d'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · charles...

23

Upload: others

Post on 26-Mar-2021

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-
Page 2: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

D ' O Ù VIENT LA MERDE ?

Page 3: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

C o u v e r t u r e : NAPO

P h o t o g r a p h i e : Y v e FLATARD

© 1985, édi t ions Qu 'OSÉ-JE I S B N 2-86920-000-5

Tous d ro i t s de t raduct ion , de r e p r o d u c t i o n et d ' adap ta t ion réservés p o u r tous pays.

La Loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement ré- servées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collec- tive », et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction in- tégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1 de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et sui- vants du Code Pénal.

Si vous souhai tez ê t r e t e n u a u c o u r a n t de nos publ ica t ions envoyez vo t r e n o m e t vo t re ad res se aux édi t ions Qu'OSÉ-JE, B.P. N° 1 - 83440 M o n t a u r o u x - France .

Page 4: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

D U P O N D D U P O N T avec la collaboration de Guillaume ROUX

D ' O Ù VIENT LA MERDE?

Page 5: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-
Page 6: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-
Page 7: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-
Page 8: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

« Toute action culturelle est dressée

contre le pouvoir »

JACK LANG

cité pa r Jean-Denis Bredin

(Jack Lang n'était pas alors ministre de la Culture)

Page 9: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-
Page 10: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

PROLOGUE

Page 11: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-
Page 12: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

Dupont l ' immigré

Les yeux de l'étranger voient plus clair.

Charles READE

(Le Cloître et le Foyer, 1861)

La m e i l l e u r e m é t h o d e p o u r c o n n a î t r e ses conci-

toyens , e s t de se r e n d r e c a r r é m e n t d a n s u n a u t r e pays . E n ce qu i m e conce rne , j e p e u x a v o u e r q u e j ' a i p u enf in c o m m e n c e r à c o m p r e n d r e l a F r a n c e soc ia l i s t e ac tue l l e g râce à u n é c h a n g e é p i s t o l a i r e q u i d é b u t a p a r u n e l e t t r e d ' u n d e m e s cous ins , e n p r o v e n a n c e d e l a

R e p û b l i c a Nougay ine , o ù il c o m m e n t a i t des événe- m e n t s s u r v e n u s d a n s s o n pays , q u i a l l a i en t c o n d u i r e 9 m o i s p lu s t a r d à l ' é lec t ion d e F r a n c i s c o E r r a n t e , can- d i d a t soc ia l i s te à l a P ré s idence .

I l m e p a r a î t i m p o r t a n t de p r é c i s e r q u ' E r r a n t e f u t d é m o c r a t i q u e m e n t élu. D ' a b o r d , p a r c e q u e b e a u c o u p d e r ég imes d i t s socia l is tes , b i e n qu ' i l s p e r m e t t e n t a u x

c i toyens d e c h o i s i r l i b r e m e n t l e u r p o s i t i o n p o l i t i q u e : ass ise , couchée , à genoux. . . , n e l e u r o n t e n r e v a n c h e j a m a i s e n c o r e a c c o r d é l a l i b e r t é d e vote . E n s u i t e , p a r c e q u e les F rança i s , à c ause d e l e u r t e n d a n c e car-

t é s i enne dit-on, à u n e ca t égo r i s a t i on , p a r f o i s t r o p ca-

Page 13: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

tégorique, de la politique étrangère, considèrent la totalité des pays de l'Amérique Latine comme des dic- tatures militaires. Il y a heureusement des exceptions à la règle. Certaines très malheureuses, comme le Chili d'Allende. Ce n'est pas le cas de la Nougayine qui a vécu certes maintes expériences fâcheuses dans son histoire, mais n'avait jamais connu encore de gouver- nement socialiste.

