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Dans ce numéro

Utilisation durable de l’eau dans l’agriculture urbaine 3

Agriculture urbaine et intégration sociale 8

Test de nouvelles directives de l’OMS de 2006 en situation réelle 11

Qualité des eaux de surface et production alimentairepériurbaine à Kano, Nigéria 13

Pratiques d’irrigation des agriculteurs au Burkina Faso 17

Approvisionnement en eau et agriculture urbaine à Bulawayo, Zimbabwe 20

Utilisation efficiente de l’eau dans les jardins maraîchersde Townships d’Afrique du Sud 23

Assainissement productive : accroître la sécurité alimentairepar la réutilisation De matières fécales et d’eauxusées ménagères dans l’agriculture 25

L’alliance pour l’assainissement durable 28

Engrais ECOSAN avec potentiel de meilleurs rendements en Afrique de l’Ouest 29

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Les défis de l'urbanisationDans les pays en développement, beaucoup devilles souffrent de la rareté de l'eau parce lesressources hydrologiques ne sont pas suffisantesou sont polluées, ou parce que les capacités àtraiter et à distribuer l'eau sont limitées. Bien que86% des zones urbaines aient accès à l'eaucomparativement à 50% des zones rurales, unegrande partie de cette couverture fait référence àune fourniture par des vendeurs plutôt qu'à desprises domestiques directes. A titre d'exemples,seuls 16% des populations en Afrique sub-saharienne ont accès à une prise d'eaudomestique directe, alors que ce pourcentage estrespectivement de 20% et 28% en Asie du Sud etAsie du Sud-est (OMS/UNICEF, 2006). Puisqu'unegrande partie de la population urbaine africaine(c'est-à-dire 52 millions de personnes) n'ont pasaccès à une bonne fourniture domestique en eau,la possibilité que cette ressource limitée soitutilisée pour des activités productives telles quel'agriculture dans et aux alentours des villes estminimale. Dans la réalité, beaucoup d'autoritésmunicipales interdisent l'utilisation de l'eaudomestique à des fins d'agriculture irriguée, mêmeà petite échelle. Considérant qu'une portionaccrue d'activités économiques se déroulent dans

des espaces urbains exigus, le développement denouvelles (res)sources en eau sera nécessaire. Les ressources alternatives en eau qui pourrontêtre utilisées à des fins productives sont l'eau depluie, des tornades et les eaux usées.

Bien que la proportion de personnes ayant accèsaux services d'assainissement soitconsidérablement plus importante qu'en milieurural, dans beaucoup de pays, l'insuff i s a n c ed'installations d'assainissement a conduit à unedégradation de la qualité des ressources en eau.De plus, de meilleurs niveaux de vie et conditionssocioéconomiques ont conduit à la productiond'eaux usées qui sont, la plupart du temps,déversées non traitées dans l'environnement. Descanaux ouverts font office d'égouts pour les eauxusées domestiques et les eaux de ruissellement,mais aussi de site de déversement pour lesdéchets urbains. Le volume (et la valeur) desdéchets humains non traités qui se déversedirectement dans des cours d'eau et polluel'environnement est inquiétant.

Au même moment, la demande mondiale enproduits alimentaire est en hausse et la présente

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Utilisation durable de l'eau dans l'agriculture urbaine

Olufunke CofieRené van Veenhuizen

La population du monde vivant dans les villes et à leurspériphéries est en constante augmentation. Le rapport UN-Habitat (2004) « State of the World Cities » prévoyaitqu'avant 2030, 60% de la population mondiale vivraientdans des villes, alors que le seuil des 50% des habitantsdu globe vivant dans des centres urbains a été atteint en2007. Le plus souvent, cette urbanisation rapide n'est quedémographique puisqu'elle n'est pas accompagnée par untaux similaire de transformation des infrastructures, maismet plutôt la pression sur des ressources urbaineslimitées. Au même moment, les zones du monde qui ontla croissance démographique la plus rapide ont déjà desévères problèmes d'eau et les pénuries vont empirer.Certains des défis qui accompagnent l'urbanisation sontl'accès insuffisant à l'eau et à l'assainissement, les prix desdenrées alimentaires en hausse et la mauvaisegouvernance locale. De plus, les changements climatiquesaffecteront également le système hydrologique urbain etpar ce biais, la fourniture d'eau pour l'agriculture urbaine.Les changements dans la pluviométrie vers des périodesplus sèches et des tempêtes plus violentes peuvent menerà des risques accrus d'inondation, et par conséquent à despréjudices économiques et l'expansion de maladies.

Les producteurs urbains ont besoin d'eau pour leurscultures et leurs animaux

Editorial

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crise alimentaire frappe les zones urbaines, avecun sérieux impact sur les populations pauvresurbaines. Ceci a également donné une place plusimportante à l'agriculture dans l'agenda politiquedes temps derniers, avec des demandes poursystèmes alimentaires plus applicables, variés etflexibles. L'agriculture urbaine et péri- urbaine estun moyen pour fournir une partie de cettealimentation tout en servant à d'autres fonctions.

L'eau dans l'agriculture urbaineLe lien avec l'eau est une évidence non seulementpour la production alimentaire mais égalementpour maintenir la verdure dans les villes, entreautres services. Ces utilisations de l'eau pourraientdevenir beaucoup plus efficaces si l'eau destornades et les eaux usées étaient réutilisées pourl'agriculture. La réutilisation des eaux usées à desfins agricoles est une pratique courante, même sielle n'est pas toujours réglementée. Lesagriculteurs se rabattent sur l'utilisation des eauxusées avec la rareté des sources d'eau. Ceci paraitun moyen efficace de préservation de l'eaupotable qui pourrait être réservée à d'autresusages et en même temps un moyen de protectiondes sources d'eau contre une pollution noncontrôlée. L'introduction de la réutilisation deseaux urbaines nécessite des changements depolitiques et d'infrastructures qui pourraientaffecter divers acteurs. Des expériences sur unetelle réutilisation sont en cours dans beaucoup devilles, et certaines de ces expériences sontprésentées dans ce numéro.

L'eau, l'assainissement et les pro b l è m e salimentaires affectent directement les populations.Le maintien d'un environnement sain demandeune gestion durable des ressources urbaines. Lesvilles ont besoin d'une vision à plus long terme etplus élargie de l'utilisation des espaces urbainspour réduire la pauvreté et pro m o u voir ladurabilité. L'accès à l'eau à des prix abordables, àun bon assainissement et à la nourriture estessentiel.

L'atteinte de ces objectifs nécessitera desapproches intégrées, une participation d'acteursdans le développement d'offre de services et degestion des eaux urbaines. Dans la majorité descas, on note une gestion séparée del'aménagement, de l'hydraulique et del'assainissement urbain.

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Editorial

La collecte des eaux pluviales permet plusieurs récoltesPhoto : René van Veenhuizen

Gestion de l'eau pour les villes du futurUn consortium d'experts avec des universitaires, lasociété civile, l'aménagement urbain, et des servicesd'équipement et de consultation en hydrauliquetravaillent directement avec des acteurs de douzevilles à travers le monde, notamment, Ac c r a ,Alexandrie, Beijing, Birmingham, Bogota, Cali,Chongqing, Ha m b o u rg, Lima, Lodz, Tel Aviv etZaragoza. L'objectif global de ce consortium est depromouvoir un changement pour une gestion plusdurable de l'hydraulique urbaine dans les « Villes duFutur ».

Les activités de SWITCH se composent de formation,de recherche et de démons-trations. Le processus derecherche est une combinaison:

D'Alliances d'Apprentissage - SWITCH met en relationune grande variété d'acteurs au niveau des villes pourinteragir de manière efficace et trouver des solutionsparfaitement avantageuses le long de la chaîne de

l'eau. Leurs activités secomposent d'une série deplateformes structurées à diversn i veaux institutionnels, conçuespour faire tomber à la fois lesbarrières verticales et horizontalesdu partage de l'information,

f a vorisant ainsi le processus d'identification,d'adaptation et de mise en œuvre d'innovationsnouvelles. De Recherche - Action - SWITCH met en oeuvre unere c h e rche technologique davantage basée sur lademande, orientée sur l'action en vue de réaliser unemeilleure intégration et un plus grand impact à traversdes Alliances d'Apprentissage.

D'un Apprentissage par voies multiples - SWITCHdéveloppe également l'interaction qui permet auxvilles d'apprendre les une des autres.Le « paradigme shift » développé par SWITCH enmatière d'hydraulique urbaine est basé sur quelquesconcepts clés de systèmes souples de gestion,d'approche intégrée et d'une offre et demandeéquilibrée. Les systèmes souples se réfèrent àl'adaptabilité et à la flexibilité dans l'offre de lameilleure solution dans un milieu donné. Au sein deSWITCH, les institutions participantes aux alliancesd'apprentissage sont facilitées à travers un certainnombre d'étapes : le visionnage, la construction descénarios (et de micro scénarios) et le développementsuivant de stratégies. Le suivi participatif des progrèsest effectué par l'usage convenu d'indicateurs deviabilité.

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La concertation, la planification et la participationdans la prise de décisions seront nécessaires pouradapter les politiques existantes ou pourdévelopper de nouvelles. La mise en place den o u velles institutions pourrait aussi êtrenécessaire dans la mesure où la plupart des villespossèdent des structures différentes qui ont encharge certains éléments de l'hydraulique urbaineet du système alimentaire.

Dans ce numéro du Magazine-AU, l'importance dela relation eau - assainissement - agriculture estmise en évidence. On se rend de plus en pluscompte que l'agriculture urbaine peut participer àla résolution des problèmes urbains liés à l'eau età la gestion des déchets solides/eaux usées, ainsiqu'à la pauvreté, l'exclusion sociale etl'environnement.

Ce numéro est le résultat d'efforts de collaborationentre le RUAF, SWITCH et SuSanA.

Des plateformes multi-acteurs orientées vers unedémarche systématique d'apprentissage

L'agriculture urbaine n'est souvent pas reconnuecomme une stratégie de subsistance urbainecompte tenu des risques sanitaires perçus et réelsdans l'utilisation des eaux usées. Le programmedu RUAF, « Villes Agricoles du Futur », facilite laplanification d'actions et le développement depolitiques en agriculture urbaine avec plusieursacteurs. Des études de suivi et desdémonstrations d'innovations prometteuses sonten phase de conduite aux termes du programmeSWITCH.

SWITCH (Sustainable Water Management ImprovesTo m o r row's Cities' Health; www. s w i t c h -urbanwater.eu ) est un programme de rechercheaction en cours financé par l'EU en partenariata vec une équipe interd i s c i p l i n a i re de 33institutions partenaires à travers le monde, parmilesquels 17 appartiennent à l'UE et 12 à des paysen développement. SWITCH déve l o p p el ' i n n ovation dans la gestion intégrée del'hydraulique urbaine (IUWM) et a organisé sesactivités de formation, de re c h e rche et dedémonstration sous forme de dossiersthématiques intégrés dans le independent city'learning alliances'.

La Sustainable Sanitation Alliance (SuSanA) est unréseau de compétences mondiales de plus de 90organisations actives dans le domaine del'assainissement durable qui développent desinitiatives conjointes en appui à l'AnnéeInternationale des Nations Unies pourl'Assainissement, 2008. De plus amples

informations sur SuSanA et quelques expériencesd'utilisation d'un assainissement durable pourl'agriculture urbaine sont présentées dans cenuméro. Report Series. In print

Les groupes de travail sur l'agriculture urbaineUn des paquets thématiques de travail de SWITCHmet l'accent sur l'eau durable pour l'agricultureurbaine qui est également liée à d'autres thèmestels que le développement de scénarios, laformation, l'apprentissage conjoint,l'assainissement durable et l'insertion sociale. Lesactivités de SWITCH en matière d'agricultureurbaine à Lima, Beijing et Accra sontcomplémentaires aux activités des partenairesRUAF en ce qui concerne le Programme « VillesAgricoles du Futur » et les innova t i o n sinstitutionnelles déjà initiées dans le processusRUAF (voir Magazine - AU n° 16). Afin de mettre en relation les plateformes multi-acteurs pour l'agriculture urbaine et les alliancesd'apprentissage de ville du SWITCH, des groupesde travail spécifiques ont été mis sur pied dansces trois villes, avec pour tâche l'améliorationdans la production agricole et d'autres activités desubsistance qui utilisent l'eau courante, l'eau depluie et les eaux usées.

Les innovations techniques et institutionnelles entrain d'être mise en œuvre comprennent destechniques comme l'horticulture coopérative etl'agro-tourisme utilisant la collecte des eaux depluie, l'amélioration dans le stockage de l'eau, letraitement des eaux usées et leur utilisation pourl'agriculture, les parcs et les jardins. L'intentionest aussi d'améliorer la prise de conscience desrisques sanitaires sur le circuit ferme - assiette.Les changements escomptés dans les trois villes

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Editorial

Des innovations techniques et institutionnelles sont en cours d'application Photo : IWMI - Ghana

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comprennent une planification mieux intégrée, undéveloppement de politiques, des innovationsorganisationnelles et des actions pour réduire lesrisques sur l'environnement et la santé desproducteurs et des consommateurs.

Faire face aux réalitésLes producteurs urbains et périurbains ont besoind'eau (toute l'année ou de manière saisonnière)pour irriguer leurs cultures et fournir de l'eaud'abreuvage à leurs animaux ou leurs poissons. Encas de pénurie, ou de baisse de qualité de l'eaudisponible, les producteurs urbains appliquentdiverses stratégies comprenant une améliorationde l'accès aux sources d'eau existantes ou l'usageplus efficace de celles-ci, et l'utilisation d'autress o u rces (par exemple, la collecte des eauxpluviales, les eaux usées).

Les agriculteurs mettront à profit n'importe quellesource d'eau, en particulier en saison sèche,qu'elle soit polluée ou non. Ils utilisent, parexemple, l'eau des rivières et des canaux, de puitspeu profondes ou profondes, des canalisations(eau potable), collectée dans des fûts en saisonhumide, des barils ou une autre méthode destockage, les eaux d'égouts ou les eaux uséesmunicipales re c yclées (à divers stade detraitement).

Les sources d'eaux usées incluent les eaux deruissellement de surface, celles des canaux dedrainage urbain, les eaux ménagères ou les eauxd'égout et celles des circuits de drainage, cellesdes hôpitaux et des unités industrielles, ainsi queleurs combinaisons (à diverses concentrations).Les producteurs/agriculteurs urbains ont unediversité de mobiles à utiliser les eaux usées nontraitées, ou partiellement traitées. En zones semi-arides et arides, elles sont souvent la seule sourcedisponible toute l'année. Elles sont également une

source peu chère, non seulement d'eau, maiségalement de nutriments (Raschid-Sally etJayakody 2008). Des études de cas détaillées deréutilisation de l'eau pour l'agriculture urbaineavec les impacts positifs et négatifs ont étél a rgement documentées (voir pour exe m p l eMagazine A g r i c u l t u re Urbaine n° 8 et 19).L'agriculture urbaine irriguée produit des profitstrès compétitifs et se développe et gagne duterrain sans initiatives ou appui externe. Elle metà profit la proximité des marchés, la demande encultures commerciales périssables et le manquegénéralisé de moyens de transport réfrigérés ainsique l'accès aux ressources en eaux usées.

