dossi er prospective scientifique...dossi er u n séminaire de prospective scientifique du cnes,...
TRANSCRIPT
Prospective scientifiqueProspective scientifique
D O S S I E R
© R
onal
d Cu
rcho
t,20
04
D O S S I E R
U n séminaire de prospective scientifique du Cnes, c’est un grand
moment dans la vie de la communauté scientifique impliquée dans
les recherches utilisant les outils spatiaux. Il permet de faire le point sur les
recherches en cours dans chaque domaine thématique, et sur ce qu’il fau-
drait faire dans les prochaines années, voire dans la prochaine décennie.
Un séminaire de prospective, c’est aussi l’occasion de rencontres, entre
les scientifiques et le Cnes, mais aussi entre les scientifiques
des diverses communautés, astronomes, géophysiciens,
physiologistes, biologistes, etc. Cela permet au Cnes
de construire sa programmation scientifique
en concertation avec ces communautés, en
s’appuyant sur ses comités d’évaluation au
premier plan duquel le Comité des pro-
grammes scientifiques (CPS).
Nommé par décret, le CPS est composé de
12 membres. Se réunissant en moyenne
trois fois par an (parfois plus lorsque le
Cnes a besoin d’un éclairage sur un projet
particulier), il conseille le président du Cnes
sur la politique et la programmation scien-
tifique spatiale. Jusqu’au 5 juin 2004 (date à
laquelle il nous a quittés), il était présidé par Gérard
Mégie qui a joué, durant des années, un rôle essentiel
de conseil. Un hommage ému lui a été rendu, lors du sémi-
naire, par l’ensemble de la communauté.
Le CPS s’appuie sur les travaux des groupes thématiques : soit cinq en
connaissance de l’Univers (astrophysique, système solaire, Soleil/hélio-
sphère/magnétosphère, physique fondamentale, cosmobiologie) fédé-
rés par le Ceres*, présidé par M. Blanc ; quatre en observation de la Terre
(Terre solide, océan, surfaces continentales, atmosphère) fédérés par le
comité Tosca*, présidé par M. Diament ; un en sciences de la vie, présidé
par A. Holley, et un en sciences de la matière, présidé par R. Borghi. Ces
groupes conseillent directement les structures thématiques de la Direc-
tion de la stratégie et des programmes du Cnes. Ce sont eux qui ont orga-
nisé la préparation du séminaire de prospective des 6 et 7
juillet par un travail quasi continu depuis 2001.
Aujourd’hui, les conclusions et recomman-
dations du séminaire sont “disséquées”
par le CPS qui va recommander au
Cnes d’engager les projets les plus
prioritaires ou les plus urgents. Il
s’est réuni le 2 septembre 2004
pour un premier parcours. Le
prochain rendez-vous est prévu
le 15 octobre. Lors de sa première
réunion, il a confirmé l’impor-
tance d’une participation fran-
çaise significative aux pro-
grammes scientifiques de l’Agence
spatiale européenne, le pro-
gramme obligatoire,et l’EOEP
(Earth Observatory Enve-
loppe Program) en
observation de la Terre. Dans ce domaine, il a également pris en compte
le besoin de la continuité des mesures qui pourrait être assurée par les
futures infrastructures GMES, sous l’égide de l’Union européenne. Il a
reconnu la qualité des propositions de vols en formation retenues par
les groupes, et a proposé au Cnes d’engager, dès maintenant, les phases
0, puis A, afin d’aboutir à l’engagement d’un projet en phase B
d’ici la fin 2006. Enfin, il a recommandé au Cnes d’enga-
ger le projet Vénus d’observation à haute résolution
des surfaces continentales, en partenariat avec
Israël. Il doit se prononcer, le 15 octobre, sur
les choix à faire à court terme, projets ou
phases 0 et A des autres missions pro-
posées,notamment en coopération bila-
térale, après une instruction plus
détaillée.
En résumé, beaucoup d’idées, de pro-
jets et d’enthousiasme. C’est au Cnes
maintenant de les transformer en réa-
lité, en étroite association avec les com-
munautés scientifiques concernées.
Geneviève Debouzy , directrice adjointe, Cnes/
Bernard Dupré, président du CPS par intérim
*Ceres : Comité d’évaluation sur la recherche et l’exploration spatiales
*Tosca : Terre, océan, surfaces continentales et atmosphère
© C
nes/
dist
.Spo
t Im
age,
2001
© C
nes/
D.Fo
urny
Del
loye
12
© C
nrs/
L.M
énar
d
Tous les quatre ans,
la communauté scienti-
fique spatiale se réunit,sous l’égide
du Cnes, pour élaborer une pro-
grammation scientifique à moyen
terme. Exercice exceptionnel qui
n’a son pareil chez aucun autre
organisme de recherche. À la dif-
férence des séminaires précédents,
l’approche et la méthode de travail
de l’édition 2004 s’apparentaient
plus à celles d’un colloque prépro-
grammatique. Il faut dire que ce
séminaire a été atypique à plus
d’un titre.L’exercice engagé en 2001,
reporté à plusieurs reprises et pré-
cédé d’un préséminaire en sep-
tembre 2002, a été annulé à cause
des difficultés financières que le
Cnes a traversées fin 2002-début
2003 et dont il est sorti grâce à une
reprogrammation de l’Établisse-
ment courant
2003. Aussi désireux de
renforcer ses activités de recherche
amont dans le cadre de sa repro-
grammation, le séminaire arrivait
à point nommé.Yannick d’Escatha,
président du Cnes,en a profité pour
assurer à la communauté scienti-
fique la stabilité des budgets consa-
crés aux programmes scientifiques
(dans les domaines de la connais-
sance de l’Univers, des sciences de
la Terre et de l’environnement, des
sciences en micropesanteur). Un
préambule capital dans un contexte
difficile, fragilisé par la perte de la
navette Columbia et l’arrêt des vols
de la navette,par la révision du pro-
gramme de l’Esa et par l’arrivée de
l’Union européenne comme nou-
vel acteur du spatial !
Trois cents chercheurs étaient pré-
sents à Paris, les 6 et 7 juillet, pour
proposer au Cnes des projets scien-
tifiques.Les hypothèses émises ont
bel et bien confirmé l’utilité des
activités de recherche dans le
domaine spatial. Plus de 60 pro-
jets présentés ont témoigné, une
fois de plus, de la pertinence de la
recherche spatiale et de sa force
d’innovation.
Priorité à l’EuropeÀ l’occasion de ce séminaire, un
accord s’est dégagé sur la place cen-
trale accordée à l’Europe,inscrivant
la démarche de recherche dans une
perspective complètement euro-
péenne, au détriment parfois de
partenariats historiques.Même s’il
n’en demeure pas moins une lati-
tude de coopération pour les petits
projets !
Le programme scientifique obli-
gatoire de l’Esa a été réaffirmé
comme la priorité des priorités.
Tout tend à une clarification de la
subsidiarité scientifique européenne
par rapport au rôle national. La
compétence partagée de l’Union
européenne ne sera pas sans inci-
dence sur le positionnement de
cette nouvelle instance politique
et dépassera le cadre de son inter-
vention actuelle de la DG Recherche
ou du PCRD.Aujourd’hui le contexte
programmatique est complexe
(national, européen, bi et multila-
téral). C’est pourquoi, au lieu de
partir en ordre dispersé,mieux vaut
privilégier la complémentarité et
reprogrammer des projets dans le
cadre européen (Mars). Il faut accep-
ter dans ce nouveau contexte que
la prospective soit abordée diffé-
remment,y compris le PMT. La pro-
grammation du Cnes devrait donc
se recentrer sur de nouveaux pro-
jets (non récurrents) émanant d’un
vigoureux programme de R&T.