Le Français, comme tout grand peuple, affiche souvent en matière géographique la plus complète nonchalance, ce qui lui fait placer Buenos Aires au Brésil ou confondre la Nougayine avec l'Uruguay quand ce n'est pas avec l'Argentine. Il me semble donc important d 'ajouter à l 'intention des Français qui ne sauraient pas où se trouve la Nougayine (que les au- tres veuillent bien m'en excuser), que cette République est située à l'est de l'Uruguay et au sud de l'Argentine, et que son nom lui vient du fleuve Nougaguay qui, avec les rios Paraguay, Parana et Uruguay, irrigue cette zone de l'Amérique connue sous le nom de « Hexágono Pampeano ».

Mon cousin s'appelle Alvar Lobo Rojo. Le nom de son père était Roux, comme le mien. Mais quand il débarqua en Nougayine, les officiers du Bureau d'Im- migration lui proposèrent, par une sorte de recyclage patronymique, de traduire son nom en espagnol, ce qui donnait Rojizo ou Rojo. Mon oncle choisit le deuxième. A cette époque mirifique, même les repris de justice qui, dans leur pays d'origine n'étaient plus ni repris ni échangés, pouvaient en Nougayine s'y re- prendre à deux fois.

A ce propos, il est bien regrettable qu'en France les Socialistes au pouvoir aujourd'hui, n'aient pas songé à accorder aux Nord-Africains et aux autres

Page 14: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

ethnies tiers-mondistes implantées actuellement chez nous la possibilité de changer leur nom d'origine en Martin ou Bernard1. Le problème posé par les immi- grés aurait pu être alors résolu de façon purement administrative.

Des coupeurs de faciès en quatre feront valoir que même dans ce cas il y aurait encore un obstacle : la couleur de la peau. Qu'un Jacob se fasse appeler Jac- ques, cela peut à la rigueur passer inaperçu (enfin pas vraiment si l'on est un fin renifleur des colpor- teurs de microbes susceptibles de « frapper d'anémie mortelle l'organisme français » comme disait le re- gretté Xavier V a l l a t Mais un Mohamed qui se fait appeler Maurice, ou un Bokassa, même s'il se fait prénommer Boniface, ça ne trompe personne. Cepen- dant, tout « bon Français », adepte du Parti Populaire Français, pardon, je veux dire du Front National, qui se prétend tant soit peu honnête homme, ne peut que donner raison à son fabuliste national quand il dit : « Qu'importe à ceux du firmament qu'on soit mouche ou bien éléphant ? »... Et puis, le problème des im- migrés ne devrait pas tant tracasser les « bons Fran- çais » d'aujourd'hui, comme M. Le Pen, car ils de- vraient se remémorer qu'ils sont déjà depuis qu'ils existent un peuple de métèques. Le métissage est une des formes biologiques de la patience, et « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage », nous dit encore La Fontaine. Un allemand — bien sûr très calé en matière raciale —, l'écrivain Disterbarth,

1. Pourquoi pas Dupont ou Durand ? Théodore Zeldin (Les Français, Fayard) nous apprend que, contrairement aux idées reçues, le patronyme le plus répandu en France n'est pas Dupont, pas même Durand, mais Martin, suivi de Bernard et puis de Thomas.

2. Commissaire aux Questions Juives du Gouvernement de Vichy.

Page 15: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

affirmait déjà en 1935 que la nation française était un peuple de métis, composé selon lui d'un mélange de Celtes, de Romains et de Francs. Affirmation par trop sommaire à mon avis, car elle omettait les nom- breuses autres composantes du patrimoine chromoso- mique de la France, comme les Germains, les Helvètes, les Huns, les Mameluks, les Vikings, les Vandales, les Ostrogoths, les Visigoths, les Tartares, les Maures, les Basques,... même les Anglais,... et j 'en passe.

