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Diagnostic prospectif de l’activité pastorale des
vallées d’Ossau, d’Aspe et de Barétous
CONTEXTE :
Le Diagnostic Prospectif de l’Activité Pastorale a été demandé par
l’Association des Eleveurs et Transhumants des Trois Vallées à l’Institution Patrimoniale du Haut-Béarn en 2004.
Le Conseil de Gestion Patrimoniale en a retenu et validé l’idée. Le Syndicat Mixte du Haut-Béarn l’a décidé et construit en partenariat
technique avec la Coopérative du Centre Départemental de l’Elevage Ovin et la Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Atlantiques.
OBJECTIF :
Son objectif est de disposer d’éléments d’analyse des besoins et de diagnostic de l’activité pastorale permettant de contractualiser une politique d’amélioration pastorale sur les 10 à 15 ans à venir.
LES PARTENAIRES TECHNIQUES :
Pour mettre cette opération en œuvre, le Syndicat Mixte du Haut-Béarn, a choisi de s’appuyer sur les compétences locales en matière de pastoralisme, à savoir :
o La Coopérative du Centre Départemental de l’Elevage Ovin et la Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Atlantiques (maîtres d’œuvre)
o Le Centre de Ressources en Pastoralisme du Lycée Professionnel
Agricole d’Oloron-Sainte-Marie (partenaire technique).
L’Université de Pau et des Pays de l’Adour a également été associée pour sa compétence en traitement d’image satellite (dans le cadre d’un programme ISIS du CNES).
LES PARTENAIRES FINANCIERS :
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UNE DEMARCHE PARTICIPATIVE :
L’objectif était de réaliser un diagnostic prospectif avec les principaux acteurs, à savoir :
- les propriétaires : les collectivités (communes, syndicats de vallée …) - les utilisateurs : les professionnels agricoles transhumants, les bergers.
La démarche de travail retenue a été constituée de deux étapes : 1ère étape : 1 an et demi d’études pour établir le diagnostic de l’activité pastorale en Haut-Béarn : enquêtes auprès des gestionnaires et des utilisateurs d’estives et analyse de l’espace pastoral, en mettant notamment une méthode qui s’appuie sur les données d’images satellites. L’activité pastorale a été analysée au niveau de l’estive sous 4 angles :
- l’estive comme ressource fourragère - l’estive comme lieu de travail et de vie - l’estive comme prolongement de l’exploitation - l’estive comme un élément du patrimoine collectif
Cette phase a fait l’objet d’un suivi régulier par la Commission Agro-pastorale,
le Conseil de Gestion Patrimoniale et le Syndicat Mixte du Haut-Béarn :
- 7 réunions de la Commission Agro-pastorale - 10 réunions du Conseil de Gestion Patrimoniale - 6 réunions du Syndicat Mixte du Haut-Béarn
Participation totale : 700 personnes
Cette étape a permis de mettre au point et valider les supports de l’animation
dans les vallées de la deuxième phase. 2ème étape : animation dans les 21 communes des trois vallées à l’aide des résultats du diagnostic. Objectif : enrichir le diagnostic et faire s’exprimer, à l’échelle de chaque commune, les gestionnaires et les utilisateurs des estives sur leur vision de l’activité pastorale actuelle et à venir, sur leurs attentes et leurs projets pour le pastoralisme de demain :
- 2 réunions par commune soit 42 réunions Participation : plus de 430 acteurs du pastoralisme
SYNTHESE GENERALE
- Près de 2 ans d’enquête sur 65 000 ha d’estives - Une animation dans 21 communes - Participation totale : 1 100 personnes
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Diagnostic prospectif de l’activité pastorale
des vallées d’Ossau, d’Aspe et de Barétous
Les résultats
Le résultat majeur du diagnostic pastoral est qu’il révèle des tendances d’évolution de l’activité pastorale très positives sur les 15 dernières années :
- maintien à des niveaux étonnants (voire augmentation dans certaines
communes) du nombre d’exploitations agricoles dites professionnelles sur les vallées,
- maintien voire augmentation du nombre d’UGB transhumantes, avec en particulier un intérêt confirmé des exploitations « étrangères aux vallées » pour utiliser les espaces pastoraux non utilisés par les valléens,
- maintien voire développement de pratiques d’utilisation telles que la traite en montagne qui donnent à l’estive une forte valeur ajoutée contribuant fortement à l’équilibre économique des exploitations, y compris dans le cas d’exploitations de taille à dimensions économiques importantes.
Ces éléments vont à l’encontre de l’idée aujourd’hui entretenue d’une
crise profonde du pastoralisme béarnais : le pastoralisme béarnais n’est pas une activité relictuelle attendant qu’une manne extérieure vienne la soutenir pour éviter un déclin annoncé comme inévitable.
Au contraire, le sentiment qui ressort est celui d’une crise passée, ayant eu lieu
dans les années 1960 à 1990, qui aurait pu déstructurer profondément l’activité pastorale mais qui semble avoir été surmontée par une véritable politique d’améliorations pastorales intégrant à la fois des efforts d’animation, d’organisation et d’équipements, et s’appuyant sur un tissu d’exploitations agricoles et pastorales encore bien vivace et qui a su répondre positivement à cette opportunité.
Par contre, ce dynamisme indéniable de l’activité pastorale ne doit pas
faire oublier de réelles fragilités, en particulier au niveau des systèmes d’élevages eux-mêmes.
A ce titre, le diagnostic de durabilité des différents systèmes d’élevages
présents sur la zone souligne et ce, quelque soit le système (traite en montagne, animaux estivés taris,…) :
- d’une part d’excellents indices de durabilité agro écologiques, - d’autre part, des niveaux de fragilité incontestable en matière de
durabilité sociale (organisation du travail et main-d’œuvre) et économique (dépendance vis-à-vis des primes en particulier).
