants d'une sociĂ©tĂ© en nom collectif qui ont de droit la qualitĂ© de commerçants sont rĂ©putĂ©s exercer une activitĂ© commerciale au sens des articles L. 631-2 et L. 640-2 du code de commerce qui disposent, dans leur rĂ©daction issue de l'ordonnance n° 2008-1345 du 18 dĂ©cembre 2008, que les procĂ©dures de redressement et liquidation judiciaires sont applicables Ă  "toutes personnes exerçant une activitĂ© commerciale ou artisanale" ; qu'il s'ensuit qu'en application de l'article L 333-1 du code de la consommation, ils sont exclus du bĂ©nĂ©fice des dispositions relatives au surendettement des particuliers ; Que par ce motif de pur droit, substituĂ© Ă  ceux critiquĂ©s, la dĂ©cision d'irrecevabilitĂ© se trouve lĂ©galement justifiĂ©e ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ; DDoocc.. nn°° 44.. CCaassss.. ccoomm..,, 99 ffĂ©Ă©vvrriieerr 22001100.. Sur le moyen unique, aprĂšs avertissement dĂ©livrĂ© aux parties : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Paris, 11 mars 2008), que M. X..., qui exerçait individuellement la profession d'avocat depuis 1977, a constituĂ© en 2005 la SELARL d'avocats Cabinet Michelet (la SELARL) ; que se prĂ©valant d'une crĂ©ance de 277 510 euros reprĂ©sentant des sommes facturĂ©es Ă  ses clients au titre de la TVA et non reversĂ©es Ă  l'administration des impĂŽts, lors de son exercice professionnel individuel, le chef de service comptable du service des impĂŽts des entreprises de Paris 7e Gros Caillou Varenne (le comptable des impĂŽts) a, par acte du 25 juin 2007, assignĂ© M. X... en liquidation judiciaire ; Attendu que le comptable des impĂŽts fait grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir rejetĂ© sa demande, alors, selon le moyen, que la cour d'appel a rappelĂ© que l'assignation visait M. X..., avocat, et non pas la SELARL ; qu'elle a considĂ©rĂ© que M. X... Ă©tait

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dĂ©biteur Ă  l'Ă©gard du comptable des impĂŽts d'une somme de 277 510 euros au titre de son activitĂ© individuelle ; qu'en relevant elle-mĂȘme que M. X... demeurait inscrit au tableau de l'ordre des avocats du barreau de Paris et qu'il n'avait pas cessĂ© son activitĂ© professionnelle d'avocat lorsqu'il avait crĂ©Ă© la SELARL, de sorte qu'on ne pouvait opposer au crĂ©ancier poursuivant l'expiration du dĂ©lai d'un an visĂ© Ă  l'article L. 631-5 du code de commerce, tout en constatant que le comptable ne pouvait assigner l'intĂ©ressĂ© en liquidation judiciaire au titre des crĂ©ances nĂ©es de son activitĂ© individuelle d'avocat dans la mesure oĂč, Ă  la date d'assignation, il exerçait sa profession au sein d'une SELARL, la cour d'appel n'a pas tirĂ© les consĂ©quences lĂ©gales de ses constatations et a violĂ© les articles L. 631-5, L. 640-2 et L. 640-5 du code de commerce ; Mais attendu que l'avocat, qui a cessĂ© d' exercer son activitĂ© Ă  titre individuel pour devenir associĂ© d'une sociĂ©tĂ© d'exercice libĂ©ral, n'agit plus en son nom propre mais exerce ses fonctions au nom de la sociĂ©tĂ© ; qu'il cesse dĂšs lors d'exercer une activitĂ© professionnelle indĂ©pendante au sens de l'article L. 640-2 du code de commerce ; que le tribunal peut ouvrir Ă  son Ă©gard une procĂ©dure de liquidation judiciaire aprĂšs cette cessation d'activitĂ©, lorsque tout ou partie du passif provient de l'activitĂ© professionnelle antĂ©rieure ; que toutefois, si la procĂ©dure est ouverte sur l'assignation d'un crĂ©ancier, cette derniĂšre doit intervenir dans le dĂ©lai d'un an Ă  compter de la cessation de l'activitĂ© individuelle ; Attendu qu'ayant relevĂ© que la SELARL a Ă©tĂ© immatriculĂ©e au registre du commerce et des sociĂ©tĂ©s le 11 janvier 2005, l'arrĂȘt retient que M. X..., depuis cette date, n'agit plus en son nom propre mais exerce les fonctions d'avocat au nom de la sociĂ©tĂ©, qu'il en dĂ©duit exactement, que ce dernier n'exploite plus pour son propre compte une entreprise libĂ©rale ; Et attendu que M. X... ayant cessĂ© d'exploiter, en son nom propre, une activitĂ© indĂ©pendante , au sens des articles L. 640-2 et suivants du code de commerce, Ă  compter de l'immatriculation de la SELARL au registre du commerce le 11 janvier 2005, le comptable des impĂŽts, qui l'a assignĂ© en liquidation judiciaire le 25 juin 2007, Ă©tait irrecevable en sa demande ; que ce motif de pur droit rend le moyen sans portĂ©e ; D'oĂč il suit que le moyen ne peut ĂȘtre accueilli ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ; DDoocc.. nn°° 55.. CCAA RRiioomm,, 88 ooccttoobbrree 22001144.. Vu l'ordonnance rendue le 20 mars 2014 par la premiĂšre prĂ©sidente de la Cour d'appel de Riom ; Vu les conclusions du ministĂšre public en date du 23 avril 2014 dĂ»ment communiquĂ©es aux parties qui ont eu la possibilitĂ© d'y rĂ©pondre utilement ; DEBATS : A l'audience publique du 19 juin 2014, la Cour a mis l'affaire en dĂ©libĂ©rĂ© au 08 octobre 2014 l'arrĂȘt a Ă©tĂ© prononcĂ© publiquement conformĂ©ment Ă  l'article 452 du code de procĂ©dure civile : FAITS, PROCEDURE ET PRETENTIONS DES PARTIES Monsieur Claude S. a Ă©tĂ© immatriculĂ© au rĂ©pertoire des mĂ©tiers Ă  compter du 2 juillet 2002 au titre d'une activitĂ© d'artisan Ă©lectricien. Trois de ses salariĂ©s l'ont poursuivi devant le conseil des prud'hommes de VICHY afin d'obtenir sa condamnation au paiement de rappels de salaires, congĂ©s payĂ©s et dommages intĂ©rĂȘts. Par arrĂȘt dĂ©finitif du 15 mars 2011 de la chambre sociale de la cour d'appel de RIOM, Monsieur S. a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  verser diverses indemnitĂ©s Ă  ses salariĂ©s. Le 15 fĂ©vrier 2012, Monsieur S. dĂ©posait une dĂ©claration auprĂšs de la Chambre des mĂ©tiers de Moulins aux fins de transformation de son entreprise individuelle en entreprise individuelle Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e (EIRL). N'ayant pu obtenir le paiement de leurs crĂ©ances sur la base du titre prĂ©citĂ©, Messieurs V. et B. et Madame S. venant aux droits de son fils dĂ©cĂ©dĂ© Monsieur M., ont fait assigner Monsieur S. devant le tribunal de commerce de Cusset par acte du 25 novembre 2013, aux fins de voir ouvrir une procĂ©dure de redressement judiciaire Ă  son Ă©gard. Par jugement du 17 dĂ©cembre 2013, le tribunal de commerce de Cusset a : - prononcĂ© une mesure de redressement judiciaire Ă  l'encontre de Monsieur S., - fixĂ© la date de cessation des paiements au 1er juillet 2012, - dĂ©signĂ© en qualitĂ© de mandataire judiciaire MaĂźtre R., - ordonnĂ© l'exĂ©cution provisoire du jugement. Monsieur S. a allĂ©guĂ© que la forclusion de l'action des salariĂ©s serait acquise au motif qu'il aurait cessĂ© son activitĂ© depuis plus d'un an ; le tribunal a Ă©cartĂ© la forclusion de l'action prĂ©vue par l'article L 631-5 du code de commerce, en observant que l'exercice en EIRL n'emporte pas crĂ©ation d'une personne juridique diffĂ©rente et qu'en consĂ©quence, Monsieur S. a poursuivi, certes sous une forme juridique diffĂ©rente, son activitĂ© artisanale. Monsieur S. a interjetĂ© appel de ce jugement par dĂ©claration au greffe du 8 janvier 2014.

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AntĂ©rieurement et par jugement du 3 septembre 2013, le tribunal de commerce de Cusset a ouvert une procĂ©dure de liquidation judiciaire de l'EIRL S. Par ordonnance du 20 mars 2014, la premiĂšre prĂ©sidente de la cour d'appel de Riom a rejetĂ© la demande d'arrĂȘt de l'exĂ©cution provisoire prĂ©sentĂ©e par Monsieur S.. Par conclusions du 1eravril 2014, Monsieur S. demande de : - rĂ©former le jugement rendu, - constater qu'il a Ă©tĂ© fait un amalgame entre Monsieur S. entrepreneur individuel et la transformation en EIRL CMS, - constater que Messieurs V., B. et Madame S. Ăšs qualitĂ© d'hĂ©ritiĂšre de Monsieur M. sont forclos dans la mesure oĂč la procĂ©dure aurait dĂ» ĂȘtre engagĂ©e au plus tard le 1er janvier 2013, - dĂ©bouter Messieurs V., B. et Madame S. Ăšs qualitĂ© d'hĂ©ritiĂšre de Monsieur M. de leurs demandes, - condamner solidairement Messieurs V., B. et Madame S. Ăšs qualitĂ© d'hĂ©ritiĂšre de Monsieur M. Ă  payer Ă  Monsieur S. la somme de 1500 euro au titre de l'article 700 du code de procĂ©dure civile et aux dĂ©pens. Monsieur S. maintient qu'il n'exerçait plus d'activitĂ© artisanale Ă  titre personnel Ă  compter de fĂ©vrier 2012 et qu'il ne peut ĂȘtre placĂ© en redressement judiciaire. Messieurs V., B. et Madame S. Ăšs qualitĂ© d'hĂ©ritiĂšre de Monsieur M. par conclusions du 19 mars 2014 demandent de : - confirmer le jugement entrepris, en ce qu'il a prononcĂ© le redressement judiciaire de Monsieur S., Ă  titre subsidiaire - Ă©tendre Ă  Monsieur Claude S. la procĂ©dure de liquidation judiciaire prononcĂ©e par le tribunal de commerce de CUSSET Ă  l'encontre de l'EIRL S., - condamner Monsieur S. Ă  payer Ă  Messieurs V., B. et Madame S. es qualitĂ© d'hĂ©ritiĂšre de Monsieur M. la somme de 1200 euro au titre de l'article 700 du code de procĂ©dure civile. Par conclusions du 23 avril 2014, MaĂźtre R. Ăšs qualitĂ© de mandataire judiciaire de Monsieur S. demande de dĂ©bouter Monsieur S. de ses demandes et de confirmer le jugement rendu par le tribunal de commerce de Cusset. Il souligne que la crĂ©ance des trois salariĂ©s ayant assignĂ© Monsieur S. en liquidation judiciaire est antĂ©rieure Ă  sa transformation d'entreprise individuelle en EURL, que si monsieur S. a dans le cadre de la crĂ©ation de son EURL en fĂ©vrier 2012 dĂ©posĂ© une dĂ©claration de patrimoine d'affectation, cette crĂ©ation d'un patrimoine d'affectation n'est opposable aux crĂ©anciers antĂ©rieurs que sous condition que la dĂ©claration mentionne expressĂ©ment son opposabilitĂ© aux crĂ©anciers antĂ©rieurs ce qui n'est pas le cas, et que lors de la crĂ©ation du patrimoine d'affectation, chaque crĂ©ancier antĂ©rieur soit informĂ© individuellement de la constitution du patrimoine affectĂ© ainsi que de son droit d'opposition. Monsieur R. souligne la mauvaise foi de Monsieur S. qui manifeste une volontĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e de bloquer la procĂ©dure de redressement judiciaire dont il fait l'objet. Le ministĂšre public conclut Ă  la confirmation du jugement. L'ordonnance de clĂŽture a Ă©tĂ© rendue le 12 juin 2014. MOTIVATION Aux termes de l'article L 631-5 du code de commerce, la procĂ©dure de redressement judiciaire peut ĂȘtre ouverte sur l'assignation d'un crĂ©ancier ; toutefois lorsque le dĂ©biteur a cessĂ© son activitĂ© professionnelle, cette assignation doit intervenir dans le dĂ©lai d'un an Ă  compter de la cessation d'activitĂ©. En l'espĂšce, contrairement Ă  ce qu'il soutient, Monsieur S. , artisan exerçant Ă  titre personnel n'a pas cessĂ© son activitĂ© professionnelle le 14 fĂ©vrier 2012, en s'immatriculant en qualitĂ© d'entrepreneur individuel Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e, dans les conditions prĂ©vues par l'article L 526-6 du code de commerce, et en poursuivant son activitĂ© personnelle d'artisan Ă©lectricien. La forclusion de l'action en ouverture d'une procĂ©dure de redressement judiciaire engagĂ©e par les anciens salariĂ©s de Monsieur S. par exploit du 25 novembre 2013 n'est pas encourue et la demande est par consĂ©quent recevable. Il sera observĂ© que Monsieur S. ne relĂšve aucun moyen relatif Ă  la dĂ©claration d'affectation de son patrimoine Ă  son activitĂ© professionnelle faite concomitamment Ă  la transformation de son entreprise individuelle en entreprise individuelle Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e et qu'en tout Ă©tat de cause, comme le soutient MaĂźtre R., cette dĂ©claration n' est pas opposable Ă  ses anciens salariĂ©s dĂšs lors qu'elle n'est pas conforme aux conditions posĂ©es par l'article L 526-12 du code de commerce. Les crĂ©ances de Messieurs V., B. et Madame S. Ăšs qualitĂ© d'hĂ©ritiĂšre de Monsieur M. sont certaines liquides et exigibles ; elles n'ont pas Ă©tĂ© rĂ©glĂ©es par Monsieur S. personnellement (ni par l'EIRL CMS) ; l'entreprise individuelle de Monsieur S. n'a plus d'activitĂ©, ni non plus l'EIRL CMS qui a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e en liquidation judiciaire par jugement du tribunal de commerce de Cusset du du 3 septembre 2013 ; Monsieur S., est dans l'impossibilitĂ© de rĂ©gler sa dette envers ses anciens salariĂ©s avec l'actif dont il dispose, il n'a d'ailleurs pas prĂ©sentĂ© d'observations au fond sur la fixation par le tribunal de commerce de l'Ă©tat de cessation des paiements au 1er juillet 2012.

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Le jugement rendu le 17 dĂ©cembre 2013 par le tribunal de commerce de Cusset qui a prononcĂ© l'ouverture de la procĂ©dure de redressement judiciaire Ă  l'encontre de Monsieur Rabah Claude S. sera confirmĂ© en toutes ses dispositions. Monsieur S. sera dĂ©boutĂ© de l'ensemble de ses demandes et condamnĂ© aux dĂ©pens d'appel. Monsieur S. sera condamnĂ© Ă  payer la somme de 1200 euro soit 400 euro chacun Ă  Monsieur B., Monsieur V. et Ă  Madame S. Ăšs qualitĂ©, au titre de l'article 700 du code de procĂ©dure civile. PAR CES MOTIFS La Cour, statuant publiquement par arrĂȘt contradictoire, en dernier ressort et aprĂšs en avoir dĂ©libĂ©rĂ© ; Confirme le jugement rendu par le tribunal de commerce de Cusset en toutes ses dispositions ; Y ajoutant ; DĂ©boute Monsieur Rabah Claude S. de ses demandes ; Condamne Monsieur Rabah Claude S. Ă  payer la somme de 1200 euro soit 400 euro chacun Ă  Monsieur Christian B., Monsieur Vivian V. et Ă  Madame Françoise S. Ăšs qualitĂ©, au titre de l'article 700 du code de procĂ©dure civile. Condamne Monsieur Rabah Claude S. aux dĂ©pens d'appel.

DDoocc.. nn°° 66.. CCaassss.. ccoomm..,, 1122 jjuuiilllleett 22001166.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Paris, 25 septembre 2014), que le 15 juillet 2013, une procĂ©dure de conciliation a Ă©tĂ© ouverte, sur le fondement de l'article L. 611 – 5 du code de commerce, en faveur de la sociĂ©tĂ© Braco et de sa filiale, la sociĂ©tĂ© Cobrason, M. X... Ă©tant dĂ©signĂ© conciliateur pour une durĂ©e de quatre mois, prorogĂ©e d'un mois ; que le 2 septembre 2013, la sociĂ©tĂ© Braco a Ă©tĂ© mise en sauvegarde ; que le 9 dĂ©cembre 2013, un accord de conciliation, avec demande d'homologation, a Ă©tĂ© signĂ© par l'ensemble des Ă©tablissements de crĂ©dit crĂ©anciers de la sociĂ©tĂ© Cobrason, Ă  l'exception de la caisse rĂ©gionale de CrĂ©dit agricole mutuel de Paris et d'Ile-de-France (le CrĂ©dit agricole) ; que le 12 dĂ©cembre 2013, la sociĂ©tĂ© Cobrason a demandĂ© l'ouverture d'une procĂ©dure de sauvegarde financiĂšre accĂ©lĂ©rĂ©e et prĂ©sentĂ© l'accord de conciliation comme projet de plan ; que le CrĂ©dit Agricole a formĂ© tierce opposition contre le jugement du 16 dĂ©cembre 2013 qui avait fait droit Ă  la demande ; Sur le premier moyen : Attendu que le CrĂ©dit agricole fait grief Ă  l'arrĂȘt de rejeter sa tierce opposition alors, selon le moyen : 1°/ que le bĂ©nĂ©fice de la procĂ©dure de sauvegarde financiĂšre accĂ©lĂ©rĂ©e est rĂ©servĂ© au seul dĂ©biteur engagĂ© dans une procĂ©dure de conciliation en cours ; que la sociĂ©tĂ© Cobrason ne remplissait plus cette condition Ă  la date Ă  laquelle elle a sollicitĂ© le bĂ©nĂ©fice d'une procĂ©dure de sauvegarde financiĂšre accĂ©lĂ©rĂ©e, puisque, comme le faisait valoir le CrĂ©dit agricole, la procĂ©dure de conciliation ouverte Ă  la fois contre elle et contre la sociĂ©tĂ© Braco avait pris fin du fait de l'ouverture d'une procĂ©dure de sauvegarde au profit de la sociĂ©tĂ© Braco ; qu'en dĂ©cidant le contraire, la cour d'appel a violĂ© les articles L. 611-12 et L. 628-1 du code de commerce ; 2°/ que le CrĂ©dit agricole faisait valoir que la « procĂ©dure de conciliation unique ouverte » contre les sociĂ©tĂ©s Braco et Cobrason a « pris fin lorsque la sociĂ©tĂ© Braco a sollicitĂ© l'ouverture d'une procĂ©dure de sauvegarde, laquelle a Ă©tĂ© ouverte par un jugement du 2 septembre 2013 », que « le jugement rendu le 2 septembre 2013 par le tribunal de commerce de Paris ouvrant la procĂ©dure de sauvegarde de la sociĂ©tĂ© Braco a nĂ©cessairement clĂŽturĂ© la procĂ©dure de conciliation unique ouverte en faveur des deux sociĂ©tĂ©s », et que « dĂšs lors, la procĂ©dure de conciliation de la sociĂ©tĂ© Cobrason n'est plus en cours lorsque celle-ci a sollicitĂ©, par demande en date du 19 dĂ©cembre 2013, l'ouverture d'une procĂ©dure de sauvegarde financiĂšre accĂ©lĂ©rĂ©e » ; qu'en s'abstenant de s'expliquer sur les consĂ©quences juridiques de l'admission de la sociĂ©tĂ© Braco au bĂ©nĂ©fice d'une procĂ©dure de sauvegarde sur la procĂ©dure de conciliation Ă  laquelle cette sociĂ©tĂ© participait, quand elle constate que les sociĂ©tĂ©s Braco et Cobrason Ă©taient soumises Ă  la mĂȘme procĂ©dure de conciliation, la cour d'appel a violĂ© l'article 455 du code de procĂ©dure civile ; Mais attendu qu'aprĂšs avoir constatĂ©, par motifs propres et adoptĂ©s, qu'Ă  la suite de la mise en sauvegarde de la sociĂ©tĂ© Braco, la procĂ©dure de conciliation de la sociĂ©tĂ© Cobrason s'Ă©tait poursuivie pour aboutir, sous l'Ă©gide du conciliateur, Ă  un accord de conciliation signĂ© le 9 dĂ©cembre 2013 par les Ă©tablissements de crĂ©dit crĂ©anciers de la sociĂ©tĂ© Cobrason, Ă  l'exclusion du CrĂ©dit agricole, la cour d'appel, qui a rĂ©pondu aux conclusions prĂ©tendument dĂ©laissĂ©es, en a exactement dĂ©duit que la sociĂ©tĂ© Cobrason Ă©tait engagĂ©e dans une procĂ©dure de conciliation Ă  la date de sa requĂȘte en ouverture d'une procĂ©dure de sauvegarde financiĂšre accĂ©lĂ©rĂ©e, prĂ©sentĂ©e le 12 dĂ©cembre 2013 ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; Et sur le second moyen : Attendu que le CrĂ©dit agricole fait le mĂȘme grief Ă  l'arrĂȘt alors, selon le moyen : 1°/ que dans le cas oĂč une convention est souscrite sous une condition suspensive, la convention ne peut ĂȘtre mise Ă  exĂ©cution qu'aprĂšs que l'Ă©vĂ©nement de la condition suspensive est survenu ; qu'en visant, pour Ă©noncer que la sociĂ©tĂ© Cobrason n'avait pas cessĂ© ses paiements Ă  la date Ă  laquelle elle a demandĂ© Ă  bĂ©nĂ©ficier d'une procĂ©dure de sauvegarde accĂ©lĂ©rĂ©e, le protocole d'accord de conciliation du 9 dĂ©cembre 2013, quand l'article 13 de ce protocole d'accord stipule,

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d'une part, que « le prĂ©sent accord est soumis Ă  la condition suspensive de son homologation par le tribunal de commerce de Paris, conformĂ©ment aux dispositions des articles L. 611-8, II et suivants du code de commerce », et qu'« il entrera en vigueur Ă  la date Ă  laquelle le jugement d'homologation sera devenu irrĂ©vocable », la cour d'appel, qui n'indique pas que ce jugement d'homologation serait intervenu a violĂ© les articles 1134 et 1181 du code civil, ensemble l'article L. 620-1 du code de commerce ; 2°/ que le CrĂ©dit agricole faisait valoir que le protocole de conciliation du 9 dĂ©cembre se trouve soumis, de par son article 13, Ă  la condition suspensive de son homologation par le tribunal de commerce de Paris, et que, « faute homologation du protocole de conciliation, la condition suspensive dont Ă©tait assorti l'engagement des diffĂ©rentes parties n'a jamais Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e et les dettes de la sociĂ©tĂ© Cobrason Ă©taient donc toujours exigibles Ă  la date du 16 dĂ©cembre 2013 lorsque le tribunal a ouvert la procĂ©dure de Sfa » ; qu'en s'abstenant de s'expliquer sur ce moyen la cour d'appel a violĂ© l'article 455 du code de procĂ©dure civile ; Mais attendu, qu'ayant relevĂ©, par des motifs, propres et adoptĂ©s, non critiquĂ©s, que l'accord de conciliation signĂ© le 9 dĂ©cembre 2013, qui prĂ©voyait en son article 4 l'engagement des signataires de ne pas prononcer l'exigibilitĂ© anticipĂ©e de leurs crĂ©ances, constituait une manifestation non Ă©quivoque de l'intention de ces crĂ©anciers de suspendre l'exigibilitĂ© de leur crĂ©ance, la cour d'appel, rĂ©pondant aux conclusions prĂ©tendument dĂ©laissĂ©es, en a exactement dĂ©duit que l'absence d'homologation de cet accord, dont il n'Ă©tait pas allĂ©guĂ© qu'elle avait Ă©tĂ© invoquĂ©e par un crĂ©ancier signataire, qui seul avait qualitĂ© pour le faire, n'a pas rendu exigible ces crĂ©ances, de sorte que la sociĂ©tĂ© Cobrason n'Ă©tait pas en cessation des paiements ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ; DDoocc.. nn°° 77.. CCaassss.. ccoomm..,, 88 mmaarrss 22001111.. Attendu, selon les arrĂȘts attaquĂ©s, que la sociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e Heart of La DĂ©fense (sociĂ©tĂ© HOLD), dont le capital est entiĂšrement dĂ©tenu par une holding, la sociĂ©tĂ© Dame Luxembourg, a acquis, par l'intermĂ©diaire d'une sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre, l'ensemble immobilier Ă  usage de bureaux destinĂ© Ă  la location appelĂ© "Coeur DĂ©fense" ; que, pour les besoins du financement de cette acquisition, la sociĂ©tĂ© HOLD a contractĂ© auprĂšs de la sociĂ©tĂ© Lehman Brothers Bankhaus AG deux prĂȘts, garantis par une hypothĂšque inscrite sur l'immeuble, par une cession de crĂ©ances professionnelles portant sur l'ensemble des crĂ©ances de loyers et charges au titre des baux existants ou futurs conclus par la sociĂ©tĂ© HOLD et par le nantissement de la totalitĂ© des actions de celle-ci consenti par la sociĂ©tĂ© Dame Luxembourg avec pacte commissoire ; que les prĂȘts portant intĂ©rĂȘt Ă  taux variable, la sociĂ©tĂ© HOLD a Ă©galement conclu deux contrats de couverture du risque de leur variation avec la sociĂ©tĂ© Lehman Brothers international, en qualitĂ© de contrepartie, elle-mĂȘme garantie par la sociĂ©tĂ© Lehman Brothers Inc. ; que, dans le cadre d'une opĂ©ration de titrisation, la crĂ©ance du prĂȘteur a Ă©tĂ© ensuite cĂ©dĂ©e au fonds commun de titrisation Windermere XII (le FCT), dont la sociĂ©tĂ© Eurotitrisation est le gestionnaire ; que les sociĂ©tĂ©s Lehman Brothers international et Inc. ayant fait l'objet, au Royaume-Uni et aux États-Unis, de procĂ©dures collectives, la sociĂ©tĂ© Eurotitrisation a demandĂ© une nouvelle contrepartie, en indiquant que les contrats de couverture n'Ă©taient plus conformes aux critĂšres de notation, ce qui constituait un cas de dĂ©faut ; que les sociĂ©tĂ©s HOLD et Dame Luxembourg ont, alors, chacune, demandĂ©, le 28 octobre 2008, l'ouverture d'une procĂ©dure de sauvegarde ; que, le 3 novembre 2008, le tribunal a accueilli ces demandes et, par jugement du 9 septembre 2009, a arrĂȘtĂ© le plan de sauvegarde, rejetant, le 7 octobre 2009, la tierce opposition formĂ©e entre-temps par la sociĂ©tĂ© Eurotitrisation Ă  l'encontre des jugements d'ouverture de la procĂ©dure ; que les loyers et charges Ă  venir ayant fait l'objet, en rĂ©fĂ©rĂ©, d'un sĂ©questre, un dernier jugement, prononcĂ© au fond le 19 octobre 2009, a ordonnĂ© la mainlevĂ©e de cette mesure ainsi que le versement des sommes sĂ©questrĂ©es entre les mains de la sociĂ©tĂ© Eurotitrisation, celle-ci s'engageant Ă  reverser les sommes nĂ©cessaires aux dĂ©penses d'entretien de l'ensemble immobilier ; Sur le premier moyen du pourvoi n° P 10-13.990 : Attendu que les sociĂ©tĂ©s HOLD et Dame Luxembourg font grief Ă  l'arrĂȘt (RG n° 09/22756) d'avoir dĂ©clarĂ© recevable la tierce opposition formĂ©e par la sociĂ©tĂ© Eurotitrisation, alors, selon le moyen, que la tierce opposition visant le jugement d'ouverture d'une procĂ©dure de sauvegarde, qui ne peut ĂȘtre demandĂ©e que par le dĂ©biteur, n'est recevable qu'Ă  la condition, pour le crĂ©ancier demandeur, d'Ă©tablir que ledit jugement a Ă©tĂ© prononcĂ© en fraude de ses droits ou d'invoquer des moyens propres ; qu'un moyen propre ne peut tendre Ă  la contestation d'un effet inhĂ©rent Ă  la procĂ©dure, ni ĂȘtre commun Ă  tous les crĂ©anciers ; qu'en se bornant Ă  Ă©noncer en l'espĂšce, pour dire que la sociĂ©tĂ© Eurotitrisation disposait de moyens propres, que la sociĂ©tĂ© HOLD avait, en sollicitant l'ouverture d'une procĂ©dure de sauvegarde, cherchĂ© Ă  imposer au FCT la modification des contrats de prĂȘts qu'elle disait n'ĂȘtre plus en mesure de respecter et que la sociĂ©tĂ© Dame Luxembourg avait, pour sa part, cherchĂ© Ă  faire Ă©chec Ă  la mise en Ɠuvre du pacte commissoire, sans rechercher, concrĂštement, si les arguments ainsi invoquĂ©s, relatifs aux buts prĂȘtĂ©s aux demandeurs Ă  la sauvegarde, lesquels ne se distinguaient pas des effets lĂ©gaux de l'ouverture d'une procĂ©dure de sauvegarde, n'auraient pas pu ĂȘtre invoquĂ©s par n'importe quel autre crĂ©ancier de la sociĂ©tĂ© HOLD, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard de l'article L. 661-2 du code de commerce, dans sa rĂ©daction applicable en la cause, ensemble l'article 583 du code de procĂ©dure civile ;

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Mais attendu qu'il rĂ©sulte des articles L. 661-2 du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008, et 583, alinĂ©a 2, du code de procĂ©dure civile, que la tierce opposition est ouverte Ă  l'encontre du jugement statuant sur l'ouverture de la procĂ©dure de sauvegarde Ă  tout crĂ©ancier invoquant des moyens qui lui sont propres ; qu'ayant retenu que la sociĂ©tĂ© Eurotitrisation allĂ©guait que la procĂ©dure de sauvegarde avait pour but exclusif de permettre aux sociĂ©tĂ©s HOLD et Dame Luxembourg d'Ă©chapper, au moins temporairement, Ă  l'exĂ©cution de leurs obligations contractuelles envers le seul FCT, qu'elle reprĂ©sentait, ou de la contraindre Ă  nĂ©gocier leur amĂ©nagement, de sorte que les moyens invoquĂ©s par le crĂ©ancier lui Ă©taient propres, la cour d'appel a lĂ©galement justifiĂ© sa dĂ©cision ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; Mais sur le deuxiĂšme moyen du mĂȘme pourvoi, pris en ses trois premiĂšres branches : Vu l'article L. 620-1, alinĂ©a 1er, du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008, ensemble l'article 4 du code de procĂ©dure civile ; Attendu que, pour accueillir la tierce opposition de la sociĂ©tĂ© Eurotitrisation et rĂ©tracter le jugement d'ouverture de la procĂ©dure de sauvegarde de la sociĂ©tĂ© HOLD, l'arrĂȘt retient que celle-ci n'a pas prĂ©tendu Ă©prouver de difficultĂ©s Ă  poursuivre son activitĂ© de bailleresse de bureaux, mais seulement fait Ă©tat de circonstances imprĂ©vues lui rendant plus onĂ©reuse l'exĂ©cution de son obligation de couverture du risque de variation des taux d'intĂ©rĂȘt, imposĂ©e par les contrats de prĂȘt ayant originellement financĂ© son acquisition et que la difficultĂ© allĂ©guĂ©e ne concerne que le renchĂ©rissement du contrat de couverture ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que la sociĂ©tĂ© HOLD soutenait qu'il Ă©tait impossible de trouver, en octobre 2008, une nouvelle contrepartie pour des contrats de couverture et que le prix d'un tel produit financier, de l'ordre de 60 Ă  70 millions d'euros, Ă©tait, non seulement insurmontable, mais purement thĂ©orique en l'absence de tout marchĂ© Ă  ce moment, la cour d'appel a mĂ©connu l'objet du litige ; Sur le troisiĂšme moyen du mĂȘme pourvoi, pris en sa huitiĂšme branche : Vu l'article L. 620-1, alinĂ©a 1er, du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008, ensemble l'article 455 du code de procĂ©dure civile ; Attendu que, pour accueillir la tierce opposition de la sociĂ©tĂ© Eurotitrisation et rĂ©tracter le jugement d'ouverture de la procĂ©dure de sauvegarde de la sociĂ©tĂ© Dame Luxembourg, l'arrĂȘt retient que la seule consĂ©quence pour elle de la dĂ©faillance de la sociĂ©tĂ© HOLD serait la perte de son investissement, en exĂ©cution du pacte commissoire portant sur les actions nanties de sa filiale, mais qu'elle n'aurait Ă  faire face Ă  aucune autre dette aprĂšs son exĂ©cution, la dette dĂ©lictuelle invoquĂ©e par les obligataires du FCT n'Ă©tant pas fondĂ©e et le prĂȘt de 249 000 000 euros envers ses actionnaires n'Ă©tant pas prouvĂ© ni exigible, les actionnaires soutenant la demande de sauvegarde ; Attendu qu'en statuant ainsi, sans rĂ©pondre aux conclusions de la sociĂ©tĂ© Dame Luxembourg qui soutenait qu'elle serait privĂ©e de son seul actif par la dĂ©faillance de sa filiale, tandis qu'elle se trouverait exposĂ©e au risque de devoir rembourser le prĂȘt, figurant Ă  son bilan, de 249 000 000 euros consenti par ses propres actionnaires, ce qui Ă©tait de nature Ă  la conduire Ă  la cessation des paiements au sens du premier des textes susvisĂ©s, la cour d'appel a violĂ© ces textes ; Sur le deuxiĂšme moyen du mĂȘme pourvoi, pris ses quatriĂšme et cinquiĂšme branches, et sur le troisiĂšme moyen, pris en sa premiĂšre branche, rĂ©unis : Vu l'article L. 620-1, alinĂ©a 1er, du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008 ; Attendu que, si la procĂ©dure de sauvegarde est destinĂ©e Ă  faciliter la rĂ©organisation de l'entreprise afin, notamment, de permettre la poursuite de l'activitĂ© Ă©conomique, il ne rĂ©sulte pas de ce texte que l'ouverture de la procĂ©dure soit elle-mĂȘme subordonnĂ©e Ă  l'existence d'une difficultĂ© affectant cette activitĂ© ; Attendu que, pour rĂ©tracter les jugements ayant ouvert les procĂ©dures de sauvegarde des sociĂ©tĂ©s HOLD et Dame Luxembourg, l'arrĂȘt retient aussi que la premiĂšre n'invoque pas l'existence de difficultĂ©s pouvant affecter son activitĂ© de bailleresse et que la seconde n'a pas prĂ©tendu Ă©prouver de difficultĂ©s Ă  poursuivre son activitĂ© de gestion de son portefeuille de titres ; Attendu qu'en statuant ainsi, la cour d'appel, qui a ajoutĂ© Ă  la loi une condition qu'elle ne comporte pas, a violĂ© le texte susvisĂ© ; Sur le deuxiĂšme moyen du mĂȘme pourvoi, pris en sa huitiĂšme branche et sur le troisiĂšme moyen, pris en sa troisiĂšme branche, rĂ©unis : Vu l'article L. 620-1, alinĂ©a 1er, du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008 ; Attendu que, hors le cas de fraude, l'ouverture de la procĂ©dure de sauvegarde ne peut ĂȘtre refusĂ©e au dĂ©biteur, au motif qu'il chercherait ainsi Ă  Ă©chapper Ă  ses obligations contractuelles, dĂšs lors qu'il justifie, par ailleurs, de difficultĂ©s qu'il n'est pas en mesure de surmonter et qui sont de nature Ă  le conduire Ă  la cessation des paiements ; Attendu que, pour rĂ©tracter les jugements ayant ouvert les procĂ©dures de sauvegarde des sociĂ©tĂ©s HOLD et Dame Luxembourg, l'arrĂȘt retient encore que la premiĂšre a cherchĂ© Ă  porter atteinte Ă  la force obligatoire de la clause des

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contrats de prĂȘt lui imposant une obligation de couverture rĂ©pondant Ă  certains critĂšres de notation et la seconde Ă  Ă©chapper Ă  l'exĂ©cution du pacte commissoire ; Attendu qu'en statuant ainsi, la cour d'appel, qui a ajoutĂ© Ă  la loi une condition qu'elle ne comporte pas, a violĂ© le texte susvisĂ© ; Sur le deuxiĂšme moyen du mĂȘme pourvoi, pris en sa neuviĂšme branche et le troisiĂšme moyen, pris en sa deuxiĂšme branche, rĂ©unis : Vu l'article L. 620-1, alinĂ©a 1er, du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008 ; Attendu que, pour rĂ©tracter les jugements ayant ouvert les procĂ©dures de sauvegarde des sociĂ©tĂ©s HOLD et Dame Luxembourg, l'arrĂȘt retient que l'activitĂ© de location immobiliĂšre de la premiĂšre pourrait se poursuivre normalement quelle que soit la composition de son actionnariat ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que, si la sociĂ©tĂ© dĂ©bitrice justifie de difficultĂ©s qu'elle n'est pas en mesure de surmonter et qui sont de nature Ă  la conduire Ă  la cessation des paiements, l'ouverture d'une procĂ©dure de sauvegarde ne peut lui ĂȘtre refusĂ©e au motif que ses associĂ©s ne seraient pas fondĂ©s Ă  Ă©viter, par ce moyen, d'en perdre le contrĂŽle, la cour d'appel a violĂ© le texte susvisĂ© ; Et, vu l'article 625 du code de procĂ©dure civile ; Attendu que la cassation de l'arrĂȘt RG n° 09/22756 entraĂźne, par voie de consĂ©quence, celle de l'arrĂȘt RG n° 09/21530, qui a dit sans objet l'appel du ministĂšre public Ă  l'encontre du jugement du 9 septembre 2009 ayant arrĂȘtĂ© le plan de sauvegarde, et de l'arrĂȘt RG n° 09/21184, qui a confirmĂ©, en raison de la rĂ©tractation du jugement de sauvegarde, la mainlevĂ©e du sĂ©questre des loyers et charges et ordonnĂ© le versement des sommes sĂ©questrĂ©es entre les mains de la sociĂ©tĂ© Eurotitrisation ; PAR CES MOTIFS et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il confirmĂ© le chef du dispositif du jugement dĂ©fĂ©rĂ© ayant dĂ©clarĂ© recevable la tierce opposition, l'arrĂȘt RG n° 09/22756 rendu le 25 fĂ©vrier 2010, entre les parties, par la cour d'appel de Paris ; remet, en consĂ©quence, sur les autres points, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Versailles ;

