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DOSSIER PÉDAGOGIQUE

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE

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NANAAdaptation, mise en scène : Céline Cohen / Régis GoudotInterprétation : Céline Cohen / Régis GoudotRégie son et lumière : Stanislas MichalskiCréation lumière : Philippe FerreiraDécor et accessoires : Sha Presseq

Production Groupe Ex-abrupto. Avec le concours du Ministère de la culture et de la communication – DRAC Midi-Pyrénées et le soutien à la diffusion de la Région Midi-Pyrénées.Remerciement à la Gare aux Artistes, lieu de répétition.

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

Contacts :

Catherine Siriphoum Chenard – [email protected] 12 18 16 44

Céline Cohen [email protected] 06 98 25 55 51

Régis [email protected] 06 61 70 28 82

www.groupeexabrupto.com

Toute l’équipe vous remercie de l’attention que vous portez au travail du Groupe Ex-abrupto

Le Groupe Ex-abrupto est une association de loi 1901.N° SIRET : 412 229 585 000 36

N° de LICENCE D’ENTREPRENEUR DU SPECTACLE : 2-1110449

Bibliographie et sources :

L’Assommoir, Zola, éditions Le Livre de Poche

Nana, Zola, texte et dossier, éditions Classiques pocket

Zola en chansons, en poésies et en musique, Frédéric Robert, éditions Mardaga

elisabeth.kennel.perso (Elisabeth Kennel-Renaud est professeur agrégée de Lettres Modernes)

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SOMMAIRE

ACTIONS PÉDAGOGIQUES

LE GROUPE EX-ABRUPTO : INTERPRÉTER UN UNIVERS

PRÉSENTATION

RÉSUMÉ DU ROMAN

EXTRAITS ET CITATIONS

CONTROVERSE

DÉFENSE

LE ROMAN NATURALISTE

BIOGRAPHIE D’ÉMILE ZOLA

LE GROUPE EX-ABRUPTO : REPÈRES BIOGRAPHIQUES

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7 à 10

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Le groupe Ex-abrupto pratique et défend un théâtre de textes, en en proposant une lecture sensible passée par le filtre de notre vécu ac-tuel. La transmission, au cœur de notre mission, nous permet un échange constructif avec les jeunes générations de spectateurs. Depuis 1997 un lien étroit sous forme d’ateliers s’est tissé entre le groupe Ex-abrupto et plusieurs établis-sements de la région Midi-Pyrénées ainsi qu’un accès privilégié aux spectacles et aux coulis-ses du spectacle : rencontres avec l’équipe ar-tistique et technique, répétitions ouvertes… (ly-cée Pierre et Marie Curie de Tarbes, lycée Jules Saverne de l’Isle Jourdain, lycée Sainte Marie des Champs Toulouse, Lycée Bellevue, Collège de Pibrac, lycée Rive Gauche, la MJC de Saint-Sulpice, le collège d’Ayguesvives, le lycée d’An-dorre, le Lycée international de Colomiers, le ly-cée Soult de Mazamet, lycée Clément Marot de Cahors). Pour le groupe Ex-abrupto ces échan-ges sont l’occasion de transmettre une vision de notre métier, et de maintenir dynamiques les questions fondamentales de notre travail.

1_Accompagnement du spectacle

Les objectifs de l’action sont d’une part de permettre la sensibilisation et l’initiation des jeunes spectateurs aux divers langages artis-tiques grâce à des démarches concrètes de rencontres avec des professionnels, dispositif mis en place pour des classes entières ; d’autre part, pour certaines classes de filière littéraire, de développer l’appréhension pratique d’une culture vivante.Dans le cadre des rencontres pédagogiques animées par les metteurs en scène et comé-diens du Groupe Ex-abrupto, les professeurs et leurs élèves ont la possibilité de participer, en accompagnement du spectacle Nana, d’après Zola, à une rencontre-débat avec les adapta-teurs metteurs en scène et comédiens, notam-ment dans le cadre de l’objet d’études « textes et représentations » au programme de français de la classe de première. L’objectif est de don-ner à tous les élèves d’une classe la chance de dialoguer pour appréhender « de l’intérieur » l’action théâtrale et la culture vivante. Cet accompagnement est possible en amont d’une représentation, ou sous forme de « bord de scène ».

2_Ateliers spécifiques (conditions à déterminer)

Les adaptateurs proposent aux professeurs dé-sireux d’entreprendre une collaboration sous forme d’atelier de travailler à l’approfondisse-ment de la lecture d’une œuvre d’Emile Zola, en relation avec le spectacle Nana, pour aborder les questions de l’adaptation et de l’incarnation d’œuvres romanesques, « du texte au jeu ». Il s’agira de passer la barrière d’une lecture analytique pour s’interroger sur l’adaptation théâtrale – extraire les éléments dramaturgi-ques du texte, comprendre sa vitalité et ses en-jeux, composer un rythme scénique – puis sur la question de l’incarnation par le passage au jeu proprement dit.Professeurs et élèves, en accord avec les inter-venants, choisiront un chapitre d’une œuvre composant l’ensemble des Rougon-Macquart de Zola. Les élèves seront ensuite sollicités par l’équipe artistique du spectacle pour repérer et extraire la vitalité du texte et ses enjeux, puis pour développer l’acuité de leur lecture en pas-sant de la compréhension objective à une in-terprétation subjective. L’exercice de ce regard devenu critique et personnel conduira à l’éla-boration d’une adaptation.Les objectifs poursuivis sont de permettre aux élèves d’approfondir et de modifier leur per-ception d’un texte classique par l’exercice de l’interprétation subjective en situation théâ-trale ; de stimuler la créativité des élèves, leur autonomie et leur confiance dans des situa-tions de communication ; d’élargir l’accès des jeunes spectateurs à une certaine culture par une pratique artistique concrète au contact de professionnels du spectacle vivant.Ce type d’atelier nécessite une préparation concertée, et fait l’objet de plusieurs rencontres entre les intervenants et les élèves.

ACTIONS PÉDAGOGIQUES

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Une méthode à double sens dont le corps et le rêve sont les maîtres d’œuvre.

Dès sa création, le groupe Ex-abrupto a choisi de travailler à partir d’œuvres littéraires à forte identité, croisant les cultures et les langages. Le spectateur devient partenaire d’un monde po-lyphonique, empreint de réalisme magique, où la curiosité et l’imaginaire largement sollicités ouvrent la porte à une écoute généreuse et ac-tive.

Adapter l’œuvre : dans quelle langue ?Forger du théâtre dans la matière littéraire, re-passer par l’archaïsme du conteur, du dialogue premier. Et ce avec une langue foisonnante, ba-roque, au lyrisme parfois acide, dont l’objectif est de rendre la polyphonie d’une œuvre, de ne pas en trahir les contradictions, les mélanges de rythmes et de genres, mais au contraire de les révéler comme facteurs identitaires de l’hu-main.

Alors dépasser la langue pour aller au langage, faire sensoriel, matière à jouer, extraire l’agir. Rendre scénique.Faire vivre l’œuvre, l’incarner, questionner…Exploiter toutes les cartes du vivant qui mon-tre et agit face au vivant qui regarde et réagit, condenser dans le temps réduit du théâtre tou-

tes les facettes d’un propos.Pour cela, faire appel au corps, à tous les sens.

Envisager dès lors un débat sensitif ?

Avoir conscience qu’il y a une place pour la per-plexité, le mécontentement, le désaccord. Poser des questions, y compris sur les questions.Nous avons choisi de laisser libre la multipli-cité de réponses, en espérant rencontrer autant d’interprétations que de spectateurs. Un nou-veau temps, un nouvel espace : le théâtre.Notre univers est celui de la pluralité des émo-tions, des interventions soudaines du mer-veilleux, de la rémanence d’interrogations de-puis les mythes fondateurs.Nous organisons un voyage entre le présent, l’aujourd’hui de la représentation, des comé-diens, du public, d’une société et la mémoire rappelée de textes antérieurs, de créatures éthérées, d’époques soi-disant révolues.Nous nous livrons à l’espace des fantômes, ce «théâtre» où vie et mort n’ont plus de carac-téristiques cartésiennes et peuvent se rencon-trer.