Le monde entier est venu inséminer la France, apportant chaque fois de nouveaux gènes aptes à re- vitaliser ses vieux chromosones goutteux, cirrhotiques ou cholestérolémiques. Cette France n'est sans doute pas celle préconisée par Maurras ou Drumont, mais celle des immigrés comme les peintres et sculpteurs de l'Ecole Française ou de Paris, tels que Pissarro, Sisley, Van Gogh, Modigliani, Picasso, Brancusi, Gar- gallo, Larionov, Gontcharova, Foujita, Kandinsky, Chagall, Soutine, Lipschitz, Zadkine, Arp, Tanguy, Ernst, Dali, Brauner, Dominguez, Miro, Lam,Gonzalez, Pevsner, Giacometti, Gris, Riopelle, de Stael, Vasarely, Arden Quin, Soto, Penalba, Kowalski, etc., etc. — la

liste deviendrait quasiment interminable si l'on y in- cluait tous les artistes étrangers travaillant actuelle- ment en France. Il y a aussi les métèques écrivant en langue française, comme Lautréamont, Laforgue, Apollinaire, Cendrars, Ramuz, Tzara, Kessel, Milosz, Supervielle, Césaire, Ganzo, Beckett, Ionesco, Adamov, Schéhadé, Cioran, Troyat, Roman Gary, et j 'en passe. Et les photographes Man Ray et Brassaï, et les grands couturiers Cardin et Paco Rabane, et les architectes Le Corbusier et Candilis, et les cinéastes Bunuel, Ophüls, Tati, Costa Gravas, Dassin, Mizrahi, Losey, Swaim ou Scola. Et qui incarna pendant de longues années dans des dizaines de films américains le Fran-

Page 16: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

çais « type » ? Un certain Roumano-Juif appelé Israel Moshe Blauschild, autrement connu sous le nom de Marcel Dalio.

Nos immigrés ne nous suffisant pas, nous y avons ajouté les Belges. Il est vrai que les meilleurs gram- mairiens français sont justement deux Belges : Mauri- ce Grévisse et Joseph Hanse. Et que Maeterlinck, Ensor, de Ghelderode, Simenon, Magritte, Delvaux, Rodenbach, Verhaeren, Crommelynck, Michaux, Fey- der, Brel ou Folon, parmi d'autres, comme l'a dit Barrès, « mettent ça et là de légers points de pourri- ture sur l 'admirable race française. Garde à nous, Patriotes ! »

Mais parfois, au dam des xénophobes, des étran- gers perçoivent et comprennent mieux un pays que ses autochtones, qui, à tant se regarder dans la glace, ne s'y voient plus parfois ; certains même ne peuvent plus se voir. Cela ne risque pas de nous arriver, nous les Français, qui avons toujours éprouvé une grande affection pour notre image. C'est d'ailleurs la seule affection pour laquelle nous ne demanderons jamais à être remboursés pa r la Sécurité Sociale.

On raconte par tout dans le monde que le Français est le peuple le plus frondeur, le plus individualiste, le plus rouspéteur de toute la planète. On le dit même en France. Et qui plus est, les Français le croient.

Tous les peuples entretiennent avec eux-mêmes des relations imaginaires.

Répété à l'infini un cliché devient une vérité, puis une évidence aveuglante. Qui peut douter, pa r exemple, que le Français soit le seul peuple doué de raison ? Qualité inconnue ailleurs sur la planète, et qui lui assure trois sens supplémentaires : les sens de la me- sure, de la clarté et de la logique. En lui a t t r ibuant ces qualités, nous nous laissons pour tan t aller à la

Page 17: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

même déformation imaginaire que lorsque d'autres disent que le Français est mesquin, chauvin, raciste ou vantard, toutes « évidences » aussi aveuglantes que les premières, et dépendant du miroir dont on se sert. C'est en utilisant des miroirs semblablement tendan- cieux, donc déformants, que nous subissons les « évi- dences » des idéologies.

Pour parler de la France qui nous tient à cœur, il faudrait le faire non pas devant la glace mais de l 'autre côté du miroir, à cœur ouvert. Mais cela risquerait de nous faire beaucoup d'ennemis.

Voilà pourquoi il vaut mieux dans ce cas voyager comme Gulliver, ou devenir Persan comme Montes- quieu, ou, comme moi, trouver des étrangers qui vous racontent ce qui se passe dans leur pays. Cela nous aidera, en effet, à beaucoup mieux comprendre la France. Et nous évitera aussi d'éventuelles poursuites devant les tr ibunaux correctionnels, puisque selon la loi française, on est coupable de délit de diffamation..., même lorsqu'on dit la vérité !