DDoocc.. nn°° 88.. CCaassss.. ccoomm..,, 2277 ffĂ©Ă©vvrriieerr 22000077.. Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrĂȘt dĂ©fĂ©rĂ© (Paris, 13 septembre 2005), que la sociĂ©tĂ© Avenir Ivry (la sociĂ©tĂ©) a Ă©tĂ© mise en liquidation judiciaire par le tribunal qui s'Ă©tait saisi d'office ; que la cour d'appel a rĂ©formĂ© le jugement et a ouvert une procĂ©dure de redressement judiciaire ; Attendu que la sociĂ©tĂ© et son mandataire ad hoc font grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir ainsi statuĂ© et d'avoir fixĂ© provisoirement la date de cessation des paiements au 13 septembre 2005, alors, selon le moyen : 1°/ qu'en s'abstenant de rechercher, cependant qu'elle y Ă©tait invitĂ©e, si la commune d'Ivry, aprĂšs avoir exercĂ© son droit de prĂ©emption sur les deux immeubles de la sociĂ©tĂ©, n'avait pas Ă©mis, le 15 fĂ©vrier 2005, l'offre de les acquĂ©rir au prix correspondant Ă  la valeur retenue par le juge de l'expropriation, en sorte que ces immeubles eussent constituĂ© un actif disponible pour ĂȘtre immĂ©diatement cessibles au bĂ©nĂ©ficiaire du droit prĂ©fĂ©rentiel de les acheter, par la seule acceptation de son offre, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard de l'article L. 621-1 du code de commerce ; 2°/ qu'en retenant l'Ă©tat de cessation des paiements de la sociĂ©tĂ© aprĂšs avoir relevĂ© que ses dettes Ă©taient exigibles, sinon exigĂ©es, et quand le liquidateur Ă  liquidation judiciaire, qui s'en rapportait Ă  justice sur les mĂ©rites de l'appel contre la dĂ©cision du premier juge ayant statuĂ© sur sa saisine d'office, soulignait qu' aucune poursuite n'est en cours concernant le passif dĂ©clarĂ© lequel, dans ces conditions, n'est pas Ă  ce jour exigĂ©, la cour d'appel a derechef privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard de l'article L. 621-1 du code de commerce ; Mais attendu, d'une part, que l'arrĂȘt a exactement retenu que l'actif de la sociĂ©tĂ©, constituĂ© de deux immeubles non encore vendus, n'Ă©tait pas disponible ; Attendu, d'autre part, que la sociĂ©tĂ©, qui n'avait pas allĂ©guĂ© devant la cour d'appel qu'elle bĂ©nĂ©ficiait d'un moratoire de la part de ses crĂ©anciers, ne faisait valoir aucune contestation relative au montant ou aux caractĂ©ristiques de son passif, de sorte que la cour d'appel, qui n'avait pas Ă  effectuer une recherche qui ne lui Ă©tait pas demandĂ©e, a lĂ©galement justifiĂ© sa dĂ©cision ; D'oĂč il suit que le moyen n'est fondĂ© en aucune de ses branches ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

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DDoocc.. nn°° 99.. CCaassss.. ccoomm..,, 2255 ffĂ©Ă©vvrriieerr 11999977.. Vu l'article 1315 du Code civil, ensemble l'article 3, alinĂ©a 1er, de la loi du 25 janvier 1985; Attendu que la cessation des paiements est distincte du refus de paiement et doit ĂȘtre prouvĂ©e par celui qui demande l'ouverture du redressement judiciaire; Attendu que pour ouvrir une procĂ©dure de redressement judiciaire Ă  l'Ă©gard de M. X... sur assignation de la caisse Organic des PyrĂ©nĂ©es, Roussillon et de l'Aude, l'arrĂȘt dĂ©fĂ©rĂ© retient que la crĂ©ance de cette derniĂšre rĂ©sulte d'une contrainte du 9 novembre 1990 et que le dĂ©faut de rĂšglement d'une telle crĂ©ance, certaine, liquide et exigible suffit Ă  caractĂ©riser l'Ă©tat de cessation des paiements; Attendu qu'en se dĂ©terminant par de tels motifs, impropres Ă  Ă©tablir que M. X... se trouve dans l'impossibilitĂ© de faire face Ă  son passif exigible avec son actif disponible, la cour d'appel n'a pas donnĂ© de base lĂ©gale Ă  sa dĂ©cision; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 6 juin 1995, entre les parties, par la cour d'appel de Montpellier ;

DDoocc.. nn°° 1100.. CCaassss.. ccoomm..,, 1199 ffĂ©Ă©vvrriieerr 22000022.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que M. Z..., Mme Y... et M. Y... ont constituĂ©, le 14 dĂ©cembre 1988, la sociĂ©tĂ© Garaude production investissements (sociĂ©tĂ© GPI) qui est devenue actionnaire de la sociĂ©tĂ© Z... ; que la sociĂ©tĂ© GPI a Ă©tĂ© mise en redressement judiciaire le 4 novembre 1994, converti en liquidation judiciaire le 10 mars 1995, M. X... Ă©tant dĂ©signĂ© en qualitĂ© de liquidateur ; que le liquidateur a demandĂ© au tribunal de constater la fictivitĂ© de la sociĂ©tĂ© GPI et d'Ă©tendre notamment Ă  M. Y... la procĂ©dure collective ouverte Ă  l'Ă©gard de cette sociĂ©tĂ© ; Sur le premier moyen : Attendu que M. Y... reproche Ă  l'arrĂȘt de lui avoir Ă©tendu la procĂ©dure de liquidation judiciaire de la sociĂ©tĂ© GPI sans que la procĂ©dure ait fait l'objet d'une communication au ministĂšre public, en violation des dispositions de l'article 425.2°, du nouveau Code de procĂ©dure civile ; Mais attendu qu'aux termes de l'article 176 de la loi du 25 janvier 1985 devenu l'article L. 623-8 du Code de commerce, lorsque le ministĂšre public doit avoir communication des procĂ©dures de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire, le pourvoi en cassation pour dĂ©faut de communication n'est ouvert qu'au ministĂšre public ; d'oĂč il suit que le moyen est irrecevable ; Sur le deuxiĂšme moyen : Attendu que M. Y... reproche encore Ă  l'arrĂȘt d'avoir dĂ©cidĂ© que la sociĂ©tĂ© GPI Ă©tait fictive et d'avoir en consĂ©quence " ouvert " la procĂ©dure de liquidation judiciaire de la sociĂ©tĂ© GPI Ă  son Ă©gard, alors, selon le moyen, que le juge national qui est saisi d'un litige dans une matiĂšre entrant dans le domaine d'application de la directive n° 68/151/CEE du Conseil du 9 mars 1968 est tenu d'interprĂ©ter son droit national Ă  la lumiĂšre du texte et de la finalitĂ© de cette directive en vue d'empĂȘcher la dĂ©claration de nullitĂ© d'une sociĂ©tĂ© pour une cause autre que celles Ă©numĂ©rĂ©es Ă  son article 11 ; qu'il est donc interdit au juge français de prononcer la nullitĂ© d'une sociĂ©tĂ© pour dĂ©faut d'affectio societatis qui ne figure pas dans la liste des motifs qui sont limitativement Ă©numĂ©rĂ©s Ă  l'article 11 de ladite directive ; qu'en dĂ©cidant que M. Y... ne pouvait pas se prĂ©valoir de la directive n° 38/151 devant elle, la cour d'appel a violĂ© l'article 189, alinĂ©a 3, du TraitĂ© instituant les CommunautĂ©s europĂ©ennes ; Mais attendu que la cour d'appel, qui n'Ă©tait pas saisie d'une demande de nullitĂ© de la sociĂ©tĂ© GPI, a seulement constatĂ© la fictivitĂ© de celle-ci et dĂ©cidĂ©, dans l'intĂ©rĂȘt des tiers, d'Ă©tendre Ă  M. Y... la procĂ©dure collective prĂ©cĂ©demment ouverte ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; Mais sur le troisiĂšme moyen, pris en sa premiĂšre branche : Vu l'article 7 de la loi du 25 janvier 1985, devenu l'article L. 621-5 du Code de commerce ; Attendu que, pour Ă©tendre Ă  M. Y... la liquidation judiciaire de la sociĂ©tĂ© GPI, l'arrĂȘt retient que la sociĂ©tĂ© GPI et la sociĂ©tĂ© Z... avaient les mĂȘmes associĂ©s, que l'emprunt contractĂ© par la sociĂ©tĂ© GPI auprĂšs de la sociĂ©tĂ© Sicofrance avait pour seul but de procurer Ă  la sociĂ©tĂ© Z..., qui lui avait donnĂ© mandat de le souscrire, les liquiditĂ©s dont celle-ci avait besoin, que la sociĂ©tĂ© GPI, sans autre activitĂ© pendant quatre ans que d'avoir contractĂ© un emprunt destinĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© Z..., n'avait rĂ©alisĂ© aucune des opĂ©rations industrielles et commerciales comprises dans son objet social ; Attendu qu'en se dĂ©terminant ainsi, sans rechercher si M. Y..., associĂ©, Ă©tait le maĂźtre de l'affaire sous couvert de la personne morale, la cour d'appel n'a pas donnĂ© de base lĂ©gale Ă  sa dĂ©cision ; Par ces motifs, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt n° 97/1360 rendu le 6 aoĂ»t 1998, entre les parties, par la cour d'appel de Pau ;

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DDoocc.. nn°° 1111.. CCaassss.. ccoomm..,, 1166 jjuuiinn 22001155.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (NĂźmes, 29 aoĂ»t 2013), que la SARL Agence X... (la SARL) a Ă©tĂ© mise en redressement puis liquidation judiciaires les 23 fĂ©vrier 2007 et 19 dĂ©cembre 2008 ; que le liquidateur a assignĂ© la SCI Marie Christiane (la SCI) en vue de lui voir Ă©tendre la liquidation judiciaire de la SARL ; Attendu que la SCI fait grief Ă  l'arrĂȘt d'accueillir la demande alors, selon le moyen : 1°/ que l'existence de flux financiers entre deux sociĂ©tĂ©s ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme « anormale » et caractĂ©ristique d'une confusion des patrimoines justifiant l'extension d'une procĂ©dure collective d'une sociĂ©tĂ© Ă  l'autre que dans la seule mesure oĂč elle a augmentĂ© le passif de la sociĂ©tĂ© en liquidation et causĂ© un prĂ©judice aux crĂ©anciers ; qu'ainsi la seule constatation d'un loyer trop Ă©levĂ© ne saurait suffire Ă  caractĂ©riser l'existence d'une confusion de patrimoines, particuliĂšrement en prĂ©sence d'une abstention prolongĂ©e du bailleur Ă  le recouvrer ; qu'en consĂ©quence, dĂšs lors qu'il rĂ©sultait des constatations mĂȘmes des juges du fond et des conclusions du liquidateur que le paiement du loyer n'avait pas fait l'objet pendant la pĂ©riode oĂč la SARL avait connu des difficultĂ©s financiĂšres de mesures de recouvrement de la part du bailleur, si bien que le prĂ©judice subi par les crĂ©anciers n'Ă©tait pas caractĂ©risĂ©, la cour d'appel ne pouvait retenir la confusion des patrimoines sans priver sa dĂ©cision de toute base lĂ©gale au regard des articles 621-2 et 641-1 du code de commerce ; 2°/ que l'offre d'une inscription d'hypothĂšque lĂ©gale sur l'immeuble, qui visait Ă  obtenir des dĂ©lais de paiement et qui n'avait pas Ă©tĂ© mise en oeuvre, n'avait causĂ© aucune augmentation du passif de la SARL et donc aucun prĂ©judice Ă  ses crĂ©anciers, si bien que l'arrĂȘt attaquĂ© est privĂ© de toute base lĂ©gale au regard des articles 621-2 et 641-1 du code de commerce ; 3°/ qu'il n'est pas justifiĂ© par la cour d'appel de ce que la « compensation dettes SCI » apurant les loyers impayĂ©s par la SARL ait aggravĂ© le passif de cette sociĂ©tĂ© au prĂ©judice des crĂ©anciers, si bien que l'arrĂȘt attaquĂ© est privĂ© de toute base lĂ©gale au regard des articles 621-2 et 641-1 du code de commerce ; Mais attendu que pour caractĂ©riser des relations financiĂšres anormales constitutives d'une confusion de patrimoines, les juges du fond n'ont pas Ă  rechercher si celles-ci ont augmentĂ©, au prĂ©judice de ses crĂ©anciers, le passif du dĂ©biteur soumis Ă  la procĂ©dure collective dont l'extension est demandĂ©e ; que le moyen est inopĂ©rant ; Et attendu qu'il n'y a pas lieu de statuer par une dĂ©cision spĂ©cialement motivĂ©e sur le moyen, pris en sa premiĂšre branche, qui n'est manifestement pas de nature Ă  entraĂźner la cassation ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 1122.. CCaassss.. ccoomm..,, 2288 sseepptteemmbbrree 22000044.. Attendu, selon l'arrĂȘt dĂ©fĂ©rĂ© (Aix-en-Provence, 28 novembre 2001), que Mme X... ayant fait pratiquer une saisie-vente de matĂ©riel appartenant Ă  la SA Sovam dont elle Ă©tait crĂ©anciĂšre, la vente a eu lieu le 9 mai ; que le tribunal ayant, le 17 juin 1996, prononcĂ© l'extension Ă  la SA Sovam de la procĂ©dure de liquidation judiciaire ouverte, le 22 avril 1996, Ă  l'encontre de la SARL Sovam, M. Y..., liquidateur, a demandĂ© Ă  Mme X... la restitution du produit de la saisie-vente ; Attendu que le liquidateur reproche Ă  l'arrĂȘt d'avoir rejetĂ© sa demande, alors, selon le moyen, que la confusion des patrimoines emporte extension de la procĂ©dure ouverte Ă  l'encontre du dĂ©biteur initial Ă  une autre personne et donc qui commande l'unitĂ© de la date de cessation des paiements, doit Ă©galement commander l'unitĂ© de date de dessaisissement comme l'avait d'ailleurs dĂ©cidĂ© le jugement entrepris ; qu'en dĂ©cidant le contraire pour en dĂ©duire que la vente judiciaire du 9 mai 1996 Ă©tait intervenue antĂ©rieurement au jugement du 17 juin 1996 prononçant l'extension de la liquidation judiciaire de la SARL Sovam Ă  la SA Sovam Ă  compter du 22 avril 1996 et refuser, en consĂ©quence, de rendre opposable Ă  Mme X... l'application de la rĂšgle de l'article L. 621-40 du Code de commerce, la cour d'appel a violĂ© les articles L. 620-2, L. 622-9 du Code de commerce, ensemble les articles 54 de la loi du 9 juillet 1991 et L. 621-40 du Code de commerce ; Mais attendu que si, lorsque la procĂ©dure collective d'une personne physique ou morale a Ă©tĂ© prononcĂ©e par extension de la procĂ©dure collective d'une autre en raison de la confusion des patrimoines, il en rĂ©sulte une procĂ©dure unique, le jugement la prononçant ne rĂ©troagit pas au jour du jugement initial d'ouverture ; Attendu que l'arrĂȘt retient Ă  bon droit que la vente Ă©tant intervenue antĂ©rieurement au jugement d'extension de la procĂ©dure collective de la SARL Sovam Ă  la SA Sovam, la rĂšgle de l'arrĂȘt des poursuites individuelles ne peut ĂȘtre opposĂ©e Ă  Mme X... ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

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DDoocc.. nn°° 1133.. CCaassss.. ccoomm..,, 1199 aavvrriill 22000055.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que la SAS Metaleurop Nord (la SAS), ayant son siĂšge Ă  Noyelles-Godault et pour activitĂ© la production et la commercialisation de zinc et de plomb, filiale Ă  99 % de la SA Metaleurop (la SA), a Ă©tĂ© mise en redressement judiciaire par le tribunal de grande instance de BĂ©thune, statuant en matiĂšre commerciale, le 28 janvier 2003, puis en liquidation judiciaire le 10 mars suivant, MM. Y... et Z... Ă©tant nommĂ©s liquidateurs ; que ces mandataires judiciaires de la SAS ont demandĂ© au tribunal d'Ă©tendre la procĂ©dure collective de celle-ci Ă  la SA ; qu'un jugement du 11 avril 2003 a rejetĂ© la demande ; que sur les appels des liquidateurs de la SAS et du ministĂšre public, l'arrĂȘt du 2 octobre 2003 a ordonnĂ© une expertise afin de dĂ©terminer le degrĂ© de dĂ©pendance de la SAS ; que les experts ont dĂ©posĂ© leur rapport le 1er octobre 2004 ; qu'au vu de ce rapport, les mandataires de justice de la SAS, cette derniĂšre, le comitĂ© d'entreprise et le ministĂšre public ont demandĂ© Ă  la cour d'appel de rĂ©former le jugement du 11 avril 2003 sur le fondement de l'article L. 621-5 du Code de commerce et de dire que la SAS Ă©tait une sociĂ©tĂ© fictive ; que la SA, invoquant l'absence de fictivitĂ© de la SAS et la normalitĂ© des relations entre les sociĂ©tĂ©s du groupe, a sollicitĂ© la confirmation du jugement ; que l'arrĂȘt du 16 dĂ©cembre 2004 a constatĂ© une confusion entre les patrimoines des sociĂ©tĂ©s SAS et SA et a ordonnĂ© l'extension de la procĂ©dure collective de la premiĂšre Ă  la seconde ; que, sur la requĂȘte des liquidateurs des sociĂ©tĂ©s, le maintien de l'activitĂ© de la SA a Ă©tĂ© autorisĂ© en application de l'article L. 622-10 du Code de commerce ; Sur les premier, deuxiĂšme et troisiĂšme moyens, pris en leur premiĂšre branche : Attendu que M. X..., mandataire ad hoc de la SA, fait grief Ă  l'arrĂȘt du 16 dĂ©cembre 2004 d'avoir Ă©tendu Ă  cette sociĂ©tĂ© la procĂ©dure collective de la SAS, alors, selon les moyens : 1 / que le juge doit, en toutes circonstances, observer et faire observer le principe de la contradiction ; qu'il ne peut se fonder sur un moyen qu'il a relevĂ© d'office sans, au prĂ©alable, avoir invitĂ© les parties Ă  prĂ©senter leurs observations ; qu'en relevant d'office le moyen tirĂ© d'une confusion des patrimoines des sociĂ©tĂ©s SAS et SA en raison du manque Ă  gagner supportĂ© par la premiĂšre en suite de la gestion de la couverture du risque de change par le trĂ©sorier de la seconde, sans au prĂ©alable avoir invitĂ© les parties Ă  s'expliquer sur ce moyen, la cour d'appel a violĂ© l'article 16 du nouveau Code de procĂ©dure civile ; 2 / que le juge doit, en toutes circonstances, observer et faire observer le principe de la contradiction ; qu'il ne peut se fonder sur un moyen qu'il a relevĂ© d'office sans, au prĂ©alable, avoir invitĂ© les parties Ă  prĂ©senter leurs observations ; qu'en se fondant sur le moyen soulevĂ© d'office tirĂ© d'une confusion des patrimoines des sociĂ©tĂ©s SAS et SA, dĂšs lors, d'une part, que M. A... avait assurĂ© la direction de la ligne plomb dans l'intĂ©rĂȘt de l'ensemble des sociĂ©tĂ©s du groupe alors mĂȘme qu'il n'Ă©tait pas salariĂ© de la SAS et, d'autre part, que MM. Z... et B..., salariĂ©s de cette derniĂšre sociĂ©tĂ©, avaient, pour le premier, travaillĂ© comme conseiller technique pour "l'ensemble de la BU plomb" et, pour le second, en qualitĂ© de "contrĂŽleur de gestion de la ligne zinc au niveau de l'ensemble des entitĂ©s du groupe", sans au prĂ©alable inviter les parties Ă  prĂ©senter leurs observations sur ce moyen, la cour d'appel a violĂ© l'article 16 du nouveau Code de procĂ©dure civile ; 3 / que le juge doit, en toutes circonstances, observer et faire observer le principe de la contradiction ; qu'il ne peut se fonder sur un moyen qu'il a relevĂ© d'office sans, au prĂ©alable, avoir invitĂ© les parties Ă  prĂ©senter leurs observations ; qu'ainsi, en se fondant d'office sur le moyen tirĂ© de l'existence d'une confusion des patrimoines entre la SAS et la SA, motif pris que, compte tenu des conventions financiĂšres entre ces deux sociĂ©tĂ©s et des modalitĂ©s de paiement des dettes de la filiale par la sociĂ©tĂ©-mĂšre, la solvabilitĂ© de la premiĂšre ne dĂ©pendait que des capacitĂ©s financiĂšres de la seconde, de ses paiements et de sa volontĂ© d'accorder ou non un crĂ©dit complĂ©mentaire, de sorte que la SAS se trouvait dans un Ă©tat de dĂ©pendance dĂ©cisionnelle et financiĂšre particuliĂšrement marquĂ©, sans prĂ©alablement inviter les parties Ă  prĂ©senter leurs observations sur ce moyen, la cour d'appel a violĂ© l'article 16 du nouveau Code de procĂ©dure civile ; Mais attendu que les juges du fond peuvent puiser les Ă©lĂ©ments de leur conviction dans tous les documents rĂ©guliĂšrement versĂ©s aux dĂ©bats ; qu'en se fondant, pour statuer comme elle a fait, sur le rapport d'expertise discutĂ© dans les conclusions de la SA, la cour d'appel n'a pas violĂ© le principe de la contradiction dĂšs lors qu'elle n'a pas introduit dans les dĂ©bats des Ă©lĂ©ments dont les parties n'auraient pas Ă©tĂ© Ă  mĂȘme de dĂ©battre contradictoirement ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; Mais sur ces moyens, pris en leurs autres branches, rĂ©unis : Vu l'article L. 621-5, alinĂ©a 1er, du Code de commerce ; Attendu que pour Ă©tendre la procĂ©dure collective de la SAS Ă  la SA, l'arrĂȘt relĂšve que la gestion de la couverture du risque de change par le trĂ©sorier de la SA avait entraĂźnĂ© un manque Ă  gagner important et n'avait Ă©tĂ© couverte par une convention qu'au mois d'avril 2001 ; qu'il retient ensuite que l'organisation, au sein du groupe, de lignes de produits ne s'Ă©tait pas traduite par un ajustement des conventions de "refacturation" de services inter-sociĂ©tĂ©s, que la SAS avait supportĂ© les charges de ses deux salariĂ©s qui exerçaient des fonctions de conseiller technique et de contrĂŽleur de gestion pour l'ensemble des entitĂ©s du groupe concernĂ©es tandis que son autonomie dĂ©cisionnelle s'avĂ©rait particuliĂšrement rĂ©duite du fait de la direction de la production de plomb sur le site de la SAS par un salariĂ© d'une autre sociĂ©tĂ© du groupe en charge de la direction de la "ligne plomb" dans l'intĂ©rĂȘt de l'ensemble du groupe et qu'aucun accord ne prĂ©cisait les modalitĂ©s de mise Ă  disposition de ces salariĂ©s ; qu'il relĂšve encore qu'aprĂšs l'abandon de cette organisation, c'Ă©tait la sociĂ©tĂ©-mĂšre qui avait fait face aux besoins de trĂ©sorerie de la SAS, que les Ă©chĂ©ances de remboursement du prĂȘt Ă  long

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terme avaient Ă©tĂ© reportĂ©es de deux ans, que le dĂ©faut de paiement de la premiĂšre Ă©chĂ©ance n'avait pas provoquĂ© de rĂ©action particuliĂšre, que malgrĂ© la dĂ©prĂ©ciation de ses crĂ©ances sur la SAS, la SA avait continuĂ© Ă  lui accorder des avances trĂšs importantes, que l'intĂ©rĂȘt du groupe ne pouvait ĂȘtre pertinemment invoquĂ© tandis que rien, si ce n'est un nouvel effort financier improbable, ne permettait Ă  la SA de voir la situation de sa filiale se redresser et que la survie de la SAS dĂ©pendait de trĂšs lourds investissements qu'elle ne pouvait effectuer seule ; Attendu qu'en se dĂ©terminant par de tels motifs impropres Ă  caractĂ©riser en quoi, dans un groupe de sociĂ©tĂ©s, les conventions de gestion de trĂ©sorerie et de change, les Ă©changes de personnel et les avances de fonds par la sociĂ©tĂ©-mĂšre, qu'elle a constatĂ©s, rĂ©vĂ©laient des relations financiĂšres anormales constitutives d'une confusion du patrimoine de la sociĂ©tĂ©-mĂšre avec celui de sa filiale, la cour d'appel, qui ne statuait pas sur le fondement de l'article L. 624-3 du Code de commerce, n'a pas donnĂ© de base lĂ©gale Ă  sa dĂ©cision ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la fin de non-recevoir soulevĂ©e par MM. Z... et Y..., Ăšs qualitĂ©s, Ă  laquelle ils ont dĂ©clarĂ© renoncer : CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a rĂ©formĂ© le jugement en constatant une confusion entre les patrimoines des sociĂ©tĂ©s Metaleurop Nord et Metaleurop SA, ordonnĂ© l'extension Ă  la SA Metaleurop de la procĂ©dure collective ouverte Ă  l'encontre de la SAS Metaleurop Nord et dĂ©lĂ©guĂ© le tribunal de grande instance de BĂ©thune, statuant commercialement, pour l'accomplissement des mesures de publicitĂ©, l'arrĂȘt rendu le 16 dĂ©cembre 2004, entre les parties, par la cour d'appel de Douai ; remet, en consĂ©quence, quant Ă  ce, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris ;

DDoocc.. nn°° 1144.. CCaassss.. cciivv.. 11ÚÚrree,, 1199 nnoovveemmbbrree 22000022.. Attendu qu'Ă  la suite de la procĂ©dure de redressement judiciaire ouverte contre les Ă©poux X..., le tribunal de commerce de Paris a, par jugement du 24 avril 1993, autorisĂ© les mandataires de justice Ă  ne pas engager de procĂ©dure d'exequatur sur les biens des dĂ©biteurs situĂ©s en Belgique et en Espagne afin de favoriser l'adoption rapide du plan de cession partielle projetĂ© lequel a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par jugement du 10 juin 1993 ; que la Banque Worms, venant aux droits de la BUO, crĂ©anciĂšre admise Ă  titre chirographaire, a poursuivi la vente d'un immeuble situĂ© en Espagne et appartenant aux Ă©poux X... ; que sur la demande de ceux-ci, l'arrĂȘt attaquĂ© a ordonnĂ© Ă  la banque de renoncer Ă  cette poursuite et de justifier, sous astreinte, de son dĂ©sistement ; Sur le premier moyen : Attendu que la Banque Worms reproche Ă  la cour d'appel d'avoir violĂ© les articles 14 et 15 du Code civil et 718 du Code de procĂ©dure civile en dĂ©cidant qu'elle Ă©tait compĂ©tente pour statuer sur une demande tendant Ă  paralyser une voie d'exĂ©cution sur un immeuble situĂ© Ă  l'Ă©tranger ; Mais attendu que l'injonction Ă  la personne du dĂ©fendeur d'agir ou de s'abstenir, quelle que soit la localisation des biens en cause, dĂšs lors qu'elle est prononcĂ©e par le juge français de la faillite lĂ©gitimement compĂ©tent au fond, n'entre pas dans le rĂ©gime des rĂšgles de compĂ©tence visĂ© au moyen ; que celui-ci n'est donc pas fondĂ© ; Sur le quatriĂšme moyen, pris en ses deux branches : Attendu que la banque fait grief Ă  l'arrĂȘt attaquĂ© de lui avoir ordonnĂ© de se dĂ©sister de ses poursuites en Espagne alors, selon le moyen : 1 / qu'en considĂ©rant que le jugement du 29 avril 1993 n'Ă©tait pas assorti de l'autoritĂ© de la chose jugĂ©e quant Ă  l'exclusion des biens situĂ©s hors de France, la cour d'appel a violĂ© l'article 1351 du Code civil ; 2 / qu'en refusant toute autoritĂ© Ă  ce jugement au motif que l'exclusion Ă©tait contraire Ă  l'article 81, alinĂ©a 4, de la loi du 25 janvier 1985, la cour d'appel a encore violĂ© l'autoritĂ© qui s'attache mĂȘme aux dĂ©cisions erronĂ©es ; Mais attendu que la seule portĂ©e du jugement prĂ©citĂ©, en ce qu'il se bornait Ă  autoriser l'administrateur judiciaire et le reprĂ©sentant des crĂ©anciers Ă  ne pas agir Ă  l'Ă©tranger, Ă©tait de ne pas retarder le dĂ©roulement des opĂ©rations face Ă  une instance aux rĂ©sultats alĂ©atoires mais, aussi, d'exonĂ©rer, Ă  l'avance, ces mandataires de justice de leur Ă©ventuelle responsabilitĂ© professionnelle pour ne pas avoir tentĂ© d'apprĂ©hender le maximum d'actif ; qu'une telle "dĂ©cision" ne peut ĂȘtre que dĂ©pourvue de toute autoritĂ©, de sorte que le moyen n'est fondĂ© en aucune de ses branches ; Mais sur les deuxiĂšme et troisiĂšme moyens, rĂ©unis : Vu le principe de l'universalitĂ© de la faillite, ensemble l'article L. 621-83, alinĂ©a 4, du Code de commerce ; Attendu que sous rĂ©serve des traitĂ©s internationaux ou d'actes communautaires non applicables en l'espĂšce, et dans la mesure de l'acceptation par les ordres juridiques Ă©trangers, le redressement judiciaire prononcĂ© en France produit ses effets partout oĂč le dĂ©biteur a des biens ; que l'article 6,1 ., de la Convention europĂ©enne des droits de l'homme, invoquĂ© au deuxiĂšme moyen, ne saurait faire obstacle aux principes d'universalitĂ© ainsi qu'Ă  celui d'Ă©galitĂ© des crĂ©anciers chirographaires qui caractĂ©rise toute procĂ©dure collective et qui postule l'interdiction des poursuites individuelles et la soumission des crĂ©anciers aux obligations du plan de redressement ;

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Attendu qu'il rĂ©sulte de la procĂ©dure et des Ă©critures des parties que le plan de cession partielle arrĂȘtĂ© le 10 juin 1993 ne comprenait pas les immeubles Ă  l'Ă©tranger ; que la cour d'appel, en statuant comme elle l'a fait, sans Ă©tablir que ce plan avait Ă©tĂ© accompagnĂ© de la liquidation des biens rĂ©siduels et que l'immeuble litigieux Ă©tait inclus dans cette liquidation, n'a pas donnĂ© de base lĂ©gale Ă  sa dĂ©cision ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 14 septembre 2000, entre les parties, par la cour d'appel de Versailles ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Versailles, autrement composĂ©e ; DDoocc.. nn°° 1155.. CCJJUUEE,, 1155 ddĂ©Ă©cceemmbbrree 22001111.. Objet Demande de dĂ©cision prĂ©judicielle — Cour de cassation — InterprĂ©tation de l'art. 3, par. 1 et 2, du rĂšglement (CE) no 1346/2000 du Conseil, du 29 mai 2000, relatif aux procĂ©dures d'insolvabilitĂ© (JO L 160, p. 1) — CompĂ©tence internationale des juridictions françaises pour Ă©tendre une procĂ©dure d'insolvabilitĂ© ouverte Ă  l'Ă©gard d'une sociĂ©tĂ© Ă©tablie sur le territoire national Ă  une sociĂ©tĂ© dont le siĂšge statutaire est situĂ© dans un autre État membre, pour cause de confusion des patrimoines — Notions d'"ouverture" et d'"extension" d'une procĂ©dure d'insolvabilitĂ© — DĂ©termination du centre des intĂ©rĂȘts principaux Dispositif 1) Le rĂšglement (CE) no 1346/2000 du Conseil, du 29 mai 2000, relatif aux procĂ©dures d'insolvabilitĂ©, doit ĂȘtre interprĂ©tĂ© en ce sens qu'une juridiction d'un État membre qui a ouvert une procĂ©dure principale d'insolvabilitĂ© Ă  l'encontre d'une sociĂ©tĂ©, en retenant que le centre des intĂ©rĂȘts principaux de celle-ci est situĂ© sur le territoire de cet État, ne peut Ă©tendre, en application d'une rĂšgle de son droit national, cette procĂ©dure Ă  une deuxiĂšme sociĂ©tĂ©, dont le siĂšge statutaire est situĂ© dans un autre État membre, qu'Ă  la condition qu'il soit dĂ©montrĂ© que le centre des intĂ©rĂȘts principaux de cette derniĂšre se trouve dans le premier État membre. 2) Le rĂšglement no 1346/2000 doit ĂȘtre interprĂ©tĂ© en ce sens que dans l'hypothĂšse oĂč une sociĂ©tĂ©, dont le siĂšge statutaire est situĂ© sur le territoire d'un État membre, est visĂ©e par une action tendant Ă  lui Ă©tendre les effets d'une procĂ©dure d'insolvabilitĂ© ouverte dans un autre État membre Ă  l'encontre d'une autre sociĂ©tĂ© Ă©tablie sur le territoire de ce dernier État, la seule constatation de la confusion des patrimoines de ces sociĂ©tĂ©s ne suffit pas Ă  dĂ©montrer que le centre des intĂ©rĂȘts principaux de la sociĂ©tĂ© visĂ©e par ladite action se trouve Ă©galement dans ce dernier État. Il est nĂ©cessaire, pour renverser la prĂ©somption selon laquelle ce centre se trouve au lieu du siĂšge statutaire, qu'une apprĂ©ciation globale de l'ensemble des Ă©lĂ©ments pertinents permette d'Ă©tablir que, de maniĂšre vĂ©rifiable par les tiers, le centre effectif de direction et de contrĂŽle de la sociĂ©tĂ© visĂ©e par l'action aux fins d'extension se situe dans l'État membre oĂč a Ă©tĂ© ouverte la procĂ©dure d'insolvabilitĂ© initiale. DDoocc.. nn°° 1166.. CCaassss.. ccoomm..,, 11eerr ooccttoobbrree 11999977.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Rennes, 1er fĂ©vrier 1995), que la sociĂ©tĂ© Madec a Ă©tĂ© mise en redressement judiciaire et a bĂ©nĂ©ficiĂ©, Ă  l'issue de la pĂ©riode d'observation, d'un plan de continuation ; que l'URSSAF d'Ille-et-Vilaine (l'URSSAF), crĂ©anciĂšre de cotisations impayĂ©es Ă©chues postĂ©rieurement Ă  l'arrĂȘtĂ© du plan, a assignĂ© la sociĂ©tĂ© Madec en ouverture d'une nouvelle procĂ©dure de redressement ; Sur le premier moyen, pris en ses trois branches : (sans intĂ©rĂȘt) ; Et sur le second moyen, pris en ses deux branches : Attendu que l'URSSAF fait aussi grief Ă  l'arrĂȘt de l'avoir condamnĂ©e au paiement de dommages-intĂ©rĂȘts pour procĂ©dure abusive, alors, selon le pourvoi, d'une part, que la partie dĂ©boutĂ©e en appel de sa demande, mais qui avait triomphĂ© en premiĂšre instance, ne saurait se voir condamner Ă  payer des dommages-intĂ©rĂȘts pour procĂ©dure abusive ; qu'en dĂ©cidant le contraire, la cour d'appel a violĂ© l'article 1382 du Code civil ; et alors, d'autre part, que le juge ne saurait condamner une partie Ă  payer des dommages et intĂ©rĂȘts pour procĂ©dure abusive qu'Ă  condition de relever l'existence d'une faute que cette partie aurait commise dans l'exercice de son droit ; que la cour d'appel, pour dĂ©cider que l'assignation en redressement judiciaire dĂ©livrĂ©e par l'URSSAF Ă  l'encontre de la sociĂ©tĂ© Madec ne constituait qu'un moyen de pression exercĂ©e contre l'entreprise pour recouvrer les sommes qui lui Ă©taient dues, s'est bornĂ©e Ă  relever que l'URSSAF avait agi au seul motif que la sociĂ©tĂ© Madec Ă©tait endettĂ©e Ă  son Ă©gard ; qu'en statuant par de tels motifs impropres Ă  Ă©tablir la connaissance par l'URSSAF de l'absence de cessation des paiements de son dĂ©biteur et sans rechercher si au jour de l'assignation la sociĂ©tĂ© Madec n'Ă©tait pas en Ă©tat de cessation des paiements, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard de l'article 1382 du Code civil ; Mais attendu que l'article 1382 du Code civil n'exclut pas qu'une cour d'appel, saisie de l'entier litige par l'effet dĂ©volutif de l'appel, condamne Ă  des dommages-intĂ©rĂȘts pour procĂ©dure abusive une partie Ă  la demande ou Ă  la dĂ©fense de qui il

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avait Ă©tĂ© fait droit en premiĂšre instance ; qu'ayant Ă©noncĂ© que la demande de mise en redressement judiciaire ne peut ĂȘtre utilisĂ©e comme moyen de pression pour obtenir le rĂšglement de dettes et qu'il existe des procĂ©dures amiables ou judiciaires adaptĂ©es Ă  une demande de rĂšglement, faisant ainsi ressortir que de telles procĂ©dures n'avaient pas Ă©tĂ© utilisĂ©es, et ayant retenu que la sociĂ©tĂ© Madec Ă©tablissait de maniĂšre incontestable qu'elle disposait et dispose d'une trĂ©sorerie suffisante pour rĂ©gler immĂ©diatement sa dette, la cour d'appel a caractĂ©risĂ© l'abus de l'URSSAF et lĂ©galement justifiĂ© sa dĂ©cision ; que le moyen est, en ses deux branches, mal fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi.