Nous invitons à regarder par cette ouverture à quoi ressemblerait une créature issue d’une telle conjonction...

LE GROUPE EX-ABRUPTO : INTERPRÉTER UN UNIVERS

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PRÉSENTATION

Le personnage de Nana, fille de Gervaise et Coupeau, apparaît dans l’Assommoir, naissant littéralement sous les yeux du lecteur. La petite Nana présente dès l’enfance les caractéristi-ques que Zola développera dans le neuvième opus de la série des Rougon-Macquart : Nana. Cette généalogie et l’analyse des caractères hé-réditaires sont cruciales dans la construction zolienne.

La parution en feuilleton de Nana dans Le Voltaire fit scandale. Publiée en 1880, l’œu-vre connut un succès phénoménal. En 1881, l’adaptation au théâtre par Busnach continua d’alimenter la polémique. De violentes pri-ses de position entourèrent l’œuvre plusieurs années après sa parution. Qu’en est-il de nos jours ? Il apparaît en Nana une anticipation des it-girl, la représentation d’un succès et d’une popularité gagnés en jouant avec les plus bas instincts humains, une ascension sociale fulgu-rante liée à la déchéance de « ceux d’en haut ». La fulgurance de tous les évènements, un homme chassant l’autre, une fortune poussant un malheur, une mort succédant à une autre… est également au cœur du roman : les fonda-tions s’ébranlent, l’urgence est à la chute, tout devient futile et fugace, y compris la menace d’une guerre pourtant imminente.

En fervent opposant au Second empire, Zola lie naturalisme (terme que Zola a repris à son compte dès 1865) et idéal social : « Nous mon-trons le mécanisme du futile et du nuisible. Nous dégageons le déterminisme des phéno-mènes humains et sociaux pour qu’on puisse un jour dominer et diriger ces phénomènes. En un mot, nous travaillons avec tout le siècle à la

grande œuvre qui est la conquête de la nature, la puissance de l’homme décuplée. »

Dans Nana, la figure de la prostituée est mise en parallèle avec la décadence du Second Empire. La courtisane pourrit la société dont la corrup-tion première lui a déjà donné naissance…

Le repérage historique est exact et précis. Inscrit dans l’histoire, son mouvement, ses fractures, ses conflits, le roman peint un âge social, met-tant au jour des rapports et des déterminismes. Le sexe est au cœur de l’œuvre. La puissance et les effets du désir, l’érotisation des rapports so-ciaux, la description des actes amoureux, toute une symbolique de la puissance sexuelle sont décrits et disséqués par Zola.

L’adaptation du groupe Ex-abrupto est conçue sous forme de « théâtre-récit », deux comé-diens (un homme, une femme) prenant en charge le récit des évènements et l’incarnation ponctuelle des personnages. Ce choix permet d’interroger « en direct » la résonance des mots de Zola, leur cruauté à l’égard des personna-ges, dont aucun n’est épargné. Pour les besoins de l’adaptation, seuls certains épisodes ont été conservés.

Le récit est également ponctué de chansons, dont certaines furent écrites par des contem-porains de Zola (les autres étant écrites pour le spectacle). Le siècle était en effet aux chan-sonniers, alimentant les polémiques autour de l’œuvre, des personnages et de l’auteur. Outre ce clin d’œil, les chansons sont un moyen de distancier en faisant appel à un outil de spec-tacle.

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Nana est une courtisane dont le Tout-Paris ap-plaudit les débuts comme actrice au théâtre des Variétés. Les habitués, journalistes, aristocra-tes et lycéens dévergondés discutent de cette nouvelle recrue de Bordenave, le directeur du théâtre. Beaucoup considèrent que Nana n’a que peu de talent mais ils sont émoustillés par son rôle de Vénus déshabillée. Nana les séduit tant par sa beauté que son audace.

Le début du roman montre cette courtisane manquant d’argent pour élever son fils Louiset qu’elle a eu à l’âge de seize ans. Elle vit au-des-sus de ses moyens et a également tout le mal du monde à payer ses fournisseurs. Elle habite un bel appartement où l’un de ses amants l’a installée, mais elle doit faire des passes pour arrondir ses fins de mois.Le succès de sa pièce vaut à Nana de nom-breux hommages, dont ceux d’un prince. Elle est comblée de fleurs. Le banquier Steiner lui offre une maison à la campagne. Nana affole le comte Muffat, chambellan de Napoléon III, un homme âgé et marié, très dévot, et au langage châtié, qu’elle a invité à lui rendre visite dans sa loge.Nana part se reposer dans sa somptueuse mai-son à la campagne, où elle a comme voisine la Comtesse Muffat. Le premier soir Nana s’offre une aventure avec Georges, un jeune adoles-cent.Steiner la rejoint ainsi que Muffat obsédé par elle. Elle refuse pourtant de se donner au Com-te. La comtesse Muffat, de son côté, subit les avances du journaliste Fauchery auquel elle finira par céder. Nana est désormais célèbre et on l’appelle « La Mouche d’Or ».Des connaissances de Nana la rejoignent, me-nant bon train et joyeux tapage. Les deux socié-tés se croisent en s’ignorant et en affectant de ne pas se connaître.De retour à Paris, Nana reçoit régulièrement les visites de Steiner et du comte Muffat. Pour échapper à ses créanciers, elle décide de tout abandonner et part vivre avec l’élu de son cœur, l’acteur Fontan. Mais ce dernier est avare, égoïste et brutal. Au bout de quelques mois de vie commune, il n’hésite pas à la battre et à lui couper les vivres.Le quotidien devient vite morose : délaissée, battue, Nana se traîne. Par hasard, elle retrouve Satin, une prostituée de rue avec qui elle fait le

trottoir comme à ses débuts. Fontan la jette de-hors. Nana récupère le comte Muffat qui, entre temps, lui a fait quelques infidélités avec Rose Mignon, l’actrice fétiche du Théâtre des Varié-tés. Subjugué par elle, il lui obtient le rôle dont elle rêve, celui de la femme honnête de la nouvelle pièce du Théâtre des Variétés. La représenta-tion est un désastre. Le comte Muffat dépose cependant toute sa fortune aux pieds de Nana, promettant toilettes, hôtel luxueux, bijoux, à une seule condition : sa fidélité. Nana adopte alors une vie de luxe et trompe aussitôt Muffat avec le jeune Georges puis avec son frère Philippe. Dans ce luxe elle s’ennuie pourtant et ramasse sur le trottoir Satin, dont elle fait son amante. Mais la générosité du comte et de ses nom-breux amants ne parviennent pas à satisfaire tous ses besoins. Ainsi Philippe est emprisonné pour vol. Apprenant la liaison de son frère Phi-lippe avec Nana, Georges se suicide chez elle. Nana devient de plus en plus cruelle avec Muf-fat. Elle parade dans le beau monde, couchant partout, s’amourachant de n’importe qui, se dé-bauchant pour vaincre l’ennui, ruinant les hom-mes les uns après les autres. Nana finit par tout vendre et disparaît, non pas pour se marier mais pour voyager. De nombreux bruits courent sur son compte. On lui prête des aventures féeriques.Plusieurs mois après, elle revient à Paris voir son fils atteint de la variole, et contracte elle aussi la maladie. Symbole tout autant que femme, Nana incarne la décomposition de l’Empire. Après avoir été adulée de tous, défigurée par la petite vérole, elle meurt en juillet 1870, en même temps que le régime. Avec Nana s’effondre une société mûre pour la Débâcle.