Entre continuité et nouveauté D’un colloque à l’autre, on observe
sans peine une continuité à travers
certains projets comme le souligne
Michel Blanc, président du Ceres :
“Picard reste toujours pertinent ainsi
que Pharao. L’étude de Mars revient
comme un leitmotiv. Aujourd’hui
elle s’inscrit dans le programme
européen Aurora de l’Esa et prévoit,
entre autres,un atterrisseur de démons-
13
Une R&T et des phases O/A renforcées,un transfert vers
des observatoires opérationnels, un budget constant
assuré,des projets plus européens… sont les tendances du séminaire
de prospective scientifique
2004 organisé par le Cnes,
à la Maison de la chimie, en
juillet dernier. À noter, côté
technologie, l’émergence des vols
en formation !
Prospective scientifique
Soutenir un vigoureuxprogramme de R&T
© N
asa/
esa,
2000
© E
sa,2
000
DOSSIER RÉALISÉ PAR BRIGITTE THOMAS
14
tration. L’enjeu de découverte en
géoscience et en exobiologie sous-
tend un programme technologique
conséquent pour faire les prochaines
générations d’instruments in situ.”
L’accent est ici mis sur du moyen
terme pour ne pas laisser Mars…
aux Américains.
De nombreuses nouveautés sont à
souligner : en astronomie, la pro-
blématique de l’énergie noire (un
nouveau paradigme de la cosmo-
logie) ; en sciences de la planète, la
généralisation de l’approche sys-
tème ; le concept de pôle théma-
tique qui accompagne tout le débat
sur l’organisation du dispositif de
la recherche française ;en sciences du
vivant,de nouveaux thèmes de recherche
en matière d’exploration planétaire
dans les domaines du développement
et du fonctionnement du système
nerveux,du système osseux etde l’im-
pact de la nutrition (cf.article d’Alain
Berthoz p.20);en sciences de la matière,
un changement d’approche et un
nouveau positionnement comme
science finalisée (cf .article de Bernard
Zappoli p.18).À noter ici la forte volonté
des physiciens de se mettre au ser-
vice du transport et de l’exploration
spatiale en concertation avec les struc-
tures inter-organismes existantes.
Le problème lancinant du transfert
des objets spatiaux vers des obser-
vatoires opérationnels ou des obser-
vatoires de recherche (Météosat,
Spot, CLS, Galiléo) persiste. Par le
passé,tous ces transferts ont été réa-
lisés grâce à l’engagement lourd des
agences spatiales. Aujourd’hui le
transfert vers les observatoires opé-
rationnels nécessite de construire
une nouvelle démarche avec une
vision système du satellite pour de
la production d’information (à l’image
de GMES),aidée certes par les agences
spatiales mais pas exclusivement.
Des relais doivent être envisagés en
identifiant les utilisateurs et en trou-
vant de nouveaux financements.
C’est une des volontés du groupe
Tosca, comme le rappelle
Michel Diament,son pré-
sident (cf.article p.15),
“Nos priorités sont
certes
d’améliorer la résolution spatiale et
temporelle mais surtout d’assurer la
continuité à travers des observatoires
spatiaux en créant des pôles thé-
matiques en vue d’une surveillance
continue de notre environnement et
d’une meilleure prévision.”
Des enjeux sociétaux qui poussent
la recherche spatiale vers une science
de plus en plus finalisée !
Une techno en pleine mutationAujourd’hui, toutes les questions
scientifiques brûlantes induisent
une évolution des outils spatiaux :
entre autres, en physique des sys-
tèmes, de grands télescopes ; en
astronomie et physique fonda-
mentale, des horloges et des sen-
seurs inertiels,de l’imagerie haute
résolution angulaire avec détection
des ondes gravitationnelles et de
l’observation à haute énergie avec
de grandes distances focales (d’où
l’intérêt des vols en formation) ;en
exploration planétaire, l’analyse in
situ des surfaces planétaires puis
du retour d’échantillons pour les
géosciences et l’exobiologie ;en phy-
sique de l’environnement spatial et
D O S S I E R
© E
sa/E
mbi
alab
Y Interférométrie pour la détection d’exoplanètes. Télescopes àgrande focale pour l’astronomie X ou gamma.
De l’utilité du vol en formationDominique Séguéla, responsable du programme R&T Vol en formation, Cnes /
Paul Duchon, membre du Paso, Cnes
L es missions scientifiques émergentes nécessi-
tent des instruments de plus en plus volumineux.
Or il devient impossible de les embarquer sur un satel-
lite de taille raisonnable, donc de les mettre à poste
avec un des lanceurs disponibles actuellement. Les
mécanismes de déploiement dans l’espace (les struc-
tures gonflables) ont aussi leurs limites en termes de
dimensions et de rigidité. La seule solution envisa-
geable aujourd’hui, pour répondre au besoin de très
grands instruments, est le vol en formation.
Ce concept comprend un ensemble de satellites sur
lequel est réparti un dispositif de mesure dont les
positions et orientations sont contrôlées, de façon
très précise, pour assurer une rigidité virtuelle à l’ins-
trument. C’est ce contrôle très précis, réalisé de façon
autonome par les satellites eux-mêmes, qui diffé-
rencie une formation d’une constellation. Le nombre
de satellites d’une formation est très variable. Selon
la mission visée, il peut aller de deux à plusieurs
dizaines. Les satellites d’une formation ne sont en
général pas identiques, les morceaux d’instrument
ne sont pas les mêmes sur tous les satellites, et l’un
d’eux joue souvent le rôle de maître dans la gestion
de la formation.
Le vol en formation est particulièrement bien adapté
aux missions d’astrophysique localisées à un point de
Lagrange (c’est-à-dire à 1,5 million de kilomètres de la
Terre) comme la découverte et l’observation de pla-
nètes hors du système solaire, comme la mission Dar-
win proposée par l’Esa ou Pégase. Ces missions néces-
sitent un contrôle des positions relatives des satellites
à quelques millimètres près, et à quelques milliard
secondes (Darwin) ou une centaine de milliard secondes
(Pégase) sur la ligne de visée.
D’autres missions, comme l’astronomie X ou gamma,
avec Simbol-X ou Max, ou l’observation de la cou-
ronne solaire, avec Aspics, sont un peu moins exi-
geantes et un contrôle de l’ordre du centimètre est
suffisant. Enfin des missions d’observation de la Terre
par interférométrie radar, comme la roue interféro-
métrique ou Microméga, sont aussi envisagées. Le
contrôle est moins strict, mais les perturbations aux-
quelles elles sont soumises sont beaucoup plus impor-
tantes, du fait de leur faible altitude.
Au-delà des missions retenues par le Cnes pour une
phase 0, ce concept permet d’envisager des missions
d’astrophysique beaucoup plus futuristes, pour de
l’observation allant de l’infrarouge jusqu’aux rayons X
et gamma. Un exemple est la lentille de Fresnel (len-
tille plate déployable de quelques mètres à quelques
dizaines de mètres de dimension) trouée selon les len-
tilles de phare, qui utilise la diffraction pour “focali-
ser” la lumière sur un plan focal situé à plusieurs
dizaines, voire plusieurs milliers de kilomètres.
Le vol en formation permettra ainsi de réaliser des
missions très ambitieuses pour un coût bien infé-
rieur à celui d’un satellite unique, en adaptant des
plateformes existantes mini (comme Protéus) ou
micro (comme Myriades) et en utilisant des lanceurs
comme Ariane 5 ou Soyouz. ■
y Pourquoi la recherche en observation de la Terre
semble être, aujourd’hui, à un tournant ?
Michel Diament : Nous possédons un certain nombre
de données de base à l’échelle globale mais pas tou-
jours avec les bonnes résolutions et précisions. Il
nous faut donc de nouveaux instruments ou de nou-
velles combinaisons d’instruments pour mieux com-
prendre le système Terre et pouvoir prédire son évo-
lution. Cela passe par des avancées technologiques
et méthodologiques. Notons que, pour certains types
de données, il est paradoxalement presque plus facile
aujourd’hui de connaître Mars que notre planète.
