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Thi Minh-Hoang Ngo Doit-on avoir peur de la Chine ? Le communisme chinois et l’Occident l’aube L’ÈRE PLANÉTAIRE Extrait de la publication

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Page 1: Doit on avoir peur de la Chine…Tunliu dans la tourmente de la réforme agraire (1946-1950), Riveneuve, 2007. Remerciements Ma profonde reconnaissance va à mon père qui a été

Est-il justifi é d’avoir peur de la Chine socialiste ? En Occident, on a souvent tendance à dénoncer la Chine et à l’accabler de tous les maux. Ce livre vise à contes-ter l’idée selon laquelle la Chine socialiste s’opposerait fondamen talement à l’Occident. Entre la Chine socia-liste et l’Occident, il y a évidemment des différences, mais aussi nombre de points communs. Le commu-nisme chinois a davantage hérité de l’Occident qu’on ne le croit, mais avec des interprétations différentes : dans le marxisme-léninisme, dans le capitalisme, dans la liberté comme émancipation, et même dans les droits humains. Demeure la démocratie, qui est la grande question chinoise de demain…Dès lors, si l’on a peur du communisme chinois, ce ne peut pas être parce qu’il est fondamentalement dissem-blable de l’Occident. C’est beaucoup plus parce que nous ne savons pas où nous allons dans le mouvement actuel de mondialisation. Un essai passionnant.

Thi Minh-Hoang Ngoest née à Paris en 1971. D’origine vietnamienne, elle vit actuellement en France où elle est chercheuse associée à l’IrAsia de l’université d’Aix-Marseille. Au cours d’un séjour en Chine, elle a eu accès aux archives du parti communiste chinois, ce qui lui permet de faire une ana-lyse particulière de la Chine contemporaine.

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Thi Minh-Hoang Ngo

Doit-on avoir peur de la Chine ?

Le communisme chinois et l’Occident

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L ’ È R E P L A N É T A I R E

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Doit-on avoir peur de la Chine ?

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La collection Monde en coursest dirigée par Jean Viard

Série L’Ère planétaire

Ce livre a été proposé à l’édition par Gérard Chaliand.

© Éditions de l’Aube, 2013www.editionsdelaube.com

ISBN 978-2-8159-0768-2

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Thi Minh-Hoang Ngo

Doit-on avoir peur de la Chine ?

Le communisme chinois et l’Occident

éditions de l’aube

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Du même auteur :Tunliu dans la tourmente de la réforme agraire

(1946-1950), Riveneuve, 2007.

RemerciementsMa profonde reconnaissance va à mon père qui a été le premier lecteur et critique de cet essai. Je suis aussi recon-naissante à Gérard Chaliand et à Sophie Verdet d’avoir lu attentivement le manuscrit et d’y avoir apporté des cor-rections. Cet essai a beaucoup bénéficié de mes échanges intellectuels avec Viren Murthy qui m’a suggéré la piste d’un capitalisme d’État sans capitalistes pendant la période maoïste et qui m’a initiée aux œuvres de Prasenjit Duara. Je remercie également monsieur Marcel Gauchet d’avoir lu le manuscrit et d’avoir enrichi ma réflexion, en particulier sur la signification d’empire. Je remercie Manon Viard des éditions de l’Aube d’avoir lu le manuscrit et de m’avoir incitée à renforcer la réflexion de cet essai. Je demeure fidèle dans ma pensée à mon maître sur les questions de pouvoir et d’autorité en Chine, l’anthropologue Stephan Feuchtwang. Je demeure également fidèle à mon autre maître, Ramon Myers, qui m’a initiée à l’histoire du système politique chinois. Mon entière reconnaissance va à ma famille qui n’a eu de cesse de me prodiguer un soutien sans faille.

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À mon père,Ngô Manh Lan

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Introduction

En Occident, la Chine inquiète, elle fait souvent peur. Pourquoi ? Parce qu’elle est la deuxième puissance économique mondiale, bous-culant l’Union européenne et menaçant l’hégé-monie américaine ; parce qu’elle viole les droits de l’homme tels que les conçoit l’Occident, en emprisonnant les dissidents et en réprimant les Tibétains ; parce qu’elle est en proie à des désé-quilibres sociaux qui menacent de la plonger dans le chaos, nonobstant un système politique solide qui assure, dans une certaine mesure, le contrôle de la population.

Se profile paradoxalement la peur de la dispa-rition de la Chine socialiste et du déséquilibre géo-politique mondial qu’elle engendrerait. Adhérant à la fin de l’Histoire prédite par le politologue américain Francis Fukuyama, où l’Occident aurait raison, témoin du triomphe de ses idées libérales, les Occidentaux ont peur cependant car après la Chine socialiste, ce serait l’incertitude. Les Chinois

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ressentent la même chose et craignent le chaos si l’hégémonie du Parti communiste chinois venait à disparaître.