RÉSUMÉ DU ROMAN

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L’adolescence de Nana

Nana grandissait, devenait garce. A quinze ans, elle avait poussé comme un veau, très blan-che de chair, très grasse, si dodue même qu’on aurait dit une pelote. Oui, c’était ça, quinze ans, toutes ses dents et pas de corset. Une vraie fri-mousse de margot, trempée dans du lait, une peau veloutée de pêche, un nez drôle, un bec rose, des quinquets luisants auxquels les hom-mes avaient envie d’allumer leur pipe.Son tas de cheveux blonds, couleur d’avoine fraîche, semblait lui avoir jeté de la poudre d’or sur les tempes, des taches de rousseur, qui lui mettaient là une couronne de soleil. Ah ! une jolie pépée, comme disaient les Lorilleux, une morveuse qu’on aurait encore dû moucher et dont les grosses épaules avaient les rondeurs pleines, l’odeur mûre d’une femme faite.Maintenant, Nana ne fourrait plus des boules de papier dans son corsage. Des nichons lui étaient venus, une paire de nichons de satin blanc tout neufs. Et ça ne l’embarrassait guère, elle aurait voulu en avoir plein les bras, elle rêvait des té-tais de nounou, tant la jeunesse est gourman-de et inconsidérée. Ce qui la rendait surtout friande, c’était une vilaine habitude qu’elle avait prise de sortir un petit bout de sa langue en-tre ses quenottes blanches. Sans doute, en se regardant dans les glaces, elle s’était trouvée gentille ainsi.Alors, tout le long de la journée, pour faire la belle, elle tirait la langue.- Cache donc ta menteuse ! lui criait sa mère. Et il fallait souvent que Coupeau s’en mêlât, tapant du poing, gueulant avec des jurons :- Veux-tu bien rentrer ton chiffon rouge !Nana se montrait très coquette. Elle ne se lavait pas toujours les pieds, mais elle prenait ses bot-tines si étroites, qu’elle souffrait le martyre dans la prison de Saint-Crépin ; et si on l’interrogeait, en la voyant devenir violette, elle répondait qu’el-le avait des coliques, pour ne pas confesser sa coquetterie. Quand le pain manquait à la maison, il lui était difficile de se pomponner. Alors, elle faisait des miracles, elle rapportait des rubans de l’atelier, elle s’arrangeait des toilettes, des robes sales couvertes de nœuds et de bouffet-tes. L’été était la saison de ses triomphes. Avec une robe de percale de six francs, elle passait tous ses dimanches, elle emplissait le quartier de la Goutte-d’Or de sa beauté blonde. Oui, on la

connaissait des boulevards extérieurs aux forti-fications, et de la chaussée de Clignancourt à la grande rue de la Chapelle. On l’appelait « la pe-tite poule », parce qu’elle avait vraiment la chair tendre et l’air frais d’une poulette.Une robe surtout lui alla à la perfection. C’était une robe blanche à pois roses, très simple, sans garniture aucune. La jupe, un peu courte, dégageait ses pieds ; les manches, largement ouvertes et tombantes, découvraient ses bras jusqu’aux coudes ; l’encolure du corsage, qu’el-le ouvrait en cœur avec des épingles, dans un coin noir de l’escalier, pour éviter les calottes du père Coupeau, montrait la neige de son cou et l’ombre dorée de sa gorge. Et rien autre, rien qu’un ruban rosé noué autour de ses cheveux blonds, un ruban dont les bouts s’envolaient sur sa nuque. Elle avait là dedans une fraîcheur de bouquet. Elle sentait bon la jeunesse, le nu de l’enfant et de la femme.

Les dimanches furent pour elle, à cette époque, des journées de rendez-vous avec la foule, avec tous les hommes qui passaient et qui la relu-quaient. Elle les attendait la semaine entière, chatouillée de petits désirs, étouffant, prise d’un besoin de grand air, de promenade au soleil, dans la cohue du faubourg endimanché. Dès le matin, elle s’habillait, elle restait des heures en chemise devant le morceau de glace accroché au-dessus de la commode ; et, comme toute la maison pouvait la voir par la fenêtre, sa mère se fâchait, lui demandait si elle n’avait pas bientôt fini de se promener en panais.Mais, elle, tranquille, se collait des accroche-cœurs sur le front avec de l’eau sucrée, recousait les boutons de ses bottines ou faisait un point à sa robe, les jambes nues, la chemise glissée des épaules, dans le désordre de ses cheveux ébou-riffés. Ah ! elle était chouette, comme ça ! disait le père Coupeau, qui ricanait et la blaguait ; une vraie Madeleine-la-Désolée !Elle aurait pu servir de femme sauvage et se montrer pour deux sous. Il lui criait :« Cache donc ta viande, que je mange mon pain ! » Et elle était adorable, blanche et fine sous le débordement de sa toison blonde, rageant si fort que sa peau en devenait rose, n’osant ré-pondre à son père et cassant son fil entre ses dents, d’un coup sec et furieux, qui secouait d’un frisson sa nudité de belle fille.Puis, aussitôt après le déjeuner, elle filait, elle

EXTRAITS ET CITATIONS

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descendait dans la cour. La paix chaude du di-manche endormait la maison ; en bas, les ate-liers étaient fermés ; les logements bâillaient par leurs croisées ouvertes, montraient des tables déjà mises pour le soir, qui attendaient les ménages, entrain de gagner de l’appétit sur les fortifications ; une femme, au troisième, em-ployait la journée à laver sa chambre, roulant son lit, bousculant ses meubles, chantant pen-dant des heures la même chanson, sur un ton doux et pleurard. Et, dans le repos des métiers, au milieu de la cour vide et sonore, des parties de volant s’engageaient entre Nana, Pauline et d’autres grandes filles.Elles étaient cinq ou six, poussées ensemble, qui devenaient les reines de la maison et se parta-geaient les œillades des messieurs. Quand un homme traversait la cour, des rires flûtés mon-taient, les froufrous de leurs jupes amidonnées passaient comme un coup de vent.Au-dessus d’elles, l’air des jours de fête flam-bait, brûlant et lourd, comme amolli de paresse et blanchi par la poussière des promenades.Mais les parties de volants n’étaient qu’une frime pour s’échapper. Brusquement, la maison tombait à un grand silence. Elles venaient de se glisser dans la rue et de gagner les boule-vards extérieurs. Alors, toutes les six, se tenant par les bras, occupant la largeur des chaussées, s’en allaient, vêtues de clair, avec leurs rubans noués autour de leurs cheveux nus. Les yeux vifs, coulant de minces regards par le coin pincé des paupières, elles voyaient tout, elles renversaient le cou pour rire, en montrant le gras du menton. Dans les gros éclats de gaieté, lorsqu’un bossu passait ou qu’une vieille fem-me attendait son chien au coin des bornes, leur ligne se brisait, les unes restaient en arrière, tandis que les autres les tiraient violemment ; et elles balançaient les hanches, se pelotonnaient, se dégingandaient, histoire d’attrouper le mon-de et de faire craquer leur corsage sous leurs formes naissantes. La rue était à elles ; elles y avaient grandi, en relevant leurs jupes le long des boutiques ; elles s’y retroussaient encore jusqu’aux cuisses, pour rattacher leurs jarretiè-res. Au milieu de la foule lente et blême, entre les arbres grêles des boulevards, leur déban-dade courait ainsi, de la barrière Rochechouart à la barrière Saint-Denis, bousculant les gens, coupant les groupes en zigzag, se retournant et lâchant des mots dans les fusées de leurs rires.