Les choix des producteurs en matière de sourcesd'eau dépendent des utilisations attendues del'eau, des sources disponibles et accessibles, leprix dépendant de chaque source, le niveau decontamination et les risques sanitaires liés, lesnutriments que contiennent l'eau, les coûts liés autransport et au stockage et les équipements dedistribution nécessaires, la fiabilité del'approvisionnement, le niveau de connaissancesdes agriculteurs (par exemple, la conscience desrisques sanitaires), entre autres facteurs. Ceci estbien illustré dans les articles sur le Ghana et leBurkina de ce numéro. Comme la contribution duBu rkina Faso le mentionne, les agriculteurspourraient être assistés (formation) par le biaisd'une gestion de l'utilisation de l'eau plus sûre etefficace. De plus, un dialogue constructif entre lesagriculteurs et leurs organisations avec lesautorités locales devrait être facilité. .

La reconnaissance de l'importance de l'usage ded i verses sources d'eau sur les moyens desubsistance en milieu urbain a conduit à nombred'initiatives pour faire face à cette réalité. IWMI aentrepris plusieurs activités de recherche et dedéveloppement avec la FAO, l'OMS et le RUAFpour garantir une production saine en produitsmaraîchers. Les Directives révisées de l'OMS pourune Utilisation Saine des Eaux Usées, des MatièresFécales et des Eaux Ménagères dans l'Agricultureet l'Aq u a c u l t u re ont été publiées en 2006.Certaines initiatives ont commencé à utiliserdiverses options de gestion pour réduire lesrisques dans les situations où un traitementintégral des eaux usées est trop cher et nonfaisable dans un avenir proche, suivant lesméthodes et procédures proposées dans diverssites d'agriculture urbaine et périurbaine. Nombred'interventions de réduction de risques à faiblescoûts ont été développées avec des acteurs clésdu continuum « ferme - assiette » sur la base del'approche à barrières multiples de l'OMS, auterme de laquelle les barrières (stratégies de

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Editorial

Les bassins de stabilisation réduisent lesrisques de contamination

Photo : IPES

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réduction des risques) sont mises en place le longde la chaîne alimentaire pour une réductioncumulative des risques. Une partie de ce travail estprésentée dans ce numéro. Voir, pour exemple lesDirectives de l'OMS portant sur la réduction desrisques sur le circuit ferme - assiette, sur larecherche de sources d'eau alternatives comme leseaux pluviales et un assainissement durablemontre qu'actuellement, les agriculteurs à traversle monde utilisent annuellement environ 150million de tonnes de nutriments (N; P2O5; K20)p roduits synthétiquement, alors qu'au mêmemoment, les systèmes conve n t i o n n e l sd'assainissement déversent l'équivalent de plusde 50 million de tonnes d'engrais avec une valeurmarchande d'environ 15 million de dollars dans leseaux. Un changement de paradigme dansl'assainissement en direction d'une approche dere c yclage en circuit fermé est nécessaire .Cependant, il existe encore nombre de défis liés àla prise de conscience et à la connaissance, à laréglementation et au besoin de données sur lefossé existant entre la réutilisation réelle etpotentielle, et sur les questionsorganisationnelles et structurelles qui ont étédiscutées au cours de cette Année Internationalepour l'Assainissement (2008).

A cause de la prise de conscience des problèmessanitaires qui est typiquement faible (et parce queles consommateurs ont souvent des problèmesplus pressants comme le paludisme, la pauvretéet/ou le SIDA) il existe peu de demandemarchande et de pressions pour des mesures plusstrictes dans l'agriculture urbaine, et parconséquent, on note qu'une recherche et unapprentissage conjoint, ainsi que des activités desensibilisation sont nécessaires.

La marche en avant L'agriculture urbaine fait face à des défis communset à d'autres spécifiques aux villes. Le rôle etl'importance de l'eau pour l'agriculture urbaine etles systèmes de subsistance varient actuellementet en terme de perspective future à travers lesvilles, tels que présentés dans ce numéro.Cependant, il existe des similitudes en terme degestion de l'eau, de sa rareté et du besoin desystèmes nouveaux et innovants qui permettentl'utilisation de nouvelles sources d'eau (eauxpluviales et usées). L'accès à l'eau et l'irrigationest une exigence essentielle pour que lesagriculteurs gagnent suffisamment de revenuspour les tirer au dessus du seuil de pauvreté. Desbénéfices suffisants par rapport à des produits -créneaux qui pourraient également leur permettred'innover et d'adopter de meilleures technologiesqui amélioreraient le rôle complémentaire de

l'agriculture urbaine dans la ville. Alors que lap roximité des marchés vient en appui àl'agriculture urbaine, l'expansion urbaine et lapollution de l'environnement constituent descontraintes pour sa viabilité. Sur la base d'unebonne analyse de l'agriculture sous des conditionsurbaines, du véritable rôle de celle-ci dans lasubsistance urbaine et les opportunités etcontraintes actuelles de son développement, larecherche - action dans ces domaines (telles queprésentées dans ce numéro) est importante pourrenseigner l'aménagement urbain et la prise dedécision. Le processus de développement d'uneaction dans un contexte regroupant des acteursmultiples nécessite du temps et doit être adaptéaux dispositions institutionnelles particulières etles cultures de recherche et de planification desdifférents pays.

Les défis urbains relatifs à la connexion eau -assainissement - agriculture appellent définitive-ment à nombre d'initiatives ou d'interventions,d'un plaidoyer, d'un dialogue à acteurs multipleset une planification conjointe d'action. Denouvelles formes de gouvernance, d'institutions etde politiques sont nécessaires ; ce qui peut êtreréalisé à travers la synergie créée par de tellesinitiatives.

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Editorial

RéférencesDrechsel, P.; Graefe, S.; Sonou, M.; Cofie, O. O. 2006.Informal irrigation in urban West Africa: An ove r v i ew.Colombo, Sri Lanka: International Water Ma n a g e m e n tInstitute. 40.p. IWMI Research Report 102.

Werner, C. 2004. Ecosan - principles, urban applications &challenges. Presentation on the UN Commission onSustainable Development, 12th session - New York, 14-30April 2004

W H O / FAO / U N E P. 2006. Guidelines for the safe use ofwastewater, excreta and greywater. Geneva, Switzerland,World Health Organization - WHO-FAO-UNEP

UN- Habitat. 2004. State of the World Cities.(www.unhabitat.org)

Raschid-Sally L. and Jayakody, P. 2008. Drivers andcharacteristics of wastewater agriculture in deve l o p i n gcountries - results from a global assessment Comprehensive Assessment Research Report Series. In print

René van Veenhuizen, [email protected] Cofie, [email protected]

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L'intégration sociale décrit la situationd'inclusion dans une communauté et unesociété en tant qu'entité ; une condition danslaquelle les individus et les groupes peuventa voir accès à la gamme d'opportunitésdisponibles, des services et re s s o u rces etparticiper à la planification et à la prise dedécisions. Cette notion d'intégration sociale estvenue au devant de la scène du fait de lareconnaissance grandissante que le bien-êtredemande plus que des niveaux raisonnables derevenus et l'accès aux biens matériels. Elle est

le contraire de l'exclusion sociale qui renvoie àun « processus par lequel certains groupes sontsystématiquement désavantagés parce quevictimes de discrimination sur la base de leurappartenance ethnique, raciale, religieuse, leurorientation sexuelle, caste, descendance, sexe,âge, invalidité, statut VIH, condition de migrant,ou de leur lieux d'habitation. (DFID, 2005). Enconséquence, l'exclusion n'est pasnécessairement synonyme de pauvreté, mais lapauvreté est souvent un facteur important quiparticipe à la marginalisation sociale.L'intégration sociale re n voie également auxpolitiques et actions projetées pour influencerles institutions et le changement de perceptionqui créent et entretiennent l'exclusion (Beall,2002). Pour identifier de telles actions, il estnécessaire de comprendre le contexte existantet les processus d'exclusion sociale. Les aspects de l'exclusion sociale

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Agriculture urbaine etintégration sociale

Comprendre l'exclusion sociale demande une investigation en profondeur

Photo : IWMI - Ghana

Le Programme SWITCH développe une approcheparticipative, multi-acteurs à travers ses alliancesd'apprentissage de ville. Puisque ces processus dep a rticipation d'acteurs ne donnent pasnécessairement la parole aux groupes socialementexclus, SWITCH est en train d'initier des activitésspécifiques pour résoudre la question del'intégration sociale. L'objectif ultime de ces activitésest de garantir une gestion plus équitable et viablede l'utilisation et de l'accès à l'eau urbaine.

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La compréhension de l'exclusion sociale etl'identification des types d'actions nécessairespour pro m o u voir l'intégration socialenécessitent une investigation en profondeur destrois aspects de cette exclusion :

- Qu'est ce que les personnes ont ou n'ontpas en termes de ressources naturelles,monétaires, et autres;

- Leurs lieux de vie ; la déchéance spatialeapparaît lorsque la stigmatisation ou lamauvaise réputation d'un voisinage s'érigeen barrière pour la création de contactssociaux ou d 'accès aux marchés;

- Qui sont ces personnes; la discriminationdécoulant de groupes identitaire sspécifiques tels que perçus par d'autres;par exemple, la discrimination basée sur les e xe, l'appartenance ethnique ou laprofession.

Ces différents aspects de l'exclusion socialepeuvent se chevaucher, excluant simultanémentdes personnes, d'emplois, d'opportunités desubsistance, de propriétés, d'habitation,d'éducation, de citoyenneté, de contacts et derespect personnel (Silver, 1994). Par exemple,les zones urbaines plus pauvres habitées pardes groupes sociaux exclus tendent à avoir unaccès limité à l'eau et à l'assainissement et destaux de chômage plus élevés, une situationnutritionnelle et une sécurité alimentaireprécaire. Ils sont souvent totalement exclus departicipation à la prise de décisions sur lafourniture de services et le développement deleur environnement.

Exclusion sociale et agriculture urbaineCet article présente des leçons apprisesrelativement à l'intégration sociale dans lesactivités du groupe de travail du SWITCH surl'agriculture urbaine à Accra. La recherche -action avec les groupements de producteursagricoles telle que décrite dans l'articleprécédent prête une attention particulière auxaspects d'intégration et d'accès. Une étude à labase a été entreprise sur le site de Dzorwulu-Roman Ridge, un des sites les plus étendusd'Accra. La composante sociale comprenait desdiscussions avec l'association des producteurs,les groupements d'agriculteurs et desp roducteurs individuels, ainsi que descommerçants. Elle a exploré la diversité desménages qui s'activent dans l'agricultureurbaine (genre, âge et appartenance ethnique)et sa contribution à la subsistance. Elle aexaminé l'inclusivité des organisations deproducteurs et la capacité des producteurs

urbains à avoir leur mot dans l'aménagementurbain et les autres plateformes pertinentes.

Identité et exclusion socialeIl existe une association des pro d u c t e u r smaraîchers sur le site, ainsi qu'un groupeinformel. Beaucoup parmi les membres del'association furent à l'origine des migrantsvenus du Nord du Ghana et du Burkina Faso, etles membres issus des régions du nordreprésentent encore la majorité. L'associationcompte 26 membres, dont 3 sont des femmes.Il n'existe pas de critères écrits pour êtremembre du groupement. En général, toutepersonne cultivant sur le site peut joindre legroupement. Il n'existait aucune indication surl'exclusion ou la discrimination sur la base del'origine ethnique ou de la religion, soit àl'intérieur, ou en dehors du groupement. Sur lesite, la production maraîchère est une entreprisedominée par les hommes. Les femmes ont desparcelles plus petites que leurs homologueshommes, ce qu'elles disaient, reflète leurscapacités limitées à prendre en charge dessurfaces plus larges. Les membres féminins desfamilles ne sont pas impliqués dans laproduction maraîchère, mais la récolte de laproduction est principalement effectuée par desfemmes vendeuses dans les marchés.

La totalité de sols est occupée, donc il existepeu de possibilité d'expansion de l'agriculturesur ce site. Après l'acquisition des parcelles parles premiers occupants, leur transmission qui asuivi s'est faite à travers l'héritage oul'affectation par des parents, des amis ou desemployeurs. Les agriculteurs actuels ou lesn o u veaux venus ne peuvent obtenir desparcelles additionnelles ou nouvelles que par lafragmentation de parcelles existantes, oulorsqu'un occupant quitte définitivement saparcelle. L'affectation relève, de ce fait, desrelations sociales, bien qu'une fois qu'uneparcelle est allouée, la mesure est définitive.

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La récolte et la commercialisation des cultures sontprincipalement l'affaire de femmes vendeuses au marché.

Photo : IWMI - Ghana

Agriculture urbaine et intégration sociale

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Le groupement a exploré la possibilitéd'acquérir des sites de terres agricoless u p p l é m e n t a i res mais jusqu'à présent sanssuccès. La principale forme d'attitudesd'exclusion sociale est liée à l'image publiquen é g a t i ve de l'agriculture urbaine (exc l u s i o nbasée sur la profession et le lieu) et àl'association du groupement à un faible statutsocial.

Le soubassement social de l'exclusionL'étude à la base indique que l'agricultureurbaine est une occupatio qui a procuré auxagriculteurs et à leurs familles des moyens desubsistance durables et dans certains cas,pendant des décennies. Le maraîchage estl'activité la plus importante chez les famillesenquêtées - pour six familles sur Vingt-cinqenquêtées, il représentait leur seule source derevenus. Pour les autres, il représentait lap re m i è re parmi les trois plus importantesactivités familiales, procurant 82% du revenufamilial.

Bien que les producteurs ne vivent pas dansl'aisance, la production maraîchère off re desconditions de vie raisonnable comparativement auxoccupations d'un niveau d'éducation similaire. Septdes vingt-cinq agriculteurs interviewés étaientanalphabètes, neuf avaient appris le Coran ou ontété à l'école primaire, huit avaient le niveau moyenou secondaire du premier cycle et un avait fréquentéle secondaire. Les agriculteurs font état d'un profitannuel individuel allant de 600 à 1500 US$ et d'unprofit moyen annuel individuel de 1000 US$. Endehors des avantages financiers, le groupementmentionne l'agriculture urbaine comme sourc ed'emplois et d'une meilleure nutrition. Il est estiméque 95% des légumes consommés par les famillessont cultivés dans leurs parcelles.

Treize familles déclarent qu'elles ont épargné del'argent et n'ont aucune dette, alors que cinq autresindiquaient qu'elles ont à la fois une épargne et desdettes. Les sept autres enquêtées de l'échantillonn'ont ni épargne, ni dette. Les revenus tirés del'agriculture urbaine sont aussi reflétés par lesn i veaux de possession d'actifs physiques. Pa rexemple, treize des vingt-cinq ménages enquêtésétaient propriétaires de leurs maisons. L'étude aconduit une enquête sur la perception par lesagriculteurs de la richesse relative : seuls deux ontdéclaré qu'ils étaient légèrement en deçà de lamoyenne.

Selon les commentaires des agriculteurs, l'agricultureurbaine «est une source d'emplois, et plusrémunératrice que n'importe quel autre emploi qu'ilspourraient avoir compte tenu de leurs profils ». Ilsdéclarent que les autres peuvent être plus riches

qu'eux, mais ils sont mieux portants grâce à unem e i l l e u re nutrition qu'ils obtiennent de laconsommation de produits maraîchers. Legroupement est convaincu que l'agriculture urbainepeut être une voie de sortie de la pauvreté, mais aajouté que pour cela des terres plus vastes sontnécessaires. La terre est un facteur limitant pour laréduction de la pauvreté par le biais de l'agricultureurbaine.

Organisation et renforcement des capacitésdes groupementsLa perception de l'agriculture urbaine et l'impressionde pauvreté qui lui est associée contribuent aumanque de « voix » vécu par les agriculteurs.Renforcer leur organisation est une stratégie pourconstruire une cohésion et un appui interne, et unestructure par laquelle leurs besoins peuvent êtreexprimés.