Le diagnostic pastoral permet d’analyser à la fois globalement et dans le détail
en quoi cette politique initiée dans les années 1990 a véritablement servi de levier à l’activité agricole et pastorale des vallées et du piémont environnant, et d’en mesurer les effets concrets tant en matière d’aménagement d’espace et de maintien de la biodiversité, qu’en matière de soutien à une activité sociale et économique vitale pour les vallées.
Il permet également de dégager les enjeux essentiels des 10 années à venir
dans un contexte où les moyens étant plus limités, il va être encore plus nécessaire d’orienter au plus juste la politique d’amélioration pastorale.
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1- DYNAMIQUE PASTORALE ET ENTRETIEN DE
L’ESPACE :
1.1. ESTIVES D’ALTITUDE : OPTIMISER LA GESTION DE LA
RESSOURCE FOURRAGERE
Les préconisations formulées lors des diagnostics pastoraux réalisés dans les années 90 ont conduit, dans un grand nombre de cas, à des ajustements de la politique de gestion des pâturages :
* des cas de redéploiement spectaculaires de la charge animale :
Certaines unités pastorales ayant été repérées comme sous-utilisées en 1990 ont fait l’objet d’une politique volontariste d’augmentation de la charge animale mise en oeuvre par la commune au travers d’efforts particuliers portant sur :
- les investissement et l’équipement de l’estive : adductions d’eau, cabanes et mises aux normes…,
- une volonté d’ouverture aux éleveurs extérieurs, - l’organisation des éleveurs et la contractualisation de l’accès aux
pâturages : mise en place de groupements pastoraux, conventions pluriannuelles de pâturages.
Dans la plupart des cas, cette politique volontariste s’est traduite par des effets
spectaculaires sur le milieu, avec une amélioration rapide de la végétation et du potentiel fourrager. Illustration page ci-contre : estive de Peyrelue de la commune d’Aste-Béon.
* des ajustements parfois très fins dans la gestion du chargement pastoral :
Certaines unités pastorales dont le chargement avait été repéré comme proche
de l’optimum (voire supérieur dans certains cas particuliers) ont fait l’objet d’ajustements, notamment pour adapter le chargement aux conséquences des sécheresses estivales :
- volonté d’optimiser la répartition de la charge animale par des aménagements pastoraux adéquats : répartition des points d’eaux, clôtures...,
- ajustement des effectifs de bétail extérieur aux évolutions des effectifs de bétail local.
Comme dans le cas précédent, cet ajustement de la charge animale et plus
globalement de la gestion de l’estive, ont parfois été délégués aux éleveurs eux-mêmes par le biais de Groupements Pastoraux, la commune restant présente en accompagnement des aménagements.
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* globalement une augmentation de la charge animale, mais une évolution différente de l’équilibre bétail local/bétail extérieur selon les vallées… (cf. ci-contre)
Sur la période 1990/2005 la fréquentation des estives par le bétail a
globalement augmenté, du fait de la volonté collective d’accompagner le pastoralisme et de moderniser les conditions d’utilisation :
- il n’y a aujourd’hui aucune estive « vide » sur l’ensemble des 3 vallées, - il existe encore une demande non satisfaite pour l’accueil de bétail des
communes du piémont béarnais ou basque qui est parfois obligé de transhumer sur les Hautes-Pyrénées, faute de place sur les estives béarnaises,
- les contours des unités pastorales sont parfois redécoupés, soit par reconquête d’espaces délaissés (cas de zones écobuées à nouveau alors qu’elles avaient été délaissées depuis plus de 30 ans), soit par nécessité de s’adapter à de nouveaux modes d’utilisation (spécialisation de certaines estives).
En plus des améliorations pastorales déjà citées, les progrès réalisés en
matière de gestion sanitaire (brucellose, agalaxie,…), mais aussi les sécheresses estivales limitant les disponibilités fourragères sur les exploitations, ont également participé à ce renouveau de l’intérêt pour la transhumance de troupeaux du piémont.
Toutefois, l’équilibre entre bétail local et « bétail extérieur » aux vallées est
aujourd’hui sensiblement différent d’une vallée à l’autre : - la vallée d’Ossau bénéficie, notamment sur le canton du Bas Ossau,
d’un potentiel important de bétail qui fait que, globalement sur la vallée, le bétail local reste majoritaire,
- la vallée d’Aspe, au contraire, a dû largement ouvrir ses pâturages au bétail extérieur, aujourd’hui majoritaire, pour ajuster le chargement de ses estives,
- en Barétous, c’est la surface de pâturage qui apparaît comme le facteur limitant par rapport au bétail local, une part non négligeable de celui-ci devant transhumer en vallée d’Aspe faute de place sur les estives d’altitude barétounaises.
* …avec un impact non négligeable de cet équilibre sur les zones intermédiaires
Cette situation se répercute très directement sur le niveau d’utilisation et
d’entretien des zones intermédiaires : - une forte présence de bétail local sur les estives garantit la plupart du
temps une bonne utilisation des zones intermédiaires, la transition entre l’exploitation et l’estive passant plus naturellement par l’utilisation de ces pâturages intermédiaires,
- à l’inverse, une présence majoritaire de bétail extérieur sur les pâturages d’estives peut entraîner un problème d’entretien des zones intermédiaires dans la mesure où le bétail local ne suffit plus à cet entretien, et où le bétail arrive parfois directement des coteaux aux estives en camion,
- même dans le cas d’une forte présence de bétail local, la simplification des systèmes d’élevage, essentiellement due aux problèmes de main-d’œuvre, peut conduire les éleveurs à sauter l’étage intermédiaire pour passer directement de l’exploitation aux estives.