Et leurs robes envolées laissaient, derrière elles, l’insolence de leur jeunesse ; elles s’étalaient en plein air, sous la lumière crue, d’une grossièreté ordurière de voyous, désirables et tendres com-me des vierges qui reviennent du bain, la nuque trempée.Nana prenait le milieu, avec sa robe rose, qui s’allumait dans le soleil. Elle donnait le bras à Pauline, dont la robe, des fleurs jaunes sur un fond blanc, flambait aussi, piquée de petites flammes.Et comme elles étaient les plus grosses toutes les deux, les plus femmes et les plus effrontées, elles menaient la bande, elles se rengorgeaient sous les regards et les compliments. Les autres, les gamines, faisaient des queues à droite et à gauche, en tâchant de s’enfler pour être prises au sérieux. Nana et Pauline avaient, dans le fond, des plans très compliqués de ruses coquettes. Si elles couraient à perdre haleine, c’était histoi-re de montrer leurs bas blancs et de faire flotter les rubans de leurs chignons. Puis, quand elles s’arrêtaient, en affectant de suffoquer, la gorge renversée et palpitante, on pouvait chercher, il y avait bien sûr par là une de leurs connaissances, quelque garçon du quartier ; et elles marchaient languissamment alors, chuchotant et riant en-tre elles, guettant, les yeux en dessous. Elles se cavalaient surtout pour ces rendez-vous du ha-sard, au milieu des bousculades de la chaussée. De grands garçons endimanchés, en veste et en chapeau rond, les retenaient un instant au bord du ruisseau, à rigoler et à vouloir leur pincer la taille. Des ouvriers de vingt ans, débraillés dans des blouses grises, causaient lentement avec elles, les bras croisés, leur soufflant au nez la fumée de leurs brûle-gueule. Ça ne tirait pas à conséquence, ces gamins avaient poussé en même temps qu’elles sur le pavé. Mais, dans le nombre, elles choisissaient déjà. Pauline ren-contrait toujours un des fils de madame Gau-dron, un menuisier de dix-sept ans, qui lui payait des pommes. Nana apercevait du bout d’une avenue à l’autre Victor Fauconnier, le fils de la blanchisseuse, avec lequel elle s’embrassait dans les coins noirs. Et ça n’allait pas plus loin, elles avaient trop de vice pour faire une bêtise sans savoir. Seulement, on en disait de raides. (…)

L’Assommoir, § XI

EXTRAITS ET CITATIONS

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Au théâtre des variétés

À neuf heures, la salle du théâtre des Variétés était encore vide. Quelques personnes, au balcon et à l’orchestre, attendaient, perdues parmi les fauteuils de velours grenat, dans le petit jour du lustre à demi-feux. Une ombre noyait la grande tache rouge du rideau ; et pas un bruit ne ve-nait de la scène, la rampe éteinte, les pupitres des musiciens débandés. En haut seulement, à la troisième galerie, autour de la rotonde du plafond où des femmes et des enfants nus pre-naient leur volée dans un ciel verdi par le gaz, des appels et des rires sortaient d’un brouhaha continu de voix, des têtes coiffées de bonnets et de casquettes s’étageaient sous les larges baies rondes, encadrées d’or. Par moments, une ouvreuse se montrait, affairée, des coupons à la main, poussant devant elle un monsieur et une dame qui s’asseyaient, l’homme en habit, la femme mince et cambrée, promenant un lent regard.Deux jeunes gens parurent à l’orchestre. Ils se tinrent debout, regardant.- Que te disais-je, Hector ? s’écria le plus âgé, un grand garçon à petites moustaches noires, nous venons trop tôt. Tu aurais bien pu me lais-ser achever mon cigare.Une ouvreuse passait.- Oh ! monsieur Fauchery, dit-elle familièrement, ça ne commencera pas avant une demi-heure.- Alors, pourquoi affichent-ils pour neuf heures ? murmura Hector, dont la longue figure maigre prit un air vexé. Ce matin, Clarisse, qui est de la pièce, m’a encore juré qu’on commencerait à neuf heures précises.Un instant, ils se turent, levant la tête, fouillant l’ombre des loges. Mais le papier vert dont elles étaient tapissées les assombrissait encore. En bas, sous la galerie, les baignoires s’enfonçaient dans une nuit complète. Aux loges de balcon, il n’y avait qu’une grosse dame, échouée sur le velours de la rampe. À droite et à gauche, entre de hautes colonnes, les avant-scènes restaient vides, drapées de lambrequins à longues fran-ges. La salle blanche et or, relevée de vert ten-dre, s’effaçait, comme emplie d’une fine pous-sière par les flammes courtes du grand lustre de cristal.- Est-ce que tu as eu ton avant-scène pour Lucy ? demanda Hector.- Oui, répondit l’autre, mais ça n’a pas été sans

peine... Oh ! il n’y a pas de danger que Lucy vienne trop tôt, elle !Il étouffa un léger bâillement ; puis, après un si-lence :- Tu as de la chance, toi qui n’as pas encore vu de première... La Blonde Vénus sera l’événement de l’année. On en parle depuis six mois. Ah ! mon cher, une musique ! un chien !... Bordenave, qui sait son affaire, a gardé ça pour l’exposition.Hector écoutait religieusement. Il posa une question.- Et Nana, l’étoile nouvelle, qui doit jouer Vénus, est-ce que tu la connais ?- Allons, bon ! ça va recommencer ! cria Fauche-ry en jetant les bras en l’air. Depuis ce matin, on m’assomme avec Nana. J’ai rencontré plus de vingt personnes, et Nana par-ci, et Nana par-là ! Est-ce que je sais, moi ! est-ce que je connais toutes les filles de Paris !... est une invention de Bordenave. Ça doit être du propre !Il se calma. Mais le vide de la salle, le demi-jour du lustre, ce recueillement d’église plein de voix chuchotantes et de battements de porte l’aga-çaient.- Ah ! non, dit-il tout à coup, on se fait trop vieux, ici. Moi, je sors... Nous allons peut-être trouver Bordenave en bas. Il nous donnera des détails.En bas, dans le grand vestibule dallé de marbre, où était installé le contrôle, le public commen-çait à se montrer. Par les trois grilles ouvertes, on voyait passer la vie ardente des boulevards, qui grouillaient et flambaient sous la belle nuit d’avril. Des roulements de voiture s’arrêtaient court, des portières se refermaient bruyam-ment, et du monde entrait, par petits groupes, stationnant devant le contrôle, montant, au fond, le double escalier, où les femmes s’attardaient avec un balancement de la taille. Dans la clar-té crue du gaz, sur la nudité blafarde de cette salle dont une maigre décoration Empire fai-sait un péristyle de temple en carton, de hau-tes affiches jaunes s’étalaient violemment, avec le nom de Nana en grosses lettres noires. Des messieurs, comme accrochés au passage, les lisaient ; d’autres, debout, causaient, barrant les portes ; tandis que, près du bureau de location, un homme épais, à large face rasée, répondaient brutalement aux personnes qui insistaient pour avoir des places.- Voilà Bordenave, dit Fauchery, en descendant l’escalier.Mais le directeur l’avait aperçu.

EXTRAITS ET CITATIONS

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- Eh ! vous êtes gentil ! lui cria-t-il de loin. C’est comme ça que vous m’avait fait une chronique... J’ai ouvert ce matin le Figaro. Rien.- Attendez donc ! répondit Fauchery. Il faut bien que je connaisse votre Nana, avant de parler d’elle... Je n’ai rien promis, d’ailleurs.Puis, pour couper court, il présenta son cousin, M. Hector de la Faloise, un jeune homme qui venait achever son éducation à Paris. Le direc-teur pesa le jeune homme d’un coup d’oeil. Mais Hector l’examinait avec émotion. C’était donc là ce Bordenave, ce montreur de femmes qui les traitait en garde-chiourme, ce cerveau toujours fumant de quelque réclame, criant, crachant, se tapant sur les cuisses, cynique, et ayant un es-prit de gendarme ! Hector crut qu’il devait cher-cher une phrase aimable.- Votre théâtre... commença-t-il d’une voix flû-tée.Bordenave l’interrompit tranquillement, d’un mot cru, en homme qui aime les situations fran-ches.- Dites mon bordel.Alors, Fauchery eut un rire approbatif, tan-dis que la Faloise restait avec son compliment étranglé dans la gorge, très choqué, essayant de paraître goûter le mot. Le directeur s’était pré-cipité pour donner une poignée de main à un critique dramatique, dont le feuilleton avait une grande influence. Quand il revint, la Faloise se remettait. Il craignait d’être traité de provincial, s’il se montrait trop interloqué.- On m’a dit, recommença-t-il, voulant absolu-ment trouver quelque chose, que Nana avait une voix délicieuse.- Elle ! s’écria le directeur en haussant les épau-les, une vraie seringue !Le jeune homme se hâta d’ajouter :- Du reste, excellente comédienne.- Elle !... Un paquet ! Elle ne sait où mettre les pieds et les mains.La Faloise rougit légèrement. Il ne comprenait plus.Il balbutia :- Pour rien au monde, je n’aurais manqué la pre-mière de ce soir. Je savais que votre théâtre...- Dites mon bordel, interrompit de nouveau Bor-denave, avec le froid entêtement d’un homme convaincu.Cependant, Fauchery, très calme, regardait les femmes qui entraient. Il vint au secours de son cousin, lorsqu’il le vit béant, ne sachant s’il de-