15
des relations Terre-Soleil, des vols
en constellation et des mesures in
situ dans la couronne solaire. Pour
Michel Blanc (cf.article p.17) “il nous
faut construire un programme scien-
tifique pluriannuel avec des missions
scientifiques de démonstration du
vol en formation et un programme
de petites missions avec des micro-
satellites”. Et s’il ressort de ce sémi-
naire qu’il faut consolider la filière
microsatellite qui correspond à un
réel besoin, Paris ne sera pas une
réplique de Saint-Malo. C’est le
concept du vol en formation qui
requiert ici toutes les attentions.
Reste à tester techniquement sa
faisabilité !
En conclusion,Jean-François Mins-
ter,directeur de l’Ifremer,a mis l’ac-
cent sur le fait que “la démarche
scientifique est un tout depuis la
technologie jusqu’à l’outreach.Autant
il est facile de définir les projets à
garder qu’il est difficile de construire
l’ensemble, depuis le programme
technologique jusqu’à la constitu-
tion d’équipe et la sélection du prin-
cipal investigateur, de l’accès aux
données jusqu’à la démarche de com-
munication qui devrait,comme dans
d’autres pays,faire partie intégrante
des projets. Car nous ne pourrons
pas défendre la science si nous n’en
parlons pas plus”.
C’est au CPS dans les mois à venir
d’élaborer la programmation défi-
nitive du Cnes en tenant compte
des travaux de la communauté
scientifique et des besoins en per-
sonnel. À ce sujet, le Comité inter-
organismes (CIO) a entrepris une
réflexion sur l’évolution des moyens
humains dans les laboratoires,
compte tenu des nouveaux besoins
et de la vague prévisible de départs
en retraite dans la prochaine décen-
nie. Le Cnes est prêt pour sa part à
renforcer son soutien en moyens
humains, dans les métiers de maî-
trise d’œuvre de projets et d’ins-
trumentation scientifique. Ce sup-
port sera coordonné avec les
organismes partenaires dans un
plan global que le CIO est en train
d’établir. ■
© C
nes.D
ist.S
pot I
mag
e
L a Terre est un objet complexe et passionnant, encore imparfaite-
ment connu. C’est également un objet unique du fait des interac-
tions de l’homme avec les milieux naturels. Les grands enjeux futurs condui-
ront à des défis techniques et méthodologiques pour améliorer la précision et
la résolution des données existantes,pour acquérir les nouvelles données nécessaires
à la compréhension des mécanismes du “système Terre” ainsi que pour suivre et prédire leur
évolution. Tous les champs disciplinaires concernés ont besoin d’interagir. Il faut une continuité et
une complémentarité des mesures à l’échelle humaine. Michel Diament, président du Tosca, insiste
sur l’importance des observatoires intégrés.
Observation de la Terre
Plus d’observatoires intégrés
Interview de Michel Diament, président du Tosca
16
Nous avons de grands défis devant
nous, auxquels nous nous devons
de répondre : le cycle de l’eau, les
gaz à effet de serre, le suivi du
niveau des océans, l’origine du
champ magnétique terrestre, etc.
Nous avons le souci de passer de
la recherche à la surveillance de
l’environnement et il nous faut
préparer et accompagner les trans-
ferts vers l’opérationnel (ou les
applications), comme on a pu le
faire en océanographie avec Mer-
cator. Pour ces objectifs relevant à
la fois de la recherche fondamen-
tale et de l’appliquée, nous devons
observer la Terre dans la durée avec
un contrôle qualité qui intègre des
mesures complémentaires.
y L’utilité de vous organiser par
observatoires paraît capitale.
Est-ce une demande des utilisa-
teurs ou une question de survie
de l’activité ?
M. D. : Nous avons besoin d’une
continuité des mesures sol-
espace. Le spatial est
devenu une composante
à part entière et
indispensable
à tout système d’observation.
C’est vrai, par exemple, en vol-
canologie où le suivi de la défor-
mation des édifices avant, pen-
dant et après les éruptions peut
être assuré par l’interféromé-
trie radar ou les méthodes de
la géodésie spatiale ; en océa-
nographie avec les combinai-
sons de données d’altimétrie
satellitaire et in situ, etc. Nous
avons besoin de systèmes de
mesures intégrés, d’observa-
toires avec des données acquises
au sol (à terre, en mer, en fond
de mer), avec des données aéro-
portées ou en ballons, et des
données spatiales. Pour les nou-
velles missions, il nous faut défi-
nir de nouvelles combinaisons
de capteurs qui aboutiront à
des obser vatoires spatiau x
pérennes. Enfin, nous devons
rassembler ces données dans
des pôles thématiques qui
devront être développés afin
d’aider le travail des utilisa-
teurs. Il s’agit donc à la fois d’une
exigence des utilisateurs et d’un
développement indispensable
pour l’observation de la Terre.
y Quels sont donc vos axes prio-
ritaires de recherche pour les
années à venir ?
M. D. : La France, historiquement,
a été pionnière dans le domaine
de l’observation. Au parc Mont-
souris, l’observatoire météorolo-
gique a été un des premiers, la
série temporelle
de mesures au
marégraphe de
Brest est une des
plus longues au
monde… Cette tra-
dition de la science
française, nous
souhaiterions
qu’elle se poursuive
au XXIe siècle à tra-
vers des observa-
toires intégrés de
la surface à l’es-
pace.Il reste à amé-
liorer la résolution spatiale et tem-
porelle pour les observations. Cela
passe par le développement de
nouveaux capteurs et des études
de R&T. Nos objectifs se résument
dans la continuité des observa-
toires (ce qui implique que le Cnes
doit s’associer à d’autres orga-
nismes tels que l’Insu, l’IRD, l’Ifre-
mer, etc.), dans de nouvelles obser-
vations pour répondre aux enjeux
scientifiques et dans un vigou-
reux programme de R&T. Cela se
traduit, pour la Terre solide, par le
suivi des variations du champ
magnétique (post-Oersted et
Champ), et par l’élaboration de
Modèle numérique de terrain à
haute résolution (10 m en verti-
cal, 20 m en horizontal), etc. ; pour
l’océanographie par la continuité
de la filière altimétrique (post-
Jason et post-Envisat) et des mesures
de couleur de l’eau ainsi que par
une mission dédiée à une meilleure
connaissance de l’état de la mer,
etc.; pour les surfaces continen-
tales, par la continuité des obser-
vations optiques haute et moyenne
résolutions (post-Spot et post-Pol-
der) et par une mission dans l’in-
frarouge thermique de haute réso-
lution (100 m) et de répétitivité
quotidienne, etc. ; pour l’atmo-
sphère,par la continuité des mesures
sur le bilan radiatif (post-Calipso
et Parasol) et par une mission de
chimie de l’atmosphère dédiée au
suivi de la pollution (résolution
spatiale de 1 à 10 km, répétitivité
de l’heure), etc. Enfin, dans le
domaine de la R&T, l’effort devra
porter sur des sujets tels que les
vols en formation, l’observation à
haute résolution depuis l’orbite
géostationnaire, les lidars, le radar
bande P afin de préparer les mis-
sions de demain. ■
D O S S I E R
y Composante spatiale d’un système d’observation.
© Ip
jp
© Ip
gp
17
y Êtes-vous optimiste sur les
scénarios martiens proposés par
l’Esa ?
Michel Blanc : Les grandes ques-
tions sont : comment prend-on en
compte le souhait de la commu-
nauté scientifique d’aller vers Mars
et comment porter cette ambition,
qui a été celle du Cnes pendant très
longtemps à travers le programme
national,dans une programmation
européenne. Les objectifs scienti-
fiques majeurs de l’exploration de
Mars,qui concernent les géosciences
et l’exobiologie, s’inscrivent assez
naturellement dans le programme
Aurora de l’Esa. Mais ce programme
n’est pas encore décidé. La France
doit porter ce projet pour convaincre,
notamment, nos collègues alle-
mands et italiens. À terme, nous
travaillerons certainement aussi
avec nos collègues américains.