Page 18: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

Le cousin d'Amérique... du Sud

« Humédos Vientos, Nougayine le 31 Mai 1981

« Cher Cousin,

Tous ces « syndromes » déballés dernièrement dans la presse et à la télé me font un drôle d'effet. Ici certains parlent du « syndro- me socialiste français ». L'extrême droite, évi- demment. A l'annonce de la victoire de Mitter- rand, le 10 Mai, et sans la moindre concerta- tion, la foule se déversa spontanément dans les rues de notre capitale, Humédos Vientos, avant même que les partis de gauche ou notre C.G.T. locale, encore abasourdis, n'eussent ap- pelé à un quelconque rassemblement. Et com- me un fleuve en crue, elle déferla dans les avenues qui conduisent au quartier Nord... Peu importe que ce soit le plus huppé de la ville, c'est là que se trouve la Plaza Francia. Comme le 25 Août 1944, quand elle apprit la libération de Paris, la foule y courut — et

Page 19: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

ce n'est point une figure de style — en pleu- rant de joie.

C'est grâce à la France, comme tu le sais sans doute, à ses révolutions et ses bouleversements qui depuis 1789 n'ont cessé de nous inspirer, que nous retrouvons par à-coups notre cons- cience politique et nos raisons de nous insur- ger. Nos motifs d'espérer aussi. Hélas, depuis 23 ans, nous n'avons connu que les gouverne- ments autocratiques, aliénants et corrompus de la Droite. A l 'ombre de tels régimes, nos machos eux-mêmes ont dépéri et se sont dé- valués autant que nos pesos.

Mais ce soir-là, les gens entonnèrent de très revendicatives Marseillaises. Il était de bon ton chez les socialistes de la chanter en fran-

çais. Parmi les entorses perpétrées envers le texte original, certaines étaient particulière- ment offensantes et violentes — du moins en

paroles — à l'égard des autorités suprêmes de la Nation. Pourtant, contrairement à ses habi- tudes, la Police laissa faire : une mission mi- litaire française se trouvait justement à Hu- médos Vientos en vue de doter notre Armée

d'un nouvel engin français appelé Exocet. Et il aurait été inopportun de faire matraquer une foule qui manifestait des sentiments si haute- ment francophiles.

Ce soir-là la Gauche réussit, par hasard, ce dont, même si elle l'avait voulu, elle n'était plus capable : s'unir. Divisée la veille encore en multiples courants fratricides, la victoire socialiste française la mobilisait, toutes ten- dances confondues, contre la dictature des privilèges de la droite. Même les communistes

Page 20: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

étaient là. Leur leader, Jorge Mercado, exhorta les forces « vives » de la Nation à s'unir, en vue des prochaines élections présidentielles. Au nom des communistes, Mercado tendait une main fraternelle, tout en faisant le ser- ment que cette unité « sacrée » de la Gauche (jusque là toujours sabordée p a r son parti) serait désormais « religieusement » respectée. Le lendemain, la Droite retrouvait elle aussi son unité « sacrée ». Girador del Estanque vilipendait l 'indécente célébration p a r la Gau- che de la victoire d 'un part i socialiste étranger. Et Jacobo Chorizo ne manquai t pas d 'a jouter que, les communistes n 'étant que des laquais de Moscou, seule la Droite pouvait garant ir aux Nougayiens la préservation de leur iden- tité nationale. Le surlendemain, la Gauche dé- nonçait cette grossière provocation de la Droi- te. Jorge Mercado réitérait son offre d'une liste commune de la Gauche. Pour tant Francisco Errante, le leader du Parti Socialiste, faisait la sourde oreille, les derniers sondages indi- quant une chute vertigineuse de l 'électorat communiste... »

Voilà traduites de l'espagnol, les premières nou- velles reçues de mon cousin Alvar Lobo Rojo, concer- nant les réactions en Nougayine, à la victoire de François Mitterrand aux élections présidentielles fran- çaises du 10 Mai 1981.