DDoocc.. nn°° 1177.. CCaassss.. ccoomm..,, 1155 nnoovveemmbbrree 22001166.. Sur le moyen unique, pris en sa premiĂšre branche : Vu les articles L. 526-1 et L. 526-2 du code de commerce, dans leur rĂ©daction issue de la loi du 4 aoĂ»t 2008, applicable en la cause ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que Mme X..., commerçante exerçant Ă  titre individuel, a fait publier, le 18 octobre 2010, au bureau des hypothĂšques, une dĂ©claration notariĂ©e d'insaisissabilitĂ© portant sur l'immeuble constituant sa rĂ©sidence principale, dont elle Ă©tait propriĂ©taire indivise avec son Ă©poux ; que cette dĂ©claration n'a pas Ă©tĂ© publiĂ©e au registre du commerce et des sociĂ©tĂ©s (RCS) ; que les 12 janvier et 15 mars 2011, Mme X... a Ă©tĂ© mise en redressement puis liquidation judiciaires ; que le liquidateur a demandĂ© que la dĂ©claration d'insaisissabilitĂ© lui soit rendue inopposable pour dĂ©faut de publicitĂ© au RCS et qu'il soit procĂ©dĂ© Ă  la licitation de l'immeuble indivis ; Attendu que pour dĂ©clarer irrecevable la demande en inopposabilitĂ© et rejeter la demande de licitation de l'immeuble indivis, l'arrĂȘt, aprĂšs avoir constatĂ© que la dĂ©bitrice en liquidation judiciaire est une personne physique qui a des crĂ©anciers tant professionnels que non professionnels, et retenu que le liquidateur reprĂ©sente ces deux catĂ©gories, dont seule la premiĂšre a un intĂ©rĂȘt Ă  agir en inopposabilitĂ© de la dĂ©claration d'insaisissabilitĂ© pour irrĂ©gularitĂ© de sa publicitĂ© au RCS, en dĂ©duit que le liquidateur ne peut se prĂ©valoir d'une action relevant de l'intĂ©rĂȘt collectif de tous les crĂ©anciers du dĂ©biteur en procĂ©dure collective ; Attendu que cette dĂ©cision Ă©tait conforme Ă  la jurisprudence alors applicable (Com. 13 mars 2012, B IV, n° 53, pourvoi n° 11-15. 438) ; que toutefois cette solution a eu pour effet de priver les organes de la procĂ©dure collective de la possibilitĂ© de contester l'opposabilitĂ© de la dĂ©claration d'insaisissabilitĂ© Ă  la procĂ©dure ; qu'en outre, par un arrĂȘt du 2 juin 2015, B IV, n° 94, (pourvoi n° 13-24. 714), la chambre commerciale, financiĂšre et Ă©conomique de la Cour de cassation a jugĂ© que les organes de la procĂ©dure collective avaient qualitĂ© Ă  agir pour la protection et la reconstitution du gage commun des crĂ©anciers ; qu'il apparaĂźt donc nĂ©cessaire de modifier la solution rĂ©sultant de l'arrĂȘt du 13 mars 2012 et de retenir dĂ©sormais que, la dĂ©claration d'insaisissabilitĂ© n'Ă©tant opposable Ă  la liquidation judiciaire que si elle a fait l'objet d'une publicitĂ© rĂ©guliĂšre, le liquidateur, qui a qualitĂ© pour agir au nom et dans l'intĂ©rĂȘt collectif des crĂ©anciers, est recevable Ă  en contester la rĂ©gularitĂ© Ă  l'appui d'une demande tendant Ă  reconstituer le gage commun des crĂ©anciers ; D'oĂč il suit qu'en statuant comme elle a fait, la cour d'appel a mĂ©connu les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait de lieu de statuer sur les autres griefs : CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il dĂ©clare recevable l'appel relevĂ© par M. Y..., en qualitĂ© de liquidateur judiciaire de Mme X..., l'arrĂȘt rendu le 11 septembre 2014, entre les parties, par la cour d'appel de NĂźmes ; remet, en consĂ©quence, sur les autres points, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Lyon ;

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SSééaanncceess nn°° 55 eett 66

LLaa ddéétteerrmmiinnaattiioonn dduu ppaattrriimmooiinnee dduu ddéébbiitteeuurr eenn ddiiffffiiccuullttéé

PPooiinnttss sseennssiibblleess ♩ La dĂ©claration des crĂ©ances ‱ Les crĂ©ances devant ĂȘtre dĂ©clarĂ©es ‱ L’auteur de la dĂ©claration ‱ Les dĂ©lais de dĂ©claration

‱ Les consĂ©quences du dĂ©faut de dĂ©claration ‱ Le relevĂ© de forclusion ‱ La vĂ©rification et l’admission des crĂ©ances

♩ Les nullitĂ©s de la pĂ©riode suspecte ‱ Les cas de nullitĂ© ‱ Le rĂ©gime de l’action en nullitĂ©

‱ Les effets de la nullitĂ© ♩ Les actions en responsabilitĂ© ‱ L’article L. 650-1 du Code de commerce ♩ Les actions en revendication et en restitution

‱ La clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ© ♩ Les Ă©lĂ©ments du patrimoine Ă©chappant Ă  la procĂ©dure EExxeerrcciiccee 11 -- CCaass pprraattiiqquuee

M. SIPHON exerce la profession de plombier depuis 2004. En 2012, Mme ASSO, rencontrĂ©e sur un chantier, lui propose de s’associer pour crĂ©er une sociĂ©tĂ© destinĂ©e Ă  commercialiser et installer des cuisines amĂ©nagĂ©es. M. SIPHON accepte et ils constituent la sociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e COOK dont ils sont les deux seuls associĂ©s. Mme ASSO est, en outre, la prĂ©sidente de la sociĂ©tĂ©. Au cours de ses premiĂšres annĂ©es d’existence, les bĂ©nĂ©fices de la SAS COOK sont maigres. Les clients ne manquent pas mais les marges rĂ©alisĂ©es sont limitĂ©es. Mme ASSO et M. SIPHON pensent alors que la vente du matĂ©riel Ă©lectromĂ©nager Ă©quipant les cuisines doit ĂȘtre bien plus rentable. Ils dĂ©cident donc, Ă  la fin de l’annĂ©e 2014, de crĂ©er ensemble une sociĂ©tĂ© Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e ELME pour exercer cette activitĂ©. Mme ASSO en est la gĂ©rante. Les deux associĂ©s ont chacun apportĂ© 20 000 €. Le dĂ©marrage de l’activitĂ© est Ă©galement financĂ© par un prĂȘt de 40 000 € remboursable sur trois ans accordĂ© par un Ă©tablissement de crĂ©dit, le CDN (CREDIT DE NANTERRE), Ă  la SARL ELME. La banque ne demande pas de garanties. L’activitĂ© de la SARL ELME connait des dĂ©buts prometteurs. C’est un soulagement pour Mme ASSO et M. SIPHON car l’activitĂ© de la SAS COOK n’est maintenue que grĂące Ă  une rĂ©duction des marges dĂ©jĂ  faibles. Cette activitĂ© est nĂ©anmoins importante. La vente d’élĂ©ments de cuisine permet en effet frĂ©quemment Ă  la SARL ELME de fournir le matĂ©riel Ă©lectromĂ©nager aux acquĂ©reurs. Cependant, Ă  compter du mois de mai 2015 l’activitĂ© de la SARL ELME connait un dĂ©clin en raison d’un Ă©vĂ©nement imprĂ©vu. En effet, une chaĂźne de magasins d’électromĂ©nager vient d’ouvrir un Ă©tablissement non loin de son point de vente et la concurrence est Ăąpre. A partir du mois de juillet 2015, la SARL ELME ne parvient Ă  payer les Ă©chĂ©ances mensuelles de remboursement de son emprunt au CDN qu’avec de grandes difficultĂ©s et plusieurs jours de retard. La relance de l’activitĂ© de la SARL ELME passe, selon M. SIPHON et Mme ASSO, par l’acquisition d’un espace de vente et de stockage beaucoup plus grand. L’opĂ©ration suppose cependant un financement de 170 000 € pour l’acquisition des locaux et leur amĂ©nagement ainsi que pour l’achat de stocks importants permettant de satisfaire rapidement la clientĂšle. Le CDN est disposĂ© Ă  accorder le financement nĂ©cessaire mais exige des garanties destinĂ©es Ă  couvrir non seulement le remboursement de ce nouveau financement mais aussi de l’emprunt initial de 40 000 €. La SARL accepte alors de consentir une hypothĂšque sur l’immeuble d’une valeur de 120 000 € abritant ses locaux dont elle veut faire l’acquisition au moyen du prĂȘt et de consentir un gage sur son stock de matĂ©riel Ă©lectromĂ©nager. Par ailleurs, M. SIPHON accepte de se porter caution solidaire de l’ensemble des dettes de la

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SARL ELME envers le CDN. Tous les contrats, y compris la vente de l’immeuble, sont signĂ©s le 9 dĂ©cembre 2015 et font l’objet d’actes notariĂ©s. La situation de chacune des deux sociĂ©tĂ©s Ă©volue alors de façon diffĂ©rente. La SAS COOK noue en janvier 2016 un partenariat avec une autre sociĂ©tĂ© qui porte ses fruits. En revanche, le changement de locaux de la SARL ELME est un Ă©chec et elle est mise en liquidation judiciaire par un jugement publiĂ© le 16 dĂ©cembre 2016. A cette date les stocks de la sociĂ©tĂ© sont faibles. Une partie de l’électromĂ©nager a Ă©tĂ© vendue Ă  bas prix Ă  un concurrent au cours des mois d’aoĂ»t et de septembre 2016 afin notamment d’obtenir les fonds nĂ©cessaires au remboursement des Ă©chĂ©ances des emprunts au CDN. La SARL ELME a Ă©galement vendu, au dĂ©but du mois de septembre 2016, en stipulant une clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ© dans le contrat, du matĂ©riel Ă©lectromĂ©nager, d’une valeur de 14 000 €, Ă  un restaurateur pour Ă©quiper sa cuisine. Ce restaurateur a depuis Ă©tĂ© mis en liquidation judiciaire. Dans l’hypothĂšse oĂč vous auriez Ă©tĂ© dĂ©signĂ© liquidateur judiciaire dans le cadre de la procĂ©dure affectant la SARL ELME, quelles actions auriez-vous, au regard spĂ©cifiquement des faits qui viennent de vous ĂȘtre exposĂ©s, exercĂ©es ? Si M. DIJIE, directeur juridique du CDN, venait vous consulter aujourd’hui pour vous demander ce qu’il doit faire pour que la banque ait une chance d’ĂȘtre payĂ©e que lui rĂ©pondriez-vous ?

EExxeerrcciiccee 22 -- CCoommmmeennttaaiirree dd’’aarrrrĂȘĂȘtt :: ccoommmmeenntteezz CCaassss.. ccoomm..,, 2299 nnoovveemmbbrree 22001166 ((ddoocc.. nn°° 1133))

DDooccuummeennttss ♩ Doc. n° 1. Cass. com., 11 juin 2002, JCP, 2002, II, n° 10116. ♩ Doc. n° 2. Cass. com., 15 avril 2008, D. 2008, p. 1344 ♩ Doc. n° 3. Cass. com., 14 mai 1996, D. 1996, p. 460. ♩ Doc. n° 4. A.P., 4 fĂ©vrier 2011, D. 2011, p. 439. ♩ Doc. n° 5. Cass. com., 15 octobre 2013, Act. proc. coll. n° 19, 2013. ♩ Doc. n° 6. Cass. com., 19 fĂ©vrier 2013, RDC 2013, p. 1454. ♩ Doc. n° 7. Cass. com., 27 septembre 2016, Banque & droit 2016, n° 170, p. 75. ♩ Doc. n° 8. Cass. com., 19 novembre 2013, LPA 9 juill. 2014. ♩ Doc. n° 9. Cass. com., 19 novembre 2013, JCP E 2014, 1003. ♩ Doc. n° 10. Cass. com., 3 fĂ©vrier 1998, JCP E 1998, p. 491. ♩ Doc. n° 11. Cass. com., 7 avril 2009, JCP E 2009, 1814. ♩ Doc. n° 12. Cass. com., 12 juillet 2016, D. 2016, p. 2554. ♩ Doc. n° 13. Cass. com., 29 novembre 2016, D. 2016, p. 2462. ♩ Doc. n° 14. Cass. com., 10 mars 2015, Act. proc. coll. n° 7, 2015. ♩ Doc. n° 15. Cass. com., 31 janvier 2012, Rev. proc. coll. sept. 2013, comm. 132. ♩ Doc. n° 16. Cass. com., 5 novembre 2003, Act. proc. coll. 2004, n° 1. ♩ Doc. n° 17. Cass. com., 4 fĂ©vrier 2003, JCP E 2003, n° 1363.

DDoocc.. nn°° 11.. CCaassss.. ccoomm..,, 1111 jjuuiinn 22000022.. Sur le moyen unique, pris en ses deux premiĂšres branches : Vu l'article 142 du dĂ©cret du 27 dĂ©cembre 1985 ; Attendu qu'il rĂ©sulte de ce texte que le liquidateur dresse l'Ă©tat de collocation au vu des inscriptions, des crĂ©ances admises et de la liste des crĂ©ances mentionnĂ©es Ă  l'article 40 de la loi du 25 janvier 1985 devenu l'article L. 621-32 du Code de commerce ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, qu'Ă  la suite du prĂȘt qu'il avait consenti aux Ă©poux Y..., prĂȘt garanti par une hypothĂšque sur la maison d'habitation appartenant aux dĂ©biteurs, le Comptoir des entrepreneurs (le CDE) a poursuivi la saisie immobiliĂšre du bien hypothĂ©quĂ© ; que, par un jugement du 25 janvier 1988, ce bien a Ă©tĂ© adjugĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© Cabinet Gauthier (Cabinet Gauthier), qui a Ă©tĂ© mise en redressement puis liquidation judiciaires sans avoir rĂ©glĂ© le prix de vente ; que, sur autorisation du juge-commissaire, la maison a Ă©tĂ© revendue aux Ă©poux X..., qui en ont payĂ© le prix entre les mains du liquidateur du Cabinet Gauthier ; que, procĂ©dant au rĂšglement de l'ordre

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entre les crĂ©anciers, en application de l'article 154, alinĂ©a 5, de la loi du 25 janvier 1985, le liquidateur a colloquĂ© en premier rang le receveur divisionnaire des impĂŽts et a Ă©cartĂ© le CDE, aux droits duquel se trouve la sociĂ©tĂ© Entenial, faute par celui-ci d'avoir dĂ©clarĂ© sa crĂ©ance ; que le CDE a Ă©levĂ© une contestation Ă  l'encontre de l'Ă©tat de collocation ; Attendu que pour rejeter la contestation du CDE, l'arrĂȘt retient que le juge-commissaire a dĂ©cidĂ© d'autoriser la vente de grĂ© Ă  grĂ© de l'immeuble, qu'en l'absence de folle enchĂšre pour non-paiement du prix d'adjudication, ce magistrat a considĂ©rĂ© que le bien Ă©tait entrĂ© dans le patrimoine du Cabinet Gauthier, en sorte que les rĂšgles de la procĂ©dure collective devaient s'appliquer Ă  la rĂ©alisation de cet actif, que le liquidateur a mis en Ɠuvre cette dĂ©cision et a rĂ©alisĂ© les actes de vente dont les consĂ©quences obĂ©issent aux prescriptions impĂ©ratives de la procĂ©dure collective, qu'ainsi le CDE, qui n'a pas dĂ©clarĂ© sa crĂ©ance, ne peut participer Ă  la rĂ©partition des sommes dans le cadre de la procĂ©dure collective du Cabinet Gauthier, la sĂ»retĂ© n'ayant aucun effet autonome et l'article 142 du dĂ©cret du 27 dĂ©cembre 1985 ne constituant pas une dĂ©rogation Ă  ce principe ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que le CDE, crĂ©ancier hypothĂ©caire des Ă©poux Y... exerçant son droit de suite et de prĂ©fĂ©rence devait ĂȘtre colloquĂ© sans avoir Ă  dĂ©clarer de crĂ©ance au passif du Cabinet Gauthier, la cour d'appel a violĂ© le texte susvisĂ© ; Par ces motifs : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt n° RG 99/0005022 rendu le 26 juillet 2000, entre les parties, par la cour d'appel de Montpellier ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence.

DDoocc.. nn°° 22.. CCaassss.. ccoomm..,, 1155 aavvrriill 22000088.. Attendu, selon l'arrĂȘt dĂ©fĂ©rĂ©, qu'en vertu d'un arrĂȘt du 2 mai 2001 condamnant la sociĂ©tĂ© L'escargot (la sociĂ©tĂ©) Ă  lui restituer certaines sommes, la Mutuelle de l'Allier et des rĂ©gions françaises (la MARF) a fait inscrire le 14 mai 2001 un nantissement sur le fonds de commerce appartenant Ă  la sociĂ©tĂ© ; que cette derniĂšre a Ă©tĂ© mise en redressement judiciaire le 2 aoĂ»t 2001, puis aprĂšs rĂ©solution de son plan de continuation, en liquidation judiciaire le 15 avril 2004 par un jugement publiĂ© au BODACC le 12 mai 2004 ; que par requĂȘte du 16 novembre 2004, la MARF a demandĂ© Ă  ĂȘtre relevĂ©e de la forclusion ainsi que l'admission de sa crĂ©ance Ă  titre privilĂ©giĂ© ; que le juge-commissaire a relevĂ© la MARF de la forclusion et a admis sa crĂ©ance Ă  titre privilĂ©giĂ© ; que la cour d'appel a infirmĂ© l'ordonnance du juge-commissaire ; Sur la recevabilitĂ© du moyen, pris en sa premiĂšre branche, contestĂ©e par la dĂ©fense : Attendu que le liquidateur de la sociĂ©tĂ© soulĂšve l'irrecevabilitĂ© du moyen en raison de sa nouveautĂ© ; Mais attendu que le moyen tirĂ© de l'existence d'une sĂ»retĂ© publiĂ©e au profit de la MARF au jour de l'ouverture de la procĂ©dure collective Ă©tait inclus dans le dĂ©bat devant la cour d'appel ; que le moyen, qui n'est pas nouveau, est donc recevable ; Et sur le moyen : Vu les articles L. 621-43 et L. 621-46 du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises, et l'article 66 du dĂ©cret du 27 dĂ©cembre 1985 ; Attendu que la qualitĂ© de crĂ©ancier titulaire d'une sĂ»retĂ© publiĂ©e, au sens du premier des textes visĂ©s, s'apprĂ©cie Ă  la date du jugement d'ouverture de la procĂ©dure collective ; Attendu que pour considĂ©rer que la forclusion Ă©tait opposable Ă  la MARF, l'arrĂȘt retient que si ce crĂ©ancier justifie du dĂ©pĂŽt le 14 mai 2001 d'une inscription de nantissement de fonds de commerce , il n'Ă©tablit, ni en avoir informĂ© le dĂ©biteur par acte d'huissier de justice dans les termes de l'article 255 du dĂ©cret du 31 juillet 1992, ni avoir effectuĂ©, dans les dĂ©lais prĂ©vus Ă  l'article 263 du mĂȘme dĂ©cret, la publicitĂ© dĂ©finitive, de sorte que la MARF, ne pouvant se prĂ©valoir de la qualitĂ© de crĂ©ancier titulaire d'une sĂ»retĂ© publiĂ©e, n'avait pas Ă  ĂȘtre personnellement avisĂ©e de la liquidation judiciaire ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que la MARF, titulaire d'un nantissement inscrit sur le fonds de commerce de la sociĂ©tĂ© au jour de l'ouverture de la liquidation judiciaire de cette derniĂšre, devait ĂȘtre personnellement avertie d'avoir Ă  dĂ©clarer sa crĂ©ance par lettre recommandĂ©e avec demande d'avis de rĂ©ception du reprĂ©sentant des crĂ©anciers, peu important que la validitĂ© de la publicitĂ© de la sĂ»retĂ© puisse ultĂ©rieurement ĂȘtre contestĂ©e, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur l'autre grief : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 26 octobre 2006, entre les parties, par la cour d'appel de Limoges ;

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DDoocc.. nn°° 33.. CCaassss.. ccoomm..,, 1144 mmaaii 11999966.. Sur le moyen unique : Vu les articles 2114 et 2180 du Code civil, ensemble l'article 53 de la loi du 25 janvier 1985 ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que le CrĂ©dit foncier de France et le Comptoir des entrepreneurs (les banques) ont prĂȘtĂ© aux Ă©poux X... une certaine somme que ceux-ci se sont engagĂ©s solidairement Ă  leur rembourser ; qu'en garantie de ce remboursement les Ă©poux X... ont consenti aux banques une hypothĂšque conventionnelle qui a Ă©tĂ© inscrite sur un immeuble commun ; que M. X... ayant Ă©tĂ© mis ensuite en redressement puis en liquidation judiciaires, et les banques n'ayant pas dĂ©clarĂ© leur crĂ©ance, le liquidateur a demandĂ© la radiation de l'inscription hypothĂ©caire du chef des deux Ă©poux ; Attendu que, pour accueillir cette demande, l'arrĂȘt, aprĂšs avoir exactement dĂ©cidĂ© que la crĂ©ance litigieuse, Ă©teinte Ă  l'Ă©gard du mari, ne l'Ă©tait pas Ă  l'Ă©gard de la femme en raison de la solidaritĂ© des dettes, retient qu'en raison de son caractĂšre indivisible l'hypothĂšque dont bĂ©nĂ©ficiaient les banques et qui demeurait attachĂ©e Ă  la crĂ©ance subsistant envers Mme X... leur permet de saisir le bien grevĂ©, celui-ci fĂ»t-il commun aux deux Ă©poux, et qu'en consĂ©quence il y a lieu de rayer l'inscription du chef des deux Ă©poux ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'Ă  dĂ©faut d'extinction de l'obligation distincte contractĂ©e par Mme X..., l'hypothĂšque qui en garantissait indivisiblement le paiement subsistait et que les banques, si elles Ă©taient privĂ©es, en l'absence de dĂ©claration de leurs crĂ©ances, de tout droit Ă  participer aux rĂ©partitions faites dans le cadre de la liquidation judiciaire, conservaient cependant, aprĂšs paiement de tous les crĂ©anciers admis, le droit de faire valoir leur hypothĂšque sur le solde pouvant subsister sur le prix de l'immeuble grevĂ©, ce dont il rĂ©sulte que l'absence de dĂ©claration n'affectait que l'exercice dans le cadre de la procĂ©dure collective des droits hypothĂ©caires des banques, mais non leur existence et que la radiation de l'hypothĂšque ne pouvait, en l'Ă©tat, ĂȘtre ordonnĂ©e du chef de l'Ă©pouse, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a ordonnĂ© la radiation de l'inscription d'hypothĂšque du chef des deux Ă©poux, l'arrĂȘt rendu le 25 novembre 1993, entre les parties, par la cour d'appel de Rouen ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Amiens.

DDoocc.. nn°° 44.. AA..PP..,, 44 ffĂ©Ă©vvrriieerr 22001111.. Sur le moyen unique du pourvoi principal et du pourvoi provoquĂ© : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Paris, 26 fĂ©vrier 2009) rendu sur renvoi aprĂšs cassation (Com., 3 octobre 2006, n° 04-11. 024), qu'aprĂšs la mise en redressement puis liquidation judiciaires de la sociĂ©tĂ© Bois panneaux parquets Martine industrie (la sociĂ©tĂ© BPPMI), le tribunal a Ă©tendu cette procĂ©dure Ă  la sociĂ©tĂ© Martine bois et dĂ©rivĂ©s (la sociĂ©tĂ© MBD) sur le fondement de la confusion des patrimoines ; que la sociĂ©tĂ© Unimat, tant en son nom personnel qu'au nom des sociĂ©tĂ©s Sofinabail, BNP Bail et Banque populaire de l'Ouest, Ă©tablissements de crĂ©dit constituant le groupement dont elle Ă©tait " le chef de file ", a dĂ©clarĂ© des crĂ©ances au titre d'un crĂ©dit-bail ; Attendu que la sociĂ©tĂ© BPPMI, la sociĂ©tĂ© MBD et M. X..., agissant en qualitĂ© de liquidateur Ă  la liquidation judiciaire de ces deux sociĂ©tĂ©s, font grief Ă  l'arrĂȘt de dĂ©clarer rĂ©guliĂšres les dĂ©clarations de crĂ©ances effectuĂ©es par la sociĂ©tĂ© Unimat et d'admettre en consĂ©quence les crĂ©ances dĂ©clarĂ©es, alors, selon le moyen : 1°/ que lorsque, dans le cadre d'un pool bancaire, le chef de file entend procĂ©der Ă  une dĂ©claration de crĂ©ance au nom des autres entitĂ©s, il lui faut disposer Ă  cet effet d'un mandat spĂ©cial et Ă©crit ; que ce mandat doit impĂ©rativement ĂȘtre produit dans le dĂ©lai imparti aux crĂ©anciers pour dĂ©clarer leur crĂ©ance ; qu'en dĂ©cidant que le mandat pouvait ĂȘtre produit Ă  tout moment, les juges du fond ont violĂ© les articles L. 621-43 et L. 621-46 du code de commerce, dans leur rĂ©daction ancienne, 175 du dĂ©cret n° 85-1388 du 25 dĂ©cembre 1985, et l'article 853, alinĂ©a 3, du code de procĂ©dure civile ; 2°/ que si les juges du fond ont rappelĂ© la rĂšgle suivant laquelle une entitĂ© peut justifier Ă  tout moment de la dĂ©lĂ©gation dont bĂ©nĂ©ficie le prĂ©posĂ© qui a matĂ©riellement procĂ©dĂ© Ă  la dĂ©claration de la crĂ©ance, cette rĂšgle, propre aux dĂ©lĂ©gations dont peuvent disposer les prĂ©posĂ©s Ă  l'intĂ©rieur d'une mĂȘme entitĂ©, ne saurait ĂȘtre Ă©tendue au cas oĂč le chef de file d'un pool bancaire agit au nom des autres membres du pool ; qu'Ă  cet Ă©gard, l'arrĂȘt attaquĂ© a Ă©galement Ă©tĂ© rendu en violation des articles L. 621-43 et L. 621-46 du code de commerce, dans leur rĂ©daction ancienne, et l'article 853, alinĂ©a 3, du code de procĂ©dure civile ; 3°/ que le dĂ©faut de production de pouvoir, dans le dĂ©lai imparti pour la dĂ©claration de crĂ©ance, est sanctionnĂ© par une nullitĂ© de fond ; que la nullitĂ© de fond ne peut ĂȘtre rĂ©gularisĂ©e dĂšs lors que le dĂ©lai pour agir est expirĂ© ; qu'en dĂ©cidant le contraire, pour considĂ©rer que la production d'un pouvoir pouvait intervenir au-delĂ  du dĂ©lai de

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dĂ©claration de la crĂ©ance, les juges du fond ont violĂ© les articles 117 et 121, 853, alinĂ©a 3, du code de procĂ©dure civile, ensemble les articles L. 621-43 et L. 621-46 du code de commerce dans leur rĂ©daction ancienne ; 4°/ que la nullitĂ© de la dĂ©claration de crĂ©ance, pour non-production du pouvoir dans le dĂ©lai prĂ©vu pour la dĂ©claration de crĂ©ance, rĂ©sulte d'une jurisprudence, claire et prĂ©cise, applicable chaque fois qu'une partie est reprĂ©sentĂ©e par un tiers qui n'a pas la qualitĂ© d'avocat ; qu'Ă  ce titre, la rĂšgle ne saurait ĂȘtre regardĂ©e comme contraire Ă  l'article 6 § 1 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertĂ©s fondamentales en tant qu'elle institue un droit au procĂšs Ă©quitable et qu'en dĂ©cidant le contraire, les juges du fond ont violĂ© ce texte ; 5°/ que la nullitĂ©, tirĂ©e du dĂ©faut de production du pouvoir dans le dĂ©lai prĂ©vu par la dĂ©claration de crĂ©ance, peut ĂȘtre invoquĂ©e Ă  tout moment, par la partie adverse, comme le prĂ©voit l'article 118 du code de procĂ©dure civile et le rappelle la jurisprudence intervenue Ă  propos de ce texte ; qu'Ă  raison de la clartĂ© et de la prĂ©cision de cette solution, l'auteur de la dĂ©claration de crĂ©ance sait ainsi qu'il peut ĂȘtre appelĂ© Ă  rĂ©pondre, Ă  toute hauteur de la procĂ©dure, de la production, dans le dĂ©lai de la dĂ©claration de crĂ©ance du pouvoir qui lui a Ă©tĂ© donnĂ© ; que l'invocation de l'irrĂ©gularitĂ© de la dĂ©claration de crĂ©ance postĂ©rieurement au dĂ©lai prĂ©vu par la dĂ©claration, ne peut dĂšs lors ĂȘtre regardĂ©e comme attentatoire au principe de l'Ă©galitĂ© des armes et Ă  l'article 6 § 1 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertĂ©s fondamentales en tant qu'il institue, dans le cadre d'un droit au procĂšs Ă©quitable, le principe de l'Ă©galitĂ© des armes et qu'en dĂ©cidant le contraire, les juges du fond ont violĂ© ces textes ; Mais attendu que la dĂ©claration des crĂ©ances Ă©quivaut Ă  une demande en justice ; que la personne qui dĂ©clare la crĂ©ance d'un tiers doit, si elle n'est pas avocat, ĂȘtre munie d'un pouvoir spĂ©cial, donnĂ© par Ă©crit, avant l'expiration du dĂ©lai de dĂ©claration des crĂ©ances ; qu'en cas de contestation, il peut en ĂȘtre justifiĂ© jusqu'au jour oĂč le juge statue ; Et attendu que la cour d'appel, qui a constatĂ© que la sociĂ©tĂ© Unimat avait justifiĂ©, pour chacune des sociĂ©tĂ©s dont elle avait dĂ©clarĂ© la crĂ©ance, d'un pouvoir spĂ©cial Ă©crit dĂ©livrĂ© dans le dĂ©lai imparti pour effectuer la dĂ©claration, en a exactement dĂ©duit que cette dĂ©claration Ă©tait rĂ©guliĂšre ; D'oĂč il suit que le moyen n'est pas fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : REJETTE les pourvois ;

DDoocc.. nn°° 55.. CCaassss.. ccoomm..,, 1155 ooccttoobbrree 22001133.. Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Versailles, 10 mai 2012, RG : 11/04019), que par jugement du 30 novembre 2009 publiĂ© au bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (BODACC) le 8 dĂ©cembre 2009, une procĂ©dure de sauvegarde a Ă©tĂ© ouverte Ă  l'Ă©gard de la sociĂ©tĂ© Thomson devenue groupe Technicolor (sociĂ©tĂ© Technicolor) qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© ultĂ©rieurement d'un plan de sauvegarde ; que la sociĂ©tĂ© Bank of America qui lui avait consenti un prĂȘt, a cĂ©dĂ© ses crĂ©ances sur la sociĂ©tĂ© Technicolor, le 14 dĂ©cembre 2009, Ă  la sociĂ©tĂ© Banco Finantia ; que les crĂ©ances dĂ©clarĂ©es par cette derniĂšre le 7 avril 2010, ont Ă©tĂ© contestĂ©es comme tardives ; que par ordonnance du 28 mars 2011, sa crĂ©ance d'intĂ©rĂȘts a Ă©tĂ© admise Ă  concurrence d'un euro pour mĂ©moire ; Attendu que la sociĂ©tĂ© Technicolor, les mandataires judiciaires et le commissaire Ă  l'exĂ©cution du plan de sauvegarde font grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir confirmĂ© l'ordonnance n° 2010M05723 et dit que le dĂ©lai de dĂ©claration de crĂ©ance de quatre mois Ă  compter de la publication du jugement d'ouverture de la sauvegarde Ă©tait applicable Ă  la sociĂ©tĂ© Banco Finantia, alors, selon le moyen : 1°/ que le dĂ©lai de dĂ©claration de crĂ©ance est de deux mois Ă  compter de la publication du jugement d'ouverture au BODACC ; que lorsque la procĂ©dure est ouverte par une juridiction qui a son siĂšge sur le territoire de la France mĂ©tropolitaine, le dĂ©lai est augmentĂ© de deux mois pour les crĂ©anciers qui ne demeurent pas sur ce territoire ; que le cessionnaire d'une crĂ©ance ne disposant pas de plus de droits que le cĂ©dant n'en dĂ©tenait lui-mĂȘme Ă  l'encontre du dĂ©biteur, il en rĂ©sulte qu'en cas de cession de crĂ©ance intervenue postĂ©rieurement Ă  la publication du jugement d'ouverture d'une procĂ©dure collective Ă  l'encontre du dĂ©biteur cĂ©dĂ©, le cessionnaire d'une crĂ©ance ne peut prĂ©tendre Ă  un dĂ©lai de dĂ©claration de crĂ©ance plus long que celui dont le cĂ©dant pouvait lui-mĂȘme se prĂ©valoir ; que c'est donc en la seule personne du titulaire de la crĂ©ance au jour du jugement d'ouverture qu'il convient d'examiner les conditions de dĂ©lai de dĂ©claration ; qu'en retenant pourtant « qu'il convient (Âż) d'examiner si les conditions d'allongement du dĂ©lai sont rĂ©unies au moment oĂč le crĂ©ancier titulaire de la crĂ©ance la dĂ©clare, et non en considĂ©ration de la situation du crĂ©ancier titulaire de la crĂ©ance au jour de l'ouverture de la procĂ©dure collective », la cour d'appel a violĂ© l'article R. 622-24 du code de commerce ; 2°/ que le dĂ©lai de dĂ©claration de crĂ©ance est de deux mois Ă  compter de la publication du jugement d'ouverture au bulletin officiel des annonces civiles et commerciales pour les crĂ©anciers demeurant sur le territoire de la France mĂ©tropolitaine ; que ce dĂ©lai est applicable au crĂ©ancier disposant d'une succursale de plein exercice sur ce territoire ; qu'en retenant pourtant qu' « Ă  supposer mĂȘme (Âż) que le domicile Ă  retenir soit celui du crĂ©ancier au jour de l'ouverture de la procĂ©dure de la sauvegarde, en l'espĂšce celui de la sociĂ©tĂ© Bank of America, le dĂ©lai de dĂ©claration applicable reste identique, Ă  savoir un dĂ©lai de quatre mois Ă  compter de la publication au BODACC du jugement d'ouverture », cependant qu'elle avait elle-mĂȘme constatĂ© « l'existence Ă  Paris d'une succursale de cette banque,

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mĂȘme de plein exercice », la cour d'appel n'a pas tirĂ© les consĂ©quences lĂ©gales de ses constatations, en violation de l'article R. 622-24 du code de commerce ; 3°/ que, subsidiairement, lorsque la procĂ©dure est ouverte par une juridiction qui a son siĂšge sur le territoire de la France mĂ©tropolitaine, le dĂ©lai de dĂ©claration de crĂ©ance est augmentĂ© de deux mois pour les crĂ©anciers qui ne demeurent pas sur ce territoire ; qu'en retenant, pour en dĂ©duire que la sociĂ©tĂ© Bank of America disposait d'un dĂ©lai de quatre mois pour dĂ©clarer sa crĂ©ance, que « l'application de l'allongement du dĂ©lai de dĂ©claration de crĂ©ance serait dĂ©terminĂ©e par le lieu du siĂšge social de la banque oĂč se trouvent les organes habilitĂ©s Ă  la reprĂ©senter en justice et donc Ă  dĂ©clarer les crĂ©ances ou Ă  dĂ©lĂ©guer ce pouvoir, en l'absence de tout Ă©lĂ©ment dĂ©montrant que les reprĂ©sentants de la succursale française auraient disposĂ© d'un tel pouvoir », cependant que le dĂ©lai de dĂ©claration est dĂ©terminĂ© en considĂ©ration de la prĂ©sence effective, sur le territoire de la France mĂ©tropolitaine, du crĂ©ancier et non de ses organes habilitĂ©s Ă  le reprĂ©senter en justice, la cour d'appel a violĂ© l'article R. 622-24 du code de commerce ; Mais attendu qu'aprĂšs avoir constatĂ© que le dĂ©lai de dĂ©claration de l'article R. 622-24, alinĂ©a 1, du code de commerce n'Ă©tait pas expirĂ© lorsque la sociĂ©tĂ© Banco Finantia, cessionnaire de la crĂ©ance, en est devenue titulaire par un acte auquel la sociĂ©tĂ© dĂ©bitrice Ă©tait reprĂ©sentĂ©e, de sorte que la cession de crĂ©ance lui est opposable, l'arrĂȘt Ă©nonce, d'abord, que le dĂ©lai de dĂ©claration applicable n'est pas un accessoire de la crĂ©ance transmise au cessionnaire, ensuite, que l'apprĂ©ciation du lieu oĂč demeure le crĂ©ancier doit se faire en considĂ©ration de la personne du crĂ©ancier cessionnaire dĂ©clarant, et, enfin, que l'allongement du dĂ©lai de dĂ©claration des crĂ©ances prĂ©vu par l'article R. 622-24, alinĂ©a 2, a pour seule finalitĂ© de compenser au profit du crĂ©ancier ne demeurant pas sur le territoire de la France mĂ©tropolitaine, sur lequel est ouverte la procĂ©dure collective de son dĂ©biteur, la contrainte rĂ©sultant de l'Ă©loignement; que de ces seuls motifs la cour d'appel a exactement dĂ©duit que la dĂ©claration de crĂ©ance de la sociĂ©tĂ© Banco Finantia effectuĂ©e Ă  l'intĂ©rieur du dĂ©lai de quatre mois suivant la publication du jugement de sauvegarde au BODACC, n'Ă©tait pas forclose ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 66.. CCaassss.. ccoomm..,, 1199 ffĂ©Ă©vvrriieerr 22001133.. Sur le moyen unique, pris en ses deux branches : Vu l'article 2314 du code civil et l'article L. 626-26, alinĂ©a 1, du code de commerce dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008 ; Attendu qu'il rĂ©sulte de la combinaison de ces textes que, lorsque le crĂ©ancier a omis de dĂ©clarer sa crĂ©ance, peu important la nature de celle-ci, la caution est dĂ©chargĂ©e de son obligation si cette derniĂšre avait pu tirer un avantage effectif du droit d'ĂȘtre admise dans les rĂ©partitions et dividendes, susceptible de lui ĂȘtre transmis par subrogation ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que M. Y... (la caution) s'est rendu caution solidaire des engagements pris par la sociĂ©tĂ© Graphi print (la sociĂ©tĂ©) envers la sociĂ©tĂ© BNP Paribas (la banque) et s'est portĂ© avaliste d'un billet Ă  ordre ; que la banque ayant clĂŽturĂ© le compte courant de la sociĂ©tĂ© et rĂ©siliĂ© ses concours financiers, a, aprĂšs mises en demeure, assignĂ© la sociĂ©tĂ© et la caution en paiement ; que la sociĂ©tĂ© a Ă©tĂ© mise en liquidation judiciaire le 24 septembre 2008, Mme X... Ă©tant dĂ©signĂ©e en qualitĂ© de liquidateur (le liquidateur) ; que cette derniĂšre et M. Y... ont relevĂ© appel du jugement prononçant condamnation Ă  l'encontre de la sociĂ©tĂ© et de la caution ; Attendu que pour condamner M. Y... Ă  payer Ă  la banque certaines sommes en ses qualitĂ©s respectives de caution et d'avaliste, l'arrĂȘt retient que l'article 2314 du code civil n'est pas applicable Ă  l'espĂšce dĂšs lors que la crĂ©ance de la banque qui n'Ă©tait que chirographaire ne bĂ©nĂ©ficiait d'aucune garantie ; Attendu qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : DECLARE IRRECEVABLE le pourvoi en ce qu'il est formĂ© par Mme X..., Ăšs qualitĂ©s ; Et sur le pourvoi en ce qu'il est formĂ© par M. Y... : CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a condamnĂ© M. Y... Ă  payer Ă  la sociĂ©tĂ© BNP Paribas, d'une part, en sa qualitĂ© de caution la somme de 33 860,86 euros au titre du solde dĂ©biteur du compte courant, majorĂ©e des intĂ©rĂȘts au taux de 8,80 %, et, d'autre part, en sa qualitĂ© d'avaliste la somme de 92 000 euros au titre du billet financier, majorĂ©e des intĂ©rĂȘts au taux contractuel de 7,843 %, l'arrĂȘt rendu le 5 octobre 2011, entre les parties, par la cour d'appel de Toulouse ; remet, en consĂ©quence, sur ces points, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Toulouse, autrement composĂ©e ;

DDoocc.. nn°° 77.. CCaassss.. ccoomm..,, 2277 sseepptteemmbbrree 22001166.. Sur le moyen unique : Vu l'article L. 632-1, 6° du code de commerce ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que le 12 novembre 2008, la sociĂ©tĂ© Couach, ayant pour activitĂ© la construction et la location de bateaux de plaisance, a consenti Ă  la sociĂ©tĂ© Natixis, en garantie du paiement du solde dĂ©biteur de son