Mais l’urgence aujourd’hui est d’ou-
vrir une perspective européenne.
y On a beaucoup parlé de projets
reposant sur les vols en formation.
En quoi cette technologie est-elle
pertinente pour votre discipline ?
M. B. : L’évolution des besoins d’ob-
servation en astronomie va soit
vers des systèmes qui ont de grandes
lignes de base et des collecteurs
séparés (systèmes interféromé-
triques) pour permettre de faire de
l’imagerie à très haute résolution
d’objets (tels que des étoiles ou des
systèmes planétaires extrasolaires),
soit vers des collecteurs à grande
distance du foyer (pour l’astrono-
mie des hautes énergies en parti-
culier). On a besoin pour cela de
faire travailler ensemble des élé-
ments de télescope espacés, dans
l’immédiat, de dizaines ou de cen-
taines de mètres, puis prochaine-
ment de milliers de kilomètres, en
contrôlant leurs positions relatives
de façon extrêmement précise. C’est
le vol en formation( cf. article p 14),
une rupture technologique majeure
pour les satellites du futur.Ce concept
représente un exercice très rigou-
reux. Il faut positionner les satel-
lites les uns par rapport aux autres,
parfois à des fractions de millimètre
près, au mieux des centimètres. Le
vol en constellation est,quant à lui,
moins contraint. Il répond au besoin
qu’a aujourd’hui la physique magné-
tosphérique d’explorer les trois
dimensions de l’espace à différentes
échelles, en réalisant des mesures
simultanées du milieu.
y Systématiser les mesures in situ
sur une surface planétaire semble
être l’autre technologie en pointe ?
M. B. : Nous avons achevé, à
quelques objets près, la phase
d’exploration initiale du système
solaire (sauf Pluton) et orbité
autour de presque toutes les pla-
nètes (de Saturne à bientôt Mer-
cure avec Bepi-Colombo). L’étape
suivante est d’aller se poser à la
surface des planètes et des petits
corps, et de les étudier avec les
instruments, non plus de l’astro-
nome, mais du géophysicien ou
du géochimiste (comme cela se
fait pour la Terre). C’est le meilleur
moyen d’analyser une planète
solide mais nous, Européens, nous
ne l’avons pas encore mis en œuvre
sur une surface planétaire. Cette
nouvelle approche par l’explora-
tion in situ conforte l’idée que,dans
30 ans, il y aura des géologues sur
Mars !
Sciences de l’Univers
Mars toujours et encoreInterview de Michel Blanc, président du Céres
L ’exploration de L’Univers offre
une liste exceptionnelle de problé-
matiques scientifiques qui relèvent de l’espace.
Astronomie et physique fondamentale, exploration
planétaire, physique de l’environnement spatial et relations
Terre-Soleil sont autant de domaines qui induisent aujourd’hui des
ruptures technologiques pour aller plus avant dans la découverte. Vol en
formation, en constellation, techniques de l’analyse in situ des surfaces planétaires... sont
des concepts prometteurs. Reste, dans l’immédiat, à tester leur faisabilité à travers des
missions de démonstration. Michel Blanc, président du Ceres, fait le point.
© E
sa
©Cn
es/Il
l.D.
Ducr
os,2
003
y Il semblerait que la nouveauté
2004 fasse des sciences de la matière
une science finalisée. Que faut-il
entendre par là ?
Bernard Zappoli : Il faut s’entendre
sur les mots et dire tout d’abord que
toute science est,par essence,fina-
lisée.Un chercheur découvre ce qui
existe déjà dans la nature.Il explique,
par des modèles qu’il imagine ce
qu’il voit du monde qu’il peut obser-
ver,et engrange cela dans un réser-
voir de connaissances.Un ingénieur
fabrique ce qui n’existe pas dans la
nature à partir de ce que le cher-
cheur décrit, et en ce sens c’est lui
le créateur.Toute découverte scien-
tifique peut donc être utilisée pour
fabriquer quelque chose qui n’existe
pas. Les recherches en micrope-
santeur restent fondamentales car
elles permettent de voir ce que l’on
ne peut pas voir au sol.En tant que
telles, elles décrivent de nouveaux
mécanismes,de nouvelles lois d’in-
térêt pour une très large commu-
nauté. C’est le cas de notre pro-
gramme.Le séminaire a voulu mettre
l’accent sur la proximité du réser-
voir de connaissances des sciences
de la matière et des technologies
spatiales. Il a souligné l’intérêt,pour
le Cnes et les grands établissements
de recherche, de renforcer les liens
qui unissent les recherches et les
applications dans ce domaine.Faire
des sciences de la matière une science
finalisée,c’est renforcer cette com-
y Et en physique fondamentale ?
M. B. : C’est un domaine essentiel
dans lequel la France joue un rôle
très important. Arpenter le temps
et l’espace, étudier leur relation à
la gravitation, ne peut se faire que
dans l’espace et nécessite des outils
métrologiques extrêmement poin-
tus.Il y a actuellement un gros effort
national (Pharao, Microscope) qui
va déboucher sur de la physique
fondamentale très importante (test
du principe d’équivalence, étude
de la gravitation de l’échelle micro-
scopique à celle du système solaire)
et sur des applications : le posi-
tionnement précis (programme
Galiléo) et la chronométrie du temps.
Dans un avenir pas trop lointain,
on peut prévoir que la référence
du temps atomique sera donnée
depuis l’espace. ■
D O S S I E R
L es recherches entamées en combustion,milieux granulaires,mousses,
émulsions, fluides supercritiques... pourront trouver des issues logiques
dans bon nombre d’applications et faire ainsi des sciences de la matière une science
finalisée. Bernard Zappoli, responsable du programme de sciences de la matière au Cnes,
s’explique.
Sciences de la matière
Émergence de nouveaux
domainesInterview de Bernard Zappoli, responsable du programme de sciences de la matière, Cnes
18
Y Projet de station géophysique martienne.
© E
sa
© C
nes
plémentarité,c’est dégager les enjeux
scientifiques communs aux ques-
tions technologiques et les traiter.
Le ballottement d’un ergol cryogé-
nique dans un réservoir et l’évolu-
tion de la pression de la phase gazeuse
(questions clés pour assurer le pilo-
tage et la tenue mécanique lors des
transferts d’orbite de longue durée,
comme pour Rosetta) sont des pro-
blèmes technologiques en relation
avec des enjeux scientifiques,comme
les phénomènes capillaires en pré-
sence de transition de phase que
l’on retrouve dans le traitement des
fuites d’ergol ou l’écoulement de
césium en capillaires.Les chercheurs
pourraient trouver dans les ques-
tions appliquées des domaines à
explorer tandis que les ingénieurs
pourraient puiser dans le réservoir
de connaissances des résultats sur
étagère dans les labos ou encore
suggérer aux chercheurs d’aller
observer pour voir ce qui se passe
à tel ou tel endroit. Il ne s’agit pas
de transformer les laboratoires de
recherche en bureaux d’étude ou
de faire faire de la recherche fon-
damentale aux industriels, mais
tout simplement,de bien discerner
qui sait faire quoi et non pas qui
pense savoir faire quoi.Ce peut être
là un rôle essentiel pour un Cnes
défricheur de programmes futurs.
y La fin programmée de la sta-
tion spatiale internationale en
2016 vous contraint-elle dans vos
activités ?
B.Z.:L’ISS est un grand équipement
qui a mobilisé tous les moyens d’ac-
cès à la micropesanteur au détri-
ment des autres (les fusées sondes,
les vols paraboliques, les puits de
mine, les capsules Photon). Elle a
toujours représenté un moyen futur.