Le détail concernant le potentiel fourrager et le chargement en estive est donné en annexe (cf. annexes 1 et 2)
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1.2. ZONES INTERMEDIAIRES : UN FORT ENJEU DE RECONQUETE
D’UN ESPACE EN VOIE D’ENFRICHEMENT
La préoccupation d’entretien des zones intermédiaires était déjà présente lors
des diagnostics de 1990.
Depuis, cette préoccupation
s’est encore renforcée :
- d’une part parce qu’à l’inverse de la gestion aujourd’hui mise en œuvre sur les pâturages d’altitude les collectivités ont le sentiment de ne pas avoir les moyens de maîtriser ces milieux : problèmes de maîtrise foncière, évolution rapide de la végétation des milieux, faible pression pastorale…, - d’autre part parce que, de fait, l’évolution constatée de ces milieux en 15 ans a considérablement augmenté la notion de risques naturels liés à l’enfrichement : risques liés au feu en particulier.
* encourager les initiatives de gestion et de reconquête du milieu en relation étroite avec les utilisateurs pastoraux de ces milieux :
De nombreuses initiatives concernant l’entretien, voire la réouverture de zones
intermédiaires en voie d’enfrichement, ont vu le jour sur les 15 dernières années, avec en particulier :
- les 15 projets de remises en valeur inscrits dans le cadre de l’OLAE
(Opération Locale Agri Environnement), - les initiatives locales prises dans le prolongement du dispositif
départemental d’animation de l’écobuage : mise en place de Commissions Locales d’Ecobuage, chantiers d’écobuages organisés,….
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Une cinquantaine d’unités pastorales nouvelles recensées en 2006 : des demandes
d’aménagements pastoraux supplémentaires
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Afin que les effets de ces opérations soient « durables », il est important de poursuivre ces efforts dans le même esprit que celui des opérations citées plus haut, à savoir :
- la nécessité d’une responsabilisation de tous les acteurs locaux (et pas seulement agricoles) dans la mise en œuvre des pratiques d’entretien du milieu,
- l’implication forte des utilisateurs pastoraux pour que l’objectif d’utilisation pastorale soit présent le plus en amont, afin que les troupeaux concernés jouent pleinement leur rôle d’entretien des milieux reconquis et réouverts.
Une approche purement administrée (type DFCI), qui peut parfois s’avérer
nécessaire dans les cas les plus extrêmes, risque le plus souvent de conduire à une déresponsabilisation des acteurs locaux, et par voie de conséquence, à des coûts d’entretien très importants pour des effets non garantis.
* redonner aux zones intermédiaires un statut et une vocation pastorale
Les restitutions au niveau des diagnostics réalisées au niveau de chaque
collectivité au printemps 2006 ont fait émerger à la fois un fort besoin d’identification et de délimitation des zones intermédiaires :
- à l’inverse des unités pastorales d’altitude, ces unités sont souvent mal
connues, mal repérées : elles n’ont par exemple pas été recensées comme unités pastorales lors des différentes enquêtes pastorales réalisées depuis 1972...,
- leur délimitation peut rapidement évoluer en fonction des changements d’utilisation et/ou de vocation : usage collectif/usage privé, vocation forestière/vocation pastorale...,
- un certain nombre d’entre elles qui n’étaient autrefois utilisées «qu’en passant » par le bétail qui allait à l’estive, font aujourd’hui l’objet d’une utilisation continue sur toute la période estivale.
Le complément d’enquête réalisé durant l’été 2006 a permis de remédier
partiellement à ce manque :
- le fichier départemental des unités pastorales est aujourd’hui complété d’une identification nette et d’une délimitation « physique » des unités pastorales en zone intermédiaire,
- ces nouvelles unités pastorales ainsi redéfinies, correspondent à des niveaux d’entrée possibles pour envisager à la fois une animation foncière et pastorale pouvant permettre de déboucher sur des programmes d’action et d’améliorations concertés entre les différents usagers : approche multiusage...
* expérimenter pour mieux connaître la dynamique d’évolution des milieux
Dans plusieurs sites, une volonté commune s’est exprimée pour expérimenter
des techniques d’entretien ou de reconquête d’espace, conjuguant l’effet de l’impact des troupeaux et des pratiques d’entretien, telles que l’écobuage.
L’objectif, par le biais de relevés floristiques réguliers, est de disposer de
références précises et objectives sur l’impact de ces pratiques d’utilisation et d’entretien en matière d’évolution du milieu, que ce soit sous l’angle du potentiel fourrager ou de diversité floristique.
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2- DYNAMIQUE PASTORALE ET EQUIPEMENTS
PASTORAUX
2.1. L’ENJEU DE LA MISE AUX NORMES DES ATELIERS DE
FABRICATION DE FROMAGES
* un programme déclencheur d’une volonté collective
La mise aux normes européennes des ateliers de fabrication de fromage
d’estive a constitué un élément déterminant dans la politique pastorale des vallées béarnaises :
- dans un contexte où la traite en montagne était décrite comme un système en voie d’extinction car trop exigeante en main-d’œuvre et exercée dans des conditions très difficiles, voire archaïques, l’obligation de mises aux normes aurait pu constituer un obstacle insurmontable et se traduire de façon plus ou moins brutale par l’arrêt définitif des fabrications de fromage en estive,
- elle a constitué au contraire un formidable déclencheur de la volonté collective de moderniser définitivement l’activité pastorale et d’affirmer sa dimension productive et économique, tout en gardant sa dimension culturelle, patrimoniale et symbolique que constitue la production de fromage d’estive.