vait rire ou se fâcher.- Fais donc plaisir à Bordenave, appelle son théâtre comme il te le demande, puisque ça l’amuse... Et vous, mon cher, ne nous faites pas poser. Si votre Nana ne chante ni ne joue, vous aurez un four, voilà tout. C’est ce que je crains, d’ailleurs.- Un four ! un four ! cria le directeur dont la face s’empourprait. Est-ce qu’une femme a besoin de savoir jouer et chanter ? Ah ! mon petit, tu es trop bête... Nana a autre chose, parbleu ! et quel-que chose qui remplace tout. Je l’ai flairée, c’est joliment fort chez elle, ou je n’ai plus que le nez d’un imbécile... Tu verras, tu verras, elle n’a qu’à paraître, toute la salle tirera la langue.Il avait levé ses grosses mains qui tremblaient d’enthousiasme ; et, soulagé, il baissait la voix, il grognait pour lui seul :- Oui, elle ira loin, ah ! sacredié ! oui, elle ira loin... Une peau, oh ! une peau ! (…)

Nana, §1

« Le sujet philosophique est celui-ci : toute une société se ruant sur le cul… Le cul sur un autel et tous se sacrifiant devant. Il faut que le livre soit un poème du cul, et la moralité sera le cul faisant tout tourner. Un terrible coup porté aux convenances et au mélodrame jusque dans ses fiefs. »

Zola, notes préparatoires.

EXTRAITS ET CITATIONS

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Nana devient la vedette d’une opérette-parodie « Nana & Cie »

Présentation par le conférencier :Mesdames, Messieurs,En ces temps de naturalisme, je crois de mon devoir de venir vous faire une conférence sur le grand évènement du jour… sur Nana, la belle Nana, la Nana des salons et des boudoirs… La dernière fille du grand maître du naturalisme, matérialisme, barbarisme, cynisme et pédan-tisme. Tout le monde a lu Nana, livre malsain s’il en fût jamais. Remarquez que dans cet ouvra-ge, aucun personnage n’est sympathique. Tous sont plus ou moins vicieux, sauf l’héroïne, qui est bonne fille et peut-être la seule à plaindre ; vous allez me dire peut-être : « conférencier, tu n’es pas gai », et vous aurez raison ; je ne veux pas m’ériger en critique et je vais m’em-presser de vous faire faire connaissance avec les personnages du roman. Tous ne sont pas dans le drame, qui n’est qu’un excellent mélo ; je ne m’en servirai pas non plus dans ma pa-rodie. C’est pas que ça tient de la place… mais c’est sale. Vous n’avez pas besoin que je vous dise pourquoi. Autrement, je répondrais, comme l’auteur : « parce que ! »…

Rondeau :

Attention ! Voici Nana, la fille plantureuse. Le p’tit Georges, le comte Muffat, Sa femm’ qu’est pas heureuse. Son père : le vieux marquis de Chouard, Un vieux qu’est très propre, Philippe Hugon, la mèr’Maloir. Steiner, qu’a d’lamour-propre. Puis la Faloise et Daguenet, Mignon et son épouse. Simone et Caroline Héquet, Gaga, qu’est si jalouse. Madam’Hugon et Fauchery, Labordette et Vandeuvres, Madam’lerat, Zoé, Lucy, Sont les héros de l’œuvre. Bordenave – un original, Qui veut que son théâtre Soit un théâtre très moral, Tatan Néné… l’Emplâtre,Bosc, Prullière et l’beau Fontan ! (Des comiques pour rire !) La Tricon. Bref dans ce roman, Qui pose à la satire, On ne voit que des gens véreuxC’est du naturalisme, Nous dit l’Auteur ! Je dis qu’c’est bourbeux, J’préfèrerais plus d’lyrisme, Sur ce livre par trop… gaillard Messieurs, brûlons du sucre. Les Rougons c’est du monde à part, L’auteur fit ça par lucre. La Nana d’vait porter bonheur, C’volume n’sent pas la rose, Quand on a tant d’talent malheur On n’fait pas d’pareilles choses.

Feuchot, 1881

CONTROVERSE

À l’Ambigu j’ai vu Nana Au Français, j’ai vu Mithridate Qui, lentement, s’empoisonna, Je ne sais plus à quelle date. Devant l’œuvre où, pudiquement, S’exhale l’amour de Momime Et celle de Zola, vraiment, L’hésitation est un crime.

Un membre titulaire du Caveau, Société Chantante

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« Quand un tempérament passionné, violent, brutal même, quand un Verdi dote l’art d’une œuvre vivante et forte, pétrie d’or, de boue, de fiel et de sang, n’allons pas lui dire froidement : « mais cher Monsieur, cela manque de goût, cela n’est pas distingué ».

« Distingué »… Est-ce que Michel-Ange, Homè-re, Dante, Shakespeare, Beethoven, Cervantès et Rabelais sont distingués ?... Nous faut-il du gé-nie accommodé à la poudre de riz et à la pâte d’amande douce ?... Demandons plutôt à nos zouaves de monter à l’assaut en cravates blan-ches et en culottes de soie ! »

Bizet

« Avant de se pacifier dans l’immortalité, la des-tinée d’Emile Zola aura été rudement tourmen-tée. Comme tous les hommes de génie – surtout un génie rude, tenace et humain -, Zola a créé, toujours autour de lui, de la tempête. Il n’est pas étonnant que la bourrasque souffle encore.

Son œuvre fut décriée, injuriée, maudite, parce qu’elle était belle et nue, parce qu’au mensonge poétique et religieux, elle opposait la vérité de la vie et les réalités fécondes, constructrices de la science et de la raison.

On le traqua comme une bête fauve, jusque dans les temples de la justice. On le hua, on le frappa dans la rue, on l’exila ; tout cela parce qu’au crime social triomphant, à la férocité ca-tholique, à la barbarie nationaliste, il avait voulu un jour de grand devoir substituer la justice et l’amour. »

Mirbeau

« Nana tourne au mythe, sans cesser d’être réel-le. Cette création est babylonienne. »

Flaubert

DÉFENSE

Le cas du grand Emile par le petit Emile

Un auteur admirable A surgi dans Paris ; Sa gloire incomparable Occupe les esprits. Il paraît que sur mille Pas un n’a son savoir Ce grand homme c’est Emile Il a fait… l’Assommoir

(Refrain)Les jaloux font tapage Et poussent des Holà ! Mais on n’a pas d’ouvrage Ecrit dans ces eaux-là ! En prince des critiques A en juger d’un mot Les hommes politiques Et notre maître Hugo C’est, dit-on de l’audace ! On le peut quand on a Effacé même Horace en écrivant… Nana

(Refrain)

Des romanciers, des prophètes Emile est le plus fort ; Ses œuvres si bien faites Ont poussé sans effort. Vous qui voulez qu’en prose On écrive avec art, Lisez Bouton de Rose Et Les Rougon-Macquart.

On a fait Joséphine Et L’Amant d’Amanda, Puis d’une plume fine est sorti Canada. Ces poèmes sublimes Et faits pour émouvoir Sont des œuvres infimes Auprès de l’Assommoir.

(Refrain)

Autant qu’il est modeste Emile est érudit, C’est moi qui vous l’atteste Et c’est lui qui le dit. Quand on veut faire école Et qu’on fit l’Assommoir. J’admets qu’on se cajole À grands coups d’encensoir.