Les relations entre agriculteurs furent généralementdécrites comme cordiales ou bonnes et selon laplupart d'entre eux, il existait une confiance et unevolonté de partager les informations. Il y a desententes communes pour utiliser l'eau courante àdes fins d'irrigation. L'association des maraîchers(créée en 2001) fut initialement motivée par lebesoin d'un appui social mutuel, ainsi que financier.L'adhésion est volontaire, mais il est attendu descandidats qu'ils payent des frais d'adhésion (environ2$), ainsi qu'une souscription mensuelle (1$). Lesniveaux de soutien mutuel sont bons, mais lepaiement des souscriptions est quelques fois retardéou manqué, ce qui limite la capacité du groupementà financer les intrants pour les exploitations ouaccorder des prêts aux membres.

Les agriculteurs ne possèdent pas de titre depropriété sur la terre qu'ils cultivent. Bien qu'il existedes ententes formelles entre les agriculteurs, il n'y apas d'accords écrits entre un quelconque individu ouune quelconque organisation reconnu. Bien qu'il y aiteu des tentatives d'éviction des agriculteurs, ilssentent que leur occupation des sols est garantiepour beaucoup d'années à venir. Les membres del'association ont déclaré qu'ils ont quelques foisrencontré des autorités municipales et d'autresorganisations pour discuter de leurs activités demaraîchage. A chaque fois qu'ils ont été invités, ilsont envoyé des représentants aux réunions du AccraMetropolitan Assembly (et participent aux groupes detravail du RUAF et du SWITCH). Malgré cela, legroupement ressent un manque de reconnaissancesociale pour faire connaître ses vues et sa situationaux organisations concernées. Cependant, il possèdela cohésion pour faire toutes choses possibles pours'opposer à toutes menaces sur ses activités. Legroupement informel n'a pas de relations avec lesautres organisations d'agriculteurs. Cependant, il ades interactions avec des organisations de rechercheet des institutions gouvernementales. Lesinformations sur l'agriculture leur sont données par

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Agriculture urbaine et intégration sociale

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le Ministère de l'Agriculture et IWMI. Les vendeursd'intrants agricoles leur fournissent également desinformations sur la bonne utilisation des produits.

ConclusionLes conclusions de l'étude à la base illustrentl'importance de l'agriculture urbaine en tant questratégie de lutte contre la pauvreté, de constructioncommunautaire et d'intégration sociale des groupesdésavantagés. Malgré l'instabilité du marché et lesautres contraintes, la performance de la productionmaraîchère d'Accra au cours des cinq dernièresannées a été bonne et offre des emplois durables etune sécurité alimentaire aux agriculteurs et à leursfamilles.

Il est important de combiner des approches quic h e rchent à garantir une utilisation durable etprofitable de l'eau dans l'agriculture urbaine aveccelles qui mettent l'accent sur l'intégration sociale etla réduction de la pauvreté. En particulier, lesprogrammes ont besoin d'appuyer le renforcementdes capacités pour le développement desgroupements, le réseautage, la commercialisation, lagestion financière et autres aptitudes. En définitive,cela re n f o rcerait l'accès aux opportunités del'agriculture urbaine, y compris l'accès à l'eau et sonmeilleur traitement et la facilitation des contactsentre groupements d'agriculteurs et les organes deprise de décision. Ces questions seront entièrementprises en compte dans les activités de suivi dans le

cadre du projet SWITCH (voir article sur Accra).

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11Notes de fin d'article1) Cet article est adapté de Nelson, V., Martin A.,Sutherland, A., Casella, D., Verhagen J. (2007), Socialinclusion and integrated urban water management, aconcept paper, NRI/University of Greenwich & IRC,SWITCH programme. Les informations sur l'AgricultureUrbaine et l'Intégration Sociale sont extraites du rapportde travail de terrain de l'étude à la base conduite àAccra et produit par Luke Abatania and Seth Agbottah.

Références Beall, J (2002) Globalisation and social exclusion incities: Framing the debate with lessons from Africa andAsia. Working Paper Series 02-27, Development StudiesInstitute, London School of Economics and PoliticalScience.Department for International De velopment (2005)Reducing poverty by tackling social exclusion, A DFIDpolicy paper. London.Silver, H. (1994) Social Exclusion and Social Solidarity:Three Paradigms. International Labour Review. Vol. 133,no. 5/6 pp. 531-578.

Les dire c t i ves portent sur la manière dedévelopper des objectifs basés sur la santé quipourraient être diff é rents sous certainscontextes. De plus, elles mettent en lumière lafaçon de conduire une évaluation comparativedes risques et une gestion effective aux diversesétapes de la chaîne d'évènements, de la

production d'eaux usées et de matières fécales,leur utilisation dans la production agricole,jusqu'à la vente et la consommation du produit.Les dire c t i ves présentent également uneméthodologie avancée de suivi qui d'inspire desleçons apprises depuis que le dernier groupede directives fut publié en 1989. Au cœur de cecadre figure la reconnaissance du besoin d'unea p p roche pluridisciplinaire incluant uneexpérience, des aptitudes et des capacités quivont au-delà de celles nécessaires pour desimples mesures de la qualité de l'eau. Lesdirectives de 2006 représentent un changementsignificatif par rapport à celles de 1989 en cequ'au lieu de mettre l'accent sur les normes dequalité de l'eau, l'accent est à présent mis surdes objectifs basés sur la santé et appuie unemyriade d'options de gestion pour les atteindre.Ce qui n'est pas connu est le niveau defaisabilité de beaucoup parmi les options

Test des nouvelles directives del'OMS de 2006 en situation réelle Dans la foulée de la publication de la troisièmeédition des Directives de l'OMS sur l'Utilisation Sainedes Eaux Usées, des Matières Fécales et des Eauxd'Egouts dans l'Agriculture et l'Aquaculture (2006),trois agences internationales et quelques dixpartenaires locaux se sont lancés dans un ensemblede projets au Ghana, en Jordanie et au Sénégal pourtester sur le terrain les méthodes et procéduresproposées dans ces directives sur différents sitesd'agriculture urbaine et périurbaine afin de réduireles risques dans les endroits où le traitementgénéralisé des eaux usées est trop onéreux et nonréalisable dans un futur proche.

Adrienne Martin Natural Resources Institute,University of Greenwich, UK.Email: [email protected] Verhagen (Corresponding Author) IRC International Water and Sanitation Centre,The Netherlands Email: [email protected] Abatania University of Ghana, Accra. Email: [email protected]

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proposées dans des contextes particuliers. L'initiative de cette activité est venue du Centrede Re c h e rche pour le Déve l o p p e m e n tInternational (CRDI) qui a reconnu quel'approche orientée sur le processus proposepar la nouvelle édition des directives aurabesoin d'être testée en situation de vie réellepour identifier les insuffisances en capacité etles opportunités pour leur renforcement. Ceciest particulièrement vrai pour les pays avec unepopulation importante d'agriculteurs utilisantdes eaux usées, mais aussi ceux confrontés àdes contraintes de ressources. L'OMS et la CRDI ont défini les objectifs duprojet comme suit:

• Identifier des options de non traitementéconomiquement, techniquement etsocialement appropriées pour la protectionde la santé. Celles-ci peuvent comprendredes restrictions de cultures, des techniquesd'application des eaux usées, des matièresfécales et des eaux d'égouts qui réduisentles niveaux d'exposition aux risques et desmesures de lutte contre ces risques commel'utilisation d'équipements de protectionindividuelle, d'une éducation à l'hygiène,des mesures de sécurité alimentaire, etc.,telles que préconisées par les directives del'OMS.

• Etudier la faisabilité et l'eff i c a c i t épotentielle des mesures de pro t e c t i o nsanitaires de non traitement en réduisant lefardeau de malignité associé à l'utilisationdes eaux usées, des matières fécales et deseaux d'égout.

• Ac c ro î t re la prise de conscience desd i re c t i ves au sein de la communautéinternationale de développement et parmiles gouvernements nationaux.

• Synthétiser les résultats des recherchesdans un document conjoint qui aidera lespays à faibles revenus à s'adapter auxdirectives de l'OMS pour leur applicationeffective selon les spécificités uniques àleurs circonstances.

Le résultat final de la re c h e rche sera undocument d'orientation capable d'aider lespraticiens à appliquer les méthodes préconiséespar les Directives de 2006.

Le CRDI, l'OMS et la FAO (qui ont consenti dèsle début du projet à participer à l'appui d'unequatrième étude de cas) ont approuvé lesprojets qui suivent :

• Ghana (Kumasi): Evaluation des options de

non traitement pour la maximisation desa vantages sur la santé publique desd i re c t i ves de l'OMS qui président àl'utilisation des eaux d'égouts dans laproduction maraîchère urbaine.

• Ghana (Tamale) : Minimisation des risquesliés à l'utilisation de matières fécales etd'eau d'égout par les agriculteurs urbainspauvres dans la municipalité de Tamale.

• Jordanie: Utilisation saine des eaux d'égoutpour l'agriculture dans le Camp de Réfugiéde Jerash : l'accent est mis sur les aspectstechniques, institutionnels et managériauxdes options de non traitement.

• Sénégal (Dakar): Intégration et applicationdes directives sur la réutilisation des eauxd'égout et des matières fécales dansl'agriculture.

Les projets ont débuté leurs opérations en avril2007 et cette année tous les quatre projetscomplèteront leur recherche. De plus, le projetprésentera ses résultats préliminaires et unguide d'information à la Semaine Mondiale del'Eau à Stockholm. En mars 2009, l'atelier de finde projet sera organisé à Amman et les résultatsfinaux seront partagés entre toutes les équipes.

Les agences parties prenantes sont le Centre deRecherche pour le Développement International(CRDI) dont le siège est à Ottawa, Canada;l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) etl ' Organisation des Nations Unies pourl'Alimentation et l'Agriculture (FAO). Contacts: OMS: Robert Bos [email protected] FAO: Ines Beernaerts [email protected]: Mark Redwood [email protected]

Les Directives de l'OMS peuvent être commandées àpartir du bureau de l'OMS Genève, ou téléchargées àl'adresse : www.who.int/water_sanitation_health .

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A Montréal, un projet d'habitation a gagné une attentioninternationale pour son très peu d'impacts négatifs sur

l'environnement et sa gestion novatrice de l'utilisation de l'eauPhoto : Sara Finley/www.ecohabitation.com

Test des nouvelles directives de l'OMS de 2006 en situation réelle

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Cependant, de récentes études suggèrent aussiqu'ils existent beaucoup de causes depréoccupation dans la mesure où les toxinesindustrielles et domestiques commencent àatteindre des niveaux dangereusement élevésdans les zones périurbaines. Cet article examinequelques unes des conséquencese n v i ronnementales et sanitaires liées àl'agriculture urbaine à Kano, au moment où lessources d'irrigation deviennent de plus en pluspolluées.

Disponibilité et qualité de l'eau Kano est en rapide croissance. Les statistiquesdu recensement le plus récent conduit en 2007,qui n'est pas rendu public, suggèrent que Kanocompte actuellement une population qui frôleles quatre million d'habitants. La région fait

aussi face à une pluviométrie faible et instable,la plupart des précipitations ayantprincipalement lieu au cours des cinq mois de «saison des pluies », entre mai et septembre. Il ya chaque année, dans le voisinage de Kano, unesérieuse déficience en eau qui peut durerjusqu'à sept mois. La production en saisonsèche n'est possible que dans les zones dedépressions basses, où la nappe phréatiquea ff l e u re la surface (appelées fadamas enHaoussa). Il existe une féroce compétition pourles parcelles périurbaines sur lesquelles unepareille culture irriguée est possible.

La combinaison de la faiblesse et de l'instabilitéde la pluviométrie de Kano, sa populationcroissante et la pollution industrielle causée parles usines avoisinantes menace la quantité et laqualité des ressources locales en eau. Lesindustries de tannerie et de textile, plus grandeutilisatrices d'eau et productrices d'eaux usées,sont les principales sources de pollution. Lesdéchets sous produits de ces tanneriescontiennent de fortes concentrations de métauxlourds en chrome et cadmium. Ce qui rend leproblème plus complexe est l'offre inadéquatede la ville en matière d'assainissement dont laconséquence est le rejet d'effluents dans lescours d'eau et les canalisations. Lacontamination des un risque majeur pour lasanté humaine.

A cause de la rareté récente del'eau, les eaux usées domesti-ques et de ruissellement deszones résidentielles avaient étéréduites

Mesure de la qualité de l'eauAu cours de l'étude de terrain conduite en 2002à sur trois sites agricoles dans la zone urbaineet périurbaine de Kano, des prélèvements d'eau

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Qualité des eaux de surface etproduction alimentaire périurbaineà Kano, Nigeria Roy Maconachie

Institute for Development Policy and Management (IDPM) University of Manchester

Email: [email protected]

Kano, la plus grande ville du nord Nigeria, alongtemps été un marché important de ressourcesproduites dans sa zone périurbaine. L'agricultureurbaine y est en particulier très répandue et esttolérée comme une importante réponse auxconditions économiques et sociales auxquellesbeaucoup de pauvres sont confrontés. Des étudesprécédentes conduites dans la région ont conclu queles fermes urbaines ont une contribution significativedans la nutrition de la ville, la sécurité alimentairedes ménages, l'emploi et l'environnement (1).

Les niveaux de pollution des sources d'eau varient selonla période et l'espace

Photo : Roy Maconachie

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ont été effectués à divers endroits entre GetsiStream et Jakara River. Une tentative d'examende la qualité de l'eau dans le temps et l'espacea été conduite. Le site de Kofar Ruwa et celui deJakara, de l'autre côté de la route de l'aéroportfurent choisis parce qu'ils se situent non loin duc e n t re ville, dans des zones densémentpeuplées, tandis que le site de Kw a r i n -Dankukuru se trouve dans la périphérie urbaine.A Kwarin-Dankukuru, les échantillons d'eau ontété prélevés, à la fois, d'un canal d'irrigation etd'un forage (6-8 mètres de profondeur), pourque des comparaisons entre les deux sourcespuissent être effectués. Des échantillons d'eaufurent également prélevés de Getsi Stream dansle Domaine Industriel voisin de Bompaï,puisque celui-ci représente la principale sourcede pollution industrielle à Kwarin-Dankukuru.Tous les deux cours d'eau échantillonnés étaientdes sources majeures d'eau d'irrigation pour lesagriculteurs périurbains. Pour chaqueéchantillon, des procédures standards ont étésuivies pour l'analyse des éléments sélectionnés: le cobalt, le cuivre, le fer, le manganèse, lenickel, le plomb, le chrome, le mercure, lecadmium, le magnésium et le calcium - certainesdes éléments sont typiquement associés auxtanneries et usines textiles, deux des plusgrands pollueurs les domaines industriels deK a n o. L'investigation n'a pas examiné lesniveaux d'agents pathogènes associés à lacontamination par les matières fécales (pourinformation, voir Tanko, 1997). La plus grandepartie de l'échantillonnage a été réalisée aucours du mois d'Avril, à la fin de la longuesaison sèche, puisque celle-ci fut une périodecritique pendant laquelle les agriculteursprocédaient à une irrigation sur une basequotidienne et qu'il n'y avait pas de flux d'eaun a t u relle pour diluer les toxines dans lescanaux. Cependant, un ensemble deprélèvements furent effectués au mois d'août, lemois le plus pluvieux, pour comparer la qualitéde l'eau en saison sèche et en saison humide.Les spécimens d'eau furent prélevés tôt lematin, comme dans l'après-midi parce qu'il futnoté que les usines locales rejetaient despolluants dans les cours d'eau à différentsmoments de la journée, causant des variationstemporelles journalières dans la qualité del'eau. Les résultats de l'analyse sont présentéset discutés en détails dans Maconachie (2007).En plus des données quantitatives collectées,des interviews furent effectuées avec lesp roducteurs sur chaque site, et leurspréoccupations pour une eau de qualité laissentpenser qu'il existe un besoin urgent d'apporter

une solution aux considérables risquess a n i t a i res et environnementaux associés àl ' a g r i c u l t u re dans la région urbaine etpériurbaine de Kano.