Alvar poursuivait en me donnant des nouvelles de sa famille. Si je ne les cite pas c'est que dans ce do- maine il était parfaitement heureux, et que le sujet de ce livre n'est aucunement le bonheur mais la peur...

Page 21: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

du socialisme. Pour consoler les envieux, je m'em- presse de préciser que l 'esprit passionné et subversif d'Alvar lui créait des ennuis partout ailleurs.

Alvar ne parlait que rarement de lui-même. Il ne devenait loquace que lorsqu'il abordait sa vie profes- sionnelle. Et souvent, il ne pouvait pas s'empêcher, quel que fût le sujet d'une conversation — ou d'une lettre — de les faire progressivement graviter autour des deux seuls thèmes dignes d'intérêt à ses yeux : le cinéma... et la France, dont il était également pas- sionné.

Alvar était alors le patron de deux petites salles de cinéma situées dans un quartier naguère à la mode, appelé El Abasto, où s'était tenu jadis comme aux Halles à Paris, le marché alimentaire de la ville. Et dans ses salles, il montrai t des films pour la plupart destinés à des étudiants et à des cinéphiles, ceux que l'on désigne en France sous le nom de « films d'art et d'essai », les Français tenant toujours à classer ce qui échappe à toute classification. Alvar aimait décou- vrir des réalisateurs inconnus, allant souvent même les dénicher dans des pays lointains comme l 'Iran (avant Khomeiny) ou le Sénégal ou le Koweit. Mais ces films n'att iraient pas un nombre suffisant de spectateurs pour couvrir les frais de fonctionnement de ses salles. Les films qui avaient un certain succès — ne parlons pas de gros films comme ceux de Bel- mondo ou de Clint Eastwood — mais de bons films,

comme « Eléphant Man », ou « Shining », ou « Kage- musha », qu'il aurait voulu montrer dans ses salles lui étaient tous refusés. Car ces films allaient systé- matiquement aux salles des quatre plus grosses compagnies de cinéma nougayiennes : « La Guimau-

Page 22: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

Un pertinent ouvrage a raconté déjà "LE MAL FRANÇAIS". Impertinent et drôle, voici le premier livre sur "LE MERDIER FRANÇAIS". DUPOND DUPONT s'en est allé à sa recherche aussi loin que l'humour peut le permettre, d'abord en France. Et puis plus loin, en Nougayine, cette lointaine République qui s'inspire du socialisme français pour refaire le pays, et où seuls les citoyens sont "refaits". - Voulez-vous connaître le Président Francisco ERRANTE,

élu après 23 ans de régimes de droite ? - Voulez-vous suivre les exploits délirants et les bévues innombrables de ses fidèles lieutenants, le Premier ministre Lorenzo FABULOSO, Jacobo DEL ORO ministre des Finances, CHE VAINEMENTE ministre de l'Industrie, Jake LENGUA LARGA ministre de la Culture et du Désir, et tous les autres ? — Voulez-vous rencontrer leurs ennemis irréductibles : l'ex-Président GIRADOR DEL ESTANQUE, les ex-Premiers ministres Jacobo CHORIZO et COUP DE BARRE ; l'ex-allié, le communiste Jorge MERCADO et le ci-après "national-libéral" Juan Mario LA PENA ? - Voulez-vous découvrir la société nougayienne à travers le

regard incisif, truculent et décapant de l'homme lucide et ironique qui se cache derrière le pseudonyme de DUPOND DUPONT ? - Voulez-vous rire, enfin, et tout simplement ? Car dans le

pays de Rabelais, de Molière, de Courteline, il semble que l'on rie de moins en moins, hélas ! DUPOND DUPONT vous y invite. Visitez avec lui la Nougayine, un pays devenu "fou", mais où vous vous sentirez tout à fai t "chez vous".

LES EDITIONS QU'OSÉ-JE ONT OSÉ !

Page 23: D'où vient la merde ? : conte épineuxexcerpts.numilog.com/books/9782869200005.pdf · Charles READE (Le Cloître et le Foyer, 1861) La meilleure méthode pour connaître ses conci-

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections

de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia ‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒

dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.