(Refrain)

La République existe, Il lui souffle tout bas : « Deviens naturaliste Ou tu ne seras pas ». La sentence profonde De ce roi des savants Fera le tour du monde Ainsi que ses romans

(Dernier refrain) Les jaloux font tapage Et poussent des Holà ! Mais il n’est point d’ouvrage Ecrits dans ces eaux-là !

Emile Carré, 1880

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1_LA DOCTRINE NATURALISTE.

Si le terme «NATURALISME» fut utilisé par ZOLA 1868 lors de la publication de son roman THE-RESE RAQUIN, il n’en demeure pas moins que ce terme était utilisé depuis le XVIIe siècle.

Au XVIIe siècle, les philosophes et les savants désignaient par ce terme l’étude rationnelle des phénomènes naturels.

Au XIXe siècle, le naturalisme est le domaine de l’histoire naturelle et les savants qui étudiaient les sciences de la nature (botanique, zoologie, minéralogie...) s’appelaient les NATURALISTES.

Les romanciers, eux, se donnèrent pour objectif la description exacte et scientifique des milieux sociaux. Le point de départ de ce mouvement littéraire fut la publication des SOIREES DE ME-DAN en 1880. Autour de Zola on trouvait : Céard, Alexis, Maupassant, Huysmans, Henrique. Ce premier recueil avait pour thème la guerre de 1870. Maupassant écrivit BOULE DE SUIF : ce fut son premier grand succès pour la plus grande joie de Flaubert, son père « littéraire».

Dés le XVIIe siècle, le naturalisme considérait que rien n’existait en dehors de la nature et re-jetait toute explication métaphysique pour com-prendre l’homme.

Dans l’ENCYCLOPEDIE, en 1765, DIDEROT pro-pose cette définition : «Les naturalistes sont ceux qui n’admettent point de Dieux, mais qui croient qu’il n’y a qu’une substance matérialiste [...] Na-turaliste en ce sens est synonyme d’athée.»

J. CASTAGNARY, au salon de 1863, déclare : « L’école naturaliste affirme que l’art est l’expres-sion de la vie sous tous ses modes et à tous ses degrés et que son but unique est de reproduire la nature... C’est la vérité s’équilibrant avec la science.»

Les cours d’Auguste COMTE, philosophe éméri-te, insistent sur le progrès de la raison qui guide l’humanité et il instaure des lois intellectuelles.

DARWIN, met en place la théorie de l’ HEREDITE dans son ouvrage intitulé : De L’ORIGINE DES

ESPECES. IL démontre que les espèces se trans-forment selon l’action du milieu dans lequel elles évoluent et selon la transmission héréditaire des caractères acquis : C’est affirmer que le déter-minisme domine l’homme. Sa formule « Le vice et la vertu sont des produits comme le vitriol et le sucre » (1863) sera reprise par Zola et figu-rera en tête de la deuxiéme édition de Thérèse Raquin.

Enfin, CLAUDE BERNARD eut une influence capitale sur les romanciers naturalistes. Son INTRODUCTION A LA MEDECINE EXPERIMEN-TALE (1865) est la base de l’élaboration de la doctrine littéraire de Zola, comme il le précise au moment où il se prépare à rédiger LE ROMAN EXPERIMENTAL : « Je compte me retrancher der-rière Claude Bernard. Il me suffira de remplacer le mot « médecin» par le mot « romancier» pour rendre ma pensée claire et lui apporter la rigu-eur d’une vérité scientifique.»

2_LE ROMAN EXPERIMENTAL

Malgré son titre Le roman expérimental, publié en 1880, n’est pas un roman mais une étude théo-rique qui définit les caractéristiques du roman naturaliste. Zola présente le travail du romancier en des termes scientifiques et emprunte aux médecins leurs méthodes d’expérimentation. Observer les faits puis les expérimenter dans le cadre de l’existence humaine, sur les plans héré-ditaire, physiologique et social, telle est la tâche du romancier naturaliste pour comprendre les comportements de l’homme dans la société.

Nous consignons ici quelques citations de l’ouvrage de Zola qui nous semblent les plus ca-ractéristiques du projet zolien.

« L’homme ne vit pas seul, il vit dans une société, dans un milieu social, et dés lors pour nous ro-manciers, ce milieu modifie sans cesse les phé-nomènes. Même notre grande étude est là, dans le travail réciproque de la société sur l’individu et de l’individu sur la société.»

« Le roman expérimental [c’est] : posséder le mécanisme des phénomènes chez l’homme, montrer les rouages des manifestations intel-lectuelles et sensuelles telles que la physiologie

LE ROMAN NATURALISTE

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nous l’expliquera, sous les influences de l’héré-dité et des circonstances ambiantes, puis mon-trer l’homme vivant dans le milieu social qu’il a produit lui-même, qu’il modifie tous les jours, et au sein duquel il éprouve à son tour une trans-formation continue.»

«Nous faisons de la psychologie scientifique»« Le déterminisme domine tout»« Il y a un déterminisme absolu pour tous les phénomènes humains, dés lors l’investigation est un devoir»Il faut « remplacer les romans de pure imagina-tion par les romans d’observation et d’expéri-mentation.»

« J’estime que la question de l’hérédité a une grande influence dans les manifestations intel-lectuelles et passionnelles de l’homme. Je donne aussi une importance considérable au milieu « Notre morale est celle que Claude Bernard a si nettement définie : « La morale moderne re-cherche les causes, veut les expliquer et agir sur elles ; elle veut, en un mot, dominer le bien et le mal, faire naître l’un et le développer, lutter avec l’autre pour l’extirper et le détruire.» [...]

« Nous cherchons les causes du mal social ; nous faisons l’anatomie des choses et des indi-vidus pour expliquer les détraquements qui se produisent dans la société et dans l’homme... Notre vertu n’est plus dans les mots mais dans les faits.»

Mais, si l’observation objective, si l’étude scien-tifique des comportements de l’homme dans la société, si les lois de l’hérédité, président à l’écri-ture naturaliste, il n’en demeure pas moins que les œuvres sont des romans et non des études relevant d’une revue scientifique. Outre l’intri-gue, le style transforme l’observation des faits et comme le précise Zola dans un article de 1885 : « Une œuvre d’art est un coin de la création vue à travers un tempérament.»De plus Le docteur Pascal, roman qui clôt l’étude de la famille des Rougon- Macquart, se termine sur l’image d’une maternité heureuse, exempte des tares héréditaires. Faillite du dessein de Zola ? Les lois héréditaires ne seraientdonc pas infaillibles ? Non pas et Zola s’explique en ces termes dans une lettre de 1893 :» Il m’a semblé bien, en terminant cette histoire de la terrible fa-

mille des Rougon-Macquart, de faire naître d’elle un dernier enfant, l’enfant inconnu, le Messie de demain peut-être. Et une mère allaitant son en-fant, n’est-ce-pas l’image du monde continué et sauvé ?»Cet enfant porte en lui l’espoir de la vie, tout comme, à la fin d’UNE VIE, l’arrivée de la petite-fille de Jeanne est l’annonce, peut-être un bon-heur nouveau.

3 _L’ESTHETIQUE NATURALISTE

Le romancier naturaliste veut élargir les limites du roman. Ainsi LES GONCOURT, dans la préfa-ce de Germimie Lacerteux, en 1864, déclarent : « Aujourd’hui, ..., le roman s’élargit et grandit.... il devient, par l’analyse et par la recherche psy-chologique, l’histoire morale contemporaine... il s’est imposé les études et les devoirs de la science... il peut en revendiquer les libertés et les franchises.»

En d’autres termes le mot « roman» ne peut plus être synonyme de fiction imaginative. « Ce sont des procès-verbaux» selon la terminologie de Zola.

Et il précise dans Les romanciers naturalistes :« Le premier caractère du roman naturaliste, dont Madame Bovary est le type, est la repro-duction exacte de la vie, en l’absence de tout élément romanesque.»