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compte courant, un gage sans dĂ©possession portant sur six moteurs de bateau identifiĂ©s ; que par un acte du 19 fĂ©vrier 2009, la sociĂ©tĂ© Couach a procĂ©dĂ© Ă  la modification du gage en substituant Ă  deux moteurs initialement gagĂ©s deux autres moteurs ; qu'elle a Ă©tĂ© mise en redressement puis liquidation judiciaires les 1er avril et 17 juin 2009, la date de cessation des paiements Ă©tant fixĂ©e au 23 janvier 2009 ; que soutenant que la modification intervenue le 19 fĂ©vrier 2009 constituait un nouveau contrat de gage consenti en pĂ©riode suspecte, le liquidateur a assignĂ© la sociĂ©tĂ© Natixis en nullitĂ© de cette sĂ»retĂ© sur le fondement de l'article L. 632-1, 6° du code de commerce ; Attendu que pour accueillir la demande, l'arrĂȘt retient que la modification par avenant vaut constitution d'un nouveau gage et qu'elle est intervenue en pĂ©riode suspecte, pour garantir le paiement d'une dette nĂ©e antĂ©rieurement au jugement d'ouverture ; Qu'en se dĂ©terminant ainsi, sans rechercher si la substitution opĂ©rĂ©e le 19 fĂ©vrier 2009 avait confĂ©rĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© Natixis un gage supĂ©rieur, dans sa nature et dans son assiette, Ă  celui initialement consenti, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 5 novembre 2014, entre les parties, par la cour d'appel de Bordeaux ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Poitiers ; DDoocc.. nn°° 88.. CCaassss.. ccoomm..,, 1199 nnoovveemmbbrree 22001133.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (OrlĂ©ans, 19 avril 2012), que, par acte du 31 mai 2007, la sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre Éminence (la sociĂ©tĂ© Eminence) s'est rendue caution de la sociĂ©tĂ© Fourtune participations (sociĂ©tĂ© Fourtune), Ă©tablie au Luxembourg, en garantie d'une ouverture de crĂ©dit consentie Ă  celle-ci par la sociĂ©tĂ© Dexia banque internationale ; que la sociĂ©tĂ© Éminence ayant Ă©tĂ© mise en liquidation judiciaire en France et la date de la cessation de ses paiements reportĂ©e au 22 janvier 2007, le liquidateur a demandĂ© l'annulation du cautionnement comme acte gratuit intervenu en pĂ©riode suspecte ; Attendu que le liquidateur fait grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir rejetĂ© sa demande, alors, selon le moyen : 1°/ que dans ses conclusions d'appel signifiĂ©es le 17 fĂ©vrier 2012 le liquidateur faisait valoir que l'article L. 632-1 du code de commerce français devait recevoir application et que « mĂȘme si l'on considĂ©rait que la loi luxembourgeoise est applicable, ce qui n'est pas le cas, la nullitĂ© de l'acte en cause doit ĂȘtre prononcĂ©e par application de l'article 445 du code de commerce luxembourgeois » ; qu'en affirmant cependant que « les parties admettent, au vu de l'acte notariĂ© du 31 mai 2007, que l'acte de cautionnement est soumis au droit Luxembourgeois », la cour d'appel a dĂ©naturĂ© les conclusions du liquidateur en violation de l'article 4 du code de procĂ©dure civile ; 2°/ que les juges doivent prĂ©ciser le fondement juridique de leur dĂ©cision ; qu'en affirmant que la constitution de la sĂ»retĂ© litigieuse n'Ă©tait pas inopposable Ă  la procĂ©dure collective en vertu du dernier paragraphe de l'article 445 du code luxembourgeois ou de l'article L. 632-1 du code de commerce français, laissant ainsi subsister une incertitude sur le fondement juridique de sa dĂ©cision et sur la loi applicable, la cour d'appel a violĂ© l'article 12 du code de procĂ©dure civile ; 3°/ que si un acte de cautionnement rĂ©el n'emporte pas dessaisissement immĂ©diat et dĂ©finitif, il constitue cependant un acte irrĂ©versible de disposition et interdit de fait de disposer du bien compte tenu de la sĂ»retĂ© qui le grĂšve ; qu'en dĂ©cidant cependant que la sĂ»retĂ© rĂ©elle consentie pour garantir la dette d'un tiers n'est pas en soi un acte translatif de propriĂ©tĂ© et n'emporte pas dessaisissement immĂ©diat et dĂ©finitif d'un Ă©lĂ©ment du patrimoine, mais donne simplement vocation Ă  apprĂ©hender le bien en cas de dĂ©faillance du dĂ©biteur principal, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 632-1-1 1° du code de commerce et en tant que de besoin l'article 445 du code de commerce luxembourgeois ; 4°/ qu'en Ă©nonçant par voie d'affirmation gĂ©nĂ©rale que le cautionnement rĂ©el litigieux n'avait pas Ă©tĂ© consenti Ă  titre gratuit par la sociĂ©tĂ© Éminence, filiale de la sociĂ©tĂ© Fourtune, motif pris qu'au sein d'un groupe de deux sociĂ©tĂ©s la filiale a un intĂ©rĂȘt Ă  favoriser le financement de sa mĂšre qui pourra ainsi participer Ă  son dĂ©veloppement, la cour d'appel a statuĂ© par un motif d'ordre gĂ©nĂ©ral en violation de l'article 455 du code de procĂ©dure civile ; 5° / qu'un acte gratuit en pĂ©riode suspecte est nul ; que la notion de gratuitĂ© ne peut ĂȘtre Ă©cartĂ©e par la considĂ©ration que celui qui pose l'acte en retire un avantage Ă©conomique indirect ; que la SCI Éminence, filiale de la sociĂ©tĂ© Fourtune, n'avait qu'un intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Ă  ce que sa mĂšre prospĂšre et ne tombe pas sous le coup d'une procĂ©dure collective ; qu'en l'espĂšce, le cautionnement rĂ©el Ă©tait gratuit pour ĂȘtre privĂ© de contrepartie ; qu'en dĂ©cidant cependant que l'acte du 31 mai 2007 n'avait pas Ă©tĂ© consenti Ă  titre gratuit au motif inopĂ©rant que la sociĂ©tĂ© Fourtune, dont la dette avait Ă©tĂ© ainsi garantie, Ă©tait l'associĂ©e majoritaire de la sociĂ©tĂ© Éminence et que celle-ci avait intĂ©rĂȘt Ă  financer sa sociĂ©tĂ© mĂšre afin que cette derniĂšre participe ensuite Ă  son dĂ©veloppement, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 632-1-1 1° du code de commerce et en tant que de besoin l'article 445 du code de commerce luxembourgeois ; 6°/ qu'en statuant comme elle a fait sans rechercher, comme elle y Ă©tait pourtant expressĂ©ment invitĂ©e par les conclusions du liquidateur, si le cautionnement rĂ©el litigieux avait une contrepartie rĂ©elle et ne grevait pas

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inutilement les ressources et le patrimoine immobilier de la filiale, la cour d'appel n'a pas mis la Cour de cassation en mesure d'exercer son contrĂŽle au regard de l'article L. 632-1-1 1° du code de commerce et en tant que de besoin de l'article 445 du code de commerce luxembourgeois ; Mais attendu, en premier lieu, que, si la cour d'appel s'est rĂ©fĂ©rĂ©e aussi bien Ă  l'article L. 632-1 I 1° du code de commerce français qu'Ă  l'article 445, alinĂ©a 2, du code de commerce luxembourgeois, elle a fait de ces deux textes, rĂ©digĂ©s en termes semblables, une application identique, conforme Ă  celle du droit français qu'invoquait le liquidateur, de sorte que celui-ci est sans intĂ©rĂȘt Ă  critiquer une mise en Ɠuvre seulement apparente du droit luxembourgeois, qui ne laisse pas d'incertitude quant Ă  la loi rĂ©ellement appliquĂ©e ; Attendu, en second lieu, qu'aprĂšs avoir retenu que les sociĂ©tĂ©s Fourtune et Éminence forment un groupe de deux sociĂ©tĂ©s, que la sociĂ©tĂ© cautionnĂ©e est l'associĂ©e majoritaire de la sociĂ©tĂ© caution, que celle-ci, en tant que filiale, a un intĂ©rĂȘt Ă  favoriser le financement de sa sociĂ©tĂ© mĂšre, laquelle pourra ainsi participer Ă  son propre dĂ©veloppement, l'arrĂȘt en dĂ©duit que l'acte du 31 mai 2007 a une contrepartie ; que, par ces constatations et apprĂ©ciations, la cour d'appel, en effectuant les recherches prĂ©tendument omises et sans statuer par un motif d'ordre gĂ©nĂ©ral, a souverainement dĂ©cidĂ© que le cautionnement litigieux ne constituait pas un acte Ă  titre gratuit au sens de l'article L. 632-1 I 1° du code de commerce ; D'oĂč il suit que le moyen, qui est irrecevable en sa premiĂšre branche et critique, en sa troisiĂšme, un motif surabondant, n'est pas fondĂ© pour le surplus ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 99.. CCaassss.. ccoomm..,, 1199 nnoovveemmbbrree 22001133.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (NĂźmes, 31 mai 2012), que MM. X... et Y..., associĂ©s de la sociĂ©tĂ© Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e BBS, exploitant un salon de coiffure Ă  NĂźmes, le premier ayant Ă©tĂ©, en outre, son cogĂ©rant, ont obtenu, le 23 mars 2005, le remboursement du solde crĂ©diteur de leur compte « courant » d'associĂ© ; qu'aprĂšs que la sociĂ©tĂ© BBS eut Ă©tĂ© mise en liquidation judiciaire le 24 janvier 2006 et la date de la cessation de ses paiements fixĂ©e au 25 juillet 2004, le liquidateur judiciaire a demandĂ© l'annulation des paiements reçus par MM. X... et Y..., faisant valoir qu'ils avaient eu connaissance de l'Ă©tat de cessation des paiements ; Sur le premier moyen : Attendu que le liquidateur fait grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir rejetĂ© sa demande Ă  l'Ă©gard de M. X..., alors, selon le moyen : 1°/ que le dirigeant d'une sociĂ©tĂ© est rĂ©putĂ© connaĂźtre l'Ă©tat de cessation des paiements de la sociĂ©tĂ© ; qu'ainsi, l'annulation du paiement d'une dette Ă©chue survenu en pĂ©riode suspecte n'est pas subordonnĂ© Ă  la preuve d'une connaissance personnelle par le bĂ©nĂ©ficiaire du paiement de l'Ă©tat de cessation des paiements lorsque le bĂ©nĂ©ficiaire du paiement n'est autre que le dirigeant de la sociĂ©tĂ© ; qu'au cas prĂ©sent, pour dĂ©bouter le liquidateur de sa demande d'annulation du remboursement de compte courant d'associĂ© de M. X..., gĂ©rant de la SARL BBS, la cour d'appel a affirmĂ© qu'il n'Ă©tait pas prouvĂ© que M. X... aurait eu personnellement connaissance de l'Ă©tat de cessation des paiements de la sociĂ©tĂ© au jour du remboursement de son compte courant d'associĂ© ; qu'en exigeant ainsi une preuve non nĂ©cessaire en raison de la qualitĂ© de dirigeant de M. X..., la cour d'appel a violĂ© l'article L. 632-2 du code de commerce ; 2°/ que le paiement d'une dette Ă©chue survenu en pĂ©riode suspecte encourt l'annulation lorsque son bĂ©nĂ©ficiaire savait ou aurait dĂ» savoir que la sociĂ©tĂ© Ă©tait en Ă©tat de cessation des paiements ; qu'au cas prĂ©sent, il ressort des propres constatations de l'arrĂȘt attaquĂ© que M. X... Ă©tait gĂ©rant de la SARL BBS et que la sociĂ©tĂ© Ă©tait, depuis le mois d'aoĂ»t 2004 dans une situation dĂ©ficitaire qui avait donnĂ© lieu Ă  des rejets de chĂšques sans provision ; qu'en dĂ©boutant le liquidateur de sa demande d'annulation du remboursement du compte courant de M. X... au motif qu'il n'Ă©tait pas Ă©tabli que M. X... aurait eu connaissance de l'Ă©tat de cessation des paiements de la sociĂ©tĂ© lors du remboursement de son compte courant, cependant qu'elle devait rechercher si, au regard de ces Ă©lĂ©ments, M. X..., en sa qualitĂ© de dirigeant, n'aurait pas dĂ» savoir que la sociĂ©tĂ© Ă©tait en Ă©tat de cessation de paiements, ce qui suffisait Ă  prononcer l'annulation du remboursement de son compte courant, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard de l'article L. 632-2 du code de commerce ; 3°/ que le dirigeant d'une sociĂ©tĂ© doit, en toutes circonstances, s'informer personnellement et directement de la situation financiĂšre de son entreprise ; qu'au cas prĂ©sent, pour considĂ©rer que la connaissance par M. X..., gĂ©rant de la SARL BBS, de l'Ă©tat de cessation des paiements de la SARL BBS n'Ă©tait pas Ă©tablie, la cour d'appel a relevĂ© que M. X... soutenait qu'il n'aurait pas eu connaissance des rejets de chĂšque sans provision et d'impayĂ©s de cotisations URSSAF, Ă©lĂ©ments qui n'auraient Ă©tĂ© connus que de son cogĂ©rant, M. Z... ; qu'en faisant droit Ă  de tels arguments, la cour d'appel, qui est partie du postulat qu'un dirigeant pourrait s'abstenir de s'informer par lui-mĂȘme de la situation financiĂšre de son entreprise, a violĂ© l'article L. 223-18 du code de commerce ; Mais attendu que l'article L. 632-2 du code de commerce, rendu applicable Ă  la liquidation judiciaire par l'article L. 641-14, alinĂ©a 1er, du mĂȘme code, subordonne l'annulation d'un paiement pour dettes Ă©chues reçu en pĂ©riode

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suspecte Ă  la connaissance personnelle par son bĂ©nĂ©ficiaire de la cessation des paiements du dĂ©biteur, sans que cette connaissance rĂ©sulte nĂ©cessairement, lorsque celui-ci est une personne morale, de la qualitĂ© de dirigeant du bĂ©nĂ©ficiaire ; qu'ayant relevĂ© que, bien qu'il ait Ă©tĂ© cogĂ©rant de la sociĂ©tĂ© BBS, M. X..., qui exploitait personnellement un salon de coiffure Ă  Lyon, n'Ă©tait pas prĂ©sent Ă  NĂźmes, seul M. Z..., autre cogĂ©rant, ayant la gestion du salon exploitĂ© en ce lieu, que MM. X... et Z... Ă©taient en conflit et que, sans ĂȘtre contestĂ©, M. X... faisait valoir qu'en raison de ce conflit et de son absence, il n'Ă©tait pas informĂ© du rejet de chĂšques et du non-paiement de cotisations sociales, la cour d'appel a pu, dans l'exercice de son pouvoir souverain d'apprĂ©ciation et par une dĂ©cision motivĂ©e, estimer que M. X... n'avait pas connaissance de l'Ă©tat de cessation des paiements de la sociĂ©tĂ© BBS au moment du remboursement de son compte courant ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; Et sur le second moyen : Attendu que le liquidateur fait le mĂȘme grief Ă  l'arrĂȘt en ce qui concerne M. Y..., alors, selon le moyen, qu'en prĂ©sence de remboursements de comptes courants scellant le dĂ©part concomitant de deux associĂ©s, la connaissance par l'un d'eux de l'Ă©tat de cessation des paiements de la sociĂ©tĂ© ne peut ĂȘtre apprĂ©ciĂ©e sans prendre en compte la connaissance dont dispose l'autre associĂ© de la situation de la sociĂ©tĂ© ; qu'en apprĂ©ciant la connaissance par M. Y... de l'Ă©tat de cessation des paiements de la SARL BBS en prenant en compte sa seule qualitĂ© d'associĂ©, cependant que, du fait de la concomitance des deux opĂ©rations, la connaissance par M. Y... de l'Ă©tat de cessation des paiements de la SARL BBS ne pouvait ĂȘtre apprĂ©ciĂ©e sans prendre en compte celle dont disposait M. X..., associĂ© et gĂ©rant de la sociĂ©tĂ©, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 632-2 du code de commerce ; Mais attendu que la connaissance de l'Ă©tat de cessation des paiements exigĂ©e par l'article L. 632-2 du code de commerce est personnelle Ă  chaque bĂ©nĂ©ficiaire d'un paiement annulable ; que, dans l'exercice de son pouvoir souverain, la cour d'appel n'Ă©tait, dĂšs lors, pas tenue, mĂȘme en prĂ©sence de paiements concomitants, d'apprĂ©cier la connaissance par M. Y... de l'Ă©tat de cessation des paiements de la sociĂ©tĂ© BBS en fonction de celle que pouvait en avoir M. X... et qu'elle a, au surplus, Ă©cartĂ©e ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 1100.. CCaassss.. ccoomm..,, 33 ffĂ©Ă©vvrriieerr 11999988.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que par acte du 31 mars 1989 de M. Y... Grand, notaire, la SARL ImmobiliĂšre de la CĂŽte d'Amour (sociĂ©tĂ© ICA) a vendu Ă  la SCI Ypres (la SCI) un bien immobilier en Ă©tat futur d'achĂšvement ; que celle-ci en a revendu divers lots aux Ă©poux A... le 7 juillet 1989 par acte de M. B..., notaire ; que la sociĂ©tĂ© ICA ayant Ă©tĂ© mise en liquidation judiciaire avec report de la date de cessation des paiements au 24 fĂ©vrier 1988, son liquidateur a obtenu l'annulation de la vente consentie Ă  la SCI en pĂ©riode suspecte et a relevĂ© appel du jugement rendu sur tierce opposition des Ă©poux A... Ă  cette dĂ©cision et l'ayant dĂ©boutĂ© de sa demande en restitution des biens acquis par ceux-ci de la SCI ; que MM. Y... Z... et B... sont intervenus volontairement en cause d'appel ; Sur le pourvoi provoquĂ© : Attendu que les Ă©poux A... demandent le maintien des notaires en la cause ; Attendu que la solution qui sera rĂ©servĂ©e au pourvoi principal formĂ© par le liquidateur de la sociĂ©tĂ© ICA contre l'arrĂȘt le dĂ©boutant de son action contre les Ă©poux A..., n'est pas indiffĂ©rente Ă  MM. Y... Z... et B..., lesquels ne peuvent pas, dĂšs lors, ĂȘtre mis hors de cause ; Et sur le premier moyen du pourvoi principal : Vu les articles 107 et 108 de la loi du 25 janvier 1985 ; Attendu que, pour dĂ©bouter le liquidateur de la sociĂ©tĂ© ICA de sa demande tendant Ă  voir constater la nullitĂ© de la vente consentie par la SCI aux Ă©poux A... et Ă  voir rapporter par ceux-ci Ă  la liquidation judiciaire le bien immobilier acquis, l'arrĂȘt Ă©nonce que les Ă©poux A..., dont la bonne foi n'est pas discutĂ©e, ne pouvaient lĂ©gitimement dĂ©celer, au jour de leur acquisition, la cause de nullitĂ© susceptible d'invalider le titre de leur auteur et qu'ils sont fondĂ©s Ă  se prĂ©valoir de leur erreur lĂ©gitime et de la qualitĂ© apparente de propriĂ©taire de la SCI pour Ă©chapper aux consĂ©quences de la nullitĂ© et faire valider, par l'effet de la loi, leur titre ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que ni l'erreur commune, ni l'apparence ne peuvent faire obstacle aux consĂ©quences, vis-Ă -vis des tiers sous-acquĂ©reurs, mĂȘme de bonne foi, de la nullitĂ© Ă©dictĂ©e par les articles 107 et 108 de la loi du 25 janvier 1985, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : DIT n'y avoir lieu de mettre hors de cause MM. Y... Z... et B... ; CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 21 juin 1995, entre les parties, par la cour d'appel de Rennes ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Caen.

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DDoocc.. nn°° 1111.. CCaassss.. ccoomm..,, 77 aavvrriill 22000099.. Sur le troisiĂšme moyen, pris en sa seconde branche : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (OrlĂ©ans, 25 octobre 2007), que la Caisse de crĂ©dit mutuel de Blois (la caisse) a consenti Ă  M. X..., entre 2000 et 2003, plusieurs concours financiers destinĂ©s Ă  financer l'exploitation d'un domaine viticole dirigĂ© par ce dernier ; que la caisse a Ă©galement consenti Ă  la SCI du Domaine des Ormeaux (la SCI), le 27 octobre 2001, un prĂȘt dont M. X... et Mme Y... se sont rendus cautions ; que les Ă©chĂ©ances de ces prĂȘts Ă©tant restĂ©es impayĂ©es, la caisse a assignĂ© en paiement les deux cautions ainsi que M. X... en sa qualitĂ© d'emprunteur ; que M. X..., Mme Y... et la SCI intervenante volontaire ont formĂ© une demande reconventionnelle en dommages intĂ©rĂȘts contre la caisse ; que M. X... a Ă©tĂ© mis en redressement puis liquidation judiciaires les 16 novembre 2006 et 15 fĂ©vrier 2007 ; que M. Z..., nommĂ© liquidateur judiciaire, est intervenu aux dĂ©bats ; Attendu que la caisse fait grief Ă  l'arrĂȘt de l'avoir condamnĂ©e Ă  payer Ă  M. Z..., Ăšs qualitĂ©s, la somme totale de 167 543,58 euros Ă  titre de dommages-intĂ©rĂȘts et Ă  Mme Y... celle de 103 142,64 euros Ă  titre de dommages-intĂ©rĂȘts, alors, selon le moyen, qu'en relevant, pour refuser d'ordonner la compensation entre les sommes dues mutuellement par M. X... et par la caisse, que les sommes recouvrĂ©es Ă  la suite des actions que le mandataire judiciaire engage dans l'intĂ©rĂȘt collectif des crĂ©anciers, entrent dans le patrimoine du dĂ©biteur pour ĂȘtre rĂ©parties, en cas de liquidation, entre tous les crĂ©anciers au marc le franc, cependant que c'est la caisse, et non M. Z..., Ăšs qualitĂ©s, qui avait initiĂ© cette instance, la cour d'appel a violĂ©, par fausse application, l'article L. 622-20 du code de commerce ; Mais attendu qu'aprĂšs avoir Ă©noncĂ© que selon l'article L. 622-20 du code de commerce dans sa rĂ©daction issue de la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises, les sommes recouvrĂ©es Ă  la suite des actions que le liquidateur engage ou poursuit dans l'intĂ©rĂȘt collectif des crĂ©anciers entrent dans le patrimoine du dĂ©biteur pour ĂȘtre rĂ©parties, en cas de liquidation, entre tous les crĂ©anciers, l'arrĂȘt en dĂ©duit exactement que ces rĂšgles font obstacle Ă  ce que la compensation ait lieu entre la dette mise Ă  la charge de la caisse et sa crĂ©ance envers M. X..., peu important que l'instance ait Ă©tĂ© engagĂ©e par la caisse dĂšs lors que le liquidateur a repris la demande reconventionnelle formulĂ©e par M. X... ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; Et attendu que les autres griefs ne seraient pas de nature Ă  permettre l'admission du pourvoi ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 1122.. CCaassss.. ccoomm..,, 1122 jjuuiilllleett 22001166.. Sur le moyen unique, pris en sa premiĂšre branche : Vu l'article R. 662-3 du code de commerce, ensemble l'article L. 650-1 du mĂȘme code ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, rendu en matiĂšre de contredit, qu'aprĂšs la mise en redressement puis liquidation judiciaires de la sociĂ©tĂ© Rue le Bec les 17 juillet et 28 aoĂ»t 2012, le liquidateur a recherchĂ© la responsabilitĂ©, sur le fondement de l'article L. 650-1 du code de commerce, de la Caisse d'Ă©pargne et de prĂ©voyance RhĂŽne Alpes et de la SCI Les Salins ; que cette derniĂšre a soulevĂ© l'incompĂ©tence du tribunal de la procĂ©dure collective ; Attendu que pour rejeter cette exception, l'arrĂȘt retient que les exceptions au principe d'irresponsabilitĂ© visĂ©es Ă  l'article L. 650-1 du code de commerce sont propres aux procĂ©dures collectives et conduisent Ă  considĂ©rer que l'action, prĂ©vue par un texte d'ordre public figurant au livre VI du code de commerce, est liĂ©e Ă  la procĂ©dure collective et relĂšve donc de la seule compĂ©tence du tribunal de cette procĂ©dure ; Qu'en statuant ainsi, alors que la responsabilitĂ© d'un crĂ©ancier Ă  raison des concours qu'il a consentis Ă  un dĂ©biteur peut ĂȘtre engagĂ©e en dehors d'une procĂ©dure collective de ce dernier et que l'article L. 650-1 du code de commerce se borne Ă  limiter la mise en oeuvre de cette responsabilitĂ©, lorsque ce dĂ©biteur fait l'objet d'une procĂ©dure collective, en posant des conditions qui ne sont pas propres Ă  cette procĂ©dure, de sorte que cette action n'est pas nĂ©e de la procĂ©dure collective ou soumise Ă  son influence juridique, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 30 octobre 2014, entre les parties, par la cour d'appel de Lyon ;

DDoocc.. nn°° 1133.. CCaassss.. ccoomm..,, 2299 nnoovveemmbbrree 22001166.. Sur le moyen unique, pris en sa seconde branche : Vu les articles L. 624-9, L. 624-16 et L. 624-17 du code de commerce ; Attendu qu'il rĂ©sulte du deuxiĂšme de ces textes que l'existence en nature des biens fongibles pouvant ĂȘtre revendiquĂ©s dans la procĂ©dure collective de l'acquĂ©reur s'apprĂ©cie au jour de l'ouverture de celle-ci ; que lorsque plusieurs vendeurs avec rĂ©serve de propriĂ©tĂ© revendiquent, dans le dĂ©lai de trois mois prĂ©vu par le premier texte, les

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mĂȘmes biens, ceux-ci doivent leur ĂȘtre restituĂ©s Ă  proportion de la quantitĂ© livrĂ©e par chacun d'eux et restant impayĂ©e Ă  la date de l'ouverture ; qu'il en rĂ©sulte que, si l'administrateur judiciaire peut, conformĂ©ment au troisiĂšme texte, acquiescer Ă  de telles demandes de revendication, il ne peut procĂ©der Ă  la restitution des biens avant l'expiration du dĂ©lai de revendication ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que la sociĂ©tĂ© Transport Citra (la sociĂ©tĂ© dĂ©bitrice) a fait l'objet, le 8 mars 2012, d'une procĂ©dure de sauvegarde avec dĂ©signation d'un administrateur ; que, le 4 avril 2012, la sociĂ©tĂ© Worex a revendiquĂ© 32 001 litres de carburant qu'elle avait livrĂ©s Ă  la sociĂ©tĂ© dĂ©bitrice avec rĂ©serve de propriĂ©tĂ© sans ĂȘtre payĂ©e, ou leur contre-valeur ; Attendu que pour accueillir cette demande dans la limite de 3 740 litres, l'arrĂȘt, aprĂšs avoir Ă©noncĂ© que l'administrateur peut acquiescer Ă  une demande de revendication sans attendre l'expiration du dĂ©lai de revendication, puis relevĂ© qu'Ă  la date de l'ouverture de la procĂ©dure collective, il restait dans les cuves de la sociĂ©tĂ© dĂ©bitrice 80 000 litres de carburant, retient qu'aprĂšs acquiescement, le 19 mars 2012, par l'administrateur, Ă  une demande de revendication formĂ©e le 9 mars prĂ©cĂ©dent par un autre fournisseur, la sociĂ©tĂ© DB Energies, et portant sur 65 000 litres, la revendication de la sociĂ©tĂ© Worex ne pouvait plus s'exercer que sur la diffĂ©rence, soit 15 000 litres, et que cette quantitĂ© devait ĂȘtre partagĂ©e proportionnellement aux montants de leurs crĂ©ances respectives entre la sociĂ©tĂ© Worex et la sociĂ©tĂ© Stella, qui avaient prĂ©sentĂ© concomitamment une demande de revendication ; Qu'en statuant ainsi, en privilĂ©giant le revendiquant le plus diligent au dĂ©triment des autres fournisseurs ayant Ă©galement prĂ©sentĂ© leurs demandes dans le dĂ©lai lĂ©gal, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur l'autre grief : CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 18 septembre 2014, entre les parties, par la cour d'appel d'Amiens ;

DDoocc.. nn°° 1144.. CCaassss.. ccoomm..,, 1100 mmaarrss 22001155.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que la sociĂ©tĂ© Le BoismangĂ© (la dĂ©bitrice) ayant Ă©tĂ© mise en redressement judiciaire le 24 mars 2010, la sociĂ©tĂ© Sadec a revendiquĂ© des Ă©lĂ©ments de cuisine professionnelle qu'elle lui avait vendus, avec rĂ©serve de propriĂ©tĂ©, pour l'exploitation de son restaurant et dont le prix Ă©tait demeurĂ© partiellement impayĂ© ; Sur le moyen unique, pris en sa premiĂšre branche : Attendu que la dĂ©bitrice fait grief Ă  l'arrĂȘt d'autoriser la sociĂ©tĂ© Sadec Ă  rĂ©cupĂ©rer certains biens alors, selon le moyen, que l'immobilisation par destination du mobilier affectĂ© au service et Ă  l'exploitation du fonds s'oppose Ă  l'exercice de l'action en revendication du vendeur dudit mobilier bĂ©nĂ©ficiaire d'une clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ© ; qu'ayant constatĂ© que les matĂ©riels revendiquĂ©s portaient sur des Ă©lĂ©ments de cuisine professionnelle que la sociĂ©tĂ© Sadec avait vendus avec rĂ©serve de propriĂ©tĂ© Ă  la dĂ©bitrice et qui Ă©taient nĂ©cessaires Ă  l'exploitation de son fonds de commerce de restaurant, ce dont il rĂ©sultait que ces matĂ©riels affectĂ©s Ă  l'exploitation commerciale du restaurant constituaient des immeubles par destination par l'effet de la loi, la cour d'appel qui a jugĂ© du contraire pour faire droit Ă  l'action en revendication de la sociĂ©tĂ© Sadec, a violĂ© les articles 524 du code civil et L. 624-16 du code de commerce ; Mais attendu que le champ d'application de la revendication en cas de procĂ©dure collective est dĂ©fini par l'article L. 624-16 du code de commerce, qui ne se rĂ©fĂšre pas Ă  la notion d'immobilisation par destination ; que le moyen est inopĂ©rant ; Mais sur le moyen, pris en sa seconde branche : Vu les articles 1315 du code civil et L. 624-16 du code de commerce ; Attendu que pour autoriser la sociĂ©tĂ© Sadec Ă  rĂ©cupĂ©rer certains biens, l'arrĂȘt Ă©nonce que la dĂ©bitrice ne peut s'opposer Ă  la revendication qu'en dĂ©montrant qu'elle porte sur des biens mobiliers incorporĂ©s dans un autre bien, dont la sĂ©paration ne peut ĂȘtre effectuĂ©e sans qu'ils en subissent un dommage, ou des biens attachĂ©s Ă  perpĂ©tuelle demeure au sens de l'article 525 du code civil puis retient qu'il suffit qu'un simple dĂ©montage permette l'opĂ©ration sans causer un dommage Ă  une partie immobiliĂšre ou un autre bien et qu'Ă  cet Ă©gard, la dĂ©bitrice est dĂ©faillante en la preuve qui lui incombe ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'il appartient au revendiquant d'Ă©tablir l'existence en nature des biens revendiquĂ©s dans le patrimoine du dĂ©biteur au jour de l'ouverture de la procĂ©dure collective et, par consĂ©quent, que la sĂ©paration des biens mobiliers incorporĂ©s dans un autre bien peut s'effectuer sans dommage, la cour d'appel, qui a inversĂ© la charge de la preuve, a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il dit recevable l'appel de la sociĂ©tĂ© Le BoismangĂ© et, confirmant le jugement du 10 novembre 2011, dit le recours de la sociĂ©tĂ© Sadec contre l'ordonnance du 10 janvier 2011 recevable en la forme, l'arrĂȘt rendu le 20 juin 2013, entre les parties, par la cour d'appel de NĂźmes ; remet, en consĂ©quence, sur les autres points, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Montpellier ;

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DDoocc.. nn°° 1155.. CCaassss.. ccoomm..,, 3311 jjaannvviieerr 22001122.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Versailles, 21 octobre 2010), que la sociĂ©tĂ© Morgan ayant Ă©tĂ© mise en redressement puis liquidation judiciaires les 24 dĂ©cembre 2008 et 5 mai 2009, la sociĂ©tĂ© Fashion group (sociĂ©tĂ© Fashion) a revendiquĂ© des marchandises qu'elle lui avait vendues, en se prĂ©valant de la clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ© figurant sur ses factures ; que le liquidateur a contestĂ© l'acceptation de la clause par l'acquĂ©reur ; Attendu que le liquidateur fait grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir accueilli la demande de revendication portant sur les marchandises livrĂ©es Ă  partir du 30 octobre 2008 et correspondant aux sixiĂšme, septiĂšme et huitiĂšme factures de la sociĂ©tĂ© Fashion, alors, selon le moyen, qu'Ă  dĂ©faut de contrat-cadre, une clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ© n'est opposable pour des ventes successives et autonomes que si, pour chacune d'elles, la clause a Ă©tĂ© stipulĂ©e par Ă©crit et acceptĂ©e par l'acheteur au plus tard au moment de la livraison ; que l'existence d'un courant d'affaires ayant donnĂ© lieu Ă  des ventes pour lesquelles une clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ© Ă©tait stipulĂ©e sur les factures correspondantes ne caractĂ©rise pas l'acceptation de cette clause pour les ventes suivantes ; qu'en retenant que la sociĂ©tĂ© Morgan avait nĂ©cessairement eu connaissance de la clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ© figurant sur toutes les factures de la sociĂ©tĂ© Fashion, tandis que, Ă  dĂ©faut de contrat-cadre, l'existence de ventes antĂ©rieures ayant donnĂ© lieu, aprĂšs livraison, Ă  la remise de factures stipulant une clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ© ne caractĂ©risait pas l'acceptation par la sociĂ©tĂ© Morgan d'une telle clause pour les ventes postĂ©rieures et autonomes des biens revendiquĂ©s, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard de l'article L. 624-16 du code de commerce ; Mais attendu qu'il rĂ©sulte des dispositions de l'article L. 624-16, alinĂ©a 2, du code de commerce, rendues applicables Ă  la liquidation judiciaire par l'article L. 641-14, alinĂ©a 1er, du mĂȘme code, qu'Ă  dĂ©faut d'Ă©crit rĂ©gissant un ensemble d'opĂ©rations commerciales convenues entre les parties, l'acceptation par le dĂ©biteur de la clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ© s'apprĂ©cie pour chaque vente objet de celle-ci au plus tard Ă  la date de la livraison, cette acceptation pouvant, suivant les circonstances, ĂȘtre dĂ©duite de l'existence de relations d'affaires et de la rĂ©ception par le dĂ©biteur, dans le courant de ces relations, de factures antĂ©rieures comportant la clause litigieuse, sans protestation de sa part ; qu'ayant relevĂ© que les sociĂ©tĂ©s Fashion et Morgan Ă©taient en relations d'affaires depuis septembre 2008 et que la sociĂ©tĂ© dĂ©bitrice avait dĂ©jĂ , au 30 octobre 2008, date de la premiĂšre livraison impayĂ©e, reçu cinq factures mentionnant lisiblement la clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ© puis retenu qu'elle en avait eu ainsi connaissance et fait ressortir qu'elle l'avait acceptĂ©e par l'exĂ©cution du contrat, la cour d'appel a lĂ©galement justifiĂ© sa dĂ©cision ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 1166.. CCaassss.. ccoomm..,, 55 nnoovveemmbbrree 22000033.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que titulaire d'un marchĂ© public conclu avec le Centre hospitalier de Firminy (Centre hospitalier) portant sur la restructuration d'un bĂątiment, la sociĂ©tĂ© Chauffage climatisation Ă©lectricitĂ© industrie (sociĂ©tĂ© CCEI) a, en exĂ©cution de ce marchĂ©, commandĂ© Ă  la Compagnie industrielle d'applications thermiques (sociĂ©tĂ© CIAT) un ensemble de matĂ©riels destinĂ©s Ă  la rĂ©alisation d'une centrale de traitement de l'air dans ce Centre hospitalier, dont elle a assurĂ© la mise en oeuvre avant de faire l'objet d'une procĂ©dure de redressement judiciaire le 6 septembre 1995 ; que la sociĂ©tĂ© CIAT, invoquant une clause de rĂ©serve de propriĂ©tĂ©, a demandĂ© que le solde du prix de ces matĂ©riels lui soit rĂ©glĂ© par le Centre hospitalier et par le trĂ©sorier de cette ville ; Sur le premier moyen : Attendu que ce moyen qui, reprochant Ă  l'arrĂȘt d'avoir dĂ©clarĂ© recevable l'appel formĂ© par le Centre hospitalier, invoque une violation de l'article 16 du nouveau Code de procĂ©dure civile, ne serait pas de nature Ă  permettre l'admission du pourvoi ; Mais sur le second moyen : Vu les articles 121 et 122 de la loi du 25 janvier 1985, devenu les articles L. 621-122 et L. 621-124 du Code de commerce ; Attendu que le vendeur d'un bien dont la propriĂ©tĂ© lui est rĂ©servĂ©e peut revendiquer le prix impayĂ© par le sous-acquĂ©reur, si ce dernier a reçu le bien dans son Ă©tat initial, fĂ»t-ce en exĂ©cution d'un contrat d'entreprise ; Attendu que pour rejeter la demande, l'arrĂȘt retient que ne rapportant pas la preuve du caractĂšre rĂ©cupĂ©rable des biens revendiquĂ©s au jour du jugement d'ouverture, la sociĂ©tĂ© CIAT ne justifie pas du bien fondĂ© de sa revendication ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que les biens dont le prix est revendiquĂ© doivent exister dans leur Ă©tat initial Ă  la date de la dĂ©livrance au sous-acquĂ©reur, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il a dĂ©clarĂ© l'appel recevable, l'arrĂȘt rendu le 7 juillet 2000, entre les parties, par la cour d'appel de Lyon ; remet, en consĂ©quence, quant Ă  ce, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Riom ;