* un exemple de collaboration entre partenaires La mise en place d’un Comité Départemental de Pilotage, co-présidé par l’Etat,
la Profession et les Collectivités a permis : - de négocier avec les Administrations les conditions de la mise en place
d’un régime transitoire dans l’attente de l’agrément définitif de l’ensemble des ateliers,
- de mettre en œuvre les moyens logistiques pour une mise aux normes des locaux de fabrication adaptée aux conditions particulières de l’estive : plans types, convention architectes / techniciens pastoraux, logistique de prélèvements pour analyser la qualité des eaux de sources...,
- de profiter des travaux de mises aux normes pour introduire des éléments de confort minimum à la vie du berger et de sa famille à la cabane : eau chaude, salle de bain, toilettes, électricité solaire, chambre individuelle pour les couples...,
- de mettre en œuvre les moyens financiers et les priorités de programmation pour réaliser l’ensemble des travaux de mises aux normes dans des délais compatibles avec les délais du régime transitoire.
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Améliorations pastorales de 1994 à 2004
Par année et par type d’aménagement
MAN : mise aux normes
05/02/2007 DIAGNOSTIC PROSPECTIF DE
L'ACTIVITE PASTORALE EN
HAUT BEARN
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Programme global 1994 / 2004
• Lecture par année et par type d’aménagement
0
100 000
200 000
300 000
400 000
500 000
600 000
700 000
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
€
Accés Amenée d'eau Divers Ensemble MAN+Cabane
8 millions d’euros investis
dont plus de la moitié pour les mises aux normes des locaux de fabrication fromagère
Des mises aux normes adaptées à l’estive :
Exemple d’un plan de mise aux normes d’une cabane Coût : 100 000 € HT
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* « une cabane mise aux normes en haut, ça donne envie d’aller traire… » (un jeune berger ossalois)
Le signal d’une volonté collective de réaliser cet énorme chantier a reçu une réponse extrêmement positive du « terrain » :
- l’ensemble des communes et commissions syndicales ont participé de
façon active au recensement des cabanes susceptibles d’être mises aux normes et ont délibéré rapidement pour programmer les travaux des cabanes concernées,
- sur les 72 cabanes fromagères recensées en activité en début de
programme, 67 sont aujourd’hui aux normes avec un projet pérenne de fabrication,
- 4 nouveaux projets de fabrication ont émergé au fur et à mesure du
programme consolidant des projets d’exploitation où la traite en estive était en balance en début de programme,
- 5 projets sont aujourd’hui à l’étude devant permettre de relancer la
traite et la fabrication de fromages sur des estives où ces pratiques avaient été abandonnées.
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Une évolution très positive de la qualité de l’eau dans les cabanes fromagères Classes 1-2-3 = classes « conformes »
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* le point de départ pour une action de promotion et
d’amélioration de la qualité du fromage d’estive
Dans la continuité de ce
programme et dans un souci d’améliorer encore la qualité du lait et donc du fromage, les éleveurs concernés demandent aujourd’hui que le programme de mises aux normes des locaux de fabrication soit complété par un programme de réalisation d’aires ou d’abris de traite adaptés au contexte de chaque estive.
Enfin, le projet d’une
valorisation spécifique du fromage d’estive lancé à l’initiative de l’Association des Eleveurs et Transhumants des 3 vallées, et pouvant s’inscrire en
synergie avec les politiques de signes officiels de qualité existants (AOC Ossau/Iraty, IGP tomme des Pyrénées) s’inscrit comme un aboutissement logique de ce vaste programme de mises aux normes.
2.2. UN ENJEU DE PLUS EN PLUS PRESENT : LA GESTION DE L’EAU
* l’impératif de la qualité de l’eau pour les estives fromagères
L’obligation réglementaire de faire agréer les sources desservant les ateliers fromagers a permis de faire émerger une réelle marge de progrès dans la desserte en eau des pâturages et des cabanes.
Cela s’est traduit dans un 1er temps par un important programme d’amélioration
des captages et de mise en œuvre de périmètres de protection pour les sources concernées par la fabrication fromagère, se traduisant à la fois :
- par une amélioration importante du débit de certaines dessertes : certaines sources n’étaient que très partiellement captées,
- par une amélioration importante et globale de la qualité de l’eau.
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* un besoin en desserte en eau largement sous estimé
Puis, dans un 2ème temps, les résultats très positifs obtenus dans cette 1ère tranche de travaux, ont permis de faire remonter un nombre important de demandes d’amélioration de captages sur des estives non fromagères, demandes encore accentuées par les derniers étés de sécheresse et visant :
- soit à améliorer la desserte de certaines cabanes, certains captages se tarissant lors des époques prolongées de sècheresse,
- soit à améliorer l’utilisation de certains pâturages par une meilleure répartition des points d’eau.
* l’eau comme source d’énergie en estive : une nouvelle étape dans la modernisation des conditions de vie et de travail
Enfin, une perspective nouvelle est aujourd’hui ouverte en matière
d’alimentation des cabanes en énergie, par la réalisation des 1ères pico centrales ouvrant des possibilités d’équipement électriques jusque là impossible à imaginer telles que :
- les tanks de refroidissement du lait, - les cuves de fabrication fromagère, - les réfrigérateurs et les congélateurs domestiques.
Le diagnostic complémentaire portant spécifiquement sur cet aspect et
actuellement en cours au niveau de l'IPHB, en collaboration avec le SDEPA, doit permettre de déboucher rapidement sur un recensement précis des besoins sur ce qui apparaît déjà comme une nouvelle « révolution » dans la manière d’aborder la vie et le travail en estive.