« Le second caractère du roman naturaliste, fa-talement le romancier tue les héros. [...] La beau-té de l’œuvre n’est plus dans le grandissement d’un personnage qui cesse d’être un avare ... pour devenir l’avarice. Elle (la beauté) est dans des peintures où tous les détails occupent leur place, et rien que leur place.»« Le troisième caractère : le romancier affecte de disparaître complètement derrière l’action qu’il raconte. Il est le metteur en scène caché du drame ... il se tient à l’écart... pour laisser à son ouvre son caractère de procès- verbal écrit à ja-mais sur du marbre.»Il convient donc pour le romancier de choisir une écriture impersonnelle ; faire « comme s’il était absent de la création». La question reste posée : est-ce possible ?

LE ROMAN NATURALISTE

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1840 2 avril : naissance d’Emile Zola, à Paris. Ses parents sont italiens

1843 Sa famille Zola s’installe à Aix en Provence

1847 Mort de François Zola, père d’Emile.

1858 La famille de Zola revient s’installer à Paris. Emile Zola, alors au lycée Saint-Louis échoue au baccalauréat.

1859 Début d’une vie de bohème. Zola commence à écrire des poèmes et de petites pièces.1862 Employé chez Hachette. Il est naturalisé français.

1864 Publie Les Contes à Ninon

1865 Ecrit des articles. Fait scandale avec La Confession de Claude.

1866 Déjà lié avec Cézanne, Zola prend la défense de Manet. Mes haines.

1867 Les Mystères de Marseille.

1868 Thérese Raquin. Collaboration à de nombreux journaux. Il imagine le cycle des Rougon Macquart qui prévoit une vingtaine de volumes. Il en remet le plan à son éditeur, Lacroix Il écrit dans des journaux d’opposition à l’Empire des articles de plus en plus virulents.

1870 Publication dans Le Siècle du premier titre des Rougon-Macquart : La Fortune des Rougon. La chute du second Empire lui évite des poursuites judiciaires Il épouse Gabrielle-Alexandrine Méley. La guerre est déclarée. Départ pour Marseille.

1871 Retour à Paris. Publication de La Curée.

1872 Il se lie d’amitié avec Flaubert et Daudet. Collabore à la Cloche et au Sémaphore de Marseille, dont il est le correspondant à Paris.

1873 Le Ventre de Paris

1874 La Conquête de Plassans. Nouveaux Contes à Ninon.

1875 La Faute de l’abbé Mouret.

1876 Son Excellence Eugène Rougon

1877 L’Assommoir, qui connaît un énorme succès de librairie. Il devient le chef de file des Naturalistes

1878 Zola achète une villa de Medan (78). Une page d’amour. Elaboration des théories naturalistes.

1879 Nana paraît en feuilleton dans le Voltaire (octobre) et fait scandale.

1880 Nana mis en vente chez Charpentier (mars). Le premier tirage, de 55 000 exemplaires, est aussitôt épuisé. Les soirées de Médan, œuvre collective (Zola, Huysmans, Maupassant, Céard, Henrique, Alexis), manifeste de l’école naturaliste. Le Roman expérimental.

1880 Mort de sa mère

1881 Adaptation de Nana au théâtre, par Busnach.

1882 Pot bouille

1883 Au bonheur des dames

1884 La joie de vivre

1885 Germinal.

1886 L’œuvre.

1887 La Terre, qui déclenche une violente réction contre le mouvement naturaliste dans son ensemble.

1888 Le Rêve. Rencontre de Jeanne Rozerot. Il aura deux enfants avec Jeanne Rozerot : Denise (1889) et Jacques (1891)

1890 La Bête humaine

1891 L’Argent

1892 La Débâcle Zola nommé président de la Société des Gens de Lettres

1893 Le Docteur Pascal, dernier volume des Rougon-Macquart

1894 Lourdes. (premier ouvrage des Trois Villes)

1896 Rome

1897 Début de l’affaire Dreyfus (novembre). Article de Zola dans Le Figaro pour demander la révision du procès.

1898 Paris publication dans l’Aurore (janvier) du manifeste J’accuse. Condamnation à un an de prison ; exil en Angleterre.

1899 Retour en France. Publie de nouveaux articles en faveur de Dreyfus, qui sera gracié en septembre. Premier des Quatre Evangiles : Fécondité.

1901 Travail, deuxième des Quatre Evangiles. Le troisième, Vérité, sera publié à titre posthume. Le quatrième, Justice, demeurera inachevé.

1902 29 septembre : mort de Zola, par asphyxie, probablement accidentelle.

1908 Transfert des cendres de Zola au Panthéon

BIOGRAPHIE D’EMILE ZOLA

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CELINE COHENAdaptatrice, metteur en scène et comédienne

2012 - Adaptation, co-mise en scène et interprétation avec Régis Goudot de Nana, d’après Zola, Groupe Ex-abrupto.Depuis 2011 - Co-direction du Groupe Ex-abrupto, dont elle fait partie depuis 1997.Mai 2011 - Mise en scène de Soledad, théâtre et marion-nettes, Cie Les Clochards Célestes.2010 - Co-mise en scène de Cyrano de Bergerac avec Didier Carette et Marie-Christine Colomb au théâtre So-rano.Avec le groupe Ex-abrupto, interprète, sous la direction de Régis Goudot, Dom Juan de Molière, sous la direction de Didier Carette, Le Procès Cabaret K. d’après Kafka, Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, Dog’s Opera d’après l’Opéra de Quat’sous, de Brecht, Peer Gynt d’Ibsen, Hom-me pour homme de Brecht, Tartuffe de Molière, m.e.s Marie-Christine Colomb, La reine Margot d’après Dumas, Les Caprices de Marianne de Musset m.e.s. Olivier Jean-nelle, Satyricon d’après Pétrone, Folies Courteline d’après Courteline, L’Illusion comique de Corneille, Nuit blanche, montage d’après Dostoïevski, Karamazov d’après Dos-toïevski, Le Cas Woyzeck d’après Büchner, Le Maître et Marguerite d’après Boulgakov.Assistante à la mise en scène pour Les Épousailles d’après N. Gogol, L’Arche de Noé (jeune public), La Non-na d’après Roberto Cossa, La Belle au Bois (jeune public) d’après J. Supervielle, Folies Courteline d’après Courte-line, Peer Gynt d’Henrik Ibsen, La Reine Margot d’après Dumas, Homme pour homme de Brecht, Le Procès Caba-ret K. d’après KafkaParticipation aux Bistrots littéraires et musicaux de la Ba-raca et aux Banquets du Sorano, en tant qu’adaptatrice, assistante à la mise en scène, compositeur, comédienne et musicienne, de 1997 à 2011.Avec la Compagnie Créature, comédienne et musicienne dans C’est la Lune qui me l’a dit, mise en scène Odile Brisset, en tournée depuis 2008.Créations musicales originales en tant qu’auteur-compo-siteur, interprétation en chant, piano et accordéon pour Le Procès Cabaret K, C’est la lune qui me l’a dit, Le Bour-geois Gentilhomme, Dog’s Opera, Homme pour Homme, Les Caprices de Marianne, L’illusion comique.En 2007 elle crée le duo PikNik avec Frédéric Lagier. Co-composition, chant, accordéon, glockenspiel, piano toy. Concerts à Toulouse et Paris.Intervenante, formation et enseignement de l’Art Drama-tique au sein de plusieurs structures : EDA - école de l’ac-teur, classe « voix de l’acteur, connaître et explorer ses ressources» (Toulouse), lycée J. Saverne (l’Isle Jourdain), lycée Pierre et Marie Curie (Tarbes), classes préparatoi-res, lycée et collège Pierre de Fermat (Toulouse), école J.J.Rousseau (Tarbes).1997 - Diplômée du conservatoire d’Art dramatique de Toulouse.