Le site de Kwarin-DankukuruSur le site de Kwarin-Dankukuru, point deconfluence de Jankara River et Getsi Stream,l'analyse a révélé des niveaux élevés de toxines.Les commentaires des agriculteurs furent queles années précédentes, d'importants volumesd'eau en provenance des zones résidentiellesdiluaient la pollution causée par les industries,même en saison sèche, mais à cause de larécente rareté de l'eau, son utilisationdomestique, et conséquemment, lesécoulements des zones résidentielles se sontréduits. Il a été aussi noté que les eaux uséesprovenant du domaine industriel de Bompaïsont rejetées sans aucune forme de traitementdans le Getsi Stream. Tous les agriculteursinterviewés à Kwarin-Dankukuru ont exprimé dev i ves inquiétudes sur l'actuelle situationenvironnementale du site et les conséquencesque celle-ci pourrait avoir sur leur santé. Lesagriculteurs pouvaient faire le constat desniveaux de toxicité de l'eau à travers sa couleuret donner des descriptions détaillées desvariations temporelles de sa qualité.

Les observations des agriculteurs suggèrentqu'il y a un besoin clair de réglementation de lacontamination industrielle par les autorités.Alors que certains contaminants ont été trouvésdans l'eau du forage, celle-ci ne contenait pasde métaux lourds. Bien que les précédentesre c h e rches aient révélé des traces de cesmétaux dans l'eau des puits peu profondscreusés à la main autour de l'établissementhumain de Bompaï (Tanko, 1997), aucunepreuve d'une pareille contamination n'a ététrouvée dans l'étude actuelle, ce qui fait penserque les sources d'eau profonde pourraient êtreune bonne alternative pour les agriculteurs des

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Il existe trois mauvaises couleurs [d'eau]visibles à différentes périodes. La couleurrouge huileuse et la couleur verte huileusetuent les cultures et lorsque nous les voyons,nous fermons immédiatement nos pompes.L'eau bleuâtre est corrosive et cause desrougeurs au contact de la peau. Nous nouslavons toujours les mains après un contactavec cette eau (personal communication, April2002).

Qualité des eaux de surface et production alimentaire périurbaine à Kano, Nigeria

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zones urbaines et périurbaines de Kano pourl'irrigation de leurs cultures. Cependant, desétudes longitudinales sont d'urg e n c enécessaires pour clarifier les risques sanitairessur les agriculteurs et les consommateurs.

Site de JakaraA la différence de l'eau du Getsi Stream, leFleuve Jakara n'a montré aucune preuve depollution aux métaux lourds.

Les agriculteurs rapportent desdifférences de couleurs dans leseffluents à différentes périodesde la journée

En fait, le Jakara se jette dans le Getsi et aideainsi à diluer les toxines provenant destanneries et des usines textiles dans le segmentaval du système du Getsi. Cependant, l'analysechimique de prélèvements d'eau du Jakara arévélé la présence à haute concentrationd'autres polluants comprenant le cobalt, lemanganèse et le fer. Les eaux du canal de Jakarapermettent une production maraîchèresubstantielle et les agriculteurs déclare n tobserver des différences de couleurs dans leseffluents à différentes périodes de la journée.L'analyse des prélèvements d'eau a aussi reflétéces variations temporelles dans la qualité del'eau.

Le site de Kofar RuwaLe site de production de Kofar Ruwa est situésur la plaine inondable d'un petit affluent duJakara River qui sert de déversoir aux eauxusées urbaines des zones de constructionsituées en hauteur. La construction d'un schémad'épuration des eaux d'égout dans la zone a étéabandonnée depuis longtemps et les sourcesqui fournissent l'eau d'irrigation pour la

production maraîchère sont fortement polluéeset ont été étiquetées comme objet depréoccupations environnementales et sanitairesmajeures. Les interviews avec les agriculteurs àKofar Ruwa suggèrent que la préoccupation parrapport à la qualité de l'eau disponible étaitégalement une question d'importance pourbeaucoup d'agriculteurs. D'après un cultivateur,l'odeur comme la couleur des sources d'eauchange périodiquement, en particulier, pendantla saison sèche, et parfois, la mauvaise qualitédes eaux d'irrigation « brûle » la laitue et causeson « assèchement ». bien qu'aucune trace demétaux lourds ne fut détectée sur lesp r é l è vements effectués à Kofar Ruwa, desniveaux de toxicité de certains contaminantsdomestiques, en particulier le manganèse, ontété constatés. De plus, plusieurs personnesenquêtées ont mentionné une pénuriegénéralisée d'eau pendant la saison sèche etque les agriculteurs étaient fréquemmentobligés de recourir à une eau de mauvaisequalité sur leurs parcelles. Conclusion Il existe actuellement de fortes causes depréoccupation chez les agriculteurs périurbainsde Kano, car les toxines industrielles etdomestiques sont en train d'atteindre desn i veaux dangereusement élevés et lesre s s o u rces environnementales nécessaires àl ' a g r i c u l t u re deviennent de plus en pluspolluées. Le traitement des eaux et lesinstallations et services de fourniture d'eau sontvirtuellement inexistants. De même, la rareté etle coût prohibitif des eaux d'irrigation et desengrais chimiques sont tels que ceux quis'engagent dans l'agriculture urbaine n'ontd'autres choix que celui d'utiliser les sourcesd'eau contaminée. L'eau de surface locale estd'une importance vitale et les eaux souterrainespeu profondes trouvées dans les dépressionsdes fadama, où une grande partie de laproduction agricole a lieu, sont hautementpolluées par des déchets urbains et industriels.

Néanmoins, les faits suggèrent que les niveauxde pollution des sources d'eau urbaines etpériurbaines varient temporellement commespatialement et qu'il peut exister des périodeset des lieux plus sûrs où l'agriculture peut êtreencouragée par les autorités. Par conséquent,pour l'agriculture urbaine, il existe un besoinréel d'une étroite surveillance et une urgencedans l'amélioration de sa gestion. Si lesautorités locales pouvaient mettre en valeur lescaractéristiques bénéfiques des eaux uséesdomestiques, les problèmes de la pollution des

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Agriculture urbaine aux abords d'une usinePhoto : Roy Maconachie

Qualité des eaux de surface et production alimentaire périurbaine à Kano, Nigeria

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eaux de surface serait non seulement mitigés,mais de précieuses ressources en eau seraientconservées et la dépendance au engraisc o m m e rciaux pourrait être amoindrie (vo i rPescod, 1992). Cependant, puisque lesrépercussions sanitaires d'une exposition à longterme aux toxines ne sont pas connues, il esturgemment nécessaire d'effectuer une étudelongitudinale impliquant les aménagistes, leschercheurs en agriculture et les spécialistes dela santé.

Même si des textes de loi sur le découpagedans les zones industrielles existent, ils ne sontque faiblement appliqués. Les sanctions pourviolation des normes industrielles sont trèslaxistes, et dans certains cas, inexistantes. Lescapacités de gestion de la pollution industriellesont financièrement et techniquement trèslimitées au niveau institutionnel et il y a uneabsence d'une mise en œuvre effective des loissur la gestion environnementale. Des incitationscommerciales sur le principe du « pollueur,payeur », ou des prêts, des subventions et descrédits d'impôts pour un comportementécologiquement responsable n'existent pas, ousont inefficaces. Les responsabilités pour lamise en œuvre des mesures de lutte anti-pollution ne sont pas clairement définies ; c'estainsi que le gouvernement local et legouvernement fédéral ont souvent des conflitsde compétence.

Les agriculteurs rapportent desdifférences de couleurs dans leseffluents à différentes périodesde la journée

D'importants investissements et actionsc o m m u n a u t a i res sont nécessaires pour lagestion des déchets urbains et périurbains.

En résumé, la coordination entre agences del ' e n v i ronnement est faible et un nouve a up rogramme d'action concerté constitue uneu rgence pour encourager des stratégiesefficaces de gestion de l'environnement urbainet périurbain. En conséquence, il demeureessentiel que le gouvernement et les acteursinstitutionnels procèdent à un suivi efficace etmettent en vigueur les textes de loi surl'environnement et le zonage, si les contraintessanitaires et environnementales doivent êtrevaincues et que la viabilité future de laproduction doit être assurée.

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Les interventions comprennent de meilleurespratiques d'irrigation

Photo : IWMI - Ghana

Il existe un besoin urgent de surveillance de l'agriculture urbaine et des améliorations dans la gestion.

Notes1) Voir Binns and Fereday, 1996; Binns and Lynch, 1998;Olofin et al, 1997

RéférencesBinns, T. and N. Fereday (1996) Feeding Africa's urbanpoor: urban and peri-urban horticulture in Kano, Nigeria.Geography 81(4), 380-384.Binns, T. and K. Lynch (1998) Feeding Africa's growingcities into the 21st century: the potential of urbanagriculture. Journal of International Development 10(7),777-793.Maconachie, R.A. (2007) Urban Growth and LandDegradation in Developing Cities: Change andChallenges in Kano. Aldershot: Ashgate.Olofin, E.A., N. Fereday, A.T. Ibrahim, M. Aminu Shehuand Y. Adamu (1997) Urban and peri-urban horticulturein Kano, Nigeria. Natural Resources Institute, Chatham.Pescod, M.B. (1992) Wastewater treatment and use inagriculture. FAO Irrigation and Drainage Paper 47. Foodand Agriculture Organization of the United Nations,Rome.Tanko, A.I. (1997) Project profile on the utilisation ofhuman excreta ("night soil") in urban and peri-urbanKano. A Part "C" Report, UNDP/KASEPPA, Kano.

Qualité des eaux de surface et production alimentaire périurbaine à Kano, Nigeria

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Ensemble, Ouagadougou et Bobo-Di o u l a s s orassemblent près du quart de la populationurbaine du pays. Depuis les années 60, len o m b re de sites dans la seule ville deOuagadougou sur lesquels des pro d u i t smaraîchers exotiques sont cultivés sont passésde quelques uns à plus de 50, représentantenviron 2500 ha pour satisfaire la demandec roissante des consommateurs urbains. Unnombre assez important d'études a été conduitsur les risques sanitaires et environnementauxassociés à une utilisation inappropriée des eauxnon traitées et polluées dans ces villes.Cependant, la mise en œuvre de diversesrecommandations pour des pratiquesd'irrigation plus saines a été excessivement

lente ou presque inexistante. Pour en apprendredavantage de la part des agriculteurs et de leurssystèmes d'irrigation, des informations furentcollectées auprès de 570 maraîchers sur 13 sitesde Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso au coursde la saison sèche en 2006 et 2007.

Qui sont les utilisateurs d'eau? La quasi-totalité des agriculteurs sont deshommes avec une moyenne d'âge de 37 ans. Lamajorité n'a reçu aucune éducation et utilisel'eau pour la production maraîchère depuis 13ans en moyenne. Pour la plupart desagriculteurs, le maraîchage est leur principale oudeuxième source de revenus.

L'environnement urbain est trèsinstable

Il les aide à prendre en charge en moyenne septpersonnes (dans leurs ménages ou familles).Les agriculteurs cultivent des légumes(principalement de la laitue, la carotte, leschoux et l'oignon) sur de petites parcelles de0,12 à 0, 35 ha héritées, empruntées oudonnées de manière informelle.

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Utilisation par un agriculteur d'un arrosoir pour l'irrigationPhoto : Sangaré Drissa

De nombreuses études ont mis l'accent sur lesrisques sanitaires associés à l'utilisation inadéquatedes eaux usées ou des eaux polluées pour lesconsommateurs tout comme les agriculteurs dans laproduction maraîchère urbaine au Burkina Faso.Néanmoins, cette utilisation est une réalité de tousles jours, et à ce niveau, la compréhension desstratégies des agriculteurs est essentielle pourmettre en œuvre des mesures pour des pratiquesd'irrigation plus saines.

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Source et utilisation de l'eauLes agriculteurs obtiennent la principale partiede leur eau d'irrigation de puits peu profonds,de marres artificielles, ou de rivières situées àmoins de 50 m de leurs fermes. A Bobo-Dioulasso, plus du tiers des agriculteursre c o u rent au Fl e u ve Houet comme leurprincipale source d'eau d'irrigation surl'ensemble de l'année, alors qu'à Ouagadougou,ils utilisent principalement l'eau de puits peup rofonds et de marres artificielles. Lesagriculteurs utilisent différentes sources d'eau,en particulier en saison sèche, période au cours

de laquelle l'étude s'est déroulée. Quatre systèmes d'irrigation ont été identifiés(voir tableau).

Principaux systèmes d'irrigation

Certains agriculteurs (environ 25%) perçoiventque la mauvaise qualité de l'eau d'irrigationconstitue des risques aussi bien pour eux-mêmes qu'aux consommateurs. Cependant, laqualité de cette eau n'a pas été mentionnéecomme cause de maladie parmi les agriculteurs.Les questions sanitaires liées à l'utilisation deseaux usées non traitées sont complexes enmilieu urbain, en particulier chez lespopulations pauvres. Que veut dire qualité del'eau dans un contexte où certains agriculteursn'ont pas eux-mêmes d'eau potable à boire. Deplus certains d'entre eux se plaignent que desgénéralisations sur la qualité de leur eaud'irrigation soient faites.

A Ouagadougou, les agriculteurs ont unepréférence pour les systèmes 1 et 2, alors queles systèmes 3 et 4 sont utilisés plus souvent àBobo-Dioulasso. Ces villes sont confrontées àdes contraintes différentes en termes de sols etd'eau. La pression foncière est plus forte àOuagadougou et l'eau est plus disponible surl'ensemble de l'année à Bobo-Di o u l a s s o.

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Le Fleuve HouetLe nom de la province du Houet, dans laquelleBobo-Dioulasso est la plus grande ville, vient dufleuve qui traverse l'agglomération. Les eaux enamont de ce fleuve sont utilisées pour le lavagedes habits (surtout par les femmes), le maraîchageetc. Les eaux en aval sont principalement utiliséespour la culture de légumes. Le Fleuve Houetcharrie également les déchets liquides et solidesdes habitations et de l'abattoir qui le longe. Enplus de la contagion microbiologique, l'eau de cefleuve contient parfois de fortes concentrations desubstances chimiques dangereuses (Tarnagda etal., 2001; Toe et al., 2004).

Au cours d'une discussion informelle, le doyendes agriculteurs du site de « Boulmiougou » àOuagadougou (qui cultive des légumes sur ce sitedepuis presque 35 ans) déclarait : « Si cette eaun'était pas bonne, nous aurions été les premiers àmourir, avant les consommateurs de nos produits.Beaucoup de fonctionnaires et d'expatriés sontmes clients. Je ne leur demande jamais de reveniracheter ; ils le font volontairement ».

*) Les agriculteurs utilisent une ou plusieurs sources d'eau. Pour cette étude, nous avons pris en compte les principales sources pendant la saison sèche.