2.3. REPONDRE AUSSI AUX ATTENTES DES AUTRES SYSTEMES
D’ELEVAGE ET DE PRODUCTION
* les besoins spécifiques des systèmes allaitants et à bêtes taris Le programme de mises aux normes a constitué un signal fort sur la possibilité
offerte par la politique d’amélioration pastorale de venir en appui de l’évolution des systèmes d’élevage et de production.
En particulier, des besoins spécifiques se sont exprimés en ce qui concerne les
systèmes bovins allaitants et les systèmes ovins allaitants ou faisant transhumer les brebis taries :
- parcs de tri et parcs de contentions, - aménagements de points d’eau permettant une meilleure répartition de
la charge animale sur des estives sans gardiennage permanent, - construction ou rénovation de cabanes permettant d’assurer une
activité de garde temporaire ou permanente sur des estives ou des quartiers d’estive ayant changé de vocation.
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* la question persistante de la desserte des estives Enfin, les restitutions des diagnostics pastoraux dans les communes ont permis
de faire émerger ou ré émerger des projets de dessertes : - souhait d’achever les projets de mini pistes initiés sur plusieurs sites, - projets de pistes desservant des pôles laitiers, - projets de pistes permettant de mettre en œuvre des systèmes de
gardiennage allégés sur des estives accueillant des troupeaux allaitants ou taris, avec dans la quasi-totalité des cas le souci d’une organisation collective de l’unité pastorale concernée justifiant le bien fondé du projet.
Ces projets de pistes s’inscrivent dans la même logique globale que le
programme de mises aux normes ; il s’agit d’accompagner la mutation des systèmes d‘élevage et de permettre une adaptation des pratiques d’utilisation de l’estive à un nouveau cadre de contraintes :
- contraintes réglementaires dans le cas des mises aux normes, - contraintes d’évolution de la main-d’œuvre et de réorganisation globale
des moyens de production dans le cas des projets de desserte. Dans tous les cas, c’est bien la pérennité de la pratique de transhumance qui
est en cause : avoir consenti autant d’efforts pour la pérennité « réglementaire » des fabrications fromagères en estive, et ne pas se poser la question de la pertinence de la desserte de certaines estives comme condition de la pérennité de leur utilisation, serait considéré localement comme une aberration difficile à accepter.
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D’après le RGA :
Un maintien surprenant du nombre d’exploitations professionnelles sur les 3 vallées …
… une forte augmentation des tailles de troupeaux…
Taille moyenne des ateliers en UGB
…et des surfaces d’exploitation.
Exp pro
315 309 321
515
458430
200
300
400
500
1979 1988 2000 1979 1988 2000
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
1979 1988 2000 1979 1988 2000
Bovins Ovins Equins
0
5
10
15
20
25
30
1979 1988 2000 1979 1988 2000
3 vallées
3 vallées
3 vallées
Piémont
Piémont
Piémont
+ 101%
+50% +97%
+97%
14 ha
22 ha 26 ha
17 ha
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3- DYNAMIQUE PASTORALE ET FRAGILITE
SOCIO-ECONOMIQUE DES SYSTEMES
D’EXPLOITATION
3.1. ACCOMPAGNER LA MUTATION DES SYSTEMES
D’EXPLOITATION
* une évolution des systèmes d’exploitation plus positive que les prévisions faites en 1990
Lors des diagnostics de 1970, la baisse de main-d’œuvre dans les
exploitations, apparaissait comme un point majeur de fragilité des systèmes d’élevage. Il générait en particulier une inquiétude forte chez les jeunes chefs
d’exploitation, qui voyaient arriver le moment où leurs parents devraient cesser toute activité sur l’exploitation comme un moment très important de choix et de réorganisation sur l’exploitation.
En premier lieu, il leur apparaissait inévitable à plus ou moins long terme, de
simplifier leur conduite d’exploitation : - soit en supprimant une production : par exemple en ne gardant que le
troupeau de brebis et en se séparant du troupeau de vaches allaitantes, l’inverse étant également envisageable...,
- soit en simplifiant la pratique d’utilisation de l’estive, la période d’été étant sur toutes les exploitations une période de pointe de travail.
Les perspectives de simplification de l’utilisation de l’estive s’exprimaient de
façons très concrètes par plusieurs possibilités : - mise en garde de brebis à traire ou taries auprès d’un berger assurant
un système de garde permanente sur l’estive, - mise en place de systèmes de gardiennage collectif permettant soit
d’assurer un tour de garde, soit de dégager des moyens pour embaucher un berger salarié,
- montée tardive de brebis taries à l’estive pour finir la traite sur l’exploitation, et mettre en place un système de garde allégée permettant de faire les travaux de fenaison sans présence permanente à l’estive,
- voire dans les cas extrêmes, suppression pure et simple de la transhumance du fait de l’opportunité de récupérer des terres en bas.
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Sur un échantillon constant observé depuis 1990 : Peu d’arrêt de transhumance, que les exploitations soient petites,
moyennes ou grandes Quelques arrêts de traites pour des exploitations moyennes ou
grandes… …largement compensées par des reprises de traite par des
exploitations de taille équivalentes.
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15 ans plus tard, le constat est plus optimiste que ne l’étaient les prévisions des
exploitants eux-mêmes : - les petites exploitations fromagères se sont bien maintenues, - même si les ateliers bovins-lait sont en déclin dans les exploitations,
les ateliers bovins allaitants se sont plutôt développés sur les exploitations sans entraîner de déclin des troupeaux de brebis laitières,
- les arrêts de transhumance restent limités, - la traite en montagne n’a pas régressé, la fabrication du fromage en
estive apparaissant comme un élément participant à l’équilibre économique des exploitations concernées et donc mis en oeuvre (voire remis en œuvre après une interruption) dès que les moyens le permettent (main-d’œuvre, mise aux normes de l’estive…).