REPÈRES BIOGRAPHIQUES

RÉGIS GOUDOTAdaptateur, metteur en scène et comédien

2012 - Adaptation, co-mise en scène et interprétation avec Céline Cohen de Nana, d’après Zola, Groupe Ex-abrupto.Depuis 2011 - Co-direction du Groupe Ex-abrupto, dont il fait partie depuis 1997.2011 - Interprète de Jardin d’Incendie, textes de Al Berto, spectacle musical mis en scène par Sébastien Bournac.En 2010 il met en scène Dom Juan de Molière au théâtre Sorano.Avec le Groupe Ex-abrupto, sous la direction de Didier Carette, il joue dans le Maître et Marguerite de Boulgakov, Folies Courteline d’après Courteline, Les épousailles d’après Gogol, La Belle au Bois de J. Supervielle, L’Illusion Comique de Corneille, Peer Gynt de H. Ibsen, Satyricon d’après Pétrone, Tartuffe de Molière m.e.s. Marie-Christi-ne Colomb, Homme pour Homme et Dogs’ Opera d’après Brecht, Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, Un Tram-way Nommé Désir de T. Williams, Rimbaud l’Enragé, Le Frigo de Copi, Le Procès Cabaret K. d’après Kafka, il in-carne Cyrano dans Cyrano de Bergerac d’E. Rostand.Il est assistant à la mise en scène pour Folies Courteline d’après Courteline, L’Illusion Comique de Corneille, Peer Gynt d’Henrik Ibsen, Dogs’ Opera d’après Brecht, La Ceri-saie de Tchekhov, Le Procès Cabaret K. d’après Kafka.Il participe aux Bistrots littéraires et musicaux de la Ba-raca et aux Banquets du Sorano, en tant qu’assistant à la mise en scène, comédien et chanteur.De 1998 à 2001, il joue dans plusieurs productions du CDN de Besançon : sous la direction de Philippe Berling et Guillaume Dujardin dans Le Prince de Hombourg de Kleist puis dans l’Ecriture ou la Vie de Semprun. Il est aussi distribué dans un Faust de Goethe mis en scène par P. Méliore. Il crée avec Ziyad Makhoul la compagnie CSALA qui propose au CDN de Besançon un projet artis-tique autour du thème du harcèlement dans l’œuvre de Gogol et de Dostoïevski et dans le cadre duquel il joue le Journal d’un Fou puis dans Cela s’appelle l’Aurore mis en scène par Z. Makhoul.De 1992 à 1996, il participe à la création du Grenier Théâ-tre où il joue dans les amoureux de Goldoni et l’Ecole des Femmes (dont il signe les costumes) de Molière mis en scène par F. Azéma. L’Evangile de Jean d’après St Jean et Le Roi Lear de Shakespeare mis en scène par M. Sarrazin à Odyssud et au Grenier Théâtre. Le Journal d’un Fou de Gogol mis en scène par N. Vidal à la Cave Poésie. Il anime des ateliers de formation et d’enseignement de l’Art Dramatique au sein de plusieurs structures : Grai-nes d’Acteurs (Toulouse), collège et lycée Montalembert (Toulouse), lycée T. Gautier (Tarbes), lycée L. Pergaud (Besançon), SB03 (Marseille), ateliers du Centre Dramati-que National de Besançon.Apres ses années d’études à l’atelier de formation du Théâtre National de Marseille - la Criée, il suit des étu-des théâtrales à l’université de Paris-la Sorbonne et fré-quente les cours d’Art Dramatique du Grenier-Maurice Sarrazin.

LE GROUPE EX-ABRUPTO

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PHILIPPE FERREIRACréation lumières

Issu du centre de Formation des Techniciens du Specta-cle de Paris, il assure de 2007 à 2010 la régie lumière au Théâtre municipal d’Avignon dans le cadre du Festival In.De 2004 à 2006 : technicien lumière au sein de la volante du Festival d’Avignon.Depuis 2007, Théâtre National de Toulouse : technicien lumière.Depuis 2010, festival Universcènes.: régie et lumièreCréations lumière pour la Compagnie Tabula Rasa (mise en scène Sébastien Bournac) : Dreamers et Un verre de crépuscule de Daniel Keene, No Man’s Land/Nomades’ land, Music-hall (J.-L. Lagarce). Pour le groupe Ex-abrupto : Cyrano de Bergerac, Homme pour Homme, Folies Courteline, Peer Gynt, La Reine Mar-got, Homme pour Homme, Le TartuffePour la Compagnie Oui Bizarre (m.e.s. Isabelle Luccioni) Tout Doit DisparaîtrePour la Cie Innocentia Inviolata (m.e.s. C. Nogueira) Of Kings And Men, Ne me Touche pas, L’Amour de Phèdre.Ainsi que Toulouse Black & White de Nelisiwe Xaba ; Le Baiser de la Terre de Danielle Marty - Cie la Pierre à feu, Le Journal de Grosse Patate Cie Petit Bois m.e.s. J.-J. Mateu ; Le Journal d’un fou de N. Gogol ; Arsenic et vieilles den-telles Cie de la Tasse de Thé m.e.s. C. Lascoux.

STANISLAS MICHALSKI Régisseur son et musicien

Auteur, compositeur et interprète.Il a créé des musiques pour des sites internet et supports publicitaires (Quiksilver/DC Shoes).Il est musicien dans les groupes Zoolab, Vacarm le Rou-ge, Buzzless et Oxaz.Depuis 2008, il collabore régulièrement aux créations du groupe Ex-abrupto, comme compositeur, musicien, comédien et régisseur : Dom Juan de Molière, création groupe Ex-abrupto/ Régis Goudot, Le Procès, Cabaret K. d’après Franz Kafka, création groupe Ex-abrupto/ Di-dier Carette et Marie-Christine Colomb, Le Frigo de Copi, création groupe Ex-abrupto/ Didier Carette, La Cerisaie de Tchekhov, création groupe Ex-abrupto/ Didier Carette et Olivier Jeannelle au Théâtre Sorano. Il a également par-ticipé aux « Banquets du Sorano » créations groupe Ex-abrupto/ Didier Carette.Il a participé à la création de la musique de 200 000 + 1… Ballet intemporel/ Bertrand Giampietri.

CHARLOTTE (SHA) PRESSEQDécoratrice accessoiriste

Depuis juin 2012 : tournée de Soledad.2012 : Conception et création de Soledad, mis en scène par Céline Cohen. 2012 : création de la compagnie Les Clochards Célestes.De janvier à avril 2009 : assistante en scénographie et construction des décors sur l’adaptation du Procès de Kafka, au Théâtre Sorano, puis technicienne lumière au poste de poursuiteuse pendant les répétitions et les représentations.Depuis avril 2009 : tournée du spectacle C’est la lune qui me l’a dit et création de la lumière pour la salle.Mai 2009 : fabrication des décors pour les Banquets du Théâtre Sorano.De février 2007 à janvier 2008 : assistante en taxidermie et restauration des collections de faune et de flore du Mu-séum d’Histoire Naturelle de Toulouse.En parallèle, poursuite du travail scénique et de la création du spectacle C’est la lune qui me l’a dit avec l’introduction de Céline Cohen, comédienne, chanteuse et musicienne. Tournée en festivals de rue.En 2007 : création de la première version du spectacle C’est la lune qui me l’a dit, mis en scène par Odile Brisset, pour le festival Luluberlu d’Odyssud, Blagnac.En 2006 : rencontre avec la compagnie Créature lors d’un stage, pendant la création du spectacle Pour tout bagage : petit gris. Assistante de Michel Broquin, scénographe et marionnettiste de la compagnie, sur les décors, masques et marionnettes.Depuis, divers travaux de masques, marionnettes et objets réalisés en collaboration avec Michel Broquin, pour d’autres compagnies.Expositions régulières de toiles et objets : librairie Ombres blanches, librairie Oh! Les beaux jours, Cave poésie, Théâ-tre du grand rond, boutique Psychojongleur, mairie de Tournefeuille, Uzine Autresens, Mazères.Plusieurs travaux réalisés sur commande à la suite des expositions : toiles, peintures murales, affiches, pochettes CD...A partir de 2003 : rencontre avec l’univers du théâtre de rue et le monde de la marionnette, tournée en festivals avec la compagnie L’Arbassonge. Début de la création de marionnettes et d’objets à partir de matériaux de récupération.Depuis 2002 : création de faireparts originaux pour la société «vousfairepart.com».

REPÈRES BIOGRAPHIQUES

LE GROUPE EX-ABRUPTO