Source: Auteur

Pratiques d’irrigation des agriculteurs au Burkina Faso

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L'utilisation d'un système particulier d'irrigationest aussi basée sur le type produit cultivé et ladisponibilité de la main d'œuvre. Par exemple,lorsqu'un agriculteur augmente la surfaceallouée dans son système cultural à la culturede choux et de laitue, l'utilisation du système 2devient une contrainte. Le système 2 estprincipalement utilisé par des agriculteurs plusanciennement établis (généralement desautochtones), alors que le système 1 l'est par dejeunes migrants, ou de nouveaux arrivants dansle secteur. Les agriculteurs préfèrent aussi lesystème 1 lorsqu'ils ont une perception positivede la disponibilité en eau et lorsqu'ils sontmembres (ou non ?) d'organisations paysannes.Lorsqu'un agriculteur a un grand nombre de safamille impliqué dans la commercialisation et laproduction, les systèmes 2 et 3 dominent (lamoto pompe, du fait des fonds disponibles). Dem a n i è re fort intéressante, la sécurité del'occupation foncière n'affecte pas l'adoption deces systèmes. Ces systèmes d'irrigationsemblent déjà être adaptés à l'environnementurbain incertain dans lequel les agriculteursopèrent.

L'environnement urbainLa majorité des agriculteurs s'accordent sur lefait que l'environnement urbain est instable, enparticulier, en matière de prix (des intrantscomme de la production) et de sécurité foncière.A Ouagadougou, l'insécurité foncière est unedes plus importantes sources d'incertitude pour53% des agriculteurs, pendant qu'à Bobo-Dioulasso, celle-ci est représentée par les prixdu marché. Le climat et les risques sanitairessont mentionnés par moins de 10% desagriculteurs des deux villes comme sourcesd'incertitude. Ils ont développé quelquesstratégies pour faire face à ces sourc e sd'incertitude, comme le mélange des culturesdans différents cycles de leur système cultural etle maintien d'un flux continu de revenus, desorte à pouvoir faire face à des évènements etcérémonies sociaux imprévus. Une importantestratégie consiste à maintenir de bonnesrelations avec les chefs traditionnels de la zone,les doyens sur le site et la population vivant auxalentours. Ils essaient également de maintenir lesite débarrassé de déchets solides,généralement sur leurs parcelles et dans unrayon de 5 m autour.

Appui aux agriculteursLes agriculteurs maraîchers urbains font partiedes groupes socioéconomiques les plus pauvresà Bobo-Dioulasso et Ouagadougou. Lespratiques d'irrigation dans ces villes dépendentde facteurs à la fois socioéconomiques etenvironnementaux et sont déjà adaptées àl'insécurité foncière dans ces villes. Cesagriculteurs pourraient être appuyés par:• Une formation plus sûre et une gestion plus

e fficace de l'utilisation des eaux, sansbeaucoup changer les systèmes d'irrigationexistants (au cas contraire la sécuritépourrait devenir une contrainte importante);

• Le re n f o rcement des capacitésopérationnelles des autorité locales engestion intégrée des (déchets) eauxurbaines et de l'assainissement, parexemple, en limitant et réduisant le pluspossible les sources de pollution chimiques;

• La facilitation d'un dialogue constructifentre les organisations d'agriculteurs et lesautorités locales.

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Références

Tarnagda Z., Toe A., Ido G. , Kone S. Pollutionchimique et micro biologique des eaux du marigotHouët: mort massive des silures et menaces a n i t a i re des populations riveraines, "L'Eau,L'industrie, Les Nuisances", Hors Série N°8Spécial Décembre 2002, p. 49-57

Toe A., Kinane L. M., Kone S., Sanfo-Boyarm E. Lenon respect des bonnes pratiques agricoles dansl'utilisation de l'endosulfan comme insecticidecoton au Burkina Faso : quelques conséquencespour la santé humaine et l'environnement. RASPA,2004, vol. 2, N°3-4, p. 275-280.

Modeste L. Kinané, FAO RAF, Accra, Ghana Email: [email protected] Tougma, IDR, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso Denis Ouédraogo, IDR, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso Moise Sonou, FAO RAF, Accra, Ghana

Pratiques d’irrigation des agriculteurs au Burkina Faso

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Approvisionnement en eau etagriculture urbaine à Bulawayo

L'eau à BulawayoBu l a w a yo est la deuxième ville la plusimportante du Zimbabwe. Elle compte unepopulation d'environ un million d'habitants.Située dans la partie sèche du pays, elle reçoitannuellement moins de 800 mm de pluie en été(novembre - mars). Le maintien d'une fournituresuffisante en eau a toujours été un défi. Lesbarrages d'approvisionnement se remplissentr a rement et leurs niveaux de re m p l i s s a g ebaissent pendant la saison sèche, les rendantincapables de satisfaire la demande. Enconséquence, les autorités municipales mettentsouvent en place des mesures de rationnementpour limiter la consommation en eau desrésidents. La demande journalière moyenne dela ville est de 150 000 m3, alors que la capacitéactuelle des barrages n'est que de 130 000 m3.Par exemple, les parcelles domestiquesreçoivent 450 litres des autorités locales. En2007, des coupures d'eau par ro t a t i o n ,consistant à la suspension de la fournitured'eau d'un quartier sur une période de temps,furent mis en place.

La ville fournit l'eau usée pourl'irrigation

Agriculture Urbaine La ville a recouru à diverses sources d'eau pourl'agriculture urbaine. Celles-ci comprennent desforages et l'eau usée traitée. La politiqued'orientation de la ville en matière d'eaupotable stipule que l'utilisation prioritaire va àl'usage domestique. Celle-ci s'applique enparticulier à l'eau de forage. Là où existe unforage, la priorité va à l'utilisation domestiquecomme la cuisine, la toilette et la boisson.D ' a u t res utilisations comme l'arrosage desplantes et l'entretien des animaux sontsecondaires. Les forages sont gérés localementpar les communautés où elles sont situées.

La municipalité a été capable de fournir l'eauusée traitée à nombre d'agriculteurs dansd i verses localités. Le RUAF a donné lefinancement au site d'un projet pilote à laPlantation de Gomme pour améliorer lafourniture d'eau en faisant le revêtement duprincipal canal d'irrigation pour éviterl'infiltration de celle-ci.

Neuf parcelles maraîchères qui sont gérées parle bureau des services sociaux du Départementde l'Habitat et des Services Communautairesutilisent de l'eau usée traitée. Les bénéficiaires

L'irrigation par les eaux usées urbaines est pratiquéesur de nombreux sites urbains et périurbains despays en développement. Au Zimbabwe elle estlargement restreinte à l'irrigation des pâturages(Chimbari et al., 2003). L'eau usée est de plus enplus utilisée dans l'agriculture urbaine et périurbaine,contribuant ainsi à la subsistance des agriculteurs( p a r t i c u l i è rement pauvres). Il est nécessaired'identifier des mesures de sauvegarde sanitairepratiques et bon marché qui ne mettent pas endanger les moyens d'existence de ceux quidépendent des eaux usées.

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Maintenir une offre suffisante d'eau a toujours été un défi à Bulawayo

Photo : MDPESA

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sont principalement des personnes âgées et despersonnes sans ressources qui pratiquent lemaraîchage principalement pour laconsommation domestique et parfois pour lavente afin de générer des revenus. La municipalité gère également la Parcelle deCulture de Gomme, un immense projet de jardinc o m m u n a u t a i re sur une surface estimée àquatre kilomètres carrés et demi. Cette parcellereçoit la plus grande partie de l'eau usée traitée.Les bénéficiaires sont choisis parmi plusieursbanlieues surpeuplées de la ville et chaquefamille bénéficiaire reçoit une certainesuperficie. La ville fournit l'eau d'irrigation. Lesparcelles des bénéficiaires ont été subdiviséesen blocs. Chaque bloc est attribué un jour de lasemaine pour l'irrigation des ses cultures. Leconseil municipal emploie deux agents devulgarisation qui aident les résidents en leurdonnant de bons conseils sur les pratiquesculturales et des mesures de préservation del'environnement. Avec la disponibilité de l'eau,les bénéficiaires peuvent cultiver en toutesaison. Ils cultivent des légumes, des haricotssucrés et du maïs.

Les agriculteurs qui utilisentl'eau usée traitée ont besoin deformation pour la manipulationde cette eau

Selon les estimations des dirigeants de lamunicipalité, les bénéficiaires produisent assezpour leur consommation familiale et gagnent enmoyenne 70 USD mensuellement à partir de lavente du surplus de leurs parcelles. Il est aussiestimé que 60% des légumes du Gu mPlantation Allotment sont vendus dans la ville,alors le restant est exporté vers Franscistown,dans l'état voisin du Botswana. Pendant savisite du site, l'auteur de cet article a été témoind'un grand nombre d'acheteurs conduisant descamions à wagons venus du Botswana en trainde charger des légumes qu'ils vont revendredans leur pays.

En dehors des projets communautaires qu'ildirige, le conseil municipal possède ses propresprojets d'agriculture urbaine, à l'intérieur et auxlimites de la ville. Il élève par exemple, au GumPlantation Allotment, des chevaux utilisés pourles patrouilles équines et pour le Mazwi NaturePark, un projet d'écotourisme. Situé au nord dela ville, le Aisleby farm est un autre projetd'agriculture urbaine du conseil municipal quicompte 2000 à 2500 têtes de bétail. En hiver, leconseil municipal cultive aussi du blé. Le blécomme le fourrage pour les animaux sontirrigués avec de l'eau usée traitée.

Prise de conscience sur l'utilisation deseaux uséesLes agriculteurs qui utilisent l'eau usée traitéen'ont pas été formés à sa manipulation. Uneétude à la base conduite en 2005 chez lesagriculteurs urbains de la ville a montré que laplupart d'entre eux (62%) utilisait de l'eau uséedepuis plus de six ans. Dans leur majorité(89%), ils se sentaient à l'aise avec l'eau uséeet celle-ci était leur seule source d'eaud'irrigation. Ceux d'entre eux qui préféraientl'utiliser (62%) justifiaient leur préférence parcequ'ils reconnaissaient que cette eau est fertileet qu'ils n'avaient pas besoin d'acheter del'engrais, alors que ceux qui trouvaient sonutilisation inconfortable (11%) préféraient avoirune autre source d'eau qu'ils peuvent utiliserpour boire et cultiver une vaste gamme d'autrescultures qui ne sont pas frappées de restriction.En termes de risques sanitaires associés àl'utilisation de l'eau usée, 70% en étaient

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Approvisionnement en eau et agriculture urbaine à Bulawayo

Forages autour de BulawayoPhoto : MDPESA

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conscients mais ne pouvaient pas énumérer letype d'infections qu'ils pouvaient avoir. Laconnaissance des types de cultures quipouvaient être pratiquées avec l'eau usée s'estrévélée élevée (74).

62% des agriculteurs sentaient que l'autoritélocale apportait suffisamment d'appui sous laforme de terre et d'eau qu'ils obtiennentgracieusement, alors que pour le reste, cetappui n'était pas suffisant. L'autorité locale, deson côté, s'interrogeait sur la viabilité du servicede fourniture et de pompage de l'eau uséeparce qu'il devenait trop onéreux. De plus, bienque l'appui fût perçu comme nécessaire, ildevait être guidé par les politiques et les textesjuridiques. Pour garantir la pérennité du service,les agriculteurs étaient disposés à payer (91%)des services de fournitures d'eau usée et demaintien du système.

Les autorités locales sont les acteurs clés del'agriculture urbaine et leur engagement etparticipation sont cruciaux. Elles peuvent aiderles agriculteurs à garantir la disponibilité del'eau pour l'agriculture urbaine, qu'elle soittraitée, ou sous d'autres formes comme l'eau deforage. Elles peuvent aussi jouer un rôleimportant dans la résolution des effets négatifsde l'utilisation de l'utilisation de l'eau usée, àtravers des services de vulgarisation et deformation en faveur des agriculteurs.

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Références

1. Bulawayo City Council (2000). UrbanAgriculture Policy Guidelines.2. Bulawayo Core Team and ISWD (2005).Bu l a w a yo Urban A g r i c u l t u re Ba s e l i n eSurvey.3. Ndebele, JJ (2005). Urban agriculture inBulawayo - Paper presented at Policy andLegislation Wo rkshop on Ur b a nAgriculture, Harare.4.Chimbari, M,J; Madyiwa, S; Mukaratirwa,S and Musesengwa, R. (2003). PollutionImplications of Disposing Wastewater onPastureland. Final Project report. WARFSA

Takawira Mubvami et Percy ToriroMunicipal Development Partnership Eastern and Southern AfricaEmail: [email protected]

Les bénéficiaires produisent une quantité suffisante pourla consommation domestique

Photo : MDPESA

SWITCH appui la Coopérative Huairou dans l'améliorationde l'utilisation des eaux pluviales

Photo : René van Veenhuizen

Approvisionnement en eau et agriculture urbaine à Bulawayo

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A l ' a ve n i r, tous les jard i n sutiliseront la collection de l'eaupar les toits et l'irrigation goutte-à-goutte

Disponibilité de l'EauPort Elizabeth n'est pas une région aride,cependant, la quantité substantielle deprécipitations qu'il reçoit est souvent den a t u re périodique et torre n t i e l l e .L'ensemble des jardins Ubuntu a accès àl'eau courante fournie par la municipalité etles écoles et les cliniques où ces jardinssont situés sont des institutions publiquesqui n'ont pas les moyens de payer pourcette eau qui est toujours propre et dequalité raisonnable. Il existe néanmoins desrestrictions sur la quantité d'eau quechaque institution peut utiliser pourl'irrigation, et durant les périodes desécheresse, des restrictions sévères sontposées pour l'utilisation de l'eau à des finsde maraîchage.

Gardant ses facteurs à l'esprit, Ubuntucherche à développer des systèmes demaraîchage efficaces et parc i m o n i e u s e sdans leur utilisation de l'eau, donnant lapriorité à des technologies simples à faiblecoût et adaptées au milieu urbain.L'utilisation de ces techniques dans lesjardins maraîchers urbains a participé à uneforte productivité et un rendement en toutessaisons de bette à carde, de betterave, depoivron vert, de brocoli et de chou-fleur eta empêché les pénuries périodiques d'eaude devenir un problème important. Al ' a ve n i r, tous les jardins utiliseront lacollecte d'eau à partir des toits et l'irrigationgoutte-à-goutte, avec une élimination quasi-complète de l'eau courante.

Pratiques d'économie d'eauDans la mise en place d'un site maraîcher,la topographie est d'abord étudiée pour voirs'il est suffisamment inondable et qu'ilpermet un ruissellement à partir deschaussées et des toitures. Si cela pose unegrande difficulté, un canal d'à peu près unm è t re de largeur est cre u s étransversalement tout le long du jardin etépousant les contours du paysage. Ce canalde drainage permet à l'eau qui, autrementaurait causé des inondations, de s'écoulerdans les canaux de drainage ; ou à l'eauqui, autrement aurait été perdu ou causé une ffet déva s t a t e u r, d'être absorbéed i rectement par la nappe du jard i n(Mollison, 1991). Les arbres plantés sur lesrebords supérieurs du canal de drainageempêchent son érosion et les arbre sfruitiers et les haies vives plantées le longdu canal vont bénéficier d'un importantvolume d'eau souterraine.

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Utilisation efficiente de l'eau dansles jardins maraîchers des Townshipsd'Afrique du SudCréée en 1999, le Ubuntu Education Fund estune ONG dédiée à l'offre d'un environnementcapacitant et un accès aux services et auxopportunités aux enfants vulnérables et à leursfamilles dans les township de Port Elizabeth, enAfrique du Sud. Ubuntu Education Fund acommencé, en 2005, à développer des jardinscommunautaires dans les écoles, les cliniqueset les arrières cours communautaires. Le but deces jardins est de procurer une alimentation etdes revenus aux enfants orphelins etvulnérables, et aux personnes vivant avec le VIH(voir article dans le n°18 du MagazineAgriculture Urbaine).