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DDoocc.. nn°° 1177.. CCaassss.. ccoomm..,, 44 ffĂ©Ă©vvrriieerr 22000033.. Sur les premier et second moyens, pris en leurs diverses branches, rĂ©unis : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Paris, 10 dĂ©cembre 1999), que la sociĂ©tĂ© Luc Terme (la sociĂ©tĂ©), qui avait une activitĂ© de commissionnaire agrĂ©Ă© prĂšs de la Bourse de commerce de Paris puis d'intermĂ©diaire en produits financiers, a Ă©tĂ© mise en redressement judiciaire le 3 fĂ©vrier 1994, procĂ©dure collective convertie ultĂ©rieurement en liquidation judiciaire ; que M. X... ayant dĂ©posĂ© une requĂȘte en revendication des fonds et devises reprĂ©sentant les positions achetĂ©es par la sociĂ©tĂ© en son nom et pour son compte, le juge-commissaire a rejetĂ© cette demande ; que le tribunal a dit M. X... mal fondĂ© dans son recours formĂ© contre l'ordonnance du juge-commissaire et a rejetĂ© sa demande d'expertise ; que, devant la cour d'appel, M. X... a demandĂ© au principal la restitution des fonds litigieux et, Ă  titre subsidiaire, les a revendiquĂ©s ; que la cour d'appel a confirmĂ© le jugement ; Attendu que M. X... fait grief Ă  l'arrĂȘt de l'avoir dit mal fondĂ© dans son recours contre l'ordonnance du juge-commissaire et d'avoir dĂ©clarĂ© irrecevables tant sa demande tendant Ă  la restitution des fonds lui appartenant et dĂ©tenus par la sociĂ©tĂ© que sa demande en revendication des mĂȘmes fonds, alors, selon le moyen : 1 / que seules les marchandises consignĂ©es au dĂ©biteur Ă  titre de dĂ©pĂŽt peuvent ĂȘtre revendiquĂ©es Ă  condition qu'elles se retrouvent en nature au jour de l'ouverture de la procĂ©dure collective ; que le solde d'un compte de dĂ©pĂŽt ne constitue pas une marchandise ; qu'en l'espĂšce, le 23 novembre 1992, il a ouvert dans les livres de la sociĂ©tĂ© un compte de dĂ©pĂŽt destinĂ© Ă  couvrir les opĂ©rations effectuĂ©es son nom par la sociĂ©tĂ© sur les marchĂ©s Ă  terme rĂ©glementĂ©s Ă©trangers ; qu'Ă  la suite de l'ouverture de la procĂ©dure collective Ă  l'encontre de la sociĂ©tĂ©, il a demandĂ© la restitution des fonds lui appartenant et constituant le solde de son compte ; que, pour dĂ©clarer irrecevable cette demande, la cour d'appel a considĂ©rĂ© qu'Ă©tant liĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© par un contrat de dĂ©pĂŽt, il ne pouvait rĂ©clamer la remise des fonds que par la voie de la revendication ; qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violĂ© l'article 121 de la loi du 25 janvier 1985 ; 2 / que les prĂ©tentions soumises au juge d'appel ne sont pas nouvelles dĂšs lors qu'elles tendent aux mĂȘmes fins que celles soumises au premier juge mĂȘme si leur fondement juridique est diffĂ©rent ; qu'Ă  la suite de l'ouverture de la procĂ©dure collective Ă  l'encontre de la sociĂ©tĂ©, il a dĂ©posĂ© une requĂȘte en revendication en sollicitant "que soit ordonnĂ©e la restitution des fonds" lui appartenant, et ordonner, en consĂ©quence, cette restitution et, Ă  titre subsidiaire, constater qu'il revendique les fonds qui peuvent ĂȘtre identifiĂ©s et ordonner leur "restitution" ; que, tant devant la cour d'appel que devant le tribunal, sa demande tendait aux mĂȘmes fins, la restitution des fonds lui appartenant et reprĂ©sentant le solde du compte de dĂ©pĂŽt ; que, pour dĂ©clarer irrecevable la demande en restitution de fonds, la cour d'appel a estimĂ© que cette demande, "distincte de l'action en revendication dont a Ă©tĂ© saisi le tribunal, est nouvelle devant la Cour" ; qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violĂ© l'article 565 du nouveau Code de procĂ©dure civile ; 3 / que peuvent ĂȘtre revendiquĂ©es les marchandises consignĂ©es au dĂ©biteur, Ă  condition qu'elles se retrouvent en nature, qu'elles soient individualisables ; que s'agissant de la revendication de fonds constituant le solde d'un compte, c'est-Ă -dire de la revendication d'un bien "ultra-fongible", il suffit de dĂ©terminer le solde de ce compte ; que, dans ses Ă©critures d'appel, il faisait valoir qu'il Ă©tait parfaitement possible d'identifier les fonds qu'il revendiquait grĂące aux copies des chĂšques utilisĂ©s pour dĂ©poser les fonds, Ă  l'enregistrement des ordres des clients sur bande magnĂ©tique, Ă  l'envoi par la sociĂ©tĂ© des avis d'exĂ©cution des ordres par tĂ©lĂ©gramme avec accusĂ© de rĂ©ception ou tĂ©lex, aux rĂ©capitulatifs hebdomadaires des mouvements financiers des comptes envoyĂ©s par la sociĂ©tĂ© Ă  son client et les comptes rendus des mouvements de capitaux de chaque client ; qu'il rappelait Ă©galement que l'expert lui-mĂȘme avait conclu que les fonds lui appartenant pouvaient ĂȘtre identifiĂ©s avec certitude par le rapprochement entre les tickets d'ordre, les relevĂ©s de la sociĂ©tĂ© et les Ă©tats Sucden ; qu'en se contentant de relever, d'une part, les termes d'un rapport, au demeurant non produit aux dĂ©bats, remis par la Commission des opĂ©rations de bourse avant mĂȘme l'ouverture de la procĂ©dure collective Ă  l'encontre de la sociĂ©tĂ© et, d'autre part, les quelques "difficultĂ©s" d'identification des fonds rencontrĂ©s par l'expert, qui n'Ă©tait nullement en possession des documents prĂ©citĂ©s, la cour d'appel, qui n'a pas recherchĂ© par elle-mĂȘme si ces documents ne permettaient pas prĂ©cisĂ©ment l'identification des fonds lui appartenant, n'a pas donnĂ© de base lĂ©gale Ă  sa dĂ©cision au regard de l'article 121 de la loi du 25 janvier 1985 ; Mais attendu qu'une demande de restitution de fonds ne peut ĂȘtre formĂ©e par voie de revendication, la seule voie ouverte au crĂ©ancier d'une somme d'argent Ă©tant de dĂ©clarer sa crĂ©ance Ă  la procĂ©dure collective de son dĂ©biteur, ce dont il rĂ©sulte que les demandes de M. X... ne pouvaient ĂȘtre accueillies ; que, par ce motif de pur droit substituĂ© Ă  ceux critiquĂ©s, la dĂ©cision se trouve justifiĂ©e ; que le moyen ne peut ĂȘtre accueilli ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

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SSééaannccee nn°° 77

LLaa ppĂ©Ă©rriiooddee dd’’oobbsseerrvvaattiioonn

PPooiinnttss sseennssiibblleess ♩ Le rĂŽle de la pĂ©riode d’observation ♩ Les pouvoirs du dĂ©biteur en cours de pĂ©riode d’observation ♩ Le dessaisissement Ă  contenu variable du dĂ©biteur ♩ La continuation des contrats en cours ♩ L’interdiction des paiements

‱ La compensation de dettes connexes ♩ L’arrĂȘt des poursuites individuelles ♩ La date de naissance des crĂ©ances ♩ Les crĂ©anciers postĂ©rieurs au jugement d’ouverture DDooccuummeennttss ♩ Doc. n° 1. Cass. com., 13 septembre 2011, Rev. proc. coll. 2011, comm. 31. ♩ Doc. n° 2. Cass. com., 14 janvier 2014, Act. proc. coll. 2014, n° 4. ♩ Doc. n° 3. Cass. com., 3 mai 2011, RPC 2012, n° 2, comm. 46. ♩ Doc. n° 4. Cass. com., 28 mai 1996, JCP E 1996, I, 584. ♩ Doc. n° 5. AP, 23 dĂ©cembre 1994, JCP N 1995, II, 423. ♩ Doc. n° 6. Cass. com., 17 juin 1997, D. 1997, somm. p. 311. ♩ Doc. n° 7. Cass. com., 4 avril 2006, D. 2006, p. 1107. ♩ Doc. n° 8. Cass. com., 9 dĂ©cembre 1997, D. aff. 1998, p. 111. ♩ Doc. n° 9. Cass. com., 2 dĂ©cembre 2014, JCP G 2015, 846. ♩ Doc. n° 10. Cass. com., 28 juin 2016, JCP E 2016, n° 46, p. 20.

DDoocc.. nn°° 11.. CCaassss.. ccoomm..,, 1133 sseepptteemmbbrree 22001111.. Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Toulouse, 29 juin 2010), rendu en matiĂšre de rĂ©fĂ©rĂ©, que la sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre Lourdes-Jeanne d'Arc (la SCI) a confiĂ© la rĂ©alisation de travaux de construction Ă  la sociĂ©tĂ© Ferromonte France (sociĂ©tĂ© Ferromonte) ; que celle-ci a Ă©tĂ© mise en redressement judiciaire par jugement du 12 novembre 2008 qui a dĂ©signĂ© un administrateur avec une mission d'assistance pour tous actes de gestion ; que, pendant la pĂ©riode d'observation, la sociĂ©tĂ© Ferromonte, sans l'assistance de son administrateur, a tirĂ© une lettre de change sur la SCI qu'elle a escomptĂ©e, aprĂšs acceptation, auprĂšs de la sociĂ©tĂ© Banque ThĂ©mis (la banque), qui a demandĂ© le rĂšglement de son montant Ă  la SCI par voie de rĂ©fĂ©rĂ©-provision ; Attendu que la SCI fait grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir accueilli cette demande alors, selon le moyen : 1°/ que, si les actes de gestion courante qu'accomplit seul le dĂ©biteur sont rĂ©putĂ©s valables Ă  l'Ă©gard des tiers de bonne foi, l'Ă©mission d'une lettre de change, qui donne naissance Ă  un engagement cambiaire Ă  concurrence de 60 000 euros, ne constitue pas un acte de gestion courante susceptible d'ĂȘtre accompli par le seul dĂ©biteur ; qu'en statuant en sens contraire, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 622-3 alinĂ©a 2 du code de commerce ; 2°/ que les actes de gestion courante qu'accomplit seul le dĂ©biteur sont rĂ©putĂ©s valables Ă  l'Ă©gard des tiers de bonne foi ; que la dĂ©monstration de la mauvaise foi ne suppose pas la preuve de la connaissance de la situation irrĂ©mĂ©diablement compromise de l'entreprise ; qu'en se fondant, pour exclure la mauvaise foi de la banque, sur le fait qu'Ă  la date de la prĂ©sentation de l'effet, elle ne pouvait pas savoir que la situation du dĂ©biteur Ă©tait irrĂ©mĂ©diablement compromise, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 622-3 alinĂ©a 2 du code de commerce ; 3°/ que les juges ne peuvent se prononcer par voie de disposition gĂ©nĂ©rale et rĂ©glementaire sur les causes qui leur sont soumises ; qu'ainsi, la rĂ©fĂ©rence Ă  une dĂ©cision rendue dans un litige diffĂ©rent de celui soumis Ă  une juridiction ne saurait, en toute hypothĂšse, servir de fondement Ă  la dĂ©cision de cette derniĂšre ; qu'en l'espĂšce, les juges d'appel, qui se sont bornĂ©s Ă  fonder leur dĂ©cision sur le fait que la «jurisprudence a d'ailleurs prĂ©cisĂ© que la lettre de change

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constituant un acte de gestion courante n'est pas nulle lorsqu'elle est signĂ©e seulement par le dirigeant de la sociĂ©tĂ© en redressement judiciaire sans ĂȘtre contre signĂ©e par l'administrateur qui a une mission d'assistance», ont violĂ© l'article 5 du code civil ; Mais attendu, en premier lieu, que l'arrĂȘt relĂšve qu'eu Ă©gard Ă  la nature de l'activitĂ© de la sociĂ©tĂ© Ferromonte, de son effectif de plus de cent salariĂ©s et du prix des deux marchĂ©s en cause, d'un montant respectif de 7 140 952,42 et 941 862,69 euros, l'Ă©mission d'une lettre de change pour une somme de 60 000 euros constituait un acte de gestion courante au sens de l'article L. 622-3, alinĂ©a 2, du code de commerce, dans sa rĂ©daction issue de la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises ; que, par ces constatations et apprĂ©ciations, la cour d'appel, qui n'a pas adoptĂ© le motif critiquĂ© par la troisiĂšme branche, a lĂ©galement justifiĂ© sa dĂ©cision ; Attendu, en second lieu, que le tiers de bonne foi, Ă  l'Ă©gard duquel l'article L. 622-3, alinĂ©a , du code de commerce rĂ©pute valables les actes de gestion courante accomplis par le dĂ©biteur seul, est celui qui ne connaissait pas les restrictions apportĂ©es aux pouvoirs du dĂ©biteur par le jugement d'ouverture de la procĂ©dure collective, cette absence de connaissance Ă©tant prĂ©sumĂ©e ; que l'arrĂȘt, abstraction faite du motif surabondant critiquĂ© par la deuxiĂšme branche, retient que la seule connaissance par la banque de la procĂ©dure collective de la sociĂ©tĂ© Ferromonte ne dĂ©montre pas sa mauvaise foi, faisant ainsi ressortir que la SCI ne rapportait pas la preuve, Ă  sa charge, de la connaissance par la banque de la teneur du jugement d'ouverture quant Ă  la mission de l'administrateur ; D'oĂč il suit que le moyen, non fondĂ© en sa premiĂšre branche, est irrecevable pour le surplus ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 22.. CCaassss.. ccoomm..,, 1144 jjaannvviieerr 22001144.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que la sociĂ©tĂ© Le Brabant a Ă©tĂ© mise en redressement puis liquidation judiciaires les 6 octobre 2008 et 2 juin 2009 ; que des incendies sont survenus dans ses locaux les 14 fĂ©vrier et 10 avril 2009 ; que le liquidateur a assignĂ© la sociĂ©tĂ© Aviva assurances (l'assureur) en vue d'obtenir paiement d'une indemnitĂ© au titre de la perte de valeur du fonds de commerce causĂ©e par ces sinistres ; Sur le moyen unique, pris en sa seconde branche : Attendu que ce moyen ne serait pas de nature Ă  permettre l'admission du pourvoi ; Mais sur le moyen, pris en sa premiĂšre branche : Vu l'article L. 622-13 du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008, rendu applicable au redressement judiciaire par l'article L. 631-14, I, du mĂȘme code ; Attendu qu'il rĂ©sulte de ces textes qu'est interdite toute clause qui modifie les conditions de poursuite d'un contrat en cours en diminuant les droits ou en aggravant les obligations du dĂ©biteur du seul fait de sa mise en redressement judiciaire ; Attendu que pour dĂ©bouter le liquidateur de sa demande d'indemnitĂ©, l'arrĂȘt, aprĂšs avoir relevĂ© que l'article 11-1 des conditions gĂ©nĂ©rales du contrat d'assurance stipulait que l'assureur ne garantissait pas la perte de valeur vĂ©nale du fonds de commerce consĂ©cutive Ă  un sinistre survenu pendant une pĂ©riode de chĂŽmage de l'Ă©tablissement ou aprĂšs la cessation de l'exploitation ou l'ouverture d'une procĂ©dure de redressement ou de liquidation judiciaire, retient que cet article ne remet pas en cause le bĂ©nĂ©fice des autres garanties et qu'aucune assimilation ne peut ĂȘtre opĂ©rĂ©e entre l'exclusion d'une garantie spĂ©cifique, qui ne fait nullement obstacle Ă  la prise en charge du sinistre Ă  d'autres titres, et la rĂ©siliation du contrat, de sorte que l'assureur est fondĂ© Ă  opposer les stipulations en cause pour refuser sa garantie ; Attendu qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 24 mai 2012, entre les parties, par la cour d'appel de Douai ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Douai, autrement composĂ©e ;

DDoocc.. nn°° 33.. CCaassss.. ccoomm..,, 33 mmaaii 22001111.. Attendu, selon l'arrĂȘt confirmatif attaquĂ©, qu'entre 1992 et 1994, la sociĂ©tĂ© Viking investissement (sociĂ©tĂ© Viking) a promis Ă  M. X..., Ă  Mme A..., Ă©pouse X..., Ă  M. et Mme Y... et Ă  M. et Mme Z... ainsi qu'Ă  la sociĂ©tĂ© Carlier investissement pĂȘche (les quirataires), dĂ©tenant des quirats dans les copropriĂ©tĂ©s des navires Clipper II, Viking V et Viking VI, d'acquĂ©rir ces parts jusqu'au 31 dĂ©cembre 2002 ; que, postĂ©rieurement Ă  la mise en redressement judiciaire de la sociĂ©tĂ© Viking, par jugement du 25 juillet 2000, les quirataires ont levĂ© l'option stipulĂ©e Ă  leur bĂ©nĂ©fice puis demandĂ©, en juillet 2002, Ă  la sociĂ©tĂ© de leur payer les prix convenus des diffĂ©rents quirats ; Sur le moyen unique, en tant qu'il concerne M. et Mme Y... et la sociĂ©tĂ© Carlier investissement pĂȘche : Attendu que ceux-ci font grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir rejetĂ© leur demande en paiement, alors, selon le moyen :

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1°/ qu'il rĂ©sulte des dispositions de l'article L. 621-32 du code de commerce, dans sa version antĂ©rieure Ă  la loi du 26 juillet 2005, applicable en l'espĂšce, que les crĂ©ances nĂ©es rĂ©guliĂšrement aprĂšs le jugement d'ouverture sont payĂ©es Ă  leur Ă©chĂ©ance lorsque l'activitĂ© est poursuivie ; qu'en cas de liquidation judiciaire, elles sont payĂ©es par prioritĂ© Ă  toutes les autres crĂ©ances, Ă  l'exception de celles qui sont garanties par le privilĂšge Ă©tabli aux articles L. 143-10, L. 143-11, L. 742-6 et L. 751-15 du code du travail, des frais de justice, de celles lui sont garanties par des sĂ»retĂ©s immobiliĂšres ou mobiliĂšres spĂ©ciales assorties d'un droit de rĂ©tention ou constituĂ©es en application du chapitre V du titre II du livre V ; que la crĂ©ance du prix de vente naĂźt de la dĂ©livrance de la chose vendue ; qu'en Ă©nonçant pour dĂ©bouter les quirataires de leur action en paiement du prix des quirats ; que la sociĂ©tĂ© Viking Ă©tait engagĂ©e par les promesses unilatĂ©rales de rachats des quirats consenties avant l'ouverture de la procĂ©dure collective, quelles que soient les dates auxquelles ont Ă©tĂ© conclus les contrats de vente par levĂ©e des options Ă  l'initiative des quirataires, qui sont intervenues postĂ©rieurement au jugement dĂ©claratif de la sociĂ©tĂ© Viking, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 621-32 du code de commerce par dĂ©faut d'application ; 2°/ que le jugement ouvrant la procĂ©dure emporte de plein droit interdiction de payer toute crĂ©ance nĂ©e antĂ©rieurement au jugement d'ouverture qui doit ĂȘtre dĂ©clarĂ©e au passif du dĂ©biteur ; qu'une crĂ©ance est antĂ©rieure dĂšs lors que son fait gĂ©nĂ©rateur est nĂ© antĂ©rieurement au jugement dĂ©claratif ; que les quirataires avaient levĂ© l'option dont ils bĂ©nĂ©ficiaient en application des promesses de rachat aprĂšs l'ouverture de ladite procĂ©dure, de sorte que l'obligation de la sociĂ©tĂ© Viking de payer le prix des quirats cĂ©dĂ©s n'Ă©tait nĂ©e qu'aprĂšs cette date ; qu'en Ă©nonçant cependant, pour dĂ©bouter les quirataires, que l'engagement de la sociĂ©tĂ© Viking de procĂ©der au rachat des quirats Ă©tait antĂ©rieur Ă  l'ouverture de la procĂ©dure collective, la cour d'appel a violĂ© les articles L. 621-24 et L. 621-43 du code de commerce par fausse application ; Mais attendu que la dĂ©cision irrĂ©vocable d'admission d'une crĂ©ance au passif ayant autoritĂ© de chose jugĂ©e quant Ă  la date de naissance de la crĂ©ance dĂ©clarĂ©e en application de l'article L. 621-43 du code de commerce dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  la loi de sauvegarde des entreprises du 26 juillet 2005, son antĂ©rioritĂ© par rapport Ă  la date d'ouverture de la procĂ©dure collective ne peut plus ĂȘtre contestĂ©e ; que, par motifs adoptĂ©s, l'arrĂȘt retient que les crĂ©ances de M. et Mme Y... et de la sociĂ©tĂ© Carlier investissement pĂȘche ont, non seulement Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©es au passif, mais y ont Ă©tĂ© admises dĂ©finitivement ; que par ces motifs, abstraction faite de ceux critiquĂ©s, la cour d'appel a lĂ©galement justifiĂ© sa dĂ©cision ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; Mais sur ce mĂȘme moyen, en tant qu'il concerne M. X..., Mme A..., Ă©pouse X... et M. et Mme Z... : Vu l'article L. 621-32 du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises ; Attendu que la crĂ©ance du prix de vente convenu dans une promesse unilatĂ©rale d'achat souscrite par le dĂ©biteur mis ultĂ©rieurement en redressement judiciaire naĂźt postĂ©rieurement au jugement d'ouverture si son bĂ©nĂ©ficiaire lĂšve l'option aprĂšs celui-ci ; Attendu que, pour rejeter les demandes de M. X..., de Mme A..., Ă©pouse X... et de M. et Mme Z..., l'arrĂȘt retient que leurs crĂ©ances ont pour origine les promesses unilatĂ©rales d'achat, qui engageaient la sociĂ©tĂ© Viking depuis une date antĂ©rieure Ă  l'ouverture de sa procĂ©dure collective ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que la vente des quirats n'Ă©tait devenue parfaite que par la levĂ©e d'option pendant la pĂ©riode d'observation, la cour d'appel, qui n'a pas constatĂ© que les crĂ©ances correspondantes avaient Ă©tĂ© admises au passif ni que l'administrateur du redressement judiciaire avait renoncĂ© Ă  la poursuite des contrats de promesse en cours, a violĂ©, par refus d'application, le texte susvisĂ© ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, sauf en ses dispositions rejetant les demandes de M. et Mme Y... ainsi que de la sociĂ©tĂ© Carlier investissement pĂȘche, l'arrĂȘt rendu le 4 mars 2010, entre les parties, par la cour d'appel de Rouen ; remet, en consĂ©quence, sur les autres points, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Caen ;

DDoocc.. nn°° 44.. CCaassss.. ccoomm..,, 2288 mmaaii 11999966.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Douai, 1er avril 1993), que la SociĂ©tĂ© immobiliĂšre du parc de la foire commerciale de Lille (dite sociĂ©tĂ© Norexpo), bĂ©nĂ©ficiaire d'une concession de la part de la ville de Lille, et devant assurer la rĂ©novation d'un bĂątiment dĂ©nommĂ© le Petit Palais dont elle avait la jouissance, a signĂ© le 19 novembre 1985 avec la sociĂ©tĂ© WVP une convention prĂ©voyant qu'elle-mĂȘme et la sociĂ©tĂ© WVP seraient associĂ©es Ă  50 % dans la sociĂ©tĂ© Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e la SociĂ©tĂ© nouvelle d'exploitation du Petit Palais (SNEPP), en formation ; que le 6 fĂ©vrier 1989, la sociĂ©tĂ© Norexpo a cĂ©dĂ© ses parts sociales dans le capital de la sociĂ©tĂ© SNEPP Ă  la sociĂ©tĂ© WVP ; que le 8 juillet 1991 la ville de Lille et la sociĂ©tĂ© Norexpo ont signĂ© un accord par lequel il a Ă©tĂ© mis fin Ă  la concession dont bĂ©nĂ©ficiait la sociĂ©tĂ© moyennant paiement d'une indemnitĂ© ; que la sociĂ©tĂ© Norexpo a assignĂ© les sociĂ©tĂ©s WVP et SNEPP en rĂ©siliation Ă  leurs torts de la convention du 19 novembre 1985 ; qu'une procĂ©dure de redressement judiciaire a Ă©tĂ© ouverte Ă  l'encontre de la sociĂ©tĂ© WVP le 15 mai 1992 ; Sur le premier moyen, pris en ses deux branches : (sans intĂ©rĂȘt) ;

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Sur le deuxiĂšme moyen, pris en ses deux branches : Attendu qu'il est fait grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir dĂ©boutĂ© l'administrateur (depuis le 15 mai 1992) du redressement judiciaire de la sociĂ©tĂ© WVP, de sa fin de non-recevoir tirĂ©e du dĂ©faut du droit d'agir de la sociĂ©tĂ© Norexpo, alors, selon le pourvoi, d'une part, que viole l'article 455 du nouveau Code de procĂ©dure civile, la cour d'appel qui ne donne strictement aucun motif Ă  sa dĂ©cision, et alors, d'autre part, qu'aux termes de l'article 37 de la loi du 25 janvier 1985, violĂ© par l'arrĂȘt, l'administrateur a seul la facultĂ© d'exiger l'exĂ©cution des contrats en cours de telle sorte que le dĂ©faut d'exĂ©cution par le dĂ©biteur d'engagements antĂ©rieurs au jugement d'ouverture sans distinction de nature, n'ouvre droit au profit du crĂ©ancier qu'Ă  dĂ©claration au passif ; Mais attendu, d'une part, que, contrairement aux allĂ©gations de la premiĂšre branche, la cour d'appel a motivĂ© sa dĂ©cision par des motifs critiquĂ©s par la seconde ; que le grief manque en fait ; Attendu, d'autre part, que l'arrĂȘt retient que les manquements reprochables Ă  la sociĂ©tĂ© WVP et antĂ©rieurs au jugement d'ouverture, consistaient Ă  avoir exploitĂ© la salle de spectacle sans s'ĂȘtre assurĂ©e (assurance risque incendie, risque industriel ainsi qu'assurance de responsabilitĂ©), d'avoir procĂ©dĂ© Ă  des affichages sauvages sur les panneaux publicitaires de la sociĂ©tĂ© Norexpo, et de n'avoir pas installĂ© un compteur particulier pour la consommation d'Ă©lectricitĂ© ; que, dĂšs lors que la rĂ©siliation Ă©tait demandĂ©e pour inexĂ©cution d'obligations de faire et non d'une obligation de payer une somme d'argent, le cours de l'instance ne pouvait en ĂȘtre arrĂȘtĂ© ni par l'ouverture du redressement judiciaire de la sociĂ©tĂ© WVP ni par l'exercice de la facultĂ© ouverte Ă  l'administrateur par l'article 37 de la loi du 25 janvier 1985 ; que la cour d'appel a justifiĂ© sa dĂ©cision au regard de l'article 47 de la loi du 25 janvier 1985, sans mĂ©connaĂźtre les dispositions de l'article 37 de cette mĂȘme loi ; D'oĂč il suit qu'irrecevable en sa premiĂšre branche, le moyen est mal fondĂ© pour le surplus ; Sur le troisiĂšme moyen, pris en ses deux branches : (sans intĂ©rĂȘt) ; Sur le quatriĂšme moyen, pris en ses six branches : (sans intĂ©rĂȘt) ; Et sur le cinquiĂšme moyen : (sans intĂ©rĂȘt) ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi.

DDoocc.. nn°° 55.. AAPP,, 2233 ddĂ©Ă©cceemmbbrree 11999944.. Sur le moyen unique : Vu les articles 152 et 161 de la loi du 25 janvier 1985, ensemble l'article 1413 du Code civil ; Attendu que si la liquidation judiciaire d'une personne mariĂ©e sous le rĂ©gime de la communautĂ© de biens ne modifie pas les droits que les crĂ©anciers de son conjoint tiennent du rĂ©gime matrimonial, le dessaisissement de la personne interdit Ă  ces crĂ©anciers d'exercer des poursuites sur les biens communs en dehors des cas oĂč les crĂ©anciers du dĂ©biteur soumis Ă  liquidation judiciaire peuvent eux-mĂȘmes agir ; Attendu que l'Union de crĂ©dit pour le bĂątiment (UCB) et la Compagnie française d'Ă©pargne et de crĂ©dit (CFEC) ont fait signifier, le 16 mars 1988, un commandement de saisie immobiliĂšre portant sur un immeuble dĂ©pendant de la communautĂ© de biens existant entre M. Jacques Y... et son Ă©pouse ; que Mme Y... a Ă©tĂ© mise en liquidation judiciaire par un jugement du 3 fĂ©vrier 1988 ; que l'UCB et la CFEC ont dĂ©clarĂ© leurs crĂ©ances au passif de la procĂ©dure collective le 15 fĂ©vrier 1988 ; que les Ă©poux Y... et M. X..., nommĂ© liquidateur, ont formĂ© opposition au commandement ; Attendu que, pour dire que le commandement de saisie est valable Ă  l'Ă©gard de M. Y..., et que les poursuites engagĂ©es Ă  son encontre doivent produire leur plein effet, la procĂ©dure de saisie immobiliĂšre devant se poursuivre sur ses derniers errements, la cour d'appel retient que, le dessaisissement du dĂ©biteur en liquidation ne s'Ă©tendant pas au conjoint, le droit des crĂ©anciers de celui-ci Ă  agir contre lui par une poursuite sur les biens communs demeure, sauf rĂ©compense due Ă  la communautĂ© s'il y a lieu ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que l'UCB et la CFEC ne pouvaient exercer des poursuites sur l'immeuble commun en leur qualitĂ© de crĂ©anciers hypothĂ©caires de M. Y... qu'aprĂšs justification de ce que le liquidateur n'avait pas entrepris la liquidation du bien grevĂ© dans le dĂ©lai de 3 mois Ă  compter du jugement prononçant la liquidation judiciaire de Mme Y..., la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 8 mars 1990, entre les parties, par la cour d'appel de Pau ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Bordeaux

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DDoocc.. nn°° 66.. CCaassss.. ccoomm..,, 1177 jjuuiinn 11999977.. Sur le moyen unique : Vu les articles 33 et 47 de la loi du 25 janvier 1985 ainsi que le principe de l'Ă©galitĂ© entre les crĂ©anciers ; Attendu, selon l'arrĂȘt dĂ©fĂ©rĂ©, qu'aprĂšs avoir construit et vendu Ă  M. et Mme X... deux bĂątiments, la sociĂ©tĂ© Groupe Taylord (la sociĂ©tĂ©) a exĂ©cutĂ© des travaux sur des parcelles contiguĂ«s qui ont entraĂźnĂ© des affaissements de terrain mettant en cause la stabilitĂ© de la propriĂ©tĂ© des acquĂ©reurs ; qu'un expert judiciaire, dĂ©signĂ© en rĂ©fĂ©rĂ© Ă  la requĂȘte de M. et Mme X..., a conclu Ă  la nĂ©cessitĂ© d'exĂ©cuter un mur de soutĂšnement ; que la sociĂ©tĂ© ayant Ă©tĂ© mise en redressement puis en liquidation judiciaires, M. et Mme X... l'ont assignĂ©e ainsi que son liquidateur pour qu'ils soient condamnĂ©s Ă  rĂ©aliser le mur de soutĂšnement ; Attendu que, pour accueillir la demande, l'arrĂȘt Ă©nonce que la condamnation de la sociĂ©tĂ© et de son liquidateur judiciaire Ă  rĂ©aliser ce mur ne se heurte pas Ă  la rĂšgle d'ordre public de la suspension des poursuites individuelles Ă©dictĂ©e par l'article 47 de la loi du 25 janvier 1985 puisque ce texte ne vise que les actions en justice tendant Ă  la condamnation du dĂ©biteur au paiement d'une somme d'argent ou Ă  la rĂ©solution d'un contrat pour dĂ©faut de paiement d'une somme d'argent, ce qui n'est pas le cas en l'espĂšce ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que, sous couvert de condamnation de la sociĂ©tĂ© et de son liquidateur judiciaire Ă  exĂ©cuter une obligation de faire, la demande de M. et Mme X... impliquait des paiements de sommes d'argent pour une cause antĂ©rieure au jugement d'ouverture, la cour d'appel a violĂ© les textes et principe susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 28 janvier 1994, entre les parties, par la cour d'appel de Versailles ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Douai.

DDoocc.. nn°° 77.. CCaassss.. ccoomm..,, 44 aavvrriill 22000066.. Sur le moyen unique, pris en sa seconde branche : Vu les articles L. 621-41 et L. 622-3 du Code de commerce dans leur rĂ©daction antĂ©rieure Ă  la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises ; Attendu que, sous rĂ©serve des dispositions relatives aux instances devant la juridiction prud'homale, les instances en cours Ă  la date du jugement d'ouverture de la liquidation judiciaire sont suspendues jusqu'Ă  ce que le crĂ©ancier poursuivant ait procĂ©dĂ© Ă  la dĂ©claration de sa crĂ©ance ; qu'elles sont alors reprises de plein droit, le liquidateur dĂ»ment appelĂ©, mais tendent uniquement Ă  la constatation des crĂ©ances et Ă  la fixation de leur montant ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© et les productions, que par acte du 12 mars 1993, l'Association centrale des autos taxis de Strasbourg, dĂ©nommĂ©e ACAT Taxi 13, Novotaxi (l'association Novotaxi) a assignĂ© l'association France Taxi aux fins de la voir dĂ©clarer responsable d'actes de concurrence dĂ©loyale et d'obtenir sa condamnation au paiement de dommages-intĂ©rĂȘts ; que le tribunal a dĂ©clarĂ© l'association Novotaxi "irrecevable et mal fondĂ©e en sa demande" ; que l'association Novotaxi a relevĂ© appel de cette dĂ©cision ; que par jugement du 14 octobre 1999, l'association France Taxi a Ă©tĂ© mise en liquidation judiciaire, Mme X... Ă©tant dĂ©signĂ©e liquidateur ; que par arrĂȘt du 7 mai 2003, la cour d'appel, qui a statuĂ© sur diffĂ©rentes demandes, a ordonnĂ© la rĂ©ouverture des dĂ©bats en ce qui concerne la demande dirigĂ©e Ă  l'encontre de l'association France Taxi, exclusivement aux fins de rĂ©gularisation de la procĂ©dure et de production par l'association Novotaxi d'une dĂ©claration de crĂ©ance rĂ©guliĂšrement effectuĂ©e entre les mains du liquidateur et a sursis Ă  statuer sur le surplus des demandes ; Attendu que pour dĂ©clarer irrecevables les conclusions prises par l'association Novotaxi Ă  l'encontre de l'association France Taxi et de Mme X..., Ăšs qualitĂ©s, l'arrĂȘt relĂšve qu'aprĂšs la rĂ©ouverture des dĂ©bats, l'association Novotaxi n'a pas rĂ©gularisĂ© ses conclusions puisqu'elle persiste Ă  rĂ©clamer la condamnation solidaire de l'association France Taxi et de Mme X... au paiement de diverses sommes ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'ayant constatĂ© que le liquidateur judiciaire de l'association France Taxi Ă©tait dans la cause et que l'association Novotaxi avait dĂ©clarĂ© sa crĂ©ance, il lui appartenait de se prononcer d'office sur l'existence et le montant de celle-ci, peu important que les conclusions de l'association Novotaxi aient tendu Ă  une condamnation au paiement, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 12 septembre 2003, entre les parties, par la cour d'appel de Colmar ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Metz ;

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DDoocc.. nn°° 88.. CCaassss.. ccoomm..,, 99 ddĂ©Ă©cceemmbbrree 11999977.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que, par acte du 26 janvier 1989, la Caisse rĂ©gionale de CrĂ©dit agricole mutuel Anjou-Mayenne (la banque) a prĂȘtĂ© une certaine somme Ă  la sociĂ©tĂ© Pontaminoise (la sociĂ©tĂ©) ; qu'une clause Ă©tait insĂ©rĂ©e Ă  l'acte suivant laquelle l'emprunteur autorisait le prĂȘteur Ă  prĂ©lever sur son compte, de façon permanente, le montant des sommes exigibles et Ă  compenser de plein droit et sans son intervention toutes sommes Ă©chues en capital et intĂ©rĂȘts, frais, commissions, accessoires ainsi que toutes indemnitĂ©s avec les sommes que le prĂȘteur pourrait lui devoir Ă  un titre quelconque ; que la sociĂ©tĂ© ayant Ă©tĂ© mise en redressement puis en liquidation judiciaires, la banque a dĂ©clarĂ© sa crĂ©ance au titre du contrat de prĂȘt et s'est prĂ©value de la compensation intervenue entre celle-ci et le solde crĂ©diteur du compte bancaire de la sociĂ©tĂ© ; que le liquidateur judiciaire a assignĂ© la banque en paiement de cette somme ; que la cour d'appel a confirmĂ© le jugement rejetant sa demande ; Sur le premier moyen : (sans intĂ©rĂȘt) ; Mais sur le second moyen, pris en sa premiĂšre branche : Vu les articles 1289 et suivants du Code civil et l'article 33 de la loi du 25 janvier 1985 ; Attendu que, pour accueillir l'exception de compensation opposĂ©e par la banque Ă  la demande du liquidateur judiciaire, l'arrĂȘt se borne Ă  Ă©noncer que la clause du contrat de prĂȘt prĂ©voyait la compensation entre le compte de dĂ©pĂŽt et les sommes dues au titre du prĂȘt et que les crĂ©ances rĂ©ciproques entre la banque et la sociĂ©tĂ© sont unies par un lien Ă©troit d'interdĂ©pendance ; Attendu qu'en se dĂ©terminant par de tels motifs, impropres Ă  caractĂ©riser l'existence d'un lien de connexitĂ© entre les obligations rĂ©ciproques nĂ©es de conventions distinctes, la cour d'appel n'a pas donnĂ© de base lĂ©gale Ă  sa dĂ©cision ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 28 fĂ©vrier 1995, entre les parties, par la cour d'appel d'Angers ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Poitiers.