Par contre, des inquiétudes tout à fait analogues à celles exprimées en 1990
ont émergées concernant l’avenir des systèmes transhumants en lien avec l’évolution de la main-d’œuvre dans les exploitations.
* il est faux de dire que le système pastoral béarnais est aujourd’hui en crise profonde, mais il est clairement fragile à certains niveaux
Le diagnostic de durabilité réalisé sur les différents systèmes pastoraux permet
de prendre du recul par rapport à l’idée parfois répandue que l’activité pastorale connaît un déclin profond et que seules des perspectives extérieures à la fonction agricole peuvent redonner du sens et assurer la pérennité de cette activité :
- la durabilité globale des systèmes est largement supérieure à bon nombre de systèmes de production agricole,
- c’est sur l’axe environnemental que les niveaux de durabilité sont les meilleurs et ce, quels que soient les systèmes transhumants pratiqués : avec ou sans fabrication fromagère, ovins-lait ou bovins allaitants,
- c’est par contre évidemment sur les axes économiques et sociaux que les systèmes pastoraux béarnais sont les plus fragiles : revenu par UTH, conditions de travail…
A ce niveau, il est très intéressant de constater que les 2 systèmes globalement
les plus durables, et donc sans doute les plus pérennes, sont les systèmes « ovins-lait avec fabrication fromagère en estive » et « ovins-lait avec transhumance de brebis taries ».
Il est important de ne pas opposer ces 2 systèmes qui correspondent
clairement à des adaptations très cohérentes face à une évolution des moyens de production de l’exploitation : main-d’œuvre, surfaces d’exploitation, investissements...
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Les principes du diagnostic de durabilité
des systèmes d’élevage
Agro écologique
Social
Economique
Diversité des cultures
et des animaux Organisation de l’espace: assolement, taille, UGB/ha, Surface fourragère Pratiques agricoles: fertilisation, effluents, dépendance énergétique
Viabilité: Revenu/UTH y compris main d’œuvre bénévole spécialisation Indépendance: niveau endettement, poids des aides directes (hors ICHN et PHAE) Efficience: marge économique Transmissibilité Capital d’exploitation/UTH
Qualité des produits: Démarches qualité, Paysager et architectural, accessibilité public, implication sociale Emploi service: filières courtes, diversification, SAU/UTH, travail en commun Ethique, développement humain: formation, intensité du travail, isolement, qualité de vie
0
20
40
60
80
100
120
économique agro-écologique socio-territorial
Bovins transhumant spécialisé Centées sur l'hiver non transhumant
Moyennes à grandes taries à la montagne Moyennes données en garde en lait
Moyennes à grande traite à la montagne Petites exploitations traite et fromage en estive
Pour tous les systèmes d’élevage du Haut Béarn : un bon niveau de durabilité agro écologique… mais des fragilités sur le plan économique et social
social
Niveaux de durabilité des différents ateliers
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2030
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60
7080
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100
1DURABILITE
Porc Arboriculture Poulet Viticulture Céréales Chèvre Pastoralisme béarnais
Un très bon niveau de durabilité par rapport à d’autres systèmes de production
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* l’évolution de la main-d’œuvre : un problème à raisonner de façon très globale et concrète
Par contre, il est tout aussi
important d’admettre que tout niveau de contrainte supplémentaire sur les points de fragilité de ces systèmes peut entraîner rapidement, chez ces derniers, un déséquilibre dangereux.
C’est vrai en ce qui concerne le fort
niveau de dépendance des exploitations vis-à-vis des primes dans la perspective annoncée de la baisse de celles-ci, encore que les systèmes fromagers soient loin d’être les plus dépendants dans les zones de montagne.
Mais c’est encore plus vrai en ce
qui concerne les problèmes de main-d’œuvre et en particulier de la difficulté à remplacer la main-d’œuvre familiale par une main-d’œuvre salariée.
A ce titre, les problèmes posés par la présence des prédateurs et la nécessité
qui en découle de renforcer le gardiennage, constituent un facteur majeur de rupture potentielle :
- les moyens proposés par l’Administration sont très difficiles à mettre en œuvre à grande échelle par manque de main-d’œuvre formée disponible sur les métiers du gardiennage,
- ils ne constituent pas une réelle protection, les attaques et les dégâts étant réduits mais non supprimés,
- ils ne s’inscrivent pas dans une optique de durabilité tant économique (augmentation du niveau de dépendance des primes sans garantie à long terme) qu’écologiques (modification du mode d’utilisation des parcours du fait de la nécessité du regroupement nocturne dans des parcs de protection).
* pour une politique « volontariste » d’accompagnement des systèmes d’exploitation
Les diagnostics pastoraux ainsi que les restitutions communales ou par
groupes d’éleveurs, montrent une réelle difficulté à aborder les problèmes de main-d’œuvre de façon collective et publique. Ces problèmes sont le plus souvent ressentis comme des problèmes « intimes » pour lesquels il est délicat de se projeter dans l’avenir.
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De fait, si les perspectives pessimistes exprimées en 1990 ont pu être
partiellement démenties, c’est essentiellement sur la base de réorganisations et d’opportunités familiales et rarement sur la base de solutions collectives innovantes.
Par contre, il serait sans doute très risqué de laisser chaque exploitant régler
son problème dans son coin sous peine de voir le système pastoral se déstructurer progressivement. D’où la nécessité de proposer de façon volontariste des possibilités pragmatiques d’accompagnement de ces mutations.