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Ubuntu a eu une réussite considérable dansl'utilisation des canaux de drainage pourl'absorption des eaux grises rejetées par lescuisines des écoles. Le savon liquide devaisselle utilisé dans ces cuisinesprovoque des risques de toxicité de cetteeau. Pour conduire l'eau vers ces canaux dedrainage, on utilise soit un tuyau branché àl'égouttoir de l'évier, soit un conduit enbéton. Les conduits en béton peuvent aussiêtre construits pour canaliser l'eau vers lesjardins, à partir des fontaines utilisées parles écoliers pour boire et se laver les mains.Les eaux grises ont aussi été canaliséesavec succès vers les fosses de paillageutilisées pour la culture de la banane qu'ilserait difficile autrement de cultiver dansnotre climat. Le paillage empêche la couchearable de se dessécher, ce qui aurait réduitl'activité microbiologique. A l'intérieur desjardins, des microclimats de conservationd'eau sont créés par la plantation de haiesbrise-vent, l'utilisation d'espèces rustiquesà croissance rapide, comme le vétiver, quine nécessitent que peu d'attention. Endehors du fait que le compost renforce lasanté générale des plantes, il permet au sold'absorber une plus grande quantité d'eauet de la conserver plus longtemps. Lecompost est ajouté à chaque pied plantédans une couche supérieure de 4-6 pouces.

Ubuntu, installe depuis 2006 des gouttièresen plastique, des tuyaux et de grandsréservoirs en PVC pour collecter l'eau àpartir des toits des écoles et des cliniques.Cette eau est utilisée pour l'irrigation soiten remplissant des arrosoirs à l'aide d'untuyau de jardin muni d'un systèmed'arrosage, ou de préférence, d'un systèmed'irrigation à microgouttes approvisionnépar la gravité. Un conduit principal estdéroulé le long du jardin et des blocs detuyaux d'arrosage à microgouttes sontensuite branchés sur ce conduit. Lesjardiniers ouvrent chaque bloc à l'aided'une valve. L'irrigation microgoutte permet

à davantage d'eau de pénétrer plusprofondément dans le sol. Moins d'eau estgaspillée ou perdue par évaporation et lesjardiniers ont plus de temps à consacrer àd ' a u t res activités comme désherber ouplanter. Les arrosoirs et les tuyaux sonte n c o re utilisés pour les pépinière snouvellement mise en place.

Certains des sites maraîchers font face àune forte salinité causée par un aquifèresouterrain d'eau saumâtre. Les effets du seltendent à empirer après d'intensesprécipitations. La priorité est donnée àl'irrigation goutte-à-goutte sur ces sitespuisque l'arrosage en hauteur ramèneral'eau à la surface de la même manière quele fait l'eau de pluie. De plus, les parcellessurélevées permettent au sel de s'écoulerhors des lits de plantation plus rapidementaprès une pluie et l'ajout de quantitésimportantes de compost aide à neutraliserla salinité.

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Matthew Lief, UbuntuEmail: [email protected]

Méthode simple d'irrigation Photo Olaleye Olutayo.eps

Utilisation efficiente de l'eau dans les jardins maraîchers des Townships d'Afrique du Sud

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En termes de ressources naturelles nécessaires,la production alimentaire demandeprincipalement de l'eau, des terres arables quifournissent en continu des nutriments et unsubstrat organique pour la croissance desplantes. Ces ressources vitales sont souventinégalement réparties sur le globe et beaucoupde sols ont été appauvris ou endommagés pardes pratiques culturales inadéquates. Environ70% des ressources en eau utilisées dans lemonde le sont à des fins d'irrigation agricole(Brown, 2006). De plus, l'agriculture doit deplus en plus entrer en concurrence pour lesressources en eau avec la demande domestique,l'industrie, le tourisme, le commerce et les

institutions infrastructurelles. D'ores et déjà, devastes régions d'Asie, d'Afrique et du Moyen-Orient font face à une rareté physique ouéconomique de l'eau. Il est estimé que dans les50 prochaines années, plus de 50% de lapopulation mondiale vivront dans les pays deces régions (OMS, 2006). Considérant ce fait etla relation directe entre la cro i s s a n c edémographique actuelle et sa demandeadditionnelle en eau, une nouvelle approchereconnaît le poids des eaux usées produites parles hommes comme une ressource importantepour l'irrigation de l'agriculture.

Agriculture et assainissementL'eau usée domestique et les exc r é m e n t shumains (urine et matières fécales) sontessentiellement identiques aux matières fécalesanimales et peuvent servir de sourc e simportantes pour l'amélioration des sols,puisqu'ils produisent tous les nutrimentsdemandés, la matière organique et l'eaunécessaire à la croissance de la plante. En fait,la culture et l'atteinte de la sécurité alimentairesont, depuis toujours, fortement liées à l'idéede réutilisation des déchets liquides et solidesdes ménages dans l'agriculture. L'idée que lesrésidus produits par les humains, y compris lesm a t i è res fécales, sont des déchets sansutilisation utile peut être perçue comme un

Assainissement productive: accroîtrela sécurité alimentaire par laréutilisation de matières fécales etd'eaux usées ménagères dansl'agricultureIl est actuellement estimé que quelques 854 millions de personnes souffrent d'une faim chronique à travers lemonde causé par l'extrême pauvreté et environ 2 milliards d'individus sont par intermittence dans une insécuritéalimentaire du fait de leurs degrés divers de pauvreté (FAO 2006). Malgré les efforts énormes et les tentativesprometteuses qui sont faites pour réduire le nombre de personnes qui souffrent d'insécurité alimentaire, leschiffres demeurent élevés à travers le globe et augmenteront très probablement dans les décennies à venir, dufait d'une population mondiale en croissance. Une grande partie de cette croissance démographique se dérouleradans les villes, causant une augmentation substantielle des volumes des déchets urbains produits, lasurexploitation des ressources rurales et une croissance significative de la demande alimentaire urbaine. Lespays en développement sont particulièrement affectés par les tendances d'urbanisation rampantes et font faceà d'énormes difficultés pour lutter contre cette évolution.

L'assainissement durable sur le maïs expliqué à des écoliers au Malawi

Photo : SuSanA

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préjugé moderne et ce système a étéa veuglément copié dans les pays end é veloppement. En ce moment même, lesagriculteurs du monde entier utilisent près de150 millions de tonnes de nutriments produitssynthétiquement (N ; P2O5 ; K2O)annuellement, alors qu'au même moment, lessystèmes conventionnels d'assainissementrejettent l'équivalent de plus de 50 million detonnes avec une valeur approchant les 15milliards de $ (Werner, 2004) dans des massesd'eau. Cette valeur va même augmenter dansles prochaines années, du fait des prix enhausse des engrais et de la cro i s s a n c egrandissante de la population mondiale.

Assainissement productifUn changement de paradigme vers uneapproche en boucle fermée orientée vers lerecyclage est impérativement nécessaire pourramener des re s s o u rces en nutrimentsg r a vement limités dans les champs. Celanécessite une nouvelle alliance entre lessecteurs de l'agriculture et de l'assainissement,encourageant une réhabilitation des ressourcescomme une exigence essentielle des conceptsd'assainissement durable. L'assainissementdurable est un terme général qui renvoie àl'ensemble des approches qui cherchent àaméliorer la viabilité d'ensemble des systèmesd'assainissement, comprenant un changementde paradigme purement basé sur l'éliminationvers un autre fondé sur la réutilisation dans cedomaine. Pour être durable, un systèmed'assainissement ne doit pas seulement êtreéconomiquement viable, socialement acceptableet techniquement et institutionnellementadapté; elle devrait également pro t é g e rl ' e n v i ronnement et re c o n n a î t re les matière sfécales domestiques et l'eau usée ménagère entant que re s s o u rces qui devraient êtreréutilisées de manière pro d u c t i ve. Enconséquence, les systèmes d'assainissementdurable devraient permettre de recouvrer laquasi-totalité des nutriments contenus dansl'eau usée ménagère, minimiser laconsommation et la pollution des ressources eneau et appuyer la préservation de la structuredes sols ainsi que la productivité agricole.L'assainissement durable applique le principenaturel de base du cycle fermé à l'aide d'unassainissement sain et de technologies deréutilisation (We r n e r, 2004). Les systèmesd'assainissement durable utilisés jusqu'à

présent comprennent des solutionsdécentralisées et localement adaptées, ainsique des solutions centralisées de grandeenvergure qui ne donnent la priorité à aucunetechnologie spécifique, et qui vont del'assainissement basique à faible coût (parexemple, les toilettes de séparation d'urine pardéshydratation, les arboloos, les bassins, lesmarais artificiels, etc.) à des solutions de hautetechnologie ( des systèmes à vide, des unitésde biogaz, la technologie des membranes, etc.).Les ressources sanitaires peuvent être diviséesen diff é rents circuits de re s s o u rces (urine,matières fécales, eaux usées ménagères, eauxpluviales, déchets organiques solides) etdevraient, à cause de leurs caractéristiquesdifférents, être collectées séparément avec desinfrastructures de traitement et des méthodesd'application adaptées.

Agriculture urbaine Du point de vue de l'assainissement,l'agriculture urbaine ainsi que l'eau ménagèrepour l'aquaculture offrent des opportunités desituations gagnant-gagnant en transformant lesdéchets en ressources productives (Drechseland Kunze, 2001). Les villes servent à la fois demarchés gigantesques et de sources fiables etconstantes de nutriments, à travers d'immensesquantités d'eaux usées urbaines. Aujourd'hui,beaucoup de villes sont incapables d'assurer untraitement adéquat de l'eau usée ménagère etpolluent ainsi les plans d'eau avoisinants. Dufait de la rareté de l'eau et de l'absenced'alternatives économiques, beaucoup de paysen développement utilisent de l'eau ménagèrenon traitée ou partiellement traitée commes o u rces de nutriments et d'irrigation,occasionnant des risques sanitaires potentielset souvent aigus. L'approche d'assainissementdurable peut souvent être perçue comme unetentative intégrée prometteuse pour assurer lasécurité alimentaire urbaine, à travers uneréutilisation saine des ressources en eau et ennutriments que contiennent les eaux uséesménagères.

L'agriculture et l'aquaculture urbaine complètentl ' a p p rovisionnement en nourriture d'originerurale souvent par l'apport de pro d u i t spérissables à fort rapport économique, créentdes emplois et préservent les moye n sd'existence de nombreux citadins. El l e saméliorent également la ration en macro et

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Assainissement productive: accroître la sécurité alimentaire

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micronutriments de beaucoup de personnes, enparticulier, les ménages vulnérables et peuventêtre d'une contribution significative à la sécuritéalimentaire urbaine. Un des avantages les plusvisibles de l'assainissement durablere l a t i vement à la sécurité alimentaire estl'augmentation hautement perceptible entermes de rendement agricole, surtout si on lacompare à la culture sans engrais. Les matières fécales et les eaux ménagères sontdes alternatives d'engrais à faibles coûts quiréduisent la dépendance des agriculteurs parrapport aux engrais commerciaux. Ceci estparticulièrement pertinent considérant la haussedu coût des engrais ces récentes années. Lavaleur des nutriments qui pourraient êtreutilisés dans l'agriculture et produits par chaqueêtre humain peut être perçue comme unequantité considérable dans l'économienationale. Les estimations récentes varient entre4 euros (KfW 2008) et 7 euros (Stravato &Dagerskog 2008) par personne et par an. Deplus, une réutilisation efficace minimiseraitl'impact négatif sur les eaux de surface et leseaux souterraines, aboutissant à moins dedépenses pour la surveillance écologique. Lerecyclage résulterait aussi en la réduction de laconsommation d'eau destinée à un autre usageque la boisson au niveau des ménages, etaugmenterait ainsi la disponibilité d'eaubuvable. En combinaison avec la réutilisationdans l'irrigation, elle pourrait menée à une

utilisation plus raisonnable d'une précieuse eaupotable qui est particulièrement importantedans les régions arides. En terme de fertilité dessols, la perte en nutriment causée par la récoltepourrait être presque complètement compenséepar de la matière fécale. Les défis à releverL'intérêt pour l'agriculture urbaine aconsidérablement augmenté au cours desannées passées et un nombre grandissantd'autorités municipales ont ou, sont en train deformuler des politiques et des programmes surl'agriculture urbaine. Cette plus grande prise deconscience offre des opportunités pour desefforts intégrés et décentralisés comprenantl'assainissement durable.

Malgré tous les avantages connus etc o n vaincants de systèmes d'assainissementdurables basés sur la réutilisation, il existeencore de nombreux défis et problèmes àrésoudre. Ceux-ci sont en rapport avec laconscience et les connaissances en matièred'assainissement durable, et le fossé qui existeencore entre la réutilisation effective et laréutilisation potentielle. Dans plusieurs pays dumonde, le nouveau paradigme du cycle fermé enmatière d'assainissement n'a pas encore atteintles cadres légaux.

De plus, il existe nombre des considérationsplus pratiques, ainsi que des aspects

Assainissement productive: accroître la sécurité alimentaire

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organisationnels et infrastructurels à résoudre.Par exemple, la viabilité économique dessystèmes durables d'assainissement et deréutilisation, le recours à des incitationscommerciales pour un transport sur de longuesdistances, de la source aux champs, et unstockage à coûts efficients de l'urine dans lesrégions où les périodes culturales sont courtes.Ces défis (qui, par conséquent sont les pointsde départ de la recherche) diffèrent grandemententre régions et entrentre pays développés eten développement.

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Références:Brown, L. (2006): Plan B 2.0 - Rescuing a Planetunder Stress & a Civilisation in Trouble. Updated& Expanded. Earth Policy Institute, W.W. Norton &Company, New York, 266 p.Déry, P., Anderson, B. (2007): Peak phosphorus.Published August 13th, 2007, by Energy Bulletin,13 p.Drechsel, P., Kunze, D. (2001): Waste Compostingfor Urban & Peri-urban Agriculture. Closing therural-urban nutrient cycle in sub-Saharan Africa.IWMI/FAO/CABI: Wlingford, 229 p.FAO (2006): The State of Food Insecurity in theWorld 2006. Eradicating World Hunger - Takingstock 10 years after the World Food Summit. FAO,Rome, 44 p.Gumbo, B. (2005): Short-cutting the PhosphorusCycle in Urban Ecosystems. Dissertation, DelftUniversity of Technology. Taylor Francis Group,London, 320 p., ISBN 0-415-38484-2IFA (2004): World Agriculture & Fertilizer Demand,Global Fertilizer Supply & Trade 2004 - 2005International Fertilizer Industry Association 30thIFA Meeting Santiago, Chile 12/2004Stravato, L. & Dagerskog, L. (2008): Economicvalue of urine in Mauretania. Taken from thepresentation: IFAD's initiative on best practisesoptimising nutrient recycling. 5th SuSanA meetingin Durban. February 16th and 17th, 2008 Werner, C. (2004): ecosan - principles, urbanapplications & challenges. Presentation on the UNCommission on Sustainable Development, 12thsession - New York, 14-30 April 2004WHO/FAO/UNEP (2006): Guidelines for the safe useof wastewater, excreta and greywater. Geneva,Switzerland, World Health Organization - WHO-FAO-UNEP, ISBN 9241546832

Robert Gensch, The Sustainable Sanitation AllianceEmail: [email protected]

L'alliance pour l'assainissement durable

Motivé par la décision des Nations Unies de déclarer 2008Année Internationale de l'Assainissement (AIA 2 0 0 8 ) ,beaucoup d'organisations œuvrant dans le dévelop-pementdes systèmes d'assainissement durables ont pris l'initiativede former une alliance pour soutenir l'AIA 2008 etcontribuer au cours de cette année, et après, à la promotionet à une mise à l'échelle de l'assainissement durable.