DDoocc.. nn°° 99.. CCaassss.. ccoomm..,, 22 ddĂ©Ă©cceemmbbrree 22001144.. Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Basse-Terre, 29 octobre 2012), que la sociĂ©tĂ© Iago (la sociĂ©tĂ©), locataire de locaux Ă  usage d'Ă©tablissement scolaire appartenant Ă  la SCI Marie (la SCI), a donnĂ© un congĂ© pour le 31 juillet 2009 qui a Ă©tĂ© contestĂ© par celle-ci ; que, le 11 juin 2009, la sociĂ©tĂ© a Ă©tĂ© mise en redressement judiciaire, M. Y... et Mme X...Ă©tant dĂ©signĂ©s, respectivement, administrateur et mandataire judiciaires ; que le 7 aoĂ»t 2009, la SCI, aprĂšs avoir demandĂ© Ă  la sociĂ©tĂ©, le 24 juillet prĂ©cĂ©dent, de libĂ©rer les lieux pour le 31 juillet, s'est dĂ©sistĂ©e de sa demande en nullitĂ© du congĂ© et a dĂ©clarĂ© accepter celui-ci ; que les lieux ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s le 1er novembre 2009 ; que la SCI a assignĂ© la sociĂ©tĂ© et M. Y..., Ăšs qualitĂ©s et Ă  titre personnel, notamment en rĂ©paration du prĂ©judice subi du fait de l'impossibilitĂ© de relouer les lieux avant le dĂ©but de l'annĂ©e scolaire suivante et en paiement du coĂ»t des travaux de leur remise en Ă©tat ; Attendu que la SCI fait grief Ă  l'arrĂȘt de dĂ©clarer irrecevables ses demandes contre la sociĂ©tĂ© et M. Y..., Ăšs qualitĂ©s, et de rejeter ses demandes contre M. Y... Ă  titre personnel, alors, selon le moyen : 1°/ que les crĂ©ances nĂ©es rĂ©guliĂšrement aprĂšs le jugement d'ouverture, en contrepartie d'une prestation fournie au dĂ©biteur pendant cette pĂ©riode, sont payĂ©es Ă  leur Ă©chĂ©ance ; que la crĂ©ance de remise en Ă©tat des locaux louĂ©s prend naissance au jour de la restitution des locaux ; que cette crĂ©ance constitue la contrepartie de la mise Ă  disposition du local, le preneur Ă©tant tenu d'utiliser le bien louĂ© en bon pĂšre de famille ; qu'en dĂ©cidant que la crĂ©ance invoquĂ©e au titre de la remise en Ă©tat constituait, non une crĂ©ance au titre de prestations fournies aprĂšs le jugement d'ouverture de la procĂ©dure collective, mais une crĂ©ance liĂ©e Ă  la rĂ©siliation du contrat, et comme telle soumise Ă  dĂ©claration, quand les locaux ont toutefois Ă©tĂ© restituĂ©s postĂ©rieurement au jugement d'ouverture de la sociĂ©tĂ©, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 622-17 du code commerce ; 2°/ que les crĂ©ances nĂ©es rĂ©guliĂšrement aprĂšs le jugement d'ouverture, en contrepartie d'une prestation fournie au dĂ©biteur pendant cette pĂ©riode, sont payĂ©es Ă  leur Ă©chĂ©ance ; que la crĂ©ance de dommages et intĂ©rĂȘts rĂ©sultant de la perte d'une chance de louer les locaux, en ce qu'elle est la consĂ©quence du maintien illicite dans les lieux du preneur, postĂ©rieurement au jugement d'ouverture, pour la poursuite de son activitĂ©, a pour contrepartie une prestation fournie au dĂ©biteur ; qu'en Ă©nonçant cependant que la crĂ©ance invoquĂ©e par la SCI pour avoir Ă©tĂ© privĂ©e de la possibilitĂ© de louer son local Ă  un tiers pendant une annĂ©e scolaire ne peut s'analyser en une crĂ©ance nĂ©e en contrepartie d'une prestation fournie au dĂ©biteur pendant la pĂ©riode d'observation, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 622-17 du code de commerce ; 3°/ qu'en dĂ©cidant que l'administrateur judiciaire n'a pas commis de faute en ayant maintenu la sociĂ©tĂ© dans les lieux louĂ©s pendant trois mois aprĂšs l'expiration du bail, quand l'administrateur judiciaire engage pourtant personnellement sa responsabilitĂ© pour ne pas avoir rendu les locaux louĂ©s dans un dĂ©lai raisonnable aprĂšs expiration du bail, la cour d'appel a violĂ© l'article 1382 du code civil ;

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Mais attendu, d'une part, que la crĂ©ance du bailleur relative aux travaux de remise en Ă©tat n'est la contrepartie d'une prestation fournie au dĂ©biteur pendant la pĂ©riode d'observation, au sens des dispositions de l'article L. 622-17 du code de commerce, que si les dĂ©gradations qui lui sont reprochĂ©es ont Ă©tĂ© commises pendant cette pĂ©riode et non, comme le soutient le moyen, parce que les lieux auraient Ă©tĂ© restituĂ©s aprĂšs le jugement d'ouverture de la procĂ©dure de redressement judiciaire ; Attendu, d'autre part, qu'ayant retenu que la SCI avait, du 11 juin au 1er novembre 2009, Ă©tĂ© rĂ©glĂ©e, en contrepartie de la prestation fournie au dĂ©biteur pendant cette pĂ©riode, du loyer dĂ» puis d'une indemnitĂ© d'occupation aprĂšs la rĂ©siliation du bail fixĂ©e au 31 juillet 2009, la cour d'appel en a exactement dĂ©duit que les dommages-intĂ©rĂȘts demandĂ©s pour l'indemniser du prĂ©judice rĂ©sultant de la perte de la chance de pouvoir relouer immĂ©diatement les lieux n'avaient pas pour contrepartie une prestation fournie au dĂ©biteur ; Attendu, enfin, qu'ayant relevĂ©, d'un cĂŽtĂ©, que l'administrateur avait su seulement quelques jours avant la rĂ©siliation du bail que la SCI avait acceptĂ© cette rĂ©siliation et, de l'autre, que le tribunal avait dĂ©cidĂ© la poursuite d'exploitation malgrĂ© son rapport concluant le 31 aoĂ»t 2009 Ă  la liquidation judiciaire, la cour d'appel a pu en dĂ©duire l'absence de faute engageant la responsabilitĂ© personnelle de cet administrateur ; D'oĂč il suit que le moyen n'est pas fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 1100.. CCaassss.. ccoomm..,, 2288 jjuuiinn 22001166.. Sur le moyen relevĂ© d'office, aprĂšs avertissement dĂ©livrĂ© aux parties : Vu les articles L. 622-17 et R. 622-15 du code de commerce ; Attendu que l'absence d'inscription d'une crĂ©ance sur la liste des crĂ©ances postĂ©rieures instituĂ©e par le second de ces textes, qui n'est sanctionnĂ©e que par la perte du privilĂšge du paiement prioritaire, est sans effet sur le droit de poursuite du crĂ©ancier devant la juridiction de droit commun, lorsque sa crĂ©ance rĂ©pond aux conditions du premier texte ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, qu'aprĂšs la mise en redressement judiciaire de la sociĂ©tĂ© MVD, par un jugement du 3 juin 2008, l'administrateur dĂ©signĂ© a, pendant la pĂ©riode d'observation, commandĂ© des fournitures Ă  la sociĂ©tĂ© Innelec multimĂ©dia (la sociĂ©tĂ© Innelec) et n'en a pas rĂ©glĂ© le montant Ă  l'Ă©chĂ©ance ; qu'aprĂšs la conversion de la procĂ©dure en liquidation judiciaire, le 3 mars 2009, la sociĂ©tĂ© Innelec a assignĂ© l'administrateur et le liquidateur en paiement de la somme de 47 327, 65 euros ; que le tribunal a accueilli cette demande ; Attendu que, pour infirmer le jugement, la cour d'appel a retenu que la sociĂ©tĂ© Innelec avait perdu le droit de se prĂ©valoir de son droit de prĂ©fĂ©rence dans les rĂ©partitions privilĂ©giĂ©es au-delĂ  de la somme de 11 400, 13 euros, montant de sa crĂ©ance, aprĂšs compensation opĂ©rĂ©e par les organes de la procĂ©dure, figurant sur la liste des crĂ©ances postĂ©rieures non rĂ©glĂ©es, et que la contestation de cette compensation Ă©chappait Ă  son pouvoir juridictionnel ; Qu'en statuant ainsi, alors qu'elle n'Ă©tait pas saisie d'une contestation portant sur le montant inscrit sur la liste des crĂ©ances postĂ©rieures et la conservation par la sociĂ©tĂ© Innelec du privilĂšge du paiement prioritaire de sa crĂ©ance, dont il n'Ă©tait pas contestĂ© qu'elle rĂ©pondait aux conditions de l'article L. 622-17 du code de commerce, mais d'une assignation en paiement de cette crĂ©ance, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les griefs du pourvoi : CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il dĂ©clare irrecevable la demande de la sociĂ©tĂ© Innelec contre la Selarl Michel-Valdman-Miroite-Vogel, l'arrĂȘt rendu le 13 fĂ©vrier 2014, entre les parties, par la cour d'appel d'OrlĂ©ans ; remet, en consĂ©quence, sur les autres points, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Bourges ;

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SSééaanncceess nn°° 99 eett 1100

LLaa pphhaassee ddĂ©Ă©ffiinniittiivvee LLee ppllaann ddee ssaauuvveeggaarrddee –– LLee ppllaann ddee rreeddrreesssseemmeenntt –– LLaa lliiqquuiiddaattiioonn jjuuddiicciiaaiirree -- LLee rrĂ©Ă©ttaabblliisssseemmeenntt

pprrooffeessssiioonnnneell –– LLaa rreessppoonnssaabbiilliittĂ©Ă© eett lleess ssaannccttiioonnss

PPooiinnttss sseennssiibblleess ♩ Le plan de sauvegarde

‱ La sauvegarde de droit commun ‱ La sauvegarde accĂ©lĂ©rĂ©e et la sauvegarde financiĂšre accĂ©lĂ©rĂ©e

♩ Le plan de redressement ♩ La liquidation judiciaire

‱ La liquidation judiciaire simplifiĂ©e ‱ Le dessaisissement du dĂ©biteur

♩ L’apurement du passif ♩ La rĂ©alisation de l’actif ♩ La cession de l’entreprise ♩ La procĂ©dure de rĂ©tablissement professionnel ♩ La responsabilitĂ© pour insuffisance d’actif ♩ La faillite personnelle et l’interdiction de gĂ©rer ♩ La banqueroute EExxeerrcciiccee –– CCoommmmeennttaaiirree dd’’aarrrrĂȘĂȘtt :: CCoommmmeenntteezz CCaassss.. ccoomm..,, 1122 jjuuiilllleett 22001166 ((ddoocc.. nn°° 1111))

DDooccuummeennttss

♩ Doc. n° 1. Cass. com., 21 fĂ©vrier 2012, JCP E 2012, 1228. ♩ Doc. n° 2. Cass. com., 27 mai 2014, Rev. proc. coll. 2014, n° 6, comm. 160. ♩ Doc. n° 3. Cass. com., 21 fĂ©vrier 2006, JCP E 2006, 1569. ♩ Doc. n° 4. Cass. com., 23 septembre 2014, BJS 2014, p. 712. ♩ Doc. n° 5. Cass. com., 16 septembre 2014, Act. proc. coll. 2014, n° 16. ♩ Doc. n° 6. Cass. civ. 2Ăšme, 17 janvier 2007, D. 2007, p. 449. ♩ Doc. n° 7. Cass. soc., 6 octobre 2011, Act. proc. coll. 2011, alerte 294. ♩ Doc. n° 8. Cass. com., 25 septembre 2012, BJS 2012, p. 873. ♩ Doc. n° 9. Cass. com., 22 avril 1997, Dr. sociĂ©tĂ©s 1997, p. 121. ♩ Doc. n° 10. Cass. com., 13 fĂ©vrier 2007, D. 2007, p. 639. ♩ Doc. n° 11. Cass. com., 12 juillet 2016, Rev. sociĂ©tĂ©s 2016, p. 547. ♩ Doc. n° 12. Cass. com., 11 juin 2014, JCP E 2014, 999. ♩ Doc. n° 13. Cass. com., 30 octobre 2000, Act. proc. coll. 2000, 19. ♩ Doc. n° 14. Cass. com., 16 dĂ©cembre 2014, RTD com. 2015, p. 161. ♩ Doc. n° 15. Cass. com., 10 mars 2015, JCP E 2015, 1261. ♩ Doc. n° 16. Cass. com., 14 janvier 2014, D. 2014, p. 595. ♩ Doc. n° 17. Cass. crim., 30 juin 2004, JCP E 2004, 1817. ♩ Doc. n° 18. Cons. const., 29 septembre 2016, Rev. sociĂ©tĂ©s 2016, p. 755.

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DDoocc.. nn°° 11 :: CCaassss.. ccoomm..,, 2211 ffĂ©Ă©vvrriieerr 22001122.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Versailles, 18 novembre 2010), que le 23 septembre 2005, la sociĂ©tĂ© Thomson, dĂ©nommĂ©e ultĂ©rieurement Technicolor, (la sociĂ©tĂ© Ă©mettrice) a Ă©mis des titres super-subordonnĂ©s pour un montant global de 500 000 000 euros ; que les sociĂ©tĂ©s Unicredit bank (la sociĂ©tĂ© Unicredit), Eton park international (la sociĂ©tĂ© Eton), Carlson capital (la sociĂ©tĂ© Carlson), Numen capital (la sociĂ©tĂ© Numen) et Delta alternative management (la sociĂ©tĂ© Delta) sont porteurs, pour un montant nominal global de 160 000 000 euros, d'une partie de ces titres ; que le 30 novembre 2009, la sociĂ©tĂ© Technicolor a Ă©tĂ© mise sous sauvegarde, la selarl FHB Ă©tant dĂ©signĂ©e administrateur judiciaire et les sociĂ©tĂ©s Ouizille de Keating et MJA mandataires judiciaires ; que le 21 dĂ©cembre 2009, le comitĂ© des Ă©tablissements de crĂ©dit et assimilĂ©s ainsi que celui des principaux fournisseurs ont approuvĂ© Ă  l'unanimitĂ© le projet de plan de sauvegarde de la sociĂ©tĂ© Ă©mettrice ; que le 22 dĂ©cembre 2009 l'assemblĂ©e unique des obligataires (l'AUO) Ă  laquelle participaient les porteurs des titres super-subordonnĂ©s, a approuvĂ© Ă  la majoritĂ© qualifiĂ©e le projet de plan, dix des porteurs de titres super-subordonnĂ©s, dont les sociĂ©tĂ©s UnicrĂ©dit, Eton, Carlson, Numen et Delta, ne l'ayant pas approuvĂ© ; que le 31 dĂ©cembre 2009, ces derniĂšres ont contestĂ© la rĂ©gularitĂ© de l'AUO ; Sur le troisiĂšme moyen : Attendu que les sociĂ©tĂ©s Unicredit, Eton et Carlson font grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir rejetĂ© leur demande en annulation de la dĂ©libĂ©ration de l'AUO du 22 dĂ©cembre 2009 et celle en rĂ©ouverture de la procĂ©dure de sauvegarde et d'avoir confirmĂ© les dispositions du jugement arrĂȘtant le plan de sauvegarde, alors, selon le moyen, que lorsqu'une assemblĂ©e unique des obligataires, appelĂ©e Ă  statuer sur le projet du plan de sauvegarde, mĂ©connaĂźt les droits de vote d'une catĂ©gorie particuliĂšre d'obligataires, le juge doit annuler la dĂ©cision adoptĂ©e, indĂ©pendamment de l'incidence d'une telle irrĂ©gularitĂ© sur le sens du vote ; qu'en l'espĂšce, la cour d'appel a admis que la limitation du droit de vote des porteurs de TSS Ă  6 % du nominal avait entachĂ© d'irrĂ©gularitĂ© les modalitĂ©s de vote de l'assemblĂ©e unique des obligataires du 22 dĂ©cembre 2009, leurs droits de vote devant ĂȘtre proportionnels au montant du nominal ; qu'en retenant que la nullitĂ© de la dĂ©cision entachĂ©e d'une irrĂ©gularitĂ© flagrante ne pouvait ĂȘtre prononcĂ©e en raison de " l'absence d'influence de l'irrĂ©gularitĂ© du vote sur les rĂ©sultats ", la cour d'appel a violĂ© l'article L. 626-32 du code de commerce, ensemble l'article L. 235-1 du mĂȘme code ; Mais attendu qu'aprĂšs avoir rappelĂ© la teneur de l'article L. 626-32, alinĂ©a 3, du code de commerce dans sa rĂ©daction issue de l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008, selon laquelle, nonobstant toute clause contraire et indĂ©pendamment de la loi applicable au contrat d'Ă©mission, les porteurs de titres expriment leur vote selon le montant des crĂ©ances obligataires qu'ils dĂ©tiennent, l'arrĂȘt retient que l'administrateur judiciaire n'a pas le pouvoir de priver certains des obligataires de leurs droits de vote en dĂ©cidant que seule une partie du nominal de leurs titres leur confĂšre un droit de vote et que les modalitĂ©s de vote de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des obligataires du 22 dĂ©cembre 2009 sont irrĂ©guliĂšres ; que l'arrĂȘt retient encore que dix des porteurs de titres super-subordonnĂ©s auxquels il a Ă©tĂ© accordĂ© un droit de vote de 6 % du nominal de leurs titres, et reprĂ©sentant en consĂ©quence 11 450 000 euros, ont votĂ© contre le projet de plan, que les rĂ©sultats des votes ont Ă©tĂ© ainsi de 98, 77 % pour, et 1, 23 % contre et que si les dix porteurs de ces titres avaient pu voter en proportion du nominal de leurs titres, ils auraient reprĂ©sentĂ© environ 191 000 000 euros ; que l'arrĂȘt en dĂ©duit que les rĂ©sultats favorables au plan auraient alors Ă©tĂ© de 82, 80 % et dĂ©favorables de 17, 20 %, que les votes favorables auraient donc dĂ©passĂ© largement 66, 67 %, et qu'en consĂ©quence l'AUO aurait approuvĂ© le projet de plan ; qu'ayant ainsi considĂ©rĂ©, dans l'exercice de son pouvoir souverain d'apprĂ©ciation, que l'irrĂ©gularitĂ© ayant affectĂ© les modalitĂ©s du vote des porteurs des titres super-subordonnĂ©s lors de l'AUO n'avait eu aucune influence sur le rĂ©sultat du vote, la cour d'appel en a exactement dĂ©duit que la nullitĂ© de la dĂ©libĂ©ration n'Ă©tait pas encourue ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; Sur le quatriĂšme moyen : Attendu que les sociĂ©tĂ©s Unicredit, Eton et Carlson font grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir rejetĂ© leur demande tendant Ă  faire juger que les porteurs de titres super-subordonnĂ©s Ă©mis le 23 septembre 2005 seraient exclus du plan de sauvegarde et d'avoir en consĂ©quence confirmĂ© les dispositions du jugement arrĂȘtant le plan de sauvegarde, alors, selon le moyen : 1°/ que la composition des comitĂ©s de crĂ©anciers et de l'assemblĂ©e unique des obligataires est dĂ©terminĂ©e au vu des crĂ©ances nĂ©es antĂ©rieurement au jugement d'ouverture ; que les titres super subordonnĂ©s qui n'obligent l'Ă©metteur au remboursement du nominal qu'en cas de dissolution, et aprĂšs dĂ©sintĂ©ressement de tous les autres crĂ©anciers Ă  la seule exception des actionnaires, ou Ă  une date que celle-ci choisit ne gĂ©nĂšrent aucune crĂ©ance de remboursement du nominal antĂ©rieure au jugement d'ouverture de la procĂ©dure de sauvegarde, de telles modalitĂ©s de remboursement privant l'engagement de remboursement de toute consistance ; qu'en l'espĂšce, la cour d'appel a relevĂ© que le remboursement du nominal Ă©tait fixĂ© Ă  la date de dissolution de la sociĂ©tĂ© ou, au plus tĂŽt, en 2015 si la sociĂ©tĂ© Thomson dĂ©cidait de rembourser ; qu'en retenant que les crĂ©ances de remboursement Ă©taient dĂ©jĂ  nĂ©es Ă  la date de conclusion du contrat d'Ă©mission, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 626-30 du code de commerce ; 2°/ que les titres super subordonnĂ©s qui n'obligent l'Ă©metteur Ă  verser des intĂ©rĂȘts au porteur qu'au cas oĂč il dĂ©ciderait de verser des dividendes Ă  ses actionnaires ne gĂ©nĂšrent aucune crĂ©ance d'intĂ©rĂȘts antĂ©rieure au jugement d'ouverture, le droit aux intĂ©rĂȘts Ă©tant affectĂ© d'une condition potestative du dĂ©biteur qui le prive de toute

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consistance ; qu'en l'espĂšce, la cour d'appel a relevĂ© que la sociĂ©tĂ© Thomson pouvait se dispenser du paiement des intĂ©rĂȘts " notamment si, pendant l'exercice aucun dividende n'est versĂ© " ; qu'en affirmant que les crĂ©ances d'intĂ©rĂȘts Ă©taient dĂ©jĂ  nĂ©es Ă  la date de conclusion du contrat d'Ă©mission, lorsqu'il rĂ©sultait de ses propres constatations qu'elles Ă©taient affectĂ©es d'une condition purement potestative et comme telles dĂ©pourvues de toute consistance juridique, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 626-30 du code de commerce ; 3°/ que la procĂ©dure de sauvegarde et le projet de plan ne peuvent concerner que les seules crĂ©ances nĂ©es antĂ©rieurement Ă  l'ouverture de cette procĂ©dure et dont le remboursement pourrait compromettre le redressement de l'activitĂ© du dĂ©biteur ; que doivent donc ĂȘtre exclus du champ du plan les titres super subordonnĂ©s dĂšs lors que le report du remboursement du nominal Ă  la dissolution de la sociĂ©tĂ© et l'attribution d'un rang ultime, ou Ă  une date que choisit la sociĂ©tĂ© Ă©mettrice Ă  partir de 2015, d'une part, et la possibilitĂ© pour la sociĂ©tĂ© de se dispenser de tout versement des intĂ©rĂȘts, d'autre part, exclut qu'ils puissent constituer une entrave Ă  la poursuite de l'activitĂ© de l'entreprise ; qu'en l'espĂšce, la cour d'appel a admis que les titres super subordonnĂ©s Ă©taient traitĂ©s, en raison de telles modalitĂ©s de paiement des crĂ©ances de nominal et d'intĂ©rĂȘts, comme des " fonds propres " ; qu'en retenant nĂ©anmoins qu'ils devaient faire partie de la procĂ©dure de sauvegarde, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 626-30 du code de commerce ; 4°/ que la cour d'appel a expressĂ©ment admis que les crĂ©ances ne devaient ĂȘtre incluses dans le plan de sauvegarde que " pour le montant impayĂ© au jour du jugement d'ouverture, et seulement pour ce montant " ; qu'elle a ensuite admis qu'" au 30 novembre 2009, la sociĂ©tĂ© Thomson SA ne devait pas d'intĂ©rĂȘts aux porteurs de TSS " pour en dĂ©duire " qu'il n'existe aucune crĂ©ance au titre des intĂ©rĂȘts qui pourraient faire partie du plan d'apurement du passif " ; qu'en retenant nĂ©anmoins que les crĂ©ances d'intĂ©rĂȘts avaient pu ĂȘtre soumises aux dispositions du plan de sauvegarde, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 626-30 du code de commerce ; Mais attendu, en premier lieu, qu'ayant Ă©noncĂ© que la date de naissance d'une crĂ©ance contractuelle n'est pas la date de son exigibilitĂ© et ayant retenu Ă  bon droit que la crĂ©ance de remboursement du nominal des titres super-subordonnĂ©s Ă©mis le 23 septembre 2005 ainsi que la crĂ©ance d'intĂ©rĂȘts Ă©taient nĂ©es Ă  la date du contrat d'Ă©mission de ces titres, la cour d'appel en a exactement dĂ©duit que ces crĂ©ances Ă©taient antĂ©rieures au jugement d'ouverture de la procĂ©dure de sauvegarde ; Attendu, en second lieu, que l'arrĂȘt retient que comme tous les autres crĂ©anciers obligataires, les porteurs des titres super-subordonnĂ©s pouvaient se voir imposer un abandon partiel ou total de leurs crĂ©ances et une conversion de leurs crĂ©ances en titres donnant ou pouvant donner accĂšs au capital ; que l'arrĂȘt retient encore que ces mesures ne pouvaient ĂȘtre imposĂ©es que par la majoritĂ© qualifiĂ©e des membres de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des obligataires, ce qui impliquait, en l'Ă©tat du droit actuel, que les porteurs de titres super-subordonnĂ©s fussent membres de cette assemblĂ©e et que les modifications Ă  leurs droits fissent partie du projet de plan soumis Ă  l'approbation de cette assemblĂ©e ; que de ces constatations et apprĂ©ciations, la cour d'appel a exactement dĂ©duit que les porteurs de titres super-subordonnĂ©s ne pouvaient pas ĂȘtre exclus de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des obligataires ; Et attendu, en dernier lieu, que la cour d'appel a constatĂ© qu'il n'existait aucune crĂ©ance au titre des intĂ©rĂȘts non payĂ©s pouvant ĂȘtre soumise au plan d'apurement du passif ; D'oĂč il suit que le moyen, qui manque en fait en sa quatriĂšme branche, n'est pas fondĂ© pour le surplus ; Sur le cinquiĂšme moyen : Attendu que les sociĂ©tĂ©s UnicrĂ©dit, Eton et Carlson font grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir dĂ©clarĂ© irrecevable leur demande tendant Ă  l'annulation de la disposition du plan de sauvegarde qui prive les porteurs de titres super-subordonnĂ©s Ă©mis le 23 septembre 2005 de leur droit aux intĂ©rĂȘts futurs et d'avoir en consĂ©quence confirmĂ© les dispositions du jugement arrĂȘtant le plan de sauvegarde, alors, selon le moyen : 1°/ qu'avant d'arrĂȘter le plan adoptĂ© par les comitĂ©s de crĂ©anciers et l'assemblĂ©e unique des obligataires, le tribunal doit s'assurer que les intĂ©rĂȘts de tous les crĂ©anciers sont suffisamment protĂ©gĂ©s ; qu'il a donc pouvoir pour rejeter un plan qui n'est pas conforme Ă  cette exigence ou, Ă  tout le moins, d'annuler les dispositions du plan qui auraient pour effet de mĂ©connaĂźtre les intĂ©rĂȘts d'une catĂ©gorie de crĂ©anciers ; qu'en affirmant que " le tribunal arrĂȘte le plan conformĂ©ment au projet adoptĂ© " sans disposer du " pouvoir de modifier les propositions acceptĂ©es par l'AUO ", pour dĂ©clarer en consĂ©quence " irrecevable " la demande des porteurs de TSS d'annuler la disposition du plan qui les prive de leur droit aux intĂ©rĂȘts futurs, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 626-31 du code de commerce ; 2°/ que pour s'assurer que les intĂ©rĂȘts de tous les crĂ©anciers sont suffisamment protĂ©gĂ©s, le tribunal doit vĂ©rifier que les droits d'une catĂ©gorie particuliĂšre de crĂ©anciers ne sont pas sacrifiĂ©s au profit d'autres crĂ©anciers ; qu'en l'espĂšce, les porteurs de TSS faisaient valoir non seulement que leurs droits de vote avaient Ă©tĂ© bafouĂ©s, circonstance expressĂ©ment admise par la cour d'appel, mais encore que les dispositions du plan avaient pour objet et pour effet de les priver de leurs droits Ă  intĂ©rĂȘts futurs, ceci Ă  seule fin de permettre aux crĂ©anciers seniors, dont les titres devaient ultĂ©rieurement ĂȘtre transformĂ©s en actions, de bĂ©nĂ©ficier de dividendes sans que la sociĂ©tĂ© n'ait pour autant Ă  verser d'intĂ©rĂȘts aux porteurs de TSS ; qu'Ă  l'appui de cette affirmation, les exposantes produisaient aux dĂ©bats un communiquĂ© de presse du 27 juillet 2009 dans lequel la sociĂ©tĂ© Thomson affirmait clairement l'objectif des dispositions litigieuses du plan : " enfin, le plan de restructuration prĂ©voit que les dĂ©tenteurs de TSS recevront 25 millions d'euros en numĂ©raire en contrepartie de la suppression de leurs droits Ă  tous paiements Ă©ventuels (autres

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que le principal) attachĂ©s aux TSS. A la suite de la mise en oeuvre du plan de restructuration, les seuls droits relatifs aux TSS qui subsisteraient concerneraient le remboursement du principal dans le cas d'une dissolution ou d'une liquidation de la sociĂ©tĂ©. A l'avenir, la sociĂ©tĂ© serait en mesure de payer des dividendes ou d'effectuer des distributions Ă  ses actionnaires sans payer de coupon aux porteurs des TSS (
) " ; qu'en se bornant Ă  relever, par motifs Ă©ventuellement adoptĂ©s, que ces Ă©lĂ©ments ne permettaient pas d'affirmer que ces crĂ©anciers Ă©taient insuffisamment protĂ©gĂ©s, que la dĂ©cision avait Ă©tĂ© adoptĂ©e Ă  une large majoritĂ©, que les mesures prises Ă©taient nĂ©cessaires Ă  la poursuite de l'activitĂ©, que " bien que la dette de la sociĂ©tĂ© diminue substantiellement au terme de la restructuration financiĂšre, aucun abandon de crĂ©ance n'a Ă©tĂ© consenti par eux ", que les efforts demandĂ©s aux crĂ©anciers sont Ă©quilibrĂ©s " en fonction de la nature de la crĂ©ance " et que le comitĂ© d'entreprise avait Ă©mis un avis favorable, sans Ă  aucun moment s'assurer prĂ©cisĂ©ment que les dispositions litigieuses du plan n'avaient pas crĂ©Ă© un traitement inĂ©quitable au dĂ©triment des seuls porteurs de TSS qui Ă©taient privĂ©s de leurs droits futurs aux intĂ©rĂȘts, ce qui avait ruinĂ© la valeur boursiĂšre des titres, au profit des crĂ©anciers seniors, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard de l'article L. 626-31 du code de commerce ; 3°/ que le tribunal ne saurait en aucun cas adopter un plan adoptĂ© dans des conditions mĂ©connaissant le droit de vote des crĂ©anciers membres de l'assemblĂ©e unique des obligataires ; qu'en adoptant le plan litigieux, lorsqu'elle avait elle-mĂȘme expressĂ©ment constatĂ© que la limitation du droit de vote des porteurs de TSS Ă  6 % du nominal avait entachĂ© d'irrĂ©gularitĂ© les modalitĂ©s de vote de l'assemblĂ©e unique des obligataires du 22 dĂ©cembre 2009, ce qui suffisait Ă  Ă©tablir que les intĂ©rĂȘts de cette catĂ©gorie d'obligataires n'avaient pas Ă©tĂ© respectĂ©s, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 626-31 du code de commerce ; Mais attendu qu'ayant relevĂ© par motifs adoptĂ©s que les propositions formulĂ©es dans le projet de plan de sauvegarde Ă©taient cohĂ©rentes avec les intĂ©rĂȘts des crĂ©anciers en prĂ©sence, leur caractĂšre ou non subordonnĂ©, et stratĂ©gique ou non pour l'entreprise et qu'elles correspondaient Ă  des efforts Ă©quilibrĂ©s des crĂ©anciers en fonction de la nature de leurs crĂ©ances, la cour d'appel, qui a procĂ©dĂ© Ă  la recherche prĂ©tendument omise, a souverainement retenu que les intĂ©rĂȘts des porteurs des titres super-subordonnĂ©s Ă©taient suffisamment protĂ©gĂ©s ; que le moyen, qui manque en fait en sa premiĂšre branche, n'est pas fondĂ© pour le surplus ; Et attendu que les premier et deuxiĂšme moyens ne seraient pas de nature Ă  permettre l'admission du pourvoi ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 22.. CCaassss.. ccoomm..,, 2277 mmaaii 22001144.. Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Riom, 6 mars 2013), que, le 28 mars 2006, M. et Mme X... se sont rendus cautions envers la Banque Nuger (la banque) d'un concours consenti Ă  la sociĂ©tĂ© FinanciĂšre Tradex (la sociĂ©tĂ©), dont M. X... est le gĂ©rant ; que cette derniĂšre ayant Ă©tĂ© mise sous sauvegarde le 27 mars 2009, la banque a dĂ©clarĂ© sa crĂ©ance ; qu'un plan de sauvegarde a Ă©tĂ© adoptĂ© le 6 avril 2010 ; que le 6 juillet suivant, la banque a fait inscrire une hypothĂšque judiciaire provisoire sur un immeuble appartenant aux Ă©poux X..., puis les a assignĂ©s en exĂ©cution de leur engagement ; Attendu que M. et Mme X... font grief Ă  l'arrĂȘt de les avoir condamnĂ©s solidairement Ă  payer Ă  la banque une certaine somme et d'avoir rejetĂ© leur demande de mainlevĂ©e de l'hypothĂšque conservatoire, alors, selon le moyen : 1°/ que l'article L. 626-11 du code de commerce interdit la poursuite des actions entreprises contre la caution du dĂ©biteur principal au bĂ©nĂ©fice duquel a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© un plan de sauvegarde, en ce incluses celles visant Ă  valider une mesure conservatoire ; qu'en l'espĂšce, il Ă©tait constant que par jugement du 6 avril 2010, rectifiĂ© par jugement du 16 mai 2011, un plan de sauvegarde, en cours d'exĂ©cution, avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© au profit de la sociĂ©tĂ©, dĂ©bitrice principale ; que dans leurs conclusions d'appel, M. et Mme X... soutenaient que ce plan de sauvegarde, dont ils justifiaient en piĂšce n° 6 du respect par la sociĂ©tĂ©, interdisait toute condamnation en exĂ©cution de leur engagement de caution ; qu'en retenant au contraire qu'il Ă©tait justifiĂ© de prononcer leur condamnation solidaire au paiement de la somme non contestĂ©e de 68 750, 73 euros, montant de la crĂ©ance de la banque Ă  leur encontre, arrĂȘtĂ©e au 28 fĂ©vrier 2009, en leur qualitĂ© de cautions, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 626-11 du code de commerce ; 2°/ que l'article L. 626-11 du code de commerce interdit la poursuite des actions entreprises contre la caution du dĂ©biteur principal au bĂ©nĂ©fice duquel a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© un plan de sauvegarde, en ce incluses celles visant Ă  valider une mesure conservatoire ; que dĂšs lors, en considĂ©rant, en l'espĂšce, que l'inscription provisoire d'hypothĂšque sur le bien immobilier des cautions, prise par la banque le 6 juillet 2010, sur autorisation du juge de l'exĂ©cution du 28 juin 2010, demeurait valable, la cour d'appel a de nouveau violĂ© l'article L. 626-11 du code de commerce ; 3°/ que le crĂ©ancier ne peut pas poursuivre la caution alors que sa crĂ©ance n'est pas exigible ; que le jugement d'ouverture de la procĂ©dure de sauvegarde ne rend pas exigible les crĂ©ances non Ă©chues Ă  la date de son prononcĂ© ; que dĂšs lors, en se bornant Ă  affirmer que les exposants ne soutenaient pas que la crĂ©ance de la banque, Ă  savoir une Ă©chĂ©ance impayĂ©e le 28 fĂ©vrier 2009, outre pĂ©nalitĂ©s et intĂ©rĂȘts, et le capital dĂ» au 28 fĂ©vrier 2009 au titre du prĂȘt

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cautionnĂ©, n'Ă©tait pas exigible lors de l'ouverture de la procĂ©dure de sauvegarde de la sociĂ©tĂ©, sans constater elle-mĂȘme que la condition de mise en oeuvre de la garantie tenant Ă  l'exigibilitĂ© de la dette Ă©tait accomplie, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard des articles 2290 du code civil et L. 622-29 du code de commerce ; Mais attendu qu'en application de l'article 215 du dĂ©cret du 31 juillet 1992, devenu l'article R. 511-7 du code des procĂ©dures d'exĂ©cution, sauf le cas oĂč la mesure est pratiquĂ©e avec un titre exĂ©cutoire, le crĂ©ancier qui a Ă©tĂ© autorisĂ© Ă  pratiquer une mesure conservatoire contre une caution personnelle, personne physique, doit, dans le mois qui suit l'exĂ©cution de la mesure, Ă  peine de caducitĂ©, introduire une procĂ©dure ou accomplir les formalitĂ©s nĂ©cessaires Ă  l'obtention d'un titre exĂ©cutoire, mĂȘme si le dĂ©biteur principal bĂ©nĂ©ficie d'un plan de sauvegarde ; que, dans ce cas, l'exĂ©cution du titre exĂ©cutoire ainsi obtenu est suspendue pendant la durĂ©e du plan ou jusqu'Ă  sa rĂ©solution ; qu'ayant retenu qu'en application du texte susvisĂ© la banque avait l'obligation d'assigner au fond les cautions pour obtenir un titre exĂ©cutoire et que la mise en Ɠuvre de ce dernier Ă©tait suspendue pendant la durĂ©e du plan ou jusqu'Ă  sa rĂ©solution, la cour d'appel n'a pas encouru les griefs des premiĂšre et deuxiĂšme branches ; que le moyen, qui manque en fait en sa troisiĂšme branche, n'est pas fondĂ© pour le surplus ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ; DDoocc.. nn°° 33.. CCaassss.. ccoomm..,, 2211 ffĂ©Ă©vvrriieerr 22000066.. Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Besançon, 13 novembre 2003), que par acte notariĂ© du 2 septembre 1993 M. et Mme X..., mariĂ©s sous le rĂ©gime de la communautĂ© d'acquĂȘts, se sont portĂ©s cautions solidaires et ont hypothĂ©quĂ© un immeuble dĂ©pendant de leur communautĂ© en garantie de crĂ©dits consentis Ă  la sociĂ©tĂ© Confort 2000 par la Caisse de CrĂ©dit mutuel d'Altkirch (la caisse) ; que M. X... a Ă©tĂ© mis en redressement judiciaire le 5 avril 1994 et a bĂ©nĂ©ficiĂ© d'un plan de continuation le 18 octobre suivant ; que par acte notariĂ© du 6 juillet 2000 les Ă©poux X... ont vendu l'immeuble hypothĂ©quĂ© ; que s'Ă©tant fait verser le prix de vente, M. Y..., commissaire Ă  l'exĂ©cution du plan, a procĂ©dĂ© Ă  la rĂ©partition du prix entre les crĂ©anciers de la procĂ©dure collective, selon l'Ă©tat de collocation dĂ©posĂ© au greffe, sans tenir compte de la crĂ©ance de la caisse, Ă©teinte Ă  l'Ă©gard de M. X..., pour n'avoir pas Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e Ă  son redressement judiciaire ; Attendu que le commissaire Ă  l'exĂ©cution du plan reproche Ă  l'arrĂȘt d'avoir annulĂ© l'Ă©tat de collocation, affĂ©rent Ă  la rĂ©partition des fonds rĂ©sultant de la vente de l'immeuble appartenant au dĂ©biteur et Ă  son Ă©pouse commune en biens, et d'avoir en consĂ©quence dĂ©cidĂ© que le commissaire Ă  l'exĂ©cution du plan devrait reverser Ă  la caisse, en sa qualitĂ© de crĂ©ancier hypothĂ©caire de la femme, la somme de 60 979,61 euros correspondant au prix de cession, alors, selon le moyen : 1 / que la rĂ©partition entre les crĂ©anciers, auxquels est applicable l'apurement du passif prĂ©vu dans le plan de continuation, du prix de cession d'un immeuble grevĂ© d'une hypothĂšque, est effectuĂ©e, dans le cadre des modalitĂ©s de cet apurement, suivant une procĂ©dure d'ordre par le commissaire Ă  l'exĂ©cution du plan ; qu'en Ă©nonçant que le mandataire judiciaire n'avait pas qualitĂ© pour rĂ©partir, par procĂ©dure d'ordre, et au profit des crĂ©anciers admis, le prix rĂ©sultant de la vente par le dĂ©biteur d'un immeuble grevĂ© d'une hypothĂšque, pour en dĂ©duire que ledit prix devait revenir Ă  un crĂ©ancier hypothĂ©caire non admis faute de dĂ©claration, la cour d'appel a violĂ© les articles L. 621-65, L. 621-68 et L. 621-80 du Code de commerce ainsi que 102 du dĂ©cret du 27 dĂ©cembre 1985 ; 2 / qu'en toute hypothĂšse, Ă  dĂ©faut de dĂ©claration de sa crĂ©ance au passif de la procĂ©dure collective visant un Ă©poux commun en biens, le crĂ©ancier du conjoint in bonis ne peut faire valoir son hypothĂšque prise sur l'immeuble commun, sauf, le cas Ă©chĂ©ant, sur le solde du prix du dit immeuble subsistant aprĂšs rĂšglement des crĂ©anciers admis au passif ; qu'en l'espĂšce, le crĂ©ancier hypothĂ©caire n'avait pas dĂ©clarĂ© sa crĂ©ance au passif du redressement judiciaire prononcĂ© Ă  l'Ă©gard du dĂ©biteur commun en biens, de sorte qu'en autorisant cependant l'Ă©tablissement de crĂ©dit Ă  faire valoir son hypothĂšque Ă  l'Ă©gard de la femme sur l'immeuble commun pour obtenir paiement du prix de vente de celui-ci, avant les crĂ©anciers admis au passif, la cour d'appel a violĂ© les articles L. 622-23 du Code de commerce et 1413 du Code civil ; 3 / que le mandataire judiciaire soutenait que le crĂ©ancier dont la crĂ©ance Ă©tait Ă©teinte Ă  l'Ă©gard du dĂ©biteur soumis Ă  une procĂ©dure collective, faute de dĂ©claration de sa crĂ©ance, ne pouvait exercer de poursuite individuelle Ă  l'encontre du conjoint in bonis et, en particulier, ne pouvait faire valoir son hypothĂšque ; qu'en dĂ©laissant des Ă©critures aussi dĂ©terminantes, la cour d'appel a mĂ©connu les exigences de l'article 455 du nouveau Code de procĂ©dure civile ; Mais attendu qu'aprĂšs l'arrĂȘtĂ© du plan de continuation et sauf disposition contraire de celui-ci, le dĂ©biteur, redevenu maĂźtre de ses biens, peut disposer de ceux-ci ainsi que de leur prix, sans avoir Ă  solliciter l'autorisation du tribunal ou du juge-commissaire, ses crĂ©anciers Ă©tant rĂ©glĂ©s selon les modalitĂ©s du plan ;