Les 1ères réflexions organisées sur le sujet font apparaître la nécessité d’une
approche très globale des problèmes et permettent de proposer les axes de travail suivants :
- mise en place de groupements d’employeurs entre exploitations
agricoles, - renforcement du dispositif d’emploi/formation des bergers/vachers et
des salariés agricoles en général, - mise en place de systèmes d’organisations collectives entre le haut et
le bas, - renforcement du dispositif de muletage pour le transport des fromages
produits sur l’estive et du ravitaillement, - nécessité de remettre à débat et d’étudier les possibilités de desserte
par pistes ou mini pistes dans certaines estives présentant un enjeu collectif reconnu,
- …
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3.2. FACILITER LES RELATIONS AVEC LES AUTRES USAGES ET LES
AUTRES ENJEUX
Un des éléments nouveaux des diagnostics pastoraux a été à la fois d’intégrer
des éléments de problématiques concernant les autres usages de la montagne et de réserver un moment d’expression libre autour de ces enjeux dans les réunions de restitution.
Le dialogue a été d’autant plus ouvert et positif sur l’ensemble de ces sujets, que les participants aux diagnostics en général et la profession agricole en particulier, avaient le sentiment qu’ils avaient été entendus et compris sur les enjeux spécifiques du pastoralisme.
De ce fait, certaines perspectives de collaboration ont pu être explorées très
sereinement avec déjà certaines pistes d’action très concrètes, soit globalement à l’échelle des 3 vallées, soit spécifiquement estive par estive.
* communiquer pour promouvoir et valoriser le métier et les produits
Un des éléments importants qui ressort à la fois des enquêtes auprès des
éleveurs, des enquêtes auprès des acteurs du tourisme et des réunions de restitution, est que le profil du randonneur ou du touriste qui fréquente aujourd’hui la montagne, est totalement différent de celui d’il y a 20 ans :
- les randonneurs locaux ayant une bonne connaissance du monde
pastoral, et parfois des bergers eux-mêmes, et connaissant les « codes d’approche » pour ne pas déranger l’activité pastorale (le berger à son travail comme le troupeau dans ses activités) sont aujourd’hui largement minoritaire,
- par contre, le nombre de personnes fréquentant ou découvrant la montagne sous son aspect sportif ou naturel augmente chaque jour, avec souvent une volonté exprimée d’intégrer dans son contact avec la montagne un contact avec un monde pastoral, constituant une partie intégrante et importante du monde montagnard,
- mais il est également noté une proportion de randonneurs ayant une vision plus environnementaliste de la montagne très imprégnée des débats sociétaux sur les prédateurs, et pouvant avoir un positionnement revendicatif vis-à-vis du monde pastoral.
Ces premiers éléments d’analyse justifient de développer une action de
communication visant 2 objectifs complémentaires :
- une communication à vocation pédagogique : il s’agit d’expliquer aux randonneurs les règles d’usage et de comportement permettant une bonne cohabitation entre le monde pastoral et les autres usagers. Cette sensibilisation peut être envisagée par le biais de plaquettes d’information mises à disposition dans des lieux choisis (Offices de tourisme, antennes du Parc National,…) ou distribuées par des réseaux appropriés, mais aussi par un dispositif de panneautage à étudier en s’inspirant des départements ayant déjà un acquis en la matière (Hautes-Pyrénées par exemple). Elle passe aussi le cas échéant par des petits travaux d’aménagement complémentaires tels que le détournement de certains sentiers sur des points stratégiques de l’activité, ou pour éviter une trop grande fréquentation de certaines cabanes.
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- une communication à vocation promotionnelle : ce volet peut concerner à la fois la promotion commerciale de produits ou d’activités d’accueil (visites commentées en estive, accueil en cabanes,…). Mais il doit également s’agir d’une communication plus large sur le métier de berger et sur le monde pastoral permettant de donner un éclairage positif sur le métier en lui-même et sur les interactions de l’activité pastorale avec son milieu. Dans les 2 cas, les acteurs du tourisme enquêtés se sont montrés très largement intéressés pour être des partenaires et des relais actifs dans ce domaine.
* des problèmes de plus en plus importants de cohabitation avec la faune sauvage
Au-delà de l’ours, dont les problèmes de cohabitation sont cités partout, les
éleveurs ont insisté sur le fait que d’autres espèces sauvages sont en train de poser des problèmes de cohabitation croissants.
- les sangliers : les réunions de restitutions font apparaître des besoins
complémentaires : . une cartographie et une estimation précise des dégâts causés sur
la végétation, l’utilisation des images satellites semblant permettre de réaliser cette estimation de façon rapide et exhaustive,
. la mise en route de procédures d’indemnisation,
. la mise en place d’une réflexion sur des mesures de prévention.
- les vautours : de la même façon, il est remonté un besoin de reconnaissance « officielle » de la gêne et des dégâts recensés au niveau de l’Observatoire mis en place au sein de l’IPHB, afin que se mettent en place, à la fois des mesures de prévention efficaces et une procédure d’indemnisation.
A contrario, les mesures de gestion concertée prises en faveur du
gypaète paraissent aujourd’hui bien acceptées, sauf cas exceptionnel.
* une démarche ouverte en ce qui concerne la gestion concertée de la flore
Les premières réflexions menées avec le Parc National à partir des données de
végétation connues, s’inscrivent dans une logique de dialogue et d’ouverture :
- les données satellites confirment globalement un impact positif des pratiques pastorales sur l’entretien de la végétation et l’ouverture des milieux,
- des projets d’expérimentation sont en cours pour mesurer plus précisément l’impact de ces pratiques (pâturage, écobuage,…) sur certains milieux présentant un intérêt botanique plus particulier, ces milieux représentant généralement de faibles surfaces.