En janvier 2007, une première réunion àEschborn/Allemagne a eu pour résultat un grand nombred'engagements pris par les participants de diversesorganisations et dans la production d'un premier projet de «feuille de route conjointe pour la promotion del'assainissement durable au cours de l'AIA 2008). Plusieursgroupes de travail sur divers thèmes relatifs àl'assainissement durable comme 'les coûts et l'économie del'assainissement durable», «sécurité alimentaire etassainissement productif», «assainissement durable dansdes situations d'urgence et de reconstruction» ou options detraitement, hygiène et santé», furent formés. L'intention deces groupes de travail est de développer divers produits etrassembler les organisations concernées ayant unecompétence mondiale et qui ne se sont pas encoreentièrement impliquées dans les discussions surl'assainissement à se joindre au travail et aider à disséminerl'approche assainissement durable à de nouveaux groupes.Pour avoir un label unique pour les activités prévues, et êtrecapable de s'aligner sur d'autres initiatives potentielles, legroupe a formé le « -Sustainable Sanitation A l l i a n c e(SuSanA) - Alliance pour l'Assainissement Durable (enfrançais)». Au cours les années 2007/2008, des rencontrestrimestrielles régulières ont été, et continueront à êtreorganisées dans diverses parties du monde pour faciliterl'implication des acteurs locaux. Ces rencontres sontsouvent étroitement liées aux autres conférences etévènements pertinents sur l'eau et l'assainissement. Lesrencontres ont pour but de suivre les progrès réalisés par lesdifférents acteurs et les autres activités de SuSanA, et demettre à jour et coordonner l'engagement des partenaires.Le nombre d'organisations participantes a continuellementaugmenté au cours des dernières rencontres, donnantcomme résultat l'engagement de plus de 80 organisationsmultilatérales et bilatérales, ONG, entreprises, institutionsgouverne-mentales et de recherche pour être reconnuescomme partenaires officiels de SuSanA.L'objectif global de SuSanA est de contribuer à l'atteinte desOMD par le développement de systèmes d'assainis-sementqui prennent en considération tous les aspects de laviabilité. Les OMD et «l'Année Internationale pourl'Assainis-sement 2008 » des Nations Unies revêtent unegrande importance de SuSanA, puisqu'ils aident à hisserl'assainissement en haut de l'agenda politique. Le pointnodal du travail de SuSanA est de promouvoir la mise enœuvre de systèmes durables d'assainissement dans lesprogrammes d'assainissement et d'eau à grande échelle. Lesobjectifs de SuSanA portent sur la sensibilisation et lepartage d'expériences impliquant des mises en relations, lesOMD, le développement de projets et des technologiesspécifiques. SuSanA collecte et compile des informationspour aider les décideurs, rassembler les bonnes pratiques,faciliter les démonstrations de systèmes d'assainissement ,identifier et décrire des mécanismes pour une mise àl'échelle et un financement adéquat pour un assainissementfavorable aux populations pauvres et développer desvisions globales et régionales sur la manière dontdes approches durables peuvent contribuer àatteindre les OMD en matière d'assainissement etla façon de les promouvoir au cours de l'AIA2008 et au-delà.

L'alliance pourl'assainissementdurable

Assainissement productive: accroître la sécurité alimentaire

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Le programme de re c h e rche et dedémonstration du CREPA (Centre Régional pourl'Eau Potable et l'Assainissement à faible coût)a commencé au Bénin, au Burkina Faso, la Côted'Ivoire, la Guinée, le Mali, le Sénégal et le Togo.Durant la période de recherche, 2003-2005, lesengrais ECOSAN (Assainissement Ecologique)ont été testés avec succès sur onze culturesdifférentes. Le tableau montre les résultats surle terrain de l'application d'urine comme sourced'azote à des parcelles témoins (sans engrais)et des parcelles avec de l'engrais ternaire (NPK)et de l'urée.

La recherche agronomique du CREPA au BurkinaFaso fut conduite par Dr Bonzi, Responsable dela fertilité des sols à l'INERA (l'Institut Nationalpour l'En v i ronnement et la Re c h e rc h eAgronomique). Il a déclaré que l'urine renduehygiénique peut remplacer l'urée comme engraisazoté à action rapide, alors que les matièresfécales rendues hygiéniques peuvent être

utilisées comme engrais de base en lieu et placedu NPK minéral (14 :23 :14) qui est le fertilisantle plus répandu au Bu rkina Fa s o. Lacombinaison matières fécales-urines a donné debons résultats. Avec les essais sur le maïs, desrendements d'environ 30% supérieurs ont étéobtenus avec les matières fécales et l'urine,comparativement au NPK et l'urée. La dosetotale de macronutriments N, P et K était lamême dans les deux cas, mais l'urine et lesm a t i è res fécales ont aussi apporté desmatériaux organiques, des micronutriments etune légère augmentation du sol en pH. Enconséquence, les matières fécales sontrecommandées en tant qu'engrais de base. Larecommandation pour le maïs est d'environ 1tonne de matière fécale par hectare ou, 25grammes par plante. Au Burkina Faso, les solssont extrêmement pauvres en matière sorganiques (moins de 1%). L'usage de matièresfécales rendues hygiéniques, de fumure ou decompost est fortement recommandé pourcorriger cette situation.

Engrais ECOSAN avec potentiel demeilleurs rendements en Afriquede l'Ouest

Ambroise Dipama vendant sa production de légumesPhoto : Linus Dagerskog/CREPA

En 2002, CREPA initiait un programme régional derecherche et de démonstration sur l'assainissementécologique dans sept pays Ouest Africains. ECOSANmet simultanément l'accent sur le développement del'assainissement et de la production alimentaire. Ceciest fait en rendant l'urine et les matières fécales plushygiéniques pour ensuite les utiliser comme engraissans risque. Les démonstrations ont montré que lesc u l t u res fertilisées avec les produits ECOSANdonnent souvent un meilleur rendement sur unepériode de récolte plus longue.

Tableau1 : L'urine comparé au NPK et l'urée comme sources d'azote

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L'utilisation des engrais ECOSAN est introduitedans la communauté à travers uneexpérimentation participative avec lesagriculteurs. Les agriculteurs choisissent lescultures à tester et reçoivent une assistancepour l'application des engrais. Les parcellesfertilisées à l'engrais ECOSAN sont comparéesaux parcelles fertilisées conventionnellement etceci a paru être un processus d'apprentissagepour tous.

Au Burkina Faso, les engrais ECOSAN ont étérenommés “birg-koom” et “birg-koenga”, ce quisignifie engrais liquide et solide. Ceschangements de noms facilitent pour lespopulations la suppression des barrière smentales. Certains ont également des craintessur l'odeur de l'urine. L'explication donnée estque l'odeur indique l'azote qui s'évapore et uneforte odeur indique un engrais de bonnequalité.

L'odeur est normale - vous devezvous inquiéter si aucune odeurne se dégage !

Légumes fertilisés à l'engrais ECOSAN àSaaba

Au Burkina Faso, un des sites pilotes deECOSAN se trouve à Saaba, une municipalitépériphérique qui compte 35 000 habitants etsituée à 10 km de Ouagadougou, la capitale. ASaaba, 70 toilettes UD ont été construites entre2003 et 2005 et quelques 40 agriculteursurbains ont été formés sur l'utilisation desengrais ECOSAN. Ambroise Dipama qui cultive1,5 ha près du barrage de Saaba a participé auprogramme de formation en 2005. Ci-dessousf i g u rent des extraits de l'entretien ave cAmbroise.

J'ai commencé à utiliser les engrais ECOSAN en2005, après une formation auprès du Dr Bonzi.On nous a demandé de stocker l'urine pendant

45 jours et les matières fécales pour au moinssix mois. On ajoute toujours de la cendre debois juste après défécation pour aider à tuer lesagents pathogènes. Je cultive principalement del'oignon qui pour moi donne le meilleuravantage, mais je n'applique pas l'urine ou lamatière fécale à des cultures qui poussentdirectement dans le sol comme l'oignon. En lieuet place, j'utilise les engrais ECOSAN sur descultures comme l'aubergine, la tomate et lacourgette.

Si j'ai accès à de la matière fécale hygiénisée, jel'applique avant d'ensemencer, à peu près unepoignée par plante. L'urine est ensuiteappliquée au cours de la croissance de laplante. Si je ne dispose que d'urine et pas dematières fécales, j'applique d'abord une petitequantité de NPK comme engrais de base.J'applique la première dose d'urine environ troissemaines après avoir ensemencé outransplanté, et ensuite, trois semaines après jerépète l'application. Je creuse d'abord un sillonet puis, j'applique l'urine. De l'eau est ensuiteappliquée pour diluer l'urine et le faire infiltrerdans le sol. J'applique environ un litre d'urinepar mètre carré pour chaque application.

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L'engrais ECOSAN n'améliore pas seulement laproduction, mais aussi l'apparence des produits.Les légumes fertilisés avec de l'engrais ECOSANavaient belle apparence et leur période de récolteétait significativement allongée. Ces éléments sonttous des facteurs importants pour le maraîcher quiécoule son produit sur le marché

70 toilettes UD ont été construites entre 2003 et 2005Photo : Linus Dagerskog/CREPA

Engrais ECOSAN avec potentiel de meilleurs rendements en Afrique de l'Ouest

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J'ai remarqué plusieurs avantages à utiliser del'engrais ECOSAN comparativement à l'engraischimique. Il est clair que les plantes donnentdes fruits sur une période plus longue. Avec lesc o u rgettes, par exemple, l'engrais chimiquedonne un grand rendement, mais sur une courtepériode, environ 30 jours ; alors qu'ave cl'engrais ECOSAN, la production atteint 60 jours.Ceci est très important pour moi. La qualitésemble aussi être meilleure. L'engrais ECOSANdonne moins de fruits, mais ils sont plus gros etplus beaux comparés à ceux que j'obtiens enutilisant l'engrais chimique. Concernant le goût,je n'ai noté aucune différence. Les femmes qui

viennent acheter ma production pour l'amenerau marché ne me font aucune remarque surl'engrais que j'utilise. La quasi-totalité desBurkinabés a grandi dans un village, et ilssavent que les champs les plus proches desmaisons donnent les meilleures productions.

Ayant pris conscience desrésultats, les agriculteurs ontcommencé à transporter leururine sur leurs propres champs

Je serais prêt à acheter cet engrais, mais pas àun prix supérieur à celui de l'engrais chimique.En ce moment, par contre, les propriétaires destoilettes ne veulent pas me vendre de l'urineparce qu'ils savent la plus value qu'elle donneà leurs propres terres. Nous avons à présent unetoilette facile à vider et qui produit un engraissans risque. J'achète environ 20 sacs de NPK(50kg) annuellement pour les trois cycles decultures que je pratique sur mes terres. Lorsque

j'applique l'urine, je réduis de moitié la quantitéd'engrais NPK, mais je ne dispose d'urine quepour 300 m2 par cycle cultural. Nous sommes 15personnes dans ma famille, mais beaucoupd'entre nous travaillent ou vont à l'école, ainsinous ne réussissons pas à collecter autantd'urine et de matières fécales que j'auraissouhaité. Nous remplissons un Jerrycan de 20litres d'urine sur environ dix jours, ce quej'amène ensuite à mon champ situé à 1,5 km dela maison. Au départ, je pouvais aussi collecterde l'urine auprès de maisons disposant detoilettes UD. Cependant, puisque maintenantles personnes deviennent conscientes desrésultats, elles ont commencé à amener l'urineà leurs propres champs pour enrichir le sol pourla saison à venir, plutôt que de la donner.

Production de l'engrais ECOSANLa quantité d'engrais dans les urines et lesm a t i è res fécales équivaut à la quantitéd'aliments et de boissons consommée. Il existeun équilibre dans le corps humain - ce qui estconsommé est également éliminé. La productionhumaine d'azote et de phosphore peut êtreestimée sur la base des protéines consommées(Jönsson et al., 2004). En Afrique de l'Ouest, lerégime moyen, et par conséquent les matièresfécales, contient 2,8 kg d'azote, 0,45 kg dephosphore et environ 1,3 kg de potassium parpersonne et par an. Ceci représente environ 8$au Burkina si on la compare au coût pour laquantité correspondante d'engrais chimique(données de janvier 2008). La population duBurkina (13 millions d'habitants) a le potentielde produire annuellement de l'engrais ECOSANpour une valeur d'environ 100 millions de $. Lesimportations actuelles d'engrais du paysreprésentent à peu près le même montant.

Au Burkina Faso, il est recommandé d'utiliser 60kg de N par hectare pour les céréales. Cettequantité nécessiterait l'urine et les matièresfécales d'environ 20 personnes. De manièresimple, il est nécessaire de retourner auxchamps ce qui y a été pris pour maintenir lafertilité des sols. L'engrais ECOSAN est un pasen direction d'une agriculture plus durable, maisil doit être accompagné par le recyclage desdéchets organiques de cuisine, les résidus deplantes après récolte et la fumure animale. Destechniques d'agriculture écologique sontégalement importantes pour réduire les pertesde sols et de nutriments causées par leruissellement des eaux pluviales et le vent.

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Dr Bonzi du CREPA et les agriculteurs : un processusd'apprentissage pour tous

Photo : Linus Dagerskog/CREPA

Engrais ECOSAN avec potentiel de meilleurs rendements en Afrique de l'Ouest

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Dissémination de l'ECOSAN et difficultésAprès la phase de recherche, le CREPA a lancéun programme de dissémination ECOSAN dansdix pays ouest africains (les sept pays abritantla recherche plus le Congo, la Guinée Bissau etle Niger) sur financement de l'ASDI. Dans lesprojets en milieu rural, la possibilité d'avoir unengrais sans risque a été montrée comme unfacteur motivant important pour les ménages,lorsqu'ils adoptent l'ECOSAN. La difficulté enmilieu rural est la pauvreté qui prévaut et quifait que les agriculteurs non pas d'argent pourinvestir dans des toilettes UD. Des modèles àfaibles coûts faits principalement de matériauxlocaux doivent être développés si la réplicationdoit prendre de l'ampleur. Pour des avantagesde grandes enve rg u res, des toilettes deréutilisation doivent aussi être intégrées auxprogrammes nationaux d'assainissement. Dansles zones plus urbanisées, la plus granded i fficulté est re l a t i ve au stockage et autransport. Beaucoup de citoyens ne voient pasd'utilité dans l'emploi des produits ECOSAN(puisqu'ils ne pratiquent pas l'agriculture ) ,cependant, il existe un très fort potentiel deproduction d'engrais ECOSAN dans la ville quipourrait être d'un grand bénéfice pour lesagriculteurs urbains et périurbains.

Le premier projet ECOSAN d'envergure est encours de mise en œuvre dans quatre secteurspériurbains de la capitale du Burkina Faso,Ouagadougou. Le CREPA, la GTZ (coopérationallemande) et l'ONEA (l'Office Nationale desEaux et de l'Assainissement) collaborent dansce projet financé par l'UE. 1000 toilettes UD sontsur le point d'être construites et le secteur privéest impliqué dans la construction des toilettesainsi que dans la collecte, le transport, letraitement et la livraison d'engrais ECOSAN.Cependant, dans la phase préliminaire, ladisponibilité des ménages à payer pour avoirleurs urines et matières fécales collectées etcelle des agriculteurs urbains à acheter del'engrais ECOSAN ne couvrent pas les coûts detransport et de traitement/conditionnement àl'éco-station. Cela veut dire que la municipalitéou l'Etat doit mettre de l'argent pour rendre lesystème économiquement viable. En cemoment, un renforcement des capacités et un

lobbying sont nécessaires pour que les autoritéscomprennent qu'investir dans des systèmesd'assainissement écologique conduit à laréalisation de plusieurs objectifs d'intérêt publiccomme la protection de la santé et del ' e n v i ronnement et l'amélioration de laproduction agricole. NETSSAF (Network for thedevelopment of Sustainable approaches forlarge scale implementation of Sanitation inAfrica) - Réseau pour le déve l o p p e m e n td'approches durable pour une mise en œuvre àgrande échelle de l'assainissement en Afrique -est en train de préparer le travail de terrain pourune mise en œuvre plus large des projetsd'assainissement durable.