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Qu'ayant constatĂ© que la cession de l'immeuble appartenant aux Ă©poux X... n'Ă©tait pas prĂ©vue par le plan, la cour d'appel en a exactement dĂ©duit que le prix de la vente, intervenue aprĂšs l'arrĂȘtĂ© de ce plan, n'avait pas Ă  ĂȘtre versĂ© au commissaire Ă  l'exĂ©cution du plan et devait revenir Ă  la Caisse, crĂ©anciĂšre de Mme X... et bĂ©nĂ©ficiant d'une hypothĂšque de premier rang sur cet immeuble ; que le moyen, qui n'est pas fondĂ© en sa premiĂšre branche, est inopĂ©rant pour le surplus ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ; DDoocc.. nn°° 44.. CCaassss.. ccoomm..,, 2233 sseepptteemmbbrree 22001144.. Sur l'irrecevabilitĂ© du pourvoi n° E 12-29. 262, relevĂ©e d'office aprĂšs avertissement dĂ©livrĂ© aux parties : (
) Sur le moyen unique du pourvoi n° Y 13-15. 437 : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Riom, 11 juillet 2012), que M. Y..., agissant en qualitĂ© de liquidateur judiciaire de M. X..., a assignĂ© la sociĂ©tĂ© L7 en paiement du solde du compte courant d'associĂ© de ce dernier ; Attendu que la sociĂ©tĂ© L7 fait grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir dĂ©clarĂ© M. Y..., Ăšs qualitĂ©s, recevable Ă  agir, alors, selon le moyen, que le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire d'une personne physique ne dessaisit pas le dĂ©biteur de l'exercice des droits attachĂ©s Ă  sa personne ; qu'il s'ensuit qu'en cas de liquidation judiciaire de l'associĂ© d'une sociĂ©tĂ© civile, le liquidateur de son patrimoine n'a pas qualitĂ© pour exercer les droits liĂ©s Ă  sa qualitĂ© d'associĂ© ; que le liquidateur n'a, dans ce cas, notamment pas qualitĂ© pour exercer les droits affĂ©rents au compte-courant d'associĂ© du dĂ©biteur ; qu'au cas prĂ©sent, la cour d'appel a considĂ©rĂ© que M. Y... aurait qualitĂ© pour exercer les droits pĂ©cuniaires de M. X..., mĂȘme ceux liĂ©s Ă  sa qualitĂ© d'associĂ© ; qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 622-9 du code de commerce, dans sa version applicable en la cause ; Mais attendu que l'action en paiement du solde d'un compte courant d'associĂ© n'est pas une action liĂ©e Ă  la qualitĂ© d'associĂ© concernant le patrimoine de la personne morale mais tend au recouvrement de la crĂ©ance dont dispose l'associĂ© contre la personne morale et doit, dĂšs lors, ĂȘtre exercĂ©e par son liquidateur ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : DECLARE IRRECEVABLE le pourvoi n° E 12-29. 262 ; REJETTE le pourvoi n° Y 13-15. 437 ;

DDoocc.. nn°° 55.. CCaassss.. ccoomm..,, 1166 sseepptteemmbbrree 22001144.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Besançon, 21 novembre 2012), que Mme X..., Ă©pouse Y..., a acquis le 9 dĂ©cembre 1999 de M. Z..., en liquidation judiciaire, les parts qu'il dĂ©tenait dans la sociĂ©tĂ© SNDRA ; que le liquidateur a, le 27 fĂ©vrier 2009, assignĂ© Mme Y...pour voir dĂ©clarer la vente inopposable Ă  la liquidation judiciaire et obtenir paiement du montant des dividendes perçus au titre des exercices 2000 Ă  2004 ; Sur le premier moyen : Attendu que Mme Y...fait grief Ă  l'arrĂȘt de l'avoir condamnĂ©e Ă  restituer au liquidateur la somme de 163 274 euros avec les intĂ©rĂȘts au taux lĂ©gal, alors, selon le moyen, que les sommes qui, faisant partie du bĂ©nĂ©fice distribuable, sont rĂ©parties entre les associĂ©s aprĂšs dĂ©cision de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, participent de la nature des fruits ; que le possesseur de bonne foi fait siens les fruits de la chose possĂ©dĂ©e, de sorte qu'il n'a pas Ă  les restituer au propriĂ©taire revendiquant la chose, ni, a fortiori, Ă  la collectivitĂ© des crĂ©anciers du propriĂ©taire, lorsque celui-ci fait l'objet d'une procĂ©dure collective ; qu'en condamnant en l'espĂšce Mme Y...Ă  restituer les dividendes perçus depuis la cession, aprĂšs avoir pourtant relevĂ© qu'il n'Ă©tait pas Ă©tabli qu'elle avait acquis de mauvaise foi les parts sociales cĂ©dĂ©es par M. Z..., la cour d'appel a violĂ© les articles 549 et 550 du code civil, ensemble l'article L. 622-9 du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  la loi n 2005-845 du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises ; Mais attendu que la cour d'appel a retenu Ă  bon droit que l'article L. 622-9 du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  la loi du 26 juillet 2005, applicable en la cause, entraĂźne l'inopposabilitĂ© Ă  la procĂ©dure collective de l'acte conclu en mĂ©connaissance du dessaisissement du dĂ©biteur sans qu'il y ait lieu de rechercher si le ou les tiers concernĂ©s sont de bonne foi, ce dont il rĂ©sultait que les dividendes encaissĂ©s par la cessionnaire des parts devaient rĂ©intĂ©grer l'actif du cĂ©dant ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; Et attendu que le second moyen ne serait pas de nature Ă  permettre l'admission du pourvoi ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

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DDoocc.. nn°° 66.. CCaassss.. cciivv.. 22ÚÚmmee,, 1177 jjaannvviieerr 22000077.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que Mme X..., dont l'Ă©poux est dĂ©cĂ©dĂ© le 21 novembre 1998, a contestĂ© le refus de la caisse d'assurance vieillesse des artisans du Poitou et des Charentes (AVA) de lui verser un capital dĂ©cĂšs ; Attendu que pour rejeter le recours de l'intĂ©ressĂ©e, l'arrĂȘt Ă©nonce qu'en vertu de l'article 33 du rĂšglement du rĂ©gime d'assurance invaliditĂ©-dĂ©cĂšs des professions artisanales, ouvre droit Ă  l'attribution d'un capital dĂ©cĂšs, le dĂ©cĂšs d'un assurĂ© satisfaisant au jour de celui-ci aux conditions suivantes : - ĂȘtre immatriculĂ© au rĂ©gime AVA, - avoir versĂ© toutes les cotisations venues Ă  Ă©chĂ©ance au titre de l'assurance invaliditĂ©-dĂ©cĂšs depuis le 1er janvier 1962 ; qu'il est constant que M. X... a fait l'objet en 1991 d'une procĂ©dure de liquidation judiciaire pour insuffisance d'actif, avant de reprendre une nouvelle activitĂ© artisanale au titre de laquelle il a repris le versement de ses cotisations ; que, si certes, le jugement de clĂŽture de la liquidation judiciaire pour insuffisance d'actif ne fait pas recouvrer aux crĂ©anciers l'exercice individuel de leurs actions contre le dĂ©biteur, il n'entraĂźne pas l'extinction de la dette ; que dĂšs lors M. X... demeure dĂ©biteur des cotisations 1990 et 1991, ce qui prive son Ă©pouse, en application de l'article 33 du rĂšglement susvisĂ©, du droit au capital dĂ©cĂšs, peu important Ă  cet Ă©gard que la caisse ait poursuivi le recouvrement, des cotisations affĂ©rentes aux annĂ©es postĂ©rieures au jugement de clĂŽture, ce recouvrement rĂ©sultant de l'assujettissement obligatoire de l'artisan ; Qu'en statuant ainsi, alors que, si le jugement de clĂŽture pour insuffisance d'actif n'entraĂźne pas l'extinction des dettes, il interdit aux crĂ©anciers l'exercice individuel de leurs actions contre le dĂ©biteur, de sorte que l'absence de rĂšglement intĂ©gral des cotisations antĂ©rieures ne prive pas l'assurĂ© ou ses ayants droit de tout droit aux prestations, mais a seulement pour effet d'exclure la pĂ©riode pendant laquelle les cotisations n'ont pas Ă©tĂ© payĂ©es du calcul du montant des prestations, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 27 novembre 2003, entre les parties, par la cour d'appel de Bordeaux ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Agen ; DDoocc.. nn°° 77.. CCaassss.. ssoocc.. 66 ooccttoobbrree 22001111.. Attendu que la question transmise par le conseil de prud'hommes de Soissons Ă  la requĂȘte de la sociĂ©tĂ© Grave Wallyn Randoux, Ăšs qualitĂ©s de liquidateur judiciaire de la sociĂ©tĂ© Sit industries tubes et pipes France est ainsi rĂ©digĂ©e : L'article L. 641-4 du code de commerce, en ce qu'il opĂšre un renvoi aux articles L. 1233-58 et L. 1233-60 du code du travail, impose au liquidateur judiciaire de procĂ©der Ă  la mise en place de mesures de reclassement prĂ©alables Ă  tout licenciement ou de nature Ă  les Ă©viter, alors mĂȘme qu'il se trouve dans le mĂȘme temps soumis Ă  l'obligation Ă©dictĂ©e par l'article L. 3253-8 du code du travail, de licencier les salariĂ©s dans le dĂ©lai de quinze jours porte-t-il atteinte aux droits et libertĂ©s garantis par la constitution au regard de l'article VI de la DĂ©claration des droits de l'homme et du citoyen qui Ă©tablit le principe d'Ă©galitĂ© du citoyen devant la loi ? Attendu que les dispositions contestĂ©es sont applicables au litige ; Attendu que la disposition contestĂ©e n'a pas Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e conforme Ă  la constitution dans les motifs et le dispositif d'une dĂ©cision du Conseil constitutionnel ; Mais attendu, d'une part, que la question, ne portant pas sur l'interprĂ©tation d'une disposition constitutionnelle dont le Conseil constitutionnel n'aurait pas encore eu l'occasion de faire application, n'est pas nouvelle ; Et attendu, d'autre part, que la question posĂ©e ne prĂ©sente pas un caractĂšre sĂ©rieux en ce que le principe d'Ă©galitĂ© ne s'oppose pas Ă  ce que le lĂ©gislateur rĂšgle de façon diffĂ©rente des situations diffĂ©rentes ni Ă  ce qu'il dĂ©roge Ă  l'Ă©galitĂ© pour des raisons d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, pourvu que la diffĂ©rence de traitement qui en rĂ©sulte soit en rapport direct avec l'objet de la loi qui l'Ă©tablit ; Que tel est le cas de la situation de l'employeur en liquidation judiciaire, qui est soumis, par application combinĂ©e des articles L. 641-4 du code de commerce et L. 3253-8 du code du travail, Ă  la mĂȘme obligation de reclassement prĂ©alable au licenciement d'un salariĂ© pour motif Ă©conomique, que celle auquel est tenu un employeur in bonis, tout en l'obligeant Ă  procĂ©der au licenciement du salariĂ© dans un dĂ©lai de quinze jours de l'ouverture de la liquidation judiciaire, dĂšs lors que cette diffĂ©rence est justifiĂ©e par le fait que les sommes dues au titre de la rupture sont prises en charge par un rĂ©gime d'assurance garantissant les crĂ©ances salariales contre l'insolvabilitĂ© des employeurs et que la rĂ©duction de la pĂ©riode couverte par la garantie satisfait Ă  des raisons d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral ; D'oĂč il suit qu'il n'y a pas lieu de la transmettre au Conseil constitutionnel ; PAR CES MOTIFS : DIT N'Y AVOIR LIEU A TRANSMETTRE au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalitĂ© ;

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DDoocc.. nn°° 88.. CCaassss.. ccoomm..,, 2255 sseepptteemmbbrree 22001122.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (OrlĂ©ans, 16 C... 2011), qu'un jugement du 16 janvier 1996 a arrĂȘtĂ© le plan de redressement organisant la cession totale des actifs des sociĂ©tĂ©s STBP 28, C...- D... et C...- X... (les sociĂ©tĂ©s du groupe C...), en redressement judiciaire, au profit de la sociĂ©tĂ© Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e Entreprises Carnutes rĂ©unies (la sociĂ©tĂ© ECR), crĂ©Ă©e le 13 janvier 1996 par cinq anciens salariĂ©s des sociĂ©tĂ©s du groupe C..., Mme X..., M. X..., son frĂšre, Mme Y..., veuve Z..., M. A... et M. B..., respectivement titulaires de 48 %, 25 %, 25 %, 1 % et 1 % des 1 000 parts reprĂ©sentant le capital social, d'un montant de 100 000 francs ; qu'en 2002, celui-ci a Ă©tĂ© portĂ© Ă  150 000 euros ; qu'aprĂšs avoir, en 2005, vainement soumis aux associĂ©s de la sociĂ©tĂ© ECR une proposition de nouvelle augmentation du capital, d'un montant de 230 000 euros, qui lui serait rĂ©servĂ©e et qu'il souscrirait entiĂšrement, M. C..., ancien reprĂ©sentant lĂ©gal des sociĂ©tĂ©s du groupe C..., a fait enregistrer Ă  la recette des impĂŽts, le 8 C... 2006, deux actes portant la date du 25 C... 1997 par lesquels Mme X... et M. X... lui cĂ©daient, chacun pour le prix total d'un franc, respectivement, 500 et 250 parts sociales ; que sur convocation de M. C..., l'assemblĂ©e des associĂ©s de la sociĂ©tĂ© ECR a, le 27 C... 2006, rĂ©voquĂ© Mme X... de ses fonctions de gĂ©rante et modifiĂ© les statuts pour qu'il y soit fait mention que les parts sociales Ă©taient dĂ©sormais dĂ©tenues Ă  concurrence de 750 parts par M. C... et de 250 par Mme Y...- Z... ; que Mme X..., M. X..., M. A... et M. B... ont fait assigner M. C... et Mme Y...- Z... (les consorts C...), ainsi que la sociĂ©tĂ© ECR, afin que soit prononcĂ©e l'annulation des actes de cession de parts datĂ©s du 25 C... 1997 et celle des actes subsĂ©quents Ă  leur enregistrement et Ă  leur publication, que soient ordonnĂ©es les mesures de remises en Ă©tat consĂ©cutives Ă  ces annulations et que M. C... soit condamnĂ© au paiement de dommages-intĂ©rĂȘts ; Attendu que les consorts C... font grief Ă  l'arrĂȘt d'accueillir ces demandes, alors, selon le moyen : 1°/ que la fraude s'apprĂ©cie au jour de la rĂ©alisation de l'acte frauduleux ; qu'en jugeant que l'acte de cession de parts avait Ă©tĂ© signĂ© " en 1996 ou en 1997 " (arrĂȘt, p. 6), et en Ă©valuant la valeur des parts au mois de C... 1997 (arrĂȘt, p. 7 in fine) pour retenir l'existence d'un prix de cession lĂ©sionnaire, tandis que seule une signature des actes de cession en 1996 permettait d'Ă©tablir l'existence d'une fraude lors de l'adoption du plan de cession du 16 janvier 1996, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard de l'article L. 621-57 du code de commerce dans sa rĂ©daction applicable Ă  la cause, ensemble le principe selon lequel la fraude corrompt tout ; 2°/ que l'illicĂ©itĂ© de l'offre tendant au maintien de l'activitĂ© de l'entreprise rĂ©sultant d'une interposition de personnes contraire Ă  l'article L. 621-57 du code de commerce dans sa rĂ©daction applicable Ă  la cause, ne peut plus ĂȘtre critiquĂ©e une fois le plan de cession adoptĂ© et les voies de recours Ă  l'encontre du jugement l'ayant arrĂȘtĂ© expirĂ©es ; qu'en annulant les actes de cession litigieux aux motifs qu'ils violeraient l'article L. 621-57 du code de commerce, la cour d'appel a violĂ© cette disposition, ensemble l'article L. 623-1 du code de commerce, dans leur rĂ©daction applicable Ă  la cause ; 3°/ qu'en jugeant que la nullitĂ© des cessions Ă©tait Ă©galement encourue pour absence de prix sĂ©rieux, au motif qu'au mois de C... 1997 " l'entreprise, qui avait repris des actifs significatifs, avait prouvĂ© sa viabilitĂ© depuis dix-huit mois, la situation au 30 C... 1997 Ă©tant d'ailleurs largement bĂ©nĂ©ficiaire " (arrĂȘt, p. 7 in fine), sans vĂ©rifier, comme il lui Ă©tait demandĂ©, si ce prix ne tenait pas compte de l'absence de remboursement par les consorts X... Ă  M. C... des sommes de 75 000 francs et 4 500 francs qu'il leur avait prĂȘtĂ©es pour effectuer leurs apports dans la sociĂ©tĂ© ECR lors de la constitution de celle-ci et pour payer ses frais de constitution (conclusions de M. C... et de Mme Y...- Z..., p. 17, antĂ©pĂ©nultiĂšme §), et si ces cessions n'avaient pas Ă©tĂ© conclues Ă  titre de garantie de remboursement de ces sommes, la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard des articles 1583 et 1591 du code civil ; 4°/ qu'en jugeant que la nullitĂ© de la cession Ă©tait Ă©galement encourue pour absence de prix sĂ©rieux, au motif qu'au mois de C... 1997 " l'entreprise, qui avait repris des actifs significatifs, avait prouvĂ© sa viabilitĂ© depuis dix-huit mois, la situation au 30 C... 1997 Ă©tant d'ailleurs largement bĂ©nĂ©ficiaire " (arrĂȘt, p. 7 in fine), sans vĂ©rifier, comme il lui Ă©tait demandĂ©, si l'apparente situation bĂ©nĂ©ficiaire de la sociĂ©tĂ© ECR n'Ă©tait pas dĂ©mentie par le fait que " la sociĂ©tĂ© en difficultĂ©, avait Ă©tĂ© contrainte de solliciter un dĂ©couvert de 300 000 francs, qui ne lui a Ă©tĂ© accordĂ© que grĂące au nantissement d'un placement de Mme Y...- Z... " (conclusions de M. C... et de Mme Y...- Z..., p. 18 § 3), la cour d'appel a privĂ© sa dĂ©cision de base lĂ©gale au regard des articles 1583 et 1591 du code civil ; Mais attendu, en premier lieu, que l'arrĂȘt relĂšve que M. C... a prĂȘtĂ© Ă  quatre salariĂ©s des entreprises en redressement judiciaire les fonds nĂ©cessaires Ă  la constitution de la sociĂ©tĂ© ECR et Ă  la souscription des parts sociales par ces salariĂ©s ; qu'il constate que cette sociĂ©tĂ© s'est portĂ©e acquĂ©reur de l'intĂ©gralitĂ© des actifs de ces entreprises et que dans les quarante huit heures du jugement qui en a ordonnĂ© la cession Ă  la sociĂ©tĂ© ECR, celle-ci a embauchĂ© M. C... en qualitĂ© de directeur avec les plus larges pouvoirs ; qu'il relĂšve encore que M. C... s'est fait remettre par Mme X... et par M. X... un acte de cession de parts Ă  son profit ; qu'il ajoute qu'en tant qu'ils permettaient une interposition de personnes prohibĂ©e par les dispositions de l'article L. 621-57 du code de commerce, le prĂȘt consenti par M. C... et les cessions de parts sociales, que ce dernier prĂ©sente lui-mĂȘme comme une garantie destinĂ©e Ă  assurer la bonne fin du prĂȘt, ont Ă©tĂ© l'instrument d'une fraude Ă  la loi ; qu'en l'Ă©tat de ces constatations et apprĂ©ciations, desquelles il rĂ©sulte que la cause des conventions litigieuses revĂȘtait un caractĂšre illicite en ce que celles-ci Ă©taient des Ă©lĂ©ments d'une opĂ©ration tendant Ă  la violation d'une rĂšgle d'ordre public, peu important, Ă  cet Ă©gard, que les actes de cessions des parts sociales aient Ă©tĂ© signĂ©s par les cĂ©dants en 1996 ou 1997et qu'Ă  l'une ou l'autre de ces dates le

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jugement ayant arrĂȘtĂ© le plan de cession des actifs des entreprises en redressement judiciaire fĂ»t devenu irrĂ©vocable, la cour d'appel a lĂ©galement justifiĂ© sa dĂ©cision d'en prononcer la nullitĂ© ; Attendu, en second lieu, que les troisiĂšme et quatriĂšme branches critiquent des motifs surabondants ; D'oĂč il suit que le moyen, qui ne peut ĂȘtre accueilli en ses deux derniĂšres branches, n'est pas fondĂ© pour le surplus ; Et attendu que le premier moyen ne serait pas de nature Ă  permettre l'admission du pourvoi ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 99.. CCaassss.. ccoomm..,, 2222 aavvrriill 11999977.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, qu'aprĂšs avoir, par un premier jugement, arrĂȘtĂ© la cession partielle des actifs de la sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre Ensimmix Ă  deux repreneurs, le Tribunal a ordonnĂ©, par un second jugement, que les biens immobiliers de la sociĂ©tĂ©, non compris dans le plan de cession, soient cĂ©dĂ©s Ă  la Banque hypothĂ©caire europĂ©enne pour un prix global de 16 500 000 francs; que la cour d'appel a dit non fondĂ© l'appel-nullitĂ© formĂ© par la sociĂ©tĂ© contre ce jugement; que celle-ci et M. Y..., candidat Ă  la reprise des immeubles, Ă©vincĂ© par le Tribunal, se sont pourvus en cassation contre l'arrĂȘt ; Sur la recevabilitĂ© des pourvois contestĂ©e par la dĂ©fense : Attendu que M. Y..., candidat repreneur Ă©vincĂ©, n'a aucune prĂ©tention Ă  Ă©mettre au sens des articles 4 et 31 du nouveau Code de procĂ©dure civile; qu'il s'ensuit que son pourvoi est irrecevable ; Attendu que, si les dispositions de l'article 174 de la loi du 25 janvier 1985 ne permettent pas au dĂ©biteur de relever appel des jugements arrĂȘtant ou rejetant le plan de cession de l'entreprise en redressement judiciaire et si celles de l'article 175 de la mĂȘme loi prĂ©voient qu'il ne peut ĂȘtre exercĂ© de recours en cassation contre les jugements ou arrĂȘts rendus en application de l'article prĂ©cĂ©dent, aucune disposition rĂ©gissant les procĂ©dures collectives n'interdit au dĂ©biteur de faire constater, selon les voies de recours du droit commun, la nullitĂ© d'une dĂ©cision entachĂ© d'excĂšs de pouvoir; que le pourvoi de la sociĂ©tĂ© Ensimmix est donc recevable ; Et sur le moyen unique : Vu les articles 81, alinĂ©a 4, 155 et 156 de la loi du 25 janvier 1985 ; Attendu qu'il rĂ©sulte de la combinaison de ces textes qu'en l'absence de plan de continuation de l'entreprise, les biens non compris dans le plan de cession sont vendus, sur ordonnance du juge-commissaire, selon les modalitĂ©s de la liquidation judiciaire, aux enchĂšres publiques ou de grĂ© Ă  grĂ©, s'ils ne constituent pas des unitĂ©s de production ; Attendu que, pour rejeter l'appel-nullitĂ© de la sociĂ©tĂ© Ensimmix, l'arrĂȘt retient que le fait que les actifs cĂ©dĂ©s ne soient constituĂ©s que par des immeubles ne constitue nullement une irrĂ©gularitĂ© compte tenu de la personne mĂȘme du dĂ©biteur qui est une sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que ces immeubles ne pouvaient qu'ĂȘtre vendus selon les modalitĂ©s de la liquidation judiciaire, la cour d'appel a excĂ©dĂ© ses pouvoirs ; PAR CES MOTIFS : DECLARE IRRECEVABLE le pourvoi de M. Y... ; CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 11 octobre 1994, entre les parties, par la cour d'appel de Montpellier; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Toulouse ; DDoocc.. nn°° 1100.. CCaassss.. ccoomm..,, 1133 ffĂ©Ă©vvrriieerr 22000077.. Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Caen, 10 mai 2005), que par acte du 24 juin 1994, les Ă©poux X... ont donnĂ© Ă  bail commercial Ă  la sociĂ©tĂ© Club hippique de L'Oxer de Deauville (la sociĂ©tĂ©) un herbage, pour une durĂ©e de neuf ans, ledit bail comportant un pacte de prĂ©fĂ©rence, personnel Ă  la sociĂ©tĂ©, pour le cas oĂč les bailleurs dĂ©cideraient de vendre l'immeuble ; qu'aprĂšs la mise en redressement judiciaire de la sociĂ©tĂ© (le 13 octobre 1995), un jugement du 26 avril 1996, aprĂšs avoir donnĂ© acte Ă  M. X... de ce qu'il s'engageait Ă  maintenir aux mĂȘmes conditions le bail au successeur de la sociĂ©tĂ©, a arrĂȘtĂ© le plan de cession globale de l'entreprise au profit de Mme Y... et ordonnĂ© la reprise du contrat de bail par le cessionnaire ; que l'herbage a Ă©tĂ© vendu aux Ă©poux Z... le 13 avril 2001 ; que la sociĂ©tĂ© L'Oxer de Deauville, substituĂ©e Ă  Mme Y..., a assignĂ© M. X..., Mme A..., en qualitĂ© d'hĂ©ritiĂšre de Mme X..., ses enfants David et Armelle, nus-propriĂ©taires avec leur mĂšre du terrain litigieux, et les Ă©poux Z... aux fins d'annulation de la vente du 13 avril 2001 pour violation du pacte de prĂ©fĂ©rence ; Attendu que la sociĂ©tĂ© L'Oxer de Deauville fait grief Ă  l'arrĂȘt d'avoir rejetĂ© sa demande, alors, selon le moyen : 1°/ que le jugement qui arrĂȘte le plan emporte cession des contrats nĂ©cessaires au maintien de l'activitĂ©, tels que dĂ©terminĂ©s par le juge au vu des observations des cocontractants du dĂ©biteur et devant ĂȘtre exĂ©cutĂ©s aux conditions

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en vigueur au jour de l'ouverture de la procĂ©dure, y compris en leurs clauses Ă©ventuellement stipulĂ©es en contemplation de la personne dĂšs lors qu'elles participent au maintien de l'activitĂ© et qu'aucune autre considĂ©ration n'impose leur exclusion ; qu'en affirmant que le repreneur ne pouvait se prĂ©valoir du pacte de prĂ©fĂ©rence stipulĂ© au profit du dĂ©biteur pour la raison que le jugement homologuant le plan de cession n'aurait comportĂ© aucune disposition particuliĂšre concernant la reprise du dit pacte au profit du premier, quand ledit jugement emportait cession du bail en tous ses Ă©lĂ©ments, la cour d'appel a violĂ© l'article L. 621-88 du code de commerce ; 2°/ que les dispositions du jugement qui arrĂȘtent le plan de cession sont opposables Ă  tous ; qu'en dĂ©clarant qu'Ă  dĂ©faut de dispositions particuliĂšres concernant la reprise du pacte de prĂ©fĂ©rence au profit du repreneur, le jugement ordonnant la cession du contrat de bail aurait nĂ©cessairement exclu la clause affĂ©rente audit pacte quand ce jugement, qui n'avait fait l'objet d'aucun appel de la part du cocontractant, avait donnĂ© acte au bailleur de ce qu'il s'engageait Ă  maintenir la location aux mĂȘmes conditions puis ordonnĂ©, sans autre distinction, la reprise du bail, la cour d'appel a violĂ© les articles L. 621-65 et L. 623-6-II du code de commerce ; Mais attendu que le pacte de prĂ©fĂ©rence constituant une crĂ©ance de nature personnelle, la cession du contrat de bail ordonnĂ©e par le jugement arrĂȘtant le plan de cession du preneur mis en redressement judiciaire n'emporte pas transmission au profit du cessionnaire du pacte de prĂ©fĂ©rence inclus dans ce bail ; Qu'ayant relevĂ© qu'il rĂ©sultait des termes clairs de la clause litigieuse que le pacte de prĂ©fĂ©rence consenti par les Ă©poux X... Ă©tait personnel Ă  la sociĂ©tĂ© et incessible aux tiers, puis retenu qu'en s'engageant Ă  maintenir aux mĂȘmes conditions et non aux mĂȘmes clauses le bail "au successeur de la sociĂ©tĂ©", M. X... n'avait fait que se conformer aux dispositions de l'article L. 621-88 du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises, la cour d'appel a dĂ©cidĂ© Ă  bon droit que la sociĂ©tĂ© L'Oxer de Deauville ne pouvait se prĂ©valoir du pacte de prĂ©fĂ©rence qui n'Ă©tait prĂ©vu qu'Ă  l'Ă©gard du preneur d'origine ; que le moyen n'est pas fondĂ© ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ; DDoocc.. nn°° 1111.. CCaassss.. ccoomm..,, 1122 jjuuiilllleett 22001166.. Sur le moyen unique : Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ© (Lyon, 26 fĂ©vrier 2015), que par acte notariĂ© du 29 dĂ©cembre 2006, M. et Mme X... ont dĂ©clarĂ© insaisissable l'immeuble qu'ils avaient acquis grĂące Ă  un prĂȘt consenti, aux termes du mĂȘme acte, par la sociĂ©tĂ© CrĂ©dit immobilier de France RhĂŽne-Alpes Auvergne (le prĂȘteur) et remboursable Ă  compter du 10 fĂ©vrier 2009 ; que M. X... ayant Ă©tĂ© mis en liquidation judiciaire le 11 janvier 2008, le prĂȘteur a dĂ©clarĂ© sa crĂ©ance, qui a Ă©tĂ© admise par une ordonnance du 6 janvier 2010 ; que par un arrĂȘt devenu irrĂ©vocable du 24 fĂ©vrier 2012, la requĂȘte du liquidateur aux fins de vendre l'immeuble a Ă©tĂ© rejetĂ©e ; que le 17 fĂ©vrier 2014, le prĂȘteur a fait dĂ©livrer un commandement aux fins de saisie immobiliĂšre Ă  M. et Mme X... ; que ces derniers ont opposĂ© la prescription de la crĂ©ance en application de l'article L. 137-2, devenu L. 218-2, du code de la consommation ; Attendu que le prĂȘteur fait grief Ă  l'arrĂȘt d'accueillir cette fin de non-recevoir alors, selon le moyen : 1°/ que la dĂ©claration de crĂ©ance interrompt la prescription et cet effet interruptif se prolonge jusqu'Ă  la clĂŽture de la procĂ©dure collective ; que pour juger que l'action du prĂȘteur Ă©tait prescrite, l'arrĂȘt attaquĂ© a retenu que l'ordonnance du 6 janvier 2010 admettant la crĂ©ance de ce dernier au passif de la liquidation judiciaire de M. X... avait interrompu la prescription et fait courir un nouveau dĂ©lai biennal, qu'Ă  partir de cette date, treize mois s'Ă©taient Ă©coulĂ©s avant la requĂȘte du liquidateur du 21 fĂ©vrier 2011 tendant Ă  ĂȘtre autorisĂ© Ă  vendre l'immeuble et que ces treize mois s'ajoutaient aux deux ans moins sept jours qui ont couru depuis l'arrĂȘt du 24 fĂ©vrier 2012 infirmatif de l'ordonnance du juge-commissaire autorisant la vente de l'immeuble, jusqu'Ă  la signification des commandements de payer le 17 fĂ©vrier 2014 ; qu'en jugeant ainsi que l'ordonnance d'admission au passif du 6 janvier 2010 avait fait cesser l'effet interruptif de prescription attachĂ© Ă  la dĂ©claration de crĂ©ance du prĂȘteur, la cour d'appel a violĂ© l'article 2241 du code civil, ensemble les articles L. 622-24 et L. 641-3 du code de commerce ; 2°/ que la dĂ©claration de crĂ©ance interrompt la prescription et cet effet interruptif se prolonge jusqu'Ă  la clĂŽture de la procĂ©dure collective, peu important, lorsque la crĂ©ance est privilĂ©giĂ©e, que le crĂ©ancier n'use pas de son droit d'engager des poursuites individuelles si le liquidateur n'entreprend pas la liquidation des biens grevĂ©s dans un dĂ©lai de trois mois ; que l'arrĂȘt attaquĂ© a retenu, dans le dĂ©compte du dĂ©lai de prescription, les treize mois qui se sont Ă©coulĂ©s entre l'ordonnance du 6 janvier 2010 admettant la crĂ©ance du prĂȘteur au passif de la liquidation judiciaire de M. X... et la requĂȘte du liquidateur du 21 fĂ©vrier 2011 tendant Ă  ĂȘtre autorisĂ© Ă  vendre l'immeuble, au prĂ©texte que la crĂ©ance Ă©tait privilĂ©giĂ©e et qu'en application de l'article L. 643-2 du code de commerce le prĂȘteur pouvait agir Ă  l'encontre des Ă©poux X... bien avant la requĂȘte du liquidateur du 21 fĂ©vrier 2011 ; qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violĂ© l'article 2241 du code civil, ensemble les articles L. 622-24, L. 641-3 et L. 643-2 du code de commerce ; 3°/ que le dĂ©biteur qui prĂ©tend avoir payĂ© sa dette reconnaĂźt le principe mĂȘme de la crĂ©ance de celui contre qui il prescrit, et interrompt la prescription ; qu'en jugeant que les conclusions dĂ©posĂ©es par les Ă©poux X... en vue de la mise en Ă©tat du 4 octobre 2011 ne valaient pas reconnaissance du droit du prĂȘteur parce qu'il y Ă©tait soutenu que le prĂȘt avait Ă©tĂ© intĂ©gralement remboursĂ©, la cour d'appel a violĂ© l'article 2240 du code civil ;

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Mais attendu, d'une part, qu'un crĂ©ancier inscrit, Ă  qui est inopposable la dĂ©claration d'insaisissabilitĂ© d'un immeuble, peut faire procĂ©der Ă  la vente sur saisie de cet immeuble ; que si l'effet interruptif de prescription d'une dĂ©claration de crĂ©ance s'Ă©tend aux poursuites de saisie immobiliĂšre qui tendent au mĂȘme but, soit le recouvrement de la crĂ©ance, ce crĂ©ancier, lorsqu'il a dĂ©clarĂ© sa crĂ©ance, ne peut, dĂšs lors qu'il n'est pas dans l'impossibilitĂ© d'agir sur l'immeuble, au sens de l'article 2234 du code civil, bĂ©nĂ©ficier de la prolongation de l'effet interruptif de prescription de sa dĂ©claration jusqu'Ă  la clĂŽture de la procĂ©dure collective, cet effet prenant fin Ă  la date de la dĂ©cision ayant statuĂ© sur la demande d'admission ; Attendu, d'autre part, que ce crĂ©ancier n'exerce pas son droit de poursuite en application de l'article L. 643-2 du code de commerce ; Et attendu, enfin, que c'est dans l'exercice de son pouvoir souverain d'apprĂ©ciation que la cour d'appel a retenu que les conclusions dĂ©posĂ©es dans une instance opposant Mme X... Ă  des tiers ne valaient pas reconnaissance du droit de crĂ©ance du prĂȘteur et n'avaient pu interrompre la prescription ; D'oĂč il suit que le moyen, inopĂ©rant en sa deuxiĂšme branche, n'est pas fondĂ© pour le surplus ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

DDoocc.. nn°° 1122.. CCaassss.. ccoomm..,, 1111 jjuuiinn 22001144.. Sur le moyen unique, pris en sa seconde branche : Vu l'article L. 622-29 du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises ; Attendu qu'il rĂ©sulte de ce texte que le montant de l'actif, distraction faite des frais et dĂ©pens de la liquidation judiciaire et des subsides accordĂ©s au chef d'entreprise ou aux dirigeants ou Ă  leur famille, est rĂ©parti entre les crĂ©anciers en tenant compte de leur rang ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que la sociĂ©tĂ© Perpignan football club (la sociĂ©tĂ© PFC) a Ă©tĂ© mise en liquidation judiciaire le 23 juillet 1997, cette procĂ©dure Ă©tant Ă©tendue Ă  la sociĂ©tĂ© Promofoot et aux associations Club des supporters du PFC et Perpignan football club; qu'en exĂ©cution d'une dĂ©cision la dĂ©clarant pĂ©nalement responsable de complicitĂ© de la banqueroute de ces personnes morales et la condamnant Ă  des dommages-intĂ©rĂȘts envers le liquidateur, la Caisse rĂ©gionale de crĂ©dit agricole mutuel Sud MĂ©diterranĂ©e (la caisse) a versĂ© Ă  celui-ci une certaine somme ; qu'ultĂ©rieurement, la caisse a assignĂ© le liquidateur pour que soit ordonnĂ©e la rĂ©partition des fonds au marc le franc ; que la sociĂ©tĂ© Banque Courtois et MM. X..., Y... et Z... sont intervenus Ă  l'instance ; Attendu que pour dire que la rĂ©partition de la somme de 3 975 557,41 euros et des intĂ©rĂȘts courus depuis son paiement par la caisse, doit se faire entre tous les crĂ©anciers au marc le franc, l'arrĂȘt retient que font l'objet d'une telle rĂ©partition, en vertu de l'article L. 621-39, alinĂ©a 3, du code de commerce dans sa rĂ©daction applicable en la cause, les sommes recouvrĂ©es Ă  la suite des actions engagĂ©es par le mandataire de justice dans l'intĂ©rĂȘt collectif des crĂ©anciers ; Attendu qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violĂ© par refus d'application le texte susvisĂ© ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur l'autre grief : CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il a prononcĂ© la jonction des procĂ©dures n° 11/06441 et n° 11/06493 sous le seul n° 11/06441 du rĂ©pertoire gĂ©nĂ©ral de la cour et donnĂ© acte Ă  la Caisse d'Ă©pargne et de prĂ©voyance du Languedoc Roussillon de son intervention volontaire Ă  l'instance, l'arrĂȘt rendu le 18 dĂ©cembre 2012, entre les parties, par la cour d'appel de Montpellier ; remet, en consĂ©quence, sur les autres points, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Montpellier, autrement composĂ©e ;