Les armoires instrumentales déve-
loppées par l’Esa n’ont d’ailleurs
pas encore volé. Quant à l’instru-
ment principal du programme natio-
nal, Déclic (Dispositif pour l’étude
de la croissance et des liquides cri-
tiques), sa conception, héritée des
technologies utilisées sur la station
spatiale russe Mir,ne nécessite que
très peu de temps spationaute.
Comme il est très peu encombrant,
Il est indépendant du schuttle,peut
être lancé par l’ATV ou par un Soyouz,
et installé n’importe où dans le
module américain. Il est probable
cependant que le nombre limité de
vols de la navette à destination de
l’ISS entraîne des modifications du
calendrier de trafic pour Déclic. En
revanche, plus que la fin program-
mée de la station internationale,
c’est l’évolution probable de son
contexte d’utilisation qui pourrait
contraindre le programme de l’Esa
auquel nous sommes très liés,notam-
ment pour ce qui concerne l’utili-
sation des armoires instrumentales
du module européen.
y Quels nouveaux axes de recherche
ressortent du séminaire 2004 ?
B. Z. : Depuis le séminaire d’Arca-
chon en 1998, les expériences réa-
lisées en vols paraboliques et fusées
sondes ont montré l’émergence de
nouveaux domaines comme l’étude
de la rhéologie des mousses lourdes
et humides,de la réponse de milieux
granulaires et des fluides critiques
à des vibrations calibrées.Les expé-
riences seront réalisées dans des
instruments développés par l’Esa.
Des projets sur la combustion ont
aussi émergé,comme l’assemblage
de gouttes en réseau 3D et la lévi-
tation de brouillards lourds (durant
une période longue) pour com-
prendre comment se propagent les
flammes à haute pression et contri-
buer à la maîtrise des technologies
de la combustion (rallumage des
moteurs en orbite et augmenta-
tion de la pression chambre). Dans
le domaine des fluides critiques,
la corrosion, la combustion dans
l’eau, la dissolution seront étudiées
dans l’instrument Déclic. Dans le
domaine des matériaux, la crois-
sance de matériaux eutectiques à
structure lamellaire et la forma-
tion de microstructures en échan-
tillons massifs ont été identifiées
comme des priorités et seront aussi
étudiées dans Déclic.
La communauté scientifique a
dégagé des axes de recherche por-
teurs de contributions remarquées
de la micropesanteur à l’accroisse-
ment de connaissance.L’axe “appli-
cations”doit être noté, en relation
avec les projets d’exploration, et
faire de la recherche par l’espace
une recherche aussi pour l’espace.
y Une science qui s’inscrit donc
au niveau européen ?
B. Z. : La France assure une partici-
pation soutenue au programme
européen.En parallèle, l’Esa met en
place une structure à vocation pro-
grammatique avec appel à idée,
groupes d’experts,sélection et consti-
tution de groupes de recherche
européens pour faire le poids face
aux groupes américains.Cette évo-
lution ne peut se faire dans l’inté-
rêt de la science que si l’on repense
l’organisation Cnes / Esa et le fonc-
tionnement des groupes de travail
: à l’Esa, par exemple, à travers ses
appels à idées, de constituer les
groupes européens convergents
sur des projets identifiés, au Cnes
de sélectionner les actions de
recherche proposées dans le cadre
des actions européennes et de mettre
en place les budgets dans les labo-
ratoires. Là, on s’inscrit dans une
logique de réseau des centres. Il
faut expérimenter. Je crois à l’ex-
périence plus qu’aux modèles.
y Vous avez insisté sur le renfor-
cement de la coopération franco
russe à travers le projet Krit.Qu’est-
ce que cela préfigure ?
B. Z. : Les Russes sont venus nous
voir pour étudier les fluides critiques
sous vibration car se sont dévelop-
pées autour du Cnes une compé-
tence reconnue au plan interna-
tional, et au sein du Cnes une
compétence technique sans égale.
Ils ont vu l’Esa qui les a naturelle-
ment orientés vers nous. Résultat :
l’Esa financera l’instrument, les
Russes les coûts de lancement et
d’opération à bord, et le Cnes coor-
donnera le projet. Krit préfigure
ainsi ce que pourrait être un fonc-
tionnement européen. ■
19
y L’un des effets les plus frappants sur l’inélasticité des collisions.
y Transformation topologique causéepar le cisaillage d’une mousse sèche.
y Vue oblique d’un front de solidification eutectique.
© C
nes
Y La gravité exerce des influences majeures sur le développement de nom-breuses fonctions vitales (pleurodèle, petits mammifères) et l’espace est
un lieu privilégié pour étudier cette question. La gravité exerce aussides influences profondes sur l’os, le muscle, les mécanismes de
la nutrition, les plantes. Des projets et des instruments nou-veaux sont proposés par les experts de ces domaines de
recherche fondamentale.
y Quels sont les nouveaux axes
de recherche révélés au séminaire
2004 ?
Alain Berthoz : Les sciences de la
vie regroupent plusieurs disciplines.
Une des grandes nouveautés,cette
année, réside dans les liens tissés
entre certaines d’entre elles pour
une physiologie intégrative. Nous
assistons, par exemple, à un rap-
prochement des communautés qui
travaillent sur l’os et le muscle avec
celles du système nerveux.Une nou-
velle communauté est aussi appa-
rue,qui s’intéresse au problème de
la nutrition.En parallèle, les deux
grandes disciplines du domaine
(l’étude du système cardio-
vasculaire et les neuro-
sciences) ne font pas
défaut à la règle
et travaillent
ensemble sur les mécanismes des
cinétoses et sur la régulation de la
vascularisation périphérique.
Dans les neurosciences également,
de nouvelles problématiques appa-
raissent concernant la perception,
la motricité, notamment le pro-
blème de la double adaptation. Le
cerveau d’un automobiliste qui
conduit à droite en France,à gauche
en Angleterre,peut-il conserver les
deux adaptations ? Or,pendant les
vols sur la Lune et sur Mars, il est
question de maintenir une adap-
tation à la gravité en installant une
centrifugeuse à bord.L’homme sera-
t-il capable de rester adapté à la
gravité en même temps qu’il s’adap-
tera soit à la microgravité pendant
le voyage, soit à la mini-gravité sur
la Lune ou sur Mars ?
De nouvelles recherches sur le cer-
veau essaient d’élucider cette inter-
rogation. Elles seront possibles
grâce au projet Sens. Il s’agit d’un
instrument multi-utilisateur qui
fait suite au Cognilab qui a volé
sur la station Mir. Il comportera un
ordinateur et des périphériques,
pour tester les fonctions sensori-
motrices et la mémoire, un oculo-
mètre, un casque de réalité vir-
tuelle,un manche à retour d’effort,
un stimulateur acoustique,un sys-
tème de mesure du mouvement,
etc. Cet appareillage intégré com-
plétera l’équipement Cardiolab et
Cardomed ainsi que l’instrument
de télé-échographie robotisé Térésa,
destiné à tester les fonctions car-
diovasculaires.Cet instrument pourra
être couplé avec l’exploration de
l’activité cérébrale par électroencé-
phalographie :le système Mem déve-
loppé par l’Esa (système d’enregis-
trement d’électroencéphalographie)
permettra de tester l’activité céré-
brale. Nous irons voir, pour la pre-
mière fois,ce qui se passe dans le cer-
veau humain depuis l’espace !
Des projets nouveaux sont aussi pro-
posés sur le développement des cap-
teurs sensoriels et du système ner-
veux chez l’animal (rat,souris).D’ailleurs,
plusieurs laboratoires ont formulé
des projets dans ce domaine.Il en va
de même pour l’effet de la gravité
sur les plantes pour lequel une com-
munauté très active est présente.
Les biologistes souhaiteraient aussi
disposer d’un instrument dédié à la
culture cellulaire.
y Existe-t-il, en sciences de la vie,
des projets de coopérations inter-
nationales sur l’espace ?