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3.3. EN CONCLUSION : L’IMPORTANCE DES SIGNAUX EN MATIERE
DE POLITIQUE PASTORALE
* une politique d’amélioration pastorale qui a pleinement joué son rôle de levier…
La politique d’amélioration pastorale menée durant les 15 dernières années
s’est largement appuyée sur les diagnostics valléens réalisés dans les années 90. Cette importante étape de concertation a permis de construire un programme répondant aux besoins exprimés et qui dans ce sens a constitué un signal extrêmement positif pour les exploitations pastorales béarnaises :
- elle a permis d’adapter les conditions d’utilisation de l’estive aux
exigences d’évolution des systèmes de production - elle a permis de pratiquer la transhumance sans constituer une rupture
trop forte dans la vie personnelle et familiale des bergers et des exploitants transhumants
La réponse apportée par le tissu agricole et pastoral des vallées et du piémont
béarnais est en soi une justification aux efforts techniques et financiers des différents partenaires :
- la demande d’utilisation des espaces pastoraux est forte et croissante - le niveau de fréquentation et d’entretien des milieux compte parmi les
plus élevés du domaine pastoral national - les équipements mis à disposition sont utilisés et entretenus - les produits issus du pastoralisme sont reconnus par leur qualité et en
passe de bénéficier d’une promotion spécifique, - ces produits participent à l’équilibre économique et social d’un tissu
d’exploitation encore dense et vivant
* …et qui, au-delà des projets, a suscité une réelle ambition …
Au-delà de ces effets constatés, des besoins nouveaux s’expriment, témoignant d’une confiance retrouvée et d’une volonté d’améliorer et de moderniser encore les pratiques pastorales :
- besoins complémentaires aux mises aux normes des ateliers de
fabrications fromagères et concernant l’amélioration de la qualité du lait et du fromage d’estive
- besoins spécifiques concernant les systèmes allaitant - besoins de desserte en énergie permettant d’introduire de nouvelles
pratiques de production et d’améliorer les conditions de vie et de travail - besoins de moyens de communication et d’accès permettant de
s’adapter aux nouvelles contraintes de main-d’œuvre sur les exploitations
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* …mais dont les perspectives sont aujourd’hui troublées
Toutefois, dans ce contexte d’évolution très positive, les perspectives d’avenir sont aujourd’hui troublées par certains éléments ressentis comme fortement contradictoires avec le projet pastoral qui émerge du diagnostic prospectif.
A titre d’exemple, les solutions proposées aujourd’hui par l’Administration en
matière de cohabitation avec les grands prédateurs sont source d’interrogation et d’inquiétudes :
- la nécessité d’un gardiennage permanent constitue une contrainte forte
qui accentue fortement les principaux points de fragilité des systèmes pastoraux que constituent la baisse de main-d’œuvre dans les exploitations et la difficulté économique et technique à organiser des emplois salariés
- les solutions proposées d’aide financières au gardiennage ne sont pour l’instant pas techniquement envisageables à grande échelle du fait du manque de main-d’œuvre qualifiée
- elles ne se situent pas dans une perspective de développement durable puisqu’elles accroissent encore la dépendance des exploitations vis-à-vis des primes sans garantie de pérennité des enveloppes financières
De même, le contexte général de restriction financière et règlementaire des
projets d’aménagement constitue en soi un signal négatif : comment interpréter l’effort important consenti pour la mise aux normes des ateliers de fabrication fromagères, s’il n’est plus possible de mettre à débat certains projets de pistes susceptible de pérenniser ces équipements ou plus globalement l’utilisation de certaines estives ?
L’inquiétude actuelle suscitée par ce nouveau contexte, le manque de
cohérence ressenti (et parfois vécu) par certaines des orientations prises en matière de réglementation ou de financement et la fragilisation du système pastoral qui pourrait en découler sont à la hauteur des espérances et de la volonté de construire exprimées à l’occasion du diagnostic prospectif.
Le dialogue doit rester ouvert en ce qui concerne les conditions qui doivent
permettre de prolonger du succès de la politique menée durant ces 15 dernières années !!
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Annexes
Potentiel fourrager des unités pastorales en 2005
Taux d’utilisation des unités pastorales en 2005
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Ont participé à l’élaboration de ce document :
Institution Patrimoniale du Haut-Béarn Maison des Vallées 2, rue des Barats 64400 Oloron-Sainte-Marie Tel : 05.59.39.21.26 Didier HERVE, Directeur Elisabeth JOANTAUZY Jean-Michel MEHL Jean-Yves ARRIBE Pascale CLOS-COT Nadine GOUSSIES Virginie JUAN
Centre Départemental de l’Elevage Ovin Quartier Ahetzia 64130 ORDIARP Tel : 05.59.28.05.87 Claude SOULAS, Directeur Christophe CAMBOU, Animateur Pastoral
Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Atlantiques 124, boulevard Tourasse 64000 PAU Tel : 05.59.80.70.00 Christophe COUSSO, Directeur du pôle Aménagement, Espace, Environnement Cécile AGUERRE, Animatrice Pastorale
Lycée des Métiers de la Montagne Quartier Soeix – BP 144 64400 Oloron-Sainte-Marie Tel : 05.59.39.05.14 Pascal LABORDE, Directeur Pierre GASCOUAT, Animateur Pastoral
Université de Pau et des Pays de l’Adour Avenue de l’université 64000 PAU Tel : 05.59.40.70.00 Dominique LAFFLY, Enseignant-Chercheur au Laboratoire SET