DDoocc.. nn°° 1133.. CCaassss.. ccoomm..,, 3300 ooccttoobbrree 22000000.. Sur le moyen unique : Vu les articles 1376 et 1377 du Code civil ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, qu'aprĂšs rĂ©alisation d'un immeuble grevĂ© dĂ©pendant de la liquidation judiciaire de M. X..., le liquidateur a versĂ© au receveur des impĂŽts de FĂ©camp (le receveur) une somme reprĂ©sentant sa crĂ©ance hypothĂ©caire admise au passif de la procĂ©dure collective et l'a ultĂ©rieurement assignĂ© en restitution de ce paiement qu'il considĂ©rait indu ; Attendu que, pour condamner le receveur Ă  restituer au liquidateur la somme de 81 293 francs, l'arrĂȘt, aprĂšs avoir relevĂ© que le paiement effectuĂ© par le mandataire correspondait Ă  une crĂ©ance admise, retient que ce paiement Ă©tait indu au regard des rĂšgles de la procĂ©dure collective puisque " le privilĂšge du receveur venait en rang postĂ©rieur Ă  celui du CrĂ©dit immobilier de l'Eure " ;

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Attendu qu'en statuant ainsi, alors que le paiement Ă©tait intervenu sans atteinte au principe de l'Ă©galitĂ© de crĂ©anciers inapplicable aux crĂ©anciers privilĂ©giĂ©s, et que ce paiement, fait par une erreur sur l'ordre des privilĂšges, n'ouvrait pas droit Ă  rĂ©pĂ©tition dĂšs lors que l'accipiens n'avait reçu que ce que lui devait son dĂ©biteur, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 30 octobre 1997, entre les parties, par la cour d'appel de Rouen ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris. DDoocc.. nn°° 1144.. CCaassss.. ccoomm..,, 1166 ddĂ©Ă©cceemmbbrree 22001144.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que M. X... (le dĂ©biteur), mis en rĂšglement judiciaire puis liquidation des biens les 23 juillet 1976 et 26 octobre 1979, a saisi le tribunal, par requĂȘte du 24 mars 2011, d'une demande de clĂŽture de la procĂ©dure au motif que sa durĂ©e excĂ©dait le dĂ©lai raisonnable au sens de l'article 6 § 1 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertĂ©s fondamentales et constituait une violation de son droit de propriĂ©tĂ© protĂ©gĂ© par l'article 1er du protocole n° 1 Ă  ladite Convention ; Sur la recevabilitĂ© du pourvoi, contestĂ©e par la dĂ©fense : Attendu que le dĂ©biteur soutient que le pourvoi est irrecevable au motif que M. Y... a perdu la qualitĂ© de syndic par l'effet de l'arrĂȘt qui, ayant prononcĂ© la clĂŽture de la procĂ©dure, a mis fin Ă  ses fonctions ; Mais attendu qu'Ă  moins que la loi ou le rĂšglement n'en dispose autrement, une partie conserve, malgrĂ© le caractĂšre exĂ©cutoire de la dĂ©cision, le pouvoir de critiquer le jugement qui la prive du droit d'agir ; que M. Y..., Ăšs qualitĂ©s, Ă©tant partie Ă  l'instance, est recevable Ă  former un pourvoi contre la dĂ©cision qui a clĂŽturĂ© la procĂ©dure de liquidation des biens ; Sur le moyen unique : Vu l'article L. 643-9 du code de commerce, dans sa rĂ©daction issue de la loi du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entreprises, ensemble les articles 6 § 1 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertĂ©s fondamentales et 1er du protocole n° 1 additionnel Ă  cette Convention ; Attendu que, lorsqu'il existe un actif rĂ©alisable de nature Ă  dĂ©sintĂ©resser en tout ou partie les crĂ©anciers, la violation du droit du dĂ©biteur Ă  ĂȘtre jugĂ© dans un dĂ©lai raisonnable et de celle, qui en rĂ©sulte, de son droit d'administrer ses biens et d'en disposer, n'est pas sanctionnĂ©e par la clĂŽture de la procĂ©dure de liquidation des biens mais lui ouvre l'action en rĂ©paration prĂ©vue Ă  l'article L. 141-1 du code de l'organisation judiciaire, qu'il peut exercer au titre de ses droits propres ; Attendu que pour prononcer la clĂŽture de la procĂ©dure de liquidation des biens de M. X..., l'arrĂȘt, aprĂšs avoir relevĂ© que le comportement du dĂ©biteur a Ă©tĂ© dilatoire Ă  l'extrĂȘme mais qu'en parallĂšle, le mandataire n'a pas rempli sa mission en usant de ses pouvoirs de contrainte pour poursuivre la vente forcĂ©e des immeubles, retient que la durĂ©e totale de trente-trois ans de la procĂ©dure est excessive au regard des exigences d'un procĂšs Ă©quitable, qu'elle a privĂ© la procĂ©dure de sa justification Ă©conomique qui est de dĂ©sintĂ©resser les crĂ©anciers de sorte que la privation du dĂ©biteur de ses droits sur son patrimoine ne se justifie plus ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'elle avait constatĂ© l'existence d'actifs immobiliers rĂ©alisables, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 17 avril 2013, entre les parties, par la cour d'appel de Nancy ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Reims ;

DDoocc.. nn°° 1155.. CCaassss.. ccoomm..,, 1100 mmaarrss 22001155.. Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que la SARL Le Chanoine (la SARL), constituĂ©e entre Mme X... et la sociĂ©tĂ© Assistance charpente rĂ©novation, a Ă©tĂ© mise en liquidation judiciaire le 3 juillet 2008 ; que le liquidateur a assignĂ© Mme X... et M. Y..., en leur qualitĂ© de gĂ©rants de la SARL, en responsabilitĂ© pour insuffisance d'actif ; Sur le moyen unique, pris en sa quatriĂšme branche : Attendu qu'il n'y a pas lieu de statuer par une dĂ©cision spĂ©cialement motivĂ©e sur ce grief, qui n'est manifestement pas de nature Ă  entraĂźner la cassation ; Mais sur le moyen, pris en sa premiĂšre branche : Vu l'article L. 651-2 du code de commerce, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  l'ordonnance n° 2008-1345 du 18 dĂ©cembre 2008 ;

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Attendu que pour condamner Mme X... Ă  payer une certaine somme sur le fondement de l'article L. 651-2 du code de commerce, l'arrĂȘt retient qu'elle n'a pas apportĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© qu'elle crĂ©ait des fonds propres suffisants pour assurer son fonctionnement dans des conditions normales ; Attendu qu'en statuant ainsi, alors que l'insuffisance des apports consentis Ă  une sociĂ©tĂ© lors de sa constitution, qui est imputable aux associĂ©s, ne constitue pas une faute de gestion, la cour d'appel a violĂ© le texte susvisĂ© ; Et sur le moyen, pris en sa troisiĂšme branche : Vu l'article 455 du code de procĂ©dure civile ; Attendu que pour statuer comme il fait, l'arrĂȘt retient encore que Mme X... a engagĂ© des travaux importants sans disposer de financements appropriĂ©s ; Attendu qu'en statuant ainsi, sans rĂ©pondre aux conclusions de Mme X... qui faisait valoir que les travaux en cause n'avaient ni Ă©tĂ© commandĂ©s par elle, ni fait l'objet d'un devis acceptĂ©, la cour d'appel n'a pas satisfait aux exigences du texte susvisĂ© ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le dernier grief : CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il confirme la disposition du jugement du 10 dĂ©cembre 2009 dĂ©boutant Mme X... de sa demande d'indemnitĂ© au titre de l'article 700 du code de procĂ©dure civile, condamne Mme X... Ă  payer Ă  la sociĂ©tĂ© Z... venant aux droits de M. Z..., en qualitĂ© de liquidateur de la SARL Le Chanoine, les sommes de 20 000 euros avec intĂ©rĂȘts au taux lĂ©gal Ă  compter de l'arrĂȘt et de 2 000 euros au titre de l'article 700 du code de procĂ©dure civile, dĂ©boute Mme X... de sa demande d'indemnitĂ© au titre de l'article 700 du code de procĂ©dure civile et dit que les dĂ©pens de premiĂšre instance et d'appel seront supportĂ©s Ă  raison des 9/ 10Ăšmes par Mme X..., l'arrĂȘt rendu le 21 novembre 2011, entre les parties, par la cour d'appel de Bordeaux ; remet, en consĂ©quence, sur ces points, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Poitiers ;

DDoocc.. nn°° 1166.. CCaassss.. ccoomm..,, 1144 jjaannvviieerr 22001144.. Sur le moyen unique, pris en sa premiĂšre branche : Vu l'article L. 653-8 du code de commerce ; Attendu que le dĂ©biteur, qui est tenu de demander l'ouverture de la procĂ©dure collective au plus tard dans les quarante-cinq jours qui suivent la cessation des paiements, n'en est pas dispensĂ© par la dĂ©livrance d'une assignation Ă  cette fin par un crĂ©ancier ; Attendu, selon l'arrĂȘt attaquĂ©, que les sociĂ©tĂ©s ATPV et ATP location (les sociĂ©tĂ©s) ont Ă©tĂ© assignĂ©es en redressement judiciaire le 12 juin 2009 et qu'aprĂšs plusieurs renvois, le tribunal a ouvert les dites procĂ©dures le 3 dĂ©cembre 2009, converties en liquidation judiciaire le 17 dĂ©cembre 2009 ; que le liquidateur a saisi le tribunal pour que soit prononcĂ©e Ă  l'encontre de M. X..., gĂ©rant des deux sociĂ©tĂ©s, une mesure de faillite personnelle ; Attendu que pour dire que le gĂ©rant n'avait pas manquĂ© Ă  son obligation de dĂ©clarer la cessation des paiements des sociĂ©tĂ©s dans le dĂ©lai prĂ©vu, l'arrĂȘt retient que le tribunal ayant Ă©tĂ© saisi le 12 juin 2009 par l'URSSAF du dĂ©partement de Meurthe-et-Moselle, le gĂ©rant n'Ă©tait pas tenu, Ă  compter de cette date, d'effectuer une dĂ©claration de cessation des paiements ; Attendu qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violĂ© le texte susvisĂ© ; PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrĂȘt rendu le 17 octobre 2012, entre les parties, par la cour d'appel de Nancy ; remet, en consĂ©quence, la cause et les parties dans l'Ă©tat oĂč elles se trouvaient avant ledit arrĂȘt et, pour ĂȘtre fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Nancy, autrement composĂ©e ;

DDoocc.. nn°° 1177.. CCaassss.. ccrriimm..,, 3300 jjuuiinn 22001144.. Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation des articles L. 241-3-4, L. 241-9 du Code de commerce, 121-6 et 121-7 du nouveau Code pĂ©nal, 591 et 593 du Code de procĂ©dure pĂ©nale, dĂ©faut et contradiction de motifs et manque de base lĂ©gale ; "en ce que l'arrĂȘt attaquĂ© a dĂ©clarĂ© RenĂ© X... coupable de complicitĂ© d'abus de biens sociaux et l'a condamnĂ© Ă  diverses peines ; "aux motifs que RenĂ© X... ne conteste pas avoir participĂ© aux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales de la SARL X... et avoir signĂ© les procĂšs-verbaux de la sociĂ©tĂ©, qu'il reconnaĂźt avoir payĂ© une partie des animaux acquis par lui en liquide, sans pouvoir alors ignorer l'origine des fonds ainsi remis ; qu'ainsi sa complicitĂ© se trouve Ă©tablie dans la mesure oĂč ses actions personnelles ont permis aux dirigeants de droit ou de fait de commettre les infractions qui leurs sont reprochĂ©es ;

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"et, aux motifs adoptĂ©s, qu'au courant de tout, RenĂ© X... n'a jamais fait la moindre observation sur la gestion de la SARL, ni Ă  son frĂšre, ni Ă  son neveu, sa qualitĂ© de salariĂ© de la SARL Lacombe Ă©tant Ă  l'origine du dĂ©tournement de l'actif de la SARL X... au profit de cette autre sociĂ©tĂ© ; "alors que, d'une part, aprĂšs la cessation des paiements, le dĂ©lit d'abus de biens sociaux ne peut plus ĂȘtre retenu Ă  l'encontre du dirigeant social ; que la cour d'appel ayant elle-mĂȘme fixĂ© cette date au 31 dĂ©cembre 1996, cette infraction ne pouvait ĂȘtre retenue Ă  l'Ă©gard de Franck et Jean X... postĂ©rieurement Ă  cette date ; qu'en imputant nĂ©anmoins au prĂ©venu la complicitĂ© de cette infraction pour des faits postĂ©rieurs Ă  la date de cessation des paiements et donc en l'absence de fait principal punissable, la cour d'appel a violĂ© les textes susvisĂ©s ; "alors que, d'autre part, la complicitĂ© suppose l'accomplissement d'un acte positif antĂ©rieur ou concomitant de la rĂ©alisation de l'abus de biens sociaux ou rĂ©sultant, Ă  tout le moins, d'un accord antĂ©rieur Ă  la rĂ©alisation de celui-ci ; qu'en retenant la complicitĂ© de RenĂ© X... Ă  partir de faits n'induisant de sa part qu'un comportement passif, la cour d'appel n'a pas caractĂ©risĂ© matĂ©riellement la complicitĂ© reprochĂ©e et a violĂ© les textes visĂ©s au moyen ; "alors qu'enfin, le juge rĂ©pressif ne peut prononcer une peine sans avoir relevĂ© tous les Ă©lĂ©ments constitutifs de l'infraction qu'il rĂ©prime ; qu'en retenant la complicitĂ© de RenĂ© X... par les seuls faits de sa participation aux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales de la sociĂ©tĂ©, de sa signature en cette occasion des procĂšs-verbaux et de certains paiements effectuĂ©s en liquide auprĂšs d'Ă©leveurs, la cour d'appel n'a pas justifiĂ© sa dĂ©cision, faute de caractĂ©riser l'intention du prĂ©venu de se rendre complice de l'abus de biens sociaux reprochĂ© aux auteurs principaux, privant ainsi la Cour de Cassation de la possibilitĂ© d'exercer son contrĂŽle sur l'application des textes susvisĂ©s" ; Sur le moyen, pris en sa premiĂšre branche: Vu l'article L.241-3-4 du Code de commerce ; Attendu que la qualification d'abus de biens sociaux ne peut ĂȘtre appliquĂ©e aux dĂ©tournements commis aprĂšs la date de cessation des paiements par les dirigeants d'une sociĂ©tĂ© placĂ©e en redressement judiciaire ; Attendu qu'il rĂ©sulte de l'arrĂȘt attaquĂ© que Franck X... et son pĂšre, Jean X..., respectivement gĂ©rants de droit et de fait de la sociĂ©tĂ© X..., ayant pour objet le nĂ©goce de bestiaux, ont procĂ©dĂ©, du 1er janvier 1998 au 30 mars 1999, en toute connaissance de cause et de façon persistante, Ă  des ventes Ă  perte, qui, si elles avaient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es dans des conditions normales, auraient dĂ©gagĂ© une marge brute de 2.068.605 francs ; que les animaux vendus en Italie Ă©taient partiellement payĂ©s en espĂšces et que les sommes ainsi perçues n'ont pas Ă©tĂ© retrouvĂ©es ; Attendu que, pour dĂ©clarer RenĂ© X..., associĂ© et salariĂ© de la sociĂ©tĂ©, coupable de complicitĂ© d'abus de biens sociaux, l'arrĂȘt attaquĂ© relĂšve notamment que, participant aux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales, signant les procĂšs-verbaux et chargĂ© de procĂ©der aux achats d'animaux, rĂ©glĂ©s pour partie en liquide, il a contribuĂ© Ă  la commission des agissements frauduleux reprochĂ©s Ă  son frĂšre et Ă  son neveu en tant qu'auteurs principaux ; Mais attendu qu'en prononçant ainsi, aprĂšs avoir rappelĂ© qu'en droit, l'abus de biens sociaux se trouve caractĂ©risĂ© lorsque l'appropriation frauduleuse est commise par un dirigeant de droit ou de fait d'une sociĂ©tĂ© qui est encore en mesure d'assurer ses paiements et en fixant au 31 dĂ©cembre 1996 l'Ă©tat de cessation des paiements de la SARL X..., de sorte que les faits poursuivis, Ă  les supposer Ă©tablis, constituaient le dĂ©lit de banqueroute, les juges, qui n'ont pas tirĂ©s les consĂ©quences lĂ©gales de leurs propres constatations, ont mĂ©connu le texte susvisĂ© ; D'oĂč il suit que la cassation est encourue sans qu'il soit besoin d'examiner les deuxiĂšme et troisiĂšme branches du moyen ; Sur le troisiĂšme moyen de cassation, pris de la violation de la violation des articles L. 626-1 et L. 626-6 du Code de commerce, de l'article 111-3 du Code pĂ©nal, des articles 591 et 593 du Code de procĂ©dure pĂ©nale, dĂ©faut et contradiction de motifs et manque de base lĂ©gale ; "en ce que l'arrĂȘt attaquĂ© a condamnĂ© RenĂ© X... Ă  la peine complĂ©mentaire de la faillite personnelle ; "alors qu'il n'a jamais Ă©tĂ© Ă©tabli que RenĂ© X..., salariĂ© de la SARL X... et simple associĂ©, ait eu, Ă  une pĂ©riode quelconque de l'existence de celle-ci, la qualitĂ© de dirigeant de droit ou de fait ; que, dĂšs lors, en statuant comme elle l'a fait, la cour d'appel a violĂ© les textes prĂ©citĂ©s" ; Vu les articles L.626-1 et L.626-6 du Code de commerce ; Attendu qu'il rĂ©sulte de l'article L.626-6 du Code de commerce que la faillite personnelle ne peut ĂȘtre prononcĂ©e par la juridiction rĂ©pressive, pour banqueroute, qu'Ă  l'Ă©gard des personnes visĂ©es Ă  l'article L.626-1 dudit Code ; Attendu qu'en prononçant cette mesure Ă  l'encontre de RenĂ© X..., qui n'Ă©tait ni gĂ©rant de droit, ni gĂ©rant de fait de la sociĂ©tĂ© X..., la cour d'appel a mĂ©connu les textes susvisĂ©s ; D'oĂč il suit que la cassation est de nouveau encourue ; Par ces motifs, et sans qu'il soit besoin d'examiner le deuxiĂšme moyen proposĂ© ; CASSE et ANNULE, en toutes ses dispositions concernant RenĂ© X..., l'arrĂȘt susvisĂ© de la cour d'appel d'Agen, en date du 23 octobre 2003, et pour qu'il soit Ă  nouveau jugĂ©, conformĂ©ment Ă  la loi, RENVOIE la cause et les parties devant la cour d'appel de Toulouse, Ă  ce dĂ©signĂ©e par dĂ©libĂ©ration spĂ©ciale prise en chambre du conseil ;

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DDoocc.. nn°° 1188.. CCoonnss.. ccoonnsstt..,, 2299 sseepptteemmbbrree 22001166.. Au vu des textes suivants : - la Constitution ; - l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 modifiĂ©e portant loi organique sur le Conseil constitutionnel ; - le code de commerce ; - la loi n° 2008-776 du 4 aoĂ»t 2008 de modernisation de l'Ă©conomie ; - l'ordonnance n° 2008-1345 du 18 dĂ©cembre 2008 portant rĂ©forme du droit des entreprises en difficultĂ© ; - la loi n° 2009-526 du 12 mai 2009 de simplification et de clarification du droit et d'allĂšgement des procĂ©dures, notamment son article 138 ; - le rĂšglement du 4 fĂ©vrier 2010 sur la procĂ©dure suivie devant le Conseil constitutionnel pour les questions prioritaires de constitutionnalitĂ© ; Au vu des piĂšces suivantes : - les observations prĂ©sentĂ©es pour le requĂ©rant par la SCP Thouin-Palat et Boucard et Mes Stephan Reifegerste et Christian Kupferberg, avocats au barreau de Paris, enregistrĂ©es le 27 juillet 2016 ; - les observations prĂ©sentĂ©es par le Premier ministre, enregistrĂ©es les 28 juillet et 11 aoĂ»t 2016 ; - les observations en intervention prĂ©sentĂ©es par M. Gilles P., enregistrĂ©es les 15 et 19 septembre 2016 ; - les observations en intervention prĂ©sentĂ©es pour M. FrĂ©dĂ©ric P. par la SCP Hadengue et associĂ©s, avocat au barreau de Versailles, enregistrĂ©es les 16 et 19 septembre 2016 ; - les piĂšces produites et jointes au dossier ; AprĂšs avoir entendu Me François Boucard, avocat au Conseil d'État et Ă  la Cour de cassation, et Me Reifegerste, pour le requĂ©rant, Me Aude Tondriaux-Gautier, avocat au barreau de Paris, pour M. FrĂ©dĂ©ric P., et M. Xavier Pottier, dĂ©signĂ© par le Premier ministre, Ă  l'audience publique du 20 septembre 2016 ; Et aprĂšs avoir entendu le rapporteur ; LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL S'EST FONDÉ SUR CE QUI SUIT : 1. Saisie d'une question prioritaire de constitutionnalitĂ© portant sur le 2° de l'article L. 654-2, le 2° de l'article L. 654-5 et l'article L. 654-6 du code de commerce, la Cour de cassation a jugĂ© que cette question portait sur ces dispositions « dans leur rĂ©daction, actuellement en vigueur, issue de l'ordonnance n° 2008-1345 du 18 dĂ©cembre 2008 ». Toutefois, l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008 mentionnĂ©e ci-dessus n'a pas modifiĂ© la rĂ©daction de l'article L. 654-5 du code de commerce. Par consĂ©quent, la question prioritaire de constitutionnalitĂ© dont le Conseil constitutionnel est saisi porte sur le 2° de l'article L. 654-2 et sur l'article L. 654-6 du code de commerce dans leur rĂ©daction rĂ©sultant de l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008 et sur le 2° de l'article L. 654-5 dans sa rĂ©daction rĂ©sultant de la loi du 4 aoĂ»t 2008 mentionnĂ©e ci-dessus. 2. L'article L. 654-2 du code de commerce, dans cette rĂ©daction, Ă©numĂšre les faits susceptibles de conduire Ă  la condamnation pour banqueroute, par le juge pĂ©nal, de certains professionnels ou dirigeants de sociĂ©tĂ©s mentionnĂ©s Ă  l'article L. 654-1 du mĂȘme code, en cas d'ouverture d'une procĂ©dure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire. Le 2° de cet article prĂ©voit qu'est, Ă  ce titre, susceptible de conduire Ă  une telle condamnation, le fait d'« avoir dĂ©tournĂ© ou dissimulĂ© tout ou partie de l'actif du dĂ©biteur ». 3. L'article L. 654-5 du code de commerce, dans sa rĂ©daction rĂ©sultant de la loi du 4 aoĂ»t 2008, dĂ©finit les peines complĂ©mentaires susceptibles d'ĂȘtre prononcĂ©es Ă  l'encontre d'une personne coupable de banqueroute. Le 2° de cet article prĂ©voit qu'est, Ă  ce titre, susceptible d'ĂȘtre prononcĂ©e : « L'interdiction, suivant les modalitĂ©s prĂ©vues par l'article 131-27 du code pĂ©nal, soit d'exercer une fonction publique ou d'exercer l'activitĂ© professionnelle ou sociale dans l'exercice ou Ă  l'occasion de l'exercice de laquelle l'infraction a Ă©tĂ© commise, soit d'exercer une profession commerciale ou industrielle, de diriger, d'administrer, de gĂ©rer ou de contrĂŽler Ă  un titre quelconque, directement ou indirectement, pour son propre compte ou pour le compte d'autrui, une entreprise commerciale ou industrielle ou une sociĂ©tĂ© commerciale. Ces interdictions d'exercice peuvent ĂȘtre prononcĂ©es cumulativement ». 4. L'article L. 654-6 du code de commerce, dans sa rĂ©daction rĂ©sultant de l'ordonnance du 18 dĂ©cembre 2008, prĂ©voit : « La juridiction rĂ©pressive qui reconnaĂźt l'une des personnes mentionnĂ©es Ă  l'article L. 654-1 coupable de banqueroute peut, en outre, dans les conditions prĂ©vues au premier alinĂ©a de l'article L. 653-11, prononcer soit la faillite personnelle de celle-ci, soit l'interdiction prĂ©vue Ă  l'article L. 653-8, Ă  moins qu'une juridiction civile ou commerciale ait dĂ©jĂ  prononcĂ© une telle mesure par une dĂ©cision dĂ©finitive prise Ă  l'occasion des mĂȘmes faits ». 5. Selon le requĂ©rant et les parties intervenantes, en cas de dĂ©tournement ou de dissimulation d'actif au sens du 2° de l'article L. 654-2 du code de commerce, le dirigeant d'une sociĂ©tĂ© en redressement ou liquidation judiciaire peut

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ĂȘtre poursuivi pour banqueroute et ainsi pĂ©nalement sanctionnĂ© par une interdiction d'exercice prĂ©vue au 2° de l'article L. 654-5 et par la faillite personnelle mentionnĂ©e Ă  l'article L. 654-6 du mĂȘme code. Or, les mĂȘmes faits seraient susceptibles d'ĂȘtre sanctionnĂ©s par ailleurs par les juridictions civiles ou commerciales dans le cadre d'une procĂ©dure de redressement ou de liquidation judiciaire, sur le fondement des articles L. 653-1 Ă  L. 653-8 du code de commerce, relatifs Ă  la faillite personnelle et aux autres mesures d'interdiction. En permettant un tel cumul de poursuites et de sanctions, les dispositions contestĂ©es mĂ©connaĂźtraient les principes de nĂ©cessitĂ© et de proportionnalitĂ© des dĂ©lits et des peines dĂ©coulant de l'article 8 de la DĂ©claration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. 6. Le requĂ©rant reproche Ă©galement Ă  l'article L. 654-6 du code de commerce de ne prohiber un tel cumul de sanctions que dans le cas oĂč la juridiction civile s'est dĂ©jĂ  prononcĂ©e « par une dĂ©cision dĂ©finitive prise Ă  l'occasion des mĂȘmes faits », sans prĂ©voir la rĂ©ciproque dans le cas oĂč le juge pĂ©nal a dĂ©jĂ  statuĂ©. Il en rĂ©sulterait une violation du principe d'Ă©galitĂ© devant la loi, reconnu par l'article 6 de la DĂ©claration de 1789. 7. Par consĂ©quent, la question prioritaire de constitutionnalitĂ© porte sur le 2° de l'article L. 654-2 du code de commerce, sur les mots : « ou d'exercer l'activitĂ© professionnelle ou sociale dans l'exercice ou Ă  l'occasion de l'exercice de laquelle l'infraction a Ă©tĂ© commise, soit d'exercer une profession commerciale ou industrielle, de diriger, d'administrer, de gĂ©rer ou de contrĂŽler Ă  un titre quelconque, directement ou indirectement, pour son propre compte ou pour le compte d'autrui, une entreprise commerciale ou industrielle ou une sociĂ©tĂ© commerciale » figurant au 2° de l'article L. 654-5, ainsi que sur l'article L. 654-6 du mĂȘme code. - Sur les principes de nĂ©cessitĂ© et de proportionnalitĂ© des dĂ©lits et des peines : 8. Selon l'article 8 de la DĂ©claration de 1789 : « La loi ne doit Ă©tablir que des peines strictement et Ă©videmment nĂ©cessaires et nul ne peut ĂȘtre puni qu'en vertu d'une loi Ă©tablie et promulguĂ©e antĂ©rieurement au dĂ©lit, et lĂ©galement appliquĂ©e ». Les principes ainsi Ă©noncĂ©s ne concernent pas seulement les peines prononcĂ©es par les juridictions pĂ©nales mais s'Ă©tendent Ă  toute sanction ayant le caractĂšre d'une punition. Le principe de nĂ©cessitĂ© des dĂ©lits et des peines ne fait pas obstacle Ă  ce que les mĂȘmes faits commis par une mĂȘme personne puissent faire l'objet de poursuites diffĂ©rentes aux fins de sanctions de nature diffĂ©rente en application de corps de rĂšgles distincts. Si l'Ă©ventualitĂ© que deux procĂ©dures soient engagĂ©es peut conduire Ă  un cumul de sanctions, le principe de proportionnalitĂ© implique qu'en tout Ă©tat de cause le montant global des sanctions Ă©ventuellement prononcĂ©es ne dĂ©passe pas le montant le plus Ă©levĂ© de l'une des sanctions encourues. 9. D'une part, en application de l'article L. 653-1 et du 5° de l'article L. 653-4 du code de commerce, dans le cadre d'une procĂ©dure de redressement ou de liquidation judiciaire, le juge civil ou commercial peut prononcer la faillite personnelle de tout dirigeant d'une personne morale, lorsque celui-ci a dĂ©tournĂ© ou dissimulĂ© tout ou partie de l'actif ou frauduleusement augmentĂ© le passif de la personne morale. Ces dispositions ne sont toutefois pas applicables aux personnes exerçant une activitĂ© professionnelle indĂ©pendante et soumise, Ă  ce titre, Ă  des rĂšgles disciplinaires propres. En vertu de l'article L. 653-2 du mĂȘme code, la sanction de faillite personnelle emporte interdiction de gĂ©rer toute entreprise, exploitation agricole ou personne morale. Par ailleurs, en application de l'article L. 643-11 du mĂȘme code, les crĂ©anciers recouvrent leur droit de poursuite personnelle Ă  l'encontre du failli. Enfin, le juge peut, en application de l'article L. 653-10, assortir la mesure de faillite personnelle d'une incapacitĂ© d'exercer une fonction publique Ă©lective, pour la mĂȘme durĂ©e, dans la limite de cinq ans. 10. Compte tenu des consĂ©quences qu'il a attachĂ©es Ă  la faillite personnelle, ainsi que de la gĂ©nĂ©ralitĂ©, au regard du manquement en cause, de la mesure d'interdiction de gĂ©rer qu'il a retenue, le lĂ©gislateur a entendu, en instituant de telles mesures, assurer la rĂ©pression, par le juge civil ou commercial, du dĂ©tournement et de la dissimulation d'actif. Ces mesures doivent par consĂ©quent ĂȘtre regardĂ©es comme des sanctions ayant le caractĂšre de punition. 11. D'autre part, en application de l'article L. 654-2 du code de commerce, en cas d'ouverture d'une procĂ©dure de redressement ou de liquidation judiciaire, le juge pĂ©nal peut condamner pour banqueroute les personnes exerçant une activitĂ© commerciale ou artisanale, les agriculteurs, les personnes exerçant une activitĂ© professionnelle indĂ©pendante, celles dirigeant ou ayant liquidĂ© une personne morale. Cette condamnation est notamment encourue lorsque ces personnes ont dĂ©tournĂ© ou dissimulĂ© tout ou partie de l'actif du dĂ©biteur. Ce dĂ©lit est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende par l'article L. 654-3 du code de commerce. Ces peines sont portĂ©es Ă  sept ans d'emprisonnement et Ă  100 000 euros d'amende par l'article L. 654-4 lorsque l'auteur ou le complice est un dirigeant d'une entreprise prestataire de services d'investissement. Parmi les peines complĂ©mentaires prĂ©vues Ă  l'article L. 654-5, les personnes physiques encourent non seulement les interdictions d'exercice prĂ©vues au 2° mentionnĂ© ci-dessus, mais aussi l'interdiction des droits civiques, civils et de famille, l'interdiction d'exercer une fonction publique, l'exclusion des marchĂ©s publics, l'interdiction d'Ă©mettre des chĂšques et l'affichage ou la diffusion de la dĂ©cision. Enfin, en application de l'article L. 654-6, le juge pĂ©nal peut, sous certaines conditions, prononcer la faillite personnelle ou l'interdiction de gĂ©rer non seulement une entreprise commerciale ou industrielle, mais aussi toute exploitation agricole ou toute personne morale. 12. Les sanctions de faillite personnelle ou d'interdiction de gĂ©rer pouvant ĂȘtre prononcĂ©es par le juge civil ou commercial pour les manquements mentionnĂ©s au 2° de l'article L. 654-2 du code de commerce sont identiques Ă  celles encourues devant la juridiction pĂ©nale pour les mĂȘmes manquements constitutifs du dĂ©lit de banqueroute. En

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revanche, le juge pĂ©nal peut condamner l'auteur de ce dĂ©lit Ă  une peine d'emprisonnement et Ă  une peine d'amende, ainsi qu'Ă  plusieurs autres peines complĂ©mentaires d'interdictions. 13. Il rĂ©sulte de ce qui prĂ©cĂšde que les faits prĂ©vus et rĂ©primĂ©s par les articles mentionnĂ©s ci-dessus doivent ĂȘtre regardĂ©s comme susceptibles de faire l'objet de sanctions de nature diffĂ©rente. 14. Le grief tirĂ© de la mĂ©connaissance de l'article 8 de la DĂ©claration de 1789 doit donc ĂȘtre rejetĂ©. - Sur le principe d'Ă©galitĂ© devant la loi : 15. Selon l'article 6 de la DĂ©claration de 1789, la loi « doit ĂȘtre la mĂȘme pour tous, soit qu'elle protĂšge, soit qu'elle punisse ». Le principe d'Ă©galitĂ© devant la loi ne s'oppose ni Ă  ce que lĂ©gislateur rĂšgle de façon diffĂ©rente des situations diffĂ©rentes, ni Ă  ce qu'il dĂ©roge Ă  l'Ă©galitĂ© pour des raisons d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, pourvu que, dans l'un et l'autre cas, la diffĂ©rence de traitement qui en rĂ©sulte soit en rapport direct avec l'objet de la loi qui l'Ă©tablit. 16. L'article L. 654-6 du code de commerce interdit au juge pĂ©nal de prononcer la faillite personnelle ou l'interdiction prĂ©vue Ă  l'article L. 653-8 lorsqu'une juridiction civile ou commerciale a dĂ©jĂ  prononcĂ© une telle mesure par une dĂ©cision dĂ©finitive prise Ă  l'occasion des mĂȘmes faits. Une personne en redressement ou liquidation judiciaire devant le juge civil ou commercial et poursuivie pour banqueroute devant le juge pĂ©nal peut ainsi faire l'objet deux fois d'une mesure de faillite personnelle ou deux fois d'une mesure d'interdiction prĂ©vue Ă  l'article L. 653-8 si le juge pĂ©nal se prononce avant la dĂ©cision dĂ©finitive du juge civil ou commercial. À l'inverse, la mĂȘme personne ne peut faire l'objet qu'une seule fois de telles mesures si le juge civil ou commercial a dĂ©finitivement statuĂ© au moment oĂč le juge pĂ©nal se prononce. 17. Cette diffĂ©rence de traitement n'est justifiĂ©e ni par une diffĂ©rence de situation, ni par un motif d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. En consĂ©quence, l'article L. 654-6 du code de commerce, qui mĂ©connaĂźt le principe d'Ă©galitĂ© devant la loi, doit ĂȘtre dĂ©clarĂ© contraire Ă  la Constitution. 18. Le 2° de l'article L. 654-2 du code de commerce et les mots : « ou d'exercer l'activitĂ© professionnelle ou sociale dans l'exercice ou Ă  l'occasion de l'exercice de laquelle l'infraction a Ă©tĂ© commise, soit d'exercer une profession commerciale ou industrielle, de diriger, d'administrer, de gĂ©rer ou de contrĂŽler Ă  un titre quelconque, directement ou indirectement, pour son propre compte ou pour le compte d'autrui, une entreprise commerciale ou industrielle ou une sociĂ©tĂ© commerciale » figurant au 2° de l'article L. 654-5 du mĂȘme code, qui ne mĂ©connaissent aucun autre droit ou libertĂ© que la Constitution garantit, doivent lui ĂȘtre dĂ©clarĂ©s conformes. - Sur les effets de la dĂ©claration d'inconstitutionnalitĂ© : 19. Selon le deuxiĂšme alinĂ©a de l'article 62 de la Constitution : « Une disposition dĂ©clarĂ©e inconstitutionnelle sur le fondement de l'article 61-1 est abrogĂ©e Ă  compter de la publication de la dĂ©cision du Conseil constitutionnel ou d'une date ultĂ©rieure fixĂ©e par cette dĂ©cision. Le Conseil constitutionnel dĂ©termine les conditions et limites dans lesquelles les effets que la disposition a produits sont susceptibles d'ĂȘtre remis en cause ». En principe, la dĂ©claration d'inconstitutionnalitĂ© doit bĂ©nĂ©ficier Ă  l'auteur de la question prioritaire de constitutionnalitĂ© et la disposition dĂ©clarĂ©e contraire Ă  la Constitution ne peut ĂȘtre appliquĂ©e dans les instances en cours Ă  la date de la publication de la dĂ©cision du Conseil constitutionnel. Cependant, les dispositions de l'article 62 de la Constitution rĂ©servent Ă  ce dernier le pouvoir tant de fixer la date de l'abrogation et de reporter dans le temps ses effets que de prĂ©voir la remise en cause des effets que la disposition a produits avant l'intervention de cette dĂ©claration. 20. En l'espĂšce, aucun motif ne justifie de reporter la date de l'abrogation des dispositions contestĂ©es. La dĂ©claration d'inconstitutionnalitĂ© de l'article L. 654-6 du code de commerce prend effet Ă  compter de la date de publication de la prĂ©sente dĂ©cision. LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL DÉCIDE : Article 1er.- L'article L. 654-6 du code de commerce, dans sa rĂ©daction rĂ©sultant de l'ordonnance n° 2008-1345 du 18 dĂ©cembre 2008 portant rĂ©forme du droit des entreprises en difficultĂ©, est contraire Ă  la Constitution. Article 2.- La dĂ©claration d'inconstitutionnalitĂ© de l'article 1er prend effet Ă  compter de la publication de la prĂ©sente dĂ©cision dans les conditions prĂ©vues au paragraphe 20. Article 3.- Sont conformes Ă  la Constitution : - le 2° de l'article L. 654-2 du code de commerce, dans sa rĂ©daction rĂ©sultant de l'ordonnance mentionnĂ©e Ă  l'article 1er ; - les mots : « ou d'exercer l'activitĂ© professionnelle ou sociale dans l'exercice ou Ă  l'occasion de l'exercice de laquelle l'infraction a Ă©tĂ© commise, soit d'exercer une profession commerciale ou industrielle, de diriger, d'administrer, de gĂ©rer ou de contrĂŽler Ă  un titre quelconque, directement ou indirectement, pour son propre compte ou pour le compte d'autrui, une entreprise commerciale ou industrielle ou une sociĂ©tĂ© commerciale » figurant au 2° de l'article L. 654-5, dans sa rĂ©daction rĂ©sultant de la loi n° 2008-776 du 4 aoĂ»t 2008 de modernisation de l'Ă©conomie. Article 4.- Cette dĂ©cision sera publiĂ©e au Journal officiel de la RĂ©publique française et notifiĂ©e dans les conditions prĂ©vues Ă  l'article 23-11 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 susvisĂ©e.