A.B. :Les équipes des sciences de la
vie travaillent toutes en coopération
internationale avec des laboratoires
Que ce soit l’étude de l’ef-
fet de la gravité sur l’évo-
lution, le développement
et le fonctionnement de la
vie ou des études plus appli-
quées de médecine spatiale,
les sciences de la vie contribuent
à une meilleure connais-
sance du corps humain.
De nouvelles découvertes
se profilent sur le système
cardiovasculaire, le cer-
veau,le système nerveux,le
muscle, l’os, la nutrition, les
plantes… créant de nouveaux liens entre les communautés et
de nouvelles coopérations internationales. La communauté des sciences de la vie a présenté un projet en deux volets :
l’un concerne les effets de la gravité sur la vie et comporte des projets de recherche fondamentale, y compris sur l’animal ;
l’autre concerne l’adaptation de l’homme à l’espace en vue des explorations planétaires sur la Lune et Mars. Ces deux volets sont
complémentaires par plusieurs aspects. Alain Berthoz, professeur au Collège de France, commente.
20
D O S S I E R
Sciences de la vie
Cap sur le cerveau humainInterview d’Alain Berthoz, professeur au Collège de France
© G
.Mit
hieu
x et
P.Be
snar
d/In
serm
© C
ollè
ge d
e Fra
nce
européens ainsi qu’avec des labo-
ratoires en Russie, aux États-Unis,
au Canada,etc.Elles ont déjà fait de
nombreux vols spatiaux dans des
projets internationaux.Elles jouent
d’ailleurs,pour certaines,un rôle de
premier plan. Il existe beaucoup de
coopérations au sol entre les com-
munautés françaises des sciences
de la vie et japonaises (programmes
bilatéraux),mais aucune depuis l’es-
pace.La qualité de la recherche japo-
naise,remarquable en neurosciences,
et son intérêt pour l’interface neu-
rosciences/robotique par exemple
sont importants pour les problèmes
liés à l’exploration planétaire dans
le domaine de la téléopération et
de la téléprésence. Avec la Chine,
face à l’explosion de la science spa-
tiale chinoise,des liens sont à envi-
sager.Avec la communauté indienne,
très performante en informatique,
nous comptons sur des rapproche-
ments car nous sommes de grands
consommateurs de données,notam-
ment pour le cerveau.Là encore,de
nouvelles perspectives s’ouvrent à
nous.Enfin il ne faut pas oublier les
relations très fortes qui lient nos
communautés avec les laboratoires
russes avec lesquels nous conti-
nuerons à coopérer.
y L’utilité du Cadmos n’est plus
à prouver. Qu’attendez-vous du
Médes ?
A. B. : Le Cadmos est fondamental
pour notre communauté. Il apporte
un soutien pour le développement
et les tests des instruments, le suivi
des missions. Le Médes, quant à
lui, a une double mission de méde-
cine spatiale avec la clinique spa-
tiale et d’aide aux labos concer-
nés pour la valorisation des
équipements spatiaux. Il a donc
un rôle de monteur de projets pour
la communauté afin de susciter
des coopérations. ■
y Capture de balle : l’effet de la gravité sur les fonctions sensori-motrices estun thème important tant au plan fondamental que pour l’adaptation del’homme à l’espace pour l’exploration interplanétaire (Lune, Mars). La nou-veauté des projets proposés concernera l’enregistrement de l’activité céré-brale dans l’espace ( instrument MEM associé à l’instrument SENS) et l’utili-sation de la réalité virtuelle pour la téléopération et la téléprésence.
21
GlossaireDe nouveaux
projets
en perspective…Marie-José Vaissière, Cnes
Loin d’être exhaustif,
ce glossaire veut vous donner
un rapide aperçu
de quelques projets nouveaux
ou remis au goût du jour,
parmi les soixante abordés au
séminaire, et qui vont être étudiés
attentivement dans les mois à venir.
AltiKa • Aspics • Déclic • Dune • Eclairs • Max •
Microméga • Néo • Pégase • Picard • Pollution •
Réseau martien • Roue interférométrique • Sanpam •
Sens • Simbol-X • Swarm • Swimsat • Taranis •
© N
asa
D O S S I E R
22
GlossaireDe nouveaux projets
en perspective…
Marie-José Vaissière, Cnes
A
● AltiKa - Observation de la Terre - Ce projet
d’instrument altimétrique en bande Ka (35 GHz), destiné à l’océanographie
spatiale, présente l’intérêt d’avoir une très haute résolution altimétrique. Il
est conçu pour assurer une mission complémentaire à Jason 2 en termes
de couvertures spatiale et temporelle. Il pourra également avoir des appli-
cations dans le domaine des eaux continentales et des surfaces glacées. La
compacité d’AltiKa lui permet d’être un passager sur une mission d’oppor-
tunité ou d’embarquer sur un microsatellite dédié. La première mission d’Al-
tiKa est prévue dans une perspective de suite à Envisat, vers 2008-2009. ●
D
● Décl ic -
Sciences de la
matière - Ce mini -
laboratoire est constitué
d’un module de servitudes
fournissant les diagnostics
mécaniques, thermiques et optiques, et d’un logement pour recevoir des
modules enfichables (véritables petits instruments spécifiques à une expé-
rience donnée). Déclic (Dispositif d’étude de la croissance et des liquides
critiques) permettra d’étudier en micropesanteur la physique au voisinage
du point critique, notamment la combustion dans l’eau supercritique, et la
solidification de matériaux modèles transparents. Le Cnes est maître d’œuvre
de ce projet, en partenariat avec le CNRS et le Commissariat à l’énergie ato-
mique (CEA). La livraison à la Nasa du modèle de vol est prévue en novembre
2005 pour un vol premier semestre 2006. ●
● Dune - Étude et exploration de l’Univers -
Cette mission de cosmologie observationnelle vise la détection et la carac-
térisation de la matière noire : étude et détection des supernovae les plus
lointaines et étude du cisaillement gravitationnel (effet lentille gravitation-
nelle). Ce thème a été proposé dans le cadre de l’appel à idées de l’Esa
2004. L’étude de phase 0, qui devrait démarrer en 2005, sera destinée à
figer les grandes options du concept de mission. Dune (Dark UNiverse Explo-
rer) est un imageur à grand champ. Commissariat à l’énergie atomique
(CEA) et Institut d’astrophysique de Paris (IAP). ●
E
● Eclairs - Étude et exploration de l’Univers -
Cette mission scientifique repose sur la détection et la caractérisation des
phénomènes astronomiques : les sursauts gamma. En garantissant avant la
fin de la décennie l’observation d’une centaine de sursauts gamma par an,
Eclairs apportera une contribution unique aux deux axes de recherche par-
ticulièrement féconds en astronomie : la compréhension du phénomène des
sursauts et leur utilisation en cosmologie. Le projet prévoit un microsatellite
de la classe Myriade afin d’effectuer des observations de sursauts simulta-
nément dans le domaine des rayons gamma et dans le visible, indépen-
damment de leurs durées. La mission Eclairs sera entreprise par une colla-
boration incluant les laboratoires français suivants : le Département d’astro-
physique, de physique des particules, de physique nucléaire et d’instrumentation
associée (Dapnia) du CEA/Saclay, le CESR (Centre d’étude spatiale des rayon-
nements) et le LATT (Laboratoire d’astrophysique de Toulouse-Tarbes), le LAM
(Laboratoire d’astrophysique de Marseille) et l’Observatoire de Haute-Pro-
vence, l’IAP (Institut d’astrophysique de Paris) et la Fédération de la recherche
en astroparticule et cosmologie APC / Paris. ●
● Aspics - Étude et exploration de l’Uni-
vers - Cette mission de physique solaire dédiée à la coronographie a
pour objectif d’observer la couronne solaire très près du Soleil (à environ 7
000 km). Aspics pourra réaliser des observations fines pour comprendre
les phénomènes UV peu
visibles depuis la Terre.