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Linus Dagerskog, CREPA /EcoSanRes,Stockholm Environment InstituteEmail: [email protected]

Simeon Kenfack, CREPAHåkan Jönsson, EcoSanRes,

Stockholm Environment Institute /Swedish University of Agricultural Sciences

Plus d'information:CREPA www.reseaucrepa.orgNETSSAF www.netssaf.net

Un agriculteur utilisant des arrosoirs pour l'irrigationPhoto : Sangaré Drissa

Engrais ECOSAN avec potentiel de meilleurs rendements en Afrique de l'Ouest

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Multi-stakeholder platforms for integrated watermanagementWarner, J. (editor). 2007. AshgateLes plateformes multilatérales sont importantes pourimpliquer des acteurs divers dans la recherche, la prise dedécisions, le développement de politiques et de plansd'action. Les partenaires du RUAF ont travaillé sur cettebase au cours des quatre dernièresannées (voir AU Magazine n° 16) et lespartenaires du SWITCH travaillent dansleurs villes à travers ce qui est connusous le nom d'Alliancesd'Apprentissage. A l'instar de SWITCH,ce livre porte sur la gestion de l'eau.Jetant un regard positif mais critiquesur les plateformes multilatérales dumonde développé ou en développe-ment, le livre soutient le point de vue qu'on ne doit pass'attendre à trop de promesses ou à ce que les barrièrespolitiques tombent automatiquement d'elles mêmes etqu'une participation égalitaire sera réalisée. De ssuggestions sont faites pour améliorer les réussites etatteindre la viabilité.

Smart Water Solutions, Examples of innovative, low-cost technologies for wells,pumps, storage, irrigation and water treatment. Smart Sanitation Solutions,Examples of innovative, low-cost technologies for toilets,collection, transportation, treatment and use of sanitationproducts, Smart water harvesting solutions, Examples of innova t i ve low - c o s ttechnologies for rain, fog, runoff waterand groundwater

Ces séries de publications de laNetherlands Water Partnership, 2006,résultent d'efforts collaboratifs avecplusieurs partenaires hollandais dep remier ord re. Elles décrivent destechniques pratiques conçues comme des sourc e sd'inspiration et offrant des alternatives à des systèmesd'assainissement à grande échelle, centralisés etconventionnels. Vous pouvez télécharger ces livrets dansdiverses langues à l'adresse : www.nwp.nl/publicaties

Technical bulletin on greywater treatment and reuse inMENAArafa, D., M. Redwood, L. Thompson (eds). 2007.Regional Water Demand Initiative (WaDImena), IDRC. Ce bulletin technique introduit l'eau usée ménagèrecomme un outil de gestion de la demande d'eau quipourrait résoudre la rareté de l'eau dans le Moyen Orientet l'Afrique du Nord (MOAN). Le bulletin rassemble lesconnaissances locales sur le traitement et la réutilisationdes eaux usées en tant que projets de recherche auMOAN, financés et coordonnés par le CRDI. L'intention estde mettre en lumière les plans d'action future nécessairespour résoudre les problèmes grandissants de rareté del'eau, de sécurité alimentaire et de développementdurable.

Rainwater harvesting for domestic use Worm, J., T. van Hattum. 2006. Wageningen, T h eNetherlands: Digigrafi. Agrodok 43Ce livret explique la manière de collecter, stocker etpurifier l'eau pluviale pour une utilisation directe par lesménages. C'est un guide pratique pour créer uneinfrastructure de collecte d'eau de pluie, de la conceptionà la réalisation, avec des photos, des tableaux et desexemples tirés de l'expérience du Réseau pour la Mise enŒuvre de la Collecte des Eaux Pluviales.

Do-it-yourself: Recycle and reuse wastewater Srinivasan, R.K., S.V. Suresh Babu. 2008. Centre forScience and Environment.Cet ouvrage est la seconde édition du manuel. Il répondà la question : comment recycle t-on les eaux usées ?D'une présentation simple, il guide le lecteur à travers lesfondamentaux de cette activité. Il a été écrit pour lesarchitectes, les ingénieurs et d'autres professionnelsintéressés par la mise en œuvre des systèmes dere c yclage, ainsi que pour desménages individuels. Après uneexplication des diverses méthodeset techniques de recyclage deseaux usées, le manuel présente desexpériences de terrain de méthodesde traitement des eaux uséesadoptées dans différentes régionsde l'Inde.

Philippine allotment garden manual with an introductionto ecological sanitationPUVeP 2008. Cagayan de Oro City: Periurban VegetableProject (PUVeP), Xavier University College of Agriculture,pp. 104Ce manuel contient des informations sur l'historique desj a rdins communautaires, les préparations sociales,physiques et des informations sur les bonnes pratiquesnécessaires pour commencer un jardin communautairea vec succès. Un accent spécial est mis surl'assainissement écologique. Les publications peuventêtre commandées auprès du PUVeP.

Impacts of urban agriculture: Highlights of Urban Harvestresearch and development, 2003-2006Barker, C., G. Prain, M. Warnaars, X. Warnaars, L. Wing, F.Wolf. 2007. Peru: International Potato Center. 62pp. ISBN:978-92-9060-329-0Cette publication est « une revue de certains des travauxen cours de Urban Harvest, de l'initiative globale duCGIAR sur l'agriculture urbaine et périurbaine, mettantl'accent sur la manière dont des initiatives sous lesthématiques moyens d'existence urbaine et marchés,santé des écosystèmes urbains et acteurs et dialoguepolitique aide à soutenir les populations urbainespauvres en Afrique, en Amérique Latine et en Asie.Télécharger à l'adresse:h t t p : / / w w w. c i t y f a r m e r. i n f o / i m p a c t s - o f - u r b a n - a g r i c u l t u re -h i g h l i g h t s - o f - u r b a n - h a r ve s t - re s e a rc h - a n d - d e ve l o p m e n t -2003-2006/

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PublicationsOuvrages à consulter

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Conférence Internationale sur la Crise AlimentaireMondiale: Promesses et Pe r s p e c t i ves del'Agriculture Urbaine et Périurbaine (Nairobi, Kenya) 2009Un groupe d'organisations impliquées dans larecherche et la promotion de l'agriculture urbaineet périurbaine au niveau national, régional etmondial a proposé la tenue d'une conférenceinternationale. Ces organisations ont formé ungroupe de parrainage avec les représentants duMazingira Institute (Kenya), Urban Harvest etUniversity of Nairobi en relation avec la RUAFNAUPA (Amérique du Nord) et NRI (GB). Plusd'informations sur les thèmes et les dates exactessuivront sur le site web du RUAF.

Congrès mondial de l'ICLEI 2009, Mise en Relationdes Leaders - Développement de l'Action Localepour la Viabilité(Edmonton, Canada) 14 - 18 juin 2009 Le Congrès Mondial est une réunion clé pour lesmembres de l'ICLEI, les partenaires stratégiques etles experts. Cet évènement facilitera l'échange etle développement des capacités des autoritéslocales et autres acteurs qui jouent un rôled'avant-garde sur le chemin de la viabilité. Lesinscriptions seront ouvertes bientôt, cependant,vous pouvez visiter l'adresse :[email protected]

2ème Conférence Internationale sur le Paysage etl'Horticulture Urbaine 2009 (Bologne, Italie)9-13 juin 2009La conférence explorera les progrès en cours deréalisation dans une grande diversité de thèmesparmi lesquels la gestion des plantes dansl'environnement urbain, la conception des jardinset l'agriculture urbaine. La conférence sera abritéepar la International Society for Ho r t i c u l t u r a lScience (ISHS) - Société Internationale pour laScience Horticole - et inclut la pro d u c t i o nalimentaire et florale ; l'horticulture urbaine va àla rencontre de l'architecture et le rôle social etp s ychologique de l'horticulture dansl'environnement urbain. Pour plus d'informations,visiter: http://www.luh2009.org

5ème Forum Mondial sur l'Eau (Istanbul, Turquie) 15-22 mars 2009“Le Forum Mondial sur l'Eau est le principalévènement lié à l'eau dans le monde dont le fermeobjectif est de mettre l'eau dans l'agendainternational. Point de départ vers unecollaboration mondiale sur les problèmes liés àl'eau, le Forum off re à la communauté quis'occupe des questions d'eau et les leaderspolitiques et décideurs du monde entier

l'opportunité unique de se rencontrer pour établirdes relations, discuter et essayer de trouver dessolutions pour atteindre la sécurité del'approvisionnement en eau.”http://www.worldwaterforum5.org/

Assainissement pour les Populations UrbainesPauvres, Partenariats et Gouvernance(Delft, Pays Bas)19-21 Novembre, 2008Organisé par l'IRC, International Water andSanitation Centre, ce symposium sera l'évènementclôturant l'Année Internationale del'Assainissement pour le secteur de l'eau des PaysBas et une célébration du 40ème anniversaire del'IRC.Pour plus d'informations:www.irc.nl/symposium2008

Gestion transfrontalière des eaux pour la Régionde MENA: Programme international de formationavancée (Jordanie, Suède)Jordanie, 2-13 novembre 2008 et Suède, 16-20février 2009L'objectif global de ce programme de formationest pour les participants d'identifier les avantagesdes stratégies collaboratives de gestiontransfrontalière de l'eau et améliorer leur capacitéà appliquer ces stratégies dans leurs organisationsrespectives. Le programme de formation comprendune large gamme d'aspects de gestion etinstitutionnels de la Gestion Transnationale del'Eau. Veuillez visiter: http://www.sida.se

Accès au marché pour un développement durable (Wageningen, Pays Bas) 3 -21 novembre 2008Ce cours international, organisé par WageningenUniversity, est une introduction à l'utilisation desm a rchés de façon durable pour éliminer lapauvreté. Le cours aborde entre autres sujetsl'étude de marché, l'identification desopportunités de développement en faveur despopulations pauvres, et des outils et instrumentspratiques pour développer des politiquesadéquates axées sur le marché. Pour plusd'informations Ve u i l l ez visiter :http://www.cdic.wur.nl/UK/newsagenda

Think-Tank des Experts « Evaluation et réductiondes risques liés aux eaux usées ménagères»(Accra, Ghana) 6-9 octobre 2008L'IWMI, le CRDI et l'OMS organisent, en tantqu'activité de suivi de la réunion d'Hyderabad de2002 qui a abouti à la « Déclaration d'Hyderabad» sur l'utilisation des eaux usées ménagères dansl'agriculture, un atelier sur le thème : Irrigation par

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Evénements

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les eaux usées : Evaluation des risques sanitairesconsommateurs, options sur ferme et hors fermede réduction des risques et gouvernance des eauxusées dans les pays à faibles revenus ». Laréunion est exc l u s i vement réservée auxparticipants invités. Pour plus d'informations,veuillez contacter le Dr. P. Drechsel.

1 2è m e c o n f é rence annuelle de la CoalitionCommunautaire pour la Sécurité Alimentaire: «Réhabilitation de nos Communautés Urbaines etRurales par une Alimentation Saines »

(Philadelphie, USA) 4-8 Octobre, 2008L'évènement de cette année met l'accent surl'accès des communautés locales à unealimentation saine, à la santé, aux retombéeséconomiques et à des solutions de politiques etd'actions locales. Cette réunion comprendra aussides sessions sur le changement climatique et lacrise alimentaire mondiale, ainsi que plus de 50ateliers, 12 sorties de terrain et cinq courssuccincts. Avant la conférence qui se tiendra lesamedi 4, la North American Urban and PeriurbanAgriculture Alliance (NAUPAA) et le Penn PlanningInstitute for Urban Re s e a rch org a n i s e ront unévènement d'après midi intitulé : "MetropolitanAgriculture in North America: From Planning toDevelopment".

Im p roving food safety in Africa, wherevegetables are irrigated with polluted water IWMI, 2007 with inputs by RUAF. Contactaddress: [email protected]

From waste to water: Greywater reuse in theMiddle East - IDRCh t t p : / / w w w. yo u t u b e . c o m / w a t c h ? v = F P j L o 0 Y DuJ4 (part 1)h t t p : / / w w w. yo u t u b e . c o m / w a t c h ? v = 7 f Au Yt 8 82d0&feature=related (part 2)

Cette vidéo montre les problèmes, lesdifférents points de vue des acteurs et lessolutions possibles pour résoudre lemanque d'eau dans l'agriculture.

Vidéos

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Magazine Agriculture Urbaine

L'eau dans l'agriculture urbaineISSN 1 574-6244N° 20 Mars 2009

Le Magazine Agriculture Urbaine est publié deux fois par anpar la Fondation Resource Centres on Urban Agriculture andFood Security (RUAF) dans la cadre de l’initiative “Promotiondes Filières Agricoles Urbaines Porteuses ” (PROFAUP)financée par la DGIS, Pays-Bas, et le CRDI, Canada.

Le Magazine Agriculture Urbaine est traduit en français,espagnol, chinois, et arabe ; et distribué en différentes éditions àtravers les réseaux régionaux du RUAF. Il est égalementdisponible sur le site : www.ruaf.org

Les partenaires du RUAF sont Amérique Latine : IPES Promocion del Desarrolla Sostenible,Lima Peru : [email protected]; Magazine en Espagnol :www.ipes.org/auAfrique de l'Ouest francophone : IAGU Institut Africain deGestion Urbaine, Dakar, Sénégal, e-mail: [email protected] en Français:www.iagu.org/ruaf/ruafiagufr.php Afrique de l'Ouest anglophone : International WaterManagement Institute. IWMI Ghana ;e-mail : [email protected]

Site web: www.iwmi.cgiar.org/africa/west_africa/projects/RUAFII-CFF.htm Afrique Orientale et Australe: MDP MunicipalDevelopment Partenership (MDP) ;e-mail : [email protected];

site web: www. m d p a f r o c a . o rg.zw/urbanagriculture.html Asie du Sud et du Sud Est:International Water Management Institute. IWMI India ;

e-mail: [email protected] site web: www.iwmi.cgiar.org/southasia/indecaspnc=9106&msid=119Afrique du Nord et Moyen Orient : UniversitéAméricaine de Beyrouth, e-mail:[email protected]:

Magazine en langue arabe:www.ecosystems.org/esdubhomepage.phpChine : IGSNRR Institute of Geographical Sciencesand Natural Resources Research of the Chicago Academy of Sciences: email: [email protected] ;

Magazine en chinois: www.cnruaf.com.cn Coordination et Soutien : Fondation ETC :email: [email protected] ; Magazine en anglais : www.ruaf.org

Editeurs N° 20Ce numéro a été édité par René van Veenhulzen (Directeur dePublication) avec l'équipe ETC-UA et les partenaires RUAF

Edition web : Evénements et publicationsMarije Pouw et René van Veenhulzen

Administration :Ellen RadstakeEditeurs Linguistiques :Moussa SY - Ngoné MbengueConception, Présentation et Impression :Sénégalaise de l'[email protected] - [email protected] : Magazine de l'Agriculture UrbaineB.P : 64 3830 AB Leusden Pays-BasAdresse Visiteurs : Kastanjelaan S. LeusdenTel. +31.33.4326000 • Fax : +31.33.4940791Email : [email protected] • Site web:www.ruaf.org

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