Une disparition de la Chine socialiste renvoie aux propres incertitudes et à la crise d’identité de l’Occident, au moment où la démocratie occiden-tale est remise en cause dans ses limites, incapable comme la Chine de trouver des solutions viables au problème crucial des inégalités sociales créées par le capitalisme monopolistique et globalisé. Quel sera le monde de demain, du xxie siècle, déjà à la fois marqué par la crise du socialisme, comme en témoigne le cas chinois, et par la crise de l’Occident, qu’on qualifie généralement de déclin ?

On peut s’inquiéter, mais on n’aura pas peur de la Chine si l’on comprend que malgré des diver-gences idéologiques, elle peut rejoindre l’Occident dans un destin commun lequel n’est pas la fin de l’Histoire, mais le résultat d’interactions culturelles à l’heure de la mondialisation. C’est pourquoi ce livre invite à comprendre ce qui lie le communisme chinois à l’Occident, en premier lieu la recherche d’une modernité orientale, laquelle a commencé dans le premier tiers du xxe siècle, dans le cadre d’une lutte contre les impérialismes européens et de la définition d’un État-nation. C’est ce processus de recherche d’une modernité orientale qui court

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de la formation de l’État-parti dans les années 1940 jusqu’à aujourd’hui et qui l’amène à emprunter des idées à l’Occident.

Dans les années 1920 et 1940, alors que la Chine était engagée dans le combat contre les impérialismes européens et japonais, les com-munistes chinois s’approprièrent l’idéologie de l’Occident, y compris l’idéologie libérale, pour l’inscrire dans une pensée révolutionnaire marxiste- léniniste. La période maoïste des années 1950 à la fin des années 1970 vit la radicalisation de la pensée révolutionnaire par son détachement de la pensée libérale occidentale et son nationalisme exacerbé. La période postdenguiste des années 1980 à aujourd’hui marque le retour d’une pensée libérale dans le cadre du marxisme-léninisme. Ce processus de libéralisation de la Chine, avec les limites qu’impose le système politique hérité de la période maoïste, se poursuit des années 1990 à aujourd’hui avec l’adoption d’un capitalisme qui ne s’énonce pas comme tel pour des raisons idéologiques et des concepts occidentaux de droits de l’homme, de société civile, de développement durable. Les références à la démocratie (minzhu) sont plus complexes car elles signifient la souve-raineté populaire et le centralisme démocratique dans le cadre d’un système politique de type marxiste-léniniste.

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Mais si elle s’inspire de l’Occident, la Chine socialiste ne veut pas pour autant s’y assimiler. Le legs de l’anti-impérialisme est encore trop fort et constitue la raison d’être du PCC qui s’attache depuis les années 1980 et 1990 à développer un nationalisme autour de l’État-nation, une idéo-logie se substituant à l’idéologie révolutionnaire et maoïste de la ligne de masse. Après une période dogmatique où avaient prévalu les seules certitudes de Mao Zedong, la Chine socialiste est de nouveau à la recherche d’une modernité orientale. La Chine socialiste revendique la « voie chinoise » (zhongguo daolu), le « modèle chinois » (zhongguo moshi). Elle ne veut pas copier entièrement le modèle éco-nomique et politique de l’Occident car, de son point de vue, elle risquerait de connaître le même sort que l’Union soviétique. C’est aussi pour cette raison que la Chine socialiste refuse de se dire capitaliste, même si elle l’est en réalité tant elle s’est attachée, depuis les débuts de la fondation d’un État-Parti, à l’accumulation des capitaux. C’est ce capitalisme d’État chinois qui fait aujourd’hui de la Chine socia-liste la deuxième puissance économique mondiale et qui nourrit en Occident des sentiments mêlés de crainte, voire de xénophobie, et de fascination.

On ne doit pas confondre cependant l’impé-rialisme moderne avec l’universalité chinoise qui se réfère à la conception traditionnelle du tianxia.

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Au xxie siècle, la Chine revient-elle au tianxia dans sa conception du monde ou devient-elle impé-rialiste au sens moderne du terme, par exemple dans sa conquête de l’Afrique où elle s’implante par ses investissements massifs ? À notre avis, dans le cadre de la globalisation économique et financière, la Chine socialiste rejoint l’Occident, héritant de l’impé rialisme dans la conquête des ressources et des terres rares. Mais adhérant au marxisme-léninisme, elle ne peut être dans sa représentation d’elle-même impérialiste, comme elle ne peut être capitaliste. En  réalité, elle peut être toutefois impériale. En cela, elle diverge de la conception traditionnelle chinoise de l’univers, du tianxia. La Chine socialiste d’aujourd’hui est faite de contradictions. L’une d’entre elles, majeure, est la dichotomie entre, d’une part, les discours confu-céens d’harmonie à l’intérieur et de développement pacifique à l’extérieur et, d’autre part, les tensions sociales internes et la politique extérieure de la Chine, nationaliste, qui peut être intransigeante comme en témoigne la querelle sino-japonaise sur les îles Diaoyu/Senkaku en mer de Chine orientale. Pour mieux mesurer le cheminement de la pensée chinoise vers la modernité occidentale en Orient, nous commençons cet ouvrage par la conception traditionnelle chinoise de l’univers, le tianxia.

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