Deux satellites en forma-
tion constitueront un coro-
nographe. Le premier satel-
lite occulteur cachera le
Soleil pour ne voir que sa
couronne, le second obser-
vateur réalisera des
mesures de phénomènes
UV visibles au Soleil. Les
deux satellites seront dis-
tants de 100 mètres l’un de l’autre, avec un contrôle de positionnement au
centimètre près et des mesures contrôlées au millimètre près. Les études
de phase 0 devraient être engagées en 2004. Si le projet Aspics est
décidé (en 2006), le lancement pourrait avoir lieu entre 2010 et 2012.
Laboratoire d’astrophysique de Marseille (LAM). ●
VOL EN FORMATI
ON
23
M
● Max - Étude
et exploration
de l ’Univers -
Avec une sensibilité accrue
de près de deux ordres de
grandeur par rapport à
celle des instruments existants, Max présente un potentiel extraordinaire
pour la spectroscopie gamma fine. L’observation des raies gamma nucléaires
est une des clés pour répondre aux questions fondamentales sur la struc-
ture et l’évolution de l’Univers, particulièrement sur les cycles de la matière
et son comportement dans des conditions extrêmes. Dans la continuité de
Claire, cette mission permettra de comprendre les trous noirs, objets com-
pacts, sursauts gamma à un niveau d’énergie d’environ 400-500 keV. Cet
observatoire astronomique sera composé de deux satellites en formation :
un satellite “lentille” qui renverra les rayons gamma sur un satellite “détec-
teur”. La distance focale sera d’environ 90 m. La position des satellites l’un
par rapport à l’autre sera contrôlée au centimètre près, le satellite “lentille”
sera orienté avec une précision de l’ordre d’une dizaine de secondes d’arc.
Les études de phase 0 devraient débuter en 2004, avec une décision de
projet en 2006. Centre d’étude spatiale des rayonnements (CESR). ●
P
● Pégase -
Étude et exploration de l’Univers - En vue de faire
de l’interférométrie en infrarouge et de comprendre la formation des étoiles
et systèmes planétaires, Pégase est une mission de démonstration de la
mission scientifique de l’Esa, Darwin, qui étudiera les exoplanètes aux carac-
téristiques proches de la Terre. Pégase utilisera trois satellites en formation,
reproduisant une première approche des fonctions assurées par les sept
satellites de Darwin. Deux d’entre eux embarqueront chacun un miroir
incliné à 45° pour recueillir la lumière venant entre autres de l’étoile, avec
une précision de pointage de l’ordre de 0,1 seconde d’arc. Cette lumière
sera réfléchie vers un satellite recombinateur central (équipé de deux téles-
copes en opposition pointés chacun sur l’un des miroirs). La combinaison
des rayonnements infrarouges venant des deux satellites miroirs sera réa-
lisée par des systèmes optiques très précis à l’intérieur du satellite recom-
binateur. L’écart entre les deux satellites miroirs pourra aller jusqu’à 500
mètres. La décision d’engager le projet sera prise en 2006. Institut d’astro-
physique spatiale (IAS). ●
● Picard - Étude et exploration de l’Univers -
Cette mission purement scientifique concerne l’observation du Soleil et son
influence sur la météorologie de la Terre. Picard réalisera des mesures du
diamètre du Soleil, du mouvement des taches sur le Soleil, de la constance
solaire ainsi que des
mesures radiométriques sur
certaines longueurs d’onde
du Soleil. Trois instruments
composeront la charge utile :
un télescope développé par
le service d’aéronomie du
CNRS, un radiomètre déve-
loppé par l’Institut royal de
météorologie belge (IRMB) et un second radiomètre développé par l’Obser-
vatoire physico-météorologique de Davos (PMOD suisse). Cette mission est
basée sur le système Myriades, avec un segment sol générique et une pla-
teforme quasigénérique. Le projet a été gelé en 2003, la décision de pour-
suivre doit être prise lors du CPS d’octobre 2004. Le lancement aurait lieu au
début du prochain cycle ascendant du Soleil, en 2008. ●
● Microméga - Observation de la Terre -
L’objectif de la mission est la mesure précise du champ de gravité terrestre
en étudiant les perturbations d’orbite d’une formation de 3 (ou 4) satellites
volants en orbite basse. Microméga s’inscrit dans la lignée des missions
Grace (mesure des variations temporelles du champ) et Goce (observation
précise et à haute résolution spatiale du champ à époque donnée). Les
satellites seront équipés d’accéléromètres qui permettront de distinguer les
forces de gravité des forces de surface exercées sur les satellites. Grâce à
un lien laser, la vitesse relative entre deux satellites peut être contrôlée. La
position des satellites sera déterminée par GPS. L’Onéra sera partenaire
notamment pour la fourniture des accéléromètres. Le Groupe de recherche
en géodésie spatiale (GRGS) est à l’origine de ce projet qui n’est pas encore
entré en phase 0. ●
N
● Néo (Near Earth Object) - Étude et explo-
ration de l’Univers - Cette mission d’exploration du système
solaire devrait étudier des astéroïdes primitifs, géocroiseurs susceptibles
d’impacter la Terre. Un satellite placé en orbite autour d’un astéroïde devrait
larguer un atterrisseur (type Rosetta) pour des mesures in situ sur la com-
position chimique de l’astéroïde. Deux aspects seront abordés dans cette
mission : un volet scientifique d’étude de la formation du système solaire
et un volet sociétal sur le risque de collision avec la Terre. Ce projet, qui
dépasse les programmes scientifiques, pourrait impliquer l’Agence spa-
tiale européenne et les pays de l’Union européenne. Une étude de phase
0 sera menée en interne Cnes courant 2005. ●
y
VOL EN FORMATI
ONVOL EN FORMATI
ON
VOL EN FORMATI
ON
24
D O S S I E R
Glossaire (suite)
P
● Pollution - Observation de la Terre -
Le concept à l’étude concerne la surveillance de la pollution chimique dans
les basses couches de l’atmosphère. Cette mission spatiale innovante vien-
drait renforcer les réseaux de mesures faites depuis le sol en offrant un
suivi temporel et spatial homogène et continu sur l’ensemble des zones
industrialisées. L’instrumentation du système serait fondée sur la spectro-
métrie infrarouge dont le Cnes a développé une expertise technologique
pour le projet Iasi. Dans le cadre des programmes de surveillance de l’en-
vironnement (Global Monitoring for Environment and Security : GMES), des
missions de chimie de l’atmosphère sont en cours de définition au niveau
européen afin de répondre à des objectifs opérationnels. Les données
recueillies pourront être intégrées dans les modèles (sol/espace) afin d’orien-
ter les décisions politiques européennes en matière de protection de l’en-
vironnement (définition des limitations de rejets industriels, maîtrise de l’éner-
gie et de transports, implication sur la santé et l’écologie). Partenariat : les
laboratoires scientifiques, les agences en charge de l’énergie, de l’envi-
ronnement et des risques. Une étude de phase 0 a débuté mi-2004 avec
la mise en place d’une équipe d’ingénieurs Cnes et d’un groupe mission
composés d’experts scientifiques chargés de la définition des spécifications
techniques. L’objectif est d’identifier les points durs et d’engager éventuel-
lement des axes de R&T afin de converger, d’ici 1 à 2 ans, vers un concept
unique de mission réalisable autour de 2012. ●
S
● Sanpam - Étude et exploration de l’Uni-
vers - Mission de cosmologie observationnelle, Sanpam (Satellite pour
l’analyse polarisée des anisotropies micro-ondes) vise à mesurer le fond
diffus cosmologique dans le domaine submillimétrique. Au travers de cette
observation, il s’agit d’étudier l’Univers primordial à la suite de la mission
de l’Esa Planck-Surveyor. Une étude de phase 0 devrait être engagée autour
de ce concept. Institut d’astrophysique spatiale d’Orsay (IAS). ●
R
● Réseau martien - Étude et exploration
de l’Univers - La mission Réseau martien a pour objectif le déploie-
ment d’un réseau de petits atterrisseurs à la surface de Mars pour effectuer
des mesures géophysiques : étude du climat, sondage sismique et magné-
tique, géodésie. Le principe d’une mission de réseau sur Mars consiste à
faire fonctionner simultanément des capteurs répartis à la surface de la
planète. Les mesures obtenues corrélées dans le temps permettent d’ob-
tenir des informations originales non disponibles par d’autres moyens. Un
réseau nécessite au minimum trois stations en fonctionnement simultané
à la surface de Mars afin de faire une triangulation des séismes. Ce projet
a pour objectif central l’étude de la structure interne de la planète par sis-
mologie. La fiabilité des systèmes d’atterrissage incite à déployer quatre
stations vers Mars. Par ailleurs, les stations envisagées étant modestes en
masse et puissance, les données scientifiques doivent être recueillies par
un satellite relais situé en orbite martienne. En effet, il n’est pas possible de
transmettre ces données directement vers la Terre, faute d’énergie suffi-
● Roue interférométrique - L’objectif principal
de la mission est de réaliser un modèle numérique de terrain mondial, c’est-
à-dire mesurer précisément l’altitude du terrain en tout point du globe ter-
restre. Le projet est fondé sur le vol en formation de trois microsatellites
radars passifs, positionnés en orbite basse au voisinage d’un émetteur
radar imageur. Ces microsatellites, en rotation autour d’un point (fictif) situé
à quelques dizaines de
kilomètres du radar
émetteur, récupéreront
une partie de l’onde de
ce dernier après rétro-
diffusion par le sol. Les
instruments fourniront
des données qui per-
mettront d’établir, en un
an, une carte des alti-
tudes de la totalité de la surface terrestre avec une précision métrique (pro-
duit actuellement inexistant à cette précision). Des missions secondaires
pourront être réalisées par la Roue interférométrique, telles que des mesures
de courants marins et la démonstration que la résolution des images de
l’émetteur peut être améliorée par le traitement des données de la roue.
Les partenaires majeurs seront l’opérateur de l’émetteur radar imageur, et
potentiellement l’Allemagne pour le traitement des données. L’avant-projet
est en fin de phase A, la décision d’entrer en phase B n’est pas arrêtée à
ce jour. ●
sante à bord. Afin
de réaliser cette
mission dans un
nouveau cadre, des
coopérations sont
actuellement envi-
sagées avec l’Esa (programme Aurora), la Nasa (mission Scout en 2011) ou
l’Agence spatiale canadienne. La phase 0 devrait être engagée en 2005 et
la sélection du projet interviendrait en 2006 pour un créneau de lancement
visé fin 2011. ●
VOL EN FORMATI
ON
25
● Swarm - Observat ion de la Ter re -
Prochaine mission d’opportunité dans le programme d’observation de la
Terre de l’Esa, Swarm devrait mesurer le champ magnétique terrestre. La
mission sera composée de trois satellites équipés d’instruments (magnéto-
mètres) et placés sur des orbites optimisées pour capter les différentes sources
du champ magnétique. Le Cnes fournira les instruments : un premier
magnétomètre réalisera des mesures absolues de l’intensité du champ
magnétique, il servira à étalonner les autres instruments de la charge utile
qui effectueront des mesures selon trois axes. Le magnétomètre sera construit
par le Léti (Laboratoire d’électronique, de technologie et d’instrumentation
du CEA/Grenoble, France). Objectif de lancement : 2009. ●
● Swimsat - Observation de la Terre - Projet
soumis à l’Agence spatiale européenne en réponse à l’appel d’offres sur les
missions d’opportunité. Swimsat (Surface Waves Investigation and Monito-
ring from SATellite) porte sur la mesure de certaines caractéristiques de l’état
de la mer : distribution des vagues en direction, en longueur d’onde et en
hauteur (aussi appelé spectre directionnel des vagues). Swimsat est un pro-
jet de satellite, équipé d’un radar multifaisceaux à ouverture réelle en bande
Ku, embarquable sur une plateforme de type minisatellite. Ce diffusiomètre
est composé de six faisceaux : un faisceau central visant le nadir, et cinq fais-
ceaux positionnés autour du faisceau central, et distants de 2° l’un par rap-
port à l’autre. Ce système permettra de créer une fauchée de 150 km envi-
ron, tournant à environ 6 tours/min. Ainsi, un point au sol pourra être observé
par plusieurs faisceaux et sous différents angles. Les données recueillies
après traitement pourront être assimilées à des modèles de prévision de l’état
de mer. Les utilisateurs du système seraient les centres de météo marine, les
armateurs, les navigateurs. La phase A du projet a été réalisée au Cnes, la
décision de démarrer la phase B est en attente. ●
T
● Taranis - Étude et exploration de l’Uni-
vers - Cette micromission devrait étudier les sprites (éclairs de la haute
atmosphère) et les émissions associées, ainsi que comprendre les phéno-
mènes énergétiques entre notre atmosphère météorologique, le Soleil et la
haute atmosphère. Il s’agit d’étudier les couplages atmosphère – ionosphère
– magnétosphère soumis à des influences provenant de la basse atmosphère
(orages atmosphériques, activité météorologique, volcans, activité humaine)
et de l’espace (vent solaire, radiations cosmiques). Des collaborations sont
envisagées avec le Laboratoire de physique et chimie de l’environnement
(LPCE / Orléans), le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), le Centre d’étude
des environnements terrestres et planétaires (CETP), le Centre d’étude spa-
tiale des rayonnements (CESR), le laboratoire d’études spatiales et d’instru-
mentation en astrophysique (Lésia), SA, Météo France, Danish Space Research
Institute (Danemark), Los Alamos National Laboratory (États-Unis). Ces labo-
ratoires pourraient notamment
fournir les instruments de la
charge utile. ●
● Sens - Sciences de la vie - Instrument multi-utili-
sateurs destiné à la communauté des neurosciences, Sens est dédié à l’ex-
ploration des fonctions sensori-motrices chez l’homme (perception, contrôle
du mouvement, mémoire spatiale, équilibre, activité cérébrale). Il comprend
un ordinateur central relié à des instruments de mesure : oculomètre, casque
de réalité virtuelle, manche à retour d’effort, système de mesure des mou-
vements des segments corporels, stimulateur acoustique. Il pourra être mis
en interface avec l’instrument développé par l’Esa pour l’étude de l’activité
cérébrale. Sens est destiné aussi bien à la recherche fondamentale qu’aux
études de médecine et d’ergonomie spatiales pour l’exploration planétaire
(Lune, Mars). Projet engagé au niveau national (Cnes) tout au moins pour
la phase A. ●
● Simbol-X - Étude et
exploration de l’Uni-
vers - Descendant de l’observa-
toire d’astronomie à rayons X de l’Esa
XMM-Newton, Simbol-X observera
les phénomènes violents dans l’Uni-
vers (trous noirs, étoiles à neutron, supernovae, etc.) dans le domaine des
rayonnements X et gamma à un niveau d’énergie inférieur à 100 keV. Deux
satellites en formation constitueront un télescope haute résolution : un satel-
lite miroir collectera les rayonnements et les focalisera vers un satellite détec-
teur. La distance entre les deux satellites sera de 30 m, avec un contrôle de
positionnement au centimètre près et des mesures au millimètre près. Les
études de phase 0 ont été engagées en 2003, la décision de passage en
phase B (projet décidé) sera prise en 2006 pour un lancement qui devrait
intervenir entre 2012 et 2014. Commissariat à l’énergie atomique (CEA). ●
VOL EN FORMATI
ON